L'immobilier en Corse : où en est-on ?

spécial immobilier
.
D
epuis une dizaine d’années les
opérationsimmobilièresontété
ral<strong>en</strong>ties, <strong>en</strong> particulier sur la région
d’Ajaccio. En 2009, loi des séries
oblige, la crise affaiblit de plus
belle l’activité. Aprèslafolle <strong>en</strong>volée
des prix des logem<strong>en</strong>ts, un grand
nombre de<strong>Corse</strong>s espérait unretour
àdes niveaux plus raisonnables.Iln’<strong>en</strong>
<strong>est</strong> ri<strong>en</strong> :labaisseaété
cont<strong>en</strong>ueàunpetit-3,40%sur l’île,
selon l’Insee des notaires. Retour
sur cemarché àdeux vitesses,sous
le regardavisédeM e Alain Spadoni,
présid<strong>en</strong>t du conseil régional des
notairesde <strong>Corse</strong>,quiconsidèreque
l’activiténepeut êtredissociée d’un
contexte politique, économique et
social.
Les opérations de promotions immobilières
sont dev<strong>en</strong>ues stériles
<strong>en</strong>tre 2000 et 2005. Le Plan d’occupation
des sols (POS), <strong>en</strong> cours de
révision aucours de cettepériode et
l’<strong>en</strong>semble des dispositions régissantle
code de l’urbanisme ontcontribué
àproduire un manque cruel
de logem<strong>en</strong>ts. «L’Etataeuune vision
extrêmem<strong>en</strong>t r<strong>est</strong>reinte del’application
d<strong>est</strong>extes,une attitude quiaconduitàscléroserle
secteur.Parlasuite,
lapolitiques’<strong>est</strong> assouplie,réalisant
unfaitess<strong>en</strong>tiel :lorsquelebâtim<strong>en</strong>t
va, tout va.Asphyxiercetteactivitésignifiait
<strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce porter atteinteàdes
choses fondam<strong>en</strong>tales» ,
confie M e Spadoni. Eneffet,l’économie
réagitégalem<strong>en</strong>t<strong>en</strong> fonction de
l’activitéimmobilière. Négligercette
dim<strong>en</strong>sion revi<strong>en</strong>t àomettre d’une
part le droit au logem<strong>en</strong>t et d’autre
part le mécanisme des sociétés de
marché, auc<strong>en</strong>tre duquel le bâtim<strong>en</strong>t
permet de faire fonctionner
toutes les chaînes de la société. «Il
■ notariat
Lepointde vuedeM e Alain Spadoni
M e Alain Spadoni <strong>est</strong> présid<strong>en</strong>t du Conseil régional des notaires de <strong>Corse</strong>
depuis vingt-neuf ans maint<strong>en</strong>ant.
(Photo Pierre-Antoine Fournil)
<strong>est</strong> évid<strong>en</strong>tquelepropriétaired’unsupermarché
quivoitunprojetimmobilier
de 70 ou 80 logem<strong>en</strong>ts se concrétiseràproximitédeson
établissem<strong>en</strong>t,
profitera égalem<strong>en</strong>t des
retombéesinduites »,affirme M e Spadoni.
Adoucircettepolitiqueadonc
participé àune relancedel’activité
économique. «Selon les époques,
nous avonseudespersonnesquichoisissai<strong>en</strong>t
le négativisme total, prônantune
volontéd<strong>en</strong>epasfaire,puis
d’autresquirecherchai<strong>en</strong>tde manière
intellig<strong>en</strong>te lasolution tout <strong>en</strong> respectant
la loi » ,poursuit-il. Il ya
donceudiffér<strong>en</strong>tesfaçonsd’appréh<strong>en</strong>der
la qu<strong>est</strong>ion des règles imposéesparle
code de l’urbanisme et
l’<strong>en</strong>semble des dispositions régissant
les constructions immobilières.
Après une année 2005 qui annonçaitundéblocage
dumarché,l’activité
connait uneffondrem<strong>en</strong>t des
v<strong>en</strong>tesfin 2008,caractériséparune
baisse des prix rapide, qui s’évanouit
àl’horizon de l’été 2009. Durant
cet intervalle, le secteur n’<strong>est</strong>
pasparv<strong>en</strong>uàconfirmerune reprise
significative des transactions. En
raison de laspécificitédumarché de
l’anci<strong>en</strong>, ou dans uncas sur deux
l’acheteur qui <strong>est</strong> aussi v<strong>en</strong>deur
peut se retrouver,<strong>en</strong> cas de v<strong>en</strong>te
contrariée, dans l’impossibilité de
racheter,les opérations ont été la
plupart du temps figées. Qui plus
<strong>est</strong>, la valeur des bi<strong>en</strong>s <strong>est</strong> souv<strong>en</strong>t
désignée parlarareté. Defait,moins
il yade constructionscollectives<strong>en</strong>
v<strong>en</strong>te etplus celles-ci sont chères.
La politiqueder<strong>est</strong>riction aeupour
effet principal une montée <strong>en</strong> flèche
des prix, «avec comme conséqu<strong>en</strong>ce
immédiate »selon M e Spadoni,
«l’impossibilitépour les<strong>Corse</strong>s
qui travaill<strong>en</strong>t, de pouvoir s’acheter
un appartem<strong>en</strong>t » .Cette situation
dénoncealors unvéritable problème
de société, dans la mesure oùles
personnes qui viv<strong>en</strong>t àl’extérieur
de la<strong>Corse</strong>,devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tàdéfaut les
principaux acheteurs. Les acquisitions
par les étrangers concurr<strong>en</strong>c<strong>en</strong>tlesjeunesactifs,alors
queces
derniers représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t malgré tout
le vrai moteur de la croissance.
Des prix toujours élevés
Les chiffres de l’Insee démontr<strong>en</strong>t
une progression de délivrance de
permis considérable sur la région
pour la construction d’immeubles
collectifs <strong>en</strong>tre 2005 et2009. Malgré
cette opération, le prix du marché
n’a pas diminué etdemeure <strong>en</strong>
hausseàl’image de l’avantcrisede
2009. Aujourd’hui, non seulem<strong>en</strong>t
lesv<strong>en</strong>tesontdiminué,mais<strong>en</strong>core
les prix n’ont pas baissé. M e Spadoni
<strong>est</strong> formel, «les personnes qui
ont acheté au mom<strong>en</strong>t où le prix de
l’immobilier aatteint des pics et qui
souhait<strong>en</strong>trev<strong>en</strong>dreleur bi<strong>en</strong>,ne veul<strong>en</strong>t
pas non plus perdre d’arg<strong>en</strong>t.
Cesdernièresontt<strong>en</strong>danceàespérer
réaliser une plus value. Mais le pouvoir
d’achat abaissé considérablem<strong>en</strong>t,
réduisant le nombre d’acquéreurs
et non les nombreuses possibilités
d’achats » .
«Nous sommes dans une période où
il n’yapasde lisibilité,lesplus grands
expertsne sontpascapablesde faire
des prévisions. Notre pronostic pour
2010 <strong>est</strong> la stabilité des prix, auvue
des données de certains indicateurs
qui suggèr<strong>en</strong>t une véritable sortie de
crise », avance M e Spadoni.
L. M.