26.11.2014 Views

courrier po - Collectif des prêtres-ouvriers

courrier po - Collectif des prêtres-ouvriers

courrier po - Collectif des prêtres-ouvriers

SHOW MORE
SHOW LESS

Transformez vos PDF en papier électronique et augmentez vos revenus !

Optimisez vos papiers électroniques pour le SEO, utilisez des backlinks puissants et du contenu multimédia pour maximiser votre visibilité et vos ventes.

COURRIER P.O.<br />

Janvier 2009


NOËL, UNE ESPÉRANCE POUR TOUS !<br />

NAISSANCE DE L'ETERNEL AMOUR<br />

Tu es Mon Dieu, Dieu de Tendresse, Dieu au Coeur d'Enfant.<br />

Tu es mon tout, Dieu Créateur, Passionné d'Amour <strong>po</strong>ur l'homme !<br />

Tu n'as pas trouvé inhabitable notre terre, nos villes et nos déserts.<br />

Tu n'as pas trouvé inhabitable notre humanité en lambeaux,<br />

et tu choisis nos coeurs brisés <strong>po</strong>ur y faire ta crèche préférée,<br />

<strong>po</strong>ur y naître, <strong>po</strong>ur y grandir, et <strong>po</strong>ur y demeurer toujours !<br />

Veilleurs, avez-vous vu Celui que mon coeur aime ?<br />

Faites-moi signe, vous les veilleurs de l'Amour !<br />

Veilleurs, bergers près de vos troupeaux à Bethléem,<br />

veilleurs <strong>des</strong> astres et <strong>des</strong> étoiles, grands signes dans le ciel,<br />

veilleurs de tous pays, de tous temps, en toutes circonstances,<br />

veilleurs courageux au coeur de toutes les nuits et de tous les dangers,<br />

veilleurs généreux auprès de tous les souffrants, de tous les mal-aimés,<br />

veilleurs prisonniers de la maladie ou <strong>des</strong> barreaux,<br />

veilleurs sur toute terre de solitude, d'exclusion, de déses<strong>po</strong>ir,<br />

veilleurs sans papiers, sans logis, sans travail, sans honneur,<br />

veillez, veillez jour et nuit, veillez sans relâche,<br />

car il est écrit que Dieu vient, plus petit et plus pauvre que tous !<br />

Je t'appelle et je t'attends, je veux voir Ton Visage,<br />

Oh Dieu qui <strong>des</strong>cends et qui plonges en nos fractures humaines.<br />

Je me tiens là avec mes frères, tes frères, Dieu Tout-Petit,<br />

Dieu Très-Bas, Dieu Tout-Faible entre nos mains !<br />

J'irai donc, et je Te <strong>po</strong>ursuivrai partout où Tu veux naître,<br />

<strong>po</strong>urvu que mes yeux Te reconnaissent dans la nuit,<br />

<strong>po</strong>urvu que je puisse entendre Ta Voix dans le silence,<br />

Toi l'éternel Pèlerin de l'homme,<br />

Toi l'éternel Chercheur de l'homme !<br />

J'irai donc et moi aussi je <strong>des</strong>cendrai, je m'abaisserai,<br />

jusqu'à ce que je Te trouve, près de mes frères les hommes,<br />

près de mes frères en deuil, près de mes frères en larmes,<br />

près de mes frères enfermés dans la peur et l'angoisse.<br />

Je parcourrai les rues <strong>des</strong> cités et <strong>des</strong> villes, et les coursives <strong>des</strong> prisons,<br />

au plus près de la brebis perdue, la brebis que Tu veux sauver.<br />

Dans mon coeur, dans ma pensée et ma prière,<br />

j'irai visiter tous mes frères dans leurs cachots,<br />

mes frères en garde-à-vue, mes frères en isolement et au mitard.<br />

En silence je me ferai tout écoute du coeur du monde,<br />

au plus brûlant de ses blessures, au plus intime de ses détresses,<br />

et rien ne comptera plus <strong>po</strong>ur moi que d'entendre Ta Voix,<br />

Ta Voix de Nouveau-Né, Ta Voix de Crucifié.<br />

Ce sera Noël dans la seule crèche vraiment digne de toi,<br />

cette crèche du coeur de l'homme où l'on peut entendre,<br />

comme une musique silencieuse, le battement de Ton Coeur d'Amour !<br />

Marc Prunier, aumônier de prison.<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

2<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


P R É S E N C E<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

Photo de J.M. Chassine<br />

Au début octobre, au moment<br />

de l'ouverture du Synode,<br />

le journal " La Croix " a fait paraître<br />

quelques lignes de l' écrivain<br />

Fabrice HADJADJ. C'était un commentaire<br />

de Luc 24 / 42-43.<br />

Voici ce que disait cet auteur<br />

sur ces 3 versets. " Ce n'est pas<br />

de messages, de mots d'ordre<br />

ni de spiritualités que nous<br />

manquons, c'est de présence.<br />

Or ce passage n'élucide aucun<br />

<strong>po</strong>int de doctrine, ne délivre<br />

aucune leçon de morale, mais<br />

se situe au creux du mystère<br />

où la foi tire sa source : Dieu<br />

s'est fait l'un d'entre nous,<br />

l'Infini s'est mis à table. Le plus<br />

extraordinaire, ici, c'est que le<br />

crucifié ressuscité met toute<br />

sa gloire à partager l'ordinaire<br />

<strong>des</strong> hommes en sorte que cet<br />

ordinaire s'en trouve illuminé. "<br />

Ma réflexion s'est arrêté<br />

sur le mot présence, du fait,<br />

que nous venons de célébrer la<br />

venue, la présence de Dieu dans<br />

la vie ordinaire <strong>des</strong> hommes, son<br />

inscription au registre de l'humanité;<br />

mais surtout ce mot a une<br />

résonance profonde et concrète<br />

<strong>po</strong>ur nous PO. Combien de fois<br />

nous avons dit et nous disons<br />

encore: Il faut " être là "; là, dans<br />

ces lieux de travail, dans ces<br />

quartiers, dans les organisations,<br />

associations, dans ces combats<br />

au milieu d'un peuple assoiffé de<br />

justice, un peuple qui souffre et<br />

qui lutte, qui construit son avenir<br />

à tâtons, qui ose croire qu'un<br />

autre monde est <strong>po</strong>ssible.<br />

J'avais ce mot en tête en<br />

lisant le <strong>courrier</strong> PO d'octobre,<br />

du coup je me suis rendu compte<br />

que ce mot " présence "<br />

revient presque à toutes les<br />

pages. Il est même question d'un<br />

" ministère de présence " (p. 27)<br />

A partir de là, plusieurs pistes<br />

peuvent nous aider dans nos<br />

partages:<br />

Les lieux dans lesquels<br />

nous sommes.<br />

La Rencontre Nationale a<br />

montré que nous étions bien<br />

présents aux réalités que vit le<br />

monde ouvrier. Le travail en atelier<br />

a permis d'exprimer ce que nous<br />

vivons dans ces différents lieux.<br />

Mais nous avons toujours à nous<br />

interroger sur cette présence.<br />

Comment la vivons-nous ? Avec<br />

qui ?<br />

Cette présence : elle produit<br />

quoi chez nous ? Chez les copains<br />

que nous rencontrons ? Un<br />

accompagnateur <strong>des</strong> PO dirait : "<br />

Quel bruit ça fait ? "<br />

Aujourd'hui beaucoup disent que<br />

nous vivons à une é<strong>po</strong>que où l'indifférence<br />

est massive, du moins<br />

en France ; indifférent à quoi ?<br />

Est-ce indifférent <strong>po</strong>ur nos compagnons<br />

de voir parmi eux un<br />

prêtre vivant les mêmes conditions<br />

de travail, habitant le<br />

même quartier, participant aux<br />

mêmes luttes ? Nous osons dire<br />

que la présence de PO parmi<br />

les travailleurs <strong>po</strong>se encore<br />

question, étonne, ne laisse<br />

pas indifférent ; jusqu'à cette<br />

question de Jean-Bernard : " Qui<br />

est donc ce Dieu qui anime<br />

avec autant d'énergie et<br />

d'amour du prochain, ce bon<br />

" père Noël " (PO, aumônier de<br />

prison , Courrier P.O. d'octobre, p. 20).<br />

3<br />

Oui, à défaut de faire beaucoup<br />

de bruit, ça peut produire <strong>des</strong><br />

" bruissements. "<br />

Un autre <strong>po</strong>int me semble<br />

im<strong>po</strong>rtant.<br />

Aujourd'hui plus encore qu'hier,<br />

et même si cela a déjà été fait, il<br />

est bon de nous redire sur quels<br />

fondements théologiques nous<br />

nous ap-puyons <strong>po</strong>ur vivre cette<br />

présence dans la durée. Suffit-il<br />

de parler d'intuition PO ? A une<br />

é<strong>po</strong>que où certains disent qu'il<br />

faut dépasser le stade de l'enfouissement,<br />

qu'il faut se montrer,<br />

<strong>po</strong>ur une plus grande visibilité<br />

: " A Lour<strong>des</strong> : une assemblée<br />

d'évêques centrée sur la<br />

visibilité de l'Eglise "( La Croix<br />

10 11 08 ) il n'est pas inutile de<br />

dire à quelle source (enfouie)<br />

nous puisons notre espérance et<br />

notre passion <strong>po</strong>ur l'humanité. "<br />

L'excès de visibilité de l'Église<br />

est contraire avec une<br />

présence ." (Guy Coq) " Dieu<br />

n'était pas dans l'ouragan ou<br />

le tremblement de terre... " 1<br />

R 19 / 9 - 14. Il se révèle dans un<br />

nouveau-né, dans un crucifié,<br />

dans celui qui, tel un mendiant,<br />

demande... " Avez-vous quelque<br />

chose à manger ? " Luc 24<br />

/ 41.<br />

Et puis, comme autre <strong>po</strong>rte<br />

d'entrée, il y a notre lecture<br />

d'évangile. Dans ces écrits reçus<br />

<strong>des</strong> premières communautés<br />

chrétiennes, nous <strong>po</strong>uvons aller<br />

voir dans quel lieu Jésus de<br />

Nazareth est présent, avec qui et<br />

qu'est-ce qu'il y fait ?<br />

Au début de cette nouvelle<br />

année, faut-il formuler un souhait<br />

? Que notre présence avec<br />

les laissés <strong>po</strong>ur compte de notre<br />

société soit toujours fidèle et<br />

active.<br />

Paix et espérance à toutes<br />

et à tous.<br />

Antoine Brethomé<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


C’est Noël !!!<br />

Ils complotaient, souvent de nuit,<br />

Et ils amassaient, ils amassaient ...<br />

Dans les usines et les cités,<br />

On avait peine à imaginer<br />

Les sommes folles qu'ils accumulaient<br />

Qu'ils allaient secrètement cacher<br />

Pour mieux les faire fructifier.<br />

Et je me disais : Jusqu'à quand<br />

Vont-ils voler, s<strong>po</strong>lier, raquetter ?<br />

Si Dieu existait, il saurait,<br />

Il les obligerait à partager !<br />

Ils voulaient accaparer<br />

Le <strong>po</strong>uvoir, l'avoir et le savoir<br />

Pour mieux dominer et exploiter<br />

Les salariés du monde entier.<br />

Et leur rêve a chancelé<br />

Lorsque leur bulle a explosé<br />

Lorsque les travailleurs ont résisté.<br />

Et je me disais : Pourquoi<br />

Tant d'arrogance et de mépris ?<br />

Et je réfléchissais : Au fond, AUCUN<br />

Pouvoir absolu n'est indéracinable<br />

Un autre monde est donc <strong>po</strong>ssible !<br />

Et si c'était cela la grande passion<br />

De Dieu <strong>po</strong>ur l'humanité ?<br />

Le pain, le lait, la nourriture<br />

L'école et l'avenir <strong>des</strong> enfants,<br />

Les charges et le loyer à payer<br />

Le stress et les brima<strong>des</strong> répétées<br />

Le droit au travail balayé<br />

Le droit du travail saccagé<br />

Bouches affamées, enfants maltraités,<br />

C'en est assez ! Debout ! Debout !<br />

Nous voulons vivre DEBOUT !<br />

Et je me disais : Dieu peut-il entendre<br />

Ce cri qui monte <strong>des</strong> usines et <strong>des</strong> cités ?<br />

Pourrait-il être sourd à cette clameur<br />

Du plus profond de l'humanité blessée ?<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

4<br />

J'ai vu <strong>des</strong> salariés s'enchaîner<br />

Pour refuser le diktat <strong>des</strong> marchés<br />

J'ai vu <strong>des</strong> femmes mendier<br />

Sur le trottoir, les yeux baissés.<br />

J'ai vu <strong>des</strong> usines arrêtées<br />

Par <strong>des</strong> <strong>ouvriers</strong> révoltés<br />

J'ai vu <strong>des</strong> jeunes rôder<br />

Dans les rues, sans savoir où aller.<br />

Et je me disais : Je ne peux rester<br />

Sur le trottoir, les bras croisés<br />

A regarder le monde s’écarteler.<br />

Dieu m'appelle aussi à agir<br />

Pour un monde d'humanité<br />

Ils ont battu le pavé<br />

Pour défendre les libertés<br />

Vous avez soutenu la veuve et l'opprimé<br />

J'ai combattu avec les sans-papiers,<br />

Les sans-emploi, et les sans-toit.<br />

Tu as promené la mémé du quartier.<br />

Nous avons fait la collecte de la solidarité<br />

Vous avez visité les prisonniers.<br />

Et je me disais : Voici Noël<br />

N'est-ce pas le temps d'aimer ?<br />

le temps de la Justice et de la Paix,<br />

Le temps qui ouvre un monde de<br />

fraternité<br />

Allons-nous nous laisser approcher<br />

Par cet HOMME si passionné<br />

Qui appelle le rêve à devenir réalité ?<br />

De l'autre côté de la mer,<br />

Il y a quarante ans, ils avaient marché<br />

Avec Martin Luther et <strong>des</strong> milliers.<br />

Ils avaient fait le rêve<br />

De l'égalité et du respect.<br />

Ils avaient lutté <strong>po</strong>ur le concrétiser.<br />

Une nouvelle ère peut commencer.<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


Et je me disais :l'es<strong>po</strong>ir existe<br />

Je l'ai rencontré<br />

Dans le refus de se résigner<br />

A être une homme-objet<br />

Et dans l'appel à résister,<br />

A ouvrir un monde de liberté.<br />

J'ai cherché une Source<br />

Et je suis tombé sur un Nouveau-Né.<br />

Je me suis approché de cet Homme Jésus.<br />

J'ai lu ses Evangiles<br />

J'ai rencontré <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes<br />

Qui témoignaient de la force irrésistible<br />

Du Bonheur qu'il transmet...<br />

Et j'ai compris que son message est folie,<br />

Capable de susciter toutes les utopies.<br />

J'ai compris que cet Homme<br />

En qui Dieu a mis tout son amour<br />

A besoin de fous<br />

Pour la révolution de l'Amour.<br />

Ce soir, c'est NOËL !<br />

UN MONDE DIFFERENT PEUT COMMENCER.<br />

Message de Pedro CASALDALIGA<br />

Pierre NIOBEY, Décembre 2008<br />

à Fernando LOGO président élu du Paraguay<br />

Koinonia,<br />

Très cher Fernando, très aimé en vérité par <strong>des</strong> milliards de frères et sœurs, qui t'accompagnent depuis longtemps<br />

dans ta généreuse option. Il y a tant de jours, Fernand, que nous prions avec toi et <strong>po</strong>ur toi et <strong>po</strong>ur ton<br />

peuple si malheureux.<br />

Le Verbe divin ( Fernando fait partie de la congrégation du " Verbe divin " ) dans le mystère de son Incarnation<br />

s'est fait Parole humaine située, samaritaine, libératrice. Merci <strong>po</strong>ur ta générosité historique, <strong>po</strong>ur ton radicalisme<br />

évangélique, déjà prouvé dans tes options et ta mission. Nous avons pleinement confiance en ta cohérence, ta<br />

lucidité et cette option <strong>po</strong>ur le Royaume, <strong>po</strong>ur les pauvres du Royaume, <strong>po</strong>ur les militants ( tes ) de ce Royaume<br />

dans la société et dans l 'Eglise.<br />

Nous avons confiance aussi dans ta volonté , déjà expérimentée par de nombreux gestes, d'assumer notre<br />

Amérique dans une communion entre peuples frères le revendiquant, dans une reconnaissance historique, dans<br />

un esprit œcuménique et écologique, les droits de nos pauvres et de nos peuples aborigènes et du sang pascal<br />

de nos martyrs..<br />

Ton discours en prenant <strong>po</strong>ssession de ta fonction est une authentique déclaration de principes et d'engagement<br />

" baptismal ", de continuer à te donner tout entier " avec une oreille sur l'Evangile et l'autre oreille à<br />

l'écoute du peuple " comme le demandait notre fier évêque et martyr Angelleli.<br />

Nous continuerons, unis en communion missionnaire de disciples de Jésus de Nazareth, en cohérence personnelle<br />

et sociale, pieds nus, dé<strong>po</strong>uillé de tout privilège et ostentation, dans une invincible Espérance, attendant<br />

comme le demandait notre autre martyre Elleucaria.<br />

Reçois , frère , un grand abrazo dans la Paix subversive de l'Evangile et l'infatigable chemin du peuple Garani,<br />

jusqu'à la terre sans mal.<br />

Pedro Casaldaliga,<br />

évêque émérite de Sao Felix de Araguaia M.T. Brésil<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

5<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


EN QUOI SOMMES-NOUS PRETRES LA-DEDANS ?<br />

Quelques réflexions de la Région Ain-Savoie-Isère<br />

" Je continue d'apprendre, écrit Bonhœffer, que c'est en vivant pleinement la vie terrestre,<br />

qu'on parvient à croire. Il nous faut vivre dans le monde, même si Dieu n'était pas donné. Dieu<br />

nous fait savoir qu'Il nous fait vivre en tant qu'hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. "<br />

