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Autour des Th´eor`emes d'Hurewicz - CQFD - EPFL

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Projets de semestre<br />

Hiver 2005-2006<br />

<strong>Autour</strong> <strong>des</strong> Théorèmes d’Hurewicz<br />

ANA DEVIC<br />

MICHELE KLAUS<br />

JULIAN KELLERHALLS<br />

CAROLINE LASSUEUR<br />

Encadré par :<br />

Prof. KATHRYN HESS BELLWALD<br />

&<br />

JONATHAN SCOTT<br />

IGAT<br />

Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne<br />

Section de mathématiques<br />

CH-1015 Lausanne<br />

ana.devic@epfl.ch<br />

julian.kellerhalls@epfl.ch<br />

michele.klaus@epfl.ch<br />

caroline.lassueur@epfl.ch


Resumé<br />

Le but premier de ce texte est de démontrer les théorèmes d’Hurewicz, liant<br />

groupes d’homologie et groupes d’homotopie. Dans la première partie, Julian<br />

présente une approche classique et dans la deuxième partie, Michele présente une<br />

approche plus moderne et conceptuelle qui utilise une approximation par les CWcomplexes.<br />

Il s’agit ensuite d’appliquer ces théorèmes à d’autres problèmes de toplogie<br />

algébrique, à savoir le théorème de Milnor-Moore développé par Anna dans<br />

la troisième partie ainsi que le théorème de suspension de Freudenthal présenté<br />

par Caroline dans la quatrième partie.<br />

Ce travail est en outre l’occasion de donner une introduction à certains sujets à<br />

la base de la topologie algébrique aussi variés que l’homologie singulière et cellulaire,<br />

les groupes d’homotopie, les CW-complexes, les cofibrations et les algèbres<br />

de Hopf.


“We apologize for the inconvenience !”


Table <strong>des</strong> matières<br />

Table <strong>des</strong> notations 8<br />

Partie I. Le Théorème d’Hurewicz-Approche classique 11<br />

Chapitre 1. Outils algébriques 13<br />

1. Catégories et Foncteurs 13<br />

2. Suites exactes 14<br />

3. Complexes de chaîne 15<br />

Chapitre 2. Les groupes d’homologie d’un espace topologique 19<br />

1. Les groupes d’homologie 19<br />

2. Suites exactes en homologie 23<br />

3. Le théorème d’homotopie 24<br />

4. L’homologie <strong>des</strong> sphères 26<br />

Chapitre 3. Les groupes d’homotopie 31<br />

1. Les groupes d’homotopie 31<br />

2. Les groupes d’homotopie relatifs 34<br />

3. Action du groupe fondamental en homotopie 35<br />

4. Suites exactes en homotopie 39<br />

Chapitre 4. Le théorème d’Hurewicz 41<br />

1. L’homomorphisme d’Hurewicz 41<br />

2. Démonstration du théorème d’Hurewicz 45<br />

Partie II. Le Théorème d’Hurewicz-Approche moderne 51<br />

Chapitre 5. Préliminaires 53<br />

1. Cofibrations 53<br />

2. Cofibrations basées 57<br />

3. Un lemme technique 61<br />

Chapitre 6. Les CW-complexes 65<br />

1. Définitions et propriétés 65<br />

2. Approximation d’espaces topologiques par <strong>des</strong> CW-complexes 75<br />

Chapitre 7. Le théorème d’excision en homotopie 85<br />

Chapitre 8. Homologie cellulaire 91<br />

1. Axiomes pour une théorie d’homologie 91<br />

2. Homologie réduite 98<br />

3. Exemples 100<br />

5


6 TABLE DES MATIÈRES<br />

Chapitre 9. Le théorème de Hurewicz 103<br />

Partie III. Le Théorème de Milnor-Moor 109<br />

Chapitre 10. Introduction à l’homologie singulière 111<br />

1. Complexes de chaîne 111<br />

2. Les groupes d’homologie singulière 112<br />

Chapitre 11. Algèbres, coalgèbres et algèbres de Hopf 115<br />

1. Espaces topologiques et coalgèbres 115<br />

2. Espaces topologiques et algèbres 119<br />

3. Algèbres de Hopf 126<br />

Chapitre 12. Constructions duales 129<br />

1. Rappels sur les espaces duaux 129<br />

2. La (co)algèbre duale 130<br />

3. L’algèbre de Hopf duale 134<br />

Chapitre 13. Le théorème de Milnor-Moore 135<br />

1. Éléments primitifs et indécomposables 135<br />

2. Algèbres de Lie 137<br />

3. Le théorème de Milnor-Moore 139<br />

4. Application au morphisme d’Hurewicz 141<br />

Partie IV. Vers le Théorème de Suspension de Freudenthal 145<br />

Introduction 147<br />

Chapitre 14. Produits tensoriels de modules 149<br />

1. Définition, existence et unicité 149<br />

2. Produit tensoriel d’applications 153<br />

3. Structure de module sur le produit tensoriel 155<br />

4. Produit tensoriel de sommes directes 159<br />

5. Exactitude à droite du produit tensoriel 160<br />

6. Produit tensoriel d’Algèbres 161<br />

Chapitre 15. Homologie singulière 165<br />

1. Simplexes 165<br />

2. Définition <strong>des</strong> groupes d’homologie singulière 167<br />

3. Fonctorialité de H n 169<br />

4. Groupe d’homologie et connexité par arcs 171<br />

5. Axiome d’homotopie 175<br />

6. Le théorème d’Hurewicz de rang 1 179<br />

Chapitre 16. Suites exactes longues d’homologie 185<br />

1. Complexes de chaînes 185<br />

2. Suite exactes en homologie 186<br />

3. Homologie réduite 186<br />

4. Mayer-Vietoris 187<br />

Chapitre 17. Algèbres, Coalgèbres et Algèbres de Hopf 189


TABLE DES MATIÈRES 7<br />

1. Modules gradués 189<br />

2. Algèbres 190<br />

3. Coalgèbres 193<br />

4. Algèbres de Hopf 194<br />

5. Algèbre de Hopf de l’homologie d’un H-espace 198<br />

Chapitre 18. Les théorèmes de Bott-Samelson et de Freudenthal 203<br />

1. Les théorèmes d’Hurewicz 203<br />

2. Théorème de Bott-Samelson 204<br />

3. Théorème de Freudenthal 208<br />

Bibliographie 213<br />

Index 215


8 TABLE DES MATIÈRES<br />

Table <strong>des</strong> notations<br />

Ab Catégorie <strong>des</strong> groupes abéliens<br />

B n (X) Groupe <strong>des</strong> n-bords de l’espace X<br />

C − X Cône inférieur réduit sur l’espace X<br />

C + X Cône supérieur réduit sur l’espace X<br />

CX Cône réduit sur l’espace X<br />

C f Cofibre réduite ou pas de l’application f<br />

Comp Catégorie <strong>des</strong> complexes de chaînes<br />

F Corps commutatif quelconque<br />

[G, G] sous-groupe <strong>des</strong> commutateurs du groupe G<br />

H n (X) n-ème groupe d’homologie de l’espace X<br />

˜H n (X) n-ème groupe d’homologie réduite de l’espace X<br />

I Intervalle [0, 1]<br />

Id S Application identité de l’ensemble S<br />

Im Image d’une application<br />

K Anneau commutatif quelconque<br />

ker Noyau<br />

M f Mapping cylinder réduit ou pas de l’application f<br />

N Les nombres naturels, 0 compris<br />

N n {1, 2, 3, . . . , n}<br />

PX Espace <strong>des</strong> chemins de l’espace X<br />

Q Les nombres rationnels<br />

R Les nombres réels<br />

S n Sphère de dimension n<br />

S n (X) Groupe <strong>des</strong> n-chaînes singulières de l’espace X<br />

T(M) Algébre tensorielle sur le module M<br />

Top Catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques<br />

Top ∗ Catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques pointés<br />

hTop Catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques équivalents à homotopie près<br />

(X, A) Paire topologique<br />

Z Les nombres entiers<br />

Z n (X) Groupe <strong>des</strong> n-cycles de l’espace X<br />

π n (X) n-ième groupe d’homotopie de l’espace X<br />

ΣX Suspension réduite (ou pas) de l’espace X<br />

ΩX Espace <strong>des</strong> lacets de l’espace X<br />

0 Groupe trivial<br />

#A Cardinalité de l’ensemble A<br />

i = m, n i = n, · · · , m<br />

⋆ Point de base<br />

⊕ La somme directe<br />

⊗ Le produit tensoriel<br />

× Le produit cartésien<br />

◦ La composition <strong>des</strong> applications<br />

∩ L’intersection<br />

∪ L’union<br />

Isomorphisme de structure algébrique<br />

≃ Homotopie<br />

⊆ L’inclusion<br />

↩→ Flèche injective<br />

↠ Flèche surjective<br />

∀ Symbole universel “pour tout”<br />

∃ Symbole universel “il existe”


Première Partie<br />

Le Théorème d’Hurewicz<br />

Approche Classique<br />

Par<br />

Julian Kellerhalls<br />

Encadré par :<br />

Jonathan Scott


CHAPITRE 1<br />

Outils algébriques<br />

DÉFINITION 1.1.<br />

Une catégorie C consiste en<br />

1. Catégories et Foncteurs<br />

(1) une classe Ob C d’éléments appelés les objets de la catégorie.<br />

(2) une classe Mor C contenant <strong>des</strong> ensembles Mor(X, Y) pour chaque paire<br />

X, Y d’objets de la catégorie. Les éléments de Mor(X, Y) sont appelés les<br />

morphismes de X vers Y.<br />

(3) applications Mor(X, Y) × Mor(Y, Z) → Mor(X, Z) défini pour chaque triple<br />

X, Y, Z d’objets de la classe. Pour f ∈ Mor(X, Y) et g ∈ Mor(Y, Z) on désigne<br />

l’image de ( f, g) dans Mor(X, Z) par g ◦ f ou par g f . Il s’appelle la composition<br />

de f et g. Pour f ∈ Mor(X, Y) on écrit aussi f : X → Y.<br />

vérifiant les deux axiomes suivants.<br />

Associativité: Pour tout f ∈ Mor(W, X), g ∈ Mor(X, Y), h ∈ Mor(Y, Z) on a<br />

(hg) f = h(g f ).<br />

Identité: Pour chaque objet X de la catégorie il existe un élément Id X ∈<br />

Mor(X, X) avec f ◦ Id X = f et Id X ◦g = g pour tout f ∈ Mor(X, Y) et tout<br />

g ∈ Mor(Y, X).<br />

DÉFINITION 1.2.<br />

Dans une catégorie C un morphisme f ∈ Mor(X, Y) est appelé isomorphisme s’il<br />

existe un morphisme g ∈ Mor(Y, X) tel que f ◦ g = Id X et g ◦ f = Id Y . Un tel g est<br />

unique (car g = Id X ◦g = g ′ ◦ f ◦ g = g ′ ◦ Id Y = g ′ ) et est appelé l’inverse f −1 de f .<br />

EXEMPLES 1.3.<br />

Voici quelques exemples de catégories. Certains entre eux concernent <strong>des</strong> notions<br />

introduites plus tard dans ce chapitre.<br />

ENS: La catégorie <strong>des</strong> ensembles et <strong>des</strong> applications ensemblistes.<br />

TOP: La catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques et <strong>des</strong> applications continues.<br />

Les isomorphismes dans cette catégorie sont les homéomorphismes.<br />

TOP 0 : La catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques (X, x 0 ) pointés et <strong>des</strong> applications<br />

continues qui fixent le point de base (X, x 0 ) → (Y, y 0 ). Les homéomorphismes<br />

qui conservent le point de base sont les isomorphismes.<br />

TOP 2 : La catégorie <strong>des</strong> paires d’espaces topologiques (X, A) et <strong>des</strong> applications<br />

continues (X, A) → (Y, B).<br />

13


14 1. OUTILS ALGÉBRIQUES<br />

GR: La catégorie <strong>des</strong> groupes et <strong>des</strong> homomorphismes de groupe. Les isomorphismes<br />

sont les isomorphismes de groupes.<br />

AB: La catégorie <strong>des</strong> groupes abéliens et <strong>des</strong> homomorphismes de groupe.<br />

KK: La catégorie <strong>des</strong> complexes de chaîne et <strong>des</strong> morphismes de chaînes.<br />

DÉFINITION 1.4.<br />

Soient C et D deux catégories avec les ensembles de morphismes Mor C (−, −) et<br />

Mor D (−, −). Un foncteur F : C → D consiste en un couple d’applications<br />

qui vérifie les conditions suivantes :<br />

F Ob : Ob C −→ Ob D<br />

F Mor : Mor D −→ Mor D<br />

(1) Pour tout morphisme f ∈ Mor C (X, Y) son image F Mor ( f ) ∈ Mor D (F Ob (X), F Ob (Y)).<br />

(2) Pour tout f ∈ Mor C (X, Y) et g ∈ Mor C (Y, Z) l’image de leur composition<br />

F Mor (g ◦ f ) = F Mor (g) ◦ F Mor ( f ).<br />

(3) Pour tout X ∈ Ob C on a F Mor (Id X ) = Id FOb (X).<br />

Le théorème suivant découle de (2) :<br />

THÉORÈME 1.5.<br />

Soit F : C → D un foncteur. L’image d’un isomorphisme dans C est un isomorphisme<br />

dans D.<br />

2. Suites exactes<br />

DÉFINITION 1.6.<br />

Soient une suite finie ou infinie de groupes abéliens et d’homomorphismes de la<br />

forme<br />

. . .<br />

f q+2<br />

A q+1<br />

f q+1<br />

A q<br />

f q<br />

A q−1<br />

f q−1<br />

. . . .<br />

Cette suite est appelée exacte en A q si Im f q+1 = Ker f q et elle est exacte si cela est vrai<br />

pour chaque q.<br />

EXEMPLE 1.7.<br />

La suite 0 A f B resp. A g B 0 est exacte si et seulement si f est injectif resp.<br />

surjectif. (0 <strong>des</strong>igne ici le groupe trivial.) Ainsi la suite 0 A h B 0 est exacte si<br />

et seulement si h est un isomorphisme.


3. COMPLEXES DE CHAÎNE 15<br />

LEMME 1.8 (Lemme <strong>des</strong> cinq).<br />

Soit le diagramme commutatif de groupes abéliens et d’homomorphismes<br />

ϕ 1 ϕ<br />

A 1<br />

<br />

2 ϕ<br />

A 2<br />

<br />

3 ϕ<br />

A 3<br />

<br />

4<br />

A 4<br />

<br />

f 1 <br />

<br />

f 2 <br />

<br />

f 3 <br />

<br />

f 4 <br />

<br />

A 5<br />

<br />

f 5<br />

<br />

B 1<br />

ψ 1<br />

B 2<br />

ψ 2<br />

B 3<br />

ψ 3<br />

B 4<br />

ψ 4<br />

B 5<br />

dont les rangs sont exacts. Si f 1 , f 2 , f 4 , f 5 sont <strong>des</strong> isomorphismes alors f 3 est un isomorhpisme.<br />

DÉMONSTRATION. La preuve n’est pas donnée ici. Il s’agit essentiellement de la<br />

chasse aux diagrammes.<br />

□<br />

LEMME 1.9 (Lemme du serpent).<br />

Soit le diagramme commutatif de groupes abéliens et d’homomorphismes<br />

A<br />

f<br />

B<br />

g<br />

C<br />

0<br />

α<br />

0 A ′ f ′ B ′ g ′ C ′<br />

dont les rangs sont exacts. Alors il existe une suite exacte<br />

β<br />

Ker α Ker β Ker γ Coker α Coker β Coker γ.<br />

DÉMONSTRATION. Comme pour le lemme d’avant la preuve n’est pas donnée.<br />

□<br />

γ<br />

3. Complexes de chaîne<br />

DÉFINITION 1.10.<br />

Un complexe de chaîne est un système C = (C q , ∂ q ) q∈Z de groupes abéliens C q et<br />

d’homomorphismes ∂ q : C q → C q−1 tel que ∂ q−1 ◦ ∂ q = 0 pour tout q ∈ Z. On écrit<br />

souvent ∂ au lieu de ∂ q et on donne C par un diagramme<br />

C : . . .<br />

∂<br />

C q+1<br />

∂<br />

C q<br />

∂<br />

C q−1<br />

∂<br />

. . . (∂∂ = 0).<br />

Pour c ∈ C q on appelle ∂ q c ∈ C q−1 le bord de c. On appelle un cycle tout c ∈ Ker ∂ q ⊂<br />

C q . L’homomorhpisme ∂ q = ∂ est appelé opérateur de bord.<br />

DÉFINITION 1.11.<br />

Soit C = (C q , ∂ q ) q∈Z un complexe de chaîne. Puisque ∂∂ = 0 on a Im ∂ q+1 ⊂ Ker ∂ q ⊂<br />

C q . Le groupe H q (C) = Ker ∂ q /Im ∂ q+1 est le q-ème groupe d’homologie du complexe<br />

de chaîne C. Les éléments de ce groupe sont les classes [c] = [c] C = c + Im ∂ q+1 avec<br />

c ∈ Ker ∂ q et sont appelés classes d’homologie.


16 1. OUTILS ALGÉBRIQUES<br />

DÉFINITION 1.12.<br />

Soient C = (C q , ∂ q ) q∈Z et C ′ = (C ′ q, ∂ ′ q) q∈Z deux complexes de chaîne. Un morphisme<br />

de chaînes (de degré 0) f : C → C ′ est un système ( f q ) q∈Z d’homomorphismes<br />

f q : C q → C ′ q tel que ∂ ′ q ◦ f q = f q−1 ◦ ∂ q . Souvent on écrit f au lieu de f q . Un<br />

morphisme de chaîne peut être caractérisé par son diagramme commutatif<br />

C :<br />

. . .<br />

∂<br />

C q+1<br />

∂<br />

C q<br />

∂<br />

C q−1<br />

∂<br />

. . .<br />

f<br />

C ′ : . . .<br />

∂ ′ C ′ q+1<br />

f<br />

∂ ′<br />

f<br />

C ′ q<br />

∂ ′<br />

f<br />

C ′ q−1<br />

∂ ′ . . . .<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 1.13.<br />

Tout morphisme de chaînes f : C → C ′ envoie <strong>des</strong> cycles sur <strong>des</strong> cycles et <strong>des</strong> bords sur <strong>des</strong><br />

bords. Donc f induit un homomorphisme f ∗ = H( f ) avec H q ( f ) : H q (C) → H q (C ′ ) donné<br />

par [c] C ↦→ [ f (c)] C ′.<br />

DÉMONSTRATION. Soit c ∈ C q un cycle. Alors ∂ f q (c) = f q−1 (∂c) = f q−1 (0) = 0.<br />

Donc f (c) est un cycle. Soit c = ∂d ∈ C q un bord. Alors f q (c) = f q (∂d) = ∂ f q+1 (d).<br />

Donc f (c) est un bord.<br />

□<br />

REMARQUE 1.14.<br />

(1) L’application 0 : C → C ′ est un morphisme de chaînes et 0 ∗ = 0.<br />

(2) L’identité Id : C → C (c’est-à-dire f q = Id Cq pour tout q) est un morphisme<br />

de chaînes. De plus Id ∗ : H q (C) → H q (C) est encore l’identité.<br />

(3) On peut composer deux morphismes de chaînes f : C → C ′ et g : C ′ → C ′′<br />

en un morphisme de chaînes g f : C → C ′′ en posant (g f ) q = g q f q . Ainsi<br />

(g f ) ∗ = g ∗ f ∗ : H q (C) → H q (C ′′ ).<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 1.15.<br />

Soient f, g : C → C ′ deux morphismes de chaînes. Une homotopie de chaînes de f vers<br />

g est un système (h q ) q∈Z d’homomorphismes h q : C q → C ′ tel que<br />

q+1<br />

∂ ′ q+1 h q + h q−1 ∂ q = f q − g q .<br />

Pour simplifier la notation on va souvent écrire<br />

∂ ′ h + h∂ = f − g.<br />

Si une telle homotopie existe on écrit f ≃ g et on dit que f et g sont homotopes.<br />

Dans l’ensemble <strong>des</strong> morphismes de chaînes (de degré 0) Hom 0 (C, C ′ ) ≃ est une relation<br />

d’équivalence.<br />

DÉMONSTRATION. On montre que ≃ est reflexive, symétrique et transitive.<br />

Reflexivité: Soit f : C → C ′ un morphisme de chaînes. Pour l’homotopie de<br />

chaînes h de f vers f cherchée on peut choisir h q = 0 : C q → C ′ q+1 . Ainsi<br />

on obtient : ∂ ′ h + h∂ = 0 = f − f .


3. COMPLEXES DE CHAÎNE 17<br />

Symétrie: Soient f, g : C → C ′ deux morphismes de chaînes, f ≃ g et<br />

h : C → C ′ une homotopie de f vers g. Alors −h est une homotopie de g<br />

vers f car g − f = −( f − g) = −(∂ ′ h + h∂) = ∂ ′ (−h) + (−h)∂.<br />

Transitivité: Soient f, g, t : C → C ′ <strong>des</strong> morphismes de chaînes, f ≃ g,<br />

g ≃ h, h : C → C ′ une homotopie de f vers g et h ′ : C → C ′ une<br />

homotopie de g vers t. Alors h + h ′ est une homotopie de f vers t car<br />

∂ ′ (h + h ′ ) + (h + h ′ )∂ = (∂ ′ h + h∂) + (∂ ′ h ′ + h ′ ∂) = ( f − g) + (g − t) = f − t.<br />

□<br />

THÉORÈME 1.16.<br />

Soient f, g : C → C ′ deux morphismes de chaînes. Si f ≃ g alors ils induisent le même<br />

homomorphisme en homologie. C’est-à-dire f ∗ = g ∗ .<br />

DÉMONSTRATION. Soit h : C → C ′ une homotopie de f vers g. Pour encore<br />

simplifier la notation on va écrire ∂ au lieu de ∂ ′ . Dans le diagramme suivant on a<br />

toujours ∂h + h∂ = f − g (mais il n’est pas commutatif) :<br />

∂<br />

. . . <br />

∂<br />

C q+1<br />

<br />

∂<br />

C q<br />

<br />

∂<br />

C q−1<br />

. . .<br />

h<br />

f g f g<br />

h<br />

f g<br />

∂<br />

. . . C ′ ∂<br />

<br />

q+1<br />

C ′ ∂<br />

<br />

q<br />

C ′ ∂<br />

. . .<br />

q−1<br />

Soit c ∈ C q un cycle. Alors la différence<br />

f (c) − g(c) = ∂h(c) + h∂(c) = ∂h(∂d) + h∂(∂d) = ∂h(∂d)<br />

est un bord. Dans le groupe d’homologie H q (C) associé on obtient maintenant<br />

H q ( f )([c]) = [ f (c)] = [g(c) + ∂h∂(d)] = [g(c)] = H q (g)([c]),<br />

puisque [∂h∂(d)] = 0 dans H q (C). On a ainsi prouvé que H q ( f ) = H q (g) pour tout q<br />

et donc f ∗ = g ∗ .<br />

□<br />

DÉFINITION 1.17.<br />

Une suite de morphismes de chaînes 0 A f B g C 0 est dite exacte si pour<br />

f<br />

tout q la suite 0 A q<br />

B q g C q<br />

0 est exacte.<br />

LEMME ET DÉFINITION 1.18.<br />

Soit la courte suite exacte de morphismes de chaînes<br />

0 A f B<br />

g<br />

C 0.<br />

Alors il existe un morphisme ∂ q : H q (C) → H q (A) tel que la suite<br />

. . .<br />

H q ( f )<br />

H q (B)<br />

H q (g)<br />

H q (C)<br />

∂ q<br />

H q−1 (A)<br />

H q−1 ( f )<br />

H q−1 (B)<br />

H q−1 (g)<br />

. . . .<br />

Cette suite est appelée la longue suite exacte en homologie et ∂ ∗ est son opérateur de<br />

bord.


18 1. OUTILS ALGÉBRIQUES<br />

DÉMONSTRATION. Une preuve détaillée de ce lemme se trouve dans [15] à la<br />

page 137.<br />


CHAPITRE 2<br />

Les groupes d’homologie d’un espace topologique<br />

DÉFINITION 2.1.<br />

Dans R q+1 on note les points de base<br />

1. Les groupes d’homologie<br />

e 0 = (1, 0, 0, . . . , 0), e 1 = (0, 1, 0, . . . , 0), . . . , e q = (0, 0, 0, . . . , 1), .<br />

Le q-simplexe standard ∆ q est défini par<br />

q∑<br />

∆ q = { x ∈ R q | x = λ i e i avec 0 ≤ λ i ≤ 1 et<br />

i=0<br />

= { (λ 1 , λ 2 , . . . , λ q ) | 0 ≤ λ i ≤ 1 et<br />

q∑<br />

λ i = 1 }<br />

i=0<br />

q∑<br />

λ i = 1 }.<br />

C’est le simplexe q-dimensionel fermé de sommets e 0 , . . . , e q . La face opposée au<br />

sommet e i est appelée la i-ème face de ∆ q et s’écrit ∆ i q. Ce sont tous les points de ∆ q<br />

avec λ i = 0. Le bord de ∆ q est l’union de toutes ces faces.<br />

i=0<br />

DÉFINITION 2.2.<br />

Pour q ≥ 1 et 0 ≤ i ≤ q l’application δ i est une application linéaire induite par<br />

q−1<br />

e 0 ↦→ e 0 , . . . , e i−1 ↦→ e i−1 , e i ↦→ e i+1 , . . . , e q−1 ↦→ e q . C’est une bijection qui envoie ∆ q−1<br />

sur ∆ i q.<br />

LEMME 2.3.<br />

Pour tout q ≥ 2 et 0 ≤ k < j ≤ q on a sur ∆ q égalité entre les deux compositions<br />

δ j q−1 ◦ δk q−2 = δk q−1 ◦ δj−1 q−2 .<br />

DÉMONSTRATION. Cette application est uniquement déterminée par les images<br />

<strong>des</strong> sommets de ∆ q−2 . Pour chaqu’une <strong>des</strong> deux applications on a e 0 ↦→ e 0 , . . . , e k−1 ↦→<br />

e k−1 , e k ↦→ e k+1 , . . . , e j−2 ↦→ e j−1 , e j−1 ↦→ e j+1 , . . . , e q−2 ↦→ e q . Donc les deux côtés sont<br />

égaux.<br />

□<br />

Avec ça on a les outils pour définir les groupes d’homologie singulière d’un<br />

espace topologique.<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 2.4.<br />

Soit X un espace topologique. Un q-simplexe singulier dans X est une application<br />

19


20 2. LES GROUPES D’HOMOLOGIE D’UN ESPACE TOPOLOGIQUE<br />

continue σ : ∆ q → X. Le q-ème groupe de chaîne singulier S q (X) de X est le groupe<br />

abélien libre engendré par tous les q-simplexes singuliers dans X. Les éléments de S q (X)<br />

sont appelés q-chaînes singulières dans X. Pour q < 0 on pose S q (X) = 0. Pour q ≥ 1 on<br />

définit comme opérateur de bord l’homomorphisme suivant :<br />

q∑<br />

∂ = ∂ q : S q (X) → S q−1 (X), ∂σ = (−1) i (σ ◦ δ i q−1 ).<br />

Pour q ≤ 0 on pose ∂ q = 0. Le système (S q (X), ∂) q∈Z est un complexe de chaîne appelé le<br />

complexe de chaîne singulier de X. Les groupes d’homologie associés H q (S(X)) sont les<br />

groupes d’homologie singulière de X. On les note H q (X) = H q (S(X)).<br />

DÉMONSTRATION. Il faut montrer que pour tout q ≥ 2 on a ∂∂ = 0. Il suffit de<br />

montrer que ∂∂σ = 0 pour tout q-simplexe singulier σ. On calcule :<br />

q∑<br />

∂∂σ = ∂ (−1) i (σ ◦ δ i q−1 )<br />

=<br />

=<br />

i=0<br />

q∑<br />

i=0<br />

(−1) i q−1<br />

i=0<br />

∑<br />

(−1) j (σ ◦ δ i q−1 ◦ δj q−2 )<br />

j=0<br />

∑<br />

∑<br />

(−1) i+j (σ ◦ δ i q−1 ◦ δj q−2 ) + (−1) i+j (σ ◦ δ i q−1 ◦ δj q−2 )<br />

i≤j<br />

On change les indices, à gauche i = k et j = l, à droite i = l + 1 et j = k,<br />

∑<br />

∑<br />

= (−1) k+l (σ ◦ δ k q−1 ◦ δl q−2 ) + (−1) k+l+1 (σ ◦ δ l+1<br />

q−1 ◦ δk q−2 )<br />

k≤l<br />

i>j<br />

l+1>k<br />

et en utilisant le lemme précédent on peut conclure<br />

∑<br />

∑<br />

= (−1) k+l (σ ◦ δ k q−1 ◦ δl q−2 ) − (−1) k+l (σ ◦ δ k q−1 ◦ δl q−2 )<br />

= 0 .<br />

k≤l<br />

k≤l<br />

□<br />

NOTATION 2.5.<br />

Soit ∂ q : S q (X) → S q−1 (X) l’opérateur de bord. On note Z q (S) = Ker ∂ q et B q (X) =<br />

Im q ∂ q+1 appelés q-ème groupe de cycles et q-ème groupe de bords de X. Le groupe<br />

d’homologie singulière est donc noté H q (X) = Z q (X)/B q (X).<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 2.6.<br />

Une application continue f : X → Y induit une famille d’homomorphismes<br />

∑ ∑<br />

S q ( f ) : S q (X) → S q (Y), n σ σ ↦→ n σ ( f ◦ σ).<br />

La famille S( f ) = (S q ( f )) q∈Z est un morphisme de chaînes et le couple d’applications<br />

X ↦→ S(X), f ↦→ S( f ) un foncteur S : TOP → KK. Pour simplifier les notations on va<br />

écrire S q ( f ) = f • : S q (X) → S q (Y) et S( f ) = f • : S(X) → S(Y).<br />

σ<br />

σ


1. LES GROUPES D’HOMOLOGIE 21<br />

DÉMONSTRATION. Il faut vérifier les trois conditions de la définition 1.4. Les<br />

conditions (2) et (3) sont vérifiées grâce à la définition de S( f ) : S(X) → S(Y). Il<br />

reste à vérifier (1). Soient f : X → Y une fonction continue. Il faut montrer que f •<br />

est un morphisme de chaînes et en particulier que f • commute avec ∂. Il suffit de<br />

vérifier ceci pour les générateurs de chaque S q (X). Soit σ : ∆ → X. D’une part on<br />

peut calculer<br />

∑<br />

∂( f • σ) = ∂( f ◦ σ) = (−1) i ( f ◦ σ) ◦ δ i q−1 .<br />

Mais d’autre part<br />

(∑<br />

) ∑<br />

f • (∂σ) = f • (−1) i σ ◦ δ i q−1 = (−1) i f ◦ (σ ◦ δ i q−1 ).<br />

Donc ∂ f • = f • ∂ et f • est bien un morphisme de chaînes.<br />

□<br />

L’exemple suivant est très important et permettra ensuite différentes constructions.<br />

EXEMPLE 2.7.<br />

On considère l’espace topologique ∆ q . L’application identité Id q : ∆ q → ∆ q est un<br />

simplexe singulier dans l’espace topologique ∆ q . Pour σ : ∆ q → X on peut maintenant<br />

définir σ • : S q (∆ q ) → S q (X) et on a la propriété σ = σ◦Id q = σ • (Id q ). Autrement<br />

dit, si on a un simplexe singulier quelconque dans un espace quelconque X, on peut<br />

toujours le voir comme image de Id q sous un morphisme de chaînes S(∆ q ) → S(X).<br />

Comme tout autre morphisme de chaînes tout morphisme f • induit lui aussi<br />

un homomorphisme en homologie :<br />

DÉFINITION 2.8.<br />

L’application continue f : X → Y induit un homomorphisme de groupes d’homologie<br />

donné par f ∗ = H q ( f ) = H q (S( f )) : H q (X) → H q (Y). Pour un q-cycle singulier z<br />

dans X on peut écrire f ∗ ([z] X ) = [ f • (z)] Y .<br />

THÉORÈME 2.9.<br />

Pour tout nombre entier q le couple d’applications X ↦→ H q (X), f ↦→ H q ( f ) est un foncteur<br />

appelé H. On a donc Id ∗ = Id et (g f ) ∗ = g ∗ f ∗ .<br />

DÉMONSTRATION. Encore une fois on vérifie les conditions de la définition 1.4.<br />

(1) est vérifié car on vient de montrer que toute fonction continue f : X → Y<br />

induit un homomorphisme de groupes f ∗ : H q (X) → H q (Y).<br />

(2) est vérifié car pour deux fonctions continues f : X → Y et g : Y → Z le<br />

théorème 2.6 assure que (g f ) • = g • f • et grâce à la remarque 1.14 (g f ) ∗ =<br />

(g • f • ) ∗ = g ∗ f ∗ .<br />

(3) est vérifié aussi puisque la même remarque dit que l’identité entre chaînes<br />

induit l’identité en homologie. De plus on voit immédiatement dans la


22 2. LES GROUPES D’HOMOLOGIE D’UN ESPACE TOPOLOGIQUE<br />

définition du morphisme de chaînes induit que l’identité entre deux espaces<br />

topologiques induit l’identité entre deux complexes de chaînes :<br />

∑ ∑<br />

S q (Id X ) : S q (X) → S q (X), n σ σ ↦→ n σ (Id X ◦σ).<br />

En particulier on peut maintenant dire que pour tout homéomorphisme f :<br />

X → Y l’application H q ( f ) : H q (X) → H q (Y) est un isomorphisme. Ce résultat<br />

peut aider à prouver que deux espaces ne peuvent être homéomorphes si on peut<br />

calculer leurs groupes d’homologie. Pour commencer on va calculer les groupes<br />

d’homologie d’un espace simple l’espace {∗} qui contient un seul point.<br />

σ<br />

σ<br />

□<br />

THÉORÈME 2.10.<br />

Soit P = {∗} l’espace à un seul point. Alors H q (P) = 0 pour q 0 et H 0 (P) est le groupe<br />

libre généré par {∗}.<br />

DÉMONSTRATION. Pour q ≥ 0 soit σ q : ∆ q → P l’unique q-simplexe, c’est à dire<br />

l’application constante. Calculons<br />

{<br />

∂σ = σ q−1 − σ q−1 ± . . . + (−1) q σq−1 pour q ≥ 0 pair<br />

σ q−1 =<br />

0 pour q ≥ 0 impair.<br />

Pour q ≥ 0 pair le groupe <strong>des</strong> cycles Z q (P) contient que 0 et puisque B q (P) ⊂ Z q (P) =<br />

0 le groupe d’homologie Z q (P)/B q (P) est le groupe trivial. Pour q ≥ 0 impair Z q (P)<br />

contient σ q mais au même temps q + 1 est pair et donc σ q = σ q+1 est aussi un bord.<br />

Ainsi H q (P) = 0 pour q ≥ 0.<br />

Pour q = 0 clairement Z q (P) contient σ 0 et B q (P) puisque 1 est impair. Ainsi H 0 (P)<br />

est le groupe libre cyclique à un seul générateur qui est isomorphe à Z. □<br />

Si un espace topologique X a plusieurs componentes connexes par arcs, alors<br />

on peut décomposer ses groupes d’homologie en une somme directe :<br />

THÉORÈME 2.11.<br />

Soient X n avec n ∈ J les composantes connexes par arcs d’un espace topologique X. Alors<br />

pour tout q ∈ Z on a un isomorphisme<br />

⊕<br />

H q (X n ) → H q (X)<br />

n∈J<br />

( [zn ] Xn<br />

)<br />

n∈J<br />

↦→<br />

∑<br />

[z n ] X .<br />

Ici z n désigne un q-cycle dans X n ⊂ X et [z n ] est sa classe d’homologie dans H q (X n ) resp.<br />

H q (X).<br />

DÉMONSTRATION. Pour tout q-simplexe singulier σ : ∆ q → X l’image σ(∆ q ) est<br />

contenu dans X n pour un n parce que ∆ q est connexe par arcs. Ainsi toute chaîne<br />

n∈J


2. SUITES EXACTES EN HOMOLOGIE 23<br />

c ∈ S q (X) s’écrit de manière unique comme somme c = ∑ n∈J c n où c n ∈ S q (X n ) et<br />

c n 0 pour un nombre fini de n seulement. Ainsi on a trouvé un isomorphisme<br />

⊕<br />

S q (X n ) → S q (X)<br />

n∈J<br />

(c n ) n∈J ↦→<br />

∑<br />

c n .<br />

Sous cet isomorphisme l’image de ⊕ n Z q(X n ) est Z q (X) et l’image de ⊕ n B q(X n )<br />

est B q (X). On peut conclure grâce au fait que<br />

(⊕<br />

Z q(X n ) ) / (⊕ B q(X n ) ) ⊕ (<br />

Zq (X n )/B q (X n ) ) .<br />

n n n<br />

□<br />

n∈J<br />

DÉFINITION 2.12.<br />

Un espace topologique connexe par arcs est appelé acyclique si H q (X) = 0 pour<br />

q 0. Dans un tel espace tout cycle est aussi un bord. L’espace a les mêmes<br />

groupes d’homologie que le point.<br />

EXEMPLE 2.13.<br />

Tout sous-ensemble convexe A ⊂ R n et donc aussi R n est un espace acyclique.<br />

2. Suites exactes en homologie<br />

DÉFINITION 2.14.<br />

Soit une paire d’espaces topologiques (X, A). Pour l’inclusion i : A ↩→ X induit<br />

i • : S q (A) → S q (X) qui est injectif. On identifie tout simplexe singulier σ : ∆ q → A<br />

avec i ◦ σ : ∆ q → S(X). Ainsi S q (A) ⊂ S q (X) est un sous-groupe. On définit S(X, A) =<br />

S(X)/S(A) le complexe de chaîne relatif de la paire (X, A). Pour une fonction continue<br />

f : (X, A) → (X, B) l’image de S(A) sous S( f ) : S(X) → S(Y) est dans S(B) et f induit<br />

un morphisme de chaînes S(X, A) → S(Y, B) qu’on appelle encore S( f ).<br />

On a ainsi construit un foncteur S : TOP 2 → KK. Comme dans la section<br />

précédente on va maintenant regarder les groupes d’homologie. Composer S avec<br />

le foncteur H q : KK → AB nous donne l’homologie relative et un foncteur H q :<br />

TOP 2 → AB.<br />

DÉFINITION 2.15.<br />

Le q-ème groupe d’homologie singulière (relative) de la paire d’espaces (X, A) est<br />

H q (X, A) = H q (S(X, A)). f : (X, A) → (Y, B) induit un homomorphisme en homologie<br />

qu’on note f ∗ = H q ( f ) : H q (X, A) → (Y, B). Les classes de H q (X, A) s’écrivent<br />

[z] = [z] (X,A) où z ∈ S q (X) est un cycle relatif à A (c’est-à-dire ∂z ∈ S q−1 (A)). [z] = [z ′ ]<br />

si et seulement si z − z ′ est un bord relatif à A, i.e. z − z ′ = ∂c + x avec c ∈ S q+1 (X) et<br />

x ∈ S q (A). L’application f ∗ est donnée par f ∗ ([z] (X,A) ) = [ f • (z)] (Y,B) .


24 2. LES GROUPES D’HOMOLOGIE D’UN ESPACE TOPOLOGIQUE<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 2.16.<br />

Pour toute paire d’espaces (X, A) on a la suite en homologie associée<br />

. . .<br />

j ∗<br />

H q+1 (X, A)<br />

∂ ∗<br />

H q (A)<br />

i ∗<br />

H q (X)<br />

j ∗<br />

H q (X, A)<br />

∂ ∗<br />

. . . .<br />

Les applications i ∗ et j ∗ sont les applications induites par les injections i : A ↩→ X et<br />

j : (X, ∅) ↩→ (X, A). L’application ∂ ∗ : H q+1 (X, A) → H q (A) est donnée par ∂ ∗ ([z] (X,A) ) =<br />

[∂z] A .<br />

DÉMONSTRATION. On considère la courte suite<br />

0 S(A)<br />

i •<br />

S(X)<br />

j •<br />

S(X, A) 0 .<br />

Cette suite est exacte en S(A) et en S(X, A) car i • : S q (A) → S q (X) est injective<br />

et j • : S q (X) → S q (X, A) est surjective. De plus elle est exacte en S(X) puisque<br />

Im i • = S q (A) = Ker j • . On applique le lemme 1.18 pour obtenir la longue suite<br />

exacte en homologie qu’on cherche.<br />

□<br />

EXEMPLE 2.17.<br />

Si on prend une paire d’espaces (X, x 0 ) où x 0 ∈ X est un point, alors la longue suite<br />

exacte en homologie est<br />

. . .<br />

j ∗<br />

H q+1 (X, x 0 )<br />

∂ ∗<br />

0<br />

i ∗<br />

H q (X)<br />

j ∗<br />

<br />

H q (X, x 0 )<br />

∂ ∗<br />

0<br />

i ∗<br />

. . . .<br />

Parce que H q (x 0 ) = 0 pour q 0 d’après 2.10. Donc H q (X, x 0 ) H q (X) pour q 0.<br />

Pour n = 0 l’inclusion i ∗ : H 0 (x 0 ) → H 0 (X) est injective car H 0 (X) est un groupe<br />

abélien libre engendré par les classes [y k ] où chaque y k est dans une composante<br />

connexe de X. On a ainsi une courte suite exacte<br />

0 H 0 (x 0 )<br />

i ∗<br />

H 0 (X)<br />

j ∗<br />

H 0 (X, x 0 ) 0.<br />

3. Le théorème d’homotopie<br />

THÉORÈME 2.18.<br />

Soient f, g : X → Y deux fonctions continues. Si f ≃ g alors f ∗ = g ∗ : H q (X) → H q (Y).<br />

Pour faire la preuve de ce théorème très important il nous faut d’abord un<br />

lemme. On ne va pas prouver ce lemme ici. Une preuve complète se trouve sur la<br />

page 171 de [15].<br />

LEMME 2.19.<br />

Pour tout espace topologique X et pour tout entier q il existe un homomorphisme<br />

avec les propriétés suivantes :<br />

D X : S q (X) → S q+1 (X × I)


3. LE THÉORÈME D’HOMOTOPIE 25<br />

(1) Pour tout simplexe singulier σ : ∆ q → X<br />

Où i et j sont donnés par<br />

et<br />

∂D X σ + D X ∂σ = j • (σ) − i • (σ).<br />

i : X → X × I<br />

x ↦→ (x, 0)<br />

j : X → X × I<br />

x ↦→ (x, 1) .<br />

(2) D X est naturel, c’est-à-dire pour toute application continue f : X → Y le<br />

diagramme suivant commute :<br />

S q (X)<br />

D X<br />

S q (X × I)<br />

f •<br />

S q (X)<br />

( f ×id I ) •<br />

D Y<br />

S q (X × I)<br />

DÉMONSTRATION DU THÉORÈME. Soient f, g : X → Y deux fonctions continues<br />

avec f ≃ g. Alors il existe une homotopie H : X × I → Y de f vers g. H induit un<br />

homomorphisme H • : S(X × I) → S(Y) et on défini h = H • ◦ D X . Où D X est défini<br />

par le lemme précédent. On calcule<br />

Ainsi<br />

∂h = ∂H • D X<br />

= H • ∂D X<br />

= H • (j • − i • − D X ∂)<br />

= H • j • − H • i • − H • D X ∂<br />

= (H ◦ j) • − (H ◦ i) • − H • D X ∂<br />

= f • − g • − h∂.<br />

∂h + h∂ = f • − g •<br />

et h est une homotopie de f • vers g • . Par le théorème 1.16 on peut conclure que<br />

pour tout q<br />

f ∗ = g ∗ : H q (X) → H q (Y).<br />

□<br />

On présente maintenant quelques conséquences immédiates de ce théorème.<br />

THÉORÈME 2.20.<br />

Si f : X → Y est une équivalence d’homotopie alors f ∗ : H q (X) → H q (Y) est un isomorphisme.<br />

Autrement dit, deux espaces du même type d’homotopie ont <strong>des</strong> groupes<br />

d’homologie isomorphes. Cas particulier : Tout espace contractile est acyclique.


26 2. LES GROUPES D’HOMOLOGIE D’UN ESPACE TOPOLOGIQUE<br />

DÉMONSTRATION. Si f est une équivalence d’homotopie alors il existe un g :<br />

Y → X tel que g f ≃ id X et f g ≃ id Y . Donc en homologie g ∗ f ∗ = id et f ∗ g ∗ = id. Ainsi<br />

f ∗ est bijectif et f∗<br />

−1 = g ∗ . Si X est contractile alors f : X → {∗} est une équivalence<br />

d’homotopie. X a donc les mêmes groupes d’homologie que {∗} et donc X est<br />

acyclique.<br />

□<br />

4. L’homologie <strong>des</strong> sphères<br />

Dans cette section on va calculer l’homologie <strong>des</strong> sphères S n . Pour faire ce<br />

calcul il nous faut le théorème d’excision. La preuve de ce théorème nécessite<br />

plusieurs lemmes techniques qui ne seront pas présentés ici. Les énoncés donnés<br />

ci-<strong>des</strong>sous sont <strong>des</strong> conséquences du théorème d’excision. L’excision est traitée en<br />

détail dans le § 9.4 de [19] et dans le § 31 de [15].<br />

COROLLAIRE 2.21.<br />

Soit (X, A) une paire de CW-complexes. Alors H q (X, A) H q (X/A) pour q 0.<br />

Ceci nous permet de faire un calcul intéressant :<br />

THÉORÈME 2.22.<br />

Soit S n <strong>des</strong> n-sphères avec j ∈ J. On écrit ∨S n le bouquet qu’on obtient en identifiant les<br />

j j<br />

points de base x j de chaque sphère. Alors pour q 0 on a un isomorphisme :<br />

⊕<br />

H q (S n j ) → H q(∨S n j )<br />

j<br />

([z j ] S n<br />

j ) j∈J<br />

↦→<br />

∑<br />

[z j ] ∨S n<br />

j<br />

DÉMONSTRATION. La somme topologique S = ⊕ S n est un CW-complexe.<br />

j<br />

L’union ∪ j {x j } est un CW-complexe discret contenu dans S. On a ∨S n = S/A et<br />

j<br />

on a :<br />

⊕<br />

H q (∨S n j ) H q(S, A) H q (S) H q (S n j ).<br />

La première isomorphie découle du corollaire précédent, la deuxième de l’exemple<br />

2.17. Ensuite on utilise le théorème 2.11. □<br />

j<br />

j<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 2.23.<br />

Soit X = X 1 ∪ X 2 un espace topologique et X 1 et X 2 ouverts dans X. Alors il existe une<br />

suite exacte<br />

. . . ∆ H q (X 1 ∩ X 2 )<br />

µ H q (X 1 ) ⊕ H q (X 2 )<br />

ν H q (X) ∆ H q−1 (X 1 ∩ X 2 )<br />

µ . . . .<br />

Cette suite est appelée suite de Mayer-Vietoris associée à X = X 1 ∪ X 2 . Les homomorphismes<br />

∆, µ, ν sont donnés par :<br />

µ : [z] X1 ∩X 2<br />

↦→ ( [z] X1 , − [z] X2 ),


4. L’HOMOLOGIE DES SPHÈRES 27<br />

ν : ( [z 1 ] X1 , [z 2 ] X2 ) ↦→ [z 1 + z 2 ] X .<br />

∆ : [z] X ↦→ [∂x 1 ] X1 ∩X 2<br />

, où z se décompose en x 1 + x 2 avec x i ∈ S q (X i ).<br />

REMARQUE 2.24.<br />

On peut affaiblir les hypothèses de 2.23. Il suffit de supposer qu’il existe <strong>des</strong><br />

voisinages U 1 et U 2 de X 1 et X 2 tel que X 1 ⊂ U 1 , X 2 ⊂ U 2 et X 1 ∩ X 2 ⊂ U 1 ∩ U 2 sont<br />

<strong>des</strong> rétractes par déformation.<br />

COROLLAIRE 2.25.<br />

Soit X = X 1 ∪ X 2 sous les conditions du théorème précédent. Alors H 1 (X) est un groupe<br />

abélien libre et si X 1 ∩ X 2 a k composantes connexes par arcs alors H 1 (X) est de rang k − 1.<br />

COROLLAIRE 2.26.<br />

Si certains groupes dans la suite de Mayer-Vietoris sont trivial on trouve les propriétés<br />

suivantes :<br />

(1) Si X 1 ∩ X 2 est acyclique alors pour tout q > 0 on a H q (X) H q (X 1 ) ⊕ H 1 (X 2 ).<br />

(2) Si X 1 et X 2 sont acycliques alors pour tout q > 0 on a H q+1 (X) H q (X 1 ∩ X 2 ).<br />

DÉMONSTRATION. Les deux parties se prouvent de manière analogue. Pour (1)<br />

on sait que H q (X 1 ∩ X 2 ) = 0 pour q > 0. Écrivons la suite de Mayer-Vietoris :<br />

. . . 0 H q (X 1 ) ⊕ H q (X 2 ) H q (X) 0 . . . .<br />

Par l’exemple 1.7 on conclut que H q (X 1 ) ⊕ H q (X 2 ) H q (X).<br />

□<br />

On a maintenant tous les moyens nécessaires pour calculer l’homologie d’une<br />

sphère :<br />

THÉORÈME 2.27.<br />

Pour tout n ≥ 0 on a<br />

H q (S n ) <br />

{<br />

Z pour q = n,<br />

0 pour q n.<br />

DÉMONSTRATION. On peut décomposer S n en deux hémisphères. On note D n +<br />

l’hémisphère nord et D n − l’hémisphère sud. La décomposition Sn = D n + ∪Dn − satisfait<br />

les conditions affaiblies de 2.23 et D n + et Dn − sont contractiles donc leur groupes<br />

d’homotopie sont donc triviaux. On distingue trois cas. Pour q > n > 0 on a<br />

H q (S n ) H q−1 (S n−1 ) . . . H q−n (S 0 ) = 0,<br />

car q − n > 0 et S 0 est un espace discret. Pour n > q > 0<br />

H q (S n ) H q−1 (S n−1 ) . . . H 1 (S n−q+1 ) = 0,<br />

car S n−q est connexe par arcs. Finalement<br />

H n (S n ) H n−1 (S n−1 ) . . . H 1 (S 1 ) Z<br />

puisque S 1 = D 1 + ∪ D1 − et D1 + ∩ D1 − a deux composantes connexe par arcs. □


28 2. LES GROUPES D’HOMOLOGIE D’UN ESPACE TOPOLOGIQUE<br />

De même on peut calculer les groupes d’homologie <strong>des</strong> paires d’espaces<br />

(D n , S n−1 ) :<br />

THÉORÈME 2.28.<br />

Pour tout n ≥ 1 on a<br />

H q (D n , S n−1 ) <br />

{<br />

Z pour q = n ou q = 0,<br />

0 pour q n et q 0.<br />

DÉMONSTRATION. D’après 2.16 on a une suite exacte<br />

H q+1 (D n+1 ) H q+1 (D n+1 , S n )<br />

∂ ∗<br />

<br />

H q (S n ) H q (D n+1 )<br />

où ∂ ∗ est un isomorphisme car D n+1 est contractile et donc les deux bouts de la<br />

suite sont nuls. Par le théorème précédent on a le résultat voulu.<br />

□<br />

Ainsi pour tout n ≥ 0 les groupes H n (S n ) resp. H n (D n , S n−1 ) sont générés par un<br />

élément α n resp. β n . On va maintenant construire ces générateurs récursivement.<br />

On pose de nouveau S n = D n + ∪ Dn − . Alors on a les isomorphismes suivants :<br />

H n−1 (S n−1 ∂<br />

) ∗<br />

H n (D n + , Sn−1 )<br />

k ∗<br />

H n (S n , D n − ) j<br />

∗<br />

H n(S n )<br />

Ici ∂ ∗ est donné par le théorème qui précède, j ∗ sort de la longue suite en homologie<br />

associée à la paire (S n , D n − ) et k ∗ est un isomorphisme d’excision qui existe grâce à<br />

2.21 puisque D n + /Sn−1 ≈ S n /D n − .<br />

DÉFINITION 2.29.<br />

L’orientation standard α n ∈ H n (S n ) et β n ∈ H n (D n , S n−1 ) est défini par récurrence<br />

comme suit :<br />

Pour n = 1 le générateur β 1 est la classe d’homologie représenté par le simplexe<br />

singulier donné par ∆ 1 → D 1 , (1−t)e 0 +te 1 ↦→ 2t−1. Ensuite on défini récursivement :<br />

et<br />

α n = j −1<br />

∗ k ∗ (β n )<br />

β n = ∂ −1<br />

∗ (α n−1 ).<br />

THÉORÈME 2.30.<br />

Soit ∨S n un bouquet de n-sphères avec n ≥ 1 et j ∈ J. Alors H<br />

j q (∨S n ) = 0 pour q n et<br />

j<br />

H n (∨S n j ) est un groupe abélien libre. Pour i j : S n → S n une injection de S n sur la sphère<br />

j<br />

S n alors (i<br />

j j∗ (α n )) j∈J forme une base de H n (∨S n j ).<br />

DÉMONSTRATION. D’après le théorème 2.22 et en utilisant le résultat de 2.27 on<br />

a pour q n<br />

⊕ ⊕<br />

H q (∨S n j ) = H q (S n j ) = 0 = 0.<br />

j∈J<br />

j∈J


4. L’HOMOLOGIE DES SPHÈRES 29<br />

Tandis que pour q = n<br />

⊕ ⊕<br />

H n (∨S n j ) = H n (S n j ) Z.<br />

j∈J<br />

est un groupe abélien libre. Et puisque i j∗ (α n ) est un générateur de H n (S n j<br />

) la famille<br />

(i j∗ (α n )) j∈J est bien une base. □<br />

j∈J


CHAPITRE 3<br />

Les groupes d’homotopie<br />

1. Les groupes d’homotopie<br />

Avant d’introduire les groupes d’homotopie d’un espace topologique on va<br />

faire quelques constructions techniques dont on aura besoin.<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 3.1.<br />

Une paire d’espaces (X, A) est dite n-connexe si pour tout q ≤ n et toute application<br />

continue f : (D q , S q−1 → (X, A) les deux conditions équivalentes sont satisfaites :<br />

(1) Il existe g ≃ f : D q → X rel S q−1 avec g(D q ) ⊂ A.<br />

(2) Il existe h ≃ f : (D q , S q−1 ) → (X, A) avec h(D q ) ⊂ A.<br />

DÉMONSTRATION. La condition (1) semble être plus forte puisque là l’image de<br />

S q−1 est fixé pendant l’homotopie tandis que pour (2) ce n’est pas le cas. Clairement<br />

(1) ⇒ (2). Pour montrer que (2) ⇒ (1) il faut bricoler une homotopie qui fixe S q−1 .<br />

Soit H : D q × I → X une homotopie de f vers h (où H(−, 0) = f et H(−, 1) = g et<br />

H(S q−1 , t) ⊂ A pour tout t ∈ I). Il s’avère que si l’on pose pour tout z ∈ D q<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

K(z, t) =<br />

⎪⎩<br />

H ( 2z<br />

2−t , t)<br />

H ( z<br />

‖z‖ , 2 − 2‖z‖)<br />

pour t 2 ≤ 1 − ‖z‖<br />

pour t 2 ≥ 1 − ‖z‖<br />

on a trouvé une autre homotopie de f vers h qui fixe S q−1 .<br />

□<br />

Pour tout n ≥ 1 on peut voir S n−1 ⊂ S n comme l’équateur de la sphère S n .<br />

Le quotient S n /S n−1 est homéomorphe à S n 1 ∨ Sn . Il existe un homéomorphisme ϕ<br />

2<br />

de S n /S n−1 vers S n 1 ∨ Sn dont les restrictions respectives sont un homéomorphisme<br />

2<br />

entre D n + \ Sn−1 et S n 1 \ {∗} respectivement Dn − \ Sn−1 et S n \ {∗}, où ∗ représente le point<br />

1<br />

de collage dans le wedge.<br />

DÉFINITION 3.2.<br />

Pour tout n ≥ 0 on définit l’application de pliage<br />

ρ : S n → S n 1 ∨ Sn 2<br />

x ↦→ ϕ([x])<br />

où [x] est la classe de x dans le quotient S n /S n−1 et ϕ est défini comme avant.<br />

31


32 3. LES GROUPES D’HOMOTOPIE<br />

REMARQUE 3.3.<br />

D n /S n−1 est homéomorphe à S n . De plus (D n 1 ∨ Dn 2 )/(Sn 1 ∨ Sn ) est homéomorphe à<br />

2<br />

S n 1 ∨ Sn . Ainsi on peut aussi définir<br />

2<br />

ρ : (D n , S n−1 ) → (D n 1 ∨ Dn 2 , Sn 1 ∨ Sn 2 ).<br />

Que fait l’homomorphisme ρ en homologie ? La proposition suivante en dit<br />

plus. On note α ′ et α ′′ les générateurs de H n (S n 1 ) resp. H n(S n 2 ). Et β′ et β ′′ les<br />

générateurs de H n (D n 1 , Sn−1 ) resp. H<br />

1 n (D n 2 , Sn−1 ).<br />

2<br />

PROPOSITION 3.4.<br />

Pour tout n ≥ 1<br />

et<br />

ρ ∗ (α n ) = α ′ n + α ′′<br />

n<br />

ρ ∗ (β n ) = β ′ n + β ′′<br />

n .<br />

DÉMONSTRATION. On va faire une preuve par récurrence. Pour n = 1 (D 1 , S 0 )<br />

est envoyé par ρ sur (D 1 ∨ D 1 , S 0 ∨ S 0 ) autrement dit sur ([−1, 1], {−1, 0, 1}). Soient<br />

maintenant les simplexes σ, τ ′ , τ ′′ donnés par<br />

En homologie on a<br />

σ(e 0 ) ↦→ −1, σ(e 1 ) ↦→ 1<br />

τ ′ (e 0 ) ↦→ −1, τ ′ (e 1 ) ↦→ 0<br />

τ ′′ (e 0 ) ↦→ 0, τ ′′ (e 1 ) ↦→ 1.<br />

[σ] = β 1 ∈ H 1 (D 1 , S 0 )<br />

Soit en plus ω le 2-simplexe donné par<br />

On calcule le bord de ω<br />

[τ ′ ] = β ′ 1 ∈ H 1(D 1 ∨ D 1 , S 0 ∨ S 0 )<br />

[τ ′′ ] = β ′′<br />

1 ∈ H 1(D 1 ∨ D 1 , S 0 ∨ S 0 ).<br />

e 0 ↦→ −1, e 1 ↦→ 0, e 2 ↦→ 1.<br />

∂ω = ω ◦ δ 0 1 − ω ◦ δ1 1 + ω ◦ δ2 1 = τ′′ − σ + τ ′ .<br />

Ainsi τ ′′ − σ + τ ′ est un bord et donc nul en homologie. Autrement dit :<br />

[σ] = [τ ′ + τ ′′ ]<br />

D’où<br />

ρ ∗ (β 1 ) = β ′ 1 + β′′ 1 .<br />

Supposons maintenant que ρ ∗ (β n ) = β ′ n + β ′′<br />

n . On va montrer que ρ ∗ (α n ) = α ′ n + α ′′<br />

n .<br />

Vu 2.29 on a le diagramme commutatif<br />

(D n , S n−1 )<br />

ρ<br />

(D n ∨ D n , S n−1 ∨ S n−1 )<br />

j −1 k<br />

<br />

(S n , ∗)<br />

ρ<br />

(j −1 k∨j −1 k)<br />

(S n ∨ S n , ∗).


1. LES GROUPES D’HOMOTOPIE 33<br />

En appliquant le foncteur d’homologie on obtient<br />

H n (D n , S n−1 )<br />

ρ ∗<br />

H n (D n , S n−1 ) ⊕ H n (D n , S n−1 )<br />

Il reste à calculer<br />

j −1<br />

∗ k ∗<br />

<br />

(S n , ∗)<br />

ρ ∗<br />

ρ ∗ (α n ) = ρ ∗ j −1<br />

∗ k ∗ (β n )<br />

(j −1<br />

∗ k ∗ ⊕j −1<br />

∗ k ∗ )<br />

H n (S n , ∗) ⊕ H n (S n , ∗).<br />

= (j −1<br />

∗ k ∗ ⊕ j −1<br />

∗ k ∗ )ρ ∗ (β n )<br />

= (j −1<br />

∗ k ∗ ⊕ j −1<br />

∗ k ∗ )(β ′ n + β ′′<br />

n )<br />

= α ′ n + α ′′<br />

n .<br />

Pour terminer la preuve il suffit maintenant de montrer que si la proposition est<br />

vérifiée pour α n , elle l’est aussi pour β n+1 . Comme avant on trouve un diagramme<br />

commutatif et on obtient<br />

H n (S n , ∗)<br />

∂ −1<br />

∗<br />

H n+1 (D n+1 , S n )<br />

ρ ∗<br />

H n (S n , ∗) ⊕ H n (S n , ∗)<br />

(∂ −1<br />

∗ ⊕∂ −1<br />

∗ )<br />

ρ ∗<br />

H n+1 (D n+1 , S n ) ⊕ H n+1 (D n+1 , S n ).<br />

Et un même calcul montre que ρ ∗ (β n+1 ) = β ′ n+1 + β′′ n+1 . □<br />

Maintenant on peut définir les groupes d’homotopie d’un espace topologique :<br />

DÉFINITION 3.5.<br />

Soit (X, x 0 ) un espace topologique pointé et soit n ≥ 2. Alors on défini le n-ème<br />

groupe d’homotopie de (X, x 0 ) par<br />

π n (X, x 0 ) = [(S n , ∗), (X, x 0 )] .<br />

Ses éléments sont les classes d’homotopie<br />

[ϕ] = { ϕ ′ ∣ ∣ ∣ ϕ ′ ≃ ϕ : (S n , ∗) → (X, x 0 ) }<br />

où ϕ : (S n , ∗) → (X, x 0 ) est une application continue qui conserve le point de base.<br />

Pour [ϕ], [ψ] ∈ π n (X, x 0 ) on défini leur somme par<br />

C’est la classe d’une application<br />

[ϕ] + [ψ] = [(ϕ ∨ ψ) ◦ ρ].<br />

S n<br />

ρ<br />

S n 1 ∨ Sn 2<br />

(ϕ∨ψ)<br />

X.<br />

REMARQUE 3.6.<br />

On ne va pas prouver que c’est un groupe ni que ce groupe est abélien pour n ≥ 2<br />

et que la somme est bien définie et indépendante du choix du représentant. Cette<br />

preuve, comme la preuve pour la proposition suivante, se trouvent par exemple<br />

dans [19].


