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Alger - La Nouvelle République

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islam<br />

<strong>La</strong> NR 4112— Dimanche 28 août 2011<br />

17<br />

Introduction à l’étude de l’Islam<br />

<strong>La</strong> vie de Mohammed (QSSSL) depuis<br />

sa naissance jusqu’à l’âge de quarante ans<br />

Abderrahmane Ben El-Haffaf<br />

<strong>La</strong> vaste entreprise que s’est fixée<br />

notre pays, la recherche d’un<br />

passé culturel, la passionnante,<br />

l’exaltante tâche de redécouverte<br />

et de rénovation n’écartent pas<br />

l’hypothèse des véritables<br />

découvertes. Découvertes en ce<br />

sens que de nobles figures des<br />

mondes scientifique et artistique,<br />

dont les valeurs furent étouffées<br />

pendant de nombreuses années,<br />

ne sont connues actuellement<br />

que par quelques cercles, le plus<br />

souvent d’amis. Leur tâche est<br />

aujourd’hui de divulguer ce qu’ils<br />

savent. L’un d’eux a voulu rendre<br />

un vibrant hommage au cheikh<br />

Abderrahmane Ben El-Haffâf...<br />

«Quand j’eus retrouvé mon collier,<br />

les troupes n’étaient plus là.<br />

J’allai au camp et n’y trouvant<br />

plus personne, je me dirigeai vers<br />

la place même que j’y occupais,<br />

croyant qu’après s’être aperçu de<br />

mon absence, on reviendrait m’y<br />

chercher. Pendant que j’étais assise<br />

en cet endroit, le sommeil me<br />

gagna et je m’endormis. Or Safouân<br />

Ben-El-Mo’attal-Es-Solami-<br />

Edz-Dzakouâni, qui était resté en<br />

arrière des troupes, arriva au<br />

matin à l’endroit où je me trouvais,<br />

apercevant la forme d’une<br />

personne endormie ; il vint à moi.<br />

Il m’avait vue avant que le port du<br />

voile eut été ordonné par le Coran.<br />

Au bruit de son exclamation (nous<br />

sommes à Dieu et c’est à Lui que<br />

nous devons retourner), je me réveillai.<br />

Il arrêta sa monture, la fit<br />

agenouiller et quand j’y fus montée,<br />

il la conduisit par la longe et<br />

nous nous mîmes en route jusqu’à<br />

ce que nous atteignîmes les<br />

troupes qui avaient établi leur<br />

campement pour y passer le moment<br />

de forte chaleur.<br />

«Celui qui avait mis en circulation<br />

les perfides propos fut Abdallah<br />

Ben-Obayy-Ben-Saloul. Nous gagnâmes<br />

Médine où je fus malade<br />

pendant un mois. Les gens répandirent<br />

les calomnies débitées<br />

contre moi ; ils laissèrent entendre<br />

que si je souffrais, c’était de ne<br />

plus voir le Prophète attentif à<br />

mon égard, comme il l’était auparavant,<br />

lorsque j’étais malade ; ou<br />

qu’il entrait seulement chez moi<br />

pour me saluer et me dire : «Comment<br />

vas-tu ? ».<br />

«…Ma maladie s’aggrava à cette<br />

nouvelle de la calomnie et lorsque<br />

je fus rentrée chez moi, l’Envoyé<br />

de Dieu se présenta à moi et me<br />

dit : «Comment vas-tu ? Je lui répondis<br />

: Permets-moi d’aller chez<br />

mon père et ma mère, parce qu’à<br />

ce moment-là je désirais connaître<br />

exactement les nouvelle par mes<br />

parents.<br />

L’Envoyé de Dieu m’y ayant autorisée,<br />

j’allais chez mes parents et<br />

dis à ma mère : Que raconte donc<br />

le monde ? Ma chère enfant, me<br />

répondit-elle, n’attache pas trop<br />

d’importance à cette affaire, par<br />

Dieu ! Il est bien rare qu’une<br />