cela le fondement de notre<br />

Ministère ?<br />

Nous gardons le sentiment<br />

d'être <strong>prêtres</strong>. Que reste-t-il ?<br />

En quoi nous sentons-nous<br />

comme <strong>prêtres</strong> aujourd'hui ?<br />

Dans mon Equipe PO, nous<br />

nous sommes réunis et nous<br />

avons réfléchi à partir de l'atelier<br />

Ministère PO et Lieux significatifs.<br />

Chacun <strong>des</strong> Ateliers a une<br />

dimension prophétique. Notre<br />

réflexion n'est plus la même que<br />

celle que nous avions dans les<br />

années passées.<br />

Nous insistons davantage sur<br />

Ministère Signe, et moins sur le<br />

fondement du Ministère. Ce qui<br />

change tout : le Ministère n'est<br />

plus accaparé par les <strong>prêtres</strong>.<br />

Nous découvrons un Ministère<br />

commun à tous les chrétiens.<br />

Nous en sommes persuadés,<br />

mais maintenant nous devons le<br />

dire ouvertement. Nous nous<br />

engageons à interpeller ouvertement<br />

l'Eglise. Nous l'avons peu<br />

fait.<br />

Dans le Courrier PO de janvier,<br />

un <strong>des</strong> lecteurs veut participer<br />

à la recherche collective<br />

sur ce sujet qui nous tient à<br />

cœur : la persistance de l'intuition<br />

prophétique <strong>des</strong> PO.<br />

Lorsque nous définissons ce<br />

service <strong>des</strong> hommes et de<br />

l'Evangile comme un ministère<br />

de proximité, d'humanité, prophétique,<br />

rien ne dit qu'il s'agit<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

d'un Ministère presbytéral.<br />

La question du Ministère PO<br />

et <strong>des</strong> choix <strong>po</strong>ur le vivre dans le<br />

monde du travail et dans la vie<br />

est " si étrangère à l'Eglise ".<br />

Albert Rouet nous dit de ne pas<br />

op<strong>po</strong>ser les Ministères mais de<br />

les articuler. Cela signifie quoi ?<br />

Aujourd'hui, nous vivons dans<br />

une Eglise en plein bouleversement.<br />

Le Ministère prophétique<br />

remet en cause une conception<br />

théologique passée de l'Eglise.<br />

Les communautés qui se rassemblent<br />

ont-elles besoin d'un<br />

prêtre ? De quel prêtre ?<br />

Nous avons vécu dans une<br />

structure de l'Eglise pyramidale.<br />

Nous vivons une nouvelle forme<br />

du vivre en Eglise. PO nous sommes<br />

présents dans différents<br />

engagements syndicaux, <strong>po</strong>litiques,<br />

associatifs, Action catholique…,<br />

au service de la liberté,<br />

l'égalité et la fraternité. En<br />

quoi sommes-nous <strong>prêtres</strong> làdedans<br />

?<br />

Avec Jean-François Soffray<br />

nous approfondissons notre<br />

recherche dans <strong>des</strong> relations<br />

d'amour sur terre, <strong>des</strong> relations<br />

d'humanité, <strong>des</strong> relations de Fils<br />

et de Père selon St. Jean. Est-ce<br />

6<br />

Suite au texte de Michel<br />

Perret, <strong>des</strong> questions sont soulevées<br />

: Que vont devenir les<br />

Ministères ? Y a-t-il une évolution<br />

? Comment on y ré<strong>po</strong>nd ?<br />

Le Ministère existe en fonction<br />

d'un peuple. Comment être<br />

situés par rap<strong>po</strong>rt à un peuple<br />

en marche ? Marcel Annequin<br />

nous dit : " Ce qui est fondamental,<br />

c'est le Ministère de<br />

l'Evangile, de la Communauté<br />

<strong>des</strong> baptisés, <strong>des</strong> croyants. "<br />

Nous ne sommes plus dans<br />

une vision pyramidale, mais horizontale,<br />

nous sommes témoins<br />

de l'Evangile. Les pauvres nous<br />

évangélisent.<br />

Nous sentons actuellement la<br />

nécessité de dire ce que nous<br />

vivons " quand il y a <strong>des</strong> occasions<br />

". Dire une parole est peutêtre<br />

un acte prophétique.<br />

Nous avons partagé sur l'im<strong>po</strong>rtance<br />

de révéler <strong>des</strong> Lieux<br />

Significatifs (<strong>po</strong>ur nous par<br />

exemple dans les stations de<br />

ski). Là se joue le <strong>des</strong>tin de<br />

l'homme. On y rencontre le Dieu<br />

de Jésus-Christ. L'annonce prophétique<br />

de Jésus-Christ s'est<br />

révélée aussi dans la mort et la<br />

Résurrection. Nous sommes<br />

dans une autre théologie, autre<br />

que celle qui nous a formés dans<br />

notre temps de préparation au<br />

sacerdoce, du prêtre l'homme<br />

du sacré.<br />

Nous vivons dans une révolution<br />

culturelle et certains veulent<br />

mettre en péril le dynamisme<br />

de Vatican II. Pour servir<br />

qui ? Pour servir quoi ?<br />

Le Royaume annoncé aux<br />

Apôtres nous est donné… La foi<br />

est un don… un don offert à<br />

tout le monde. Ce don est-il<br />

reconnu ? Ce don peut-il être<br />

refusé ?<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


Une véritable révélation !<br />

L'équipe animatrice " Lire la<br />

Vie-Lire la Bible " n'a pas manqué<br />

de culot en programmant tout<br />

un week-end de travail sur l'a<strong>po</strong>calypse<br />

de Jean, à l'Hay les<br />

Roses, les 8 et 9 novembre dernier.<br />

WE qui a regroupé 7 femmes<br />

(5 laïques et 2 religieuses) ,<br />

2 intervenants et 18 <strong>prêtres</strong><br />

<strong>ouvriers</strong>.<br />

Grâce au travail de préparation<br />

et aux interventions provocantes<br />

de Francis Dumortier et<br />

de Gérard Meunier, ceux qui<br />

étaient entrés " à reculons "<br />

dans ce travail sur l'a<strong>po</strong>calypse<br />

de Jean en sont ressortis<br />

conscients de l'actualité de ce<br />

livre et de ce courant !<br />

Car nous avons découvert<br />

que le genre a<strong>po</strong>calyptique<br />

imprégnait profondément la<br />

mentalité <strong>des</strong> Juifs et <strong>des</strong> chrétiens<br />

du premier siècle et donc<br />

la mentalité du Juif Jésus, ainsi<br />

que <strong>des</strong> auteurs du Nouveau<br />

Testament ! Ce qui explique l'apparition<br />

de ce nouveau langage<br />

entre 150 avant Jésus-Christ et<br />

150 après, c'est la situation de<br />

résistance <strong>des</strong> Juifs, puis <strong>des</strong><br />

chrétiens, vis à vis <strong>des</strong> occupants<br />

étrangers ! A l'é<strong>po</strong>que de<br />

Jésus et, plus encore, à la fin<br />

du 1 er siècle, le système romain<br />

était très prégnant et le<br />

culte de l'empereur était à son<br />

a<strong>po</strong>gée… ce qui ne <strong>po</strong>uvait<br />

qu'engendrer de profon<strong>des</strong> réticences…<br />

Toute une littérature a<strong>po</strong>calyptique,<br />

juive d'abord, puis<br />

chrétienne ensuite, a donc vu le<br />

jour, depuis le livre de Daniel<br />

jusqu'à l'a<strong>po</strong>calypse de Jean, en<br />

passant par le chapitre 13 de<br />

Marc, et les chapitres 24 et 25<br />

de Mathieu. C'est une littérature<br />

de résistance <strong>po</strong>ur les<br />

Juifs d'abord, à partir de la crise<br />

Maccabéenne, puis <strong>po</strong>ur les<br />

communautés chrétiennes à<br />

partir de la guerre juive de 70.<br />

Les liens avec la communauté<br />

juive s'étant peu à peu distendus,<br />

les chrétiens se sont<br />

retrouvés sans protection vis à<br />

vis de l'empire romain !<br />

Le livre de l'A<strong>po</strong>calypse<br />

décrit un combat frontal contre<br />

les monarques de l'é<strong>po</strong>que qui<br />

disaient tenir leur <strong>po</strong>uvoir de<br />

Dieu. L'empereur, divinisé, se<br />

présentait comme Sauveur. Or,<br />

ce que Jean a vu, ce qui lui a été<br />

révélé, c'est que " Jésus, le premier<br />

né d'entre les morts " est<br />

en fait " le prince <strong>des</strong> rois de la<br />

terre ", c'est " l'agneau immolé<br />

"…qui va vaincre la bête !<br />

L'a<strong>po</strong>calypse de Jean est un<br />

outil libérateur de contre<br />

culture, qui s'op<strong>po</strong>se au culte<br />

impérial et qui veut raviver l'espérance<br />

<strong>des</strong> communautés<br />

chrétiennes, dont la ferveur faiblit<br />

(les lettres aux 7 Eglises).<br />

Rome est la grande prostituée<br />

qui va être vaincue. En face, la<br />

Jérusalem céleste triomphe,<br />

avec, au centre, un troisième<br />

personnage, l'agneau immolé !<br />

En même temps que ce travail<br />

sur l'a<strong>po</strong>calypse, (pro<strong>po</strong>sition<br />

de l'équipe ACO 54), nous<br />

avons regardé le texte de l'ACO :<br />

" Folie de croire ? ", qui est aussi<br />

un texte de combat et de<br />

résistance face au capitalisme.<br />

La comparaison entre les deux<br />

textes nous a permis de débattre<br />

sur l'utilité ou non de dire<br />

notre identité de chrétiens et<br />

sur la façon de le faire .<br />

Le contexte de l'a<strong>po</strong>calypse<br />

et celui du texte de l'ACO sont<br />

totalement différents. Les<br />

<strong>des</strong>tinataires ne sont plus<br />

les mêmes : dans un cas, ce sont<br />

les communautés chrétiennes<br />

d'Asie, qui ont perdu leur ferveur<br />

première. Dans l'autre, ce<br />

sont <strong>des</strong> <strong>ouvriers</strong> militants chrétiens<br />

qui combattent l'oppression<br />

capitaliste actuelle avec<br />

d'autres qui ne partagent pas<br />

forcément leur foi ou même la<br />

mettent en doute… Certains<br />

pensent que la signature de leur<br />

mouvement chrétien suffit (ici<br />

l'ACO) et que l'essentiel se<br />

trouve dans la façon de décrire<br />

les situations humaines qui sont<br />

dénoncées, en faisant bien ressortir<br />

<strong>po</strong>urquoi nous ne <strong>po</strong>uvons<br />

pas les accepter…<br />

D'autres, au contraire, pensent<br />

qu'il est im<strong>po</strong>rtant de dire<br />

sa foi et donc son identité, mais<br />

tout le monde est d'accord <strong>po</strong>ur<br />

souligner qu'il faut se laisser<br />

interroger par ce que pensent<br />

ceux à qui on s'adresse et les<br />

respecter profondément.<br />

Dans ce cas, dire son identité<br />

peut inviter les autres à en faire<br />

autant…<br />

On a souligné qu'il est im<strong>po</strong>rtant<br />

que notre identité de<br />

chrétien reste en débat, et<br />

apparaisse comme telle, si on<br />

veut être audible… dans le<br />

contexte culturel français.<br />

Le texte de l'a<strong>po</strong>calypse est<br />

illisible par nos contem<strong>po</strong>rains. Il<br />

ne peut parler que si on cherche<br />

ce que voulait dire l'auteur, à son<br />

é<strong>po</strong>que, à travers les représentations<br />

de cette é<strong>po</strong>que. C'est<br />

le rap<strong>po</strong>rt de l'auteur à une<br />

situation donnée qu'il faut à<br />

nouveau mettre en tension mais<br />

dans une situation tout autre, la<br />

nôtre ! Un week-end vraiment<br />

stimulant !<br />

NB : Les textes a<strong>po</strong>calyptiques sont<br />

ramassés dans un livre de la pléiade<br />

" écrits inter testamentaires ". (qui ne<br />

se donne pas !)<br />

Et F. Dumortier, avec un collègue<br />

belge, a écrit un livre éclairant et accessible<br />

: " Catastrophes ou Révélations ?<br />

L'univers <strong>des</strong> A<strong>po</strong>calypses." aux éditions<br />

Lumen Vitae, Bruxelles.<br />

Michel LEFORT<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

7<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Saint Paul, ça nous dit !<br />

P.O, nous ne <strong>po</strong>uvons que<br />

nous réjouir de voir l' Église<br />

catholique dans son ensemble<br />

s'intéresser cette année à " l' Apôtre<br />

<strong>des</strong> païens " (Rm 11 / 13). On<br />

lui a fait tellement de tort en<br />

lisant ses lettres comme <strong>des</strong><br />

thèses ardues de théologie ou<br />

un recueil de pure spiritualité.<br />

On a si longtemps oublié ou<br />

occulté qu'il dictait ses lettres<br />

après quinze ans d'a<strong>po</strong>stolat<br />

itinérant, et d'épreuves de toute<br />

sorte, en fonction <strong>des</strong> problèmes<br />

ou <strong>des</strong> questions <strong>des</strong> petites<br />

communautés qu'il a fondées<br />

autour de la Méditerranée<br />

orientale.<br />

Nous autres nous nous référons<br />

depuis longtemps à saint<br />

Paul, tout spécialement à son<br />

hymne aux Philippiens, comme<br />

l'inspiration centrale de notre<br />

choix de vivre avec les travailleurs.<br />

C'est ce que nous appelons<br />

" la logique de l' Incarnation " :<br />

" Le Christ qui est de condition<br />

divine, n'a pas revendiqué son<br />

égalité avec Dieu. Il s'est réduit,<br />

en prenant la condition du serviteur.<br />

Il s'est fait semblable aux<br />

hommes; il a été reconnu<br />

comme un homme par tout ce<br />

qui a paru de lui... " (Ph 2 / 6-7).<br />

A la rencontre <strong>des</strong> autres<br />

Le grand intérêt de l'apôtre<br />

Paul <strong>po</strong>ur nous est sa hantise de<br />

faire connaître aussi le Christ<br />

aux païens, que sont <strong>po</strong>ur les<br />

Juifs tous les autres peuples. Un<br />

de ses disciples affirme que<br />

c'est le mystère même de Dieu :<br />

" Les païens sont admis au<br />

même héritage, membres du<br />

même corps, associés à la même<br />

promesse en Jésus-Christ par le<br />

moyen de l' Évangile. " (Ep 3 / 6).<br />

Seul <strong>des</strong> apôtres à être né hors<br />

de Palestine, Paul connaît bien le<br />

monde païen <strong>po</strong>ur y avoir grandi<br />

et vécu. Il en connaît la langue, la<br />

mentalité, les loisirs, les attentes...<br />

et les limites : " Sans Messie,<br />

privés du droit de cité en Israël,<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

étrangers aux alliances de la<br />

Promesse, sans espérance et<br />

sans Dieu dans le monde. "<br />

(Ep 2 /12).<br />

Il débute son a<strong>po</strong>stolat par<br />

un stage à ANTIOCHE en Syrie,<br />

première communauté où <strong>des</strong><br />

Juifs font table commune avec<br />

<strong>des</strong> païens convertis. C'est là<br />

que lui, qui n'a pas connu personnellement<br />

Jésus, apprend<br />

<strong>po</strong>ur l'essentiel ce qu'a été sa<br />

vie, et surtout sa Passion et<br />

sa Résurrection : " Je vous ai<br />

transmis ce que j'ai moi-même<br />

reçu. " (I Co 15/3). C'est de là<br />

qu'il entreprend, d'abord avec<br />

Barnabé, puis d'autres compagnons,<br />

ses grands voyages fondateurs<br />

à travers la Turquie et<br />

la Grèce. Il rêve même d'aller<br />

jusqu'au cœur de l'empire<br />

romain, et en Espagne, qui lui<br />

semble alors le bout du monde<br />

connu.<br />

Paul estime son ministère de<br />

mission aussi im<strong>po</strong>rtant que<br />

celui <strong>des</strong> res<strong>po</strong>nsables de l' Église<br />

: " Ils virent que l'évangélisation<br />

<strong>des</strong> incirconcis m'avait été<br />

confiée, comme à Pierre celle<br />

<strong>des</strong> circoncis. Car Celui qui<br />

avait agi en Pierre <strong>po</strong>ur l'a<strong>po</strong>stolat<br />

<strong>des</strong> circoncis avait aussi agi<br />

en moi en faveur <strong>des</strong> païens. "<br />

(Ga 2 / 7). Déçu et furieux que<br />

Pierre " ne marche pas droit<br />

selon la vérité de l' Évangile ",<br />

Paul l'interpelle publiquement<br />

<strong>po</strong>ur " s'être dérobé et tenu à<br />

l'écart par crainte <strong>des</strong> circoncis. "<br />

(Ga 2 /12-14).<br />

Sans vouloir être à charge<br />

Selon un écrit plus tardif,<br />

l'Apôtre prend à témoins ceux<br />

qu'il a évangélisés : " Nous n'avons<br />

demandé à personne de nous<br />

donner le pain que nous avons<br />

mangé. Mais dans la peine et<br />

la fatigue, de nuit comme de<br />

jour, nous avons travaillé <strong>po</strong>ur<br />

n'être à la charge d'aucun de<br />

vous. " (2 Th 3 / 8). Très tôt,<br />

8<br />

nous avons perçu nous-mêmes<br />

en monde ouvrier la nécessité,<br />

comme il le dit : " d'offrir gratuitement<br />

l'Évangile que j'annonce,<br />

sans user <strong>des</strong> droits<br />

que cet Évangile me confère ".<br />

Sans contester " le droit <strong>des</strong><br />

<strong>ouvriers</strong> de l' Évangile de vivre<br />

de l' Évangile ", comme lui " nous<br />

sup<strong>po</strong>rtons tout <strong>po</strong>ur ne créer<br />

aucun obstacle à l' Évangile. "<br />

(1 Co 9 / 12-14).<br />

Son exigeante fidélité juive,<br />

et son zèle passionné <strong>po</strong>ur la<br />

cause de Dieu, lui ont fait pendant<br />

un temps persécuter les<br />

disciples de Jésus, en qui il voit<br />

" de faux témoins... qui affirment<br />

que Dieu a ressuscité le<br />

Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité<br />

" (1 Co 15 / 15). Ce passé<br />

que personne n'oublie lui vaut<br />

d'être considéré à Corinthe comme<br />

" le plus petit <strong>des</strong> apôtres, même<br />

pas digne d'être appelé<br />

apôtre, parce que j'ai persécuté<br />

l' Église de Dieu. " (1 Co 15 /9).<br />

Paul est cependant bien<br />

conscient que ce n'est ni à ses<br />

efforts, ni à ses mérites personnels<br />

qu'il doit sa rencontre bouleversante<br />

sur le chemin de<br />

Damas : " Lorsque Celui qui<br />

m'a mis à part depuis le sein<br />

de ma mère, et m'a appelé par<br />

sa grâce, a jugé bon de révéler<br />

en moi son Fils, afin que je<br />

l'annonce parmi les païens... "<br />

(Ga 1 / 15-16).<br />

A nos risques et périls<br />

Paul dit avoir été " saisi par<br />

Jésus-Christ " (Ph 3 /12). C'est la<br />

passion de sa vie, le ressort de<br />

son activité : " L'amour du Christ<br />

nous étreint à cette pensée<br />

qu'un seul est mort <strong>po</strong>ur tous "<br />

(2 Co 5 /14). Il avoue personnellement<br />

" vivre dans la foi au Fils<br />

de Dieu qui m'a aimé, et s'est<br />

livré <strong>po</strong>ur moi. " (Ga 2 /20). De là<br />

sa conviction que " l'homme<br />

n'est pas justifié par les œuvres<br />

de la Loi, mais seulement par la<br />

foi en Jésus-Christ. " (Ga 2 / 16).<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


J'aime bien ce commentaire<br />

de Raymond BROWN : " La mission<br />

aux Gentils est... l'inévitable<br />

traduction en actes de l'amour<br />

débordant dont il fait l'expérience...<br />

Si l'amour de Dieu s'était<br />

manifesté dans le don de soi au<br />

Christ, comment l'amour du<br />

Christ <strong>po</strong>uvait-il être manifesté<br />

aux autres, sinon de la même<br />

manière ? " On ne peut véritablement<br />

" évangéliser " qu'en<br />

prenant les moyens de l' Évangile.<br />

Cela peut aller loin et beaucoup<br />

demander. Tout le reste<br />

n'est que littérature ou propagande.<br />

Plus que d'autres, peutêtre,<br />

nous sommes payés <strong>po</strong>ur<br />

le savoir.<br />

Depuis 65 ans, notre histoire<br />

de p.o. est jalonnée de ru<strong>des</strong><br />

épreuves, de critiques et de<br />

contestations. Nous souffrons<br />

tout récemment encore, de<br />

n'être pas reconnus, ni bien<br />

considérés dans l' Église. Nous<br />

allons sans doute lentement disparaître<br />

à brève échéance. Cela<br />

ne devrait pas nous surprendre,<br />

ni nous démoraliser. N'est-ce pas<br />

la loi du genre ? " Devenus un<br />

même être avec le Christ par<br />

une mort semblable à la sienne,<br />

nous le serons aussi à sa<br />

Résurrection. " (Rm 6 / 5).<br />

Comment ne nous reconnaîtrions-nous<br />

pas dans ce tableau<br />

que dresse Paul de la vie <strong>des</strong><br />

apôtres : " Sans cesse nous <strong>po</strong>rtons<br />

dans notre corps l'agonie<br />

de Jésus, afin que la vie de Jésus<br />

soit elle aussi manifestée dans<br />

notre corps " (2 Co 4 / 7) ? Il dit<br />

même : " On nous considère<br />

maintenant encore comme <strong>des</strong><br />

balayures du monde, comme le<br />

déchet de l'humanité " (1 Co 4 /13).<br />

Nous n'avons pas cherché la<br />

situation pas toujours enviable<br />

qui nous est faite. Elle est<br />

peut-être cependant nécessaire,<br />

comme le dit Paul, <strong>po</strong>ur<br />

qu'on voie bien " que cette incomparable<br />

puissance (de l' Évangile)<br />

vient de Dieu et non de<br />

nous. " (2 Co 4 /7).<br />

Sans exclure <strong>des</strong> questions<br />

Nous aimons bien saint Paul.<br />

Nous nous réclamons volontiers<br />

de lui. Nous nous inscrivons<br />

dans sa tradition. Pouvons-nous<br />

cependant le faire sans accepter<br />

qu'il nous interpelle ? Serait-ce<br />

honnête de lui faire appel <strong>po</strong>ur<br />

nous justifier, sans qu'il ne<br />

nous <strong>po</strong>se question ? A titre d'exemple,<br />

je repère trois aspects<br />

caractéristiques de sa vie<br />

d'apôtre.<br />

Paul a beaucoup voyagé, y<br />

compris à la fin comme prisonnier<br />

sur un bateau, avec <strong>des</strong><br />

chaînes aux pieds : " à pied souvent,<br />

dangers <strong>des</strong> fleuves, <strong>des</strong><br />

brigands, de mes frères de race,<br />

<strong>des</strong> païens, dans la ville, dans le<br />

désert, sur mer, dangers <strong>des</strong><br />

faux-frères " (2 Co 11 / 24-26).<br />

Paul a beaucoup parlé et écrit<br />

<strong>po</strong>ur exprimer sa foi au Christ :<br />

" Nous croyons, c'est <strong>po</strong>urquoi<br />

nous parlons " (Rm 4 /13). Tout<br />

en faisant souvent état de son<br />

témoignage vécu, et de l'exemple<br />

qu'il a donné, il estime cette<br />

parole indispensable : " Com-ment<br />

croiraient-ils en lui, sans l'avoir<br />

entendu ? Et comment l'entendraient-ils,<br />

si personne ne le proclame?<br />

" (Rm 10 /14).<br />

Paul a partout fondé de petites<br />

communautés, pas toujours<br />

exemplaires, <strong>po</strong>ur enraciner<br />

localement l'Évangile : " Avonsnous<br />

besoin, comme certains,<br />

de lettres de recommandation ?<br />

Notre lettre, c'est vous, lettre<br />

écrite dans nos cœurs, comme<br />

lue par tous les hommes. De<br />

toute évidence, vous êtes une<br />

lettre du Christ confiée à notre<br />

ministère. " (2 Co 13 /3).<br />

J'en retiens surtout ce que je<br />

considère comme son secret<br />

personnel : " S'il me manque<br />

l'amour, je ne suis rien ! Quand je<br />

distribuerais tous mes biens aux<br />

affamés, quand je livrerais mon<br />

corps aux flammes, s'il me manque<br />

l'amour, je n'y gagne rien ! "<br />

(1 Co 13 /3).<br />

Paul BERNARDIN<br />

IMPERTINENCE DE L’UTOPIE<br />

“Convergences ” est une association implantée à Vitry-sur-Seine où <strong>des</strong> militants<br />

d'entreprises, de syndicats, de l'action communale et culturelle, de lieux et de<br />

pratiques culturels, de l'enseignement, du théâtre…cherchent à s'exprimer sur leurs<br />

convergences.<br />

Puisque toutes et tous marchent à l'utopie, le cahier N°16 y revient, piloté cette<br />

fois-ci par Michel PERRET, prêtre-ouvrier avec cette question : " D'où vient que nos<br />

utopies soient si vulnérables au dévoiement et si tenaces à ressurgir comme en<br />

témoignent les toutes premières communautés du début du christianisme et leurs<br />

résurgences ainsi que les socialismes et les communismes ? Quel rap<strong>po</strong>rt y a-t-il entre<br />

utopie, espérance, idéologie, sécularisation, refondations resymbolisation ?<br />

Dans ce même cahier d'autres <strong>po</strong>ints de vue s'expriment qui éclairent à leur manière<br />

