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enquête<br />
<strong>La</strong> NR 4112 — Dimanche 28 août 2011<br />
10<br />
El-Taref<br />
Les trafiquants de corail activent<br />
dans la discrétion à l’Est<br />
,A en croire des<br />
sources crédibles, les<br />
éléments de la<br />
Gendarmerie nationale<br />
de la wilaya d’El Taref<br />
ont réussi grâce à des<br />
renseignements fiables à<br />
neutraliser un vaste<br />
réseau de trafiquants de<br />
corail qui opéraient<br />
dans les localités de Ben<br />
M’Hidi et Oued Bettah,<br />
relevant de la zone<br />
frontalière algérotunisienne.<br />
L’opération qui a été menée ces<br />
dernières 24 heures de main de<br />
maître par le commandement de<br />
l’état-major a nécessité trois jours<br />
d’investigations qui ont conduit à<br />
une importante saisie de 100 kilos<br />
de corail rouge, 30 combinaisons de<br />
plongée sous-marine , 10 embarcations<br />
bien équipées pour ce fructueux<br />
trafic discret, ainsi que des<br />
bouteilles d’oxygène. <strong>La</strong> valeur de<br />
cette grosse prise a été évaluée à 10<br />
milliards de centimes, avons-nous<br />
appris auprès de ces services .<br />
Le corail est une classe d’invertébrés<br />
marins ayant pour caractéristique<br />
commune un squelette externe<br />
calcaire ou corné et protecteur<br />
appelé corail. Les vrais coraux<br />
sécrètent du carbonate de calcium,<br />
et les récifs coralliens sont surexploités<br />
par les pêcheurs. Dans ce<br />
volet il faut savoir qu’on pêche les<br />
coraux dans le but de les vendre<br />
pour en faire des bijoux de valeur.<br />
En outre , on se sert des coraux extraits<br />
des récifs afin de construire<br />
des maisons, des routes mais aussi<br />
de la chaux.<br />
Par ailleurs, il convient d’indiquer<br />
que ce produit noble contient un<br />
écran solaire naturel, soit un acide<br />
aminé rare. Or, ce dernier existe<br />
particulièrement dans les profondeurs<br />
du littoral de la zone très<br />
riche de la wilaya d’El Taref «El-<br />
Kala».<br />
A cet effet, l’on indique que les matières<br />
nobles, à savoir le corail et la<br />
bruyère, sont exploitées et transformées<br />
en de multiples produits artisanaux.<br />
Cette matière précieuse est<br />
notamment localisée tout le long<br />
du littoral calois et sa réputation a<br />
largement dépassé nos frontières.<br />
Ainsi, la ville d’El Kala est appelée<br />
la capitale du corail. <strong>La</strong> matière est<br />
Le corail algérien victime du pillage. (Photo > D. R.)<br />
transformée localement par la Société<br />
méditerranéenne de pêche et<br />
de transformation du corail en parures,<br />
colliers, bracelets, boucles<br />
d’oreilles, bagues, cornes.<br />
Cette société exporte ses produits<br />
vers l’Italie et vers les pays du Golfe.<br />
<strong>La</strong> deuxième matière précieuse<br />
qui est la bruyère, nommée localement<br />
Bouhaddad, est exploitée par<br />
la SARL Essbassa, une société privée<br />
qui était une ex-unité étatique<br />
connue mondialement par une variété<br />
de 164 modèles exportés en<br />
Italie, États-Unis, Espagne et la<br />
France. <strong>La</strong> seconde coopérative<br />
« Arts et Traditions » est spécialisée<br />
dans la sculpture sur la bruyère.<br />
A titre illustratif, nous citerons le<br />
socle, le poudrier, le plumier. Selon<br />
toute vraisemblance, la mer d’El<br />
Kala renferme d’importants gisements<br />
coralliens.<br />
D’après les indications de la direction<br />
de la pêche de la wilaya d’El<br />
Taref, l’extraction remonte au début<br />
de l’année 1970 jusqu’au mois d’octobre<br />
2000 où elle avait été officiellement<br />
interdite par le gouvernement<br />
algérien. En tout état de cause,<br />
le corail au large d’El Kala avait subi<br />
une exploitation réellement forcenée<br />
de plusieurs amateurs aveuglés<br />
par le gain rapide et facile en<br />
étroite collaboration avec des pêcheurs<br />
étrangers, à savoir des Tunisiens<br />