34 3. LES GROUPES D’HOMOTOPIE<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 3.7.<br />

Toute application continue f : (X, x 0 ) → (Y, y 0 ) induit pour n ≥ 0 un homomorphisme<br />

donné par<br />

f ♯ = π n ( f ) : π n (X, x 0 ) → π n (Y, y 0 )<br />

f ♯ ([ϕ]) = [ f ◦ ϕ]<br />

2. Les groupes d’homotopie relatifs<br />

DÉFINITION 3.8.<br />

Soit un espace topologique X, un sous-espace A ⊂ X, un point x 0 ∈ A et un nombre<br />

n ≥ 1. On appelle n-ème groupe d’homotopie relative<br />

qui contient les classes d’homotopie<br />

π n (X, A, x 0 ) = [(D n , S n−1 , ∗), (X, A, x 0 )].<br />

[ϕ] = { ϕ ′ ∣ ∣ ∣ ϕ ′ ≃ ϕ : (D n , S n−1 , ∗) → (X, A, x 0 ) }<br />

où pendant l’homotopie l’image de S n−1 reste dans A et l’image de ∗ reste x 0 .<br />

Comme dans le cas de l’homotopie absolue, pour n ≥ 2 l’addition est donné par<br />

Pour n ≥ 3 ce groupe est abélien.<br />

[ϕ] + [ψ] = [(ϕ ∨ ψ) ◦ ρ].<br />

Tout comme pour les groupes d’homotopie absolue on a ceci :<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 3.9.<br />

Toute application continue f : (X, A, x 0 ) → (Y, B, y 0 ) induit pour n ≥ 2 un homomorphisme<br />

f ♯ = π n ( f ) : π n (X, A, x 0 ) → π n (Y, B, y 0 )<br />

donné par<br />

et ayant les propriétés<br />

(1) Id ♯ = Id et (g f ) ♯ = g ♯ f ♯ .<br />

(2) Si f ≃ g alors f ♯ = g ♯ .<br />

f ♯ ([ϕ]) = [ f ◦ ϕ]<br />

Puisque D n et S n−1 sont connexes par arcs on a le théorème suivant :<br />

THÉORÈME 3.10.<br />

Si X 0 et A 0 sont les composantes connexes de X respectivement A contenant x 0 alors<br />

l’inclusion i : (X 0 , A 0 ) → (X, A) induit un isomorphisme<br />

i ♯ : π n (X, A, x 0 )<br />

<br />

π n (X 0 , A 0 , x 0 )


3. ACTION DU GROUPE FONDAMENTAL EN HOMOTOPIE 35<br />

3. Action du groupe fondamental en homotopie<br />

Dans cette section on va définir une action du groupe π 1 (X, x 0 ) sur les groupes<br />

d’homotopie de (X, x 0 ) respectivement (X, A, x 0 ). Tout d’abord on va construire<br />

cette action. Certaines preuves sont omises.<br />

On sait que S n ∨I est un rétracte par déformation forte de S n ×I. Soit r : S n ×I →<br />

S n ∨ I une telle rétraction. On définit µ n : S n → S n ∨ I par µ n (x) = r(x, 1). Soit ∗ le<br />

point de base de S n alors clairement µ n (∗) = (∗, 1). µ n est uniquement déterminé à<br />

homotopie rel ∗ près. Soit maintenant w : I → X un chemin de x 0 à x 1 et ϕ : S n → X<br />

une application qui envoit le point de base ∗ sur x 1 . Alors la composition<br />

S n µ n<br />

S n ∨ I<br />

(ϕ∨w −1 )<br />

X<br />

envoit le point de base sur x 0 . On peut ainsi définir :<br />

DÉFINITION 3.11.<br />

Pour un chemin w : I → X de x 0 vers x 1 soit<br />

w n : π n (X, x 1 ) → π n (X, x 0 )<br />

donné par<br />

w n ([ϕ]) ↦→ [(ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n ]<br />

DÉFINITION 3.12.<br />

Pour un chemin w : I → X de x 0 vers x 1 deux applications ψ(S n , ∗) → (X, x 0 ) et<br />

ϕ(S n , ∗) → (X, x 1 ) sont appelées w-homotopes s’il existe une homotopie H : S n ×I →<br />

X de ϕ vers ψ tel que H(∗, t) parcourt le chemin w.<br />

LEMME 3.13.<br />

(1) (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n et ϕ sont w-homotopes.<br />

(2) Si ψ est w-homotope à ϕ alors ψ ≃ (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n rel ∗.<br />

DÉMONSTRATION. Posons K(x, t) = ((ϕ ∨ w −1 ) ◦ r)(x, 1 − t) où r est le rétracte<br />

défini au début du paragraphe. Alors<br />

K(x, 0) = (ϕ ∨ w −1 )(r(x, 1)) = (ϕ ∨ w −1 )(µ n (x))<br />

K(x, 1) = (ϕ ∨ w −1 )(r(x, 0)) = (ϕ ∨ w −1 )(x, 0) = ϕ(x)<br />

K(∗, t) = (ϕ ∨ w −1 )(r(∗, 1 − t))(ϕ ∨ w −1 )(∗, 1 − t)<br />

= w −1 (1 − t) = w(t)<br />

et K est l’homotopie cherchée pour (1). Reprenons K et soit H une homotopie de ψ<br />

vers ϕ. On note i 0 : S n → S n × I, x ↦→ (x, 0) et i l’inclusion dans S n × I. On constate<br />

que<br />

Ki 0 = (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n et Hi 0 = ψ.


36 3. LES GROUPES D’HOMOTOPIE<br />

Soit s : S n × I → S n × {1} ∪ {∗} × I une rétraction comme r l’était et appelons s t la<br />

déformation correspondante. Soit l’application<br />

F t : S n × I → S n × I<br />

(x, t ′ ) ↦→ (x, tt ′ ).<br />

On constate que F t is 0 est une homotopie de F 0 is 0 (−, 0) vers is 0 (−, 0) rel ∗. De plus<br />

F 0 is t (−, 0) est une homotopie de F 0 is 0 (−, 0) vers i 0 rel ∗. Ainsi i 0 ≃ is 0 (−, 0) et<br />

ψ = Hi 0 ≃ His 0 = Kis 0 ≃ Ki 0 = (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n rel ∗ .<br />

Ainsi (2) est vérifié.<br />

□<br />

COROLLAIRE 3.14.<br />

Pour ψ, ϕ : S n → X avec ψ(∗) = x 0 et ϕ(∗) = x 1 on a w n ([ϕ]) = [ψ] si et seulement si ψ<br />

et ϕ sont w-homotopes. Si c’est le cas on a en plus ψ ≃ ϕ : S n → X.<br />

DÉMONSTRATION. w n ([ϕ]) = [ψ] s’écrit [(ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n ] = [ψ] Alors il existe<br />

une homotopie H de ψ vers (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n qui fixe le point de base. Par le lemme<br />

précédent on sait qu’il existe en plus une homotopie K de (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n vers ϕ. En<br />

composant ces deux homotopies on obtient une homotopie de ψ vers ϕ et pendant<br />

l’homotopie l’image du point de base (reste d’abord fixe et ensuite) parcourt le<br />

chemin w. Ainsi ψ et ϕ sont w-homotopes. Supposons maintenant que ψ et ϕ<br />

sont w-homotopes. Alors par le lemme précédent (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n ≃ ψ rel ∗. Donc<br />

w n ([ϕ]) = [(ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n ] = [ψ].<br />

□<br />

REMARQUE 3.15.<br />

En combinant différents homotopies on peut prouver que<br />

(1) Le chemin constant c induit c n = id : π n (X, x 0 ) → π n (X, x 0 ).<br />

(2) Pour deux chemins v, w de x 0 à x 1 et de x 1 à x 2 on a (v · w) n = v n ◦ w n :<br />

π n (X, x 2 ) → π n (X, x 0 ).<br />

(3) Si v ≃ w à extremités fixées alors v n = w n .<br />

Ce qui suit sont quelques théorèmes préliminaires qui aboutissent dans la<br />

définition d’une action de π 1 (X, x 0 ) sur π n (X, x 0 ).<br />

THÉORÈME 3.16.<br />

Pour tout chemin w de x 0 à x 1 l’application w n : π n (X, x 1 ) → π n (X, x 0 ) est un isomorphisme<br />

de groupes qui est naturel par rapport à <strong>des</strong> fonctions continues f : (X, x 0 , x 1 ) →<br />

(Y, y 0 , y 1 ).<br />

DÉMONSTRATION. D’après (2) de la remarque précédente w n est bijectif et son<br />

inverse est (w n ) −1 = (w −1 ) n . Il faut donc uniquement montrer que w n est un homomorphisme.<br />

Pour ϕ 1 , ϕ 2 : (S n , ∗) → (X, x 0 ) on pose ψ i = (ϕ i ∨ w −1 ) ◦ ρ. Par ce<br />

qui précède on sait que ϕ i et ψ i sont w-homotopes et on note H i : S n × I → X une<br />

homotopie correspondante. L’homotopie K = (H 1 ∨ H 2 ) ◦ ρ : S n × I → X est une


3. ACTION DU GROUPE FONDAMENTAL EN HOMOTOPIE 37<br />

homotopie qui montre que (ϕ 1 ∨ ϕ 2 ) ◦ ρ et (ψ 1 ∨ ψ 2 ) ◦ ρ sont w-homotopes. En<br />

utilisant 3.14 on peut maintenant calculer<br />

w n ([ϕ 1 ] + [ϕ 2 ]) = w n ([(ϕ 1 ∨ ϕ 2 ) ◦ ρ])<br />

= [(ψ 1 ∨ ψ 2 ) ◦ ρ]<br />

= [ψ 1 ] + [ψ 2 ]<br />

= w n ([ϕ 1 ]) + w n ([ϕ 2 ]).<br />

□<br />

THÉORÈME 3.17.<br />

Pour deux applications homotopes f : (X, x 0 ) → (Y, y 0 ) et g : (X, x 0 ) → (Y, y 1 ) soit w le<br />

chemin parcouru par l’image de x 0 pendant l’homotopie. Alors f ♯ = w n ◦ g ♯ .<br />

DÉMONSTRATION. Pour tout ϕ : (S n , ∗) → (X, x 0 ) l’application f ◦ ϕ est w-<br />

homotope à g◦ϕ. Alors en utilisant 3.14 on peut conclure que w n ([g◦ϕ]) = [ f ◦ϕ]. □<br />

Si maintenant on choisit un chemin fermé w, ou autrement dit un élément du<br />

groupe fondamental π 1 (X, x 0 ), on peut définir une action de groupe :<br />

DÉFINITION 3.18.<br />

Pour γ ∈ π 1 (X, x 0 ) et [ϕ] ∈ π n (X, x 0 ) on définit γ · [ϕ] par<br />

où w est un chemin représentant γ.<br />

γ · [ϕ] = w n ([ϕ])<br />

PROPRIÉTÉS 3.19.<br />

Pour n ≥ 2, γ, δ ∈ π 1 (X, x 0 ) et [ϕ], [ψ] ∈ π n (X, x 1 ) on a les propriétés suivantes pour<br />

l’action qu’on vient de définir :<br />

(1) 1 · [ϕ] = [ϕ],<br />

(2) γ · (δ · [ϕ]) = (γδ) · [ϕ],<br />

(3) γ · ([ϕ] + [ψ]) = γ · [ϕ] + γ · [ψ],<br />

(4) γ · 0 = 0.<br />

Où 1 représente l’élément neutre de π 1 (X, x 0 ) et 0 l’élément neutre de π n (X, x 0 ).<br />

DÉMONSTRATION.<br />

(1) Un représentant de 1 est l’application constante c. Maintenant c n ([ϕ]) =<br />

[(ϕ ∨ c −1 ) ◦ µ n ] = [(ϕ ∨ c] ◦ µ n ] et (ϕ ∨ c) ◦ µ n ≃ ϕ rel ∗.<br />

(2) Soient v, w <strong>des</strong> représentants de γ et δ. Calculons γ·(δ·[ϕ]) = v n (w n ([ϕ])) =<br />

(v · w) n ([ϕ]) = (γδ) · [ϕ].<br />

(3) Ceci découle directement de 3.16.


38 3. LES GROUPES D’HOMOTOPIE<br />

(4) γ · 0 = w n (0). Prenons pour 0 le représentant constant c. Mais (c ∨ w −1 ) ◦ µ n<br />

est une application S n → S n ∨ I → {∗} ∨ I → X et toute image de I (à une<br />

extremité fixée) est homotope à 0. Ainsi [(c ∨ w −1 ) ◦ µ n ] = 0 et γ · 0 = 0.<br />

□<br />

DÉFINITION 3.20.<br />

L’espace topologique X est appelé n-simple si pour tout γ ∈ π 1 (X, x 0 ) et pour tout<br />

[ϕ] ∈ π n (X, x 0 ) on a γ · [ϕ] = [ϕ].<br />

Une construction analogue se fait pour les groupes d’homotopie relatifs. Pour<br />

un chemin w dans A de x 0 à x 1 on note encore :<br />

w n : π n (X, A, x 1 ) → π n (X, A, x 0 ).<br />

Les résultats sont analogues, en particulier sont π n (X, A, x 0 ) π n (X, A, x 1 ) pour<br />

tout x 0 , x 1 ∈ A si A est connexe par arcs. Et on a de nouveau les propriétés (1)-(4)<br />

de 3.19.<br />

THÉORÈME 3.21.<br />

Pour n ≥ 2 et [ϕ] ∈ π n (X, A, x 0 ) on a [ϕ] = 0 si et seulement s’il existe une homotopie<br />

H : (D n , S n−1 ) × I → (X, A) tel que H(−, 0) = ϕ et H(D n , 1) ⊂ A.<br />

REMARQUE 3.22.<br />

On n’exige pour cette homotopie pas que l’image du point de base reste fixe.<br />

DÉMONSTRATION. Si [ϕ] = 0 alors il existe une telle homotopie H (qui en<br />

plus fixe le point de base). Supposons maintenant qu’il existe une homotopie<br />

H : (D n , S n−1 ) × I → (X, A) tel que H(−, 0) = ϕ et H(D n , 1) ⊂ A. Puisque H(D n , 1)<br />

est contractile il existe même une homotopie K : (D n , S n−1 ) × I → (X, A) tel que<br />

K(−, 0) = ϕ et K(D n , 1) = x 0 . Soit w le chemin défini par w(t) = K(∗, t). Ainsi ϕ<br />

est w-homotopes à l’application constante, autrement dit [ϕ] = w n (0) = γ · 0 si<br />

γ = [w] ∈ π 1 (X, A, x 0 ). Mais γ · 0 = 0<br />

□<br />

En regardant la définition de n-connexité on a directement le corollaire suivant.<br />

COROLLAIRE 3.23.<br />

Pour n ≥ 2 une paire d’espaces (X, A) est n-simple si et seulement si (X, A) est 1-connexe<br />

et si π q (X, A, x 0 ) = 0 pour tout x 0 ∈ A et pour tout 1 ≤ q ≤ n.<br />

On aimerait maintenant faire un lien entre les groupes d’homotopie absolue<br />

et les groupes d’homotopie relative. Pour le cas où le sous-espace A contient que<br />

le point de base x 0 il semblerait que les applications (D n , S n−1 , ∗) → (X, x 0 , x 0 ) et les<br />

applications (S n , ∗) → (X, x 0 ) sont les mêmes puisque D n /S n−1 est homéomorphe<br />

à S n . À homotopie près il existent deux homéomorphismes. On appelle λ n celui


4. SUITES EXACTES EN HOMOTOPIE 39<br />

parmi eux pour quoi en homologie on a λ n∗ (β n ) = j ′ ∗(α n ). Ici j ′ : H n (S n ) → H n (S n , x 0 )<br />

sort de la suite exacte en homologie de la paire (S n , x 0 ) et α n , β n sont défini par 2.29.<br />

Ainsi par [ϕ] ↦→ [ϕ◦λ n ] on a un isomorphisme entre π n (X, x 0 , x 0 ) et π n (X, x 0 ) et on va<br />

désormais identifier les deux groupes et écrire ϕ au lieu de ϕ ◦ λ n . Pour x 0 ∈ A ⊂ X<br />

et l’inclusion j : (X, x 0 , x 0 ) → (X, A, x 0 ) l’application induite j ♯ : π n (X, x 0 , x 0 ) →<br />

π n (X, A, x 0 ) est donnée par j ♯ ([ϕ]) = [ϕ ◦ λ n ].<br />

4. Suites exactes en homotopie<br />

DÉFINITION 3.24.<br />

Pour x 0 ∈ A ⊂ X et n ≥ 2 on défini l’opérateur de bord <strong>des</strong> groupes d’homotopie de (X, A)<br />

l’homomorphisme défini par<br />

∂ : π n (X, A, x 0 ) → π n−1 (A, x 0 )<br />

[ ϕ<br />

]<br />

↦→ [ ϕ| S n−1]<br />

.<br />

THÉORÈME 3.25.<br />

Pour x 0 ∈ A ⊂ X la suite<br />

. . .<br />

j ♯<br />

π n+1 (X, A, x 0 )<br />

∂<br />

π n (A, x 0 )<br />

i ♯<br />

π n (X, x 0 )<br />

j ♯<br />

π n (X, A, x 0 )<br />

∂<br />

. . .<br />

est exacte. Ici i : (A, x 0 ) ↩→ (X, x 0 ) et j : (X, x 0 , x 0 ) ↩→ (X, A, x 0 ) sont les inclusions.<br />

REMARQUE 3.26.<br />

La suite s’arrête à π 1 (X, x 0 ). Les trois derniers groupes sont pas nécessairement<br />

abéliens mais la notion d’exactitude garde un sens.<br />

EXEMPLE 3.27.<br />

Si X est contractile alors l’opérateur de bord est pour tout n ≥ 2 un isomorphisme<br />

∂ : π n (X, A, x 0 ) → π n−1 (A, x 0 ) car π n (X, x 0 ) = 0 pour tout n ≥ 1. En particulier on a<br />

l’isomorphisme ∂ : π n (D q , S q−1 , ∗) → π n−1 (S q−1 , ∗)


CHAPITRE 4<br />

Le théorème d’Hurewicz<br />

1. L’homomorphisme d’Hurewicz<br />

On va maintenant créer un lien entre les groupes d’homologie et les groupes<br />

d’homotopie d’un espace pointé (X, x 0 ). Plus précisément, on va définir un homomorphisme<br />

<strong>des</strong> groupes d’homologie vers les groupes d’homotopie. C’est l’homomorphisme<br />

d’Hurewicz :<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 4.1.<br />

Soit (X, x 0 ) un espace topologique pointé. L’homomorphisme d’Hurewicz h n est défini<br />

par<br />

h n : π n (X, x 0 ) → H n (X)<br />

[ ϕ<br />

]<br />

↦→ ϕ ∗ (α n )<br />

où α n est le générateur de H n (S n ) défini au chapitre 2.<br />

On peut fair exactement la même chose pour relier homologie relative et homotopie<br />

relative :<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 4.2.<br />

Pour (X, A, x 0 ), l’homomorphisme d’Hurewicz relatif k n est défini par<br />

k n : π n (X, A, x 0 ) → H n (X, A)<br />

[ ϕ<br />

]<br />

↦→ ϕ ∗ (β n )<br />

DÉMONSTRATION. On va uniquement prouver que h n est un homomorphisme.<br />

Soient [ϕ], [ψ] ∈ π n (X, x 0 ). Alors<br />

h n ([ϕ] + [ψ]) = h n ([(ϕ ∨ ψ) ◦ ρ])<br />

= (ϕ ∨ ψ) ◦ ρ(α n )<br />

= (ϕ ∨ ψ)(α ′ n + α ′′<br />

n )<br />

= ϕ(α ′ n) + ψ(α ′′<br />

n )<br />

= h n ([ϕ]) + h n ([ψ]).<br />

41<br />


42 4. LE THÉORÈME D’HUREWICZ<br />

PROPRIÉTÉ 4.3.<br />

Le diagramme suivant est commutatif.<br />

. . .<br />

j ♯<br />

π n+1 (X, A, x 0 )<br />

∂<br />

π n (A, x 0 )<br />

i ♯<br />

π n (X, x 0 )<br />

j ♯<br />

. . .<br />

. . .<br />

k n+1<br />

j ∗<br />

H n+1 (X, A)<br />

∂<br />

h n<br />

H n (A)<br />

i ∗<br />

h n<br />

H n (X)<br />

j ∗<br />

. . .<br />

THÉORÈME 4.4.<br />

Soit n ≥ 2. Soit (X, A) une paire d’espaces (n − 1)-connexe et x 0 ∈ A un point de base.<br />

Alors<br />

(1) H q (X, A) = 0 pour tout 1 ≤ q ≤ n,<br />

(2) k n : π n (X, A, x 0 ) → H n (X, A) est surjectif,<br />

(3) Le noyeau de k n est le sous-groupe (pour n = 2 le sous-groupe normal) de<br />

π n (X, A, x 0 ) qui est généré par les éléments de la forme [ϕ] − γ · [ϕ] avec [ϕ] ∈<br />

π n (X, A, x 0 ) et γ ∈ π 1 (A, x 0 ) (pour n = 2 la notation additive perd son sens, il<br />

faudrait noter [ϕ] ⋆ γ · [ϕ] −1 ). Si A est simplement connexe alors π 1 (A, x 0 ) est<br />

trivial et k n : π n (X, A, x 0 ) → H n (X, A) est un isomorphisme.<br />

REMARQUE 4.5.<br />

Ceci est la version ”relative” du théorème d’Hurewicz. Si on pose A = {x 0 } alors<br />

on obtient le théorème suivant.<br />

THÉORÈME 4.6 (Théorème d’Hurewicz).<br />

Soit n ≥ 2. Soit X un espace (n − 1)-connexe. Alors H q (X) = 0 pour 1 ≤ q ≤ n − 1 et<br />

h n : π n (X, x 0 ) → H n (X) est un isomorphisme.<br />

Avant de faire la démonstration de 4.4 on va introduire quelques notations et<br />

reformuler le théorème.<br />

Les groupes fondamentaux agissent sur π n (X, x 0 ) respectivement π n (A, x 0 ) Puisque<br />

d’après 3.13 (ϕ ∨ w −1 ) ◦ µ n et ϕ sont homotopes, l’action induite en homologie est<br />

triviale. On écrit π ′ n(X, A) le quotient qu’on obtient en quotientant π n (X, A, x 0 ) par<br />

le sous-groupe (normal) engendré par { γ · [ϕ] | γ ∈ π 1 (A, x 0 ), [ϕ] ∈ π n (X, A, x 0 ) }. η<br />

est l’application quotient. De même π ′ n(X) après avoir quotienté par les orbites de<br />

l’action π 1 (X, x 0 ) sur π n (X, x 0 ). On note les homomorphismes d’Hurewicz induits<br />

par h ′ n et k ′ n. On a donc deux diagrammes commutatifs.<br />

η<br />

π n (X, x 0 )<br />

π<br />

′ n(X) π n (X, A, x 0 )<br />

π<br />

<br />

′ n(X, A)<br />

<br />

h n h ′ n<br />

k n<br />

k n<br />

′<br />

<br />

H n (X)<br />

H n (X, A).<br />

η<br />

On note ∆ n−1<br />

n+1 la (n − 1)-squelette de ∆ n+1 et ˙∆ n+1 le bord de ∆ n+1 . On profite ici<br />

du fait que ∆ n+1 et ˙∆ n+1 sont homéomorphes à D n+1 respectivement S n .


1. L’HOMOMORPHISME D’HUREWICZ 43<br />

On va maintenant introduire une nouvelle notion de complexe de chaîne singulier.<br />

On se donne une paire (X, A) et un point de base x 0 ∈ A. Le sous-complexe de<br />

chaîne S (n) (X, A, x 0 ) du complexe de chaîne S(X, A) est engendré par les simplexes<br />

singuliers σ : ∆ q → X qui envoient chaque sommet de ∆ q sur x 0 et la n-squelette ∆ n q<br />

dans A. Ce complexe de chaîne défini les groupes d’homologie<br />

H (n)<br />

q (X, A, x 0 ) = H q<br />

(<br />

S (n) (X, A, x 0 )/S (n) (X, A, x 0 ) ∩ S(A) ) .<br />

Clairement H (n)<br />

q (X, A, x 0 ) = 0 pour 0 ≤ q ≤ n. On défini en plus l’inclusion<br />

qui induit un homomorphisme naturel<br />

J : S (n) (X, A, x 0 ) ↩→ S(X, A)<br />

J ∗ : H (n)<br />

q (X, A, x 0 ) → H q (X, A)<br />

THÉORÈME 4.7.<br />

Soit X un espace topologique et A ⊂ X connexe par arcs. Soit (X, A) n-connexe pour<br />

n ≥ 0. Alors J ∗ : H (n)<br />

q (X, A, x 0 ) → H q (X, A) est un isomorphisme pour tout q ∈ Z et donc<br />

H q (X, A) = 0 pour 0 ≤ q ≤ n.<br />

Pour prouver ce théorème on va se servir <strong>des</strong> deux lemmes qui suivent. On<br />

suppose pour les deux que les hypothèses de 4.7 sont satisfaites.<br />

LEMME 4.8.<br />

Pour tout σ : ∆ q → X il existe une application P(σ) : ∆ q × I → X avec les propriétés<br />

suivantes :<br />

(1) P(σ)(u, 0) = σ(u) pour tout u ∈ ∆ q .<br />

(2) L’application ˜σ : ∆ q → X donnée par u ↦→ P(σ)(u, 1) est un simplexe singulier<br />

de S (n) (X, A, x 0 ). Si σ ∈ S (n) (X, A, x 0 ) alors ˜σ = σ et P(σ)(u, t) = σ(u) pour tout<br />

(u, t) ∈ ∆ q × I.<br />

(3) Pour δ i q−1 : ∆ q−1 → ∆ q on a P(σ) ◦ (δ i q−1 × Id I) = P(σ ◦ δ i q−1 ).<br />

DÉMONSTRATION. Par récurrence : Pour q = 0 tout σ : ∆ 0 → X est un point<br />

et puisque X est connexe par arcs il existe une application P(σ) : ∆ 0 × I → X qui<br />

représente un chemin de σ(∆ 0 ) vers x 0 satisfait les conditions. Si σ(∆ 0 ) = x 0 on<br />

choisit le chemin constant.<br />

Soit maintenant 0 < q ≤ n et soient les P(σ) donnés pour tous les simplexes de<br />

dimension inférieure à q. Soit σ q : ∆ q → X un q-simplexe. Si σ ∈ S (n)<br />

q (X, A, x 0 ) alors<br />

on peut poser P(σ)(u, t) = σ(u) pour tout u ∈ ∆ q . Si σ S (n) (X, A, x 0 ) alors on peut de<br />

nouveau définir P(σ) sur (∆ q × {0}) ∪ ( ˙∆ q × I) par les conditions (1) et (3) en utilisant<br />

l’hypothèse de récurrence. Par ailleurs il existe un homéomorphisme<br />

h : D q × I → ∆ q × I


44 4. LE THÉORÈME D’HUREWICZ<br />

satisfaisant<br />

Posons maintenant<br />

⎧<br />

h(D ⎪⎨<br />

q × {0}) = (∆ q × {0}) ∪ ( ˙∆ q × I),<br />

h(S<br />

⎪⎩<br />

q−1 × {0}) = ˙∆ q × {1},<br />

h((S q−1 × I) ∪ (D q × I)) = ∆ q × I.<br />

σ ′ : (D q , S q−1 ) → (X, A)<br />

u ↦→ σ(h(u, 0)).<br />

Puisque q ≤ n et (X, A) est n-connexe, il existe une homotopie H : (D q , S q−1 ) × I →<br />

(X, A) de σ ′ vers une application de D q dans A. On peut maintenant poser<br />

P(σ) = H ◦ h −1 .<br />

Finalement pour q > n un q-simplexe appartient à S (n) (X, A, x 0 ) seulement si tous<br />

ses côtés y appartiennent. De nouveau : Si σ ∈ S (n) (X, A, x 0 ) alors on pose P(σ)(u, t) =<br />

σ(u). Sinon on définit de nouveau P(σ) sur (∆ q × {0}) ∪ ( ˙∆ q × I) par les conditions (1)<br />

et (3). Grâce au fait que (∆ q , ˙∆ q ) a la PEH, on peut conclure.<br />

□<br />

LEMME 4.9.<br />

L’inclusion J : S (n) (X, A, x 0 ) ↩→ S(X, A) est une équivalence d’homotopie.<br />

DÉMONSTRATION. Par le lemme précédent on définit<br />

T : S(X, A) → S (n) (X, A, x 0 )<br />

σ ↦→ ˜σ.<br />

Par (2) T ◦ J = Id S (n) (X,A,x 0 ). Le prisme ∆ q × I peut être découpé en (q + 1)-simplexes.<br />

Autrement dit il est une chaîne z q+1 dont le bord est base et <strong>des</strong>sus du prisme et<br />

le bord du simplexe multiplié par I. On note e ′ 0 , . . . , e′ q les sommets de la base et<br />

e ′′<br />

0 , . . . , e′′ q les sommets du <strong>des</strong>sus. Ainsi<br />

On y applique P(σ) :<br />

〈<br />

e<br />

′<br />

0 . . . 〉 〈 e′ q − e<br />

′′<br />

0 . . . 〉 e′′ q = ∂zq+1 +<br />

q∑<br />

(−1) i (δ i q−1 × Id I) • (z q ).<br />

i=0<br />

JT(σ) − σ = ˜σ − σ = ∂P(σ) • z q+1 +<br />

q∑<br />

(−1) i P(σ)(δ i q−1 × Id I) • z q .<br />

i=0<br />

Autrement dit :<br />

est une homotopie de JT vers l’identité :<br />

σ ↦→ P(σ)z q+1<br />

JT ≃ Id S(X,A)<br />

Ceci termine la preuve du lemme et montre directement 4.7.<br />


2. DÉMONSTRATION DU THÉORÈME D’HUREWICZ 45<br />

On peut étendre le diagramme commutatif d’avant :<br />

π n (X, A, x 0 )<br />

π ′ n(X, A)<br />

k n<br />

′ k n<br />

k n<br />

<br />

′′<br />

<br />

H n (X, A) H (n−1)<br />

n (X, A).<br />

J ∗<br />

η<br />

2. Démonstration du théorème d’Hurewicz<br />

On peut maintenant prouver le théorème d’Hurewicz. Pour faire ceci on va le<br />

découper en plusieurs propositions :<br />

Φ n : (n ≥ 2) Pour X, A connexes par arcs et (X, A) (n − 1)-connexe k ′ n :<br />

π ′ n(X, A) → H n (X, A) est un isomorphisme. Ceci correspond à 4.4.<br />

¯Φ n : (n ≥ 1) Pour X (n−1)-connexe h ′ n : π ′ n(X) → H n (X) est un isomorphisme.<br />

Cet énoncé ne dit rien d’autre que 4.6<br />

Pour n ≥ 2 chaque δ i est une application<br />

n+1<br />

δ 0 n+1 : (∆ n, ˙∆ n , e 0 ) → ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , e 1)<br />

δ i n+1 : (∆ n, ˙∆ n , e 0 ) → ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , e 0) pour 0 < i ≤ n + 1.<br />

Pour les sommets e i et e j de ∆ n+1 on dénote par [e i e j ] le chemin sur l’arête de e i vers<br />

e j et on défini<br />

b 1 = [e 0 e 1 ][e 1 e 2 ][e 2 e 0 ],<br />

b 2 = ( [e 0 e 1 ] · [δ 0 3 ]) [δ 2 3 ][δ1 3 ]−1 [δ 3 3 ]−1<br />

.<br />

∑n+1<br />

b n = [e 0 e 1 ] · [δ 0 n+1 ] + (−1) i [δ i n+1 ]<br />

où b 1 ∈ π 1 ( ˙∆ 2 , e 0 ) et b n ∈ π n ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , e 0). De plus on défini l’inclusion<br />

j : ( ˙∆ 2 , e 0 ) ↩→ (∆ 2 , e 0 ) pour n = 1<br />

j : ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , e 0) ↩→ (∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , e 0) pour n > 1.<br />

Et on peut poser la troisième proposition qu’on appelle aussi théorème d’addition<br />

en homotopie :<br />

B n : (n ≥ 1) j ♯ b n = 0.<br />

La démonstration est ainsi découpé en cinq parties :<br />

(1) B 1<br />

(2) B 1 ⇒ ¯Φ 1<br />

(3) ¯Φ 1 , . . . , ¯Φ n−1 ⇒ B n pour n ≥ 2.<br />

(4) B n ⇒ Φ n pour n ≥ 2<br />

(5) Φ n ⇒ ¯Φ n<br />

Pour rendre les raisonnements plus compréhensibles on va changer les notations<br />

et écrire les éléments <strong>des</strong> groupes d’homologie entre { } au lieu de [ ].<br />

i=1


46 4. LE THÉORÈME D’HUREWICZ<br />

DÉMONSTRATION DE B 1 . j ♯ b 1 ∈ π 1 (∆ 2 , e 0 ) et ∆ 2 est contractile. Donc on a que<br />

π 1 (∆ 2 , e 0 ) = 0 et j ♯ b 1 = 0.<br />

□<br />

DÉMONSTRATION DE B 1 ⇒ ¯Φ 1 . X est connexe par arcs. S (0) (X, {x 0 }, x 0 ) et S(X) sont<br />

isomorphes et il suffit de montrer que<br />

k ′′<br />

1 : π′ 1 (X, x 0)<br />

<br />

H (0)<br />

1 (X, {x 0}, x 0 ).<br />

Soit γ : (∆ 1 , ˙∆ 1 ) → (X, x 0 ) alors γ est représentant de [γ] ′ ∈ π ′ 1 (X, x 0).<br />

k ′′<br />

1 ([γ]′ ) = {γ}<br />

Pour un σ : (∆ 1 , ˙∆ 1 ) → (X, x 0 ) σ représente [σ] ∈ π 1 (X, x 0 ) et donc aussi [σ] ′ ∈<br />

π ′ 1 (X, x 0). Si σ est constant alors [σ] ′ = 0. Puisque π ′ 1 (X, x 0) est abélien et le groupe<br />

abélien libre S (0) (X, {x 0 }, x 0 ) est généré par les complexes singuliers il existe un<br />

homomorphisme<br />

ψ : S (0) (X, {x 0 })/S 1 ({x 0 }) → π ′ 1 (X, x 0)<br />

tel que ψ(σ) = [σ] ′ . Pour finir considérer la composée<br />

S (0)<br />

2 (X, {x 0})/S 2 ({x 0 })<br />

et calculer pour σ : (∆ 2 , ∆ 0 2 ) → (X, x 0)<br />

∂<br />

S (0)<br />

1 (X, {x 0})/S 1 ({x 0 })<br />

ψ π ′ 1 (X, x 0)<br />

ψ∂[σ] = ψ([σ ◦ δ 0 1 ] + [σ ◦ δ2 1 ] − [σ ◦ δ1 1 ])<br />

= [σ ◦ δ 0 1 ]′ + [σ ◦ δ 2 1 ]′ − [σ ◦ δ 1 1 ]′<br />

= [(σ ◦ δ 0 1 ) ⋆ (σ ◦ δ2 1 ) ⋆ (σ ◦ δ1 1 )−1 ] ′<br />

= η(σ| ˙∆ 2<br />

) ♯ ([e 0 e 1 ] ⋆ [e 1 e 2 ] ⋆ [e 2 e 0 ])<br />

= ησ ♯ j ♯ b 1 = 0.<br />

Où ⋆ est utilisé pour la concaténation de chemins pour rendre le calcul plus clair.<br />

Ainsi ψ∂ = 0 et Im ∂ ⊂ Ker ψ et ψ induit un homomorphisme<br />

ψ ′ : H (0)<br />

1 (X, {x 0}) → π ′ 1 (X, x 0)<br />

qui est l’inverse de k ′′<br />

1 . □<br />

DÉMONSTRATION DE ¯Φ 1 , . . . , ¯Φ n−1 ⇒ B n . On a le diagramme commutatif<br />

π n+1 (∆ n+1 , ˙∆ n+1 , e 0 )<br />

π n (∆ n+1 , ∆<br />

∂<br />

<br />

n−1<br />

n+1 , e 0)<br />

′<br />

j ♯<br />

<br />

∂<br />

π n ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , e 0)<br />

i<br />

<br />

∂<br />

<br />

′′<br />

♯<br />

π( ˙∆ n+1 , e 0 )<br />

π n−1 (∆ n−1<br />

n+1 , e 0)<br />

où les inclusions<br />

i : ( ˙∆ n+1 , e 0 ) ↩→ ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

j :<br />

n+1 )<br />

( ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 ) ↩→ (∆ n+1, ∆ n−1<br />

n+1 ).


2. DÉMONSTRATION DU THÉORÈME D’HUREWICZ 47<br />

sortent <strong>des</strong> suites exactes en homotopie de (∆ n+1 , ˙∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 ) et de ( ˙∆ n+1 , ∆ n−1 ). Ainsi<br />

n+1<br />

les deux rangs sont exacts. Puisque ∆ n+1 est contractile ∂ est un isomorphisme (voir<br />

aussi 3.27). B n est ainsi équivalent à ∂ ′′ (b n ) = 0. On distingue les cas n = 2 et n > 2.<br />

Soit n = 2. Puisque ˙∆ 2 est homéomorphe à S 1 on a<br />

et le diagramme commutatif<br />

π 1 ( ˙∆ 2 , e 0 ) Z H 1 ( ˙∆ 2 , e 0 )<br />

π 2 (∆ 2 , ˙∆ 2 , e 0 )<br />

∂<br />

π 1 ( ˙∆ 2 , e 0 )<br />

k 2<br />

H 2 (∆ 2 , ˙∆ 2 )<br />

k 1<br />

∂<br />

H 1 ( ˙∆ 2 , e 0 ).<br />

Maintenant il faut introduire quelqeus notations. On note ξ : (∆ 2 , ˙∆ 2 , e 0 ) → (∆ 2 , ˙∆ 2 , e 0 )<br />

l’application identité. Notons de plus ξ (i) = ξ ◦ δ i . On a donc<br />

1<br />

∂k 2 [ξ] = ∂{ξ}<br />

= {ξ (2) + ξ (0) − ξ (1) }<br />

= {ω}<br />

= k 1 [ω]<br />

où ω est le chemin (ξ (2) ⋆ ξ (0) ⋆ (ξ (1) ) −1 ). Donc, puisque k 1 est un isomorphisme<br />

∂[ξ] = [ω] = [e 0 e 1 ][e 1 e 2 ][e 2 e 0 ]. On peut maintenant calculer ∂ ′′ [δ i 3 ] :<br />

On remplace tout dans<br />

Pour obtenir ∂ ′′ (b 2 ) = 0.<br />

∂ ′′ [δ i 3 ] = ∂′′ (δ i 3 ) ♯[ξ]<br />

= (δ i 3 | ˙∆ 2<br />

) ♯ ∂[ξ]<br />

= [δ i 3 (e 0)δ i 3 (e 1)][δ i 3 (e 1)δ i 3 (e 2)][δ i 3 (e 2)δ i 3 (e 0)].<br />

∂ ′′ (b 2 ) = ( [e 0 e 1 ] · ∂ ′′ [δ 0 3 ]) ∂ ′′ [δ 2 3 ]∂′′ [δ 1 3 ]−1 ∂ ′′ [δ 3 3 ]−1<br />

Soit n > 2. On remarque que ∆ n−1<br />

n+1 contient ∆2 et donc est simplement connexe<br />

n+1<br />

et π ′ n−1 (∆n−1 n+1 , e 0) = π n−1 (∆ n−1<br />

n+1 , e 0). En fait pour q ≤ n−2 H q (∆ n−1<br />

n+1 , e 0) H q (∆ n+1 , e 0 ) = 0.<br />

Par ¯Φ 1 , . . . , ¯Φ n−2 on sait que ∆ n−1<br />

n+1 est (n − 2)-connexe. Grâce à ¯Φ n−1 on a maintenant<br />

un isomorphisme<br />

h n−1 : π n−1 (∆ n−1<br />

n+1 , e 0)<br />

<br />

H n−1 (∆ n−1<br />

n+1 , e 0)<br />

Il suffit donc de montrer que h n ∂ ′′ (b n ) = 0. Calculons :<br />

où ξ n est de nouveau l’identité.<br />

h n ∂ ′′ (b n ) = ∂ ′′ h n (b n )<br />

= ∂ ′′ {∑ (−1) i δ i n+1<br />

= ∂ ′′ ∂ ′ {ξ n }<br />

= ∂ ′′ i ∗ ∂{ξ} = 0.<br />

}<br />


48 4. LE THÉORÈME D’HUREWICZ<br />

DÉMONSTRATION DE B n ⇒ Φ n . On sait déjà que l’homomorphisme d’Hurewicz<br />

k ′ n se décompose en<br />

π ′ n(X, A, x 0 )<br />

k ′′<br />

n<br />

H (n−1)<br />

J ∗<br />

n (X, a, x 0 )<br />

<br />

H n (X, A).<br />

Si γ : (∆ n , ˙∆ n , e 0 ) → (X, A, x 0 ) est une application telle que l’image de tous les sommets<br />

est x 0 alors k n ′′ [γ] ′ = {γ} ∈ H (n−1)<br />

n (X, A, x 0 ). Il faut maintenant construire l’inverse<br />

de k n ′′ . Soit σ : (∆ n , ˙∆ n , ∆ 0 n) → (X, A, x 0 ) un simplexe singulier de S (n−1)<br />

n (X, A, x 0 ).<br />

Alors [σ] ∈ π n (X, A, x 0 ) et η[σ] = [σ] ′ ∈ π ′ n(X, A). Si σ(∆) ⊂ A alors [σ] ′ = 0. Puisque<br />

π ′ n(X, A) est abélien on peut définir un homomorphisme<br />

ψ : S (n−1)<br />

n<br />

(X, A)/S (n−1) (S, A) ∩ S(A) → π ′ n(X, A).<br />

Soit maintenant σ : (∆ n+1 , ∆ n−1<br />

n+1 , ∆0 n+1 ) → (X, A, x 0). On calcule<br />

ψ∂(σ) = ψ (∑ )<br />

(−1) i σ ◦ δ i n<br />

∑<br />

= (−1) i [σ ◦ δ i n] ′<br />

( (σ| ) )<br />

= η ˙∆ (b n+1<br />

n)<br />

♯<br />

n<br />

= ησ ♯ j ♯ (b n ) = 0.<br />

Ainsi ψ ◦ ∂ = 0, Im ψ ⊂ Ker ∂ et ψ définit un homomorphisme<br />

avec ψ ′ {σ} = [σ] ′ qui est l’inverse de k ′′<br />

n .<br />

ψ ′ : H (n−1)<br />

n (X, A, x 0 ) → π ′ n(X, A).<br />

DÉMONSTRATION DE Φ n ⇒ ¯Φ n . Si X est (n − 1)-connexe, alors (X, {x 0 }) est (n − 1)-<br />

connexe et π ′ n(X, {x 0 }, x 0 ) est isomorphe à π ′ n(X, x 0 ) = π n (X, x 0 ). Ainsi on obtient ¯Φ n<br />

en appliquant Φ n à la paire (X, {x 0 }).<br />

□<br />


Deuxième Partie<br />

Le Théorème d’Hurewicz<br />

Approche moderne<br />

Par<br />

Michele Klaus<br />

Encadré par :<br />

Prof. Kathryn Hess-Bellwald


CHAPITRE 5<br />

Préliminaires<br />

1. Cofibrations<br />

DÉFINITION 5.1.<br />

Une application entre espaces topologiques i : A → X est une cofibration si elle<br />

satisfait le diagramme commutatif suivant quelque soit f et h faisant commuter le<br />

triangle supérieur :<br />

A<br />

i 0<br />

h<br />

A × I<br />

<br />

i Y <br />

f <br />

˜h<br />

<br />

X<br />

X × I<br />

où i 0 est l’inclusion vers le bas du cylindre<br />

i 0<br />

i×id<br />

EXEMPLE 5.2.<br />

Comme on le verra par la suite si f : X → Y est una application quelconque alors<br />

l’inclusion de X vers le haut du mapping cylinder j : X → M f est une cofibration.<br />

Supposons que i : A → X est une cofibration et considérons le mapping<br />

cylinder Mi. On a alors :<br />

A<br />

i 0<br />

A × I<br />

Posons :<br />

<br />

i Mi r <br />

<br />

X<br />

X × I<br />

i 0<br />

i×id<br />

j : Mi → X × I; x ↦→ (x, 0); (a, t) ↦→ (i(a), t)<br />

53


54 5. PRÉLIMINAIRES<br />

Comme les deux triangles au tour de r commutent on a que r ◦ j = id Mj donc j<br />

est injective et donc i doit l’être aussi. De plus par la même raison j ◦ r| Imj = id Imj .<br />

Ainsi on a que j est un homéomorphisme sur son image et donc i doit l’être aussi.<br />

Il en résulte que lorsque on a une cofibration on peut supposer qu’il s’agit d’une<br />

inclusion.<br />

LEMME 5.3.<br />

Si i : A → X est une cofibration et g : A → B est une application quelconque, alors<br />

l’application induite sur le push-out B → B ∪ g X est également une cofibration.<br />

DÉMONSTRATION. Remarquons que (B∪ g X)×I (B×I)∪ g×id (X×I) et considérons<br />

le diagramme suivant :<br />

A<br />

<br />

<br />

g<br />

B<br />

i 0<br />

i 0<br />

i 0<br />

h<br />

A × I<br />

g×id<br />

<br />

B × I<br />

<br />

i<br />

j Y<br />

j×id<br />

f <br />

˜h<br />

<br />

<br />

B ∪ g X<br />

(B ∪ g X) × I<br />

i 0 <br />

<br />

<br />

k<br />

<br />

<br />

¯h <br />

X<br />

<br />

i×id<br />

X × I<br />

Comme f ◦ j = h ◦ i 0 par hypothèse on a que h ◦ (g × id) ◦ i 0 = f ◦ k ◦ i vu que i(A)<br />

est collé sur B via g. Ainsi il existe ˜h faisant commuter le diagramme du push-out<br />

et donc par la propriété universelle de ce dernier il existe ¯h qui fait commuter<br />

directement les triangles.<br />

□<br />

Si f : X → Y est une application arbitraire alors f est ”presque” homotope<br />

à una cofibration dans le sens suivant : considérons le mapping cylinder M f et<br />

les applications j : X → M f vers le haut du cylindre, r : M f → Y la retraction<br />

habituelle et i : Y → M f l’inclusion. On a :<br />

j<br />

f<br />

M f<br />

<br />

X Y<br />

Ainsi M f remplace Y vu que r ◦ i = id Y et i ◦ r ≃ id M f et j remplace f vu que f = r ◦ j<br />

et j ≃ i ◦ f . Il en résulte que toute application peut être en quelque sorte remplacée<br />

i<br />

r


1. COFIBRATIONS 55<br />

par une cofibration puisque si on a :<br />

on peut poser :<br />

X<br />

i 0<br />

h<br />

X × I<br />

<br />

j Z j×id<br />

g ˜h=? <br />

<br />

M f<br />

M f × I<br />

i 0<br />

˜h : M f × I → Y<br />

{<br />

h(x, t − ((1 − t)(1 − s)/s)), si s 1 − t;<br />

(x, s, t) ↦→<br />

g(x, s + (st)/(1 − t)), si s < 1 − t.<br />

qui est bien définie car si y ∼ (x, 0) alors ˜h(x, 0, t) = f (x, 0) = f (y) = ˜h(y) et si s=1-t<br />

alors ˜h(x, 1 − t, t) = h(x, 0) = f (x, 1) = ˜h(x, 1 − t, t) par commutativité du triangle<br />

supérieur. De plus on a que ˜h(y, 0, t) = f (y) et ˜h(x, 1, t) = h(x, t) et donc ˜h fait l’affaire.<br />

On va maintenant énoncer <strong>des</strong> conditions équivalentes pour que une application<br />

i : A → X soit une cofibration. On sait que toute cofibration est injective et<br />

un homéomorphisme sur son image donc on peut se restreindre au cas <strong>des</strong> paires<br />

(X,A) et se demander quand est-ce que l’inclusion est une cofibration.<br />

DÉFINITION 5.4.<br />

Une paire topologique est une paire NDR s’il existe une application u : X → I telle<br />

que u −1 (0) = A et une homotopie h : X × I → X avec h(x, 0) = x et h(a, t) = a pour<br />

tout a ∈ A, t ∈ I et h(x, 1) ∈ A pour tout x ∈ X avec u(x) < 1.<br />

Une paire DR est une paire pour laquelle u(x) < 1 pour tout x ∈ X, c’est-à-dire<br />

A est un retracte par déformation.<br />

EXEMPLE 5.5.<br />

La paire (D n , S n−1 ) est une paire NDR mais pas une paire DR : posons u : D n → I ;<br />

x ↦→ 1 − ||x|| et :<br />

h : (D n \ {0}) × I → D n ;<br />

(rx, t) ↦→ (r + t(1 − r))x<br />

où x ∈ S n−1 et r ∈ I \ {0}. On a directement que h(rx, 0) = rx, h(x, t) = x, u(S n−1 ) = 0,<br />

u −1 (1) = 0 et h(rx, 1) = x.<br />

LEMME 5.6.<br />

Si (h,u) et (j,v) sont <strong>des</strong> couples d’applications représentants les paires NDR (X,A) et (Y,B)


56 5. PRÉLIMINAIRES<br />

alors la paire (X×Y, X×B∪A×Y) est une paire NDR pour les applications ω : X×Y → I ;<br />

(x, y) ↦→ min(u(x), v(y)) et<br />

k : X × Y × I → X × Y<br />

{<br />

(h(x, t), j(y, tu(x)/v(y))), si v(y) u(x) ;<br />

(x, y, t) ↦→<br />

(h(x, tv(y)/u(x)), j(y, t)), si v(y) u(x).<br />

Si (X,A) et (Y,B) sont <strong>des</strong> paires DR alors (X × Y, X × B ∪ A × Y) l’est aussi.<br />

DÉMONSTRATION. Clairement on a que ω −1 (0) = X×B∪A×Y, k(x, y, 0) = (x, y) et<br />

si a ∈ A (ou b ∈ B) alors u(a) = 0 v(y) (ou v(b) = 0 u(x)) et donc k(a, y, t) = (a, y)<br />

(ou k(x, b, t) = (x, b)). De plus k est bien définie et on remarque facilement que<br />

k(x, y, 1) ∈ X × B ∪ A × Y si ω(x, y) < 1. Finalement si u(x) < 1 pour tout x ∈ X (ou<br />

v(y) < 1 pour tout y ∈ Y) alors ω(x, y) < 1 pour tout (x, y) ∈ X × Y.<br />

□<br />

PROPOSITION 5.7.<br />

Soit A un sous-espace fermé de X, les conditions suivantes sont alors équivalentes :<br />

(1) (X,A) est une paire NDR.<br />

(2) (X × I, X × {0} ∪ A × I) est une paire DR.<br />

(3) X × {0} ∪ A × I est un retracte de X × I.<br />

(4) l’inclusion i : A → X est une cofibration.<br />

DÉMONSTRATION. On va prouver les implications 1 ⇒ 2 ⇒ 3 ⇒ 4 ⇒ 3 ⇒ 1<br />

(1) Comme (I, {0}) est une paire DR, le lemme précédent prouve l’assertion.<br />

(2) Toute retraction par déformation est une retraction.<br />

(3) Soit r : X × I → X × {0} ∪ A × I la retraction donnée par hypothèse et<br />

considérons<br />

Posons :<br />

A<br />

i 0<br />

h<br />

A × I<br />

<br />

i Y <br />

f <br />

˜h=?<br />

<br />

X<br />

X × I<br />

i 0<br />

i×id<br />

g : X × {0} ∪ A × I → Y; (x, 0) ↦→ f (x); (a, t) ↦→ h(a, t)<br />

Par commutativité du diagramme g est bien définie et ˜h = g◦r : X×I → Y<br />

fait l’affaire.


2. COFIBRATIONS BASÉES 57<br />

(4) Il suffit de regarder le diagramme :<br />

i 0<br />

A<br />

A × I<br />

<br />

i X × {0} ∪ A<br />

<br />

× I<br />

<br />

r <br />

<br />

<br />

X<br />

X × I<br />

i 0<br />

(5) Soit r : X × I → X × {0} ∪ A × I la retraction donnée par hypothèse. Soit<br />

p 1 : X × I → X, p 2 : X × I → I les deux projections et posons :<br />

u : X → I; x ↦→ sup { t − p 2 (r(x, t))|t ∈ I }<br />

et :<br />

h : X × I → X;<br />

(x, t) ↦→ p 1 (r(x, t))<br />

On a que si x ∈ A alors u(x) = sup {0} = 0 et si u(x)=0 alors r(x, t) ∈ A<br />

pour tout t > 0 et donc aussi pour t=0 vu que A × I est un fermé de X × I.<br />

Ainsi u −1 (0) = A. De plus h(x, 0) = x et h(a, t) = a pour tout a ∈ A et t ∈ I.<br />

Finalement si u(x) < 1 alors r(x, 1) ∈ A car si r(x, 1) = (x ′ , 0) alors u(x)=1<br />

ainsi h(x, 1) = p 1 (r(x, 1)) ∈ A.<br />

i×id<br />

□<br />

2. Cofibrations basées<br />

Dans ce paragraphe les preuves ne seront pas présentées dans tous les details.<br />

Sa présence se justifie avec la nécéssité d’introduire <strong>des</strong> résultats utilisés par la<br />

suite.<br />

NOTATION 5.8.<br />

Le cylindre réduit sur (X, ⋆) est l’espace CX = X×I/ {⋆}×I∪X×{1} et la suspension<br />

réduite sur X est l’espace ΣX = X ∧ S 1 .<br />

L’analogue du produit direct pour deux espaces basés (X, x 0 ) et (Y, y 0 ) est le<br />

produit smash définit par X ∧ Y/X ∨ Y où X ∨ Y = { (x, y) ∈ X × Y|x = x 0 ou y = y 0<br />

}<br />

est le wedge de X et Y.


58 5. PRÉLIMINAIRES<br />

DÉFINITION 5.9.<br />

Une cofibration basée est une application basée i : A → X qui satisfait le diagramme<br />

commutatif suivant quelque soit f et h faisant commuter le triangle supérieur :<br />

A<br />

i 0<br />

h<br />

A ∧ I<br />

<br />

i Y <br />

f <br />

˜h<br />

<br />

X<br />

X ∧ I<br />

i 0<br />

i∧id<br />

On vérifie facilement que une application basée i : A → X qui est une cofibration<br />

non-basée est une cofibration basée. La réciproque n’est pas vrai et il est par<br />

contre plus difficile de prouver que une cofibration basée dont l’inclusion du point<br />

de base dans A et X est une cofibration non-basée, est une cofibration non-basée.<br />

Ce résultat est admit sans preuve.<br />

Pour un espace Y quelconque on note Y + l’union de Y avec un point de base<br />

externe. On peut identifier X ∧ Y + avec X × Y/ {⋆} × Y. L’espace X × I + est le cylindre<br />

réduit sur X et une homotopie basée f : X × I → Y corréspond à una application<br />

basée de X ∧ I + vers Y. Pour une application basée f : X → Y on note M f =<br />

Y ∪ f (X ∧ I + ) le mapping cylinder réduit. On note aussi C f = Y ∪ f CX = M f /j(X)<br />

la cofibre homotopique où j : X → M f ; x ↦→ (x, 1).<br />

Analoguement au cas non-basé on a que i : A → X est une cofibration si et<br />

seulement si Mi est un retracte de X ∧ I + .<br />

LEMME 5.10.<br />

L’application k : X → CX ; x ↦→ (x, 0) est une cofibration basée.<br />

DÉMONSTRATION. Contemplons :<br />

On pose<br />

X<br />

i 0<br />

h<br />

X ∧ I<br />

<br />

k Y <br />

f ˜h=?<br />

<br />

<br />

CX<br />

CX ∧ I<br />

i 0<br />

k∧id<br />

˜h : CX ∧ I → Y<br />

{<br />

h(x, t − s), si t s ;<br />

(x, s, t) ↦→<br />

f (x, s − t), si t s.


2. COFIBRATIONS BASÉES 59<br />

et on a ˜h(x, s, 0) = f (x, s), ˜h(x, 0, t) = h(x, t) et si t=s alors ˜h(x, t, t) = h(x, 0) = f (x, 0) =<br />

˜h(x, s, s) par commutativité du triangle supérieur. On vérifie sans peine que cette<br />

application est bien définie.<br />

□<br />

COROLLAIRE 5.11.<br />

L’application i : Y → C f est une cofibration basée quelque soit f : X → Y basée.<br />

DÉMONSTRATION. i est l’inclusion de Y dans le push-out de f : X → Y et<br />

k : X → CX, qui est une cofibration par le lemme précédent. Le résultat se prouve<br />

de façon équivalente à l’analogue non basé.<br />

□<br />

Pour une application basée f : X → Y, on pose π : C f → C f /Y ΣX<br />

l’application quotient et on appelle la suite de la cofibre engendrée par f la suite :<br />

X f Y<br />

i<br />

C f<br />

π<br />

ΣX −Σ f ΣY −Σi ...<br />

On va prouver que cette suite engendre une suite exacte. On a besoin <strong>des</strong> lemmes<br />

suivants :<br />

LEMME 5.12.<br />

Si i : A → X est une cofibration basée alors l’application ψ : Ci = X∪ i CA → X/CA ≃ X/A<br />

est une équivalence d’homotopie basée.<br />

DÉMONSTRATION. Comme i est une cofibration il existe une retraction r : X ∧<br />

I + → Mi = X ∪ i (A ∧ I + ). Considérons j : X → X ∧ I + ; x ↦→ (x, 1) et le quotient<br />

q : Mi → Mi/A × {1} Ci. La composée q ◦ r ◦ j envoie A dans {⋆} et donc induit<br />

φ : X/A → Ci.<br />

Vu que r| A∧I+ = id A∧I+ ça induit<br />

˜r : X ∧ I + /A ∧ I + (X/A) ∧ I + → Mi/A ∧ I + X/A<br />

qui peut être vu comme une homotopie basée avec ˜r(x, 0) = r(x, 0) = x puisque il<br />

s’agit d’une retraction et ˜r(x, 1) = ψ ◦ r(x, 1) = ψ ◦ φ par définition <strong>des</strong> applications.<br />

Ainsi id X/A ≃ ψ ◦ φ.<br />

Posons :<br />

h : Ci ∧ I + → Ci; (x, t) ↦→ r(x, t); (a, s, t) ↦→ (a, max(s, t))<br />

On vérifie facilement que cette application est bien définie et on a que h(x, 0) =<br />

r(x, 0) = x et h(a, s, 0) = (a, s). De plus φ ◦ ψ(x) = r(x, 1) = h(x, 1) et φ ◦ ψ(a, t) = (a, 1)<br />

par définition de φ et ψ. Il en résulte que h est une homotopie de id Ci vers φ ◦ ψ. □


60 5. PRÉLIMINAIRES<br />

LEMME 5.13.<br />

Dans le diagramme suivant le triangle de gauche commute et celui de droite commute<br />

homotopiquement :<br />

π( f )<br />

X f Y i( f ) C f<br />

ΣX −Σ f ΣY<br />

<br />

i(i( f ))<br />

ψ<br />

π(i( f ))<br />

<br />

Ci( f )<br />

où ψ est comme au lemme précédent (ce qui a bien du sens vu que Ci( f )/CY ΣX et<br />

Ci( f )/CX ΣY).<br />

DÉMONSTRATION. La commutativité à gauche est claire et l’application :<br />

h : Ci( f ) ∧ I + → ΣY; (x, s, t) ↦→ ( f (x), t − st); (y, s, t) ↦→ (y, s + t − st)<br />

est une homotopie de π vers −Σ f ◦ ψ.<br />

□<br />

THÉORÈME 5.14.<br />

Pour tout espace basé Z la longue suite induite par la cofibre d’une application f : X → Y<br />

est exacte :<br />

... <br />

[ ] ΣC f, Z<br />

[ΣY, Z] (−Σ f )∗ [ΣX, Z]<br />

π( f ) ∗ <br />

[ C f, Z<br />

] i( f ) ∗ [Y, Z]<br />

f ∗ [X, Z]<br />

Il s’agit d’une suite exacte d’ensembles pour les premiers 4 termes et d’une suite exacte de<br />

groupes pour les autres.<br />

DÉMONSTRATION. Commençons par prouver l’exactitude en [Y, Z]. Soit g : Y →<br />

Z avec g ◦ f ≃ c ⋆ via l’homotopie h. Considérons le diagramme :<br />

X f Y C f = Y ∪ f CX<br />

g<br />

˜g=g∪h<br />

<br />

Z<br />

˜g est bien définie puisque h(x, 0) = g ◦ f (x) = g(y) et de plus ˜g ◦ i = g. Ainsi si<br />

[ g<br />

] ∈ [Y, Z] est telle que f∗ ( [ g ] ) = [c ⋆ ] alors il existe [ ˜g ] ∈ [ C f, Z ] avec i ∗ ( [ ˜g ] ) = [ g ] .<br />

Inversement si on a g : C f → Z alors f ∗ ◦ i ∗ ( [ g ] ) = [ g ◦ i ◦ f ] = [ g| X×{0}<br />

] . Posons :<br />

h : X × I × I → X × I;<br />

i<br />

(x, s, t) ↦→ (x, s + (1 − s)t)<br />

l’homotopie qui envoie tout le cylindre sur le haut. Si on compose h avec la projection<br />

q : X×I → CX, on a que q◦h se factorise en une application (q◦h) ′ : CX×I → CX.<br />

Il en résulte que g ◦ (q ◦ h) ′ est une homotopie de g| X×{0} vers g| X×{1} = c ⋆ et donc<br />

i ∗ ◦ f ∗ ( [ g ] ) = [c ⋆ ]. ce qui prouve l’exactitude. On remarque que ce raisonnement s’applique<br />

chaque fois qu’on a un couple d’application ( f, i) avec i qui est l’inclusion<br />

de l’image de f dans sa cofibre.


3. UN LEMME TECHNIQUE 61<br />

Admettons que le changement de coordonnées entre le cône et la suspension<br />

définit un homéomorphisme Σ(C f ) C(Σ f ). Cela donne le diagramme commutatif<br />

suivant :<br />

Σ n X<br />

Σn f<br />

Σ n y<br />

Σ n i f<br />

Σ n C f<br />

Σ n π f<br />

Σ n+1 X<br />

Σ n+1 f<br />

Σ n+1 Y<br />

Σ n X Σ n Y C(Σ n f ) <br />

Σ n+1 X<br />

<br />

τ<br />

τ<br />

Σ n+1 Y<br />

où τ est l’homéomorphisme donné par le changement <strong>des</strong> coordonnées entre les<br />

deux dernières suspensions. Si l’assertion est vraie sur la suite X → Y → C f →<br />

ΣX → ΣY, alors elle vraie sur la suite suite Σ n X → Σ n Y → C(Σ n f ) → ΣΣ n X →<br />

ΣΣ n Y, vu q’elles ont la même forme. Une petite chasse au diagramme nous permet<br />

de conclure que dans ce cas l’énoncé est vrai aussi pour la suite du haut du<br />

diagramme ci-<strong>des</strong>sus. Grâce au lemme précédent les deux triangles du diagramme<br />

suivant commutent homotopiquement :<br />

π( f )<br />

X r Y i( f ) C f<br />

ΣX −Σ f ΣY<br />

<br />

i(i( f ))<br />

ψ<br />

π(i( f ))<br />

<br />

Ci( f )<br />

De plus on a que la suite induite par Y → C f → Ci( f ) est exacte car i(i( f )) est<br />

l’inclusion de l’image de i( f ) dans sa cofibre et on peut appliquer la première<br />

partie de cette preuve. Ainsi la suite induite par Y → C f → ΣX est également<br />

exacte car on a le diagramme commutatif :<br />

[ ] C f, Z<br />

<br />

π( f ) ∗<br />

<br />

[ΣX, Z]<br />

<br />

ψ ∗<br />

i(i( f )) ∗<br />

<br />

[ Ci( f ), Z<br />

]<br />

Par ailleurs C f → ΣX → ΣY est aussi exacte car elle est équivalente, par le même<br />

diagramme, à C f → Ci( f ) → ΣY dont on vient de prouver l’exactitude (puisque<br />

du même type que Y → C f → ΣX). Ce qui montre que X → Y → C f → ΣX → ΣY<br />

est exacte et termine la preuve.<br />

□<br />

3. Un lemme technique<br />

LEMME 5.15.<br />

Soit e : Y → Z une application entre deux espaces topologiques et notons CS n le cone<br />

non-réduit sur la sphère de dimension n. Les conditions suivantes sont alors équivalentes :<br />

(1) pour tout y ∈ Y, l’application induite sur les groupes d’homotopies e ∗ : π q (Y, y) →<br />

π q (Z, e(y)) est une injection pour q=n et une surjection pour q=n+1.