<strong>des</strong> convergences.<br />

Commande à “Convergences” 33 rue Georges Sand<br />

94400 VITRY sur Seine<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

9<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


UN VÉCU SIGNIFIANT<br />

le très-Haut, à travers lui, se fait<br />

le " très Bas ". La divinité devant<br />

laquelle il est habituel de ployer<br />

le genou, vient se mettre à<br />

genoux devant l'humanité <strong>po</strong>ur<br />

laver les pieds de Pierre et<br />

même de Judas et redonner à<br />

l'homme sa dignité de fils de<br />

Dieu en les remettant debout et<br />

en le rendant actif au milieu <strong>des</strong><br />

siens <strong>po</strong>ur qu'un peuple nouveau<br />

se construise.<br />

DES SITUATIONS<br />

Au centre social de La Goutte<br />

d'Or à Paris où Bernard travaille,<br />

après un parcours de 3 ans un<br />

groupe d'une quinzaine de femmes<br />

qui n'ont jamais été scolarisées<br />

a été présenté à l'examen<br />

de diplôme d'initiation à la langue<br />

française décerné par l'Éducation<br />

nationale. Les 15 ont été<br />

reçues, certaines brillamment.<br />

Une soirée de remise de diplômes<br />

a été organisée.<br />

Dans le Courrier de Juillet, Jo,<br />

de la même équipe PO de Paris-<br />

Nord, nous détaillait " la chance<br />

du collectif péniche " où il s'inscrit<br />

à Conflans Ste Honorine. A<br />

partir de ces vécus signifiants,<br />

<strong>po</strong>rteurs de dimensions d'humanité,<br />

une réflexion a été faite<br />

dont nous retenons ces extraits.<br />

UN ROYAUME DÉJÀ LÀ<br />

Lorsque <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong><br />

femmes parviennent à se parler,<br />

à s'exprimer ensemble, à se<br />

reconnaître en vérité dans leurs<br />

différences, c'est le Royaume de<br />

Dieu qui advient et le Seigneur<br />

est au milieu d'eux.<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

Lorsque <strong>des</strong> chemins de<br />

libération deviennent <strong>po</strong>ssibles<br />

parce que <strong>des</strong> femmes<br />

dominent leur peur, parce qu'elles<br />

voient leur dignité reconnue,<br />

ce sont <strong>des</strong> filles de Dieu qui<br />

grandissent, qui deviennent un<br />

peu mieux " images de Dieu ".<br />

Lorsque <strong>des</strong> structures se<br />

créent <strong>po</strong>ur que <strong>des</strong> hommes<br />

et <strong>des</strong> femmes se rencontrent<br />

dans le respect de<br />

leurs histoires et la complémentarité<br />

de leurs richesses, en se<br />

montrant solidaires les uns <strong>des</strong><br />

autres, ce sont <strong>des</strong> pierres du<br />

Royaume qui se <strong>po</strong>sent. Lorsque<br />

<strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes<br />

donnent de leur temps, de leurs<br />

compétences <strong>po</strong>ur que d'autres<br />

puissent vivre au grand jour et<br />

grandir en humanité, ce sont<br />

<strong>des</strong> dons de Dieu, ce sont les<br />

mains et les bras de Dieu qui se<br />

tendent et s'ouvrent. C'est le<br />

Royaume qui advient.<br />

Il est fait beaucoup de choses<br />

<strong>po</strong>ur les pauvres, parfois avec<br />

eux, mais rarement à partir<br />

d'eux. Cet aspect, les <strong>po</strong>litiques<br />

refusent généralement de le<br />

voir au nom d'intérêts très<br />

égoïstes, <strong>po</strong>ur ne pas dire par<br />

mépris de ceux qui les dérangent.<br />

Jésus a eu cette attitude de<br />

faire " à partir de " : Zachée, le<br />

jeune homme riche, la Samaritaine,<br />

Marie Madeleine... " Si tu<br />

veux, je m'invite chez toi ". Dieu,<br />

10<br />

Faire l'expérience de la synagogue<br />

de Nazareth, c'est accepter<br />

de donner autorité à la<br />

parole de tous les pauvres, à<br />

tous les malchanceux de la vie,<br />

marqués par le déracinement,<br />

l'exil, l'exclusion, la misère et la<br />

souffrance. C'est faire cette<br />

expérience à la suite de Jésus-<br />

Christ, Fils de Dieu, témoin de<br />

son Père. C'est vivre le Royaume<br />

déjà là. C'est permettre à l'incarnation<br />

d'être aujourd'hui.<br />

UN MINISTÈRE SIGNIFIANT<br />

Lorsque le PO investit de son<br />

temps, de son énergie, de ses<br />

compétences <strong>po</strong>ur que vivent<br />

de tels lieux, il vit son ministère<br />

" d'homme de liens ". " Ce que<br />

vous lierez sur terre sera lié<br />

dans les cieux ! ". En ces lieux,<br />

par la mise en action d'hommes<br />

et de femmes, <strong>des</strong> liens se<br />

construisent, <strong>des</strong> collectifs naissent.<br />

De ce fait, <strong>des</strong> identités se<br />

retrouvent, <strong>des</strong> dignités s'affirment,<br />

<strong>des</strong> personnalités se font<br />

reconnaître et respecter, <strong>des</strong><br />

chemins d'humanité se construisent<br />

et s'inventent. Notre<br />

ministère est au service de ces<br />

liens et de cet accouchement<br />

d'humanité.<br />

Lorsque <strong>des</strong> personnes se<br />

transforment, dominent leur<br />

peur, prennent conscience de<br />

leur dignité, de leur complémentarité<br />

et de la société qu'il<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


leur appartient de construire<br />

ensemble, alors <strong>des</strong> consciences<br />

se forment. Là où il y a conscientisation<br />

il y a croissance<br />

d'humanité et donc avènement<br />

du projet que le Dieu Créateur<br />

a remis entre les mains <strong>des</strong><br />

hommes. C'est donc là que le<br />

PO doit être, car sa présence<br />

active rappelle, signifie et<br />

symbolise ce à quoi est appelée<br />

l'humanité à laquelle Dieu est<br />

à jamais lié. Par là, le PO vit<br />

la dimension symbolique de<br />

son ministère. " La mission du<br />

prêtre est de se consacrer tout<br />

entier au service de l'humanité<br />

nouvelle que le Christ fait naître<br />

par son Esprit " (Presb. n° 16).<br />

Dans ces situations où l'issue<br />

est toujours à chercher, à inventer<br />

avec ceux et celles qui ne<br />

sont jamais reconnus et toujours<br />

rejetés, se joue une solidarité,<br />

une re-connaissance de<br />

l'autre <strong>po</strong>ur affronter le quotidien<br />

et trouver ensemble un<br />

chemin de sortie. Mais cela<br />

demande essentiellement de<br />

croire en la capacité de ces<br />

hommes et de ces femmes<br />

<strong>po</strong>ur se lever et s'inventer <strong>des</strong><br />

chemins de vie. N'est-ce pas au<br />

fond faire revivre la démarche<br />

d'incarnation de Dieu lui-même,<br />

remettant entre les mains de<br />

l'homme l'avenir de son humanité<br />

et donc le sien propre ?<br />

N'est-ce pas là une originalité<br />

et une res<strong>po</strong>nsabilité de<br />

notre ministère dans son<br />

engagement concret avec <strong>des</strong><br />

hommes en marche ?<br />

Notre société accepte au<br />

mieux de régler <strong>des</strong> problèmes<br />

individuels. Elle ne prend que<br />

rarement en compte ce qui<br />

engendre les difficultés, l'exclusion,<br />

le chômage, la pauvreté, la<br />

misère. De ce fait, elle empêche<br />

de s'attaquer aux mécanismes<br />

qui les générent. Cette courte<br />

vue au niveau continental devient<br />

mondial quand il est question<br />

d'immigration et d'aide aux<br />

pays les plus pauvres. Constater<br />

cela, <strong>po</strong>usser à ce que ces situations<br />

soient analysées y compris<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

<strong>po</strong>litiquement, se mobiliser et<br />

mobiliser <strong>po</strong>ur dénoncer ce qui<br />

empêche et détruit les solidarités,<br />

d'où que viennent les<br />

attaques, n'est-ce pas participer<br />

à " la colère de Dieu " ? Au nom<br />

de notre humanité, ne faut-il<br />

pas être là où l'homme est<br />

défendu, là où le mal est<br />

dénoncé ? Ne faut-il pas y être<br />

au nom de notre ministère,<br />

parce qu'il est par nature un<br />

ministère ordonné au service<br />

de l'avènement de l'humanité<br />

et du Royaume que<br />

nous annonçons ?<br />

Lorsque PO nous sommes<br />

présents et parfois acteurs au<br />

cœur de ces manifestations où<br />

s'expriment la joie d'avoir vaincu<br />

les difficultés, le bonheur d'avoir<br />

fait peuple, la reconnaissance<br />

d'avoir vu grandir ensemble en<br />

humanité, n'est-ce pas un lieu<br />

de célébration qui nous est<br />

donné, un lieu où notre ministère<br />

s'exerce parce que toute<br />

cette vie est nôtre, et par nous<br />

offerte au Père ?<br />

Lorsque le PO se retrouve<br />

avec d'autres croyants en ces<br />

mêmes valeurs d'humanité il vit<br />

son ministère de célébration. Ce<br />

sont ces chemins d'humanité,<br />

ces croissances mais aussi tous<br />

ce dénis d'humanité qu'il<br />

ap<strong>po</strong>rte comme pain et vin sur<br />

la table de l'eucharistie. Il fait<br />

ainsi " mémoire de la vie, de la<br />

mort et de la résurrection " du<br />

Christ qui se revit aujourd'hui<br />

dans son humanité, corps de<br />

Dieu, " encore dans les douleurs<br />

de l'enfantement " (Romains 8) .<br />

Lorsque ce ministère de lien de<br />

dénonciation et d'engendrement<br />

est partagé et célébré<br />

avec d'autres croyants baptisés,<br />

ce n'est plus seulement le ministère<br />

du ou <strong>des</strong> PO, c'est le<br />

sacerdoce du peuple de Dieu<br />

qui prend corps avec celui<br />

<strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong>.<br />

B. MASSERA et équipe PO<br />

Paris/Nord<br />

Novembre 2008<br />

11<br />

RETRAITE<br />

2009<br />

POUR LES<br />

PRÊTRES<br />

OUVRIERS<br />

du 26 JUILLET<br />

(19 heures)<br />

au 1 er<br />

(9 heures)<br />

AOÛT<br />

À LA MAISON<br />

SAINTE CROIX<br />

(centre d’accueil<br />

du diocèse de Soissons)<br />

20, rue du Val<br />

Belleu<br />

(près de SOISSONS)<br />

“ LES SOURCES DE<br />

NOTRE ESPÉRANCE :<br />

à force de regarder<br />

ce qui meurt, nous<br />

risquons de ne pas voir<br />

ce qui <strong>po</strong>usse ”<br />

Animateur<br />

Jean Pierre<br />

BOURGET<br />

Délégué Régional Monde<br />

Ouvrier d’Ile de France<br />

Inscription auprès de :<br />

QUENTIN BESSON<br />

10, av. du Docteur ROY<br />

BP 80530<br />

02331 SOISSONS<br />

03 23 73 93 43<br />

06 32 90 79 78<br />

quintinou@wanadoo.fr<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Echos de l'atelier " Politique "<br />

L'activité <strong>po</strong>litique au cœur<br />

de notre ministère prophétique<br />

Nous étions 10 participants.<br />

C'est-à-dire le double de la réunion<br />

de 2007. Nous venons de :<br />

Région parisienne 4, Normandie<br />

1, PACA 1, Est, 1, Centre 1, Loire-<br />

Auvergne 2. La plupart d'entre<br />

nous sont adhérents et militants<br />

à un parti : PCF, PS, Verts.<br />

Un tour de table fait ressortir<br />

quelques <strong>po</strong>ints saillants<br />

Il faut tenir compte du fait<br />

qu'il y a préparation de congrès<br />

dans tous les partis de gauche ;<br />

ainsi <strong>des</strong> dynamismes sont <strong>po</strong>intés<br />

: par exemple à Nanterre où<br />

la participation aux activités est<br />

im<strong>po</strong>rtante. Dans l'agglomération<br />

rouennaise il y a au PS un<br />

courant d'adhésion soutenu<br />

depuis 2001. Une participation<br />

d'une centaine de personnes à<br />

une réunion de quartier à<br />

Marseille. Nous nous sommes<br />

intéressés aux actions actuelles<br />

dans le mouvement social ; ainsi<br />

le succès <strong>des</strong> 27 000 <strong>ouvriers</strong><br />

de Boeing obtenant 15% d'augmentation<br />

après 52 jours de<br />

grève, ou les luttes et succès<br />

<strong>des</strong> collectifs de sans-papiers en<br />

France.<br />

Préparation <strong>des</strong> congrès<br />

et crise économique<br />

Dans tous les partis diverses<br />

motions ont été élaborées et<br />

font l'objet de débats et de<br />

votes. Chez les Verts, par exemple,<br />

il y a 6 motions. Cela montre<br />

une réelle diversité, <strong>des</strong> <strong>po</strong>ints<br />

de divergence en débat au sein<br />

de chaque organisation, <strong>des</strong><br />

convergences à élaborer ; parmi<br />

celles-ci la préservation <strong>des</strong><br />

conditions de vie <strong>des</strong> générations<br />

présentes et à venir. Il nous<br />

est apparu que le débat est<br />

aussi transversal : l'un d'entre<br />

nous a fait référence avec une<br />

contribution émanant de dirigeants<br />

d'un autre parti, dans<br />

laquelle, disait-il, il se sentait<br />

largement en accord. Ce qui<br />

atteste <strong>des</strong> convergences audelà<br />

<strong>des</strong> partis. Les évolutions<br />

en cours dans plusieurs pays<br />

d'Amérique Latine sont convoquées<br />

dans les travaux d'approfondissement.<br />

La crise financière et économique<br />

a fait irruption de façon<br />

aigüe dans cette phase de<br />

débats et de décisions. Plusieurs<br />

d'entre nous soulignent un<br />

effondrement du tissu industriel.<br />

Certain concept semble<br />

faire une quasi unanimité, c'est<br />

celui de développement durable,<br />

avec 3 pôles distincts, économique,<br />

social, environnemental.<br />

Un texte de Paul Ricoeur,<br />

dans son ouvrage “ Soi-même<br />

comme un autre “, retient l'attention<br />

sur son approche tri<strong>po</strong>laire<br />

du <strong>po</strong>litique comme visée<br />

éthique, visée d'une vie bonne<br />

avec et <strong>po</strong>ur autrui dans <strong>des</strong> institutions<br />

justes.<br />

Activité de l'atelier<br />

Comme<br />

plusieurs<br />

d'entre nous<br />

l'ont précisé<br />

: l'essentiel,<br />

c'est<br />

note activité,<br />

dans notre<br />

organisation.<br />

Nous<br />

avons estimé<br />

que d'assez<br />

nombreuses<br />

expressions<br />

com<strong>po</strong>rtant<br />

<strong>des</strong> dimensions <strong>po</strong>litiques<br />

étaient produites dans de nombreux<br />

“Courriers PO”. Plusieurs<br />

régions ont engagé une<br />

réflexion sur le prophétisme, ce<br />

qui a semblé pertinent à plusieurs<br />

membres de l'atelier.<br />

Nous avons pris quelques<br />

décisions au-delà de celle<br />

concernant la relation de notre<br />

réunion dans le Courrier :<br />

nous <strong>po</strong>ursuivrons notre<br />

fonctionnement en 2009 avec<br />

<strong>des</strong> contributions à échanger<br />

entre nous.<br />

nous contribuerons à attirer<br />

l'attention <strong>des</strong> PO de chacune<br />

de nos régions sur l'im<strong>po</strong>rtance<br />

de la <strong>po</strong>litique dans notre<br />

société.<br />

nous avons pris une date : le<br />

mercredi 28 octobre.<br />

le thème du prophétisme<br />

<strong>po</strong>urrait être retenu <strong>po</strong>ur notre<br />

échange du 28 octobre.<br />

Claude De<strong>po</strong>il et<br />

Hubert Guyet<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

12<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


PO, n'avons-nous rien à dire ?<br />

L'un de nous célèbre à l'église<br />

les funérailles de son père. Il évoque<br />

le souvenir que ses neveux<br />

garderont de leur grand-père.<br />

C'était un homme juste et bon.<br />

Aucun texte biblique n'est lu. Rien<br />

n'est dit de ce qu'ils peuvent<br />

espérer <strong>po</strong>ur lui. Un Notre Père<br />

est cependant pro<strong>po</strong>sé à réciter.<br />

Par la suite, notre ami s'en explique:<br />

" Je ne voulais pas en dire<br />

plus que ce que pensent les plus<br />

jeunes. "<br />

Pouvait-il se contenter de leur<br />

restituer ce qu'ils devaient penser<br />

? N'y avait-il aucune perspective<br />

à ouvrir, aucune espérance à<br />

éveiller ?<br />

En réunion régionale, un<br />

copain relate ce qu'ont dit les<br />

autres, après l'enterrement d'un<br />

collègue de travail. L'un de nous<br />

<strong>po</strong>se la question: " Et toi, qu'as-tu<br />

dit ? " Ré<strong>po</strong>nse: " Je n'avais rien à<br />

dire de plus ! " Il n'a peut-être pas<br />

trouvé sur le moment. Il n'a peutêtre<br />

pas su quoi dire, ni comment<br />

le dire <strong>po</strong>ur que ce soit recevable.<br />

Mais, même après coup,<br />

n'avait-il vraiment rien à dire de<br />

ce qu'il croit ? Comment <strong>po</strong>uvons-nous<br />

nous tenir " prêts à<br />

ré<strong>po</strong>ndre de notre espérance ? ",<br />

si même entre nous, nous n'en<br />

disons rien ?<br />

Dans un carrefour, en retraite,<br />

plusieurs PO sont d'avis que notre<br />

vie parle d'elle-même, l'im<strong>po</strong>rtant<br />

étant d'être activement présents.<br />

Le monde <strong>po</strong>pulaire a bien repéré<br />

et apprécié le témoignage <strong>des</strong><br />

P.O. Nous sommes reconnus<br />

comme <strong>des</strong> leurs. Les gens n'en<br />

ont rien à secouer de nos paroles<br />

! Le levain disparaît complètement<br />

dans la pâte qu'il fait lever.<br />

S'il y a une évolution collective, on<br />

peut estimer avoir rempli notre<br />

mission.<br />

Pouvons-nous nous en satisfaire<br />

? Nous suffit-il de nous faire<br />

adopter ? Pouvons-nous nous dispenser<br />

d’exprimer ce qui motive<br />

ou ce que nous apprécions chez<br />

les autres ? Cela va-t-il de soi que<br />

nous sommes croyants, du seul<br />

fait que nous sommes PO ?<br />

Il y a beaucoup de vrai dans<br />

tout cela. Instruits par la longue<br />

histoire de leurs déceptions, les<br />

travailleurs se méfient instinctivement<br />

<strong>des</strong> beaux discours, quels<br />

qu'ils soient. Une parole n'est crédible<br />

que si elle se vérifie dans le<br />

com<strong>po</strong>rtement de celui qui parle.<br />

La parole chrétienne, parce<br />

qu'elle s'exprime dans <strong>des</strong> termes<br />

qui n'ont plus cours, et <strong>des</strong> représentations<br />

du monde dépassées,<br />

passe difficilement la rampe<br />

aujourd'hui. Ce n'est plus seulement<br />

l' Église qui est actuellement<br />

contestée, c'est l'expression<br />

de la foi elle-même.<br />

Benoît XVI reconnaît lui-même<br />

officiellement l'exigence de discrétion<br />

qui s'im<strong>po</strong>se aujourd'hui,<br />

<strong>po</strong>ur ne pas im<strong>po</strong>ser aux autres la<br />

foi de l' Église.: " Le chrétien sait<br />

quand le temps est venu de parler<br />

de Dieu, et quand il est juste<br />

de le taire, et de ne pas laisser<br />

parler que l'amour. Il sait que Dieu<br />

est Amour, et qu'il se rend présent<br />

précisément dans les<br />

moments où rien d'autre n'est<br />

fait sinon qu'aimer. " (Encyclique<br />

Dieu est Amour 31/C)<br />

Mais <strong>po</strong>ur autant, acceptonsnous<br />

de remettre nos pratiques<br />

en question ? Une minorité<br />

contestée - nous n'avons guère<br />

cessé de l'être - est d'autant plus<br />

<strong>po</strong>rtée à s'auto justifier. Nos<br />

Évangiles attestent que Jésus a<br />

été tenté, et comment il l'a été<br />

tout du long, dans l'accomplissement<br />

de sa mission. Sachons identifier<br />

nos propres tentations, sans<br />

craindre de donner <strong>des</strong> gages à<br />

ceux qui s'op<strong>po</strong>sent à nous.<br />

Le long silence de Nazareth<br />

serait-il le dernier mot du Christ ?<br />

Jésus a-t-il seulement guéri <strong>des</strong><br />

mala<strong>des</strong>, mangé avec les publicains,<br />

multiplié les pains, sans<br />

rien dire du Royaume à venir en<br />

faisant appel à l'expérience<br />

quotidienne <strong>des</strong> gens ordinaires :<br />

" Lequel d'entre vous... ? "<br />

Qu'auraient compris les pèlerins<br />

d'Emmaüs, si le Ressuscité n'avait<br />

rien ré<strong>po</strong>ndu à leur tristesse<br />

désenchantée au soir de Pâques :<br />

" Esprits sans intelligence ! Cœurs<br />

lents à croire tout ce qu'ont dit<br />

les prophètes ! " (Lc 24, 25) ? Ce<br />

qui ne préjuge pas de quelle façon<br />

ils ont pu le voir et l'entendre.<br />

En marge de la retraite P.O de Gueberschwihr<br />

A la fin de sa vie durement<br />

éprouvée, le Père AUGROS , qui a<br />

fondé la Mission de France, écrivait<br />

amèrement: " Pour la première<br />

fois, c'est le sauvage qui a<br />

converti le missionnaire ! Mais<br />

bien avant lui, et bien mieux<br />

que lui, Jésus a <strong>po</strong>sé la question<br />

qu'on ne saurait éluder : " Le Fils<br />

de l'homme, quand il viendra,<br />

trouvera-t-il la foi sur la terre ? "<br />

(Lc 18,8)<br />

Dans sa dernière épître, l'infatigable<br />

missionnaire qu'est Paul<br />

s'étonne de l'échec relatif de sa<br />

prédication: " Comment croiraient-ils<br />

en lui sans l'avoir<br />

entendu ? Et comment l'entendraient-ils,<br />

si personne ne le proclame<br />

? " Il se dit convaincu que<br />

" la foi vient de la prédication, et<br />

la prédication, c'est l'annonce de<br />

la parole du Christ ! " (Rm 10, 14-<br />

17). Déjà auparavant, se référant<br />

à ce verset du psaume 116 : " J'ai<br />

cru, c'est <strong>po</strong>urquoi j'ai parlé ", il<br />

avait affirmé : " Nous croyons<br />

nous aussi, et c'est <strong>po</strong>urquoi nous<br />

parlons. " (2 Cor 4,13) Une grande<br />

conviction, à plus forte raison une<br />

grande passion peut-elle demeurer<br />

toujours silencieuse ?<br />

Qu'on dise - selon un vocabulaire<br />

détestable - l'avoir, ou ne pas<br />

l'avoir, ou ne plus l'avoir, la Foi<br />

n'existe pas en soi. Elle ne peut<br />

être qu'adhésion à la parole d'un<br />

autre, à qui on fait confiance.<br />

C'est vrai de nos relations humaines,<br />

et pas seulement dans le<br />

domaine religieux. C'est à partir<br />

de cette expérience décisive que<br />

<strong>des</strong> pêcheurs de Galilée sont<br />

devenus d'abord disciples, et puis<br />

ensuite apôtres de Jésus : " Maître,<br />

nous avons peiné toute la<br />

nuit sans rien prendre. Mais sur ta<br />

parole, je vais jeter les filets. " (Lc<br />

5,5) Tout comme l'amour, dont<br />

elle est si proche, la foi ne peut se<br />

dispenser de s'exprimer. Tout<br />

comme lui, elle ne peut se<br />

contenter de paroles. Mais pas<br />

plus que lui, elle ne peut s'en passer<br />

: " Dis moi qui tu aimes ! J'ai<br />

besoin de te l'entendre dire ! "<br />

Paul Bernardin<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

13<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Témoins du Ressuscité<br />

Ce témoignage a été écrit par André Laforge en mars 2006 <strong>po</strong>ur préparer l'Université d'été de la<br />

Communauté Mission de France qui a eu lieu à Lyon cette année-là, sur le thème: " Témoins du<br />

