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4 LES TEXTURES MODIFIÉES, MODE D’EMPLOI<br />
Préfaces<br />
MONIQUE FERRY, gériatre et nutritionniste<br />
Manger est un acte essentiel à la vie,<br />
mais aussi à la survie en bonne santé.<br />
C’est, après la respiration, l’instinct<br />
le plus primordial.<br />
L’alimentation est un acte individuel essentiel à la vie, le plus<br />
souvent source de plaisir et doté d’une valeur symbolique dans<br />
nos sociétés… Ce besoin, qualifié de « fondamental » doit être<br />
impérativement satisfait. L’alimentation est aussi nécessaire à la<br />
survie dans de nombreuses situations pathologiques. S’alimenter<br />
moins que ses besoins, plus encore s’ils sont accrus par la maladie,<br />
est source de dénutrition.<br />
La dénutrition est à l’origine de nombreuses complications,<br />
source de morbidité, en particulier infectieuse et de dépendance,<br />
par diminution des capacités fonctionnel<strong>les</strong>. Il est nécessaire<br />
d’alimenter <strong>les</strong> patients et de couvrir l’augmentation de leurs<br />
besoins pour lutter contre <strong>les</strong> risques liés à la dénutrition de<br />
manière directe ou indirecte.<br />
Manger et boire doivent être satisfaits, y compris et surtout,<br />
chez le malade. L’alimentation est alors considérée, à juste titre,<br />
comme un soin. Mais c’est aussi, en particulier chez l’enfant et<br />
la personne âgée, un acte de soutien, voire d’amour. C’est pourquoi<br />
elle peut entraîner de la part des proches, mais aussi des soignants,<br />
des comportements extrêmes de véritable « lutte » pour alimenter,<br />
ou, à l’inverse, d’évitement au moment des repas... L’ importance<br />
de l’alimentation est à l’origine d’une relation très particulière<br />
et unique entre <strong>les</strong> soignants et le soigné. Parfois peut s’exercer<br />
un véritable « chantage » à l’incapacité de nourrir correctement<br />
par manque de temps, manque de bras, mais aussi souvent,<br />
manque de motivation… Ce phénomène peut déclencher des<br />
niveaux de souffrance majeurs au sein d’une équipe et ce d’autant<br />
que le soignant est habituellement une femme dont le rôle nourricier<br />
est alors gravement mis en cause, le plus lourd de sens<br />
étant le refus de s’alimenter…<br />
L’alimentation a une valeur symbolique et un rôle de communication.<br />
D’où l’effet très anxiogène sur <strong>les</strong> aidants et <strong>les</strong> soignants<br />
des troub<strong>les</strong> qui perturbent l’alimentation, en particulier, <strong>les</strong><br />
troub<strong>les</strong> de la déglutition. C’est probablement l’une des explications,<br />
parmi d’autres, du réflexe abusif de « mixer pour manger »…<br />
au moins quelque chose… alors même, par exemple, qu’une<br />
position correcte pour le repas, au lieu du maintien de la tête<br />
en arrière sur un fauteuil, qui favorise <strong>les</strong> inhalations, suffit à faire<br />
disparaître certaines fausses routes…<br />
Or, tout doit être mis en œuvre pour que <strong>les</strong> apports oraux<br />
et le plaisir de manger soient préservés. C’est pourquoi ce soin particulier,<br />
indispensable, ne peut être que le fruit d’un travail collectif<br />
d’une « chaîne » efficace qui va du choix des aliments jusqu’à<br />
l’assiette du patient. Il impose une véritable « vigilance alimentaire »<br />
au niveau des maillons de la chaîne où chacun sait que son rôle<br />
est essentiel de la cuisine à la présentation. Si le cuisinier s’est<br />
intéressé à être formé, qu’il réussit une texture modifiée « bien<br />
sous tous rapports » et qu’elle est servie froide au patient, ou<br />
par un soignant grincheux et/ou pressé, voire en compagnie<br />
d’un voisin de table désagréable… quel bénéfice en attendre <br />
C’est toute une réflexion de fonctionnement qui doit être mise<br />
en œuvre autour des <strong>textures</strong> mixées… C’est aussi l’état psychologique<br />
et affectif du patient qui doit être pris en compte. C’est<br />
pourquoi ce livre permet une approche efficace des modalités<br />
d’alimentation dans une collectivité, avec des exemp<strong>les</strong> concrets<br />
de diverses circonstances dans <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> la nourriture doit être<br />
adaptée à l’état de chaque malade, quelle que soit la pathologie<br />
dont il est atteint. Le choix d’un aliment de qualité et <strong>les</strong> modifications<br />
apportées aux schémas standards de « mixés » sont<br />
ensuite envisagées et transcrites en multip<strong>les</strong> recettes, utilisab<strong>les</strong><br />
dans <strong>les</strong> divers établissements de soin.<br />
Cet ouvrage original et documenté, s’est voulu synthétique et va<br />
à l’essentiel. Il apporte des réponses à de nombreuses questions<br />
pratiques dont il dresse un tableau le plus complet possible…