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48 collection • #2 • automne 2010
collection • #2 • automne 2010 49
Photo Credits: Jasmine Boler
Photo Credits: Olaf Daniel-Meyer
« Les vies secrètes »
Automne / Hiver 10/11
La collection de Katarina Rimarcikova commence
par une fascination pour le livre de photographies
intitulé « Prague à travers la loupe de la police
secrète », un recueil d’images prises par la police
secrète sous le régime communiste en Europe de
l’Est. Leurs protagonistes (suspectés d’être des
conspirateurs opposé à l’État) sont saisis sans en
être conscients, et leurs vies étudiées.
Intriguée par ces images de la vie quotidienne –
à la fois banales et pleines de mystère – Katarina
explore les couches identitaires parmi lesquelles
hésite son héroïne, en se cachant et en se dévoilant.
Elle nous rappelle que nous avons tous des
secrets, et un accès à une « vie secrète ».
Une collection de cartes postales personnelles,
trouvé dans un marché aux puces parisien, a agi
tel un catalyseur pour imaginer les vies des autres.
Les fragments de ces textes personnels, écrits à la
main, sont des souvenirs puissants de l’expérience
de l’Étranger, et se dénouent dans des histoires
élaborées et imaginaires, qui inspirent la collection.
Chaque vêtement est une histoire complexe
en soi : les couches d’étoffe sont drapées pour couvrir/cacher
le corps et découpées pour révéler des
détails intimes.
Les vêtements sont dessinés de manière à laisser le
protagoniste jouer, changer sa personnalité et se
transformer – désirant parfois attirer l’attention,
parfois la détourner d’elle.
Katarina est fascinée par la manière dont nos
identités évoluent et se transforment selon les
expériences que nous vivons. Son travail reflète
l’entremêlement de l’histoire personnelle, qui recueille
les événements qui nous marquent dans
nos vies et deviennent des parties permanentes
de ceux que nous sommes. La collection consiste
en des manteaux et vestes volumineux, qui recouvrent
des vêtements sexuellement chargés,
conscients du corps, et qui sont presque enroulés
autour de ce dernier. Les couleurs profondes et intenses
– bleus nuit et noirs – soulignent le mystère
et le sens des secrets inavoués.
Les sous-vêtements – corsets, soutien-gorge et
jarretelles – s’exposent sous ces couches sévères.
Les vêtements ont la capacité d’« emballer » le
corps, de cacher la vérité sur quelque chose de dissimulé.
La plupart des pièces sont découpées dans
un seul morceau de tissu, et sont le résultat d’un
drapé complexe. Les combinaisons de tissu expérimentales,
par exemple du cuir parcheminé et de
la laine sergée, reflètent les contradictions d’une
personnalité imprévisibles et insaisissable.
« Maîtrisée »
Automne / Hiver 08/09
Inspiré par Aldous Huxley (« Brave New Word »),
Franz Kafka (« Metamorphosis »), le travail surréaliste
de Jean Cocteau, la musique contemporaine
de Rosin Murphy et des fragments personnels, le
but de la créatrice était de capturer l’essence de la
femme qui vit dans un univers parallèle – déchirée
entre deux mondes et influencée par leur relation
complexe l’un avec l’autre. L’histoire suit les
règles de la réalité et la vie présente, exprimées
par les éléments plus structurés ; vêtements sur
mesure, qui se ferment toujours dans le dos, drapés
d’allusions joueuses à l’inconnu, désirant fuir
cette réalité. Une veste sur mesure aux fortes lignes
qui embrassent la silhouette. Des corsets en
cuir incorporés, qui contrastent avec les matériaux
opaque, des lignes fortes des coches différentes
sur des surfaces brillantes. Les manteaux volumineux,
souvent coupés dans une seule pièce, habillent
les « uniformes magnifiques de la réalité »,
et prennent le contrôle de son héroïne. Ils sont
complétés par des bouts de châle qui deviennent
partie intégrante du vêtement et créent l’illusion
des formes perdues. Le choix des couleurs joue un
rôle important dans cette collection. Des tons bleus,
verts, violets et bordeaux, profonds et riches,
« maîtrisent » cette femme qui continue de glisser
dans le monde surréaliste de ses rêves et de sa propre
personnalité.