courrier po - Collectif des prêtres-ouvriers
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COURRIER P.O.<br />
Janvier 2009
NOËL, UNE ESPÉRANCE POUR TOUS !<br />
NAISSANCE DE L'ETERNEL AMOUR<br />
Tu es Mon Dieu, Dieu de Tendresse, Dieu au Coeur d'Enfant.<br />
Tu es mon tout, Dieu Créateur, Passionné d'Amour <strong>po</strong>ur l'homme !<br />
Tu n'as pas trouvé inhabitable notre terre, nos villes et nos déserts.<br />
Tu n'as pas trouvé inhabitable notre humanité en lambeaux,<br />
et tu choisis nos coeurs brisés <strong>po</strong>ur y faire ta crèche préférée,<br />
<strong>po</strong>ur y naître, <strong>po</strong>ur y grandir, et <strong>po</strong>ur y demeurer toujours !<br />
Veilleurs, avez-vous vu Celui que mon coeur aime ?<br />
Faites-moi signe, vous les veilleurs de l'Amour !<br />
Veilleurs, bergers près de vos troupeaux à Bethléem,<br />
veilleurs <strong>des</strong> astres et <strong>des</strong> étoiles, grands signes dans le ciel,<br />
veilleurs de tous pays, de tous temps, en toutes circonstances,<br />
veilleurs courageux au coeur de toutes les nuits et de tous les dangers,<br />
veilleurs généreux auprès de tous les souffrants, de tous les mal-aimés,<br />
veilleurs prisonniers de la maladie ou <strong>des</strong> barreaux,<br />
veilleurs sur toute terre de solitude, d'exclusion, de déses<strong>po</strong>ir,<br />
veilleurs sans papiers, sans logis, sans travail, sans honneur,<br />
veillez, veillez jour et nuit, veillez sans relâche,<br />
car il est écrit que Dieu vient, plus petit et plus pauvre que tous !<br />
Je t'appelle et je t'attends, je veux voir Ton Visage,<br />
Oh Dieu qui <strong>des</strong>cends et qui plonges en nos fractures humaines.<br />
Je me tiens là avec mes frères, tes frères, Dieu Tout-Petit,<br />
Dieu Très-Bas, Dieu Tout-Faible entre nos mains !<br />
J'irai donc, et je Te <strong>po</strong>ursuivrai partout où Tu veux naître,<br />
<strong>po</strong>urvu que mes yeux Te reconnaissent dans la nuit,<br />
<strong>po</strong>urvu que je puisse entendre Ta Voix dans le silence,<br />
Toi l'éternel Pèlerin de l'homme,<br />
Toi l'éternel Chercheur de l'homme !<br />
J'irai donc et moi aussi je <strong>des</strong>cendrai, je m'abaisserai,<br />
jusqu'à ce que je Te trouve, près de mes frères les hommes,<br />
près de mes frères en deuil, près de mes frères en larmes,<br />
près de mes frères enfermés dans la peur et l'angoisse.<br />
Je parcourrai les rues <strong>des</strong> cités et <strong>des</strong> villes, et les coursives <strong>des</strong> prisons,<br />
au plus près de la brebis perdue, la brebis que Tu veux sauver.<br />
Dans mon coeur, dans ma pensée et ma prière,<br />
j'irai visiter tous mes frères dans leurs cachots,<br />
mes frères en garde-à-vue, mes frères en isolement et au mitard.<br />
En silence je me ferai tout écoute du coeur du monde,<br />
au plus brûlant de ses blessures, au plus intime de ses détresses,<br />
et rien ne comptera plus <strong>po</strong>ur moi que d'entendre Ta Voix,<br />
Ta Voix de Nouveau-Né, Ta Voix de Crucifié.<br />
Ce sera Noël dans la seule crèche vraiment digne de toi,<br />
cette crèche du coeur de l'homme où l'on peut entendre,<br />
comme une musique silencieuse, le battement de Ton Coeur d'Amour !<br />
Marc Prunier, aumônier de prison.<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
2<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
P R É S E N C E<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
Photo de J.M. Chassine<br />
Au début octobre, au moment<br />
de l'ouverture du Synode,<br />
le journal " La Croix " a fait paraître<br />
quelques lignes de l' écrivain<br />
Fabrice HADJADJ. C'était un commentaire<br />
de Luc 24 / 42-43.<br />
Voici ce que disait cet auteur<br />
sur ces 3 versets. " Ce n'est pas<br />
de messages, de mots d'ordre<br />
ni de spiritualités que nous<br />
manquons, c'est de présence.<br />
Or ce passage n'élucide aucun<br />
<strong>po</strong>int de doctrine, ne délivre<br />
aucune leçon de morale, mais<br />
se situe au creux du mystère<br />
où la foi tire sa source : Dieu<br />
s'est fait l'un d'entre nous,<br />
l'Infini s'est mis à table. Le plus<br />
extraordinaire, ici, c'est que le<br />
crucifié ressuscité met toute<br />
sa gloire à partager l'ordinaire<br />
<strong>des</strong> hommes en sorte que cet<br />
ordinaire s'en trouve illuminé. "<br />
Ma réflexion s'est arrêté<br />
sur le mot présence, du fait,<br />
que nous venons de célébrer la<br />
venue, la présence de Dieu dans<br />
la vie ordinaire <strong>des</strong> hommes, son<br />
inscription au registre de l'humanité;<br />
mais surtout ce mot a une<br />
résonance profonde et concrète<br />
<strong>po</strong>ur nous PO. Combien de fois<br />
nous avons dit et nous disons<br />
encore: Il faut " être là "; là, dans<br />
ces lieux de travail, dans ces<br />
quartiers, dans les organisations,<br />
associations, dans ces combats<br />
au milieu d'un peuple assoiffé de<br />
justice, un peuple qui souffre et<br />
qui lutte, qui construit son avenir<br />
à tâtons, qui ose croire qu'un<br />
autre monde est <strong>po</strong>ssible.<br />
J'avais ce mot en tête en<br />
lisant le <strong>courrier</strong> PO d'octobre,<br />
du coup je me suis rendu compte<br />
que ce mot " présence "<br />
revient presque à toutes les<br />
pages. Il est même question d'un<br />
" ministère de présence " (p. 27)<br />
A partir de là, plusieurs pistes<br />
peuvent nous aider dans nos<br />
partages:<br />
Les lieux dans lesquels<br />
nous sommes.<br />
La Rencontre Nationale a<br />
montré que nous étions bien<br />
présents aux réalités que vit le<br />
monde ouvrier. Le travail en atelier<br />
a permis d'exprimer ce que nous<br />
vivons dans ces différents lieux.<br />
Mais nous avons toujours à nous<br />
interroger sur cette présence.<br />
Comment la vivons-nous ? Avec<br />
qui ?<br />
Cette présence : elle produit<br />
quoi chez nous ? Chez les copains<br />
que nous rencontrons ? Un<br />
accompagnateur <strong>des</strong> PO dirait : "<br />
Quel bruit ça fait ? "<br />
Aujourd'hui beaucoup disent que<br />
nous vivons à une é<strong>po</strong>que où l'indifférence<br />
est massive, du moins<br />
en France ; indifférent à quoi ?<br />
Est-ce indifférent <strong>po</strong>ur nos compagnons<br />
de voir parmi eux un<br />
prêtre vivant les mêmes conditions<br />
de travail, habitant le<br />
même quartier, participant aux<br />
mêmes luttes ? Nous osons dire<br />
que la présence de PO parmi<br />
les travailleurs <strong>po</strong>se encore<br />
question, étonne, ne laisse<br />
pas indifférent ; jusqu'à cette<br />
question de Jean-Bernard : " Qui<br />
est donc ce Dieu qui anime<br />
avec autant d'énergie et<br />
d'amour du prochain, ce bon<br />
" père Noël " (PO, aumônier de<br />
prison , Courrier P.O. d'octobre, p. 20).<br />
3<br />
Oui, à défaut de faire beaucoup<br />
de bruit, ça peut produire <strong>des</strong><br />
" bruissements. "<br />
Un autre <strong>po</strong>int me semble<br />
im<strong>po</strong>rtant.<br />
Aujourd'hui plus encore qu'hier,<br />
et même si cela a déjà été fait, il<br />
est bon de nous redire sur quels<br />
fondements théologiques nous<br />
nous ap-puyons <strong>po</strong>ur vivre cette<br />
présence dans la durée. Suffit-il<br />
de parler d'intuition PO ? A une<br />
é<strong>po</strong>que où certains disent qu'il<br />
faut dépasser le stade de l'enfouissement,<br />
qu'il faut se montrer,<br />
<strong>po</strong>ur une plus grande visibilité<br />
: " A Lour<strong>des</strong> : une assemblée<br />
d'évêques centrée sur la<br />
visibilité de l'Eglise "( La Croix<br />
10 11 08 ) il n'est pas inutile de<br />
dire à quelle source (enfouie)<br />
nous puisons notre espérance et<br />
notre passion <strong>po</strong>ur l'humanité. "<br />
L'excès de visibilité de l'Église<br />
est contraire avec une<br />
présence ." (Guy Coq) " Dieu<br />
n'était pas dans l'ouragan ou<br />
le tremblement de terre... " 1<br />
R 19 / 9 - 14. Il se révèle dans un<br />
nouveau-né, dans un crucifié,<br />
dans celui qui, tel un mendiant,<br />
demande... " Avez-vous quelque<br />
chose à manger ? " Luc 24<br />
/ 41.<br />
Et puis, comme autre <strong>po</strong>rte<br />
d'entrée, il y a notre lecture<br />
d'évangile. Dans ces écrits reçus<br />
<strong>des</strong> premières communautés<br />
chrétiennes, nous <strong>po</strong>uvons aller<br />
voir dans quel lieu Jésus de<br />
Nazareth est présent, avec qui et<br />
qu'est-ce qu'il y fait ?<br />
Au début de cette nouvelle<br />
année, faut-il formuler un souhait<br />
? Que notre présence avec<br />
les laissés <strong>po</strong>ur compte de notre<br />
société soit toujours fidèle et<br />
active.<br />
Paix et espérance à toutes<br />
et à tous.<br />
Antoine Brethomé<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
C’est Noël !!!<br />
Ils complotaient, souvent de nuit,<br />
Et ils amassaient, ils amassaient ...<br />
Dans les usines et les cités,<br />
On avait peine à imaginer<br />
Les sommes folles qu'ils accumulaient<br />
Qu'ils allaient secrètement cacher<br />
Pour mieux les faire fructifier.<br />
Et je me disais : Jusqu'à quand<br />
Vont-ils voler, s<strong>po</strong>lier, raquetter ?<br />
Si Dieu existait, il saurait,<br />
Il les obligerait à partager !<br />
Ils voulaient accaparer<br />
Le <strong>po</strong>uvoir, l'avoir et le savoir<br />
Pour mieux dominer et exploiter<br />
Les salariés du monde entier.<br />
Et leur rêve a chancelé<br />
Lorsque leur bulle a explosé<br />
Lorsque les travailleurs ont résisté.<br />
Et je me disais : Pourquoi<br />
Tant d'arrogance et de mépris ?<br />
Et je réfléchissais : Au fond, AUCUN<br />
Pouvoir absolu n'est indéracinable<br />
Un autre monde est donc <strong>po</strong>ssible !<br />
Et si c'était cela la grande passion<br />
De Dieu <strong>po</strong>ur l'humanité ?<br />
Le pain, le lait, la nourriture<br />
L'école et l'avenir <strong>des</strong> enfants,<br />
Les charges et le loyer à payer<br />
Le stress et les brima<strong>des</strong> répétées<br />
Le droit au travail balayé<br />
Le droit du travail saccagé<br />
Bouches affamées, enfants maltraités,<br />
C'en est assez ! Debout ! Debout !<br />
Nous voulons vivre DEBOUT !<br />
Et je me disais : Dieu peut-il entendre<br />
Ce cri qui monte <strong>des</strong> usines et <strong>des</strong> cités ?<br />
Pourrait-il être sourd à cette clameur<br />
Du plus profond de l'humanité blessée ?<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
4<br />
J'ai vu <strong>des</strong> salariés s'enchaîner<br />
Pour refuser le diktat <strong>des</strong> marchés<br />
J'ai vu <strong>des</strong> femmes mendier<br />
Sur le trottoir, les yeux baissés.<br />
J'ai vu <strong>des</strong> usines arrêtées<br />
Par <strong>des</strong> <strong>ouvriers</strong> révoltés<br />
J'ai vu <strong>des</strong> jeunes rôder<br />
Dans les rues, sans savoir où aller.<br />
Et je me disais : Je ne peux rester<br />
Sur le trottoir, les bras croisés<br />
A regarder le monde s’écarteler.<br />
Dieu m'appelle aussi à agir<br />
Pour un monde d'humanité<br />
Ils ont battu le pavé<br />
Pour défendre les libertés<br />
Vous avez soutenu la veuve et l'opprimé<br />
J'ai combattu avec les sans-papiers,<br />
Les sans-emploi, et les sans-toit.<br />
Tu as promené la mémé du quartier.<br />
Nous avons fait la collecte de la solidarité<br />
Vous avez visité les prisonniers.<br />
Et je me disais : Voici Noël<br />
N'est-ce pas le temps d'aimer ?<br />
le temps de la Justice et de la Paix,<br />
Le temps qui ouvre un monde de<br />
fraternité<br />
Allons-nous nous laisser approcher<br />
Par cet HOMME si passionné<br />
Qui appelle le rêve à devenir réalité ?<br />
De l'autre côté de la mer,<br />
Il y a quarante ans, ils avaient marché<br />
Avec Martin Luther et <strong>des</strong> milliers.<br />
Ils avaient fait le rêve<br />
De l'égalité et du respect.<br />
Ils avaient lutté <strong>po</strong>ur le concrétiser.<br />
Une nouvelle ère peut commencer.<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
Et je me disais :l'es<strong>po</strong>ir existe<br />
Je l'ai rencontré<br />
Dans le refus de se résigner<br />
A être une homme-objet<br />
Et dans l'appel à résister,<br />
A ouvrir un monde de liberté.<br />
J'ai cherché une Source<br />
Et je suis tombé sur un Nouveau-Né.<br />
Je me suis approché de cet Homme Jésus.<br />
J'ai lu ses Evangiles<br />
J'ai rencontré <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes<br />
Qui témoignaient de la force irrésistible<br />
Du Bonheur qu'il transmet...<br />
Et j'ai compris que son message est folie,<br />
Capable de susciter toutes les utopies.<br />
J'ai compris que cet Homme<br />
En qui Dieu a mis tout son amour<br />
A besoin de fous<br />
Pour la révolution de l'Amour.<br />
Ce soir, c'est NOËL !<br />
UN MONDE DIFFERENT PEUT COMMENCER.<br />
Message de Pedro CASALDALIGA<br />
Pierre NIOBEY, Décembre 2008<br />
à Fernando LOGO président élu du Paraguay<br />
Koinonia,<br />
Très cher Fernando, très aimé en vérité par <strong>des</strong> milliards de frères et sœurs, qui t'accompagnent depuis longtemps<br />
dans ta généreuse option. Il y a tant de jours, Fernand, que nous prions avec toi et <strong>po</strong>ur toi et <strong>po</strong>ur ton<br />
peuple si malheureux.<br />
Le Verbe divin ( Fernando fait partie de la congrégation du " Verbe divin " ) dans le mystère de son Incarnation<br />
s'est fait Parole humaine située, samaritaine, libératrice. Merci <strong>po</strong>ur ta générosité historique, <strong>po</strong>ur ton radicalisme<br />
évangélique, déjà prouvé dans tes options et ta mission. Nous avons pleinement confiance en ta cohérence, ta<br />
lucidité et cette option <strong>po</strong>ur le Royaume, <strong>po</strong>ur les pauvres du Royaume, <strong>po</strong>ur les militants ( tes ) de ce Royaume<br />
dans la société et dans l 'Eglise.<br />
Nous avons confiance aussi dans ta volonté , déjà expérimentée par de nombreux gestes, d'assumer notre<br />
Amérique dans une communion entre peuples frères le revendiquant, dans une reconnaissance historique, dans<br />
un esprit œcuménique et écologique, les droits de nos pauvres et de nos peuples aborigènes et du sang pascal<br />
de nos martyrs..<br />
Ton discours en prenant <strong>po</strong>ssession de ta fonction est une authentique déclaration de principes et d'engagement<br />
" baptismal ", de continuer à te donner tout entier " avec une oreille sur l'Evangile et l'autre oreille à<br />
l'écoute du peuple " comme le demandait notre fier évêque et martyr Angelleli.<br />
Nous continuerons, unis en communion missionnaire de disciples de Jésus de Nazareth, en cohérence personnelle<br />
et sociale, pieds nus, dé<strong>po</strong>uillé de tout privilège et ostentation, dans une invincible Espérance, attendant<br />
comme le demandait notre autre martyre Elleucaria.<br />
Reçois , frère , un grand abrazo dans la Paix subversive de l'Evangile et l'infatigable chemin du peuple Garani,<br />
jusqu'à la terre sans mal.<br />
Pedro Casaldaliga,<br />
évêque émérite de Sao Felix de Araguaia M.T. Brésil<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
5<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
EN QUOI SOMMES-NOUS PRETRES LA-DEDANS ?<br />
Quelques réflexions de la Région Ain-Savoie-Isère<br />
" Je continue d'apprendre, écrit Bonhœffer, que c'est en vivant pleinement la vie terrestre,<br />
qu'on parvient à croire. Il nous faut vivre dans le monde, même si Dieu n'était pas donné. Dieu<br />
nous fait savoir qu'Il nous fait vivre en tant qu'hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. "<br />
cela le fondement de notre<br />
Ministère ?<br />
Nous gardons le sentiment<br />
d'être <strong>prêtres</strong>. Que reste-t-il ?<br />
En quoi nous sentons-nous<br />
comme <strong>prêtres</strong> aujourd'hui ?<br />
Dans mon Equipe PO, nous<br />
nous sommes réunis et nous<br />
avons réfléchi à partir de l'atelier<br />
Ministère PO et Lieux significatifs.<br />
Chacun <strong>des</strong> Ateliers a une<br />
dimension prophétique. Notre<br />
réflexion n'est plus la même que<br />
celle que nous avions dans les<br />
années passées.<br />
Nous insistons davantage sur<br />
Ministère Signe, et moins sur le<br />
fondement du Ministère. Ce qui<br />
change tout : le Ministère n'est<br />
plus accaparé par les <strong>prêtres</strong>.<br />
Nous découvrons un Ministère<br />
commun à tous les chrétiens.<br />
Nous en sommes persuadés,<br />
mais maintenant nous devons le<br />
dire ouvertement. Nous nous<br />
engageons à interpeller ouvertement<br />
l'Eglise. Nous l'avons peu<br />
fait.<br />
Dans le Courrier PO de janvier,<br />
un <strong>des</strong> lecteurs veut participer<br />
à la recherche collective<br />
sur ce sujet qui nous tient à<br />
cœur : la persistance de l'intuition<br />
prophétique <strong>des</strong> PO.<br />
Lorsque nous définissons ce<br />
service <strong>des</strong> hommes et de<br />
l'Evangile comme un ministère<br />
de proximité, d'humanité, prophétique,<br />
rien ne dit qu'il s'agit<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
d'un Ministère presbytéral.<br />
La question du Ministère PO<br />
et <strong>des</strong> choix <strong>po</strong>ur le vivre dans le<br />
monde du travail et dans la vie<br />
est " si étrangère à l'Eglise ".<br />
Albert Rouet nous dit de ne pas<br />
op<strong>po</strong>ser les Ministères mais de<br />
les articuler. Cela signifie quoi ?<br />
Aujourd'hui, nous vivons dans<br />
une Eglise en plein bouleversement.<br />
Le Ministère prophétique<br />
remet en cause une conception<br />
théologique passée de l'Eglise.<br />
Les communautés qui se rassemblent<br />
ont-elles besoin d'un<br />
prêtre ? De quel prêtre ?<br />
Nous avons vécu dans une<br />
structure de l'Eglise pyramidale.<br />
Nous vivons une nouvelle forme<br />
du vivre en Eglise. PO nous sommes<br />
présents dans différents<br />
engagements syndicaux, <strong>po</strong>litiques,<br />
associatifs, Action catholique…,<br />
au service de la liberté,<br />
l'égalité et la fraternité. En<br />
quoi sommes-nous <strong>prêtres</strong> làdedans<br />
?<br />
Avec Jean-François Soffray<br />
nous approfondissons notre<br />
recherche dans <strong>des</strong> relations<br />
d'amour sur terre, <strong>des</strong> relations<br />
d'humanité, <strong>des</strong> relations de Fils<br />
et de Père selon St. Jean. Est-ce<br />
6<br />
Suite au texte de Michel<br />
Perret, <strong>des</strong> questions sont soulevées<br />
: Que vont devenir les<br />
Ministères ? Y a-t-il une évolution<br />
? Comment on y ré<strong>po</strong>nd ?<br />
Le Ministère existe en fonction<br />
d'un peuple. Comment être<br />
situés par rap<strong>po</strong>rt à un peuple<br />
en marche ? Marcel Annequin<br />
nous dit : " Ce qui est fondamental,<br />
c'est le Ministère de<br />
l'Evangile, de la Communauté<br />
<strong>des</strong> baptisés, <strong>des</strong> croyants. "<br />
Nous ne sommes plus dans<br />
une vision pyramidale, mais horizontale,<br />
nous sommes témoins<br />
de l'Evangile. Les pauvres nous<br />
évangélisent.<br />
Nous sentons actuellement la<br />
nécessité de dire ce que nous<br />
vivons " quand il y a <strong>des</strong> occasions<br />
". Dire une parole est peutêtre<br />
un acte prophétique.<br />
Nous avons partagé sur l'im<strong>po</strong>rtance<br />
de révéler <strong>des</strong> Lieux<br />
Significatifs (<strong>po</strong>ur nous par<br />
exemple dans les stations de<br />
ski). Là se joue le <strong>des</strong>tin de<br />
l'homme. On y rencontre le Dieu<br />
de Jésus-Christ. L'annonce prophétique<br />
de Jésus-Christ s'est<br />
révélée aussi dans la mort et la<br />
Résurrection. Nous sommes<br />
dans une autre théologie, autre<br />
que celle qui nous a formés dans<br />
notre temps de préparation au<br />
sacerdoce, du prêtre l'homme<br />
du sacré.<br />
Nous vivons dans une révolution<br />
culturelle et certains veulent<br />
mettre en péril le dynamisme<br />
de Vatican II. Pour servir<br />
qui ? Pour servir quoi ?<br />
Le Royaume annoncé aux<br />
Apôtres nous est donné… La foi<br />
est un don… un don offert à<br />
tout le monde. Ce don est-il<br />
reconnu ? Ce don peut-il être<br />
refusé ?<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
Une véritable révélation !<br />
L'équipe animatrice " Lire la<br />
Vie-Lire la Bible " n'a pas manqué<br />
de culot en programmant tout<br />
un week-end de travail sur l'a<strong>po</strong>calypse<br />
de Jean, à l'Hay les<br />
Roses, les 8 et 9 novembre dernier.<br />
WE qui a regroupé 7 femmes<br />
(5 laïques et 2 religieuses) ,<br />
2 intervenants et 18 <strong>prêtres</strong><br />
<strong>ouvriers</strong>.<br />
Grâce au travail de préparation<br />
et aux interventions provocantes<br />
de Francis Dumortier et<br />
de Gérard Meunier, ceux qui<br />
