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Viticulture<br />
QUALITES PAYSAGERES ET VITICULTURE : CLES D’ACTION<br />
Aurélie LASNIER, Joël ROCHARD<br />
ITV <strong>France</strong><br />
17, rue Jean Chandon Moët - BP 20046 - 51202 Épernay ce<strong>de</strong>x<br />
INTRODCTION<br />
Le contexte actuel <strong>de</strong> la production viticole <strong>et</strong> <strong>de</strong> durabilité, l’émergence du concept <strong>de</strong> multifonctionnalité, amènent les viticulteurs <strong>et</strong> leurs organismes<br />
techniques à se poser <strong><strong>de</strong>s</strong> questions sur l’impact <strong><strong>de</strong>s</strong> activités agricoles sur le territoire.<br />
C<strong>et</strong>te thématique est importante pour les viticulteurs qui sont sensibles au regard que la société porte sur leur métier, voire pour l’acceptation <strong>de</strong><br />
leurs activités <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> proj<strong>et</strong>s qu’ils souhaitent m<strong>et</strong>tre en œuvre. Dans certains cas, la valorisation <strong>de</strong> leurs produits passe par le maintien <strong>de</strong> structures<br />
essentielles d’un paysage comme expression visuelle d’un lien au territoire (pour les produits A.O.C. par exemple). Dans d’autres cas, les<br />
viticulteurs ont intérêt à offrir un paysage <strong>de</strong> qualité, support emblématique <strong>de</strong> l’activité touristique <strong>de</strong> leur région, vecteur d’images <strong>de</strong> leur métier<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs produits.<br />
Travailler sur les questions <strong>de</strong> paysages <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>viticulture</strong>, c’est d’abord, à travers l’outil <strong>de</strong> lecture <strong>et</strong> <strong>de</strong> compréhension que constituent les paysages,<br />
réaliser un diagnostic <strong>de</strong> territoire pour ensuite élaborer <strong><strong>de</strong>s</strong> proj<strong>et</strong>s paysagers.<br />
1. RAPPEL SUR LES NOTIONS DE PAYSAGES ET PAYSAGES VITICOLES<br />
Le paysage est une relation dynamique entre un territoire physique<br />
objectif (domaine du relief, <strong>de</strong> la géologie, <strong>de</strong> l’occupation <strong><strong>de</strong>s</strong> sols, <strong>de</strong><br />
l’hydrologie, <strong>de</strong> l’agronomie, <strong>de</strong> l’écologie, <strong>de</strong> la sociologie, <strong><strong>de</strong>s</strong> politiques,<br />
<strong>et</strong>c.) <strong>et</strong> la perception subjective que l’on en a (domaine du sensible,<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> représentations, <strong><strong>de</strong>s</strong> ambiances <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntités locales).<br />
- Le paysage dit objectif est le résultat historique <strong><strong>de</strong>s</strong> activités <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l’implantation humaine dans un contexte naturel donné <strong>et</strong> à un moment<br />
précis.<br />
- Le paysage subjectif peut être interprété à <strong>de</strong>ux niveaux : le premier<br />
dépend <strong>de</strong> l’individu, déterminé par ses préoccupations, son vécu <strong>et</strong> sa<br />
sensibilité. Le second dépend du groupe, il est conditionné par une<br />
culture collective, propre à une communauté ou à une société.<br />
Deux autres dimensions complètent c<strong>et</strong>te notion : la temporalité <strong>et</strong> le<br />
niveau d’échelle du paysage. Un paysage n’est pas figé, il évolue au<br />
rythme d’une journée, d’une saison, d’une année <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> interventions<br />
humaines. Il peut être appréhendé à l’échelle locale d’une exploitation<br />
ou à <strong><strong>de</strong>s</strong> échelles plus globales d’un coteau, d’une vallée, d’une appellation,<br />
voire d’un département.<br />
Les paysages viticoles constituent une expression singulière <strong><strong>de</strong>s</strong> paysages<br />
ruraux. Ces portions <strong>de</strong> territoire si particulières sont <strong><strong>de</strong>s</strong>sinées par<br />
l'alignement régulier <strong><strong>de</strong>s</strong> ceps, sculptés par le travail du vigneron <strong>et</strong> le<br />
découpage parcellaire.<br />
L'expression « paysage viticole » a été définie par L. Fabbri <strong>et</strong><br />
M. Demarque en 2003 comme « une entité révélée par une activité<br />
agricole liée à la culture <strong>de</strong> la vigne. Plus qu'une utilisation, le territoire<br />
concerné remplit une fonction économique : celle <strong>de</strong> produire dans un<br />
premier temps du raisin. Un paysage viticole peut donc se définir<br />
comme une entité révélée par une activité liée à la culture <strong>de</strong> la vigne,<br />
dont la fonction première est <strong>de</strong> produire du raisin. »<br />
1.1 DIVERSITÉ D’APPROCHE<br />
Le paysage, par son approche transversale <strong>et</strong> intégratrice, associe<br />
différentes disciplines <strong>et</strong> une diversité <strong>de</strong> conceptions paysagères.<br />
Certains privilégient le côté objectif du paysage <strong>et</strong> l’approche rationnelle<br />
<strong>de</strong> celui-ci, tels les naturalistes ou les géographes, tandis que<br />
d’autres, tels les paysagistes, privilégient une approche beaucoup plus<br />
picturale, cherchant à interpréter les lignes, les volumes ou les textures<br />
d’un paysage.<br />
1.2 ÉMERGENCE DE LA NOTION DE PAYSAGE EN<br />
VITICULTURE<br />
L’i<strong>de</strong>ntité d’un territoire est défini par différents éléments structurels du<br />
paysage, tels le relief, les sols, les systèmes <strong>de</strong> taille <strong>et</strong> <strong>de</strong> conduite, les<br />
cépages, leurs couleurs, les types <strong>de</strong> parcelles <strong>et</strong> leurs agencements.<br />
Ces éléments résultent <strong>de</strong> pratiques qui répon<strong>de</strong>nt à <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>man<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />
productions particulières dans un cadre juridique, politique, économique<br />
<strong>et</strong> historique précis.<br />
La mo<strong>de</strong>rnité a contribué à modifier les pratiques viticoles<br />
(remembrement, mécanisation, nouveaux mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> conduite). Les<br />
paysages sont la surface visible <strong>et</strong> sensible <strong><strong>de</strong>s</strong> nouveaux bouleversements<br />
territoriaux, ils laissent à ressentir les valeurs qu’on lui confère<br />
<strong>et</strong> l’intérêt qu’on lui porte.<br />
2. PROJET PAYSAGER<br />
2.1 DÉMARCHE DE PROJET<br />
La démarche peut être engagée à l’initiative d’un viticulteur, d’une<br />
collectivité ou bien encore d’un syndicat <strong>et</strong> elle doit apporter une<br />
réponse à leurs attentes.<br />
Elle se base sur un diagnostic <strong>de</strong> territoire <strong>et</strong> sur un plan <strong>de</strong> gestion,<br />
écrit en concertation avec tous les acteurs du proj<strong>et</strong> <strong>et</strong> qui donne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
pistes d’actions pour le territoire concerné. Il s’agit <strong>de</strong> construire un<br />
paysage <strong>de</strong> qualité, refl<strong>et</strong> <strong>et</strong> facteur d’un processus <strong>de</strong> développement<br />
durable, tant sur le plan agricole que rural <strong>et</strong> environnemental. En<br />
d’autres termes, c<strong>et</strong>te approche vise à développer une démarche<br />
paysagère qui, à la fois, améliore le système <strong>de</strong> production, contribue<br />
à insérer l’exploitation dans une dynamique locale <strong>et</strong> assure une bonne<br />
gestion <strong><strong>de</strong>s</strong> ressources naturelles <strong>et</strong> du paysage.<br />
Le leitmotiv d’une telle démarche est <strong>de</strong> réfléchir <strong>et</strong> <strong>de</strong> choisir un<br />
paysage plutôt que <strong>de</strong> le subir.<br />
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Aurélie LASNIER<br />
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2.2 VISION D’UNE PAYSAGISTE SUR UN VIGNOBLE<br />
À partir d’une étu<strong>de</strong> réalisée par ITV <strong>France</strong> (A. LASNIER), nous nous<br />
appuierons sur l’exemple <strong>de</strong> Reuil, commune champenoise située dans<br />
la vallée <strong>de</strong> la Marne qui cherchait à valoriser son paysage, pour<br />
développer c<strong>et</strong>te partie.<br />
La réflexion <strong>de</strong> ce village en matière <strong>de</strong> paysage fait suite à <strong>de</strong> premières<br />
actions réussies d’embellissement du village (fleurissement) <strong>et</strong><br />
d’aménagements du coteau (<strong>viticulture</strong> raisonnée, aménagements<br />
hydrauliques, aménagement parcellaire, enherbement).<br />
Ce village est également conscient <strong>de</strong> son potentiel touristique en<br />
matière <strong>de</strong> passage (positionné sur route touristique <strong>de</strong> Champagne,<br />
Marne, <strong>et</strong>c.), d’accueil (halte nautique, aire <strong>de</strong> pique-nique) <strong>et</strong> <strong>de</strong> visites<br />
(vignerons, potiers, musées, églises du XII ème siècle). Reuil dispose<br />
<strong>de</strong> tous les éléments nécessaires à l’accueil prolongé <strong><strong>de</strong>s</strong> touristes.<br />
Mais, <strong>de</strong> manière générale, ceux-ci ne s’arrêtent que quelques heures.<br />
L’objectif <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te commune est, notamment, d’utiliser le paysage pour<br />
le développement touristique <strong>et</strong> économique local. Son maire <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
viticulteurs veulent valoriser les actions réussies <strong>de</strong> fleurissement <strong>et</strong><br />
d’aménagement du coteau <strong>et</strong> éveiller l’intérêt <strong><strong>de</strong>s</strong> touristes afin <strong>de</strong> leur<br />
donner l’envie <strong>de</strong> s’arrêter <strong>et</strong> <strong>de</strong> séjourner dans leur village.<br />
Figure 1 : Dessin <strong>de</strong> Reuil vu <strong>de</strong>puis Oeuilly<br />
(Source A. Lasnier – ITV <strong>France</strong>)<br />
- typologie du vignoble,<br />
- paysage <strong>et</strong> bâti (village, monuments…),<br />
- paysage <strong>et</strong> communication,<br />
- agression du paysage viticole,<br />
- démarches <strong>de</strong> protection,<br />
- évolution du paysage.<br />
Pour conclure sur c<strong>et</strong>te première étape, la compréhension d’un<br />
paysage m<strong>et</strong> en avant plusieurs aspects :<br />
• elle révèle la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> proj<strong>et</strong>s viticoles,<br />
• elle apporte une complémentarité avec <strong><strong>de</strong>s</strong> visions d’agronomes,<br />
• elle perm<strong>et</strong> une recherche <strong>de</strong> cohérence avec les autres gestionnaires<br />
du territoire,<br />
• elle est un art du questionnement associé à la mise en place <strong>de</strong><br />
concertations <strong>et</strong> d’actions pour y répondre.<br />
2.3 PLAN DE GESTION<br />
Le diagnostic <strong>de</strong> paysage apporte la connaissance nécessaire d’un<br />
territoire pour le comprendre <strong>et</strong> le gérer. C’est l’argumentaire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
actions qui seront décidées <strong>et</strong> mises en œuvre. L’i<strong>de</strong>ntité, les spécificités,<br />
les éléments caractéristiques, les éléments à valoriser, ceux à<br />
améliorer dans ce paysage <strong>et</strong> les sous-unités caractéristiques <strong>de</strong> ces<br />
lieux sont à trouver. Les dynamiques d’évolution <strong>et</strong> les enjeux pour ce<br />
territoire doivent être formulés. Il convient <strong>de</strong> discuter, <strong>de</strong> compléter <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r la pré-étu<strong>de</strong> paysagère en concertation avec les acteurs du<br />
proj<strong>et</strong>, pour que celle-ci <strong>de</strong>vienne le diagnostic paysager du proj<strong>et</strong>.<br />
