" LE DIMENSIONNEMENT COMME OUTIL DE ... - ozon architecture
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" <strong>LE</strong> <strong>DIMENSIONNEMENT</strong> <strong>COMME</strong> <strong>OUTIL</strong> <strong>DE</strong> COMPOSITION."<br />
Exposé « Théorie d’atelier » ISA – 1992.<br />
ETU<strong>DE</strong>, OBSERVATION ET DIMENSIONNNEMENT <strong>DE</strong> L'ETRE HUMAIN<br />
L'homme se réfère continuellement au corps humain. Dans notre<br />
perception et représentation de l'ordre de l'univers ce n'est pas<br />
l'atome, mais notre corps qui est l'élément de référence primordial.<br />
C'est à lui que nous comparons le petit et le grand, le géométrique et<br />
l'amorphe, le dur et le tendre, l'étroit et le large, le fort et le faible,<br />
etc...<br />
Un corps humain sain nous apparaît équilibré. C'est une entité où<br />
rien ne peut plus être ajouté; on peut l'habiller ou le décorer, mais<br />
pas lui ajouter un troisième bras, ni rallonger une jambe. Notre sens<br />
du beau est probablement lié à la forme de notre corps.<br />
1. PROPORTIONS ET ARCHITECTURE :<br />
La relation entre l'homme, ses proportions et l'<strong>architecture</strong> remonte<br />
à l'antiquité. Découvrir les règles de proportions entre les parties du<br />
corp humain qui puissent guider la mesure en <strong>architecture</strong> étaient<br />
jadis, un souci principal de la composition architecturale.<br />
VITRUVE, l'architecte romain (sous Auguste), en parle avec<br />
détermination dans son ouvrage théorique intitulé : "Les dix livres<br />
d'<strong>architecture</strong>". Il cite :<br />
"L'ordonnance d'un édifice consiste dans la proportion qui doit être<br />
soigneusement observée par les architectes. Or, la proportion<br />
dépend du rapport que les grecs appellent "analogie"; et, par<br />
rapport, il faut entendre la subordination des mesures au module,<br />
dans tout l'ensemble de l'ouvrage, ce par quoi toutes les proportions<br />
sont réglées; car jamais un bâtiment ne pourra être ordonné s'il n'a<br />
cette proportion et ce rapport, et si toutes les parties ne sont pas, les<br />
unes par rapport aux autres, comme le sont celles du corps d'un<br />
homme bien formé."<br />
Les architectes cherchaient, également, à introduire la relation au<br />
corps humain dans des éléments architectoniques du bâtiment, telle<br />
que la colonne, au travers des éléments de composition d'une<br />
façade mais aussi dans les plans de bâtiment, de ville et des édifice<br />
religieux.<br />
L'ensemble de ces études sont peut-être des "vues de l'esprit"<br />
puisqu'elles ne font pas partie de l'expérience et de la composition<br />
de l'espace directement utilisable pour l'homme.<br />
2. <strong>DIMENSIONNEMENT</strong> ET ARCHITECTURE :<br />
Depuis le siècle passé ; siècle de la révolution industrielle, des<br />
mouvements sociaux et de la prise en compte de l'individu au<br />
travers des différents mouvements humanistes ; l'homme tend à<br />
devenir un des éléments de référence et de point de départ pour la
composition de l'espace construit et plus particulièrement de son<br />
habitation.<br />
L'être humain et ses proportions ne sont plus étudiés pour leur<br />
rapport à la structure où à l'édifice construit, mais bien pour la mise<br />
au point de son espace construit.<br />
La composition du plan, de son espace et surtout l'étude des<br />
relations entre ces différents espaces, prennent leur origine dans<br />
une étude approfondie de l'homme et de ses mesures.<br />
Insatisfait des études précédentes, l'architecte franco-suisse "Le<br />
Corbusier" a réalisé, de 1942 à 48, une étude complète sur le<br />
dimensionnement humain. Cette étude prend son point de départ à<br />
travers l'observation de l'homme et des édifices anciens. Ces<br />
observations lui ont permis de définir deux séries de mesures,<br />
répondant à des règles mathématiques et dont le résultat est un<br />
ensemble de dimensions humaines permettant une composition<br />
adéquate de l'espace directement utilisable par l'homme.<br />
L'étude de l'homme et de son dimensionnement tient compte de<br />
trois facteurs :<br />
1. Les facteurs OBJECTIFS .<br />
2. Les facteurs SUBJECTIFS .<br />
3. La 4ième dimension (le temps).<br />
1. Les facteurs OBJECTIFS :<br />
L'homme vit dans un milieu construit et meublé. L'ensemble de ce<br />
milieu correspond à des mesures directement en relation avec<br />
l'homme. Les dimensions d'une chaise, une table, un lavabo, un<br />
escalier, etc... répondent à un ensemble de mesures fixes et dont la<br />
mise au point découle de l'observation de l'être humain ainsi que<br />
des dimensions de son corps.<br />
D'autre part l'homme n'est pas statique, il se déplace ; sa mobilité<br />
crée des situations variables dépendant de ces mouvements.<br />