étaient entrés " à reculons "<br />
dans ce travail sur l'a<strong>po</strong>calypse<br />
de Jean en sont ressortis<br />
conscients de l'actualité de ce<br />
livre et de ce courant !<br />
Car nous avons découvert<br />
que le genre a<strong>po</strong>calyptique<br />
imprégnait profondément la<br />
mentalité <strong>des</strong> Juifs et <strong>des</strong> chrétiens<br />
du premier siècle et donc<br />
la mentalité du Juif Jésus, ainsi<br />
que <strong>des</strong> auteurs du Nouveau<br />
Testament ! Ce qui explique l'apparition<br />
de ce nouveau langage<br />
entre 150 avant Jésus-Christ et<br />
150 après, c'est la situation de<br />
résistance <strong>des</strong> Juifs, puis <strong>des</strong><br />
chrétiens, vis à vis <strong>des</strong> occupants<br />
étrangers ! A l'é<strong>po</strong>que de<br />
Jésus et, plus encore, à la fin<br />
du 1 er siècle, le système romain<br />
était très prégnant et le<br />
culte de l'empereur était à son<br />
a<strong>po</strong>gée… ce qui ne <strong>po</strong>uvait<br />
qu'engendrer de profon<strong>des</strong> réticences…<br />
Toute une littérature a<strong>po</strong>calyptique,<br />
juive d'abord, puis<br />
chrétienne ensuite, a donc vu le<br />
jour, depuis le livre de Daniel<br />
jusqu'à l'a<strong>po</strong>calypse de Jean, en<br />
passant par le chapitre 13 de<br />
Marc, et les chapitres 24 et 25<br />
de Mathieu. C'est une littérature<br />
de résistance <strong>po</strong>ur les<br />
Juifs d'abord, à partir de la crise<br />
Maccabéenne, puis <strong>po</strong>ur les<br />
communautés chrétiennes à<br />
partir de la guerre juive de 70.<br />
Les liens avec la communauté<br />
juive s'étant peu à peu distendus,<br />
les chrétiens se sont<br />
retrouvés sans protection vis à<br />
vis de l'empire romain !<br />
Le livre de l'A<strong>po</strong>calypse<br />
décrit un combat frontal contre<br />
les monarques de l'é<strong>po</strong>que qui<br />
disaient tenir leur <strong>po</strong>uvoir de<br />
Dieu. L'empereur, divinisé, se<br />
présentait comme Sauveur. Or,<br />
ce que Jean a vu, ce qui lui a été<br />
révélé, c'est que " Jésus, le premier<br />
né d'entre les morts " est<br />
en fait " le prince <strong>des</strong> rois de la<br />
terre ", c'est " l'agneau immolé<br />
"…qui va vaincre la bête !<br />
L'a<strong>po</strong>calypse de Jean est un<br />
outil libérateur de contre<br />
culture, qui s'op<strong>po</strong>se au culte<br />
impérial et qui veut raviver l'espérance<br />
<strong>des</strong> communautés<br />
chrétiennes, dont la ferveur faiblit<br />
(les lettres aux 7 Eglises).<br />
Rome est la grande prostituée<br />
qui va être vaincue. En face, la<br />
Jérusalem céleste triomphe,<br />
avec, au centre, un troisième<br />
personnage, l'agneau immolé !<br />
En même temps que ce travail<br />
sur l'a<strong>po</strong>calypse, (pro<strong>po</strong>sition<br />
de l'équipe ACO 54), nous<br />
avons regardé le texte de l'ACO :<br />
" Folie de croire ? ", qui est aussi<br />
un texte de combat et de<br />
résistance face au capitalisme.<br />
La comparaison entre les deux<br />
textes nous a permis de débattre<br />
sur l'utilité ou non de dire<br />
notre identité de chrétiens et<br />
sur la façon de le faire .<br />
Le contexte de l'a<strong>po</strong>calypse<br />
et celui du texte de l'ACO sont<br />
totalement différents. Les<br />
<strong>des</strong>tinataires ne sont plus<br />
les mêmes : dans un cas, ce sont<br />
les communautés chrétiennes<br />
d'Asie, qui ont perdu leur ferveur<br />
première. Dans l'autre, ce<br />
sont <strong>des</strong> <strong>ouvriers</strong> militants chrétiens<br />
qui combattent l'oppression<br />
capitaliste actuelle avec<br />
d'autres qui ne partagent pas<br />
forcément leur foi ou même la<br />
mettent en doute… Certains<br />
pensent que la signature de leur<br />
mouvement chrétien suffit (ici<br />
l'ACO) et que l'essentiel se<br />
trouve dans la façon de décrire<br />
les situations humaines qui sont<br />
dénoncées, en faisant bien ressortir<br />
<strong>po</strong>urquoi nous ne <strong>po</strong>uvons<br />
pas les accepter…<br />
D'autres, au contraire, pensent<br />
qu'il est im<strong>po</strong>rtant de dire<br />
sa foi et donc son identité, mais<br />
tout le monde est d'accord <strong>po</strong>ur<br />
souligner qu'il faut se laisser<br />
interroger par ce que pensent<br />
ceux à qui on s'adresse et les<br />
respecter profondément.<br />
Dans ce cas, dire son identité<br />
peut inviter les autres à en faire<br />
autant…<br />
On a souligné qu'il est im<strong>po</strong>rtant<br />
que notre identité de<br />
chrétien reste en débat, et<br />
apparaisse comme telle, si on<br />
veut être audible… dans le<br />
contexte culturel français.<br />
Le texte de l'a<strong>po</strong>calypse est<br />
illisible par nos contem<strong>po</strong>rains. Il<br />
ne peut parler que si on cherche<br />
ce que voulait dire l'auteur, à son<br />
é<strong>po</strong>que, à travers les représentations<br />
de cette é<strong>po</strong>que. C'est<br />
le rap<strong>po</strong>rt de l'auteur à une<br />
situation donnée qu'il faut à<br />
nouveau mettre en tension mais<br />
dans une situation tout autre, la<br />
nôtre ! Un week-end vraiment<br />
stimulant !<br />
NB : Les textes a<strong>po</strong>calyptiques sont<br />
ramassés dans un livre de la pléiade<br />
" écrits inter testamentaires ". (qui ne<br />
se donne pas !)<br />
Et F. Dumortier, avec un collègue<br />
belge, a écrit un livre éclairant et accessible<br />
: " Catastrophes ou Révélations ?<br />
L'univers <strong>des</strong> A<strong>po</strong>calypses." aux éditions<br />
Lumen Vitae, Bruxelles.<br />
Michel LEFORT<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
7<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Saint Paul, ça nous dit !<br />
P.O, nous ne <strong>po</strong>uvons que<br />
nous réjouir de voir l' Église<br />
catholique dans son ensemble<br />
s'intéresser cette année à " l' Apôtre<br />
<strong>des</strong> païens " (Rm 11 / 13). On<br />
lui a fait tellement de tort en<br />
lisant ses lettres comme <strong>des</strong><br />
thèses ardues de théologie ou<br />
un recueil de pure spiritualité.<br />
On a si longtemps oublié ou<br />
occulté qu'il dictait ses lettres<br />
après quinze ans d'a<strong>po</strong>stolat<br />
itinérant, et d'épreuves de toute<br />
sorte, en fonction <strong>des</strong> problèmes<br />
ou <strong>des</strong> questions <strong>des</strong> petites<br />
communautés qu'il a fondées<br />
autour de la Méditerranée<br />
orientale.<br />
Nous autres nous nous référons<br />
depuis longtemps à saint<br />
Paul, tout spécialement à son<br />
hymne aux Philippiens, comme<br />
l'inspiration centrale de notre<br />
choix de vivre avec les travailleurs.<br />
C'est ce que nous appelons<br />
" la logique de l' Incarnation " :<br />
" Le Christ qui est de condition<br />
divine, n'a pas revendiqué son<br />
égalité avec Dieu. Il s'est réduit,<br />
en prenant la condition du serviteur.<br />
Il s'est fait semblable aux<br />
hommes; il a été reconnu<br />
comme un homme par tout ce<br />
qui a paru de lui... " (Ph 2 / 6-7).<br />
A la rencontre <strong>des</strong> autres<br />
Le grand intérêt de l'apôtre<br />
Paul <strong>po</strong>ur nous est sa hantise de<br />
faire connaître aussi le Christ<br />
aux païens, que sont <strong>po</strong>ur les<br />
Juifs tous les autres peuples. Un<br />
de ses disciples affirme que<br />
c'est le mystère même de Dieu :<br />
" Les païens sont admis au<br />
même héritage, membres du<br />
même corps, associés à la même<br />
promesse en Jésus-Christ par le<br />
moyen de l' Évangile. " (Ep 3 / 6).<br />
Seul <strong>des</strong> apôtres à être né hors<br />
de Palestine, Paul connaît bien le<br />
monde païen <strong>po</strong>ur y avoir grandi<br />
et vécu. Il en connaît la langue, la<br />
mentalité, les loisirs, les attentes...<br />
et les limites : " Sans Messie,<br />
privés du droit de cité en Israël,<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
étrangers aux alliances de la<br />
Promesse, sans espérance et<br />
sans Dieu dans le monde. "<br />
(Ep 2 /12).<br />
Il débute son a<strong>po</strong>stolat par<br />
un stage à ANTIOCHE en Syrie,<br />
première communauté où <strong>des</strong><br />
Juifs font table commune avec<br />
<strong>des</strong> païens convertis. C'est là<br />
que lui, qui n'a pas connu personnellement<br />
Jésus, apprend<br />
<strong>po</strong>ur l'essentiel ce qu'a été sa<br />
vie, et surtout sa Passion et<br />
sa Résurrection : " Je vous ai<br />
transmis ce que j'ai moi-même<br />
reçu. " (I Co 15/3). C'est de là<br />
qu'il entreprend, d'abord avec<br />
Barnabé, puis d'autres compagnons,<br />
ses grands voyages fondateurs<br />
à travers la Turquie et<br />
la Grèce. Il rêve même d'aller<br />
jusqu'au cœur de l'empire<br />
romain, et en Espagne, qui lui<br />
semble alors le bout du monde<br />
connu.<br />
Paul estime son ministère de<br />
mission aussi im<strong>po</strong>rtant que<br />
celui <strong>des</strong> res<strong>po</strong>nsables de l' Église<br />
: " Ils virent que l'évangélisation<br />
<strong>des</strong> incirconcis m'avait été<br />
confiée, comme à Pierre celle<br />
<strong>des</strong> circoncis. Car Celui qui<br />
avait agi en Pierre <strong>po</strong>ur l'a<strong>po</strong>stolat<br />
<strong>des</strong> circoncis avait aussi agi<br />
en moi en faveur <strong>des</strong> païens. "<br />
(Ga 2 / 7). Déçu et furieux que<br />
Pierre " ne marche pas droit<br />
selon la vérité de l' Évangile ",<br />
Paul l'interpelle publiquement<br />
<strong>po</strong>ur " s'être dérobé et tenu à<br />
l'écart par crainte <strong>des</strong> circoncis. "<br />
(Ga 2 /12-14).<br />
Sans vouloir être à charge<br />
Selon un écrit plus tardif,<br />
l'Apôtre prend à témoins ceux<br />
qu'il a évangélisés : " Nous n'avons<br />
demandé à personne de nous<br />
donner le pain que nous avons<br />
mangé. Mais dans la peine et<br />
la fatigue, de nuit comme de<br />
jour, nous avons travaillé <strong>po</strong>ur<br />
n'être à la charge d'aucun de<br />
vous. " (2 Th 3 / 8). Très tôt,<br />
8<br />
nous avons perçu nous-mêmes<br />
en monde ouvrier la nécessité,<br />
comme il le dit : " d'offrir gratuitement<br />
l'Évangile que j'annonce,<br />
sans user <strong>des</strong> droits<br />
que cet Évangile me confère ".<br />
Sans contester " le droit <strong>des</strong><br />
<strong>ouvriers</strong> de l' Évangile de vivre<br />
de l' Évangile ", comme lui " nous<br />
sup<strong>po</strong>rtons tout <strong>po</strong>ur ne créer<br />
aucun obstacle à l' Évangile. "<br />
(1 Co 9 / 12-14).<br />
Son exigeante fidélité juive,<br />
et son zèle passionné <strong>po</strong>ur la<br />
cause de Dieu, lui ont fait pendant<br />
un temps persécuter les<br />
disciples de Jésus, en qui il voit<br />
" de faux témoins... qui affirment<br />
que Dieu a ressuscité le<br />
Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité<br />
" (1 Co 15 / 15). Ce passé<br />
que personne n'oublie lui vaut<br />
d'être considéré à Corinthe comme<br />
" le plus petit <strong>des</strong> apôtres, même<br />
pas digne d'être appelé<br />
apôtre, parce que j'ai persécuté<br />
l' Église de Dieu. " (1 Co 15 /9).<br />
Paul est cependant bien<br />
conscient que ce n'est ni à ses<br />
efforts, ni à ses mérites personnels<br />
qu'il doit sa rencontre bouleversante<br />
sur le chemin de<br />
Damas : " Lorsque Celui qui<br />
m'a mis à part depuis le sein<br />
de ma mère, et m'a appelé par<br />
sa grâce, a jugé bon de révéler<br />
en moi son Fils, afin que je<br />
l'annonce parmi les païens... "<br />
(Ga 1 / 15-16).<br />
A nos risques et périls<br />
Paul dit avoir été " saisi par<br />
Jésus-Christ " (Ph 3 /12). C'est la<br />
passion de sa vie, le ressort de<br />
son activité : " L'amour du Christ<br />
nous étreint à cette pensée<br />
qu'un seul est mort <strong>po</strong>ur tous "<br />
(2 Co 5 /14). Il avoue personnellement<br />
" vivre dans la foi au Fils<br />
de Dieu qui m'a aimé, et s'est<br />
livré <strong>po</strong>ur moi. " (Ga 2 /20). De là<br />
sa conviction que " l'homme<br />
n'est pas justifié par les œuvres<br />
de la Loi, mais seulement par la<br />
foi en Jésus-Christ. " (Ga 2 / 16).<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
J'aime bien ce commentaire<br />
de Raymond BROWN : " La mission<br />
aux Gentils est... l'inévitable<br />
traduction en actes de l'amour<br />
débordant dont il fait l'expérience...<br />
Si l'amour de Dieu s'était<br />
manifesté dans le don de soi au<br />
Christ, comment l'amour du<br />
Christ <strong>po</strong>uvait-il être manifesté<br />
aux autres, sinon de la même<br />
manière ? " On ne peut véritablement<br />
" évangéliser " qu'en<br />
prenant les moyens de l' Évangile.<br />
Cela peut aller loin et beaucoup<br />
demander. Tout le reste<br />
n'est que littérature ou propagande.<br />
Plus que d'autres, peutêtre,<br />
nous sommes payés <strong>po</strong>ur<br />
le savoir.<br />
Depuis 65 ans, notre histoire<br />
de p.o. est jalonnée de ru<strong>des</strong><br />
épreuves, de critiques et de<br />
contestations. Nous souffrons<br />
tout récemment encore, de<br />
n'être pas reconnus, ni bien<br />
considérés dans l' Église. Nous<br />
allons sans doute lentement disparaître<br />
à brève échéance. Cela<br />
ne devrait pas nous surprendre,<br />
ni nous démoraliser. N'est-ce pas<br />
la loi du genre ? " Devenus un<br />
même être avec le Christ par<br />
une mort semblable à la sienne,<br />
nous le serons aussi à sa<br />
Résurrection. " (Rm 6 / 5).<br />
Comment ne nous reconnaîtrions-nous<br />
pas dans ce tableau<br />
que dresse Paul de la vie <strong>des</strong><br />
apôtres : " Sans cesse nous <strong>po</strong>rtons<br />
dans notre corps l'agonie<br />
de Jésus, afin que la vie de Jésus<br />
soit elle aussi manifestée dans<br />
notre corps " (2 Co 4 / 7) ? Il dit<br />
même : " On nous considère<br />
maintenant encore comme <strong>des</strong><br />
balayures du monde, comme le<br />
déchet de l'humanité " (1 Co 4 /13).<br />
Nous n'avons pas cherché la<br />
situation pas toujours enviable<br />
qui nous est faite. Elle est<br />
peut-être cependant nécessaire,<br />
comme le dit Paul, <strong>po</strong>ur<br />
qu'on voie bien " que cette incomparable<br />
puissance (de l' Évangile)<br />
vient de Dieu et non de<br />
nous. " (2 Co 4 /7).<br />
Sans exclure <strong>des</strong> questions<br />
Nous aimons bien saint Paul.<br />
Nous nous réclamons volontiers<br />
de lui. Nous nous inscrivons<br />
dans sa tradition. Pouvons-nous<br />
cependant le faire sans accepter<br />
qu'il nous interpelle ? Serait-ce<br />
honnête de lui faire appel <strong>po</strong>ur<br />
nous justifier, sans qu'il ne<br />
nous <strong>po</strong>se question ? A titre d'exemple,<br />
je repère trois aspects<br />
caractéristiques de sa vie<br />
d'apôtre.<br />
Paul a beaucoup voyagé, y<br />
compris à la fin comme prisonnier<br />
sur un bateau, avec <strong>des</strong><br />
chaînes aux pieds : " à pied souvent,<br />
dangers <strong>des</strong> fleuves, <strong>des</strong><br />
brigands, de mes frères de race,<br />
<strong>des</strong> païens, dans la ville, dans le<br />
désert, sur mer, dangers <strong>des</strong><br />
faux-frères " (2 Co 11 / 24-26).<br />
Paul a beaucoup parlé et écrit<br />
<strong>po</strong>ur exprimer sa foi au Christ :<br />
" Nous croyons, c'est <strong>po</strong>urquoi<br />
nous parlons " (Rm 4 /13). Tout<br />
en faisant souvent état de son<br />
témoignage vécu, et de l'exemple<br />
qu'il a donné, il estime cette<br />
parole indispensable : " Com-ment<br />
croiraient-ils en lui, sans l'avoir<br />
entendu ? Et comment l'entendraient-ils,<br />
si personne ne le proclame?<br />
" (Rm 10 /14).<br />
Paul a partout fondé de petites<br />
communautés, pas toujours<br />
exemplaires, <strong>po</strong>ur enraciner<br />
localement l'Évangile : " Avonsnous<br />
besoin, comme certains,<br />
de lettres de recommandation ?<br />
Notre lettre, c'est vous, lettre<br />
écrite dans nos cœurs, comme<br />
lue par tous les hommes. De<br />
toute évidence, vous êtes une<br />
lettre du Christ confiée à notre<br />
ministère. " (2 Co 13 /3).<br />
J'en retiens surtout ce que je<br />
considère comme son secret<br />
personnel : " S'il me manque<br />
l'amour, je ne suis rien ! Quand je<br />
distribuerais tous mes biens aux<br />
affamés, quand je livrerais mon<br />
corps aux flammes, s'il me manque<br />
l'amour, je n'y gagne rien ! "<br />
(1 Co 13 /3).<br />
Paul BERNARDIN<br />
IMPERTINENCE DE L’UTOPIE<br />
“Convergences ” est une association implantée à Vitry-sur-Seine où <strong>des</strong> militants<br />
d'entreprises, de syndicats, de l'action communale et culturelle, de lieux et de<br />
pratiques culturels, de l'enseignement, du théâtre…cherchent à s'exprimer sur leurs<br />
convergences.<br />
Puisque toutes et tous marchent à l'utopie, le cahier N°16 y revient, piloté cette<br />
fois-ci par Michel PERRET, prêtre-ouvrier avec cette question : " D'où vient que nos<br />
utopies soient si vulnérables au dévoiement et si tenaces à ressurgir comme en<br />
témoignent les toutes premières communautés du début du christianisme et leurs<br />
résurgences ainsi que les socialismes et les communismes ? Quel rap<strong>po</strong>rt y a-t-il entre<br />
utopie, espérance, idéologie, sécularisation, refondations resymbolisation ?<br />
Dans ce même cahier d'autres <strong>po</strong>ints de vue s'expriment qui éclairent à leur manière<br />
<strong>des</strong> convergences.<br />
Commande à “Convergences” 33 rue Georges Sand<br />
94400 VITRY sur Seine<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
9<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
UN VÉCU SIGNIFIANT<br />
le très-Haut, à travers lui, se fait<br />
le " très Bas ". La divinité devant<br />
laquelle il est habituel de ployer<br />
le genou, vient se mettre à<br />
genoux devant l'humanité <strong>po</strong>ur<br />
laver les pieds de Pierre et<br />
même de Judas et redonner à<br />
l'homme sa dignité de fils de<br />
Dieu en les remettant debout et<br />
en le rendant actif au milieu <strong>des</strong><br />
siens <strong>po</strong>ur qu'un peuple nouveau<br />
se construise.<br />
DES SITUATIONS<br />
Au centre social de La Goutte<br />
d'Or à Paris où Bernard travaille,<br />
après un parcours de 3 ans un<br />
groupe d'une quinzaine de femmes<br />
qui n'ont jamais été scolarisées<br />
a été présenté à l'examen<br />
de diplôme d'initiation à la langue<br />
française décerné par l'Éducation<br />
nationale. Les 15 ont été<br />
reçues, certaines brillamment.<br />
Une soirée de remise de diplômes<br />
a été organisée.<br />
Dans le Courrier de Juillet, Jo,<br />
de la même équipe PO de Paris-<br />
Nord, nous détaillait " la chance<br />
du collectif péniche " où il s'inscrit<br />
à Conflans Ste Honorine. A<br />
partir de ces vécus signifiants,<br />
<strong>po</strong>rteurs de dimensions d'humanité,<br />
une réflexion a été faite<br />
dont nous retenons ces extraits.<br />
UN ROYAUME DÉJÀ LÀ<br />
Lorsque <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong><br />
femmes parviennent à se parler,<br />
à s'exprimer ensemble, à se<br />
reconnaître en vérité dans leurs<br />
différences, c'est le Royaume de<br />
Dieu qui advient et le Seigneur<br />
est au milieu d'eux.<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
Lorsque <strong>des</strong> chemins de<br />
libération deviennent <strong>po</strong>ssibles<br />
parce que <strong>des</strong> femmes<br />
dominent leur peur, parce qu'elles<br />
voient leur dignité reconnue,<br />
ce sont <strong>des</strong> filles de Dieu qui<br />
grandissent, qui deviennent un<br />
peu mieux " images de Dieu ".<br />
Lorsque <strong>des</strong> structures se<br />
créent <strong>po</strong>ur que <strong>des</strong> hommes<br />
et <strong>des</strong> femmes se rencontrent<br />
dans le respect de<br />
leurs histoires et la complémentarité<br />
de leurs richesses, en se<br />
montrant solidaires les uns <strong>des</strong><br />
autres, ce sont <strong>des</strong> pierres du<br />
Royaume qui se <strong>po</strong>sent. Lorsque<br />
<strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes<br />
donnent de leur temps, de leurs<br />
compétences <strong>po</strong>ur que d'autres<br />
puissent vivre au grand jour et<br />
grandir en humanité, ce sont<br />
<strong>des</strong> dons de Dieu, ce sont les<br />
mains et les bras de Dieu qui se<br />
tendent et s'ouvrent. C'est le<br />
Royaume qui advient.<br />
Il est fait beaucoup de choses<br />
<strong>po</strong>ur les pauvres, parfois avec<br />
eux, mais rarement à partir<br />
d'eux. Cet aspect, les <strong>po</strong>litiques<br />
refusent généralement de le<br />