Figure 2 : Panneau circuit <strong><strong>de</strong>s</strong> vignobles<br />
Une première approche <strong>de</strong> terrain montre que :<br />
• Du point <strong>de</strong> vue i<strong>de</strong>ntitaire, Reuil a une i<strong>de</strong>ntité forte, c’est un<br />
village <strong>de</strong> transition, <strong>de</strong> rivière <strong>et</strong> <strong>de</strong> vignoble.<br />
• Du point <strong>de</strong> vue visibilité, il est intéressant <strong>de</strong> soulever les questions<br />
suivantes : comment un touriste découvre-t-il le village, comment<br />
se gui<strong>de</strong>-t-il dans le paysage <strong>et</strong> comment s’accroche-t-il<br />
visuellement au village La carte <strong>de</strong> visibilité du village, qui illustre<br />
les axes <strong>et</strong> vues qu’une personne peut avoir sur le village <strong>de</strong>puis<br />
les routes, points <strong>de</strong> vue <strong>et</strong> chemins proches, démontre que ce<br />
village est lové dans une <strong>de</strong>ntelle.<br />
• Pour aller plus loin dans l’analyse, nous pouvons observer plus<br />
attentivement le village <strong>et</strong> son vignoble afin <strong>de</strong> souligner quelques<br />
clés visuelles :<br />
- coexistence <strong>de</strong> tuiles rouges <strong>et</strong> <strong>de</strong> tuiles plus diverses,<br />
- grand enchevêtrement <strong>de</strong> parcelles,<br />
- présence d’un dépôt <strong>de</strong> gravats,<br />
- à qui appartient les chemins <strong>et</strong> comment peut-on circuler dans<br />
le vignoble <br />
- coexistence d’aménagement optimal <strong>et</strong> utilisation anarchique<br />
<strong>de</strong> traverses <strong>de</strong> chemins <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong> tôles ou <strong>de</strong> béton comme<br />
mur <strong>de</strong> soutènement, <strong>et</strong>c.<br />
À partir <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> quelques aspects méthodologiques fondamentaux<br />
peuvent être cernés :<br />
- définir <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntifier le territoire viticole concerné,<br />
- collecter <strong><strong>de</strong>s</strong> informations,<br />
- lire le paysage (composante, place du vignoble),<br />
Concernant les aspects méthodologiques, il est important <strong>de</strong> prendre<br />
en compte les aspects suivants :<br />
Transversalité <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> paysage : la richesse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te notion<br />
perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> concilier différentes sciences <strong>et</strong> approches d’un même territoire.<br />
Conviction <strong><strong>de</strong>s</strong> déci<strong>de</strong>urs : une démarche <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> ne peut réussir que<br />
si les déci<strong>de</strong>urs sont convaincus <strong>de</strong> son intérêt, la porte <strong>et</strong> la relance<br />
dans les réunions.<br />
Fil directeur clair : une démarche <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> doit répondre à une attente<br />
claire qui définit le fil conducteur <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> qui doit être respecté tout<br />
au long <strong>de</strong> la démarche.<br />
Concertation <strong>et</strong> démarche collective : proj<strong>et</strong>s partagés par tous.<br />
Emboîtement <strong><strong>de</strong>s</strong> échelles : une articulation optimale doit être trouvée<br />
entre les acteurs opérationnels (exploitations), les zones viticoles<br />
(communales, régionales, aires d’appellation) <strong>et</strong> les institutions territoriales<br />
(commune, groupement <strong>de</strong> communes, <strong>et</strong>c.).<br />
Implication d’un animateur : une personne doit être présente au quotidien<br />
pour porter l’action, suivre les réalisations, relancer les personnes<br />
au besoin, répondre aux interrogations, c’est-à-dire faire vivre le<br />
proj<strong>et</strong>.<br />
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Aurélie LASNIER<br />
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Financement : un financement complémentaire peut ai<strong>de</strong>r à lancer la<br />
démarche ou bien à réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> actions. Pour cela, il est nécessaire <strong>de</strong><br />
se renseigner auprès du département, <strong>de</strong> la région, <strong>de</strong> l’Europe, <strong>et</strong>c.<br />
Durée, temps nécessaire à la mise en place <strong><strong>de</strong>s</strong> actions : une démarche<br />
<strong>de</strong> proj<strong>et</strong> peut prendre jusqu’à 10 ans <strong>de</strong>puis son lancement jusqu’à<br />
la réalisation <strong>de</strong> toutes les actions ce qui justifie d’établir <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes<br />
intermédiaires.<br />
Entente entre les différents acteurs : pour bien travailler en concertation,<br />
les différents acteurs présents doivent se comprendre <strong>et</strong> se respecter.<br />
Démocratie participative : la population <strong>et</strong> tous les acteurs du territoire<br />
concernés doivent être consultés au maximum (réunions, sorties pédagogiques).<br />
Il s’agit <strong>de</strong> passer d’un paysage passif à un paysage actif.<br />
CONCLUSION<br />
Compte tenu <strong>de</strong> la richesse <strong>et</strong> <strong>de</strong> la transversalité <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> paysage, ce <strong>de</strong>rnier est un outil pertinent <strong>de</strong> lecture <strong>et</strong> <strong>de</strong> compréhension du<br />
rôle <strong>de</strong> la <strong>viticulture</strong> dans l’espace lors <strong>de</strong> l’élaboration du diagnostic du territoire.<br />
Il représente une entrée à la fois concrète <strong>et</strong> sensible <strong><strong>de</strong>s</strong> problématiques relatives à l’environnement, à l’aménagement du territoire <strong>et</strong> au développement<br />
local, durable.<br />
L’analyse du paysage perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> lire puis <strong>de</strong> comprendre comment les hommes agissent sur leur milieu. À l’échelle d’une exploitation, d’une commune,<br />
d’un coteau ou bien plus, le paysage perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> comprendre le fonctionnement, l’impact territorial <strong><strong>de</strong>s</strong> activités viticoles <strong>et</strong> d’y proj<strong>et</strong>er <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
évolutions futures, voulues ou probables. C<strong>et</strong>te lecture ne se suffit pas évi<strong>de</strong>mment, elle doit être complétée d’enquêtes <strong>et</strong> d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> documents<br />
afin d’obtenir un diagnostic <strong>de</strong> paysage ou <strong>de</strong> territoire.<br />
L’analyse paysagère est également un outil <strong>de</strong> suivi <strong>et</strong> d’évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> proj<strong>et</strong>s. Un observatoire photographique est un outil qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r<br />
en mémoire la physionomie passée d’un espace viticole <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> saisir <strong>et</strong> <strong>de</strong> visualiser une dynamique.<br />
C’est aussi un outil <strong>de</strong> communication <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> dialogue. Montrer un croquis d’un village ou une photo d’un coteau lors d’une réunion perm<strong>et</strong><br />
souvent <strong>de</strong> déclencher un discours <strong><strong>de</strong>s</strong> personnes présentes qui s’amusent à r<strong>et</strong>rouver les lieux qu’ils connaissent, à raconter une anecdote sur<br />
ceux-ci <strong>et</strong> ainsi qui finissent par s’approprier le proj<strong>et</strong>, se concerter <strong>et</strong> négocier ensemble.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
ENITA Clermont-Ferrand, Chambre d’agriculture <strong>de</strong> la Haute-Vienne, CRENA/CNRS UMR 5600, 2002. Le paysage dans un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> territoire – Démarche<br />
<strong>et</strong> métho<strong>de</strong> expérimentées en Limousin, Clermont-Ferrand, 66 p.<br />
FABBRI Laurence, DEMARQUE Monique, 2003. Les paysages viticoles <strong><strong>de</strong>s</strong> Côtes du Rhône gardoises, définition <strong>et</strong> caractérisation. Rapport d’étu<strong>de</strong>, Laboratoire<br />
Mutations <strong><strong>de</strong>s</strong> Territoires en Europe CNRS, UMR 5045 – Université Paul Valéry, Montpellier. 53 p.<br />
LASNIER Aurélie, LE ROY Hervé, 2004. Vigne <strong>et</strong> paysage font bon ménage. In Les 4 saisons du paysage, Solstices, Equinoxes en Champagne-Ar<strong>de</strong>nne. Bull<strong>et</strong>in<br />
d’information <strong>de</strong> la Fédération Régionale du Paysage, 4 p.<br />
LASNIER A., Étu<strong>de</strong> paysagère <strong>de</strong> Reuil : qualité du paysage <strong>et</strong> perspectives, septembre 2003<br />
MICHELIN Y., Lectures d'un territoire. in La médiation culturelle du territoire. Consultable sur le site :http://enfa.mip.educagri.fr/agriculture/Ressources/articles/mediation/Michelin-Paysage.htm<br />
ROCHARD Joël, Traité <strong>de</strong> <strong>viticulture</strong> <strong>et</strong> d’œnologie durable, éditions Avenir œnologie, 2005<br />
ROCHARD Joël, HERBIN Carine, Les paysages viticoles, éditions Fer<strong>et</strong>, 2006<br />
TOUBLANC M., 2004, Paysages en herbe, Ed Educagri, 295p.<br />
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Viticulture<br />
LE VERMENTINO : PRESENTATION,<br />
APTITUDE ET SELECTION CLONALE<br />
Nathalie USCIDDA, Laurent BOURDE, Gilles SALVA<br />
C.I.V.A.M. (Centre Innovation Valorisation Agriculture <strong>et</strong> Milieu) <strong>de</strong> la Région Corse<br />
20230 San Guiliano<br />
1. ORIGINE ET IMPORTANCE GÉOGRAPHIQUE<br />
Le vermentino aurait été introduit dès le XIV ème siècle en Corse puis<br />
successivement en Ligurie, en Provence <strong>et</strong> dans la province <strong>de</strong> Massacarrara.<br />
Il est difficile <strong>de</strong> cerner l’origine <strong>de</strong> ce cépage <strong>et</strong> les circonstances<br />
<strong>de</strong> son apparition dans le bassin méditerranéen…<br />
Certains auteurs semblent attribuer l’origine <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te variété à l’Espagne<br />
(PULLIAT) ou à l’île <strong>de</strong> Madère (FOEX), alors que l’on n’en trouve<br />
aucune trace dans la péninsule ibérique… La zone <strong>de</strong> culture <strong>de</strong> ce<br />
cépage a toujours été celle du littoral.<br />
En Corse, il est classé recommandé <strong>et</strong> c’est le cépage principal <strong>de</strong> tous<br />
les vins blancs d’appellation.<br />
Il occuperait actuellement près <strong>de</strong> 1100 ha. Il est cultivé en Italie,<br />
particulièrement dans le nord <strong>de</strong> la Sardaigne où il existe une dénomination<br />
«Vermentino di Gallura», mais également en Ligurie, en<br />
Toscane <strong>et</strong> dans le Piémont.<br />
Il est aussi présent dans plusieurs vignobles du midi <strong>de</strong> la <strong>France</strong> :<br />
• en recommandé dans les départements <strong><strong>de</strong>s</strong> Alpes Maritimes, Var,<br />
Bouches-du-Rhône, Hérault, Gard <strong>et</strong> Pyrénées-Orientales,<br />
• en autorisé dans les Alpes <strong>de</strong> Haute-Provence, Hautes Alpes,<br />
Vaucluse, Drôme <strong>et</strong> Ardèche.<br />
Le vermentino est en progression : sa superficie totale avoisine actuellement<br />
les 10 000 ha.<br />
2. SYNONYMES<br />
Il est appelé rolle en Provence, varlentin dans les Alpes-Maritimes,<br />
vermentinu, malvoisie <strong>de</strong> Corse, malvasia ou encore garbesso en<br />
Corse.<br />
En Italie, on lui connaît comme synonymes agostenga, pigato mais<br />
aussi favorita.<br />
Enfin, on le r<strong>et</strong>rouve dans la littérature sous les noms <strong>de</strong> fourmentin <strong>et</strong><br />