62 5. PRÉLIMINAIRES<br />

(2) pour toute application f : CS n → Z, g : S n → Y et h : S n × I → Z avec<br />

f | S n = h ◦ i 0 et e ◦ g = h ◦ i 1 il existe <strong>des</strong> applications ˜g et ˜h faisant commuter le<br />

diagramme suivant :<br />

S n i 0<br />

S n × I<br />

e<br />

Z <br />

f <br />

˜h <br />

CS n CS n × I<br />

i 0<br />

h<br />

i 1<br />

g<br />

S n<br />

<br />

Y <br />

˜g <br />

CS n<br />

où i 0 est l’inclusion vers la base du cylindre et i 1 est l’inclusion vers le haut du<br />

cylindre.<br />

(3) l’assertion (2) est vraie dans le cas où f | S n = e ◦ g et h est l’homotopie constante.<br />

i 1<br />

DÉMONSTRATION. On prouve la suite d’implications 2 ⇒ 3 ⇒ 1 ⇒ 2<br />

(1) Clair<br />

(2) Considérons d’abords le cas n=0. Soit g : S 0 → Y avec g(−1) = e(y) et<br />

g(1) = e(y ′ ) et h : S 0 × I → Z avec h(−1, t) = y et h(1, t) = y ′ pour tout<br />

t ∈ I. Supposons que e(y) et e(y ′ ) sont reliés par le chemin f : I → Z.<br />

Comme CS 0 I on peut appliquer 3 aux applications ci-<strong>des</strong>sus pour<br />

obtenir ˜g : CS 0 I → Y qui est un chemin reliant y et y ′ . Ainsi π 0 (e) est<br />

injective.<br />

Considérons maintenant le cas où n > 0. Soit g : S n → Y une application<br />

avec e ∗ (g) = e ◦ g homotopiquement nulle. Soit h : S n × I → Y<br />

l’homotopie constante de e ◦ g vers elle même et f : CS n → Z la factorisation<br />

d’une homotopie H : S n × I → Z avec H(s, 0) = e ◦ g(s) et H(s, 1) = ⋆.<br />

On peut appliquer 3 pour obtenir une application ˜g : CS n → Y qui donne<br />

lieu à une homotopie ˜H : S n × I → S n × I/S n × {1} CS n → Y de g vers<br />

l’application constante. Ainsi e ∗ est injective.<br />

Pour la surjectivité considérons un entier n arbitraire et une application<br />

f ¯ : S n+1 → Z quelconque. Notons f la composée :<br />

CS n → CS n /S n × {0} D n+1 /S n S n+1 → Z<br />

et g : S n → Y, h : S n × I → Z l’application et l’homotopie constantes<br />

qui font commuter le diagramme. On peut appliquer 3 pour obtenir une<br />

homotopie ˜h : CS n × I → Z entre f : (CS n , S n ) → (Z, e(y)) et e ◦ ˜g :<br />

(CS n , S n ) → (Z, e(y)). On a donc que f ≃ S n e ◦ ˜g vu que ˜h(S n × {0} × I) =<br />

h(S n × I) = e(y). Ainsi on a une surjection :<br />

e ∗ : π n+1 (Y) π n+1 (Y, y) → π n+1 (Z, e(y)) π n+1 (Z)


3. UN LEMME TECHNIQUE 63<br />

(3) Supposons f,g et h données, fixons un point de base ⋆ ∈ S n et soit •<br />

le sommet du cône CS n . Notons y 1 = g(⋆), z 1 = e(y 1 ), z 0 = f (⋆, 0) et<br />

z −1 = f (•). Pour tout x ∈ S n notons f x , h x : I → Z les chemins f x (t) = f (x, t)<br />

de f (x, 0) = h(x, 0) vers z −1 et h x (t) = h(x, t) de h(x, 0) vers h(x, 1) = e ◦ g(x).<br />

Considérons la fibre homotopique associée à l’application e :<br />

F(e, y 1 ) = { (y, α) ∈ Y × Z I |α(0) = e(y 1 ) = z 1 et α(1) = e(y) }<br />

avec le point de base ω 1 = (y 1 , c z1 ). Grâce à l’hypothèse 1 la suite exacte<br />

d’une fibration nous donne que π n (F(e, y 1 ), ω 1 ) = 0 :<br />

π n+1 (Y, y 1 )<br />

e ∗<br />

π n+1 (Z, z 1 ) π n (F(e, y 1 ), ω 1 ) π n (Y, y 1 )<br />

e ∗<br />

π n (Z, z 1 )<br />

Posons k 0 : S n → F(e, y 1 ) donnée par k 0 (x) = (g(x), h x · fx<br />

−1 · f ⋆ · h −1<br />

⋆ ).<br />

Remarquons que k 0 n’est pas forcement une application basée mais k 0 (⋆)<br />

est relié au point de base ω 1 par un chemin λ vu que k 0 (⋆) = (y 1 , h ⋆ ·<br />

f⋆<br />

−1 · f ⋆ · h −1<br />

⋆<br />

≃ c z 1<br />

). Comme {⋆} ↩→ S n est une cofibration on a que k 0 est<br />

homotope à une application basée :<br />

⋆<br />

i 0<br />

⋆ × I<br />

λ<br />

<br />

F(e, y 1 )<br />

<br />

k 0 H<br />

<br />

<br />

<br />

S n S n × I<br />

i 0<br />

H est l’homotopie de k 0 vers H(x, 1) qui est basée vu que H(⋆, 1) = λ(⋆, 1) =<br />

ω 1 . Comme π n (F(e, y 1 ), ω 1 ) = 0 on a que H(x, 1) est homotopiquement<br />

nulle au sense basé et donc k 0 est homotopiquement nulle au sense nonbasé.<br />

Soit k : S n × I → F(e, y 1 ) ; (x, t) ↦→ ( ˜g(x, t), α(x, t)) une homotopie de<br />

k 0 vers l’application constante sur le point de base ω 1 . Ainsi ˜g(x, 1) = y 1<br />

pour tout x dans S n et donc ˜g se factorise en une application CS n → Y et<br />

en même temps ˜g = g sur la base S n du cône.<br />

De plus on a une application j : S n × I × I → Z ; (x, s, t) ↦→ α(x, t)(s) qui,<br />

pour tout x ∈ S n , vaut sur le bord de I × I :<br />

c x1<br />

<br />

c x1<br />

h x· f −1<br />

x<br />

· f ⋆·h −1<br />

⋆<br />

e◦ ˜g x


64 5. PRÉLIMINAIRES<br />

où ˜g x (t) = ˜g(x, t). L’homotopie cherchée ˜h(x, s, t) (s étant la coordonnée sur<br />

le cône et t la variable d’homotopie) sur le bord de I × I doit valoir :<br />

h x<br />

<br />

e◦ ˜g x<br />

f x<br />

h ⋆· f −1<br />

⋆<br />

Ainsi on peut obtenir ˜h en composant j avec une bonne reparametrisation<br />

du carré I × I.<br />


CHAPITRE 6<br />

Les CW-complexes<br />

1. Définitions et propriétés<br />

DÉFINITION 6.1.<br />

Un CW-complexe est un espace topologique X = ∪ n0 X n où :<br />

(1) X 0 est un espace topologique discret dont les points sont appelés sommets.<br />

(2) Pour tout n > 0 il existe une famille d’applications { j l : S n−1 → X n−1} l<br />

l∈L<br />

avec X n = (X n−1 ∪ ∐ l∈L D n l )/ ∼ où x ∼ y si et seulement si il existe l′ ∈ L<br />

avec j l ′(x) = y ou j l ′(y) = x (ou bien sûr x=y).<br />

On munit X de la topologie induite par l’union et le quotient. Le sous-espace<br />

X n ⊂ X est appelé le n-ème squelette de X et une application J n : D n → X définie<br />

l ′ l ′<br />

par la composée <strong>des</strong> deux inclusions et de la projection sur le quotient : D n →<br />

l ′<br />

X n−1 ∪ l∈L D n → X n → X est appelée une n-cellule. La dimension d’un CW-complexe<br />

l<br />

X est le plus petit entier m avec X = X m . Si un tel entier n’existe pas on dit que X<br />

est de dimension infinie.<br />

DÉFINITION 6.2.<br />

Soit A un espace topologique. Un CW-complexe relatif (à A) est une paire d’espaces<br />

topologiques (X,A) où X est obtenu de la même façon que à la définition<br />

précédente en remplaçant X 0 par l’union de A avec un espace topologique discret<br />

(eventuellement vide).<br />

DÉFINITION 6.3.<br />

Un sous-complexe d’un CW-complexe X est un CW-complexe A qui est un sousespace<br />

de X tel que pour toute application J n λ : Dn → A il existe une application<br />

λ<br />

J n : D n → X avec J n = i ◦ J n (où i est l’inclusion de A dans X).<br />

l l l λ<br />

65


66 6. LES CW-COMPLEXES<br />

REMARQUE 6.4. (1) Un sous-complexe A d’un CW-complexe X est en fait la<br />

réunion de certaines n-cellules de X.<br />

(2) Si A est un sous-complexe de X alors la paire (X,A) est un CW-complexe<br />

relatif.<br />

DÉFINITION 6.5.<br />

Une application cellulaire entre CW-complexes relatifs f : (X, A) → (Y, B) est une<br />

application antre paire (i.e. telle que f (A) ⊂ B) avec f (X n ) ⊂ Y n pour tout entier n.<br />

REMARQUE 6.6.<br />

Un espace topologique, par exemple la n-sphère, peut avoir plusieurs réalisation<br />

comme CW-complexe qui sont le même objet si on les regarde comme espaces<br />

topologiques mais qui peuvent être très différents vu comme CW-complexes. Le<br />

moyen de comparaison <strong>des</strong> CW-complexes sont les applications cellulaires : deux<br />

CW-complexes sont isomorphes s’il existe un homéomorphisme cellulaire entre<br />

les deux.<br />

EXEMPLE 6.7. (1) Le tore T 2 est un CW-complexe construit en collant un disque<br />

D 2 sur le wedge S 1 ∨ S 1 .<br />

(2) Si n¿0 la sphère S n est un CW-complexe à un sommet et une n-cellule via<br />

l’homéomorphisme D n /S n−1 S n .<br />

(3) L’espace projectif RP 0 n’est rien d’autre qu’un point et donc, trivialement,<br />

un CW-complexe. Si on considère un entier n non nul alors RP n est un CWcomplexe<br />

construit en ajoutant à RP n−1 une n-cellule comme suit : Posons<br />

j : S n−1 → RP n−1 la projection canonique et considérons l’application :<br />

x ↦→<br />

g : RP n−1 ∐ D n → RP n<br />

{ (x, 0), si x ∈ RP n−1 ;<br />

(x, √ 1 − ||x|| 2 ), s x ∈ D n .<br />

Cette application induit un homéomorphisme f : RP n−1 ∐ j D n → RP n<br />

puisque on a :<br />

RP n−1 ∪ D n<br />

g<br />

q<br />

<br />

RP n−1 ∪ j D n RP n<br />

f<br />

Clairement f est bien définie et il n’est pas difficile de se convaincre qu’il<br />

s’agit d’une bijection. La bicontinuité se vérifie à l’aide du diagramme


1. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 67<br />

ci-<strong>des</strong>sus en considérant les topologies induites par R n sur les quotients<br />

et les unions disjointes.<br />

Ceci nous montre aussi que RP m est un sous-complexe de RP n pour<br />

tout m plus petit que n.<br />

(4) De façon analogue on montre que CP n est un CW-Complexe construit en<br />

collant une (2n-1)-sphère à CP n−1 et admettant CP m comme sous-complexe<br />

si m est plus petit que n.<br />

PROPOSITION 6.8.<br />

Tout sous-espace compact d’un CW-complexe est contenu dans un sous complexe fini.<br />

DÉMONSTRATION. Sans preuve.<br />

□<br />

PROPOSITION 6.9.<br />

Si (X,A) est un CW-complexe relatif, alors X/A est un CW-complexe ayant A comme un<br />

<strong>des</strong> sommets et avec autant de n-cellules que (X,A) pour tout n.<br />

DÉMONSTRATION. Le CW-complexe relatif (X,A) est construit de la façon suivante<br />

:<br />

(1) (X, A) 0 = A ∐ X 0 où X 0 est un espace discret.<br />

(2) Pour tout n¿0 il existe une famille d’application { j l : S n−1 → (X, A) n−1} l<br />

l∈L<br />

avec (X, A) n = (X, A) n−1 ∪ ∐ l∈L D n l / ∼ et (X, A) = ∪ n0(X, A) n<br />

On va construire un CW-complexe Y et montrer que Y = ∪ n0 Y n (X, A)/A =<br />

∪ n0 (X, A) n /A en prouvant par induction que Y n (X, A) n /A avec <strong>des</strong> homéomorphismes<br />

cohérents. Posons Y 0 = {a}∐X 0 A∐X 0 /A = (X, A) 0 /A. Supposons Y m construit et<br />

tel que Y m (X, A) m /A pour tout m n−1. Considérons l’ensemble { k l : S n−1 → Y n−1} l<br />

l∈L<br />

donnée par :<br />

S n−1<br />

l<br />

j l<br />

<br />

k l<br />

Y n−1<br />

<br />

<br />

(X, A) n−1 (X, A) n−1 /A


68 6. LES CW-COMPLEXES<br />

Notons ∽ la relation d’équivalence sur Y n−1 ∪ ∐ l∈L D n l<br />

et remarquons que :<br />

habituellement notée ∼<br />

Y n = (Y n−1 ∪ ∐ l∈L D n l )/ ∽ <br />

((X, A) n−1 /A ∪ ∐ l∈L D n l )/ ∽ <br />

(((X, A) n−1 ∪ ∐ l∈L D n l )/A)/ ∽<br />

Ainsi pour trouver un homéomorphisme entre (X, A) n /A et Y n on commence<br />

par considérer l’application<br />

ϕ : (X, A) n−1 ∪ ∐ l∈L D n l<br />

→ (((X, A) n−1 ∪ ∐ l∈L D n l )/A)/ ∽ ;<br />

x ↦→ ¯ [x]<br />

Cette application est surjective et continue. De plus si p ∈ (X, A) n−1 et q ∈ D n sont<br />

l<br />

tels que j l ′(q) = p pour un certain l ′ ∈ L alors par définition de k l ′ on a que k l ′(q) = p<br />

[<br />

et donc par définition de ∽ on a q ¯ ] [ = p ¯<br />

] . Il en résulte que ϕ se factorise en une<br />

application ¯ϕ : ((X, A) ∪ ∐ l∈L D n l )/ ∼ → Yn ; ˆx ↦→ [x] ¯ qui reste continue et surjective.<br />

Maintenant si ˆx ŷ et ¯ϕ( ˆx) = ¯ϕ(ŷ) alors k l ′(x) = y (ou k l ′(y) = x) pour un certain<br />

l ′ ∈ L, mais j l ′(x) j l ′(y) vu que ˆx ŷ. Ainsi par définition de k l ′ on doit avoir<br />

que x, y ∈ A et donc ¯ϕ se factorise en une application injective φ : (X, A) n /A =<br />

(((X, A) n−1 ∪ ∐ l∈L D n l )/ ∼)/A → Yn qui reste continue et surjective. La preuve de la<br />

continuité inverse est omise et φ est l’homéomorphisme cherché.<br />

□<br />

COROLLAIRE 6.10.<br />

Si A est un sous-complexe du CW-complexe X alors X/A est un CW-complexe.<br />

PROPOSITION 6.11.<br />

Soit {X i } i∈I une famille de CW-complexes basés avec le point de base en un sommet. Le<br />

wedge ∨ i∈I X i est alors un CW-complexe admettant chaque X i comme sous-complexe.<br />

DÉMONSTRATION. La preuve est semblable à celle de la proposition précédente.<br />

On se limite à donner les idées principales. Comme auparavant on construit<br />

un CW-complexe Y = ∪ n0 Y n et on montre qu’il est homéomorphe à ∨ i∈I X i =<br />

∨ i∈I (∪ n0 X n i ) ∪ n0(∨ i∈I X n i ) en prouvant que Yn ∨ i∈I X n i .<br />

Posons Y 0 = (∪ i∈I X 0 i<br />

\ {x i }) ∐ {∗} ∨ i∈I X 0 i<br />

puisque il s’agit de deux espaces<br />

discret de même cardinalité (x i étant le point de base de X i ). Supposons construit<br />

Y m avec Y m ∨ i∈I X m i<br />

pour tout m < n et posons L = ∪ i∈I L i où L i est la famille


1. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 69<br />

d’indices sur la quelle on construit X n en partant de X n−1 . Considérons l’ensemble<br />

{ i i<br />

kl : S n−1<br />

l<br />

→ Y n−1} l∈L donné par : S n−1<br />

l<br />

j l<br />

<br />

k l<br />

Y n−1<br />

<br />

X n−1<br />

i<br />

∨ i∈I X n−1<br />

i<br />

On pose Y n = Y n−1 ∪ ∐ l∈L D n l<br />

/ ∼ et on montre que :<br />

ϕ : Y n−1 ∪ ∐ l∈L D n l / ∼ → ∨ i∈IX n i<br />

= (X n−1<br />

i<br />

∪ ∐ l∈L D n l / ∼)/ { relation de wedge }<br />

induit un homéomorphisme.<br />

□<br />

LEMME 6.12.<br />

Soit (X, τ) un espace topologique normal et A, B ⊂ X deux fermés. Munissons X × X de la<br />

topologie induite. On a alors que ∂(A × B) = ∂A × B ∪ A × ∂B.<br />

DÉMONSTRATION. L’ensemble {U × V|U, V ∈ τ} est une base pour la topologie<br />

sur X × X. Comme A et B sont <strong>des</strong> fermés ∂A × B ⊂ A × B. Ainsi si (a, b) ∈ ∂A × B<br />

et U × V est un ouvert de base contenant (a, b) alors U × V ∩ A × B ∅ puisque<br />

(a, b) ∈ A × B. De plus comme a ∈ ∂A et U est un ouvert de X contenant a on<br />

a que U ∩ (X \ A) ∅ et donc U × V ∩ (X × X \ A × B) ∅. On en déduit que<br />

(∂A × B ∪ A × ∂B) ⊂ ∂(A × B).<br />

Soit maintenant (a, b) ∈ ∂(A × B) alors (a, b) ∈ A × B car autrement il existe un<br />

ouvert U × V contenat (a, b) et tel que U × V ∩ A × B = ∅ vu que A et B sont <strong>des</strong><br />

fermés dans un espace normal. Par les mêmes raisons on ne peut pas avoir que<br />

(a, b) ∈ int(A) × int(B) donc ∂(A × B) ⊂ (∂A × B ∪ A × ∂B).<br />

□<br />

COROLLAIRE 6.13.<br />

Soit p, q ∈ N et n=p+q. On a alors que S n−1 = ∂D n ∂(D p ×D q ) = ∂D p ×D q ∪D p ×∂D q =<br />

S p−1 × D q ∪ D p × S q−1 .<br />

LEMME 6.14.<br />

Soit les espaces topologiques A 1 ⊂ X 1 , A 2 ⊂ X 2 , Y 1 , Y 2 et les applications f 1 : A 1 → Y 1 ,<br />

f 2 : A 2 → Y 2 . Notons Z 1 = Y 1 ∪ f1 X 1 et Z 2 = Y 2 ∪ f2 X 2 . Soit h : A 1 ×X 2 ∪X 1 ×A 2 → Y 1 ×<br />

Z 2 ∪Z 1 ×Y 2 l’application évidente. Alors on a que (Y 1 ×Z 2 ∪Z 1 ×Y 2 )∪ h (X 1 ×X 2 ) Z 1 ×Z 2


= ∪ p+q=n X p × Y q □<br />

<br />

70 6. LES CW-COMPLEXES<br />

DÉMONSTRATION. Posons ϕ : (Y 1 × Z 2 ∪ Z 1 × Y 2 ) ∪ (X 1 × X 2 ) → Z 1 × Z 2 =<br />

(Y 1 ∪ f1 X 1 )×(Y 2 ∪ f2 X 2 ) définie par le passage au quotient dans chaque composante.<br />

Cette application est surjective et continue car elle est continue sur chaque marceau<br />

composante par composante.<br />

Si ϕ(y 1 , [z 2 ]) = ϕ(y ′ 1 , [ z 2] ′ ) ou ϕ([z1 ] , y 2 ) = ϕ( [ z 1] ′ , y<br />

′<br />

2 ) ou ϕ(x 1, x 2 ) = ϕ(x ′ 1 , x′ 2 )<br />

alors (y 1 , [z 2 ]) = (y ′ 1 , [ z 2] ′ ) ou ([z1 ] , y 2 ) = ( [ z 1] ′ , y<br />

′<br />

2 ) ou (x 1, x 2 ) = (x ′ 1 , x′ ) puisque si<br />

2<br />

a ∼ b avec a b alors a ∈ X i et b ∈ Y i (ou bien a ∈ Y i et b ∈ X i ).<br />

Si ϕ(y 1 , [z 2 ]) = ϕ([z 1 ] , y 2 ) alors y 1 ∈ [z 2 ] et y 2 ∈ [z 1 ] et si ϕ(x 1 , x 2 ) = ϕ(y 1 , [z 2 ])<br />

(ou ϕ(x 1 , x 2 ) = ϕ([z 1 ] , y 2 )) alors f 1 (x 1 ) = y 1 et x 2 ∈ [z 2 ] (ou f 2 (x 2 ) = y 2 et x 1 ∈ [z 1 ]),<br />

i.e. h(x 1 , x 2 ) = (y 1 , [z 2 ]) (ou h(x 1 , x 2 ) = ([z 1 ] , y 2 )).<br />

Il s’en suit que ϕ se factorise en une application injective φ : (Y 1 × Z 2 ∪ Z 1 ×<br />

Y 2 ) ∪ h (X 1 × X 2 ) → Z 1 × Z 2 qui est un homéomorphisme.<br />

□<br />

PROPOSITION 6.15.<br />

Si X = ∪ p∈N X p et Y = ∪ q∈N Y q sont deux CW-complexes, alors X×Y est un CW-complexe.<br />

DÉMONSTRATION. On a X × Y = (∪ p∈N X p ) × (∪ q∈N Y q ) ∪ (p,q)∈N×N (X p × Y q ) =<br />

∪ n∈N (∪ p+q=n X p × Y q ). Comme dans les cas précédents on va construire un CWcomplexe<br />

Z = ∪ n0 Z n et prouver que Z X×Y en montrant que Z n ∪ p+q=n X p ×Y q .<br />

Pour n=0 posons Z 0 = X 0 ×Y 0 et supposons Z m ∪ p+q=m X p ×Y q construit pour<br />

tout m plus petit que n. Posons L = ∪ p+q=n L p × L q ou L i est l’ensemble d’indices sur<br />

lequel on construit X n en partant de X n−1 si L i est dans la première composante et L i<br />

est l’ensemble d’indices sur lequel on construit Y n en partant de Y n−1 si L i est dans<br />

la deuxième composante. Considérons l’ensemble { j l=l p ×l q<br />

par :<br />

⋃<br />

S n−1 = S p−1 × D q ∪ D p × S q−1 Z n−1 = X p × Y q =<br />

l p ×l q l p l q l p l q<br />

p+q=n<br />

j l p ×J l q ∪J l p ×j l q<br />

<br />

X p−1 × Y q ∪ X p × Y q−1<br />

Par le lemme précédent on a :<br />

Z n = Z n−1 ∪ ∐ l∈L D n l / ∼=<br />

: Sn−1 l<br />

= (∪ (0p)+(0q)=n X p−1 × Y q ∪ X p × Y q−1 ) ∪ ∐ l∈L D n l / ∼=<br />

⋃<br />

(0p)+(0q)=n<br />

→ Z n−1} l∈L donné<br />

= ∪ (0p)+(0q)=n ((X p−1 × Y q ∪ X p × Y q−1 ) ∪ ∐ l p ×l q ∈L p ×L qDp l p × D q l q / ∼) =<br />

X p−1 × Y q ∪ X p × Y q−1


1. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 71<br />

PROPOSITION 6.16.<br />

Soit X et Y deux CW-complexes et A un sous complexe de X, soit aussi f : A → Y une<br />

application cellulaire. Alors le push-out Y ∪ f X est un CW-complexe contenant Y comme<br />

sous-complexe.<br />

DÉMONSTRATION. La preuve est semblable aux précédentes et on se limite à<br />

donner les idées principales. On a Y ∪ f X = (∪ x0 Y n ) ∪ f (∪ x0 X n ) = ∪ x0 (Y n ∪ f X n )<br />

par cellularité de f. Comme avant on va construire un CW-complexe Z = ∪ n0 Z n<br />

et prouver que Z Y ∪ f X en montrant que Z n Y n ∪ f X n pour tout n. Posons<br />

Z 0 = Y 0 ∪ (X 0 \ A 0 ), alors Z 0 Y 0 ∪ f X 0 puisque par cellularité de f on a deux<br />

ensembles de même cardinalité.<br />

Supposons Z n Y n ∪ f X n déjà construit et, avec les notations déjà utilisées,<br />

posons L n = L n Y ∪ (Ln X \ Ln A ). Considérons l’ensemble { k l : S n → Z n} donné par :<br />

l l∈L<br />

S n l<br />

j l<br />

<br />

Y n ∐ X n<br />

Comme avant on peut montrer que<br />

k l<br />

Z n<br />

<br />

Y n ∪ f X n<br />

Z n+1 = Z n ∪ ∐ l∈L nD n+1<br />

l<br />

/ ∼<br />

(Y n ∪ f X n ) ∪ ∐ l∈L nD n+1<br />

l<br />

/ ∼<br />

Y n+1 ∪ f X n+1<br />

On se persuade facilement du fait que Y est un sous complexe de Y ∪ f X.<br />

□<br />

PROPOSITION 6.17.<br />

La colimite d’une suite d’inclusion de sous complexes est un CW-complexe contenant<br />

chaque CW-complexe de la suite comme sous complexe.<br />

DÉMONSTRATION. La preuve est omise, mais le résultat paraît clair si on remarque<br />

que ColimX i = ∪ n0 X n est on procède par induction sur i en considérant<br />

∪ i n=0 X n = X i .<br />

□<br />

DÉFINITION 6.18.<br />

Une application f : X → Y est une n-équivalence si f ∗ : π q (X, x 0 ) → π q (Y, f (x 0 )) est<br />

injective pour tout q < n et surjective pour tout q n quelque soit x 0 ∈ X.


72 6. LES CW-COMPLEXES<br />

LEMME 6.19.<br />

Soit (X,A) un CW-complexe relatif de dimension inférieure ou égale à n et e : Y → Z une<br />

n-équivalence. Soient f : X → Y, g : A → Y et h : A × I → Z trois applications avec<br />

f | A = h ◦ i 0 et e ◦ g = h ◦ i 1 . Il existe alors deux applications ˜g : X → Y et ˜h : X × I → Z<br />

faisant commuter le diagramme suivant :<br />

A<br />

i 0<br />

h<br />

A × I<br />

i 1<br />

g<br />

A<br />

e<br />

Z <br />

f <br />

˜h<br />

<br />

X<br />

X × I<br />

i 0<br />

<br />

Y ˜g<br />

<br />

<br />

X<br />

i 1<br />

DÉMONSTRATION. Sans preuve. (Si (X, A) = (D n , S n−1 ) (CS n , S n−1 ) c’est le<br />

lemme 5.15, sinon on procède par induction sur les squelettes en appliquant le<br />

cas (D n , S n−1 ) sur les n-cellules de X qui ne sont pas dans A).<br />

□<br />

REMARQUE 6.20.<br />

Si on choisit e = id Y : Y → Y on observe que le diagramme signifie exactement que<br />

la paire (X,A) vérifie la propriété d’extension d’homotopie et donc que l’inclusion<br />

i : A → X est une cofibration. De plus le lemme est vrai même pour n = ∞.<br />

COROLLAIRE 6.21.<br />

Soit X un CW-complexe et n un entier. La paire (X, X n ) vérifie la PEH et donc X n → X<br />

est une cofibration.<br />

THÉORÈME 6.22.<br />

Soit X un CW-complexe et e : Y → Z une n-équivalence. On a alors que l’application<br />

e ∗ : [X, Y] → [X, Z] est une bijection si dimX < n et une surjection si dimX = n.<br />

DÉMONSTRATION. Soit [ f ] ∈ [X, Z] et appliquons le lemme 6.19 à la paire (X, ∅) :<br />

Z <br />

f <br />

˜h<br />

<br />

X<br />

X × I<br />

i 0<br />

e<br />

Y ˜g<br />

<br />

<br />

X<br />

i 1<br />

Ainsi il existe ˜g : X → Y avec e ∗ ( ˜g) = e ◦ ˜g = ˜h ◦ i 1 ≃ ˜h ◦ i 0 = f et donc e ∗ est un<br />

surjection.


1. DÉFINITIONS ET PROPRIÉTÉS 73<br />

Supposons maintenant que dimX < n. Soit f : X × I → Z une homotopie et<br />

posons h : X × ∂I × I → Z ; (x, t, s) ↦→ f (x, t). On peut appliquer le lemme 6.19 à la<br />

paire (X × I, X × ∂I) (d’où la nécéssité de l’hypothèse sur la dimension) :<br />

X × ∂I<br />

i 0<br />

h<br />

X × ∂I × I<br />

i 1<br />

f |<br />

X × ∂I<br />

e<br />

Z <br />

f ˜h<br />

<br />

<br />

X × I<br />

X × I × I<br />

i 0<br />

<br />

Y <br />

˜f |<br />

<br />

<br />

X × I<br />

i 1<br />

Ainsi ˜f | est un homotopie avec ˜f | 0<br />

= f 0 et ˜f | 1<br />

= f 1 et donc e ◦ ˜f | i<br />

= e ◦ f | i = h ◦ i 1 | i = f i<br />

par définition de h. Il en résulte que ˜f | est une homotopie entre les pré-images ˜f | 0<br />

et ˜f | 1<br />

<strong>des</strong> applications homotopes f 1 et f 2 . D’où l’injectivité.<br />

□<br />

THÉORÈME 6.23.<br />

Une n-équivalence entre CW-complexes de dimension inférieure à n est une équivalence<br />

d’homotopie. Une équivalence faible entre CW-complexes est une equivalence d’homotopie.<br />

DÉMONSTRATION. Soit e : Y → Z une application satisfaisante une <strong>des</strong> deux<br />

conditions de l’énoncé. Par le théorème précédent e ∗ : [Z, Y] → [Z, Z] est une<br />

bijection et donc il existe une application f : Z → Y avec e ◦ f ≃ id Z . Ainsi<br />

e ◦ f ◦ e ≃<br />

[<br />

e mais<br />

]<br />

e ∗ : [Y, Y] → [Y, Z] est également une bijection et donc f ◦ e ≃ id Y<br />

(vu que e ∗ f ◦ e = [e] = e∗ [id Y ]).<br />

□<br />

DÉFINITION 6.24.<br />

Un espace topologique X est n-connexe si π q (X, x) = 0 pour tout x ∈ X et pour tout<br />

0 q n.<br />

Une paire (X,A) est n-connexe si i ∗ : π 0 (A) → π 0 (X) est une surjection et<br />

π q (X, A, a) = 0 pour tout a ∈ A et tout 1 q n.<br />

REMARQUE 6.25.<br />

En considérant la suite exacte de la paire (X,A)<br />

... π n+1 (X, A) π n (A) π n (X) π n (X, A) ...<br />

on remarque que la paire (X,A) est n-connexe si et seulement si l’inclusion i : A → X<br />

est une n-équivalence.


74 6. LES CW-COMPLEXES<br />

LEMME 6.26.<br />

Un CW-complexe relatif (X,A) sans m-cellules pour tout m n est n-connexe. En particulier<br />

(X, X n ) est n-connexe.<br />

DÉMONSTRATION. Soit f : (I q , ∂I q , ⋆) → (X, A, ⋆) avec q n. Comme f (I q ) est<br />

compact on peut supposer que (X,A) a un nombre fini z de cellules. Si z=1 alors<br />

X = A ∪ j D r avec r¿q vu que r¿n et q n ainsi il existe une application f ′ : I q → X<br />

avec f | ∂I q = f ′ | ∂I q, f ≃ ∂I q f ′ et telle que f ′ (I q ) ne recouvre pas completement D r .<br />

Ce résultat n’est pas trivial et il est admit sans preuve. On en déduit que f’ se<br />

déforme en una application entièrment contenue dans A et donc [ f ] = [ f ′] = 0<br />

dans π q (X, A, a).<br />

Si on suppose le résultat vrai pour z¡s cellules on le prouve alors de façon<br />

analogue pour le cas à s cellules. Ce qui conclut l’induction et achève la preuve. □<br />

COROLLAIRE 6.27.<br />

Si X est un CW-complexe alors π k (X) π k (X n ) pour tout k < n.<br />

DÉMONSTRATION. Le fait que l’inclusion i : X n → X est une n-équivalence<br />

(puisque (X, X n ) est n-connexe par lemme ci-<strong>des</strong>sus) et dimS k = k permet directement<br />

de conclure que [ S k , X n] [ S k , X ] .<br />

□<br />

THÉORÈME 6.28.<br />

Toute application f : (X, A) → (Y, B) entre CW-complexes relatifs est homotope relativement<br />

à A à une application cellulaire.<br />

DÉMONSTRATION. On procède par induction sur les squelettes. Pour n=0 rappelon<br />

que X 0 = A ∐ X ∗ où X ∗ est un espace discret. Clairement pour tout point y<br />

de Y il existe un chemin g y de y vers un certain y 0 ∈ Y 0 . Posons :<br />

H : X 0 × I = A × I ∐ X ∗ × I → Y; (a, t) ↦→ f (a); (x ∗ , t) ↦→ g f (x ∗ )(t)<br />

H est continue sur A × I puisque f l’est et H est aussi continue sur X ∗ × I puisque<br />

les g f (x ∗ ) sont continues et H −1 (U) ∩ (X ∗ × I) = ∪ x ∗ ∈X ∗ {x∗ } × g −1 (U) est un ouvert si<br />

f (x ∗ )<br />

U est un ouvert de Y vu que X ∗ est discret. Ainsi H est une homotopiede f | X 0 vers<br />

une application cellulaire.<br />

Supposons donnée une application cellulaire g n : X n → Y n et une homotopie<br />

h n : X n × I → Y avec f | X n ≃ i n ◦ g n où i n est l’inclusion de Y n dans Y. On vient<br />

de montrer que la paire (Y, Y n+1 ) est (n+1)-connexe, c’est-à-dire que l’inclusion<br />

i n+1 : Y n+1 → Y est une (n+1)-équivalence et donc on peut appliquer le lemme 6.19


2. APPROXIMATION D’ESPACES TOPOLOGIQUES PAR DES CW-COMPLEXES 75<br />

à :<br />

s n i 0<br />

S n × I<br />

h n ◦(j×id)<br />

i 1<br />

g n ◦j<br />

S n<br />

D n+1 f ◦J<br />

<br />

<br />

Y i n+1<br />

Y n+1<br />

˜<br />

h j n+1<br />

<br />

˜<br />

g j<br />

<br />

n+1<br />

<br />

<br />

Dn+1<br />

i 0<br />

<br />

D n+1 × I<br />

où j : S n → X n est une application de collage et J : D n+1 → X l’application induite.<br />

Cela nous permet de définir une application :<br />

i 1<br />

et une homotopie :<br />

˜g n+1 : X n ∪ ∐ l∈L D n+1<br />

l<br />

→ Y n+1<br />

x n ↦→ g n (x n )<br />

x l ↦→ ˜g l n+1 (x l)<br />

˜h n+1 : X n × I ∪ ∐ l∈L D n+1<br />

l<br />

× I → Y<br />

(x n , t) ↦→ h n (x n , t)<br />

(x l , t) ↦→ ˜h l n+1 (x l, t)<br />

qui, par commutativité du diagramme, induisent g n+1 : X n+1 → Y n+1 et h n+1 :<br />

X n+1 × I → Y avec i n+1 ◦ g n+1 ≃ f | X n+1 via h n+1 .<br />

□<br />

2. Approximation d’espaces topologiques par <strong>des</strong> CW-complexes<br />

NOTATION 6.29.<br />

On note hU la catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques avec, comme morphismes, les<br />

classes d’équivalence d’applications homotopes.<br />

THÉORÈME 6.30.<br />

Il existe un foncteur Γ : hU → hU et une transformation naturelle γ : Γ → Id qui à tout<br />

espace topologique X associe un CW-complexe ΓX et une équivalence faible γX : ΓX → X.<br />

En d’autres mots pour tout espace topologique X il existe un CW-complexe ΓX et une<br />

équivalence faible γX : ΓX → X telle que pour toute application f : X → Y il existe une


76 6. LES CW-COMPLEXES<br />

application, unique à homotopie près, Γ f : ΓX → ΓY faisant commuter homotopiquement<br />

le diagramme suivant :<br />

ΓX Γ f ΓY<br />

γX<br />

X<br />

De plus si X est n-connexe pour un n 1 alors ΓX peut être choisi à un seul sommet<br />

et sans q-cellules pour 1 q n.<br />

f<br />

Y<br />

γY<br />

DÉMONSTRATION. Pour tout espace topologique X supposons donné un CWcomplexe<br />

ΓX et une équivalence faible γX : ΓX → ΓY. Soit f : X → Y une<br />

application quelconque.<br />

γX<br />

ΓX<br />

X<br />

f<br />

Par le théorème 6.22 γY ∗ : [ΓX, ΓY] → [ΓX, Y] est une bijection. Ainsi comme<br />

on veut [ f ◦ γX ] = [ γY ◦ Γ f ] [ ] [ ] [ ]<br />

= γY ∗ Γ f on doit avoir Γ f = γY<br />

−1<br />

∗ f ◦ γX D’où<br />

l’existence, l’unicité et la fonctorialité.<br />

Comme les groupes d’homotopie sont défini par rapport à un point de base<br />

on peut supposer que X est connexe par arcs et se restreindre aux espaces et aux<br />

applications basés. Construisons ΓX comme une colimit d’inclusions cellulaires :<br />

ΓY<br />

i 1<br />

X 1 <br />

γ 1<br />

<br />

X <br />

i<br />

... n 2 <br />

X n<br />

X n+1<br />

...<br />

<br />

γ 2 γ n<br />

γ n+1<br />

<br />

X<br />

Soit X 1 un wedge de sphères S q1 , une pour tout couple (q,j) où j : S q → X est un<br />

représentant d’un générateur de π q (X). Sur le (q,j)-ème sommand on pose γ 1 = j.<br />

Clairement l’application γ 1 : X 1 → X ainsi définie induit un homomorphisme de<br />

groupe (γ 1 ) ∗ : π q (X 1 ) → π q (X) surjectif pour tout q 1. On munit X 1 de la structure<br />

de CW-complexe induite par celle <strong>des</strong> sphères.<br />

On dispose maintenant d’un CW-complexe X 1 et d’une application γ 1 qui<br />

induit <strong>des</strong> homomorphismes de groupe (γ 1 ) ∗ surjecifs partout et injectifs pour q=0.<br />

On va construire par induction une famille de CW-complexes X n de plus en plus<br />

grands sur lesquels on définit <strong>des</strong> applications γ n qui induisent <strong>des</strong> applications<br />

toujours surjectives et injectives pour q¡n. La première étape étant déjà faite fixons<br />

un entier n¿1, supposons d’avoir <strong>des</strong> CW-complexes X 1 , ..., X n de plus en plus<br />

grands avec les inclusions i 1 , ..., i n−1 et <strong>des</strong> applications γ 1 , ..., γ n avec γ m ◦i m−1 = γ m−1<br />

et (γ m ) ∗ : π q (X m ) → π q (X) surjectif pour tout q, injectif pour tout q m et cela pour<br />

tout m n.<br />

Y<br />

γY


2. APPROXIMATION D’ESPACES TOPOLOGIQUES PAR DES CW-COMPLEXES 77<br />

Posons X n+1 = X n ∪ (∨ ( f,g) (S n ∧ I + )) où le wedge se fait sur toutes les paires<br />

d’applications f, g : S n → X n avec [ f ] [ g ] mais [ γ n ◦ f ] = [ γ n ◦ g ] dans π n (X).<br />

Attachons ensuite le (f,g)-ème smash à X n en idéntifiant (s,1) avec f(s) et (s,0)<br />

avec g(s) pour tout s ∈ S n et posons X n+1 = X n+1 / ∼. Ainsi i n ◦ f ≃ i n ◦ g via<br />

H : S n ∧ I + → X n+1 ; (s, t) → [s, t] ce qui rend injectif l’homomorphisme induit entre<br />

les groupes d’homotopies en degré n.<br />

Définissons γ n+1 : X n+1 → X par γ n sur X n et par une homotopie basé entre<br />

γ n ◦ g et γ n ◦ f sur le (f,g)-ème smash S n ∧ I + :<br />

S n<br />

f<br />

g<br />

X n<br />

γ n<br />

<br />

γ n+1<br />

<br />

X<br />

(X n ∪ S n ∧ I + )/ ∼<br />

Ainsi γ n+1 ◦ i n = γ n et (γ n+1 ) ∗ : π q (X n+1 ) → π q (X) est toujours surjectif (vu que (γ n ) ∗<br />

l’est) et injectif pour tout q n (pour q=n c’est grâce a la construction qu’on vient<br />

de faire, si q¡n on remarque que le q-ème groupe d’homotopie reste le même vu<br />

que la q-ème squelette n’a pas changé).<br />

Comme S n × I est un CW-complexe admettant [⋆] × I comme sous complexe<br />

on a que le quotient S n ∧ I + est un CW-complexe admettant S n × ∂I comme sous<br />

complexe. Vu que f et g sont cellulaires la propriété du push-out nous permet de<br />

conclure que X n+1 est un CW-complexe contenat X n comme sous complexe. Notons<br />

ΓX la colimite suivante :<br />

... <br />

<br />

X n<br />

X n+1<br />

<br />

r n r n+1<br />

<br />

<br />

ΓX γ<br />

<br />

n γ n+1<br />

<br />

<br />

γ<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

X<br />

X 1 X 2<br />

<br />

r 1<br />

<br />

r<br />

<br />

2<br />

<br />

<br />

<br />

γ γ 1 2<br />

<br />

<br />

Par unicité de la colimite il existe un unique γ (donné par ∪γ n vu que ΓX = ∪X n )<br />

faisant commuter le diagramme. En appliquant le foncteur π k à ce diagramme on<br />

obtient que le k-ème groupe d’homotopie de la colimite est la colimite <strong>des</strong> groupes<br />

de k-homotopie qui sont constant à partir de X k . Il en résulte que π k (ΓX) = π k (X k )<br />

et γ ∗ : π k (ΓX) → π k (X) vaut (γ| k ) ∗ : π k (X k ) → π k (X) qui est un isomorphisme. □<br />

THÉORÈME 6.31.<br />

Pour toute paire d’espaces topologiques (X,A) et pour toute CW-approximation γ ′ : ΓA →<br />

A il existe une CW-approximation γ : ΓX → X admettant ΓA comme sous complexe et telle<br />

que γ| ΓA = γ ′ . De plus si f : (X, A) → (Y; B) est une application entre paires topologiques


78 6. LES CW-COMPLEXES<br />

alors il existe une application unique à homotopie près Γ f : (ΓX, ΓA) → (ΓY, ΓB) telle que<br />

le diagramme suivant commute à homotopie près :<br />

(ΓX, ΓA)<br />

γ<br />

(X, A)<br />

Γ f<br />

f<br />

(ΓY, ΓB)<br />

γ<br />

(Y, B)<br />

Si (X,A) est n-connexe (ΓX, ΓA) peut être choisi sans q-cellules relatives pour tout q n.<br />

DÉMONSTRATION. La preuve est similaire à la précédente. On se limite à donner<br />

les étapes principales. Sans perte de généralité on peut supposer que X est connexe<br />

par arcs avec un point de base x ∈ A ⊂ X. Comme avant on commence une<br />

récurrence avec X 1 = ΓA ∨ (q,j) S n sur lequel on définit γ 1 : X 1 → X par γ ′ sur ΓA et<br />

par j : S q → X sur le (q,j)-ème sommand. La même méthode de la démonstration<br />

précédente nous permet de construire ΓX sur ΓA (qui est donc un sous complexe)<br />

et clairement on a γ| Γa = γ ′ . Si (X,A) est n-connexe alors i ∗ : π q (A) → π q (X) est<br />

une bijection pour tout q¡n et une surjection si q=n. Donc on peut commencer la<br />

récurrence en posant X n = ΓA et γ : X n → X ; γ = i ◦ γ ′ et on a π q (X n ) = π q (ΓA) <br />

π q (A) π q (X) pour tout q¡n. Si q=n la suite d’isomorphismes ci-<strong>des</strong>sus devient une<br />

surjection et donc, suivant la construction déjà faite, on n’a pas besoin de q-cellules<br />

relative pour tout q n.<br />

Soit maintenant f : (X, A) → (Y; B) une application entre paires topologiques.<br />

Par le théorème précédente γ ′ f : ΓA → ΓB existe déjà et on l’étend sur ΓX grâce au<br />

lemme 6.19 :<br />

ΓA<br />

<br />

γ ′<br />

<br />

A f B<br />

h<br />

ΓA × I<br />

γ ′<br />

γ ′ f<br />

<br />

ΓB<br />

ΓA<br />

X <br />

f<br />

Y ΓY<br />

γ ′<br />

γ<br />

<br />

<br />

˜h<br />

Γ f<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

ΓX<br />

ΓX × I<br />

ΓX<br />

L’application h est l’homotopie de γ◦Γ f vers f ◦γ et Γ f fait commuter le diagramme<br />

voulu grâce à l’homotopie ˜h. De façon analogue on prouve l’unicité à homotopie<br />

près de Γ f .<br />

□<br />

Parfois si on a <strong>des</strong> connaissences sur deux sous-espaces recouvrant, A et B<br />

d’un espace X on peut en déduire <strong>des</strong> informations sur X. Pour cette raison on<br />

s’intéresse aux défintions suivantes :<br />

DÉFINITION 6.32.<br />

Un triple d’espaces topologiques (X,A,B) est une famille de trois espaces avec B ⊂


2. APPROXIMATION D’ESPACES TOPOLOGIQUES PAR DES CW-COMPLEXES 79<br />

A ⊂ X. Une triade (X ;A,B) est une famille de trois espaces topologiques avec A ⊂ X<br />

et B ⊂ X. Une triade excisive (X ;A,B) est une triade vérifiant X = int(A) ∪ int(B).<br />

Une CW-triade (X ;A,B) est un CW-complexe X munit de deux sous complexes A<br />

et B avec X = A ∪ B.<br />

Dans le but de prouver un théorème d’approximation <strong>des</strong> tria<strong>des</strong> topologiques<br />

par <strong>des</strong> CW-complexes on a besoin de ce qui suit.<br />

DÉFINITION 6.33.<br />

Soit i : C → A et j : C → B deux applications. Le double mapping cylinder de i et j<br />

est l’espace M(i, j) = A ∪ (C × I) ∪ B/ ∼ obtenu en collant A sur C × {0} le long de i<br />

et B sur C × {1} le long de j.<br />

REMARQUE 6.34.<br />

Dans la même situation de la définition ci-<strong>des</strong>sus on a une application évidente du<br />

double mapping cylinder vers le push-out de i et j donnée par q : M(i, j) → A ∪ C B ;<br />

(c, t) ↦→ i(c) et qui envoie A sur A et B sur B.<br />

LEMME 6.35.<br />

Si i : C → A est une cofibration et j : C → B une application quelconque alors q :<br />

M(i, j) → A ∪ C B est une équivalence d’homotopie.<br />

DÉMONSTRATION. Soit r : Mi → A la retraction habituelle et k ′ : A → Mi<br />

l’inclusion. Posons h : C → Mi ; c ↦→ (c, 1). On a que r et k ′ sont <strong>des</strong> inverses<br />

homotopiques et r ◦ k ′ = id A . Comme i est une cofibration il existe k : A → Mi avec<br />

k ◦ i = j, r ◦ k ≃ C id A et k ◦ r ≃ C id Mi . Considérons les deux push-out :<br />

j<br />

C<br />

B<br />

i<br />

A<br />

A ∪ C B<br />

C<br />

h<br />

Mi<br />

j<br />

B M(i, j)


80 6. LES CW-COMPLEXES<br />

qui par la propriété universelle donnent lieu à :<br />

j<br />

C<br />

h<br />

Mi<br />

π<br />

r<br />

k<br />

B M(i, j)<br />

<br />

q<br />

<br />

<br />

<br />

A ∪ C B<br />

<br />

<br />

g<br />

<br />

<br />

M(i, j)<br />

On remarque que g ◦ q| Im(B) = id et g ◦ q| Im(Mi) = π ◦ k ◦ r, mais k ◦ r ≃ id et donc<br />

g ◦ q ≃ id. De la même manière on montre que q ◦ g ≃ id.<br />

□<br />

A<br />

REMARQUE 6.36.<br />

Si dans la situation du lemme, i est une cofibration et j une inclusion avec X = A∪B<br />

et C = A ∩ B on peut voir q comme une équivalence d’homotopie entre tria<strong>des</strong> :<br />

q : (M(i, j); A ∪ (C × [0, 2/3 [), (C×] 1/3, 1]) ∪ B) → (A ∪ C B, A, B)<br />

dont la première est une triade excisive. Ceci s’applique en particulier si (X ;A,B)<br />

est une CW-triade en posant C = A ∩ B et i : C → A, j : C → B les deux inclusions.<br />

On a X = A ∪ C B et i est une cofibration vu que (A,C) vérifie la PEH (C est un<br />

CW-complexe car intersection de deux sous complexes). Ainsi pour toute CWtriade<br />

(X ;A,B) il existe une triade excisive (x,a,b) homotopiquement équivalente à<br />

(X ;A,B).<br />

PROPOSITION 6.37.<br />

Si e : (X; A, B) → (X ′ ; A ′ , B ′ ) est une application entre tria<strong>des</strong> excisives telle que e : C =<br />

A ∩ B → C ′ = A ′ ∩ B ′ , e : A → A ′ et e : B → B ′ sont <strong>des</strong> équivalences faibles, alors<br />

e : X → X ′ est une équivalence faible.<br />

DÉMONSTRATION. Par le lemme 5.15 il suffit de prouver que si on a deux applications<br />

f : D n+1 → X ′ et g : S n → X avec f | S n = e ◦ g alors il existe ˜g : D n+1 → X<br />

telle que ˜g| S n = g et f ≃ S n e ◦ ˜g :<br />

e<br />

X <br />

X ′<br />

˜g<br />

f<br />

<br />

g<br />

S n<br />

i<br />

<br />

D n+1


2. APPROXIMATION D’ESPACES TOPOLOGIQUES PAR DES CW-COMPLEXES 81<br />

Sans perte de généralité on peut supposer que g est la restriction d’une application<br />

ĝ : U → X avec S n ⊂ U ⊂ D n , U un ouvert et f | S n = e ◦ ĝ. En effet si on pose :<br />

d : D n+1 × I → D n+1<br />

{<br />

2x/(2 − t), si |x| (2 − t)/2 ;<br />

(x, t) ↦→<br />

x/|x|, si |x| (2 − t)/2.<br />

on a que d(x, 0) = x pour tout x ∈ D n+1 et d(x, t) = x pour tout x ∈ S n et t ∈ I.<br />

L’application d tire la boule de rayon inférieure à 1/2 sur toute la boule de rayon<br />

inférieure à 1 et ecrase la boule creuse de rayon entre 1/2 et 1 sur la sphère de<br />

rayon 1. Posons U = { x ∈ D n+1 | |x| > 1/2 } et définissons ĝ = g ◦ d 1 : U → X et<br />

f ′ = f ◦ d 1 : D n+1 → X ′ . Comme on avait e ◦ g = f | S n on a e ◦ ĝ = f ′ | U et clairement<br />

ĝ| S n = g. De plus f ′ ≃ S n f via d et donc la conclusion est vraie pour f si et seulement<br />

si elle est vraie pour f’.<br />

Avec ces hypothèses sur g et f on prétend que les ensembles fermés suivants<br />

sont disjoints : C A = g −1 (X\int(A))∪ f −1 (X ′ \ A ′ ) et C B = g −1 (X\int(B))∪ f −1 (X ′ \ B ′ ).<br />

Considérons Ĉ A = ĝ −1 (X \ int(A)) ∪ f −1 (X ′ \ A ′ ) et Ĉ B = ĝ −1 (X \ int(B)) ∪ f −1 (X ′ \ B ′ )<br />

alors C A ⊂ Ĉ A et C B ⊂ Ĉ B , ainsi il suffit de prouver que Ĉ A ∩ Ĉ B = ∅. Comme on<br />

a X = int(A) ∪ int(B) alors X \ int(A) = int(B) \ int(A) et X \ int(B) = int(A) \ int(B)<br />

donc (X \ int(A)) ∩ (X \ int(B)) = ∅ et donc ĝ −1 (X \ int(A)) ∩ ĝ −1 (X \ int(B)) = ∅. De<br />

même on montre que f −1 (X ′ \A ′ )∩ f −1 (X ′ \B ′ ) = ∅. Or (X ′ \A ′ ) ⊂ (X ′ \int(A ′ )) donc<br />

f −1 (X ′ \A ′ ) ⊂ f −1 (X ′ \int(A ′ )) ainsi f −1 (X ′ \ A ′ ) ⊂ f −1 (X ′ \ int(A ′ )) ⊂ f −1 (X ′ \int(A ′ ))<br />

et donc f −1 (X ′ \ A ′ ) ∩ f −1 (X ′ \ B ′ ) = ∅. Il en résulte que si v ∈ Ĉ A ∩ Ĉ B alors en fait<br />

v ∈ (ĝ −1 (X \ int(A)) ∩ f −1 (X ′ \ B ′ )) ⊂ (ĝ −1 (int(B)) ∩ f −1 (X ′ \ B ′ )). Mais ĝ −1 (int(B)) est<br />

un ouvert donc il existe un élément u ∈ ĝ −1 (int(B)) ∩ f −1 (X ′ \ B ′ ) et alors ĝ(u) ∈ B<br />

et f (u) B ′ ce qui contredit f | U = e ◦ ĝ. On en déduit que Ĉ A ∩ Ĉ B = ∅ et donc<br />

C A ∩ C B = ∅.<br />

Puisque C A et C B sont deux fermés disjoints dans D n+1 on peut subdiviser<br />

D n+1 comme CW-complexe de façon suffisamment fine pour que aucune cellule ne<br />

rencontre à la fois C A et C B . Posons K A l’union de toutes les cellules σ telles que<br />

g(σ ∩ S n ) ⊂ int(A) et f (σ) ⊂ A ′ . De la même façon ôn définit K B . Si une cellule σ<br />

ne rencontre pas C A alors σ ∈ K A et si σ ne rencontre pas C B alors σ ∈ K B donc<br />

D n+1 = K A ∪ K B . En appliquant le lemme 6.19 (version graphiquement réduite<br />

puisque e ◦ g = f | S n et donc h est l’homotopie constante) on obtient une application<br />

ḡ qui fait commuter le triangle du bas :<br />

e<br />

A ∩ B <br />

A ′ ∩ B ′<br />

<br />

ḡ<br />

g <br />

f<br />

<br />

S n ∩ K A ∩ K B<br />

i<br />

K A ∩ K B<br />

et une homotopie ¯h : (K A ∩K B )×I → A ′ ∩B ′ de f vers e◦ḡ relativement à S n ∩K A ∩K B .<br />

Définissons ḡ A : K A ∩(K B ∪S n ) → A par g sur K A ∩S n et ḡ sur K A ∩K B . Comme f = e◦g<br />

sur K A ∩ S n et f ≃ h e ◦ g sur K A ∩ K B , ¯h induit une homotopie f | KA ∩(S n ∪K B ) ≃¯hA e ◦ g A<br />

relativement à S n ∩ K A . On applique encore une fois le lemme 6.19 aux applications


82 6. LES CW-COMPLEXES<br />

ḡ A et ¯h A :<br />

K A<br />

i 0<br />

K A ∩ (K A ∪ S n )<br />

K A ∩ (K A ∪ S n ) × I<br />

K A ∩ (K A ∪ S n )<br />

¯h A<br />

ḡ A<br />

<br />

<br />

B ′ e<br />

A ′<br />

<br />

<br />

f<br />

<br />

<br />

˜h A<br />

˜g<br />

<br />

A<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

K A × I<br />

i 0<br />

On a un diagramme symétrique en K A et K B qui nous donne deux applications<br />

˜g A et ˜g B qui coïncident sur K A ∩ K B et qui définissent l’application g : D n+1 → X<br />

voulue. De même ˜h A et ˜h B coïncident sur (K A ∩ K B ) × I et définissent l’homotopie<br />

cherchée de f vers e ◦ ˜g relativement à S n .<br />

□<br />

i 1<br />

i 1<br />

K A<br />

THÉORÈME 6.38.<br />

Soit (X ;A,B) une triade excisive et notons C = A ∩ B. Il existe alors une CW-triade<br />

(ΓX; ΓA, ΓB) et une application γ : (ΓX; ΓA, ΓB) → (X; A, B) telle que , si on pose<br />

ΓC = ΓA ∩ ΓB, on a <strong>des</strong> équivalences faibles : γ : ΓC → C, γ : ΓA → A, γ : ΓB → B et<br />

γ : ΓX → X. Si (A,C) est n-connexe alors (ΓA, ΓC) peut être choisi sans q-cellules pour<br />

tout q n, de même pour (B,C).<br />

Comme dans les deux théorèmes analogues précédents, l’approximation <strong>des</strong> tria<strong>des</strong><br />

excisives par <strong>des</strong> CW-tria<strong>des</strong> est fonctorielle et γ est une transformation naturelle vers<br />

l’identité, à homotpie près.<br />

DÉMONSTRATION. Considérons une approximation γ : ΓC → C et étendonsla<br />

à deux approximations γ : (ΓA, ΓC) → (A, C) et γ : (ΓB, ΓC) → (B, C). Posons<br />

ΓX = ΓA ∪ ΓC ΓB, le push-out <strong>des</strong> inclusions de ΓC dans ΓA et ΓB :<br />

ΓC<br />

ΓA <br />

ΓB ΓX<br />

A<br />

γ<br />

<br />

γ<br />

<br />

B X<br />

Considérons l’application γ : (ΓX; ΓA, ΓB) → (X; A, B) qui est une application<br />

entre tria<strong>des</strong> par commutativité du diagramme du push-out. Par construction on a<br />

ΓC = ΓA ∩ ΓB et par le théorème analogue sur les paires on a que si (A,C) ou (B,C)<br />

sont n-connexe alors (ΓA, ΓC) ou (ΓB, ΓC) sont de la forme voulue. Par ce même<br />

théorème γ : ΓC → C, γ : ΓA → A et γ : ΓB → B sont <strong>des</strong> équivalences faibles.<br />

Soit f : (X ′ ; A ′ , B ′ ) → (ΓX; ΓA, ΓB) une équivalence faible entre la triade excisive<br />

(X’ ;A’,B’) et la CW-triade (ΓX; ΓA, ΓB) (une telle application existe par le lemme<br />

6.36). Considérons la composée :<br />

γ<br />

(X ′ ; A ′ , B ′ )<br />

f<br />

(ΓX; ΓA, ΓB)<br />

γ<br />

(X; A, B)


2. APPROXIMATION D’ESPACES TOPOLOGIQUES PAR DES CW-COMPLEXES 83<br />

Clairement γ ◦ f : C ′ → C, γ ◦ f : A ′ → A et γ ◦ f : B ′ → B sont <strong>des</strong> équivalences<br />

faibles et donc par la proposition précédentes γ ◦ f : X ′ → X est une équivalence<br />

faible. Or f : X ′ → ΓX est une équivalence faible, donc γ : ΓX → X l’est aussi.<br />

Il reste à prouver la fonctorialité de Γ et la naturalité de γ. Soit f (X; A, B) →<br />

(X ′ ; A ′ , B ′ ) une application entre tria<strong>des</strong> excisives. En faisant appelle au théorème<br />

d’approximation <strong>des</strong> paires on a :<br />

ΓC<br />

ΓA <br />

ΓB ΓX<br />

ΓA ′<br />

Γ f<br />

Γ f A<br />

γ<br />

<br />

ΓB ′ ΓX ′<br />

Γ f B<br />

Γ f existe puisque Γ f A et Γ f B sont <strong>des</strong> prolongement de Γ f C et il s’agit d’une application<br />

entre triade par commutativité du diagramme. Finalement on a le carré<br />

commutatif suivant :<br />

(ΓX; ΓA, ΓB)<br />

γ<br />

(X; A, B)<br />

Γ f<br />

f<br />

γ<br />

(ΓX ′ ; ΓA ′ , ΓB ′ )<br />

γ<br />

(X ′ ; A ′ , B ′ )<br />

donné par le fait que ΓX = ΓA∪ ΓC ΓB et Γ f A , Γ f B font commuter les carrés analogues.<br />


CHAPITRE 7<br />

Le théorème d’excision en homotopie<br />

Pour une triade excisive (X ;A,B) l’inclusion (A, A∩B) → (X, B) n’induit pas forcement<br />

un isomorphisme entre les groupes d’homotopie, ce qui est d’empêchement<br />

pour les calcules de ces groupes. (Contrairement a ce qui se passe pour les groupes<br />

d’homologie pour lesquels on dispose de la suite exacte de Mayer-Vietoris). Le but<br />

de ce petit chapitre est de trouver <strong>des</strong> hypothèses pour que l’inclusion induise <strong>des</strong><br />

isomorphismes.<br />

DÉFINITION 7.1.<br />

Soit n¿1 un entier. Une application entre paires f : (A, C) → (X, B) est une n-<br />

équivalence si ( f ∗ ) −1 (Im(π 0 (B) → π 0 (X))) = Im(π 0 (C) → π 0 (A)) et f ∗ : π q (A, C) →<br />

π q (X, B) est une bijection pour q¡n et une surjection pour q = n.<br />

REMARQUE 7.2.<br />

La première condition de la définition ci-<strong>des</strong>sus est satisfaite si par exemple X et A<br />

sont connexes par arcs.<br />

On veut montrer que si (X ;A,B) est une triade excisive avec C = A ∩ B ∅<br />

et (A, C) (n-1)-connexe et (B,C) (m-1)-connexe pour <strong>des</strong> entiers m 2, n 1, alors<br />

l’inclusion (A, C) → (X, B) est une (m+n-2)-équivalence. Pour prouver ce résultat<br />

on utilise une suite exacte qu’on va maintenant construire.<br />

PROPOSITION 7.3.<br />

Soit (X ;A,B) un triple avec un point de base choisi en B. La longue suite suivante est alors<br />

exacte :<br />

... π q (A, B)<br />

i ∗<br />

π q (X, B)<br />

J ∗<br />

π q (X, A)<br />

k ∗ ◦∂ π q−1 (A, B) ...<br />

où i,j et k : (A, ⋆) → (A, B) sont les inclusions et ∂ est la restriction ∂ : π q (X, A) →<br />

π q (A) π q (A, ⋆).<br />

DÉMONSTRATION. La preuve se fait par une chasse au diagramme sur les suites<br />

exactes <strong>des</strong> paires (X,A), (X,B) et (A,B).<br />

□<br />

85


86 7. LE THÉORÈME D’EXCISION EN HOMOTOPIE<br />

DÉFINITION 7.4.<br />

Le groupe d’homotopie d’une triade (X ;A,B) avec point de base ⋆ ∈ C = A ∩ B est<br />

le groupe π q (X; A, B) = π q−1 (P(X, ⋆, B), P(A, ⋆, C)) où P(X, ⋆, B) est l’ensemble <strong>des</strong><br />

chemins dans X qui commencent en ⋆ et qui se terminent dans B.<br />

REMARQUE 7.5.<br />

Pour une paire topologique (X,A) avec point de base ⋆ ∈ A on remarque que<br />

π q−1 (P(X, ⋆, A)) = [ S q−1 ; ((I, 0, 1); (X, ⋆, A)) ] = [ (S q−1 × I, S q−1 × {0} , S q−1 × {1}); (X, ⋆, A) ] =<br />

= [ (D q , S q−1 ); (X, A) ] = π q (X, A)<br />

si on ne considère que <strong>des</strong> applications basées. On observe aussi que<br />

π q (X; A, B) = [ (I q , I q−2 × {1} × I, I q−1 × {1} , (∂I q−2 × I ∪ I q−2 × {0}) × I q−1 × {0}); (X; A, B, ⋆) ]<br />

Cela donne lieu à la suite exacte qui nous permettera de prouver le théorème de<br />

excision en homotopie, il s’agit de la suite exacte de la paire (P(X, ⋆, B), P(A, ⋆, C)) :<br />

π q (P(X, ⋆, B), P(A, ⋆, C)) π q−1 (P(A, ⋆, C)) π q−1 (P(X, ⋆, B)) π q−1 (P(X, ⋆, B), P(A, ⋆, C))<br />

qui, en vertu <strong>des</strong> remarques ci-<strong>des</strong>sus, devient :<br />

... π q+1 (X; A, B) π q (A, C) π q (X, B) π q (X; A, B) ...<br />

Il suffit donc de prouver que π q (X; A, B) = 0 pour <strong>des</strong> bons q pour avoir que<br />

π q (A, C) π q (X, B) en les dégrés corréspondants. On a besoin <strong>des</strong> lemmes suivants :<br />

LEMME 7.6.<br />

Soit (X,A) une paire topologique et γ : (ΓX, ΓA) → (X, A) une CW-approximation. On a<br />

alors que π q (ΓX, ΓA) π q (X, A) via l’application induite γ ∗ .<br />

DÉMONSTRATION. Il suffit d’appliquer le lemme <strong>des</strong> cinq à la suite exacte de la<br />

paire (ΓX, ΓA) et (X,A) :<br />

π q (ΓA)<br />

π q (ΓX)<br />

π q (ΓX, ΓA)<br />

π q−1 (ΓA)<br />

π q−1 (ΓX)<br />

γ ∗<br />

γ ∗<br />

γ ∗<br />

π q (A) π q (X) π q (X, A) π q−1 (A) π q−1 (X)<br />

Les carrés commutent par naturalité de γ et les quatre flèches verticales externes<br />

sont <strong>des</strong> isomorphismes par construction.<br />

□<br />

γ ∗<br />

γ ∗<br />

LEMME 7.7.<br />

Soit (X ;A,B) une triade excisive et γ : (ΓX; ΓA, ΓB) → (X; A, B) une CW-approximation.<br />

On a alors que π q (ΓX; ΓA, ΓB) π q (X; A, B) via l’application induite γ ∗ .