voir au nom d'intérêts très<br />
égoïstes, <strong>po</strong>ur ne pas dire par<br />
mépris de ceux qui les dérangent.<br />
Jésus a eu cette attitude de<br />
faire " à partir de " : Zachée, le<br />
jeune homme riche, la Samaritaine,<br />
Marie Madeleine... " Si tu<br />
veux, je m'invite chez toi ". Dieu,<br />
10<br />
Faire l'expérience de la synagogue<br />
de Nazareth, c'est accepter<br />
de donner autorité à la<br />
parole de tous les pauvres, à<br />
tous les malchanceux de la vie,<br />
marqués par le déracinement,<br />
l'exil, l'exclusion, la misère et la<br />
souffrance. C'est faire cette<br />
expérience à la suite de Jésus-<br />
Christ, Fils de Dieu, témoin de<br />
son Père. C'est vivre le Royaume<br />
déjà là. C'est permettre à l'incarnation<br />
d'être aujourd'hui.<br />
UN MINISTÈRE SIGNIFIANT<br />
Lorsque le PO investit de son<br />
temps, de son énergie, de ses<br />
compétences <strong>po</strong>ur que vivent<br />
de tels lieux, il vit son ministère<br />
" d'homme de liens ". " Ce que<br />
vous lierez sur terre sera lié<br />
dans les cieux ! ". En ces lieux,<br />
par la mise en action d'hommes<br />
et de femmes, <strong>des</strong> liens se<br />
construisent, <strong>des</strong> collectifs naissent.<br />
De ce fait, <strong>des</strong> identités se<br />
retrouvent, <strong>des</strong> dignités s'affirment,<br />
<strong>des</strong> personnalités se font<br />
reconnaître et respecter, <strong>des</strong><br />
chemins d'humanité se construisent<br />
et s'inventent. Notre<br />
ministère est au service de ces<br />
liens et de cet accouchement<br />
d'humanité.<br />
Lorsque <strong>des</strong> personnes se<br />
transforment, dominent leur<br />
peur, prennent conscience de<br />
leur dignité, de leur complémentarité<br />
et de la société qu'il<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
leur appartient de construire<br />
ensemble, alors <strong>des</strong> consciences<br />
se forment. Là où il y a conscientisation<br />
il y a croissance<br />
d'humanité et donc avènement<br />
du projet que le Dieu Créateur<br />
a remis entre les mains <strong>des</strong><br />
hommes. C'est donc là que le<br />
PO doit être, car sa présence<br />
active rappelle, signifie et<br />
symbolise ce à quoi est appelée<br />
l'humanité à laquelle Dieu est<br />
à jamais lié. Par là, le PO vit<br />
la dimension symbolique de<br />
son ministère. " La mission du<br />
prêtre est de se consacrer tout<br />
entier au service de l'humanité<br />
nouvelle que le Christ fait naître<br />
par son Esprit " (Presb. n° 16).<br />
Dans ces situations où l'issue<br />
est toujours à chercher, à inventer<br />
avec ceux et celles qui ne<br />
sont jamais reconnus et toujours<br />
rejetés, se joue une solidarité,<br />
une re-connaissance de<br />
l'autre <strong>po</strong>ur affronter le quotidien<br />
et trouver ensemble un<br />
chemin de sortie. Mais cela<br />
demande essentiellement de<br />
croire en la capacité de ces<br />
hommes et de ces femmes<br />
<strong>po</strong>ur se lever et s'inventer <strong>des</strong><br />
chemins de vie. N'est-ce pas au<br />
fond faire revivre la démarche<br />
d'incarnation de Dieu lui-même,<br />
remettant entre les mains de<br />
l'homme l'avenir de son humanité<br />
et donc le sien propre ?<br />
N'est-ce pas là une originalité<br />
et une res<strong>po</strong>nsabilité de<br />
notre ministère dans son<br />
engagement concret avec <strong>des</strong><br />
hommes en marche ?<br />
Notre société accepte au<br />
mieux de régler <strong>des</strong> problèmes<br />
individuels. Elle ne prend que<br />
rarement en compte ce qui<br />
engendre les difficultés, l'exclusion,<br />
le chômage, la pauvreté, la<br />
misère. De ce fait, elle empêche<br />
de s'attaquer aux mécanismes<br />
qui les générent. Cette courte<br />
vue au niveau continental devient<br />
mondial quand il est question<br />
d'immigration et d'aide aux<br />
pays les plus pauvres. Constater<br />
cela, <strong>po</strong>usser à ce que ces situations<br />
soient analysées y compris<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
<strong>po</strong>litiquement, se mobiliser et<br />
mobiliser <strong>po</strong>ur dénoncer ce qui<br />
empêche et détruit les solidarités,<br />
d'où que viennent les<br />
attaques, n'est-ce pas participer<br />
à " la colère de Dieu " ? Au nom<br />
de notre humanité, ne faut-il<br />
pas être là où l'homme est<br />
défendu, là où le mal est<br />
dénoncé ? Ne faut-il pas y être<br />
au nom de notre ministère,<br />
parce qu'il est par nature un<br />
ministère ordonné au service<br />
de l'avènement de l'humanité<br />
et du Royaume que<br />
nous annonçons ?<br />
Lorsque PO nous sommes<br />
présents et parfois acteurs au<br />
cœur de ces manifestations où<br />
s'expriment la joie d'avoir vaincu<br />
les difficultés, le bonheur d'avoir<br />
fait peuple, la reconnaissance<br />
d'avoir vu grandir ensemble en<br />
humanité, n'est-ce pas un lieu<br />
de célébration qui nous est<br />
donné, un lieu où notre ministère<br />
s'exerce parce que toute<br />
cette vie est nôtre, et par nous<br />
offerte au Père ?<br />
Lorsque le PO se retrouve<br />
avec d'autres croyants en ces<br />
mêmes valeurs d'humanité il vit<br />
son ministère de célébration. Ce<br />
sont ces chemins d'humanité,<br />
ces croissances mais aussi tous<br />
ce dénis d'humanité qu'il<br />
ap<strong>po</strong>rte comme pain et vin sur<br />
la table de l'eucharistie. Il fait<br />
ainsi " mémoire de la vie, de la<br />
mort et de la résurrection " du<br />
Christ qui se revit aujourd'hui<br />
dans son humanité, corps de<br />
Dieu, " encore dans les douleurs<br />
de l'enfantement " (Romains 8) .<br />
Lorsque ce ministère de lien de<br />
dénonciation et d'engendrement<br />
est partagé et célébré<br />
avec d'autres croyants baptisés,<br />
ce n'est plus seulement le ministère<br />
du ou <strong>des</strong> PO, c'est le<br />
sacerdoce du peuple de Dieu<br />
qui prend corps avec celui<br />
<strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong>.<br />
B. MASSERA et équipe PO<br />
Paris/Nord<br />
Novembre 2008<br />
11<br />
RETRAITE<br />
2009<br />
POUR LES<br />
PRÊTRES<br />
OUVRIERS<br />
du 26 JUILLET<br />
(19 heures)<br />
au 1 er<br />
(9 heures)<br />
AOÛT<br />
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SAINTE CROIX<br />
(centre d’accueil<br />
du diocèse de Soissons)<br />
20, rue du Val<br />
Belleu<br />
(près de SOISSONS)<br />
“ LES SOURCES DE<br />
NOTRE ESPÉRANCE :<br />
à force de regarder<br />
ce qui meurt, nous<br />
risquons de ne pas voir<br />
ce qui <strong>po</strong>usse ”<br />
Animateur<br />
Jean Pierre<br />
BOURGET<br />
Délégué Régional Monde<br />
Ouvrier d’Ile de France<br />
Inscription auprès de :<br />
QUENTIN BESSON<br />
10, av. du Docteur ROY<br />
BP 80530<br />
02331 SOISSONS<br />
03 23 73 93 43<br />
06 32 90 79 78<br />
quintinou@wanadoo.fr<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Echos de l'atelier " Politique "<br />
L'activité <strong>po</strong>litique au cœur<br />
de notre ministère prophétique<br />
Nous étions 10 participants.<br />
C'est-à-dire le double de la réunion<br />
de 2007. Nous venons de :<br />
Région parisienne 4, Normandie<br />
1, PACA 1, Est, 1, Centre 1, Loire-<br />
Auvergne 2. La plupart d'entre<br />
nous sont adhérents et militants<br />
à un parti : PCF, PS, Verts.<br />
Un tour de table fait ressortir<br />
quelques <strong>po</strong>ints saillants<br />
Il faut tenir compte du fait<br />
qu'il y a préparation de congrès<br />
dans tous les partis de gauche ;<br />
ainsi <strong>des</strong> dynamismes sont <strong>po</strong>intés<br />
: par exemple à Nanterre où<br />
la participation aux activités est<br />
im<strong>po</strong>rtante. Dans l'agglomération<br />
rouennaise il y a au PS un<br />
courant d'adhésion soutenu<br />
depuis 2001. Une participation<br />
d'une centaine de personnes à<br />
une réunion de quartier à<br />
Marseille. Nous nous sommes<br />
intéressés aux actions actuelles<br />
dans le mouvement social ; ainsi<br />
le succès <strong>des</strong> 27 000 <strong>ouvriers</strong><br />
de Boeing obtenant 15% d'augmentation<br />
après 52 jours de<br />
grève, ou les luttes et succès<br />
<strong>des</strong> collectifs de sans-papiers en<br />
France.<br />
Préparation <strong>des</strong> congrès<br />
et crise économique<br />
Dans tous les partis diverses<br />
motions ont été élaborées et<br />
font l'objet de débats et de<br />
votes. Chez les Verts, par exemple,<br />
il y a 6 motions. Cela montre<br />
une réelle diversité, <strong>des</strong> <strong>po</strong>ints<br />
de divergence en débat au sein<br />
de chaque organisation, <strong>des</strong><br />
convergences à élaborer ; parmi<br />
celles-ci la préservation <strong>des</strong><br />
conditions de vie <strong>des</strong> générations<br />
présentes et à venir. Il nous<br />
est apparu que le débat est<br />
aussi transversal : l'un d'entre<br />
nous a fait référence avec une<br />
contribution émanant de dirigeants<br />
d'un autre parti, dans<br />
laquelle, disait-il, il se sentait<br />
largement en accord. Ce qui<br />
atteste <strong>des</strong> convergences audelà<br />
<strong>des</strong> partis. Les évolutions<br />
en cours dans plusieurs pays<br />
d'Amérique Latine sont convoquées<br />
dans les travaux d'approfondissement.<br />
La crise financière et économique<br />
a fait irruption de façon<br />
aigüe dans cette phase de<br />
débats et de décisions. Plusieurs<br />
d'entre nous soulignent un<br />
effondrement du tissu industriel.<br />
Certain concept semble<br />
faire une quasi unanimité, c'est<br />
celui de développement durable,<br />
avec 3 pôles distincts, économique,<br />
social, environnemental.<br />
Un texte de Paul Ricoeur,<br />
dans son ouvrage “ Soi-même<br />
comme un autre “, retient l'attention<br />
sur son approche tri<strong>po</strong>laire<br />
du <strong>po</strong>litique comme visée<br />
éthique, visée d'une vie bonne<br />
avec et <strong>po</strong>ur autrui dans <strong>des</strong> institutions<br />
justes.<br />
Activité de l'atelier<br />
Comme<br />
plusieurs<br />
d'entre nous<br />
l'ont précisé<br />
: l'essentiel,<br />
c'est<br />
note activité,<br />
dans notre<br />
organisation.<br />
Nous<br />
avons estimé<br />
que d'assez<br />
nombreuses<br />
expressions<br />
com<strong>po</strong>rtant<br />
<strong>des</strong> dimensions <strong>po</strong>litiques<br />
étaient produites dans de nombreux<br />
“Courriers PO”. Plusieurs<br />
régions ont engagé une<br />
réflexion sur le prophétisme, ce<br />
qui a semblé pertinent à plusieurs<br />
membres de l'atelier.<br />
Nous avons pris quelques<br />
décisions au-delà de celle<br />
concernant la relation de notre<br />
réunion dans le Courrier :<br />
nous <strong>po</strong>ursuivrons notre<br />
fonctionnement en 2009 avec<br />
<strong>des</strong> contributions à échanger<br />
entre nous.<br />
nous contribuerons à attirer<br />
l'attention <strong>des</strong> PO de chacune<br />
de nos régions sur l'im<strong>po</strong>rtance<br />
de la <strong>po</strong>litique dans notre<br />
société.<br />
nous avons pris une date : le<br />
mercredi 28 octobre.<br />
le thème du prophétisme<br />
<strong>po</strong>urrait être retenu <strong>po</strong>ur notre<br />
échange du 28 octobre.<br />
Claude De<strong>po</strong>il et<br />
Hubert Guyet<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
12<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
PO, n'avons-nous rien à dire ?<br />
L'un de nous célèbre à l'église<br />
les funérailles de son père. Il évoque<br />
le souvenir que ses neveux<br />
garderont de leur grand-père.<br />
C'était un homme juste et bon.<br />
Aucun texte biblique n'est lu. Rien<br />
n'est dit de ce qu'ils peuvent<br />
espérer <strong>po</strong>ur lui. Un Notre Père<br />
est cependant pro<strong>po</strong>sé à réciter.<br />
Par la suite, notre ami s'en explique:<br />
" Je ne voulais pas en dire<br />
plus que ce que pensent les plus<br />
jeunes. "<br />
Pouvait-il se contenter de leur<br />
restituer ce qu'ils devaient penser<br />
? N'y avait-il aucune perspective<br />
à ouvrir, aucune espérance à<br />
éveiller ?<br />
En réunion régionale, un<br />
copain relate ce qu'ont dit les<br />
autres, après l'enterrement d'un<br />
collègue de travail. L'un de nous<br />
<strong>po</strong>se la question: " Et toi, qu'as-tu<br />
dit ? " Ré<strong>po</strong>nse: " Je n'avais rien à<br />
dire de plus ! " Il n'a peut-être pas<br />
trouvé sur le moment. Il n'a peutêtre<br />
pas su quoi dire, ni comment<br />
le dire <strong>po</strong>ur que ce soit recevable.<br />
Mais, même après coup,<br />
n'avait-il vraiment rien à dire de<br />
ce qu'il croit ? Comment <strong>po</strong>uvons-nous<br />
nous tenir " prêts à<br />
ré<strong>po</strong>ndre de notre espérance ? ",<br />
si même entre nous, nous n'en<br />
disons rien ?<br />
Dans un carrefour, en retraite,<br />
plusieurs PO sont d'avis que notre<br />
vie parle d'elle-même, l'im<strong>po</strong>rtant<br />
étant d'être activement présents.<br />
Le monde <strong>po</strong>pulaire a bien repéré<br />
et apprécié le témoignage <strong>des</strong><br />
P.O. Nous sommes reconnus<br />
comme <strong>des</strong> leurs. Les gens n'en<br />
ont rien à secouer de nos paroles<br />
! Le levain disparaît complètement<br />
dans la pâte qu'il fait lever.<br />
S'il y a une évolution collective, on<br />
peut estimer avoir rempli notre<br />
mission.<br />
Pouvons-nous nous en satisfaire<br />
? Nous suffit-il de nous faire<br />
adopter ? Pouvons-nous nous dispenser<br />
d’exprimer ce qui motive<br />
ou ce que nous apprécions chez<br />
les autres ? Cela va-t-il de soi que<br />
nous sommes croyants, du seul<br />
fait que nous sommes PO ?<br />
Il y a beaucoup de vrai dans<br />
tout cela. Instruits par la longue<br />
histoire de leurs déceptions, les<br />
travailleurs se méfient instinctivement<br />
<strong>des</strong> beaux discours, quels<br />
qu'ils soient. Une parole n'est crédible<br />
que si elle se vérifie dans le<br />
com<strong>po</strong>rtement de celui qui parle.<br />
La parole chrétienne, parce<br />
qu'elle s'exprime dans <strong>des</strong> termes<br />
qui n'ont plus cours, et <strong>des</strong> représentations<br />
du monde dépassées,<br />
passe difficilement la rampe<br />
aujourd'hui. Ce n'est plus seulement<br />
l' Église qui est actuellement<br />
contestée, c'est l'expression<br />
de la foi elle-même.<br />
Benoît XVI reconnaît lui-même<br />
officiellement l'exigence de discrétion<br />
qui s'im<strong>po</strong>se aujourd'hui,<br />
<strong>po</strong>ur ne pas im<strong>po</strong>ser aux autres la<br />
foi de l' Église.: " Le chrétien sait<br />
quand le temps est venu de parler<br />
de Dieu, et quand il est juste<br />
de le taire, et de ne pas laisser<br />
parler que l'amour. Il sait que Dieu<br />
est Amour, et qu'il se rend présent<br />
précisément dans les<br />
moments où rien d'autre n'est<br />
fait sinon qu'aimer. " (Encyclique<br />
Dieu est Amour 31/C)<br />
Mais <strong>po</strong>ur autant, acceptonsnous<br />
de remettre nos pratiques<br />
en question ? Une minorité<br />
contestée - nous n'avons guère<br />
cessé de l'être - est d'autant plus<br />
<strong>po</strong>rtée à s'auto justifier. Nos<br />
Évangiles attestent que Jésus a<br />
été tenté, et comment il l'a été<br />
tout du long, dans l'accomplissement<br />
de sa mission. Sachons identifier<br />
nos propres tentations, sans<br />
craindre de donner <strong>des</strong> gages à<br />
ceux qui s'op<strong>po</strong>sent à nous.<br />
Le long silence de Nazareth<br />
serait-il le dernier mot du Christ ?<br />
Jésus a-t-il seulement guéri <strong>des</strong><br />
mala<strong>des</strong>, mangé avec les publicains,<br />
multiplié les pains, sans<br />
rien dire du Royaume à venir en<br />
faisant appel à l'expérience<br />
quotidienne <strong>des</strong> gens ordinaires :<br />
" Lequel d'entre vous... ? "<br />
Qu'auraient compris les pèlerins<br />
d'Emmaüs, si le Ressuscité n'avait<br />
rien ré<strong>po</strong>ndu à leur tristesse<br />
désenchantée au soir de Pâques :<br />
" Esprits sans intelligence ! Cœurs<br />
lents à croire tout ce qu'ont dit<br />
les prophètes ! " (Lc 24, 25) ? Ce<br />
qui ne préjuge pas de quelle façon<br />
ils ont pu le voir et l'entendre.<br />
En marge de la retraite P.O de Gueberschwihr<br />
A la fin de sa vie durement<br />
éprouvée, le Père AUGROS , qui a<br />
fondé la Mission de France, écrivait<br />
amèrement: " Pour la première<br />
fois, c'est le sauvage qui a<br />
converti le missionnaire ! Mais<br />
bien avant lui, et bien mieux<br />
que lui, Jésus a <strong>po</strong>sé la question<br />
qu'on ne saurait éluder : " Le Fils<br />
de l'homme, quand il viendra,<br />
trouvera-t-il la foi sur la terre ? "<br />
(Lc 18,8)<br />
Dans sa dernière épître, l'infatigable<br />
missionnaire qu'est Paul<br />
s'étonne de l'échec relatif de sa<br />
prédication: " Comment croiraient-ils<br />
en lui sans l'avoir<br />
entendu ? Et comment l'entendraient-ils,<br />
si personne ne le proclame<br />
? " Il se dit convaincu que<br />
" la foi vient de la prédication, et<br />
la prédication, c'est l'annonce de<br />
la parole du Christ ! " (Rm 10, 14-<br />
17). Déjà auparavant, se référant<br />
à ce verset du psaume 116 : " J'ai<br />
cru, c'est <strong>po</strong>urquoi j'ai parlé ", il<br />
avait affirmé : " Nous croyons<br />
nous aussi, et c'est <strong>po</strong>urquoi nous<br />
parlons. " (2 Cor 4,13) Une grande<br />
conviction, à plus forte raison une<br />
grande passion peut-elle demeurer<br />
toujours silencieuse ?<br />
Qu'on dise - selon un vocabulaire<br />
détestable - l'avoir, ou ne pas<br />
l'avoir, ou ne plus l'avoir, la Foi<br />
n'existe pas en soi. Elle ne peut<br />
être qu'adhésion à la parole d'un<br />
autre, à qui on fait confiance.<br />
C'est vrai de nos relations humaines,<br />
et pas seulement dans le<br />
domaine religieux. C'est à partir<br />
de cette expérience décisive que<br />
<strong>des</strong> pêcheurs de Galilée sont<br />
devenus d'abord disciples, et puis<br />
ensuite apôtres de Jésus : " Maître,<br />
nous avons peiné toute la<br />
nuit sans rien prendre. Mais sur ta<br />
parole, je vais jeter les filets. " (Lc<br />
5,5) Tout comme l'amour, dont<br />
elle est si proche, la foi ne peut se<br />
dispenser de s'exprimer. Tout<br />
comme lui, elle ne peut se<br />
contenter de paroles. Mais pas<br />
plus que lui, elle ne peut s'en passer<br />
: " Dis moi qui tu aimes ! J'ai<br />
besoin de te l'entendre dire ! "<br />
Paul Bernardin<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
13<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Témoins du Ressuscité<br />
Ce témoignage a été écrit par André Laforge en mars 2006 <strong>po</strong>ur préparer l'Université d'été de la<br />
Communauté Mission de France qui a eu lieu à Lyon cette année-là, sur le thème: " Témoins du<br />
Ressuscité... Vous avez dit résurrection ? "<br />
de locomotive, un syndiqué<br />
CGT, non croyant. Il me dit<br />
un jour : “Je ne sais pas ce<br />
qui m'arrive, je ne suis pas<br />
croyant et il y a quelque<br />
chose en moi qui me<br />
<strong>po</strong>usse à devenir chrétien,<br />
mais je <strong>po</strong>se une condition,<br />
je veux être comme<br />
François, mon voisin”.<br />
C'était un croyant admirable<br />
! Le Christ vivant à côté<br />
de lui l'invitait à se relever<br />
et à accueillir la foi à son<br />
tour. Il avait rencontré en<br />
l'autre la Résurrection qu'il a<br />
ensuite vécu toute sa vie.<br />
Tout au long de ma vie, j'ai<br />
rencontré la mort. Ce fut<br />
d'abord dans la guerre et les<br />
bombardements. Et puis souvent<br />
sur mon chemin, ceux qui<br />
allaient mourir: je leur parlais de<br />
l' Espérance, de résurrection.<br />
Maintenant, depuis plus de 20<br />
ans, je pense à la mort, la<br />
mienne, qui vient. Cela m'a fait<br />
voir et comprendre autrement<br />
la Résurrection du Christ : j'ai<br />
découvert que je la rencontrais<br />
souvent et que j'avais à la<br />
vivre et à en témoigner dans<br />
l'au-jourd'hui du temps : l' AVANT<br />
la mort fait mieux regarder<br />
" APRÈS ", il éclaire la route.<br />
Tout au long de mon histoire,<br />
parfois de manières diverses,<br />
inattendues, j'ai rencontré la<br />
Résurrection, j'ai côtoyé ceux et<br />
celles qui avaient accueilli dans<br />
leur vie le Ressuscité !<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
Il y a 50 ans (en 1954), j'ai été<br />
fortement secoué, ébranlé dans<br />
ces premières années de ma vie<br />
de prêtre. A la demande de<br />
l'évêque, je me préparais à<br />
devenir PO. Les décisions romaines<br />
ont tout mis par terre. Les<br />
