Robert Louis Dreyfus - Force EDC
Robert Louis Dreyfus - Force EDC
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P arcours<br />
Hommage<br />
Témoignage de<br />
Alain Dominique Perrin (69)<br />
Je suis immensément triste...<br />
Parcour s<br />
Hommage<br />
<strong>Robert</strong> et moi ne nous voyions pas très<br />
souvent, mais je sais qu'on s'aimait et<br />
qu'on se respectait. Lorsque je lui ai<br />
proposé en 1995 de racheter l'École<br />
des Cadres... et de la redresser, il m'a tout de suite dit oui,<br />
et au cours d'un dîner en tête à tête à Paris, il m'a dit " on<br />
y va... mais on ne peut pas se planter ! "<br />
On ne s'est pas planté...<br />
C'était le meilleur d'entre nous. Adieu l'ami !<br />
26<br />
<strong>Robert</strong><br />
<strong>Louis</strong> <strong>Dreyfus</strong><br />
À toi Président,<br />
PROMO (69)<br />
Témoignage de<br />
Céline Del Genes (01)<br />
En apprenant la nouvelle de ta disparition,<br />
je ne peux m’empêcher de songer<br />
à combien tu auras influencé ma vie…<br />
et celle de tant d’autres.<br />
Sans toi, je ne serais pas chez ADIDAS, je n’habiterais certainement<br />
pas Hong-Kong, je n’aurais pas eu la carrière<br />
que j’ai…<br />
Mon stage de fin d’études à l’<strong>EDC</strong> se profilait et je souhaitais<br />
l’effectuer dans l’industrie du sport pour pouvoir<br />
allier passion et profession… Tu le savais et donc tu m’as<br />
soutenue.<br />
Quelques mois après mon entrée chez adidas toute l’histoire<br />
m’a été contée… Comment mon CV est arrivé au<br />
bureau des HR avec trois lettres manuscrites RLD, à eux<br />
de trouver le stage !<br />
Je ne l’ai su que bien plus tard mais encore aujourd’hui<br />
j’en souris… car c’était tout toi ! Un coup de pouce discret,<br />
mais bien entendu efficace !<br />
Je suppose qu’aujourd’hui quelque part dans les dossiers,<br />
il reste ce CV avec ces 3 initiales sans lesquelles les choses<br />
auraient été tellement différentes pour moi.<br />
Lorsque je suis arrivée au siège, tu m’as reçue alors que tu<br />
étais sur le départ - un mois plus tard tu quittais le groupe -<br />
c’était ca ta gentillesse et ton attention pour les gens.<br />
Tu avais également demandé à Elfriede - ta fidèle assistante<br />
- de faciliter mon arrivée en terres bavaroises.<br />
Par la suite, tu as continué à prendre de mes nouvelles. Et<br />
lors d’événements sportifs, nous avons pu partager des<br />
conversations passionnées et passionnantes autour de<br />
notre pôle d’intérêt commun le sport !<br />
Au siège, ceux qui t’ont côtoyé évoquent encore ton charisme<br />
et ton sourire.<br />
Les Liaisons Offices à travers le monde se rappellent ta<br />
simplicité lors des visites d’usines : pas de statut particulier,<br />
repas partagés avec tous…<br />
À Herzo, tous se souviennent du grand patron, de la volonté,<br />
la force, la pugnacité et l’intelligence que tu as une<br />
nouvelle fois démontré pour remonter la marque et le<br />
groupe ADIDAS, comme toujours avec succès.<br />
Pour ma part, je garde en moi mémoire l’homme, d’une<br />
intelligence hors norme, mais plus encore d’une intelligence<br />
du cœur qui le rend inoubliable.<br />
Aujourd’hui mes pensées vont vers les tiens Margarita,<br />
Eric, Kyril et Maurice.<br />
Merci pour tout <strong>Robert</strong>.<br />
Témoignage de<br />
Henri Baché (69)<br />
J’ai vraiment bien connu <strong>Robert</strong> <strong>Louis</strong><br />
<strong>Dreyfus</strong> en fin de première année à<br />
<strong>EDC</strong>, en mai 67 pour être exact.<br />
C’était un dilettante génial qui était<br />
alors considéré comme le vilain petit<br />
canard par sa famille car il ne foutait<br />
rien, mais il avait déjà conscience de ce qu’il pourrait faire<br />
car il n’hésitait pas à dire qu’il l’étonnerait un jour. Ce fut<br />
le cas lorsque celle-ci lui demanda, il y a quelques années,<br />
de reprendre les rênes de l’entreprise familiale.<br />