carica l’azino en Italie, malvoisie à gros grains <strong>et</strong> uva vermentinu en<br />
Corse.<br />
3. AMPELOGRAPHIE<br />
Le vermentino présente un port dressé <strong>et</strong> une vigueur moyenne.<br />
Les grappes sont <strong>de</strong> taille moyenne à grosse, tronconiques, <strong>de</strong> compacité<br />
moyenne, au pédoncule long (mi-aoûté). Les baies sont blanches<br />
(pouvant <strong>de</strong>venir jaune-ambrées à roses), légèrement ellipsoï<strong><strong>de</strong>s</strong>,<br />
grosses, à la peau d’épaisseur moyenne, au jus incolore, <strong>et</strong> <strong>de</strong> saveur<br />
simple.<br />
Ses feuilles adultes sont <strong>de</strong> taille moyenne, orbiculaires, au limbe tourmenté<br />
<strong>et</strong> lobes révolutés, face supérieure glabre, face inférieure<br />
séteuse <strong>et</strong> aranéeuse sur les nervures, voire également duv<strong>et</strong>euse sur<br />
le limbe. La surface est finement bullée, vert foncé au point pétiolaire<br />
vert. Le pétiole est court, glabre <strong>et</strong> partiellement coloré.<br />
Le bourgeonnement est épanoui, cotonneux, blanc à liseré carminé.<br />
Les sarments sont longs, forts, peu ramifiés, <strong>de</strong> section transversale<br />
elliptique, à la surface striée, aux mérithalles <strong>de</strong> longueur moyenne,<br />
marrons clairs à raies plus foncées, aux nœuds globuleux <strong>et</strong> <strong>de</strong> couleur<br />
plus foncée, aux yeux coniques.<br />
4. UN POINT SUR LA PHÉNOLOGIE<br />
Débourrement<br />
Floraison<br />
: 1 er déca<strong>de</strong> d’avril<br />
: 1 ère déca<strong>de</strong> <strong>de</strong> juin<br />
Véraison<br />
Maturité<br />
: 1 ère quinzaine d’août<br />
: 2 ème époque, précoce à normal.<br />
5. APTITUDES CULTURALES ET AGRONOMIQUES<br />
Le vermentino est un cépage peu exigeant, réputé <strong>de</strong> nature facile en<br />
climat méditerranéen littoral. De vigueur <strong>et</strong> <strong>de</strong> fertilité moyennes, sa<br />
production est régulière, ses ren<strong>de</strong>ments moyens en coteaux à élevés<br />
en plaine. Il est préférable d’éviter les zones froi<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> les sols à forte<br />
alimentation hydrique.<br />
Dans les terroirs peu favorables, il est conseillé, afin d’atteindre les<br />
objectifs <strong>de</strong> qualité <strong>et</strong> <strong>de</strong> maturité souhaités, d’adapter les mo<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong><br />
conduite (taille courte / palissage / ren<strong>de</strong>ment / porte-greffe).<br />
6. SENSIBILITÉ AUX MALADIES<br />
Ce cépage est peu sensible à la pourriture grise, moyennement sensible à la pourriture aci<strong>de</strong> <strong>et</strong> à l’oïdium.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LE VERMENTINO : PRÉSENTATION, APTITUDE ET<br />
SÉLECTION CLONALE<br />
Nathalie USCIDDA<br />
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7. POTENTIALITÉS TECHNOLOGIQUES<br />
Le vermentino peut atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>grés potentiels satisfaisants (<strong>de</strong><br />
l’ordre <strong>de</strong> 12 à 13 % vol), mais résiste moyennement, si sa pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
maturation se prolonge, à la dégradation <strong>de</strong> l’acidité. Il peut alors présenter<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> acidités totales faibles (< 4g/l H 2 SO 4 ) associées à <strong><strong>de</strong>s</strong> pH<br />
élevés. Une acidification raisonnée à la vendange perm<strong>et</strong>tra alors <strong>de</strong><br />
rééquilibrer le vin.<br />
Soumis à <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions d’alimentation hydrique forte, ce cépage atteindra<br />
difficilement un niveau <strong>de</strong> maturité suffisant.<br />
Un vin <strong>de</strong> vermentino <strong>de</strong> qualité est nécessairement obtenu en thermorégulant<br />
la fermentation : vers 15° C les vins sont plus technologiques<br />
alors que vers 18° C, les vins sont classiques <strong>et</strong> les arômes variétaux<br />
plus présents.<br />
Si l’on veut élaborer <strong><strong>de</strong>s</strong> vins pâles, frais, fins, floraux, il faut éviter la<br />
fermentation malolactique. Elle peut, cependant, être réalisée si l’on<br />
désire produire <strong><strong>de</strong>s</strong> vins moins vifs, plus gras, avec une gamme olfactive<br />
différente (moins florale, plus lactée) <strong>et</strong> une teinte plus jaune.<br />
La fermentation alcoolique, suivie d’un élevage en fûts <strong>de</strong> chêne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
vins <strong>de</strong> vermentino, perm<strong>et</strong> une évolution <strong>de</strong> leur pal<strong>et</strong>te aromatique<br />
vers une gamme vraiment plus complexe, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> notes <strong>de</strong> types<br />
fruité, agrume, floral, pain grillé, vanille, fumé, voire épicé, <strong>et</strong> leur<br />
confère une aptitu<strong>de</strong> au vieillissement particulièrement intéressante.<br />
Ces phénomènes s’accompagnent également d’une amélioration du<br />
corps, <strong>de</strong> la puissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> la longueur en bouche.<br />
La macération pelliculaire <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts <strong>de</strong> vermentino entraîne une modification<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> vins : ils apparaissent légèrement plus jaunes, avec un nez<br />
plus intense mais aussi <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes plus lourds. L’examen gustatif<br />
révèle <strong><strong>de</strong>s</strong> vins plus persistants, plus amples.<br />
La stabulation liqui<strong>de</strong> à froid donne naissance à <strong><strong>de</strong>s</strong> vins un peu moins<br />
exubérants (au niveau olfactif) mais souvent plus fins.<br />
Avant la fermentation alcoolique un réajustement en bourbes fines est<br />
impératif (trouble conseillé : 50-150 N.T.U.) afin d’éviter <strong><strong>de</strong>s</strong> fermentations<br />
languissantes.<br />
8. PROFIL SENSORIEL<br />
Le potentiel organoleptique du vermentino est remarquable. C’est un<br />
cépage qui perm<strong>et</strong> d’obtenir <strong><strong>de</strong>s</strong> vins blancs haut <strong>de</strong> gamme avec une<br />
vaste pal<strong>et</strong>te aromatique.<br />
- Vendangé avec un <strong>de</strong>gré potentiel <strong>de</strong> 10,5-11,5 % vol., le<br />
vermentino donne naissance à <strong><strong>de</strong>s</strong> vins jaunes pâles avec <strong><strong>de</strong>s</strong> refl<strong>et</strong>s<br />
verts, au nez élégant où les notes <strong>de</strong> fleurs blanches (fleurs d’arbres<br />
fruitiers, aubépine, acacia, <strong>et</strong>c.), se mêlent à celles <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits blancs<br />
(poire, pomme, <strong>et</strong>c. ), <strong><strong>de</strong>s</strong> agrumes <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> fruits exotiques. En bouche,<br />
ils présentent <strong>de</strong> la vivacité tout en restant équilibrés.<br />
- Vendangé avec un <strong>de</strong>gré potentiel <strong>de</strong> 11,5-12,5 % vol., le<br />
vermentino produit <strong><strong>de</strong>s</strong> vins légèrement plus jaunes, dont le nez est<br />
plus expressif avec <strong><strong>de</strong>s</strong> notes supplémentaires <strong>de</strong> fleurs jaunes<br />
(genêt, <strong>et</strong>c.), <strong>de</strong> miel, <strong>de</strong> pollen <strong>et</strong> parfois même <strong>de</strong> fruits secs. En<br />
bouche, ils sont plus complexes, plus gras <strong>et</strong> plus amples.<br />
9. SÉLECTION<br />
Elle a abouti à l’obtention <strong>de</strong> 18 clones sains en <strong>France</strong>, parmi lesquels<br />
12 ont été agréés (N° 639, 640, 766, 795, 856, 876, 912, 913, 914,<br />
915, 963, 964). Ces clones ont été obtenus à partir <strong>de</strong> souches sélectionnées<br />
en Corse.<br />
10. COMPORTEMENT AGRONOMIQUE ET ORGANOLEPTIQUE DES 10 CLONES DE VERMENTINO<br />
PROPOSÉS À LA MULTIPLICATION<br />
L’objectif est <strong>de</strong> proposer <strong><strong>de</strong>s</strong> clefs <strong>de</strong> choix rapi<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> clones <strong>de</strong><br />
vermentino (voir Annexe 1, page 5 ).<br />
10.1 LE MATÉRIEL VÉGÉTAL ET LA MÉTHODE DE TRAVAIL<br />
Les 10 clones étudiés sont présentés dans le tableau qui suit.<br />
Les caractéristiques culturales <strong>de</strong> la parcelle expérimentale<br />
sont les suivantes :<br />
• Elle a été plantée, en 1992, sur la commune <strong>de</strong> San Giuliano<br />
(Haute-Corse), sur un sol profond, constitué d’alluvions anciennes<br />
argileuses, assez riches en matière organique, conférant une certaine<br />
vigueur,<br />
• Densité : 4 000 souches/ha (2,5m x 1m).<br />
• S.F.E.p = 7 080 m 2 /ha.<br />
• Porte-greffe : R110.<br />
• Mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> conduite : cordon <strong>de</strong> Royat 4 coursons palissé, désherbage<br />
total, protection phytosanitaire classique.<br />
• Zone : Vins <strong>de</strong> Pays.<br />
• Dispositif expérimental: blocs à 5 répétitions <strong>de</strong> 10 souches, soit 50<br />
souches par clone.<br />
L’enregistrement <strong><strong>de</strong>s</strong> performances s’opère comme suit :<br />
Aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> agronomiques<br />
(1) Le Civam <strong>de</strong> la région Corse est antenne régionale E.N.T.A.V<br />
Observations du végétal <strong>et</strong> <strong>de</strong> la maturité, à partir <strong>de</strong> la 4 ème feuille <strong>et</strong><br />
pendant 8 ans (1996-2003) :<br />
• sta<strong><strong>de</strong>s</strong> phénologiques (débourrement-véraison),<br />
• production (ren<strong>de</strong>ment) exprimée en kg par cep,<br />
• fertilité exprimée en nombre <strong>de</strong> grappes par cep,<br />
LE VERMENTINO : PRÉSENTATION, APTITUDE ET<br />
SÉLECTION CLONALE<br />
Nathalie USCIDDA<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 5
Viticulture<br />
• contrôles <strong>de</strong> maturité, sensibilité aux maladies <strong>et</strong> aux parasites,<br />
• poids <strong><strong>de</strong>s</strong> bois <strong>de</strong> taille exprimé en kg par cep.<br />
<br />
Aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> œnologiques<br />
Les vinifications respectent le protocole en vigueur, elles s'opèrent à<br />
partir <strong>de</strong> la 7 ème feuille <strong>et</strong> pendant 5 ans (1999-2003) , selon le schéma<br />
général mis en place en Corse pour produire <strong><strong>de</strong>s</strong> vins blancs.<br />
Issus <strong>de</strong> chaque clone, ces vins sont ensuite analysés puis dégustés<br />
par un jury <strong>de</strong> professionnels.<br />
10.2 RÉSULTATS<br />
10.2.1 STADES PHÉNOLOGIQUES<br />
Tableau 1 : Sta<strong><strong>de</strong>s</strong> phénologiques moyens enregistrés <strong>de</strong> 1996 à<br />
2003<br />
Numéro <strong>de</strong> clone<br />
Débourrement Véraison<br />
Date<br />
Date<br />
639 8/04 6/08<br />
640 8/04 5/08<br />
766 8/04 6/08<br />
795 8/04 5/08<br />
856 8/04 5/08<br />
876 8/04 5/08<br />
912 8/04 5/08<br />
913 8/04 5/08<br />
914 9/04 6/08<br />
915 9/04 5/08<br />
Les comportements <strong><strong>de</strong>s</strong> clones lors du débourrement sont similaires.<br />
À la véraison, les différences sont minimes (1 jour) mais se répètent<br />
chaque année : les clones les plus tardifs sont les N° 639, 914, 766 <strong>et</strong><br />
915. À l’inverse, les plus précoces seraient les N° 640 (résultat déjà<br />
enregistré sur la collection 1988), 913 <strong>et</strong> 876.<br />
10.2.2 CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉCOLTE<br />
Tableau 2 : Moyennes enregistrées <strong>de</strong> 1996 à 2003<br />
Numéro<br />
<strong>de</strong> clone<br />
Ren<strong>de</strong>ment<br />
ou Poids <strong>de</strong><br />
récolte<br />
(kg/cep)<br />
(1) au seuil <strong>de</strong> 5 %<br />
(2) Uniquement en 2002 <strong>et</strong> 2003.<br />
Fertilité<br />
(nombre<br />