7. LE THÉORÈME D’EXCISION EN HOMOTOPIE 87<br />

DÉMONSTRATION. On considère la suite exacte qu’on vient de construire et on<br />

applique de la même façon que à la preuve précédente le lemme <strong>des</strong> cinq :<br />

π q (ΓA, ΓC)<br />

π q (ΓX, ΓB)<br />

π q (ΓX; ΓA, ΓB)<br />

π q−1 (ΓA, ΓC)<br />

π q−1 (ΓX, ΓB)<br />

γ ∗<br />

γ ∗<br />

γ ∗<br />

π q (A, C) π q (X, B) π q (X; A, B) π q−1 (A, C) π q−1 (X, B)<br />

où les quatres flèches verticales externes sont <strong>des</strong> isomorphismes par le lemme<br />

précédent.<br />

□<br />

γ ∗<br />

γ ∗<br />

THÉORÈME 7.8.<br />

Si (X ;A,B) est une triade excisive avec C = A ∩ B ∅ et (A,C) (n-1)-connexe et (B,C)<br />

(m-1)-connexe pour <strong>des</strong> entiers m 2, n 1 ; alors π q (X; A, B) = 0 pour tout choix du<br />

point de base ⋆ ∈ C et 2 q m + n − 2.<br />

DÉMONSTRATION. Par le lemme précédent on peut supposer que (X ;A,B) est<br />

une CW-triade car cela ne change pas les groupes d’homotopie. Par hypothèse de<br />

connexité on peut supposer que la paire (A,C) n’a pas de q-cellules relatives pour<br />

tout q n et la paire (B,C) n’a pas de p-cellules relatives pour tout p m en vertu<br />

du théorème d’approximation <strong>des</strong> tria<strong>des</strong> excisives. On peut aussi supposer que<br />

(A,C) et (B,C) ont au moins une cellule relative car autrement on aurait A=C et<br />

X=B (ou B=C et X=A) et donc π q (A, C) = 0 = π q (X, B) (ou π q (A, C) = π q (X, B)) ce<br />

qui permettrait de conclure que π q (X; A, B) = 0.<br />

Pour montrer que π q (X; A, B) = 0 on va considérer una application pointée<br />

f : I q → X satisfaisant les hypothèses du groupe d’homotopie d’une triade et<br />

montrer qu’elle est homotope à l’application nulle. Par compacité de I q on peut<br />

supposer que X a un nombre fini de cellules, ce qui nous permet de faire les deux<br />

inductions suivantes :<br />

Si le résultat est vrai quand (A,C) a une seule cellule alors il vrai en général par<br />

induction car si on considère les espaces C ⊂ A ′ ⊂ A où A’ est tel que A est obtenu<br />

en attachant une cellule à A’ et (A’,C) a une cellule en moins que (A,C) alors en<br />

posant X ′ = A ′ ∪ C B on a que π q (X ′ ; A ′ , B) = 0 = π q (X; A, X ′ ). La première égalité est<br />

véréfiée par hypothèse de recurrence et la deuxième puisque (A, A ∩ X ′ ) = (A, A ′ )<br />

est obtenue en ajoutant une cellule. On applique le lemme <strong>des</strong> cinq à la suite exacte<br />

du triple (A ;A’,C) et (X ;X’,B) :<br />

π q (A, A ′ )<br />

π q (A ′ , C)<br />

π q (A, C)<br />

π q−1 (A, A ′ )<br />

π q−1 (A ′ , C)<br />

π q (X, X ′ ) π q (X ′ , B) π q (X, B) π q−1 (X, X ′ ) π q−1 (X ′ , B)<br />

Les carrés commutent car il s’agit essentiellemment d’inclusions et les quatre<br />

flèches verticales externes sont <strong>des</strong> isomorphismes puisque π q (X ′ ; A ′ , B) = 0 =<br />

π q (X; A, X ′ ).


88 7. LE THÉORÈME D’EXCISION EN HOMOTOPIE<br />

De même si le résultat est vrai lorsque (B,C) a une seule cellule alors il est vrai<br />

par induction en toute généralité car si on pose C ⊂ B ′ ⊂ B tel que (B,B’) a une<br />

cellule et (B,C) a une cellule de plus que (B’,C) alors en posant X ′ = A ∪ C B ′ le<br />

résultat est vrai par hypothèse de recurrence pour (X’ ;A,B’) et (X ;X’,B) donc pour<br />

(A, C) → (X ′ , B ′ ) et (X ′ , B ′ ) → (X, B). Ainsi il est vrai pour (A, C) → (X ′ , B ′ ) → (X, B).<br />

Par tout ce qui precède on peut supposer que (X ;A,B) est une CW-triade avec<br />

C = A ∩ B, X = A ∪ C B, A = C ∪ D m et B = C ∪ D n où m 2 et n 1. Choisissons<br />

un point de base ⋆ ∈ C et considérons une application<br />

f : (I q , I q−2 × {1} × I, I q−1 × {1} , (∂I q−2 × I ∪ I q−2 × {0}) × I q−1 × {0}) → (X; A, B, ⋆)<br />

On veut montrer que f est homotope à l’application constante quelque soit 2 q <br />

m + n − 2.<br />

Pour deux points x ∈ int(D m ) et y ∈ int(D n ) on a les inclusions de tria<strong>des</strong><br />

suivantes : (A; A, A \ {x}) ⊂ (X \ { y } , A, X \ { x, y } ) ⊂ (X; A, X \ {x}) ⊃ (X; A, B). Comme<br />

D m \ {x} S m−1 et D n \ { y } S n−1 on a que les deux premières tria<strong>des</strong> et les<br />

deux dernières ont le même type d’homotopie vu que X est obtenu en ajoutant<br />

une boule D m à C pour former A et une boule D n à C pour construire B. La<br />

première et la troisième inclusion induisent donc <strong>des</strong> isomorphismes entre les<br />

groupes d’homotopie <strong>des</strong> tria<strong>des</strong>. Ainsi par la suite exacte d’une triade on a que<br />

π q (A; A, A ′ ) = 0 pour tout sous-espace A ′ ⊂ A. On veut montrer que f est homotope<br />

à une application f’ dont l’image est dans (X \ { y } ; A, X \ { y, x } ) ≃ (A; A, A ′ ) pour<br />

<strong>des</strong> certains x et y. Cela suffira pour prouver que f est homotopiquement nulle.<br />

Soit D m 1/2 ⊂ Dm et D n 1/2 ⊂ Dn les boules de rayon 1/2. On peut diviser I q en<br />

sous-cubes I q a de telle sorte que f (Ia) q ⊂ int(D n ) si I q a ∩ D m ∅ et de même pour<br />

1/2<br />

D n . On admet que f est homotope à une application g telle que la restriction au<br />

(m-1)-squelette de I q ne recouvre pas D m 1/2 et la restriction au (n-1)-squelette de Iq ne<br />

recouvre pas D n 1/2 . On admet aussi que la dimension de g−1 (y) est au plus q-n, où<br />

y est un point de D n qui n’est pas touché par la restriction de g au (n-1)-squelette<br />

1/2<br />

de I q . Soit p : I q → I q−1 la projection sur les premières (q-1) coordonnèes. Posons<br />

K = p −1 (p(g −1 (y))), on a alors dimK dimg −1 (y) + 1 q − n + 1 m − 1. Ainsi<br />

g(K) ne recouvre pas D m 1/2 . Soit x ∈ Dm 1/2 \ g(K), comme g(∂Iq−1 × I) ⊂ A on a que<br />

p(g −1 (x)) ∪ ∂I q−1 et p(g −1 (y)) sont deux fermés disjoints de I q−1 . Par le théorème<br />

de Uryshon il existe une application v : I q−1 → I avec v(p(g −1 (x)) ∪ ∂I q−1 ) = 0 et<br />

v(p(g −1 (y))) = 1.<br />

Posons h : I q+1 → I q ; (r, s, t) ↦→ (r, s − stv(r)) où r ∈ I q−1 et s, t ∈ I. Posons aussi<br />

f ′ = g◦h 1 où h 1 (r, s) = h(r, s, 1). On a alors que h(r, s, 0) = (r, s) donc g◦h(r, s, 0) = g(r, s)<br />

et h(r, s, t) = (r, s) si r ∈ ∂I q−1 . De plus si r ∈ p(g −1 (x)) alors h(r, s, t) = (r, s) et si<br />

r ∈ p(g −1 (y)) alors h(r, s, t) = (r, s − st). Ainsi h est une homotopie entre applications<br />

de tetraèdre qui va de g vers f’ et l’image de f’ est dans (X \ { y } ; A, X \ { y, x } ) □<br />

COROLLAIRE 7.9.<br />

Si (X ;A,B) est une triade excisive avec C = A ∩ B ∅ et (A, C) (n-1)-connexe et (B,C)


7. LE THÉORÈME D’EXCISION EN HOMOTOPIE 89<br />

(m-1)-connexe pour <strong>des</strong> entiers m 2, n 1, alors l’inclusion (A, C) → (X, B) est une<br />

(m+n-2)-équivalence.<br />

DÉMONSTRATION. Il suffit d’appliquer le résultat du théorème ci-<strong>des</strong>sus à la<br />

suite exacte d’une triade.<br />

□<br />

COROLLAIRE 7.10.<br />

Soit f : X → Y une application basée entre deux espaces pointés non-dégénérés et (n-1)-<br />

connexes pour un n 2. On a alors que Cf est (n-1)-connexe et π q (M f, X) → π n (C f, ⋆)<br />

est un isomorphisme.<br />

DÉMONSTRATION. Sans preuve.<br />


CHAPITRE 8<br />

Homologie cellulaire<br />

1. Axiomes pour une théorie d’homologie<br />

DÉFINITION 8.1.<br />

Une application entre paires topologiques f : (X, A) → (Y, B) est une équivalence<br />

faible si les applications f : X → Y et f | A : A → B sont <strong>des</strong> équivalences faibles.<br />

THÉORÈME 8.2.<br />

Soit G un groupe abélien. Pour tout entier q ∈ Z il existe un foncteur H q de la catégorie<br />

<strong>des</strong> paires topologiques, avec les classes d’applications homotopes comme morphismes,<br />

vers la catégorie <strong>des</strong> groupes abéliens et une transformation naturelle ∂ : H q (X, A; G) →<br />

H q−1 (A, ∅; G) = H q−1 (A; G) qui satisfont et qui sont carctérisés par les axiomes suivants :<br />

(1) Si X est un point alors H 0 (X) = G et H q (X) = 0 pour tout q 0.<br />

(2) Si (X ;A,B) est une triade excisive alors l’inlcusion (A, A ∩ B) → (X, B) induit<br />

un isomorphisme H q (A, A ∩ B; G) → H q (X, B; G) pour tout entier q.<br />

(3) Soit i : A → X et j : (X, ∅) → (X, B) les inclusions, alors la lungue suite suivante<br />

est exacte :<br />

... H q (A; G)<br />

H q (i) H q (X; G)<br />

H q (j) H q (X, A; G)<br />

∂<br />

H q−1 (A; G) ...<br />

(4) Si (X,A) est l’union disjointe de l’ensemble de paires (X k , A k ) k∈K alors les inclusions<br />

i k : (X k , A k ) → (X, A) induisent un isomorphisme ∑ k H q (X k , A k ; G) →<br />

H q (X, A; G) pour tout entier q.<br />

(5) Soit f : (X, A) → (Y, B) une équivalence faible, alors H q ( f ) : H q (X, A; G) →<br />

H q (X, B; G) est un isomorphisme pour tout entier q.<br />

THÉORÈME 8.3.<br />

Soit G un groupe abélien. Pour tout entier q ∈ Z il existe un foncteur H q de la catégorie <strong>des</strong><br />

CW-paires , avec les classes d’applications cellulaires homotopes par homotopie cellulaire<br />

comme morphismes, vers la catégorie <strong>des</strong> groupes abéliens et une transformation naturelle<br />

∂ : H q (X, A; G) → H q−1 (A, ∅; G) = H q−1 (A; G) qui satisfont et qui sont carctérisés par les<br />

axiomes suivants :<br />

91


92 8. HOMOLOGIE CELLULAIRE<br />

(1) Si X est un point alors H 0 (X) = G et H q (X) = 0 pour tout q 0.<br />

(2) Si (X ;A,B) est une CW-triade alors l’inlcusion (A, A ∩ B) → (X, B) induit un<br />

isomorphisme H q (A, A ∩ B; G) → H q (X, B; G) pour tout entier q.<br />

(3) Soit i : A → X et j : (X, ∅) → (X, B) les inclusions, alors la lungue suite suivante<br />

est exacte :<br />

... H q (A; G)<br />

H q (i) H q (X; G)<br />

H q (j) H q (X, A; G)<br />

∂<br />

H q−1 (A; G) ...<br />

(4) Si (X,A) est l’union disjointe de l’ensemble de paires (X k , A k ) k∈K alors les inclusions<br />

i k : (X k , A k ) → (X, A) induisent un isomorphisme ∑ k H q (X k , A k ; G) →<br />

H q (X, A; G) pour tout entier q.<br />

Une telle théorie est déterminée et détermine une théorie du théorème précédent.<br />

DÉMONSTRATION. Avant de construire explicitement une telle théorie on prouve<br />

la dernière assertion. Si on a une théorie comme au premier théorème alors sa<br />

restriction au CW-complexes satisfait directement toutes les conditions sauf la<br />

deuxième pour lauqelle il suffit d’invoquer le fait, montré au chapitre 2, que<br />

toute CW-triade (X ;A,B) est homotopiquement équivalente à une triade excisive<br />

(X’ ;A’,B’) et donc : H q (A, A ∩ B; G) H q (A ′ , A ′ ∩ B ′ ; G) H q (X ′ , B ′ ; G) H q (X, B; G).<br />

Inversement si on a une théorie d’homologie sur les CW-paires on se fixe<br />

un foncteur d’approximation Γ et on pose H q (X, A; G) = H q (ΓX, ΓA; G) et H q ( f ) =<br />

H q (Γ f ) pour toute application f : (X, A) → (Y, B). Grâce à nos connaissences sur<br />

les CW-complexes il n’est pas difficile de se persuader que H q et ∂ satisfont aux<br />

conditions du premier théorème.<br />

□<br />

DÉFINITION 8.4.<br />

Une théorie d’homologie est une théorie satisfaisante les théorèmes qu’on vient<br />

d’énoncer.<br />

REMARQUE 8.5.<br />

L’extension d’une théorie d’homologie sur les CW-complexes vers une théorie<br />

d’homologie sur les espaces topologiques est indépendante, à isomorphisme près,<br />

du choix du foncteur d’approximation : si γ : (ΓX, ΓA) → (X, A) et γ ′ : (Γ ′ X, Γ ′ A) →<br />

(X, A) sont deux approximations de la paire (X,A) alors par le théorème d’approximation<br />

<strong>des</strong> paires il existe une application φ : (ΓX, ΓA) → (Γ ′ X, Γ ′ A) faisant<br />

commuter homotopiquement le diagramme :<br />

(Γ ′ X, Γ ′ A)<br />

φ<br />

γ<br />

<br />

′<br />

(ΓX, ΓA) (X, A)<br />

γ


1. AXIOMES POUR UNE THÉORIE D’HOMOLOGIE 93<br />

Ainsi φ ∗ = γ ′−1<br />

∗ ◦ γ ∗ est un isomorphisme donc φ est une équivalence faible et<br />

donc une équivalence d’homotopie. On en tire que H q (ΓX, ΓA) H q (Γ ′ X, Γ ′ A).<br />

Analoguement on montre que H q (Γ f ) = H q (Γ ′ f ).<br />

On va maintenant construire une théorie d’homologie sur les CW-complexes.<br />

On pose G = Z et on note H q (X, A; Z) = H q (X, A). Dans ce paragraphe toute<br />

construction sera non réduite. Donné un CW-complexe X on construit un complexe<br />

de chaînes C ∗ (X) dont les modules C n (X) sont les groupes abéliens libres de base<br />

les n-cellules de X. On va définir les applications d n : C n (X) → C n+1 (X) de deux<br />

façons différentes. Pour le faire on a besoin de quelques préliminaires.<br />

Soit f : S n1 → S n1 une application continue et f ∗ : π n (S n ) → π n (S n ) l’homomorphisme<br />

induit. Comme π n (S n ) Z on a que f ∗ (n) = n f ∗ (1), on appelle f ∗ (1) le<br />

degré de f. On a que S n D n /S n−1 ΣS n−1 . Fixons les homéomorphismes suivants :<br />

v n : D n /S n−1 → S n<br />

(tx 1 , ..., tx n ) ↦→ ( √ 1 − (2t − 1) 2 x 1 , ..., √ 1 − (2t − 1) 2 x n , 2t − 1)<br />

où t ∈ I et x ∈ S n−1 , ainsi v n envoie le rayon qui relie 0 à x vers la longitude passant<br />

par (x,0) ;<br />

et<br />

⎛<br />

(x 1 , ..., x n+1 ) ↦→<br />

⎜⎝<br />

i n : S n → ΣS n−1<br />

1<br />

√<br />

Σ n i=1 x2 i<br />

x 1 , ...,<br />

( )<br />

1 xn+1 + 1<br />

√ x n ∧<br />

⎞⎟<br />

Σ n ⎠ 2<br />

i=1 x2 i<br />

τ n : (D n , S n−1 ) → (CS n−1 , S n−1 )<br />

(tx 1 , ..., tx n ) ↦→ (x 1 , ..., x n ) ∧ (1 − t)<br />

On note également τ n pour l’homéomorphisme induit D n /S n−1 CS n−1 /S n−1 =<br />

ΣS n−1 .<br />

LEMME 8.6.<br />

Le diagramme suivant est homotopiquement commumtatif :<br />

D n ∪ S n−1 CS n−1 q<br />

ψ<br />

ΣS n−1<br />

D n /S n−1 v n<br />

S n i n<br />

où ψ est l’équivalence d’homotopie donnée au lemme 5.12 et q est la projection dans le<br />

quotient.


94 8. HOMOLOGIE CELLULAIRE<br />

DÉMONSTRATION. Clairement D n ∪ S n−1 CS n−1 D n × {0} ∪ S n−1 CS n−1 et donc tout<br />

point dans D n ∪ S n−1 CS n−1 est de la forme (rx,s) avec x ∈ S n−1 et s, r ∈ I. Avec ces<br />

notations on a que i n ◦ v n (rx 1 , ..., rx n ) = (x 1 , ..., x n ) ∧ r = −τ n (rx 1 , ..., rx n ) où on pose<br />

−(x ∧ t) = x ∧ (1 − t). Ainsi l’application :<br />

h : D n ∪ S n−1 CS n−1 × I → ΣS n−1 ;<br />

est une homotopie de i n ◦ v n ◦ ψ vers q.<br />

(rx, s, t) ↦→ x ∧ (r − t(r − s))<br />

□<br />

Revenons a notre CW-complexe X et regardons une n-cellule comme une application<br />

entre paire j : (D n , S n−1 ) → (X n , X n−1 ). Cela induit un homéomorphisme<br />

α : ∨ i D n /S n−1 → X n /X n−1 dont la restriction au j-ème sommand et donnée par j.<br />

Posons q j : X n /X n−1 → S n définie par v n ◦ α −1 sur le j-ème sommand et par l’application<br />

constante vers le point de base sur les autres. Si n=0 on pose D 0 = {⋆},<br />

S −1 = X −1 = ∅ et X 0 /∅ = X+ 0 qu’on peut identifier avec le wedge de autant de copies<br />

de S 0 que de sommets dans X. On prend S 0 = {−1, +1} avec 1 comme point de base.<br />

Soit n 1, j une n-cellule et i une (n-1)-cellule. Considérons l’application<br />

composée :<br />

S n−1<br />

j<br />

<br />

X n−1 ρ X n−1 /X n−2 q i<br />

<br />

Si n=1 on pose ρ comme étant l’inclusion. Si n 2 on note a ij le degré de cette<br />

application et on pose d n (j) = Σ i a ij (i), si n=1 on pose d 1 (j) = j(1) − j(−1). Ces<br />

définitions sont bien posées puisque j(S n−1 ) est compact donc ne rencontre qu’un<br />

nombre fini de (n-1)-cellule et ainsi la somme est nulle partout sauf en un nombre<br />

fini de position. En étendant ces applications définies sur la base <strong>des</strong> groupes C n (X)<br />

par Z-linéarité on a un candidat pour être un complexe de chaînes grâce auquel<br />

poser H ∗ (X) = H ∗ (C ∗ (X)). Pour montrer que d n ◦d n−1 = 0 on construit d n d’une autre<br />

façon faisant appelle aux cofibrations.<br />

Notons ∂ n : X n /X n−1 → Σ(X n−1 /X n−2 ) la composée :<br />

S n−1<br />

X n /X n−1 ψ−1 C i q <br />

ΣX n−1 Σρ Σ(X n−1 /X n−2 )<br />

avec i : X n−1 → X n l’inclusion et ψ comme au lemme 5.12. On va montrer que ∂ n<br />

induit d n via l’application d’un foncteur. Pour cela on a besoin <strong>des</strong> définitions et<br />

du lemme suivant.<br />

DÉFINITION 8.7.<br />

Soit X un espace pointé (n-1)-connexe. Notons ˜H ′ (X) le groupe abélien libre de base<br />

0<br />

π 0 (X) \ [c ⋆ ], ˜H ′ 1 (X) l’abelianisé du groupe fondamental et ˜H n(X) ′ le n-ème groupe<br />

d’homotopie pour tout n 2.<br />

REMARQUE 8.8.<br />

Si X est (n-1)-connexe alors le théorème de Freudenthal nous assure que ΣX est<br />

n-connexe.


1. AXIOMES POUR UNE THÉORIE D’HOMOLOGIE 95<br />

DÉFINITION 8.9.<br />

Soit X un espace (n-1)-connexe. Définissons Σ : ˜H n(X) ′ → ˜H ′ n+1 (ΣX) par Σ [ f ] =<br />

[ ] Σ f ◦ in+1 où f : S n → X et donc Σ f ◦ i n+1 : S n+1 → ΣS n → ΣX. Cela n’a du sens<br />

que si n 1. Si n=0 on pose Σ [x] = [ f⋆ −1 · f x]<br />

où x ∈ X n’est pas dans la composante<br />

connexe par arcs de ⋆ et f x est le chemin t ↦→ x ∧ t dans la suspension non réduite.<br />

LEMME 8.10.<br />

Si X est un wedge de n-sphères alors Σ : ˜H n(X) ′ → ˜H ′ (ΣX) est un isomorphisme.<br />

n+1<br />

DÉMONSTRATION. Remarquons d’abord que X est (n-1)-connexe par le théorème<br />

de Van Kampen et donc ˜H n(X) ′ est défini. Prouvons que ˜H n(X) ′ est un groupe abélien<br />

libre de base les inclusions <strong>des</strong> sphères dans le wedge. Pour n=0 l’assertion est vraie<br />

par définition, pour n=1 on a ˜H ′ (X) = ab(∗Z) = ×Z où le produit libre et le produit<br />

1<br />

direct se font sur les sommands du wedge.<br />

Supposons maintenant n 2. Le groupe ˜H ′ n(X) est abélien par définition et il<br />

faut prouver que toute application f : S n → X est homotope à un certain produit<br />

d’inclusions i 1 , ..., i n : S n → X. On va le prouver en considérant seulement les n-<br />

sphères de X touchées par f (S n ) qui sont en nombre fini. On peut donc supposer<br />

que X est un wedge fini. Considérons la CW-paire (×S n , ∨S n ) dont les produits sont<br />

finis et obtenue en collant <strong>des</strong> cellules de dimension supérieure à 2n-1 sur ∨S n .<br />

(C’est le cas puisque dans la construction comme CW-complexe produit de ×S n<br />

les seules q-cellules avec q¡2n sont de la forme {⋆} × ... × D n × ... × {⋆} et donc le<br />

seul q-squelette avec q¡2n est le n-ème qui vaut exactement ∨S n ). Comme toute<br />

application entre CW-complexe est homotope à une application cellulaire on a<br />

que toute application g : D n+1 → ×S n est homotope à ḡ : D n+1 → ∨S n vu que le<br />

(n+1)-squelette de la paire est le wedge. Ainsi π n+1 (×S n , ∨S n ) = 0 = π n (×S n , ∨S n ).<br />

En considérant la suite exacte de cette paire on obtient :<br />

0 π n (∨S n ) π n (×S n ) 0<br />

et donc π n (∨S n ) π n (×S n ) = ×Z. Cet isomorphisme nous dit que notre application<br />

f du départ s’écrit bien comme produit d’inclusions. On conclut gràce au théorème<br />

de Freudenthal et à l’homéomorphisme φ : ∨(ΣS n ) → Σ(∨S n ) ; (⋆, ..., x ∧ t, ..., ⋆) ↦→<br />

(⋆, ..., x, ...⋆) ∧ t puisque :<br />

π n (∨S n ) = ×Z = ×π n (S n ) = ×π n+1 (S n+1 ) = π n+1 (∨(ΣS n )) = π n+1 (Σ(∨S n ))<br />

□<br />

Revenons à notre CW-complexe X et considérons comme base de ˜H ′ n(X n /X n−1 )<br />

les classes d’homotopie <strong>des</strong> composées :<br />

j ◦ v −1<br />

n<br />

: S n → D n /S n−1 → X n /X n−1


96 8. HOMOLOGIE CELLULAIRE<br />

LEMME 8.11.<br />

L’application d n : C n (X) → C n−1 (X) corréspond à la composée :<br />

d ′ n = Σ −1 ◦ (∂ n ) ∗ : ˜H ′ n(X n /X n−1 ) → ˜H ′ n(Σ(X n−1 /X n−2 )) → ˜H ′ n−1 (Xn−1 /X n−2 )<br />

DÉMONSTRATION. Les groupes d’arrivée et de départ <strong>des</strong> deux applications sont<br />

isomorphes puisque il s’agit de groupes libres abéliens de même base. (A l’élément<br />

j de la base de C n (X) corréspond l’élément j ◦ v −1<br />

n de la base de ˜H n(X ′ n /X n−1 )).<br />

Considérons le remarquable diagramme commutatif suivant :<br />

S n a ij<br />

<br />

<br />

i n<br />

v −1<br />

n<br />

<br />

D n /S n−1 ψ −1 <br />

D n ∪ CS n−1 q<br />

ΣS n−1 a ij<br />

<br />

j<br />

j∪C i<br />

<br />

X n /X n−1 ψ −1 <br />

X n ∪ CX n−1 q<br />

Σj<br />

[<br />

j ◦ v<br />

−1<br />

n<br />

ΣX n−1<br />

S n<br />

i −1<br />

n<br />

ΣS n−1<br />

Σq i<br />

Σ(X n−1 /X n−1 )<br />

Σρ<br />

]<br />

= Σ −1 (∂ n ) ∗<br />

[<br />

j ◦ v<br />

−1<br />

n<br />

]<br />

=<br />

∑<br />

i a ′ ij<br />

[ ]<br />

j ◦ v<br />

−1<br />

n−1<br />

La ligne du bas est, par définition, ∂ n et d ′ n<br />

pour <strong>des</strong> certains a ′ ij ∈ Z. Par définition de q i on a que q i ◦ i ◦ v −1<br />

n−1 : Sn−1 → S n−1 est<br />

l’identité pour tout i. De plus le diagramme suivant est également commutatif :<br />

ΣS n−1<br />

<br />

Σq i<br />

Σ(X n−1 /X n−2 )<br />

Σ<br />

Σ<br />

S n−1<br />

q i<br />

X n−1 /X n−2<br />

avec <strong>des</strong> isomorphismes de groupes sur les flêches horizontales lorsque on applique<br />

le foncteur π n . Le degré de l’application obtenue en parcourant par le bas<br />

le digramme en partant de la n-sphère en haut à gauche vers celle en haut à droite<br />

est le même de celle s’arretant en ΣS n−1 vu que i −1<br />

n est un homéomorphisme. Ce<br />

degré est le type d’homotopie de Σq i ◦ ∂ n ◦ j ◦ v −1<br />

n−1 qui vaut : [ ]<br />

Σq i ◦ ∂ n ◦ j ◦ v −1<br />

n =<br />

[ ] [ ]<br />

(Σq i ) ∗ ◦(∂ n ) ∗ j ◦ v<br />

−1<br />

n = Σ∗ ◦(q i ) ∗ ◦Σ −1<br />

∗ ◦(∂ n ) ∗ j ◦ v<br />

−1<br />

n = Σ∗ ◦(q i ) ∗ ( ∑ [ ]<br />

i a ′ ij j ◦ v<br />

−1<br />

n−1 ) = a<br />

′<br />

ij .<br />

Par commutativité du diagramme on a a ij = a ′ ij et donc d n = d ′ n.<br />

□<br />

LEMME 8.12.<br />

d n−1 ◦ d n = 0


1. AXIOMES POUR UNE THÉORIE D’HOMOLOGIE 97<br />

DÉMONSTRATION. Considérons le diagramme commutatif suivant :<br />

X n ∪ CX n−1<br />

q<br />

ΣX n−1 Σi<br />

Σ(X n−1 ∪ i X n−2 )<br />

Σq<br />

Σ 2 X n−2<br />

ψ<br />

Σρ<br />

X n /X n−1 ∂ n<br />

Σ(X n−1 /X n−2 )<br />

id<br />

Σψ<br />

Σ(X n−1 /X n−2 )<br />

Σ∂ n−1<br />

Σ 2 ρ<br />

Σ 2 X n−2 /X n−3<br />

Le carré de gauche commute par définition de ∂ n , celui de droite par fonctorialité<br />

de la suspension. On vérifie facilement que le carré du milieu commute également<br />

en suivant les flèches. Comme q◦i : X n−1 → X n−1 ∪ i CX n−2 → ΣX n−2 est l’application<br />

triviale, Σq◦Σi est triviale et donc par commutativité du diagramme Σ∂ n−1 ◦∂ n = 0.<br />

On en déduit que d n−1 ◦ d n = d ′ n−1 ◦ d′ n = Σ −1 ◦ (∂ n−1 ) ∗ ◦ Σ −1 ◦ (∂ n ) ∗ = 0 puisque par<br />

naturalité de Σ en homologie le diagramme suivant commute :<br />

˜H ′ n(Σ(X n−1 /X n−2 ))<br />

Σ −1<br />

˜H ′ n−1 (Xn−1 /X n−2 )<br />

(Σ∂ n−1 ) ∗<br />

<br />

˜H ′ n(Σ 2 (X n−2 /X n−3 ))<br />

(∂ n−1 ) ∗<br />

Σ −1 ˜H ′ n−1 (Σ(Xn−2 /X n−3 ))<br />

□<br />

Ce longue discours téchnique nous permet de définir une théorie d’homologie<br />

sur les CW-complexes et donc sur les paires topologiques (via le choix d’un foncteur<br />

d’approximation).<br />

DÉFINITION 8.13.<br />

Soit X un CW-complexe avec le point de base ⋆ en un sommet. Notons (C ∗ (X), d ∗ )<br />

le complexe de chaînes qu’on vient de construire.<br />

(1) Le n-ème groupe d’homologie cellulaire de X est le groupe H n (X) =<br />

H n (C ∗ (X)).<br />

(2) Le n-ème groupe d’homologie cellulaire réduite est le groupe ˜H n (X) =<br />

H n (˜C ∗ (X)) où ˜C ∗ (X) = ˜C ∗ (X)/˜C ∗ (⋆).<br />

(3) Soit A un sous complexe de X. Le n-ème groupe d’homologie cellulaire<br />

de la paire (X,A) est le groupe H n (X, A) = H n (C ∗ (X, A)) où C ∗ (X, A) =<br />

C ∗ (X)/C ∗ (A) ˜C ∗ (X/A).<br />

(4) Soit G un groupe abélien. Le n-ème groupe d’homologie cellulaire de la<br />

paire (X,A) à coefficients dans G est le groupe H n (X, A; G) = H n (C ∗ (X, A; G))<br />

où C ∗ (X, A; G) = C ∗ (X, A) ⊗ G.<br />

Les deux résultats suivants, bien que fondamentaux, sont admit sans démonstration.<br />

THÉORÈME 8.14.<br />

La définition 8.13 définit bien une théorie d’homologie sur les CW-complexes.


98 8. HOMOLOGIE CELLULAIRE<br />

THÉORÈME 8.15.<br />

Si X et Y sont deux CW-complexes alors C ∗ (X × Y) C ∗ (X) ⊗ C ∗ (Y).<br />

2. Homologie réduite<br />

Dans ce paragraphe on présénte quelque résultat concernant l’homologie<br />

réduite qu’on utilisera dans la preuve du théorème de Hurewicz.<br />

Pour un espace topologique pointé (X, {⋆}) on note H q (X) = H q (X, ∅) le n-ème<br />

groupe d’homologie et ˜H q (X) = H q (X, ⋆) le n-ème groupe d’homologie réduite où<br />

on considère une théorie d’homologie arbitraire. Posons p : X → {⋆} l’application<br />

triviale et H q (p) l’application induite en homologie. Le troisième axiome pour une<br />

théorie d’homologie nous donne la suite exacte scindée :<br />

... H q (⋆) H q (X) H q (X, ⋆) ...<br />

H q (p)<br />

et donc on a que H q (X) ˜H q (X) ⊕ H q (⋆). Pour un point de base ⋆ dans un sousespace<br />

⋆ ∈ A ⊂ X on a l’inclusion i : A → X, l’inclusion de paire j : (A, ⋆) → (X, ⋆)<br />

et les applications induites<br />

et<br />

H q (i) : ˜H q (A) ⊕ H q (⋆) H q (A) → H q (X) ˜H q (X) ⊕ H q (⋆)<br />

H q (j) : ˜H q (A) H q (A, ⋆) → H q (X, ⋆) ˜H q (X)<br />

Ainsi H q (i) envoie isomorphiquement H q (⋆) dans H q (⋆) vu que i et j coïncident sur<br />

A. Il en résulte que si on regarde la suite exacte donnée en axiome :<br />

˜H q (A) ⊕ H q (⋆)<br />

H q (i) ˜H q (X) ⊕ H q (⋆) H q(j)<br />

H q (X, A)<br />

∂ ˜H q−1 (A) ⊕ H q (⋆)<br />

alors H q (⋆) ⊂ Im(H q (i)) = ker(H q (j)) donc Im(H q (j)) = Im(H q (j)|˜H q<br />

) et Im(∂) =<br />

(X)<br />

ker(H q (j)) ⊂ ˜H q−1 (A). Ainsi on a une longue suite exacte pour l’homologie réduite :<br />

... ˜H q (A) ˜H q (X) H q (X, A)<br />

∂<br />

˜H q−1 (A) ...<br />

PROPOSITION 8.16.<br />

Pour toute cofibration basée i : A → X l’application quotient p : (X, A) → (X/A, ⋆) induit<br />

un isomorphisme H q (p) : H q (X, A) → H q (X/A, ⋆) ˜H q (X/A) pour tout entier q.


2. HOMOLOGIE RÉDUITE 99<br />

DÉMONSTRATION. Considérons la cofibre non réduite Ci = X ∪ i CA et la triade<br />

excisive<br />

(Ci, X ∪ i A × [0, 2/3] , (A × [1/3, 1])/(A × {1}))<br />

L’axiome d’excision nous dit que la ligne du haut du diagramme commutatif<br />

suivant donne lieu à un isomorphisme lors du passage à l’homologie :<br />

(X ∪ i A × [0, 2/3] , A × [1/3, 2/3])<br />

φ<br />

(Ci, (A × [1/3, 1])/(A × {1}))<br />

r<br />

(X, A)<br />

p<br />

ψ<br />

(X/A, ⋆)<br />

où r est la restriction de la retraction par déformation Mi → X et donc une<br />

équivalence d’homotopie et ψ est l’application de quotientage qui est une équivalence<br />

d’homotopie en vertu du lemme 5.12. Ainsi le passage à l’homologie fournit un<br />

diagramme commutatif dont les applications induites par r, φ et ψ sont <strong>des</strong> isomorphisme<br />

et donc H q (p) l’est aussi.<br />

□<br />

PROPOSITION 8.17.<br />

Pour un espace non-dégénéré (X, ⋆) il existe un isomorphisme Σ : ˜H q (X) → ˜H q+1 (ΣX).<br />

DÉMONSTRATION. On rappelle que un espace pointé (X, ⋆) est non-dégénéré<br />

si l’inclusion i : {⋆} → X est une cofibration basée, ou de façon équivalente si<br />

({⋆} × X ∪ X × {0}) est un retracte par déformation de X × I. Ainsi CX est contractile<br />

et donc ˜H q (CX) = 0. Considérons la longue suite exacte de l’homologie réduite :<br />

... 0 = ˜H q (CX) H q (CX, X) ˜H q−1 (X) ˜H q−1 (CX) = 0 ...<br />

De plus l’inclusion X → CX est une cofibration basée par le lemme 5.10. On peut<br />

appliquer la proposition précédente et obtenir<br />

˜H q (ΣX) ˜H q (CX/X) H q (CX, X) ˜H q−1 (X)<br />

□<br />

COROLLAIRE 8.18.<br />

Pour tout entier positif q et n on a que ˜H q (S n ) H q−n (⋆).<br />

DÉMONSTRATION. Par l’axiome de additivité on a que H q (S 0 ) = H q (⋆) ⊕ H q (⋆)<br />

et donc ˜H q (S 0 ) = H q (⋆). Par la proposition ci-<strong>des</strong>sus on a ˜H q (S n ) ˜H q (Σ n S 0 ) <br />

˜H q−n (S 0 ) H q−n (⋆).<br />

□<br />

COROLLAIRE 8.19.<br />

Si X = ∨ k∈K S n k est un wedge de n-sphères alors ˜H n (X) = ⊕ k∈K Z.


100 8. HOMOLOGIE CELLULAIRE<br />

DÉMONSTRATION. Par l’axiome de additivité H n (∐ k∈K S n , { points de base } ) = ⊕ k∈K Z<br />

et par la proposition 8.16 on a :<br />

˜H n (∨ k∈K S n ) ˜H n ((∐ k∈K S n )/ { points de base } ) H n (∐ k∈K S n , { points de base } ) = ⊕ k∈K Z<br />

□<br />

3. Exemples<br />

La construction de l’homologie cellulaire est très téchnique mais, dans certains<br />

cas, elle nous permet de calculer les groupes d’homologie plus facilement que<br />

l’homologie singulière. Fixons un groupe abélien G.<br />

(1) Calculons les groupes d’homologie de la sphère S n . Si n¿0 on considère la<br />

contruction de S n avec un sommet et une n-cellule ce qui donne lieu au<br />

complexe de chaînes :<br />

C ∗ (S n ; G) = 0 → G → 0 → ... → 0 → G → 0<br />

Si n=0, S 0 est un CW-complexe formé de deux sommets et on a C ∗ (S 0 ; G) =<br />

0 → G 2 → 0. Ainsi on obtient directement les résultats suivants :<br />

⎧<br />

G 2 , si n = 0 et q = 0 ;<br />

0, si n = 0 et q 0 ;<br />

⎪⎨<br />

H q (S n ; G) = G, si n 0 et q = 0 ;<br />

G, si n 0 et q = n ;<br />

⎪⎩ 0, si n 0, q 0 et q n.<br />

(2) Considérons le tore T 2 = S 1 × S 1 construit comme CW-complexe produit<br />

de deux cercles. On a le complexe de chaînes<br />

C ∗ (T 2 ; G) = 0<br />

G<br />

d 2<br />

G × G d 1<br />

G 0<br />

Les générateurs de G × G sont les 1-cellules e 1 , e 2 : {0, 1} → {⋆}. On a<br />

d 1 (e 1 ) = e 1 (1) − e 1 (0) = 0 = e 2 (1) − e 2 (0) = d 1 (e 2 ) et donc d 1 (G × G) = 0.<br />

Clairement d 0 (G) = 0. Le générateur j : S 1 → S 1 ∨S 1 du G à gauche enroule<br />

le premier quart de S 1 sur le premier cercle du wedge, le deuxième quart<br />

sur le deuxième cercle, le troisième quart sur le premier cercle en sens<br />

inverse et le quatrième quart sur le deuxième cercle en sens inverse. Ainsi<br />

la composée q i ◦ j : S 1 → X 1 = X 1 /X 0 → S n enroule un quart de S 1 sur<br />

i<br />

S 1 deux quarts sur le point de base et le quatrième quart sur S n au sens<br />

i i<br />

inverse. On a donc que q i ◦ j ≃ c ⋆ ce qui implique que deg(q i ◦ j) = 0 vu<br />

que 1 ∈ π 1 (S 1 ) est représenté par l’identité. Finalement on a d 2 (G) = 0 et<br />

on conclut que :<br />

⎧<br />

G, si q = 0 ou q = 2 ;<br />

⎪⎨<br />

H q (T 2 ; G) = G 2 , si q = 1 ;<br />

⎪⎩ 0, sinon.


3. EXEMPLES 101<br />

(3) Posons G = Z et considérons l’espace topologique RP 2 construit comme<br />

CW-complexe en collant une 2-cellule D 2 sur RP 1 S 1 via l’application<br />

j = ϕ ◦ q : S 1 → RP 1 → S 1 où ϕ est l’homéomorphisme entre RP 1 et S 1 .<br />

Ainsi RP 2 est un CW-complexe avec une 0-cellule, une 1-cellule et une<br />

2-cellule :<br />

C ∗ (RP 2 ; Z) = 0 Z d 2<br />

Z d 1<br />

Z 0<br />

Comme au point précédent on a que si e est le générateurs du groupe du<br />

milieu alors d 1 (e) = e(1)−e(0) = 0 vu que X 0 contient un seul point, donc on<br />

a d 1 (Z) = 0. Considérons maintenant le générateur j : S 1 → S 1 du groupe<br />

de gauche. Si on regarde de plus près l’homéomorphisme ϕ on remarque<br />

que il enroule S 1 deux fois sur lui même puisque RP 1 = (R 2 ) ∗ / ∼= S 1 / ∼<br />

S 1 via l’homéomorphisme qui pince le cercle à la taille et superpose les<br />

deux cercles obtenus. On en déduit que j ∗ [id S 1] = [ j ◦ id S 1] = 2 [idS 1] et<br />

donc d 2 (Z) = 2Z. Ce qui nous permet de conclure :<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

H q (R n ) =<br />

⎪⎩<br />

Z, si q = 0 ;<br />

Z/2Z, si q = 1 ;<br />

0, sinon .<br />

(4) Posons G = Z et notons K la bouteille de Klein. Si on regarde le carré<br />

à partir du quel on obtient K on voit sans peine qu’il s’agit d’un CWcomplexe<br />

avec une 0-cellule, deux 1-cellule et une 2-cellule puisqu’il est<br />

construit en partant du wedge de deux cercles sur lequel on colle en quatre<br />

étape le bord de D 2 de façon semblable à la construction de T 2 . La seule<br />

différence est donné par le fait que sur un <strong>des</strong> deux cercles du wedge,<br />

disons S 1 1 , les deux quarts de S1 qui se colle <strong>des</strong>sus le font dans la même<br />

direction. (Sur l’autre cercle du wedge c’est comme pour T 2 où les deux<br />

quarts de cercles se collent un dans le sense inverse de l’autre). On a le<br />

complexe de chaînes :<br />

C ∗ (K) = 0<br />

Z<br />

d 2<br />

Z × Z d 1<br />

Z 0<br />

Encore une fois d 1 (Z × Z) = 0 car on a une seule 0-cellule. Soit j : S 1 →<br />

S 1 ∨ S 1 le générateur du groupe de gauche et q i : S 1 1 ∨ S1 2 → S1 la i-<br />

i<br />

ème projection. Par définition de d 2 on a d 2 [id S 1] = a 1 [i 1 ] + a 2 [i 2 ] où<br />

[i 1 ] , [i 2 ] sont les générateurs de Z × Z et a i est le degré de q i ◦ j. Par les<br />

considérations faites sur la construction de K comme CW-complexe on a<br />

que (q 1 ◦ j) ∗ [id S n] = [ q 1 ◦ j ◦ id S n] = 2 [idS n] et (q 2 ◦ j) ∗ [id S n] = [ q 2 ◦ j ◦ id S n] =<br />

[id S n]. Ainsi d 2 (1) = (1, 2) et donc d 2 (Z) =< (1, 2) >⊂ Z × Z. Il en résulte<br />

que :<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

H q (K) =<br />

⎪⎩<br />

Z, si q = 0 ;<br />

Z × Z/2Z, si q = 1 ;<br />

0, sinon .


CHAPITRE 9<br />

Le théorème de Hurewicz<br />

Dans tout le chapitre on considère une théorie d’homologie arbitraire à coefficient<br />

dans Z. On note i 0 le générateur de ˜H 0 (S 0 ) et i n = Σ n i 0 celui de ˜H n (S n ) <br />

˜H n (ΣS 0 ). On notera également f ∗ pour une application induite H q ( f ).<br />

DÉFINITION 9.1.<br />

Soit (X, {⋆}) un espace basé. L’homomorphisme de Hurewicz est l’application h :<br />

π n (X) → ˜H n (X) ; [ f ] ↦→ f ∗ (i n ).<br />

LEMME 9.2.<br />

L’homomorphisme de Hurewicz est un homomorphisme de groupe pour tout n 1.<br />

DÉMONSTRATION. Pour deux applications f, g : S n → X on a que [ f ] + [ g ] est<br />

représenté par la composée :<br />

S n p S n ∨ S n f ∨g<br />

X ∨ X ∇ X<br />

où p pince S n à la taille et ∇ est l’application de pliage. Par l’axiome de excision on a<br />

que H n (S n ∨ S n , S n ) H n (S n , ⋆) = ˜H n (S n ) Z et on a la suite exacte de l’homologie<br />

réduite qui est scindée :<br />

0 ˜H n (S n ) = Z j ∗<br />

˜H n (S n ∨ S n )<br />

i ∗<br />

Z = H n (S n ∨ S n , S n ) = ˜H n (S n ∨ S n /S n )<br />

incl ∗<br />

0<br />

Ainsi p : S n → S n ∨ S n induit p ∗ : Z → Z ⊕ Z qui est telle que p ∗ (i n ) = i n + i n<br />

puisque si on considère q i : S n 1 ∨ Sn 2 → Sn i<br />

alors par la théorie élémentaire <strong>des</strong><br />

co-H-espaces on a que q i ◦ p ≃ id donc ((q i ) ∗ ◦ p ∗ )(i n ) = i n . L’assertion suit du fait que<br />

(q i ) ∗ : Z ⊕ Z → Z est la projection car q i ◦ j i : S n i<br />

→ S n 1 ∨ Sn 2 → Sn i<br />

est l’identité donc<br />

(q i ) ∗ ◦ (j i ) ∗ : Z → Z ⊕ Z → Z est l’identité et (j i ) ∗ est l’injection par la suite exacte<br />

ci-<strong>des</strong>sus.<br />

Considérons maintenant (∇ ◦ f ∨ g) ∗ : ˜H n (S n ∨ S n ) → ˜H n (X). L’application<br />

j i : S n → S n i 1 ∨ Sn 2 induit l’inclusion (j i) ∗ : Z → Z ⊕ Z par la suite exacte ci-<strong>des</strong>sus et<br />

(∇◦ f ∨g) ∗ ◦(j i ) ∗ = (∇◦ f ∨g◦ j i ) ∗ = f ∗ . Ainsi (∇◦ f ∨g) ∗ ◦(j 1 ) ∗ (x) = (∇◦ f ∨g) ∗ (x, 0) = f ∗ (x)<br />

103


104 9. LE THÉORÈME DE HUREWICZ<br />

et de même (∇ ◦ f ∨ g) ∗ (0, x) = g ∗ (x). Il en résulte que h( [ f ] + [ g ] ) = [ f + g ] (i n ) =<br />

f (i n ) + g(i n ) = h( [ f ] ) + h( [ g ] ).<br />

□<br />

LEMME 9.3.<br />

L’homomorphisme de Hurewicz est naturel et le diagramme suivant commute :<br />

π n (X)<br />

h<br />

˜H n (X)<br />

Σ<br />

π n+1 (ΣX)<br />

h<br />

Σ<br />

˜H n+1 (ΣX)<br />

DÉMONSTRATION. La naturalité de h est claire puisque si on a une application<br />

f : (X, x 0 ) → (Y, y 0 ) alors le diagramme suivant commute :<br />

π n (X)<br />

h<br />

<br />

˜H n (X)<br />

f ∗<br />

f ∗<br />

π n (Y)<br />

h<br />

˜H n (Y)<br />

vu que h( f ∗ ( [ g ] )) = h( [ f ◦ g ] ) = ( f ◦ g) ∗ (i n ) = f ∗ (g ∗ (i n )) = f ∗ (h [ g ] ).<br />

Par naturalité de Σ en homologie on a que le diagramme suivant commute :<br />

H n (X)<br />

f ∗<br />

H n (Y)<br />

Σ<br />

<br />

H n+1 (ΣX)<br />

Σ<br />

(Σ f ) ∗<br />

H n+1 (ΣY)<br />

et donc (h ◦ Σ) [ f ] = (Σ f ∗ )(Σi n ) = Σ( f ∗ (i n )) = Σ(h [ f ] ).<br />

□<br />

LEMME 9.4.<br />

Soit X = ∨S n un wedge de sphère, alors h : π n (X) → ˜H n (X) est l’abélianization de π n (X)<br />

si n=1 et un isomorphisme si n¿1.<br />

DÉMONSTRATION. Si X = S n alors π n (X) = Z = ˜H n (X) avec < id >= π n (X) et<br />

< i n >= ˜H n (X). Ainsi h(id) = i n et tout est clair. Dans le cas général on a que π 1 (X)<br />

est un groupe et si n¿1 alors π n (X) est un groupe abélien libre de base les inclusions<br />

<strong>des</strong> sphères. Le résultat découle du fait que h envoie les générateurs de π n (X) vers<br />

ceux de ˜H n (X).<br />


9. LE THÉORÈME DE HUREWICZ 105<br />

LEMME 9.5.<br />

Soit f : H → G un homomorphisme de groupe. Notons < f (H) > N la clôture normale de<br />

f(H) dans G et ab le foncteur de abélianization. On a alors que la suite suivante est exacte :<br />

ab(H)<br />

ab( f )<br />

ab(G)<br />

abπ ab(G/ < f (H) > N )<br />

où π : G → G/ < f (H) > N est la projection.<br />

DÉMONSTRATION. Clairement π ◦ f = 0 et donc (abπ) ◦ (ab f ) = 0. Soit [x] ∈ ab(G)<br />

avec abπ([x]) = [ ¯x] = 0. Si ¯x = srs −1 r −1 pour <strong>des</strong> certains ¯s, ¯r ∈ G/ < f (H) > N on<br />

a x = tsrs −1 r −1 avec t ∈< f (H) > N . Il en résulte que [x] = [t] ∈ q(< f (H) > N ) où<br />

q : G → ab(G) est la projection. Or q(< f (H) > N ) = q( f (H)) = ab f (ab(H)), puisque<br />

Imq est abélienne et le diagramme suivant commute :<br />

H<br />

f<br />

G<br />

ab(H)<br />

ab f<br />

ab(G)<br />

On procède de la même façon si ¯x est un produit de commutateurs.<br />

□<br />

THÉORÈME 9.6.<br />

Si X est un espace pointé (n-1)-connexe alors h : π n (X) → ˜H n (X) est l’homomorphisme de<br />

abélianization si n=1 et un isomorphisme si n¿1.<br />

DÉMONSTRATION. On peut supposer que X est un CW-complexe puisque si<br />

Y est un espace quelconque alors ˜H n (Y) = ˜H n (ΓY) où Γ est un certain foncteur<br />

d’approximation et donc<br />

π n (Y)<br />

h<br />

γ<br />

<br />

π n (ΓY) ˜H n (Y) = ˜H n (ΓY)<br />

commute puisque si [ f ] ∈ π n (Y) on a γ ∗<br />

[ f<br />

] =<br />

[ Γ f<br />

] par construction de l’approximation<br />

et f ∗ : ˜H n (S n ) → ˜H n (Y) vaut (Γ f ) ∗ par construction de l’extension d’une théorie<br />

d’homologie. En vertu du théorème d’approximation on peut supposer que X n’a<br />

pas de q-cellules pour 1 q < n.<br />

On peut aussi supposer que X a un seul sommet : si X a plusieurs sommets alors<br />

il sont tous reliés par un chemin par hypothèse de connexion. Pour tout couple<br />

de sommets distincts choisissons un chemin entre eux et notons A l’ensemble de<br />

tous ces arcs. On peut choisir les chemins de telle sorte que A ⊂ X 1 vue que S q>0<br />

est connexe par arcs donc son image dans X est contenue dans une composante<br />

connexe par arcs et donc ne peut pas connecter deux composantes disjointes.


106 9. LE THÉORÈME DE HUREWICZ<br />

Considérons le CW-complexe ˜X = X/A avec les squelettes ˜X n = X n /A comme à la<br />

proposition 6.9. Comme on a que X/A ≃ X via une homotopie le long <strong>des</strong> chemins<br />

on peut remplacer X par X/A qui a un seul sommmet.<br />

Puisque toute application et toute homotopie de S n dans X est équivalente à<br />

une application cellulaire on a que l’inclusion i : X n+1 → X induit un isomorphisme<br />

i ∗ : π n (X n+1 ) → π n (X). On admet le fait que i ∗ : H n (X n+1 ) → H n (X) est également<br />

un isomorphisme. (Ce qui est clair si on considère l’homologie cellulaire, mais il<br />

est vrai en toute généralité. Dans cette preuve on ne veut pas faire appelle à une<br />

homologie particulière puisque ce théorème peut être utilisé pour montrer l’unicité<br />

d’une théorie d’homologie). On en déduit qu’on peut supposer que X = X n+1 .<br />

Grâce à ces simplifications on a que X est un CW-complexe avec X n = ⋆ ∐ l∈L<br />

D n l / ∼= ∨ l∈LS n et X = X n+1 = X n ∐<br />

l<br />

l ′ ∈L ′ Dn / ∼. Ainsi X est la cofibre réduite d’une<br />

l ′<br />

application f : K → L où K et L sont deux wedges de n-sphères puisque les<br />

applications j l ′ : S n → X n se factorisent en une application j : ∨<br />

l ′ l ′ ∈L ′Sn → X n et<br />

l ′<br />

CS n D n+1 . Par naturalité de h on a le diagramme commutatif suivant :<br />

π n (K)<br />

h<br />

π n (L)<br />

h<br />

π n (X)<br />

˜H n (K) ˜H n (L) ˜H n (X) 0<br />

L’avant dernier lemme donne le résultat pour les deux colonnes de gauche. Si n=1<br />

on peut couper X = L ∪ f CK en A = L ∪ f CK \ { un point bien choisi } et B = CK qui<br />

est contractile. On a donc que A ∩ B ≃ f (K) qui est connexe par arcs tout comme A<br />

et B. On peut applique le théorème de Van Kampen pour obtenir :<br />

π 1 (X) = (π 1 (A)∗π 1 (B))/ < π 1 ( f (K)) > N = π 1 (A)/ < π 1 ( f (K)) > N = π 1 (L)/ < f ∗ (π 1 (K)) > N<br />

puisque A ≃ L et f : K → L est une application pointée entre wedges de n-sphères.<br />

(Ce qui nous dit que non seulement f ∗ (π 1 (K)) ⊂ π 1 ( f (K)) mais aussi π 1 ( f (K)) ⊂<br />

f ∗ (π 1 (K)) puisque une application basée f : K → L parcours un certain nombre de<br />

sphère S n dans f (K) et peut être relevée en K vu que l’image d’une sphère de K est<br />

une sphère dans f (K)). Par lemme précédent on a que l’abélianization de la ligne<br />

du haut donne lieu à une suite exacte.<br />

Si n¿1 le théorème de excision en homotopie nous dit que la ligne du haut est<br />

exacte : l’application f : K → L est égale à l’inclusion i : K → M f composée avec la<br />

retraction r : M f → L. Considérons le diagramme commutatif :<br />

h<br />

0<br />

π n (K)<br />

i ∗<br />

π n (M f )<br />

π n (M f, K)<br />

0<br />

=<br />

π n (K)<br />

r ∗<br />

f ∗<br />

π n (L) π n (X) 0<br />

La ligne du haut est exacte puisque il s’agit de la suite exacte de la paire (M f, K)<br />

où K est identifié avec K × {1} de telle sorte que X = C f = M f /K et q : M f → M f /K<br />

induit q ∗ . Comme K et L sont (n-1)-connexes et n¿1 le corollaire 7.10 nous dit que X<br />

est (n-1)-connexe et π n (M f, K) → π n (X) est un isomorphisme. Il en résulte que dans<br />

le diagramme commutatif ci-<strong>des</strong>sus toutes les colonnes sont <strong>des</strong> isomorphismes et<br />

q ∗


9. LE THÉORÈME DE HUREWICZ 107<br />

le ligne du haut est exacte. On en déduit facilement que la ligne du bas doit être<br />

exacte.<br />

Revenons au diagramme du départ et montrons l’exactitude de la ligne du bas.<br />

Considérons la suite exacte de l’homologie réduite :<br />

H n+1 (X, L) → ˜H n (L) → ˜H n (X) → H n (X, L) ˜H n (X/L) = ˜H n (∨S n+1 ) = 0<br />

Cela nous donne directement que la partie ˜H n (L) → ˜H n (X) → 0 est exacte. De<br />

plus on sait que ˜H n (K) = ˜H n+1 (ΣK) puisque K est un wedge de n-sphères. Or<br />

ΣK (L ∪ f CK)/L = X/L donc ˜H n+1 (ΣK) ˜H n+1 (X/L) H n+1 (X, L). Ainsi on a le<br />

diagramme commutatif suivant qui nous permet de déduire l’exactitude en ˜H n (L) :<br />

H n+1 (X, L)<br />

<br />

˜H n+1 (X/L)<br />

<br />

<br />

˜H n+1 (ΣK)<br />

∂<br />

˜H n (L) ˜H n (X)<br />

f ∗<br />

<br />

<br />

˜H n (K)<br />

Le diagramme du départ est donc à lignes exactes et les deux premières colonnes<br />

sont <strong>des</strong> isomorphismes. Une chasse au diagramme nous permet de conclure que<br />

la troisième colonne est également un isomorphisme<br />


Troisième Partie<br />

Le Théorème de Milnor-Moore<br />

Par<br />

Ana Devic<br />

Encadré par :<br />

Jonathan Scott


CHAPITRE 10<br />

Introduction à l’homologie singulière<br />

Ce chapitre est une introduction sommaire à l’homologie singulière. Son but<br />

principal est de poser les notations et de construire la preuve d’un résultat central<br />

pour la suite de ce travail, à savoir la fonctorialité <strong>des</strong> groupes d’homologie. La<br />

majeure partie <strong>des</strong> preuves intermédiaires est omise. Pour plus de détails, le lecteur<br />

pourra se référer aux chapitres 7 et 9 de [19] et aux chapitres 1 et 4 de [15].<br />

1. Complexes de chaîne<br />

DÉFINITION 10.1.<br />

Un complexe de chaîne est une famille C = (C q , ∂ q ) q∈Z de groupes abéliens C q et<br />

d’homomorphismes ∂ q : C q → C q−1 tels que ∂ q−1 ◦ ∂ q = 0 pour tout q ∈ Z. Par<br />

commodité, on écrit souvent ∂ au lieu de ∂ q et on représente C par le diagramme<br />

C : · · ·<br />

∂<br />

C q+1<br />

∂<br />

C q<br />

∂<br />

C q−1<br />

∂<br />

· · · (∂∂ = 0).<br />

Pour c ∈ C q on appelle ∂c ∈ C q−1 le bord de c et c ∈ Ker ∂ q ⊂ C q un cycle. L’homomorphisme<br />

∂ q = ∂ est appelé opérateur de bord.<br />

DÉFINITION 10.2.<br />

Soit C = (C q , ∂ q ) q∈Z un complexe de chaîne. Puisque ∂∂ = 0, nous avons Im ∂ q+1 ⊂<br />

Ker ∂ q ⊂ C q . Alors le groupe H q (C) = Ker ∂ q / Im ∂ q+1 est le qème groupe d’homologie<br />

du complexe de chaîne C. Les éléments de ce groupe sont les classes [c] C = [c] =<br />

c + Im ∂ q+1 , c ∈ C q appelés classes d’homologie. On note H(C) = (H q (C)) q∈Z le module<br />

gradué d’homologie de C.<br />

DÉFINITION 10.3.<br />

Soient C = (C q , ∂ q ) q∈Z et C ′ = (C ′ q, ∂ ′ q) q∈Z deux complexes de chaîne. Un morphisme<br />

de chaînes f : C → C ′ est une famille ( f q ) q∈Z d’homomorphismes f q : C q → C ′ q tels<br />

que ∂ ′ q ◦ f q = f q−1 ◦∂ q . Souvent on dénote f q par f , ce qui nous permet de caractériser<br />

le morphisme de chaînes par son diagramme commutatif<br />

C :<br />

· · ·<br />

∂<br />

<br />

∂<br />

C q+1<br />

<br />

∂<br />

C q<br />

<br />

∂<br />

C q−1<br />

· · ·<br />

f<br />

C ′ : · · ·<br />

f<br />

∂<br />

C ′ q+1<br />

∂<br />

f<br />

C ′ q<br />

f<br />

∂<br />

C q−1<br />

∂<br />

· · ·<br />

111


112 10. INTRODUCTION À L’HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

DÉFINITION 10.4.<br />

Comme tout morphisme de chaînes f : C → C ′ envoie <strong>des</strong> cycles sur <strong>des</strong> cycles<br />

et <strong>des</strong> bords sur <strong>des</strong> bords, f induit un homomorphisme f ∗ = H( f ) avec H q ( f ) :<br />

H q (C) → H q (C ′ ) donné par [c] C ↦→ [ f (c)] C ′.<br />

PROPOSITION 10.5.<br />

(1) L’application 0 : C → C ′ est un morphisme de chaînes et 0 ∗ = 0.<br />

(2) L’application identité Id : C → C est un morphisme de chaînes. De plus Id ∗ :<br />

H(C) → H(C) est encore l’identité.<br />

(3) On peut composer deux morphismes de chaînes f : C → C ′ et g : C ′ → C ′′ en<br />

un morphisme de chaînes g f : C → C ′′ défini par (g f ) q = g q f q . On obtient ainsi<br />

l’homomorphisme (g f ) ∗ = g ∗ f ∗ : H(C) → H(C ′′ ).<br />

2. Les groupes d’homologie singulière<br />

DÉFINITION 10.6.<br />

Soit q ≥ 0 et considérons R q+1 avec sa base canonique associée<br />

e 0 = (1, 0, 0, . . . , 0), e 1 = (0, 1, 0, 0, . . . , 0), . . . , e q = (0, 0, . . . , 0, 1).<br />

Le q-simplexe standard ∆ q est défini par<br />

∆ q = {x ∈ R q+1 | x =<br />

q∑<br />

λ i e i tel que 0 ≤ λ i ≤ 1,<br />

i=0<br />

= {(λ 0 , . . . , λ q ) | 0 ≤ λ i ≤ 1,<br />

q∑<br />

λ i = 1}.<br />

i=0<br />

q∑<br />

λ i = 1}<br />

Il s’agit du simplexe q-dimensionnel fermé de sommets e 0 , . . . , e q . La face opposée<br />

au sommet e i est appelé la ième face de ∆ q et s’écrit ∆ i q. Elle est composée <strong>des</strong> points<br />

de ∆ q avec λ i = 0. Le bord de ∆ q est l’union de ses faces.<br />

i=0<br />

DÉFINITION 10.7.<br />

Pour q ≥ 1 et 0 ≤ i ≤ q, l’application δ i est une application affine induite par<br />

q−1<br />

e 0 ↦→ e 0 , . . . e i−1 ↦→ e i−1 , e i ↦→ e i+1 , . . . , e q−1 ↦→ e q . C’est une bijection qui envoie ∆ q−1<br />

sur ∆ i q.<br />

Nous avons à présent tous les outils en main pour définir les groupes d’homologie<br />

singulière rationnels d’un espace topologique.<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 10.8.<br />

Soit X un espace topologique. Un q-simplexe singulier dans X est une application continue<br />

σ : ∆ q → X. Le qème groupe de chaîne singulier S q (X, Q) = S q (X) est le Q-espace<br />

vectoriel engendré par tous les q-simplexes singuliers dans X. Les éléments de S q (X) sont<br />

appelés q-chaînes singulières de X. Pour q < 0 posons S q (X) = 0. Pour q ≥ 1, définissons


2. LES GROUPES D’HOMOLOGIE SINGULIÈRE 113<br />

l’homomorphisme suivant :<br />

∂ = ∂ q : S q (X) → S q−1 (X), ∂σ =<br />

q∑<br />

(−1) i (σ ◦ δ i q−1 ).<br />

i=0<br />

Pour q ≤ 0 on pose ∂ q = 0. La famille (S q (X), ∂) q∈Z ainsi définie est un complexe de chaîne<br />

appelé le complexe de chaîne singulier de X. Les groupes d’homologie correspondants<br />

H q (S(X)) sont les groupes d’homologie singulière de X et on les note H q (X) = H q (S(X)).<br />

Le module gradué d’homologie singulière de X est notée H ∗ (X) = H ∗ (X, Q) = H(S(X)).<br />

NOTATION 10.9.<br />

Soit ∂ q : S q (X) → S q−1 (X) l’opérateur de bord. Alors on note Z q (X) = Ker ∂ q et<br />

B q (X) = Im ∂ q+1 sont appelés respectivement le qème groupe de cycles et qème groupe<br />

de bords de X. On peut donc écrire le qème groupe d’homologie comme H q (X) =<br />

Z q (X)/B q (X).<br />

THÉORÈME-DÉFINITION 10.10.<br />

Soient X et Y deux espaces topologiques. Une application continue f : X → Y induit un<br />

homomorphisme<br />

∑ ∑<br />

S q ( f ) : S q (X) → S q (Y), n σ σ ↦→ n σ ( f ◦ σ)<br />

pour tout q ∈ Z. La famille S( f ) = (S q ( f )) q∈Z est un morphisme de chaînes et le<br />

couple d’applications X ↦→ S(X), f ↦→ S( f ) permet de définir un foncteur S entre espaces<br />

topologiques et complexes de chaîne. Pour simplifier les notations, nous allons écrire<br />

S q ( f ) : S q (X) → S q (Y) et S( f ) = S • : S(X) → S(Y).<br />

DÉMONSTRATION. Soient X, Y et Z <strong>des</strong> espaces topologiques et f : X → Y, g :<br />

Y → Z <strong>des</strong> applications continues. Par la définition même de S, (Id X ) • = Id S(X)<br />

et f • g • = ( f g) • . Il nous reste encore à montrer que f • est bien un morphisme de<br />

chaînes, notamment que f • commute avec ∂. Il suffit de vérifier cette relation pour<br />

les générateurs de chaque S q (X). Soit σ : ∆ → X. D’une part on obtient<br />

∑<br />

∂( f • σ) = ∂( f ◦ σ) = (−1) i ( f ◦ σ) ◦ δ i q−1 .<br />

Or d’autre part on a<br />

∑<br />

f • (∂σ) = f • (<br />

∑(−1) i σ ◦ δ i q−1 ) = (−1) i f ◦ (σ ◦ δ i q−1 ).<br />

σ<br />

σ<br />

Ainsi ∂ f • = f • ∂ et f • est bien un morphisme de chaînes.<br />

□<br />

DÉFINITION 10.11.<br />

L’application continue f : X → Y induit un homomorphisme de groupes d’homologie<br />

donnée par f ∗q = H q ( f ) = H q (S( f )) : H q (X) → H q (Y). Pour un q-cycle singulier<br />

z dans X on peut écrire f ∗ ([z] X ) = [ f • (z)] Y .