Pour en revenir à notre première expérience commune,<br />
elle débuta lors de « la guerre des Six Jours ». À l’époque<br />
les manifestations de soutien à l’état d’Israël, attaqué par<br />
les armées de trois pays arabes, se succédaient à Paris. <strong>Robert</strong>,<br />
de tradition juive mais de religion catholique, se sentait<br />
concerné et ne tarda pas à se trouver impliqué. Ayant<br />
appris qu’Israël acceptait les volontaires, nous nous<br />
sommes inscrits et, par piston, nous avons été retenus.<br />
Embarquant à Venise le 9 juin sur le premier bateau en<br />
partance, car il y avait un blocus, nous avons mis le pied<br />
à Haïfa trois jours plus tard, le lendemain du cessez-le-feu.<br />
Cette traversée réunissait des gens de tous âges et de tous<br />
horizons : des réfugiés russes qui avaient l’air de sortir d’un<br />
ghetto, des européens enthousiastes et des jeunes, comme<br />
nous, un peu inconscients. Ce creuset de gens aussi disparates<br />
allant se battre pour une cause avait un côté surréaliste<br />
qui lui procura une émotion extraordinaire. On<br />
nous a aussitôt dirigés vers un kibboutz de Galilée pour<br />
remplacer les hommes partis au front. Imaginez ce grand<br />
garçon longiligne à la peau blanche en short et torse nu,<br />
ce fils à papa, jouant les paysans israéliens… Levés à 5 h,<br />
nous étions dans les champs à 6 pour ramasser les bottes<br />
de paille sous un soleil de plomb. Entre la moissonneuse<br />
et la ramasseuse il y avait <strong>Robert</strong> et moi qui ficelions les<br />
bottes. Les israéliens étaient étonnés de l’énergie qu’il déployait<br />
car <strong>Robert</strong> ne faisait pas les choses à moitié, il s’impliquait<br />
véritablement dans tout ce qu’il entreprenait.<br />
Trois mois après, lorsque nous avons regagné Paris pour<br />
poursuivre nos études à <strong>EDC</strong>, lui en Commerce International<br />
et moi en Marketing, on pouvait dire que nous<br />
étions devenus « copains de régiment ». Nous ne nous<br />
sommes jamais perdus de vue car c’était un garçon fidèle<br />
en amitié, généreux, bon vivant, mais aussi un bosseur invétéré<br />
qui savait s’entourer et déléguer, un super doué en<br />
poker, en relationnel, en sport. Il pouvait vous sortir le<br />
nom du lanceur de marteau aux JO de Melbourne ou celui<br />
de l’ailier droit de l’équipe d’Arsenal en 1983, une véritable<br />
encyclopédie vivante du sport. L’OM, pour lui, a été<br />
sa danseuse passionnelle, je devrais dire son ballet car pour<br />
l’argent qu’il y a mis il aurait pu s’offrir le Bolchoï, il y portait<br />
beaucoup d’attention et y consacrait beaucoup de<br />
temps. Je me souviens qu’un soir, au sortir d’un dîner sur<br />
le vieux port à Marseille, sur les coups de 2 h du matin,<br />
après une journée oh combien remplie, il m’a dit d’aller<br />
me coucher car il avait encore à discuter avec l’entraîneur<br />
de l’OM… pour le virer. C’est vous dire l’énergie qu’il<br />
avait !<br />
Pour moi, <strong>Robert</strong> est un génial discret, un homme qui s’est<br />
fait tout seul.<br />
Encore une anecdote, après avoir racheté ADIDAS qu’il a<br />
réussi à capitaliser à 13 milliards de francs, il m’a dit :<br />
" Sais-tu combien je l’ai acheté ? 50 000 francs de frais<br />
d’avocat ".<br />
Lorsqu’Alain Dominique Perrin s’est mis en tête de racheter<br />
<strong>EDC</strong>, <strong>Robert</strong> a fait partie, dès le départ, de l’aventure<br />
comme un certain nombre d’anciens, ils ont rêvé l’école<br />
et l’ont réalisée. Membre du Conseil d’Administration, il<br />
a toujours montré une solidarité sans faille, une implication<br />
totale.<br />
En conclusion je peux dire qu’il a eu une vie extraordinaire<br />
et, face à celle-ci, je peux avouer que c’est un des<br />
êtres qui m’a le plus impressionné.<br />
Propos recueillis par Thierry de Scitivaux (58)<br />
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