et des italiens exerçant<br />
d’ores et déjà clandestinement sur<br />
les côtes algériennes. Devant cet<br />
état de fait, la garde côtière avait été<br />
renforcée ces dernières années<br />
pour protéger cette grande richesse<br />
naturelle de ces redoutables exploitants<br />
décidés à aller jusqu’au bout<br />
de leur trafic. De ce fait, de nombreuses<br />
arrestations avaient eu lieu<br />
durant ces derniers mois dans ce<br />
vaste littoralt grâce à la vigilance<br />
des brigades de la Gendarmerie nationale<br />
de la wilaya d’El Taref, de<br />
Ben M’hidi et de Berrihane. Selon<br />
certains armateurs questionnés à<br />
ce sujet, l’on apprend que le trafic<br />
de corail n’a jamais cessé dans le<br />
milieu des trafiquants qui activent<br />
toujours avec une totale discrétion<br />
et dans l’ombre. Il va sans dire que<br />
les barons du corail qui avaient pu<br />
se constituer des fortunes en détruisant<br />
le patrimoine national utilisent<br />
encore des réseaux mafieux dotés<br />
de moyens sophistiqués pour l’extraction<br />
, le transit ainsi que l’écoulement<br />
de la matière précieuse. Il<br />
faut savoir que le kilo de corail brut<br />
vaut plus de 100 millions de centimes<br />
selon la qualité, souligne-ton.<br />
Une minutieuse et profonde enquête<br />
avait été menée dernièrement<br />
par les éléments de la police judiciaire<br />
de la ville d’El Kala grâce à des<br />
renseignements fiables récoltés sur<br />
ce trafic qui prend des proportions<br />
Arrivés dans la zone indiquée, les éléments<br />
de la police avaient appréhendé le suspect<br />
qui était en contact avec des trafiquants de<br />
corail. Les enquêteurs ontt indiqué que le<br />
mis en cause avait étét présenté devant la<br />
justice pour être enfermé derrière les<br />
barreaux.<br />
alarmantes et dans laquelle les investigations<br />
des enquêteurs<br />
avaient, grâce à un mandat de perquisition<br />
délivré par la justice,<br />
conduit à une importante saisie de<br />
42 kilos de corail dissimulée dans la<br />
cité de Jilassa à El Kala, avons-nous<br />
appris de sources policières. Selon<br />
nos informations, le présumé auteur<br />
est un des trafiquants qui était<br />
versé dans ce créneau très rentable.<br />
<strong>La</strong> marchandise récupérée est,<br />
indique-t-on, estimée à 500 millions<br />
de centimes.<br />
Connu depuis la préhistoire, le corail<br />
était déjà utilisé par les Egyptiens<br />
, les Grecs et les Romains pour<br />
l’utiliser dans des objets et des bijoux<br />
. Au Moyen-Age, ce précieux<br />
produit était aussi un objet considéré<br />
comme une croyance pour les<br />
Tibétains et les Indiens d’Amérique<br />
pour lesquels c’était une pierre sacrée<br />
qui symbolisait l’énergie de la<br />
force vitale, celle qui protège du<br />
mauvais œil. Or, les coraux sont<br />
parfois solitaires mais très souvent<br />
ils forment des colonies. Ainsi, les<br />
récifs coralliens naissent de l’accumulation<br />
des madrépores, et certains<br />
sont vieux de 5 000 ans. Ils se<br />
développent généralement dans les<br />
zones peu profondes des mers<br />
chaudes. Le corail meurt en dessous<br />
de 29° et en dessous de 18°. Il<br />
faut savoir aussi qu’il existe aujourd’hui<br />
80 pays dits coralliens dont la<br />
France et l’Australie, où se trouve le<br />
plus long massif corallien de la planète<br />
: la grande barrière de coraux<br />
d’une longueur de 2 000 kilomètres<br />
et d’une largeur maximale de 72 kilomètres.<br />
Ce récif est situé au nordest<br />
de ce pays. Le principal ennemi<br />
du corail reste l’homme. Ainsi, c’est<br />
lui, par ses activités, qui est à l’origine<br />
de la destruction du plus grand<br />
nombre de récifs coralliens dans<br />
le monde.<br />
Des estimations font état de 70%<br />
des récifs qui seront détruits par les<br />
activités humaines dans les années<br />
à venir. Des essais nucléaires<br />
avaient été réalisés en 1997 par la<br />
France dans le Pacifique et qui, apprend-on,<br />