114 10. INTRODUCTION À L’HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

DÉFINITION 10.12.<br />

Soit K un corps. Alors la famille (V n ) n≥0 de K-espaces vectoriels est appelé un espace<br />

vectoriel gradué sur K.<br />

REMARQUE 10.13.<br />

Vu que H q (X) = 0 pour tout q < 0, nous pouvons écrire H ∗ (X) = (H q (X)) q≥0 .<br />

Désormais, il sera sous-entendu que pour les espaces vectoriels gradués d’homologie<br />

singulière, l’ensemble d’indices parcourt seulement les entiers non-négatifs.<br />

Le théorème suivant découle de la proposition 10.5 et du théorème 10.10 :<br />

THÉORÈME 10.14.<br />

Pour tout nombre entier q le couple d’applications X ↦→ H q (X), f ↦→ H q ( f ) définit un<br />

foncteur appelé H et donc le couple d’applications X ↦→ H ∗ (X), f ↦→ f ∗ définit un foncteur<br />

H ∗ entre espaces topologiques et espaces vectoriels gradués sur Q. En particulier, Id ∗ = Id<br />

et (g f ) ∗ = g ∗ f ∗ .


CHAPITRE 11<br />

Algèbres, coalgèbres et algèbres de Hopf<br />

Dans ce chapitre, le but est de définir les outils algébriques qui vont nous permettre<br />

par la suite d’étudier de plus près les groupes d’homologie et d’homotopie<br />

d’un espace topologique donné. Dans un premier temps, nous allons présenter les<br />

notions topologiques auxquelles on peut les associer, pour nous focaliser ensuite<br />

sur l’étude <strong>des</strong> concepts algébriques proprement dits.<br />

1. Espaces topologiques et coalgèbres<br />

Une coalgèbre A peut être décrite comme un espace vectoriel doté d’une comultiplication<br />

∆ : A → A⊗A associative et unitaire. Avant de reprendre cette définition<br />

de façon plus formelle en fin de chapitre, nous allons montrer comment on peut<br />

associer à tout espace topologique de manière naturelle une coalgèbre.<br />

DÉFINITION 11.1.<br />

Soient A et B deux espaces vectoriels gradués sur un corps K. Alors A ⊗ B = A ⊗ K B<br />

est le K-espace vectoriel défini par (A ⊗ B) n = ⊕ i+j=n A i ⊗ B j pour tout n ≥ 0. Pour<br />

tout couple de morphismes de K-espaces vectoriels gradués f : A → A ′ , g : B → B ′ ,<br />

on définit ( f ⊗ g) : A ⊗ B → A ′ ⊗ B ′ comme le morphisme de K-espaces vectoriels<br />

gradués donné par ( f ⊗ g) n = ⊕ i+j=n f i ⊗ g j pour tout n ≥ 0. Le morphisme d’échange<br />

T : A ⊗ B → B ⊗ A est un morphisme de K-espaces vectoriels gradués défini par<br />

T n (a ⊗ b) = (−1) pq b ⊗ a pour a ∈ A p , b ∈ B q et p + q = n.<br />

Rappelons qu’à la fin du chapitre précédent, nous avons montré que H ∗ (−) est<br />

un foncteur entre espaces topologiques et espaces vectoriels gradués sur Q. Les<br />

deux propositions suivantes sont une conséquence directe de cette affirmation :<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 11.2.<br />

Soit X un espace topologique. La diagonale est l’application continue ∆ : X → X × X<br />

définie par ∆(x) = (x, x) pour tout x ∈ X. En sachant qu’il existe un isomorphisme<br />

H ∗ (X × X, Q)<br />

<br />

H ∗ (X, Q) ⊗ H ∗ (X, Q) ,<br />

la diagonale induit un morphisme de Q-espaces vectoriels<br />

∆ ′ ∗ : H ∗ (X, Q)<br />

∆ ∗<br />

H ∗ (X × X, Q)<br />

<br />

H ∗ (X, Q) ⊗ H ∗ (X, Q) .<br />

DÉMONSTRATION. L’existence d’un tel isomorphisme est un cas particulier de<br />

la formule de Künneth (pour plus de détails, consulter [? ]).<br />

□<br />

115


116 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 11.3.<br />

Soit {∗} l’espace topologique composé d’un seul point. L’application constante ε : X → {∗}<br />

induit alors un morphisme<br />

De plus, en sachant que<br />

ε ∗ : H ∗ (X, Q) → H ∗ ({∗}, Q).<br />

H ∗ ({∗}, Q) Q,<br />

nous obtenons un morphisme de Q-espaces vectoriels<br />

ε ′ ∗ : H ∗ (X, Q)<br />

ε ∗<br />

H ∗ ({∗}, Q)<br />

<br />

Q .<br />

DÉMONSTRATION. Il nous suffit de montrer que<br />

{<br />

Q si m = 0<br />

H m ({∗}, Q) =<br />

0 si m > 0.<br />

Soit S ∗ ({∗}) le complexe de chaînes de {∗}. Désignons par ∆ q le simplexe standard de<br />

dimension q, par σ q l’application continue qui envoie ∆ q sur {∗} (elle est unique, car<br />

{∗} est composé d’un seul point), et par δ i q−1 : ∆ q−1 → ∆ q l’application identifiant le<br />

(q − 1)-simplexe à l’i-ème côté du q-simplexe. L’opérateur de bord<br />

est alors définie par<br />

Il s’ensuit que<br />

et<br />

Ker ∂ q =<br />

∂ q σ q =<br />

Im ∂ q =<br />

∂ q : S q ({∗}) → S q−1 ({∗})<br />

=<br />

=<br />

q∑<br />

(−1) i (σ q ◦ δ i q−1 )<br />

i=0<br />

q∑<br />

(−1) i σ q−1<br />

i=0<br />

{<br />

σq−1 si q pair<br />

0 si q impair.<br />

{<br />

0 si q pair, q > 0<br />

S q ({∗}) si q impair ou q = 0<br />

{<br />

Sq−1 ({∗}) si q pair<br />

0 si q impair.<br />

Ainsi, pour m > 0,<br />

{<br />

0 si m pair<br />

H m ({∗}) = Ker ∂ m / Im ∂ m+1 =<br />

S m ({∗})/S m ({∗}) = 0 si m impair.<br />

Pour m = 0, nous avons<br />

H 0 ({∗}) = Ker ∂ 0 / Im ∂ 1 = S 0 ({∗})/0 = S 0 ({∗}).<br />

Comme S 0 ({∗}) est un Q-espace vectoriel de dimension 1, il est isomorphe à Q, d’où<br />

l’affirmation.<br />

□<br />

Voici maintenant la définition d’une coalgèbre.


1. ESPACES TOPOLOGIQUES ET COALGÈBRES 117<br />

DÉFINITION 11.4.<br />

Une coalgèbre sur un corps K est un K-espace vectoriel gradué A doté de deux<br />

morphismes de K espaces vectoriels gradués<br />

∆ : A → A ⊗ A et ε : A → K<br />

tels que les diagrammes suivants commutent :<br />

A<br />

∆<br />

A ⊗ A<br />

∆<br />

∆⊗Id<br />

A ⊗ A Id ⊗∆ A ⊗ A ⊗ A<br />

A ⊗ A <br />

ε⊗Id<br />

K ⊗ A<br />

∆<br />

∆<br />

<br />

<br />

A <br />

<br />

Id ⊗ε<br />

A ⊗ A<br />

A ⊗ K<br />

Le morphisme ∆ s’appelle la comultiplication et la première condition nous garantit<br />

qu’elle est (co)associative. Le morphisme ε est appelé la counité de la coalgèbre.<br />

<br />

EXEMPLES 11.5.<br />

(1) Il existe une manière naturelle de considérer le corps K comme coalgèbre :<br />

il suffit de prendre Id K : K → K pour la counité et ∆ : K → K ⊗ K définie<br />

par ∆(x) = x ⊗ 1 pour tout x ∈ K pour la comultiplication.<br />

(2) Soit X un espace topologique. Il découle alors <strong>des</strong> propositions 11.2 et 11.3<br />

que (H ∗ (X, Q), ∆ ′ ∗, ε ′ ∗) est une coalgèbre sur Q.<br />

(3) (Produit tensoriel de coalgèbres)<br />

Soient A et B deux coalgèbres sur un corps K. Alors A⊗B est une coalgèbre<br />

avec la comultiplication donnée par la composition<br />

A ⊗ B<br />

∆ A ⊗∆ B<br />

A ⊗ A ⊗ B ⊗ B Id A ⊗T⊗Id B<br />

A ⊗ B ⊗ A ⊗ B<br />

et la counité définie par<br />

A ⊗ B<br />

ε A ⊗ε B<br />

K ⊗ K = K .<br />

DÉFINITION 11.6.<br />

Soient A et B deux coalgèbres sur un corps K. Un morphisme de coalgèbres f : A → B<br />

est un morphisme de K-espaces vectoriels gradués tel que les diagrammes suivants<br />

commutent :<br />

∆ A<br />

A A ⊗ A A ε A<br />

K<br />

B<br />

f<br />

∆ B<br />

f ⊗ f<br />

B ⊗ B<br />

f<br />

B ε B<br />

K<br />

Id K


118 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

EXEMPLE 11.7 (Augmentation de coalgèbre).<br />

Une augmentation de A un morphisme de coalgèbres η : K → A. Il est alors facile à<br />

voir que εη = Id K . Une coalgèbre munie d’une augmentation s’appelle une coalgèbre<br />

augmentée.<br />

DÉFINITION 11.8.<br />

La coalgèbre A est dite commutative si le diagramme<br />

∆<br />

<br />

A <br />

A ⊗ A<br />

T<br />

est commutatif.<br />

∆<br />

A ⊗ A<br />

NOTATION 11.9 (La notation de Sweedler).<br />

Soit (A, ∆, ε) une coalgèbre. Pour un élément a ∈ A, nous allons écrire<br />

∑<br />

∆(a) = a 1 ⊗ a 2 .<br />

Avec les conventions usuelles, nous aurions dû écrire<br />

n∑<br />

∆(a) = a i1 ⊗ a i2 .<br />

i=1<br />

La notation de Sweedler supprime l’indice i, ce qui nous permet de mettre l’accent<br />

sur la forme de ∆(a) et elle est très utile pour écrire de longues composition<br />

de manière compacte et intelligible. Voici un exemple d’utilisation à travers les<br />

définitions de coalgèbre :<br />

PROPOSITION 11.10.<br />

Soit (A, ∆, ε) une K-coalgèbre et a ∈ A. Alors de l’égalité (∆ ⊗ A) ◦ ∆ = (A ⊗ ∆) ◦ ∆ de la<br />

définition 11.4, il s’ensuit que<br />

∑ ∑<br />

∆(a 1 ) ⊗ a 2 = a 1 ⊗ ∆(a 2 )<br />

ou encore que<br />

∑<br />

∑<br />

a 11 ⊗ a 12 ⊗ a 2 = a 1 ⊗ a 21 ⊗ a 22 .<br />

La commutativité du deuxième diagramme de cette même définition peut être réécrite<br />

comme<br />

Id A = φ g ◦ (ε ⊗ Id A ) ◦ ∆ = φ d ◦ (Id A ⊗ε) ◦ ∆,<br />

où φ d : A ⊗ K −→ <br />

A et φ g : K ⊗ A −→ <br />

A sont les isomorphismes canoniques. En utilisant<br />

la notation de Sweedler, on peut réécrire ces mêmes équations comme<br />

∑ ∑<br />

ε(a 1 )c 2 = a 1 ε(a 2 ) = a.


2. ESPACES TOPOLOGIQUES ET ALGÈBRES 119<br />

2. Espaces topologiques et algèbres<br />

Une algèbre est un espace vectoriel muni d’une multiplication ϕ : A ⊗ A → A<br />

qui soit associative. Toutefois, contrairement au cas <strong>des</strong> coalgèbres, dans un espace<br />

topologique quelconque il n’existe pas de multiplication usuelle qui pourrait nous<br />

permettre d’y associer une algèbre de manière canonique. Pour cela, il est nécessaire<br />

de doter l’espace topologique d’une structure supplémentaire, dont nous allons<br />

montrer plusieurs exemples dans les sections suivantes. Pour la définition formelle<br />

d’une algèbre, le lecteur pourra se référer au paragraphe 11.25.<br />

Pour commencer, voici une courte présentation de la notion de groupe topologique.<br />

2.1. Groupes topologiques.<br />

DÉFINITION 11.11.<br />

Un groupe topologique est un espace topologique G muni de deux applications<br />

continues µ : G × G → G (multiplication) et ι : G → G (inversion) telles que (G, µ, ι)<br />

est un groupe.<br />

DÉFINITION 11.12.<br />

Soient G et H deux groupes topologiques. Un homomorphisme de groupes topologiques<br />

ϕ : G → H est une application continue qui est en même temps un homomorphisme<br />

de groupes.<br />

EXEMPLES 11.13.<br />

(1) Soit G un groupe dénombrable. Alors G muni de la topologie discrète est<br />

un groupe topologique. En effet, on voit immédiatement que l’inversion<br />

est continue. Comme la topologie produit de G × G est également la<br />

topologie discrète, il en découle que la multiplication est continue aussi.<br />

(2) Le groupe additifs (R, +) et <strong>des</strong> complexes (C, +) sont <strong>des</strong> groupes topologiques<br />

abéliens.<br />

(3) Les groupes multiplicatifs R × et C × , munis de la topologie de sous-espace<br />

sont également <strong>des</strong> groupes topologiques abéliens.<br />

(4) Soit S 0 = {x ∈ R × | |x| = 1} = {−1, 1}, la sphère de dimension zéro. Alors<br />

S 0 est un sous-groupe multiplicatif de R × et sa topologie de sous-espace<br />

coïncide avec la topologie discrète sur S 0 . Par conséquent S 0 est un sousgroupe<br />

topologique de R × qui est isomorphe au groupe cyclique d’ordre<br />

2.<br />

(5) De façon analogue, le cercle S 1 = {z ∈ C × | ‖z‖ = 1} est un sous-groupe<br />

topologique de C × , il est donc abélien.<br />

(6) Si G et H sont deux groupes topologiques, alors G×H muni de la topologie<br />

produit est également un groupe topologique. Par exemple le tore de<br />

dimension n, T n = S 1 × · · · × S 1 (n fois) est encore un groupe topologique.


120 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

(7) Soit H = {w+xi+ yj+zk | w, x, y, z ∈ R} l’anneau <strong>des</strong> quaternions. Alors H<br />

est un corps non-commutatif et le groupe multiplicatif H × est un groupe<br />

topologique non-abélien. Soit<br />

S 3 = {w + xi + yj + zk ∈ H × | w 2 + x 2 + y 2 + z 2 = 1}<br />

la sphère de dimension 3. Alors S 3 est un sous-groupe topologique de H × .<br />

Passons maintenant à la classe plus large <strong>des</strong> monoï<strong>des</strong> topologiques qui<br />

contient notamment la classe <strong>des</strong> groupes topologiques.<br />

2.2. Monoï<strong>des</strong> topologiques.<br />

DÉFINITION 11.14.<br />

Un monoïde topologique est un espace topologique pointé (M, e) doté d’une application<br />

continue µ : M × M → M qui est associative autrement dit telle que<br />

µ(µ(x, y), z) = µ(x, µ(y, z)) pour tout x, y, z ∈ M et telle que e ∈ M soit l’élément<br />

neutre : µ(x, e) = µ(e, x) = x pour tout x ∈ M.<br />

DÉFINITION 11.15.<br />

Soient (M, µ) et (N, ν) deux monoï<strong>des</strong> topologiques. Un homomorphisme de monoï<strong>des</strong><br />

est une application continue ϕ : M → N telle que ν(ϕ(x), ϕ(y)) = ϕ(µ(x, y)).<br />

EXEMPLE 11.16 (Chemins de Moore).<br />

Soit (X, x 0 ) un espace topologique pointé. Un chemin de Moore dans X est une paire<br />

(γ, s 0 ) où γ : R + → X est une application continue telle que γ(s) = γ(s 0 ) si s ≥ s 0 .<br />

On dit alors que le chemin s’arrête à γ(s 0 ). Si (δ, t 0 ) est un autre chemin de Moore<br />

avec δ(0) = γ(s 0 ), on les compose de la façon suivante :<br />

γ · δ(s) =<br />

{<br />

γ(s) si 0 ≤ s ≤ s 0<br />

δ(s − s 0 ) si s 0 < s.<br />

Ainsi (γ · δ, s 0 + t 0 ) est un chemin de Moore dans X. On désigne par MX l’ensemble<br />

<strong>des</strong> chemins de Moore dans X. Muni de la topologie compacte-ouverte, MX est un<br />

espace topologique.<br />

Soit ΩX ⊂ MX l’ensemble <strong>des</strong> lacets de Moore, autrement dit <strong>des</strong> chemins de<br />

Moore (α, s 0 ) qui vérifient α(0) = α(s 0 ) = x 0 La composition <strong>des</strong> lacets de Moore<br />

définit une application<br />

ΩX × ΩX µ → ΩX, ((γ, s 0 ), (δ, t 0 )) ↦→ (γ · δ, s 0 + t 0 ).<br />

PROPOSITION 11.17.<br />

Muni de l’application µ : ΩX × ΩX → ΩX définie ci-<strong>des</strong>sus, (ΩX, µ) est un monoïde<br />

topologique.


2. ESPACES TOPOLOGIQUES ET ALGÈBRES 121<br />

Le résultat suivant nous permet d’affirmer que pour étudier les groupes d’homotopie<br />

d’un espace topologique pointé (X, x 0 ), il suffit d’étudier les groupes d’homotopie<br />

de l’espace de lacets de Moore ΩX correspondant.<br />

THÉORÈME 11.18.<br />

Soit (X, x 0 ) un espace topologique pointé et ΩX l’espace de lacets de Moore correspondant.<br />

Alors π k (ΩX) π k+1 (X) pour tout k ≥ 1.<br />

Avant de prouver ceci, voici quelques rappels utiles pour la démonstration.<br />

Rappel.<br />

Soient E et B deux espaces topologiques. Une application continue p : E → B est<br />

une fibration si elle vérifie la propriété de relèvement d’homotopie : pour tout carré<br />

commutatif<br />

Y × {0}<br />

i<br />

<br />

Y × I<br />

f<br />

h<br />

g<br />

E<br />

B<br />

p<br />

il existe un revêtement h : Y × I → E tel que ph = g et hi = f . On appelle E l’espace<br />

total et B l’espace de base de fibration.<br />

Fixons un point de base b 0 ∈ B et posons F = p −1 (b 0 ), la fibre de p. Alors il existe<br />

une suite longue exacte en homotopie,<br />

· · · → π n (F) → π n (E) → π n (B) → π n−1 (F) → · · ·<br />

DÉMONSTRATION. Soit PX = {(γ, s 0 ) ∈ MX | γ(0) = x 0 } l’ensemble <strong>des</strong> chemins<br />

de Moore partant de x 0 .<br />

(1) L’ensemble PX muni de la topologie de sous-espace est contractile.<br />

En effet, soit<br />

définie par<br />

H : PX × I → PX<br />

H((γ, s 0 ), t) = (γ, (1 − t)s 0 )<br />

pour tout (γ, s 0 ) ∈ PX et t ∈ I. Nous avons alors<br />

H((γ, s 0 ), 0) = (γ, s 0 ),<br />

H((γ, s 0 ), 1) = (γ, 0) = (c, 0),<br />

où (c, 0) est le chemin constant en x 0 . De plus H est clairement continue,<br />

nous avons ainsi trouvé une homotopie entre PX et l’espace à un seul<br />

point qui correspond ici à l’application constante (c, 0).<br />

(2) L’application d’évaluation ɛ : PX → X définie par ɛ(γ, s 0 ) = γ(s 0 ) est une<br />

fibration.


122 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

Pour montrer ceci, construisons, pour tout carré commutatif<br />

Y × {0}<br />

i<br />

<br />

Y × I<br />

h<br />

g<br />

f<br />

un revêtement h : Y × I → PX tel que ɛh = g et hi = f . Soit y ∈ Y. Alors<br />

ɛ · f (y, 0) = ɛ(γ, s 0 ) = γ(s 0 ) pour un (γ, s 0 ) ∈ PX et g(y, 0) = γ(s 0 ) par la<br />

commutativité du diagramme.<br />

Pour (y, t 0 ) ∈ Y × I, g | {y}×[0,t0 ]= (δ, t 0 ) ∈ MX avec δ(0) = γ(s 0 ) et δ(t) =<br />

g(y, t) pour tout t ≤ t 0 par la continuité de g.<br />

On pose<br />

PX<br />

X<br />

h(y, t) = ( f (y, 0)) · (δ, t)<br />

= (γ, s 0 ) · (δ, t) ∈ PX<br />

pour tout (y, t) ∈ Y × I. L’application est bien définie car δ(0) = γ(s 0 ) et elle<br />

est continue car il s’agit d’une composition de deux chemins. Il nous faut<br />

encore vérifier si le diagramme commute.<br />

h(i(y, t)) = h(y, 0)<br />

pour tout y ∈ Y et<br />

= ( f (y, 0)) · (δ, 0)<br />

= f (y, 0) (car (δ, 0) est le chemin constant),<br />

ɛ(h(y, t)) = ɛ((γ · δ), s 0 + t)<br />

= (γ · δ)(s 0 + t)<br />

= δ(t)<br />

= g(y, t)<br />

pour tout (y, t) ∈ Y × I. Ainsi h est bien le revêtement cherché.<br />

(3) La fibre de x 0 est l’espace de lacets de Moore ΩX.<br />

En effet,<br />

ɛ −1 (x 0 ) = {(γ, s 0 ) ∈ PX | γ(s 0 ) = x 0 }<br />

= {(γ, s 0 ) ∈ MX | γ(0) = x 0 , γ(s 0 ) = x 0 }<br />

= ΩX.<br />

(4) π k (ΩX) π k+1 (X).<br />

En effet, nous avons montré au point précédent que ɛ −1 (x 0 ) = ΩX est<br />

la fibre de x 0 . Par le rappel, nous avons la suite exacte<br />

· · · → π k (PX) → π k (X) → π k−1 (ΩX) → π k−1 (PX) → · · ·<br />

Comme PX est contractile, π k (PX) = 0 pour tout k ≥ 1 et la suite devient<br />

· · · → 0 → π k (X) → π k−1 (ΩX) → 0 → · · ·<br />

Etant donné que la suite est exacte, on a bien π k (X) π k−1 (ΩX) pour tout<br />

k ≥ 2 et le théorème est donc démontré.<br />

ɛ<br />


2. ESPACES TOPOLOGIQUES ET ALGÈBRES 123<br />

Soit (M, µ M ) un monoïde topologique et X un espace topologique tel qu’il existe<br />

une équivalence d’homotopie f : M −→ ≃<br />

X. Dans ce cas f induit une application<br />

continue µ X : X × X → X tel que le diagramme suivant commute :<br />

M × M µ M<br />

M<br />

.<br />

f × f<br />

X × X µ X<br />

X<br />

Il faut toutefois remarquer que (X, µ X ) n’est pas un monoïde topologique -<br />

il n’en est un qu’à homotopie près. C’est notre motivation principale pour la<br />

définition suivante, cette dernière nous permettant « d’alléger » la structure de<br />

monoïde topologique et d’obtenir une propriété invariante par équivalence d’homotopie.<br />

f<br />

2.3. H-groupes.<br />

DÉFINITION 11.19.<br />

Un H-espace (X, x 0 ) est un espace topologique muni de deux applications continues<br />

µ : X × X → X, appelée multiplication et ι : {x 0 } → X tel que µ ◦ (Id X ×ι) ≃ Id X ≃<br />

µ ◦ (ι × Id X ), ce qui correspond à l’existence d’un élément neutre dans X.<br />

Un H-espace est dit associatif si la multiplication est associative à homotopie<br />

près, c’est-à-dire que µ ◦ (Id X ×µ) ≃ µ ◦ (µ × Id X ).<br />

Un H-groupe est un H-espace associatif doté d’une application continue ψ :<br />

X → X tel que µ ◦ (Id X ×ψ) ≃ ι ≃ µ ◦ (ψ × Id X ), ce qui correspond à l’existence d’un<br />

inverse à homotopie près.<br />

EXEMPLE 11.20.<br />

Soit (X, x 0 ) un espace topologique pointé. Alors l’espace de lacets ΩX de base x 0 est<br />

un H-espace par rapport à la multiplication donnée par la composition de chemins<br />

et ι correspondant à l’inclusion de du chemin constant en x 0 dans ΩX.<br />

2.4. Groupes de Lie.<br />

DÉFINITION 11.21.<br />

Un groupe de Lie est une variété différentiable M munie d’une structure de groupe<br />

telle que la multiplication M × M → M et l’inversion M → M soient C ∞ . Un<br />

morphisme de groupes de Lie est à la fois un morphisme de variétés et un homomorphisme.<br />

EXEMPLES 11.22.<br />

(1) Tous les exemples de groupes topologiques déjà cités sont en particulier<br />

<strong>des</strong> groupes de Lie.


124 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

(2) Le groupe linéaire général GL(n), <strong>des</strong> matrices réelles inversibles d’ordre<br />

n, muni de la multiplication de matrices est un groupe de Lie non connexe.<br />

Il suffit en effet de regarder son image par le déterminant : GL(n) admet<br />

exactement deux composantes connexes GL(n) + = det −1 (R+) ∗ et GL(n) − =<br />

det −1 (R− ∗ ). Le groupe linéaire spécial SL(n) ⊂ GL(n) <strong>des</strong> matrices de<br />

déterminant 1 est un sous-groupe de Lie de GL(n).<br />

(3) Le groupe orthogonal O(n) <strong>des</strong> matrices réelles d’ordre n qui vérifient<br />

A T A = I (où A T désigne la transposée de A) et le groupe orthogonal<br />

spécial SO(n) ⊂ O(n) <strong>des</strong> matrices orthogonales de déterminant 1 sont<br />

<strong>des</strong> groupes de Lie.<br />

(4) Le groupe unitaire U(n) <strong>des</strong> matrices complexes d’ordre n qui vérifient<br />

A T A = I (où A désigne la matrice conjuguée de A) et le groupe unitaire<br />

spécial SU(n) ⊂ U(n) <strong>des</strong> matrices unitaires de déterminant 1 sont <strong>des</strong><br />

groupes de Lie.<br />

2.5. La notion d’algèbre.<br />

Les propositions suivantes découlent de la fonctorialité de l’homologie singulière<br />

H ∗ (−) vue à la fin du premier chapitre.<br />

PROPOSITION 11.23.<br />

Soit X un monoïde topologique, respectivement un H-espace associatif et soit ϕ : X×X → X<br />

la multiplication correspondante. Alors ϕ induit un morphisme de Q-espaces vectoriels<br />

ϕ ′ ∗ : H ∗ (X, Q) ⊗ H ∗ (X, Q)<br />

<br />

H ∗ (X × X, Q)<br />

ϕ ∗<br />

H ∗ (X, Q) .<br />

PROPOSITION 11.24.<br />

Soit X défini comme ci-haut et {∗} l’espace topologique composé d’un seul point. L’application<br />

d’inclusion η : {∗}, → X dont l’image est l’élément neutre, induit alors un morphisme<br />

η ′ ∗ : Q H ∗ ({∗}, Q)<br />

η ∗<br />

H ∗ (X, Q) .<br />

Voici maintenant la définition d’une algèbre.<br />

DÉFINITION 11.25.<br />

Une algèbre sur un corps K est un K-espace vectoriel gradué A doté de deux morphismes<br />

de K-espaces vectoriels gradués<br />

ϕ : A ⊗ A → A et η : K → A<br />

tels que les diagrammes suivants commutent :


2. ESPACES TOPOLOGIQUES ET ALGÈBRES 125<br />

A ⊗ A ⊗ A Id ⊗ϕ A ⊗ A<br />

ϕ⊗Id<br />

A ⊗ A<br />

ϕ<br />

A<br />

ϕ<br />

K ⊗ A <br />

η⊗Id<br />

A ⊗ A<br />

<br />

<br />

Id ⊗η<br />

A ⊗ K<br />

ϕ<br />

<br />

A <br />

ϕ<br />

A ⊗ A<br />

L’application ϕ est appelée la multiplication de l’algèbre et la première condition<br />

garantit son associativité. L’application η est dite l’unité de A, elle garantit<br />

l’existence d’un élément neutre pour la multiplication.<br />

EXEMPLES 11.26.<br />

(1) La multiplication usuelle d’un corps K permet de considérer ce dernier<br />

comme K-algèbre de façon canonique.<br />

(2) Soit X un monoïde topologique, respectivement un H-espace associatif.<br />

Alors il découle <strong>des</strong> propositions 11.23 et 11.24 que (H ∗ (X, Q), ϕ ′ ∗, η ′ ∗) est<br />

une algèbre sur Q.<br />

(3) (Produit tensoriel d’algèbres)<br />

Soient A et B deux algèbres sur un corps K. Alors A ⊗ B est une algèbre<br />

avec la multiplication donnée par la composition<br />

A ⊗ B ⊗ A ⊗ B Id A ⊗T⊗Id B<br />

A ⊗ A ⊗ B ⊗ B<br />

et l’unité définie par<br />

ϕ A ⊗ϕ B<br />

A ⊗ B<br />

K = K ⊗ K<br />

η A ⊗η B<br />

A ⊗ B .<br />

DÉFINITION 11.27.<br />

Soient A et B deux algèbres sur un corps K. Un morphisme d’algèbres f : A → B est<br />

un morphisme de K-espaces vectoriels gradués tel que les diagrammes suivants<br />

commutent :<br />

A ⊗ A ϕ A<br />

A K η A<br />

A<br />

f ⊗ f<br />

B ⊗ B ϕ B<br />

B<br />

f<br />

Id K<br />

K η B<br />

B<br />

f<br />

EXEMPLE 11.28 (Augmentation d’algèbre).<br />

Une augmentation est un morphisme d’algèbres ε : A → K. Il est alors facile de


126 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

voir que εη = Id K . Une algèbre munie d’une augmentation s’appelle une algèbre<br />

augmentée.<br />

DÉFINITION 11.29.<br />

Une algèbre A est dite commutative si le diagramme<br />

A ⊗ A <br />

ϕ<br />

T<br />

A<br />

ϕ<br />

<br />

A ⊗ A<br />

est commutatif.<br />

3. Algèbres de Hopf<br />

Après avoir défini les algèbres et coalgèbres, il est naturel de se demander<br />

comment ces deux structures peuvent coexister sur un même espace vectoriel.<br />

Dans ce qui suit, nous aimerions étudier <strong>des</strong> situations dans lesquelles ces structures<br />

sont compatibles. Avant de commencer, rappelons que si A est une algèbre,<br />

respectivement coalgèbre sur un corps K, alors A ⊗ A est également une algèbre,<br />

resp. coalgèbre et que l’on peut doter le corps K à la fois d’une structure d’algèbre<br />

et de coalgèbre de manière canonique.<br />

PROPOSITION 11.30.<br />

Soit A un espace vectoriel gradué, (A, ϕ, η) une algèbre et (A, ∆, ε) une coalgèbre. Les<br />

assertions suivantes sont équivalentes :<br />

(1) Les applications ϕ et η sont <strong>des</strong> morphismes de coalgèbres.<br />

(2) Les applications ∆ et ε sont <strong>des</strong> morphismes d’algèbres.<br />

DÉMONSTRATION. Pour que ϕ soit un morphisme de coalgèbres, il faut que les<br />

diagrammes suivants commutent :<br />

A ⊗ A<br />

∆⊗∆<br />

A ⊗ A ⊗ A ⊗ A<br />

ϕ<br />

A<br />

Id ⊗T⊗Id<br />

∆<br />

A ⊗ A<br />

ϕ⊗ϕ<br />

A ⊗ A ⊗ A ⊗ A<br />

A ⊗ A ε⊗ε K ⊗ K<br />

A<br />

ϕ<br />

ε<br />

K


3. ALGÈBRES DE HOPF 127<br />

L’application η est un morphisme de coalgèbres si et seulement si les diagrammes<br />

K K ⊗ K<br />

K Id K<br />

K<br />

A<br />

η<br />

η⊗η<br />

∆ A ⊗ A<br />

η<br />

A ε K<br />

commutent. Il est facile de voir que ∆ est un morphisme d’algèbres si et seulement<br />

si le premier et le troisième diagramme commutent et que ε est un morphisme<br />

d’algèbres si et seulement si le deuxième et le quatrième diagramme commutent.<br />

D’où découle l’équivalence <strong>des</strong> deux assertions.<br />

□<br />

Id K<br />

DÉFINITION 11.31.<br />

Une algèbre de Hopf ou bialgèbre sur un corps K est un K-espace vectoriel gradué A<br />

doté de morphismes de K-espaces vectoriels gradués<br />

tels que<br />

ϕ : A ⊗ A → A,<br />

∆ : A → A ⊗ A,<br />

(1) (A, ϕ, η) est une algèbre sur K,<br />

(2) (A, ∆, ε) est une coalgèbre sur K<br />

η : K → A<br />

ε : A → K<br />

(3) ϕ et η sont <strong>des</strong> morphismes de coalgèbres (ou de façon équivalente, ∆ et<br />

ε sont <strong>des</strong> morphismes d’algèbres).<br />

REMARQUE 11.32.<br />

Il s’ensuit de proposition 11.30 qu’une algèbre de Hopf ainsi définie est une algèbre<br />

augmentée avec augmentation ε et une coalgèbre augmentée avec augmentation<br />

η.<br />

DÉFINITION 11.33.<br />

Soient H et H ′ deux K-algèbres de Hopf. Un morphisme de K-espaces vectoriels<br />

gradués f : H → H ′ est appelée un morphisme d’algèbres de Hopf si f est un morphisme<br />

d’algèbres, respectivement de coalgèbres pour les algèbres, resp. coalgèbres<br />

sous-jacentes.<br />

EXEMPLE 11.34.<br />

Soit X un monoïde topologique, respectivement un H-espace associatif. Alors<br />

(H ∗ (X, Q), ϕ ′ ∗, η ′ ∗, ∆ ′ ∗, ε ′ ∗) est une algèbre de Hopf sur Q.<br />

EXEMPLE 11.35 (Algèbre tensorielle).<br />

Soit V un K-espace vectoriel. Une algèbre tensorielle de V est un couple (X, ι) où X<br />

est une K-algèbre et ι : V → X est une application linéaire telle que la propriété<br />

universelle suivante est satisfaite : pour tout K-algèbre A et pour toute application


128 11. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

K-linéaire f : V → A il existe un unique morphisme d’algèbres f : X → A tel que<br />

f ι = f autrement dit le diagramme suivant est commutatif :<br />

V<br />

<br />

<br />

f<br />

ι<br />

f<br />

A<br />

On peut montrer que l’algèbre tensorielle d’un espace vectoriel existe et elle est<br />

unique à isomorphisme près. A présent nous allons présenter sa construction.<br />

Posons T 0 (V) = K, T 1 (V) = V et pour n ≥ 2, T n (V) = V ⊗ . . . ⊗ V, le produit tensoriel<br />

de V avec lui-même n fois. Pour finir, posons T(V) = ⊕ n≥0 T n (V), et ι : V → T(V)<br />

définie par ι(v) = v ∈ T 1 (V) pour tout v ∈ V. On définit la multiplication sur T(V)<br />

de la manière suivante : si v = v 1 ⊗ . . . ⊗ v n ∈ T n (V) et w = w 1 ⊗ . . . ⊗ w m ∈ T m (V),<br />

alors<br />

v · w = v 1 ⊗ . . . ⊗ v n ⊗ w 1 ⊗ . . . ⊗ w m ∈ T n+m (V).<br />

Il est facile de voir que la multiplication est associative, et de plus 1 ∈ T 0 (V) est<br />

l’élément neutre pour la multiplication. Ainsi, T(V) est une algèbre et le couple<br />

(T(V), ι) est l’algèbre tensorielle de V.<br />

Avant de définir une structure de coalgèbre sur T(V), nous allons introduire<br />

une nouvelle notation pour plus de clarté : si v ∈ T n (V) et w ∈ T m (V) sont deux<br />

monômes tensoriels, alors on notera le monôme tensoriel dans T(V) ⊗ T(V) ayant<br />

v comme première et w comme deuxième composante par v⊗w.<br />

Considérons maintenant l’application linéaire f : V → T(V) ⊗ T(V) définie par<br />

f (v) = v⊗1 + 1⊗v. Grâce à la propriété universelle de l’algèbre tensorielle, il existe<br />

un morphisme d’algèbres ∆ : T(V) → T(V) ⊗ T(V) tel que ∆ι = f .<br />

Montrons que ∆ est coassociative, autrement dit que (∆ ⊗ Id)∆ = (Id ⊗∆)∆.<br />

Comme les deux égalités de l’équation sont <strong>des</strong> morphismes d’algèbres, il suffit de<br />

démontrer la relation pour un système de générateurs de T(V), donc pour ι(V) = V.<br />

Mais pour v ∈ V, nous avons en effet<br />

et<br />

(∆ ⊗ Id)∆(v) = (∆ ⊗ Id)(v⊗1 + 1⊗v)<br />

X<br />

= v⊗1⊗1 + 1⊗v⊗1 + 1⊗1⊗v<br />

(Id ⊗∆)∆(v) = (Id ⊗∆)(v⊗1 + 1⊗v)<br />

= v⊗1⊗1 + 1⊗v⊗1 + 1⊗1⊗v,<br />

ce qui montre la coassociativité de ∆. Définissons ensuite la counité grâce à la propriété<br />

universelle de l’algèbre tensorielle pour l’application identiquement nulle<br />

0 : V → K. Nous obtenons un morphisme d’algèbres ε : T(V) → K tel que ε(v) = 0<br />

pour tout v ∈ ι(V). Pour montrer que (ε ⊗ Id)∆ = φ, où φ : T(V) → K ⊗ T(V), φ(v) =<br />

1 ⊗ v est l’isomorphisme canonique, il suffit de vérifier l’égalité pour ι(V). Dans ce<br />

cas, nous avons clairement<br />

(ε ⊗ Id)∆(v) = ε(v) ⊗ 1 + ε(1) ⊗ v = 1 ⊗ v = φ(v).<br />

De même, (Id ⊗ε)∆ = φ ′ , où φ ′ : T(V) → T(V) ⊗ K est l’isomorphisme canonique.<br />

En résumé, nous pouvons donc conclure que T(V) est une algèbre de Hopf.


CHAPITRE 12<br />

Constructions duales<br />

1. Rappels sur les espaces duaux<br />

Voici quelques rappels d’algèbre linéaire concernant l’espace dual.<br />

DÉFINITION 12.1.<br />

Soit V un espace vectoriel sur un corps K. Alors l’espace dual de V est l’ensemble<br />

<strong>des</strong> applications linéaires allant de V dans K que l’on dénote par V ∗ . Soient V et W<br />

deux K-espaces vectoriels et ϕ : V → W une application linéaire. Alors ϕ induit<br />

une application linéaire ϕ ∗ : W ∗ → V ∗ définie par ϕ ∗ ( f ) = f ◦ ϕ pour tout f ∈ W ∗ .<br />

On appelle ϕ ∗ la transposée de ϕ.<br />

Dans ce qui suit, on suppose que les espaces vectoriels sont de dimension finie.<br />

PROPOSITION 12.2.<br />

(1) Soit V un K-espace vectoriel et {x 1 , . . . , x n } une base de V. Alors { f i : V → K |<br />

f i (x j ) = δ ij ∀ 1 ≤ i, j ≤ n} est une base de V ∗ et V est isomorphe à V ∗ .<br />

(2) Soit V défini comme ci-haut. Alors V ⊗ V admet pour base {x i ⊗ x j | 1 ≤ i, j ≤ n}<br />

et {g ij : V ⊗ V → K | g ij (x r ⊗ x s ) = δ ir δ js ∀ 1 ≤ i, j, r, s ≤ n} est la base<br />

correspondante de (V ⊗ V) ∗ .<br />

(3) Soit V un K-espace vectoriel. L’application ρ : V ∗ ⊗ V ∗ → (V ⊗ V) ∗ définie par<br />

ρ( f ⊗ g)(v ⊗ w) = f (v)g(w) pour f, g ∈ V ∗ , v, w ∈ V est un isomorphisme.<br />

(4) Par récurrence, on peut montrer que pour tout n ≥ 3, l’application θ n :<br />

V ∗ ⊗ · · · ⊗ V ∗ → (V ⊗ · · · ⊗ V) ∗ définie par θ( f<br />

}{{}<br />

1 ⊗ · · · ⊗ f n )(v 1 ⊗ · · · ⊗ v n ) =<br />

}{{}<br />

nfois<br />

nfois<br />

f 1 (v 1 ) · · · f n (v n ) pour f 1 , . . . , f n ∈ V ∗ , v 1 , . . . , v n ∈ V est un isomorphisme.<br />

(5) Soit V un espace vectoriel. Alors l’application linéaire θ V : V → V ∗∗ définie par<br />

θ V (v)(v ∗ ) = v ∗ (v) pour tout v ∈ V, v ∗ ∈ V ∗ est un isomorphisme.<br />

(6) Soient V, W deux Q-espaces vectoriels et soit ϕ : V → W une application<br />

linéaire. Alors ϕ : V → W est injective si et seulement si ϕ ∗ : W ∗ → V ∗ est<br />

surjective.<br />

(7) Soit 〈 , 〉 : V × W une application bilinéaire et considérons l’homomorphisme<br />

induit V ⊗ W → Q définie par v ⊗ w ↦→ 〈v, w〉. Supposons que si 〈v, w〉 =<br />

0 ∀ w ∈ W alors v = 0, ainsi que si 〈v, w〉 = 0 ∀ v ∈ V alors w = 0. Dans ce cas<br />

V W ∗ .<br />

129


130 12. CONSTRUCTIONS DUALES<br />

DÉMONSTRATION. Les points (1)-(5) sont <strong>des</strong> rappels d’algèbre linéaire. Nous<br />

n’allons démontrer ici que les deux dernières affirmations.<br />

Preuve de (6) :<br />

Supposons ϕ : V → W injective et soit f ∈ V ∗ . Par hypothèse, ϕ admet un inverse<br />

à gauche ψ : W → V (autrement dit, ψ ◦ ϕ = Id V ). Posons g = f ◦ ψ ∈ W ∗ . Alors<br />

ϕ ∗ (g) = g ◦ ϕ = f ◦ ψ ◦ ϕ = f ◦ Id V = f, et donc ϕ ∗ est surjective.<br />

Supposons ensuite ϕ : V → W surjective et soient f, g ∈ W ∗ telles que ϕ ∗ ( f ) =<br />

ϕ ∗ (g) ⇔ f (ϕ(x)) = g(ϕ(x)) pour tout x ∈ V. Par la surjectivité de ϕ, il existe pour<br />

tout y ∈ W un x ∈ V tel que ϕ(x) = y. Il s’ensuit que f (y) = g(y) pour tout y ∈ W,<br />

d’où l’injectivité de ϕ ∗ .<br />

Preuve de (7) :<br />

Considérons l’homomorphisme d’évaluation ε : V → W ∗ , v ↦→ 〈v, −〉. Par la<br />

première hypothèse, elle est clairement injective car Ker(ε) = {0}.<br />

Supposons ensuite par l’absurde que ε ne soit pas surjective. Soit n = dim V.<br />

Alors il existe {v 1 , . . . , v n } base de V telle que Im ε = span(〈v 1 , −〉, . . . , 〈v 1 , −〉). Soit<br />

f ∈ W ∗ \ Im ε. Alors span( f ) ∩ Im ε = 0 et il existe donc w 0 ∈ W tel que<br />

f (w) = 1, 〈v i , w〉 = 0 pour tout 1 ≤ i ≤ n. Prenons ensuite v = ∑ n<br />

j=1 λ jv j ∈ V<br />

quelconque. Il vient 〈v, w〉 = 〈 ∑ n<br />

j=1 λ jv j , w〉 = ∑ n<br />

j=1 λ j〈v j , w〉 = 0 et par conséquent<br />

〈v, w〉 = 0 pour tout v ∈ V, ce qui contredit la deuxième hypothèse. Ainsi ε est<br />

surjective et il s’agit donc bien d’un isomorphisme.<br />

□<br />

2. La (co)algèbre duale<br />

Après avoir construit l’espace dual d’un espace vectoriel donné, on peut se<br />

demander s’il est possible d’associer à une coalgèbre une algèbre duale et vice<br />

versa. Les théorèmes suivants nous garantissent l’existence de telles paires dans le<br />

cas <strong>des</strong> (co)algèbres de type fini.<br />

THÉORÈME 12.3.<br />

Soit (A, ∆, ε) une K-coalgèbre. Définissons les applications ϕ : A ∗ ⊗ A ∗ → A ∗ , ϕ = ∆ ∗ ρ où<br />

ρ est définie comme dans la proposition 12.2 et η : K → A ∗ , η = ε ∗ φ où φ : K → K ∗ est<br />

l’isomorhisme canonique, c’est-à-dire φ(1) = Id K . Alors (A ∗ , ϕ, η) est une algèbre. Ainsi<br />

définie, A ∗ s’appelle l’algèbre duale de la coalgèbre A.<br />

DÉMONSTRATION. Désignons ϕ( f ⊗ g) par f ∗ g. En utilisant la notation de<br />

Sweedler, on obtient à partir de la définition que<br />

( f ∗ g)(a) = (∆ ∗ ρ)( f ⊗ g)(a)<br />

= ρ( f ⊗ g)(∆(a))<br />

∑<br />

= ρ( f ⊗ g)(<br />

∑<br />

a 1 ⊗ a 2 )<br />

= ρ(<br />

∑<br />

f (a 1 ) ⊗ g(a 2 ))<br />

= f (a 1 )g(a 2 )


2. LA (CO)ALGÈBRE DUALE 131<br />

pour f, g ∈ A ∗ et a ∈ A. Il s’ensuit grâce à la proposition 11.10 que pour f, g, h ∈ A ∗<br />

et a ∈ A, nous avons<br />

∑<br />

( f ∗ g) ∗ h)(a) = ( f ∗ g)(a 1 )h(a 2 )<br />

∑<br />

= f (a 11 )g(a 12 )h(a 2 )<br />

∑<br />

= f (a 1 )g(a 21 )h(a 22 )<br />

∑<br />

= f (a 1 )(g ∗ h)(a 2 )<br />

= ( f ∗ (g ∗ h))(a),<br />

d’où l’associativité.<br />

On peut de plus remarquer que pour k ∈ K et a ∈ A, on a<br />

η(k)(a) = ε ∗ φ(k)(a) = φ(k)(ε(a)) = kε(a).<br />

Vérifier la deuxième condition de la définition d’algèbre revient à montrer qu’il<br />

existe un élément neutre pour la multiplication définie par ϕ, autrement dit que<br />

η(1) ∗ f = f ∗ η(1) = f pour tout f ∈ A ∗ , ce qui est une conséquence directe de la<br />

formule ∑ ε(a 1 )a 2 = a 1 ε(a 2 ) = a, déjà montrée dans la proposition 11.10. □<br />

THÉORÈME 12.4.<br />

Soit (A, ϕ, η) une K-algèbre finie. Définissons les applications ∆ : A ∗ → A ∗ ⊗A ∗ , ∆ = ρ −1 ϕ ∗<br />

où ρ est définie comme dans la proposition 12.2 et ε : A ∗ → K, ε = ψη ∗ où ψ : K ∗ → K est<br />

l’isomorhisme canonique, c’est-à-dire ψ( f ) = f (1) pour tout f ∈ K ∗ . Alors (A ∗ , ∆, ε) est<br />

une coalgèbre. Ainsi définie, A ∗ s’appelle la coalgèbre duale de l’algèbre A.<br />

DÉMONSTRATION. Notons tout d’abord que si ∆( f ) = ∑ i g i ⊗ h i avec g i , h i ∈ A ∗ ,<br />

alors f (ab) = ∑ i g i (a) ⊗ h i (b) pour tout a, b ∈ A. De plus, si (g ′ j , h′ j ) j est une famille<br />

finie d’éléments de A ∗ telles que f (ab) = ∑ j g ′ j (a) ⊗ h′ (b) pour tout a, b ∈ A, alors<br />

∑<br />

j<br />

i g i ⊗ h i = ∑ j g ′ j ⊗ h′ grâce à l’injectivité de ρ.<br />

j<br />

Nous pouvons ainsi définir ∆( f ) = ∑ i g i ⊗h i pour toute famille finie (g i , h i ) i ∈ A ∗<br />

ayant la propriété que f (ab) = ∑ i g i (a) ⊗ h i (b) pour tout a, b ∈ A.<br />

Prouvons maintenant la coassociativité de ∆. Soit f ∈ A ∗ avec ∆( f ) = ∑ i g i ⊗ h i .<br />

Soit de plus ∆(g i ) = ∑ j g ′ ij ⊗ g′′ ij et ∆(h i) = ∑ j h ′ ij ⊗ h′′ ij . Alors<br />

(∆ ⊗ A) ⊗ ∆( f ) =<br />

(A ⊗ ∆) ⊗ ∆( f ) =<br />

∑<br />

i,j<br />

∑<br />

i,j<br />

g ′ ij ⊗ g′′ ij ⊗ h i<br />

g i ⊗ h ′ ij ⊗ h′′ ij .<br />

Considérons l’application θ 3 : A ∗ ⊗A ∗ ⊗A ∗ → (A⊗A⊗A) ∗ définie dans la proposition<br />

12.2. Alors pour tout a, b, c ∈ A,<br />

∑<br />

∑<br />

θ 3 ( g ′ ij ⊗ g′′ ij ⊗ h i)(a ⊗ b ⊗ c) = g ′ ij (a)g′′ ij (b)h i(c)<br />

i,j<br />

=<br />

i,j<br />

∑<br />

g i (ab)h i (c)<br />

= f (abc)<br />

i


132 12. CONSTRUCTIONS DUALES<br />

et<br />

∑<br />

∑<br />

θ 3 ( g i ⊗ h ′ ij ⊗ h′′ ij )(a ⊗ b ⊗ c) =<br />

i,j<br />

i,j<br />

=<br />

i,j<br />

g i (a)h ′ ij (b)h′′ ij (c)<br />

∑<br />

g i (a)h i (bc)<br />

= f (abc).<br />

Comme θ 3 est un isomorphisme, donc en particulier injectif, nous obtenons que<br />

∑<br />

∑<br />

g ′ ij ⊗ g′′ ij ⊗ h i = g i ⊗ h ′ ij ⊗ h′′ ij ,<br />

d’où la coassociativité de ∆.<br />

Il nous reste encore à vérifier la propriété de counité. Mais pour tout a ∈ A,<br />

nous avons ∑<br />

∑<br />

( ε(g i )h i )(a) = g i (1)h i (a) = f (1 · a) = f (a),<br />

i<br />

i<br />

et donc ∑ i ε(g i )h i = f . De la même manière, on montre que ∑ i ε(h i )g i = f , donc la<br />

propriété de counité est également vérifiée.<br />

□<br />

i,j<br />

i<br />

REMARQUE 12.5.<br />

(1) Il est toujours vrai que le dual d’une coalgèbre et une algèbre mais<br />

la réciproque n’est vérifié que dans le cas <strong>des</strong> espaces vectoriels finis.<br />

Cela découle du fait que l’application ρ que nous avons utilisé lors <strong>des</strong><br />

constructions est seulement injective, mais pas bijective s’il s’agit d’espaces<br />

vectoriels de dimension infinie.<br />

(2) Au cours <strong>des</strong> preuves précédentes, nous n’avons pas fait mention de<br />

(co)algèbres graduées mais de simples (co)algèbres. En remplaçant l’hypothèse<br />

de la dimension finie par l’hypothèse que les (co)algèbres gradués<br />

sont de type fini, les théorèmes tiennent dans ce cadre plus général<br />

également. Toutefois, lors <strong>des</strong> vérifications il faut tenir compte du degré<br />

<strong>des</strong> éléments, ce qui entrave la lisibilité <strong>des</strong> preuves, raison pour laquelle<br />

nous l’avons omis. En l’occurrence, si V = (V n ) n∈N est un espace<br />

vectoriel gradué, la définition de ρ : V ∗ ⊗ V ∗ → (V ⊗ V) ∗ devient<br />

ρ( f ⊗ g)(v ⊗ w) = (−1) pq f (v)g(w) pour f, g ∈ V ∗ , v ∈ V p , w ∈ V q .<br />

Nous allons maintenant montrer qu’en plus <strong>des</strong> structures d’algèbre et de<br />

coalgèbre, les morphismes se traduisent tout aussi convenablement lors du passage<br />

au dual.<br />

THÉORÈME 12.6.<br />

(1) Si f : C → D est un morphisme de coalgèbres, alors f ∗ : D ∗ → C ∗ est un<br />

morphisme d’algèbres.<br />

(2) Si f : A → B est un morphisme d’algèbres finies, alors f ∗ : B ∗ → A ∗ est un<br />

morphisme de coalgèbres.


2. LA (CO)ALGÈBRE DUALE 133<br />

DÉMONSTRATION.<br />

(1) Soient d ∗ , e ∗ ∈ D ∗ et c ∈ C. Nous avons alors<br />

( f ∗ (d ∗ ∗ e ∗ ))(c) = (d ∗ ∗ e ∗ )( f (c))<br />

∑<br />

= d ∗ ( f (c 1 ))e ∗ ( f (c 2 )) ( f est un morphisme de coalgèbres)<br />

=<br />

∑<br />

( f ∗ (d ∗ ))(c 1 )( f ∗ (e ∗ ))(c 2 )<br />

= ( f ∗ (d ∗ ) ∗ f ∗ (e ∗ ))(c),<br />

et par conséquent l’égalité f ∗ (d ∗ e ∗ ) = f ∗ (d ∗ ) f ∗ (e ∗ ) est vérifiée. De plus, pour<br />

k ∈ K, on a<br />

f ∗ η D (k)(c) = f ∗ ε ∗ D φ(k)(c) = k f ∗ (ε D (c)) = kε D ( f (c))<br />

= kε C (c) = ε ∗ C φ(k)(c) = η C(k)(c),<br />

vu que ε D f = ε C , et donc f ∗ est bien un morphisme d’algèbres.<br />

(2) Nous devons montrer la commutativité du diagramme suivant :<br />

B ∗ f ∗ <br />

A ∗ ∆ A ∗<br />

∆ B ∗<br />

B ∗ ⊗ B ∗ f ∗ ⊗ f ∗ A ∗ ⊗ A ∗<br />

Soit b ∗ ∈ B ∗ avec (∆ A ∗ f ∗ )(b ∗ ) = ∆ A ∗(b ∗ f ) = ∑ i g i ⊗ h i et ∆ B ∗(b ∗ ) = ∑ j p j ⊗ q j et<br />

soit ρ : A ∗ ⊗ A ∗ → A ∗ l’isomorphisme canonique. Alors pour tout a, b ∈ A,<br />

nous avons<br />

∑<br />

ρ((∆ A ∗ f ∗)(b ∗ ))(a ⊗ b) = g i (a)h i (b) = (b ∗ f )(ab)<br />

et<br />

∑<br />

ρ(( f ∗ ⊗ f ∗ )∆ B ∗(b ∗ ))(a ⊗ b) = ρ( p j f ⊗ q j f )(a ⊗ b)<br />

i<br />

=<br />

=<br />

j<br />

∑<br />

(p j f )(a)(q j f )(b)<br />

j<br />

∑<br />

p j ( f (a))q j ( f (b))<br />

j<br />

= b ∗ ( f (a) f (b))<br />

= b ∗ ( f (ab)),<br />

ce qui montre que le diagramme est commutatif. De plus<br />

(ε A ∗ f ∗ )(b ∗ ) = ε A ∗(b ∗ f ) = (b ∗ f )(1) = b ∗ ( f (1)) = b ∗ (1) = ε B ∗(b ∗ ),<br />

ce qui prouve que f ∗ est en effet un morphisme de coalgèbres.<br />


134 12. CONSTRUCTIONS DUALES<br />

3. L’algèbre de Hopf duale<br />

A présent, nous avons tous les outils nécessaires en main pour prouver un<br />

résultat capital, à savoir le fait que le dual d’une algèbre de Hopf de type fini est<br />

encore une algèbre de Hopf.<br />

THÉORÈME 12.7.<br />

Soit H une algèbre de Hopf de dimension finie. Alors H ∗ , muni de la structure d’algèbre<br />

duale à la structure de coalgèbre de H et de la structure de coalgèbre duale à la structure<br />

d’algèbre de H est une algèbre de Hopf, appelée l’algèbre de Hopf duale de H.<br />

DÉMONSTRATION. Soient ∆ et ε la comultiplication et la counité de H, et soient<br />

δ et E la comultiplication et la counité de H ∗ . Souvenons-nous que pour h ∗ ∈ H ∗ ,<br />

nous avons E(h ∗ ) = h ∗ (1) et δ(h ∗ ) = ∑ h ∗ 1 ⊗ h∗ 2 avec h∗ (hg) = ∑ h ∗ 1 (h)h∗ (g) pour tout<br />

2<br />

h, g ∈ H. Il nous suffit de montrer que δ et E sont <strong>des</strong> morphismes d’algèbres. En<br />

effet, si h ∗ , g ∗ ∈ H ∗ et δ(h ∗ ) = ∑ h ∗ 1 ⊗ h∗ 2 , δ(g∗ ) = ∑ g ∗ 1 ⊗ g∗ , alors pour tout h, g ∈ H<br />

2<br />

nous avons<br />

∑<br />

(h ∗ ∗ g ∗ )(hg) = h ∗ (h 1 g 1 )g ∗ (h 2 g 2 )<br />

∑<br />

= h ∗ 1 (h 1)h ∗ 2 (g 1)g ∗ 1 (h 2)g ∗ 2 (g 2)<br />

∑<br />

= (h ∗ 1 g∗ 1 )(h)(h∗ 2 g∗ 2 )(g),<br />

ce qui montre que<br />

δ(h ∗ g ∗ ) =<br />

∑<br />

h ∗ 1 g∗ 1 ⊗ h∗ 2 g∗ 2 = δ(h∗ )δ(g ∗ ).<br />

De plus, ε(hg) = ε(h)ε(g) pour tout h, g ∈ H, et donc δ(ε) = ε ⊗ ε, ce qui montre<br />

que δ et bien un morphisme d’algèbres. Il nous reste encore à prouver que E est<br />

également un morphisme d’algèbres. Mais ceci est facile à voir, étant donné que<br />

et<br />

ce qui termine la preuve.<br />

E(h ∗ g ∗ ) = (h ∗ g ∗ )(1) = h ∗ (1)g ∗ (1) = E(h ∗ )E(g ∗ )<br />

E(ε) = ε(1) = 1,<br />


CHAPITRE 13<br />

Le théorème de Milnor-Moore<br />

1. Éléments primitifs et indécomposables<br />

DÉFINITION 13.1.<br />

Soit A une K-algèbre ou K-coalgèbre augmentée. Alors A est dite connexe si A 0 est<br />

isomorphe à K.<br />

La proposition suivante est une conséquence directe de la définition de morphisme<br />

de (co)algèbres :<br />

PROPOSITION 13.2.<br />

(1) Soit A une algèbre et ε : A → K une augmentation de A. Désignons par IA le<br />

noyau de ε. Alors si A est connexe, il existe une unique augmentation de A et<br />

IA = {A q } q>0 .<br />

(2) Soit A une coalgèbre et η : K → A une augmentation de A. Désignons par JA le<br />

conoyau de η. Alors si A est connexe, il existe une unique augmentation de A et<br />

JA = {A q } q>0 .<br />

DÉFINITION 13.3.<br />

(1) Soit A une algèbre augmentée sur K et soit QA le K-espace vectoriel<br />

gradué IA/ϕ(IA ⊗ IA). Les éléments de QA s’appellent alors les éléments<br />

indécomposables de A.<br />

(2) Soit A une coalgèbre augmentée sur K et PA l’ensemble <strong>des</strong> éléments<br />

a ∈ JA tels que ∆(a) = a ⊗ 1 + 1 ⊗ a. Ces derniers s’appellent les éléments<br />

primitifs de A.<br />

THÉORÈME 13.4.<br />

Soit A une Q-algèbre de Hopf connexe. Alors P(A ∗ ) = Q(A) ∗ .<br />

DÉMONSTRATION. Partons du morphisme d’évaluation ɛ : A ∗ ⊗ A → Q définie<br />

par ɛ( f ⊗a) = f (a), f ∈ A ∗ , a ∈ A. Sa restriction induit un morphisme P(A ∗ )⊗IA → Q.<br />

Prenons f ∈ P(A ∗ ) et x, y ∈ IA. Alors<br />

ɛ( f ⊗ (xy)) = f (xy) = ( f ⊗ 1 + 1 ⊗ f )(x ⊗ y) = f (x)1(y) + (−1) deg f deg y 1(x) f (y) = 0,<br />

135


136 13. LE THÉORÈME DE MILNOR-MOORE<br />

car 1 : A → Q est défini par 1(a) = a si a ∈ A 0 , 1(a) = 0 si a ∈ A q , q > 0 et x, y sont de<br />

degré strictement positif par la connexité de A. Par conséquent, ϕ(IA ⊗ IA) ⊂ Ker f<br />

pour tout f ∈ P(A ∗ ) et donc l’application<br />

donnée par<br />

ɛ : P(A ∗ ) ⊗ IA/ϕ(IA ⊗ IA) = P(A ∗ ) ⊗ QA → Q<br />

ɛ( f ⊗ a) = f (a), f ∈ P(A ∗ ), a ∈ QA<br />

est bien définie.<br />

Nous aimerions maintenant montrer que ɛ satisfait les hypothèses de la proposition<br />

12.2(7).<br />

Soit f ∈ P(A ∗ ) tel que ɛ( f ⊗ a) = 0 pour tout a ∈ QA. Alors f (a) = 0 pour tout<br />

a ∈ IA et donc f est bien l’application identiquement nulle.<br />

Soit ensuite a ∈ QA tel que ɛ( f ⊗ a) = 0 pour tout f ∈ P(A ∗ ). Alors f (a) = 0<br />

pour tout f ∈ P(A ∗ ). Supposons par l’absurde que a 0. Alors, si a ∈ A n , on<br />

peut compléter {a} en une base {a 1 = a, a 2 , . . . , a N } de A n telle que {a 1 , . . . , a m } est<br />

une base de (QA) n . Considérons ensuite les fonctions indicatrices f i , 0 ≤ i ≤ N<br />

correspondants qui forment une base de (A ∗ ) n . Comme f 1 (a 1 ) = 1 0, l’application<br />

f 1 n’appartient pas à P(A ∗ ). Il s’ensuit que<br />

∑<br />

∆ f 1 = f 1 ⊗ 1 + f 11 ⊗ f 12 + 1 ⊗ f 1<br />

avec ∆ f 1 = ∑ f 11 ⊗ f 12 0. Par conséquent, il existe ∑ a ′ ⊗ a ′′ ∈ (IA ⊗ IA) n tel que<br />

(∆ f 1 )( ∑ a ′ ⊗ a ′′ ) = t 0. Mais alors<br />

∑<br />

∑<br />

∑<br />

t = (∆ f 1 )(a ′ ⊗ a ′′ ) = f 1 (a ′ a ′′ ) = f 1 ( a ′ a ′′ ),<br />

et comme ∑ a ′ a ′′ ∈ A n , on peut écrire ∑ a ′ a ′′ = ∑ N<br />

i=1 r ia i avec r i ∈ K. Etant donné<br />

que f 1 est la fonction indicatrice de a 1 , on obtient<br />

∑<br />

t = f 1 ( a ′ a ′′ ) = f 1 (<br />

N∑<br />

r i a i ) = r 1 ,<br />

autrement dit ∑ a ′ a ′′ = ta 1 + ∑ N<br />

i=2 r ia i . Soit π : A n → (QA) n l’application quotient.<br />

Alors<br />

∑<br />

m∑<br />

π( a ′ a ′′ ) = 0 = ta 1 + r i a i .<br />

Par l’indépendance linéaire <strong>des</strong> a i , on obtient t = r 1 = · · · = r m = 0, contradiction.<br />

Ainsi on a bien a = 0.<br />

Nous pouvons donc en conclure que P(A ∗ ) Q(A) ∗ .<br />

□<br />

i=1<br />

i=2<br />

DÉFINITION 13.5.<br />

Soit A une algèbre et V ⊂ A un espace vectoriel. On dit que V engendre A si le<br />

morphisme d’algèbres ι : T(V) → A induite par l’inclusion ι : V → A est surjective.<br />

PROPOSITION 13.6.<br />

Si A une algèbre, alors QA engendre A.