dégâts ont été sérieux dans la<br />
jeune Mission de France et ailleurs.<br />
Dans notre Église, la<br />
Mission était-elle <strong>po</strong>ssible ?<br />
Cette interrogation radicale<br />
nous habitait !<br />
Et il y a eu Jean XXIII et le<br />
Concile. Les circonstances m'ont<br />
amené dans les coulisses de<br />
cet événement, à voir souvent<br />
Liénart, Camara, Marty et d'autres.<br />
Le travail de l'Esprit était<br />
visible. Peu à peu, dans ma foi en<br />
l'Église, je suis sorti de la nuit !<br />
Ce fut un renaissance <strong>po</strong>ur<br />
l'Église elle-même qui se montrait<br />
l'Église de la Résurrection.<br />
Elle se relevait. Je ne <strong>po</strong>uvais<br />
pas me taire, j'ai redit ma foi<br />
" debout ", je me suis abandonné<br />
dans la conduite du Seigneur.<br />
Cela me préparait <strong>po</strong>ur la suite:<br />
le Vivant m'avait " rebâti " dans la<br />
foi.<br />
Pourtant déjà je l'avais rencontré<br />
sans en comprendre l'im<strong>po</strong>rtance.<br />
Jeune prêtre, j'avais<br />
été frappé par la demande d'un<br />
homme, cheminot, conducteur<br />
14<br />
Dans mon voyage, j'ai<br />
côtoyé, accompagné <strong>des</strong><br />
naissances à la foi, <strong>des</strong><br />
" renaissances " surtout au<br />
milieu <strong>des</strong> pauvres. Pendant <strong>des</strong><br />
années, j'ai été dans un groupe<br />
appelé à Lyon les Rencontres<br />
Fraternelles. Un jour, il y avait<br />
100 personnes <strong>po</strong>ur fêter le<br />
baptême d'une jeune de 15 ans,<br />
dont la maman était une ex de<br />
la rue. Dans la messe, en partageant<br />
la paix, la fête déborda.<br />
Toute la foule se mit à chanter<br />
et à danser, ce fut très fort, puis<br />
la messe s'acheva. Ce jour-là<br />
c'était la joie de Pâques et le<br />
Seigneur a dû bien se réjouir làhaut,<br />
les pauvres recevaient<br />
dans la fête l' Évangile de la<br />
Résurrection.<br />
Je pense aussi à <strong>des</strong> couples<br />
retrouvant leur amour, à mes<br />
copains de boulot s'épanouissant<br />
dans leur vie d'hommes<br />
immigrés se remettant debout<br />
par leur premier boulot arrivant<br />
en France.<br />
Je pense aussi à <strong>des</strong> copains<br />
<strong>prêtres</strong> qui avaient perdu la foi<br />
(cela arrive) et qui ont retrouvé<br />
le Ressuscité.<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
A mon arrivée dans le foyer<br />
logement où je suis, j'ai accepté<br />
pendant 3 ans d'aller faire un<br />
après midi d'accueil à Fourvière.<br />
Là, je recevais beaucoup.<br />
Derrière moi, il y avait une peinture<br />
célèbre de Rembrandt : le<br />
Père accueillant le fils prodigue.<br />
J'ai accueilli là <strong>des</strong> vies lour<strong>des</strong> à<br />
<strong>po</strong>rter. Dans le pardon du<br />
Seigneur, j'ai vu la joie pacifiée<br />
dans les yeux, <strong>des</strong> hommes<br />
m'embrassant parce qu'à la fin<br />
je leur disais : " maintenant,<br />
renaissez avec le Christ, vous<br />
voilà " tout neufs " dans le<br />
Ressuscité, le Vivant. "<br />
Recevoir le pardon et le donner<br />
à l'autre en faisant la paix,<br />
c'est souvent une bagarre rude<br />
et difficile en soi. Mais quelle<br />
paix, quelle joie quand on lâche<br />
prise, qu'on s'abandonne à<br />
l'amour de Dieu, lui qui sait faire<br />
<strong>po</strong>ur toucher les cœurs.<br />
Actuellement, j'ai un ami<br />
depuis 20 ans que je vois de<br />
temps en temps. Il n'est pas baptisé.<br />
Il est critique d'Art dans un<br />
journal. C'est lui qui m'a fait<br />
découvrir le peintre Arcabas. Il y<br />
a quelques semaines je lui ai<br />
passé le récit de mon trajet que<br />
j'ai écrit. Il vient de revenir me<br />
voir, bousculé - me dit-il - par ce<br />
récit et la foi vécue autour de<br />
lui. Il vient de me dire " mais<br />
<strong>po</strong>urquoi je ne crois pas ? " Je lui<br />
ai ré<strong>po</strong>ndu : " Peut-être cela<br />
vient-il de vous, êtes-vous prêt<br />
à dire à Dieu : je viens " ?<br />
Cela me fait penser que la<br />
résurrection c'est formidable,<br />
étonnant, mais cela reste un<br />
combat difficile et parfois bien<br />
long.<br />
Tout cela c'est aussi une histoire<br />
d' Église, elle est le Corps<br />
du Christ, avec chacun d'entre<br />
nous, mais elle l’est dans les<br />
faits, par son accueil, sa maternité,<br />
renaissante et relevante.<br />
En bien <strong>des</strong> domaines, notre<br />
Église a <strong>des</strong> efforts à faire. Elle<br />
a, elle aussi, par l'Esprit, comme<br />
chacun d'entre nous, à renaître<br />
en Pentecôte, <strong>po</strong>ur témoigner<br />
du Christ Ressuscité.<br />
Depuis 15 ans, je vois souvent<br />
une amie sénégalaise,<br />
musulmane mariée à 15 ans,<br />
trois enfants. Son mari sénégalais<br />
la battait. Ils se sont séparés,<br />
mais le 2ème fils s'était suicidé à<br />
17 ans à force d'empêcher son<br />
père de battre sa mère. Depuis<br />
toutes ces années, Aissatou a<br />
découvert Jésus-Christ, elle le<br />
prie. Il est profondément dans<br />
sa vie de croyante. Il y a trois<br />
ans, elle s'est remariée avec un<br />
blanc, divorcé d'un premier<br />
mariage religieux. Aissatou<br />
n'avait jamais demandé le baptême,<br />
même si on en avait parlé.<br />
Elle ignorait qu'un tel mariage<br />
<strong>po</strong>serait un problème <strong>po</strong>ur le<br />
baptême. Or, un an après son<br />
mariage, elle a demandé le baptême.<br />
Elle a été admise au catéchuménat,<br />
puis renvoyée <strong>po</strong>ur<br />
baptême im<strong>po</strong>ssible. Elle n'est<br />
pas la seule. J'ignorais que le<br />
Saint-Esprit et le Ressuscité<br />
devaient consulter les livrets de<br />
mariage avant d'envoyer le don<br />
de Dieu aux pauvres humains...<br />
Les Actes <strong>des</strong> Apôtres nous rappellent<br />
les paroles de Paul et de<br />
Pierre : " Ils ont reçu le Saint-<br />
Esprit, il faut les baptiser ".<br />
Aissatou a toujours la foi, elle a<br />
aussi le droit d'être enfin au<br />
calme, dans la paix, elle redemande<br />
le baptême.<br />
Des situations bloquées ainsi,<br />
il y en a beaucoup, j'ai plusieurs<br />
couples d'amis qui ont découvert<br />
la foi profonde dans le<br />
second mariage ! Dans l' Église<br />
du Ressuscité il faut <strong>des</strong> <strong>po</strong>rtes<br />
ouvertes sans aucune marginalisation.<br />
Là aussi, la Résurrection<br />
est un combat !<br />
Pour s'y tenir, j'ai une source<br />
solide : la communion <strong>des</strong> Saints,<br />
<strong>des</strong> vivants et <strong>des</strong> morts. Elle<br />
me donne souvent <strong>des</strong> signes<br />
d'espérance. Je crois profondément<br />
à la Résurrection du Christ.<br />
Être témoins du Ressuscité est<br />
fortifié par la rencontre <strong>des</strong> ressuscités.<br />
La prière et la pauvreté<br />
acceptée de nos vies en sont les<br />
conditions.<br />
Dans l' Évangile, <strong>des</strong> textes<br />
m'aident dans ma prière et ma<br />
vie : le dialogue avec Nicodème,<br />
mais aussi : " Le Royaume est<br />
déjà parmi vous ". Mais ce qui<br />
m'inspire le plus, c'est le " NOTRE<br />
PÈRE ", et la Parabole de l'Enfant<br />
prodigue.<br />
André LAFORGE<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
15<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
PAR LA GREVE DANS L’ENTREPRISE,<br />
REGULARISER LES SANS PAPIERS !<br />
" Premières paroles de Robinson à Vendredi : Vous avez votre carte de séjour ? "<br />
Pierre Desproges<br />
1 - Tranche de vie saignante<br />
Mardi 15 avril 2008, à 7h30,<br />
12 Maliens sans papiers accompagnés<br />
par deux militants de<br />
l'Union Locale CGT de Massy<br />
(Saïd et moi), occupent la cafétéria<br />
d'une entreprise du sud de<br />
l'Essonne.<br />
Vers 8h30 le patron arrive,<br />
arrache les drapeaux de la CGT<br />
décorant la cafétéria, s'arrache<br />
un ongle dans sa colère, ce n'est<br />
pas beau à voir le sang de<br />
patron, et sous la menace de<br />
nous rosser avec <strong>des</strong> gitans,<br />
nous donne l'ordre d'évacuer<br />
son entreprise.<br />
J'essaie de lui expliquer que<br />
notre action n'est pas dirigée<br />
contre lui, mais qu'il s'agit d'une<br />
action régionale soutenue par la<br />
CGT, " Droit Devant " dans 4<br />
entreprises de l'Essonne, 14<br />
dans la Région Parisienne, afin<br />
de faire régulariser les travailleurs<br />
sans papiers qui sont dans<br />
la même situation que les salariés<br />
ordinaires sauf la carte de<br />
séjour. Nous souhaitons que la<br />
négociation s'ouvre avec le<br />
ministère de l'immigration. A ma<br />
grande surprise, le patron<br />
change complètement d'attitude,<br />
il nous donne <strong>des</strong> pièces<br />
de monnaie afin d'accéder gratuitement<br />
à la machine à café et<br />
il prête sa carte bleue à Saïd afin<br />
que ce dernier aille acheter 14<br />
repas chez le grec de la gare !<br />
Nous avons plaisanté Saïd<br />
lorsqu'il est revenu, en lui disant<br />
que nous pensions qu'il serait<br />
parti aux Seychelles avec la<br />
carte bleue du patron !<br />
Cette bienveillance se prolongera<br />
jusqu'à la publication d'une<br />
interview <strong>des</strong> 12 sans papiers de<br />
son entreprise dans l'édition<br />
régionale du Parisien du vendredi<br />
18 avril 2008. Les sans<br />
papiers expliquent comment ils<br />
étaient recrutés, le patron leur<br />
disait : " Tu n'aurais pas une bête<br />
ou un con ? " On sait ce que cela<br />
voulait dire….Ils assurent faire de<br />
nombreuses heures supplémentaires<br />
sous la contrainte, payées<br />
au tarif normal… etc… "<br />
Vendredi 18 à 20h30, le<br />
patron pète les plombs. Il arrose<br />
les matelas de pétrole afin de<br />
faire partir les sans papiers ;<br />
devant la décision de ces derniers<br />
de ne pas bouger, avec<br />
l'aide d'un gitan, il casse les<br />
vitres de la cafétéria et leur fait<br />
quitter l'entreprise sous la<br />
menace de fusils.<br />
Mardi 22, le fils du patron,<br />
directeur général, réintègre les<br />
sans papiers dans l'entreprise en<br />
leur pro<strong>po</strong>sant deux bungalows,<br />
un <strong>po</strong>int d'eau, <strong>des</strong> toilettes.<br />
Nous resterons là jusqu'au mercredi<br />
16 juillet 2008.<br />
Pendant les 3 mois de notre<br />
occupation, le patron oscillera<br />
entre la générosité et la violence…<br />
Ce qu'il donne, il veut que<br />
cela soit le signe de sa générosité<br />
et non la ré<strong>po</strong>nse<br />
à quelques revendications<br />
ou droits invoqués…Il<br />
résume son<br />
attitude par les paroles<br />
suivantes : " Je ne<br />
veux pas de la CGT<br />
dans mon entreprise,<br />
ce sont <strong>des</strong> communistes<br />
! ".<br />
2 - Quelques repères<br />
au mois d'août 2008<br />
850 travailleurs<br />
sans-papiers sur les<br />
1400 en grève ont été<br />
régularisés en Ile de France.<br />
Dans l'entreprise que j'occupais(12<br />
sans papiers le 15 avril,<br />
et un treizième arrive le 13 mai)<br />
7 ont été régularisés, et sur les<br />
6 autres nous avons dé<strong>po</strong>sé 3<br />
autres dossiers à la préfecture<br />
(1 a été régularisé fin août), en<br />
espérant trouver <strong>des</strong> solutions<br />
<strong>po</strong>ur les 3 autres en septembre.<br />
2 qui avaient été enfermés dans<br />
un centre de rétention ont été<br />
relâchés.<br />
L'union Locale CGT de Massy<br />
a été motrice dans cette action.<br />
3 - Le courage<br />
<strong>des</strong> sans papiers<br />
Ils ont pris le risque d'affronter<br />
la violence du patron, dans<br />
une entreprise où il n'y a pas de<br />
syndicat, pas d'expérience de<br />
résistance.<br />
Ils ont affronté en même<br />
temps, la <strong>po</strong>lice (qui est venue<br />
plusieurs fois et repartie quand<br />
nous avons insisté <strong>po</strong>ur signaler<br />
qu'il s'agissait d'un conflit du travail<br />
et qu'ils n'avaient rien à faire<br />
ici). Le gouvernement qui, en faisant<br />
traîner le traitement <strong>des</strong><br />
dossiers, espérait <strong>po</strong>urrir le<br />
mouvement.<br />
Lorsque le patron a arrosé les<br />
matelas de pétrole en les menaçant<br />
de mettre le feu, très calmement,<br />
ils ont décidé de rester<br />
Ċomme le dit Sissoko, un travailleur<br />
sans papier : " Nos yeux<br />
étaient brouillés par les larmes,<br />
par la lutte vous nous avez aidés<br />
à les essuyer et à y voir clair. "<br />
5 - Ils sortent de la clan<strong>des</strong>tinité<br />
Grand titre de l'Huma du 16<br />
avril 2008 : " Dix neuf entreprises<br />
occupées. Les salariés sans<br />
papiers sortent de l'ombre ".<br />
Bertolt Brecht en 1948<br />
dans la finale du film tiré de sa<br />
pièce de théâtre " L'Opéra de<br />
quat'sous " montre l'émergence<br />
d'un nouveau monde par ce passage<br />
de l'ombre à la lumière.<br />
Pendant plusieurs semaines,<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
16<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
les sans-papiers ont fait la une<br />
<strong>des</strong> journaux, les Français ont<br />
découvert ces salariés, qui travaillent,<br />
ont <strong>des</strong> fiches de paies,<br />
paient leurs cotisations sociales,<br />
leurs impôts. Parce qu'ils n'ont<br />
pas de carte de séjour ils ne<br />
bénéficient pas de remboursement<br />
par la sécurité sociale de<br />
leurs dépenses de santé, ils ne<br />
bénéficient pas d'allocations<br />
chômage, ils ne bénéficient pas<br />
de retraite…<br />
Cela a semblé scandaleux<br />
dans la <strong>po</strong>pulation française<br />
(d'après l'Huma à 70% la <strong>po</strong>pulation<br />
demandait qu'ils aient <strong>des</strong><br />
cartes de séjour). Le président<br />
de la République a été obligé de<br />
mentir sur leurs revendications<br />
en déclarant qu'il n'était pas<br />
<strong>po</strong>ssible de leur donner à tous la<br />
nationalité française (ça tombait<br />
bien, ils ne la demandaient pas,<br />
ils demandent une carte de<br />
séjour).<br />
6 - La solidarité<br />
plus forte que la haine<br />
La criminalisation <strong>des</strong> sanspapiers<br />
par la <strong>po</strong>litique du gouvernement<br />
ne passe pas dans<br />
l'opinion. La chasse au bouc<br />
émissaire ne prend pas…Pendant<br />
nos opérations de signatures de<br />
pétitions sur les marchés, de<br />
quête <strong>po</strong>ur la lutte, nous avons<br />
été surpris du soutien que nous<br />
avons reçu de la <strong>po</strong>pulation.<br />
Les sans-papiers ont mené<br />
l'action malgré les difficultés et<br />
les incompréhensions.<br />
Une <strong>des</strong> causes de la casse de<br />
la conscience d'appartenance à<br />
la classe ouvrière, la division<br />
entre salariés français et salariés<br />
immigrés, était en phase d'être<br />
dépassée.<br />
" Ce qui a cassé la classe<br />
ouvrière " Stéphane Beaud et<br />
Michel Pialoux, dans " Manière de<br />
voir ". (Le Monde diplomatique,<br />
Août/septembre 2005)<br />
Les paroles prophétiques du<br />
vieux barbu en 1848, gardent<br />
leur pertinence : " Travailleurs de<br />
tous les pays unissez-vous. "<br />
Ils ont participé aux manifestations<br />
à Paris : le 1er mai en<br />
tête de manif, le 28 mai… etc.<br />
7 - Des relations qui permettent<br />
de tenir et qui donnent sens<br />
Je pensais aux paroles de<br />
Margarete Buber Neumann dans<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
son autobiographie, " Dé<strong>po</strong>rtée<br />
à Ravensbrück ". Communiste<br />
allemande elle se réfugie en<br />
URSS, et est livrée aux nazis au<br />
moment du pacte germanosoviétique.<br />
Dé<strong>po</strong>rtée à Ravensbrück<br />
elle y rencontre la compagne<br />
de Kafka, Milena : " Je<br />
remercie le <strong>des</strong>tin de m'avoir<br />
envoyée à Ravensbrück et de<br />
m'avoir ainsi permis d'y rencontrer<br />
Milena. "<br />
8 - Une solidarité<br />
signe du Royaume<br />
Comme Jésus qui par sa pratique<br />
d'accueil <strong>des</strong> voleurs, <strong>des</strong><br />
prostitués, <strong>des</strong> étrangers, de<br />
ceux qui étaient considérés<br />
comme impurs, les réintégrait<br />
dans la société, je crois que ce<br />
signe de réintégration dans l'humanité<br />
est encore pertinent<br />
aujourd'hui, dans une société<br />
qui n'arrête pas de construire<br />
<strong>des</strong> murs <strong>po</strong>ur se protéger <strong>des</strong><br />
pauvres.<br />
Jésus parlait d'un monde<br />
nouveau, qu'il appelait Royaume,<br />
où il n'y aurait pas d'exclus, où<br />
tous les hommes vivraient la<br />
fraternité, tous fils du même<br />
Père, Dieu.<br />
Il me semble que c'est le<br />
signe que j'ai vécu avec les sans<br />
papiers.<br />
Heureusement, il n'est pas<br />
nécessaire de croire en Dieu,<br />
<strong>po</strong>ur croire que le combat <strong>des</strong><br />
sans-papiers est im<strong>po</strong>rtant<br />
humainement, <strong>po</strong>ur la classe<br />
ouvrière, <strong>po</strong>ur donner du corps<br />
à la fraternité. Avec les croyants<br />
en mission ouvrière nous<br />
croyons que c'est le visage<br />
humain de Dieu qui est en jeu<br />
dans cette lutte, les copines et<br />
copains de l'ACO parlent de faire<br />
peuple.<br />
9 - Un engagement<br />
mystique avant<br />
d'être <strong>po</strong>litique<br />
Pendant 3 mois,<br />
nuit et jour, j'ai partagé<br />
la vie de mes<br />
amis maliens. Je ne<br />
suis pas particulièrement<br />
courageux,<br />
mais je n'avais pas<br />
peur (alors que j'étais<br />
plein d'appréhension<br />
en découvrant l'isolement<br />
de l'entreprise<br />
et redoutant un<br />
17<br />
patron de choc…). Toute pro<strong>po</strong>rtion<br />
gardée, je pense à Régis<br />
Debray commentant l'engagement<br />
du MIR contre Pinochet<br />
dans le beau film de Carmen<br />
Castillo " Rue Santa Fe " : c'était<br />
un engagement qui nous prenait<br />
totalement, c'était mystique<br />
avant d'être <strong>po</strong>litique. (On<br />
trouve peut-être cette approche<br />
dans " Notre Jeunesse " de<br />
Péguy où il reproche au <strong>po</strong>litique<br />
d'avoir perdu la mystique.)<br />
Nous ne savions pas où nous<br />
allions, quand nous avons commencé<br />
l'action avec les sans<br />
papiers, mais il nous semblait<br />
évident qu'il fallait être là.<br />
10 - PO<br />
Les copines copains qui<br />
étaient présents dans l'action<br />
savaient que je suis prêtre<br />
ouvrier, ils en étaient heureux.<br />
J'ai pris une place avec les<br />
autres, pas plus extraordinaire<br />
que ça.<br />
La prière <strong>des</strong> sans papiers,<br />
ma prière, se soutenaient<br />
mutuellement.<br />
On a frôlé <strong>des</strong> moments dramatiques,<br />
mais leur joie de<br />
vivre, leur foi dans la vie, nous a<br />
fait tenir.<br />
Nous avons vécu quelque<br />
chose de fort humainement, je<br />
crois que la rencontre de Dieu<br />
peut se faire en allant au bout<br />
de notre humanité (découverte<br />
d'un Dieu capable de l'homme),<br />
même si c'est au pied de la Croix.<br />
Comme PO je suis serviteur<br />
de cela.<br />
Jean-Claude Auguin<br />
Equipe <strong>prêtres</strong>-<strong>ouvriers</strong> du 91<br />
Pour <strong>des</strong> raisons de place nous n'avons<br />
pas retenu 3 § du texte de Jean-Claude<br />
(La rédaction)<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Le Père Bernard Housset, Evêque de La Rochelle et Saintes<br />
au 50 ème anniversaire de la Mission Ouvrière le 11 octobre 2008<br />
C'est avec grande joie que<br />
je participe au 50 ème<br />
anniversaire<br />
de la Mission Ouvrière.<br />
Coïncidence heureuse : ce 11<br />
octobre est la date anniversaire<br />
de l'ouverture du Concile<br />
Vatican II. Celui-ci est plus que<br />
jamais notre boussole <strong>po</strong>ur<br />
notre vie et nos res<strong>po</strong>nsabilités<br />
chrétiennes, dans une société<br />
qui ne l'est pas.<br />
Vous représentez toutes les<br />
générations, enfants, jeunes,<br />
adultes et tous les membres de<br />
l'Eglise, laïcs, consacrés, diacres,<br />
<strong>prêtres</strong>.<br />
Je vous renouvelle dans<br />
votre mission au service de toutes<br />
les personnes <strong>des</strong> milieux<br />
<strong>po</strong>pulaires.<br />
QUATRE CONVICTIONS<br />
LA PRECISENT :<br />
1. Témoignez ou continuez<br />
de témoigner de la confiance<br />
de Dieu à chacun de ceux et<br />
celles dont vous partagez la<br />
vie, les joies et les difficultés.<br />
Permettez ainsi à chaque<br />
personne de développer sa<br />
confiance en soi <strong>po</strong>ur prendre<br />
sa vie en mains et non pas la<br />
subir.<br />
2. Permettez ou continuez de<br />
permettre à chacun de développer<br />
ses liens avec d'autres <strong>po</strong>ur<br />
étoffer le vivre-ensemble et<br />
devenir acteurs, actrices de liens<br />