<strong>de</strong> grappes/cep)<br />
Poids <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
bois <strong>de</strong><br />
taille<br />
(kg/cep)<br />
(2)<br />
Poids moyen<br />
d'une grappe<br />
(kg)<br />
Poids <strong>de</strong><br />
100 baies<br />
(g)<br />
639 3.61 (abc) 10.4 0.82 0.345 (ab) 376<br />
640 3.57 (abc) 10.3 0.79 0.351 (ab) 395<br />
766 3.48 (bc) 10.3 0.81 0.330 (ab) 355<br />
795 3.73 (ab) 10.6 0.78 0.353 (ab) 373<br />
856 3.44 (bc) 9.9 0.82 0.343 (ab) 399<br />
876 3.21 (c) 9.7 0.88 0.333 (b) 387<br />
912 3.97 (a) 10.8 0.81 0.369 (a) 378<br />
913 3.69 (ab) 10.3 0.77 0.353 (ab) 386<br />
914 3.24 (c) 9.7 0.81 0.332 (b) 389<br />
915 3.69 (ab) 10.8 0.84 0.341 (ab) 372<br />
Analyses<br />
statistiques<br />
(1)<br />
s ns ns s ns<br />
Il y a <strong><strong>de</strong>s</strong> différences significatives au niveau du ren<strong>de</strong>ment : le N° 912<br />
est le plus productif <strong>de</strong> l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> clones, à l’inverse, les N° 876 <strong>et</strong><br />
914 sont les moins productifs. Ces différences apparaissent à la fois en<br />
relation avec le poids <strong><strong>de</strong>s</strong> grappes <strong>et</strong> la fertilité.<br />
Notons, à ce propos, que les clones les plus fertiles sont les N° 912 <strong>et</strong><br />
915, <strong>et</strong> que les clones les moins fertiles sont les N° 876 <strong>et</strong> 914.<br />
De même, les baies <strong><strong>de</strong>s</strong> clones 856 <strong>et</strong> 640 sont les plus grosses.<br />
Ces résultats ne présentent cependant pas <strong>de</strong> différences significatives<br />
à l’analyse <strong>de</strong> variance. Les l<strong>et</strong>tres a,b,c entre parenthèses correspon<strong>de</strong>nt<br />
à <strong><strong>de</strong>s</strong> groupes homogènes d'analyses <strong>de</strong> variance au seuil <strong>de</strong><br />
5 %.<br />
10.2.3 LES CONTRÔLES DE MATURITÉ À LA VENDANGE<br />
Tableau 3 : Moyennes enregistrées <strong>de</strong> 1996 à 2002<br />
Numéro <strong>de</strong> clone<br />
(1) au seuil <strong>de</strong> 5 %<br />
La richesse en sucres sur les récoltes <strong><strong>de</strong>s</strong> clones 640, 766, 856, 876,<br />
912 <strong>et</strong> 913 est statistiquement similaire, correcte, supérieure aux clones<br />
795 <strong>et</strong> 915 (dont les T.A.P. sont les plus faibles), légèrement supérieure<br />
au clone 639 <strong>et</strong> légèrement inférieure au clone 914.<br />
L’aptitu<strong>de</strong> à accumuler les sucres <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier est la plus élevée, il<br />
présente également <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques aci<strong><strong>de</strong>s</strong> très convenables mais<br />
reste peu productif.<br />
Les N° 639, 766 <strong>et</strong> 795 affichent une acidité totale significativement<br />
plus élevée <strong>et</strong> un pH significativement plus bas.<br />
À l’inverse, les N° 912, 913 <strong>et</strong> 876 présentent les caractéristiques aci<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
les plus faibles.<br />
Le N° 912, très productif, est le clone donnant les moûts les moins<br />
aci<strong><strong>de</strong>s</strong>.<br />
10.2.4 CARACTÉRISTIQUES ANALYTIQUES DES VINS<br />
Tableau 4 : Moyennes enregistrées <strong>de</strong> 1999 à 2003<br />
(1) au seuil <strong>de</strong> 5%<br />
T.A.P<br />
(% vol)<br />
Acidité totale<br />
(g/l H 2 SO 4 )<br />
639 11.3 (bc) 3.55 (a) 3.45 (c)<br />
640 11.5 (ab) 3.39 (abcd) 3.48 (abc)<br />
766 11.5 (ab) 3.54 (a) 3.46 (bc)<br />
795 11.1 (c) 3.47 (ab) 3.44 (c)<br />
856 11.6 (ab) 3.42 (abc) 3.47 (bc)<br />
876 11.5 (ab) 3.28 (cd) 3.54 (a)<br />
912 11.5 (ab) 3.23 (d) 3.49 (abc)<br />
913 11.6 (ab) 3.27 (cd) 3.51 (ab)<br />
914 11.7 (a) 3.41 (abc) 3.50 (abc)<br />
915 11.1 (c) 3.36 (bcd) 3.50 (abc)<br />
Analyses statistiques<br />
(1)<br />
S S S<br />
Numéro <strong>de</strong><br />
clone<br />
T.A.V<br />
(% vol)<br />
Acidité<br />
totale<br />
(g/l H 2SO 4)<br />
pH<br />
Aci<strong>de</strong><br />
malique<br />
(g/l)<br />
Aci<strong>de</strong><br />
tartrique<br />
(g/l)<br />
pH<br />
Do 280<br />
639 11.9 3.98 3.21 1.84 1.69 (b) 5.4<br />
640 12.2 3.96 3.24 1.90 1.58 (b) 5.3<br />
766 12.2 4.04 3.22 1.97 1.78 (ab) 5.4<br />
795 12.0 4.06 3.16 1.69 1.95 (a) 5.1<br />
856 12.5 4.07 3.26 2.01 1.54 (b) 5.1<br />
876 12.1 3.78 3.31 1.84 1.50 (b) 5.2<br />
912 12.3 4.06 3.27 1.68 1.84 (ab) 5.1<br />
913 12.3 3.87 3.26 1.75 1.55 (b) 5.3<br />
914 12.3 4.09 3.24 1.73 1.65 (b) 5.3<br />
915 11.8 3.97 3.25 1.77 1.67 (b) 5.6<br />
Analyses<br />
statistiques (1)<br />
NS NS - NS S NS<br />
LE VERMENTINO : PRÉSENTATION, APTITUDE ET<br />
SÉLECTION CLONALE<br />
Nathalie USCIDDA<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 6
Viticulture<br />
Après vinifications, le clone N° 914 confirme son aptitu<strong>de</strong> à produire<br />
les vins dont les titres alcoométriques sont parmi les plus élevés, aptitu<strong>de</strong><br />
également commune au clone N° 856.<br />
Comme sur moût, les vins issus <strong><strong>de</strong>s</strong> N° 915 <strong>et</strong> N° 639 présentent les<br />
T.A.V. les plus faibles.<br />
Le clone N° 876 confirme sa faculté à produire un vin dont l’acidité<br />
totale est la plus faible <strong>et</strong> le pH le plus fort. De plus, son taux d’aci<strong>de</strong><br />
tartrique est également le plus faible.<br />
À l’inverse, le clone N° 795 produit le vin dont les caractéristiques<br />
aci<strong><strong>de</strong>s</strong> sont parmi les plus élevées avec le pH le plus faible <strong>et</strong> un taux<br />
d’aci<strong>de</strong> tartrique significativement plus fort.<br />
Les taux d’aci<strong>de</strong> malique <strong>et</strong> les indices <strong>de</strong> polyphénols totaux sont<br />
comparables d’un clone à l’autre.<br />
10.2.5 CARACTÉRISTIQUES SENSORIELLES DES VINS<br />
Les vins produits par l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> clones sont très convenables <strong>et</strong><br />
conformes à la typicité organoleptique du cépage vermentino. Globalement,<br />
l’appréciation hédonique a permis <strong>de</strong> classer les vins issus <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
clones en 4 groupes :<br />
• caractéristiques organoleptiques supérieures, clone 876,<br />
• caractéristiques organoleptiques assez bonnes, clones 766, 795 <strong>et</strong> 913,<br />
• caractéristiques organoleptiques correctes, clones 639, 640, 856, 915,<br />
• caractéristiques organoleptiques correctes mais inférieures, clones<br />
912 <strong>et</strong> 914.<br />
10.3 POTENTIEL DE PRODUCTION DES CLONES DE<br />
VERMENTINO<br />
Tableau 5 : Synthèse <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats<br />
Numéro<br />
<strong>de</strong><br />
clone<br />
Ren<strong>de</strong>ment Fertilité<br />
Richesse<br />
en sucres<br />
639<br />
= / convenable<br />
640<br />
= / convenable<br />
766<br />
- / correct<br />
mais inférieur<br />
795<br />
+ / correct à<br />
supérieur<br />
856<br />
- / correct<br />
mais inférieur<br />
= / correcte<br />
- / correcte<br />
mais inférieure<br />
Acidité<br />
= / correcte<br />
= / correcte<br />
= / correcte<br />
Caractéristiques<br />
organoleptiques<br />
du vin<br />
+ / bonne = / correctes<br />
= / correctes<br />
= / correcte<br />
= / correcte + / bonne + / assez bonnes<br />
= / correcte<br />
= / correcte<br />
876 - / inférieur Correcte /<br />
faible<br />
912 + / supérieur correcte /<br />
élevée<br />
913 + / correct à<br />
supérieur<br />
= / correcte<br />
- / correcte<br />
mais inférieure<br />
+ / bonne<br />
(sur TAV)<br />
= / correcte<br />
= / correcte<br />
= / correcte<br />
+ / bonne + / assez bonnes<br />
= / correcte<br />
- / correcte<br />
mais<br />
inférieure<br />
- / correcte<br />
mais<br />
inférieure<br />
- / correcte<br />
mais<br />
inférieure<br />
= / correctes<br />
++ / supérieures<br />
- / correctes mais<br />
inférieures<br />
+ / assez bonnes<br />
Correcte /<br />
= / correcte<br />
914 - / inférieur + / bonne<br />
faible<br />
- / correctes mais<br />
inférieures<br />
915<br />
+ / correct à<br />
supérieur<br />
correcte /<br />
élevée<br />
- / correcte<br />
mais inférieure<br />
= / correcte<br />
= / correctes<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
(1) Civam <strong>de</strong> la région Corse, 1998. Étu<strong>de</strong> agronomique <strong>et</strong> organoleptique <strong>de</strong> quelques clones <strong>de</strong> cépages corses. Publication Civam <strong>de</strong> la<br />
région Corse.<br />
(2) Uscidda Nathalie, Salva G. <strong>et</strong> Zanardo D., 2002 . Aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> clones <strong>de</strong> cépages Corses. vermentino N° 766, 795, 856 Publication<br />
Civam <strong>de</strong> la région Corse.<br />
(2) Uscidda Nathalie, Salva G. <strong>et</strong> Zanardo D.,2004. Aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> clones <strong>de</strong> vermentino N°9,52,69,74,84. Publication Civam <strong>de</strong> la région<br />
Corse.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LE VERMENTINO : PRÉSENTATION, APTITUDE ET<br />
SÉLECTION CLONALE<br />
Nathalie USCIDDA<br />
Page 7
Viticulture<br />
ANNEXE 1<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LE VERMENTINO : PRÉSENTATION, APTITUDE ET<br />
SÉLECTION CLONALE<br />
Nathalie USCIDDA<br />
Page 8
Vinification spéciale<br />
VINS BLANCS A SUCRES RESIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
CARACTÉRISATION DE LA VENDANGE, APTITUDE À LA COMBINAISON<br />
ET FERMENTESCIBILITÉ DU MOÛT - 1 ÈRE PARTIE<br />
P. POUPAULT, E. VINSONNEAU<br />
ITV <strong>France</strong><br />
46, avenue Gustave Eiffel - 37095 Tours ce<strong>de</strong>x 2<br />
INTRODUCTION<br />
C<strong>et</strong>te première partie traite <strong><strong>de</strong>s</strong> opérations pré-fermentaires liées à l’élaboration <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> vin, en étudiant les aspects liés à la botrytisation <strong>et</strong><br />
ses conséquences sur les phénomènes <strong>de</strong> combinaison du SO 2 . Les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> menées sur la cinétique fermentaire (inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la souche <strong>de</strong> levure)<br />
sont également présentées.<br />
1. MATÉRIELS ET MÉTHODES MIS EN PLACE<br />
1.1 CARACTÉRISATION DE LA VENDANGE<br />
Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> millésimes 1999 à 2001, les paramètres analytiques sont<br />
suivis sur une vingtaine <strong>de</strong> parcelles <strong>de</strong> chenin en Touraine. Les<br />
données relatives à la nature <strong>et</strong> à l’importance <strong>de</strong> la pourriture sont<br />
également prises en compte pour caractériser la vendange, selon les<br />
classes définies par Bernard DONECHE (3). L’ensemble <strong>de</strong> ces données<br />
est traité statistiquement (Analyse <strong>de</strong> variance – Analyse en Composantes<br />
Principales [ACP]), pour m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce <strong><strong>de</strong>s</strong> corrélations<br />
entre état sanitaire, maturité <strong>de</strong> la vendange <strong>et</strong> la cinétique fermentaire<br />
(fermentescibilité), pouvoir <strong>de</strong> combinaison du SO 2 (4).<br />
Au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes millésimes, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> parcelles <strong>de</strong> sémillon en<br />
Bor<strong>de</strong>lais, le suivi du pouvoir combinant le SO 2 sur raisin, sur moût<br />
puis sur vin est étudié, en même temps que ses caractéristiques<br />
physico-chimiques. Certains indices sont mis en évi<strong>de</strong>nce pour mieux<br />
appréhen<strong>de</strong>r les phénomènes <strong>de</strong> combinaison <strong>et</strong> l’état sanitaire.<br />
1.2 RÔLE DE LA LEVURE DANS LA CINÉTIQUE<br />
FERMENTAIRE - FACTEURS INFLUENÇANT SON<br />
COMPORTEMENT<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong> vins <strong>de</strong>mi-secs à liquoreux, le rôle <strong>de</strong><br />