2. ALGÈBRES DE LIE 137<br />

DÉMONSTRATION. Soit {a i } i∈I une base de QA. Choisissons <strong>des</strong> représentants<br />

<strong>des</strong> classes a i ∈ a i pour définir une application linéaire QA ι → A, ι(a i ) = a i , i ∈ I. Il<br />

s’ensuit que l’application induite ι : T(QA) → A est un morphisme d’algèbres. Par<br />

la proposition 3.8 de [13], ι est surjectif si et seulement si<br />

Q(ι) : Q(T(QA)) → Q(A)<br />

est surjectif. Mais Q(T(QA)) = QA et Q(ι) est l’indentité, donc en particulier surjective,<br />

d’où l’affirmation.<br />

□<br />

2. Algèbres de Lie<br />

DÉFINITION 13.7.<br />

Soit A une K-algèbre et définissons [ , ] : A ⊗ A → A par [x, y] = xy − (−1) pq yx pour<br />

x ∈ A p , y ∈ A q . Le morphisme d’espaces vectoriels gradués [ , ] est appelé le crochet<br />

de Lie de A. L’espace vectoriel A muni du crochet de Lie est appelé l’algèbre de Lie<br />

associée à l’algèbre A.<br />

Une algèbre de Lie sur K est un K-espace vectoriel gradué L muni d’un morphisme<br />

[ , ] : L ⊗ L → L tel qu’il existe une algèbre A et un morphisme de K-espaces<br />

vectoriels gradués f : L → A injectif de manière à ce que le diagramme<br />

L ⊗ L<br />

[ , ]<br />

L<br />

f ⊗ f<br />

A ⊗ A [ , ] A<br />

commute. Si L et L ′ sont deux algèbres de Lie sur K, un morphisme d’algèbres<br />

de Lie f : L → L ′ est un morphisme de K-espaces vectoriels gradués tels que le<br />

diagramme<br />

L ⊗ L<br />

[ , ]<br />

L<br />

f<br />

commute.<br />

f ⊗ f<br />

L ′ ⊗ L ′ [ , ]<br />

L<br />

f<br />

PROPOSITION 13.8.<br />

Soit L une algèbre de Lie sur K, x ∈ L p , y ∈ L q et z ∈ L r . Alors<br />

(1) [x, y] = (−1) pq+1 [y, x], et<br />

(2) (−1) pr [x, [y, z]] + (−1) qp [y, [z, x]] + (−1) rq [z, [x, y]] = 0.<br />

DÉMONSTRATION. Il s’agit d’une conséquence directe de la formule [x, y] =<br />

xy − (−1) pq yx pour x ∈ L p , y ∈ L q .<br />

□<br />

REMARQUE 13.9.<br />

Notons qu’une algèbre de Lie n’est pas une algèbre car le crochet n’est pas associatif<br />

et il n’existe pas non plus d’élément neutre pour la multiplication.


138 13. LE THÉORÈME DE MILNOR-MOORE<br />

DÉFINITION 13.10.<br />

Soit L une algèbre de Lie. L’algèbre universelle enveloppante de L est le couple (U(L), ι L )<br />

où U(L) est une K-algèbre et ι L : L → U(L) est un morphisme d’algèbres de Lie<br />

tel que la propriété universelle suivante est satisfaite : pour tout K-algèbre A et<br />

pour tout morphisme d’algèbres de Lie f : L → A il existe un unique morphisme<br />

d’algèbres f ♯ : U(L) → A tel que f ♯ ι L = f autrement dit le diagramme suivant<br />

L<br />

<br />

<br />

ι L<br />

U(L)<br />

f<br />

f ♯<br />

A<br />

est commutatif.<br />

REMARQUE 13.11.<br />

Si l’algèbre universelle enveloppante existe, elle est unique à isomorphisme près.<br />

Voici comment on peut la construire : soit L une algèbre de Lie et (T(L), ι) l’algèbre<br />

tensorielle associée à l’espace vectoriel sous-jacent. Rappelons qu’il existe alors<br />

pour tout algèbre A et tout morphisme d’espaces vectoriels gradués f : L → A<br />

un unique morphisme d’algèbres f : T(L) → A tel que f ι = f . Soit maintenant f<br />

un morphisme d’algèbres de Lie et soit I l’idéal de T(L) engendré par les éléments<br />

xy − (−1) pq yx − [x, y] pour x ∈ L p , y ∈ L q . Alors f (I) = 0 et en posant U(L) = T(L)/I,<br />

il existe un unique morphisme d’algèbres f ♯ : U(L) → A tel que le diagramme<br />

L<br />

<br />

<br />

ι L<br />

U(L)<br />

f<br />

f ♯<br />

A<br />

est commutatif, avec ι L la composition L ι → T(L) → U(L).<br />

DÉFINITION 13.12.<br />

Si L, L ′ sont <strong>des</strong> algèbres de Lie sur K, alors L × L ′ est l’algèbre de Lie sur K telle que<br />

pour<br />

[(x, y), (x ′ , y ′ )] = ([x, x ′ ], [y, y ′ ])<br />

(x, y) ∈ (L × L ′ ) p = L p × L ′ p, (x ′ , y ′ ) ∈ (L × L ′ ) q = L q × L ′ q.<br />

L’algèbre de Lie L × L ′ est appelée le produit <strong>des</strong> algèbres de Lie L et L ′ .<br />

PROPOSITION 13.13.<br />

Soit A une algèbre de Hopf connexe. Alors PA est une sous-algèbre de Lie de l’algèbre de<br />

Lie associée à A.


3. LE THÉORÈME DE MILNOR-MOORE 139<br />

DÉMONSTRATION. Soient x, y ∈ PA, avec ∆(x) = x ⊗ 1 + 1 ⊗ x, ∆(y) = y ⊗ 1 + 1 ⊗ y<br />

et x ∈ A p , y ∈ A q . Nous avons alors<br />

∆([x, y]) = [∆(x), ∆(y)]<br />

= [x ⊗ 1 + 1 ⊗ x, y ⊗ 1 + 1 ⊗ y]<br />

= [x ⊗ 1, y ⊗ 1] + [x ⊗ 1, 1 ⊗ y] + [1 ⊗ x, y ⊗ 1] + [1 ⊗ x, 1 ⊗ y]<br />

= (xy ⊗ 1 − (−1) pq yx ⊗ 1) + (x ⊗ y − (−1) pq (−1) pq x ⊗ y)<br />

+((−1) pq y ⊗ x − (−1) pq y ⊗ x) + (1 ⊗ xy − (−1) pq 1 ⊗ yx)<br />

= [x, y] ⊗ 1 + 1 ⊗ [x, y],<br />

étant donné que les deux termes du milieu de la somme s’annulent. Donc [x, y] est<br />

bien un élément de PA.<br />

□<br />

DÉFINITION 13.14.<br />

Une algèbre de Hopf A est dite de génération primitive si la plus petite sous-algèbre<br />

de A contenant PA est A elle-même.<br />

3. Le théorème de Milnor-Moore<br />

THÉORÈME 13.15.<br />

Soit A une algèbre de Hopf connexe sur Q. Alors le morphisme naturel θ : PA → QA<br />

donné par la composition PA ↩→ JA = IA π → QA est injectif si et seulement si A est<br />

commutative pour la multiplication.<br />

DÉMONSTRATION. (1) Supposons d’abord θ injectif et montrons que la multiplication<br />

de A est commutative. Cela revient à prouver que xy−(−1) pq yx = [x, y] = 0<br />

pour x ∈ A p , y ∈ A q , p, q > 0. Procédons par récurrence sur deg(x) + deg(x) ≥ 2.<br />

Si deg(x) = deg(y) = 1, alors x, y sont primitifs et [x, y] ∈ PA comme démontré<br />

dans la proposition 13.13. De plus, [x, y] n’est pas indécomposable et donc θ[x, y] =<br />

0. Par l’injectivité de θ nous pouvons en déduire que [x, y] = 0.<br />

Supposons maintenant que [u, v] = 0 si deg(u) + deg(v) < n et montrons le<br />

résultat pour n. Soit x ∈ A p , y ∈ A q , p + q = n. Posons<br />

∑<br />

∆(x) = x ⊗ 1 + x 1 ⊗ x 2 + 1 ⊗ x avec deg(x i ) < p pour tout i,<br />

∑<br />

∆(y) = y ⊗ 1 + y 1 ⊗ y 2 + 1 ⊗ y avec deg(y i ) < q pour tout i.<br />

Calculons<br />

∆[x, y] = [∆(x), ∆(y)]<br />

∑<br />

∑<br />

= [x ⊗ 1 + x 1 ⊗ x 2 + 1 ⊗ x, y ⊗ 1 + y 1 ⊗ y 2 + 1 ⊗ y]<br />

∑<br />

= [x ⊗ 1, y ⊗ 1] + [x ⊗ 1, y 1 ⊗ y 2 ] + [x ⊗ 1, 1 ⊗ y]<br />

∑<br />

∑<br />

∑<br />

+ [x 1 ⊗ x 2 , y ⊗ 1] + [x 1 ⊗ x 2 , y 1 ⊗ y 2 ] + [x 1 ⊗ x 2 , 1 ⊗ y]<br />

∑<br />

+[1 ⊗ x, y ⊗ 1] + [1 ⊗ x, y 1 ⊗ y 2 ] + [1 ⊗ x, 1 ⊗ y].<br />

Traitons les termes séparément :<br />

[x ⊗ 1, y ⊗ 1] = xy ⊗ 1 − (−1) pq yx ⊗ 1 = [x, y] ⊗ 1,


140 13. LE THÉORÈME DE MILNOR-MOORE<br />

et de façon similaire, [1 ⊗ x, y ⊗ 1] = 1 ⊗ [x, y]. Ensuite<br />

[x ⊗ 1, 1 ⊗ y] = x ⊗ y − (−1) pq (−1) pq x ⊗ y = 0,<br />

et de même, [1 ⊗ x, y ⊗ 1] = 0. En ce qui concerne les termes composés, posons<br />

deg(x i ) = p i , deg(y i ) = q i avec p 1 + p 2 = p, q 1 + q 2 = q. Alors<br />

car pq+pq 2 ≡ pq 1<br />

Pour finir<br />

[x ⊗ 1, y 1 ⊗ y 2 ] = (x ⊗ 1)(y 1 ⊗ y 2 ) − (−1) pq (y 1 ⊗ y 2 )(x ⊗ 1)<br />

= xy 1 ⊗ y 2 − (−1) pq (−1) pq 2<br />

(y 1 x ⊗ y 2 )<br />

= [x, y 1 ] ⊗ y 2 = 0<br />

mod 2 et en appliquant l’hypothèse de récurrence. Pareillement,<br />

[x 1 ⊗ x 2 , y ⊗ 1] = [x 1 ⊗ x 2 , 1 ⊗ y] = [1 ⊗ x, y 1 ⊗ y 2 ] = 0.<br />

[x 1 ⊗ x 2 , y 1 ⊗ y 2 ] = (x 1 ⊗ x 2 )(y 1 ⊗ y 2 ) − (−1) pq (y 1 ⊗ y 2 )(x 1 ⊗ x 2 )<br />

= (−1) p 2q 1<br />

x 1 y 1 ⊗ x 2 y 2 − (−1) pq+p 1q 2<br />

y 1 x 1 ⊗ y 2 x 2<br />

−(−1) p 2q 1<br />

(−1) p 1q 1<br />

y 1 x 1 ⊗ x 2 y 2 + (−1) pq 1<br />

y 1 x 1 ⊗ x 2 y 2<br />

= (−1) p 2q 1<br />

[x 1 , y 1 ] ⊗ x 2 y 2 + (−1) pq 1<br />

(y 1 x 1 ⊗ [x 2 , y 2 ]) = 0,<br />

en utilisant l’hypothèse de récurrence et le fait que pq + p 1 q 2 ≡ pq 1 + p 2 q 2 mod 2.<br />

En résumé,<br />

∆[x, y] = [x, y] ⊗ 1 + 1 ⊗ [x, y].<br />

Ainsi, [x, y] ∈ PA et il est décomposable, donc θ[x, y] = 0. Par l’injectivité de θ, on<br />

peut conclure que [x, y] = 0 et la multiplication de A est donc bien associative.<br />

(2) Supposons maintenant que la multiplication de A est associative et montrons<br />

que θ est injectif. Nous n’allons faire la preuve que pour une algèbre de Hopf<br />

de génération finie (autrement dit, avec QA de dimension finie). Le cas général<br />

suit car une algèbre de Hopf est la limite directe de sous-algèbres de Hopf de<br />

génération finie (pour plus de détails, voir la propsition 4.13 de [13]). Procédons<br />

par récurrence sur le nombre de générateurs.<br />

Supposons que A est engendré par x ∈ A n . Remarquons que x doit être primitif.<br />

Si n est impair, x 2 = (−1) n2 x 2 = −x 2 et donc x 2 = 0. Il s’ensuit que A 0 = Q, A n =<br />

Q{x}, A i = 0 si i 0, n. Par conséquent PA = A n = QA et θ est l’identité, donc en<br />

particulier injective.<br />

Si n est pair, alors pour k ≥ 1,<br />

k∑<br />

( )<br />

k<br />

∆(x k ) = ∆(x) k = (x ⊗ 1 + 1 ⊗ x) k = x j ⊗ x k−j<br />

j<br />

et on voit que x k ∈ PA si et seulement si k = 1. De plus, QA = Q{x} et donc θ est<br />

encore un isomorphisme.<br />

Supposons maintenant que l’affirmation soit vraie pour (n − 1) générateurs et<br />

soit A engendrée par {x 1 , . . . , x n } avec deg(x 1 ) ≤ deg(x 2 ) ≤ . . . ≤ deg(x n ). Soit A ′<br />

la sous-algèbre engendrée par {x 1 , . . . , x n−1 }, elle est connexe et de multiplication<br />

commutative par hypothèse. Soit I(x 1 , . . . , x n−1 ) l’idéal engendré par x 1 , . . . x n−1 .<br />

Posons A ′′ = A/I(x 1 , . . . , x n−1 ) l’algèbre monogène engendrée par l’image de x n . La<br />

suite exacte<br />

0 A ′ j<br />

A π A ′′<br />

j=0


4. APPLICATION AU MORPHISME D’HUREWICZ 141<br />

induit alors deux suites d’applications telles que le diagramme suivant ait <strong>des</strong><br />

rangs exacts (les suites en questions) et il commute :<br />

0 PA ′ P(j)<br />

PA<br />

P(π) PA ′′<br />

.<br />

θ ′<br />

0 QA ′ Q(j)<br />

θ<br />

θ ′′<br />

QA Q(π) QA ′′ 0<br />

(Le lecteur pourra se référer au chapitre 3 de [13] pour de plus amples détails sur<br />

la construction de ce diagramme.)<br />

Nous savons que θ ′′ est un isomorphisme et θ ′ est injectif par l’hypothèse de<br />

récurrence. Soit y ∈ PA tel que θ(y) = 0. Alors 0 = Q(π) ◦ θ(y) = θ ′′ ◦ P(π)(y) et<br />

donc P(π)(y) = 0 car θ ′′ est un isomorphisme. Comme la première suite est exacte,<br />

il existe y ′ ∈ PA ′ tel que P(j)(y ′ ) = y. Alors Q(j)◦θ ′ (y ′ ) = θ◦P(j)(y ′ ) = θ(y) = 0. Par<br />

l’injectivité de θ ′ , nous pouvons conclure que y ′ = 0, et donc y = 0, ce qui prouve<br />

l’injectivité de θ.<br />

□<br />

COROLLAIRE 13.16.<br />

Soit A une algèbre de Hopf connexe de type fini avec comultiplication commutative. Alors<br />

le morphisme naturel θ : PA → QA est surjectif, autrement dit A est de génération<br />

primitive.<br />

DÉMONSTRATION. Si A est une algèbre de Hopf connexe de type fini avec comultiplication<br />

commutative, alors A ∗ est encore une algèbre de Hopf connexe de<br />

type fini et de plus sa multiplication (qui est le dual de la comultiplication de A)<br />

est commutative. Par le théorème précédent, le morphisme naturel :<br />

est injectif. Par la proposition 12.2,<br />

θ ∗ : P(A ∗ ) → Q(A ∗ )<br />

θ ∗∗ : Q(A ∗ ) ∗ → P(A ∗ ) ∗<br />

est surjectif. Mais le théorème 13.4 nous dit que Q(A ∗ ) ∗ = P(A ∗∗ ) = P(A) et P(A ∗ ) ∗ =<br />

Q(A) ∗∗ = Q(A), en utilisant le fait qu’un espace vectoriel est isomorphe au dual de<br />

son dual. Finalement, cette relation équivaut à dire que<br />

θ : P(A) → Q(A)<br />

est injectif, donc A est bien de génération primitive.<br />

4. Application au morphisme d’Hurewicz<br />

Ce travail a été préparé dans le cadre d’un séminaire sur le morphisme d’Hurewicz.<br />

Dans ce dernier chapitre, nous allons tenter de présenter un bref aperçu <strong>des</strong><br />

liens entre le théorème de Milnor-Moore et le sujet global. Sans vouloir prétendre<br />

à l’exhaustivité, nous renvoyons le lecteur intéressé aux autres travaux effectués<br />

dans ce même cadre et aux références mentionnées tout le long du chapitre.<br />

□<br />

DÉFINITION 13.17.<br />

Soit n ≥ 0, (X, x 0 ) un espace topologique pointé, (S n , s 0 ) la sphère de dimension<br />

n et f : S n → X une application continue. Le foncteur H n (−) induit alors un


142 13. LE THÉORÈME DE MILNOR-MOORE<br />

homomorphisme H n ( f ) : H n (S n , Q) → H n (X, Q). Notons [ f ] la classe de f dans<br />

π n (X). Le n-ième morphisme d’Hurewicz<br />

h n : π n (X) → H n (X, Q)<br />

est donné par<br />

h n ( f ) = H n ( f )(α n ),<br />

où α n est le générateur de H n (S n , Q) Q{α n }. Soit h = (h n ) n≥0 : π ∗ (X) → H ∗ (X, Q) le<br />

morphisme défini par les h n . Le foncteur − ⊗ Q induit alors un morphisme<br />

h Q : π ∗ (X) ⊗ Q → H ∗ (X, Q) ⊗ Q = H ∗ (X, Q),<br />

appelé le morphisme d’Hurewicz rationnel.<br />

THÉORÈME 13.18 (Cartan-Serre).<br />

Le morphisme d’Hurewicz rationnel est un isomorphisme<br />

h Q : π ∗ (X) ⊗ Q P(H ∗ (X, Q)) ,<br />

où P(H ∗ (X, Q)) désigne les éléments primitifs de H ∗ (X, Q).<br />

DÉMONSTRATION. Pour la preuve de ce théorème, le lecteur pourra consulter<br />

[3], [4] ou encore [14].<br />

□<br />

En résumé, soit X un monoïde topologique, respectivement un H-espace associatif<br />

connexe par arcs tel que H n (X, Q) est de type fini pour tout n ≥ 0. Alors<br />

H ∗ (X, Q) est une algèbre de Hopf vérifiant les hypothèses du corollaire 13.16, et il<br />

s’ensuit qu’elle est de génération primitive. Grâce au théorême de Cartan-Serre,<br />

nous pouvons donc conclure que l’homologie rationnelle de X est engendrée par<br />

son homotopie rationnelle.<br />

EXEMPLE 13.19.<br />

Soit Y un CW-complexe avec un nombre de cellules fini en chaque dimension.<br />

Dans ce cas, par le théorème de Milnor (voir [12]), l’espace de lacets ΩY admet un<br />

espace vectoriel gradué d’homologie singulière rationnelle de type fini et on peut<br />

appliquer les théorèmes précédents.


Quatrième Partie<br />

Vers le Théorème de Suspension de<br />

Freudenthal<br />

Par<br />

Caroline Lassueur<br />

Encadré par :<br />

Prof. Kathryn Hess-Bellwald


Introduction<br />

Ce travail s’inscrit dans une série de quatre projets de semestres, réalisés<br />

par Anna Devic, Julian Kellerhalls, Michele Klaus et moi-même, visant à étudier<br />

les théorèmes d’Hurewicz qui lient groupes d’homotopie et groupes d’homologie<br />

d’un espace topologique. Le but de ce travail en particulier n’est pas de<br />

démontrer ces théorèmes, tâche incombant à Michele et Julian , mais de les appliquer<br />

premièrement dans une démonstration du théorème de Bott-Samelson pour<br />

deuxièmement utiliser ces deux derniers pour démontrer le théorème de suspension<br />

de Freudenthal dans le cas <strong>des</strong> sphères.<br />

La partie la plus difficile du travail a certainement été de déchiffrer tous les<br />

symboles se trouvant dans l’énoncé du théorème de Bott-Samelson. C’est pourquoi<br />

les quatre premier chapitres sont consacrés à ce déchiffrage. Le premier, qui<br />

introduit la notion de produit tensoriel, est à considérer un peu à part du reste<br />

du travail. Il est certes fondamental de comprendre le produit tensoriel pour aborder<br />

les notions présentées dans la suite du travail, cependant ma motivation pour<br />

présenter le sujet en détail étant doublée d’une volonté de <strong>CQFD</strong>-l’association <strong>des</strong><br />

étudiants en mathématiques de l’epfl de mettre à dispositio§n <strong>des</strong> étudiants de<br />

la section <strong>des</strong> textes d’introduction à divers sujets <strong>des</strong> mathématiques écrits par<br />

<strong>des</strong> étudiants d’un niveau de connaissances équivalent. Les projets de semestre<br />

constituent à ces fins une grande ressource puisque leur contenu est vérifié par<br />

un professeur ou un assistant compétent en la matière. Le chapitre 2 introduit<br />

ensuite l’homologie singulière absolue d’un espace topologique. Le chapitre 3 en<br />

un bref résumé de quelques résultats d’algèbre homologique concernant les complexes<br />

de chaînes et les suites exactes longues en homologie ; pour plus de détails<br />

ainsi que les preuves <strong>des</strong> résultat présentés, je recommande la lecture du projet<br />

de Julian ainsi que <strong>des</strong> livre [15] et [16]. Par conséquent, les seuls prérequis<br />

supposés sont quelques notions élémentaires d’algèbre, d’algèbre linéaire et de<br />

topologie algébrique en matière de groupes d’homotopie. Cependant le lecteur savant<br />

pourra commencer sa lecture directement au chapitre 4 où nous introduisons<br />

ensuite les notions duales d’algèbre et de coalgèbre, que l’on regroupe à travers la<br />

notion d’algèbre de Hopf. Finalement, après ces quatre chapitres de préliminaires,<br />

nous avons en mains tous les outils nécessaires pour comprendre le théorème de<br />

Bott-Samelson, que l’on appliquera ensuite pour traiter le théorème de suspension<br />

de Freudenthal.<br />

J’ai essayé d’écrire un texte cohérent et lisible, cependant je reste un auteur<br />

imparfait. C’est pourquoi je sollicite l’aide de mes lecteurs pour corriger mes erreurs<br />

de tous types. Pour terminer, je tiens à remercier la Prof. Kathryn Hess Bellwald<br />

pour son enthousiasme envers l’idée de créer une série de projets de semestre<br />

147


148 INTRODUCTION<br />

autour <strong>des</strong> théorèmes d’Hurewicz, ainsi que pour avoir pris le temps de répondre<br />

à mes questions une fois par semaine durant tout le semestre.


CHAPITRE 14<br />

Produits tensoriels de modules<br />

Ce chapitre présente une introduction au produit tensoriel, que j’ai voulu relativement<br />

complète, essentiellement pour les raisons exposées dans l’introduction.<br />

En outre, de prime abord, le produit tensoriel est une notion très abstraite et peu<br />

intuitive, qui est souvent trop brievement expliquée dans les livres. C’est pourquoi<br />

j’ai tenu à entrer dans les détails ici. L’intérêt de chapitre pour la suite, outre la<br />

compréhension de l’opération produit tensoriel, réside dans les sections 5 et 6 qui<br />

sont <strong>des</strong> préliminaires aux chapitres 4 et 5. Mes sources se constituent de notes<br />

d’un cours donné au Tata Institute [2].<br />

1. Définition, existence et unicité<br />

Le produit tensoriel de deux modules est une construction algébrique basée<br />

sur la notion suivante d’application équilibrée.<br />

DÉFINITION 14.1.<br />

Soit (A, +, ·) un anneau, M un A-module à droite et N un A-module à gauche. Soit<br />

encore P un groupe abélien.<br />

Une application f : M × N −→ P est dite A-équilibrée si :<br />

(1) f (m 1 + m 2 , n) = f (m 1 , n) + f (m 2 , n) ∀ m 1 , m 2 ∈ M ∀ n ∈ N ;<br />

(2) f (m, n 1 + n 2 ) = f (m, n 1 ) + f (m, n 2 ) ∀ m ∈ M ∀ n 1 , n 2 ∈ N ;<br />

(3) f (ma, n) = f (m, an) ∀ m ∈ M ∀ n ∈ N ∀a ∈ A.<br />

Si f satisfait les points (1) et (2) seulement, on dit que f est bi-additive.<br />

EXEMPLE 14.2.<br />

Soit A un anneau ainsi que M et N deux A-modules à droite. Alors Hom A (M, N) est<br />

un A-module à gauche pour l’addition usuelle <strong>des</strong> applications et la multiplication<br />

externe suivante :<br />

· : A × Hom A (M, N) −→ Hom A (M, N)<br />

(a, ϕ) ↦−→ a · ϕ : M −→ N<br />

m ↦−→ (a · ϕ)(m) := ϕ(ma)<br />

Alors l’application évaluation<br />

e : M × Hom A (M, N) −→ N<br />

(m, ϕ) ↦−→ ϕ(m)<br />

149


150 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

est A-équilibrée. En effet, pour tous m, m 1 , m 2 ∈ M, ϕ, ϕ 1 , ϕ 2 ∈ Hom A (M, N) et a ∈ A<br />

on a :<br />

– e(m 1 + m 2 , ϕ) = ϕ(m 1 + m 2 ) = ϕ(m 1 ) + ϕ(m 2 ) = e(m 1 , ϕ) + e(m 2 , ϕ) ;<br />

– e(m, ϕ 1 + ϕ 2 ) = (ϕ 1 + ϕ 2 )(m) = ϕ 1 (m) + ϕ 2 (m) = e(m, ϕ 1 ) + e(m, ϕ 2 ) :<br />

– e(ma, ϕ) = ϕ(ma) = (a · ϕ)(m) = e(m, a · ϕ).<br />

Nous définissons maintenant la notion de produit tensoriel de modules à l’aide<br />

d’une propriété universelle.<br />

DÉFINITION 14.3.<br />

Soit A un anneau, M un A-module à droite et N un A-module à gauche. Un<br />

produit tensoriel de M et N est un couple (T, t) où T est un groupe abélien et<br />

t : M × N −→ T est une application A-équilibrée tels que la propriété universelle<br />

suivante est satisfaite.<br />

Pour tout groupe abélien P et pour toute application A-équilibrée f : M × N −→ P,<br />

il existe un unique homomorphisme de groupes abéliens f ˜ : T −→ P tel que le<br />

diagramme suivant commute, i.e. f ˜ t = f .<br />

M × N<br />

t<br />

<br />

T<br />

<br />

f<br />

∃! f<br />

˜<br />

Commençons par montrer que si un produit tensoriel existe alors il est unique.<br />

Unicité. Supposons que (T, t) et (T ′ , t ′ ) sont deux produits tensoriels de M et<br />

N.<br />

(1) Par la propriété universelle de (T, t) il existe un unique homomorphisme<br />

de groupes abéliens h : T −→ T ′ tel que ht = t ′ .<br />

(2) Par la propriété universelle de (T ′ , t ′ ) il existe un unique homomorphisme<br />

de groupes abéliens h ′ : T ′ −→ T tel que h ′ t ′ = t.<br />

M × N ′<br />

t<br />

<br />

h<br />

h ′<br />

P<br />

t<br />

T ′<br />

<br />

T<br />

<br />

Ainsi h ′ ht = h ′ t ′ = t = id T t et donc par unicité dans la propriété universelle<br />

de (T, t) on doit avoir h ′ h = id T .<br />

M × N<br />

t<br />

<br />

id T<br />

<br />

h ′ h<br />

<br />

T<br />

<br />

t<br />

De même par unicité dans la propriété universelle de (T ′ , t ′ ) on obtient que<br />

hh ′ = id T ′. Donc h est un isomorphisme entre T et T ′ .<br />

Par conséquent, (T, t) est unique à un unique isomorphisme près.<br />

T


1. DÉFINITION, EXISTENCE ET UNICITÉ 151<br />

Avant de travailler avec le produit tensoriel, il nous reste à voir que l’objet que<br />

nous venons de définir existe effectivement. La démonstration ci-<strong>des</strong>sous donne<br />

une construction explicite du produit tensoriel.<br />

Existence. On considère le Z-module libre L de base M×N. Définissons alors K<br />

comme étant le sous-Z-module de L engendré par les éléments de la forme :<br />

(a) (m 1 + m 2 , n) − (m 1 , n) − (m 2 , n) m 1 , m 2 ∈ M, n ∈ N ;<br />

(b) (m, n 1 + n 2 ) − (m, n 1 ) − (m, n 2 ) m ∈ M, n 1 , n 2 ∈ N ;<br />

(c) (ma, n) − (m, an) m ∈ M, n ∈ N et a ∈ A.<br />

Alors l’application<br />

t : M × N<br />

ı<br />

−→ L<br />

π<br />

−→ L/K<br />

(m, n) ↦−→ (m, n) ↦−→ (m, n) + K<br />

qui est la restriction à M × N de la projection canonique est A-équilibrée. En<br />

effet, pour tous m, m 1 , m 2 ∈ M, n, n 1 , n 2 ∈ N et a ∈ A on a :<br />

· t(m 1 +m 2 , n) = (m 1 +m 2 , n)+K (a)<br />

= (m 1 , n)+(m 2 , n)+K = t(m 1 , n)+t(m 2 , n) :<br />

· t(m, n 1 + n 2 ) = (m, n 1 + n 2 ) + K (b)<br />

= (m, n 1 ) + (m, n 2 ) + K = t(m, n 1 ) + t(m, n 2 ) ;<br />

· t(ma, n) = (ma, n) + K (c)<br />

= (m, an) + K = t(m, an).<br />

On remarque en outre que t(M × N) engendre L/K.<br />

On pose alors T := L/K et il reste à voir que (T, t) est un produit tensoriel de<br />

M et N.<br />

Soit donc P un groupe abélien (i.e. un Z-module) et f : M × N −→ P un<br />

application équilibrée sur A. Alors par la propriété universelle <strong>des</strong> modules<br />

libres, f peut être étendue en un unique homomorphisme f ˆ : L −→ P tel<br />

que f ˆ ı = f . Autrement dit, f ˆ coîncide avec f sur les éléments de la base, i.e.<br />

f ˆ(m, n) = f (m, n) pour tout (m, n) ∈ M × N, puis on étend par Z-linéarité.<br />

( f ˆ ( ∑ r<br />

i=1 a i(m i , n i )) = ∑ r<br />

i=1 a ˆ<br />

i f (m i , n i ).)<br />

M × N <br />

f<br />

P<br />

ı<br />

T<br />

∃! f<br />

ˆ<br />

Comme f est A-équilibrée on a que K ⊆ ker f ˆ , on peut donc appliquer la<br />

propriété universelle <strong>des</strong> modules quotients au triple (L, K, f ˆ ). On obtient<br />

qu’il existe un unique homomorphisme de Z-modules f ˜ : L/K −→ P tel que<br />

f˜π = f ˆ .<br />

L<br />

fˆ<br />

P<br />

π<br />

<br />

∃! f ˜<br />

L/K = T


152 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

En résumé, on a la situation suivante :<br />

M × N <br />

P<br />

<br />

<br />

<br />

ı fˆ <br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

t L <br />

∃! f<br />

<br />

˜<br />

<br />

<br />

π<br />

<br />

<br />

T<br />

f<br />

Avec f ˜ t = f ˜ πı = f ˆ ı = f . Le couple (T, t) est donc un produit tensoriel de M<br />

et N.<br />

NOTATION 14.4.<br />

Au lieu de T on écrira M ⊗ A N et on pose t(m, n) := m ⊗ n pour tout (m, n) ∈ M × N.<br />

Comme t est équilibrée on a par exemple que (m 1 + m 2 ) ⊗ n = m 1 ⊗ n + m 2 ⊗ n.<br />

Ainsi, puisque les éléments de la forme m ⊗ n engendrent M ⊗ A N, tout élément<br />

u ∈ M ⊗ A N peut s’écrire comme u = ∑ r<br />

i=1 m i ⊗ n i .<br />

REMARQUES.<br />

(1) Cette expression pour u n’est pas unique. En effet, on a pour tous m ∈ M,<br />

n, n 1 , n 2 ∈ N et a ∈ A,<br />

0 = m ⊗ (n 1 + n 2 ) − m ⊗ n 1 − m ⊗ n 2 = ma ⊗ n − m ⊗ an .<br />

(2) Il découle directement de la bi-additivité du produit tensoriel que l’élément<br />

neutre du groupe abélien M ⊗ A N est 0 M⊗A N = 0 M ⊗ A 0 N =: 0.<br />

PROPRIÉTÉS 14.5.<br />

Sous les mêmes hypothèses que ci-<strong>des</strong>sus on a pour tous m ∈ M, n ∈ N et a, b ∈ A :<br />

(1) 0 ⊗ n = 0 puisque 0 ⊗ n + m ⊗ n = (0 + m) ⊗ n = m ⊗ n ;<br />

(1’) m ⊗ 0 = 0 ;<br />

(2) (−m) ⊗ n = −(m ⊗ n) puisque 0 = (m + (−m)) ⊗ n = m ⊗ n + (−m) ⊗ n ;<br />

(2’) m ⊗ (−n) = −((m ⊗ n) ;<br />

(3) m(ab) ⊗ n = (ma)b ⊗ n = ma ⊗ bn = m ⊗ a(bn) = m ⊗ (ab)n.<br />

REMARQUE 14.6.<br />

M ⊗ A N peut être nul sans que ni M, ni N ne soit le module nul.<br />

Exemple : T = Z/nZ ⊗ Z Q = 0 pour tout n ∈ N.<br />

Il suffit de voir que tous les générateurs de T sont nuls. Soit donc a b<br />

et b 0) un générateur de T. Alors<br />

a<br />

b ⊗ m = an<br />

bn ⊗ m = a<br />

bn ⊗ }{{}<br />

nm = 0 .<br />

0<br />

⊗ m (a, b, m ∈ Z


2. PRODUIT TENSORIEL D’APPLICATIONS 153<br />

2. Produit tensoriel d’applications<br />

Le produit tensoriel de deux modules étant muni d’une structure de groupe<br />

abélien (ou de manière équivalente, d’une structure de Z-module), intéressonsnous<br />

maintenant aux homomorphismes (de groupes abéliens) entre produits tensoriels.<br />

PROPOSITION 14.7.<br />

Soit f : M −→ M ′ un homomorphisme de A-modules à droite. Soit g : N −→ N ′ un<br />

homomorphisme de A-modules à gauche. Alors il existe un unique homomorphisme de<br />

groupes abéliens f ⊗ g : M ⊗ A N −→ M ′ ⊗ A N ′ tel que le diagramme suivant commute :<br />

M × N<br />

f ×g<br />

M ′ × N ′<br />

t<br />

<br />

<br />

t ′ <br />

M ⊗ A N M ′ ⊗ A N ′<br />

autrement dit ( f ⊗ g)(m ⊗ n) = f (m) ⊗ g(n) pour tout m ∈ M et pour tout n ∈ N.<br />

On dit que f ⊗ g est le produit tensoriel de f et g.<br />

f ⊗g<br />

<br />

DÉMONSTRATION. La composition h : M × N −→ f ×g<br />

M ′ × N ′ t<br />

−→ ′<br />

M ′ ⊗ A N ′ est<br />

A-équilibrée.<br />

En effet, pour tous m, m 1 , m 2 ∈ M, n, n 1 , n 2 ∈ N et a ∈ A on a :<br />

– h(m 1 + m 2 , n) = f (m 1 + m 2 ) ⊗ g(n) = ( f (m 1 ) + f (m 2 )) ⊗ g(n) = f (m 1 ) ⊗ g(n) +<br />

f (m 2 ) ⊗ g(n) = h(m 1 , n) + h(m 2 , n) ;<br />

– h(m, n 1 + n 2 ) = f (m) ⊗ g(n 1 + n 2 ) = f (m) ⊗ (g(n 1 ) + g(n 2 )) = f (m) ⊗ g(n 1 ) +<br />

f (m) ⊗ g(n 2 ) = h(m, n 1 ) + h(m, n 2 ) ;<br />

– h(ma, n) = f (ma)⊗g(n) = f (m)a⊗g(n) = f (m)⊗ag(n) = f (m)⊗g(an) = h(m, an).<br />

Ainsi par la propriété universelle du produit tensoriel M ⊗ A N, il existe un unique<br />

homomorphisme de groupes abéliens, disons f ⊗ g tel que f ⊗ g ◦ t = h = t ′ ◦ f × g.<br />

Donc pour tout m ∈ M et pour tout n ∈ N on a :<br />

f ⊗ g(m ⊗ n) = f ⊗ g(t(m, n)) = t ′ ( f × g(m, n)) = f (m) ⊗ g(n)<br />

En d’autres termes, le diagramme ci-<strong>des</strong>sus commute.<br />

□<br />

REMARQUE 14.8.<br />

Sous les mêmes hypothèses que la proposition ci-<strong>des</strong>sus, l’application<br />

θ : hom A (M, M ′ ) × hom A (N, N ′ ) −→ hom Z (M ⊗ A N, M ′ ⊗ A N ′<br />

( f, g) ↦−→ f ⊗ g<br />

est bi-additive.<br />

En effet, pour tous f, f ′ ∈ hom A (M, M ′ ), g, g ′ ∈ hom A (N, N ′ ), m ∈ M et n ∈ N on a :<br />

– θ[( f + f ′ , g)](m ⊗ n) = ( f + f ′ ) ⊗ g(m ⊗ n) = ( f + f ′ )(m) ⊗ g(n) = f (m) ⊗ g(n) +<br />

f ′ (m)⊗g(n) = ( f ⊗g)(m⊗n)+( f ′ ⊗g)(m⊗n) = θ[( f, g)](m⊗n)+θ[( f ′ , g)](m⊗n).<br />

Cette proppriété s’étend par Z-linéarité à tous les éléments de M ⊗ A N, donc<br />

θ[( f + f ′ , g)] = θ[( f, g)] + θ[( f ′ , g)].<br />

– De manière similaire θ[( f, g + g ′ )] = θ[( f, g)] + θ[( f, g ′ )].


154 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

Une pathologie du produit tensoriel d’applications réside dans le fait que lorsqu’on<br />

tensorise un homomomorphisme avec une application identité, cette opération<br />

conserve la surjectivité, mais pas l’injectivité.<br />

PROPRIÉTÉS 14.9.<br />

(1) Si f : M −→ M ′ est un homomorphisme surjectif de A-modules à droite et N un<br />

A-module à gauche, alors f ⊗ id N : M ⊗ A N −→ M ′ ⊗ A N est aussi surjectif (de<br />

même si on inverse droite et gauche).<br />

(2) Si f : M −→ M ′ est un homomorphisme injectif de A-modules à droite et N un<br />

A-module à gauche, alors f ⊗id N : M⊗ A N −→ M ′ ⊗ A N n’est pas nécessairement<br />

injectif.<br />

DÉMONSTRATION.<br />

(1) Il suffit de voir que tous les générateurs ont une pré-image.<br />

Soit donc m ′ ⊗ n un générateur de M ′ ⊗ A N. Par surjectivité de f , il existe<br />

m ∈ M tel que m ′ = f (m). Ainsi,<br />

m ′ ⊗ n = f (m) ⊗ id N (n) = f ⊗ id N (m ⊗ n) .<br />

(2) Posons M = Z , N = Z/2Z et M ′ = Q.<br />

Alors M ⊗ Z N = Z ⊗ Z/2Z Z/2Z comme nous le verrons à la section<br />

suivante. Posons encore<br />

f : Z −→ Q<br />

z ↦−→ z 1 .<br />

Il s’agit clairement d’un Z-homomorphisme injectif. De plus nous savons<br />

déjà que M ′ ⊗ Z N = Q ⊗ Z Z/2Z = 0 donc f ⊗ id N ne peut pas être injectif<br />

puisque Z/2Z ne peut pas s’injecter dans le Z-module nul.<br />

□<br />

REMARQUES.<br />

(1) id M ⊗ id N = id M⊗A N puisque id M ⊗ id N (m ⊗ n) = id M (m) ⊗ id N (n) = m ⊗ n.<br />

(2) Si M −→ f<br />

M ′ f<br />

−→ ′<br />

M ′′ et N −→ g<br />

N ′ g<br />

−→ ′<br />

N ′′ sont A-linéaires à droite et à<br />

gauche respectivement alors :<br />

( f ′ ◦ f ) ⊗ (g ◦ g ′ ) = ( f ′ ⊗ g ′ ) ◦ ( f ⊗ g)<br />

Effectivement calculons pour tout m ∈ M et pour tout n ∈ N :<br />

( f ′ ◦ f ) ⊗ (g ◦ g ′ )(m ⊗ n) = f ′ ◦ f (m) ⊗ g ′ ◦ g(n)<br />

= ( f ′ ⊗ g ′ )( f (m) ⊗ g(n))<br />

= ( f ′ ⊗ g ′ ) ◦ ( f ⊗ g)(m ⊗ n)


3. STRUCTURE DE MODULE SUR LE PRODUIT TENSORIEL 155<br />

3. Structure de module sur le produit tensoriel<br />

Dans cette section nous allons voir que si l’on considère un A-module à droite<br />

M et un A-module à gauche N, alors on peut équiper leur produit tensoriel M ⊗ A N<br />

sur A d’une structure de B-module, pour autant que M soit muni d’une structure<br />

de A-B-module.<br />

Ainsi, en particulier, tout produit tensoriel de modules sur un anneau commutatif<br />

pourra être doté d’une structure de module à gauche ou à droite sur ce même<br />

anneau.<br />

Rappelons que si A et B sont deux anneaux, alors un groupe abélien M est un<br />

A-B-bimodule du type A M B si M est muni d’une structure de A-module à gauche,<br />

d’une structure de B-module à droite et les deux multiplications extérieures sont<br />

liées par une loi associative :<br />

a(mb) = (am)b ∀ a ∈ A, ∀ b ∈ B et ∀ m ∈ M .<br />

EXEMPLES 14.10.<br />

(1) Tout idéal bilatère d’un anneau A est un A-A-bimodule.<br />

(2) Si f : A −→ B est un homomorphisme d’anneaux, alors B peut être<br />

considéré comme un A-B-bimodule du type A B B en posant a · b := f (a) · b.<br />

(3) Plus particulièrement, si A est un anneau commutatif, alors tout A-module<br />

peut-être considéré comme un A-A-bimodule.<br />

Par exemple, si M est A-module à gauche, alors on peut le munir d’une<br />

structure de A-module à droite en définissant la multiplication externe<br />

suivante :<br />

· : M × A −→ M<br />

(m, a) ↦−→ m · a := am<br />

Alors m · (aa ′ ) = (aa ′ )m = a(a ′ m) = (a ′ m) · a = (m · a) · a ′ pour tout a, a ′ ∈ A et<br />

pour tout m ∈ M et les autres axiomes de module à droite sont clairement<br />

vérifiés.<br />

De plus a(ma ′ ) = a(a ′ m) = (aa ′ )m = (a ′ a)m = m(a ′ a) = a ′ (am) = (am)a ′ pour<br />

tout a, a ′ ∈ A et pour tout m ∈ M. Ainsi le troisième axiome <strong>des</strong> bimodules<br />

est satisfait.<br />

En résumé, tout module sur un anneau commutatif peut-être considéré<br />

comme un bimodule sur cet anneau en prenant deux fois la structure de<br />

module donnée.<br />

Soit A N un A-module à gauche et B M A un A-B-bimodule. Nous allons montrer via<br />

les lemmes suivants que l’on peut définir une structure de B-module à gauche sur<br />

M ⊗ A N.<br />

LEMME 14.11.<br />

L’application µ b de multiplication par un élément b de B


156 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

µ b : M −→ M<br />

m ↦−→ bm<br />

est A-linéaire et induit un unique endomorphisme µ b ⊗ id N du groupe abélien M ⊗ A N.<br />

DÉMONSTRATION. Vérifions l’A-linéarité de µ b . Soit m ∈ M et a ∈ A alors :<br />

µ b (ma) = b(ma) = (bm)a = µ b (m)a<br />

Ainsi µ b est une application A-linéaire de M dans M, donc d’après la proposition<br />

14.7 µ b donne lieu a un unique endomorphisme µ b ⊗ id N du groupe M ⊗ A N. □<br />

LEMME 14.12.<br />

L’application b ↦−→ µ b ⊗ id N est un homomorphisme d’anneaux de B −→ End Z (M ⊗ A N).<br />

DÉMONSTRATION. On considère la composition<br />

θ<br />

B −→ End A (M) × End A (N) −→ End Z (M ⊗ A N)<br />

b ↦−→ (µ b , id N ) ↦−→ µ b ⊗ id N<br />

Alors pour tout b 1 , b 2 ∈ B on a :<br />

– b 1 b 2 ↦→ (µ b1 b 2<br />

, id N ) = (µ b1 ◦ µ b2 , id N ) ↦→ (µ b1 ◦ µ b2 ) ⊗ (id N ◦ id N ) = (µ b1 ⊗ id N ) ◦<br />

(µ b2 ⊗ id N ) ;<br />

– 1 B ↦→ (id M , id N ) ↦→ id M ⊗ id N = id M⊗A N ;<br />

– b 1 +b 2 ↦→ (µ b1 +b 2<br />

, id N ) = (µ b1 +µ b2 , id N ) ↦→ (µ b1 +µ b2 )⊗id N = µ b1 ⊗id N +µ b2 ⊗id N<br />

par bi-additivité de la deuxième application θ (cf. remarque 14.8).<br />

L’application b ↦−→ µ b ⊗ id N est de ce fait un homomorphisme d’anneaux de<br />

B −→ End Z (M ⊗ A N).<br />

□<br />

CONSÉQUENCE 14.13.<br />

Par conséquent, le produit tensoriel M ⊗ A N acquiert, via l’homomorphisme ci<strong>des</strong>sus,<br />

la structure de B-module à gauche caractérisée par :<br />

b · (m ⊗ n) := (µ b ⊗ id N )(m ⊗ n) = µ b (m) ⊗ id N (n) = bm ⊗ n<br />

pour tout b ∈ B, pour tout m ∈ M et pour tout n ∈ N.<br />

REMARQUES.<br />

(1) Si B M ′ A est un autre A-B-bimodule, f : M −→ M′ est linéaire sur A et sur<br />

B et g : N −→ N ′ est un homomorphisme de A-modules à gauche, alors<br />

f ⊗ g : M ⊗ A N −→ M ′ ⊗ A N ′ est un homomorphisme de B-modules à<br />

gauche.<br />

On sait déjà que f ⊗ g est un homomorphisme de groupes abéliens (14.7),<br />

de plus pour tout b ∈ B, m ∈ M et n ∈ N on a :<br />

f ⊗ g(b · (m ⊗ n)) = f ⊗ g(bm ⊗ n) = f (bm) ⊗ g(n)<br />

= b f (m) ⊗ g(n) = b · ( f (m) ⊗ g(n)<br />

= b · ( f ⊗ g)(m ⊗ n)


3. STRUCTURE DE MODULE SUR LE PRODUIT TENSORIEL 157<br />

(2) Si N est un A-B-bimodule du type A N B , le produit tensoriel M ⊗ A N peut<br />

être muni d’une structure de B-module à droite par une construction<br />

analogue à celle décrite ci-<strong>des</strong>sus.<br />

(3) En particulier, si A est un anneau commutatif et M et N sont <strong>des</strong> A-<br />

modules (à droite et à gauche, par commutativité de A), on peut munir<br />

M⊗ A N d’une structure de A-A-bimodule. Dès lors, la notion d’application<br />

A-équilibrée peut-être remplacée par la notion de A-bilinéarité et toutes<br />

les applications induites par la propriété universelle du produit tensoriel<br />

deviennent A-linéaires (i.e. <strong>des</strong> homomorphismes de A-modules).<br />

Utilisons maintenant la structure de module sur le produit tensoriel, pour<br />

montrer que tensoriser un module avec son anneau de base est une opération<br />

neutre, à isomorphisme près.<br />

PROPOSITION 14.14.<br />

Soit M un A-module à droite et N un A-module à gauche. Alors<br />

M ⊗ A A M<br />

A ⊗ A N N<br />

en tant que A-modules à droite;<br />

en tant que A-modules à gauche.<br />

DÉMONSTRATION. On munit M ⊗ A A d’une structure de A-module à droite<br />

comme ci-<strong>des</strong>sus. L’application<br />

M × A −→ M<br />

(m, a) ↦−→ ma<br />

est A-bilinéaire grâce aux axiomes de A-module à droite. En vertu de la remarque 3<br />

(3), elle induit une application A-linéaire φ : M ⊗ A A −→ M telle que φ(m ⊗ a) = ma.<br />

Définissons d’autre part<br />

ψ : M −→ M ⊗ A A<br />

m ↦−→ m ⊗ 1 A<br />

qui est A-linéaire puisque ψ(ma) = ma ⊗ 1 A = m ⊗ 1 A · a = (m ⊗ 1 A ) · a. Alors φ et ψ<br />

sont inverses l’un de l’autre :<br />

– ψ ◦ φ(m ⊗ a) = ψ(ma) = ma ⊗ 1 A = m ⊗ a = id M⊗A A(m ⊗ a) ∀ a ∈ A, ∀ m ∈ M ;<br />

– φ ◦ ψ(m) = φ(m ⊗ 1 A ) = id M (m) ∀ m ∈ M.<br />

Par conséquent φ est un isomorphisme de A-modules à droite.<br />

De manière similaire, A ⊗ A N et N sont isomorphes en tant que A-modules à<br />

gauche.<br />

□<br />

Le produit tensoriel de plusieurs modules est aussi une opération associative,<br />

à isomorphisme près.<br />

PROPOSITION 14.15.<br />

Soit M un A-module à droite, N un A-B-bimodule du type A N B et P un B-module à gauche.<br />

Alors l’application<br />

˜β : M ⊗ A (N ⊗ B P) −→ (M ⊗ A N) ⊗ B P<br />

(m ⊗ n) ⊗ p ↦−→ (m ⊗ n) ⊗ p


158 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

est un isomorphisme de groupe abéliens.<br />

DÉMONSTRATION. Pour tout m ∈ M définissons l’application<br />

α m : N × P −→ (M ⊗ A N) ⊗ B P<br />

(n, p) ↦−→ α m (n, p) := (m ⊗ n) ⊗ p<br />

qui est B-équilibrée :<br />

– α m (n 1 + n 2 , p) = (m ⊗ n 1 + m ⊗ n 2 ) ⊗ p = (m ⊗ n 1 ) ⊗ p + (m ⊗ n 2 ) ⊗ p =<br />

α m (n 1 , p) + α m (n 2 , p) ;<br />

– α m (n, p 1 + p 2 ) = (m ⊗ n) ⊗ p 1 + (m ⊗ n) ⊗ p 2 = α m (n, p 1 ) + α m (n, p 2 ) ;<br />

– α m (nb, p) = (m ⊗ nb) ⊗ p = ((m ⊗ n)b) ⊗ p = (m ⊗ n) ⊗ bp = α m (n, bp) ;<br />

pour tout n 1 , n 2 , n ∈ N, p, p 1 , p 2 ∈ P et b ∈ B.<br />

Par conséquent, α m induit un unique homomorphisme de groupes abéliens ˜α m :<br />

N ⊗ B P −→ (M ⊗ A N) ⊗ B P tel que ˜α m (n ⊗ p) = (m ⊗ n) ⊗ p. Définissons alors<br />

β : M × (N ⊗ B P) −→ (M ⊗ A N) ⊗ B P<br />

(m, x) ↦−→ β(m, x) := ˜α m (x) .<br />

Cette application est bien-définie par définition de ˜α m ; elle est équilibrée sur A :<br />

– β(m 1 + m 2 , x) = ˜α m1 (x) + ˜α m1 (x) = β(m 1 , x) + β(m 2 , x) ;<br />

– β(m, x 1 + x 2 ) = ˜α m (x 1 + x 2 ) = ˜α m (x 1 ) + ˜α m (x 2 ) = β(m, x 1 ) + β(m, x 2 ) ;<br />

– β(ma, x) = ˜α ma (x) = ˜α m (ax) = β(m, ax) ;<br />

pour tout m 1 , m 2 , m ∈ M, x, x 1 , x 2 ∈ N ⊗ B P et a ∈ A.<br />

Par conséquent, β induit un unique homomorphisme de groupes abéliens<br />

tel que ˜β((m ⊗ n) ⊗ p) = (m ⊗ n) ⊗ p.<br />

˜β : M ⊗ A (N ⊗ B P) −→ (M ⊗ A N) ⊗ B P<br />

On obtient de façon similaire un homomorphisme<br />

tel que ˜γ((m ⊗ n) ⊗ p) = (m ⊗ n) ⊗ p.<br />

˜γ : (M ⊗ A N) ⊗ B P −→ M ⊗ A (N ⊗ B P)<br />

Ces homomorphismes sont clairement inverses l’un par rapport à l’autre. Il s’agit<br />

de ce fait d’isomorphismes.<br />

□<br />

Regardons finalement que si A est un anneau commutatif, alors le produit<br />

tensoriel de deux A-modules est une opération symétrique à isomorphisme près.<br />

PROPOSITION 14.16.<br />

Soit A est un anneau commutatif, M et N <strong>des</strong> A-modules . Alors M ⊗ A N et N ⊗ A M sont<br />

isomorphes en tant que A-modules.<br />

DÉMONSTRATION. L’application<br />

α : M × N −→ N ⊗ A M<br />

(m, n) ↦−→ n ⊗ m<br />

est A-bilinéaire :<br />

– α(m 1 + m 2 , n) = n ⊗ m 1 + n ⊗ n 2 = α(m 1 , n) + α(m 2 , n) ∀ m 1 , m 2 ∈ M, n ∈ N ;<br />

– α(m, n 1 + n 2 ) = m ⊗ n 1 + m ⊗ n 2 = α(m, n 1 ) + α(m, n 2 ) ∀ m ∈ M, n 1 , n 2 ∈ N ;


4. PRODUIT TENSORIEL DE SOMMES DIRECTES 159<br />

– α(am, n) = n ⊗ am = an ⊗ m = α(m, an) = an ⊗ m = a(n ⊗ m) = aα(m, n)<br />

∀ m ∈ M, n ∈ N, a ∈ A.<br />

Par conséquent, par la propriété universelle du produit tensoriel et par la remarque<br />

3 (3), α induit un unique homomorphisme de A-modules ˜α : M ⊗ A N −→ N ⊗ A M<br />

tel que ˜α(m ⊗ n) = n ⊗ m.<br />

De façon analogue, on obtient qu’il existe un unique homomorphisme de A-<br />

modules ˜α : N⊗ A M −→ M⊗ A N tel que ˜α(n⊗m) = m⊗n. Ces deux homomorphismes<br />

sont clairement inverses l’un de l’autre et sont par conséquent <strong>des</strong> isomorphimes<br />

de A-modules.<br />

□<br />

4. Produit tensoriel de sommes directes<br />

Le comportement du produit tensoriel par rapport au sommes directes de modules<br />

et particulièrement intéressant dans l’optique de travailler avec <strong>des</strong> modules<br />

libres.<br />

THÉORÈME 14.17.<br />

Soit {M i } i∈I une famille de A-modules à droite et {N j } j∈J une famille de A-modules à gauche.<br />

Alors l’application ⊕<br />

i∈I M i ⊗ A<br />

⊕<br />

j∈J N j −→ ⊕ (i,j)∈I×J (M i ⊗ A N j )<br />

( ∑ i m i ) ⊗ ( ∑ j n j ) ↦−→ ∑ i,j m j ⊗ n j<br />

est un isomorphisme de groupes abéliens.<br />

DÉMONSTRATION. D’une part l’application<br />

ψ :<br />

⊕i∈I M ⊕<br />

i × A j∈J N j −→ ⊕ (i,j)∈I×J (M i ⊗ A N j )<br />

( ∑ i m i , ∑ j n j ) ↦−→ ∑ i,j m i ⊗ n j<br />

est clairement équilibrée. Ainsi, par la propriété universelle du produit tensoriel,<br />

elle induit un unique homomorphisme de groupes abéliens<br />

˜ψ :<br />

⊕i∈I M ⊕<br />

i ⊗ A j∈J N j −→ ⊕ (i,j)∈I×J (M i ⊗ A N j )<br />

tel que ˜ψt = ψ, i.e. ˜ψ(( ∑ i m i ) ⊗ ( ∑ j n j )) = ∑ i,j m j ⊗ n j .<br />

D’autre part, pour tout les couples (i, j) ∈ I × J, les applications<br />

b ij : M i × N j −→ ⊕ i∈I M i ⊗ A<br />

⊕j∈J N j<br />

(m i , n j ) ↦−→ m i ⊗ n j<br />

sont A-équilibrées par construction du produit tensoriel. Par conséquent, elles<br />

induisent <strong>des</strong> homomorphismes de groupes (uniques) :<br />

˜ b ij : M i ⊗ A N j −→ ⊕ i∈I M i ⊗ A<br />

⊕j∈J N j


160 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

tel que b ˜ ij (m i ⊗ n j ) = m i ⊗ n j .<br />

Ainsi, il existe un unique homomorphisme de groupes qui étend tous les b ˜ ij :<br />

˜β :<br />

⊕(i,j)∈I×J (M i ⊗ A N j ) −→ ⊕ i∈I M ⊕<br />

i ⊗ A j∈J N j<br />

∑<br />

i,j x ij ↦−→ ∑ ˜<br />

i,j b ij (x ij )<br />

En particulier, ˜β( ∑ i,j m i ⊗ n j ) = ( ∑ i m i ) ⊗ ( ∑ j n j ). Ce qui montre que ˜ψ et ˜β sont<br />

inverses l’un de l’autre, il s’agit par conséquents s’isomorphismes de groupes. □<br />

CONSÉQUENCE 14.18.<br />

Soit A un anneau commutatif, M = ⊕ i∈I Ae i un A-module libre de base {e i | i ∈ I}<br />

et N = ⊕ j∈J A f j un A-module libre de base { f j | j ∈ J}. Alors par le théorème<br />

précédent :<br />

⊕ ⊕ ⊕<br />

M ⊗ A N = ( Ae i ) ⊗ A ( A f j ) (Ae i ⊗ A f j )<br />

i∈I<br />

j∈J<br />

(i,j)∈I×J<br />

Or Ae i ⊗ A f j A ⊗ A A où ae i ⊗ b f j ↦→ ab avec inverse A −→ Ae i ⊗ A f j où<br />

c ↦→ c(e i ⊗ f j ) . Donc<br />

⊕<br />

M ⊗ A N A(e i ⊗ f j ) .<br />

(i,j)∈I×J<br />

Par conséquent M ⊗ A N est un A-module libre de base {e i ⊗ f j | (i, j) ∈ I × J}.<br />

