FEMMES_3000_N_38_lig.. - Femmes 3000
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<strong>FEMMES</strong><br />
www.femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>3000</strong><br />
MARS 2009 - N°<strong>38</strong><br />
DOSSIER<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
en marche<br />
Trophées<br />
Le millésime 2008<br />
Livres à la page<br />
Gisèle Halimi au Flore<br />
"Ne vous résignez jamais"
Billet d’humeur Fédération <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Association Loi 1901<br />
<strong>Femmes</strong> au bord de la crise…<br />
La crise est là, partout. En overdose médiatisée, en dépression transfusée, en ponction<br />
fiscalisée. La crise est là, profitons-en…<br />
Voyez tous les journaux qui ont titré “la femme est l’avenir de la crise” (Figaro<br />
Magazine), “les sociétés féminisées résistent mieux à la crise” (La Tribune), “les<br />
femmes, antidote à la crise boursière” (Le Monde). On a produit des rapports,<br />
comme celui du cabinet américain Mc Kinsey ou celui, très argumenté, de Michel<br />
Ferrary de CERAM Business School (Sophia Antipolis)(1). Même notre Ministre<br />
des Finances s’est chargée d’en rajouter : “J’ai remarqué que les banques qui ont<br />
eu le plus de difficultés sont aussi celles où la diversité est très faible”. Et pour couronner<br />
le tout, rappelons le sondage CSA Madame Figaro par lequel on apprend que<br />
84% des français, hommes et femmes confondus, souhaitent voir plus de femmes<br />
aux postes stratégiques.<br />
Les femmes auraient un style de management moins “prise de risques”, moins sanguin,<br />
ce que les marchés apprécieraient en période de crise. Les messieurs s’y entendent<br />
pour mettre le “bazar” selon le mot d’un banquier cité dans le très sérieux<br />
“Financial Time”, et quand il faut tout remettre en ordre, qui appelle-t-on <br />
Bon, et après Première conclusion : continuons donc à cultiver nos qualités ménagères…<br />
Deuxième conclusion : n’attendons pas la fin de la crise pour avancer, sinon<br />
nous risquons d’être à nouveau confrontées à la remontée de la testostérone en<br />
même temps que celle des cours de la Bourse.<br />
Plus sérieusement, cette crise que l’on annonce toute en superlatifs ne doit pas passer<br />
comme une mauvaise grippe qu’on oublie aussitôt. Il faut qu’elle laisse des<br />
séquelles, de celles qui changent les réflexes et les comportements.<br />
Puisque la porte s’ouvre, affichons et capitalisons nos compétences et nos différences<br />
; avec la tranquille certitude que ces valeurs que l’on dit féminines –indulgence,<br />
intuition, créativité…- sont celles qui permettront d’émerger et surtout (surtout !) de<br />
ne pas repartir dans la spirale dévastatrice qui met en péril nos équilibres familiaux,<br />
nos économies, et le si fragile et inégal “ordre économique mondial”.<br />
Les femmes ont longtemps été le maillon faible. Elles se sont consolidées. Peut-être<br />
même le temps des combats est-il suspendu. Elles doivent apporter, au même titre<br />
que les hommes, leur pierre à la reconstruction. Quand d’autres priorités pour l’avenir<br />
s’imposent, la réponse adéquate ne peut passer que par l’union des compétences.<br />
C’est bien de mixité qu’il s’agit, et de solidarité.<br />
56 boulevard Diderot - 75012 Paris<br />
Tél : 06 24 94 15 20 / 06 03 39 23 61<br />
Email : line.pierne@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Site : www.femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Bureau National <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Présidente Fondatrice : Marie-José Grandjacques<br />
Vice Présidente d’honneur : Catherine Péant<br />
Présidente : Line Pierné<br />
Vice Présidente : Valérie Blanchot-Courtois<br />
Trésorière : Marie-José Campagné<br />
Trésorière Adjointe : Chantal Desbordes<br />
Secrétaire : Pauline Bouchet<br />
Juriste : Pascale Lalère<br />
Délégation Alsace-Lorraine<br />
Présidente : Monique Funck - 06 65 49 90 70 - moniquefunck@yahoo.fr<br />
Délégation Aquitaine<br />
Présidente : Line Pierné - 06 03 39 23 61 - line.pierne@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Délégation Bouches-du-Rhône<br />
Présidente : Christine Boulet - 06 81 58 36 28 - christine.boulet@free.fr<br />
Délégation Bretagne<br />
Présidente : Christine Barrat - 06 80 28 64 57 - chbarrat@wanadoo.fr<br />
Délégation Côte Basque<br />
Présidentes : Denise Thuilleaux/Claudie Bompoint/Suzy Gossot - 05 59 42 07 87-<br />
bompoint.laski@yahoo.fr<br />
Délégation Côte d’Azur<br />
Présidente : Valérie Blanchot Courtois - 06 73 73 78 76 - vbc@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Délégation Dordogne<br />
Présidente : Marie José Abenoza - 06 37 77 85 05 - marie-jose.abenoza@wanadoo.fr<br />
Délégation Eure-et-Loir<br />
Présidente : Jocelyne Saussereau - 06 07 90 33 92- jocesausse@wanadoo.fr<br />
Délégation Loir et Cher<br />
Présidente : Florence Giraudeau - 06 33 71 70 98 - florencegrd@aol.com<br />
Délégation Ile-de-France<br />
Contact : Line Pierné - 06 03 39 23 61 - line.pierne@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Délégation Midi-Pyrénées<br />
Présidente : Christel du Puy Montbrun - 06 18 46 07 28 - christelpm@msn.com<br />
Délégation Nord Pas-de-Calais<br />
Présidentes : Véronique Parent/Claire Halle - femmes<strong>3000</strong>@orange.fr<br />
Délégation Normandie<br />
Présidente : Marie Paule KLos Giafferi - 06 83 28 26 49 - mpgestion@aliceadls.fr<br />
Délégation Pau-Béarn<br />
Présidente : Solange Bertrand - 05 59 33 27 36 - s.bertrand@solber-conseil.com<br />
Délégation Pays Basque Intérieur<br />
Présidente Jackie Bougis - 05 59 37 28 32 - j-bougis@hotmail.fr<br />
Délégation Rhône-Alpes<br />
Présidente : Sandrine Porcher - 06 09 47 34 53 - sandrine.porcher@laposte.net<br />
Délégation Touraine<br />
Présidente : Nathalie Molisson - 06 72 58 51 71- nathalie@nmconsulting.fr<br />
Délégation Var<br />
Présidente : Claudine Bergoignan Esper - 04 93 21 82 61 - femmes<strong>3000</strong>@orange.fr<br />
Tous les premiers mardis de chaque mois, rendez-vous au “CAFÉ DE FLORE” de 19h00 à 20h30<br />
172 Boulevard Saint Germain, Paris 6 e (Métro Saint Germain des Prés)<br />
Mardi 7 Avril 2009 - Christine ORBAN<br />
Romancière Française. Christine Orban comprend très vite que l'écriture sera<br />
sa vie. Devenue clerc de notaire après des études de droit comme le souhaitait<br />
son père, la jeune femme se sent néanmoins irrésistiblement attirée par<br />
la littérature et publie son premier roman en 1986, Les Petites filles ne meurent<br />
jamais, sous le nom de Christine Rheims. Si plusieurs ouvrages suivent,<br />
les plus connus restent L'Âme sœur, J'étais l'origine du monde, Fringues ,<br />
Mélancolie du dimanche. Petites phrases pour traverser la vie en cas de tempête...<br />
et par beau temps aussi.<br />
Mardi 5 Mai 2009 - Anne-Marie CORRE,<br />
Journaliste, rédactrice en chef à Paris Match. Après un coup de foudre<br />
pour le Maroc à 18 ans, Anne-Marie Corre s’est éprise de Marrakech pour<br />
ce qu’elle cache encore plus que pour ce qu’elle montre. Elle nous parlera<br />
entre autre de son dernier livre : Le roman de Marrakech.<br />
Mardi 9 Juin 2009 - Nicole CATALA<br />
Député de Paris de 1988 à 2002, Vice-Présidente de l'Assemblée Nationale de 1993 à 2002,<br />
Secrétaire d'Etat chargée de la Formation Professionnelle de 1986 à 1988.<br />
2 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
Christiane DEGRAIN<br />
(1) Michel Ferrary a mis en place, avec <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Côte d’Azur, un observatoire de la féminisation<br />
des entreprises des Alpes Maritimes. Cf. page 18.<br />
N’oubliez pas...<br />
Les Mardis de “<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>”<br />
Commission Santé<br />
Responsables : Monique Ferry - monique.ferry@clubinternet.fr<br />
Marie-Pierre Pancrazi - marie-pierrepancrazi@hpgm.fr<br />
Commission Evènements Culturels<br />
Responsable : Maryline Katakawa - 06 22 09 84 19 - mkatakawa@free.fr<br />
Commission Entreprise<br />
Responsable : Stéphanie Ghérissi - 06 26 64 67 78 - femmes<strong>3000</strong>touraine@gmail.com<br />
Permanence <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Mairie du 8 e arrondissement - Rue de Lisbonne - 75008 Paris<br />
Jacky Zénouda : 0683126929 - jacky.zenouda@wanadoo.fr<br />
Journal<br />
Directrice de la Publication : Line Pierné - line.pierne@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Conseillère-coordinatrice de la Rédaction :<br />
Catherine Péant - catherine.peant@gmail.com<br />
Directrice de la Rédaction : Maryse Wolinski - maryse.wolinski@orange.fr<br />
Rédactrices en chef :<br />
Sociétés : Christiane Degrain - chris.degrain@wanadoo.fr<br />
Délégations : Valérie Blanchot-Courtois - vbc@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Ont collaboré à ce numéro :<br />
Julia Dion, Pascale Bourguignon, Jacky Morelle, Maryline Katakawa, Elisabeth Jean<br />
Conception - Design : Nathalie Vitti<br />
1 chemin de la Croix Blanche - 92290 - Châtenay-Malabry<br />
Tél : 06 11 65 53 53 - Fax 01 72 34 92 16<br />
Impression : AJC<br />
Contact Publicité : Line Pierné - 06 03 39 23 61 - line.pierne@femmes<strong>3000</strong>.fr<br />
Photographie couverture : Ophélie Bard/Christilla Lostis<br />
REJOINDRE<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Adhésion : 55 €/an<br />
Membre bienfaiteur à partir de 100 €/an<br />
Association : 100 €/an
SOMMAIRE<br />
BILLET D’HUMEUR 2<br />
<strong>Femmes</strong> au bord de la crise…<br />
EDITORIAL 3<br />
“I have a dream”<br />
DOSSIER 4<br />
Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Line Pierné 4<br />
“Notre implantation nationale et bientôt<br />
internationale est notre force et l’originalité<br />
de notre réseau”<br />
Claudine Bergoignan-Esper 6<br />
Une femme placée au cœur<br />
de débats humanistes essentiels<br />
Stéphanie Ghérissi 7<br />
Chef d’entreprise<br />
Être libre mais être seule<br />
Monique Ferry 8<br />
Un moral de battante<br />
Marie-Pierre Pancrazi 9<br />
Une Corse dévouée<br />
Maryse Wolinski 10-11<br />
Souvenirs de la cour d’assises<br />
LES TROPHÉES 2008 12 à 14<br />
Le millésime 2008<br />
CHRONIQUE INNOVATION<br />
ET DEVELOPPEMENT DURABLE 15<br />
Fabienne Gastaud<br />
Directrice Générale de WIT SA<br />
et <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> passionnée par la nature :<br />
“Le développement durable est vecteur de sens<br />
dans ma vie professionnelle.”<br />
LIVRES A LA PAGE 16-17<br />
Le dernier cru Auster<br />
La femme aux cheveux orange<br />
La mère, une passion<br />
Au fil de mon plaisir<br />
<strong>FEMMES</strong> <strong>3000</strong> INITIATIVES<br />
Délégations 18-19<br />
- Loir-et-Cher<br />
- Côte d’Azur<br />
Commissions 20-21<br />
- Entreprise<br />
- Europe<br />
- Culture<br />
LES CAFÉS DE FLORE 22-23<br />
- Gisèle Halimi<br />
- Les autres Flores<br />
EDITO<br />
“I have a dream”<br />
a dit Martin Luther King en 1963<br />
pendant la Marche vers<br />
Washington pour le travail et la<br />
liberté.<br />
Et nous, les <strong>Femmes</strong> du<br />
3 e millénaire, que pouvons-nous<br />
rêver d’ici à mi -2011 pour<br />
notre Fédération <br />
1. Une couverture de tout le territoire français d’ici à fin 2010.<br />
Nous avons aujourd’hui 21 délégations et 9 régions et les<br />
DOM TOM restent à couvrir.<br />
2. Une ouverture vers l’Europe via des partenariats et des délégations<br />
en propre, afin notamment de s’inspirer des bonnes<br />
pratiques des autres pays et de les diffuser en France et ailleurs.<br />
3. Le renforcement de l’axe nord-sud, matérialisé aujourd’hui<br />
par nos partenariats en cours avec le Sénégal et le<br />
Cameroun, mais aussi par les liens nouveaux tissés avec<br />
l’Egypte et le Togo, grâce à nos Trophées 2008.<br />
4. Une ouverture sur le monde, via notamment la prochaine<br />
édition de nos Trophées en 2010, qui devrait mettre en<br />
valeur les expériences de femmes françaises installées en<br />
Amérique du Sud.<br />
5. Une meilleure compréhension et valorisation de nos différences<br />
qui sont aussi nos forces.<br />
6. La création de synergies inter délégations permettant<br />
l’émergence d’une intel<strong>lig</strong>ence collective créatrice de valeur<br />
au bénéfice de toutes et tous.<br />
7. La capacité de faire émerger, via un travail national en commissions,<br />
de véritables propositions concrètes pour relever<br />
les défis du XXI e siècle.<br />
8. La concrétisation par l’action du fait que <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> rime<br />
avec développement durable, dans l’esprit de notre Charte<br />
du Développement Durable élaborée il y a quelques années.<br />
Responsabilité, Respect, Solidarité.<br />
9. La consolidation de nos liens avec nos partenaires naturels<br />
dont le Sénat, l’ONU, l’Unesco, et le développement de nouveaux<br />
partenariats pour nous donner les moyens de nos<br />
ambitions.<br />
10. Une mise en perspective de l’esprit d’entreprendre de toutes<br />
les femmes qui nous rejoignent, afin de renforcer leur possibilité<br />
de prendre leur vie en main, d’aller de l’avant et de cocréer<br />
le monde que nous avons envie de laisser à nos enfants<br />
demain.<br />
Tout ceci nous permettra de remplir notre mission, qui est de donner<br />
de la visibilité aux femmes et à leurs projets. Nous comptons<br />
sur vous toutes et vous tous pour nous éclairer et nous entraîner<br />
sur la voie de l’exemplarité.<br />
Valérie BLANCHOT COURTOIS,<br />
Vice présidente de la Fédération <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
<strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
3
DOSSIER Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Line Pierné<br />
“Notre implantation<br />
nationale et bientôt<br />
internationale est notre<br />
force et l’originalité de<br />
notre réseau”<br />
Line Pierné, présidente<br />
de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