la souche <strong>de</strong> levure dans l’obtention <strong>de</strong> l’équilibre sucres/alcool désiré<br />
est étudié. De nombreuses souches commerciales sont mises au banc<br />
d’essai sur <strong><strong>de</strong>s</strong> jus <strong>de</strong> raisins naturels ou artificiels (milieux<br />
synthétiques).<br />
La cinétique fermentaire <strong>de</strong> ces micro-vinifications (500 ml) est suivie<br />
par perte <strong>de</strong> poids. Les souches les plus intéressantes, c’est-à-dire<br />
présentant une cinétique ralentie à l’approche <strong>de</strong> l’équilibre pour<br />
faciliter le mutage, sont étudiées en plus grand volume (20 litres) <strong>et</strong><br />
les caractéristiques sensorielles <strong><strong>de</strong>s</strong> vins <strong>de</strong>mi-secs à moelleux obtenus<br />
sont déterminées par <strong><strong>de</strong>s</strong> jurys <strong>de</strong> dégustateurs (techniciens,<br />
viticulteurs).<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux réalisés au laboratoire sur<br />
milieu synthétique <strong>et</strong> jus <strong>de</strong> raisins en micro-vinifications (1 litre) perm<strong>et</strong>tent<br />
<strong>de</strong> mesurer <strong>et</strong> connaître l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs suivants sur la<br />
cinétique fermentaire <strong>et</strong> l’état physiologique <strong><strong>de</strong>s</strong> levures : pH, sucres<br />
résiduels, éthanol au mutage, température après le mutage.<br />
2. RÉSULTATS<br />
2.1 CARACTÉRISATION DE LA VENDANGE ET<br />
COMBINAISON DU SO 2<br />
Sur le millésime 1999, l’analyse <strong>de</strong> variance (Test <strong>de</strong> Fisher) montre<br />
qu’il existe un eff<strong>et</strong> moût significatif sur la durée <strong>de</strong> fermentation. La<br />
régression linéaire multiple montre que la variable qui a le plus <strong>de</strong><br />
poids <strong>et</strong> qui est la plus corrélée à la durée <strong>de</strong> fermentation est la teneur<br />
en sucres initiale. La teneur en azote assimilable est ici très peu<br />
corrélée à la durée <strong>de</strong> fermentation ; les faibles teneurs (
Vinification spéciale<br />
Graphique 1 : Résultat <strong>de</strong> l’ACP sur les caractéristiques <strong>de</strong> moûts <strong>et</strong> <strong>de</strong> vins correspondant—ITV Tours, 2001<br />
0,8<br />
0,6<br />
CV-08-PG<br />
<br />
CV-08-V<br />
Laccase<br />
Axe Vertical F 2<br />
Schaef f er<br />
0,4<br />
Nass<br />
CV-08-D<br />
FP-07-PG<br />
FC-05-D<br />
FP-07-PN<br />
DM-04-V<br />
0,2<br />
MR-06-V<br />
CG-03-D<br />
CV-08-PN<br />
ac pyr<br />
latence<br />
acétal MR-06-D<br />
FC-05-PN FC-05-PG<br />
pH<br />
FP-07-D<br />
FC-05-V<br />
FP-07-V<br />
JB-01-D 0 CG-03-PG<br />
-1 -0,8 -0,6<br />
ac céto<br />
DM-04-D<br />
-0,4 -0,2 0 0,2 0,4 LE-02-V 0,6 0,8 1 1,2<br />
MR-06-PN<br />
LE-02-D<br />
DM-04-PG<br />
MR-06-PG<br />
CG-03-PN<br />
-0,2<br />
SO2L<br />
DM-04-PN<br />
CG-03-V<br />
-0,4<br />
LE-02-PN<br />
JB-01-PG<br />
dur ée FA<br />
JB-01-PN<br />
-0,6<br />
LE-02-PG<br />
TAP<br />
-0,8<br />
gl y/ gl u<br />
L’analyse porte sur les facteurs expliquant au moins 10 % <strong>de</strong> l’inertie<br />
du nuage <strong>de</strong> points. Ils sont au nombre <strong>de</strong> trois, pouvant discriminer la<br />
population d’individus :<br />
• la maturité <strong>de</strong> la vendange (pourcentage <strong>de</strong> baies saines, TAP <strong>et</strong><br />
acidité),<br />
• l’état final <strong><strong>de</strong>s</strong> vins du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur fermentescibilité,<br />
• l’aptitu<strong>de</strong> fermentaire du moût (azote assimilable, vitesse maximale<br />
<strong>de</strong> fermentation).<br />
L’étu<strong>de</strong> statistique montre que ces trois caractéristiques sont indépendantes<br />
les unes <strong><strong>de</strong>s</strong> autres, quant à leur manière <strong>de</strong> différencier les<br />
échantillons.<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> corrélations confirme que :<br />
• plus la concentration en sucres du moût est importante, plus la<br />
fermentation est longue <strong>et</strong> difficile,<br />
• la concentration en azote assimilable du moût a une influence directe<br />
sur la vitesse maximale <strong>de</strong> la fermentation alcoolique,<br />
-1<br />
Axe Horizontal F 1<br />
• la combinaison du SO 2 dans le vin est liée à la concentration en<br />
acétaldéhy<strong>de</strong>, en aci<strong>de</strong> pyruvique <strong>et</strong> en aci<strong>de</strong> accétoglutarique,<br />
• l’activité Laccase est bien corrélée au rapport glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique<br />
sur moût <strong>et</strong>, donc, bien corrélée au développement <strong>de</strong> Botrytis<br />
cinerea.<br />
Lors du millésime 2001, le nombre <strong>de</strong> classes r<strong>et</strong>enues, sur 6 parcelles,<br />
pour caractériser la pourriture est <strong>de</strong> 4 ; baies vertes, grains dorés,<br />
pourri noble <strong>et</strong> pourri gris .<br />
L’analyse statistique porte sur les caractéristiques du jus débourbé,<br />
celles <strong>de</strong> la cinétique fermentaire <strong>et</strong> celles du vin.<br />
Une ACP perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> distinguer les variables à utiliser pour caractériser<br />
au mieux les échantillons, afin <strong>de</strong> différencier au maximum les individus.<br />
C<strong>et</strong>te analyse statistique, après sélection <strong><strong>de</strong>s</strong> variables discriminantes,<br />
porte sur seulement <strong>de</strong>ux groupes <strong>de</strong> facteurs qui expliquent<br />
84 % <strong>de</strong> l’inertie du nuage <strong>de</strong> points <strong><strong>de</strong>s</strong> individus (Voir Graphique<br />
2).<br />
Graphique 2 : Résultat <strong>de</strong> l’ACP sur l’inci<strong>de</strong>nce du sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> maturité, ITV Tours, 2002<br />
1,5<br />
-1<br />
1<br />
1<br />
Axe Vertical F 2<br />
schaef2<br />
ac céto<br />
acétal<br />
tach<strong>et</strong>é<br />
0,5<br />
ac pyr<br />
hyphes<br />
pH<br />
turb<br />
pHv<br />
N ass<br />
glyc<br />
vmax<br />
SO2tv<br />
0<br />
taché<br />
plein<br />
gris<br />
SO2lv<br />
-1,5 -1 -0,5 0 0,5<br />
ac gluc roti<br />
% 1sa in<br />
1,5<br />
6<br />
Nassv<br />
Avv<br />
IR<br />
schaef1<br />
-0,5<br />
AT<br />
SRv num DFA<br />
At v<br />
<strong>et</strong>hv<br />
-1<br />
-1<br />
1<br />
-1,5<br />
Axe Horizontal F 1<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
P. POUPAULT<br />
Article technique RFOE n°222<br />
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Vinification spéciale<br />
Ces <strong>de</strong>ux axes caractérisent, <strong>de</strong> façon indépendante :<br />
• le pouvoir <strong>de</strong> combinaison (axe corrélée positivement aux variables<br />
aci<strong>de</strong> pyruvique, aci<strong>de</strong> α-cétoglutarique, résultat du test <strong>de</strong><br />
combinaison <strong>de</strong> Schaeffer, pH) <strong>et</strong> l’aptitu<strong>de</strong> fermentaire du moût<br />
(corrélation négative avec l’azote assimilable <strong>et</strong> le temps <strong>de</strong> latence),<br />
• l’état sanitaire <strong>de</strong> la vendange (axe corrélé négativement au rapport<br />
glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique <strong>et</strong> positivement à la Laccase).<br />
La matrice <strong><strong>de</strong>s</strong> corrélations entre ces variables conduit à la même observation<br />
; plus la teneur en molécules combinantes est élevée, plus la<br />
dose <strong>de</strong> SO 2 obtenue au test <strong>de</strong> combinaison (test <strong>de</strong> Schaeffer) le<br />
sera. Ce taux <strong>de</strong> combinants est corrélé au pH, qui lui-même est fonction<br />
du taux <strong>de</strong> maturité <strong><strong>de</strong>s</strong> baies. Autrement dit, plus le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
pourriture est avancé, plus il y a <strong>de</strong> molécules combinantes. Contrairement<br />
aux résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> millésimes 1999 <strong>et</strong> 2000, le facteur moût n’est<br />
plus dominant, ce qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> comparer la seule variable Botrytis<br />
aux variables <strong>de</strong> fermentescibilité ou <strong>de</strong> comportement du vin par<br />
rapport au SO 2 . L’influence <strong>de</strong> l’état sanitaire est largement mise en<br />
évi<strong>de</strong>nce ; les moûts issus <strong>de</strong> raisins botrytisés sont plus difficiles à<br />
fermenter <strong>et</strong> les vins obtenus plus combinants. Des doses élevées <strong>de</strong><br />
SO 2 libre dans le jus <strong>de</strong> raisin entraînent une production accrue d’acétaldéhy<strong>de</strong>,<br />
si bien qu’un ajout important <strong>de</strong> SO 2 au débourbage ne<br />
présente aucun intérêt.<br />
2.2 ESTIMATION DU POUVOIR COMBINANT DU SO 2<br />
ET SUIVI DE SON ÉVOLUTION<br />
Les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> menées sur le cépage sémillon perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> suivre l’évolution<br />
du pouvoir <strong>de</strong> combinaison du SO 2 d’un moût, au cours <strong>de</strong> la<br />
maturité du raisin, ainsi que d’un vin en cours <strong>de</strong> fermentation. L’objectif<br />
est <strong>de</strong> cerner le plus précisément <strong>et</strong> rapi<strong>de</strong>ment possible l’aptitu<strong>de</strong><br />
du vin à combiner, afin <strong>de</strong> cibler au mieux les doses <strong>de</strong> SO 2 à<br />
apporter au mutage, considérant que la composition du milieu est le<br />
principal facteur influençant le pouvoir combinant.<br />
• Durant l’année 1999, <strong>de</strong>ux parcelles sont suivies (Parcelle 1 sur le<br />
Graphique 1). Les conditions climatiques ont favorisé l’apparition<br />
<strong>et</strong> le développement <strong>de</strong> Botrytis cinerea.<br />
évolution <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
paramètres<br />
300<br />
280<br />
260<br />
240<br />
220<br />
200<br />
180<br />
160<br />
140<br />
120<br />
100<br />
80<br />
60<br />
40<br />
20<br />
0<br />
Graphique 3 : Evolution état sanitaite <strong>et</strong> maturité<br />
(parcelle <strong>de</strong> sémillon-1999)<br />
sucres (g/L)<br />
fréquence Botrytis cinerea ( % )<br />
intensité Botrytis cinerae ( % )<br />
Activité laccase (U/ml)<br />
TL 50 (SO2 total en mg/L)<br />
Glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique X 10<br />
09-sept 14-sept 20-sept 28-sept 05 oct t 11-oct<br />
Le glycérol est produit au début du développement <strong>de</strong> Botrytis ; il est<br />
d’autant plus abondant que la pourriture est noble. L’aci<strong>de</strong> gluconique<br />
est formé beaucoup plus tard <strong>et</strong> correspond à une évolution externe <strong>de</strong><br />
Date<br />
la pourriture grise. Le rapport glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique est d’autant<br />
plus élevé que la pourriture évolue vers la qualité (noble). Dans ces<br />
essais, ce rapport est faible <strong>et</strong> ne cesse <strong>de</strong> diminuer. L’activité Laccase,<br />
caractéristique <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> Botrytis confirme c<strong>et</strong>te<br />
tendance ; les valeurs élevées en fin <strong>de</strong> maturation (20 à 25 U/L) sont<br />
les témoins <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> conidiophores à la surface <strong><strong>de</strong>s</strong> baies <strong>et</strong><br />
d’une évolution <strong>de</strong> la pourriture vers une qualité très moyenne.<br />
Une évolution intéressante entre le rapport glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique<br />
<strong>et</strong> l’activité Laccase est à noter (Voir Graphique 4). Ces <strong>de</strong>ux paramètres<br />
perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> bien caractériser la qualité <strong>de</strong> la matière première.<br />
Graphique 4 : Évolution <strong>de</strong> l’activité Laccase <strong>et</strong> du rapport glycérol/aci<strong>de</strong><br />