femme quelconque, jolie, aimée<br />

de son mari, ne soit pas victime de<br />

la médisance des autres femmes<br />

de son mari. Grand Dieu !<br />

m’écriai-je, tout le monde parle<br />

donc de cela».<br />

Je passai cette nuit-là, sans cesser<br />

de verser des larmes et sans fermer<br />

les paupières. Le lendemain<br />

matin, comme la révélation tardait<br />

à venir, l’Envoyé de Dieu<br />

convoqua Ali Aboû-Taleb et<br />

Osâma Ben-Zaïd et leur demanda<br />

conseil pour savoir s’il devait se<br />

séparer de sa femme. Osâma, sachant<br />

combien au fond, le Prophète<br />

avait d’affection pour ses<br />

femmes, le conseilla en lui disant<br />

: «O Envoyé de Dieu, tes<br />

femmes, par Dieu, nous n’en savons<br />

que du bien». Quant à Ali, il<br />

répondit ainsi : il y a beaucoup<br />

de femmes autres qu’elle. Interroge<br />

la suivante, elle te dira la vérité.<br />

«L’Envoyé de Dieu manda Barira<br />

: «o Barira, lui dit-il, as-tu vu<br />

quelque chose de cette affaire qui<br />

puisse donner lieu à des soupçons<br />

? Par Celui qui t’a envoyé<br />

nous apporter la vérité, répondit<br />

Barira, je n’ai jamais rien observé<br />

qui fût à lui reprocher, sinon<br />

qu’elle est d’un âge tendre et<br />

qu’elle s’endort auprès de la<br />

pâtée, en sorte que le mouton apprivoisé<br />

vient et la mange. L’Envoyé<br />

de Dieu monta en chaire ce<br />

jour-là et demanda qu’on prouvât<br />

la culpabilité d’Abdallah Ben-<br />

Obayy Ben-Saloul. Qui donc, demanda-t-il,<br />

me prouvera la culpabilité<br />

d’un homme que l’on m’a<br />

dit s’être mal conduit avec ma<br />

femme ? Par Dieu, je ne sais que<br />

du bien de ma femme et on parle<br />

Les deux tribus de Aouss et Khazredj se levèrent<br />

et se disposaient à en venir aux<br />

mains lorsque l’Envoyé de Dieu descendit<br />

et les apaisa jusqu’à ce que le calme fût<br />

rétabli ; puis il garda lui-même le silence.<br />

d’un homme dont je ne sais également<br />

que du bien, car il n’entrait<br />

chez ma femme qu’avec moi.<br />

«Saâda se leva alors et dit : Moi,<br />

par Dieu ! je te prouverai sa culpabilité<br />

: si c’est un homme des<br />

Aouss, nous lui trancherons la<br />

tête ; s’il appartient à la tribu de<br />

nos frères, les Khazradj, tu n’as<br />

qu’à nous donner tes ordres et<br />

nous les exécuterons. Saâd Ben-<br />

Obada, le chef des Khazradj, se<br />

leva à son tour. C’était un homme<br />

heureux, mais emporté par la colère,<br />

il s’écria : Tu en as menti par<br />

la vie de Dieu ! Tu ne le tueras<br />

pas et tu ne pourras pas le faire ».<br />

Assaïd Ben-Hodaïr se leva également<br />

et dit : Tu en as menti parla<br />

vie de Dieu ! Par Dieu, nous te tuerons<br />

certainement et tu n’es qu’un<br />

hypocrite qui défend des hypocrites.<br />

«Les deux tribus de Aouss et Khazredj<br />

se levèrent et se disposaient<br />

à en venir aux mains lorsque l’Envoyé<br />

de Dieu, qui était en chaire,<br />

descendit et les apaisa jusqu’à ce<br />

que le calme fût rétabli ; puis il<br />

garda lui-même le silence.<br />

«Tout ce jour je ne cessai de<br />

fondre en larmes et je ne pus fermer<br />

les paupières. Mon père et<br />

ma mère vinrent le lendemain<br />

chez moi. J’avais pleuré toute la<br />

nuit et tout un jour, au point que<br />

je crus que mes larmes me briseraient<br />

le cœur. Pendant que mes<br />

parents étaient assis auprès de<br />