depuis octobre, revient<br />
sur les objectifs de l’association,<br />
et donne sa<br />
vision de l’avenir. La<br />
Fédération doit continuer<br />
à mettre en<br />
lumière les blocages de<br />
la société envers les<br />
femmes, être une force<br />
de proposition, et rassembler<br />
les énergies<br />
dans les délégations et<br />
les commissions.<br />
4 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
Q : Après neuf ans au sein de l’association,<br />
spontanément, c’est quoi <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> <br />
C’est un défi ! Celui de faire arriver à s’entendre<br />
les femmes entre elles. Car c’est par là que<br />
nous pêchons et que nous ne pouvons avancer.<br />
On peut y arriver : la réussite dans les délégations<br />
-qui sont animées par une belle énergie- et<br />
l’homogénéité de nos membres le prouve.<br />
Q : Les objectifs de F<strong>3000</strong> sont demeurés les<br />
mêmes depuis sa fondation.<br />
Quels sont-ils <br />
D’abord, la visibilité.<br />
Nous avons presque<br />
“inventé” ce mot pour<br />
l’appliquer aux femmes, et<br />
depuis on l’entend souvent…<br />
Cette visibilité qui<br />
fait défaut dans tous les<br />
secteurs de la société passe<br />
partout, par la reconnaissance<br />
de la compétence,<br />
mais aussi par l’image. Il<br />
s’agit de l’accès à la vie<br />
publique, à la politique, la<br />
vie économique et sociale.<br />
Q : Le fameux plafond de<br />
verre auquel se heurtent<br />
les femmes qui ne peuvent<br />
accéder à certaines<br />
fonctions <br />
En effet, il existe toujours, mais il y a aussi les<br />
mandats patronaux. J’ai eu l’occasion de créer<br />
ou reprendre plusieurs sociétés, de tailles diverses.<br />
C’est ainsi que j’ai été amenée à devenir<br />
présidente fondatrice des femmes chefs d’entreprise<br />
de ma région, et vice présidente nationale<br />
de FCEM. Il est bon de rappeler que 30 % des<br />
entreprises sont créées par les femmes, mais<br />
que ces dernières détiennent seulement 8 % de<br />
mandats patronaux.<br />
Q : Idem pour les mandats d’administrateurs<br />
dans les grosses sociétés… Seulement<br />
8% de femmes dans les sociétés du CAC<br />
40…Que pouvons-nous faire <br />
L’évolution à ce niveau est lente, trop lente. La<br />
disparité des rémunérations<br />
est toujours aussi flagrante<br />
bien qu’elle soit<br />
taboue, puisque un quart<br />
seulement des sociétés<br />
publie un indicateur.<br />
Nous avons une commission<br />
entreprise nationale,<br />
dont les membres ont plein<br />
d’idées et du vécu. Elle<br />
doit faire des propositions.<br />
Déjà, par exemple, il faut<br />
faire appliquer la loi sur<br />
les mandats patronaux<br />
concernant la limite d’âge,<br />
et le cumul des mandats.<br />
Une bonne manière de<br />
faire la place : aux femmes<br />
et aux ….jeunes (rire)… !<br />
Q : En politique, malgré<br />
les quotas, il y a encore<br />
des progrès à faire…<br />
En politique, c’est pareil. Imaginez que les partis<br />
politiques –de tous les bords ou presque- en<br />
sont encore à payer les amendes prévues par la<br />
loi sur la parité, plutôt que de proposer des femmes…
Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
DOSSIER<br />
Q : Voici donc les deux principaux<br />
objectifs de l’association.<br />
Et maintenant, comment<br />
<br />
J’ai le constant souci de ne<br />
pas se disperser. Une fois ces<br />
objectifs bien identifiés, il<br />
s’agit de rendre le fonctionnement<br />
opérationnel. Je me<br />
donne une année. Rôles de<br />
chacun ou chacune, délégations,<br />
commissions, tout doit<br />
trouver sa place et son mode<br />
opératoire.<br />
Puis, viendra une autre année<br />
pour développer les “chantiers”<br />
et définir ceux des 5 ans<br />
à venir.<br />
Q : Voilà pour le qualitatif,<br />
qu’en est-il des évolutions<br />
plus quantitatives <br />
Continuer le développement<br />
des régions, pour aller vers la<br />
couverture nationale. Dans la<br />
mesure de nos moyens, mais<br />
en s’appuyant sur les formidables<br />
énergies qui se mettent en<br />
place. A l’International aussi.<br />
Voyez… une délégation s’ouvre<br />
à Sidi Bel Abbés (Algérie)<br />
par le doyen de la faculté !<br />
Une femme remarquable qui<br />
ainsi va en plus contribuer au<br />
rayonnement de la langue<br />
française.<br />
Nous avons aussi des projets<br />
d’implantations au Bénin,<br />
Togo, Madagascar, Québec.<br />
Les contacts de nouent, parfois<br />
au moment des Trophées,<br />
et l’enthousiasme fait le reste.<br />
Tout est ouvert. Notre implantation<br />
régionale, nationale et<br />
internationale est notre force<br />
et l’originalité de notre<br />
réseau.<br />
Q : Toutes les bonnes volontés<br />
sont acceptées <br />
Bien sûr ! Et pour celles qui<br />
ont envie de bouger, nous<br />
avons besoin de créer une<br />
force de proposition. Il faut<br />
des gens et des compétences<br />
pour mettre en forme, rédiger<br />
; et faire des propositions de<br />
lois, ou de modifications de<br />
lois, pourquoi pas Nous<br />
avons aussi besoin de “pros”<br />
pour se faire connaître des<br />
médias. Il serait aussi très profitable<br />
d’avoir des personnes<br />
qui représentent <strong>Femmes</strong><br />
<strong>3000</strong> dans les instances ministérielles<br />
ou administratives où<br />
il est question des femmes et<br />
Marie-José Grandjacques et Line Pierné.<br />
de la parité. Nous sommes<br />
demandeuses enfin de<br />
contacts avec les autres<br />
réseaux de femmes, en particulier<br />
de professionnelles<br />
(juristes, médecins…) pour<br />
des échanges. Et surtout il est<br />
indispensable de se rappeler<br />
que nous sommes dans un<br />
contexte associatif, à savoir<br />
sans contrainte avec un esprit<br />
de partage.<br />
Q : Les réunions et débats<br />
réguliers dans les délégations,<br />
ou les “mardis du Flore” à<br />
Paris sont dans ce cadre <br />
Il s’agit pour les membres (et<br />
les sympathisantes qui viennent<br />
faire connaissance de notre<br />
fédération) de mieux se connaître,<br />
pour envisager comment<br />
travailler ensemble. Mais aussi,<br />
tout simplement, de profiter du<br />
plaisir d’entendre des invité(e)<br />
Line Pierné - Bio Express<br />
Formation : médicale et chirurgicale (assistante opératoire).<br />
Maîtrise de sociologie et psychologie. Bordeaux.<br />
1973 : reprend les sociétés familiales en Outre Mer et en<br />
France, 650 et 400 salariés<br />
1983 : Revient en France, dans le médical, pour la création<br />
d’une maison de retraite médicalisée et la gestion de deux laboratoires.<br />
Mise en chantier en 1994 du Château d’ Etchauz.<br />
2000 : Rencontre F<strong>3000</strong> avec le Trophée des Initiatives en<br />
Région obtenu pour la restauration totale du château (XI e et<br />
XVI e siècles). Qu’elle a accompagnée d’un travail de généalogie<br />
et de recherche historique approfondie.<br />
Pour mettre en valeur le château, création d’une PME de 5<br />
salariés : visites historiques – visites scolaires, en partenariat<br />
avec les Ecoles, les Lycées, les Collèges - chambres d’hôtes,<br />
séminaires, mariages.<br />
2005 : Création de la délégation Aquitaine. Présidente.<br />
2006 : Vice Présidente nationale de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>. Prend en<br />
charge la création et le développement de 15 délégations.<br />
2008 : Le 11 octobre, devient Présidente de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>, à la<br />
demande de M.J. Grandjacques qui reste Présidente<br />
Fondatrice.<br />
Line Pierné est Chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur.<br />
s qui ont des choses à raconter<br />
et des expériences à partager,<br />
créer une émulation. Toujours<br />
l’idée de fédérer les énergies…et<br />
de créer les synergies.<br />
Q : Quel est le financement de<br />
l’association <br />
Nous fonctionnons avec un<br />
budget articulé en 30% de subventions<br />
et 70% de cotisations<br />
et dons. Je préciserai, dès que je<br />
les aurai, les chiffres pour 2008.<br />
Je tiens à une totale transparence.<br />
Les subventions sont<br />
accordées pour un événement<br />
précis, en l’occurrence les<br />
Trophées, qui ont lieu tous les<br />
deux ans.<br />
Q : Marie-José Grandjacques,<br />
la présidente fondatrice, reste<br />
présente dans la vie de l’association<br />
(photo) <br />
Nous sommes amies proches,<br />
et du même pays. La passation<br />
s’est faite ainsi en douceur :<br />
nous avons toujours été sur la<br />
même longueur d’onde. Elle<br />
reste décideuse, je la consulte<br />
souvent. Et d’ailleurs…nous<br />
allons fêter nos 20 ans cette<br />
année. Une bonne raison pour<br />
un bilan, mais aussi pour une<br />
fête : les bonnes idées sont les<br />
bienvenues !<br />
Propos recueillis par<br />
Christiane Degrain<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
5
DOSSIER Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Claudine Bergoignan-Esper<br />
Une femme <strong>3000</strong> placée au cœur<br />
de débats humanistes essentiels<br />
Q : Cette élection à l’Académie<br />
de Médecine, parmi tous ces<br />
médecins…<br />
Je la dois à mon parcours professionnel,<br />
centré autour du droit et<br />
de la médecine. J’ai crée la direction<br />
des affaires juridiques à<br />
l’Assistance Publique, et donc<br />
plongé dans toutes les questions<br />
juridiques de ce grand ensemble<br />
hospitalier. C’est ainsi que je me<br />
suis fait connaître. Ensuite j’ai<br />
dirigé la Ligue contre le cancer.<br />
Puis j’ai été nommée à l’université<br />
Paris-Descartes.<br />
Q : Et votre nomination au<br />
comité de pilotage Quel est<br />
son rôle <br />
A la fin de l’année 2008, le président<br />
de la République a mis en<br />
place un Comité de Pilotage des<br />
Etats Généraux de révision des<br />
lois françaises de bioéthique Ces<br />
lois, votées en 1994 sont révisables<br />
en 2009. Toutes les grandes<br />
instances françaises sont en train<br />
d’y travailler mais en plus le<br />
Président de la République a<br />
voulu mettre en place une<br />
consultation de nos concitoyens.<br />
Nous organisons cette consultation<br />
sous forme de forums régionaux,<br />
avec des panels de<br />
citoyens. Les thèmes sont : l’assistance<br />
médicalisée à la procréation<br />
(AMP), le diagnostic prénatal<br />
et diagnostic prè-implantatoire<br />
(DPN, DPI), et la génétique :<br />
patrimoine tests. Et enfin les prélèvements<br />
et les greffes d’organes.<br />
Parallèlement, nous avons<br />
ouvert un site internet, sur lequel<br />
on collecte les opinions de chacun,<br />
individu ou collectivité.<br />
Nous rendons notre rapport au<br />
Président en juin 2009.<br />
Q : Votre sensibilité de femme<br />
vous aide-t-elle dans ces débats<br />
difficiles <br />
Plutôt toute mon expérience. Et<br />
plus encore le cumul entre l’expérience<br />
et ma vie de femme, de<br />
mère… C’est le bon moment<br />
pour moi, pour être confrontée à<br />
ces questions sensibles. Par<br />
exemple, je travaille aussi en ce<br />
moment sur le débat sur les<br />
6 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
mères porteuses (la gestation<br />
pour autrui), les dons d’ovocyte…<br />
Q : Et donc sur ce principe de<br />
l’indisponibilité du corps<br />
humain qui est si français <br />
En 1994, ces questions s’étaient<br />
déjà posées, mais la société a<br />
beaucoup évolué. J’espère que ce<br />
grand principe de l’indisponibilité<br />
va résister : c’est un bel<br />
acquis et le rempart contre le<br />
commerce du corps.<br />
Claudine Bergoignan-Esper Bio Express<br />
Q : Une exception française <br />
En santé, il n’y a aucun principe<br />
communautaire, aucune harmonisation.<br />
Chaque pays a sa législation.<br />
Mais il ne faut pas s’a<strong>lig</strong>ner<br />
automatiquement sur d’autres<br />
législations, plus permissives ! La<br />
réflexion interne à notre pays<br />
prime avant tout.<br />
Q : Comment avez-vous rencontré<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> <br />
Je suis d’origine varoise, j’ai une<br />
maison à Toulon, j’y vis très souvent.<br />
En 2000, j’avais envie de<br />
faire quelque chose là bas. Je suis<br />
tombée sur une info sur <strong>Femmes</strong><br />
<strong>3000</strong>, c’était M.J. Grandjacques.<br />
Nous nous sommes rencontrées<br />
et j’ai démarré une délégation<br />
dans le Var en 2001, la première !<br />
On a commencé artisanalement, à<br />
7. On compte maintenant près de<br />
80 débats sur tous les sujets…<br />
Q : Quel est l’objectif de <strong>Femmes</strong><br />
<strong>3000</strong> le plus cher à vos yeux <br />
La solidarité. Et puis le plaisir<br />
d’aller écouter des manifestations<br />
intéressantes. Si possible<br />
faire passer des idées, ce qui est<br />
difficile. Notre association a<br />
encore du poids à acquérir.<br />
Q : Quelle est l’originalité de la<br />
délégation du Var <br />
Nous faisons chaque année une<br />
soirée caritative, théâtrale. Tout<br />
le bénéfice va à une cause :<br />
Alzheimer, le cancer, ou encore<br />
une association d’enfants handicapés,<br />
Béthanie. C’est notre originalité<br />
chez nous et nous y<br />
tenons.<br />
Propos recueillis par<br />
Christiane Degrain<br />
Née le 6 mars 1943, à Toulon, 2 enfants, 4 fois grand-mère.<br />
Juriste, professeur des universités à la faculté Paris-Descartes (Paris V).<br />
Dirige un mastère spécialisé en droit de la santé et droit médical.<br />
Ancien directeur juridique Assistance Publique Hôpitaux de Paris.<br />
Dirige aussi une structure de conseil, “JuriSanté”, qui est un organisme professionnel de conseil<br />
aux établissements de santé.<br />
Membre correspondant de l’Académie de Médecine où elle est la seule professeur de droit.<br />
Nommée récemment membre du Comité de pilotage des Etats Généraux de révision des lois de<br />
Bioéthique.<br />
Présidente de la Délégation Var.
Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
DOSSIER<br />
Stéphanie Ghérissi<br />
Chef d’entreprise<br />
Être libre mais être seule<br />
Stéphanie Ghérissi<br />
Présidente fondatrice de<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Touraine et<br />
experte de la stratégie spatiale<br />
d’entreprise<br />
Stéphanie Ghérissi, 36 ans,<br />
défend tout en l’incarnant<br />
l’esprit d’entreprendre … au<br />
féminin. Après un bac littéraire,<br />
elle intègre l’Ecole<br />
Nationale Supérieure des<br />
Beaux-Arts de Bourges où<br />
elle se spécialise en architecture<br />
et design intérieur<br />
puis termine son cursus de<br />
formation initiale en passant<br />
3 ans à l’Ecole Nationale<br />
Architecture de Clermont<br />
Ferrand. Après quelques<br />
années d’expérience comme<br />
salariée dans l’aménagement<br />
tertiaire et intérieur,<br />
elle décide en 2005, après<br />
avoir donné naissance en<br />
2004 à son premier enfant,<br />
de créer son entreprise, ne<br />
trouvant pas d’emploi correspondant<br />
à ses aspirations.<br />
SG Design est une société<br />
d’architecture intérieure et<br />
de maîtrise d'œuvre qui n’a<br />
pas de salarié et travaille en<br />
partenariat avec des architectes.<br />
De nouveaux espaces<br />
Stéphanie est spécialisée<br />
dans le space planning, c'està-dire<br />
l’organisation des<br />
nouveaux espaces de travail<br />
de l’entreprise et de ses collaborateurs.<br />
On fait appel à<br />
elle lorsque l’entreprise se<br />
développe et qu’elle doit<br />
investir de nouveaux locaux<br />
mais aussi lors de réorganisations<br />
et en cas de réduction<br />
d’effectifs. Son métier<br />
consiste à associer confort,<br />
augmentation de la productivité<br />
et respect des réglementations.<br />
L’audit préalable<br />
qu’elle mène au début de<br />
chacune de ses missions met<br />
parfois le doigt sur des problèmes<br />
managériaux et organisationnels<br />
qu’elle doit<br />
savoir faire remonter habilement<br />
à ses commanditaires…<br />
A son palmarès on trouve la<br />
réfection des Manufactures<br />
de Tours, une ancienne usine<br />
de textile, en 5 500 m 2 de<br />
bureaux, la mise en place des<br />
plateaux d’accueil téléphoniques<br />
du Grand Ouest pour<br />
EDF, le design sur mesure du<br />
mobilier d’un hall d’exposition<br />
du CEA. Après plus de 4<br />
ans d’entrepreneuriat et un<br />
second enfant en 2007,<br />
Stéphanie ne regrette pas son<br />
choix, bien au contraire,<br />
même si elle avoue avoir été<br />
mal préparée à la gestion<br />
administrative et financière<br />
qu’elle a dû apprendre par<br />
elle-même. Etre chef d’entreprise,<br />
c’est être libre mais<br />
c’est aussi être seule. Forte<br />
de ce constat, Stéphanie<br />
découvre la Fédération<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> qui se développe<br />
en province et recherche<br />
des talents.<br />
L’entrepreneuriat<br />
au féminin<br />
Elle crée <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Touraine en janvier 2006.<br />
Elle se retrouve dans l’esprit<br />
d’ouverture de <strong>Femmes</strong><br />
<strong>3000</strong>, dans sa mission de<br />
donner de la visibilité aux<br />
femmes ainsi que dans la<br />
grande liberté laissée aux<br />
délégations. Après avoir mis<br />
sur pied le classique cycle<br />
annuel de rencontres débats<br />
mensuelles, elle organise en<br />
2007 le 1 er Forum de l’entrepreneuriat<br />
au féminin de<br />
Tours, qui en est à sa 3 e édition<br />
en 2009. Par ce forum,<br />
qui connait un grand succès,<br />
elle a souhaité pallier un<br />
manque qu’elle avait ressenti<br />
au moment de la création<br />
de sa société en apportant<br />
aux femmes entrepreneures<br />
en une seule journée<br />
le maximum d’informations.<br />
Passage de flambeau<br />
Stéphanie a passé le flambeau<br />
de présidente de<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Touraine en<br />
février 2009 et se consacre<br />
maintenant à la commission<br />
nationale Entreprises sur<br />
l’entrepreneuriat au féminin.<br />
Ses 3 années passées à la<br />
tête de la délégation lui ont<br />
permis de développer son<br />
réseau socioprofessionnel<br />
tout en lui apportant une<br />
riche expérience de management<br />
en milieu associatif :<br />
être plus tolérante envers les<br />
différences, être plus<br />
patiente, gérer les conflits<br />
de manière diplomatique,<br />
savoir dire non.<br />
Valérie<br />
Blanchot Courtois<br />
Sortir des stéréotypes et<br />
changer le regard de la<br />
femme sur la société<br />
Avant la grossesse, la jeune fille est pleine de promesses. Après<br />
le premier enfant, le monde du travail porte sur elle un regard<br />
différent. “Ce n’est pas parce qu’une femme a mis au monde<br />
un enfant qu’elle a perdu la moitié de son cerveau !” s’insurge<br />
Stéphanie qui enchaîne : “Attention, les femmes ont aussi leur<br />
part de culpabilités : elles se mettent mentalement en stand by,<br />
hésitent à postuler et à prendre de nouvelles responsabilités.”<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
7
DOSSIER Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Deux femmes, une même vocation : aider les autres.<br />
Elles font bouger les <strong>lig</strong>nes de la santé des seniors<br />
Monique Ferry<br />
Un moral de battante<br />
Monique, gériatre et nutritionniste à Valence, a 68 ans et un<br />
moral de battante. Et pour cause, Docteur en médecine et<br />
Docteur en sciences, cette ancienne Chef du Service de<br />
Gériatrie de l'Hôpital de Valence et ex-directrice du Centre<br />
Départemental de Prévention à Valence, a démarré son activité<br />
dans le secteur de la réanimation, en testant les premières<br />
nutritions artificielles, avant d’être frappée à 39 ans d’un accident<br />
grave : les pronostics sur son état ont été très alarmistes<br />
voire même décourageants. Elle est clouée dans un fauteuil<br />
roulant pendant sept longues années mais à force de bravoure<br />
et de rééducation recouvre en partie (à l’aide d’une béquille)<br />
l’usage de ses jambes.<br />
Dès lors, cette chercheuse à l’INSERM - Université Paris XIII,<br />
n’aura de cesse de combattre les idées reçues sur la santé en<br />
général et sur la gériatrie, sa spécialité, en particulier.<br />
Engagée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), elle<br />
planche sur la relation entre la nutrition et le vieillissement.<br />
Son combat de tous les jours Mieux vieillir en mangeant<br />
mieux. “Si le vieillissement est un phénomène inéluctable,<br />
vieillir sans pathologie ni handicap, en maintenant un niveau<br />
d’activités physique et cognitive élevé, est tout à fait envisageable.<br />
Pour y parvenir, le facteur modifiable le plus accessible<br />
est sans aucun doute l’alimentation.”<br />
Julia Dion<br />
La Commission Santé<br />
de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Etat des lieux<br />
Monique Ferry et Marie-Pierre Pancrazi sont chacune à leur<br />
manière des pionnières. Elles tentent d’insuffler à la commission<br />
santé leur savoir-faire, leur connaissance et leur<br />
optimisme.<br />
Leur objectif Le thème de cette année : “Quel avenir pour<br />
la prise en charge gynécologique en France ”<br />
“Nous avons l'idée de faire intervenir des représentants du<br />
CNGOF et d'autres plus critiques” précise Marie-Pierre<br />
Pancrazi.<br />
“C’est un vrai enjeu, remarque Monique Ferry, la médecine<br />
change, elle évolue, mais pas toujours dans le bon sens.<br />
Prenez les gynécologues dans les hôpitaux, il y en a de moins<br />
en moins. Pour la prévention, c’est très ennuyeux. Toute<br />
jeune fille a droit à avoir accès à un gynécologue. C’est une<br />
nécessité.”<br />
“Nutrition de la personne âgée”<br />
(Présentation de l’éditeur)<br />
Initialement publié dans la collection<br />
“Âges, santé, société”, cet ouvrage<br />
aborde tous les aspects de la nutrition de<br />
la personne âgée, de son équilibre nutritionnel<br />
et des répercussions sur ses<br />
capacités fonctionnelles et son autonomie.<br />
Cet outil indispensable met à la disposition<br />
du lecteur toutes les informations<br />
médicales et sociales nécessaires pour :<br />
• Faire un bilan de l’état nutritionnel du<br />
patient âgé ; détecter les situations à risques.<br />
• Identifier les situations cliniques particulières (anorexie, diabète,<br />
refus alimentaire, hydratation, troubles cognitifs, escarres,<br />
etc…)<br />
• Proposer des moyens de prévention et d’action thérapeutique<br />
• Assurer la qualité nutritionnelle indispensable à la préservation<br />
de l’autonomie du patient.<br />
8 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE
Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
DOSSIER<br />
Marie-Pierre Pancrazi<br />
Une Corse dévouée<br />
A 48 ans, Marie-Pierre Pancrazi, Chef de<br />
Service Filière Géronto-psychiatrique et<br />
pôle ambulatoire à l’Hôpital Privé<br />
Gériatrique “Les Magnolias”. Elle est<br />
née en Corse, à Bastia, et elle tient qu’on<br />
le sou<strong>lig</strong>ne, car dit-elle, “c’est la culture<br />
méditerranéenne qui m’a donné envie de<br />
faire ce métier, de m’occuper des personnes<br />
âgées. Nous avons ancré en nous la<br />
culture de la famille. Chez nous, on ne<br />
laisse pas tomber les vieux !” C’est dit<br />
avec le sourire mais c’est dit quand<br />
même.<br />
“L’amour<br />
des causes perdues”<br />
Cette mère de deux grands enfants, (un à<br />
l’ESSEC, l’autre veut faire un IUT de<br />
management), qui a fait médecine à<br />
Marseille, puis son Internat en psychiatrie,<br />
diplôme de thérapie comportementale,<br />
capacité de gériatrie, s’est orientée<br />
très tôt vers la psychiatrie du sujet âgé.<br />
“L'amour des causes perdues J’avais<br />
vraiment le désir de m’occuper de la personne<br />
dans sa globalité, à l'interface du<br />
corporel et du psychique, au sein de sa<br />
famille, de son couple, dans sa dimension<br />
sociale de l'accompagnement du vieillir.<br />
Cette spécialité, dans ma profession,<br />
nous interroge au plan éthique, philosophique,<br />
politique, spirituel et bien sûr<br />
personnel, car si au début, on est le petit<br />
jeune dans la relation, petit à petit, on se<br />
rapproche de l'âge de nos malades !”.<br />
De nouvelles formes<br />
de soins<br />
Ce qu’elle aime avant tout c’est “la création,<br />
la structuration des soins dans l'innovation”.<br />
A savoir, imaginer de nouvelles<br />
formes de soins, une nouvelle manière<br />
de soigner, comme des consultations<br />
mémoire, la mise en place de lits de crise,<br />
d’un hôpital de jour… Elle s’est aussi<br />
battue pour que la santé mentale des<br />
seniors ne soit pas le grand inconnu de la<br />
psychiatrie et s’efforce au jour le jour,<br />
avec l’équipe de son service, à développer<br />
et à évaluer des approches de prise en<br />
soin qui ne soit pas uniquement centrées<br />
sur le réflexe médicamenteux mais donne<br />
la part belle à la médiation du corps, de<br />
l'art, et de la culture. Son dernier cheval<br />
de bataille Permettre le soutien de la<br />
famille des patients : “J'ai développé un<br />
programme d'éducation thérapeutique<br />
pour les aidants de malades<br />
d'Alzheimer.” Un sujet brûlant et qui<br />
démontre son dévouement.<br />
Julia Dion<br />
A LIRE :<br />
“Ethique et démence” cosigné avec le Dr<br />
Métais (Masson Ed)<br />
“Vivre avec un proche atteint d'Alzheimer”<br />
(Dunod intereditions)<br />
“Vivre avec un proche atteint d’Alzheimer”<br />
(Présentation de l’éditeur)<br />
La prévalence grandissante de la maladie d’Alzheimer et son<br />
diagnostic toujours plus précoce nourrissent des débats éthiques<br />
au quotidien. Il est facile devant un sujet dont le discernement<br />
défaille d’oublier jusqu’aux plus élémentaires de ses droits. Des<br />
aspects techniques seront traitée : annonce du diagnostic,<br />
consentement aux soins et à la recherche, diagnostic génétique,<br />
passage en institution, rédaction d’un testament de vie. Plus<br />
généralement c’est la question du respect d’un sujet vulnérable<br />
qui apparaît en fi<strong>lig</strong>rane. De l’oubli du sujet à la maltraitance le<br />
pas est aisé à franchir. L’approche spirituelle mais aussi philosophique<br />
ou encore juridique apportent ici un éclairage précieux. La confrontation<br />
au quotidien à cette maladie suscite des bouleversements voire une véritable<br />
détresse au sein de la famille, elle n’est pas anodine non plus pour les soignants.<br />
Plus largement, c’est l’institution qui doit revoir son organisation en reconnaissant<br />
la spécificité et le nombre grandissant de ces patients afin d’adapter son projet<br />
de vie et de soin. Éthique et Démence constitue ainsi un ouvrage de référence<br />
permettant à tous ceux qui interviennent auprès de ces patients, médecins, soignants,<br />
travailleurs sociaux, psychologues, familles de trouver des repères aptes<br />
à les guider dans leur questionnement afin de toujours garantir l’humanité de ces<br />
êtres affaiblis par la maladie. Cet ouvrage collectif a été coordonné par le Dr<br />
Patrick Métais, chef du département médico-gérontologique de l’hôpital de<br />
Courbevoie Neuilly et le Dr Marie-Pierre Pancrazi psychogériatre au sein du<br />
même hôpital. Il col<strong>lig</strong>e les textes d’auteurs d’horizons différents , théologien,<br />
cliniciens, pharmacologues, philosophe, juriste, soignants, responsables d’associations,<br />
mais aussi éthiciens de renom, afin de mieux cerner les différents<br />
conflits éthiques soulevés à chaque étape de cette maladie. L’Institut Alzheimer<br />
est une association loi 1901, dont la vocation est de soutenir et valoriser l’enseignement<br />
et la formation continue auprès des différents acteurs intervenant auprès<br />
des patients atteints de maladie d’Alzheimer.<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
9
DOSSIER Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
Maryse Wolinski<br />
Souvenirs de la cour d’assises<br />
Juré à la cour d’assises, attention,<br />
cela n’arrive pas qu’aux<br />
autres ! Tout le monde est<br />
concerné, hommes et femmes<br />
de 18 à 70 ans, inscrits sur les<br />
listes électorales. D’emblée,<br />
vous interjetez que, étant données<br />
vos activités, votre vie<br />
professionnelle, vos occupations<br />
familiales, votre re<strong>lig</strong>ion…<br />
vous en serez dispensé.<br />
Je vous le dis, personne n’y<br />
échappe sinon les grands handicapés<br />
et encore…<br />
Telle fut mon expérience à<br />
l’automne 2008.<br />
Un an auparavant, j’avais reçu<br />
une lettre m’informant que je<br />
venais d’être tirée au sort pour<br />
la prochaine session des assises<br />
de Paris. Dans l’instant,<br />
j’ai fantasmé sur mon futur<br />
rôle de jurée. Les tribunaux<br />
ont toujours exercé sur moi<br />
une certaine fascination. Des<br />
vies s’y brisent, s’y enflamment,<br />
s’y détruisent mais aussi<br />
s’y reconstruisent. J’imaginais<br />
que j’allais trouver matière à<br />
plusieurs romans. Bref !<br />
L’idée m’avait séduite. Puis,<br />
six mois de silence suivirent et<br />
je finis par oublier. L’été dernier,<br />
la convocation est arrivée,<br />
accompagnée du dossier<br />
concernant l’affaire à juger. Je<br />
devais me présenter le 1er<br />
octobre.<br />
Le serment des jurés<br />
Ce jour là, une cinquantaine<br />
de “tirés au sort” furent rassemblés<br />
et la plupart cherchèrent<br />
à se faire excuser mais en<br />
vain (voir encadré). Le lendemain,<br />
jour de l’ouverture de la<br />
Cour d’assises et du procès, un<br />
second tirage au sort eut lieu.<br />
Et mon nom sortit une nouvelle<br />
fois de l’urne. Non pas<br />
jurée titulaire, - neuf venaient<br />
d’être appelés- mais jurée supplémentaire<br />
(1). Allais-je être<br />
récusée par un avocat ou le<br />
Ministère public Il n’en fut<br />
rien. Le jury, installé autour de<br />
la présidence, un président et<br />
deux assesseurs, prêta serment<br />
de ne rien révéler ni des débats<br />
Philippe MATSAS / OPALE<br />
Maryse Wolinski<br />
ni des secrets des délibérations.<br />
Ce serment me contraint<br />
donc aujourd’hui de rester<br />
plus floue et généraliste que je<br />
ne le souhaiterais.<br />
Ainsi, j’ai vécu deux mois et<br />
demi de cour d’assises, de 9h<br />
du matin à pas d’heure le soir,<br />
assistant à un procès exceptionnel<br />
par son nombre d’accusés,<br />
son nombre d’avocats,<br />
son nombre de témoins et sa<br />
durée qui couvrit la dernière<br />