gluconique en cours <strong>de</strong> maturation sur <strong>de</strong>ux parcelles <strong>de</strong> Sémillon – ITV<br />
Blanquefort, 1999<br />
Activité<br />
laccase U/ml<br />
Activité laccase<br />
U/ml<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
19-<br />
sept<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
19-<br />
sept<br />
24-<br />
sept<br />
Activité laccase<br />
24-<br />
sept<br />
Activité laccase<br />
Parcelle 1<br />
29-<br />
sept<br />
Parcelle 2<br />
29-<br />
sept<br />
04-oct 09-oct<br />
glycérol/gluconique<br />
04-<br />
oct<br />
09-<br />
oct<br />
Les paramètres analytiques liés à la combinaison du SO 2 sont contrôlés<br />
jusqu’au mutage. Dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux vins, les valeurs parfois élevées<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> molécules combinant le SO 2 (aci<strong>de</strong> pyruvique, éthanal, aci<strong>de</strong> accétoglutarique)<br />
ne peuvent expliquer la totalité <strong>de</strong> la combinaison du<br />
SO 2 . Il semble que d’autres molécules soient à l’origine <strong>de</strong> ce fort pouvoir<br />
<strong>de</strong> combinaison pendant la fermentation ; <strong><strong>de</strong>s</strong> molécules décarboxylées<br />
comme le glycoxal, le méthylglycoxal ou l’hydroxypropanediol,<br />
dont les concentrations sont connues pour être très dépendantes<br />
du taux <strong>de</strong> pourriture <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa qualité, pourraient expliquer le fort pouvoir<br />
combinant <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts botrytisés.<br />
• Au cours du millésime 2000, sur un moût très combinant <strong><strong>de</strong>s</strong>tiné à<br />
l’élaboration d’un vin liquoreux, l’information fournie par le test <strong>de</strong><br />
combinaison (5), sur moût <strong>et</strong> même avant mutage, n’est pas assez<br />
pertinente <strong>et</strong> sous-évalue le pouvoir combinant réel du vin. Au<br />
contraire, sur vin moelleux moins combinant, la prévision donnée<br />
par ce même test s’est avérée juste <strong>et</strong> déterminante pour la dose<br />
<strong>de</strong> SO 2 à apporter au mutage.<br />
6<br />
4<br />
2<br />
0<br />
6<br />
4<br />
2<br />
0<br />
glycérol/gluconique<br />
Glycérol/ac.<br />
gluconique<br />
Glycérol/ac.<br />
gluconique<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
P. POUPAULT<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 11
Vinification spéciale<br />
• Pour le millésime 2001, l’étu<strong>de</strong> porte sur <strong>de</strong>ux moûts <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à<br />
l’élaboration <strong>de</strong> vins liquoreux, caractérisés par <strong><strong>de</strong>s</strong> maturités <strong>et</strong><br />
états sanitaires <strong>de</strong> bonne qualité. Les teneurs en molécules combinantes<br />
augmentent peu au cours <strong>de</strong> la fermentation. Les doses <strong>de</strong><br />
SO 2 fixées au mutage, d’après le résultat du test <strong>de</strong> combinaison,<br />
ont été judicieuses pour les <strong>de</strong>ux vins ; l’information fournie avant<br />
mutage semble fiable.<br />
2.3 RÔLE DE LA LEVURE DANS LA CINÉTIQUE<br />
FERMENTAIRE : FACTEURS INFLUENÇANT SON<br />
COMPORTEMENT<br />
Pour faciliter le mutage dans le cas <strong>de</strong> vins <strong>de</strong>mi-secs ou moelleux, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
levures à faible activité fermentaire sont mises au banc d’essai. C<strong>et</strong>te<br />
faible activité peut être le fait <strong><strong>de</strong>s</strong> limites <strong>de</strong> la souche quant à son<br />
pouvoir alcoogène, d’une cinétique propre qui est lente, ou d’une<br />
sensibilité accrue à l’éthanol formé. La recherche <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> souche<br />
dite « autobloquante » est réalisée à partir <strong>de</strong> souches déjà commercialisées.<br />
Au contraire, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts à très forte teneur initiale en<br />
sucres, <strong><strong>de</strong>s</strong> levures à haut pouvoir fermentaire sont recherchées,<br />
capables d’atteindre <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en éthanol plus élevées <strong>et</strong> <strong>de</strong> mener à<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> vins équilibrés.<br />
2.3.1 LEVURES AUTOBLOQUANTES<br />
Une quinzaine <strong>de</strong> souches <strong>de</strong> levures commercialisées sont comparées,<br />
sur milieux synthétiques <strong>et</strong> moûts <strong>de</strong> raisins, durant les millésimes<br />
1999 à 2001.<br />
En minivinification, sur milieux synthétiques ou jus <strong>de</strong> raisin, les résultats<br />
montrent, comme prévu, <strong><strong>de</strong>s</strong> différences <strong>de</strong> comportement entre<br />
les souches au niveau du pouvoir alcoogène <strong>et</strong> <strong>de</strong> la cinétique fermentaire,<br />
notamment à l‘approche du point d’équilibre recherché.<br />
Un certain nombre <strong>de</strong> souches <strong>de</strong> levures présente un fort pouvoir<br />
alcoogène <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> une fermentation complète, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> vitesses <strong>de</strong><br />
dégradation du sucre importantes au moment supposé du mutage<br />
(Voir Graphique 5).<br />
Graphique 5 : Cinétique rapi<strong>de</strong> (vitesse <strong>de</strong> fermentation ; perte <strong>de</strong><br />
poids par jour) à l’approche <strong>de</strong> l’équilibre pour les souches 5, 7 <strong>et</strong> 10<br />
sur milieu synthétique - ITV Tours, 1999<br />
Graphique 6 : Cinétique lente (vitesse <strong>de</strong> fermentation : perte <strong>de</strong><br />
poids par jour pour les souches 6 <strong>et</strong> sur milieu synthétique – ITV<br />
Tours, 1999<br />
880<br />
870<br />
860<br />
850<br />
840<br />
830<br />
820<br />
810<br />
800<br />
le vure 6<br />
le vure 1<br />
J-3 0 J-2 7 J-2 4 J-2 0 J-17 J-15 J-12 J-10 J-5 J<br />
D’autres présentent <strong>de</strong> faibles vitesses <strong>de</strong> fermentation à l’approche du<br />
point d’équilibre (Voir Graphique 6). La corrélation entre durée <strong>de</strong><br />
fermentation <strong>et</strong> vitesse du point d’équilibre n’est pas bonne ; les<br />
souches <strong>de</strong> levure dont la durée <strong>de</strong> fermentation est longue ne sont<br />
pas forcément celles qui présentent une faible vitesse à l’approche du<br />
mutage (point d’équilibre). En minivinification, sur jus <strong>de</strong> raisins, ces<br />
tendances sont confirmées au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> millésimes 2000 <strong>et</strong> 2001. Par<br />
rapport à une flore indigène conduisant à une fermentation rapi<strong>de</strong> ou<br />
très languissante <strong>et</strong> donc, un point d’équilibre difficile à maîtriser, <strong>de</strong>ux<br />
souches atteignent ce point sans être trop lentes (risque d’arrêt <strong>de</strong><br />
fermentation) ni trop rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> ; il s’agit <strong><strong>de</strong>s</strong> souches Levulia GE7 <strong>et</strong><br />
Vitilevure Chardonnay. Il apparaît, d’autre part, que l’eff<strong>et</strong> moût reste<br />
important sur le pouvoir <strong>de</strong> combinaison du SO 2 ; les différences <strong>de</strong><br />
teneurs en SO 2 libre observées à la mise en bouteilles ont, comme<br />
origine principale, le moût, les écarts dus à la levure elle-même restant<br />
faibles. À l’analyse sensorielle, les vins élaborés avec ces 2 souches ne<br />
sont pas différenciés <strong>de</strong> façon significative <strong><strong>de</strong>s</strong> vins fermentés avec la<br />
flore indigène, d’une façon générale.<br />
2.3.2 LEVURES À HAUT POUVOIR FERMENTAIRE<br />
Tableau 1 : Récapitulatif <strong><strong>de</strong>s</strong> souches <strong>de</strong> levures étudiées (origines :<br />
33 = Giron<strong>de</strong> /11 =Au<strong>de</strong>)<br />
860<br />
850<br />
840<br />
830<br />
820<br />
810<br />
800<br />
790<br />
780<br />
levure 5<br />
levure 7<br />
levure 10<br />
J-2 6 J-2 3 J-2 0 J-16 J-13 J-9 J-6 J-3 J<br />
Désignation<br />
<strong>de</strong> la<br />
souche<br />
<strong>de</strong> levure<br />
Cinétique<br />
Nom<br />
commercial<br />
2<br />
milieux<br />
synthét.<br />
Essais 2001 Essais 2002<br />
2 moûts<br />
(origine<br />
33)<br />
2 moûts<br />
(origine<br />
11)<br />
2 moûts<br />
(origine<br />
33)<br />
2<br />
moûts<br />
(origin<br />
e 11)<br />
G Lente Levulia GE7 x x x x x<br />
C Très lente Berger<br />
LB CXL<br />
D Rapi<strong>de</strong> V i t i l e v u r e<br />
DV10<br />
x x x x x<br />
x x x x x<br />
K Très rapi<strong>de</strong> V i t i l e v u r e x x x x x<br />
KD<br />
9 Très rapi<strong>de</strong> Lalvin<br />
x x x x x<br />
L-905<br />
20 Rapi<strong>de</strong> Lalvin<br />
x x x x x<br />
L-2056<br />
23 Lente Lalvin<br />
x x x x x<br />
Rhône<br />
L-2323<br />
V Rapi<strong>de</strong> Z y m a f l o r e x x x x x<br />
VL3C<br />
B Rapi<strong>de</strong> Berger B2 x x<br />
S Très rapi<strong>de</strong> Z y m a f l o r e<br />
ST<br />
x x<br />
Article technique RFOE n°222<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
P. POUPAULT<br />
Page 12
Vinification spéciale<br />
Dans un premier temps, l’aptitu<strong>de</strong> fermentaire <strong>de</strong> 8 souches <strong>de</strong> levures<br />
(Voir Tableau 1, page précé<strong>de</strong>nte) est étudiée sur milieu synthétique<br />
<strong>et</strong> sur moûts <strong>de</strong> raisins <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à l’élaboration <strong>de</strong> vins <strong>de</strong> type liquoreux.<br />
Sur milieux synthétiques faiblement fermentescibles, l’étu<strong>de</strong> statistique<br />
(Analyse en Composantes Principales <strong>et</strong> Analyse Factorielle Discriminante)<br />
conclut à <strong><strong>de</strong>s</strong> souches à fort pouvoir alcoogène (comme la souche<br />
Lalvin L-2056), <strong><strong>de</strong>s</strong> souches assez productrices d’éthanal (comme<br />
la souche Lalvin L-905) ou peu productrices d’acidité volatile (comme<br />
la souche Vitilevure KD) <strong>et</strong> une souche peu alcoogène, Levulia GE7<br />
(Voir Graphique 7).<br />
Graphique 7 : Pertes <strong>de</strong> Poids cumulées sur milieu PA —<br />
ITV Tours, 2001<br />
poids (g)<br />
50<br />
45<br />
40<br />
35<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
5<br />
0<br />
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65<br />
nombre <strong>de</strong> jours<br />
TA TB GA GB CA CB DA DB KA KB<br />
9A 9B 20A 20B 23A 23B VA VB BA BB<br />
C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> confirme la bonne corrélation entre les variables SO 2 total<br />
<strong>et</strong> éthanal ; la production d’éthanal par la levure est un moyen <strong>de</strong><br />
protection contre le SO 2 .<br />
Sur jus <strong>de</strong> raisins, plus fermentescibles, le facteur « moût » est très<br />
important sur la production <strong>de</strong> molécules combinantes, mais également<br />
sur la vitesse <strong>de</strong> dégradation <strong><strong>de</strong>s</strong> sucres au point d’équilibre. Malgré<br />
tout, l’analyse statistique fait apparaître que la souche Levulia GE7<br />
reste la moins alcoogène (avec une vitesse <strong>de</strong> dégradation <strong><strong>de</strong>s</strong> sucres<br />
à l’équilibre significativement plus faible) <strong>et</strong> que les souches Lalvin<br />
L-2056 <strong>et</strong> Lalvin L-905 ont <strong><strong>de</strong>s</strong> productions d’acidité volatile supérieures<br />
aux autres souches.<br />
Parmi les souches <strong>de</strong> levures testées, la souche Levulia GE7 semble la<br />
plus adaptée à la maîtrise cinétique du point <strong>de</strong> mutage. Une cinétique<br />
fermentaire ralentie autour <strong>de</strong> l’équilibre <strong>et</strong> une faible production <strong>de</strong><br />
