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Juin 08 - BECI

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enjeux<br />

22<br />

N° 6 - JUIN 20<strong>08</strong> - ENTREPRENDRE<br />

tion mondiale est représentée sur les<br />

lieux de travail. L’apprentissage des<br />

langues doit être ici aussi évident que<br />

l’éducation physique ou les mathématiques.<br />

Le fait que l’enseignement<br />

soit dispensé dans des bâtiments<br />

vieillis, disposant de peu de moyens<br />

éducatifs modernes, le fait qu’il y ait<br />

une forte tendance à la segmentation<br />

en ghettos, la baisse du niveau scolaire<br />

et des professeurs souvent démotivés,<br />

le fait que le nombre de places<br />

dans les établissements n’augmente<br />

pas mais que des files se forment à<br />

leur entrée lors des inscriptions, n’est<br />

pas la faute d’une politique inadaptée<br />

de Bruxelles : elle ne dispose d’aucun<br />

pouvoir dans ce domaine.<br />

On peut se poser la question de savoir<br />

si la division entre écoles francophones<br />

et néerlandophones dans ce territoire<br />

bilingue, avec une réalité quotidienne<br />

multiculturelle, n’est pas<br />

dépassée. Un nombre toujours croissant<br />

de parents francophones et parlant<br />

d’autres langues confient leurs<br />

enfants à l’enseignement néerlandophone,<br />

principalement parce qu’il y a<br />

une forte volonté de permettre à leurs<br />

enfants d’accéder au néerlandais.<br />

A Bruxelles, savoir parler plusieurs<br />

langues, en particulier le néerlandais<br />

et l’anglais, est un véritable stimulant<br />

pour la mobilité sociale. Il y a<br />

rarement eu aussi peu de Bruxellois<br />

flamands, mais l’intérêt pour le néerlandais<br />

n’a cessé de croître. Et pourtant,<br />

les « native speakers » ne peuvent<br />

donner aucun cours de langue<br />

dans le réseau d’enseignement d’une<br />

autre communauté linguistique. Ne<br />

veut-on donc pas que les enfants apprennent<br />

les langues <br />

Priorité politique absolue<br />

Des décisions prises ailleurs ont parfois<br />

un impact important à Bruxelles.<br />

Aujourd’hui, 32% des jeunes bruxellois<br />

sont sans emploi, à cause de la<br />

pauvreté, de l’abandon scolaire et de<br />

difficultés scolaires, mais également<br />

à cause d’un enseignement inadapté<br />

et d’une connaissance insuffisante<br />

du néerlandais.Le tissu économique<br />

et social n’en subit que plus de pressions<br />

et c’est la croissance économique<br />

qui en pâtit, puisqu’il est de plus<br />

en plus difficile pour les entreprises<br />

de trouver les personnes qui leurs<br />

conviennent – alors que près de 20%<br />

de la population de Bruxelles est sans<br />

emploi.<br />

L’enseignement doit être la priorité<br />

politique absolue, puisque nous ne<br />

pouvons pas nous permettre, en tant<br />

que membres de la société et en tant<br />

que membres du monde de l’entreprise,<br />

de laisser dépérir cette masse<br />

de talents humains dans la pauvreté.<br />

Tels sont les défis d’une réforme de<br />

l’Etat. Nous devons partir de la pratique,<br />

de ce qui se passe réellement.<br />

Bruxelles tend<br />

la main à la<br />

Flandre et à la<br />

Wallonie, mais<br />

elle ne souhaite<br />

se soumettre à<br />

personne<br />

Une bonne administration <br />

Bruxelles a subi, suite à l’exode de la<br />

classe moyenne vers la périphérie,<br />

une perte substantielle de revenus,<br />

alors que ses dépenses continuaient à<br />

augmenter. En Flandre, rien de tel ne<br />

s’est produit mais les clés de répartition<br />

spécifiques des fonds publics ne<br />

bénéficient pas à Bruxelles : c’est pourquoi<br />

Bruxelles a besoin de toujours<br />

plus d’argent. Ceci est en premier lieu<br />

lié à la démographie et à la sociologie,<br />

et dans une moindre mesure à une<br />

mauvaise administration. Cette dernière<br />

peut toujours être améliorée,<br />

mais il faut cesser de mettre toujours<br />

l’accent sur les 19 baronnies avec leur<br />

personnel pléthorique et leurs compétences<br />

excessives. En comparaison<br />

avec le Brabant flamand, la situation<br />

est plutôt bonne en fin de compte : il<br />

y a autant d’habitants qu’à Bruxelles,<br />

mais on y dénombre plus de 60 communes,<br />

avec 3 fois plus de personnel<br />

communal par habitant. Du reste, il<br />

y a des baronnies ailleurs, comme à<br />

Louvain, Hasselt ou Ostende.<br />

Besoin d’argent<br />

Si Bruxelles veut profiter de ses<br />

atouts, de son rôle international, de<br />

sa population jeune et de sa société<br />

multiculturelle, il faudra y investir.<br />

Seule, au vu des modèles de financement<br />

actuels, cela ne marchera pas.<br />

Les restrictions budgétaires ne lui<br />

permettent pas de faire construire<br />

une infrastructure prestigieuse, digne<br />

d’une capitale belge et européenne.<br />

Bruxelles reçoit bien moins de fonds<br />

publics qu’elle ne contribue à enrichir<br />

l’Etat. Elle offre tant de moyens<br />

au pays et assume tant de problèmes<br />

à elle seule, qu’affirmer que Bruxelles<br />

voit près de 500 millions d’euros lui<br />

passer sous le nez chaque année n’est<br />

pas exagéré. La construction d’un kilomètre<br />

de métro coûte 50 millions.<br />

Avec les 65 millions supplémentaires<br />

que le Conseil des Sages a octroyé à<br />

Bruxelles, 1,3 km de métro pourrait<br />

donc être construit. Et avec ça, aucun<br />

moyen supplémentaire n’a été accordé<br />

à l’enseignement.<br />

C’est pourquoi Beci déplore que<br />

Bruxelles ait été si peu évoquée lors<br />

de la formation du gouvernement,<br />

alors que les défis à relever demeurent<br />

énormes.<br />

Toute réforme de l’Etat doit commencer<br />

par Bruxelles, mais avant tout<br />

pour une ville meilleure et plus efficace<br />

pour les entreprises, les Bruxellois,<br />

les navetteurs et les expatriés, les<br />

Flamands et les Wallons, parce que ce<br />

qui est bon pour Bruxelles, l’est également<br />

pour le reste du pays. ●<br />

Tom Smeets<br />

Conseiller Centre<br />

de Connaissance<br />

Beci<br />

ts@beci.be

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