session de la Cour d’assises de<br />
l’année 2008. Ce fut un grand<br />
plongeon dans plusieurs mondes<br />
inconnus : la Justice<br />
d’abord, ensuite celui du<br />
grand banditisme français, la<br />
prison et ses conditions de vie<br />
douteuses, durcies au fur et à<br />
mesure des allongements de<br />
peines, et enfin la France, avec<br />
ses jurés, hommes et femmes<br />
que je n’aurais jamais rencontrés<br />
si je n’avais été tirée au<br />
sort. Ce fut encore un grand<br />
écart avec mon quotidien, ma<br />
vie professionnelle, ma<br />
famille, mes amitiés, mes<br />
engagements, et les informations<br />
du monde. La tempête<br />
s’abat sur le pays, les grands<br />
banquiers jouent les escrocs,<br />
de plus en plus de Français<br />
dorment dans la rue. Et le juré,<br />
lui, ne pense qu’à ce qui va se<br />
jouer dans l’enceinte de la<br />
cour d’assises, quel accusé<br />
délivrera des bribes d’informations<br />
concernant les faits,<br />
quel témoin mentira effrontément<br />
à la barre, quelle bourde<br />
sera lancée par l’un ou l’autre<br />
des avocats ou des magistrats<br />
ou quelle question perverse<br />
sera posée par l’un ou l’autre<br />
des interlocuteurs.<br />
Je dirai comme André Gide,<br />
qui, en 1912, écrivit ses<br />
Souvenirs de la cour d’assises<br />
(1), “écouter rendre la justice<br />
et la rendre soi-même, ce n’est<br />
pas la même chose.” D’autant<br />
plus qu’à l’occasion de cette<br />
expérience hors du commun,<br />
on découvre les méandres pernicieux<br />
d’une justice susceptible<br />
de dysfonctionner.<br />
Ne jugez point<br />
Et Gide avait raison, on a en<br />
tête la parole du Christ : ne<br />
jugez point. Plus on nous persuade<br />
de la gravité des faits, et<br />
donc de la condamnation qui<br />
devra suivre, début d’une évidente<br />
manipulation, plus on<br />
s’attache à ceux qui les ont<br />
commis. S’attacher ne signifie<br />
en rien excuser. Mais le fait est<br />
là : chaque jour, nous nous<br />
retrouvons face à face, les<br />
accusés dans le box, ceux prévenus<br />
libres sur les bancs, les<br />
avocats au centre, et sur l’estrade,<br />
à droite le Parquet, au<br />
centre la présidence et “ses”<br />
jurés. A la barre, les témoins<br />
dont nombre de policiers et<br />
d’experts. Une centaine se<br />
présenteront pour dire, répéter,<br />
confirmer, préciser des informations<br />
qui souvent ne font<br />
que compliquer l’affaire. D’un<br />
témoin l’autre, l’objectif<br />
devrait être d’éclaircir votre<br />
jugement et c’est le contraire<br />
qui a lieu. Il y aurait beaucoup<br />
à écrire sur les experts et sur<br />
les policiers. Les uns comme<br />
les autres se contredisent au<br />
point que la présidence et “ses<br />
jurés” finissent par en perdre<br />
leur latin. Il y aurait aussi<br />
beaucoup à écrire sur les<br />
témoins réclamés par la<br />
défense, voire ceux désignés<br />
par la Cour et qui parfois ne<br />
10 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE
Paroles de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
DOSSIER<br />
présentent aucun<br />
intérêt pour l’affaire<br />
jugée. Des<br />
questions sans<br />
réponses qui<br />
aient un sens.<br />
Des heures<br />
pour n’aboutir<br />
qu’au<br />
néant. Quant<br />
aux interrogatoires<br />
des accusés, ils s’avèrent<br />
laborieux dans la mesure où<br />
nombre d’entre eux, pour ce<br />
procès que j’ai suivi, vivaient<br />
à l’isolement depuis des<br />
années, dans de telles conditions<br />
d’interdits et de solitude,<br />
qu’ils n’avaient plus les<br />
moyens psychiques de se<br />
défendre. “Je n’ai pas parlé à<br />
quelqu’un depuis tant de<br />
temps que je ne sais plus<br />
m’exprimer,” a affirmé l’un<br />
d’entre eux et les autres d’acquiescer.<br />
Un expert psychiatre<br />
est venu préciser, lui, que dans<br />
ce milieu inhumain de la prison,<br />
il fallait avoir une certaine<br />
capacité physique pour<br />
se présenter “correct” à son<br />
procès.<br />
Résultat, malgré plus de deux<br />
mois de débats, l’ombre de la<br />
Palais de Justice de Paris.<br />
vérité n’a même pas été<br />
approchée. Quelques semblants<br />
de preuves mais pas de<br />
vraies preuves bien tangibles.<br />
En théorie, le manque de preuves<br />
bénéficie<br />
aux accusés.<br />
Là, il fallait<br />
réparer l’affront<br />
fait à<br />
l’Etat, car c’est<br />
dans ces termes<br />
que fut présentée<br />
l’affaire jugée.<br />
En conséquence,<br />
le manque de<br />
preuves a bénéficié<br />
à la Justice. Et les peines<br />
ont été particulièrement sévères<br />
alors que pas une goutte de<br />
sang n’avait été versée.<br />
Le sentiment<br />
d’une défaite<br />
Le juré André Gide écrivait :<br />
“J’ai pu sentir jusqu’à l’angoisse<br />
que la justice humaine<br />
est chose douteuse.” Ce fut<br />
aussi mon sentiment tout au<br />
long de ces débats dont je ne<br />
voyais plus le terme. Et pendant<br />
le temps des délibérations<br />
auxquelles, en tant que<br />
jurée supplémentaire, je n’ai<br />
pas assisté, - 4 jours entiers,<br />
retenus au secret dans un hôtel<br />
sans pouvoir communiquer<br />
avec quiconque – j’ai vécu<br />
tantôt dans le doute, tantôt<br />
Juré en cour d’assises<br />
Principe : les jurés sont des citoyens tirés au sort sur les listes<br />
électorales des mairies. Conditions exigées : être de nationalité<br />
française, être âgé de plus de 23 ans, savoir lire et écrire<br />
le français, avoir un casier judiciaire vierge, ne pas exercer les<br />
fonctions de ministre, préfet, militaire en activité, ne pas avoir<br />
rempli cette fonction au cours des cinq dernières années.<br />
Désignation : 40 jurés titulaires et 12 supplémentaires sont<br />
tirés au sort. La seconde sélection est faite par la présidence<br />
de la cour d’assises à l’ouverture de la session. Le jury est<br />
composé de 9 jurés lorsque la cour d’assises statue en premier<br />
ressort et de 12 lorsqu’elle statue en appel.<br />
Ob<strong>lig</strong>ation de principe : en cas d’absence le jour de l’audience<br />
sans motif légitime, le montant de l’amende encourue<br />
est de 3750 euros. Un employeur ne peut s’opposer à ce<br />
qu’un salarié se rende à la convocation de la cour d’assisses.<br />
Droits et devoirs : le droit à l’information, celui de poser<br />
des questions pendant les audiences, celui de prendre des<br />
notes. Le devoir d’attention lors des débats, d’impartialité,<br />
celui de ne pas manifester son opinion, l’interdiction de communiquer<br />
avec d’autres personnes sur l’affaire, le secret des<br />
délibérations.<br />
Indemnisation : indemnité journalière de session, et de<br />
séjour, indemnité de transport, indemnité pour perte de<br />
revenu professionnel. Oui, mais une indemnité qui couvre,<br />
dans peu de cas, la perte réelle de revenus.<br />
dans la crainte, m’interrogeant<br />
sur les décisions que prendraient<br />
les jurés titulaires. Je<br />
les avais fréquentés jour après<br />
jour, j’avais partagé leurs propos<br />
mais rarement leurs<br />
convictions et leurs jugements.<br />
Quand le verdict très<br />
lourd tomba, je fus éclairée.<br />
J’éprouvai le sentiment d’une<br />
vraie défaite.<br />
“Les questions auxquelles le<br />
juré doit répondre, écrit André<br />
Gide, dans ses Souvenirs de la<br />
cour d’assises, sont posées de<br />
telle sorte qu’elles prennent<br />
souvent l’aspect de traquenards,<br />
et forcent le malheureux<br />
juré de voter contre la<br />
vérité pour obtenir ce qu’il<br />
estime la justice.”<br />
A l’époque où André Gide fut<br />
juré, le jury délibérait sans la<br />
Cour, c’est-à-dire sans la présidence<br />
et statuer sans elle sur<br />
l’application des peines. Un<br />
jury plus libre d’afficher opinions<br />
et décisions sans le<br />
regard et l’oreille de la<br />
Magistrature posé sur lui.<br />
Aujourd’hui, il n’en est rien.<br />
La Cour préside. Aux jurés<br />
d’avoir assez de personnalité<br />
pour résister à la fascination<br />
du pouvoir des juges, résister<br />
aux éventuelles pressions,<br />
sous couvert de conseils,<br />
résister encore au pouvoir que<br />
leur a attribué le sort.<br />
Résistance, vigilance, persévérance<br />
dans leurs convictions<br />
et humanité, tels devraient être<br />
les devoirs d’un jury.<br />
Je vous le dis : juré titulaire,<br />
juré supplémentaire, on n’en<br />
sort pas indemne.<br />
Maryse Wolinski<br />
(1) Le juré supplémentaire a les<br />
mêmes devoirs et les mêmes droits<br />
que le titulaire. Seule différence : il<br />
ne participe pas aux délibérations<br />
et donc ne statue pas sur la peine.<br />
(2) Souvenirs de la cour d’assises,<br />
André Gide, Folio (texte extrait de<br />
Souvenirs et voyages, publiés dans<br />
la Bibliothèque de la Pléiade).<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
11
LES TROPHÉES 2008<br />
Catherine Péant<br />
“Le millésime 2008<br />
des Trophées <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
a répondu aux espoirs<br />
que nous avions toutes fondés”<br />
Je tenais à saluer votre engagement. Ce<br />
qui vous unit, c’est cette passion pour le<br />
continent africain et pour ses habitants, et<br />
surtout cette volonté d’agir et de donner<br />
chair aux principes de notre République”.<br />
De même, Nicole Ameline réaffirmait son<br />
plaisir de travailler avec notre Fédération et<br />
proposait très ouvertement une collaboration<br />
dans le but de fédérer les Associations<br />
de <strong>Femmes</strong> sur le plan Européen.<br />
Michel Guerry<br />
C’est par ses mots que Line Pierné,<br />
Présidente, accueillait les invités, le 13<br />
novembre dernier, sous les ors du Sénat.<br />
Michel Guerry, parrain des Trophées, était<br />
entouré de personnalités comme Nicole<br />
Ameline, toujours fidèle, de la Sénatrice<br />
Christiane Kammermann. Plus de deux<br />
cent cinquante adhérentes et sympathisants<br />
ont assisté à ce millésime 2008, en présence<br />
de la télévision française et de la<br />
télévision chinoise, accompagnant plusieurs<br />
associations chinoises partenaires de<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>.<br />
Depuis plusieurs années, <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
récompense les <strong>Femmes</strong> Françaises établies<br />
à l’étranger, reconnues pour leur<br />
esprit d’entreprise, leur dynamisme, leur<br />
ouverture et leur créativité ainsi que pour<br />
leur contribution à la promotion de la<br />
femme et au rayonnement de la<br />
France. Les Trophées 2008<br />
“Initiatives à l’étranger”<br />
étaient remis à des françaises<br />
œuvrant en Afrique, des<br />
femmes qui on su mettre<br />
leurs compétences au service<br />
des autres.<br />
Dans son discours lu par Michel<br />
Guerry, Rama Yade regrettait<br />
profondément de n’avoir pu se<br />
joindre à nous et sou<strong>lig</strong>nait : “La<br />
détermination que vous mettez<br />
dans la réussite de vos actions<br />
témoigne de la grande force des<br />
femmes qui sont souvent les premières<br />
victimes des sociétés en<br />
crise mais également les premières<br />
actrices du développement local.<br />
12 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
Anna Stein<br />
Nicole Ameline<br />
Sous la houlette de Catherine Péant, la<br />
remise des prix fut riche en découvertes et<br />
en émotions, notamment grâce aux films<br />
tournés par François Grandjacques, et à la<br />
magnifique statue, œuvre d’art unique,<br />
créée par Anna Stein. Les lauréates et les<br />
nominées ont pris la parole exposant tour à<br />
tour leur joie de recevoir cet<br />
honneur, leurs projets, leurs<br />
combats et l’espoir de voir<br />
évoluer leurs actions.<br />
Nous remercions vivement<br />
tous les partenaires qui<br />
nous ont accompagnés<br />
pour cette nouvelle édition<br />
des Trophées : le<br />
Sénat, le Ministère de la<br />
Santé, de la Jeunesse, des<br />
Sports et de la Vie Associative,<br />
Air France, Barclays Banque,<br />
Château Coustolle, Lalique, Hôtel<br />
Central Saint Germain, Ricard,<br />
Champagne Duval Leroy, Wine<br />
and Business Club, Arnaud de<br />
Bontier, Imprimerie Eurotimbre,<br />
Comagency, Nelly Biche de<br />
Bere, Alexandra de Lazareff, Georges<br />
Christiane Kammermann<br />
Wolinski, Baillardran, et la Société<br />
TaiToiDonc pour la réalisation et la création<br />
des films sur les lauréates. Sans<br />
oublier tous nos amis chinois : I.S.B.C.P.,<br />
Association de Commerce du Quartier<br />
Informatique, Association des Chinois de<br />
Sichuanet de Chongqing en France,<br />
Amicale Shanghaï de France et MPI<br />
(Média Partners International).<br />
La soirée s’est achevée en musique avec<br />
une artiste malienne Fatoumata Diawara,<br />
dans un répertoire folk original et sensible,<br />
inspiré de la tradition du chant wassoulou.<br />
La réussite de ces Trophées, nous la devons<br />
à celles et ceux qui ont compris que les<br />
femmes ne sont plus des femmes d’influence<br />
mais des femmes influentes.<br />
Fatoumata Diawara
LES TROPHÉES 2008<br />
Le Palmarès<br />
<strong>FEMMES</strong> ET INITIATIVES CULTURELLES ET SOCIALES<br />
La lauréate : Elisabeth Bazin (Sénégal), créatrice de l’association<br />
“Soleil vert Sénégal”. Sensibilisée aux problèmes d’environnement, elle<br />
mise sur le solaire dans un pays où le soleil y est généreux. Elle parie et<br />
conçoit avec des spécialistes des “cuiseurs solaires” et “les poêles à économie<br />
de bois” (poêle métallique qui consomme trois fois moins de bois que<br />
dans l’utilisation traditionnelle).<br />
Elisabeth Bazin et Christiane Kammermann.<br />
Les nominées :<br />
Julia Ravelonanosy (Madagascar) animatrice du réseau<br />
“Les enfants du Soleil” à Madagascar.<br />
Marie-Thérèse Caillaud (Bénin), arrivée au Bénin en<br />
1986 est créatrice d’un dispensaire ouvert aux plus<br />
démunis et surtout aux petites filles en situation de<br />
détresse. Elle est surnommée “la petite sœur des pauvres”.<br />
Deux questions à Elisabeth Bazin…<br />
F<strong>3000</strong> : Avez-vous eu le sentiment de bousculer des traditions <br />
Oui, j’ai eu le sentiment de tout bousculer, traditions, habitudes. Et c’est en<br />
écoutant les femmes que j’ai compris pourquoi les poêles économes sont<br />
plus appropriés. Sauf bien sûr pour des activités génératrices de revenus<br />
où, là, les cuiseurs sont indispensables. Par exemple, dans la fabrication<br />
d’excellentes confitures ou des gâteaux.<br />
F<strong>3000</strong> : A travers cette expérience, qu’avez-vous appris sur vous et sur<br />
les autres <br />
Il y a beaucoup de choses à apprendre dans une telle expérience. D’abord,<br />
il faut du temps pour comprendre les mentalités. Ici, il faut se méfier car<br />
les gens disent toujours “oui, oui”, notamment aux Européens. Et ils ne<br />
disent jamais que ça ne va pas ou ce qui ne va pas. Même entre eux. Donc,<br />
il faut savoir écouter et comprendre. Toujours persévérer. Mais vraiment<br />
c’est merveilleux de découvrir chaque jour des choses nouvelles.<br />
<strong>FEMMES</strong> ET ESPRIT D’ENTREPRISE<br />
La lauréate : Jeanne Habashi (Egypte).<br />
De la cosmétique aux droits des femmes, c’est le parcours effectué par cette<br />
jeune Cairote de 33 ans, active et entreprenante qui a mis en place le bureau<br />
de FACE, <strong>Femmes</strong> Actives d’Egypte dont les adhérentes sont des femmes<br />
d’”expats”, qui s’épanouissent et se réalisent et qui ont choisi l’Egypte pour<br />
développer leur vie professionnelle, en imposant la langue française à l’ensemble<br />
de leurs réunions, malgré la prédominance de la langue anglaise<br />
dans le pays.<br />
Paule Seymour, Jeanne Habashi, Fille de Marie-Noëlle Assani,<br />
Michel Guerry.<br />
Les nominées :<br />
Marie-Noëlle Assani (Bénin), la “pionnière du<br />
Bénin”. En arrivant au Bénin en 1966, Marie-Noëlle<br />
réalise que le pays qui l’accueille ne dispose d’aucune<br />
structure de médecine privée, que l’équipement de<br />
diagnostic de base fait cruellement défaut. Avec son<br />
mari, originaire de Cotonou, elle arrivera à créer la<br />
polyclinique “Les Cocotiers” en 1974. <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
a récompensé quarante années, l’œuvre de toute une<br />
vie”, au service de la médecine et de l’état sanitaire<br />
d’un “petit coin d’Afrique”.<br />
Paule Seymour (Madagascar), par sa volonté, sa persévérance,<br />
et sa prise de risque, a créé Secret<br />
d’Alcove, une SARL composée d’un personnel entièrement<br />