composés combinants, sont ses principaux avantages. Cependant, une<br />
production <strong>de</strong> SO 2 élevée <strong>et</strong> un arrêt <strong>de</strong> fermentation sur certains<br />
moûts peu fermentescibles représentent les risques éventuels.<br />
En 2002, à partir <strong>de</strong> moûts <strong>de</strong> sémillon ou viognier, très riches en sucres<br />
(18 à 22 % vol. en éthanol probable), les souches <strong>de</strong> levures<br />
présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> cinétiques fermentaires différentes. Les variations se<br />
situent au niveau du pouvoir alcoogène <strong>et</strong> <strong>de</strong> la vitesse <strong>de</strong> dégradation<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> sucres (perte <strong>de</strong> poids instantanée, pente <strong>de</strong> la courbe) au point<br />
<strong>de</strong> mutage.<br />
C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> confirme les résultats <strong><strong>de</strong>s</strong> millésimes précé<strong>de</strong>nts :<br />
• les souches Zymaflore VL3C, Lalvin L-2056, Vitilevure KD <strong>et</strong> Berger<br />
CXL présentent, avec la souche Zymaflore ST, les pouvoirs<br />
alcoogènes les plus forts <strong>et</strong> les vitesses <strong>de</strong> fermentation les plus<br />
importantes à l’approche <strong>de</strong> l’équilibre souhaité,<br />
• les souches Lalvin L-905 <strong>et</strong> Lalvin L-2056 produisent un peu plus<br />
d’acidité volatile,<br />
• la souche Levulia GE7 est celle qui présente la vitesse <strong>de</strong> fermentation<br />
à l’équilibre la plus faible.<br />
2.4 FACTEURS INFLUENÇANT LE COMPORTEMENT<br />
DES LEVURES À L’APPROCHE DU MUTAGE<br />
2.4.1 INFLUENCE DE DIFFÉRENTS FACTEURS SUR LA<br />
BIOMASSE LEVURIENNE<br />
L’objectif est <strong>de</strong> déterminer le poids relatif <strong>de</strong> 5 facteurs utilisés au<br />
moment du mutage, dans la stabilisation du vin, c’est-à-dire, sur le<br />
comportement <strong>de</strong> la levure à ce moment là.<br />
Dans un premier temps, un plan d’expérience incompl<strong>et</strong> est mis en<br />
place ; il est réalisé sur milieu synthétique présentant une fermentescibilité<br />
comparable à un jus <strong>de</strong> raisin, à base d’aci<strong>de</strong> tartrique (3g/L),<br />
aci<strong>de</strong> L-malique (3g/L), sulfate <strong>de</strong> potassium (1,56mg/L), sulfate <strong>de</strong><br />
magnésium (0,51g/L), ammonium déshydrogénophosphate (4,92g/L),<br />
biotine (2µg/l), méso-inositol (0,5g/L) <strong>et</strong> thiamine (0,8mg/L), en plus<br />
<strong>de</strong> l’eau distillée (q.s.p.1000 ml). Les 3 facteurs sont déclinés ainsi :<br />
• pH : 3 – 4,<br />
• éthanol souhaité au mutage : 11 % vol. – 14 % vol.,<br />
• sucres résiduels souhaités au mutage (g/L) : 10 – 50 – 90 – 130.<br />
Une interprétation peut être effectuée à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> cinétiques jusqu’au<br />
mutage (Graphique 8, voir page suivante). L’analyse statistique montre<br />
que la durée <strong>de</strong> fermentation alcoolique est plus longue lorsque le<br />
taux d’éthanol à produire est plus élevé, la teneur initiale en sucres est<br />
plus forte, la teneur en sucres à conserver est plus élevée, le pH est<br />
bas.<br />
Pour le facteur pH, ces résultats sont nouveaux dans le cas <strong>de</strong> vins à<br />
sucres résiduels.<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, selon la même stratégie, les facteurs pH,<br />
concentration en sucres résiduels <strong>et</strong> en éthanol final, sont étudiés à<br />
trois niveaux :<br />
• pH : 3,0 – 3,5 – 4,0 ,<br />
• éthanol souhaité au mutage : 11,0 % vol.– 12,5 % vol.– 14 % vol.,<br />
• sucres résiduels souhaités au mutage : 10 – 60 – 130 g/l.<br />
Les cinétiques <strong>de</strong> production d’éthanol sont bien corrélées aux cinétiques<br />
<strong>de</strong> production <strong>de</strong> biomasse. À chaque début <strong>de</strong> déclin <strong>de</strong> la<br />
population levurienne (entre le 15 ème <strong>et</strong> le 25 ème jour) correspond souvent<br />
le déclin <strong>de</strong> la production d’éthanol. Il apparaît que, pour un<br />
même équilibre sucres/éthanol, les courbes sont proches pour les pH<br />
<strong>de</strong> 3,5 <strong>et</strong> 3 alors que la courbe correspondant au pH <strong>de</strong> 4 montre une<br />
vitesse <strong>de</strong> production d’éthanol plus élevée <strong>et</strong> une biomasse plus<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
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P. POUPAULT<br />
Article technique RFOE n°222<br />
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Vinification spéciale<br />
Graphique 8 : Inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> différents facteurs sur la cinétique fermentaire - ITV <strong>France</strong>-Ensia, 2001<br />
100<br />
90<br />
80<br />
70<br />
60<br />
50<br />
40<br />
30<br />
20<br />
10<br />
0<br />
ÉVOLUTION COMPAREE DES VINS JUSQU’AU MUTAGE<br />
3 4 7 8 11 12 15 16 17 1 2 5 6 9 10 13 14<br />
Vins<br />
3<br />
4<br />
7<br />
8<br />
11<br />
12<br />
15<br />
16<br />
17<br />
1<br />
2<br />
5<br />
6<br />
9<br />
10<br />
13<br />
14<br />
Ethanol<br />
11% 14%<br />
sucre résiduel: 10g/l 50g/l 90g/l 130g/l<br />
pH: 3 4<br />
2.4.2 ÉTUDE DE LA VITALITÉ DES LEVURES À L’APPROCHE<br />
DU POINT DU MUTAGE<br />
L’objectif <strong><strong>de</strong>s</strong> observations microscopiques avec marquage fluorescent<br />
au CFDA, est d’apprécier l’état physiologique <strong><strong>de</strong>s</strong> cellules tout au long<br />
<strong>de</strong> la fermentation <strong>et</strong> surtout, <strong>de</strong> l’équilibre sucres/alcool souhaité. Ces<br />
observations ont permis <strong>de</strong> dénombrer les cellules <strong>de</strong> levures actives<br />
(fluorescentes au CFDA) <strong>et</strong> la population totale (dénombrement en<br />
lumière blanche). Un pourcentage <strong>de</strong> viabilité peut alors être établi à<br />
chaque observation.<br />
Les résultats présentés dans le Tableau 3 reprennent les suivis (perte<br />
<strong>de</strong> poids journalière à l’équilibre, pourcentage <strong>de</strong> cellules fluorescentes<br />
à l’équilibre) effectués, pour 4 souches <strong>de</strong> levures présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> comportements<br />
différents (cinétique, pouvoir alcoogène), sur 4 moûts <strong>de</strong><br />
différents titres alcoométriques probables (TAP) <strong>et</strong> sur un moût sur le<br />
Graphique 9, voir ci-après.<br />
Tableau 3 : Activité <strong><strong>de</strong>s</strong> souches <strong>de</strong> levures à l’équilibre : pourcentage <strong>de</strong> cellules vivantes (fluorescentes) <strong>et</strong> activité fermentaire (perte <strong>de</strong> poids<br />
journalière en CO 2 dégagé pour un volume en fermentation <strong>de</strong> 500 ml)<br />
Souches Levulia GE7 Lalvin L-905 Lalvin L-2056 Zymaflore VL3C<br />
Moût /TAP MB /14 PR /15,6 MB/14 LB /<br />
15,6<br />
PR /1<br />
8,5<br />
CA /<br />
22,3<br />
MB/<br />
14<br />
LB /1<br />
5,6<br />
PR /<br />
18,5<br />
CA/<br />
22,3<br />
MB/14 LB /1<br />
5,6<br />
PR /1<br />
8,5<br />
CA /2<br />
2,3<br />
Cellules fluorescentes<br />
(%) 21 25 65 78 47 37 37 33 57 63 50 90 92 73<br />
Perte <strong>de</strong> poids journalière<br />
(g <strong>de</strong> CO 2 /jour) 0,58 0,38 2,92 2,83 1,76 0,86 1,01 2,19 1,47 1,32 0,68 1,45 2,69 1,86<br />
Article technique RFOE n°222<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
P. POUPAULT<br />
Page 14
Vinification spéciale<br />
Aux environs <strong>de</strong> l’équilibre souhaité, la souche Levulia GE7 est celle<br />
qui présente une diminution n<strong>et</strong>te d’activité ; la population levurienne<br />
est déjà diminuée au moins <strong>de</strong> trois quarts. Ceci confirme les<br />
observations faites auparavant ; c<strong>et</strong>te souche est intéressante dans la<br />
maîtrise du mutage <strong>de</strong> vins à sucres résiduels.<br />
La souche Levulia GE7 a une population active qui décroît<br />
rapi<strong>de</strong>ment, dès le 5 ème jour <strong>de</strong> fermentation. La souche Zymaflore<br />
VL3C, semble caractérisée, au contraire, sur un moût moyennement<br />
riche (MB) comme sur un moût plus riche (PR), par un départ très<br />
rapi<strong>de</strong> avec une population active <strong>et</strong> totale très importante, dès les<br />
premiers jours <strong>de</strong> fermentation <strong>et</strong> qui reste importante jusqu’au point<br />
<strong>de</strong> mutage théorique. La souche Lalvin L-905 est caractérisée par un<br />
début <strong>de</strong> fermentation assez lent, qui correspond à une population<br />
levurienne assez faible, son maximum n’étant atteint qu’au 8 ème ou<br />
10 ème jour.<br />
Graphique 9 : Comportement <strong>de</strong> quatre souches sur un moût <strong>de</strong> sémillon<br />
Souche Lalvin L-2056<br />
Souche Zymaflore VL3c<br />
perte <strong>de</strong> poids<br />
(g), population<br />
totale (*10 7<br />
cellules/mL)<br />
nombre <strong>de</strong> jours<br />
20<br />
15<br />
100%<br />
80%<br />
10<br />
60%<br />
40%<br />
5<br />
20%<br />
0<br />
0%<br />
0 10 20 30<br />
cellules<br />
fluorescentes<br />
(%)<br />
perte <strong>de</strong> poids journalière<br />
population totale<br />
cellules fluorescentes (%)<br />
perte <strong>de</strong> poids<br />
(g), population<br />
totale (*10 7<br />
cellules/mL)<br />
15<br />
10<br />
100%<br />
80%<br />
60%<br />
5<br />
40%<br />
20%<br />
0<br />
0%<br />
0 10 20 30<br />
nombre <strong>de</strong> jours<br />
cellules<br />
fluorescentes<br />
(%)<br />
perte <strong>de</strong> poids instantanée<br />
population totale<br />
cellules fluorescentes (%)<br />
nombre <strong>de</strong> jours<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
P. POUPAULT<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 15
Vinification spéciale<br />
3. CONCLUSION — PERSPECTIVES<br />
3.1 CARACTÉRISATION DE LA VENDANGE -<br />
FERMENTESCIBILITÉ ET COMBINAISON DU SO 2<br />
Les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> menées sur les trois millésimes sont riches d’enseignements<br />
quant à l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la maturité <strong>et</strong> l’état sanitaire <strong>de</strong> la vendange sur<br />
les caractéristiques <strong>de</strong> la cinétique fermentaire (fermentescibilité) <strong>et</strong> le<br />
pouvoir <strong>de</strong> combinaison du SO 2 .<br />
S’il apparaît clairement que la teneur en sucres initiales est la variable<br />
la plus corrélée à la durée <strong>de</strong> la fermentation, la teneur en azote assimilable<br />
a <strong>de</strong> son côté, une influence directe, non pas sur c<strong>et</strong>te durée<br />
<strong>de</strong> fermentation, mais sur sa vitesse maximale. L’activité Laccase est<br />
bien corrélée au rapport glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique sur moût (<strong>et</strong> donc<br />
bien corrélée au développement <strong>de</strong> Botrytis cinerea). Ces <strong>de</strong>ux paramètres<br />
(rapport glycérol/aci<strong>de</strong> gluconique corrélé à la qualité <strong>de</strong> la<br />
pourriture, l’activité Laccase corrélée au taux <strong>de</strong> pourriture grise) perm<strong>et</strong>tent<br />
<strong>de</strong> bien caractériser la matière première <strong>et</strong> l’état d’avancement<br />
<strong>de</strong> la pourriture ; ils sont utiles pour prévoir le comportement du moût<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> la combinaison du SO 2 .<br />
La combinaison du SO 2 dans le vin est liée à la concentration en<br />
éthanal, aci<strong>de</strong> pyruvique <strong>et</strong> aci<strong>de</strong> α-cétoglutarique principalement.<br />
C<strong>et</strong>te teneur en molécules combinantes est corrélée au pH, qui, luimême,<br />
est fonction du <strong>de</strong>gré <strong>et</strong> qualité <strong>de</strong> la maturité <strong><strong>de</strong>s</strong> baies.<br />
Autrement dit, la teneur en molécules combinant le SO 2 est positivement<br />