sociaux. De prendre sa part dans<br />
les luttes contre tout ce qui<br />
dégrade la dignité humaine. De<br />
participer au mieux à tous les<br />
lieux de partage et de solidarité.<br />
C'est sans doute mo<strong>des</strong>te,<br />
mais les petits ruisseaux font les<br />
gran<strong>des</strong> rivières. Vous êtes un<br />
levain de la pâte que Dieu fait<br />
monter à son rythme.<br />
Il n'y a pas que <strong>des</strong> choses qui<br />
vont mal. Il y a aussi beaucoup<br />
de petites actions et de réalisations<br />
<strong>po</strong>sitives. Apprenez à tous<br />
ceux que vous rencontrez à les<br />
voir. Je pense par exemple à la<br />
Perm'saison de l'île de Ré que j'ai<br />
visitée en août dernier.<br />
3. Faites grandir ou continuez<br />
de faire grandir en res<strong>po</strong>nsabilité,<br />
à la fois personnelle et collective,<br />
dans les associations<br />
multiples de quartier, scolaires,<br />
syndicats, culturelles, <strong>po</strong>litiques,<br />
sociales, etc…<br />
Chacun a <strong>des</strong> richesses<br />
cachées, <strong>des</strong> capacités, qui ne<br />
demandent qu'à être développées.<br />
4. Accompagnez ou continuez<br />
d'accompagner chacun dans son<br />
approfondissement de foi au<br />
Christ Vivant ou dans sa recherche<br />
spirituelle : dans un groupe<br />
d'Eglise, car si la foi chrétienne<br />
est personnelle, elle n'est jamais<br />
individuelle<br />
Avec patience, en respectant<br />
le rythme de chacun. Le père<br />
LOEW, qui a été un <strong>des</strong> premiers<br />
<strong>prêtres</strong> au travail salarié, répétait<br />
souvent : " Le Christ a vécu<br />
30 ans sa vie cachée à Nazareth,<br />
il a annoncé la Parole de Dieu<br />
pendant 3 ans et il a célébré<br />
l'Eucharistie pendant 3 heures ".<br />
Et, en même temps, osez la<br />
Parole qui convient au moment<br />
op<strong>po</strong>rtun. Car si nous, nous ne<br />
parlons pas du Christ, qui en<br />
parlera ?<br />
Je tiens à parler particulièrement<br />
d'une com<strong>po</strong>sante de la<br />
Mission Ouvrière : les PRETRES<br />
OUVRIERS.<br />
Les <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong> ne sont<br />
pas démodés. Plus que jamais,<br />
ils ont leur raison d'être.<br />
Précisément, depuis les années<br />
cinquante, les choses ont beaucoup<br />
bougé dans l'Eglise. De<br />
nombreux laïcs, grâce à l'Action<br />
Catholique, ont pris conscience<br />
de leur res<strong>po</strong>nsabilité dans la<br />
mission. Mais qu'il y ait <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong><br />
qui partagent intégralement<br />
la vie et les conditions de<br />
travail <strong>des</strong> milieux <strong>po</strong>pulaires<br />
montre que c'est toute l'Eglise<br />
qui assure le service de<br />
l'Evangile et pas seulement <strong>des</strong><br />
laïcs ou <strong>des</strong> consacrés.<br />
De même que <strong>des</strong> laïcs formés<br />
et compétents ne sont pas,<br />
dans les EAP ou dans d'autres<br />
groupes d'Eglise, une menace<br />
<strong>po</strong>ur l'identité sacerdotale, de<br />
même <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> partageant<br />
une activité professionnelle ou<br />
un travail salarié ne sont pas une<br />
menace <strong>po</strong>ur la qualité a<strong>po</strong>stolique<br />
<strong>des</strong> laïcs.<br />
Je rappelle <strong>des</strong> citations<br />
significatives :<br />
• Le décret du Concile sur le<br />
ministère et la vie <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong><br />
n°8 : " C'est <strong>po</strong>ur coopérer à la<br />
même œuvre que tous les <strong>prêtres</strong><br />
sont envoyés, ceux qui<br />
assurent un ministère paroissial<br />
ou supra-paroissial, comme ceux<br />
qui se consacrent à un travail<br />
scientifique de recherche ou<br />
d'enseignement, ceux-là même<br />
qui travaillent manuellement et<br />
partagent la condition ouvrière<br />
- là où, avec l'approbation de<br />
l'autorité compétente, ce ministère<br />
est jugé op<strong>po</strong>rtun - comme<br />
ceux qui remplissent d'autres<br />
tâches a<strong>po</strong>stoliques ou ordonnées<br />
à l'a<strong>po</strong>stolat. "<br />
• Ou encore Jean-Paul II en<br />
1980 : " J'approuve les initiatives<br />
ingénieuses et courageuses (<strong>des</strong><br />
<strong>prêtres</strong> français), allant même<br />
jusqu'au partage du travail et<br />
<strong>des</strong> conditions de vie <strong>des</strong> travailleurs,<br />
dans la perspective de la<br />
Mission. "<br />
Si un jeune se présentait souhaitant<br />
devenir prêtre ouvrier,<br />
loin de l'en dissuader, je l'encouragerais<br />
fortement. Même si les<br />
vocations sacerdotales sont<br />
rares. Car il est normal qu'un<br />
évêque respecte la diversité <strong>des</strong><br />
appels de Dieu.<br />
Je redis toute ma confiance à<br />
l'équipe <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong> de<br />
La Rochelle, ainsi qu'à l'ensemble<br />
de la Mission Ouvrière du diocèse.<br />
Bon anniversaire et au prochain<br />
cinquantenaire <strong>po</strong>ur les<br />
plus jeunes.<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
18<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
Lettre de l’Équipe Nationale<br />
au cardinal André Vingt-Trois<br />
Père<br />
Aujourd'hui, c'est au nom de<br />
l'Equipe Nationale et de tout le<br />
collectif <strong>des</strong> PO que nous vous<br />
adressons ce <strong>courrier</strong>.<br />
Comme beaucoup de <strong>prêtres</strong><br />
<strong>ouvriers</strong> qui ont eu connaissance<br />
de l'article, paru dans le<br />
journal de Saône et Loire le 7<br />
août, nous avons été choqués<br />
par les pro<strong>po</strong>s que vous exprimez<br />
concernant notre ministère<br />
et ce d'autant plus que vous<br />
êtes président de la Conférence<br />
Episcopale de France.<br />
Choqués parce que vous<br />
semblez reléguer cette " audace<br />
missionnaire " dans la période de<br />
la dernière guerre, en oubliant<br />
Vatican II et ce qui est dit du<br />
ministère du prêtre (PO n° 8).<br />
Choqués parce que nous<br />
voyons une Eglise tentée de se<br />
replier sur elle-même, de<br />
regrouper ses forces, de freiner<br />
ses audaces, en vue de gérer la<br />
situation.<br />
Aurions-nous abandonné dans<br />
l'Eglise ce souffle missionnaire<br />
qui a vu naitre la JOC, les PO…<br />
qui a <strong>po</strong>ussé tant d'hommes et<br />
de femmes à prendre le risque<br />
de la rencontre, de l'immersion,<br />
de l'engagement au cœur <strong>des</strong><br />
réalités humaines.<br />
Notre ministère se situe en<br />
lien avec d'autres partenaires en<br />
Mission Ouvrière: diacres, laïcs,<br />
religieuses, aumôniers… qui eux<br />
aussi nous ont fait part de leur<br />
étonnement quand ils ont lu vos<br />
paroles.<br />
Notre terre de mission est<br />
cette terre ouvrière où de plus<br />
en plus d'hommes, de femmes<br />
sont marginalisés, paupérisés.<br />
Un peuple qui subit les tendances<br />
de fond d'une société<br />
globalisée où la seule question<br />
qui vaille est celle du profit, sur<br />
fond de peur <strong>des</strong> autres, <strong>des</strong><br />
étrangers, <strong>des</strong> affamés et <strong>des</strong><br />
pauvres de toute sorte, de peur<br />
de manquer.<br />
Un peuple qui souffre et qui lutte<br />
Un peuple qui crie sa douleur et<br />
chante son espérance<br />
Un peuple qui construit son avenir<br />
à tâtons<br />
Un peuple qui ose croire qu'un<br />
autre monde est <strong>po</strong>ssible.<br />
Prêtres <strong>ouvriers</strong>, nous rejoignons<br />
ce peuple en vivant les<br />
mêmes conditions de vie, de<br />
travail. Sur ce chemin <strong>des</strong> hommes<br />
nous partageons leurs<br />
questions, leurs doutes, leurs<br />
luttes, leurs es<strong>po</strong>irs et nous<br />
entendons cette invitation :<br />
" reste avec nous ".<br />
En rompant avec eux le pain<br />
de la vie, ils nous reconnaissent,<br />
nous, serviteurs de l'Evangile,<br />
comme l'un d'entre eux.<br />
Ce ministère dit quelque<br />
chose d'essentiel de la rencontre<br />
de Dieu sur les routes humaines.<br />
Il dit quelque chose d'essentiel<br />
sur la valeur <strong>des</strong> efforts<br />
humains <strong>po</strong>ur construire un<br />
monde fraternel. Il dit quelque<br />
chose d'essentiel du mystère de<br />
Dieu s'incarnant, aujourd'hui<br />
encore <strong>po</strong>ur la multitude.<br />
En complémentarité avec les<br />
autres ministères et services, la<br />
présence du ministère presbytéral<br />
dans cette terre ouvrière est<br />
hautement symbolique du choix<br />
de l'Eglise à accorder une véritable<br />
priorité aux petits de ce<br />
monde, dans la fidélité à Jésus<br />
de Nazareth, le Verbe de Dieu<br />
venu dans notre chair, qui n'a<br />
pas été un homme du temple,<br />
mais l'ami <strong>des</strong> petits, <strong>des</strong> exclus.<br />
Nous croyons que l'intuition<br />
qui a fait naître les PO demeure<br />
d'une grande modernité, parce<br />
que profondément évangélique.<br />
Il suffit de participer à <strong>des</strong> célébrations<br />
de départ d'un PO <strong>po</strong>ur<br />
se rendre compte qu'une vie<br />
consacrée au service de<br />
l'Evangile, dans la condition<br />
ouvrière, est parlante <strong>po</strong>ur tout<br />
un peuple ; nous reviennent<br />
alors en mémoire les paroles<br />
de Paul « l'apôtre <strong>des</strong> païens » :<br />
" avons-nous besoin de lettre de<br />
recommandation… notre lettre<br />
c'est vous, connue, lue par tous<br />
les hommes… lettre écrite... sur<br />
<strong>des</strong> tables de chair ". 2 cor 3/12<br />
Au- delà du ministère de <strong>prêtres</strong><br />
<strong>ouvriers</strong>, ce qui nous préoccupe<br />
c'est le témoignage et l'annonce<br />
de l'Evangile aux femmes<br />
et aux hommes d'aujourd'hui sur<br />
leurs lieux de travail et de vie.<br />
Appeler, envoyer, soutenir<br />
<strong>des</strong> serviteurs de l'Evangile sur<br />
cette terre ouvrière et parmi<br />
eux <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong> <strong>ouvriers</strong>, nous<br />
croyons que cela est encore<br />
<strong>po</strong>ssible aujourd'hui.<br />
Soyez assuré, Père, de notre<br />
dévouement au service de la<br />
Bonne Nouvelle.<br />
A Montreuil le 10 sept. 2008<br />
Pour l'Equipe Nationale :<br />
Antoine Brethomé<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
19<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Le diaconat permanent :<br />
dans la diversité <strong>des</strong> ministères.<br />
Témoignage de Denis Douté. Session de rentrée septembre 2008<br />
Comment, dans cette fonction, je suis en lien avec l'Eglise et le monde ?<br />
En acceptant de témoigner<br />
aujourd'hui sur le thème " comment,<br />
dans cette fonction, je<br />
suis en lien avec l'Eglise et le<br />
monde " ce n'est pas <strong>po</strong>ur vous<br />
parler de moi, mais plutôt de ce<br />
que je vis avec toutes les personnes<br />
avec lesquelles j'ai tissé<br />
<strong>des</strong> liens.<br />
Tout d'abord je n'effectue<br />
pas une fonction, mais je vis un<br />
ministère diaconal auprès <strong>des</strong><br />
personnes, copains , copines<br />
famille avec qui je vis, je travaille,<br />
je rencontre, je milite, je<br />
lutte depuis plusieurs années.<br />
J'ai ré<strong>po</strong>ndu oui à l'appel de<br />
notre évêque en mai 2002 à ce<br />
ministère. Jean-Louis PAPIN de<br />
par mon ordination m'a confié<br />
une partie de sa mission donc<br />
une partie de la Mission de<br />
l'Eglise.<br />
Etre au service <strong>des</strong> personnes<br />
avec lesquelles je vis, d'être<br />
<strong>po</strong>rteur de la Bonne Nouvelle de<br />
Jésus-Christ, comme vous l'aurez<br />
sûrement compris ma lettre<br />
de mission est centrée sur les<br />
différents engagements que<br />
j'ai.<br />
Ma vie familiale : marié à<br />
Marie-Thérèse, père de trois<br />
enfants, Fabien, Frédéric,<br />
Nicolas grand- père de trois garçons<br />
Robin, Baptiste, Denys j'ai<br />
eu la joie de baptiser Baptiste et<br />
Denys, de célébrer le mariage de<br />
Céline et Benjamin un de mes<br />
neveux et de célébrer les funérailles<br />
de mes parents à trois<br />
semaines d'intervalle en 2005.<br />
Ce fut un moment fort de célébration<br />
avec toute ma famille en<br />
particulier mes frères et sœurs.<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
Auprès de mon secteur professionnel<br />
: je suis menuisier à la<br />
ville de Vandoeuvre qui compte<br />
530 agents . Depuis mon ordination<br />
les relations ont changé. Il y<br />
a plus de partages , de confidences,<br />
de deman<strong>des</strong>. J 'ai célébré<br />
plusieurs baptêmes, mariages,<br />
funérailles en lien direct avec<br />
mes collègues. Ils me voient<br />
autrement. Dernièrement Hélène,<br />
employée en mairie voulant<br />
faire baptiser sa petite fille<br />
Coralie et ne sachant pas trop à<br />
qui s'adresser, c'est Régis un de<br />
ses collègues de bureau qui lui<br />
dit " demande à Denis , il est diacre<br />
tu verras, il est sympa ". Je<br />
prends conscience que mon<br />
ministère auprès de mes collègues<br />
est reconnu. Je suis signe<br />
d'église, d'une Eglise proche <strong>des</strong><br />
hommes, d'une Eglise je crois<br />
qui leur ressemble.<br />
Envoyé aussi auprès de mes<br />
copains syndicalistes, engagé au<br />
niveau départemental, tout en<br />
défendant les valeurs et les<br />
<strong>po</strong>sitions de la CFDT syndicat<br />
auquel j'appartiens depuis que<br />
j'ai 20 ans, j'essaye que tous<br />
prennent la parole. Je me souviens<br />
au cours d'une commission<br />
paritaire avoir demandé une<br />
minute de silence en souvenir de<br />
mon ami Jean-Louis qui venait<br />
de décéder. Il siégeait à cette<br />
commission . Ce fut aussi un<br />
moment fort. Depuis les relations<br />
ne sont plus les mêmes, un<br />
maire de l'agglomération me dit<br />
: " Quand j'étais jeune je faisais<br />
partie de la JOC."<br />
Sur le plan local, négocier<br />
avec <strong>des</strong> élus ; souvent Mme<br />
Nicolas me disait : " alors Mr<br />
Douté, quelle casquette vous<br />
avez aujourd'hui ? "Il fallait un<br />
temps d'adaptation , puis petit à<br />
petit je crois que nos relations<br />
ont fait que nous avions un respect<br />
mutuel de ce que chacun<br />
représentait sans rien enlever<br />
aux débats sur les négociations.<br />
20<br />
Envoyé au monde ouvrier , la<br />
mission ouvrière, les mouvements<br />
, auprès <strong>des</strong> personnes<br />
<strong>des</strong> quartiers <strong>po</strong>pulaires, monde<br />
auquel j'appartiens, mon ordination<br />
n'a pas fait de moi<br />
quelqu'un de mieux, de supérieur.<br />
Je suis un parmi les autres.<br />
Je suis impliqué au service de<br />
la JOC, mouvement que j'ai rencontré<br />
quand j'avais 16 ans.<br />
C'est bien la JOC qui a fait de<br />
moi ce que je suis aujourd'hui.<br />
J'accompagne <strong>des</strong> jeunes de<br />
Vandoeuvre, de Varangéville,<br />
c'est une chance, quand je vois<br />
ce que cela produit sur les jeunes,<br />
Jérémy, Alan ou encore<br />
Arnaud. Il y a quelques temps<br />
encore ils n'osaient pas prendre<br />
la parole, leurs vies étaient sans<br />
but. Ils étaient refermés sur<br />
eux-mêmes. Aujourd'hui après<br />
avoir vécu l'enquête campagne<br />
de l'année, après avoir vécu une<br />
vie d'équipe, fait <strong>des</strong> rencontres<br />
d'autres jeunes, d'autres jocistes<br />
ce sont eux qui prennent la<br />
parole, qui font <strong>des</strong> tracts, <strong>des</strong><br />
affiches. Je les vois s'épanouir,<br />
prendre leur vie en mains. C'est<br />
une grâce de Dieu, <strong>po</strong>ur nous<br />
accompagnateurs d'être témoins<br />
de tout ceci.<br />
Impliqué aussi en mission<br />
ouvrière sur Vandoeuvre , les<br />
quartiers <strong>po</strong>pulaires , comme on<br />
dit, là où le chômage atteint <strong>des</strong><br />
<strong>po</strong>urcentages très élevés, de<br />
nombreuses familles monoparentales<br />
, là où la presse ne parle<br />
qu'en termes d'incivilité, tout en<br />
négatif. Eh bien là aussi je suis<br />
témoin que parmi toute cette<br />
pauvreté il y a <strong>des</strong> fraternités ,<br />
<strong>des</strong> solidarités qui y sont vécues.<br />
Des rencontres y sont pro<strong>po</strong>sées<br />
, <strong>des</strong> temps de partages .<br />
Des adultes qui nous disent :<br />
" <strong>po</strong>urquoi les enfants en ACE<br />
se rencontrent et pas nous ? On<br />
<strong>po</strong>urrait en faire autant ! "<br />
Après quelques rencontres<br />
les personnes se confient : " ici<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
Le marché de Vandoeuvre<br />
on peut dire ce que l'on a sur le<br />
cœur, il y a de l'écoute. "<br />
Les partages inter-générations<br />
ACE, JOC, ACO, les gens<br />
<strong>des</strong> quartiers, font dire : " nous<br />
avons tellement d'amour à partager<br />
et à offrir , que Dieu qui<br />
est exprimé peut être celui de<br />
chacun et être Amour avec un<br />
grand A ".<br />
Oui, servir la vie et la rencontre<br />
de Jésus Christ comme le dit<br />
la mission ouvrière prend tout<br />
son sens.<br />
Les découvertes, richesses<br />
vécues sont nombreuses, im<strong>po</strong>rtantes.<br />
Je n'aurai pas assez<br />
de temps <strong>po</strong>ur tout dire.<br />
Pour certains, Jean Luc,<br />
Claudine, Arlette, Roberte et<br />
bien d'autres nous disent : " on<br />
voudrait aussi en partageant<br />
notre vie , partager la Foi qui<br />
nous anime, nous dire Dieu est<br />
là. " Un besoin de prier plus largement<br />
se fait sentir. Jean<br />
Pierre, diacre et Pascale son<br />
é<strong>po</strong>use pro<strong>po</strong>sent <strong>des</strong> rencontres<br />
<strong>po</strong>ur ré<strong>po</strong>ndre à cet appel.<br />
Ce petit groupe constitué sera<br />
nommé " groupe de prière ". Ça<br />
fait son chemin , le petit groupe<br />
s'est étoffé , se rencontre une<br />
fois par mois et ceci depuis près<br />
d'une dizaine d'années au local<br />
de la mission ouvrière, <strong>des</strong> mètres<br />
carrés sociaux au pied d'un<br />
immeuble.<br />
Dans ce local où se vit tant de<br />
choses ça devient vite un lieu où<br />
un peuple se construit, une<br />
église naît et grandit. Etre au<br />
service <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmes<br />
qui ne sont jamais servis et<br />
dont on se sert et que l'on jette.<br />
S'enraciner dans un milieu ,<br />
en être solidaire , s'y faire le prochain<br />
de chacun et de tous ,<br />
<strong>po</strong>ur y être un lien , une articulation<br />
entre les valeurs de ce<br />
milieu et de l'Evangile. Voilà tout<br />
ce que l'expérience missionnaire<br />
me fait comprendre et approfondir.<br />
On ne peut réellement<br />
annoncer l'Evangile qu'en faisant<br />
corps d'une manière ou d'une<br />
autre avec ceux et celles à qui<br />
on s'adresse. C'est au cœur<br />
même de chaque culture, de<br />
chaque milieu que surgit la<br />
Parole dans une langue que l'on<br />
peut vraiment goûter , reconnaître,<br />
comprendre comme la<br />
sienne.<br />
Tout ceci n'a pu être <strong>po</strong>ssible<br />
que par la prise de conscience<br />
de la mission ouvrière, de l'ACO<br />
qui s'est approprié la question<br />
<strong>des</strong> ministères ordonnés, plus<br />
précisément le diaconat permanent<br />
au service <strong>des</strong> mouvements<br />
et <strong>po</strong>urquoi faire ?<br />
Cette réflexion menée au<br />
niveau départemental sur plus<br />
d'une année a abouti à ce que<br />
les copains en res<strong>po</strong>nsabilité<br />
m'interpellent avec Marie-Thérèse<br />
par ce ministère.<br />
Aujourd'hui j'ai bien conscience<br />
de toute l'im<strong>po</strong>rtance à<br />
ce que ce soit une communauté,<br />
un service ou un mouvement<br />
qui soit à l'origine d'un<br />
appel au ministère ordonné.<br />
Oui, j'ai conscience que mon<br />
ministère ne m'appartient pas, il<br />
appartient à toute l'Eglise. C'est<br />
la raison <strong>po</strong>ur laquelle je rencontre<br />
avec Marie-Thérèse une fois<br />
par an les res<strong>po</strong>nsables en mission<br />
ouvrière et nous faisons le<br />
<strong>po</strong>int, une relecture de ma lettre<br />
de mission. Nous partageons<br />
sur nos avancées, nos espérances,<br />
nos joies, nos peines , nos<br />
difficultés , nos doutes aussi.<br />
Les moments de prière, de<br />
retraites , de révisions de vie en<br />
équipe ACO sont <strong>po</strong>ur moi <strong>des</strong><br />
lieux et <strong>des</strong> moments de nourriture<br />
nécessaires <strong>po</strong>ur vivre ma<br />
mission.<br />
Je crois que c'est mon ministère<br />
qui m'appelle à être là, chaque<br />