En outre, si M est libre de rang m et N est libre de rang n, alors M ⊗ A N est libre de<br />

rang mn.<br />

5. Exactitude à droite du produit tensoriel<br />

THÉORÈME 14.19.<br />

Soit M un A-module à droite. Le foncteur M ⊗ A − est exact à droite.<br />

DÉMONSTRATION. Soit N ′ f<br />

−→ N ↠ g N ′′ −→ 0 une suite exacte de A-modules à<br />

gauche. On a donc Im( f ) = ker(g) et g est surjectif.<br />

Il faut montrer que M ⊗ A N ′ id M ⊗ f<br />

−→ M ⊗ A N id M ⊗g<br />

↠ M ⊗ A N ′′ −→ 0 est exact, i.e. que<br />

Im(id M ⊗ f ) = ker(id M ⊗g) et que id M ⊗g est surjectif.<br />

→Surjectivité de id M ⊗g.<br />

L’homomorphisme g étant surjectif, on a déjà montré la surjectivité de id M ⊗g<br />

dans la propriété 14.9.<br />

→Im(id M ⊗ f ) = ker(id M ⊗g).<br />

Par exactitude de la suite initiale, on a g ◦ f = 0, ainsi<br />

(id M ⊗g)(id M ⊗ f ) = id M ⊗(g ◦ f ) = id M ⊗0 = 0


6. PRODUIT TENSORIEL D’ALGÈBRES 161<br />

et donc Im(id M ⊗ f ) ⊆ ker(id M ⊗g). Ainsi par la propriété universelle <strong>des</strong><br />

groupes quotients, il existe un unique homomorphisme surjectif de groupes<br />

Θ : M ⊗ A N/ Im(id M ⊗ f ) −→ M ⊗ A N ′′<br />

tel que Θ(x ⊗ y) = x ⊗ g(y) pour tout x ∈ M, y ∈ N. C’est un isomorphisme si<br />

et seulement si Im(id M ⊗ f ) = ker(id M ⊗g).<br />

Par conséquent, il suffit de montrer que Θ est un isomorphisme.<br />

Soit x ∈ M, y ′′ ∈ N ′′ et choisissons y ∈ N tel que g(y) = y ′′ .<br />

Affirmation. La classe de x⊗y dans M⊗ A N/ Im(id M ⊗ f ) est indépendante<br />

du choix de y.<br />

En effet, soit y, z ∈ N tels que g(y) = y ′′ = g(z) alors g(y − z) = 0, i.e<br />

y − z ∈ ker(g) = Im( f ). Donc il existe y ′ ∈ N ′ tel que y − z = f (y ′ ) , ainsi<br />

y = z + f (y ′ ) et x ⊗ y = x ⊗ z + (id M ⊗ f )(x ⊗ y ′ ), i.e x ⊗ y = x ⊗ z.<br />

Nous avons donc une application<br />

M × N ′′ −→ M ⊗ A N/ Im(id M ⊗ f )<br />

(x, y ′′ ) ↦−→ x ⊗ y<br />

avec g(y) = y ′′ , qui est équilibrée. Par conséquent, par la propriété universelle<br />

du produit tensoriel, nous avons un homomorphisme Θ ′ de M ⊗ N ′′<br />

dans M ⊗ A N/ Im(id M ⊗ f ) tel que Θ ′ (x ⊗ y ′′ ) = x ⊗ y où g(y) = y ′′ . Il reste<br />

à vérifier sur les générateurs de ces deux groupes que leurs compositions<br />

donnent l’identité.<br />

et<br />

ΘΘ ′ (x ⊗ y ′′ ) y′′ =g(y)<br />

= Θ(x ⊗ y) = x ⊗ g(y) = x ⊗ y ′′<br />

Θ ′ Θ(x ⊗ y) = Θ ′ (x ⊗ g(y)) = x ⊗ y .<br />

Par suite, Θ est bien un isomorphisme. Ce qui prouve la première assertion.<br />

□<br />

6. Produit tensoriel d’Algèbres<br />

Soit K un anneau commutatif. Si A est une K-algèbre, sa multiplication<br />

A × A −→ A<br />

(a, a ′ ) ↦−→ aa ′<br />

est une application K-bilinéaire. Elle induit donc un K-homomorphisme<br />

M A : A ⊗ K A −→ A<br />

a ⊗ a ′ ↦−→ aa ′ .<br />

Maintenant, si B est une autre K-algèbre, la composition<br />

(A ⊗ K B) × (A ⊗ K B)<br />

<br />

φ<br />

<br />

(A ⊗ K B) ⊗ K (A ⊗ K B)<br />

<br />

m <br />

T<br />

(A ⊗ K A) ⊗ K (B ⊗ K B)<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

M A ⊗M B<br />

<br />

A ⊗ K B


162 14. PRODUITS TENSORIELS DE MODULES<br />

où φ : (m, n) ↦→ m ⊗ n et T est l’unique isomorphisme de K-modules tel que<br />

T[(a ⊗ b) ⊗ (a ′ ⊗ b ′ )] = (a ⊗ a ′ ) ⊗ (b ⊗ b ′ ) (donné par la propriété universelle du produit<br />

tensoriel), est K-linéaire, puisque chacune <strong>des</strong> flèches l’est. Cette composition est<br />

la multiplication sur A ⊗ K B puisque<br />

m(a⊗b, a ′ ⊗b ′ ) = (M A ⊗M B )◦T[(a⊗b)⊗(a ′ ⊗b ′ )] = M A (a⊗a ′ )⊗M B (b⊗b ′ ) = aa ′ ⊗bb ′ .<br />

L’élément 1 ⊗ 1 est un élément neutre pour m, et cette application est clairement<br />

associative puisque les multiplications de A et de B sont associatives.<br />

Par conséquent, on a muni A ⊗ K B d’une structure de K-algèbre.<br />

REMARQUE 14.20.<br />

Comme vu ci-<strong>des</strong>sus, la multiplication dans une algèbre A, induit une homomorphisme<br />

M A : A ⊗ K A −→ A<br />

a ⊗ a ′ ↦−→ aa ′ .<br />

Plus tard on considérera cette application comme étant la multiplication, plutôt<br />

que l’application usuelle.<br />

PROPRIÉTÉS 14.21.<br />

Soit K un anneau commutatif ainsi que A, B et C <strong>des</strong> K-algèbres, alors sont isomorphes en<br />

tant que K-algèbres :<br />

(1) K ⊗ K A A et A ⊗ K K A ;<br />

(3) A ⊗ K B B ⊗ K A ;<br />

(3) A ⊗ K (B ⊗ K C) (A ⊗ K B) ⊗ K C .<br />

DÉMONSTRATION. Il s’agit simplement de copier les preuves <strong>des</strong> propositions<br />

14.14, 14.16 et 14.15 respectivement dans le cas <strong>des</strong> K-algèbres. □<br />

Etant donné deux K-algèbres sur un anneau commutatifs, considérons les deux<br />

homomorphismes d’algèbres suivants :<br />

i A : A −→ A ⊗ k B i B : B −→ A ⊗ k B<br />

a ↦−→ a ⊗ 1 B b ↦−→ 1 A ⊗ b<br />

Il découle de ces définitions que i A (a) commute avec i B (b) pour tout a ∈ A, b ∈ B.<br />

Remarquons qu’en général, i A et i B ne sont pas injectifs, cependant, si K est un corps<br />

et si les algèbres A et B sont non triviales, alors i A et i B sont injectifs et peuvent être<br />

utilisés pour identifier A et B avec leurs images respectives A ⊗ 1 B et 1 A ⊗ B.<br />

Finalement, le produit tensoriel d’algèbres vérifie une propriété universelle de<br />

coproduit suivante :<br />

PROPOSITION 14.22.<br />

Soit K un anneau commutatif ainsi que A,B et C <strong>des</strong> K-algèbres. Soit f A : A −→ C et<br />

f B : B −→ C <strong>des</strong> homomorphismes de K-algèbres tels que f A (a) f B (b) = f B (b) f A (a) pour


6. PRODUIT TENSORIEL D’ALGÈBRES 163<br />

tout a ∈ A et tout b ∈ B.<br />

Alors il existe un unique homomorphisme de K-algèbres f : A⊗ K B −→ C tel que f A = f ◦i A<br />

et f B = f ◦ i B . Autrement dit, le diagramme suivant commute :<br />

A<br />

<br />

<br />

f A<br />

i A<br />

<br />

A ⊗ K B <br />

∃! f <br />

<br />

C<br />

i B<br />

f B<br />

B<br />

DÉMONSTRATION. L’unicité de f est banale. En effet si g : A ⊗ K B −→ C est un<br />

autre homomorphisme et s’il on veut que le diagramme commute, alors il faut que<br />

g(a ⊗ 1 B ) = f A (a) pour tout a ∈ A et il faut que g(1 A ⊗ b) = f B (b) pour tout b ∈ B.<br />

Ainsi g(a ⊗ b) = g((a ⊗ 1 B )(1 A ⊗ b)) = f A (a) f B (b) = f (a ⊗ b).<br />

Pour montrer l’existence, nous considérons l’application<br />

φ : A ⊗ K B −→ C<br />

(a, b) ↦−→ f A (a) f B (b)<br />

est K-bilinéaire en vertu de la linéarité de f A et f B . Elle induit ainsi une application<br />

K-linéaire f : A ⊗ K B −→ C telle que f (a ⊗ b) = f A (a) f B (b) pour tout a ∈ A et tout<br />

b ∈ B. De plus f (1 A ⊗ 1 B ) = 1 C 1 C = 1 C et f préserve la multiplication. En effet, pour<br />

tout a, a ′ ∈ A,b, b ′ ∈ B on a pour les générateurs de A ⊗ K B :<br />

f ((a ⊗ b)(a ′ ⊗ b ′ )) = f (aa ′ ⊗ bb ′ ) = f A (aa ′ ) f B (bb ′ )<br />

= f A (a) f A (a ′ ) f B (b) f B (b ′ )<br />

= f A (a) f B (b) f A (a ′ ) f B (b ′ )<br />

= f (a ⊗ b) f (a ′ ⊗ b ′ )<br />

Par conséquent, f est un homomorphisme K-linéaire d’anneaux, autrement dit un<br />

homomorphisme de K-algèbres.<br />


CHAPITRE 15<br />

Homologie singulière<br />

1. Simplexes<br />

L’idée cachée derrières le mot n-simplexe est de décrire l’analogue du triangle<br />

en dimension n. On peut aussi le voir comme le plus petit sous-ensemble convexe<br />

de R n contenant n + 1 points qui ne sont pas contenus dans un hyperplan de<br />

dimension plus petite que n.<br />

DÉFINITION 15.1.<br />

Soit {v 0 , . . . , v m } ⊂ R n tels que {v 1 −v 0 , . . . , v m −v 0 } est un sous-ensemble linéairement<br />

indépendant du R-espace vectoriel R n . (Donc m ≤ n). L’ensemble convexe engendré<br />

par cet ensemble est appelé m-simplexe de sommets v 0 , v 1 , . . . , v m . On le<br />

note [v 0 , . . . , v m ].<br />

La face opposée au sommet v i est le sous-simplexe [v 0 , . . . , ˆv i , . . . , v m ] engendré par<br />

les sommets tous les sommets v 0 , v 1 , . . . , v m moins le sommet v i .<br />

Le bord de [v 0 , . . . , v m ] est l’union de ces m + 1 faces.<br />

REMARQUE 15.2.<br />

Tout élément x du m-simplexe [v 0 , . . . , v m ] s’écrit de manière unique comme<br />

x =<br />

m∑<br />

t i v i<br />

i=0<br />

où<br />

m∑<br />

t i = 1<br />

i=0<br />

et t i ≥ 0 ∀ i = 0, m<br />

Pour se donner une meilleure intuition, examinons cette définition en petites<br />

dimensions.<br />

EXEMPLE 15.3.<br />

Le 0-simplexe [v 0 ] est simplement constitué du point v 0 .<br />

EXEMPLE 15.4.<br />

Le 1-simplexe [v 0 , v 1 ] = {tv 0 + (1 − t)v 1 | t ∈ I} est un segment de droite admettant<br />

les points v 0 et v 1 pour extrémités.<br />

165


166 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

EXEMPLE 15.5.<br />

Le 2-simplexe [v 0 , v 1 , v 2 ] est le triangle dans R 2 (avec intérieur) de sommets v 0 ,v 1<br />

et v 2 .<br />

EXEMPLE 15.6.<br />

Le 3-simplexe [v 0 , v 1 , v 2 , v 3 ] est le tétraèdre dans R 3 (avec intérieur) de sommets<br />

v 0 ,v 1 ,v 2 et v 3 .<br />

EXEMPLE 15.7.<br />

Le n-simplexe standard est par définition le simplexe<br />

m∑<br />

∆ n = {(t 0 , . . . , t n ) ∈ R n+1 | t i = 1 , t i ≥ 0 ∀ i = 0, m} = [e 0 , . . . , e m ]<br />

où e 0 = (1, 0, ..., 0), . . . , e n = (0, ..., 0, 1) est la base canonique de R n+1 .<br />

i=0<br />

DÉFINITION 15.8.<br />

Une orientation du n-simplexe standard ∆ n = [e 0 , e 1 , . . . , e n ] est la donnée d’un<br />

ordre sur les sommets de ∆ n :<br />

e i0 < e i1 < . . . < e in<br />

On dit que deux orientations de ∆ n sont identiques si, vue comme permutations<br />

de {e 0 , e 1 , . . . , e n }, elles ont la même parité. Sinon on dit qu’elles sont opposées.<br />

DÉFINITION 15.9.<br />

Tout orientation de ∆ n induit une orientation de ses faces définie en orientant la<br />

i-ème face dans le sens (−1) i [v 0 , . . . , ˆv i , . . . , v m ], où −[v 0 , . . . , ˆv i , . . . , v m ] signifie que<br />

l’on donne à la i-ème face une orientation opposée à celle décrite par les sommets<br />

ordonnés comme dans les crochets.<br />

EXEMPLE 15.10.<br />

Considérons le 2-simplexe standard [e 0 , e 1 , e 2 ] avec l’orientation e 0 < e 1 < e 2 . La 0-<br />

ième face [e 1 , e 2 ] est orientée comme (−1) 0 [e 1 , e 2 ] = [e 1 , e 2 ], i.e. de e 1 à e 2 . La première<br />

face [e 0 , e 2 ] est orientée de e 2 à e 0 et la deuxième face [e 0 , e 1 ] est orientée de e 0 à e 1 .<br />

Et le bord de ∆ 2 est [e 1 , e 2 ] ∪ [e 0 , e 2 ] ∪ [e 0 , e 1 ].<br />

On définit encore pour tout n et pour tout i = 0, n − 1 la i-ème application de<br />

face F n i<br />

= F i : ∆ n−1 −→ ∆ n comme suit :<br />

F n 0 : (t 0, . . . , t n−1 ) ↦−→ (0, t 0 , . . . , t n−1 )<br />

F n i<br />

: (t 0 , . . . , t n−1 ) ↦−→ (t 0 , . . . , t i−1 , 0, t i+1 , . . . , t n−1 ) si i > 0<br />

Il s’agit donc de l’application affine qui envoie les sommets {e 0 , . . . , e n−1 } sur les<br />

sommets {e 0 , . . . , e n } en préservant l’ordre.


2. DÉFINITION DES GROUPES D’HOMOLOGIE SINGULIÈRE 167<br />

2. Définition <strong>des</strong> groupes d’homologie singulière<br />

Pour un espace topologique quelconque X nous pouvons généraliser la notion<br />

de n-simplexe de l’espace euclidien en considérant les images dans X <strong>des</strong><br />

n-simplexes standards par <strong>des</strong> applications continues, ou les applications ellesmêmes.<br />

C’est cette notion qui est la base de la construction <strong>des</strong> groupes d’homologie<br />

singulière.<br />

DÉFINITION 15.11.<br />

Soit X un espace topologique quelconque. Un n-simplexe singulier est une application<br />

continue T : ∆ n −→ X.<br />

Remarquons que ∆ 1 étant homéomorphe à I, un 1-simplexe singulier est simplement<br />

un chemin dans X. Similairement, comme ∆ 0 = {e 0 }, un 0-simplexe singulier<br />

peut être identifié avec un point de X.<br />

DÉFINITION 15.12.<br />

Etant donné X un espace topologique, pour tout entier n ∈ N on définit S n (X),<br />

le n-ième groupe de chaînes singulières de l’espace X, comme étant le groupe<br />

abélien libre admettant pour base l’ensemble Simp n (X) <strong>des</strong> n-simplexes de X.<br />

En outre, on pose S n (X) := 0 si n < 0.<br />

On appelle n-chaînes les éléments de S n (X).<br />

PROPOSITION-DÉFINITION 15.13.<br />

Soit X un espace topologique. Pour tout n ∈ N on définit une application ensembliste ∂ n<br />

par<br />

∂ n : Simp n (X) −→ S n−1 (X)<br />

T ↦−→ ∂ n (T) := ∑ n<br />

i=0 (−1)i TF n i<br />

si n > 0 et ∂ 0 = 0 si n = 0..<br />

Ainsi par la propriété universelle <strong>des</strong> groupes libres, pour tout n ≥ 0, il existe un unique<br />

homomorphisme, appelé opérateur de bord,<br />

∂ n : S n (X) −→ S n−1 (X)<br />

tel que ∂ n (T) := ∑ n<br />

i=0 (−1)i TF n i<br />

pour tout n-simplexe singulier T.<br />

Autrement dit, on étend par linéarité l’application ∂ n définie sur la base de S n (X).<br />

Nous avons ainsi construit une suite de groupes abéliens et d’homomorphismes<br />

... ∂ n+1 ∂ n ∂ n−1 ∂ 3 ∂ 2 ∂ 1 ∂ 0<br />

−→ S n −→ Sn−1 −→ ... −→ S2 −→ S1 −→ S0 −→ 0<br />

appelée complexe de chaînes singulier de X. On le note (S ∗ (X), ∂) ou simplement<br />

S ∗ (X).


168 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

PROPOSITION 15.14.<br />

La compostion ∂ n ∂ n+1 est nulle pour tout n ≥ 0.<br />

DÉMONSTRATION. Il suffit de vérifier que ∂ n ∂ n+1 (T) = 0 pour tout (n + 1)-<br />

simplexe T de la base de S n+1 (X). Soit donc T un (n + 1)-simplexe dans X, alors<br />

∑n+1<br />

∂ n ∂ n+1 (T) = ∂ n ( (−1) i TF n+1<br />

=<br />

=<br />

i=0<br />

i<br />

)<br />

n∑ ∑n+1<br />

(−1) k ( (−1) i TF n+1<br />

i<br />

k=0<br />

i=0<br />

n∑ ∑n+1<br />

(−1) i+k TF n+1<br />

i<br />

k=0<br />

i≤k<br />

i=0<br />

Or si k < i on a pour tout (t 0 , . . . , t n−1 ) ∈ R n :<br />

F n k<br />

)F n k<br />

∑<br />

∑<br />

= (−1) i+k TF n+1<br />

i<br />

F n k<br />

+ (−1) i+k TF n+1<br />

i<br />

F n k .<br />

F n+1<br />

i<br />

F n k (t 0, . . . , t n−1 ) = F n+1<br />

i<br />

(t 0 , . . . , t k−1 , 0, t k , . . . , t n−1 )<br />

= (t 0 , . . . , t k−1 , 0, t k , . . . , t i−2 , 0, t i−1 , . . . , t n−1 )<br />

ainsi F n+1 F n i k = Fn+1 F n k i−1 .<br />

Par suite<br />

∂ n ∂ n+1 (T) =<br />

∑<br />

(−1) i+k TF n+1<br />

i<br />

F n k<br />

+<br />

i≤k<br />

i≤k<br />

k


3. FONCTORIALITÉ DE H n 169<br />

(2) On définit le n-ième groupe d’homologie singulière H n (X) comme étant<br />

le groupe quotient suivant :<br />

H n (X) := Z n (X)/B n (X) = ker ∂ n / Im ∂ n+1<br />

Pour tout n-cycle z n , la classe z n = z n + B n (X) est appelée la classe d’homologie<br />

de z n .<br />

3. Fonctorialité de H n<br />

L’objectif prochain est de montrer que H n est un foncteur covariant de la<br />

catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques Top dans la catégorie <strong>des</strong> groupes abéliens Ab.<br />

DÉFINITION 15.16 (Homomorphisme induit par une application continue).<br />

Soit f : X −→ Y une application continue entre deux espaces topologiques X et Y<br />

et T : ∆ n −→ X un n-simplex dans X, alors f ◦ T : ∆ n −→ Y est un n-simplex dans<br />

Y. En étendant par linéarité, on obtient un homomorphisme<br />

f n # : S n(X) −→ S n (Y)<br />

∑<br />

aT T ↦−→ f # ( ∑ a T T) = ∑ a T ( f ◦ T) .<br />

On appelle f n #<br />

l’homomorphisme induit par l’application continue f .<br />

REMARQUES.<br />

(1) Dans l’homomorphisme induit, la composition de l’application continue<br />

avec les n-simplexes se faisant à gauche, il est claire que si f : X −→ Y et<br />

g : Y −→ Z sont deux applications continues alors<br />

(g ◦ f ) n # = gn # ◦ f n # .<br />

(2) Si A est un sous-espace de X avec inclusion j : A ↩→ X, alors l’homomorphisme<br />

induit j n # : S n(A) ↩→ S n (X) est injectif.<br />

En effet, considérons c = ∑ i m i T i ∈ S n (A) où m i ∈ Z pour tout i et où<br />

l’on peut supposer sans perte de généralité que tous les T i sont distincts.<br />

Supposons alors que c ∈ ker j n # , ainsi<br />

∑<br />

0 = m i (j ◦ T i )<br />

i<br />

où tous les j ◦ T i restent distincts dans S n (X). Or S n (X) est abélien libre de<br />

base tous les n-simplexes, on a donc m i = 0 pour tout i. Par conséquent c<br />

est nul et ker j n = {0}. D’où l’injectivité.<br />

#<br />

THÉORÈME 15.17.<br />

Pour tout n ∈ N, H n :Top−→Ab est un foncteur covariant.


170 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

Pour prouver ce théorème, nous auront besoin de deux lemmes techniques. Le<br />

premier nous assure que l’homomorphisme induit commute avec l’opérateur de<br />

bord et le deuxième nous assure que cet homomorphisme envoie les n-cycles de X<br />

sur <strong>des</strong> n-cycles de Y et de même, envoie les n-bords de X sur <strong>des</strong> n-bords de Y.<br />

LEMME 15.18.<br />

Si f : X −→ Y est une application continue entre deux espaces topologiques, alors<br />

∂ n f n−1<br />

#<br />

= f n # ∂ n pour tout n ∈ N. En d’autres termes, le diagramme suivant commute :<br />

S n (X)<br />

f n #<br />

S n (Y)<br />

∂ n<br />

<br />

∂ n<br />

S n−1 (X)<br />

f n−1<br />

#<br />

S n−1 (Y)<br />

DÉMONSTRATION. Il suffit de vérifier l’assertion sur les générateurs de S n (X).<br />

Soit donc σ un n-simplexe dans X, alors<br />

∑<br />

f n−1<br />

#<br />

∂ n T = f n−1<br />

#<br />

( (−1) i TF n i )<br />

i<br />

∑<br />

= (−1) i f n−1<br />

#<br />

(TF n i )<br />

i<br />

∑<br />

= (−1) i ( f ◦ T)F n i<br />

i<br />

= ∂ n ( f ◦ T) = ∂ n f n−1<br />

#<br />

T<br />

Ainsi ∂ n f n−1<br />

#<br />

= f n # ∂ n. □<br />

LEMME 15.19.<br />

Si f : X −→ Y est une application continue entre deux espaces topologiques, alors pour<br />

tout n ∈ N on a,<br />

f n # (Z n(X)) ⊂ Z n (Y) et f n # (B n(X)) ⊂ B n (Y) .<br />

DÉMONSTRATION. Soit z ∈ Z n (X) est un n-cycle, alors ∂ n (z) = 0. Donc par le<br />

lemme précédent ∂ n f n−1 (z) = f n # # ∂ n(z) = f n n−1<br />

(0) = 0. D’où f (z) ∈ ker ∂<br />

# # n = Z n (Y).<br />

Ceci valant pour tout n-cycle de X, on a f n # (Z n(X)) ⊂ Z n (Y).<br />

Soit b ∈ B n (X) un n-bord, alors il existe c ∈ S n+1 (X) tel que b = ∂ n+1 (c). Par<br />

conséquent,<br />

D’où f n # (B n(X)) ⊂ B n (Y).<br />

f n # (b) = f n # ∂ n+1(c) = ∂ n+1 f n+1<br />

#<br />

(c) ∈ Im ∂ n+1 = B n (Y) .<br />

□<br />

PREUVE DU THÉORÈME 15.17. Nous avons déjà défini H n sur les objets X de Top<br />

comme<br />

H n (X) = Z n (X)/B n (X) .


4. GROUPE D’HOMOLOGIE ET CONNEXITÉ PAR ARCS 171<br />

Il reste à définir H n sur les morphismes de Top. Soit f : X −→ Y une application<br />

continue entre deux espaces topologiques, posons alors<br />

H n ( f ) : H n (X) −→ H n (Y)<br />

z n + B n (X) ↦−→ f n # (z n) + B n (Y)<br />

Le lemme précédent assure que f n # (z n) ∈ Z n (Y), donc f n # (z n) + B n (Y) est bien un<br />

élément de H n (Y).<br />

L’application H n ( f ) est bien-définie puisque pour tout z n ∈ Z n (X) et pour tout<br />

b n ∈ B n (X) on a :<br />

f n # (z n + b n ) + B n (Y) = f n # (z n) + f n # (b n) +B n (Y) = f n #<br />

}{{}<br />

(z n) + B n (Y)<br />

∈B n (Y)<br />

De plus H n ( f ) est clairement un homomorphisme de groupes abéliens.<br />

En appliquant H n à id X il vient pour tout z n + B n (X) ∈ H n (X) :<br />

H n (id X )(z n + B n (X)) = id n X#(z n ) + B n (X) = id X ◦z n + B n (X) = z n + B n (X)<br />

Donc H n (id X )) = id Hn (X).<br />

Si f : X −→ Y et g : Y −→ Z sont deux applications continues alors pour tout<br />

z n ∈ H n (X) on a :<br />

H ( g ◦ f )(z n ) = (g ◦ f ) n # (z n) = g n # ◦ f n # (z n)<br />

= H n (g)( f n # (z n)) = H n (g) ◦ H n ( f )(z n )<br />

Ainsi H n (g ◦ f ) = H n (g) ◦ H n ( f ) et par conséquent H n est un foncteur covariant.<br />

Il est maintenant clair que les groupes d’homologie d’espaces topologiques<br />

homéomorphes sont isomorphes. Formellement :<br />

□<br />

COROLLAIRE 15.20.<br />

Si X et Y sont deux espaces topologiques homéomorphes, alors H n (X) H n (Y) pour tout<br />

n ∈ N.<br />

DÉMONSTRATION. Découle immédiatement du fait que les foncteurs préservent<br />

les équivalences.<br />

□<br />

Ainsi chaque groupe d’homologie H n (X) est un invariant topologique de l’espace<br />

X.<br />

4. Groupe d’homologie et connexité par arcs<br />

Il semble que le calcul <strong>des</strong> groupes d’homologie d’un espace topologique<br />

donné soit de façon générale difficile. Nous allons voir dans cette section que l’on<br />

peut le ramener au calcul <strong>des</strong> groupes d’homologie de ces composantes connexes<br />

par arcs.


172 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

Nous sommes cependant pleinement en mesure de calculer tous les groupes d’homologie<br />

<strong>des</strong> deux espaces les plus simples que l’on puisse imaginer : l’ensemble<br />

vide et le singleton !<br />

PROPOSITION 15.21.<br />

Si X = ∅, alors H n (X) = 0 pour tout n ∈ N.<br />

DÉMONSTRATION. Le groupe abélien libre de base vide étant trivial, on a S n (∅) =<br />

0 pour tout n ∈ N. Par suite Z n (∅) = B n (∅) = 0 pour tout n ∈ N. D’où H n (∅) = 0/0 = 0<br />

pour tout n ∈ N.<br />

□<br />

PROPOSITION 15.22.<br />

Soit X = {∗} un singleton, alors H n (X) = 0 pour tout n > 0 et H 0 (X) = Z.<br />

DÉMONSTRATION. Pour tout n ≥ 0, il n’existe qu’un n-simplexe dans {∗}, T n :<br />

∆ n −→ {∗} qui n’est autre que l’application constante. Donc S n (X) =< T n > Z<br />

pour tout n ≥ 0.<br />

On a pour tout n > 0, ∆ n−1 F n i<br />

−→ ∆ n T n<br />

−→ X donc Tn F n = T<br />

i n−1 . Par conséquent, les<br />

opérateurs de bord sont<br />

⎧<br />

n∑<br />

n∑<br />

⎪⎨<br />

∂ n (T n ) = (−1) i T n F n i<br />

= [ (−1) i 0 si n est impair<br />

]T n−1 = ⎪⎩ si n est pair<br />

i=0<br />

i=0<br />

T n−1<br />

· Si n est impair, alors ∂ n = 0 donc Z n (X) = ker ∂ n = S n (X).<br />

De plus ∂ n+1 envoie T n+1 sur T n , il s’agit de ce fait d’un isomorphisme<br />

entre S n+1 (X) =< T n+1 > et S n (X) =< T n >. D’où B n (X) = Im ∂ n+1 = S n (X).<br />

Par suite H n (X) S n (X)/S n (X) = 0.<br />

· Si n > 0 est pair, alors dans ce cas c’est ∂ n qui est un isomorphisme<br />

entre S n (X) et S n−1 (X). Par conséquent Z n (X) = ker ∂ n = 0. On en déduit<br />

immédiatement que H n (X) = 0.<br />

Pour la cas n = 0, on est dans la situation suivante :<br />

∂ 1 ∂ 0<br />

S 1 −→ S0 −→ 0<br />

avec ∂ 1 = 0. Par conséquent H 0 (X) = Z 0 (X)/B 0 (X) = S 0 (X)/0 S 0 (X) Z.<br />

Le prochain théorème va nous permettre d’oublier les espaces topologiques<br />

quelconques pour travailler uniquement avec les espaces topologiques connexes<br />

par arcs.<br />

□<br />

THÉORÈME 15.23.<br />

Soit X un espace topologique quelconque et {X j | j ∈ I} la famille de ses composantes<br />

connexes par arcs. Alors pour tout n ∈ N on a<br />

⊕<br />

H n (X) H n (X j ) .<br />

j∈I


4. GROUPE D’HOMOLOGIE ET CONNEXITÉ PAR ARCS 173<br />

DÉMONSTRATION. Soit n ∈ N. Soit c = ∑ i a i T i ∈ S n (X). On peut écrire c = ∑ j∈I c j ,<br />

où c j est la somme de tous les termes de c tels que Im(T i ) ⊂ X j . Alors l’application<br />

S n (X) −→ ⊕ j∈I S n(X j )<br />

c ↦−→ (c j ) j∈I<br />

est clairement un isomorphisme. Alors c ∈ Z n (X) si et seulement si c j ∈ Z n (X j ) pour<br />

tout j ∈ I. En effet, puisque ∂ n (c j ) ∈ S n−1 (X j ), on a 0 = ∂ n (c) = ∑ j∈I ∂ n (c j ) implique<br />

que ∂ n (c j ) = 0 pour tout j ∈ I (puisqu’on est dans une somme directe).<br />

Ainsi on a l’homomorphisme bien-défini suivant :<br />

En outre, l’homomorphisme<br />

Φ n : H n (X) −→ ⊕ j∈I H n(X j )<br />

c ↦−→ (c j ) j∈I<br />

Ψ n :<br />

⊕<br />

j∈I H n(X j ) −→ H n (X)<br />

(c j ) j∈I ↦−→ ∑ j∈I c j<br />

est tel que Ψ n ◦ Φ n = id et Φ n ◦ Ψ n = id. Il s’agit donc d’isomorphismes. D’où<br />

H n (X) ⊕ j∈I H n(X j ) .<br />

□<br />

EXEMPLE 15.24.<br />

A l’aide du théorème ci-<strong>des</strong>sus on calcule facilement les groupes d’homologie de<br />

S 0 :<br />

H n (S 0 ) = H n ({∗}) ⊕ H n ({∗}) pour tout n ∈ N .<br />

Ainsi,<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

H n (S 0 0 ⊕ 0 = 0 si n > 0<br />

) = ⎪⎩ Z ⊕ Z si n = 0 .<br />

Calculer les groupes d’homologie d’un espace topologique n’est en général pas<br />

facile, cependant le théorème suivant montre que l’on peut toujours calculer au<br />

moins H 0 (X). Comme π 0 renvoie le nombre de composantes connexes d’un espace<br />

topologique, nous allons voir que les foncteurs π 0 et H 0 comportent essentielement<br />

le même information.<br />

THÉORÈME 15.25.<br />

Soit X ∅ un espace topologique connexe par arcs, alors H 0 (X) Z. En outre, x est un<br />

générateur de ce groupe pour tout x ∈ X.<br />

DÉMONSTRATION. Regardons l’extrémité du complexe :<br />

S 1 (X)<br />

∂ 1<br />

−→ S0 (X) ∂ 0=0<br />

−→ 0<br />

On veut calculer H 0 (X), donc on travaille dans S 0 (X) dont les éléments sont les<br />

0-simplexes singuliers, i.e. les points de X.<br />

Puisque ∂ 0 = 0 on a Z 0 (X) = S 0 (X), ainsi un 0-cycle s’écrit comme ∑ x∈X m x x où<br />

m x ∈ Z pour tout x ∈ X et m x 0 pour un nombre fini de x ∈ X.


174 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

Affirmation : B 0 (X) = { ∑ x∈X m x x ∈ S 0 (X) | ∑ x∈X m x = 0}.<br />

Preuve de l’affirmation : Il faut montrer la double inclusion.<br />

“⊆” : Soit c ∈ B 0 (X). Alors c = ∂ 1 ( ∑ i m i T i ) où m i ∈ Z ∀ i et T i est un 1-simplexe<br />

∀ i. Ainsi c = ∑ i m i ∂ 1 (T i ) = ∑ i m i (T i (e 1 ) − T i (e 0 )). Chaque m i apparaît<br />

deux fois dans cette somme, mais avec signes opposés, donc ∑ i m i = 0.<br />

La première inclusion suit.<br />

“⊇” : Soit c = ∑ k<br />

i=0 m ix i ∈ S 0 (X) tel que ∑ k<br />

i=0 m i = 0. L’espace X étant non vide<br />

et connexe par arc, l’axiome du choix nous permet de choisir un élément<br />

x ∈ X et un 1-simplexe T i : ∆ 1 −→ X (qui est en fait un chemin dans X)<br />

reliant x à x i pour tout i = 0, k. Alors<br />

∂ 1 (T i ) = T i (e 1 ) − T i (e 0 ) = x i − x .<br />

Par conséquent, ∑ k<br />

i=0 m iT i ∈ S 1 (X) et donc<br />

k∑<br />

k∑<br />

∂ 1 ( m i T i ) = m i ∂ 1 (T i )<br />

i=0<br />

=<br />

i=0<br />

k∑<br />

m i x i − x<br />

i=0<br />

En d’autres termes, c ∈ B 0 (X).<br />

Il suit que l’application<br />

k∑<br />

i=0<br />

m i<br />

}{{}<br />

=0<br />

=<br />

k∑<br />

m i x i = c<br />

i=0<br />

φ : Z 0 (X) −→ Z<br />

∑<br />

x∈X m x x ↦−→ ∑ x∈X m x<br />

est un homomorphisme surjectif de noyau B 0 (X). Ainsi le premier théorème d’isomorphie<br />

nous fournit l’isomorphisme souhaité :<br />

H 0 (X) = Z 0 (X)/B 0 (X) Z .<br />

Il reste à calculer les générateurs de H 0 (X).<br />

Soit donc c un générateur de H 0 (X) avec c = ∑ i m i x i alors φ(c) = ±1. Quitte à<br />

remplacer c par −c, on peut supposer que φ(c) = ∑ i m i = 1. Ainsi si x ∈ X, on a<br />

c = x + (c − x) où la somme <strong>des</strong> coefficients de (c − x) est nulle i.e. (c − x) ∈ B 0 (X).<br />

Par conséquent, c = x.<br />

De plus x = y pour tout x, y ∈ X. En effet, comme il exsite un 1-simplexe T : ∆ 1 −→ X<br />

reliant x et y, on a que y − x = ∂ 1 (T) ∈ B 0 (X).<br />

□<br />

CONSÉQUENCE 15.26.<br />

Si X ∅ est un espace topologique quelconque, dont l’ensemble <strong>des</strong> composantes<br />

connexes est {X i | i ∈ I}, alors<br />

⊕<br />

H 0 (X) = Z .<br />

Il s’agit donc d’un groupe abélien libre de rang #I.<br />

i∈I


5. AXIOME D’HOMOTOPIE 175<br />

5. Axiome d’homotopie<br />

Le but de cette section est de montrer que si f, g : X −→ Y sont deux applications<br />

continues homotopes, alors H n ( f ) = H n (g) pour tout n.<br />

Le lemme suivant donne un critère d’égalité pour H n ( f ) et H n (g) lorsque f et g<br />

sont deux applications continues entre les mêmes espaces.<br />

LEMME 15.27.<br />

Soit f, g : X −→ Y deux applications continues et P n : S n (X) −→ S n+1 (Y) une famille<br />

d’homomorphismes telle que<br />

f n # − gn # = ∂ n+1P n + P n−1 ∂ n .<br />

∂<br />

... n+1 ∂<br />

S n+1<br />

<br />

n ∂<br />

S n<br />

<br />

n−1<br />

S n−1<br />

...<br />

P<br />

f n+1 n<br />

f n P n−1<br />

g #<br />

#<br />

f<br />

n−1<br />

#<br />

... <br />

<br />

n+1<br />

g n #<br />

#<br />

g n−1<br />

#<br />

S n+1<br />

S n<br />

S n−1<br />

...<br />

∂ n+1 ∂ n ∂n−1<br />

Alors, pour tout n ∈ N, H n ( f ) = H n (g).<br />

DÉMONSTRATION. Soit z n + B n (X) ∈ H n (X), alors on a définit H n ( f )(z n + B n (X)) =<br />

f n # (z n) + B n (Y). Utilisons maintenant l’hypothèse pour calculer f n # (z n) en fonction<br />

de g n # (z n) :<br />

( f n # − gn # )(z n) = (∂ n+1 P n + P n−1 ∂ n )(z n )<br />

= ∂ n+1 P n (z n ) + P n−1 ∂ n (z n )<br />

}{{}<br />

= ∂ n+1 P n (z n )<br />

}{{}<br />

∈S n+1 (Y)<br />

0<br />

∈ Im ∂ n+1 = B n (Y)<br />

Par conséquent f n # (z n) = g n # (z n) + ∂ n+1 P n (z n ). Il suit que :<br />

H n ( f )(z n + B n (X)) = f n # (z n) + B n (Y)<br />

= g n # (z n) + ∂ n+1 P n (z n ) +B n (Y)<br />

}{{}<br />

∈B n (Y)<br />

= g n # (z n) + B n (Y)<br />

= H n (g)(z n + B n (X))<br />

Remarquons que ce raisonnement est tout à fait valable pour n = 0 puisqu’on a<br />

posé S 1 (X) = 0. Par conséquent H n ( f ) = H n (g) pour tout n ∈ N.<br />

□<br />

THÉORÈME 15.28.<br />

Soit f, g : X −→ Y deux applications continues homotopes entre deux espaces topologiques<br />

quelconques.<br />

Alors H n ( f ) = H n (g) pour tout n ∈ N.


176 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

DÉMONSTRATION. Soit F : X × I −→ Y une homotopie entre f et g.<br />

Notons pour i = 0 ou 1<br />

λ X i<br />

: X −→ X × I<br />

x ↦−→ (x, i) .<br />

Alors f = Fλ X 0 et g = FλX 1 . En outre, à supposer que H n(λ X 0 ) = H n(λ X ) on obtient<br />

1<br />

que<br />

H n ( f ) = H n (Fλ X 0 ) = H n(F)H n (λ X 0 ) = H n(F)H n (λ X 1 ) = H n(Fλ X 1 ) = H n(g) .<br />

Nous en sommes donc ramenés à prouver que H n (λ X 0 ) = H n(λ X ) pour tout n ∈ N.<br />

1<br />

Or d’après le lemme précédent, pour ce faire, il suffit d’exhiber une famille d’homomorphismes<br />

P X n : S n (X) −→ S n+1 (X × I) telle que<br />

(1) λ X 1 − λX 0 = ∂ n+1P X n + P X n−1 ∂ n .<br />

Nous allons construire cette famille d’homomorphismes en procédant par récurrence<br />

sur n.<br />

Cas n=0.<br />

Comme S −1 (X) = 0, nous sommes contraints de définir P X −1 : S −1(X) −→ S 0 (X × I)<br />

par P X −1 = 0. D’autre part, pour ∆ 0 = {e 0 } et T : ∆ 0 −→ X on définit<br />

P X 0 : S 0(X) −→ S 1 (X × I)<br />

T ↦−→ PX 0 (T) : ∆1 → X × I<br />

t ↦→ (T(e 0 ), t)<br />

où l’on identifie (1 − t)e 0 + te 1 ∈ ∆ 1 avec t. On étend ensuite par linéarité.<br />

Pour vérifier que P X 0<br />

et PX satisfont la formule (1), il suffit de l’évaluer sur un<br />

−1<br />

élément quelconque T : ∆ 0 −→ X de la base de S 0 (X).<br />

D’où ∂ 1 P X 0 + P −1∂ 0 = λ X 1 − λX 0 .<br />

En outre, P X 0<br />

(∂ 1 P X 0 + P −1∂ 0 )(T)(t) = (∂ 1 P X 0 (T) + P −1∂ 0 (T))(t)<br />

}{{}<br />

= (<br />

1∑<br />

(−1) i P X 0 (T)F1 i )(t)<br />

i=0<br />

= (P X 0 (T)F1 0 − PX 0 (T)F1 1 )(t)<br />

= (T(e 0 ), 1) − (T(e 0 ), 0)<br />

= (λ X 1 ◦ T − λX 0 ◦ T)(t)<br />

= (λ X 1 (T) − λX 0 (T))(t)<br />

satisfait la condition de naturalité suivante :<br />

0<br />

S 0 (∆ 0 )<br />

T 0 #<br />

<br />

S 0 (X)<br />

P ∆0<br />

0<br />

<br />

<br />

S 1 (∆ 0 × I)<br />

(T×1) 1 #<br />

P X 0<br />

S 1 (X × I)


5. AXIOME D’HOMOTOPIE 177<br />

En effet, puisqu’il n’existe qu’un seul 0-simplexe, nommément d : ∆ 0 −→ ∆ 0 ,<br />

e 0 ↦→ e 0 , il suffit d’évaluer chaque composante du diagramme en d :<br />

P X 0 ◦ T0 # (d) = PX 0 (T ◦ d) = PX 0 (T) : ∆1 −→ X × I<br />

(1 − t)e 0 + te 1 ↦−→ (T(e 0 ), t)<br />

et<br />

(T × 1) 1 # ◦ P∆0 0 (d) : ∆1 −→ X × I<br />

(1 − t)e 0 + te 1 ↦−→ (T × 1) 1 # (d(e 0), t) = (T × 1) 1 # (e 0, t) = (T(e 0 ), t)<br />

D’où la commutativité du diagramme.<br />

Cas n>0.<br />

Renforçons l’hypothèse de récurrence en supposant maintenant que (1) et la conditions<br />

de naturalité ci-<strong>des</strong>sus sont satisfaites pour les entiers plus petits que n et<br />

montrons qu’elles restent valables pour n.<br />

Commençons par remarquer que si la condition (1) est satisfaite, alors<br />

(λ ∆n<br />

1 # − λ ∆n<br />

0 # − P ∆n<br />

n−1 ∂ n)(c)<br />

est un n-cycle de ∆ n × I pour tout élément c ∈ S n (X) puisque<br />

∂ n (λ ∆n<br />

1 # − λ ∆n<br />

0 # − P ∆n<br />

n−1 ∂ n) = λ ∆n<br />

1 #∂ n − λ ∆n<br />

0 #∂ n − ∂ n P ∆n<br />

n−1 ∂ n<br />

= λ ∆n<br />

1 #∂ n − λ ∆n<br />

0 #∂ n − (λ ∆n<br />

1 # − λ ∆n<br />

0 # − P ∆n<br />

n−2 ∂ n−1)∂ n<br />

= P ∆n<br />

n−2 ∂ n−1∂ n<br />

}{{}<br />

= 0<br />

0<br />

par induction<br />

Notons d = id ∆ n ∈ S n (∆ n ). Vu ce qui précède,<br />

(λ ∆n<br />

1 # − λ ∆n<br />

0 # − P ∆n<br />

n−1 ∂ n)(d) ∈ Z n (∆ n × I)<br />

Or on peut montrer que, étant donné que ∆ n × I est un sous-ensemble borné<br />

et convexe de R n+2 , son n-ième groupe d’homologie est trivial.(Admis ici, sans<br />

démonstration.) Ainsi B n (∆ n × I) = Z n (∆ n × I). Par conséquent, il existe b n+1 ∈<br />

S n+1 (∆ n × I) tel que<br />

Définissons alors<br />

∂ n+1 (b n+1 ) = λ ∆n<br />

1 # − λ ∆n<br />

0 # − P ∆n<br />

n−1 ∂ n)(d) .<br />

P X n : S n (X) −→ S n+1 (X × I)<br />

T ↦−→ (T × 1) # (b n+1 )<br />

où T est un n-simplexe dans X et on étend par linéarité.<br />

Remarquons que (T × 1)λ ∆n (a) = (T × 1)(a, i) = (T(a), i) = λ X i<br />

i (a) pour tout a ∈ ∆n , par<br />

conséquent<br />

(2) (T × 1)λ ∆n<br />

i<br />

= λ X i T


178 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

Vérifions (1). Soit T : ∆ n −→ X un n-simplexe de X, alors :<br />

∂ n+1 P X n (T) = ∂ n+1 (T × 1) # (b n+1 )<br />

= (T × 1) # ∂ n+1 (b n+1 )<br />

= (T × 1) # (λ ∆n<br />

1 # − λ ∆n<br />

0 # − P ∆n<br />

n−1 ∂ n)(d) par déf. de b n+1<br />

= (T × 1) # (λ ∆n<br />

1<br />

− λ ∆n<br />

0<br />

− P ∆n<br />

n−1 ∂ n(d))<br />

= (T × 1)λ ∆n<br />

1<br />

− (T × 1)λ ∆n<br />

0<br />

− (T × 1) # P ∆n<br />

n−1 ∂ n(d)<br />

= (T × 1)λ ∆n<br />

1<br />

− (T × 1)λ ∆n<br />

0<br />

− P X n−1 T #∂ n (d) naturalité appliquée à P n−1<br />

= λ X 1 T − λX 0 T − PX n−1 ∂ nT # (d) par (2)<br />

= λ X 1 T − λX 0 T − PX n−1 ∂ nT<br />

= (λ X 1 − λX 0 − PX n−1 ∂ n)(T)<br />

D’où λ X 1 − λX 0 = ∂ n+1P X n + P X n−1 ∂ n.<br />

Ainsi pour que (1) soit totalement vérifiée, il ne reste plus qu’à montrer que la<br />

condition de naturalité est satisfaite pour n.<br />

Soit s : ∆ n −→ ∆ n un n-simplexe dans ∆ n , on a :<br />

(T × 1) # P ∆n<br />

n (s) = (T × 1) # (s × 1) # (b n+1 )<br />

= (Ts × 1) # (b n+1 )<br />

= P X n (Ts)<br />

= P X n T # (s)<br />

D’où (T × 1) # P ∆n<br />

n = P X n T # . Ce qui termine la preuve. □<br />

COROLLAIRE 15.29.<br />

Si X et Y sont deux espaces topologiques équivalents à homotopie près alors pour tout<br />

n ∈ N<br />

H n (X) H n (Y) .<br />

DÉMONSTRATION. Soit f : X −→ Y et g : Y −→ X deux applications continues<br />

telles que g ◦ f ≃ id X et f ◦ g ≃ id Y , une équivalence d’homotopie. Alors pour tout<br />

n ∈ N,<br />

et<br />

H n (g) ◦ H n ( f ) = H n (id X ) = id Hn (X)<br />

H n ( f ) ◦ H n (g) = H n (id Y ) = id Hn (Y) .<br />

Par conséquent H n ( f ) et H n (g) sont <strong>des</strong> isomorphismes entre H n (X) et H n (Y).<br />

□<br />

De ce fait, les foncteurs d’homologie H n induisent <strong>des</strong> foncteurs sur la catégorie<br />

hTop <strong>des</strong> espaces topologiques équivalents à homotopie près dans la catégorie <strong>des</strong><br />

groupes abéliens. On peut donc regarder H n comme un foncteur de hTop−→Ab.


6. LE THÉORÈME D’HUREWICZ DE RANG 1 179<br />

COROLLAIRE 15.30.<br />

Si X est un espace topologique contractile, alors pour tout n > 0 on a<br />

H n (X) = 0 .<br />

DÉMONSTRATION. Si X est contractile, X est équivalent à homotopie près au<br />

singleton {∗}. Le corollaire ci-<strong>des</strong>sus entraîne alors que H n (X) H n ({∗}) = 0 pour<br />

tout n > 0, vu la proposition 15.22.<br />

□<br />

6. Le théorème d’Hurewicz de rang 1<br />

Cette section donne un lien entre le groupe fondamental et le premier groupe<br />

d’homologie : ce dernier se trouve être l’abélianisé du groupe fondamental.<br />

Dans toute cette section, X désignera un espace topologique et x 0 un point de base<br />

de X.<br />

DÉFINITION 15.31.<br />

Soit m : ∆ 1 −→ I l’homéomorphisme définit par (1 − t)e 0 + te 1 ↦→ t. On appellera<br />

alors application d’Hurewicz, l’application suivante :<br />

φ : π 1 (X, x 0 ) −→ H 1 (X)<br />

[ f ] ↦−→ f m<br />

où f : I −→ X est un lacet dans X, i.e. f (0) = f (1) = x 0 .<br />

Nous allons voir dans les deux résultats suivants que cette application est non<br />

seulement bien-définie, mais qu’il s’agit aussi d’un homomorphisme.<br />

LEMME 15.32.<br />

L’application d’Hurewicz est bien-définie.<br />

DÉMONSTRATION. Certainement f m : ∆ 1 −→ I −→ X est un 1-simplexe. Regardons<br />

qu’il s’agit d’un 1-cycle :<br />

∂ 1 ( f m)(1) = [<br />

1∑<br />

(−1) i f mF 1 i ](1) = f m(e 1) − f m(e 0 ) = f (1) − f (0) = 0<br />

i=0<br />

puisque f est un lacet dans X.<br />

Ainsi f m ∈ Z 1 (X) est un 1-cycle et donc f m est bien un élément de H 1 (X).<br />

Notons u : I −→ S 1 l’application définie par t ↦→ e 2πit alors il existe une application<br />

continue f ˜ : S 1 −→ X telle que f ˜ ◦ u = f par la propriété universelle du quotient.<br />

Alors l’application f ˜ induit un homomorphisme<br />

H 1 ( f ˜ ) : H 1 (S 1 ) −→ H 1 (X)<br />

∑<br />

i n i T i ↦−→ f ˜ # ( ∑ i n i T i ) = ∑ i n i ( f ˜ ◦ T i ) .


180 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

Donc f m = f ˜ um = f ˜ # (um) ∈ H 1 (X).<br />

Soit [g] = [ f ] ∈ π 1 (X, x 0 ), alors ˜g ≃ f ˜ ainsi par le théorème 15.28 on a que H 1 ( f ˜ ) =<br />

H 1 ( ˜g) et<br />

f m = f ˜ # (um) = H 1 ( f )(um) = H 1 (g)(um) = ˜g # (um) = gm<br />

Par conséquent, l’application φ est bien-définie.<br />

□<br />

LEMME 15.33.<br />

L’application d’Hurewicz φ : π 1 (X, x 0 ) −→ H n (X) est un homomorphisme de groupes.<br />

DÉMONSTRATION. Soit f, g : I −→ X deux lacets basés en x 0 . On veut montrer<br />

que φ([ f ][g]) = φ([ f ]) + φ([g]) .<br />

En utilisant f et g, on peut définir un élément T f,g : ∆ 2 −→ X de S 2 (X) de la façon<br />

suivante :<br />

· sur le bord de ∆ 2 en posant :<br />

T f,g : (1 − t, t, 0) ↦−→ f (t)<br />

T f,g : (0, 1 − t, t) ↦−→ g(t)<br />

T f,g : (1 − t, 0, t) ↦−→ f ∗ g(t)<br />

· sur l’intérieure de ∆ 2 en le posant constant égal à f (t) sur les segments<br />

avec extrémités du type (1 − t, t, 0) et ((2 − t)/2, 0, t/2) et en le posant<br />

constant égal à g(t) sur les segments avec extrémités du type (0, 1 − t, t) et<br />

((1 − t)/2, 0, (1 + t)/2).<br />

Pour voir que l’application T f,g est bien-définie, on remarque que les seuls points<br />

dont l’image est définies de deux façons différentes sont les points du segment<br />

d’extrémités (0, 1, 0) et (1, 0, 1 2<br />

). Mais ces images sont égales puisque d’une part<br />

T f,g (0, 1, 0) = f (1) = x 0 et d’autre part T f,g (0, 1, 0) = g(0) = x 0 , donc T f,g est biendéfinie.<br />

En outre, il s’agit clairement d’une application continue puisque f et g le sont. Par<br />

conséquent T f,g est bien un élément de S 2 (X).<br />

Alors,<br />

∂ 2 (T f,g ) = T f,g F 2 0 − T f,gF 2 1 + T f,gF 2 2 .<br />

En appliquant à (1 − t, t), il vient :<br />

∂ 2 (T f,g )(1 − t, t) = T f,g F 2 0 (1 − t, t) − T f,gF 2 1 (1 − t, t) + T f,gF 2 2<br />

(1 − t, t)<br />

= T f,g (0, 1 − t, t) − T f,g (1 − t, 0, t) + T f,g (1 − t, t, 0)<br />

= g(t) − f ∗ g(t) + f (t)<br />

= ( f + g − f ∗ g)(t)<br />

= ( f + g − f ∗ g)m(1 − t, t)<br />

Autrement dit, ∂ 2 (T f,g ) = ( f + g − f ∗ g)m, i.e ( f + g)m = ( f ∗ g)m + ∂ 2 (T f,g ). Par<br />

}{{}<br />

conséquent :<br />

∈B 1 (X)<br />

φ([ f ][g]) = φ([ f ∗ g]) = ( f ∗ g)m = ( f + g)m = f m + gm = φ([ f ]) + φ([g])<br />


6. LE THÉORÈME D’HUREWICZ DE RANG 1 181<br />

THÉORÈME D’HUREWICZ.<br />

Soit X un espace topologique connexe par arcs, alors l’application d’Hurewicz<br />

induit un isomorphisme<br />

φ : π 1 (X, x 0 ) −→ H 1 (X)<br />

π 1 (X, x 0 )/[π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )] H 1 (X) .<br />

Plus précisément, φ est surjective de noyau [π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )], le sous-groupe <strong>des</strong><br />

commutateurs de π 1 (X, x 0 ).<br />

En d’autres termes le premier groupe d’homologie d’un espace topologique connexe<br />

par arcs est l’abélianisé du groupe fondamental.<br />

DÉMONSTRATION.<br />

(I) Surjectivité de φ. Soit c = ∑ i m i T i un 1-cycle dans X ; alors<br />

∑<br />

0 = ∂ 1 (c)(1) = m i (T i (e 1 ) − T i (e 0 )) .<br />

i<br />

L’espace X est connexe par arcs par hypothèse, ainsi il existe un chemin<br />

c i : I −→ X liant x o à T i (e 1 ) pour tout i et de même il existe un chemin<br />

d i : I −→ X liant x o à T i (e 0 ) pour tout i. S’il existe i et j tels que T i (e 1 ) = T j (e 1 ),<br />

alors on pose c j = c i , et s’il existe i et j tels que T i (e 0 ) = T j (e 0 ), alors on pose<br />

d j = d i . Ainsi, pour tout i, d i ∗ T i m −1 ∗ c −1 est un lacet basé en x<br />

i 0 .<br />

D’autre part, l’équation<br />

∑<br />

0 = m i (T i (e 1 ) − T i (e 0 ))<br />

dans le groupe abélien libre S 0 (X) fournit l’équation<br />

i<br />

∑<br />

0 = m i (d i m − c i m)<br />

i<br />

dans le groupe abélien S 1 (X) par substitution, puisque T i (e 1 ) = T j (e 1 ), entraîne<br />

c i m = c j m et T i (e 0 ) = T j (e 0 ), entraîne d j m = d i m. Alors,<br />

∑ ∑ ∑<br />

∑<br />

c = m i T i = m i T i + m i (d i m − c i m) = m i (d i m + T i − c i m) .<br />

i<br />

i<br />

i<br />

Par un argument similaire à celui de la preuve du lemme précédent, on<br />

montre que pour tout i :<br />

i<br />

d i m + T i − c i m = (d i + T i m −1 − c i )m = (d i ∗ T i m −1 ∗ c −1<br />

i<br />

)m


182 15. HOMOLOGIE SINGULIÈRE<br />

Il vient,<br />

∑<br />

c = m i (d i + T i m −1 − c i )m<br />

i<br />

∑<br />

= m i (d i + T i m −1 − c i )m<br />

i<br />

∑<br />

= m i (d i ∗ T i m −1 ∗ c −1 )m<br />

i<br />

i<br />

∑<br />

= m i φ([d i ∗ T i m −1 ∗ c −1<br />

i<br />

])<br />

i<br />

∏<br />

= φ( [d i ∗ T i m −1 ∗ c −1<br />

i<br />

] m−i )<br />

i<br />

Ainsi, puisque toute classe de 1-cycle à une pré-image par φ, il s’agit d’une<br />

application surjective<br />

(II) Calcul du noyau de φ. Nous voulons montrer que ker(φ) = [π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )].<br />

Alors il découle du premier théorème d’isomorphie que<br />

π 1 (X, x 0 )/[π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )] H 1 (X) .<br />

”⊇”. Puisque H 1 (X) est abélien par définition, nécessairement [π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )] ⊆<br />

ker(φ).<br />

”⊇”. Soit f : I −→ X un lacet dans X tel que [ f ] ∈ ker(φ). Alors f m ∈ B 1 (X),<br />

donc on peut écrire f m = ∂ 2 ( ∑ i r i T i ) où r i ∈ Z pour tout i et T i : ∆ 2 −→ X<br />

est un 2-simplexe pour tout i. Autrement dit :<br />

∑ ∑<br />

f m = ∂ 2 ( r i T i ) = r i (T i F 2 0 − T iF 2 1 + T iF 2 2 )<br />

i<br />

i<br />

Comme f m est un élément de la base de S 1 (X), f m = T p F 2 q pour un<br />

certain p = i et pour q ∈ {0, 1, 2}, on a donc une combinaison linéaire <strong>des</strong><br />

éléments de la base.<br />

Utilisons maintenant le fait que X est connexe par arcs pour construire<br />

<strong>des</strong> lacets en x 0 .<br />

Pour tout i, posons :<br />

· α i un chemin liant x 0 à T i F 2 0 (e 0) ;<br />

· β i un chemin liant x 0 à T i F 2 1 (e 1) ;<br />

· γ i un chemin liant x 0 à T i F 2 0 (e 0).<br />

Si T i F 2 0 (e 0), T i F 2 0 (e 0) ou T i F 2 0 (e 0) est égal à x 0 , le chemin correspondant<br />

est choisit égal au chemin constant en x 0 . De plus si T i F 2 0 (e 0) = T j F 2 0 (e 0),<br />

on prend α j = α i (idem pour les β i et γ i ). On obtient trois familles de<br />

lacets basés en x 0 , dont on note les classes d’homotopies dans π 1 (X, x 0 )<br />

comme suit :<br />

· [α i ∗ T i F 2 0 m−1 ∗ β −1<br />

i<br />

] := f i0 ;<br />

· [γ i ∗ T i F 2 1 m−1 ∗ β −1<br />

i<br />

] := f i1 ;<br />

· [γ i ∗ T i F 2 2 m−1 ∗ α −1<br />

i<br />

] := f i2 .


6. LE THÉORÈME D’HUREWICZ DE RANG 1 183<br />

Alors,<br />

f i0 f −1<br />

i1<br />

f i2 = [α i ∗ T i F 2 0 m−1 ∗ β −1<br />

i<br />

∗ β i ∗ (T i F 2 1 m−1 ) −1 ∗ γ −1<br />

i<br />

∗ γ i ∗ T i F 2 2 m−1 ∗ α −1<br />

i<br />

]<br />

= [α i ∗ T i F 2 0 m−1 ∗ (T i F 2 1 m−1 ) −1 ∗ T i F 2 2<br />

}{{}<br />

m−1 ∗α −1<br />

i<br />

]<br />

= 1 .<br />

trivial<br />

Nous savons aussi que f pq = [a∗T p F 2 qm −1 ∗b] où a et b représentent α,β,γ ou<br />

leurs inverses en accord avec p et q. Or puisque T p F 2 qm −1 = f mm −1 = f<br />

est un lacet basé en x 0 , on a posé ci-<strong>des</strong>sus que a et b sont les lacets<br />

constants en x 0 . Par conséquent, [ f ] = [T p F 2 q].<br />

D’autre part, comme T i F 2 0 = T jF 2 0 entraîne que f i0 = f j0 , T i F 2 1 = T jF 2 1<br />

entraîne que f i1 = f j1 et T i F 2 2 = T jF 2 2 entraîne que f i2 = f j2 , on applique à<br />

l’équation<br />

∑<br />

T p F 2 q = f m = r i (T i F 2 0 − T iF 2 1 + T iF 2 2 )<br />

i<br />

du groupe abélien libre S 1 (X) une substitution dans le groupe abélien<br />

π 1 (X, x 0 )/[π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )], on obtient l’équation<br />

∑<br />

∏<br />

f pq = r i ( f i0 f i1 f i2 ) = ( f i0 f i1 f i2 ) r i = 1 .<br />

i<br />

i<br />

Il suit que [ f ] = f pq = 1 dans le quotient π 1 (X, x 0 )/[π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )].<br />

Par conséquent, [ f ] est un élément [π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )] et donc ker(φ) ⊆<br />

[π 1 (X, x 0 ), π 1 (X, x 0 )].<br />

□<br />

EXEMPLE 15.34.<br />

Le groupe fondamental de la 1-sphère S 1 est Z, qui est abélien, le théorème d’Hurewicz<br />

entraîne donc que H 1 (S 1 ) Z.<br />

COROLLAIRE 15.35.<br />

Pour tout espace topologique X simplement connexe on a H 1 (X) = 0.<br />

DÉMONSTRATION. Immédiat puisque π 1 (X, x 0 ) = 0 pour tout x 0 ∈ X si X est<br />

simplement connexe.<br />


CHAPITRE 16<br />

Suites exactes longues d’homologie<br />

Le présent chapitre est un condensé de résultats d’algèbre homologique concernant<br />

les suites exactes longues en homologie, dont nous aurons besoin par la suite.<br />

Les démonstrations ne sont pas données, mais peuvent se trouver par exemple<br />

dans le travail de Julian ou dans [15] ou [16].<br />

1. Complexes de chaînes<br />

Le complexe de chaînes singulier présenté au chapitre précédent est un cas<br />

particulier de la notion de complexe de chaîne définie ci-<strong>des</strong>sous.<br />

DÉFINITION 16.1.<br />

Un complexe de chaînes S ∗ est une suite de groupes abéliens et d’homomorphismes<br />

:<br />

. . . ∂ n+2 ∂ n+1 ∂ n ∂ n−1<br />

−→ S n+1 −→ Sn −→ Sn−1 −→ . . .<br />

n ∈ Z<br />

t.q. ∂ n ◦ ∂ n+1 = 0 pour tout n ∈ Z (ssi ker(∂ n ) ⊃ Im(∂ n+1 )).<br />

Les homomorphismes ∂ n sont appelés les différentielles de degré n et S n le terme<br />

de degré n.<br />

On note le complexe de chaînes (S ∗ , ∂) ou simplement S ∗ .<br />

DÉFINITION 16.2.<br />

Pour un complexe (S ∗ , ∂), on définit ker(∂ n ) =: Z n (S ∗ , ∂) son groupe <strong>des</strong> n-cycles ;<br />

Im(∂ n+1 ) =: B n (S ∗ , ∂) son groupe <strong>des</strong> n-bords. Le n-ième groupe d’homologie de ce<br />

complexe est alors définit par<br />

H n (S ∗ , ∂) := Z n (S ∗ , ∂)/B n (S ∗ , ∂) .<br />

Un homomorphisme de complexes de chaînes φ : (S ∗ , ∂) −→ (S ′ ∗, ∂ ′ ) est suite<br />

d’homomorphismes {φ n : S n −→ S ′ n} telle que ∂ ′ nφ n = φ n−1 ∂ n pour tout.<br />

Si f : X −→ Y est une application continue, comme nous l’avons vu au chapitre<br />

précédent dans le cas particulier du complexe singulier, f induit un homomorphisme<br />

de complexes de chaînes f # : S ∗ (X) −→ S ∗ (Y). Les complexes et les<br />

homomorphismes de complexes forment une catégorie, notée Comp, où la composition<br />

est définie sur les coordonnées. ({g n } ◦ { f n } = {g n ◦ f n }).<br />

Alors S ∗ : Top −→ Comp est un foncteur avec X ↦→ (S ∗ , ∂) et f ↦→ f # .<br />

185


186 16. SUITES EXACTES LONGUES D’HOMOLOGIE<br />

Et pour tout n ∈ N, H n : Comp −→ Ab est un foncteur avec S ∗ ↦→ H n (S ∗ )<br />

et H n (φ) : z n ↦→ φ n (z n ) pour tout homomorphisme de complexes de chaînes<br />

φ : S ∗ −→ S ′ ∗. On écrit souvent f ∗ au lieu de H n ( f ).<br />

2. Suite exactes en homologie<br />

THÉORÈME 16.3 (Triangle exacte).<br />

i<br />

p<br />

Si 0 −→ (S ′ ∗, ∂ ′ ) −→ (S ∗ , ∂) −→ (S ′′<br />

∗ , ∂ ′′ ) −→ 0 est une suite exacte de complexe de<br />

chaînes, alors le triangle suivant est exacte :<br />

H(S ′ ∗)<br />

<br />

i ∗<br />

H(S ∗ )<br />

d<br />

H(S ′′<br />

p<br />

∗<br />

∗ )<br />

Ce diagramme se traduisant par la longue suite exacte suivante :<br />

· · · −→ H n (S ′ ∗)<br />

i ∗<br />

−→ Hn (S ∗ )<br />

p ∗<br />

−→ H n (S ′′<br />

∗ ) −→ H n−1 (S ′ ∗)<br />

i ∗<br />

−→ Hn−1 (S ∗ )<br />

p ∗<br />

−→ H n−1 (S ′ ∗i) −→ · · · .<br />

Pour une paire d’espaces topologiques (X, A), on note H n (X, A) := H n (S ∗ (X)/S ∗ (A)),<br />

on a alors la suite exacte suivante de complexes de chaînes :<br />

0 −→ S ∗ (A)<br />

i<br />

i<br />

−→ S ∗ (X) −→ S ∗ (X)/S ∗ (A) −→ 0<br />

Le théorème a pour conséquence directe le résultat suivant sur les paires d’espaces<br />

topologiques :<br />

COROLLAIRE 16.4 (Suite exacte longue d’une paire topologique).<br />

Soit X un espace topologique et A un sous-espace de X, alors on a une suite exacte<br />

· · · −→ H n (A) −→ H n (X) −→ H n (X, A) −→ H n−1 (A) −→ · · · .<br />

Par exemple, il découle directement de ce théorème que H q (X, x 0 ) H q (X) pour<br />

tout q > 0.<br />

3. Homologie réduite<br />

DÉFINITION 16.5.<br />

Soit (S ∗ , ∂) le complexe singulier d’un espace topologique X. On définit ˜S −1 (X) Z<br />

comme étant le groupe cyclique infini engendré par le symbole [], ainsi que ˜∂ 0 :<br />

S 0 (X) −→ ˜S−1(X) par ∑ m x x ↦→ ( ∑ m x )[].<br />

Le complexe singulier augmenté de X est :<br />

˜S∗ (X) :<br />

· · · −→ S n (X)<br />

∂ n<br />

−→ Sn−1 (X) −→ · · ·<br />

∂ 2<br />

−→ S1 (X)<br />

∂ 1<br />

−→ S0 (X)<br />

˜∂ 0<br />

−→ ˜S−1 (X) −→ 0 .


