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Revue Humanitaire n°13 - décembre 2005 - Médecins du Monde

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Table<br />

ronde<br />

humanitaire, et notamment celle d’associations comme Médecins<br />

<strong>du</strong> <strong>Monde</strong>, a toujours combattu cela et été dans une logique et une<br />

recherche permanente de vérité dans l’action. S’il y a un risque de<br />

manipulation, il est plutôt lié à notre incapacité à renouveler le débat<br />

et à se dire les choses telles qu’elles sont, mais aussi à notre difficulté à<br />

résister à la tentation de « sur-marketiser » ou de « sur-publiciser » les<br />

crises humanitaires. On risquerait, à terme, de voir apparaître des<br />

grandes surfaces de la solidarité dans lesquelles nous vendrons <strong>du</strong><br />

marketing de la compassion à tous les rayons.<br />

Olivier Bernard Je passerai maintenant la parole à Jean-François<br />

Mattéi, président de la Croix-Rouge française, et à Rony Brauman,<br />

ancien président de MSF et enseignant à Sciences-Po Paris. Pour<br />

en revenir à cette question de la rupture d’équilibre, comment les<br />

ONG humanitaires doivent-elles, dans l’espace et dans le temps,<br />

intervenir ?<br />

Jean-François Mattéi Pour répondre précisément maintenant à vos<br />

questions, je me vois contraint de rappeler que la Croix-Rouge n’est pas<br />

une ONG traditionnelle alors que vous l’avez globalement présentée<br />

comme cela et que d’ailleurs tout le monde ou presque la considère<br />

comme telle. Or la Croix-Rouge est un auxiliaire des pouvoirs publics :<br />

c’est inscrit dans ses statuts. C’est un aspect qui est plus ou moins marqué,<br />

selon les sociétés nationales. C’est très marqué dans les sociétés de<br />

Croix-Rouge scandinaves où les gouvernements n’ont pas de ministère<br />

de la Coopération et où l’ensemble <strong>du</strong> budget de l’action humanitaire est<br />

alors parfois confié à la Croix-Rouge locale. C’est beaucoup moins marqué<br />

en France puisque nous ne recevons aucune subvention pérenne <strong>du</strong> gouvernement.<br />

Mais quoiqu’il en soit, nous sommes auxiliaires des pouvoirs<br />

publics.<br />

Par ailleurs, la Croix-Rouge française appartient à une Fédération internationale<br />

de la Croix-Rouge et <strong>du</strong> Croissant-Rouge qui comporte 183 sociétés<br />

nationales et a établi des règles très précises quant à la légitimité<br />

d’une intervention : aucune société nationale n’est habilitée à intervenir<br />

dans un pays si elle n’y a pas été invitée par la société nationale <strong>du</strong>dit<br />

pays. Ainsi, lors <strong>du</strong> tsunami, la Croix-Rouge indienne ayant refusé toute<br />

aide, la Croix-Rouge française n’y est pas allée. En revanche, pour l’ouragan<br />

Katrina, la Croix-Rouge américaine a fait valoir à la fédération un<br />

besoin de 80 logisticiens anglophones et nous avons alors mobilisé 18<br />

logisticiens que nous avons envoyés là-bas dans les 24 heures. Autrement<br />

dit, et contrairement aux ONG, la légitimité nous est donnée par une<br />

demande <strong>du</strong> pays concerné via sa société nationale.<br />

Concernant maintenant la question des modalités d’intervention dans le<br />

temps et dans l’espace. Je n’ai aucune position dogmatique sur ce thème. Je<br />

suis persuadé que l’urgence humanitaire est fondatrice et primordiale et cela<br />

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