fois que la dignité humaine<br />
est menacée.<br />
Une présence qui place la<br />
relation à l'autre au centre. Alors<br />
si ces vies que je croise ont de<br />
l'im<strong>po</strong>rtance <strong>po</strong>ur Dieu, je suis<br />
appelé à y être attentif, à signifier<br />
mon attention à chacun .<br />
Voici une <strong>des</strong> facettes du diaconat<br />
permanent. Je suis seul<br />
diacre en mission ouvrière sur<br />
notre diocèse , ce qui représente<br />
5% <strong>des</strong> diacres au niveau<br />
national même si d'autres y sont<br />
sensibles.<br />
Je vis en église , en prise<br />
direct avec le monde. Je suis<br />
convaincu que nous avons<br />
besoin de lieux de proximité<br />
dans nos quartiers afin de permettre<br />
<strong>des</strong> rencontres de partages,<br />
de réflexion,de prières<br />
<strong>po</strong>ur tous ceux et toutes celles<br />
qui sont le plus éloignés de<br />
l'Eglise.<br />
Je tiens aussi et <strong>po</strong>ur terminer<br />
à vous partager combien je<br />
suis reconnaissant à toute ma<br />
famille. De par mon ordination,<br />
je suis beaucoup moins présent<br />
<strong>po</strong>ur mes enfants, mes petits<br />
enfants mais surtout auprès de<br />
Marie-Thérèse qui est engagée<br />
en ACE et auprès d'une association<br />
de consommation et de<br />
cadre de vie.<br />
Notre sacrement de mariage a<br />
pris une toute autre dimension.<br />
Que la grâce de Dieu nous<br />
permette de vivre humblement<br />
ce ministère diaconal où l'on<br />
s'efface <strong>po</strong>ur que l'Homme<br />
prenne toute sa place à l'image<br />
de Dieu.<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
21<br />
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ET C'EST REPARTI COMME AVANT ?<br />
Un journaliste de droite très<br />
en vue a dit ce matin à la radio à<br />
peu près ces mots : « C'est très<br />
bien que les états prennent le<br />
contrôle <strong>des</strong> banques <strong>po</strong>ur sauver<br />
le système économique<br />
mondial, mais dès que ce système<br />
fonctionnera de nouveau<br />
correctement, il faut qu'ils se<br />
retirent ».<br />
Je remercie ce journaliste<br />
<strong>po</strong>ur la clarté avec laquelle il<br />
décrit ce qui se cache derrière le<br />
discours de la " pensée unique "<br />
qui continue à sévir dans les<br />
médias. Nous avons eu une<br />
grosse peur, on a trouvé la solution,<br />
il n'y a pas à chercher autre<br />
chose, dormons sur nos deux<br />
oreilles, le capitalisme a l'éternité<br />
devant lui.<br />
En réalité, cette " éternité "<br />
sera limitée à la durée de vie de<br />
l'humanité. Car tous les indicateurs<br />
nous disent que l'humanité<br />
est gravement menacée<br />
par ce système économique<br />
mondial , appelé " économie libérale<br />
", que j'appelle par son vrai<br />
nom scientifique : le capitalisme.<br />
L'exploitation sans vergogne<br />
<strong>des</strong> ressources du sous-sol<br />
approche à sa fin : les ressources<br />
se raréfient, à commencer<br />
par le pétrole. Il en est de même<br />
<strong>des</strong> ressources terrestres (cultures<br />
chimiques, déforestations<br />
etc.) et maritimes (surexploitations<br />
<strong>des</strong> <strong>po</strong>issons qui disparaissent).<br />
La manière irres<strong>po</strong>nsable et<br />
brutale dont se fait cette exploitation<br />
produit <strong>des</strong> <strong>po</strong>llutions à<br />
l'échelle planétaire qui dès<br />
aujourd'hui nuisent gravement à<br />
la <strong>po</strong>pulation. Elle nuit aussi à<br />
l'équilibre climatique, le réchauffement<br />
accéléré amène dès<br />
aujourd'hui <strong>des</strong> bouleversements<br />
majeurs, avec <strong>des</strong> conséquences<br />
heureuses, mais surtout<br />
mauvaises dans diverses<br />
régions de la terre : sécheresses,<br />
inondations, submersion de terres<br />
par la mer etc.<br />
Le concentration <strong>des</strong> richesses<br />
ainsi créées entre les mains<br />
d'une <strong>po</strong>ignée de nantis, la<br />
condamnation du reste de l'humanité<br />
à une vie difficile, à la<br />
misère, à la faim, produit déjà<br />
<strong>des</strong> mouvements de <strong>po</strong>pulation<br />
à partir <strong>des</strong> pays les plus touchés<br />
vers les pays encore moins<br />
touchés.<br />
La concentration <strong>des</strong> médias<br />
(télévisions, radios, journaux )<br />
entre les mains <strong>des</strong> capitalistes<br />
produit <strong>des</strong> informations qui<br />
sont dictées par ces capitalistes,<br />
et sapent les bases de la démocratie,<br />
en empêchant les<br />
citoyens de savoir ce qui se<br />
passe réellement et d'en débattre<br />
librement.<br />
Le capitalisme alimente toutes<br />
les guerres qui sévissent sur<br />
la planète, et en prépare de<br />
pires <strong>po</strong>ur le contrôle <strong>des</strong> dernières<br />
ressources dis<strong>po</strong>nibles. La<br />
montée <strong>des</strong> fascismes (comme<br />
récemment en Autriche), l'exacerbation<br />
<strong>des</strong> difficultés peuvent<br />
produire une guerre<br />
nucléaire, qui sera la fin de l'humanité<br />
(en pleine crise financière,<br />
on vient encore d'augmenter<br />
les budgets militaires).<br />
Tout cela peut arriver avant<br />
2050.<br />
La faillite du système capitaliste<br />
mondialisé, et les ré<strong>po</strong>nses<br />
ap<strong>po</strong>rtées actuellement à sa<br />
survie vont avoir <strong>des</strong> conséquences<br />
encore plus désastreuses<br />
: ce sont toujours les mêmes<br />
qui sont aux comman<strong>des</strong>, et qui<br />
vont accélérer ce qu'ils ont toujours<br />
fait, avec moins de retenue,<br />
puisqu'il faut " sauver l'économie<br />
mondiale ". Cela va commencer<br />
par l'accélération de la<br />
récession qui a déjà commencé<br />
chez nous, avec son cortège de<br />
licenciements massifs, baisse<br />
<strong>des</strong> salaires, <strong>des</strong> retraites, <strong>des</strong><br />
ai<strong>des</strong> sociales etc…<br />
A moins que…<br />
A moins que nous, les gens <strong>des</strong><br />
peuples, nous nous réveillions<br />
<strong>po</strong>ur im<strong>po</strong>ser démocratiquement<br />
un nouveau fonctionnement<br />
économique.<br />
Ce système capitaliste avait<br />
réussi à nous endormir en faisant<br />
miroiter son "efficacité",<br />
son "universalité" et son "infaillibilité"<br />
(tiens ! ce sont là les ingrédients<br />
de toute pensée fasciste).<br />
Plus personne aujourd'hui ne<br />
croit plus en ce système : ceux,<br />
bien payés, qui continuent à<br />
l'adorer le font parce que çà les<br />
arrange personnellement <strong>po</strong>ur<br />
le moment. Mais ils sont menacés<br />
comme tous les autres<br />
humains par ce système.<br />
Le moment est donc venu<br />
d'inventer autre chose. Mais<br />
quoi ?<br />
Un autre monde est <strong>po</strong>ssible :<br />
depuis <strong>des</strong> années, le mouvement<br />
altermondialiste l'a proclamé<br />
à travers la planète,<br />
esquissant <strong>des</strong> solutions alternatives<br />
au capitalisme.<br />
Des chercheurs en économie<br />
de nos universités, défiant leurs<br />
autorités, ont tracé le sillon :<br />
leurs recherches tombent à<br />
<strong>po</strong>int aujourd'hui.<br />
Des pays aussi ont progressé<br />
vers une économie plus juste et<br />
plus res<strong>po</strong>nsable : surtout en<br />
Amérique Latine (tellement<br />
dénigrés par nos médias).<br />
Les débats sont serrés à l'intérieur<br />
<strong>des</strong> partis <strong>po</strong>litiques : les<br />
partisans d'un changement radical<br />
y ont été marginalisés :<br />
aujourd'hui, c'est eux qui sont<br />
les plus crédibles.<br />
Je ne vais pas développer<br />
mes solutions, mais simplement<br />
pro<strong>po</strong>ser quelques priorités :<br />
1. Ne pas faire confiance à ceux<br />
qui ont mis en place le capitalisme<br />
<strong>po</strong>ur trouver <strong>des</strong> solutions<br />
<strong>po</strong>ur l'avenir.<br />
2. Engager le débat sur la<br />
société que nous voulons en<br />
famille, avec nos voisins, au travail.<br />
3. Engager ce débat démocratique<br />
dans toutes les instances<br />
<strong>po</strong>litiques, syndicales, associatives,<br />
humanitaires où nous sommes<br />
actifs.<br />
4. Agir face aux autorités <strong>po</strong>ur<br />
qu'elles prennent en compte la<br />
volonté <strong>po</strong>pulaire.<br />
5. Lutter contre les mouvements<br />
fascistes qui vont se<br />
développer inéluctablement,<br />
avec <strong>des</strong> "hommes providentiels"<br />
de sinistre mémoire qui<br />
seront propulsés au devant de la<br />
scène.<br />
6. Mener ces recherches et ces<br />
actions avec ceux qui souffrent<br />
le plus du système capitaliste<br />
(chômeurs, SDF, Rmistes etc…).<br />
Oui , un autre monde est <strong>po</strong>ssible,<br />
mais pas sans nous !<br />
Bernard GLATH<br />
13 octobre 2008<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
22<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
EXAMEN CRITIQUE DU TERME DE VISIBILITÉ :<br />
QUELS ENJEUX POUR L'INSCRIPTION<br />
DU CHRISTIANISME DANS LA SOCIÉTÉ ACTUELLE<br />
par Guy COQ, philosophe<br />
Texte trouvé dans un " dossier de travail <strong>po</strong>ur les diocèses ". Trop long <strong>po</strong>ur être publié intégralement<br />
nous gardons ici lesparagraphes sur la visibilité qui nous semblent ouvrir <strong>des</strong> perspectives intéressantes.<br />
...<br />
2 - Le piège de la visibilité<br />
La difficulté avec le ( second )<br />
terme, visibilité, est qu'il est pris<br />
comme une ré<strong>po</strong>nse <strong>po</strong>ssible à<br />
l'indifférence. Or, celle-ci (ou plutôt<br />
ce qu'elle désigne en le dissimulant)<br />
n'a pas nécessairement<br />
<strong>po</strong>ur remède la visibilité. Car<br />
enfin, on peut imaginer une<br />
Église très visible, ce fut le cas<br />
au cours <strong>des</strong> siècles gallicans, et<br />
cette grande visibilité engendra<br />
dans la société un rejet de<br />
l'Église, elle put devenir un obstacle<br />
à l'accueil de la Bonne<br />
Nouvelle. Il peut donc y avoir<br />
grande visibilité et parole peu<br />
audible.<br />
L'examen critique auquel<br />
nous nous livrons a un second<br />
aspect. La visibilité, si elle<br />
devient le but ultime, tend à<br />
s'enfermer dans une logique<br />
interne où l'essentiel passe dans<br />
l'apparence, véhiculée par <strong>des</strong><br />
images. On n'est plus dans une<br />
logique d'authenticité qui<br />
résulte d'une logique de présence<br />
réelle et d'inscription.<br />
Comment une telle clôture<br />
de la visibilité sur elle-même estelle<br />
<strong>po</strong>ssible ? La ré<strong>po</strong>nse présup<strong>po</strong>se<br />
un examen du sens<br />
même de la visibilité. Partons de<br />
l'exemple de la personne : on<br />
observe une dualité entre ce<br />
que je suis <strong>po</strong>ur moi-même,<br />
dans une perception intérieure,<br />
et ce qui apparaît de mon être<br />
dans le visible, au regard d'autrui.<br />
Ce que j'apparais, comme<br />
inscrit dans le visible,<br />
m'échappe. Cette visibilité va<br />
jusqu'à manifester à autrui ce<br />
que je ne sais pas encore de<br />
moi-même. Cette dualité ouvre<br />
beaucoup de <strong>po</strong>ssibilités. Je puis<br />
vouloir récupérer grâce au dialogue<br />
avec autrui, la vérité de ce<br />
visible qui m'échappe, la vérité<br />
dont le visible est l'expression.<br />
Je puis aussi décider de manipuler<br />
ce visible <strong>po</strong>ur dissimuler ce<br />
qui s'y révèle de moi-même.<br />
C'est un travail sur l'apparaître,<br />
où celui-ci devient apparence,<br />
sans nulle garantie de vérité. Au<br />
fond, la visibilité peut être ou<br />
bien expression franche de<br />
l'être, ou bien sa dissimulation,<br />
ou bien les deux mêlés.<br />
...<br />
4 - De la visibilité à l'inscription<br />
Alors, faut-il fuir la visibilité ?<br />
La logique d'invisibilité, chercher<br />
à cacher, à enfouir, est aussi<br />
contraire à la logique d'incarnation<br />
que celle de la visibilité.<br />
Avant celle de la visibilité, il<br />
nous faudrait mettre en avant<br />
celle de l'inscription. Bien<br />
entendu, dans la logique de l'inscription,<br />
il y aura visibilité, manifestation<br />
dans le sensible et le<br />
visible/audible. Mais la visibilité<br />
passe au rang <strong>des</strong> effets.<br />
Elle peut être <strong>po</strong>sitive ou<br />
négative, cela dépend de la qualité<br />
de l'inscription dont elle<br />
découle. L'inscription produit<br />
toujours <strong>des</strong> effets dans le visible.<br />
La relation inscription/visibilité,<br />
si on l'examine dans l'expérience<br />
historique, mène parfois<br />
à <strong>des</strong> tensions, voire <strong>des</strong> contradictions.<br />
Car les effets de visibilité<br />
d'une inscription ancienne peuvent<br />
survivre à cette inscription<br />
elle-même, dans la mémoire et<br />
les images qu'elle charrie. Ainsi, à<br />
partir de la longue histoire de<br />
l'Église, se sont construites <strong>des</strong><br />
images qui tendent aujourd'hui<br />
encore, chez certains, à indiquer<br />
la réalité de l'Église. Il ne faut pas<br />
grand-chose <strong>po</strong>ur que l'image<br />
d'une Église souhaitant dominer<br />
la société resurgisse comme une<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
23<br />
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menace actuelle. Il y a là <strong>des</strong><br />
expériences passées. Il arrive<br />
que ces images aient plus de<br />
<strong>po</strong>ids dans les esprits que la réalité<br />
perceptible de l'Église d'aujourd'hui.<br />
Celle-ci est dans la<br />
<strong>po</strong>sition du service, de la<br />
mo<strong>des</strong>tie, de la dis<strong>po</strong>nibilité<br />
humaine. Reste que <strong>des</strong> images<br />
survivent, qui font écran par<br />
rap<strong>po</strong>rt à la réalité, et cette<br />
image de l'Église fait obstacle à<br />
l'écoute de l'Évangile.<br />
Devant cette situation, la pire<br />
<strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> serait la méconnaissance,<br />
la mise en cause de la<br />
malhonnêteté <strong>des</strong> gens, de leur<br />
mauvaise foi. Ce serait nier les<br />
effets d'une mémoire blessée,<br />
et le brouillage qu'elle produit<br />
sur l'aujourd'hui <strong>des</strong> témoins.<br />
5 - Penser les conditions<br />
de l'inscription<br />
Mais l'enjeu principal est de<br />
comprendre les conditions d'une<br />
inscription du christianisme dans<br />
le monde actuel, en sachant<br />
dépasser toute nostalgie par<br />
rap<strong>po</strong>rt à un passé qui ne sera<br />
plus. Cette nostalgie empêche<br />
de faire face à la réalité sociale,<br />
culturelle, économique et <strong>po</strong>litique<br />
de ce monde qui de toute<br />
façon est le nôtre, dans lequel<br />
nous sommes pris. L'inscription<br />
permet de retourner en initiatives<br />
de création le côté passif et<br />
subi du " nous sommes pris ". À<br />
pro<strong>po</strong>s de cette inscription dans<br />
notre monde, la question décisive<br />
est d'en discerner les lieux<br />
d'urgence, dans notre monde<br />
actuel, ici en France, mais aussi<br />
d'un <strong>po</strong>int de vue global<br />
Elle appelle une nouvelle<br />
philo-théologie de l'engagement.<br />
Au préalable, il faudrait<br />
aborder avec sérénité le bilan de<br />
ce qui s'est passé dans le dernier<br />
siècle. Je ne prendrai qu'un<br />
exemple, l'Action Catholique. On<br />
ne reviendra pas en arrière,<br />
d'autant que là où elle survit elle<br />
a beaucoup changé. Il nous manque<br />
une analyse critique de<br />
cette histoire. Dire : on n'y<br />
reviendra pas ne dispense pas<br />
d'un examen attentif de cette<br />
modalité d'inscription à laquelle<br />
a succédé un certain vide. Peuton<br />
nier que dans divers milieux<br />
où elle sut s'insérer elle produisit<br />
<strong>des</strong> types humains qui rendaient<br />
bien, au contact d'une tonalité<br />
évangélique véritable ? On ne<br />
devrait pas faire l'économie<br />
d'une analyse de ce qui fut alors<br />
efficace comme revitalisation<br />
de l'Église, même aussi comme<br />
présence au monde. On cite<br />
Madeleine DELBRÊL. Il ne fait<br />
aucun doute qu'elle-même,<br />
avec un certain nombre de<br />
militants chrétiens qui vivaient<br />
la même culture spirituelle, fit<br />
énormément <strong>po</strong>ur défaire l'image<br />
d’une Eglise identifiée au<br />
monde bourgeois. Certes les<br />
enfants <strong>des</strong> militants d’alors ne<br />
sont plus militants, du moins<br />
dans le style Action Catholique. Il<br />
y a eu rupture générationnelle.<br />
Plus grave : la génération qui<br />
recevait le Concile comme une<br />
grâce n'en fit rien, s'effondra,<br />
connut même l'occultation de la<br />
foi. Il y eut rupture d'é<strong>po</strong>que,<br />
peut-être accélération d'un processus<br />
qui, du <strong>po</strong>int de vue d'un<br />
certain regard sur le catholicisme,<br />
peut être vu comme un<br />
dangereux reflux. Mais le processus<br />
lui-même n'a pas d'intention.<br />
S M. GAUCHET a raison, si<br />
on a assisté, à la fin du XX éme siècle,<br />
à une nouvelle sortie de la<br />
religion, conduisant d'ailleurs la<br />
démocratie à sa deuxième<br />
grande crise ( la première dans<br />
les années 30 ), alors il faut<br />
construire une manière de faire<br />
face à ce moment historique de<br />
longue <strong>po</strong>rtée et qui n'implique<br />
aucune fatalité quant au <strong>des</strong>tin<br />
du christianisme. Ce contexte<br />
situe bien l'ampleur du problème<br />
de l'inscription.<br />
On a repéré une première<br />
urgence quant à celle-ci : voir de<br />
quelle inscription récente nous<br />
partici<strong>po</strong>ns et sortir de la <strong>po</strong>sition<br />
: on continue ou on regrette<br />
ce passé encore récent.<br />
Mais une seconde urgence<br />
implique un travail plus lourd en<br />
prolongement de ce qui vient<br />
d'être examiné : travailler à une<br />
prise de conscience de ce dont<br />
nous avons à nous écarter, à<br />
savoir <strong>des</strong> modalité d'inscription<br />
dans une é<strong>po</strong>que ancienne, dans<br />
une autre société. Car, à vouloir<br />
maintenir aujourd'hui ces modalités<br />
d'inscription, nous nous<br />
inscrivons dans une société<br />
qui n'existe plus. La prise de<br />
conscience de cette rupture se<br />
heurte, c'est évident, à une grave<br />
paresse intellectuelle en nous.<br />
**************<br />
Pour Emmanuel MOUNIER, le<br />
problème n'est pas ce que<br />
l'Église a perdu : <strong>des</strong> fonctions<br />
dans la cité qui ne lui sont pas<br />
essentielles. Le fondamental,<br />
c'est l'incompréhension : <strong>po</strong>ur<br />
l'Église " le monde a perdu la<br />
clef de sa langue et l'Église a<br />
perdu la clef de la langue <strong>des</strong><br />
hommes ". Il reste au chrétien<br />
à agir comme un médiateur<br />
: " Et comme aujourd'hui<br />
le dictionnaire est perdu qui<br />
permettrait le dialogue entre<br />
l'Église et le monde, il a (le<br />
chrétien) l'humble tâche de<br />
le refaire " (dans Feu la<br />
Chrétienté, œuvres T. III, p.531).<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
24<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
" Naissance et croissance de l’Eglise en Monde Ouvrier "<br />
Ce que j'ai retenu de l'interview récent de Maurice Vidal rédacteur du Rap<strong>po</strong>rt de<br />
Poissy en 1969 sur " Naissance et croissance de l'Eglise en Monde Ouvrier ".<br />
A partir du XIX ème<br />
siècle, on<br />
n'est plus en Chrétienté et<br />
l'Eglise a essayé de reconstruire<br />
une espèce de Chrétienté artificielle<br />
en cherchant à insuffler<br />
quelque chose du message<br />
évangélique dans les mœurs, la<br />
législation, les rap<strong>po</strong>rts sociaux.<br />
Au début du XX ème<br />
siècle, pendant<br />
<strong>des</strong> décennies, Pie X (1902-<br />
1914) puis Pie XI (1924-1938)<br />
vivent dans l'obsession du terrain<br />
perdu. C'est ce qui inspire<br />
les efforts <strong>po</strong>ur étendre l'influence<br />
de l'Eglise dans différents<br />
secteurs de la société,<br />
la presse chrétienne, l'école<br />
chrétienne, la paroisse et ses<br />
œuvres.<br />
La J.O.C. :<br />
En partant du Monde<br />
La JOC est née dans ce<br />
contexte avec une perspective<br />
de reconquête : " Nous sommes<br />
chrétiens, nous referons chrétiens<br />
nos frères ". Cardjin<br />
constate l'échec <strong>des</strong> patronages.<br />
Il fait l'expérience que les<br />
jeunes qu'on occupe dans les<br />
patronages vont à l'usine où ils<br />
sont aussitôt pris par les syndicats<br />