Ressuscité... Vous avez dit résurrection ? "<br />

de locomotive, un syndiqué<br />

CGT, non croyant. Il me dit<br />

un jour : “Je ne sais pas ce<br />

qui m'arrive, je ne suis pas<br />

croyant et il y a quelque<br />

chose en moi qui me<br />

<strong>po</strong>usse à devenir chrétien,<br />

mais je <strong>po</strong>se une condition,<br />

je veux être comme<br />

François, mon voisin”.<br />

C'était un croyant admirable<br />

! Le Christ vivant à côté<br />

de lui l'invitait à se relever<br />

et à accueillir la foi à son<br />

tour. Il avait rencontré en<br />

l'autre la Résurrection qu'il a<br />

ensuite vécu toute sa vie.<br />

Tout au long de ma vie, j'ai<br />

rencontré la mort. Ce fut<br />

d'abord dans la guerre et les<br />

bombardements. Et puis souvent<br />

sur mon chemin, ceux qui<br />

allaient mourir: je leur parlais de<br />

l' Espérance, de résurrection.<br />

Maintenant, depuis plus de 20<br />

ans, je pense à la mort, la<br />

mienne, qui vient. Cela m'a fait<br />

voir et comprendre autrement<br />

la Résurrection du Christ : j'ai<br />

découvert que je la rencontrais<br />

souvent et que j'avais à la<br />

vivre et à en témoigner dans<br />

l'au-jourd'hui du temps : l' AVANT<br />

la mort fait mieux regarder<br />

" APRÈS ", il éclaire la route.<br />

Tout au long de mon histoire,<br />

parfois de manières diverses,<br />

inattendues, j'ai rencontré la<br />

Résurrection, j'ai côtoyé ceux et<br />

celles qui avaient accueilli dans<br />

leur vie le Ressuscité !<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

Il y a 50 ans (en 1954), j'ai été<br />

fortement secoué, ébranlé dans<br />

ces premières années de ma vie<br />

de prêtre. A la demande de<br />

l'évêque, je me préparais à<br />

devenir PO. Les décisions romaines<br />

ont tout mis par terre. Les<br />

dégâts ont été sérieux dans la<br />

jeune Mission de France et ailleurs.<br />

Dans notre Église, la<br />

Mission était-elle <strong>po</strong>ssible ?<br />

Cette interrogation radicale<br />

nous habitait !<br />

Et il y a eu Jean XXIII et le<br />

Concile. Les circonstances m'ont<br />

amené dans les coulisses de<br />

cet événement, à voir souvent<br />

Liénart, Camara, Marty et d'autres.<br />

Le travail de l'Esprit était<br />

visible. Peu à peu, dans ma foi en<br />

l'Église, je suis sorti de la nuit !<br />

Ce fut un renaissance <strong>po</strong>ur<br />

l'Église elle-même qui se montrait<br />

l'Église de la Résurrection.<br />

Elle se relevait. Je ne <strong>po</strong>uvais<br />

pas me taire, j'ai redit ma foi<br />

" debout ", je me suis abandonné<br />

dans la conduite du Seigneur.<br />

Cela me préparait <strong>po</strong>ur la suite:<br />

le Vivant m'avait " rebâti " dans la<br />

foi.<br />

Pourtant déjà je l'avais rencontré<br />

sans en comprendre l'im<strong>po</strong>rtance.<br />

Jeune prêtre, j'avais<br />

été frappé par la demande d'un<br />

homme, cheminot, conducteur<br />

14<br />

Dans mon voyage, j'ai<br />

côtoyé, accompagné <strong>des</strong><br />

naissances à la foi, <strong>des</strong><br />

" renaissances " surtout au<br />

milieu <strong>des</strong> pauvres. Pendant <strong>des</strong><br />

années, j'ai été dans un groupe<br />

appelé à Lyon les Rencontres<br />

Fraternelles. Un jour, il y avait<br />

100 personnes <strong>po</strong>ur fêter le<br />

baptême d'une jeune de 15 ans,<br />

dont la maman était une ex de<br />

la rue. Dans la messe, en partageant<br />

la paix, la fête déborda.<br />

Toute la foule se mit à chanter<br />

et à danser, ce fut très fort, puis<br />

la messe s'acheva. Ce jour-là<br />

c'était la joie de Pâques et le<br />

Seigneur a dû bien se réjouir làhaut,<br />

les pauvres recevaient<br />

dans la fête l' Évangile de la<br />

Résurrection.<br />

Je pense aussi à <strong>des</strong> couples<br />

retrouvant leur amour, à mes<br />

copains de boulot s'épanouissant<br />

dans leur vie d'hommes<br />

immigrés se remettant debout<br />

par leur premier boulot arrivant<br />

en France.<br />

Je pense aussi à <strong>des</strong> copains<br />

<strong>prêtres</strong> qui avaient perdu la foi<br />

(cela arrive) et qui ont retrouvé<br />

le Ressuscité.<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


A mon arrivée dans le foyer<br />

logement où je suis, j'ai accepté<br />

pendant 3 ans d'aller faire un<br />

après midi d'accueil à Fourvière.<br />

Là, je recevais beaucoup.<br />

Derrière moi, il y avait une peinture<br />

célèbre de Rembrandt : le<br />

Père accueillant le fils prodigue.<br />

J'ai accueilli là <strong>des</strong> vies lour<strong>des</strong> à<br />

<strong>po</strong>rter. Dans le pardon du<br />

Seigneur, j'ai vu la joie pacifiée<br />

dans les yeux, <strong>des</strong> hommes<br />

m'embrassant parce qu'à la fin<br />

je leur disais : " maintenant,<br />

renaissez avec le Christ, vous<br />

voilà " tout neufs " dans le<br />

Ressuscité, le Vivant. "<br />

Recevoir le pardon et le donner<br />

à l'autre en faisant la paix,<br />

c'est souvent une bagarre rude<br />

et difficile en soi. Mais quelle<br />

paix, quelle joie quand on lâche<br />

prise, qu'on s'abandonne à<br />

l'amour de Dieu, lui qui sait faire<br />

<strong>po</strong>ur toucher les cœurs.<br />

Actuellement, j'ai un ami<br />

depuis 20 ans que je vois de<br />

temps en temps. Il n'est pas baptisé.<br />

Il est critique d'Art dans un<br />

journal. C'est lui qui m'a fait<br />

découvrir le peintre Arcabas. Il y<br />

a quelques semaines je lui ai<br />

passé le récit de mon trajet que<br />

j'ai écrit. Il vient de revenir me<br />

voir, bousculé - me dit-il - par ce<br />

récit et la foi vécue autour de<br />

lui. Il vient de me dire " mais<br />

<strong>po</strong>urquoi je ne crois pas ? " Je lui<br />

ai ré<strong>po</strong>ndu : " Peut-être cela<br />

vient-il de vous, êtes-vous prêt<br />

à dire à Dieu : je viens " ?<br />

Cela me fait penser que la<br />

résurrection c'est formidable,<br />

étonnant, mais cela reste un<br />

combat difficile et parfois bien<br />

long.<br />

Tout cela c'est aussi une histoire<br />

d' Église, elle est le Corps<br />

du Christ, avec chacun d'entre<br />

nous, mais elle l’est dans les<br />

faits, par son accueil, sa maternité,<br />

renaissante et relevante.<br />

En bien <strong>des</strong> domaines, notre<br />

Église a <strong>des</strong> efforts à faire. Elle<br />

a, elle aussi, par l'Esprit, comme<br />

chacun d'entre nous, à renaître<br />

en Pentecôte, <strong>po</strong>ur témoigner<br />

du Christ Ressuscité.<br />

Depuis 15 ans, je vois souvent<br />

une amie sénégalaise,<br />

musulmane mariée à 15 ans,<br />

trois enfants. Son mari sénégalais<br />

la battait. Ils se sont séparés,<br />

mais le 2ème fils s'était suicidé à<br />

17 ans à force d'empêcher son<br />

père de battre sa mère. Depuis<br />

toutes ces années, Aissatou a<br />

découvert Jésus-Christ, elle le<br />

prie. Il est profondément dans<br />

sa vie de croyante. Il y a trois<br />

ans, elle s'est remariée avec un<br />

blanc, divorcé d'un premier<br />

mariage religieux. Aissatou<br />

n'avait jamais demandé le baptême,<br />

même si on en avait parlé.<br />

Elle ignorait qu'un tel mariage<br />

<strong>po</strong>serait un problème <strong>po</strong>ur le<br />

baptême. Or, un an après son<br />

mariage, elle a demandé le baptême.<br />

Elle a été admise au catéchuménat,<br />

puis renvoyée <strong>po</strong>ur<br />

baptême im<strong>po</strong>ssible. Elle n'est<br />

pas la seule. J'ignorais que le<br />

Saint-Esprit et le Ressuscité<br />

devaient consulter les livrets de<br />

mariage avant d'envoyer le don<br />

de Dieu aux pauvres humains...<br />

Les Actes <strong>des</strong> Apôtres nous rappellent<br />

les paroles de Paul et de<br />

Pierre : " Ils ont reçu le Saint-<br />

Esprit, il faut les baptiser ".<br />

Aissatou a toujours la foi, elle a<br />

aussi le droit d'être enfin au<br />

calme, dans la paix, elle redemande<br />

le baptême.<br />

Des situations bloquées ainsi,<br />

il y en a beaucoup, j'ai plusieurs<br />

couples d'amis qui ont découvert<br />

la foi profonde dans le<br />

second mariage ! Dans l' Église<br />

du Ressuscité il faut <strong>des</strong> <strong>po</strong>rtes<br />

ouvertes sans aucune marginalisation.<br />

Là aussi, la Résurrection<br />

est un combat !<br />

Pour s'y tenir, j'ai une source<br />

solide : la communion <strong>des</strong> Saints,<br />

<strong>des</strong> vivants et <strong>des</strong> morts. Elle<br />

me donne souvent <strong>des</strong> signes<br />

d'espérance. Je crois profondément<br />

à la Résurrection du Christ.<br />

Être témoins du Ressuscité est<br />

fortifié par la rencontre <strong>des</strong> ressuscités.<br />

La prière et la pauvreté<br />

acceptée de nos vies en sont les<br />

conditions.<br />

Dans l' Évangile, <strong>des</strong> textes<br />

m'aident dans ma prière et ma<br />

vie : le dialogue avec Nicodème,<br />

mais aussi : " Le Royaume est<br />

déjà parmi vous ". Mais ce qui<br />

m'inspire le plus, c'est le " NOTRE<br />

PÈRE ", et la Parabole de l'Enfant<br />

prodigue.<br />

André LAFORGE<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

15<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


PAR LA GREVE DANS L’ENTREPRISE,<br />

REGULARISER LES SANS PAPIERS !<br />

" Premières paroles de Robinson à Vendredi : Vous avez votre carte de séjour ? "<br />

Pierre Desproges<br />

1 - Tranche de vie saignante<br />

Mardi 15 avril 2008, à 7h30,<br />

12 Maliens sans papiers accompagnés<br />

par deux militants de<br />

l'Union Locale CGT de Massy<br />

(Saïd et moi), occupent la cafétéria<br />

d'une entreprise du sud de<br />

l'Essonne.<br />

Vers 8h30 le patron arrive,<br />

arrache les drapeaux de la CGT<br />

décorant la cafétéria, s'arrache<br />

un ongle dans sa colère, ce n'est<br />

pas beau à voir le sang de<br />

patron, et sous la menace de<br />

nous rosser avec <strong>des</strong> gitans,<br />

nous donne l'ordre d'évacuer<br />

son entreprise.<br />

J'essaie de lui expliquer que<br />

notre action n'est pas dirigée<br />

contre lui, mais qu'il s'agit d'une<br />

action régionale soutenue par la<br />

CGT, " Droit Devant " dans 4<br />

entreprises de l'Essonne, 14<br />

dans la Région Parisienne, afin<br />

de faire régulariser les travailleurs<br />

sans papiers qui sont dans<br />

la même situation que les salariés<br />

ordinaires sauf la carte de<br />

séjour. Nous souhaitons que la<br />

négociation s'ouvre avec le<br />

ministère de l'immigration. A ma<br />

grande surprise, le patron<br />

change complètement d'attitude,<br />

il nous donne <strong>des</strong> pièces<br />

de monnaie afin d'accéder gratuitement<br />

à la machine à café et<br />

il prête sa carte bleue à Saïd afin<br />

que ce dernier aille acheter 14<br />

repas chez le grec de la gare !<br />

Nous avons plaisanté Saïd<br />

lorsqu'il est revenu, en lui disant<br />

que nous pensions qu'il serait<br />

parti aux Seychelles avec la<br />

carte bleue du patron !<br />

Cette bienveillance se prolongera<br />

jusqu'à la publication d'une<br />

interview <strong>des</strong> 12 sans papiers de<br />

son entreprise dans l'édition<br />

régionale du Parisien du vendredi<br />

18 avril 2008. Les sans<br />

papiers expliquent comment ils<br />

étaient recrutés, le patron leur<br />

disait : " Tu n'aurais pas une bête<br />

ou un con ? " On sait ce que cela<br />

voulait dire….Ils assurent faire de<br />

nombreuses heures supplémentaires<br />

sous la contrainte, payées<br />

au tarif normal… etc… "<br />

Vendredi 18 à 20h30, le<br />

patron pète les plombs. Il arrose<br />

les matelas de pétrole afin de<br />

faire partir les sans papiers ;<br />

devant la décision de ces derniers<br />

de ne pas bouger, avec<br />

l'aide d'un gitan, il casse les<br />

vitres de la cafétéria et leur fait<br />

quitter l'entreprise sous la<br />

menace de fusils.<br />

Mardi 22, le fils du patron,<br />

directeur général, réintègre les<br />

sans papiers dans l'entreprise en<br />

leur pro<strong>po</strong>sant deux bungalows,<br />

un <strong>po</strong>int d'eau, <strong>des</strong> toilettes.<br />

Nous resterons là jusqu'au mercredi<br />

16 juillet 2008.<br />

Pendant les 3 mois de notre<br />

occupation, le patron oscillera<br />

entre la générosité et la violence…<br />

Ce qu'il donne, il veut que<br />

cela soit le signe de sa générosité<br />

et non la ré<strong>po</strong>nse<br />

à quelques revendications<br />

ou droits invoqués…Il<br />

résume son<br />

attitude par les paroles<br />

suivantes : " Je ne<br />

veux pas de la CGT<br />

dans mon entreprise,<br />

ce sont <strong>des</strong> communistes<br />

! ".<br />

2 - Quelques repères<br />

au mois d'août 2008<br />

850 travailleurs<br />

sans-papiers sur les<br />

1400 en grève ont été<br />

régularisés en Ile de France.<br />

Dans l'entreprise que j'occupais(12<br />

sans papiers le 15 avril,<br />

et un treizième arrive le 13 mai)<br />

7 ont été régularisés, et sur les<br />

6 autres nous avons dé<strong>po</strong>sé 3<br />

autres dossiers à la préfecture<br />

(1 a été régularisé fin août), en<br />

espérant trouver <strong>des</strong> solutions<br />

<strong>po</strong>ur les 3 autres en septembre.<br />

2 qui avaient été enfermés dans<br />

un centre de rétention ont été<br />

relâchés.<br />

L'union Locale CGT de Massy<br />

a été motrice dans cette action.<br />

3 - Le courage<br />

<strong>des</strong> sans papiers<br />

Ils ont pris le risque d'affronter<br />

la violence du patron, dans<br />

une entreprise où il n'y a pas de<br />

syndicat, pas d'expérience de<br />

résistance.<br />

Ils ont affronté en même<br />

temps, la <strong>po</strong>lice (qui est venue<br />

plusieurs fois et repartie quand<br />

nous avons insisté <strong>po</strong>ur signaler<br />

qu'il s'agissait d'un conflit du travail<br />

et qu'ils n'avaient rien à faire<br />

ici). Le gouvernement qui, en faisant<br />

traîner le traitement <strong>des</strong><br />

dossiers, espérait <strong>po</strong>urrir le<br />

mouvement.<br />

Lorsque le patron a arrosé les<br />

matelas de pétrole en les menaçant<br />

de mettre le feu, très calmement,<br />

ils ont décidé de rester<br />

Ċomme le dit Sissoko, un travailleur<br />

sans papier : " Nos yeux<br />

étaient brouillés par les larmes,<br />

par la lutte vous nous avez aidés<br />

à les essuyer et à y voir clair. "<br />

5 - Ils sortent de la clan<strong>des</strong>tinité<br />

Grand titre de l'Huma du 16<br />

avril 2008 : " Dix neuf entreprises<br />

occupées. Les salariés sans<br />

papiers sortent de l'ombre ".<br />

Bertolt Brecht en 1948<br />

dans la finale du film tiré de sa<br />

pièce de théâtre " L'Opéra de<br />

quat'sous " montre l'émergence<br />

d'un nouveau monde par ce passage<br />

de l'ombre à la lumière.<br />

Pendant plusieurs semaines,<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

16<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


les sans-papiers ont fait la une<br />

<strong>des</strong> journaux, les Français ont<br />

découvert ces salariés, qui travaillent,<br />

ont <strong>des</strong> fiches de paies,<br />

paient leurs cotisations sociales,<br />

leurs impôts. Parce qu'ils n'ont<br />

pas de carte de séjour ils ne<br />

bénéficient pas de remboursement<br />

par la sécurité sociale de<br />

leurs dépenses de santé, ils ne<br />

bénéficient pas d'allocations<br />

chômage, ils ne bénéficient pas<br />

de retraite…<br />

Cela a semblé scandaleux<br />

dans la <strong>po</strong>pulation française<br />

(d'après l'Huma à 70% la <strong>po</strong>pulation<br />

demandait qu'ils aient <strong>des</strong><br />

cartes de séjour). Le président<br />

de la République a été obligé de<br />

mentir sur leurs revendications<br />

en déclarant qu'il n'était pas<br />

<strong>po</strong>ssible de leur donner à tous la<br />

nationalité française (ça tombait<br />

bien, ils ne la demandaient pas,<br />

ils demandent une carte de<br />

séjour).<br />

6 - La solidarité<br />

plus forte que la haine<br />

La criminalisation <strong>des</strong> sanspapiers<br />

par la <strong>po</strong>litique du gouvernement<br />

ne passe pas dans<br />

l'opinion. La chasse au bouc<br />

émissaire ne prend pas…Pendant<br />

nos opérations de signatures de<br />

pétitions sur les marchés, de<br />

quête <strong>po</strong>ur la lutte, nous avons<br />

été surpris du soutien que nous<br />

avons reçu de la <strong>po</strong>pulation.<br />

Les sans-papiers ont mené<br />

l'action malgré les difficultés et<br />

les incompréhensions.<br />

Une <strong>des</strong> causes de la casse de<br />

la conscience d'appartenance à<br />

la classe ouvrière, la division<br />

entre salariés français et salariés<br />

immigrés, était en phase d'être<br />

dépassée.<br />

" Ce qui a cassé la classe<br />

ouvrière " Stéphane Beaud et<br />

Michel Pialoux, dans " Manière de<br />

voir ". (Le Monde diplomatique,<br />

Août/septembre 2005)<br />

Les paroles prophétiques du<br />

vieux barbu en 1848, gardent<br />

leur pertinence : " Travailleurs de<br />

tous les pays unissez-vous. "<br />

Ils ont participé aux manifestations<br />

à Paris : le 1er mai en<br />

tête de manif, le 28 mai… etc.<br />

7 - Des relations qui permettent<br />

de tenir et qui donnent sens<br />

Je pensais aux paroles de<br />

Margarete Buber Neumann dans<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

son autobiographie, " Dé<strong>po</strong>rtée<br />

à Ravensbrück ". Communiste<br />

allemande elle se réfugie en<br />

URSS, et est livrée aux nazis au<br />

moment du pacte germanosoviétique.<br />

Dé<strong>po</strong>rtée à Ravensbrück<br />

elle y rencontre la compagne<br />

de Kafka, Milena : " Je<br />

remercie le <strong>des</strong>tin de m'avoir<br />

envoyée à Ravensbrück et de<br />

m'avoir ainsi permis d'y rencontrer<br />

Milena. "<br />

8 - Une solidarité<br />

signe du Royaume<br />

Comme Jésus qui par sa pratique<br />

d'accueil <strong>des</strong> voleurs, <strong>des</strong><br />

prostitués, <strong>des</strong> étrangers, de<br />

ceux qui étaient considérés<br />

comme impurs, les réintégrait<br />

dans la société, je crois que ce<br />

signe de réintégration dans l'humanité<br />

est encore pertinent<br />

aujourd'hui, dans une société<br />

qui n'arrête pas de construire<br />

<strong>des</strong> murs <strong>po</strong>ur se protéger <strong>des</strong><br />

pauvres.<br />

Jésus parlait d'un monde<br />

nouveau, qu'il appelait Royaume,<br />

où il n'y aurait pas d'exclus, où<br />

tous les hommes vivraient la<br />

fraternité, tous fils du même<br />

Père, Dieu.<br />

Il me semble que c'est le<br />

signe que j'ai vécu avec les sans<br />

papiers.<br />

Heureusement, il n'est pas<br />

nécessaire de croire en Dieu,<br />

<strong>po</strong>ur croire que le combat <strong>des</strong><br />

sans-papiers est im<strong>po</strong>rtant<br />

humainement, <strong>po</strong>ur la classe<br />

ouvrière, <strong>po</strong>ur donner du corps<br />

à la fraternité. Avec les croyants<br />

en mission ouvrière nous<br />

croyons que c'est le visage<br />

humain de Dieu qui est en jeu<br />

dans cette lutte, les copines et<br />

copains de l'ACO parlent de faire<br />

peuple.<br />

9 - Un engagement<br />

mystique avant<br />

d'être <strong>po</strong>litique<br />

Pendant 3 mois,<br />

nuit et jour, j'ai partagé<br />

la vie de mes<br />

amis maliens. Je ne<br />

suis pas particulièrement<br />

courageux,<br />

mais je n'avais pas<br />

peur (alors que j'étais<br />

plein d'appréhension<br />

en découvrant l'isolement<br />

de l'entreprise<br />

et redoutant un<br />

17<br />

patron de choc…). Toute pro<strong>po</strong>rtion<br />

gardée, je pense à Régis<br />

Debray commentant l'engagement<br />

du MIR contre Pinochet<br />

dans le beau film de Carmen<br />

Castillo " Rue Santa Fe " : c'était<br />

un engagement qui nous prenait<br />

totalement, c'était mystique<br />

avant d'être <strong>po</strong>litique. (On<br />

trouve peut-être cette approche<br />

dans " Notre Jeunesse " de<br />

Péguy où il reproche au <strong>po</strong>litique<br />

d'avoir perdu la mystique.)<br />

Nous ne savions pas où nous<br />

allions, quand nous avons commencé<br />

l'action avec les sans<br />

papiers, mais il nous semblait<br />

évident qu'il fallait être là.<br />

10 - PO<br />

Les copines copains qui<br />

étaient présents dans l'action<br />

savaient que je suis prêtre<br />

ouvrier, ils en étaient heureux.<br />

J'ai pris une place avec les<br />

autres, pas plus extraordinaire<br />

que ça.<br />

La prière <strong>des</strong> sans papiers,<br />

ma prière, se soutenaient<br />

mutuellement.<br />

On a frôlé <strong>des</strong> moments dramatiques,<br />

mais leur joie de<br />

vivre, leur foi dans la vie, nous a<br />

fait tenir.<br />

Nous avons vécu quelque<br />

chose de fort humainement, je<br />

crois que la rencontre de Dieu<br />

peut se faire en allant au bout<br />

de notre humanité (découverte<br />

d'un Dieu capable de l'homme),<br />

même si c'est au pied de la Croix.<br />

Comme PO je suis serviteur<br />

de cela.<br />

Jean-Claude Auguin<br />

Equipe <strong>prêtres</strong>-<strong>ouvriers</strong> du 91<br />

Pour <strong>des</strong> raisons de place nous n'avons<br />

pas retenu 3 § du texte de Jean-Claude<br />

(La rédaction)<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Le Père Bernard Housset, Evêque de La Rochelle et Saintes<br />