avaient endommagé<br />
l’écosystème et les coraux.<br />
En effet les trafiquants professionnels<br />
choisissent toujours des lieux<br />
loin des regards humains afin de<br />
procéder à l’exploitation de cette richesse<br />
en payant une main-d’œuvre<br />
algérienne apte pour les opérations.<br />
Dans cette optique ,il y a lieu d’indiquer<br />
que les braconniers étrangers<br />
« tunisiens et italiens » ont vraisemblablement<br />
réussi à créer une<br />
vaste organisation composée de<br />
trafiquants algériens ayant pour<br />
mission de faire parvenir le corail en<br />
Italie puisque les côtes françaises,<br />
tunisiennes et italiennes sont dépourvues<br />
de cette précieuse matière.<br />
A ce sujet, il est impératif de<br />
souligner que le décret exécutif<br />
n°9/5-323 du 10/95 stipule que « les<br />
zones d’exploitation des ressources<br />
coralliennes ne doivent pas être exploitées<br />
plus de cinq ans consécutifs.<br />
Après ce délai , elles sont interdites<br />
à l’exploitation pour une période<br />
de quinze années pour permettre<br />
leur régénération naturelle».<br />
C’est depuis 1997, année au<br />
cours de laquelle les italiens furent<br />
obligés de cesser leurs activités<br />
d’exploitation après l’interdiction<br />
promulguée par la loi algérienne en<br />
200 . Les nombreux réseaux de trafiquants<br />
ont alors activé dans l’extraction<br />
clandestine la plus discrète<br />
qui soit en procédant aux échanges<br />
en pleine nuit pour échapper aux<br />
contrôles des garde- côtes . D’après<br />
les derniers échos communiqués<br />
tout récemment par les services<br />
de sécurité, il a été découvert un<br />
atelier de fabrication de corail à El<br />
Kala appartenant à une personne<br />
d’origine italienne résidant depuis<br />
dix ans sur le territoire algérien.<br />
Les services de sécurité ont saisi 80<br />
kilos de produit brut avec 100 millions<br />
de centimes, apprend-on de<br />
sources sécuritaires.<br />
De toute évidence le commerce juteux<br />
du précieux produit continue<br />
à être exporté vers l’Europe par<br />
des réseaux maffieux spécialisés<br />
dans le domaine. Dans ce chapitre<br />
il est à rappeler qu’au début du<br />
mois de mars 2010 , un contrebandier<br />
d’origine italienne connu sous<br />
le sobriquet de Salvador, âgé de 53<br />
ans, avait été arrêté par les services<br />
de sécurité en possession d’une valise<br />
contenant 45 kilos de corail<br />
brut qu’il s’apprêtait à faire sortir<br />
illégalement du pays par la frontière<br />
tunisienne. C’était durant la<br />
nuit que les policiers avaient reçu<br />
l’information faisant état de passeurs<br />
en activité dans la région d’El<br />
Kala .<br />
Arrivés dans la zone indiquée, les<br />
éléments de la police avaient appréhendé<br />
le suspect qui était en<br />
contact avec des trafiquants de corail.<br />
Les enquêteurs ontt indiqué<br />
que le mis en cause avait étét présenté<br />
devant la justice pour être<br />
enfermé derrière les barreaux.<br />
Le mois suivant, en avril 2010, la<br />
police judiciaire de la daïra d’El Kala<br />
qui était munie d’un mandat de perquisition<br />
avaient découvert dans<br />
une maison isolée, pas loin du lac<br />
Tonga, une quantité de 3 kilos de corail<br />
soigneusement cachée dans un<br />
sachet en plastique. Le mis en<br />
cause, un certain K.A., 35 ans, avait<br />
été arrêté aussitôt puis déféré devant<br />
le parquet d’El Kala pour trafic<br />
de corail.<br />
Une autre opération s’est soldée<br />
par la neutralisation de quatre personnes<br />
dont l’identité n’a pas été révélée<br />
par la police des frontières<br />
de la région Est.<br />
Informés par des indicateurs, les<br />
garde-côtes avaient réussi à faire<br />
tomber dans leur filet les suspects<br />
qui étaient en possession illégale<br />
d’une quantité de 4,40 kilos de corail<br />
brut, dont la valeur est estimée<br />
à plus de 80 millions de centimes,<br />
précise-t-on de mêmes sources.<br />
Oki Faouzi