socialistes et perdus <strong>po</strong>ur<br />
l'Eglise. Il en conclut qu'il ne<br />
faut pas partir de l'Eglise mais<br />
de l'usine et <strong>des</strong> mouvements<br />
<strong>ouvriers</strong> sous la forme du syndicalisme.<br />
Pour Cardjin, il s'agit<br />
<strong>des</strong> syndicats chrétiens bien<br />
entendu. Ils doivent être la<br />
chose <strong>des</strong> jeunes , " entre eux,<br />
par eux et <strong>po</strong>ur eux " . Ceux-ci<br />
sont assez grands <strong>po</strong>ur défendre<br />
leurs intérêts vis-à-vis du<br />
patronat. Reste malgré tout<br />
l'idée que les jeunes doivent<br />
être formés par les paroisses.<br />
Formation spécifique à l'action<br />
militante syndicale d'une part<br />
et d'autre part éducation de<br />
la Foi dans l'univers ecclésial<br />
catholique. C'est<br />
un autre <strong>po</strong>int de<br />
départ, la vie en<br />
usine et non les<br />
loisirs en paroisse.<br />
Mais l'expression<br />
de la foi demeure<br />
traditionnelle. Le<br />
<strong>po</strong>int de départ<br />
c'est la présence<br />
au " Monde ", au<br />
siècle et non pas<br />
les pratiques chrétiennes.<br />
La grande<br />
intuition de Cardjin<br />
c'est d'avoir<br />
pensé, confiant<br />
en l'Esprit Saint,<br />
que c'est précisément<br />
là où était<br />
l'obstacle qu'il fallait<br />
être apôtre.<br />
L'intuition<br />
théologique qui<br />
inspire tout cela :<br />
la théologie et la<br />
spiritualité du<br />
Corps Mystique<br />
du Christ. Avec<br />
cette conviction que le Corps<br />
Mystique du Christ ne se limite<br />
pas à l'Eglise Catholique. Le<br />
Corps Mystique c'est tout ceux<br />
<strong>po</strong>ur qui le Christ est mort , par<br />
conséquent comment ne <strong>po</strong>urrait-il<br />
pas être présent à tous les<br />
<strong>ouvriers</strong>. Une autre idée de<br />
cette réaction missionnaire est<br />
"la royauté sociale du Christ".<br />
Quelque chose de ce " Royaume<br />
de Dieu " dont on croit que<br />
Jésus l'a inauguré dans ce<br />
monde, se retrouve non pas<br />
simplement dans l'Eglise, mais<br />
aussi, par les chrétiens, dans<br />
la société que peu à peu<br />
ils transforment. Ce Royaume<br />
a commencé avec Jésus-Christ<br />
mais pas que dans l'Eglise. Ni le<br />
Corps mystique, ni la Royauté du<br />
Christ ne sont seulement que<br />
l'Eglise !<br />
La mission, alors c'est d'étendre<br />
cette Royauté. C'est le sens<br />
de la Fête du Christ-Roi, créée<br />
par Pie XI. Elle va se traduire<br />
dans <strong>des</strong> formes liturgiques<br />
publiques qui <strong>po</strong>ur Cardjin n'aboutissent<br />
à rien. La Royauté du<br />
Christ doit s'étendre dans le<br />
nouveau monde industriel en y<br />
étant présents et actifs. Elle<br />
doit y prendre corps. Les mouvements<br />
d'action catholique se<br />
sont développés dans cette<br />
perspective.<br />
Découverte de la<br />
rupture culturelle<br />
Et puis, au moment de la<br />
guerre de 40-45, on fait le<br />
constat, un peu décevant, que<br />
les mouvements d'action catholique,<br />
même la JOC, au fond, n'ont<br />
pas regagné de terrain ! On en<br />
a fait l'expérience pendant les<br />
années de conflit : la classe<br />
ouvrière est toujours aussi éloignée<br />
de l'Eglise. On le redécouvre<br />
dans le rap<strong>po</strong>rt de Godin et<br />
Daniel : " France, pays de mission ?"<br />
(1943). Dans ce rap<strong>po</strong>rt il appa-<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
25<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
aît qu'au moment où il aurait<br />
une occasion de partager avec<br />
les travailleurs ce qui nous anime<br />
- c'est à dire la foi en Jésus-<br />
Christ - on n'a pas le langage !<br />
Une rupture culturelle demeure.<br />
Cette rupture fait que, finalement,<br />
on arrive bien à modifier<br />
le jugement d'un certain nombre<br />
de militants socialistes et<br />
communistes sur l'Eglise, mais<br />
on en fait pas <strong>des</strong> chrétiens<br />
<strong>po</strong>ur autant ! Cela leur paraît un<br />
univers mythique.<br />
Godin et Daniel en font le<br />
constat dans l'Eglise : si <strong>des</strong><br />
jocistes se retrouvent dans les<br />
paroisses, on voit que ça ne<br />
marche pas. Ils ne sont pas chez<br />
eux. C'est la découverte de<br />
l'obstacle qui demeure, la séparation<br />
culturelle entre un univers<br />
ecclésial, sociologiquement<br />
bien pensant, <strong>po</strong>litiquement<br />
plutôt à droite et ce monde de<br />
la classe ouvrière militante.<br />
" France pays de mission ? " affirme<br />
" il faut une religion pure, débarrassée<br />
de tous les ap<strong>po</strong>rts<br />
humains, … qui sont en fait de la<br />
civilisation bourgeoise ".<br />
Une inculturation nécessaire<br />
A ce moment là on fait appel<br />
à la missiologie contem<strong>po</strong>raine :<br />
il ne faut pas trans<strong>po</strong>rter en<br />
Afrique ou en Asie une Eglise qui<br />
a culturellement bien réussie en<br />
Occident. En Europe, l'Eglise a<br />
réussi à s'inculturer dans le<br />
monde gréco-latin, puis dans le<br />
monde <strong>des</strong> barbares venus de<br />
l'est . C'est aujourd'hui un handicap<br />
parce qu'un autre monde<br />
est né en dehors de ça. De là<br />
l'idée d'une " inculturation "<br />
nécessaire de la Foi. Il ne s'agit<br />
plus de transplanter l'arbuste de<br />
la foi dans le nouveau sol mais<br />
d'en faire germer la graine dans<br />
ce nouveau terreau. Cela<br />
demande un très grand dé<strong>po</strong>uillement<br />
de nos manières de penser<br />
et de sentir. Le missionnaire<br />
devrait retrouver l'Evangile tout<br />
pur. Ce qui n'est jamais <strong>po</strong>ssible.<br />
La Bible est inculturée dans le<br />
monde sémitique. Il est au moins<br />
<strong>po</strong>ssible de beaucoup simplifier<br />
l'expression de la foi et de partager<br />
suffisamment la culture<br />
ouvrière <strong>po</strong>ur exprimer la foi<br />
dans son langage... Avec cette<br />
volonté d'inculturation de la foi,<br />
on peut vraiment parler, comme<br />
on l'a fait, d'un nouveau <strong>po</strong>int de<br />
départ !<br />
L'enfouissement est justifié<br />
par cette perspective. Les apôtres<br />
débarquent dans un monde<br />
qui n'a rien à voir avec l'Eglise et<br />
méfiant à son égard. La classe<br />
ouvrière est un monde organisé,<br />
animé intellectuellement et<br />
<strong>po</strong>litiquement par le socialisme.<br />
Il faut se dé<strong>po</strong>uiller de toute la<br />
culture cléricale <strong>po</strong>ur y " inculturer<br />
" l'Evangile. Les <strong>prêtres</strong><br />
<strong>ouvriers</strong> s'inspireront de la<br />
" kénose " du Fils de Dieu ex<strong>po</strong>sée<br />
au chapitre 2 de l'épître aux<br />
Philippiens. Cette prise de<br />
conscience d'une autre formation<br />
culturelle à promouvoir suscite<br />
la fondation du Séminaire<br />
de la Mission de France...<br />
La théologie qui fonde cette<br />
nouvelle approche est celle du<br />
Père Congar qui part d'une<br />
vision à trois termes : " Royaume,<br />
Eglise et Monde ". On ne<br />
parle plus du Corps Mystique, on<br />
parle du Peuple de Dieu (ça vient<br />
du Concile). Surtout on ne parle<br />
plus de la Royauté du Christ<br />
mais du Royaume de Dieu. On<br />
se ré-approprie cette différence<br />
connue : " Jésus a prêché<br />
le Royaume et c'est l'Eglise qui<br />
est venue ". Le Royaume est<br />
premier par rap<strong>po</strong>rt à l'Eglise. Le<br />
Royaume précéde l'Eglise. Il la<br />
dépasse de toute part. L'Eglise<br />
est <strong>po</strong>ur le Royaume. L'Eglise et<br />
le monde sont appelés au<br />
Royaume. Il nous faut regarder<br />
le monde, le monde ouvrier en<br />
ce qui nous concerne, comme<br />
un monde où le Royaume est<br />
présent. Le 1 er<br />
chapitre du<br />
Rap<strong>po</strong>rt de Poissy est : " Les<br />
signes du Royaume qui vient ".<br />
Mais alors la Mission c'est<br />
quoi ? C'est de révéler ! Mais pas<br />
d'abord Jésus-Christ. C'est d'aider<br />
le monde à découvrir de l'intérieur,<br />
quelque chose qui le<br />
dépasse dans ce qui inspire le<br />
travail de l'humanité sur ellemême.<br />
Quelque chose que nous<br />
appelons, à la suite de St. Paul,<br />
le " Mystère " du Monde. Dans<br />
notre fidélité à Jésus-Christ<br />
nous n’avons pas seulement<br />
affaire à l’Eglise ni même seulement<br />
à faire de l’Eglise. Nous<br />
avons affaire au monde qui est<br />
appelé au Royaume. Si nous n'articulons<br />
que les deux pôles,<br />
Eglise-Monde nous sommes<br />
préoccupés avant tout de faire<br />
d'autres chrétiens. Si au contraire<br />
nous articulons les trois<br />
pôles, Royaume-Eglise-Monde, la<br />
mission n'a plus la même visée :<br />
lorsque nous avons contribué,<br />
avec d'autres, à ce qu'il y ait un<br />
peu plus d'humanité dans le<br />
monde, nous avons fait notre<br />
travail ! Nous avons contribué au<br />
Royaume de Dieu ! Quelque désireux<br />
que nous restions, d'autre<br />
part, que d'autres aient la<br />
chance de connaître Jésus-<br />
Christ ! L'Eglise est au service de<br />
la transcendance, dans une collaboration,<br />
dans un dialogue.<br />
Aujourd'hui les hommes sont<br />
prêts à s'interroger et à s'y<br />
ouvrir, si elle n'est pas aussitôt<br />
revendiquée par l'Eglise ou une<br />
religion.<br />
De la lecture de cette interview<br />
il ressort que la reconnaissance<br />
de la fracture culturelle<br />
qui existe entre l'Eglise et le<br />
monde ouvrier a été essentielle<br />
au milieu du XX éme siècle. Le concile<br />
Vatican II a confirmé cette<br />
intuition. L'abandon du latin<br />
comme langue d'Eglise est un<br />
signe im<strong>po</strong>rtant de ce dé<strong>po</strong>uillement<br />
culturel nécessaire.<br />
D'autres ont été entamés. Pour<br />
autant une fracture culturelle<br />
ne demeure-t-elle pas, en ce<br />
début du XXI éme<br />
siècle, entre<br />
l'Eglise et le monde sécularisé<br />
qui est le nôtre? Travailler à la<br />
réduire, n'est-ce pas le chantier<br />
primordial de l'Eglise particulièrement<br />
en monde Ouvrier ? Ne justifie-il<br />
pas de prendre les moyens<br />
d'une inculturation, toujours<br />
plus <strong>po</strong>ussée dans ce monde-là,<br />
en y participant au combat <strong>po</strong>ur<br />
le rendre plus humain, ce qui va<br />
bien, n'est-ce pas, dans le sens<br />
de l'Avènement du Royaume ?<br />
Jean-Claude RELAVE<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
26<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
UN CRI VENU DE LA FRONTIERE<br />
DU SUD DU MAGRHEB<br />
La " Commission mixte " qui<br />
tous les deux ans regroupe<br />
<strong>des</strong> évêques du Sud et du<br />
Nord de la Méditerranée, a<br />
parlé de ce qui se passe à la<br />
" barrière " du Sahara. Ces<br />
quelques lignes de Mgr.<br />
Claude Rault s'en font l'écho.<br />
Au début <strong>des</strong> années soixante<br />
les chiffonniers d'Emmaüs<br />
avaient organisé un grand meeting<br />
dans le sud de la Manche. Il<br />
y avait foule. l'Abbé Pierre était<br />
venu, accompagné de Mgr.<br />
Mercier, alors évêque du Sahara.<br />
Au cours de la soirée l'Abbé<br />
Pierre avait pris la parole. Ses<br />
pro<strong>po</strong>s percutants <strong>po</strong>rtaient sur<br />
l'urgence d'une aide efficace<br />
<strong>po</strong>ur développement <strong>des</strong> Nations<br />
nouvellement indépendantes<br />
: " Ecoutez moi bien !<br />
Ecoutez moi bien. Si nous ne faisons<br />
pas justice à ces pays qui<br />
accèdent à l'indépendance en<br />
les aidant à se développer, ils<br />
viendront eux-mêmes dans nos<br />
pays rechercher ce qu'il n'ont<br />
pas obtenu et nous ne <strong>po</strong>urrons<br />
leur refuser ce droit ! " C'était la<br />
voix d'un prophète, ce qu'il avait<br />
dit là se réalise maintenant !<br />
Dans le cours de mes visites<br />
pastorales je rends régulièrement<br />
à Tamanrasset... C'est l'occasion<br />
de revoir la petite communauté<br />
chrétienne locale et<br />
d'écouter ce qu'elle <strong>po</strong>rte<br />
comme joies et soucis. L'un de<br />
ces derniers et non le moindre<br />
est celui du sort <strong>des</strong> migrants<br />
subsahariens, qui n'ont d'autre<br />
refuge que les rochers avoisinants<br />
la ville, toujours sur la<br />
menace d'une reconduite aux<br />
frontières. Un nombre im<strong>po</strong>rtant<br />
y arrive depuis plusieurs<br />
années en provenance de divers<br />
pays d'Afrique.<br />
Il est absolument illusoire de<br />
dire que ce courant va s'estomper<br />
comme un oued en crue<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
27<br />
après une bonne pluie. Non. Il<br />
s'agit bien là d'une situation permanente,<br />
endémique, ancrée<br />
dans <strong>des</strong> rêves im<strong>po</strong>ssibles et les<br />
tentations les plus folles. La<br />
" migration subsaharienne " fait<br />
même partie de notre perception<br />
de la " culture africaine "<br />
Combien de fois assimile-t-on<br />
plus au moins les mots " africains<br />
" et " migrants ", voire<br />
même " sans-papiers ".<br />
Il est illusoire <strong>po</strong>ur l'Europe<br />
de croire que la surveillance <strong>des</strong><br />
frontières, l'érection de murs et<br />
de rideaux de barbelés, la reconduite<br />
dans les pays d'origine, la<br />
migration choisie, la légalisation<br />
à l'égard <strong>des</strong> sans-papiers, suffiront<br />
à apaiser ce mal, fruits,<br />
parmi d'autres d'une société planétaire<br />
"structurée dans le<br />
péché", <strong>po</strong>ur reprendre une<br />
expression de Vincent Cosmao.<br />
Car au fond personne parmi les<br />
res<strong>po</strong>nsables <strong>po</strong>litiques et les<br />
grands décideurs financiers n'a<br />
intérêt à aborder la question en<br />
face.<br />
Il faut crier fort aux législateurs<br />
: les " migrants " ne sont ni<br />
<strong>des</strong> voyous, ni <strong>des</strong> fantômes , ni<br />
<strong>des</strong> pirates, ni <strong>des</strong> anges. Ce<br />
sont <strong>des</strong> personnes qui dans la<br />
grande majorité, <strong>po</strong>ur <strong>des</strong> raisons<br />
de survie, quittent leur<br />
pays <strong>po</strong>ur se donner un avenir.<br />
Ils sont prêts <strong>po</strong>ur cela à braver<br />
la mer et le désert. Mais ils sont<br />
vite pris dans les filets de gangs<br />
bien organisés et de multiples<br />
filières rançonneuses, qui ont<br />
trouvé là un moyen de réussir<br />
dans la migration. Ils doivent<br />
réussir à tout prix. Revenir les<br />
mains vi<strong>des</strong> sans avoir réussi est<br />
trop humiliant face à une famille<br />
qui s'est sacrifiée <strong>po</strong>ur envoyer<br />
l'élu vers de meilleures terres.<br />
Il est illusoire aussi de croire<br />
que le flot migratoire s'arrêtera<br />
au pied <strong>des</strong> murs de la dissuasion<br />
érigés par les nations occidentales<br />
ou les pays de transit.<br />
La racine du mal est de taille et<br />
le remède aussi puisqu'il ne<br />
s'agit pas moins de développer<br />
l'Afrique... Pour y arriver il faut<br />
faire cesser les dons con<strong>des</strong>cendants<br />
(on reprend dix fois d'une<br />
main ce que l'on donne de l'autre),<br />
payer au juste prix le café,<br />
le thé, le coton, les bananes, le<br />
bois,… Et cela il faut l'oser. Qui en<br />
aura le courage ?<br />
Que font les Eglises ? Que<br />
faisons-nous ? Il ne suffit pas de<br />
gérer le " sacré ", mais dans ce<br />
sacré réintégrer la personne<br />
humaine avec toute sa dignité<br />
d'enfant de Dieu. Cela commence<br />
par la <strong>po</strong>ssibilité de faire<br />
sa vie non de la mendier.<br />
Nous <strong>po</strong>uvons nous sentir<br />
bien démunis mais il y a toujours<br />
quelque chose à faire : d'abord<br />
recevoir les " migrants " comme<br />
<strong>des</strong> personnes, sans être dupes<br />
parfois de l'ambiguïté de nos<br />
gestes, soigner l'homme ou la<br />
femme en détresse sur son chemin,<br />
éveiller nos pays d'origine à<br />
leur détresse, œuvrer <strong>po</strong>ur la<br />
justice jusqu'au bout de nos<br />
<strong>po</strong>ssibilités et de notre imagination,<br />
multiplier les petits projets<br />
qui ne passent pas à l'épuisette<br />
<strong>des</strong> <strong>po</strong>uvoirs en place. Montrer<br />
enfin que, en cohérence avec l'Evangile<br />
, nous sommes vraiment ,<br />
comme le disait Paul VI à l'ONU,<br />
<strong>des</strong> " experts en humanité ".<br />
Claude Rault<br />
Evêque du Sahara<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
O Peuple haïtien,<br />
continue de crier ton déses<strong>po</strong>ir !<br />
Le 10 avril 2008, au cœur d'une semaine d'émeutes de la faim, les jésuites, ( dont Ramiro PAM-<br />
POLS, PO d'Espagne ) qui vivent en Haïti ont rédigé un communiqué qui appelle à la non-violence<br />
mais exprime surtout leur colère et celle du peuple haïtien face à l'incurie <strong>des</strong> autorités publiques<br />
et à l'indifférence de la communauté internationale.<br />
" Nous, jésuites, qui travaillons<br />
en Haïti dans divers domaines,<br />
nous sommes témoins du<br />
drame quotidien que vivent <strong>des</strong><br />
millions de nos frères et sœurs<br />
haïtiens. Comme le Seigneur<br />
dans le désert, nous voyons la<br />
misère de notre peuple et nous<br />
entendons ses cris : " Je suis le<br />
Seigneur, ton Dieu. J'ai vu ta<br />
misère et entendu ton cri . Je<br />
connais tes angoisses. C'est la<br />
vie que je veux <strong>po</strong>ur toi, et non<br />
la mort. Mais qui envoyer <strong>po</strong>ur<br />
te libérer ? Dans le<br />
passé, Moïse a été<br />
mon messager <strong>po</strong>ur<br />
libérer mon peuple<br />
et le sortir de l'esclavage<br />
d'Égypte. En<br />
mon Nom, il l'avait<br />
conduit dans une<br />
terre où ruissellent<br />
le lait et le miel ".<br />
(Ex 3, 7-12)<br />
La misère de notre<br />
peuple aujourd'hui,<br />
ce sont :<br />
• Ces millions<br />
d'Haïtiens et d'Haïtiennes<br />
qui sont victimes<br />
de la hausse vertigineuse<br />
et incessante <strong>des</strong> prix <strong>des</strong> produits<br />
de première nécessité et<br />
qui sont incapables de subvenir<br />
à leurs besoins les plus essentiels,<br />
même la nourriture.<br />
• La baisse de la production<br />
nationale dans tous les secteurs<br />
de l'économie qui conduit à la<br />
famine et au dénuement le plus<br />
total.<br />
• La paupérisation honteuse et<br />
insup<strong>po</strong>rtable de nos <strong>po</strong>pulations<br />
urbaines et rurales.<br />
• La montée de l'insécurité,<br />
spécialement la réapparition en<br />
force du phénomène du kidnapping<br />
et le déses<strong>po</strong>ir <strong>des</strong> jeunes.<br />
• Notre nation qui est plongée<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
dans la honte et la désespérance<br />
avec sa souveraineté foulée aux<br />
pieds et la majeure partie de sa<br />
<strong>po</strong>pulation qui vit dans <strong>des</strong><br />
conditions inhumaines.<br />
La misère de notre peuple<br />
ce sont également :<br />
• L'incapacité totale de la majorité<br />
de nos gouvernants à faire<br />
face aux problèmes fondamentaux<br />
de la société.<br />
• L'absence totale d'une op<strong>po</strong>sition<br />
<strong>po</strong>litique constructive,<br />
susceptible de contrôler et de<br />
stimuler l'action gouvernementale<br />
au bénéfice de la nation.<br />
• L'annihilation totale de la<br />
fonction <strong>po</strong>litique du Parlement<br />
au moyen de procédés malhonnêtes<br />
tels que les <strong>po</strong>ts de vin, la<br />
corruption, etc..<br />
• L'irres<strong>po</strong>nsabilité de la communauté<br />
internationale, notamment<br />
<strong>des</strong> pays dits amis de Haïti,<br />
<strong>des</strong> institutions financières<br />
internationales (la Banque mondiale,<br />
le Fonds monétaire international,<br />
la Banque interaméricaine<br />
de développement, etc..)<br />
qui n'ont pas tenu leur promesse<br />
vis-à-vis d'Haïti, assistant<br />
28<br />
cyniquement à la <strong>des</strong>cente aux<br />
enfers de la société haïtienne.<br />
Le peuple haïtien, peuple<br />
courageux, s'il en est, n'en peut<br />
plus cette fois-ci. Tenaillé par la<br />
misère, il crie. Son cri devient<br />
appel.<br />
Le cri du peuple aujourd'hui,<br />
ce sont :<br />
Ces milliers de jeunes qui<br />
gagnent les rues <strong>po</strong>ur dire qu'ils<br />
n'en peuvent plus et<br />
qui exigent <strong>des</strong> res<strong>po</strong>nsables<br />
<strong>po</strong>litiques qu'ils<br />
assument leur res<strong>po</strong>nsabilité.<br />
Ces millions de chômeurs,<br />
tenaillés par la<br />
faim, qui crient leur<br />
colère à travers les rues<br />
de Port-au-Prince et<br />