au 50 ème anniversaire de la Mission Ouvrière le 11 octobre 2008<br />

C'est avec grande joie que<br />

je participe au 50 ème<br />

anniversaire<br />

de la Mission Ouvrière.<br />

Coïncidence heureuse : ce 11<br />

octobre est la date anniversaire<br />

de l'ouverture du Concile<br />

Vatican II. Celui-ci est plus que<br />

jamais notre boussole <strong>po</strong>ur<br />

notre vie et nos res<strong>po</strong>nsabilités<br />

chrétiennes, dans une société<br />

qui ne l'est pas.<br />

Vous représentez toutes les<br />

générations, enfants, jeunes,<br />

adultes et tous les membres de<br />

l'Eglise, laïcs, consacrés, diacres,<br />

<strong>prêtres</strong>.<br />

Je vous renouvelle dans<br />

votre mission au service de toutes<br />

les personnes <strong>des</strong> milieux<br />

<strong>po</strong>pulaires.<br />

QUATRE CONVICTIONS<br />

LA PRECISENT :<br />

1. Témoignez ou continuez<br />

de témoigner de la confiance<br />

de Dieu à chacun de ceux et<br />

celles dont vous partagez la<br />

vie, les joies et les difficultés.<br />

Permettez ainsi à chaque<br />

personne de développer sa<br />

confiance en soi <strong>po</strong>ur prendre<br />

sa vie en mains et non pas la<br />

subir.<br />

2. Permettez ou continuez de<br />

permettre à chacun de développer<br />

ses liens avec d'autres <strong>po</strong>ur<br />

étoffer le vivre-ensemble et<br />

devenir acteurs, actrices de liens<br />

sociaux. De prendre sa part dans<br />

les luttes contre tout ce qui<br />

dégrade la dignité humaine. De<br />

participer au mieux à tous les<br />

lieux de partage et de solidarité.<br />

C'est sans doute mo<strong>des</strong>te,<br />

mais les petits ruisseaux font les<br />

gran<strong>des</strong> rivières. Vous êtes un<br />

levain de la pâte que Dieu fait<br />

monter à son rythme.<br />

Il n'y a pas que <strong>des</strong> choses qui<br />

vont mal. Il y a aussi beaucoup<br />

de petites actions et de réalisations<br />

<strong>po</strong>sitives. Apprenez à tous<br />

ceux que vous rencontrez à les<br />

voir. Je pense par exemple à la<br />

Perm'saison de l'île de Ré que j'ai<br />

visitée en août dernier.<br />

3. Faites grandir ou continuez<br />

de faire grandir en res<strong>po</strong>nsabilité,<br />

à la fois personnelle et collective,<br />

dans les associations<br />

multiples de quartier, scolaires,<br />

syndicats, culturelles, <strong>po</strong>litiques,<br />

sociales, etc…<br />

Chacun a <strong>des</strong> richesses<br />

cachées, <strong>des</strong> capacités, qui ne<br />

demandent qu'à être développées.<br />

4. Accompagnez ou continuez<br />

d'accompagner chacun dans son<br />

approfondissement de foi au<br />

Christ Vivant ou dans sa recherche<br />

spirituelle : dans un groupe<br />

d'Eglise, car si la foi chrétienne<br />

est personnelle, elle n'est jamais<br />

individuelle<br />

Avec patience, en respectant<br />

le rythme de chacun. Le père<br />

LOEW, qui a été un <strong>des</strong> premiers<br />

<strong>prêtres</strong> au travail salarié, répétait<br />

souvent : " Le Christ a vécu<br />

30 ans sa vie cachée à Nazareth,<br />

il a annoncé la Parole de Dieu<br />

pendant 3 ans et il a célébré<br />

l'Eucharistie pendant 3 heures ".<br />

Et, en même temps, osez la<br />

Parole qui convient au moment<br />

op<strong>po</strong>rtun. Car si nous, nous ne<br />

parlons pas du Christ, qui en<br />

parlera ?<br />

Je tiens à parler particulièrement<br />

d'une com<strong>po</strong>sante de la<br />

Mission Ouvrière : les PRETRES<br />

OUVRIERS.<br />

Les <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong> ne sont<br />

pas démodés. Plus que jamais,<br />

ils ont leur raison d'être.<br />

Précisément, depuis les années<br />

cinquante, les choses ont beaucoup<br />

bougé dans l'Eglise. De<br />

nombreux laïcs, grâce à l'Action<br />

Catholique, ont pris conscience<br />

de leur res<strong>po</strong>nsabilité dans la<br />

mission. Mais qu'il y ait <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong><br />

qui partagent intégralement<br />

la vie et les conditions de<br />

travail <strong>des</strong> milieux <strong>po</strong>pulaires<br />

montre que c'est toute l'Eglise<br />

qui assure le service de<br />

l'Evangile et pas seulement <strong>des</strong><br />

laïcs ou <strong>des</strong> consacrés.<br />

De même que <strong>des</strong> laïcs formés<br />

et compétents ne sont pas,<br />

dans les EAP ou dans d'autres<br />

groupes d'Eglise, une menace<br />

<strong>po</strong>ur l'identité sacerdotale, de<br />

même <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> partageant<br />

une activité professionnelle ou<br />

un travail salarié ne sont pas une<br />

menace <strong>po</strong>ur la qualité a<strong>po</strong>stolique<br />

<strong>des</strong> laïcs.<br />

Je rappelle <strong>des</strong> citations<br />

significatives :<br />

• Le décret du Concile sur le<br />

ministère et la vie <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong><br />

n°8 : " C'est <strong>po</strong>ur coopérer à la<br />

même œuvre que tous les <strong>prêtres</strong><br />

sont envoyés, ceux qui<br />

assurent un ministère paroissial<br />

ou supra-paroissial, comme ceux<br />

qui se consacrent à un travail<br />

scientifique de recherche ou<br />

d'enseignement, ceux-là même<br />

qui travaillent manuellement et<br />

partagent la condition ouvrière<br />

- là où, avec l'approbation de<br />

l'autorité compétente, ce ministère<br />

est jugé op<strong>po</strong>rtun - comme<br />

ceux qui remplissent d'autres<br />

tâches a<strong>po</strong>stoliques ou ordonnées<br />

à l'a<strong>po</strong>stolat. "<br />

• Ou encore Jean-Paul II en<br />

1980 : " J'approuve les initiatives<br />

ingénieuses et courageuses (<strong>des</strong><br />

<strong>prêtres</strong> français), allant même<br />

jusqu'au partage du travail et<br />

<strong>des</strong> conditions de vie <strong>des</strong> travailleurs,<br />

dans la perspective de la<br />

Mission. "<br />

Si un jeune se présentait souhaitant<br />

devenir prêtre ouvrier,<br />

loin de l'en dissuader, je l'encouragerais<br />

fortement. Même si les<br />

vocations sacerdotales sont<br />

rares. Car il est normal qu'un<br />

évêque respecte la diversité <strong>des</strong><br />

appels de Dieu.<br />

Je redis toute ma confiance à<br />

l'équipe <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong> de<br />

La Rochelle, ainsi qu'à l'ensemble<br />

de la Mission Ouvrière du diocèse.<br />

Bon anniversaire et au prochain<br />

cinquantenaire <strong>po</strong>ur les<br />

plus jeunes.<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

18<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


Lettre de l’Équipe Nationale<br />

au cardinal André Vingt-Trois<br />

Père<br />

Aujourd'hui, c'est au nom de<br />

l'Equipe Nationale et de tout le<br />

collectif <strong>des</strong> PO que nous vous<br />

adressons ce <strong>courrier</strong>.<br />

Comme beaucoup de <strong>prêtres</strong><br />

<strong>ouvriers</strong> qui ont eu connaissance<br />

de l'article, paru dans le<br />

journal de Saône et Loire le 7<br />

août, nous avons été choqués<br />

par les pro<strong>po</strong>s que vous exprimez<br />

concernant notre ministère<br />

et ce d'autant plus que vous<br />

êtes président de la Conférence<br />

Episcopale de France.<br />

Choqués parce que vous<br />

semblez reléguer cette " audace<br />

missionnaire " dans la période de<br />

la dernière guerre, en oubliant<br />

Vatican II et ce qui est dit du<br />

ministère du prêtre (PO n° 8).<br />

Choqués parce que nous<br />

voyons une Eglise tentée de se<br />

replier sur elle-même, de<br />

regrouper ses forces, de freiner<br />

ses audaces, en vue de gérer la<br />

situation.<br />

Aurions-nous abandonné dans<br />

l'Eglise ce souffle missionnaire<br />

qui a vu naitre la JOC, les PO…<br />

qui a <strong>po</strong>ussé tant d'hommes et<br />

de femmes à prendre le risque<br />

de la rencontre, de l'immersion,<br />

de l'engagement au cœur <strong>des</strong><br />

réalités humaines.<br />

Notre ministère se situe en<br />

lien avec d'autres partenaires en<br />

Mission Ouvrière: diacres, laïcs,<br />

religieuses, aumôniers… qui eux<br />

aussi nous ont fait part de leur<br />

étonnement quand ils ont lu vos<br />

paroles.<br />

Notre terre de mission est<br />

cette terre ouvrière où de plus<br />

en plus d'hommes, de femmes<br />

sont marginalisés, paupérisés.<br />

Un peuple qui subit les tendances<br />

de fond d'une société<br />

globalisée où la seule question<br />

qui vaille est celle du profit, sur<br />

fond de peur <strong>des</strong> autres, <strong>des</strong><br />

étrangers, <strong>des</strong> affamés et <strong>des</strong><br />

pauvres de toute sorte, de peur<br />

de manquer.<br />

Un peuple qui souffre et qui lutte<br />

Un peuple qui crie sa douleur et<br />

chante son espérance<br />

Un peuple qui construit son avenir<br />

à tâtons<br />

Un peuple qui ose croire qu'un<br />

autre monde est <strong>po</strong>ssible.<br />

Prêtres <strong>ouvriers</strong>, nous rejoignons<br />

ce peuple en vivant les<br />

mêmes conditions de vie, de<br />

travail. Sur ce chemin <strong>des</strong> hommes<br />

nous partageons leurs<br />

questions, leurs doutes, leurs<br />

luttes, leurs es<strong>po</strong>irs et nous<br />

entendons cette invitation :<br />

" reste avec nous ".<br />

En rompant avec eux le pain<br />

de la vie, ils nous reconnaissent,<br />

nous, serviteurs de l'Evangile,<br />

comme l'un d'entre eux.<br />

Ce ministère dit quelque<br />

chose d'essentiel de la rencontre<br />

de Dieu sur les routes humaines.<br />

Il dit quelque chose d'essentiel<br />

sur la valeur <strong>des</strong> efforts<br />

humains <strong>po</strong>ur construire un<br />

monde fraternel. Il dit quelque<br />

chose d'essentiel du mystère de<br />

Dieu s'incarnant, aujourd'hui<br />

encore <strong>po</strong>ur la multitude.<br />

En complémentarité avec les<br />

autres ministères et services, la<br />

présence du ministère presbytéral<br />

dans cette terre ouvrière est<br />

hautement symbolique du choix<br />

de l'Eglise à accorder une véritable<br />

priorité aux petits de ce<br />

monde, dans la fidélité à Jésus<br />

de Nazareth, le Verbe de Dieu<br />

venu dans notre chair, qui n'a<br />

pas été un homme du temple,<br />

mais l'ami <strong>des</strong> petits, <strong>des</strong> exclus.<br />

Nous croyons que l'intuition<br />

qui a fait naître les PO demeure<br />

d'une grande modernité, parce<br />

que profondément évangélique.<br />

Il suffit de participer à <strong>des</strong> célébrations<br />

de départ d'un PO <strong>po</strong>ur<br />

se rendre compte qu'une vie<br />

consacrée au service de<br />

l'Evangile, dans la condition<br />

ouvrière, est parlante <strong>po</strong>ur tout<br />

un peuple ; nous reviennent<br />

alors en mémoire les paroles<br />

de Paul « l'apôtre <strong>des</strong> païens » :<br />

" avons-nous besoin de lettre de<br />

recommandation… notre lettre<br />

c'est vous, connue, lue par tous<br />

les hommes… lettre écrite... sur<br />

<strong>des</strong> tables de chair ". 2 cor 3/12<br />

Au- delà du ministère de <strong>prêtres</strong><br />

<strong>ouvriers</strong>, ce qui nous préoccupe<br />

c'est le témoignage et l'annonce<br />

de l'Evangile aux femmes<br />

et aux hommes d'aujourd'hui sur<br />

leurs lieux de travail et de vie.<br />

Appeler, envoyer, soutenir<br />

<strong>des</strong> serviteurs de l'Evangile sur<br />

cette terre ouvrière et parmi<br />

eux <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong>, nous<br />

croyons que cela est encore<br />

<strong>po</strong>ssible aujourd'hui.<br />

Soyez assuré, Père, de notre<br />

dévouement au service de la<br />

Bonne Nouvelle.<br />

A Montreuil le 10 sept. 2008<br />

Pour l'Equipe Nationale :<br />

Antoine Brethomé<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

19<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Le diaconat permanent :<br />

dans la diversité <strong>des</strong> ministères.<br />

Témoignage de Denis Douté. Session de rentrée septembre 2008<br />

Comment, dans cette fonction, je suis en lien avec l'Eglise et le monde ?<br />

En acceptant de témoigner<br />

aujourd'hui sur le thème " comment,<br />

dans cette fonction, je<br />

suis en lien avec l'Eglise et le<br />

monde " ce n'est pas <strong>po</strong>ur vous<br />

parler de moi, mais plutôt de ce<br />

que je vis avec toutes les personnes<br />

avec lesquelles j'ai tissé<br />

<strong>des</strong> liens.<br />

Tout d'abord je n'effectue<br />

pas une fonction, mais je vis un<br />

ministère diaconal auprès <strong>des</strong><br />

personnes, copains , copines<br />

famille avec qui je vis, je travaille,<br />

je rencontre, je milite, je<br />

lutte depuis plusieurs années.<br />

J'ai ré<strong>po</strong>ndu oui à l'appel de<br />

notre évêque en mai 2002 à ce<br />

ministère. Jean-Louis PAPIN de<br />

par mon ordination m'a confié<br />

une partie de sa mission donc<br />

une partie de la Mission de<br />

l'Eglise.<br />

Etre au service <strong>des</strong> personnes<br />

avec lesquelles je vis, d'être<br />

<strong>po</strong>rteur de la Bonne Nouvelle de<br />

Jésus-Christ, comme vous l'aurez<br />

sûrement compris ma lettre<br />

de mission est centrée sur les<br />

différents engagements que<br />

j'ai.<br />

Ma vie familiale : marié à<br />

Marie-Thérèse, père de trois<br />

enfants, Fabien, Frédéric,<br />

Nicolas grand- père de trois garçons<br />

Robin, Baptiste, Denys j'ai<br />

eu la joie de baptiser Baptiste et<br />

Denys, de célébrer le mariage de<br />

Céline et Benjamin un de mes<br />

neveux et de célébrer les funérailles<br />

de mes parents à trois<br />

semaines d'intervalle en 2005.<br />

Ce fut un moment fort de célébration<br />

avec toute ma famille en<br />

particulier mes frères et sœurs.<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

Auprès de mon secteur professionnel<br />

: je suis menuisier à la<br />

ville de Vandoeuvre qui compte<br />

530 agents . Depuis mon ordination<br />

les relations ont changé. Il y<br />

a plus de partages , de confidences,<br />

de deman<strong>des</strong>. J 'ai célébré<br />

plusieurs baptêmes, mariages,<br />

funérailles en lien direct avec<br />

mes collègues. Ils me voient<br />

autrement. Dernièrement Hélène,<br />

employée en mairie voulant<br />

faire baptiser sa petite fille<br />

Coralie et ne sachant pas trop à<br />

qui s'adresser, c'est Régis un de<br />

ses collègues de bureau qui lui<br />

dit " demande à Denis , il est diacre<br />

tu verras, il est sympa ". Je<br />

prends conscience que mon<br />

ministère auprès de mes collègues<br />

est reconnu. Je suis signe<br />

d'église, d'une Eglise proche <strong>des</strong><br />

hommes, d'une Eglise je crois<br />

qui leur ressemble.<br />

Envoyé aussi auprès de mes<br />

copains syndicalistes, engagé au<br />

niveau départemental, tout en<br />

défendant les valeurs et les<br />

<strong>po</strong>sitions de la CFDT syndicat<br />

auquel j'appartiens depuis que<br />

j'ai 20 ans, j'essaye que tous<br />

prennent la parole. Je me souviens<br />

au cours d'une commission<br />

paritaire avoir demandé une<br />

minute de silence en souvenir de<br />

mon ami Jean-Louis qui venait<br />

de décéder. Il siégeait à cette<br />

commission . Ce fut aussi un<br />

moment fort. Depuis les relations<br />

ne sont plus les mêmes, un<br />

maire de l'agglomération me dit<br />

: " Quand j'étais jeune je faisais<br />

partie de la JOC."<br />

Sur le plan local, négocier<br />

avec <strong>des</strong> élus ; souvent Mme<br />

Nicolas me disait : " alors Mr<br />

Douté, quelle casquette vous<br />

avez aujourd'hui ? "Il fallait un<br />

temps d'adaptation , puis petit à<br />

petit je crois que nos relations<br />

ont fait que nous avions un respect<br />

mutuel de ce que chacun<br />

représentait sans rien enlever<br />

aux débats sur les négociations.<br />

20<br />

Envoyé au monde ouvrier , la<br />

mission ouvrière, les mouvements<br />

, auprès <strong>des</strong> personnes<br />

<strong>des</strong> quartiers <strong>po</strong>pulaires, monde<br />

auquel j'appartiens, mon ordination<br />

n'a pas fait de moi<br />

quelqu'un de mieux, de supérieur.<br />

Je suis un parmi les autres.<br />

Je suis impliqué au service de<br />

la JOC, mouvement que j'ai rencontré<br />

quand j'avais 16 ans.<br />

C'est bien la JOC qui a fait de<br />

moi ce que je suis aujourd'hui.<br />

J'accompagne <strong>des</strong> jeunes de<br />

Vandoeuvre, de Varangéville,<br />

c'est une chance, quand je vois<br />

ce que cela produit sur les jeunes,<br />

Jérémy, Alan ou encore<br />

Arnaud. Il y a quelques temps<br />

encore ils n'osaient pas prendre<br />

la parole, leurs vies étaient sans<br />

but. Ils étaient refermés sur<br />

eux-mêmes. Aujourd'hui après<br />

avoir vécu l'enquête campagne<br />

de l'année, après avoir vécu une<br />

vie d'équipe, fait <strong>des</strong> rencontres<br />

d'autres jeunes, d'autres jocistes<br />

ce sont eux qui prennent la<br />

parole, qui font <strong>des</strong> tracts, <strong>des</strong><br />

affiches. Je les vois s'épanouir,<br />

prendre leur vie en mains. C'est<br />

une grâce de Dieu, <strong>po</strong>ur nous<br />

accompagnateurs d'être témoins<br />

de tout ceci.<br />

Impliqué aussi en mission<br />

ouvrière sur Vandoeuvre , les<br />

quartiers <strong>po</strong>pulaires , comme on<br />

dit, là où le chômage atteint <strong>des</strong><br />

<strong>po</strong>urcentages très élevés, de<br />

nombreuses familles monoparentales<br />

, là où la presse ne parle<br />

qu'en termes d'incivilité, tout en<br />

négatif. Eh bien là aussi je suis<br />

témoin que parmi toute cette<br />

pauvreté il y a <strong>des</strong> fraternités ,<br />

<strong>des</strong> solidarités qui y sont vécues.<br />

Des rencontres y sont pro<strong>po</strong>sées<br />

, <strong>des</strong> temps de partages .<br />

Des adultes qui nous disent :<br />

" <strong>po</strong>urquoi les enfants en ACE<br />

se rencontrent et pas nous ? On<br />

<strong>po</strong>urrait en faire autant ! "<br />

Après quelques rencontres<br />

les personnes se confient : " ici<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


Le marché de Vandoeuvre<br />

on peut dire ce que l'on a sur le<br />

cœur, il y a de l'écoute. "<br />

Les partages inter-générations<br />

ACE, JOC, ACO, les gens<br />

<strong>des</strong> quartiers, font dire : " nous<br />

avons tellement d'amour à partager<br />

et à offrir , que Dieu qui<br />

est exprimé peut être celui de<br />

chacun et être Amour avec un<br />

grand A ".<br />

Oui, servir la vie et la rencontre<br />

de Jésus Christ comme le dit<br />

la mission ouvrière prend tout<br />

son sens.<br />

Les découvertes, richesses<br />

vécues sont nombreuses, im<strong>po</strong>rtantes.<br />

Je n'aurai pas assez<br />

de temps <strong>po</strong>ur tout dire.<br />

Pour certains, Jean Luc,<br />

Claudine, Arlette, Roberte et<br />

bien d'autres nous disent : " on<br />

voudrait aussi en partageant<br />

notre vie , partager la Foi qui<br />

nous anime, nous dire Dieu est<br />

là. " Un besoin de prier plus largement<br />

se fait sentir. Jean<br />

Pierre, diacre et Pascale son<br />

é<strong>po</strong>use pro<strong>po</strong>sent <strong>des</strong> rencontres<br />