Malgache, qui travaille les pierres précieuses<br />
(richesse et renommée du sous-sol de Madagascar) en<br />
parfaite alliance avec le fer et la lumière.<br />
Deux questions à Jeanne Habashi…<br />
F<strong>3000</strong> : A travers cette expérience, qu’avez-vous appris sur vous <br />
1/ “Tête de mule” est un merveilleux compliment ! Sans obstination,<br />
sans sourde oreille, FACE n’existerait plus.<br />
2/ Personne, à commencer par moi-même, n’aurait pu m’attribuer une<br />
once de diplomatie ou de sens politique. J’ai donc vite appris à enfiler<br />
des gants de velours quand il faut, mais aussi à faire apprécier mon style<br />
direct malgré les us et coutumes qui enrobent les relations humaines de<br />
beaucoup de complaisance, avec des pointes de flagornerie.<br />
F<strong>3000</strong> : Et ce qu’elle vous a appris sur les autres <br />
1/ Le besoin d’autrui pour mener à bien un projet. Je n’imaginais pas que<br />
ce besoin soit si important chez certaines personnes, et j’ai été surprise<br />
de voir combien la confrontation à d’autres femmes actives dans de semblables<br />
situations pouvait être source d’encouragement.<br />
2/ Le plaisir de s’entraider, la générosité de certaines femmes qui ont<br />
parfois 3 ou 4 enfants en bas âge, sans école l’après-midi, une belle carrière,<br />
et trouvent le temps néanmoins pour aider les autres et s’impliquer<br />
dans l’association. J’ai désormais une profonde admiration pour ces<br />
femmes et je rêve d’avoir un jour un dixième de leur sens de l’organisation<br />
!<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
13
LES TROPHÉES 2008<br />
<strong>FEMMES</strong> ET IMAGE DE LA FRANCE<br />
Trois questions à Marie-Claude Lovisa…<br />
F<strong>3000</strong> : Pourquoi le Togo <br />
La première fois que j’y suis allée, le pays m’a plu. Et…à mon départ,<br />
un enfant de 8 ans, Marie Akoss, pleurait parce qu’elle voulait que je<br />
l’emmène. Très touchée, j’ai réalisé que de nombreuses personnes<br />
étaient, dans ce pays, en situation de souffrance et de pauvreté. Je suis<br />
donc revenue pour partager avec elles.<br />
Marie-Claude Lovisa<br />
La lauréate : Marie-Claude Lovisa (Togo), appelée la<br />
“Reine Blanche” a mis le cap sur Lomé et en 10 années de<br />
“don de soi” a permis à 4500 Togolais, regroupés en 14 villages,<br />
de vivre décemment, de se soigner et d’éduquer leurs<br />
enfants.<br />
Les nominées :<br />
Jeanne-Marie Urtizverea (Niger), qui avec son association<br />
MA Dè La, mène des actions de développement durable en<br />
Afrique.<br />
Cécilia Ngaïbino-Dossin (République Centrafricaine), mère<br />
de 7 enfants. Elle fonde l’Association CELCIA, centre d’études<br />
et de lutte contre l’illettrisme en Afrique. Pour elle :<br />
“l’éducation mène à la liberté”.<br />
F<strong>3000</strong> : A quelle période de votre vie, prenez-vous cette décision <br />
Etant en invalidité depuis 1996, il était difficile de donner un sens à ma<br />
vie. Fin 1998, après mon premier voyage au Togo, une voix intérieure<br />
m’a rappelée la douleur de la petite Marie Akoss. Ma place était vraiment<br />
là. J’y suis donc revenue le 8 novembre 1998, avec 250 kilos de<br />
bagages et de dons humanitaires.<br />
F<strong>3000</strong> : A travers cette expérience, qu’avez-vous appris sur vous et<br />
sur les autres <br />
10 ans de cette école de patience, de don de temps, d’argent, d’abnégation<br />
de soi m’ont appris que notre passé nous poursuit et qu’il est difficile<br />
d’accepter pour autrui ce qui nous a fait souffrir. Je trouve plus facile<br />
de donner que de recevoir, donc ici, je suis bien tombée.<br />
Néanmoins, j’observe que l’égoïsme est partout. Souvent, je me<br />
demande comment j’arrive à gérer seule cette véritable entreprise. Le<br />
transfert de compétences, d’amour, de savoir être, de savoir<br />
donner…n’est pas le souci de tout être humain. Je pense à Mère Térésa<br />
même si nos voies différent, elles sont au moins semblables par le don<br />
de soi. Je ne baisserai jamais les bras, même si je sais que la première<br />
personne sur laquelle il faut compter, c’est soi. Après, il faut vraiment<br />
sélectionner.<br />
Jeanne-Marie URTIZVEREA<br />
Jeanne HABASHI<br />
Cécilia NGaïbino Dossin, Nicole Ameline<br />
et Jeanne-Marie Urtizverea.<br />
PRIX D’HONNEUR<br />
<strong>FEMMES</strong> <strong>3000</strong><br />
Elisabeth BAZIN<br />
Cécilia NGAÏBINO-DOSSIN<br />
Pour la première fois, un prix<br />
d’honneur <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
était décerné à Monique<br />
Uwibambe, créatrice depuis<br />
2003 de la FACP, <strong>Femmes</strong><br />
en Action Contre la Pauvreté.<br />
Son objectif : promouvoir les valeurs fondamentales<br />
d’une vraie politique de développement et donc lutter<br />
contre la spirale infernale de la pauvreté.<br />
Sa devise : “Ensemble, tout est possible”.<br />
14 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
Marie-Claude LOVISA<br />
Marie-Noëlle ASSANI<br />
Marie-Thérèse CAILLAUD<br />
Monique UWIBAMBE<br />
Julia RAVELONANOSY<br />
Paule SEYMOUR
CHRONIQUE DÉVELOPPEMENT DURABLE<br />
Fabienne Gastaud<br />
Directrice Générale de WIT SA<br />
et <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> passionnée par la nature :<br />
“Le développement durable est vecteur de sens<br />
dans ma vie professionnelle.”<br />
Niçoise avant tout ! Née<br />
à Nice, Fabienne<br />
Gastaud, 42 ans, a de fortes<br />
attaches dans l’arrière<br />
pays niçois à La Sagne,<br />
ce qui explique son attachement<br />
profond et<br />
ancien à la nature et à sa<br />
préservation. Mariée à un<br />
cadre qui travaille dans<br />
l’informatique à Monaco,<br />
elle a un fils de 5 ans à<br />
qui elle cherche à transmettre<br />
ses valeurs.<br />
Des hommes<br />
et des automates<br />
En 1991, une double formation<br />
technique et technico-commerciale<br />
en<br />
poche, après un premier<br />
emploi chez un distributeur<br />
de matériel informatique<br />
à Monaco, elle est<br />
embauchée comme<br />
rédactrice technique par<br />
la société WIT à Saint-<br />
Laurent du Var. A l’époque,<br />
WIT est une PME Fabienne Gastaud<br />
familiale de 25 personnes,<br />
positionnée sur le marché des automates<br />
de télégestion technique des bâtiments.<br />
Après quelques difficultés, elle<br />
trouve sa place dans l’organisation et dans<br />
un milieu dominé par les hommes. Elle<br />
rédige des manuels techniques qui sont<br />
toujours en utilisation 18 ans plus tard.<br />
Par la suite, elle devient, en binôme avec<br />
un collègue homme, chargée d’affaires<br />
pour des logiciels de supervision et les<br />
installe chez les clients. Très vite, elle<br />
prend le leadership et est nommée responsable<br />
du pôle supervision, puis responsable<br />
département Services.<br />
“Je construis des ponts !”<br />
En 1996, elle devient directrice commerciale<br />
avec comme mission de développer<br />
un réseau commercial en propre.<br />
Passionnée par le management, la motivation<br />
des équipes et l’organisationnel, elle<br />
forme avec le PDG fondateur, Georges<br />
Duffau, un entrepreneur créatif et visionnaire,<br />
un binôme complémentaire :<br />
“Georges donne la voie à suivre et moi je<br />
construis les ponts !”, ce qui amène ce<br />
dernier à lui proposer le poste de<br />
Directrice Générale Adjointe en 2008,<br />
“sans avoir jamais rien réclamé”, ditelle.<br />
WIT a reçu le 29 janvier 2009 le prix coup<br />
de cœur RSE 06 et le 12 mars le prix RSE<br />
PACA Esprit Développement Durable.<br />
Selon Fabienne, “le développement<br />
durable, pour<br />
WIT, n’est pas un effet de<br />
mode. La lutte contre le<br />
gaspillage et la pollution<br />
des ressources naturelles,<br />
le respect de l’environnement<br />
et de la personne<br />
humaine, tout cela correspond<br />
à nos valeurs fondatrices.<br />
Nous pensons que la<br />
réussite et le développement<br />
économique sont l’affaire<br />
de tous, que la motivation<br />
et l’envie de chacun<br />
sont les armes de notre<br />
réussite. Nous avons ainsi<br />
lancé un concours à projets<br />
autour du développement<br />
durable fin 2008.<br />
Début 2009, nous avions<br />
reçu près de 15 projets !<br />
Tous les salariés ont joué<br />
le jeu et cela a amené un<br />
grand coup de dynamisme<br />
en interne. Il en est ressorti<br />
que le développement<br />
durable était un sujet vraiment<br />
rassembleur et beaucoup,<br />
déjà engagés à titre<br />
personnel, sont ravis de<br />
mettre leur expérience au profit de l’entreprise.”<br />
Adhérente de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>, Fabienne<br />
apprécie de pouvoir consacrer un soir par<br />
mois à des sujets qui intéressent les femmes<br />
et qui lui permettent de rencontrer<br />
d’autres femmes : des sujets rassembleurs<br />
et porteurs de sens.<br />
Valérie<br />
BLANCHOT COURTOIS<br />
WIT est un concepteur constructeur de solutions pour la maîtrise de l’énergie et<br />
le pilotage des installations techniques, qui propose 3 promesses à ses clients :<br />
• rendre la vue énergétique,<br />
• piloter toutes les énergies,<br />
• alerter des risques environnementaux.<br />
Avec plus de 80 000 sites équipés dans les domaines du bâtiment, de l'eau et de<br />
l'industrie, WIT s'affirme, depuis 20 ans, comme un des acteurs majeurs de la<br />
télégestion européenne.<br />
www.wit.fr<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>3000</strong><br />
15
LIVRES À LA PAGE<br />
Maryse Wolinski<br />
●●● Le dernier cru Auster<br />
Qu’est-ce que la multiplicité des mondes Théorie<br />
de Giordano Bruno, philosophe italien du XVI é siècle.<br />
“Si Dieu est infini, selon Giordano Bruno, et si<br />
la puissance de Dieu est infinie, il doit y avoir une<br />
multiplicité de mondes”. Plusieurs mondes donc qui<br />
existent tous parallèlement les uns aux autres.<br />
Mondes et anti-mondes, mondes et mondes fantômes.<br />
Une thèse avec laquelle va jouer, avec un étourdissant<br />
brio, au long de 180 pages, le personnage<br />
créé par Paul Auster, écrivain lui-même : August<br />
Brill. Ecrivain insomniaque, cloué dans une chaise<br />
roulante à la suite d’un accident de voiture et réfugié<br />
chez sa fille où vit sa petite-fille, deux femmes aux<br />
confins d’une dérive existentielle.<br />
Pour éloigner les fantômes du passé et ne pas se laisser<br />
assaillir par sa propre vie, les méandres douteux,<br />
les réminiscences pernicieuses, il lui faut à tout prix<br />
“son histoire”, et plus encore l’histoire de l’histoire. De son fauteuil<br />
d’handicapé, et entre deux films qu’il regarde en DVD avec<br />
sa petite fille, il active son imagination et son talent. Résultat : le<br />
voilà aux prises avec un drôle de personnage, un jeune magicien,<br />
Owen Brick, marié à une ravageuse Brésilienne. Une sorte de<br />
martien qui ne va plus le lâcher. Il vient de tomber dans un<br />
monde parallèle, mais en Amérique tout de même, où le 11 septembre<br />
n’a pas eu lieu et la guerre d’Irak non plus. Un monde où<br />
flambe une nouvelle guerre de sécession. Et celleci<br />
prend de l’ampleur au risque de ruiner le pays.<br />
Que vient faire notre pauvre héros, Owen, dans<br />
cette histoire de guerre et de mondes différents,<br />
reliés les uns aux autres, selon l’explication qui lui<br />
est donnée Il a une mission : celle d’assassiner son<br />
propre créateur, à l’origine de ce monstrueux<br />
conflit. C’est à dire August Brill lui-même.<br />
Subtilement, Auster nous engage à croire au pouvoir<br />
de la création littéraire : ce qui est raconté<br />
advient. “Si je me mets dans l’histoire, écrit Brill,<br />
l’histoire devient réelle.” Mais encore plus subtilement,<br />
il convie son lecteur à passer d’un monde à<br />
l’autre, de celui de l’histoire racontée à celui de la<br />
vie intérieure de Brill. Et là, Auster se montre plus<br />
talentueux que jamais. On l’envierait d’oser, avec<br />
tant de facilités, pénétrer la culpabilité de cet écrivain<br />
qu’il met en scène. Tandis qu’il crée, Brill observe sa fille<br />
et sa petite fille, leur mal d’absence, leur mal d’amour, leur quête<br />
d’identité, deux femmes pour lesquelles le mot “espoir” ne<br />
signifie plus grand chose. Coupable Brill L’essentiel est de ne<br />
pas renoncer à l’histoire. Un grand cru.<br />
Seul dans le noir,<br />
Paul Auster, éditions Acte Sud<br />
●●● La femme aux cheveux orange<br />
Cette femme, vous ne pouvez pas ne pas en avoir<br />
entendu parler. Un film récent, encensé par les critiques<br />
et suivi avec passion par les spectateurs<br />
(500.000 entrées), relatait son histoire. L’actrice<br />
Yolande Moreau, jouait le rôle titre. Résultat : neuf<br />
nominations aux César. Une “oubliée” de l’Histoire<br />
de l’art en est l’héroïne : Séraphine Louis-Maillart,<br />
dite Séraphine de Senlis. Après le film, une grande<br />
rétrospective au musée Maillol à Paris a rassemblé<br />
des œuvres de cette femme peintre du début du XX e<br />
siècle. L’exposition a connu une telle affluence<br />
qu’une prolongation a été décidée pour deux ou<br />
trois mois. Avant, plusieurs livres avaient tenté de<br />
ressusciter le talent de Séraphine, dont celui de<br />
l’écrivain mystique, Alain Vircondelet : “Séraphine, de la peinture<br />
à la folie”, publié aux éditions Albin-Michel.<br />
Un autre livre a retenu mon attention, celui d’une psychanalyste,<br />
peintre elle-même, Françoise Cloarec, diplômée des Beaux-Arts<br />
de Paris. Dans “La vie rêvée de Séraphine de Senlis”, l’auteur<br />
accompagne l’héroïne aux différentes périodes de sa vie et<br />
essaie de comprendre, au delà de l’histoire elle-même, ce qui<br />
motive sa frénésie de peindre. Cette frénésie qui la conduira à<br />
l’asile. L’asile comme Camille Claudel. Mais pas de Rodin dans<br />
sa vie. Elle préférera s’inventer un amoureux, imaginer sa propre<br />
vie sentimentale plutôt que de la vivre. Rêves, illuminations,<br />
des lieux qui ne connaissent pas l’interdit.<br />
Née pauvre, elle mourra pauvre, enterrée dans une fausse commune.<br />
Entre temps, il y aura eu les travaux noirs et les travaux<br />
de couleurs. Les premiers, ce sont ces emplois divers de servante<br />
dans les maisons bourgeoises. Une vie de domestique<br />
comme la Félicie de Flaubert dans Un Cœur simple. Des activités<br />
dures qui fatiguent le corps et ceinturent l’esprit. Mais pour<br />
Séraphine, un espoir demeure : la Vierge Marie, ou peut-être les<br />
Anges, lui ont dicté une mission à accomplir : peindre. Elle est<br />
16 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
âgée de 42 ans et cette injonction venue du ciel la<br />
sauve d’une vie terne. Depuis toujours elle communie<br />
avec la nature, alors elle peindra la nature et en<br />
particulier les fleurs car les pensées qui l’habitent<br />
sont colorées, fleuries, sans mots. La voix intérieure<br />
devient pure réalité et dans son petit appartementatelier,<br />
elle s’initie à la peinture. Les travaux de<br />
couleurs commencent et elle leur consacre ses nuits<br />
entières. Le pinceau glisse sur la toile des couleurs<br />
flamboyantes, mélanges savants dont elle ne livrera<br />
jamais les secrets sauf pour révéler qu’elle y ajoute<br />
l’huile sainte qui brûle dans la chapelle vouée à la<br />
Vierge Marie de la cathédrale de Senlis.<br />
Nuit après nuit, dans le secret de son atelier, elle<br />
invente “son” art : de somptueux bouquets aux fonds sombres,<br />
aux compositions complexes. Un jour, conduit là, sans doute par<br />
la voix divine, débarque à Senlis, un collectionneur allemand,<br />
Wilhem Uhde. Il l’engage pour le ménage et ne tarde pas à<br />
découvrir ses œuvres troquées chez les commerçants contre un<br />
peu de nourriture. Voilà son talent admiré et rendu public lorsque<br />
la guerre frappe aux portes de l’Europe.<br />
L’auteur du livre, qui elle aussi a rencontré le succès (à ce jour,<br />
20.000 exemplaires vendus) ne se contente pas de donner au<br />
lecteur une biographie de Séraphine, elle situe son héroïne dans<br />
l’époque, apportant un éclairage sur les conditions de vie dans<br />
une petite ville bourgeoise comme Senlis, mais aussi sur les<br />
formes du mécénat de l’époque, les relations entre mécènes et<br />
peintres et, relatant les dernières années de Séraphine, sur les<br />
terribles conditions de vie dans les fameux asiles d’aliénés. La<br />
folie comme passage ob<strong>lig</strong>é à l’accomplissement de chefs<br />
d’œuvre <br />
Séraphine, la vie rêvée de Séraphine de Senlis,<br />
Françoise Cloarec, éditions Phébus.