<strong>des</strong> villes de province.<br />
Ces pères et mères<br />
de famille qui passent<br />
plusieurs jours sans<br />
<strong>po</strong>uvoir se nourrir et<br />
qui sont en train de<br />
crier leur misère dans<br />
les manifestations de<br />
rue, etc..<br />
Ces enfants décharnés <strong>des</strong><br />
bidonvilles et <strong>des</strong> campagnes qui<br />
crient chaque jour parce qu'ils<br />
ne trouvent rien à manger et<br />
qui sont sans avenir.<br />
Appelle, crie, ne baisse jamais<br />
les bras, ô toi, peuple, courage !<br />
C'est à toi de m'aider à t'aider.<br />
Avec toi je peux faire beaucoup.<br />
Sans toi je ne réussirai pas. Tu as<br />
besoin de moi, je le sais. Je suis<br />
ton allié irremplaçable. Mais j'ai<br />
aussi besoin de toi, de tes cris,<br />
de ton unité, de ton expérience<br />
de peuple souffrant, de ton<br />
courage. Allons, travaillons<br />
ensemble. La victoire sera de<br />
notre côté car nous luttons<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
<strong>po</strong>ur une cause juste. Tu connais<br />
mon nom : je suis le Dieu de la<br />
vie et non de la mort. Tu connais<br />
mon projet. Jésus de Nazareth<br />
l'a bien exprimé dans le quatrième<br />
Évangile : “ Moi, je suis<br />
venu <strong>po</strong>ur qu'on ait la vie<br />
et qu'on l'ait en abondance.”<br />
(Jn 10, 10)<br />
Nous sommes fortement<br />
interpellés par cette situation<br />
intolérable et révoltante qui<br />
menace de faire sombrer notre<br />
pays dans de nouveaux drames :<br />
nous nous sentons profondément<br />
unis à ce peuple souffrant<br />
et sincèrement solidaires de<br />
ceux qui sont les plus gran<strong>des</strong><br />
victimes. C'est <strong>po</strong>urquoi, au nom<br />
de notre foi chrétienne et de<br />
notre engagement comme religieux<br />
jésuites, nous exhortons<br />
avec force :<br />
Les res<strong>po</strong>nsables <strong>po</strong>litiques :<br />
Le Président de la République<br />
à prendre rapidement les décisions<br />
<strong>po</strong>litiques qui s'im<strong>po</strong>sent<br />
<strong>po</strong>ur rétablir la confiance et la<br />
paix : à engager une réforme en<br />
profondeur <strong>des</strong> institutions<br />
publiques <strong>po</strong>ur mettre enfin le<br />
pays sur la voie du développement.<br />
Les hauts res<strong>po</strong>nsables de<br />
l'État (Premier ministre, ministres,<br />
secrétaires d'État et directeurs<br />
généraux, les sénateurs,<br />
les députés, etc..) sur le court<br />
terme, à élaborer et à mettre en<br />
œuvre, dans le plus bref délai,<br />
un programme d'urgence (réel<br />
et efficace) <strong>po</strong>ur alléger les<br />
souffrances de la <strong>po</strong>pulation,<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
sur le long terme à utiliser les<br />
ressources intellectuelles et les<br />
savoir-faire tant nationaux qu'étrangers<br />
en vue d'élaborer et de<br />
mettre en œuvre un vrai plan de<br />
développement national.<br />
Les partis et organisations<br />
<strong>po</strong>litiques à assumer leur res<strong>po</strong>nsabilité<br />
de critique et de<br />
contrôle de l'action gouvernementale,<br />
à aider<br />
dans la recherche<br />
de solutions adaptées<br />
au drame que<br />
vit notre société,<br />
à participer effectivement<br />
à la réforme<br />
de l'État <strong>po</strong>ur<br />
sortir enfin notre<br />
pays de la honte<br />
et du marasme.<br />
Les commerçants,<br />
les industriels,<br />
les im<strong>po</strong>rtateurs, les<br />
banquiers et autres<br />
forces vives de la<br />
nation à ap<strong>po</strong>rter<br />
leur contribution à<br />
l'allègement <strong>des</strong><br />
souffrances de nos<br />
concitoyens (concitoyennes),<br />
à prendre<br />
conscience de la<br />
nécessité d'œuvrer<br />
ensemble <strong>po</strong>ur aider<br />
Haïti à se mettre<br />
debout.<br />
29<br />
Toutes les com<strong>po</strong>santes<br />
de la société<br />
civile : cadres<br />
religieux, éducateurs,<br />
étudiants, res<strong>po</strong>nsables<br />
et membre d'associations,<br />
syndicalistes et <strong>ouvriers</strong>,<br />
artisans, petits commerçants,<br />
agriculteurs, etc.., à nous<br />
mettre debout, à chercher<br />
ensemble les solutions aux problèmes<br />
de notre peuple.<br />
La communauté internationale,<br />
notamment les pays dits<br />
amis d'Haïti, les institutions<br />
financières internationales, etc..<br />
à respecter leurs engagements<br />
vis-à-vis d'Haïti, notamment<br />
leurs nombreuses promesses de<br />
coopération et à aider effectivement<br />
le pays à sortir de ce<br />
bourbier.<br />
O Peuple haïtien ! Continue<br />
d'appeler, de crier et de convoquer<br />
ceux et celles que tu avais<br />
choisis <strong>po</strong>ur te servir. Ta force<br />
sera la non-violence organisée<br />
et soutenue. La violence n'est<br />
jamais efficace. Tu m'appelles.<br />
Oui, je serai avec toi et en toi la<br />
puissance de mon Esprit.<br />
Les jésuites d’Haïti<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Travailleurs migrants au Ja<strong>po</strong>n<br />
Le Centre catholique international<br />
de Tokyo (CTIC) aide les<br />
étrangers dans leurs difficultés<br />
quotidiennes. Depuis 1990 il<br />
s'est implanté dans d'autres<br />
localités de la périphérie. Nous<br />
publions quelques extraits d'une<br />
note écrite par le Père Adolfo<br />
Nicolas, SJ, qui travaille en lien<br />
avec le CTIC. Ses réflexions sont<br />
utiles <strong>po</strong>ur comprendre les <strong>des</strong>tructurations<br />
qu'engendrent les<br />
migrations.<br />
" Le CTIC <strong>des</strong> débuts a fait du<br />
très bon travail <strong>po</strong>ur aider les<br />
migrants dans l'urgence, <strong>po</strong>ur<br />
<strong>des</strong> problèmes de survie, de<br />
légalisation, de mariage, etc…<br />
J'essaie de voir, au delà de l'urgence,<br />
la réalité à long terme de<br />
ces hommes et femmes qui ont<br />
quitté leurs familles, leur pays,<br />
leur culture et leur maison et qui<br />
risquent tout <strong>po</strong>ur un nouvel<br />
avenir rêvé, fut-il permanent ou<br />
tem<strong>po</strong>raire.<br />
Déracinement<br />
La première et la plus évidente<br />
constatation, c'est qu'il<br />
s'agit <strong>po</strong>ur eux d'une situation<br />
où ils sont déracinés, hors de<br />
leur propre culture. Ce qui<br />
représente beaucoup plus<br />
qu'une perte de nourriture traditionnelle,<br />
<strong>des</strong> fêtes et <strong>des</strong> danses<br />
avec lesquelles ils ont grandi.<br />
La culture a été définie comme<br />
un modèle de notions et de<br />
valeurs partagées qui s'expriment<br />
à travers un réseau de<br />
symboles, de mythes et de<br />
rituels, créés par une société<br />
particulière <strong>po</strong>ur s'éfforcer de<br />
ré<strong>po</strong>ndre aux défis de la vie et<br />
former ses membres à ce qui<br />
est considéré comme moyen<br />
régulier, correct et décent de<br />
sentir, de penser et de se com<strong>po</strong>rter.<br />
Pour un homme ordinaire,<br />
vivre en permanence ou<br />
<strong>po</strong>ur de longues pério<strong>des</strong> hors<br />
de sa propre culture signifie se<br />
retrouver dans une situation de<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
chaos intérieure avec un sentiment<br />
profond de perte, ne plus<br />
savoir que ressentir, comme se<br />
conduire et agir envers les<br />
autres.<br />
Dépréciation de soi<br />
La situation de la plupart <strong>des</strong><br />
étrangers qui espèrent travailler<br />
au Ja<strong>po</strong>n est celle d'une dépréciation<br />
d'eux-mêmes, humaine<br />
et sociale. Beaucoup de ceux qui<br />
viennent au Ja<strong>po</strong>n souffrent de<br />
la perte de leur statut social et<br />
surtout, plus dramatique encore,<br />
celle de l'estime de soi. Ils<br />
obtiendront un travail très en<br />
<strong>des</strong>sous de leur qualification<br />
personnelle, de leur éducation<br />
ou de leurs capacités. On les<br />
regarde de haut souvent et ils<br />
seront rarement considérés<br />
comme dignes d'être consultés<br />
promus ou <strong>po</strong>ussés à faire<br />
davantage et mieux un travail<br />
exigeant. C'est là une source<br />
in<strong>des</strong>criptible d'isolement. Ils<br />
sont conduits ainsi plus bas<br />
encore que la très basse opinion<br />
qu'ils ont d'eux-mêmes. C'est la<br />
source d'insécurité douloureuse<br />
qui affecte même leur capacité<br />
à lutter, à entrer en contact<br />
avec les autres et même à<br />
s'adresser à leurs propres<br />
enfants avec la dignité et la<br />
fierté d'un homme<br />
Valeurs humaines<br />
Un aspect que nous avons à<br />
mieux étudier, c'est celui <strong>des</strong><br />
effets de la migration sur les<br />
valeurs humaines et morales.<br />
Nous avons ici affaire à une<br />
énorme et réelle pauvreté : insécurité,<br />
chômage, instabilité<br />
sociale et <strong>po</strong>litique, qui a jeté<br />
<strong>des</strong> millions de gens dans <strong>des</strong><br />
situations inhumaines où la plupart<br />
<strong>des</strong> décisions reviennent à<br />
survivre. Comment tout cela<br />
affecte le cœur, la pensée, les<br />
valeurs, la foi de ceux qui sont<br />
touchés Tout de suite après<br />
30<br />
avoir décidé de faire quelque<br />
chose <strong>po</strong>ur survivre, les migrants<br />
prennent l'une ou l'autre<br />
mesure qui normalement serait<br />
considérée comme malhonnête<br />
(se servir d'un faux passe<strong>po</strong>rt<br />
avec un nom d'emprunt et un<br />
âge inexact) ou immorale (se<br />
marier <strong>po</strong>ur obtenir un visa,<br />
entreprendre une relation sentimentale<br />
sans vouloir <strong>po</strong>ur<br />
autant s'engager). C'est toujours<br />
une source d'étonnement<br />
de rencontrer ces personnes et<br />
de découvrir chez elles une<br />
pureté du cœur, une compassion<br />
et une solidarité pleine de<br />
délicatesse, un certain parfum<br />
de valeurs spirituelles qui va mal<br />
avec les mensonges qu'ils racontent<br />
ou le travail qu'ils font<br />
Transitions à opérer<br />
Les conséquences pastorales<br />
de ces questions sont évidentes.<br />
Le besoin d'aide frappe à la<br />
<strong>po</strong>rte de l'église et de chaque<br />
chrétien. Négliger ces migrants<br />
et leurs communautés, c'est les<br />
abandonner sur un dangereux<br />
marché avide de nouveaux<br />
clients, marchands de mort, stupi<strong>des</strong><br />
et avi<strong>des</strong>, qui entendent<br />
faire de la faiblesse humaine et<br />
de sa souffrance un objet de<br />
stratégie commerciale. Cela va<br />
largement de la drogue et de<br />
l'alcool au recrutement mafieux<br />
et même à la manipulation <strong>po</strong>ur<br />
attirer les gens dans <strong>des</strong> sectes<br />
ou <strong>des</strong> groupements religieux.<br />
Les églises chrétiennes et la<br />
société ja<strong>po</strong>naise se trouvent ici<br />
confrontées à de multiples<br />
défis, sous formes de transitions.<br />
Transition qui passerait<br />
d'un préjugé bienveillant, gentil,<br />
presque invisible mais réel, à un<br />
dialogue du cœur où chacun de<br />
nous serait impliqué dans la<br />
découverte d'une expérience<br />
humaine plus profonde. Transition<br />
qui nous fasse passer d'un<br />
<strong>po</strong>int de vue moralisateur étroit<br />
sur la situation de beaucoup<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr
d’étrangers aux prises avec<br />
leurs papiers d'immigration,<br />
leurs autorisations et autres<br />
références légales, à une compréhension<br />
plus large et juste<br />
de la situation humaine d'où ils<br />
viennent et <strong>des</strong> impératifs de survie<br />
ou de libération qui affectent<br />
et limitent leurs choix de vie.<br />
En d'autres termes, nous<br />
sommes mis au défi de faire la<br />
transition courageuse et risquée<br />
d'une église ministérielle méthodique,<br />
capable et bien organisée<br />
<strong>po</strong>ur s'occuper d'elle-même, à<br />
une église prophétique vouée à<br />
vivre l'évangile avec les autres et<br />
devenir à son tour une invitation<br />
à toute la société ja<strong>po</strong>naise<br />
<strong>po</strong>ur l'émergence d'une nouvelle<br />
famille humaine. Migrants et<br />
gens du voyage au Ja<strong>po</strong>n continueront<br />
à nous aider à actualiser<br />
notre lecture de l'évangile et<br />
à garder devant les yeux de nos<br />
cœurs les dramatiques problèmes<br />
de la vie humaine et la véritable<br />
source de notre es<strong>po</strong>ir et<br />
de notre joie. "<br />
(Le père Adolfo Nicolas est devenu<br />
Général <strong>des</strong> Jésuites)<br />
************<br />
Sur la vie et l'action <strong>des</strong> travailleurs<br />
migrants au Ja<strong>po</strong>n<br />
vous trouverez une longue<br />
information dans le livre de<br />
Edouard Brzostowki " Evangéliser<br />
au Ja<strong>po</strong>n ? " chez L'Harmatan.<br />
Prêtre du Prado à Asada<br />
dans la banlieue industrielle de<br />
Kawasaki, au titre de la commission<br />
Justice et Paix, il a participé<br />
à diverses luttes contre les<br />
injustices sociales, <strong>po</strong>ur la<br />
reconnaissance <strong>des</strong> maladies du<br />
travail, contre les discriminations<br />
raciales et <strong>po</strong>ur la paix,<br />
spécialement lors d'un long<br />
conflit qui op<strong>po</strong>sa les <strong>ouvriers</strong><br />
philippins et la multinationale<br />
Toyota. A la présentation de son<br />
livre à Rome il déclarait : " Pour<br />
baisser les coûts de production,<br />
les grosses entreprises diminuent<br />
le nombre <strong>des</strong> titulaires<br />
et augmentent le nombre d'employés<br />
intérimaires, sans contrat<br />
fixe. Les sous-traitants de ces<br />
grosses entreprises, souvent<br />
multinationales, accueillent aussi<br />
très souvent <strong>des</strong> étrangers au<br />
titre d'apprentis avec un salaire<br />
ridicule (24.000 yens par mois,<br />
alors que le salaire minimum<br />
d'un ouvrier s'élève à 300.000<br />
yens !) En fait, ces apprentis<br />
déguisés travaillent à la production<br />
de pièces nécessaires aux<br />
grosses entreprises. Celles-ci<br />
réussissent ainsi à baisser leur<br />
coût de production.<br />
Voici un exemple concret de<br />
ce phénomène : le 6 février<br />
2007, 3 jeunes Vietnamiennes,<br />
déléguées de leurs camara<strong>des</strong>,<br />
dé<strong>po</strong>sent leur plainte au bureau<br />
de Toyota à Tokyo, soutenues<br />
par une centaine de syndicalistes<br />
ja<strong>po</strong>nais. Kojima, membre de<br />
notre équipe d'ACO, fait partie<br />
de la délégation qui dé<strong>po</strong>se<br />
cette plainte auprès <strong>des</strong> représentants<br />
de Toyota. Ces Vietnamiennes<br />
étaient accueillies<br />
comme apprenties par TMC,<br />
sous-traitant de Toyota. En fait,<br />
elles travaillaient à la production<br />
<strong>des</strong> pièces nécessaires aux voitures<br />
Toyota, comme tous les<br />
<strong>ouvriers</strong> ja<strong>po</strong>nais de TMC.<br />
La direction a confisqué leur<br />
passe<strong>po</strong>rt et leur livret bancaire<br />
<strong>po</strong>ur les empêcher de quitter<br />
l'entreprise. Le temps passé aux<br />
toilettes est chronométré, et<br />
elles doivent payer 15 yens par<br />
minute. L'interdiction du <strong>po</strong>rtable<br />
les amène à utiliser le téléphone<br />
de l'entreprise. A chaque<br />
fois, elles doivent payer 10.000<br />
yens d'amende. Le harcèlement<br />
sexuel est quotidien. Elles ont<br />
dé<strong>po</strong>sé une plainte concernant<br />
leur salaire inférieur au minimum<br />
garanti (684 yens de<br />
l'heure) Le bureau du travail a<br />
fait une enquête auprès de 22<br />
entreprises sous-traitantes et a<br />
ordonné de verser 50 millions de<br />
yens aux 200 <strong>ouvriers</strong> lésés.<br />
Kojima me demande de participer<br />
aux négociations avec la<br />
direction Toyota, menées par<br />
une délégation de syndiqués. "<br />
Michel RAGER<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
31<br />
http://assoc.orange.fr/pretres.<strong>ouvriers</strong>
Lettre de Maurice Zundel<br />
à Mme Jouguet, 1954<br />
" Le drame <strong>des</strong> <strong>prêtres</strong><strong>ouvriers</strong><br />
m'a été et me<br />
demeure une plaie,<br />
comme les sanctions<br />
prises contre nos amis<br />
dominicains. Je crois<br />
que le motif <strong>des</strong> sanctions<br />
romaines est le<br />
suivant : certains <strong>prêtres</strong>-<strong>ouvriers</strong><br />
ont acquis<br />
l'optique de l'abbé<br />
Pierre (que tout le<br />
monde admire en celuici,<br />
parce qu'elle se traduit<br />
par une action de<br />
grande envergure et<br />
qu'elle se cantonne<br />
dans un secteur limité).<br />
Cette optique, la voici : il<br />
ne faut pas demander<br />
aux sans-logis s'ils<br />
croient en Dieu ou s'ils<br />
viendront aux sacrements, il faut les loger. À l'échelle prêtreouvrier,<br />
cela revient à dire : vivons la vie ouvrière et revendiquons<br />
la justice sociale parce que c'est juste et que le christianisme<br />
doit au premier chef être le champion de la justice et<br />
de la dignité humaines. Si les <strong>ouvriers</strong> après cela découvrent<br />
Dieu, l'Église et les sacrements, tant mieux. Mais notre action<br />
ne doit pas être un prétexte <strong>po</strong>ur les endoctriner. Nous adoptons<br />
la vie ouvrière, comme l'abbé Pierre les sans-logis, sans<br />
arrière-pensées : <strong>po</strong>ur réparer une formidable injustice et un<br />
monstrueux abandon de la classe ouvrière. On a estimé à<br />
Rome que cette action " purement humaine " mettait les <strong>prêtres</strong>-<strong>ouvriers</strong><br />
en danger, aussi bien que le monde ouvrier luimême,<br />
en effaçant la mission surnaturelle de l'Église, en minimisant<br />
la valeur <strong>des</strong> sacrements. Je crois que Rome ne se<br />
rend pas compte du degré d'indifférence absolue et d'ignorance<br />
totale de millions d'<strong>ouvriers</strong> français <strong>po</strong>ur qui la religion<br />
est simplement inexistante et qu'il faut apprivoiser à travers<br />
les seules réalités qui leur sont sensibles : la solidarité et la<br />
justice.<br />
D'un autre côté les évêques français ne semblent pas avoir<br />
pris au sérieux à temps les objections basées sur les dénonciations<br />
de France. Quand les cardinaux français sont arrivés<br />
à Rome, ils ont trouvé tout un dossier qu'ils n'étaient pas prêts<br />
à réfuter. Ils ont appris trop tard qu'on ne dit pas non à Rome<br />
et qu'une diplomatie vigilante et de longue haleine eût seule<br />
pu détourner le coup.<br />
Voilà ce que je crois être vrai. Cela n'empêche pas la douleur<br />
immense de sentir tant d'amis dans la peine, tant d'amis<br />
héroïques et tout un monde ouvrier déconcerté et orphelin. "<br />
COURRIER P.O<br />
Bulletin de liaison trimestriel<br />
ISSN 076 471<br />
Imprimé par nos soins<br />
à Montreuil - 93514 cedex<br />
ENPO<br />
47 Rue Voltaire<br />
93100 Montreuil<br />
Tél. : 01 55 86 93 06<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr<br />
Directeur de la Publication<br />
Antoine Brethomé<br />
Comité de Rédaction<br />
Avec J.Claude Relave<br />
Ph.Clément - M. Rager<br />
Jean-Louis Demerliac<br />
Maquettage : Elia Bortignon<br />
Correctrice : A.M. Couchard<br />
Équipe d'expédition<br />
J.Louis Demerliac - Marie<br />
Jean - Micheline - Quentin<br />
Jean-François - Dominique<br />
SOMMAIRE<br />
Janvier 2009<br />
Page<br />
Noël, une espérance................... 2<br />
Présence .................................... 3<br />
C’est de Nuit ............................... 4<br />
Message de Pedro Calsaldiga ... 5<br />
En quoi sommes-nous <strong>prêtres</strong> ... 6<br />
Un véritable révélation ............... 7<br />
Saint Paul, ça nous dit ............... 8<br />
L’impertinence de l’utopie ........... 9<br />
Un vécu signifiant ..................... 10<br />
Retraite Prêtres-Ouvriers ......... 11<br />
L’activité <strong>po</strong>litique ..................... 12<br />
PO, n’avons-nous rien à dire ? .. 13<br />
Ténoins du Ressuscité ............. 14<br />
Par la grève .............................. 16<br />
Bernard Housset ....................... 18<br />
Lettre à André Vingt-Trois ........ 19<br />
Diaconat permanent ................. 20<br />
Et c’est reparti comme avant .... 22<br />
Examen critique ....................... 23<br />
Eglise en monde ouvrier .......... 25<br />
Un cri venu ... du Maghreb ....... 27<br />
O Peuple haïtien ...................... 28<br />
Travailleurs migrants au Ja<strong>po</strong>n ... 30<br />
Lettre de Maurice Zundel ......... 32<br />
Courrier PO Janvier 2009<br />
32<br />
pretres.<strong>ouvriers</strong>@wanadoo.fr