moi et que je pleurais, une femme<br />

des Ançâr demanda la permission<br />

d’entrer. Je la lui donnai. Elle entra,<br />

s’assit et se mit à pleurer avec<br />

moi. Nous étions ainsi, lorsque,<br />

inopinément, l’Envoyé de Dieu<br />

entra !<br />

«Il s’assit, ce qu’il n’avait pas fait<br />

chez moi depuis le jour où l’on<br />

m’avait calomniée, il y a avait un<br />

mois de cela, et il n’avait pas encore<br />

reçu de révélation à mon<br />

sujet. Il prononça la profession<br />

de foi et me dit ensuite : O Aïcha,<br />

j’ai appris à ton sujet telle et telle<br />

chose. Si tu es innocente, Dieu te<br />

lavera de cette accusation. Si tu as<br />

manqué à tes devoirs, demande<br />

pardon à Dieu et tourne-toi vers<br />

Lui : l’être qui reconnaît sa faute<br />

et se retourne vers dieu, Dieu se<br />

retournera vers lui.<br />

«L’Envoyé de Dieu avait à peine<br />

achevé ces mots que mes larmes<br />

s’arrêtèrent, à ce point que je n’en<br />

sentis plus la moindre goutte et<br />

m’adressant à mon père, je lui demandai<br />

de répondre pour moi.<br />

Par Dieu ! me répondit-il, je ne<br />

sais que dire à l’Envoyé de Dieu.<br />

Me tournant vers ma mère, je la<br />

priai de répondre pour moi : «Par<br />

Dieu, répondit-elle, je ne sais que<br />

dire à l’Envoyé de Dieu». Alors,<br />

moi qui étais une femme d’âge<br />

tendre, n’ayant pas beaucoup appris<br />

de Coran, je dis : «Je sais que<br />

vous avez entendu ce que les gens<br />

racontent de moi, que cela a fait<br />

impression sur vous et que vous<br />

y ajoutez foi. Si je vous dis que je<br />

suis innocente, vous ne me croirez<br />

pas. Mais si je vous avoue quelque<br />

chose, et Dieu sait que je suis innocente,<br />

vous me croirez. Par<br />

Dieu, je ne trouve de situation<br />

analogue à la mienne à votre<br />

égard que celle du père de Joseph<br />

quand il dit : Il vaut mieux être résigné.<br />

C’est de Dieu que j’implore<br />

l’aide contre ce que vous venez de<br />

raconter. (Coran, s. 12, v. 18). Cela<br />

dit, je me retournai sur mon lit et<br />

tout en espérant que Dieu me laverait<br />

de l’accusation, je ne<br />

croyais pas qu’une révélation serait<br />

faite à mon sujet, car j’avais<br />

une trop faible idée de moi-même<br />

pour m’imaginer que le Coran parlerait<br />

de l’incident qui me concernait.<br />

«Tout ce que j’espérais alors,<br />

c’est que l’Envoyé de Dieu aurait,<br />

pendant son sommeil, une vision<br />

qui me justifierait. Eh bien ! j’en<br />

jure par Dieu, le Prophète n’avait<br />

pas quitté sa place et personne<br />

des gens de la maison n’avait eu<br />

le temps de sortir, que la révélation<br />

arriva au Prophète. Il eut,<br />

comme d’habitude, bien que ce<br />

fût un jour d’hiver, cette sueur<br />

abondante qui découlait en<br />

grosses gouttes, ainsi que des<br />

perles. Puis, quand on le découvrit,<br />

il apparut tout souriant et les<br />

premiers mots qu’il annonça furent<br />

les suivants : «O Aïcha, loue<br />

Dieu, car Dieu t’a justifiée. Ma<br />

mère me dit alors : «Lève-toi, va<br />

vers l’Envoyé de Dieu. Non, lui répondis-je,<br />

par Dieu. Je ne me lèverai<br />

pas pour aller vers lui et je ne<br />

veux louer personne, sinon Dieu.<br />

(A suivre)<br />

P r Mohamed Djidjelli,<br />

homme de lettres<br />

et pédagogue

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