LIVRES À LA PAGE<br />
●●● La mère, une passion<br />
Dans un film de Wiliam Wyler, La Vipère, Bette<br />
Davis parle à un moment de “poudre de riz”.<br />
Roland Barthes, regardant ce film, revient immédiatement<br />
en haute enfance : la boîte à poudre de<br />
riz de sa mère est encore là sur la table de toilette.<br />
“Je suis là, écrit-il/ Le Moi ne vieillit pas/ Je suis<br />
aussi “frais” que du temps de la poudre de riz.”<br />
Il suffit de la vision d’un objet, d’un mot glissé<br />
dans une conversation, d’un paysage ou du chant<br />
d’un oiseau, et aussitôt la voix de la mère disparue<br />
est là, en nous, son parfum, sa silhouette. Celle<br />
avec qui ont été partagés cet objet qu’elle avait<br />
adoré ou haï, ce mot qu’elle pouvait utiliser par<br />
plaisir à contre sens, ce paysage qu’elle regardait<br />
avec étonnement et bonheur, ce chant qui la rendait mélancolique.<br />
Elle, la mère, celle qui nous a porté et donné vie. Comme le<br />
vin, le souvenir peut être triste ou gai. Pour Roland Barthes, il est<br />
déchirant.<br />
“Le chagrin, comme une pierre…(à mon cou, au fond de moi)”.<br />
“…Chagrin intense et continu, sans cesse écorché.”.<br />
“Je ne souhaite rien d’autre que d’habiter mon chagrin.”<br />
Au lendemain de la disparition de sa mère, la fameuse et tant<br />
aimée Mam., Roland Barthes entame une sorte de journal écrit<br />
sur des petites fiches qu’il porte en permanence sur<br />
lui. Au total, trois cent trente fiches conservées à<br />
l’IMEC et restées inédites jusqu’à cette très belle<br />
publication des éditions du Seuil, dans la collection<br />
Fiction et Cie. Une suite de phrases limpides, dans<br />
lesquelles le lecteur noie son propre chagrin, de pensées<br />
si profondes, de réflexions intimes et si universelles.<br />
Les jours s’enchaînent, comme les travaux<br />
d’écriture, les voyages, les rencontres, la présence<br />
des autres, mais le chagrin, lui, ne s’effrite pas. Il ne<br />
cède pas. Le temps n’a jamais rendez-vous avec lui.<br />
Il est immobile et le demeure. Comme Proust,<br />
Barthes refuse le terme de deuil. Pour lui, deuil est<br />
un mot “psychanalytique qui défigure”. Comme il<br />
refuse les phrases toutes faites le concernant, phrases, expressions<br />
redoutables : le temps apaise le deuil, faire son deuil et<br />
autres sentences populaires. Silence, solitude, refuge, désertion<br />
d’un parti pris d’oubli, de fiche en fiche, le lecteur poursuit la<br />
voie imposée à l’écrivain, voie qu’il fait sienne, entre larmes et<br />
totale admiration. La mère, une passion à vie.<br />
Journal de Deuil,<br />
Roland Barthes, éditions du Seuil/IMEC<br />
Au fil de mon plaisir<br />
“Cher Monsieur, après avoir enfin trouvé ici un peu de repos, je me souviens<br />
que je vous dois tous mes remerciements pour ce beau livre que j’y ai trouvé<br />
… et lu avec un plaisir immense… La perfection de l’intuition associée à la maîtrise<br />
de l’expression, laissent le sentiment d’une rare satisfaction.”<br />
Ainsi écrivait Sigmund Freud à Stefan Zweig, le 19 octobre 1920. L’écrivain<br />
avait envoyé au professeur son essai : Trois Maîtres (Balzac, Dickens,<br />
Dostoïevski). La correspondance entre ces deux hommes de génie, trente<br />
années d’admiration réciproque, publiée dans la collection Rivages<br />
poche/petite bibliothèque, (Sigmund Freud, Stefan Zweig, Correspondance),<br />
est passionnante mais aussi très instructive sur les relations qu’entretenaient<br />
les intellectuels européens de l’époque. Par exemple, quand Romain Rolland<br />
rencontrait Freud grâce à Zweig… Zweig, encore et toujours à l’honneur, avec<br />
une nouvelle inédite éblouissante : Le Voyage dans le passé, que publient les<br />
éditions Grasset. L’amour résiste-t-il aux années, à la guerre, à la tragédie La<br />
virtuosité inimitable de cet immense écrivain pour dire les tourments intérieurs.<br />
Autre correspondance, autre admiration et autres mœurs : celle d’Isabelle de<br />
Bourbon Parme avec l’archiduchesse Marie-Christine. Au XVIII e siècle, à la Cour<br />
de Vienne, Isabelle, petite fille de Louis XV, est mariée au futur empereur<br />
d’Autriche, Joseph II. Elle séduit d’emblée la Cour impériale mais surtout, elle est<br />
séduite par sa belle-sœur Marie-Christine. “Je meurs d’amour pour toi”, lui écrit-elle. Les billets<br />
amoureux s’échangent, rendant la vie plus légère à cette princesse philosophe qui, malgré son jeune<br />
âge, rédige texte sur texte de savoir-vivre philosophique. Pourtant, morte avant d’avoir fêté ses vingt-deux ans, elle est<br />
passée aux oubliettes de l’Histoire. En publiant cette correspondance tendre et savoureuse, aux éditions Taillandier, (Isabelle de<br />
Bourbon Parme, Lettres à l’archiduchesse Marie-Christine), Elizabeth Badinter a souhaité faire émerger l’existence de cette jeune<br />
femme hors du commun, authentique intellectuelle. Saluons cette initiative.<br />
Enfin, parlons de l’inoubliable Gina de l’écrivaine américaine Victoria Lancelotta, le personnage central de Cœurs blessés, publié<br />
aux éditions Phébus. Un mari irréprochable ne pansera jamais les plaies d’une enfance engluée dans le souvenir d’une mère<br />
trop tôt disparue. Une vie construite sur l’absence, la solitude, l’illusion du bonheur. L’auteure scrute avec brio ce cœur blessé<br />
que la vie met à nu.<br />
Des livres lus avec un plaisir immense.<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>3000</strong><br />
17
INITIATIVES<br />
Délégations<br />
pppLOIR-ET-CHER<br />
Création le 5 mai 2008 de la délégation du Loir-et-Cher,<br />
en présence de l’Amiral Chantal Desbordes<br />
De gauche à droite, Aurore Aubry adhérente, Line Pierné, Florence Giraudeau,<br />
Stéphanie Ghérissi Présidente délégation Touraine<br />
L’association s’est fixé pour<br />
objectif de rendre visibles les<br />
compétences des femmes dans<br />
tous les domaines.<br />
Une centaine de femmes de<br />
tous horizons professionnels<br />
ont assisté le 5 mai 2008 au<br />
lancement de la délégation<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Loir-et-Cher à<br />
l’espace Quinière de Blois.<br />
Florence Giraudeau, présidente,<br />
s’enthousiasme : “Vous<br />
êtes des femmes formidables”,<br />
et présente les activités et<br />
objectifs de l’association. Au<br />
travers de café-débats et de<br />
manifestations, il s’agit d’associer<br />
le plus grand nombre de<br />
femmes à des réflexions sur des<br />
thèmes d’actualité, de société<br />
ou tout simplement à des séances<br />
de réseau. Ces échanges<br />
démocratiques, et ouverts à toutes,<br />
seront probablement l’occasion<br />
de donner un écho tout<br />
particulier aux problématiques<br />
et idées des femmes du Loir-et-<br />
Cher. L’association a pour<br />
objectifs de :<br />
• Faire connaître la légitimité<br />
des <strong>Femmes</strong> dans notre société,<br />
• Augmenter leurs participations<br />
et leurs responsabilités,<br />
• Développer des projets qui<br />
les rendent visibles, afin de<br />
faire connaître leurs compétences<br />
• Travailler pour l’égalité des<br />
chances dans tous les domaines,<br />
• Communiquer dans l’intérêt<br />
des femmes<br />
• Créer un enrichissement et<br />
une force pour chacune grâce à<br />
la diversité<br />
Chantal Desbordes, première<br />
femme amiral de la marine<br />
nationale, est venue soutenir la<br />
création de la nouvelle délégation.<br />
Véritable icône de la compétence<br />
des femmes, elle a<br />
occupé pendant 35 ans des postes<br />
à hautes responsabilités au<br />
sein d’une institution réputée<br />
“machiste”. L’amiral, depuis<br />
quelques mois retirée du service<br />
actif, écrit un scénario sur<br />
la marine, destiné à la télévision.<br />
Sandrine Correia<br />
Composition du bureau<br />
Présidente : Florence Giraudeau - Vice Présidente : Carine<br />
Meunier - Secrétaire générale : Sandrine Correia - Secrétaire<br />
adjointe : Sophie Fontanelle - Trésorière : Isabelle Ducasse -<br />
Trésorière adjointe : Laurence Warsemann - Communication :<br />
Sophie Yasmine et Véronique Fornas.<br />
Contacts<br />
Florence Giraudeau : FlorenceGRD@aol.com<br />
Sandrine Correia : sandrine.creation@free.fr<br />
pppCÔTE D’AZUR<br />
Les résultats 2008 de l’Observatoire de la féminisation<br />
des entreprises des Alpes Maritimes<br />
Régine Pailhes-Roset et Michel Ferrary.<br />
18 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Côte d’Azur a<br />
présenté le jeudi 12 février à<br />
l’AGORA Einstein à Sophia<br />
Antipolis les résultats 2008 de<br />
l’Observatoire de la féminisation<br />
des entreprises des Alpes<br />
Maritimes.<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Côte d’Azur, via<br />
sa Commission Entreprise, et<br />
le CERAM Business School<br />
ont en effet mis en place<br />
depuis 2007 un observatoire de<br />
la parité Hommes/<strong>Femmes</strong><br />
dans les Alpes-Maritimes, permettant<br />
l’analyse de la féminisation<br />
des entreprises et de leur<br />
encadrement.<br />
Ces travaux sont conduits sous<br />
l’autorité de Michel Ferrary,<br />
professeur au CERAM, qui<br />
travaille sur ce thème pour les<br />
entreprises du CAC 40.<br />
L’enjeu de cet observatoire est<br />
de capitaliser l’information<br />
existante, en vue de réaliser et<br />
de mettre à la disposition des<br />
entreprises participantes une<br />
cartographie de référence tant<br />
au niveau des bonnes pratiques<br />
que des pistes d’amélioration.<br />
Les entreprises sollicitées pour<br />
participer à cette étude sont<br />
celles dont les effectifs atteignent<br />
au moins 50 salariés.