<strong>po</strong>ur ré<strong>po</strong>ndre à cet appel.<br />

Ce petit groupe constitué sera<br />

nommé " groupe de prière ". Ça<br />

fait son chemin , le petit groupe<br />

s'est étoffé , se rencontre une<br />

fois par mois et ceci depuis près<br />

d'une dizaine d'années au local<br />

de la mission ouvrière, <strong>des</strong> mètres<br />

carrés sociaux au pied d'un<br />

immeuble.<br />

Dans ce local où se vit tant de<br />

choses ça devient vite un lieu où<br />

un peuple se construit, une<br />

église naît et grandit. Etre au<br />

service <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes<br />

qui ne sont jamais servis et<br />

dont on se sert et que l'on jette.<br />

S'enraciner dans un milieu ,<br />

en être solidaire , s'y faire le prochain<br />

de chacun et de tous ,<br />

<strong>po</strong>ur y être un lien , une articulation<br />

entre les valeurs de ce<br />

milieu et de l'Evangile. Voilà tout<br />

ce que l'expérience missionnaire<br />

me fait comprendre et approfondir.<br />

On ne peut réellement<br />

annoncer l'Evangile qu'en faisant<br />

corps d'une manière ou d'une<br />

autre avec ceux et celles à qui<br />

on s'adresse. C'est au cœur<br />

même de chaque culture, de<br />

chaque milieu que surgit la<br />

Parole dans une langue que l'on<br />

peut vraiment goûter , reconnaître,<br />

comprendre comme la<br />

sienne.<br />

Tout ceci n'a pu être <strong>po</strong>ssible<br />

que par la prise de conscience<br />

de la mission ouvrière, de l'ACO<br />

qui s'est approprié la question<br />

<strong>des</strong> ministères ordonnés, plus<br />

précisément le diaconat permanent<br />

au service <strong>des</strong> mouvements<br />

et <strong>po</strong>urquoi faire ?<br />

Cette réflexion menée au<br />

niveau départemental sur plus<br />

d'une année a abouti à ce que<br />

les copains en res<strong>po</strong>nsabilité<br />

m'interpellent avec Marie-Thérèse<br />

par ce ministère.<br />

Aujourd'hui j'ai bien conscience<br />

de toute l'im<strong>po</strong>rtance à<br />

ce que ce soit une communauté,<br />

un service ou un mouvement<br />

qui soit à l'origine d'un<br />

appel au ministère ordonné.<br />

Oui, j'ai conscience que mon<br />

ministère ne m'appartient pas, il<br />

appartient à toute l'Eglise. C'est<br />

la raison <strong>po</strong>ur laquelle je rencontre<br />

avec Marie-Thérèse une fois<br />

par an les res<strong>po</strong>nsables en mission<br />

ouvrière et nous faisons le<br />

<strong>po</strong>int, une relecture de ma lettre<br />

de mission. Nous partageons<br />

sur nos avancées, nos espérances,<br />

nos joies, nos peines , nos<br />

difficultés , nos doutes aussi.<br />

Les moments de prière, de<br />

retraites , de révisions de vie en<br />

équipe ACO sont <strong>po</strong>ur moi <strong>des</strong><br />

lieux et <strong>des</strong> moments de nourriture<br />

nécessaires <strong>po</strong>ur vivre ma<br />

mission.<br />

Je crois que c'est mon ministère<br />

qui m'appelle à être là, chaque<br />

fois que la dignité humaine<br />

est menacée.<br />

Une présence qui place la<br />

relation à l'autre au centre. Alors<br />

si ces vies que je croise ont de<br />

l'im<strong>po</strong>rtance <strong>po</strong>ur Dieu, je suis<br />

appelé à y être attentif, à signifier<br />

mon attention à chacun .<br />

Voici une <strong>des</strong> facettes du diaconat<br />

permanent. Je suis seul<br />

diacre en mission ouvrière sur<br />

notre diocèse , ce qui représente<br />

5% <strong>des</strong> diacres au niveau<br />

national même si d'autres y sont<br />

sensibles.<br />

Je vis en église , en prise<br />

direct avec le monde. Je suis<br />

convaincu que nous avons<br />

besoin de lieux de proximité<br />

dans nos quartiers afin de permettre<br />

<strong>des</strong> rencontres de partages,<br />

de réflexion,de prières<br />

<strong>po</strong>ur tous ceux et toutes celles<br />

qui sont le plus éloignés de<br />

l'Eglise.<br />

Je tiens aussi et <strong>po</strong>ur terminer<br />

à vous partager combien je<br />

suis reconnaissant à toute ma<br />

famille. De par mon ordination,<br />

je suis beaucoup moins présent<br />

<strong>po</strong>ur mes enfants, mes petits<br />

enfants mais surtout auprès de<br />

Marie-Thérèse qui est engagée<br />

en ACE et auprès d'une association<br />

de consommation et de<br />

cadre de vie.<br />

Notre sacrement de mariage a<br />

pris une toute autre dimension.<br />

Que la grâce de Dieu nous<br />

permette de vivre humblement<br />

ce ministère diaconal où l'on<br />

s'efface <strong>po</strong>ur que l'Homme<br />

prenne toute sa place à l'image<br />

de Dieu.<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

21<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


ET C'EST REPARTI COMME AVANT ?<br />

Un journaliste de droite très<br />

en vue a dit ce matin à la radio à<br />

peu près ces mots : « C'est très<br />

bien que les états prennent le<br />

contrôle <strong>des</strong> banques <strong>po</strong>ur sauver<br />

le système économique<br />

mondial, mais dès que ce système<br />

fonctionnera de nouveau<br />

correctement, il faut qu'ils se<br />

retirent ».<br />

Je remercie ce journaliste<br />

<strong>po</strong>ur la clarté avec laquelle il<br />

décrit ce qui se cache derrière le<br />

discours de la " pensée unique "<br />

qui continue à sévir dans les<br />

médias. Nous avons eu une<br />

grosse peur, on a trouvé la solution,<br />

il n'y a pas à chercher autre<br />

chose, dormons sur nos deux<br />

oreilles, le capitalisme a l'éternité<br />

devant lui.<br />

En réalité, cette " éternité "<br />

sera limitée à la durée de vie de<br />

l'humanité. Car tous les indicateurs<br />

nous disent que l'humanité<br />

est gravement menacée<br />

par ce système économique<br />

mondial , appelé " économie libérale<br />

", que j'appelle par son vrai<br />

nom scientifique : le capitalisme.<br />

L'exploitation sans vergogne<br />

<strong>des</strong> ressources du sous-sol<br />

approche à sa fin : les ressources<br />

se raréfient, à commencer<br />

par le pétrole. Il en est de même<br />

<strong>des</strong> ressources terrestres (cultures<br />

chimiques, déforestations<br />

etc.) et maritimes (surexploitations<br />

<strong>des</strong> <strong>po</strong>issons qui disparaissent).<br />

La manière irres<strong>po</strong>nsable et<br />

brutale dont se fait cette exploitation<br />

produit <strong>des</strong> <strong>po</strong>llutions à<br />

l'échelle planétaire qui dès<br />

aujourd'hui nuisent gravement à<br />

la <strong>po</strong>pulation. Elle nuit aussi à<br />

l'équilibre climatique, le réchauffement<br />

accéléré amène dès<br />

aujourd'hui <strong>des</strong> bouleversements<br />

majeurs, avec <strong>des</strong> conséquences<br />

heureuses, mais surtout<br />

mauvaises dans diverses<br />

régions de la terre : sécheresses,<br />

inondations, submersion de terres<br />

par la mer etc.<br />

Le concentration <strong>des</strong> richesses<br />

ainsi créées entre les mains<br />

d'une <strong>po</strong>ignée de nantis, la<br />

condamnation du reste de l'humanité<br />

à une vie difficile, à la<br />

misère, à la faim, produit déjà<br />

<strong>des</strong> mouvements de <strong>po</strong>pulation<br />

à partir <strong>des</strong> pays les plus touchés<br />

vers les pays encore moins<br />

touchés.<br />

La concentration <strong>des</strong> médias<br />

(télévisions, radios, journaux )<br />

entre les mains <strong>des</strong> capitalistes<br />

produit <strong>des</strong> informations qui<br />

sont dictées par ces capitalistes,<br />

et sapent les bases de la démocratie,<br />

en empêchant les<br />

citoyens de savoir ce qui se<br />

passe réellement et d'en débattre<br />

librement.<br />

Le capitalisme alimente toutes<br />

les guerres qui sévissent sur<br />

la planète, et en prépare de<br />

pires <strong>po</strong>ur le contrôle <strong>des</strong> dernières<br />

ressources dis<strong>po</strong>nibles. La<br />

montée <strong>des</strong> fascismes (comme<br />

récemment en Autriche), l'exacerbation<br />

<strong>des</strong> difficultés peuvent<br />

produire une guerre<br />

nucléaire, qui sera la fin de l'humanité<br />

(en pleine crise financière,<br />

on vient encore d'augmenter<br />

les budgets militaires).<br />

Tout cela peut arriver avant<br />

2050.<br />

La faillite du système capitaliste<br />

mondialisé, et les ré<strong>po</strong>nses<br />

ap<strong>po</strong>rtées actuellement à sa<br />

survie vont avoir <strong>des</strong> conséquences<br />

encore plus désastreuses<br />

: ce sont toujours les mêmes<br />

qui sont aux comman<strong>des</strong>, et qui<br />

vont accélérer ce qu'ils ont toujours<br />

fait, avec moins de retenue,<br />

puisqu'il faut " sauver l'économie<br />

mondiale ". Cela va commencer<br />

par l'accélération de la<br />

récession qui a déjà commencé<br />

chez nous, avec son cortège de<br />

licenciements massifs, baisse<br />

<strong>des</strong> salaires, <strong>des</strong> retraites, <strong>des</strong><br />

ai<strong>des</strong> sociales etc…<br />

A moins que…<br />

A moins que nous, les gens <strong>des</strong><br />

peuples, nous nous réveillions<br />

<strong>po</strong>ur im<strong>po</strong>ser démocratiquement<br />

un nouveau fonctionnement<br />

économique.<br />

Ce système capitaliste avait<br />

réussi à nous endormir en faisant<br />

miroiter son "efficacité",<br />

son "universalité" et son "infaillibilité"<br />

(tiens ! ce sont là les ingrédients<br />

de toute pensée fasciste).<br />

Plus personne aujourd'hui ne<br />

croit plus en ce système : ceux,<br />

bien payés, qui continuent à<br />

l'adorer le font parce que çà les<br />

arrange personnellement <strong>po</strong>ur<br />

le moment. Mais ils sont menacés<br />

comme tous les autres<br />

humains par ce système.<br />

Le moment est donc venu<br />

d'inventer autre chose. Mais<br />

quoi ?<br />

Un autre monde est <strong>po</strong>ssible :<br />

depuis <strong>des</strong> années, le mouvement<br />

altermondialiste l'a proclamé<br />

à travers la planète,<br />

esquissant <strong>des</strong> solutions alternatives<br />

au capitalisme.<br />

Des chercheurs en économie<br />

de nos universités, défiant leurs<br />

autorités, ont tracé le sillon :<br />

leurs recherches tombent à<br />

<strong>po</strong>int aujourd'hui.<br />

Des pays aussi ont progressé<br />

vers une économie plus juste et<br />

plus res<strong>po</strong>nsable : surtout en<br />

Amérique Latine (tellement<br />

dénigrés par nos médias).<br />

Les débats sont serrés à l'intérieur<br />

<strong>des</strong> partis <strong>po</strong>litiques : les<br />

partisans d'un changement radical<br />

y ont été marginalisés :<br />

aujourd'hui, c'est eux qui sont<br />

les plus crédibles.<br />

Je ne vais pas développer<br />

mes solutions, mais simplement<br />

pro<strong>po</strong>ser quelques priorités :<br />

1. Ne pas faire confiance à ceux<br />

qui ont mis en place le capitalisme<br />

<strong>po</strong>ur trouver <strong>des</strong> solutions<br />

<strong>po</strong>ur l'avenir.<br />

2. Engager le débat sur la<br />

société que nous voulons en<br />

famille, avec nos voisins, au travail.<br />

3. Engager ce débat démocratique<br />

dans toutes les instances<br />

<strong>po</strong>litiques, syndicales, associatives,<br />

humanitaires où nous sommes<br />

actifs.<br />

4. Agir face aux autorités <strong>po</strong>ur<br />

qu'elles prennent en compte la<br />

volonté <strong>po</strong>pulaire.<br />

5. Lutter contre les mouvements<br />

fascistes qui vont se<br />

développer inéluctablement,<br />

avec <strong>des</strong> "hommes providentiels"<br />

de sinistre mémoire qui<br />

seront propulsés au devant de la<br />

scène.<br />

6. Mener ces recherches et ces<br />

actions avec ceux qui souffrent<br />

le plus du système capitaliste<br />

(chômeurs, SDF, Rmistes etc…).<br />

Oui , un autre monde est <strong>po</strong>ssible,<br />

mais pas sans nous !<br />

Bernard GLATH<br />

13 octobre 2008<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

22<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


EXAMEN CRITIQUE DU TERME DE VISIBILITÉ :<br />

QUELS ENJEUX POUR L'INSCRIPTION<br />

DU CHRISTIANISME DANS LA SOCIÉTÉ ACTUELLE<br />

par Guy COQ, philosophe<br />

Texte trouvé dans un " dossier de travail <strong>po</strong>ur les diocèses ". Trop long <strong>po</strong>ur être publié intégralement<br />

nous gardons ici lesparagraphes sur la visibilité qui nous semblent ouvrir <strong>des</strong> perspectives intéressantes.<br />

...<br />

2 - Le piège de la visibilité<br />

La difficulté avec le ( second )<br />

terme, visibilité, est qu'il est pris<br />

comme une ré<strong>po</strong>nse <strong>po</strong>ssible à<br />

l'indifférence. Or, celle-ci (ou plutôt<br />

ce qu'elle désigne en le dissimulant)<br />

n'a pas nécessairement<br />

<strong>po</strong>ur remède la visibilité. Car<br />

enfin, on peut imaginer une<br />

Église très visible, ce fut le cas<br />

au cours <strong>des</strong> siècles gallicans, et<br />

cette grande visibilité engendra<br />

dans la société un rejet de<br />

l'Église, elle put devenir un obstacle<br />

à l'accueil de la Bonne<br />

Nouvelle. Il peut donc y avoir<br />

grande visibilité et parole peu<br />

audible.<br />

L'examen critique auquel<br />

nous nous livrons a un second<br />

aspect. La visibilité, si elle<br />

devient le but ultime, tend à<br />

s'enfermer dans une logique<br />

interne où l'essentiel passe dans<br />

l'apparence, véhiculée par <strong>des</strong><br />

images. On n'est plus dans une<br />

logique d'authenticité qui<br />

résulte d'une logique de présence<br />

réelle et d'inscription.<br />

Comment une telle clôture<br />

de la visibilité sur elle-même estelle<br />

<strong>po</strong>ssible ? La ré<strong>po</strong>nse présup<strong>po</strong>se<br />

un examen du sens<br />

même de la visibilité. Partons de<br />

l'exemple de la personne : on<br />

observe une dualité entre ce<br />

que je suis <strong>po</strong>ur moi-même,<br />

dans une perception intérieure,<br />

et ce qui apparaît de mon être<br />

dans le visible, au regard d'autrui.<br />

Ce que j'apparais, comme<br />

inscrit dans le visible,<br />

m'échappe. Cette visibilité va<br />

jusqu'à manifester à autrui ce<br />

que je ne sais pas encore de<br />

moi-même. Cette dualité ouvre<br />

beaucoup de <strong>po</strong>ssibilités. Je puis<br />

vouloir récupérer grâce au dialogue<br />

avec autrui, la vérité de ce<br />

visible qui m'échappe, la vérité<br />

dont le visible est l'expression.<br />

Je puis aussi décider de manipuler<br />

ce visible <strong>po</strong>ur dissimuler ce<br />

qui s'y révèle de moi-même.<br />

C'est un travail sur l'apparaître,<br />

où celui-ci devient apparence,<br />

sans nulle garantie de vérité. Au<br />

fond, la visibilité peut être ou<br />

bien expression franche de<br />

l'être, ou bien sa dissimulation,<br />

ou bien les deux mêlés.<br />

...<br />

4 - De la visibilité à l'inscription<br />

Alors, faut-il fuir la visibilité ?<br />

La logique d'invisibilité, chercher<br />

à cacher, à enfouir, est aussi<br />

contraire à la logique d'incarnation<br />

que celle de la visibilité.<br />

Avant celle de la visibilité, il<br />

nous faudrait mettre en avant<br />

celle de l'inscription. Bien<br />

entendu, dans la logique de l'inscription,<br />

il y aura visibilité, manifestation<br />

dans le sensible et le<br />

visible/audible. Mais la visibilité<br />

passe au rang <strong>des</strong> effets.<br />

Elle peut être <strong>po</strong>sitive ou<br />

négative, cela dépend de la qualité<br />

de l'inscription dont elle<br />

découle. L'inscription produit<br />

toujours <strong>des</strong> effets dans le visible.<br />

La relation inscription/visibilité,<br />

si on l'examine dans l'expérience<br />

historique, mène parfois<br />

à <strong>des</strong> tensions, voire <strong>des</strong> contradictions.<br />

Car les effets de visibilité<br />

d'une inscription ancienne peuvent<br />

survivre à cette inscription<br />

elle-même, dans la mémoire et<br />

les images qu'elle charrie. Ainsi, à<br />

partir de la longue histoire de<br />

l'Église, se sont construites <strong>des</strong><br />

images qui tendent aujourd'hui<br />

encore, chez certains, à indiquer<br />

la réalité de l'Église. Il ne faut pas<br />

grand-chose <strong>po</strong>ur que l'image<br />

d'une Église souhaitant dominer<br />

la société resurgisse comme une<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

23<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


menace actuelle. Il y a là <strong>des</strong><br />

expériences passées. Il arrive<br />

que ces images aient plus de<br />

<strong>po</strong>ids dans les esprits que la réalité<br />

perceptible de l'Église d'aujourd'hui.<br />

Celle-ci est dans la<br />

<strong>po</strong>sition du service, de la<br />

mo<strong>des</strong>tie, de la dis<strong>po</strong>nibilité<br />

humaine. Reste que <strong>des</strong> images<br />

survivent, qui font écran par<br />

rap<strong>po</strong>rt à la réalité, et cette<br />

image de l'Église fait obstacle à<br />

l'écoute de l'Évangile.<br />

Devant cette situation, la pire<br />

<strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> serait la méconnaissance,<br />

la mise en cause de la<br />

malhonnêteté <strong>des</strong> gens, de leur<br />

mauvaise foi. Ce serait nier les<br />

effets d'une mémoire blessée,<br />

et le brouillage qu'elle produit<br />

sur l'aujourd'hui <strong>des</strong> témoins.<br />

5 - Penser les conditions<br />

de l'inscription<br />

Mais l'enjeu principal est de<br />

comprendre les conditions d'une<br />

inscription du christianisme dans<br />

le monde actuel, en sachant<br />

dépasser toute nostalgie par<br />

rap<strong>po</strong>rt à un passé qui ne sera<br />

plus. Cette nostalgie empêche<br />

de faire face à la réalité sociale,<br />

culturelle, économique et <strong>po</strong>litique<br />

de ce monde qui de toute<br />

façon est le nôtre, dans lequel<br />

nous sommes pris. L'inscription<br />

permet de retourner en initiatives<br />

de création le côté passif et<br />

subi du " nous sommes pris ". À<br />

pro<strong>po</strong>s de cette inscription dans<br />

notre monde, la question décisive<br />

est d'en discerner les lieux<br />

d'urgence, dans notre monde<br />

actuel, ici en France, mais aussi<br />

d'un <strong>po</strong>int de vue global<br />

Elle appelle une nouvelle<br />

philo-théologie de l'engagement.<br />

Au préalable, il faudrait<br />

aborder avec sérénité le bilan de<br />

ce qui s'est passé dans le dernier<br />

siècle. Je ne prendrai qu'un<br />

exemple, l'Action Catholique. On<br />

ne reviendra pas en arrière,<br />

d'autant que là où elle survit elle<br />

a beaucoup changé. Il nous manque<br />

une analyse critique de<br />

cette histoire. Dire : on n'y<br />

reviendra pas ne dispense pas<br />

d'un examen attentif de cette<br />

modalité d'inscription à laquelle<br />

a succédé un certain vide. Peuton<br />

nier que dans divers milieux<br />

où elle sut s'insérer elle produisit<br />

<strong>des</strong> types humains qui rendaient<br />

bien, au contact d'une tonalité<br />

évangélique véritable ? On ne<br />

devrait pas faire l'économie<br />

d'une analyse de ce qui fut alors<br />

efficace comme revitalisation<br />

de l'Église, même aussi comme<br />

présence au monde. On cite<br />

Madeleine DELBRÊL. Il ne fait<br />

aucun doute qu'elle-même,<br />

avec un certain nombre de<br />

militants chrétiens qui vivaient<br />

la même culture spirituelle, fit<br />

énormément <strong>po</strong>ur défaire l'image<br />

d’une Eglise identifiée au<br />

monde bourgeois. Certes les<br />

enfants <strong>des</strong> militants d’alors ne<br />

sont plus militants, du moins<br />

dans le style Action Catholique. Il<br />

y a eu rupture générationnelle.<br />

Plus grave : la génération qui<br />

recevait le Concile comme une<br />

grâce n'en fit rien, s'effondra,<br />

connut même l'occultation de la<br />

foi. Il y eut rupture d'é<strong>po</strong>que,<br />

peut-être accélération d'un processus<br />

qui, du <strong>po</strong>int de vue d'un<br />

certain regard sur le catholicisme,<br />

peut être vu comme un<br />

dangereux reflux. Mais le processus<br />

lui-même n'a pas d'intention.<br />

S M. GAUCHET a raison, si<br />

on a assisté, à la fin du XX éme siècle,<br />

à une nouvelle sortie de la<br />

religion, conduisant d'ailleurs la<br />

démocratie à sa deuxième<br />

grande crise ( la première dans<br />

les années 30 ), alors il faut<br />

construire une manière de faire<br />

face à ce moment historique de<br />

longue <strong>po</strong>rtée et qui n'implique<br />

aucune fatalité quant au <strong>des</strong>tin<br />

du christianisme. Ce contexte<br />

situe bien l'ampleur du problème<br />

de l'inscription.<br />

On a repéré une première<br />

urgence quant à celle-ci : voir de<br />

quelle inscription récente nous<br />

partici<strong>po</strong>ns et sortir de la <strong>po</strong>sition<br />

: on continue ou on regrette<br />

ce passé encore récent.<br />

Mais une seconde urgence<br />

implique un travail plus lourd en<br />

prolongement de ce qui vient<br />

d'être examiné : travailler à une<br />

prise de conscience de ce dont<br />

nous avons à nous écarter, à<br />

savoir <strong>des</strong> modalité d'inscription<br />

dans une é<strong>po</strong>que ancienne, dans<br />

une autre société. Car, à vouloir<br />

maintenir aujourd'hui ces modalités<br />

d'inscription, nous nous<br />

inscrivons dans une société<br />

qui n'existe plus. La prise de<br />

conscience de cette rupture se<br />

heurte, c'est évident, à une grave<br />

paresse intellectuelle en nous.<br />

**************<br />

Pour Emmanuel MOUNIER, le<br />

problème n'est pas ce que<br />

l'Église a perdu : <strong>des</strong> fonctions<br />

dans la cité qui ne lui sont pas<br />

essentielles. Le fondamental,<br />

c'est l'incompréhension : <strong>po</strong>ur<br />

l'Église " le monde a perdu la<br />

clef de sa langue et l'Église a<br />

perdu la clef de la langue <strong>des</strong><br />

hommes ". Il reste au chrétien<br />

à agir comme un médiateur<br />

: " Et comme aujourd'hui<br />

le dictionnaire est perdu qui<br />

permettrait le dialogue entre<br />

l'Église et le monde, il a (le<br />

chrétien) l'humble tâche de<br />

le refaire " (dans Feu la<br />

Chrétienté, œuvres T. III, p.531).<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

24<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


" Naissance et croissance de l’Eglise en Monde Ouvrier "<br />

Ce que j'ai retenu de l'interview récent de Maurice Vidal rédacteur du Rap<strong>po</strong>rt de<br />

Poissy en 1969 sur " Naissance et croissance de l'Eglise en Monde Ouvrier ".<br />