4. MAYER-VIETORIS 187<br />

Il est claire que ˜∂ 0 ∂ 1 = 0, ainsi ˜S ∗ (X) est bien un complexe de chaînes.<br />

DÉFINITION 16.6.<br />

Les groupes d’homologie réduite sont pour tout n ≥ 0<br />

˜H n (˜S ∗ (X), ∂) .<br />

PROPOSITION 16.7.<br />

Si (X, A) est une paire d’espaces topologiques, alors on a une suite exacte longue pour<br />

l’homologie réduite :<br />

qui se termine en<br />

· · · −→ ˜H n (A) −→ ˜H n (X) −→ H n (X, A) −→ ˜H n−1 (A) −→ · · ·<br />

· · · −→ ˜H 0 (A) −→ ˜H 0 (X) −→ H 0 (X, A) −→ 0<br />

4. Mayer-Vietoris<br />

Si X est un espace topologique et X 1 , X 2 deux sous-espaces tels que X = X ◦ 1 ∪X◦ 2 ,<br />

alors le théorème de Mayer-Vietoris nous donne une relation entre l’homologie de<br />

l’espace X et l’homologie de ses sous-espaces X 1 et X 2 .<br />

THÉORÈME DE MAYER-VIETORIS 16.8.<br />

Soit X un espace topologique et X 1 , X 2 deux sous-espaces tels que X = X ◦ 1 ∪ X◦ . Alors on<br />

2<br />

a une suite exacte longue<br />

· · · −→ H n (X 1 ∩ X 2 ) −→ H n (X 1 ) ⊕ H n (X 2 ) −→ H n (X) −→ H n−1 (X 1 ∩ X 2 ) −→ · · · .<br />

Il exsite aussi une version de ce théorème pour l’homologie réduite.<br />

COROLLAIRE.(MAYER-VIETORIS POUR L’HOMOLOGIE RÉDUITE). 16.9.<br />

Soit X un espace topologique et X 1 , X 2 deux sous-espaces tels que X = X ◦ 1 ∪ X◦ 2 et<br />

X 1 ∩ X 2 ∅. Alors on a une suite exacte longue<br />

· · · −→ ˜H n (X 1 ∩ X 2 ) −→ ˜H n (X 1 ) ⊕ ˜H n (X 2 ) −→ ˜H n (X) −→ ˜H n−1 (X 1 ∩ X 2 ) −→ · · ·<br />

qui se termine en<br />

· · · −→ ˜H 0 (X 1 ) ⊕ ˜H 0 (X 2 ) −→ ˜H 0 (X) −→ 0 .


CHAPITRE 17<br />

Algèbres, Coalgèbres et Algèbres de Hopf<br />

Dans ce chapitre nous considérons K un anneau commutatif fixé. Sauf mention<br />

explicite, le produit tensoriel sera pris sur K et sera noté ⊗ au lieu de ⊗ K .<br />

1. Modules gradués<br />

Nous commençons par introduire la notion de graduation pour un module,<br />

qui est à la base de la construction d’algèbre, coalgèbre et algèbre de Hopf.<br />

DÉFINITION 17.1.<br />

(1) Un K-module gradué M est une famille de K-modules {M n } indexée sur<br />

N.<br />

Le module M n est appelé le terme homogène de degré n et un élément<br />

m ∈ M n un élément homogène de degré n.<br />

(2) Si M et N sont <strong>des</strong> K-modules gradués, alors un morphisme de K-<br />

modules gradués f : M −→ N est une famille { f n } n∈N de morphismes<br />

telle que pour tout n ∈ N, f n : M n −→ N n est un morphisme de K-<br />

modules.<br />

Le morphisme f est dit surjectif (respectivement injectif) si pour tout<br />

n ∈ N f n est surjectif (respectivement injectif).<br />

(3) Le produit tensoriel de M et N est le K-module gradué M ⊗ N dont on<br />

définit le terme homogène de degré n comme suit :<br />

⊕<br />

(M ⊗ N) n := M i ⊗ N j<br />

i+j=n<br />

Similairement, on définit la somme directe M ⊕ N de M et N en posant :<br />

(M ⊕ N) n := M n ⊕ N n<br />

(4) Si f : M −→ M ′ et g : N −→ N ′ sont deux morphismes de K-modules<br />

gradués alors le morphisme produit tensoriel est définit par :<br />

⊕<br />

( f ⊗ g) n := f i ⊗ g j<br />

Nous considérerons parfois l’anneau commutatif K comme un K-module<br />

gradué en posant K 0 = K et K n = 0, le module nul, pour tout n > 0. Alors<br />

189<br />

i+j=n


190 17. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

d’après la définition ci-<strong>des</strong>sus du produit tensoriel, on a que K ⊗ A A A ⊗ K<br />

pour tout K-module gradué A.<br />

2. Algèbres<br />

La notion d’algèbre est présentée ici non pas en termes d’ensembles, d’éléments<br />

et de lois, mais de façon catégorique en termes d’objets et de morphismes.<br />

DÉFINITION 17.2.<br />

Une K-algèbre, ou algèbre sur K est un triple (A, M, u) où A est un K-module<br />

gradué, M : A ⊗ A −→ A et u : K −→ A sont <strong>des</strong> morphismes de K-modules<br />

gradués satisfaisant les deux conditions suivantes.<br />

(1) Le morphisme M : A ⊗ A −→ A, appelé multiplication de l’algèbre A, fait<br />

commuter le diagramme :<br />

A ⊗ A ⊗ A<br />

1⊗M<br />

A ⊗ A<br />

M⊗1<br />

<br />

A ⊗ A<br />

M<br />

A<br />

M<br />

(2) Le morphisme u : K −→ A, appelé unité de l’algèbre A, fait commuter le<br />

diagramme :<br />

K ⊗ A u⊗1 <br />

A ⊗ A<br />

<br />

1⊗u<br />

A ⊗ K<br />

<br />

M<br />

<br />

<br />

<br />

A<br />

Les flèches sans nom représentant l’isomorphisme canonique entre A et A ⊗ K ou<br />

K ⊗ A et la notation 1 l’application identité.<br />

DÉFINITION 17.3.<br />

Une K-algèbre (A, M, u) est dite commutative si le diagramme<br />

A ⊗ A<br />

<br />

T<br />

A ⊗ A<br />

M<br />

M<br />

<br />

A<br />

commute.<br />

Où T est le morphisme twist défini sur les générateurs du produit tensoriel A ⊗ B<br />

de deux K-modules gradués comme suit<br />

T n : (A ⊗ B) n −→ (B ⊗ A) n<br />

a ⊗ b ↦−→ T n (a ⊗ b) := (−1) pq b ⊗ a


2. ALGÈBRES 191<br />

pour a ∈ A p ,b ∈ B q avec p + q = n.<br />

Cette proriété se traduit en termes d’éléments par ab = (−1) pq ba pour tous a, b ∈ A<br />

avec a ∈ A p et b ∈ A q .<br />

EXEMPLES 17.4.<br />

(1) Il convient de vérifier que la structure d’algèbre définie ci-<strong>des</strong>sus correspond<br />

à la définition classique de K-algèbre en tant qu’ensemble muni<br />

<strong>des</strong> structures de K-espace vectoriel et d’anneau et satisfaisant l’axiome<br />

k(ab) = (ka)b = a(kb) pour tout k ∈ K, a, b dans l’algèbre.<br />

D’une part si une algèbre A est donnée par la définition 17.2, alors on pose<br />

pour tout a, b ∈ A, a · b := M(a ⊗ b) et 1 A := u(1 K ), alors par exemple,<br />

1 A · a = M(u(1 K ) ⊗ a) = M ◦ (u ⊗ 1)(1 ⊗ a) = a<br />

par commutativité du second diagramme de la définition 17.2. Les autres<br />

axiomes découlent tout aussi facilement.<br />

D’autre part, si A est donnée par sa définition standard, alors il suffit de<br />

poser M(a ⊗ b) := a · b et u(1 K ) := 1 A . Ces deux morphismes satisfont alors<br />

les diagrammes de 17.2.<br />

(2) Soit F un corps. Alors F[X, Y] est une F-algèbre graduée commutative car<br />

on peut la décomposer comme<br />

{F[X, Y]} 2n = {polynômes sur F homogènes en X, Y de degré n} .<br />

La multiplication est donnée par la multiplication standard <strong>des</strong> polynômes<br />

et le morphisme unité par l’injection canonique de F dans {F[X]} 0 .<br />

(3) Le K-module K vu comme un K-module gradué est une K-algèbre<br />

graduée, où la multiplication est la multiplication usuelle de K et le morphisme<br />

unité est l’inclusion K dans K 0 = K.<br />

(4) Si A une K-algèbre libre sur K engendrée par un système de générateurs<br />

(x i ) i∈I , notons alors M h le module engendré par les mots de longueur h<br />

x i1 · · · x ih . La multiplication est la concaténation <strong>des</strong> mots et le morphisme<br />

unité est l’extension par linéarité de l’application qui envoie 1 K sur le mot<br />

vide.<br />

(5) Si A et B sont <strong>des</strong> K-algèbres, alors le produit tensoriel A ⊗ B admet aussi<br />

une structure de K-algèbre pour la multiplication M A⊗B définie par la<br />

composition<br />

M A⊗B := (1 ⊗ T ⊗ 1) ◦ (M A ⊗ M B )<br />

(cf. chapitre 1 section 6 pour les détails) et pour le morphisme unité<br />

u A⊗B : K<br />

<br />

−→ K ⊗ K u A⊗u B<br />

−→ A ⊗ B .<br />

DÉFINITION 17.5.<br />

Soit (A, M A , u A ) et (B, M B , u B ) deux K-algèbres. Une application f : A −→ B est<br />

appelé un morphisme de K-algèbres si f est un morphisme de K-modules gradués<br />

faisant commuter les deux diagrammes suivants :


192 17. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

A ⊗ A<br />

M A<br />

<br />

A<br />

f ⊗ f<br />

f<br />

B ⊗ B<br />

B<br />

M B<br />

A <br />

u A<br />

f<br />

u B<br />

<br />

<br />

K<br />

B<br />

Remarquons qu’en notation multiplicative, la commutativité <strong>des</strong> deux diagrammes<br />

ci-<strong>des</strong>sus se traduit par les égalité suivantes :<br />

f (a · a ′ ) = f (a) · f (a ′ ) et f (1 A ) = 1 B ∀ a, a ′ ∈ A ∀ b ∈ B .<br />

REMARQUE 17.6.<br />

On montre facilement qu’une algèbre (A, M, u) est commutative si et seulement si<br />

M : A ⊗ A −→ A est un morphisme d’algèbres.<br />

En effet, supposons A commutative alors M = MT. Alors :<br />

M ◦ (M A⊗A ) = M ◦ [(M ⊗ M) ◦(1 ⊗ T ⊗ 1)]<br />

}{{}<br />

= [M ◦ (M ⊗ 1) ◦ (1 ⊗ M ⊗ 1)] ◦ (1 ⊗ T ⊗ 1)<br />

}{{}<br />

= M ◦ (M ⊗ 1) ◦ (1 ⊗ MT ⊗1)<br />

}{{}<br />

M<br />

= M ◦ (M ⊗ 1) ◦ (1 ⊗ M ⊗ 1)<br />

}{{}<br />

= M ◦ (M ⊗ M)<br />

Ainsi on a le diagramme commutatif souhaité :<br />

A ⊗ A ⊗ A ⊗ A M A⊗A<br />

A ⊗ A<br />

M⊗M<br />

<br />

A ⊗ A<br />

M<br />

A<br />

M<br />

La commutativité du deuxième diagramme est banale.<br />

Reciproquement, dire que le premier diagramme de la définition 17.5, c’est dire<br />

que abcd = (−1) pq acbd pour tous a, b, c, d ∈ A avec b ∈ A p et c ∈ A q , alors pour<br />

a = b = 1 A , on obtient bc = (−1) pq cb pour tous b, c ∈ A avec b ∈ A p et c ∈ A q . Donc A<br />

est commutative.<br />

DÉFINITION 17.7.<br />

Une augmentation d’une K-algèbre (A, M, u) est un morphisme de K-algèbre<br />

graduée ε : A −→ K.<br />

Notons que par commuativité du second diagramme de la définition de morphisme<br />

d’algèbre on obtient que εu = id K .


3. COALGÈBRES 193<br />

3. Coalgèbres<br />

Etant donné sa nature catégorique, la notion d’algèbre peut être dualisée, on<br />

obtient ainsi la notion de coalgèbre. Cette section est légèrement ennuyante dans<br />

le sens où elle ne fait que présenter les définitions de bases ; il s’agit de ce fait d’une<br />

copie de la précédente modulo inversion <strong>des</strong> flèches 1 .<br />

DÉFINITION 17.8.<br />

Une K-coalgèbre, ou coalgèbre sur K est un triple (C, ∆, ε) où C est un K-module<br />

gradué, ∆ : C −→ C⊗C et ε : C −→ K sont <strong>des</strong> morphismes de K-modules gradués<br />

satisfaisant les deux conditions suivantes.<br />

(1) Le morphisme ∆ : C −→ C ⊗ C, appelé comultiplication de la coalgèbre<br />

C, fait commuter le diagramme :<br />

C<br />

∆<br />

C ⊗ C<br />

∆<br />

<br />

C ⊗ C<br />

1⊗∆<br />

∆⊗1<br />

C ⊗ C ⊗ C<br />

(2) Le morphisme u : K −→ C, appelé counité de la coalgèbre C, fait commuter<br />

le diagramme :<br />

ε⊗1<br />

K ⊗ C C ⊗ C<br />

1⊗ε C ⊗ K<br />

<br />

<br />

∆<br />

C<br />

<br />

<br />

La commutativité du premier diagramme est appelée coassociativité.<br />

DÉFINITION 17.9.<br />

Une K-coalgèbre (C, ∆, ε) est dite commutative si le diagramme<br />

C<br />

∆<br />

<br />

T<br />

C ⊗ C<br />

<br />

∆<br />

C ⊗ C<br />

commute.<br />

Où T est le morphisme twist défini précédemment.<br />

1 Notons que n’ayant pas de co-auteur pour ce travail, l’auteur s’est vu contraint d’inverser les<br />

flèches lui-même.


194 17. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

EXEMPLES 17.10.<br />

(1) On munit très facilement l’anneau commutatif K d’une structure de<br />

coalgèbre en prenant pour comultiplication ∆ : K −→ K ⊗ K l’somorphisme<br />

canonique (∆(k) = k ⊗ 1) et pour counité ε := 1 : K −→ K le<br />

morphisme identité.<br />

(2) Si F est un corps, on peut munir tout F-espace vectoriel d’une structure<br />

de coalgèbre. Plus précisément, si S est un ensemble (non-vide), alors FS<br />

(le F-espace vectoriel de base S) est une coalgèbre avec la comultiplication<br />

∆ définie par ∆(s) := s ⊗ s et la counité ε définie par ε(s) := 1 K pour tout<br />

s ∈ S. La commutativité <strong>des</strong> deux diagrammes de la définition 17.8 est<br />

banale pour les éléments de la base S, on étend alors par linéarité.<br />

(3) Si C et D sont deux coalgèbres sur K, alors leur produit tensoriel C ⊗ D<br />

est une coalgèbre avec comultiplication définie par la composition<br />

C ⊗ D<br />

∆ C ⊗∆ D<br />

C ⊗ C ⊗ D ⊗ D<br />

1⊗T⊗1<br />

C ⊗ D ⊗ C ⊗ D<br />

et avec counité définie par<br />

C ⊗ D<br />

ε C ⊗ε D<br />

K ⊗ K K .<br />

DÉFINITION 17.11.<br />

Soit (C, ∆ C , ε) et (D, ∆ D , ε D ) deux K-coalgèbres. Une application f : C −→ D est<br />

appelé un morphisme de K-coalgèbres si f est un morphisme de K-modules<br />

gradués faisant commuter les deux diagrammes suivants :<br />

C<br />

f<br />

D<br />

C<br />

<br />

f<br />

D<br />

∆ C<br />

<br />

C ⊗ C<br />

f ⊗ f<br />

∆ D<br />

D ⊗ D<br />

ε C<br />

ε<br />

D<br />

K<br />

DÉFINITION 17.12.<br />

Une augmentation d’une K-coalgèbre (C, ∆, ε) est un morphisme de K-coalgèbres<br />

graduées u : K −→ C.<br />

Notons que par commuativité du second diagramme de la définition de morphisme<br />

d’algèbre on obtient que εu = id K .<br />

4. Algèbres de Hopf<br />

Maintenant que nous avons introduit les structures d’algèbre et de coalgèbre,<br />

nous nous demandons dans quelles situations ces deux structures peuvent premièrement<br />

coexister sur un ensemble donné et deuxièmement être compatibles.


4. ALGÈBRES DE HOPF 195<br />

REMARQUE 17.13.<br />

D’après les exemples 17.4 (1) et 17.10 (3), tout espace vectoriel peut être muni à la<br />

fois d’une structure d’algèbre et de coalgèbre, respectivement, de façon canonique.<br />

Il n’est donc pas absurde de vouloir introduire sur un ensemble une nouvelle structure<br />

englobant ces deux structres déjà existantes, il s’agira de la structure d’algèbre<br />

de Hopf, parfois aussi appelée bialgèbre.<br />

Le théorème ci-<strong>des</strong>sous nous permet de lier les concepts d’algèbres et de coalgèbres.<br />

THÉORÈME 17.14.<br />

Soit A un K-module gradué. Munissons A d’une structure d’algèbre (A, M, u) et d’une<br />

structure de coalgèbre (A, ∆, ε). Alors les assertions suivantes sont équivalentes :<br />

(1) les applications δ et ε sont <strong>des</strong> morphismes d’algèbres ;<br />

(2) les applications M et u sont <strong>des</strong> morphismes de coalgèbres.<br />

DÉMONSTRATION. Le morphisme M est un morphisme de coalgèbres si et seulement<br />

si les deux diagrammes suivants commutes :<br />

A ⊗ A<br />

M<br />

A<br />

A ⊗ A<br />

M<br />

A<br />

∆⊗∆<br />

<br />

A ⊗ A ⊗ A ⊗ A<br />

∆<br />

ε⊗ε<br />

K ⊗ K<br />

ε<br />

1⊗T⊗1<br />

<br />

A ⊗ A ⊗ A ⊗ A M⊗M<br />

A ⊗ A<br />

<br />

<br />

K<br />

<br />

De même, le morphisme u est un morphisme de coalgèbres si et seulement si les<br />

deux diagrammes suvants commutes :<br />

<br />

K<br />

K ⊗ K<br />

u<br />

u⊗u<br />

A<br />

∆<br />

A ⊗ A<br />

K<br />

<br />

1<br />

u<br />

ε<br />

<br />

K<br />

Or le morphisme ∆ est un morphisme d’algèbres si et seulement si le premier et le<br />

troisième diagrammes commutent. Similairement, ε est un morphisme d’algèbres<br />

si et seulement si le deuxième et le quatrième diagrammes commutent. D’où<br />

l’équivalence <strong>des</strong> assertions.<br />

□<br />

A<br />

DÉFINITION 17.15.<br />

Une algèbre de Hopf sur K est un K-module gradué A muni de morphismes de<br />

K-modules gradués<br />

M : A ⊗ A −→ A u : K −→ A<br />

∆ : A −→ A ⊗ A<br />

ε : A −→ K<br />

tels que<br />

(1) (A, M, u) est une algèbre sur K avec augmentation ε ;<br />

(2) (A, ∆, ε) est une coalgèbre sur K avec augmentation u ;<br />

(3) M est un morphisme de coalgèbres.


196 17. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

En vertu du théorème ci-<strong>des</strong>sus, la condition (3) est équivalente à exiger que<br />

∆ soit un morphisme d’algèbres qui est équivalente à exiger la commutativité du<br />

premier diagramme de la preuve.<br />

EXEMPLE 17.16 (ALGÈBRE TENSORIELLE).<br />

Soit M un K-module. L’algèbre tensorielle T(M) sur M est définie par la propriété<br />

universelle suivante.<br />

Ainsi pour être totalement formel, une algèbre tensorielle sur M est un<br />

couple (T, i) où T est une K-algèbre et i : M −→ T est un morphisme de<br />

K-modules satisfaisant la propriété que pour toute K-algèbre A et pour<br />

tout application K-linéaire f : M −→ A, il existe un unique morphisme de<br />

K-algèbres f : T −→ A tel que f i = f . En d’autres termes, le diagramme<br />

suivant commute :<br />

M<br />

i<br />

<br />

T<br />

<br />

f<br />

∃! f<br />

A<br />

LEMME 17.17.<br />

L’algèbre tensorielle définie par la propriété universelle ci-<strong>des</strong>sus est unique à<br />

isomorphisme près.<br />

DÉMONSTRATION. La preuve de cette unicité se fait en utilisant la propriété<br />

universelle avec les mêmes arguments que dans la preuve de l’unicité<br />

du produit tensoriel donnée au chapitre premier.<br />

□<br />

La construction de l’algèbre tensorielle sur M se fait comme suit. On pose d’abord :<br />

T 0 (M)<br />

T 1 (M)<br />

T 2 (M)<br />

...<br />

T n (M)<br />

...<br />

:= K<br />

:= M<br />

:= M ⊗ M<br />

:= M ⊗ M ⊗ . . . ⊗ M<br />

}{{}<br />

n fois<br />

On pose ensuite :<br />

⊕<br />

T(M) := K ⊕ M ⊕ (M ⊗ M) ⊕ · · · ⊕ (M ⊗ M ⊗ . . . ⊗ M) ⊕ · · · = T k (M)<br />

On a alors déjà un K-module gradué.<br />

On définit maintenant une multiplication M sur T(M) comme suit : pour x =<br />

m 1 ⊗ m 2 ⊗ . . . ⊗ m p ∈ T p (M) et y = l 1 ⊗ l 2 ⊗ . . . ⊗ l q ∈ T q (M) on pose<br />

k∈N<br />

M(x ⊗ y) := m 1 ⊗ m 2 ⊗ . . . ⊗ m p ⊗ l 1 ⊗ l 2 ⊗ . . . ⊗ l q ∈ T (p+q) (M) .


4. ALGÈBRES DE HOPF 197<br />

L’extension par linéarité de cette application nous donne la multiplication pour<br />

deux éléments quelconques de T(M). Cette multiplication est clairement associative.<br />

L’unité est l’inclusion canonique u : K ↩→ K = T 0 (M) ⊂ T(M). Elle satisfait<br />

clairement le second diagramme de la définition 17.2. .<br />

En outre, on pose i : M −→ T(M) comme étant l’inclusion canonique de M dans<br />

T(M) donnée par m ↦→ i(m) := m ∈ T 1 (M) pour tout m ∈ M. Alors le couple (T(M), i)<br />

est une algèbre tensorielle.<br />

Pour définir une structure de coalgèbre sur T(M), on considère l’application linéaire<br />

f : M −→ T(M) ⊗ T(M)<br />

m ↦→ m ⊗ ⊗1 + 1 ⊗ ⊗m<br />

où la notation ⊗⊗ est utilisée uniquement pour ne pas confondre avec les produits<br />

tensoriels internes de T(M).<br />

Alors la propriété universelle de l’algèbre tensorielle nous donne l’existence d’un<br />

unique morphisme de K-algèbres<br />

∆ : T(M) −→ T(M) ⊗ T(M)<br />

tel que ∆i = f que nous prendrons pour comultiplication. Il faut montrer que ∆<br />

est coassociatif, i.e. que (∆ ⊗ 1)∆ = (1 ⊗ ∆)∆. Puisque (∆ ⊗ 1)∆ et (1 ⊗ ∆)∆ sont<br />

<strong>des</strong> morphismes d’algèbres, il suffit de montrer que l’inégalité est vérifiée sur un<br />

sytème de générateurs de T(M), en l’occurence, on utilise i(M). Soit m ∈ M, alors<br />

(∆ ⊗ 1)∆(m) = (∆ ⊗ 1)(m ⊗ ⊗1 + 1 ⊗ ⊗m)<br />

= m ⊗ ⊗1 ⊗ ⊗1 + 1 ⊗ ⊗m ⊗ ⊗1 + 1 ⊗ ⊗1 ⊗ ⊗m<br />

= (1 ⊗ ∆)(m ⊗ ⊗1 + 1 ⊗ ⊗m)<br />

= (1 ⊗ ∆)∆(m) .<br />

D’où la coassociativité de ∆.<br />

Pour définir la counité, on procède de façon similaire en considérant l’application<br />

K-linéaire nulle 0 : M −→ K . La propriété universelle de l’algèbre tensorielle nous<br />

fournit alors l’existence d’un unique morphisme de K-algèbres ε : T(M) −→ K tel<br />

que εi = 0, i.e. ε(m) = 0 pour tout m ∈ M. On vérifie alors que (ε ⊗ 1)∆ correspond<br />

à l’isomorphisme canonique de T(M) avec K ⊗ T(M). Soit m ∈ M alors<br />

(ε ⊗ 1)∆(m) = ε(m) ⊗ 1 + ε(1)⊗ = 1 ⊗ m<br />

qui est la valeur souhaitée.On procède de même pour montrer que (1 ⊗ ε)∆ correspond<br />

à l’isomorphisme canonique de T(M) avec T(M) ⊗ K.<br />

Par conséquent, nous avons sur T(M) une structure d’algèbre par (T(M), M, u)<br />

avec augmentation ε (puisque c’est un morphisme d’algèbres), une structure de<br />

coalgèbre par (T(M), ∆, ε) avec augmentation ε (c’est un morphisme de coalgèbres<br />

par le théorème ) et δ est un morphisme d’algèbre. Finalement, T(M) est munie<br />

d’une structure d’algèbre de Hopf.


198 17. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

5. Algèbre de Hopf de l’homologie d’un H-espace<br />

Le but de cette section est de montrer comment on peut munir l’homologie<br />

d’un H-espace associatif d’une structure d’algèbre de Hopf.<br />

REMARQUE 17.18.<br />

Si M est un module sur l’anneau commutatif K et<br />

· · · −→ S n+1 (X) ∂ n+1<br />

∂ n<br />

−→ S n (X) −→ Sn−1 (X) ∂ n−1<br />

−→ · · ·<br />

le complexe de chaînes singulier du chapitre 2, par exactitude à droite du foncteur<br />

M ⊗ Z − la suite suivante est un complexe de chaîne dont les termes sont <strong>des</strong><br />

modules sur K :<br />

· · · −→ M ⊗ S n+1 (X) M⊗∂ n+1<br />

−→ M ⊗ S n (X) M⊗∂ n<br />

−→ M ⊗ S n−1 (X) M⊗∂ n−1<br />

−→ · · · .<br />

On note ce nouveau complexe M ⊗ S ∗ (X), on obtient alors non plus <strong>des</strong> groupes<br />

abéliens en homologie, mais <strong>des</strong> modules sur K et l’on note<br />

ainsi que<br />

H n (X; M) := H n (M ⊗ S ∗ (X))<br />

H ∗ (X; M) := {H n (X; M)} n∈N<br />

le K-module gradué de l’homologie sur M de l’espace X.<br />

Plaçons nous désormais dans les hypothèses du théorème de Bott-samelson<br />

qui est présenté au chapitre suivant et supposons que X est un espace topologique<br />

connexe par arcs et que K est un anneau principal tel que H ∗ (X; K) est un K-module<br />

gradué sans torsion.<br />

STRUCTURE DE COALGÈBRE SUR L’HOMOLOGIE.<br />

Considérons l’application continue diagonale ∆ : X −→ X × X définie par ∆(x) =<br />

(x, x) pour tout x ∈ X. Alors puisque H ∗ (X, K) est supposé sans torsion, il découle<br />

du théorème de Künneth que<br />

H ∗ (X × X; K) H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K) .<br />

(Pour la construction de cet isomorphisme se référer par exemple au livre de<br />

Spanier [18].)<br />

La diagonale induit alors une application de K-modules<br />

∆ H∗<br />

: H ∗ (X; K) ∆ H∗<br />

<br />

−→ H ∗ (X × X; K) −→ H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K) .


5. ALGÈBRE DE HOPF DE L’HOMOLOGIE D’UN H-ESPACE 199<br />

Dans la catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques pointés, nous avons le diagramme<br />

commutatif suivant :<br />

X<br />

∆<br />

X × X<br />

∆<br />

<br />

X × X<br />

∆×1<br />

1×∆<br />

X × X × X<br />

Ainsi on obtient comme conséquence de la naturalité du foncteur d’homologie<br />

H ∗ (−; K) la commuativité du diagramme suivant :<br />

H ∗ (X; K)<br />

∆ H∗<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

∆ H∗<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

1×∆ H∗<br />

∆ H∗ ×1<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

De ce fait ∆ H∗ : H ∗ (X; K) −→ H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K) est une application coassociative.<br />

Nous avons vu au chapitre 2 que H ∗ ({∗}) Z. Après application du foncteur K ⊗ −<br />

sur le complexe singulier comme décrit ci-<strong>des</strong>sus, cet isomorphisme devient :<br />

H ∗ ({∗}, K) K .<br />

Alors si ε : X −→ {∗} est l’application pointée constante, elle induit en homologie<br />

l’application<br />

qui induit le morphisme de K-modules<br />

ε ∗ : H ∗ (X; K) −→ H ∗ ({∗}, K)<br />

ε ′ ∗ : H ∗ (X; K) −→ H ∗ ({∗}, K)<br />

Alors le diagramme suivant commute :<br />

<br />

−→ K .<br />

ε<br />

K ⊗ H ∗ (X; K) ′ ∗⊗1<br />

1⊗ε<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

′ ∗<br />

H ∗ (X; K) ⊗ K<br />

<br />

<br />

∆ H∗<br />

<br />

H ∗ (X; K)<br />

On conclut que ∆ H∗ est une comultiplication sur H ∗ (X; K) et ε ′ ∗ une counité sur<br />

H ∗ (X; K). Par conséquent (H ∗ (X; K), ∆ H∗ , ε ′ ∗) est une K-coalgèbre.<br />

STRUCTURE D’ALGÈBRE SUR L’HOMOLOGIE D’UN H-ESPACE.<br />

Supposons maintenant de plus que X est un H-espace associatif. Alors il existe<br />

une application continue pointée µ : X × X −→ X telle que les deux diagrammes


200 17. ALGÈBRES, COALGÈBRES ET ALGÈBRES DE HOPF<br />

suivants commutent à homotopie près :<br />

X × X × X<br />

1×µ<br />

X × X<br />

µ×1<br />

µ<br />

X × X<br />

X<br />

µ<br />

X × X µ X<br />

i<br />

▽<br />

<br />

X ∨ X<br />

où ▽ : X ∨ X −→ X est le pliage et i : X ∨ X −→ X × X l’inclusion canonique du<br />

wedge dans le produit cartésien. L’application µ induit l’application de K-module<br />

gradué<br />

µ H∗ : H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

<br />

µ ∗<br />

−→ H ∗ (X × X; K) −→ H ∗ (X; K) .<br />

A l’aide du premier diagramme on obtient la commutativité du diagramme<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

µ H∗ ×1<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

1×µ H∗<br />

<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

µ H∗<br />

µ H∗<br />

H ∗ (X; K)<br />

En outre, considérons l’application η : {∗} −→ X qui induit en homologie un<br />

morphisme de K-modules<br />

η ′ ∗ : K<br />

et le diagramme suivant commute :<br />

1⊗η<br />

<br />

′ ∗<br />

−→ <br />

η ∗<br />

H ∗ ({∗}; K) −→ H ∗ (X; K) .<br />

K ⊗ H ∗ (X; K) H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K)<br />

µ H∗<br />

<br />

<br />

H ∗ (X; K)<br />

η ′ ∗⊗1<br />

<br />

<br />

<br />

H ∗ (X; K) ⊗ K<br />

On conclut que µ H∗ est une multiplication associative sur H ∗ (X; K) et ε ′ ∗ une unité<br />

sur H ∗ (X; K). Par conséquent (H ∗ (X; K), µ H∗ , η ′ ∗) est une K-algèbre.<br />

STRUCTURE D’ALGÈBRE DE HOPF SUR L’HOMOLOGIE D’UN H-ESPACE.<br />

Afin d’obtenir une structure d’algèbre de Hopf H ∗ (X; K), il reste à voir que ∆ H∗<br />

et µ H∗ sont <strong>des</strong> morphismes d’algèbres et de coalgèbres respectivement. (Compte<br />

tenu du fait que X est toujours un H-espace associatif.)


5. ALGÈBRE DE HOPF DE L’HOMOLOGIE D’UN H-ESPACE 201<br />

Dans la catégorie <strong>des</strong> espaces topologiques pointés, le diagramme<br />

X × X<br />

µ<br />

X<br />

∆<br />

X × X<br />

∆×∆<br />

<br />

µ×µ<br />

X × X × X × X<br />

1×τ×1<br />

X × X × X × X<br />

où τ : X×X −→ X×X, (x, y) ↦→ (y, x), est clairement commutatif. Or comme H ∗ (X; K)<br />

est considéré sans torsion, le théorème de Künneth nous fournit un isomorphisme<br />

H ∗ (X; K) ⊗ H ∗ (X; K) H ∗ (X × X; K)<br />

qui est de plus naturel. (Voir [18]). Alors en conséquence de cette naturalité, on<br />

obtient la commutativité du diagramme<br />

H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X)<br />

∆ H∗ ⊗∆ H∗<br />

H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X)<br />

µ H∗<br />

<br />

H ∗ (X)<br />

1⊗T⊗1<br />

∆ H∗<br />

H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X)<br />

µ H∗ ⊗µ H∗<br />

<br />

H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X) ⊗ H ∗ (X)<br />

où H ∗ (X) = H ∗ (X; K). Or nous avons vu que la commutativité de ce diagramme est<br />

équivalente à la condition (3) de la définition d’algèbre de Hopf.<br />

REMARQUE 17.19.<br />

Dans le chapitre suivant, nous allons nous intéresser à l’homologie d’un espace<br />

de lacets. Rappelons alors que tout espace de lacets est un H-espace associatif.<br />

En effet, l’ensemble [S 1 , Y] étant le groupe fondamental de l’espace Y, il est munit<br />

d’une structure de groupe pour tout espace Y. Ainsi S 1 est un co-H-groupe, ce qui<br />

entraîne que F(S 1 , Y) est un H-groupe pour tout espace Y. Par conséquent, l’espace<br />

<strong>des</strong> lacets de Y qui est exactement F(S 1 , Y) est en particulier un H-espace associatif.<br />

On peut donc sans autre munir l’homologie d’un espace de lacets d’une structure<br />

d’algèbre de Hopf.


CHAPITRE 18<br />

Les théorèmes de Bott-Samelson et de Freudenthal<br />

1. Les théorèmes d’Hurewicz<br />

Nous arrivons finalement au point central de ces projets de semestre : les<br />

théorèmes d’Hurewicz. Le but ici n’étant pas de les démontrer mais de les utiliser<br />

pour démontrer les théorèmes de Bott-Samelson et de Freudenthal. Pour une<br />

démonstration de ces théorèmes, se référer au travaux de Julian et Michele..<br />

THÉORÈME D’HUREWICZ.<br />

Soit n ∈ N un entier plus grand que 1. Soit X un espace topologique (n − 1)-connexe.<br />

Alors<br />

h n : π n (X) −→ H n (X)<br />

est un isomorphisme.<br />

CONSÉQUENCE 18.1.<br />

Supposons que comme dans les hypothèses du théorème, X soit un espace topologique<br />

(n − 1)-connexe, alors X est aussi (m − 1)-connexe pour tout 1 < m < n.<br />

Ainsi,<br />

0 π m (X) H m (X) ∀ m = 2, n − 1 .<br />

Par conséquent, l’homologie d’un espace (n − 1)-connexe est<br />

⎧<br />

Z si m = 0 car X est connexe par arcs (cf. thm. 15.25)<br />

π 1 (X) ab si m = 1<br />

⎪⎨<br />

H m (X) 0 si 2 ≤ m ≤ n − 1<br />

π n (X)<br />

si m = n<br />

⎪⎩ Hurewicz ne dit rien si m > n .<br />

203


204 18. LES THÉORÈMES DE BOTT-SAMELSON ET DE FREUDENTHAL<br />

THÉORÈME D’HUREWICZ, VERSION RELATIVE.<br />

Soit (X, A) une paire d’espace topologique (n−1)-connexe où X et A est simplement connexe<br />

et n ≥ 2. Alors H q (X; A) = 0 pour tout q ≤ n et<br />

est un isomorphisme.<br />

k n : π n (X; A) −→ H n (X; A)<br />

2. Théorème de Bott-Samelson<br />

Cette section se base essentiellement sur un papier de J. Neisendorfer [9]. Nous<br />

commençons par quelques rappels sur la suspension réduite et l’espace <strong>des</strong> lacets<br />

pour fixer les idées et les notations.<br />

LA SUSPENSION RÉDUITE.<br />

Soit (X, x 0 ) un espace topologique pointé. On définit la suspension réduite ΣX de<br />

X par le quotient suivant :<br />

ΣX := X × I/X × {0} ∪ X × {1} ∪ {x 0 } × I<br />

pointé par {x 0 }×I. La suspension réduite se caractérise aussi par ΣX = S 1 ∧X. Mais,<br />

ici nous utiliserons la caractérisation<br />

ΣX = C − X ∪ C + X<br />

avec C − X = {[x, t] | x ∈ X, 0 ≤ t ≤ 1 2 } le cône inférieur sur X et C +X = {[x, t] | x ∈<br />

X, 1 2 ≤ t ≤ 1} le cône supérieur sur X. En outre, C −X ∩ C + X = X × { 1 2 } X.<br />

On peut aussi suspendre une application continue pointée f : X −→ Y<br />

Σ f : ΣX −→ ΣY<br />

[x, t] ↦−→ Σ f ([x, t]) := [ f (x), t] .<br />

L’ESPACE DES LACETS.<br />

L’espace <strong>des</strong> lacets d’un espace topologique pointé (X, x 0 ) est<br />

pointé par le lacet constant en x 0 .<br />

ΩX := {u ∈ X I | u(0) = u(1) = x 0 }<br />

Si f : X −→ Y est une application continue pointée, alors on définit le laçage de f<br />

par<br />

Ω f : ΩX −→ ΩY<br />

u ↦−→ Ω f (u) := f ◦ u .<br />

Dans le théorème de Bott-Samelson c’est en fait l’espace <strong>des</strong> lacets de la suspension<br />

réduite ΩΣX d’un espace topologique connexe X qui nous intéresse.


2. THÉORÈME DE BOTT-SAMELSON 205<br />

APPLICATION DE SUSPENSION ET ÉVALUATION.<br />

Nous considérons l’application Σ X , appelée application de suspension, qui envoie<br />

un élément de l’espace X sur le lacet dans la suspension réduite de première<br />

coordonnée constante x. Formellement :<br />

Σ X : X −→ ΩΣX<br />

x ↦−→ Σ X(x) : I −→ ΣX<br />

t ↦−→ Σ X (x)(t) := [x, t]<br />

où l’application Σ X (x) est bien un lacet dans ΣX puisque [x, 0] = [x, 1].<br />

L’évaluation quant à elle se définit comme suit :<br />

e X : ΣΩX −→ X<br />

[u, t] ↦−→ u(t)<br />

L’espace ΩΣX vérifie la propriété universelle suivante.<br />

PROPRIÉTÉ UNIVERSELLE MULTIPLICATIVE DE ΩΣX.<br />

Pour tout espace topologique Y et pour tout application continue f : X −→ ΩY, il existe<br />

un unique laçage f : ΩΣX −→ ΩY, tel que f ◦ Σ X = f , c-à-d qui fait commuter le<br />

diagramme suivant :<br />

X<br />

Σ X<br />

<br />

<br />

∃! f<br />

ΩΣX<br />

DÉMONSTRATION. Posons f := Ωe Y ◦ ΩΣ f : ΩΣX −→ ΩΣΩY −→ ΩY, alors f<br />

fait commuter le diagramme. En effet, pour x ∈ X calculons<br />

f<br />

ΩY<br />

f ◦ Σ X (x) = Ωe Y ◦ ΩΣ f ◦ Σ X (x)<br />

Alors e y (Σ f (Σ X (x)(t))) = e Y ([ f (x), t]) = f (x)(t). D’où f ◦ Σ X = f .<br />

Pour l’unicité supposons que g fasse commuter le diagramme, alors pour tout<br />

x ∈ X et pour tout t ∈ I on a g ◦ Σ X (x)(t) = f (x)(t). Ainsi<br />

g([x, t]) = f (x)(t) = e Y ([ f (x), t]) = e Y (Σ f ([x, t])) .<br />

D’où g = Ω(e Y ◦ Σ f ) = Ωe Y ◦ ΩΣ f = f .<br />

L’application f est appelée l’extension multiplicative de f .<br />

□<br />

Après ces nombreuses pages de préliminaires, nous avons finalement en mains<br />

tous les outils nécessaires pour énoncer et démontrer le théorème de Bott-Samelson


206 18. LES THÉORÈMES DE BOTT-SAMELSON ET DE FREUDENTHAL<br />

THÉORÈME DE BOTT-SAMELSON 18.2.<br />

Soit R un anneau principal. Soit X un espace topologique connexe par arcs tel que<br />

˜H ∗ (X, R) = ˜H ∗ (X) est un R-module libre. Alors l’application<br />

induit un isomorphisme d’algèbres<br />

Σ ∗ : ˜H ∗ (X) −→ ˜H ∗ (ΩΣX)<br />

T(˜H ∗ (X)) H ∗ (ΩΣX) .<br />

En fait, ces deux algèbres sont même isomorphes en tant qu’algèbres de Hopf, où le coproduit<br />

sur T(˜H ∗ (X)) est induit par celui de H ∗ (X).<br />

DÉMONSTRATION. Nous allons considérer l’espace E donné par le pushout<br />

ΩΣX × X<br />

c<br />

ΩΣX × C + X<br />

1×ı<br />

ΩΣX × C − X<br />

E<br />

où<br />

c : ΩΣX × X −→ ΩΣX × X<br />

(u, x) ↦−→ (u ∗ Σ X (x), x) .<br />

(Ceci revient à dire que E = (ΩΣX × C − X) ∪ (ΩΣX × C + X) avec identification du<br />

bord du premier terme avec le bord du deuxième selon c.)<br />

LEMME 18.3.<br />

L’espace E est un espace contractile.<br />

PREUVE DU LEMME. Pour montrer que E est contractile, on utilise un autre espace<br />

que l’on sait contractile, à savoir PΣX l’espace <strong>des</strong> chemins pointés de ΣX.<br />

Rappelons que la fibration <strong>des</strong> chemins est donnée par<br />

p : PΣX −→ ΣX<br />

u ↦−→ u(1) .<br />

Décomposons alors PΣX = p −1 (C − X) ∪ p −1 (C + X), où l’intersection <strong>des</strong> deux termes<br />

est p −1 (C − X) ∩ p −1 (C + X) = p −1 (C − X ∩ C + X) = p −1 (X). Ainsi PΣX est le pushout du<br />

diagramme suivant :<br />

p −1 (C − X) ∩ p −1 <br />

(C + X) p<br />

<br />

−1 (C − X)<br />

p −1 (C + X) PΣX .<br />

Nous allons maintenant trouver trois équivalences d’homotopie entre les sommets<br />

<strong>des</strong> diagrammes ci-<strong>des</strong>sus (sauf entre les pusouts). Pour ce faire, on considère les


2. THÉORÈME DE BOTT-SAMELSON 207<br />

chemins γ − ([x, t]) dans C − X qui relie linéairement [x, 0] à [x, t], ainsi que les chemins<br />

γ + ([x, t]) dans C + X qui relie linéairement [x, 1] à [x, t]. On pose alors<br />

ψ − : ΩΣX × C − X −→ p −1 (C − X) , (u, a) ↦→ u ∗ γ − (a)<br />

(dont l’image est un lacet dans C − X auquel on ajoute le chemin linéaire liant a) ;<br />

ψ + : ΩΣX × C + X −→ p −1 (C + X) , (u, a) ↦→ u ∗ γ + (a) ;<br />

φ − : p −1 (C − X) −→ ΩΣX × C − X , u ↦→ (u ∗ γ − (u(1)) −1 , u(1)) ;<br />

φ + : p −1 (C + X) −→ ΩΣX × C + X , u ↦→ (u ∗ γ + (u(1)) −1 , u(1)) .<br />

En évaluant on voit facilement qu’il s’agit d’équivalences d’homotopie :<br />

ψ − ◦ φ − ≃ 1, φ − ◦ ψ − ≃ 1, ψ + ◦ φ + ≃ 1, φ + ◦ ψ + ≃ 1 .<br />

On obtient de ce fait un diagramme commutatif à homotopie près :<br />

PΣX<br />

<br />

p −1 (C − X) p −1 (C − X) ∩ p −1 (C + X) p −1 (C + X)<br />

φ −<br />

ΩΣX × C − X<br />

ΩΣX × X ΩΣX × C + X<br />

1×ı <br />

E<br />

Les applications de la ligne du haut sont <strong>des</strong> cofibrations, on peut donc les<br />

modifier par une homotopie φ + et φ − de telle sorte que le diagramme soit non plus<br />

commutatif à homotopie près, mais commutatif strictement. (Se référer au chapitre<br />

1 du travail de Michele pour les détails de cet argument). On obtient ainsi une<br />

application PΣX −→ E entre les pushouts.<br />

On applique alors le foncteur π 1 à ce nouveau diagramme. Puisque les flèches verticales<br />

sont <strong>des</strong> équivalences d’homotopie, les groupes fodamentaux <strong>des</strong> espaces<br />

liés par une telle flèche sont isomorphes. Alors, si on applique le théorème de<br />

Seifert-van Kampen pour trouver les groupes fondamentaux <strong>des</strong> deux pushouts E<br />

et PΣX, on obtient que π 1 (PΣX) π 1 (E).<br />

Comme PΣX est contracile, il suit que tous ses groupes d’homotopie sont triviaux.<br />

En particulier, puisque 0 π 1 (PΣX) π 1 (E), alors par Hurewicz de rang 1,<br />

H 1 (E) 0.<br />

On applique maintenant les foncteurs d’homologie à ce diagramme et on trouve<br />

que H n (PΣX) H n (E) pour tout n. De plus 0 π n (PΣX) pour tout n ≥ 2, veut<br />

dire que PΣX est (m − 1)-connexe pour m aussi grand que l’on puisse souhaiter. Le<br />

théorème d’Hurewicz entraîne que π m (PΣX) H m (PΣX) pour tout m ≥ 2.<br />

Par conséquent, en réunissant tous les isomorphismes cités ci-<strong>des</strong>sus, il vient<br />

0 π m (PΣX) H m (PΣX) H m (E) ∀ m > 0<br />

Ce qui prouve finalement que E est un espace contractile.<br />

φ −<br />

φ +<br />


208 18. LES THÉORÈMES DE BOTT-SAMELSON ET DE FREUDENTHAL<br />

Le fait que E est contractile, entraîne que H ∗ (E) R (nous avons prouvé ce<br />

résultat au chapitre 2 pour R = Z seulement, mais il se généralise facilement).<br />

Ainsi en appliquant la suite exacte de Mayer-Vietoris au premier diagramme du<br />

pushout E on obtient la suite exacte courte<br />

0 −→ H ∗ (ΩΣX) ⊗ H ∗ (X)<br />

d<br />

−→ H ∗ (ΩΣX) ⊗ H ∗ (C − X) ⊕ H ∗ (ΩΣX) ⊗ H ∗ (C + X) −→ R −→ 0<br />

où, si l’augmentation est ε : H ∗ (X) −→ R, on a d(a, b) = (a ⊗ ε(a), ab ⊗ 1). D’où<br />

l’isomorphisme<br />

H ∗ (ΩΣX) ⊗ ˜H ∗ (X)<br />

<br />

−→ ˜H ∗ (ΩΣX) .<br />

On utilise alors le fait que X est connexe, ce qui implique que l’algèbre H ∗ (X)<br />

est connexe, pour conclure à l’aide du lemme suivant.<br />

LEMME 18.4.<br />

Soit A une algèbre connexe et M un module libre connexe. Si f : M −→ Ã est une<br />

application linéaire, alors l’extension f : T(M) −→ A est un isomorphisme si et seulement<br />

si A ⊗ M −→ 1⊗ f<br />

A ⊗ Ã −→ m<br />

à est un isomorphisme.<br />

DÉMONSTRATION. La démonstration de ce lemme se fait par induction et se<br />

trouve dans l’article sur les algèbres de Hopf de Milnor and Moor [13]. □<br />

On obtient donc finalement T(˜H ∗ (X)) H ∗ (ΩΣX).<br />

Pour la partie Algèbre de Hopf, on détermine la comultiplication de l’algèbre<br />

tensorielle T(˜H ∗ (X)) sur les générateurs par la comultiplication de H ∗ (X).<br />

□<br />

3. Théorème de Freudenthal<br />

Il s’agit dans cette section d’appliquer le théorème d’Hurewicz, ainsi que le<br />

theorème de Bott-Samelson pour donner une démonstration du théorème de suspension<br />

de Freudenthal dans le cas où l’espace considéré est la n-sphère.<br />

THÉORÈME DE SUSPENSION DE FREUDENTHAL 18.5.<br />

Soit X un espace topologique pointé m−1-connexe (m ≥ 2), alors la suspension homotopique<br />

σ : π i (X) −→ π i+1 (ΣX)<br />

[ f ] ↦−→ [Σ f ]<br />

est un isomorphisme de groupes pour i < 2m − 1. Elle est surjective pour i = 2m − 1.<br />

PREUVE POUR X = S n , n ≥ 2.<br />

Rappelons que pour tout n ≥ 2, on a S n+1 = S 1 ∧ S n = ΣS n .


3. THÉORÈME DE FREUDENTHAL 209<br />

Les foncteur Σ et Ω étant adjoints, on peut écrire<br />

π i+1 (S n+1 ) = [S i+1 , S n+1 ] = [ΣS i , S n+1 ]<br />

= [S i , ΩS n+1 ] = π i (ΩS n+1 )<br />

Il suffit donc de montrer que π i (ΩS n+1 ) π i (S n ) pour tout i < 2n − 1 et que<br />

π i (S n ) ↠ π i (ΩS n ) pour i = 2n − 1.<br />

En appliquant Bott-samelson à S n , on obtient T(˜H ∗ (S n )) H ∗ (ΩS n+1 ). L’algèbre<br />

tensorielle se calcule facilement puisque pour n ≥ 0<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

H q (S n Z si n = q<br />

) ⎪⎩ 0 si n q .<br />

(Voir chapitre 2 du travail de Julian pour ce calcul.)<br />

Ainsi, si x n est un générateur H n (S n ), on peut écrire T(˜H ∗ (S n )) = T(x n ). D’où<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

H k (ΩS n+1 Z si k = n, 2n, · · ·<br />

) ⎪⎩ 0 sinon .<br />

Par conséquent H k (ΩS n+1 ) H k (S n ) pour tout k = 0, 2n − 1.<br />

En utilisant une décomposition en CW-complexes de ΩS n+1 , on peut voir que<br />

S r ↩→ ΩS n+1 . (Voir chapitre 1 du travail de Michele.) On obtient ainsi une suite<br />

exacte longue en homologie pour la paire (ΩS n+1 , S n ) :<br />

· · · H i+1 (ΩS n+1 , S n ) −→ H i (S n ) −→ H i (ΩS n ) −→ H i (ΩS n+1 , S n ) −→ · · · .<br />

Alors, comme H k (ΩS n+1 ) H k (S n ) 0 pour tout k = 0, 2n − 1 avec k n, par<br />

exactitude de la suite on obtient que H k (ΩS n+1 , S n ) = 0 pour tout 0 ≤ k ≤ n − 1 et<br />

n + 2 ≤ k ≤ 2n − 1. <strong>Autour</strong> de n on obtient la suite exacte courte<br />

0 −→ H n+1 (ΩS n+1 , S n ) −→ Z Z −→ H n (ΩS n+1 , S n ) −→ 0<br />

qui entraîne que H n+1 (ΩS n+1 , S n ) = H n (ΩS n+1 , S n ) = 0.<br />

Maintenant, en homotopie, on obtient pour la paire topologique (ΩS n+1 , S n ) la suite<br />

exacte longue<br />

· · · π i+1 (ΩS n+1 , S n ) −→ π i (S n ) −→ π i (ΩS n ) −→ π i (ΩS n+1 , S n ) −→ · · · .<br />

Alors comme π j (ΩS n+1 , S n ) 0 pour tout j ≤ 2n − 1 l’exactitude de la suite entraîne<br />

que π i (S n ) π i (ΩS n ) pour tout i ≤ 2n − 2 et π i (S n ) ↠ π i (ΩS n ) pour i = 2n − 1. □<br />

REMARQUE 18.6.<br />

On peut appliquer une démonstration similaire à un espace X (n − 1)-connexe en<br />

utilisant une approxiamation par les CW-complexes (développée dans le travail<br />

de Michele), puisqu’alors il est facile d’inclure une sphère dans X.<br />

Le théorème de Freudenthal est particulièrement intéressant pour calculer<br />

certains groupes d’homotopie <strong>des</strong> sphères.


210 18. LES THÉORÈMES DE BOTT-SAMELSON ET DE FREUDENTHAL<br />

REMARQUE 18.7.<br />

Si X est un espace topologique m-connexe, on déduit de la suite<br />

π i (X)<br />

σ<br />

−→ π i+1 (ΣX)<br />

σ<br />

−→ π i+2 (Σ 2 X)<br />

σ<br />

−→ . . .<br />

et du théorème de Freudenthal que ΣX est (m+1)-connexe, Σ 2 X est (m+2)-connexe<br />

et ainsi de suite.<br />

En outre, si l’on prend k ∈ N tel que k ≥ i − 2m (alors i + k ≤ 2m + k + k = 2(m + k))<br />

on obtient qu’à partir de<br />

π i+k (Σ k X)<br />

σ<br />

−→ π i+k+1 (Σ k+1 X)<br />

toutes les suspensions sont <strong>des</strong> isomorphismes.<br />

En appliquant ce résultat à X = S 1 , i = 1 et k = 1 on obtient la suite suivante<br />

d’isomorphismes :<br />

π 2 (S 2 <br />

) −→ π 3 (S 3 <br />

) −→ π 4 (S 4 <br />

) −→ . . .<br />

σ σ σ<br />

Or nous savons que H 2 (S 2 ) Z, ainsi puisque S 2 est 1-connexe, il découle du<br />

théorème d’Hurewicz que<br />

π n (S n ) Z<br />

pour tout n ≥ 1.<br />

EXEMPLE 18.8.<br />

En partant de la sphère S 2 , que nous savons connexe par arcs et dont le groupe<br />

fondamental est trivial (i.e. S 2 est 1-connexe), comme S 1 ∧ S n = S n+1 on obtient<br />

π 1 (S 2 <br />

) −→ π 2 (S 3 )<br />

}{{} σ<br />

0<br />

Il suit que π 2 (S 3 ) 0. Par conséquent, π 1 (S 3 ) étant trivial, S 3 est 2-connexe. Ainsi<br />

et<br />

π 1 (S 3 <br />

) −→ π 2 (S 4 )<br />

}{{} σ<br />

0<br />

π 2 (S 3 <br />

) −→ π 3 (S 4 ) .<br />

}{{} σ<br />

0<br />

Donc S 4 est 3-connexe. (On considère ici connu le fait que π 1 (S n ) 0 pour tout<br />

n > 1.)<br />

Et ainsi de suite.<br />

Il ressort finalement que<br />

π i (S n ) = 0 si i < n .


Bibliographie<br />

[1] Marcelo Aguilar, Samuel Gitler, and Carlos Prieto. Algebraic topology from a homotopical<br />

viewpoint. Universitext. Springer-Verlag, New York, 2002. Translated<br />

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[2] Homi Bhabha. Tensor product. Tata Institute, Bombay.<br />

[3] Henri Cartan and Jean-Pierre Serre. Espaces fibrés et groupes d’homotopie. I.<br />

Constructions générales. C. R. Acad. Sci. Paris, 234 :288–290, 1952.<br />

[4] Henri Cartan and Jean-Pierre Serre. Espaces fibrés et groupes d’homotopie.<br />

II. Applications. C. R. Acad. Sci. Paris, 234 :393–395, 1952.<br />

[5] Sorin Dăscălescu, Constantin Năstăsescu, and Şerban Raianu. Hopf algebras,<br />

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[6] Beno Eckmann. Groupes d’homotopie et dualité. Bull. Soc. Math. France,<br />

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[9] Neisendorfer J. Untitled manusript. Work in progress.<br />

[10] Michel Matthey. Groupes de Lie compacts. Notes de cours, http ://irrotationnels.epfl.ch/documentation/pdf/Lie.pdf.<br />

[11] J. P. May. A concise course in algebraic topology. Chicago Lectures in Mathematics.<br />

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[12] John Milnor. Construction of universal bundles. I. Ann. of Math. (2), 63 :272–<br />

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[13] John W. Milnor and John C. Moore. On the structure of Hopf algebras. Ann.<br />

of Math. (2), 81 :211–264, 1965.<br />

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[15] James R. Munkres. Elements of algebraic topology. Addison-Wesley Publishing<br />

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[18] Edwin H. Spanier. Algebraic topology. Springer-Verlag, New York, 1981. Corrected<br />

reprint.<br />

213


214 Bibliographie<br />

[19] Ralph Stöcker and Heiner Zieschang. Algebraische Topologie. Mathematische<br />

Leitfäden. [Mathematical Textbooks]. B. G. Teubner, Stuttgart, second edition,<br />

1994. Eine Einführung. [An introduction].


Index<br />

éléments<br />

indécomposables, 131<br />

primitifs, 131<br />

équivalence faible<br />

entre paires, 87<br />

évaluation, 199<br />

acyclique, 21<br />

algèbre, 184<br />

commutative, 184<br />

connexe, 131<br />

de Hopf, 189<br />

de Lie, 133<br />

duale, 126<br />

tensorielle, 190<br />

universelle enveloppante, 134<br />

algèbre de Hopf<br />

duale, 130<br />

application<br />

équilibrée, 143<br />

bi-additive, 143<br />

d’Hurewicz, 173<br />

de face, 160<br />

application cellulaire, 62<br />

application de suspension, 199<br />

bord, 13, 17, 107, 108, 159<br />

catégorie, 11<br />

classe<br />

d’homologie, 13, 107, 163<br />

coalgèbre<br />

commutative, 187<br />

duale, 127<br />

coalgèbre, 187<br />

coassociativité, 187<br />

cofibration, 49<br />

cofibration<br />

basée, 53<br />

complexe de chaîne, 13, 107<br />

relatif, 21<br />

singulier, 109<br />

complexe de chaînes<br />

singulier, 161<br />

complexe singulier<br />

augmenté, 180<br />

composition, 11<br />

comultiplication, 187<br />

counité, 187<br />

CW-complexe, 61<br />

CW-complexe<br />

relatif, 61<br />

cycle, 13, 107<br />

différentielle, 179<br />

espace <strong>des</strong> lacets, 198<br />

espace dual, 125<br />

espace vectoriel gradué, 110<br />

face opposée, 159<br />

foncteur, 12<br />

génération primitive, 135<br />

groupe<br />

d’homologie, 13, 163<br />

de bords, 109<br />

de chaîne singulière, 161<br />

de cycles, 109<br />

groupes d’homologie<br />

réduite, 181<br />

singulière, 18, 109<br />

homomorphisme d’Hurewicz, 39<br />

relatif, 39<br />

homomorphisme induit, 163<br />

homotopie<br />

de chaînes, 14<br />

i-ème face, 17, 108<br />

inverse, 11<br />

isomorphisme, 11<br />

laçage, 198<br />

longue suite exacte<br />

en homologie, 15<br />

module gradué, 183<br />

morphisme, 11<br />

de K-algèbres, 185<br />

215


216 INDEX<br />

de K-coalgèbres, 188<br />

de module gradué, 183<br />

d’Hurewicz, 138<br />

d’Hurewicz rationnel, 138<br />

de chaînes, 14, 107<br />

produit tensoriel, 183<br />

multiplication, 184<br />

n-ème groupe d’homotopie, 31<br />

relatif, 32<br />

n-bord, 162<br />

n-chaînes, 161<br />

n-connexe, 29<br />

n-cycle, 162<br />

n-equivalence, 67<br />

n-simple, 36<br />

n-simplexe<br />

singulier, 161<br />

standard, 160<br />

objets, 11<br />

opérateur de bord, 13, 18, 107, 161<br />

<strong>des</strong> groupes d’homotopie, 37<br />

orientation, 160<br />

orientation standard, 26<br />

pliage, 29<br />

produit tensoriel, 144<br />

d’homomorphismes, 147<br />

de modules gradués, 183<br />

q-ème groupe d’homologie, 107<br />

singulière relative, 21<br />

q-ème groupe de bords, 18<br />

q-ème groupe de chaîne<br />

singulier, 18, 108<br />

q-ème groupe de cycles, 18<br />

q-chaînes<br />

singulières, 18<br />

q-chaînes singulières, 108<br />

q-simplexe<br />

singulier, 17, 108<br />

standard, 108<br />

simplexe, 159<br />

somme directe<br />

de modules gradués, 183<br />

sous-complexe, 61<br />

suite de Mayer-Vietoris, 24<br />

suite exacte, 12<br />

de morphismes de chaînes, 15<br />

suspension homotopique, 202<br />

suspension réduite, 198<br />

terme homogène de degré n, 183<br />

théorie d’homologie, 88<br />

transposée, 125<br />

unité, 184

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