INITIATIVES<br />
Délégations<br />
Ont été utilisés le rapport de situation<br />
comparé hommes /femmes ainsi que les<br />
bilans sociaux des entreprises de 300 salariés<br />
ou plus.<br />
Les principaux résultats 2008 :<br />
• La féminisation moyenne dans l’entreprise<br />
est de 43,26% et la féminisation de<br />
l’encadrement <strong>38</strong>,69%.<br />
• Dans les entreprises de + de 1000 salariés,<br />
le taux de féminisation est de 36,76<br />
% et le taux de féminisation de l’encadrement<br />
est de 28,57%<br />
• Dans les entreprises de 500 à1000 salariés,<br />
le taux de féminisation est de 44,22%<br />
et le taux de féminisation de l’encadrement<br />
est de 28,03%<br />
• Dans les entreprises de 150 à de 500<br />
salariés, le taux de féminisation est de<br />
49,46% et le taux de féminisation de l’encadrement<br />
est de 44,49%<br />
• Dans les entreprises de moins de 150<br />
salariés, le taux de féminisation est de<br />
40,29% et le taux de féminisation de l’encadrement<br />
est de 41,36%<br />
• La majorité des entreprises observées<br />
(26) apparaissent comme “Masculines” :<br />
peu de femmes salariées et peu de femmes<br />
cadres.<br />
• 20 entreprises observées se retrouvent<br />
dans la catégorie des “Féminines”, c'est-àdire<br />
avec une féminisation supérieure à la<br />
moyenne, tant au niveau des salariés que<br />
de l’encadrement.<br />
• Un nombre significatif d’entreprises<br />
(11) apparaissent comme “Machistes” :<br />
forte féminisation des salariés mais faible<br />
taux de femmes dans l’encadrement.<br />
• Enfin un petit nombre d’entreprises (4)<br />
sont qualifiées d’”Amazones” : l’encadrement<br />
est fortement féminisé alors que les<br />
effectifs globaux le sont peu.<br />
Ces chiffres sou<strong>lig</strong>nent que les entreprises<br />
des Alpes Maritimes étudiées respectent<br />
davantage la parité que les entreprises du<br />
CAC 40 et que c’est auprès des entreprises<br />
de taille moyenne (150 à 500 salariés)<br />
que se trouve la meilleure parité, tant en<br />
ce qui concerne les effectifs globaux que<br />
les effectifs d’encadrement. <strong>Femmes</strong><br />
<strong>3000</strong> Côte d’Azur continuera l’observatoire<br />
en 2009 tout en incitant au débat<br />
dans les entreprises par la mise en lumière<br />
de ces préoccupations auprès des managers<br />
et des partenaires sociaux.<br />
Régine Pailhes-Roset<br />
Vice-présidente<br />
de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Côte d’Azur<br />
Programme des Délégations <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Côte d’Azur<br />
16 avril 2009 : <strong>Femmes</strong> & Recherche en Astronomie, en partenariat<br />
avec Recherche & Avenir.<br />
29 mai 2009 : Le don d’organes et de tissus (Commission santé)<br />
23 juin 2009 : soirée pour les enfants des femmes <strong>3000</strong> avec Susie<br />
Morgenstern (à confirmer)<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Bouches du Rhône<br />
Avril : Une femme Professeur de l'Institut d'Etudes Politiques d'Aix<br />
en Provence viendra présenter la sortie de son livre sur les femmes<br />
28 mai : Qu'est-ce que la RSE avec Odile Solomon, consultante<br />
Juin : F<strong>3000</strong> BdR, partenaire de SMART Salon d'art contemporain<br />
d'Aix présentera des femmes artistes<br />
Juillet : Visite du château de Picasso à Vauvenargues, suivie d'une<br />
conférence apéritif, à l'occasion de l'événement Picasso-Cézanne<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Midi Pyrénées<br />
Avril : Intervention d’Isabelle HARDY, présidente du Marché<br />
d'Intérêt National et adjointe au maire de Toulouse, chargée du<br />
Commerce<br />
Mai : Rencontre avec Stéphanie Hahusseau, médecin psychiatre à<br />
Toulouse et ancienne interne des hôpitaux, spécialisée en troubles de<br />
la personnalité et thérapie cognitive et comportementale. Thème : la<br />
sexualité Hommes/<strong>Femmes</strong> et l'harmonie dans le couple.<br />
Juin : Christine de VEYRAC, député au parlement européen, viendra<br />
nous rapporter son expérience et ses rencontres avec d'autres<br />
élues.<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Aquitaine / Pays Basque Intérieur<br />
27 avril 2009 : le parcours de Amaia ZUBIRIA, chanteuse<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Aquitaine / Côte Basque<br />
14 avril : Christine Marsan présentera ses derniers ouvrages les<br />
deux tomes de la Trilogie des 13<br />
12 mai : Le rugby au féminin<br />
9 juin : L’architecture : une affaire de femmes<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Aquitaine / Dordogne<br />
14 avril : Elan théâtral sur le thème ou comment et pourquoi avec<br />
Fleur Moulin<br />
12 mai : derrière Mac Do... devinez quoi ...au Pays de la Grande<br />
Cuisine nous recevrons Etienne<br />
9 juin : un pas, un regard, nos questions à Diane Toulemon sur la<br />
Réflexologie<br />
15 juillet : Initiation tonique à la Gymnastique Chinoise<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Loir et Cher<br />
Avril : Le métier de commissaire priseur avec 2 femmes commissaires<br />
priseurs<br />
Juin : La place de la femme dans la société et la place de l'homme<br />
dans la société - Table ronde avec le Club Salamandre<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Rhône-Alpes<br />
Mai (Lyon, Chambéry, Annecy et Grenoble) : Présentation de l’AVIP,<br />
Association européenne d’Aide aux victimes de violences psychologiques<br />
au travail & en famille<br />
Juin (Lyon) : Trophée de golf <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> & inter-réseaux<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Touraine<br />
14 avril : “Les atouts et avantages d'un bon archivage” (classement<br />
et confidentialité) par Dominique Vallet, archiviste<br />
12 mai : “Faut-il supprimer les chirurgiens ” par le professeur<br />
Santini, neurochirurgien.<br />
9 juin : “Manger biologique” par l'AMAP (Association pour le<br />
Maintien de l'Agriculture Paysanne)<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> Nord Pas de Calais<br />
9 avril : (Commission Santé) : “La fin de vie”<br />
13 juin : (Commission Sport) : “Partage autour du golf”<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>3000</strong><br />
19
INITIATIVES<br />
Commissions<br />
ENTREPRISE<br />
Quelle place pour les femmes<br />
dans l’économie <br />
Pascale Bourguignon<br />
Ce sera le grand thème de travail de<br />
la commission Entreprise de <strong>Femmes</strong><br />
<strong>3000</strong> cette année.<br />
Thème générique, mais très important<br />
puisqu’il nous oriente vers d’autres<br />
problématiques telles que :<br />
• la gestion de carrière,<br />
• l’intégration de la maternité dans le<br />
parcours professionnelle,<br />
• le choix de l’orientation dès le cycle<br />
général,<br />
• l’attractivité des femmes pour une<br />
entreprise,<br />
• le concept de “plafond de verre” etc.<br />
Bien sûr, nous ne cessons de travailler<br />
sur ces sujets mais il reste tant à<br />
faire.<br />
D’après l’Observatoire de la Parité,<br />
l’écart de salaire entre femme et<br />
homme est de 23,9% sur l’ensemble<br />
des catégories sociaux professionnelles<br />
(salaire horaire net). Les lois sur<br />
l’Egalité Professionnelle existent, la<br />
dernière en date étant la loi Génisson<br />
du 9 mai 2001, pourtant elles sont<br />
méconnues du grand public et peu<br />
appliquées au sein des entreprises.<br />
Message aux femmes entrepreneures :<br />
et si vous candidatiez au Parlement<br />
des entrepreneurs d'avenir <br />
Le 1 er parlement des entrepreneurs d'avenir aura lieu le 4 juin 2009<br />
à l'Assemblée Nationale, en partenariat avec l’AFNOR, Ashoka,<br />
l’Avise, la Confédération Générale des Scop, le Centre des Jeunes<br />
Dirigeants, Max Havelaar, Réseau Entreprendre, avec le soutien du Groupe Generali.<br />
Qui sont les Entrepreneurs d’avenir <br />
Les Entrepreneurs d’avenir sont des dirigeants d’entreprises, d’associations, de Scop,<br />
qui mettent la responsabilité par un engagement social, éthique, environnemental et<br />
sociétal au cœur de leur démarche. Ils s’inscrivent dans une perspective de performance<br />
globale, réconciliant efficacité et responsabilité, inventent un nouvel esprit<br />
d’entreprendre, qui met l’Homme au centre de l’économie et non à son service.<br />
Entrepreneurs ou entrepreneurs sociaux, ils sont pionniers d’un nouveau modèle de<br />
croissance.<br />
Vous vous reconnaissez dans cette définition N'hésitez pas, tentez votre chance en<br />
téléchargeant le dossier de candidature sur le blog :<br />
http://femmes<strong>3000</strong>cotedazur.blogspirit.com<br />
Vous contribuerez ainsi à renforcer la présence féminine à cette assemblée et donc à<br />
donner de la visibilité aux femmes pionnières d'une économie plus humaine !<br />
Contact : 01 45 44 51 75<br />
Nous n’élevons pas nos filles en leurs<br />
disant “Tu seras chef d’entreprise, ma<br />
fille !” et heureusement car chacune<br />
n’est pas destinée à diriger une entreprise,<br />
mais chacune doit pouvoir diriger<br />
sa vie professionnelle. Chacune a sa<br />
place au sein de notre système économique<br />
et peut apporter ses compétences<br />
si elles sont reconnues à leur juste<br />
valeur.<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> a déjà œuvré concrètement<br />
à travers les actions de ses délégations<br />
avec par exemple :<br />
• le Forum de l’entrepreneuriat au féminin<br />
en Touraine,<br />
• la rencontre débat "Différences<br />
Homme / Femme : mythe ou réalité "<br />
dans les Bouches du Rhône,<br />
• la participation aux JRCE, Journées de<br />
la création d'Entreprise en Bretagne,<br />
• la mise en place de l’observatoire de<br />
la parité Hommes / <strong>Femmes</strong> dans le<br />
département des Alpes-Maritimes.<br />
Des actions concrètes existent de part et<br />
d’autre de l’hexagone sous l’influence<br />
de <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>. Nos expériences sont<br />
riches d’enseignement et ont permis de<br />
tisser des liens forts avec les acteurs<br />
sociaux économiques de chaque région.<br />
Ce potentiel doit être utilisé pour faire<br />
grandir nos idées et la Commission<br />
Entreprise invite les <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>, qui<br />
le souhaitent, à nous rejoindre.<br />
Stéphanie Gherissi<br />
Responsable Commission Entreprise<br />
06.26.64.67.78<br />
s.gherissi@voila.fr<br />
20 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE
INITIATIVES<br />
Commissions<br />
EUROPE<br />
Pour la création d’une commission <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong><br />
sur le thème de la femme en Europe<br />
Quoi de plus différent que le statut actuel de la femme bulgare,<br />
fragile, en transformation, du statut suédois, intégré et équilibré<br />
Qui sommes-nous, nous <strong>Femmes</strong> de Grèce et d’Islande <br />
<strong>Femmes</strong> anglaises, portugaises, françaises, italiennes, allemandes…<br />
de toutes ces nations d’Europe, où êtes-vous Nous,<br />
femmes d’Europe, de toutes couleurs, races et re<strong>lig</strong>ions <br />
Qu’avons-nous à dire Qu’avons-nous à être <br />
Nous évoluons dans un cadre législatif social européen qui nous<br />
est commun. Cependant, prises dans des contraintes financières<br />
différentes, prisonnières d’une possible inégalité de traitement,<br />
dans le cadre de systèmes socio culturels riches de diversités<br />
multiples, nous, <strong>Femmes</strong> Européennes, <strong>Femmes</strong> du sud et<br />
du nord, <strong>Femmes</strong> de l’Ouest et de l’Est, qui sommes-nous <br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> éprouve le besoin, la nécessité, l’impérieuse<br />
urgence de nous rencontrer pour apprendre à nous connaître, à<br />
nous reconnaître dans nos différences et nos similitudes profondes,<br />
afin d’échanger, de partager, et d’exister. <strong>Femmes</strong><br />
d’Europe, de terres agricoles et citadines, des campagnes et des<br />
montagnes, femmes des bords de mer, mariées et célibataires,<br />
veuves, isolées, divorcées, jeunes, vieillies, actives et retraitées,<br />
heureuses ou malheureuses, écoutons-nous !<br />
Nos différences sont nos richesses. Nos exigences, notre vitalité.<br />
Notre souplesse, la volonté de nous adapter, de comprendre,<br />
d’accepter, de lutter, de transformer. Comment vivons-nous <br />
Comment travaillons-nous Comment nous engageons-nous <br />
Quelles réflexions sont les nôtres dans ce monde actuel de<br />
transformation profonde Quel renouveau pouvons-nous<br />
apporter <br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> propose la création d’une commission nationale<br />
sur l’Europe, dans l’optique d’une ouverture européenne et<br />
internationale de notre association et du partage de ses valeurs.<br />
Cette commission pourra notamment donner lieu à l’organisation<br />
d’une grande journée sur la femme en Europe.<br />
Vous êtes intéressée <br />
Contactez : Dominique Gantelme, avocate<br />
Email : gantelme.dominique@orange.fr<br />
CULTURE<br />
Olympes de Gouge<br />
au programme du 8 mars<br />
Même les jours de pluie, nous<br />
avons plaisir à suivre les<br />
conférences promenades de<br />
Jackie Morelle. Spécialiste du<br />
quartier du Marais à Paris, elle<br />
nous fait découvrir des facettes<br />
variées de ce quartier où de<br />
nombreux épisodes de<br />
l’Histoire de France se sont<br />
déroulés. En octobre, nous<br />
avons exploré le haut Marais<br />
avec Le Temple et ses mystères.<br />
Jackie nous parle aussi<br />
avec beaucoup de talent des<br />
destins de grands personnages,<br />
souvent des féministes comme<br />
nous les aimons ou les découvrons<br />
parfois. La journée de la<br />
Femme nous permettra de<br />
nous retrouver au cours d’un<br />
diner sympathique justement<br />
en compagnie d’Olympe de<br />
Gouges !<br />
Le partenariat, que nous avons<br />
établi avec les conférences de<br />
“Connaissances du monde” et<br />
“Autour de la musique”, a permis<br />
à un certain nombre d’entre<br />
nous de se distraire et de se<br />
cultiver dans une ambiance<br />
chaleureuse puisqu’on peut<br />
aussi y amener un(e) amie.<br />
Les concerts des “petits chanteurs<br />
à la Croix de Bois” que<br />
nous vous annonçons régulièrement<br />
attirent également du<br />
monde et nous sommes<br />
contentes de nous retrouver<br />
pour diner ensemble avant ou<br />
prendre un verre quand l’heure<br />
le permet.<br />
Enfin, nous avons assisté au<br />
colloque “Art Contemporain<br />
et Patrimoine”. C’est le grand<br />
sujet polémique du moment.<br />
Même si ce ne fut pas la première,<br />
c’est l’exposition de Jeff<br />
Koons à Versailles qui a “mondialisé”<br />
le débat. Doit-on /<br />
peut-on montrer des œuvres<br />
contemporaines<br />
avec parfois leur<br />
aspect provocateur<br />
dans des lieux historiques<br />
représentant la grandeur<br />
et le respect que l’on doit<br />
au passé Pensez à Jan Fabre<br />
au Louvre ou au musée<br />
Bourdelle qui montre régulièrement<br />
des artistes les plus<br />
pointus au milieu de la sculpture<br />
classique, un jeune photographe<br />