A partir du XIX ème<br />

siècle, on<br />

n'est plus en Chrétienté et<br />

l'Eglise a essayé de reconstruire<br />

une espèce de Chrétienté artificielle<br />

en cherchant à insuffler<br />

quelque chose du message<br />

évangélique dans les mœurs, la<br />

législation, les rap<strong>po</strong>rts sociaux.<br />

Au début du XX ème<br />

siècle, pendant<br />

<strong>des</strong> décennies, Pie X (1902-<br />

1914) puis Pie XI (1924-1938)<br />

vivent dans l'obsession du terrain<br />

perdu. C'est ce qui inspire<br />

les efforts <strong>po</strong>ur étendre l'influence<br />

de l'Eglise dans différents<br />

secteurs de la société,<br />

la presse chrétienne, l'école<br />

chrétienne, la paroisse et ses<br />

œuvres.<br />

La J.O.C. :<br />

En partant du Monde<br />

La JOC est née dans ce<br />

contexte avec une perspective<br />

de reconquête : " Nous sommes<br />

chrétiens, nous referons chrétiens<br />

nos frères ". Cardjin<br />

constate l'échec <strong>des</strong> patronages.<br />

Il fait l'expérience que les<br />

jeunes qu'on occupe dans les<br />

patronages vont à l'usine où ils<br />

sont aussitôt pris par les syndicats<br />

socialistes et perdus <strong>po</strong>ur<br />

l'Eglise. Il en conclut qu'il ne<br />

faut pas partir de l'Eglise mais<br />

de l'usine et <strong>des</strong> mouvements<br />

<strong>ouvriers</strong> sous la forme du syndicalisme.<br />

Pour Cardjin, il s'agit<br />

<strong>des</strong> syndicats chrétiens bien<br />

entendu. Ils doivent être la<br />

chose <strong>des</strong> jeunes , " entre eux,<br />

par eux et <strong>po</strong>ur eux " . Ceux-ci<br />

sont assez grands <strong>po</strong>ur défendre<br />

leurs intérêts vis-à-vis du<br />

patronat. Reste malgré tout<br />

l'idée que les jeunes doivent<br />

être formés par les paroisses.<br />

Formation spécifique à l'action<br />

militante syndicale d'une part<br />

et d'autre part éducation de<br />

la Foi dans l'univers ecclésial<br />

catholique. C'est<br />

un autre <strong>po</strong>int de<br />

départ, la vie en<br />

usine et non les<br />

loisirs en paroisse.<br />

Mais l'expression<br />

de la foi demeure<br />

traditionnelle. Le<br />

<strong>po</strong>int de départ<br />

c'est la présence<br />

au " Monde ", au<br />

siècle et non pas<br />

les pratiques chrétiennes.<br />

La grande<br />

intuition de Cardjin<br />

c'est d'avoir<br />

pensé, confiant<br />

en l'Esprit Saint,<br />

que c'est précisément<br />

là où était<br />

l'obstacle qu'il fallait<br />

être apôtre.<br />

L'intuition<br />

théologique qui<br />

inspire tout cela :<br />

la théologie et la<br />

spiritualité du<br />

Corps Mystique<br />

du Christ. Avec<br />

cette conviction que le Corps<br />

Mystique du Christ ne se limite<br />

pas à l'Eglise Catholique. Le<br />

Corps Mystique c'est tout ceux<br />

<strong>po</strong>ur qui le Christ est mort , par<br />

conséquent comment ne <strong>po</strong>urrait-il<br />

pas être présent à tous les<br />

<strong>ouvriers</strong>. Une autre idée de<br />

cette réaction missionnaire est<br />

"la royauté sociale du Christ".<br />

Quelque chose de ce " Royaume<br />

de Dieu " dont on croit que<br />

Jésus l'a inauguré dans ce<br />

monde, se retrouve non pas<br />

simplement dans l'Eglise, mais<br />

aussi, par les chrétiens, dans<br />

la société que peu à peu<br />

ils transforment. Ce Royaume<br />

a commencé avec Jésus-Christ<br />

mais pas que dans l'Eglise. Ni le<br />

Corps mystique, ni la Royauté du<br />

Christ ne sont seulement que<br />

l'Eglise !<br />

La mission, alors c'est d'étendre<br />

cette Royauté. C'est le sens<br />

de la Fête du Christ-Roi, créée<br />

par Pie XI. Elle va se traduire<br />

dans <strong>des</strong> formes liturgiques<br />

publiques qui <strong>po</strong>ur Cardjin n'aboutissent<br />

à rien. La Royauté du<br />

Christ doit s'étendre dans le<br />

nouveau monde industriel en y<br />

étant présents et actifs. Elle<br />

doit y prendre corps. Les mouvements<br />

d'action catholique se<br />

sont développés dans cette<br />

perspective.<br />

Découverte de la<br />

rupture culturelle<br />

Et puis, au moment de la<br />

guerre de 40-45, on fait le<br />

constat, un peu décevant, que<br />

les mouvements d'action catholique,<br />

même la JOC, au fond, n'ont<br />

pas regagné de terrain ! On en<br />

a fait l'expérience pendant les<br />

années de conflit : la classe<br />

ouvrière est toujours aussi éloignée<br />

de l'Eglise. On le redécouvre<br />

dans le rap<strong>po</strong>rt de Godin et<br />

Daniel : " France, pays de mission ?"<br />

(1943). Dans ce rap<strong>po</strong>rt il appa-<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

25<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


aît qu'au moment où il aurait<br />

une occasion de partager avec<br />

les travailleurs ce qui nous anime<br />

- c'est à dire la foi en Jésus-<br />

Christ - on n'a pas le langage !<br />

Une rupture culturelle demeure.<br />

Cette rupture fait que, finalement,<br />

on arrive bien à modifier<br />

le jugement d'un certain nombre<br />

de militants socialistes et<br />

communistes sur l'Eglise, mais<br />

on en fait pas <strong>des</strong> chrétiens<br />

<strong>po</strong>ur autant ! Cela leur paraît un<br />

univers mythique.<br />

Godin et Daniel en font le<br />

constat dans l'Eglise : si <strong>des</strong><br />

jocistes se retrouvent dans les<br />

paroisses, on voit que ça ne<br />

marche pas. Ils ne sont pas chez<br />

eux. C'est la découverte de<br />

l'obstacle qui demeure, la séparation<br />

culturelle entre un univers<br />

ecclésial, sociologiquement<br />

bien pensant, <strong>po</strong>litiquement<br />

plutôt à droite et ce monde de<br />

la classe ouvrière militante.<br />

" France pays de mission ? " affirme<br />

" il faut une religion pure, débarrassée<br />

de tous les ap<strong>po</strong>rts<br />

humains, … qui sont en fait de la<br />

civilisation bourgeoise ".<br />

Une inculturation nécessaire<br />

A ce moment là on fait appel<br />

à la missiologie contem<strong>po</strong>raine :<br />

il ne faut pas trans<strong>po</strong>rter en<br />

Afrique ou en Asie une Eglise qui<br />

a culturellement bien réussie en<br />

Occident. En Europe, l'Eglise a<br />

réussi à s'inculturer dans le<br />

monde gréco-latin, puis dans le<br />

monde <strong>des</strong> barbares venus de<br />

l'est . C'est aujourd'hui un handicap<br />

parce qu'un autre monde<br />

est né en dehors de ça. De là<br />

l'idée d'une " inculturation "<br />

nécessaire de la Foi. Il ne s'agit<br />

plus de transplanter l'arbuste de<br />

la foi dans le nouveau sol mais<br />

d'en faire germer la graine dans<br />

ce nouveau terreau. Cela<br />

demande un très grand dé<strong>po</strong>uillement<br />

de nos manières de penser<br />

et de sentir. Le missionnaire<br />

devrait retrouver l'Evangile tout<br />

pur. Ce qui n'est jamais <strong>po</strong>ssible.<br />

La Bible est inculturée dans le<br />

monde sémitique. Il est au moins<br />

<strong>po</strong>ssible de beaucoup simplifier<br />

l'expression de la foi et de partager<br />

suffisamment la culture<br />

ouvrière <strong>po</strong>ur exprimer la foi<br />

dans son langage... Avec cette<br />

volonté d'inculturation de la foi,<br />

on peut vraiment parler, comme<br />

on l'a fait, d'un nouveau <strong>po</strong>int de<br />

départ !<br />

L'enfouissement est justifié<br />

par cette perspective. Les apôtres<br />

débarquent dans un monde<br />

qui n'a rien à voir avec l'Eglise et<br />

méfiant à son égard. La classe<br />

ouvrière est un monde organisé,<br />

animé intellectuellement et<br />

<strong>po</strong>litiquement par le socialisme.<br />

Il faut se dé<strong>po</strong>uiller de toute la<br />

culture cléricale <strong>po</strong>ur y " inculturer<br />

" l'Evangile. Les <strong>prêtres</strong><br />

<strong>ouvriers</strong> s'inspireront de la<br />

" kénose " du Fils de Dieu ex<strong>po</strong>sée<br />

au chapitre 2 de l'épître aux<br />

Philippiens. Cette prise de<br />

conscience d'une autre formation<br />

culturelle à promouvoir suscite<br />

la fondation du Séminaire<br />

de la Mission de France...<br />

La théologie qui fonde cette<br />

nouvelle approche est celle du<br />

Père Congar qui part d'une<br />

vision à trois termes : " Royaume,<br />

Eglise et Monde ". On ne<br />

parle plus du Corps Mystique, on<br />

parle du Peuple de Dieu (ça vient<br />

du Concile). Surtout on ne parle<br />

plus de la Royauté du Christ<br />

mais du Royaume de Dieu. On<br />

se ré-approprie cette différence<br />

connue : " Jésus a prêché<br />

le Royaume et c'est l'Eglise qui<br />

est venue ". Le Royaume est<br />

premier par rap<strong>po</strong>rt à l'Eglise. Le<br />

Royaume précéde l'Eglise. Il la<br />

dépasse de toute part. L'Eglise<br />

est <strong>po</strong>ur le Royaume. L'Eglise et<br />

le monde sont appelés au<br />

Royaume. Il nous faut regarder<br />

le monde, le monde ouvrier en<br />

ce qui nous concerne, comme<br />

un monde où le Royaume est<br />

présent. Le 1 er<br />

chapitre du<br />

Rap<strong>po</strong>rt de Poissy est : " Les<br />

signes du Royaume qui vient ".<br />

Mais alors la Mission c'est<br />

quoi ? C'est de révéler ! Mais pas<br />

d'abord Jésus-Christ. C'est d'aider<br />

le monde à découvrir de l'intérieur,<br />

quelque chose qui le<br />

dépasse dans ce qui inspire le<br />

travail de l'humanité sur ellemême.<br />

Quelque chose que nous<br />

appelons, à la suite de St. Paul,<br />

le " Mystère " du Monde. Dans<br />

notre fidélité à Jésus-Christ<br />

nous n’avons pas seulement<br />

affaire à l’Eglise ni même seulement<br />

à faire de l’Eglise. Nous<br />

avons affaire au monde qui est<br />

appelé au Royaume. Si nous n'articulons<br />

que les deux pôles,<br />

Eglise-Monde nous sommes<br />

préoccupés avant tout de faire<br />

d'autres chrétiens. Si au contraire<br />

nous articulons les trois<br />

pôles, Royaume-Eglise-Monde, la<br />

mission n'a plus la même visée :<br />

lorsque nous avons contribué,<br />

avec d'autres, à ce qu'il y ait un<br />

peu plus d'humanité dans le<br />

monde, nous avons fait notre<br />

travail ! Nous avons contribué au<br />

Royaume de Dieu ! Quelque désireux<br />

que nous restions, d'autre<br />

part, que d'autres aient la<br />

chance de connaître Jésus-<br />

Christ ! L'Eglise est au service de<br />

la transcendance, dans une collaboration,<br />

dans un dialogue.<br />

Aujourd'hui les hommes sont<br />

prêts à s'interroger et à s'y<br />

ouvrir, si elle n'est pas aussitôt<br />

revendiquée par l'Eglise ou une<br />

religion.<br />

De la lecture de cette interview<br />

il ressort que la reconnaissance<br />

de la fracture culturelle<br />

qui existe entre l'Eglise et le<br />

monde ouvrier a été essentielle<br />

au milieu du XX éme siècle. Le concile<br />

Vatican II a confirmé cette<br />

intuition. L'abandon du latin<br />

comme langue d'Eglise est un<br />

signe im<strong>po</strong>rtant de ce dé<strong>po</strong>uillement<br />

culturel nécessaire.<br />

D'autres ont été entamés. Pour<br />

autant une fracture culturelle<br />

ne demeure-t-elle pas, en ce<br />

début du XXI éme<br />

siècle, entre<br />

l'Eglise et le monde sécularisé<br />

qui est le nôtre? Travailler à la<br />

réduire, n'est-ce pas le chantier<br />

primordial de l'Eglise particulièrement<br />

en monde Ouvrier ? Ne justifie-il<br />

pas de prendre les moyens<br />

d'une inculturation, toujours<br />

plus <strong>po</strong>ussée dans ce monde-là,<br />

en y participant au combat <strong>po</strong>ur<br />

le rendre plus humain, ce qui va<br />

bien, n'est-ce pas, dans le sens<br />

de l'Avènement du Royaume ?<br />

Jean-Claude RELAVE<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

26<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


UN CRI VENU DE LA FRONTIERE<br />

DU SUD DU MAGRHEB<br />

La " Commission mixte " qui<br />

tous les deux ans regroupe<br />

<strong>des</strong> évêques du Sud et du<br />

Nord de la Méditerranée, a<br />

parlé de ce qui se passe à la<br />

" barrière " du Sahara. Ces<br />

quelques lignes de Mgr.<br />

Claude Rault s'en font l'écho.<br />

Au début <strong>des</strong> années soixante<br />

les chiffonniers d'Emmaüs<br />

avaient organisé un grand meeting<br />

dans le sud de la Manche. Il<br />

y avait foule. l'Abbé Pierre était<br />

venu, accompagné de Mgr.<br />

Mercier, alors évêque du Sahara.<br />

Au cours de la soirée l'Abbé<br />

Pierre avait pris la parole. Ses<br />

pro<strong>po</strong>s percutants <strong>po</strong>rtaient sur<br />

l'urgence d'une aide efficace<br />

<strong>po</strong>ur développement <strong>des</strong> Nations<br />

nouvellement indépendantes<br />

: " Ecoutez moi bien !<br />

Ecoutez moi bien. Si nous ne faisons<br />

pas justice à ces pays qui<br />

accèdent à l'indépendance en<br />

les aidant à se développer, ils<br />

viendront eux-mêmes dans nos<br />

pays rechercher ce qu'il n'ont<br />

pas obtenu et nous ne <strong>po</strong>urrons<br />

leur refuser ce droit ! " C'était la<br />

voix d'un prophète, ce qu'il avait<br />

dit là se réalise maintenant !<br />

Dans le cours de mes visites<br />

pastorales je rends régulièrement<br />

à Tamanrasset... C'est l'occasion<br />

de revoir la petite communauté<br />

chrétienne locale et<br />

d'écouter ce qu'elle <strong>po</strong>rte<br />

comme joies et soucis. L'un de<br />

ces derniers et non le moindre<br />

est celui du sort <strong>des</strong> migrants<br />

subsahariens, qui n'ont d'autre<br />

refuge que les rochers avoisinants<br />

la ville, toujours sur la<br />

menace d'une reconduite aux<br />

frontières. Un nombre im<strong>po</strong>rtant<br />

y arrive depuis plusieurs<br />

années en provenance de divers<br />

pays d'Afrique.<br />

Il est absolument illusoire de<br />

dire que ce courant va s'estomper<br />

comme un oued en crue<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

27<br />

après une bonne pluie. Non. Il<br />

s'agit bien là d'une situation permanente,<br />

endémique, ancrée<br />

dans <strong>des</strong> rêves im<strong>po</strong>ssibles et les<br />

tentations les plus folles. La<br />

" migration subsaharienne " fait<br />

même partie de notre perception<br />

de la " culture africaine "<br />

Combien de fois assimile-t-on<br />

plus au moins les mots " africains<br />

" et " migrants ", voire<br />

même " sans-papiers ".<br />

Il est illusoire <strong>po</strong>ur l'Europe<br />

de croire que la surveillance <strong>des</strong><br />

frontières, l'érection de murs et<br />

de rideaux de barbelés, la reconduite<br />

dans les pays d'origine, la<br />

migration choisie, la légalisation<br />

à l'égard <strong>des</strong> sans-papiers, suffiront<br />

à apaiser ce mal, fruits,<br />

parmi d'autres d'une société planétaire<br />

"structurée dans le<br />

péché", <strong>po</strong>ur reprendre une<br />

expression de Vincent Cosmao.<br />

Car au fond personne parmi les<br />

res<strong>po</strong>nsables <strong>po</strong>litiques et les<br />

grands décideurs financiers n'a<br />

intérêt à aborder la question en<br />

face.<br />

Il faut crier fort aux législateurs<br />

: les " migrants " ne sont ni<br />

<strong>des</strong> voyous, ni <strong>des</strong> fantômes , ni<br />

<strong>des</strong> pirates, ni <strong>des</strong> anges. Ce<br />

sont <strong>des</strong> personnes qui dans la<br />

grande majorité, <strong>po</strong>ur <strong>des</strong> raisons<br />

de survie, quittent leur<br />

pays <strong>po</strong>ur se donner un avenir.<br />

Ils sont prêts <strong>po</strong>ur cela à braver<br />

la mer et le désert. Mais ils sont<br />

vite pris dans les filets de gangs<br />

bien organisés et de multiples<br />

filières rançonneuses, qui ont<br />

trouvé là un moyen de réussir<br />

dans la migration. Ils doivent<br />

réussir à tout prix. Revenir les<br />

mains vi<strong>des</strong> sans avoir réussi est<br />

trop humiliant face à une famille<br />

qui s'est sacrifiée <strong>po</strong>ur envoyer<br />

l'élu vers de meilleures terres.<br />

Il est illusoire aussi de croire<br />

que le flot migratoire s'arrêtera<br />

au pied <strong>des</strong> murs de la dissuasion<br />

érigés par les nations occidentales<br />

ou les pays de transit.<br />

La racine du mal est de taille et<br />

le remède aussi puisqu'il ne<br />

s'agit pas moins de développer<br />

l'Afrique... Pour y arriver il faut<br />

faire cesser les dons con<strong>des</strong>cendants<br />

(on reprend dix fois d'une<br />

main ce que l'on donne de l'autre),<br />

payer au juste prix le café,<br />

le thé, le coton, les bananes, le<br />

bois,… Et cela il faut l'oser. Qui en<br />

aura le courage ?<br />

Que font les Eglises ? Que<br />

faisons-nous ? Il ne suffit pas de<br />

gérer le " sacré ", mais dans ce<br />

sacré réintégrer la personne<br />

humaine avec toute sa dignité<br />

d'enfant de Dieu. Cela commence<br />

par la <strong>po</strong>ssibilité de faire<br />

sa vie non de la mendier.<br />

Nous <strong>po</strong>uvons nous sentir<br />

bien démunis mais il y a toujours<br />

quelque chose à faire : d'abord<br />

recevoir les " migrants " comme<br />

<strong>des</strong> personnes, sans être dupes<br />

parfois de l'ambiguïté de nos<br />

gestes, soigner l'homme ou la<br />

femme en détresse sur son chemin,<br />

éveiller nos pays d'origine à<br />

leur détresse, œuvrer <strong>po</strong>ur la<br />

justice jusqu'au bout de nos<br />

<strong>po</strong>ssibilités et de notre imagination,<br />

multiplier les petits projets<br />

qui ne passent pas à l'épuisette<br />

<strong>des</strong> <strong>po</strong>uvoirs en place. Montrer<br />

enfin que, en cohérence avec l'Evangile<br />

, nous sommes vraiment ,<br />

comme le disait Paul VI à l'ONU,<br />

<strong>des</strong> " experts en humanité ".<br />

Claude Rault<br />

Evêque du Sahara<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


O Peuple haïtien,<br />

continue de crier ton déses<strong>po</strong>ir !<br />

Le 10 avril 2008, au cœur d'une semaine d'émeutes de la faim, les jésuites, ( dont Ramiro PAM-<br />

POLS, PO d'Espagne ) qui vivent en Haïti ont rédigé un communiqué qui appelle à la non-violence<br />

mais exprime surtout leur colère et celle du peuple haïtien face à l'incurie <strong>des</strong> autorités publiques<br />

et à l'indifférence de la communauté internationale.<br />

" Nous, jésuites, qui travaillons<br />

en Haïti dans divers domaines,<br />

nous sommes témoins du<br />

drame quotidien que vivent <strong>des</strong><br />

millions de nos frères et sœurs<br />

haïtiens. Comme le Seigneur<br />

dans le désert, nous voyons la<br />

misère de notre peuple et nous<br />

entendons ses cris : " Je suis le<br />

Seigneur, ton Dieu. J'ai vu ta<br />

misère et entendu ton cri . Je<br />

connais tes angoisses. C'est la<br />

vie que je veux <strong>po</strong>ur toi, et non<br />

la mort. Mais qui envoyer <strong>po</strong>ur<br />

te libérer ? Dans le<br />

passé, Moïse a été<br />

mon messager <strong>po</strong>ur<br />

libérer mon peuple<br />

et le sortir de l'esclavage<br />

d'Égypte. En<br />

mon Nom, il l'avait<br />

conduit dans une<br />

terre où ruissellent<br />

le lait et le miel ".<br />

(Ex 3, 7-12)<br />

La misère de notre<br />

peuple aujourd'hui,<br />

ce sont :<br />

• Ces millions<br />

d'Haïtiens et d'Haïtiennes<br />

qui sont victimes<br />

de la hausse vertigineuse<br />

et incessante <strong>des</strong> prix <strong>des</strong> produits<br />

de première nécessité et<br />

qui sont incapables de subvenir<br />

à leurs besoins les plus essentiels,<br />

même la nourriture.<br />

• La baisse de la production<br />

nationale dans tous les secteurs<br />

de l'économie qui conduit à la<br />

famine et au dénuement le plus<br />

total.<br />

• La paupérisation honteuse et<br />

insup<strong>po</strong>rtable de nos <strong>po</strong>pulations<br />

urbaines et rurales.<br />

• La montée de l'insécurité,<br />

spécialement la réapparition en<br />

force du phénomène du kidnapping<br />

et le déses<strong>po</strong>ir <strong>des</strong> jeunes.<br />

• Notre nation qui est plongée<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

dans la honte et la désespérance<br />

avec sa souveraineté foulée aux<br />

pieds et la majeure partie de sa<br />

<strong>po</strong>pulation qui vit dans <strong>des</strong><br />

conditions inhumaines.<br />

La misère de notre peuple<br />

ce sont également :<br />

• L'incapacité totale de la majorité<br />

de nos gouvernants à faire<br />

face aux problèmes fondamentaux<br />

de la société.<br />

• L'absence totale d'une op<strong>po</strong>sition<br />

<strong>po</strong>litique constructive,<br />

susceptible de contrôler et de<br />

stimuler l'action gouvernementale<br />

au bénéfice de la nation.<br />

• L'annihilation totale de la<br />

fonction <strong>po</strong>litique du Parlement<br />

au moyen de procédés malhonnêtes<br />

tels que les <strong>po</strong>ts de vin, la<br />

corruption, etc..<br />

• L'irres<strong>po</strong>nsabilité de la communauté<br />

internationale, notamment<br />

<strong>des</strong> pays dits amis de Haïti,<br />

<strong>des</strong> institutions financières<br />

internationales (la Banque mondiale,<br />

le Fonds monétaire international,<br />

la Banque interaméricaine<br />

de développement, etc..)<br />

qui n'ont pas tenu leur promesse<br />

vis-à-vis d'Haïti, assistant<br />

28<br />

cyniquement à la <strong>des</strong>cente aux<br />

enfers de la société haïtienne.<br />

Le peuple haïtien, peuple<br />

courageux, s'il en est, n'en peut<br />

plus cette fois-ci. Tenaillé par la<br />

misère, il crie. Son cri devient<br />

appel.<br />

Le cri du peuple aujourd'hui,<br />

ce sont :<br />

Ces milliers de jeunes qui<br />

gagnent les rues <strong>po</strong>ur dire qu'ils<br />

n'en peuvent plus et<br />

qui exigent <strong>des</strong> res<strong>po</strong>nsables<br />

<strong>po</strong>litiques qu'ils<br />

assument leur res<strong>po</strong>nsabilité.<br />

Ces millions de chômeurs,<br />

tenaillés par la<br />

faim, qui crient leur<br />

colère à travers les rues<br />

de Port-au-Prince et<br />

<strong>des</strong> villes de province.<br />

Ces pères et mères<br />

de famille qui passent<br />

plusieurs jours sans<br />

<strong>po</strong>uvoir se nourrir et<br />

qui sont en train de<br />

crier leur misère dans<br />

les manifestations de<br />

rue, etc..<br />

Ces enfants décharnés <strong>des</strong><br />

bidonvilles et <strong>des</strong> campagnes qui<br />

crient chaque jour parce qu'ils<br />

ne trouvent rien à manger et<br />

qui sont sans avenir.<br />

Appelle, crie, ne baisse jamais<br />

les bras, ô toi, peuple, courage !<br />

C'est à toi de m'aider à t'aider.<br />

Avec toi je peux faire beaucoup.<br />

Sans toi je ne réussirai pas. Tu as<br />

besoin de moi, je le sais. Je suis<br />

ton allié irremplaçable. Mais j'ai<br />

aussi besoin de toi, de tes cris,<br />

de ton unité, de ton expérience<br />

de peuple souffrant, de ton<br />

courage. Allons, travaillons<br />

ensemble. La victoire sera de<br />

notre côté car nous luttons<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