Toutefois l'ensemble de ces mouvements sont à nouveau lié aux<br />
dimensions propre de son corps :les bras, les jambes, le pas, etc...<br />
Cette étude de la mobilité détermine l'espace dont l'homme à besoin<br />
pour se mouvoir en toute liberté. Cet espace peut être adapté afin<br />
de tenir compte des états psychologiques de l'individu.<br />
2. Les facteurs SUBJECTIFS :<br />
L'inconscient: L'homme vit dans un environnement construit qui lui<br />
est adapté ou inadapté, il l'aime ou il ne l'aime pas, mais dans tous<br />
les cas il s'adapte. Pourtant un espace inadapté peut se payer par<br />
une souffrance inconsciente de l'individu. Il est primordial de réaliser<br />
des espaces où l'homme à des points de repères. Les mouvements<br />
du corps (point de repère pour l'homme), nous offrent la mesure des
choses (mobilier, élément matériel, etc...) et des espaces, ainsi que<br />
l'appréciation des grandeurs au travers de nos parcours, visite,<br />
danse, geste, etc...<br />
La mémoire: S'approcher, s'éloigner, contourner, monter,<br />
descendre, toucher... sont toutes des attitudes physique et/ou<br />
psychologique, qui invitent l'homme à contrôler son environnement<br />
construit. L'<strong>architecture</strong> dès qu'elle est bâtie devient la scène d'une<br />
succession de sensations. La perception d'un espace n'est pas<br />
neutre, nous comparons sans cesse ce que nous voyons à des<br />
situations que nous avons rencontrées et intériorisées<br />
précédemment. Ces points de comparaisons de l'homme sont<br />
essentiellement liés à ses origines, à sa culture et aux différents<br />
espaces où il a vécu.<br />
La sécurité - l'insécurité: La dimension d'un espace est fonction<br />
d'un dimensionnement objectif (mesure de l'homme) mais<br />
également liée à un sentiment de sécurité et d'insécurité. Ces<br />
sentiments peuvent être fonction des facteurs subjectifs énoncés ci<br />
avant mais également liés à la forme de la pièce et à ses<br />
proportions. C'est dans la forme rectangulaire que l'homme situe le<br />
mieux ses objets par rapport à lui et les uns par rapport aux autres.<br />
Après le rectangle, c'est le carré qui est la forme la plus sécurisante.<br />
Le cercle l'est beaucoup moins, car dans ce dernier la position<br />
respective des objets est difficile à jauger sauf si à l'intérieur de ce<br />
dernier sont implanté certains points de repère .<br />
La vie sociale: Un autre critère dans les facteurs subjectifs du<br />
dimensionnement est lié à la vie sociale (en société) de l'homme. Il<br />
hiérarchise inconsciemment son rapport à une tierce personne et ce<br />
en fonction de la distance le séparant de cette dernière. C'est ainsi<br />
que le Docteur Sivadon distingue quatre types de distance entre les<br />
individus.<br />
1.Distance intime :<br />
2.Distance personnelle :.<br />
3. Distance sociale :.<br />
4. Distance publique :.<br />
L'ensemble des caractéristiques psychologiques définissant la<br />
hiérarchie entre ces différentes distances sociales sont explicitées<br />
en détail dans le texte repris en annexe :" Les distances de<br />
l'homme".<br />
3. La QUATRIEME DIMENSION (le temps qui passe) :<br />
Lors de la mise au point d'un espace, ou ensemble d'espaces mis<br />
en relation, l'étude du dimensionnement humain est primordial.<br />
Toutefois, la notion évolutive de l'individu (en âge) ne peut être<br />
oubliée. Un lieu approprié pour un homme doit pouvoir être<br />
adaptable dans le temps à l'évolution de son état. L'architecte, lors
de la conception de l'habitat, ou toute autre fonction, doit prévoir les<br />
modifications dans le temps de ces utilisateurs. Un lieu ne peut être<br />
destiné à une seul tranche d'âge de la population.<br />
De même au fil du temps leur mode de vie peut se modifier.<br />
L'espace habitable, découlant du processus de composition, doit<br />
permettre une adaptation des moeurs de ces utilisateurs. Il n'est pas<br />
question, dans ce cas, de réaliser des espaces les plus polyvalents<br />
et multi-fonctionnels possible, mais bien des lieux correctement<br />
dimensionnés permettant l'épanouissement et l'évolution de la<br />
personnalité de l'homme.<br />
Cette malléabilité des espaces doit permettre aux bâtiments<br />
existants de répondre, au gré du temps, à la demande de ces<br />
utilisateurs et ainsi de préserver notre patrimoine construit.<br />
Le temps qui passe pour l'utilisateur ne peut le rendre étranger à<br />
son espace vital.<br />
"Les architectes conçoivent, pour les êtres humains, des maisons,<br />
qui à leur tour façonnent l'homme."<br />
d'après Winston CHURCHILL.<br />
© Christophe GILLIS , architecte / Sofam – 09.1992.<br />
Sources:<br />
• "Les dix livres d'<strong>architecture</strong>" de VITRUVE.<br />
• "Le Modulor I II." : "Le Corbusier" .<br />
• "De la forme au lieu" de P. von MEISS.