chinois s’amuse ces<br />
jours-ci à taquiner la Joconde.<br />
Irrespect, sacrilège ou rencontre<br />
et dialogue Nous posons<br />
la question. En effet les interférences<br />
ne sont jamais gratuites<br />
et incitent, à l’aide d’explications,<br />
à voir de nouveaux<br />
rapports entre les choses. L’art<br />
contemporain est un langage<br />
qui s’apprend et le contexte<br />
dans lequel il est présenté,<br />
ouvre également vers une<br />
connaissance<br />
élargie.<br />
L’un des buts<br />
de cette commission est de<br />
faire découvrir ce langage.<br />
Nous entamons également une<br />
démarche pour rendre plus<br />
visible un mécénat d’art et proposer<br />
à notre fédération de<br />
soutenir certains artistes.<br />
Nous vous encourageons à suivre<br />
sur le site les propositions<br />
de nos rencontres car quelquefois<br />
les délais sont trop courts<br />
pour permettre d’assurer des<br />
envois personnalisés. Les<br />
propositions sont bienvenues.<br />
Maryline Katakawa<br />
mkatakawa@free.fr<br />
tel : 06 22 09 84 19<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>3000</strong><br />
21
LES CAFÉS DE FLORE<br />
Gisèle HALIMI<br />
Le Flore - 3 février 2009<br />
“Ne vous résignez jamais”<br />
Avocate, députée, ambassadrice auprès de<br />
l’UNESCO, Gisèle Halimi a toujours été<br />
engagée dans un féminisme d’action.<br />
Pourquoi ce dernier ouvrage éponyme :<br />
“Ne vous résignez jamais”, paru aux éditions<br />
Plon. “C’est sur “mon” féminisme,<br />
solitaire dans la pensée, collectif dans<br />
l’action, que je veux m’interroger”.<br />
Gisèle Halimi avait besoin de retrouver<br />
une unité dans son parcours, de se lancer<br />
dans une réflexion introspective. Elle<br />
s’inscrit, à sa manière, dans le prolongement<br />
de la réflexion et de l’action de<br />
Simone de Beauvoir, tout en précisant que<br />
son cheminement est totalement opposé à<br />
celui de la célèbre philosophe.<br />
Servir ses frères<br />
“Mon féminisme est né d’une révolte”<br />
explique-t-elle. En effet, Simone de<br />
Beauvoir est née en 1908 dans une famille<br />
bourgeoise catholique. Elle est envoyée au<br />
cours Désir pour préparer son baccalauréat.<br />
En revanche, Gisèle Halimi est née<br />
en Tunisie, dans une famille pauvre, judéo<br />
arable, sans espoir d’études, parce qu’elle<br />
était une fille. En grandissant, elle hérite<br />
de son fardeau de fille : servir ses frères.<br />
Elle refuse sa condition et entreprend une<br />
grève de la faim. Rejetant le mariage à<br />
l’âge de quinze ans, elle devient une boulimique<br />
des études et s’en va, à 18 ans,<br />
sans argent, à Paris pour étudier le droit.<br />
Le féminisme<br />
de Simone de Beauvoir<br />
Elle rencontre Simone de Beauvoir, jeune<br />
femme éclairée, alors agrégée de philosophie<br />
qu’elle admire pour le<br />
“deuxième sexe” mais qu’elle<br />
critique pour son comportement<br />
“au-delà des émotions”.<br />
Le féminisme de Simone de<br />
Beauvoir est pragmatique, mais<br />
il n’y a pas une seule bataille de<br />
la philosophe qui n’ait été<br />
approuvée par Gisèle Halimi.<br />
Elle co-signe avec elle<br />
“Djamila Boupacha” et obtient<br />
le soutien et la participation de<br />
grands noms comme Picasso<br />
qui a peint le portrait de Djamila<br />
Boupacha, figurant sur la couverture.<br />
En 1971, elle fonde aux côtés de Simone<br />
de Beauvoir, le mouvement féministe<br />
22 <strong>FEMMES</strong><br />
<strong>3000</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
“Choisir la cause des femmes» (dont<br />
Jacques Monod, Prix Nobel sera, jusqu’à<br />
sa mort l’un des co-présidents) qu’elle<br />
préside toujours, et milite en faveur de la<br />
dépénalisation de l’avortement.<br />
Donner ou<br />
ne pas donner la vie<br />
En 1972, au procès de Bobigny qui a eu un<br />
retentissement considérable, elle défend<br />
une mineure de 16 ans, appelée devant la<br />
justice pour avortement. La jeune fille est<br />
acquittée. “C’est une première, car la<br />
véritable libération des femmes, confie<br />
Gisèle Halimi, c’est le moment où elle<br />
acquièrent enfin le droit de donner ou de<br />
ne pas donner la vie”. Comment Gisèle<br />
Halimi est-elle arrivée à défendre avec<br />
autant de courage le droit à l’avortement <br />
Pour l’avoir vécu dans sa chair à 18 ans de<br />
manière très difficile. Gisèle Halimi a<br />
besoin de se sentir proche des causes<br />
défendues. Elle est signataire<br />
du manifeste dit des “343 salopes”<br />
parmi lesquelles des personnalités<br />
déclarent avoir<br />
avorté et réclament le libre<br />
accès aux moyens anticonceptionnels<br />
et l’avortement libre.<br />
Tout comme la prostitution où<br />
la femme devient objet sexuel.<br />
Il n’y a pas de “prostitution<br />
libre”. En Suède, la lutte contre<br />
la prostitution est exemplaire.<br />
La loi suédoise pénalise les “prostitueurs”<br />
et non les femmes prostituées, considérant<br />
que ces dernières ne consentent ni au viol<br />
ni à la violence que représente la prostitution.<br />
Elle s’est ensuite interrogée sur<br />
la maternité, le désir d’enfant.<br />
Pour elle, l’instinct maternel<br />
n’existe pas. Par contre, on<br />
peut parler d’amour maternel<br />
qui est un choix.<br />
Puis, Gisèle Halimi a longuement<br />
abordé l’indépendance<br />
économique, socle de la libération<br />
des femmes. “Cette<br />
impuissance, ce non pouvoir d’une femme<br />
sur l’économie de sa vie et de son foyer<br />
m’impressionnaient beaucoup [..]. J’avais<br />
pitié de ma mère qui alternait explications,<br />
justifications, colère… Jamais la<br />
révolte”. Cela ne condamne en rien la<br />
femme au foyer. Mais celles-ci doivent<br />
pouvoir choisir. Disposer d’une indépendance<br />
économique permet de choisir sa<br />
vie, d’éviter les violences et les fuir.<br />
Des partis qui paient<br />
les amendes<br />
La bataille de la parité en politique<br />
est un autre domaine où<br />
Gisèle Halimi s’est beaucoup<br />
investi et a fait de nombreuses<br />
propositions. “En l’état, la<br />
parité ne répond pas à l’espérance<br />
féminine.” écrit-elle<br />
(p.205). Elle dit aussi : “la vision<br />
d’une Assemblée Nationale avec<br />
autant d’hommes que de femmes<br />
fait encore peur”. Des sanctions<br />
financières pénalisent le non respect<br />
de la parité mais les grands<br />
partis politiques préfèrent payer les amendes<br />
plutôt que de respecter la parité des<br />
candidatures. Il faut agir au plan européen<br />
pour aboutir sur la parité. Certains pays<br />
sont plus avancés que la France. Il faudrait<br />
prendre les meilleures lois de chaque pays<br />
pour faire un bouquet efficace.<br />
“Pour conclure, ce que j’aimerais voir<br />
transmettre aux femmes des générations à<br />
venir : une revendication de dignité.<br />
C’est-à-dire l’exigence de toujours parfaire<br />
le lien entre le “mon corps m’appartient”<br />
des débuts des luttes féministes, et<br />
mon intel<strong>lig</strong>ence, ma sensibilité, mes<br />
capacités. Il y a des acquis, c’est incontestable.<br />
Mais ils sont fragiles et nous devons<br />
rester vigilantes. Ne nous résignons<br />
jamais”.<br />
Jackie Morelle<br />
Claudine Bergoignan Esper
Elisabeth Jean<br />
Nicole AMELINE<br />
Le 9 Septembre 2008<br />
Membre du Comité de l'élimination des discriminations à l'égard<br />
des femmes à l'ONU à New York<br />
Ex Ministre à la Parité et à l'Egalité Professionnelle.<br />
La venue de Nicole<br />
Ameline est toujours un<br />
moment privilégié pour<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>, tant nos<br />
chemins se sont croisés<br />
et tant les valeurs<br />
qu’elle porte et défend,<br />
se superposent aux<br />
nôtres. Chacune de ses<br />
nominations a fait avancer la<br />
cause des femmes. “L’égalité<br />
doit être une culture” affirme-telle.<br />
Elle s’est toujours appuyée<br />
sur les associations de femmes,<br />
dont <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong>, notamment<br />
pour affirmer l’égalité professionnelle<br />
au sein des entreprises.<br />
C’est elle qui fait voter un “dispositif<br />
d’éviction du conjoint<br />
violent”.<br />
Le 29 juillet 2008, Nicole<br />
Ameline a été élue, au Comité<br />
de l’ONU* pour l’élimination de<br />
la discrimination à l’encontre des<br />
femmes.<br />
Ses secrets : une bonne<br />
organisation et un sens<br />
de la délégation, professionnalisme,<br />
fidélité et<br />
disponibilité, comme<br />
<strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> a toujours<br />
pu le constater.<br />
Elle est une Européenne<br />
convaincue, et une<br />
citoyenne du monde qui a soutenu<br />
les Afghanes sur tous les<br />
fronts, rencontré au Kenya le<br />
prix Nobel de la Paix, Wangari<br />
Maathaï.<br />
Son crédo : “Les femmes doivent<br />
s’emparer des questions du<br />
monde”.<br />
*Le Comité de l’ONU qui est composé<br />
de 23 experts indépendants, dépendant de<br />
l’assemblée générale de l’ONU, est<br />
chargé du suivi de la mise en œuvre par<br />
les états membres de leurs délégations en<br />
vertu de la convention sur l’élimination<br />
de toutes les formes de discrimination à<br />
l’égard des femmes.<br />
LES CAFÉS DE FLORE<br />
Jean LEONETTI<br />
Le 4 Novembre 2008<br />
Député, maire d'Antibes, coordonnateur de la Loi<br />
sur l'accompagnement en fin de vie (dite Loi Léonetti)<br />
Jean Léonetti, qui faisait<br />
à <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> l'honneur<br />
de sa présence, a<br />
donné son nom à la loi<br />
française du 22 avril<br />
2005 relative aux droits<br />
des malades et à la fin de<br />
vie, intervenue à la suite<br />
du drame du jeune<br />
Vincent Himbert. “Sans légaliser<br />
l’euthanasie, le texte permet<br />
désormais de ne plus poursuivre<br />
un traitement avec une obstination<br />
déraisonnable”. nous dit Jean<br />
Léonetti.<br />
Mais, à partir de quel moment<br />
faut-il cesser de traiter la maladie<br />
et laisser la place aux soins palliatifs,<br />
afin d’éviter cette “obstination<br />
déraisonnable” “Lorsque<br />
les soins apparaissent inutiles,<br />
disproportionnés ou n'ayant d'autre<br />
effet que le seul maintien artificiel<br />
de la vie, ils peuvent être<br />
suspendus ou ne pas être entrepris”.<br />
Le texte prévoit aussi que<br />
des traitements antidouleurs efficaces<br />
puissent être<br />
administrés en fin de<br />
vie, même s’il en résulte<br />
une issue fatale plus<br />
rapide. La qualité de vie<br />
doit primer sur la durée<br />
de la vie. C’est là le<br />
“double effet” : une<br />
action positive avec un<br />
effet secondaire néfaste. Parfois,<br />
le soulagement de la douleur<br />
allonge, d'une certaine manière, la<br />
vie d'une personne souffrante.<br />
Encore faut-il convaincre les<br />
médecins que ce n’est pas de<br />
l’acharnement thérapeutique mais<br />
une stratégie d’accompagnement<br />
qui s’impose après le combat<br />
qu’ils ont mené pour tenter de<br />
sauver leurs patients.<br />
“La fin de vie est un moment particulier<br />
de l'existence. Car une vie<br />
sans fin est comme un film sans<br />
fin, il n'y a pas d'accomplissement.<br />
Peut être que l'accomplissement<br />
de la vie est la mort ”<br />
conclut Jean Léonetti.<br />
Annie JANICOT<br />
Le 9 Décembre 2008<br />
Réalisatrice de documentaires entre la France et l’Afrique<br />
Lorsqu’ en 1986, Annie<br />
Janicot le découvre, le<br />
Mali n’est pas démocratique.<br />
Elle devient le<br />
témoin de la libération<br />
d’un peuple, “une libération<br />
douloureuse,<br />
mais une libération<br />
digne” nous dit-elle. Elle assiste à<br />
la résolution démocratique d’un<br />
conflit, celui qui oppose des factions<br />
touareg et arabes à cette<br />
jeune administration.<br />
C’est alors qu’elle décide de<br />
témoigner. En 1991, avec sa<br />
caméra, elle met en exergue les<br />
efforts en faveur de la paix, lorsque<br />
le Mali subit les feux nourris<br />
des médias occidentaux concernant<br />
sa gestion du conflit dans le<br />
Nord du pays.<br />
Depuis lors, son travail est clair.<br />
“Je veux montrer ce que l’Afrique<br />
m’apprend et ce à quoi elle est<br />
confrontée” assène Annie Janicot.<br />
Elle s’engage sur des<br />
sujets sensibles en tentant<br />
de rapprocher les<br />
points de vue, de<br />
construire des ponts et<br />
d’ouvrir des voies. C’est<br />
ainsi qu’elle travaille<br />
depuis 11 ans sur la<br />
question migratoire vue du Mali,<br />
en relation avec la France.<br />
Depuis 2 ans, elle est sur un vaste<br />
projet qui allie formation à création,<br />
production et distribution et<br />
dont le but est de doter les femmes<br />
d’outils audiovisuels afin qu'elles<br />
puissent exploiter leur génie créateur<br />
et porter à la face du monde<br />
leur réalité. Ce projet se développe<br />
au Mali, puis s'étendra en<br />
2009-2010 au Togo, Bénin et<br />
Sénégal.<br />
Si vous voulez en savoir plus, Annie<br />
Janicot vous renvoie sur son site :<br />
www.imageaufeminin.org<br />
Carol DUVAL-LEROY<br />
Le 6 Janvier 2009<br />
Président Directeur Général de Champagne Duval Leroy<br />
Présidente de l’Association viticole de Champagne<br />
Après la disparition de son<br />
époux, Carol Duval-Leroy<br />
se retrouve à la tête de cette<br />
célèbre maison qui fut créée<br />
en 1859 et dont l’enseigne, à<br />
100 % familiale, se classe<br />
parmi les 15 premières marques<br />
de champagne. Dans<br />
un milieu exclusivement masculin,<br />
Carol a su s’imposer très vite.<br />
“Après avoir professionnellement<br />
fait vos preuves, vous êtes<br />
reconnue, et donc adoptée.<br />
Je ne pense pas que<br />
ce soit spécifique à la<br />
Champagne, et je suppose<br />
que beaucoup de femmes<br />
ont connu -et connaissent<br />
encore aujourd’huila<br />
même expérience que<br />
moi” indique Carol Duval-Leroy.<br />
Les cuvées Duval-Leroy portent<br />
souvent des noms féminins, notamment<br />
une des cuvées Prestige qui a<br />
été baptisée “Femme”. Cela ne veut<br />
pas dire que cette cuvée est réservée<br />
aux femmes, mais simplement<br />
que ses caractéristiques<br />
se traduisent essentiellement<br />
par des noms évoquant<br />
la féminité : élégance,<br />
charme, finesse, robe, distinction,<br />
dentelle. Carol est<br />
aussi un fin gourmet ; elle a<br />
relaté ses créations au champagne<br />
dans un magnifique ouvrage<br />
“Femme de Champagne” afin de<br />
magnifier le champagne<br />
et les plats dans une<br />
explosion de saveurs. A<br />
noter que le Champagne<br />
Duval-Leroy est la première<br />
entreprise française<br />
de vins AOC à<br />
obtenir la certification de<br />
la norme ISO 9002.<br />
Cette soirée du Flore a été des plus…<br />
pétillantes !<br />
Champagne Duval-Leroy<br />
e-mail: champagne@duval-leroy.com<br />
<strong>FEMMES</strong><br />
LE MAGAZINE DES <strong>FEMMES</strong> DU TROISIÈME MILLÉNAIRE<br />
<strong>3000</strong><br />
23
Pascale Bourguignon<br />
Tél : 1 514 488 1084 (Canada)<br />
www.escargotatomic.com<br />
Lauréate Trophées <strong>Femmes</strong> <strong>3000</strong> - 2006<br />
<strong>Femmes</strong> et Esprit d’Entreprise