<strong>po</strong>ur une cause juste. Tu connais<br />

mon nom : je suis le Dieu de la<br />

vie et non de la mort. Tu connais<br />

mon projet. Jésus de Nazareth<br />

l'a bien exprimé dans le quatrième<br />

Évangile : “ Moi, je suis<br />

venu <strong>po</strong>ur qu'on ait la vie<br />

et qu'on l'ait en abondance.”<br />

(Jn 10, 10)<br />

Nous sommes fortement<br />

interpellés par cette situation<br />

intolérable et révoltante qui<br />

menace de faire sombrer notre<br />

pays dans de nouveaux drames :<br />

nous nous sentons profondément<br />

unis à ce peuple souffrant<br />

et sincèrement solidaires de<br />

ceux qui sont les plus gran<strong>des</strong><br />

victimes. C'est <strong>po</strong>urquoi, au nom<br />

de notre foi chrétienne et de<br />

notre engagement comme religieux<br />

jésuites, nous exhortons<br />

avec force :<br />

Les res<strong>po</strong>nsables <strong>po</strong>litiques :<br />

Le Président de la République<br />

à prendre rapidement les décisions<br />

<strong>po</strong>litiques qui s'im<strong>po</strong>sent<br />

<strong>po</strong>ur rétablir la confiance et la<br />

paix : à engager une réforme en<br />

profondeur <strong>des</strong> institutions<br />

publiques <strong>po</strong>ur mettre enfin le<br />

pays sur la voie du développement.<br />

Les hauts res<strong>po</strong>nsables de<br />

l'État (Premier ministre, ministres,<br />

secrétaires d'État et directeurs<br />

généraux, les sénateurs,<br />

les députés, etc..) sur le court<br />

terme, à élaborer et à mettre en<br />

œuvre, dans le plus bref délai,<br />

un programme d'urgence (réel<br />

et efficace) <strong>po</strong>ur alléger les<br />

souffrances de la <strong>po</strong>pulation,<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

sur le long terme à utiliser les<br />

ressources intellectuelles et les<br />

savoir-faire tant nationaux qu'étrangers<br />

en vue d'élaborer et de<br />

mettre en œuvre un vrai plan de<br />

développement national.<br />

Les partis et organisations<br />

<strong>po</strong>litiques à assumer leur res<strong>po</strong>nsabilité<br />

de critique et de<br />

contrôle de l'action gouvernementale,<br />

à aider<br />

dans la recherche<br />

de solutions adaptées<br />

au drame que<br />

vit notre société,<br />

à participer effectivement<br />

à la réforme<br />

de l'État <strong>po</strong>ur<br />

sortir enfin notre<br />

pays de la honte<br />

et du marasme.<br />

Les commerçants,<br />

les industriels,<br />

les im<strong>po</strong>rtateurs, les<br />

banquiers et autres<br />

forces vives de la<br />

nation à ap<strong>po</strong>rter<br />

leur contribution à<br />

l'allègement <strong>des</strong><br />

souffrances de nos<br />

concitoyens (concitoyennes),<br />

à prendre<br />

conscience de la<br />

nécessité d'œuvrer<br />

ensemble <strong>po</strong>ur aider<br />

Haïti à se mettre<br />

debout.<br />

29<br />

Toutes les com<strong>po</strong>santes<br />

de la société<br />

civile : cadres<br />

religieux, éducateurs,<br />

étudiants, res<strong>po</strong>nsables<br />

et membre d'associations,<br />

syndicalistes et <strong>ouvriers</strong>,<br />

artisans, petits commerçants,<br />

agriculteurs, etc.., à nous<br />

mettre debout, à chercher<br />

ensemble les solutions aux problèmes<br />

de notre peuple.<br />

La communauté internationale,<br />

notamment les pays dits<br />

amis d'Haïti, les institutions<br />

financières internationales, etc..<br />

à respecter leurs engagements<br />

vis-à-vis d'Haïti, notamment<br />

leurs nombreuses promesses de<br />

coopération et à aider effectivement<br />

le pays à sortir de ce<br />

bourbier.<br />

O Peuple haïtien ! Continue<br />

d'appeler, de crier et de convoquer<br />

ceux et celles que tu avais<br />

choisis <strong>po</strong>ur te servir. Ta force<br />

sera la non-violence organisée<br />

et soutenue. La violence n'est<br />

jamais efficace. Tu m'appelles.<br />

Oui, je serai avec toi et en toi la<br />

puissance de mon Esprit.<br />

Les jésuites d’Haïti<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Travailleurs migrants au Ja<strong>po</strong>n<br />

Le Centre catholique international<br />

de Tokyo (CTIC) aide les<br />

étrangers dans leurs difficultés<br />

quotidiennes. Depuis 1990 il<br />

s'est implanté dans d'autres<br />

localités de la périphérie. Nous<br />

publions quelques extraits d'une<br />

note écrite par le Père Adolfo<br />

Nicolas, SJ, qui travaille en lien<br />

avec le CTIC. Ses réflexions sont<br />

utiles <strong>po</strong>ur comprendre les <strong>des</strong>tructurations<br />

qu'engendrent les<br />

migrations.<br />

" Le CTIC <strong>des</strong> débuts a fait du<br />

très bon travail <strong>po</strong>ur aider les<br />

migrants dans l'urgence, <strong>po</strong>ur<br />

<strong>des</strong> problèmes de survie, de<br />

légalisation, de mariage, etc…<br />

J'essaie de voir, au delà de l'urgence,<br />

la réalité à long terme de<br />

ces hommes et femmes qui ont<br />

quitté leurs familles, leur pays,<br />

leur culture et leur maison et qui<br />

risquent tout <strong>po</strong>ur un nouvel<br />

avenir rêvé, fut-il permanent ou<br />

tem<strong>po</strong>raire.<br />

Déracinement<br />

La première et la plus évidente<br />

constatation, c'est qu'il<br />

s'agit <strong>po</strong>ur eux d'une situation<br />

où ils sont déracinés, hors de<br />

leur propre culture. Ce qui<br />

représente beaucoup plus<br />

qu'une perte de nourriture traditionnelle,<br />

<strong>des</strong> fêtes et <strong>des</strong> danses<br />

avec lesquelles ils ont grandi.<br />

La culture a été définie comme<br />

un modèle de notions et de<br />

valeurs partagées qui s'expriment<br />

à travers un réseau de<br />

symboles, de mythes et de<br />

rituels, créés par une société<br />

particulière <strong>po</strong>ur s'éfforcer de<br />

ré<strong>po</strong>ndre aux défis de la vie et<br />

former ses membres à ce qui<br />

est considéré comme moyen<br />

régulier, correct et décent de<br />

sentir, de penser et de se com<strong>po</strong>rter.<br />

Pour un homme ordinaire,<br />

vivre en permanence ou<br />

<strong>po</strong>ur de longues pério<strong>des</strong> hors<br />

de sa propre culture signifie se<br />

retrouver dans une situation de<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

chaos intérieure avec un sentiment<br />

profond de perte, ne plus<br />

savoir que ressentir, comme se<br />

conduire et agir envers les<br />

autres.<br />

Dépréciation de soi<br />

La situation de la plupart <strong>des</strong><br />

étrangers qui espèrent travailler<br />

au Ja<strong>po</strong>n est celle d'une dépréciation<br />

d'eux-mêmes, humaine<br />

et sociale. Beaucoup de ceux qui<br />

viennent au Ja<strong>po</strong>n souffrent de<br />

la perte de leur statut social et<br />

surtout, plus dramatique encore,<br />

celle de l'estime de soi. Ils<br />

obtiendront un travail très en<br />

<strong>des</strong>sous de leur qualification<br />

personnelle, de leur éducation<br />

ou de leurs capacités. On les<br />

regarde de haut souvent et ils<br />

seront rarement considérés<br />

comme dignes d'être consultés<br />

promus ou <strong>po</strong>ussés à faire<br />

davantage et mieux un travail<br />

exigeant. C'est là une source<br />

in<strong>des</strong>criptible d'isolement. Ils<br />

sont conduits ainsi plus bas<br />

encore que la très basse opinion<br />

qu'ils ont d'eux-mêmes. C'est la<br />

source d'insécurité douloureuse<br />

qui affecte même leur capacité<br />

à lutter, à entrer en contact<br />

avec les autres et même à<br />

s'adresser à leurs propres<br />

enfants avec la dignité et la<br />

fierté d'un homme<br />

Valeurs humaines<br />

Un aspect que nous avons à<br />

mieux étudier, c'est celui <strong>des</strong><br />

effets de la migration sur les<br />

valeurs humaines et morales.<br />

Nous avons ici affaire à une<br />

énorme et réelle pauvreté : insécurité,<br />

chômage, instabilité<br />

sociale et <strong>po</strong>litique, qui a jeté<br />

<strong>des</strong> millions de gens dans <strong>des</strong><br />

situations inhumaines où la plupart<br />

<strong>des</strong> décisions reviennent à<br />

survivre. Comment tout cela<br />

affecte le cœur, la pensée, les<br />

valeurs, la foi de ceux qui sont<br />

touchés Tout de suite après<br />

30<br />

avoir décidé de faire quelque<br />

chose <strong>po</strong>ur survivre, les migrants<br />

prennent l'une ou l'autre<br />

mesure qui normalement serait<br />

considérée comme malhonnête<br />

(se servir d'un faux passe<strong>po</strong>rt<br />

avec un nom d'emprunt et un<br />

âge inexact) ou immorale (se<br />

marier <strong>po</strong>ur obtenir un visa,<br />

entreprendre une relation sentimentale<br />

sans vouloir <strong>po</strong>ur<br />

autant s'engager). C'est toujours<br />

une source d'étonnement<br />

de rencontrer ces personnes et<br />

de découvrir chez elles une<br />

pureté du cœur, une compassion<br />

et une solidarité pleine de<br />

délicatesse, un certain parfum<br />

de valeurs spirituelles qui va mal<br />

avec les mensonges qu'ils racontent<br />

ou le travail qu'ils font<br />

Transitions à opérer<br />

Les conséquences pastorales<br />

de ces questions sont évidentes.<br />

Le besoin d'aide frappe à la<br />

<strong>po</strong>rte de l'église et de chaque<br />

chrétien. Négliger ces migrants<br />

et leurs communautés, c'est les<br />

abandonner sur un dangereux<br />

marché avide de nouveaux<br />

clients, marchands de mort, stupi<strong>des</strong><br />

et avi<strong>des</strong>, qui entendent<br />

faire de la faiblesse humaine et<br />

de sa souffrance un objet de<br />

stratégie commerciale. Cela va<br />

largement de la drogue et de<br />

l'alcool au recrutement mafieux<br />

et même à la manipulation <strong>po</strong>ur<br />

attirer les gens dans <strong>des</strong> sectes<br />

ou <strong>des</strong> groupements religieux.<br />

Les églises chrétiennes et la<br />

société ja<strong>po</strong>naise se trouvent ici<br />

confrontées à de multiples<br />

défis, sous formes de transitions.<br />

Transition qui passerait<br />

d'un préjugé bienveillant, gentil,<br />

presque invisible mais réel, à un<br />

dialogue du cœur où chacun de<br />

nous serait impliqué dans la<br />

découverte d'une expérience<br />

humaine plus profonde. Transition<br />

qui nous fasse passer d'un<br />

<strong>po</strong>int de vue moralisateur étroit<br />

sur la situation de beaucoup<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr


d’étrangers aux prises avec<br />

leurs papiers d'immigration,<br />

leurs autorisations et autres<br />

références légales, à une compréhension<br />

plus large et juste<br />

de la situation humaine d'où ils<br />

viennent et <strong>des</strong> impératifs de survie<br />

ou de libération qui affectent<br />

et limitent leurs choix de vie.<br />

En d'autres termes, nous<br />

sommes mis au défi de faire la<br />

transition courageuse et risquée<br />

d'une église ministérielle méthodique,<br />

capable et bien organisée<br />

<strong>po</strong>ur s'occuper d'elle-même, à<br />

une église prophétique vouée à<br />

vivre l'évangile avec les autres et<br />

devenir à son tour une invitation<br />

à toute la société ja<strong>po</strong>naise<br />

<strong>po</strong>ur l'émergence d'une nouvelle<br />

famille humaine. Migrants et<br />

gens du voyage au Ja<strong>po</strong>n continueront<br />

à nous aider à actualiser<br />

notre lecture de l'évangile et<br />

à garder devant les yeux de nos<br />

cœurs les dramatiques problèmes<br />

de la vie humaine et la véritable<br />

source de notre es<strong>po</strong>ir et<br />

de notre joie. "<br />

(Le père Adolfo Nicolas est devenu<br />

Général <strong>des</strong> Jésuites)<br />

************<br />

Sur la vie et l'action <strong>des</strong> travailleurs<br />

migrants au Ja<strong>po</strong>n<br />

vous trouverez une longue<br />

information dans le livre de<br />

Edouard Brzostowki " Evangéliser<br />

au Ja<strong>po</strong>n ? " chez L'Harmatan.<br />

Prêtre du Prado à Asada<br />

dans la banlieue industrielle de<br />

Kawasaki, au titre de la commission<br />

Justice et Paix, il a participé<br />

à diverses luttes contre les<br />

injustices sociales, <strong>po</strong>ur la<br />

reconnaissance <strong>des</strong> maladies du<br />

travail, contre les discriminations<br />

raciales et <strong>po</strong>ur la paix,<br />

spécialement lors d'un long<br />

conflit qui op<strong>po</strong>sa les <strong>ouvriers</strong><br />

philippins et la multinationale<br />

Toyota. A la présentation de son<br />

livre à Rome il déclarait : " Pour<br />

baisser les coûts de production,<br />

les grosses entreprises diminuent<br />

le nombre <strong>des</strong> titulaires<br />

et augmentent le nombre d'employés<br />

intérimaires, sans contrat<br />

fixe. Les sous-traitants de ces<br />

grosses entreprises, souvent<br />

multinationales, accueillent aussi<br />

très souvent <strong>des</strong> étrangers au<br />

titre d'apprentis avec un salaire<br />

ridicule (24.000 yens par mois,<br />

alors que le salaire minimum<br />

d'un ouvrier s'élève à 300.000<br />

yens !) En fait, ces apprentis<br />

déguisés travaillent à la production<br />

de pièces nécessaires aux<br />

grosses entreprises. Celles-ci<br />

réussissent ainsi à baisser leur<br />

coût de production.<br />

Voici un exemple concret de<br />

ce phénomène : le 6 février<br />

2007, 3 jeunes Vietnamiennes,<br />

déléguées de leurs camara<strong>des</strong>,<br />

dé<strong>po</strong>sent leur plainte au bureau<br />

de Toyota à Tokyo, soutenues<br />

par une centaine de syndicalistes<br />

ja<strong>po</strong>nais. Kojima, membre de<br />

notre équipe d'ACO, fait partie<br />

de la délégation qui dé<strong>po</strong>se<br />

cette plainte auprès <strong>des</strong> représentants<br />

de Toyota. Ces Vietnamiennes<br />

étaient accueillies<br />

comme apprenties par TMC,<br />

sous-traitant de Toyota. En fait,<br />

elles travaillaient à la production<br />

<strong>des</strong> pièces nécessaires aux voitures<br />

Toyota, comme tous les<br />

<strong>ouvriers</strong> ja<strong>po</strong>nais de TMC.<br />

La direction a confisqué leur<br />

passe<strong>po</strong>rt et leur livret bancaire<br />

<strong>po</strong>ur les empêcher de quitter<br />

l'entreprise. Le temps passé aux<br />

toilettes est chronométré, et<br />

elles doivent payer 15 yens par<br />

minute. L'interdiction du <strong>po</strong>rtable<br />

les amène à utiliser le téléphone<br />

de l'entreprise. A chaque<br />

fois, elles doivent payer 10.000<br />

yens d'amende. Le harcèlement<br />

sexuel est quotidien. Elles ont<br />

dé<strong>po</strong>sé une plainte concernant<br />

leur salaire inférieur au minimum<br />

garanti (684 yens de<br />

l'heure) Le bureau du travail a<br />

fait une enquête auprès de 22<br />

entreprises sous-traitantes et a<br />

ordonné de verser 50 millions de<br />

yens aux 200 <strong>ouvriers</strong> lésés.<br />

Kojima me demande de participer<br />

aux négociations avec la<br />

direction Toyota, menées par<br />

une délégation de syndiqués. "<br />

Michel RAGER<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

31<br />

http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>


Lettre de Maurice Zundel<br />

à Mme Jouguet, 1954<br />

" Le drame <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong><strong>ouvriers</strong><br />

m'a été et me<br />

demeure une plaie,<br />

comme les sanctions<br />

prises contre nos amis<br />

dominicains. Je crois<br />

que le motif <strong>des</strong> sanctions<br />

romaines est le<br />

suivant : certains <strong>prêtres</strong>-<strong>ouvriers</strong><br />

ont acquis<br />

l'optique de l'abbé<br />

Pierre (que tout le<br />

monde admire en celuici,<br />

parce qu'elle se traduit<br />

par une action de<br />

grande envergure et<br />

qu'elle se cantonne<br />

dans un secteur limité).<br />

Cette optique, la voici : il<br />

ne faut pas demander<br />

aux sans-logis s'ils<br />

croient en Dieu ou s'ils<br />

viendront aux sacrements, il faut les loger. À l'échelle prêtreouvrier,<br />

cela revient à dire : vivons la vie ouvrière et revendiquons<br />

la justice sociale parce que c'est juste et que le christianisme<br />

doit au premier chef être le champion de la justice et<br />

de la dignité humaines. Si les <strong>ouvriers</strong> après cela découvrent<br />

Dieu, l'Église et les sacrements, tant mieux. Mais notre action<br />

ne doit pas être un prétexte <strong>po</strong>ur les endoctriner. Nous adoptons<br />

la vie ouvrière, comme l'abbé Pierre les sans-logis, sans<br />

arrière-pensées : <strong>po</strong>ur réparer une formidable injustice et un<br />

monstrueux abandon de la classe ouvrière. On a estimé à<br />

Rome que cette action " purement humaine " mettait les <strong>prêtres</strong>-<strong>ouvriers</strong><br />

en danger, aussi bien que le monde ouvrier luimême,<br />

en effaçant la mission surnaturelle de l'Église, en minimisant<br />

la valeur <strong>des</strong> sacrements. Je crois que Rome ne se<br />

rend pas compte du degré d'indifférence absolue et d'ignorance<br />

totale de millions d'<strong>ouvriers</strong> français <strong>po</strong>ur qui la religion<br />

est simplement inexistante et qu'il faut apprivoiser à travers<br />

les seules réalités qui leur sont sensibles : la solidarité et la<br />

justice.<br />

D'un autre côté les évêques français ne semblent pas avoir<br />

pris au sérieux à temps les objections basées sur les dénonciations<br />

de France. Quand les cardinaux français sont arrivés<br />

à Rome, ils ont trouvé tout un dossier qu'ils n'étaient pas prêts<br />

à réfuter. Ils ont appris trop tard qu'on ne dit pas non à Rome<br />

et qu'une diplomatie vigilante et de longue haleine eût seule<br />

pu détourner le coup.<br />

Voilà ce que je crois être vrai. Cela n'empêche pas la douleur<br />

immense de sentir tant d'amis dans la peine, tant d'amis<br />

héroïques et tout un monde ouvrier déconcerté et orphelin. "<br />

COURRIER P.O<br />

Bulletin de liaison trimestriel<br />

ISSN 076 471<br />

Imprimé par nos soins<br />

à Montreuil - 93514 cedex<br />

ENPO<br />

47 Rue Voltaire<br />

93100 Montreuil<br />

Tél. : 01 55 86 93 06<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr<br />

Directeur de la Publication<br />

Antoine Brethomé<br />

Comité de Rédaction<br />

Avec J.Claude Relave<br />

Ph.Clément - M. Rager<br />

Jean-Louis Demerliac<br />

Maquettage : Elia Bortignon<br />

Correctrice : A.M. Couchard<br />

Équipe d'expédition<br />

J.Louis Demerliac - Marie<br />

Jean - Micheline - Quentin<br />

Jean-François - Dominique<br />

SOMMAIRE<br />

Janvier 2009<br />

Page<br />

Noël, une espérance................... 2<br />

Présence .................................... 3<br />

C’est de Nuit ............................... 4<br />

Message de Pedro Calsaldiga ... 5<br />

En quoi sommes-nous <strong>prêtres</strong> ... 6<br />

Un véritable révélation ............... 7<br />

Saint Paul, ça nous dit ............... 8<br />

L’impertinence de l’utopie ........... 9<br />

Un vécu signifiant ..................... 10<br />

Retraite Prêtres-Ouvriers ......... 11<br />

L’activité <strong>po</strong>litique ..................... 12<br />

PO, n’avons-nous rien à dire ? .. 13<br />

Ténoins du Ressuscité ............. 14<br />

Par la grève .............................. 16<br />

Bernard Housset ....................... 18<br />

Lettre à André Vingt-Trois ........ 19<br />

Diaconat permanent ................. 20<br />

Et c’est reparti comme avant .... 22<br />

Examen critique ....................... 23<br />

Eglise en monde ouvrier .......... 25<br />

Un cri venu ... du Maghreb ....... 27<br />

O Peuple haïtien ...................... 28<br />

Travailleurs migrants au Ja<strong>po</strong>n ... 30<br />

Lettre de Maurice Zundel ......... 32<br />

Courrier PO Janvier 2009<br />

32<br />

pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!