très liée à l’état d’avancement (noble ou grise) <strong>et</strong> à l’intensité <strong>de</strong><br />
la pourriture sur le raisin.<br />
Les tests prévoyant le comportement du vin au mutage vis-à-vis <strong>de</strong> la<br />
combinaison du SO 2 (Tests <strong>de</strong> Chauv<strong>et</strong> ou Schaeffer) ont permis, sur<br />
chenin ou sémillon, <strong>de</strong> calculer judicieusement la dose <strong>de</strong> SO 2 à apporter<br />
au mutage, en fonction d’une teneur en SO 2 libre souhaitée. Les<br />
résultats sont d’autant plus pertinents que le test est mis en œuvre<br />
peu <strong>de</strong> temps avant le mutage. Sur un moût très combinant (millésime<br />
1999), ces prévisions ont tendance à sous-évaluer le pouvoir combinant<br />
réel du vin.<br />
Une meilleure caractérisation <strong>de</strong> la matière première doit perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong><br />
mieux appréhen<strong>de</strong>r la cinétique fermentaire <strong>et</strong> la combinaison du SO 2 .<br />
L’opération du mutage passe par une gestion raisonnée <strong>et</strong> optimisée<br />
du SO 2 apporté dès la vendange. Il est raisonnable <strong>de</strong> penser que la<br />
caractérisation <strong>de</strong> la pourriture noble <strong>et</strong>/ou grise appuyée par les tests<br />
<strong>de</strong> combinaison, sont <strong><strong>de</strong>s</strong> moyens relativement faciles à m<strong>et</strong>tre en<br />
œuvre par l’élaborateur <strong>de</strong> vins à sucres résiduels, pour réussir son<br />
opération <strong>de</strong> mutage ; la stabilité du vin jusqu’à la mise en bouteilles<br />
<strong>et</strong> la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> doses <strong>de</strong> SO 2 y sont étroitement liées.<br />
3.2 INFLUENCE DE LA LEVURE SUR LA CINÉTIQUE<br />
FERMENTAIRE<br />
La comparaison d’un certain nombre <strong>de</strong> souches <strong>de</strong> levures commercialisées<br />
<strong>et</strong> connues pour leurs aptitu<strong><strong>de</strong>s</strong> fermentaires variées montre<br />
leur comportement variable sur <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts <strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à l’élaboration <strong>de</strong><br />
vins <strong>de</strong>mi-secs à liquoreux. Outre le pouvoir alcoogène, ces souches se<br />
différencient par <strong><strong>de</strong>s</strong> vitesses <strong>de</strong> fermentation plus ou moins élevées à<br />
l’approche du point d’équilibre choisi. Ainsi, les souches Levulia GE7 <strong>et</strong><br />
Vitilevure Chardonnay, apparaissent-elles intéressantes, grâce à une<br />
faible vitesse <strong>de</strong> fermentation à l’approche du mutage <strong><strong>de</strong>s</strong> vins <strong>de</strong>misecs<br />
<strong>et</strong> moelleux <strong>et</strong> conduisant à <strong><strong>de</strong>s</strong> vins aussi bien appréciés que<br />
ceux fermentés avec la flore indigène.<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> l’élaboration <strong><strong>de</strong>s</strong> vins liquoreux, si la composition du<br />
moût a une influence importante sur la fermentescibilité (durée <strong>de</strong><br />
fermentation, temps <strong>de</strong> latence), l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la souche <strong>de</strong> levure sur<br />
la cinétique est également mise en évi<strong>de</strong>nce. La souche Levulia GE7,<br />
par sa vitesse <strong>de</strong> fermentation adaptée <strong>et</strong> sa faible production <strong>de</strong> composés<br />
combinant le SO 2 , semble la plus intéressante.<br />
Si la composition du moût est le facteur le plus important sur le<br />
comportement général <strong><strong>de</strong>s</strong> souches <strong>de</strong> levures (pouvoir alcoogène,<br />
combinaison du SO 2 ), c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> montre clairement l’influence du<br />
taux d’éthanol <strong>et</strong> <strong>de</strong> la teneur en sucres sur le comportement <strong>de</strong> la<br />
souche <strong>de</strong> levure, mais également, <strong>de</strong> façon plus importante à ce qui<br />
était envisagé, l’influence du pH sur la biomasse levurienne.<br />
Les observations microscopiques réalisées en fluorescence confirment<br />
un comportement propre à chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> souches <strong>de</strong> levures étudiées<br />
dans le cadre <strong>de</strong> l’élaboration <strong>de</strong> vins à sucres résiduels, quel que soit<br />
le moût. Il porte sur la faculté à se multiplier autant que celle à<br />
décliner qui peuvent être différentes pour <strong>de</strong>ux souches ayant un<br />
pouvoir alcoogène proche.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
(1) Barbe J.-C ., De Revel G., Joyeux Annick, Lonvaud-Funel Aline, Bertrand A.- 2001 . La combinaison du dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> soufre <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts <strong>et</strong> vins issus <strong>de</strong><br />
raisins botrytisés. 1 ère partie : La combinaison <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts, les composés responsables <strong>et</strong> leurs origines- Revue Française d’Œnologie, 189, 26-32<br />
(2) Barbe J.-C., De Revel G., Joyeux Annick, Lonvaud-Funel Aline, Bertrand A.- 2001. La combinaison du dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> soufre <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts <strong>et</strong> vins issus <strong>de</strong><br />
raisins botrytisés. 2 ème partie: La combinaison <strong><strong>de</strong>s</strong> vins, bilan <strong>et</strong> influence <strong>de</strong> paramètres technologiques. Revue Française d’Œnologie, 190, 16-21<br />
(3) Donèche B., 1987. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation hôte-parasite dans le cas du raisin <strong>et</strong> <strong>de</strong> Botrytis cinerea, Thèse Doctorat ès Sciences, Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II<br />
(4) Ribereau-Gayon P., Dubourdieu D., Donèche B., Lonvaud Aline. 1998. Le raisin <strong>et</strong> sa maturation, in : Traité d’œnologie, Tome 1 : Microbiologie du vin,<br />
Vinification, Ed Dunod, p. 345-348<br />
(5) Kielhöfer E . und Würdig G.- 1960 – Die unbekannte Weinbestand teile gebun<strong>de</strong>ne schweiflige Säure (Rest SO2) und ihre Be<strong>de</strong>ntung für <strong>de</strong>n Wein. Weinburg<br />
u.kellen, 7, 313-328<br />
(6) Les cahiers Itinéraires d’ITV <strong>France</strong> n°9 – Le mutage <strong><strong>de</strong>s</strong> vins à sucres résiduels , novembre 2005<br />
(7) Les Cahiers Itinéraires d’ITV <strong>France</strong> n°3 – La maîtrise du sulfitage <strong><strong>de</strong>s</strong> moûts <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> vins, mai 2002<br />
Article technique RFOE n°222<br />
VINS BLANCS À SUCRES RÉSIDUELS : MAÎTRISE DU MUTAGE ET<br />
GESTION DE L’ANHYDRIDE SULFUREUX<br />
P. POUPAULT<br />
Page 16
Vinification<br />
Les apports d’oxygène en vinification<br />
<strong>et</strong> leurs impacts sur les vins<br />
Le cas particulier du champagne (2 ème partie)<br />
Michel VALADE - Isabelle TRIBAUT-SOHIER - Denis BUNNER - Monique LAURENT - Dominique<br />
MONCOMBLE - Dominique TUSSEAU <strong>et</strong> le Laboratoire d’analyses<br />
Services Techniques du Comité Interprofessionnel du Vin <strong>de</strong> Champagne (C.I.V.C.)<br />
5, rue Henri-Martin – 51200 Épernay<br />
INTRODUCTION<br />
Dans la première partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> article (1) ont été évoqués les apports d’oxygène qui se produisent lors <strong>de</strong> la vinification, avant la mise en bouteilles<br />
d’un vin.<br />
Ces apports sont très variables d’un établissement à l’autre car ils dépen<strong>de</strong>nt d’un grand nombre <strong>de</strong> facteurs dont :<br />
- les techniques utilisées pour le travail <strong><strong>de</strong>s</strong> vins (soutirage, filtration, centrifugation, passage au froid, <strong>et</strong>c.),<br />
- la taille <strong>et</strong> la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> contenants utilisés, <strong><strong>de</strong>s</strong> volumes mis en œuvre lors <strong>de</strong> chaque opération <strong>de</strong> traitement ou <strong>de</strong> transfert <strong><strong>de</strong>s</strong> vins,<br />
- les pratiques <strong>de</strong> cuverie : soutirage avec remplissage par le haut ou par le bas <strong>de</strong> la cuve, voire via un bac tampon, type <strong>de</strong> pompe employé,<br />
<strong>et</strong>c.,<br />
- mais aussi <strong>de</strong> certaines opérations non ou mal maîtrisées (2, 3) comme une trop gran<strong>de</strong> longueur <strong>de</strong> tuyaux, une prise d’air, <strong><strong>de</strong>s</strong> raccords trop<br />
nombreux, une pompe qui cavite, <strong><strong>de</strong>s</strong> transports en citerne avec <strong><strong>de</strong>s</strong> compartiments en vidange, <strong>et</strong>c.<br />
Dans les grosses unités champenoises, les apports moyens d’oxygène du sta<strong>de</strong> fin <strong>de</strong> fermentation jusqu’au tirage peuvent être estimés entre 3 <strong>et</strong><br />
5 mg/L. Ils sont susceptibles d’être multipliés par <strong>de</strong>ux ou par trois du fait <strong>de</strong> certaines pratiques évoquées précé<strong>de</strong>mment. Les opérations préventives,<br />
essentiellement par inertage, ou correctives, par injection d’un gaz neutre (azote essentiellement), peuvent toutefois perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> diminuer<br />
sensiblement les quantités d’oxygène résiduelles dans les vins en cuves. Elles sont à ce jour très peu pratiquées.<br />
Cependant les apports d’oxygène dans un vin ne se limitent pas à ceux qui se produisent en cuverie. Ceux qui interviennent ultérieurement à<br />
l’embouteillage, puis lors <strong>de</strong> la conservation en bouteilles <strong>et</strong> lors du dégorgement pour le champagne, sont même prépondérants dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
vins. Depuis une quinzaine d’années ces suj<strong>et</strong>s sont travaillés par notre équipe dans le cadre particulier <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes, dont les résultats sont<br />
extrapolables à tous les vins effervescents élaborés en bouteilles. L’élaboration du champagne se prête bien à l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> apports d’oxygène <strong>et</strong> à<br />
leur impact sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> vins au cours <strong>de</strong> leur vieillissement en bouteilles. Elle perm<strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre l’accent sur une problématique bien<br />
connue <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels mais souvent inexpliquée, à savoir l’hétérogénéité entre bouteilles pour un même lot d’embouteillage.<br />
Photo 1 : Un tas <strong>de</strong> bouteilles mises sur lattes<br />
1. TECHNIQUES EXPÉRIMENTALES ET MATÉRIEL UTILISÉ<br />
1.1 MESURE DES GAZ DISSOUS DANS LE VIN<br />
Les références bibliographiques concernant la mesure <strong>de</strong> la teneur en<br />
oxygène <strong><strong>de</strong>s</strong> vins en bouteilles sont peu nombreuses <strong>et</strong> très récentes<br />
en vin tranquille (4, 5).<br />
Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, les mesures d’oxygène dissous ont été effectuées<br />
avec <strong>de</strong>ux appareils :<br />
- dans la cuve <strong>de</strong> mixtion <strong>de</strong> tirage, à l’ai<strong>de</strong> d’un analyseur Moca<br />
Orbisphère avec membrane en téflon PFA <strong>de</strong> référence 2956A,<br />
- dans les bouteilles bouchées, à partir d’un échantillonneur 29973 <strong>de</strong><br />
la société Orbisphère, relié à un Moca 3660 muni <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux son<strong><strong>de</strong>s</strong> à<br />
membrane, l’une <strong>de</strong> type polarographique pour le dosage <strong>de</strong> l’oxygène<br />
(O 2 ), l’autre à conductimétrie thermique pour le dosage du<br />
dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2 ).<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 17
Vinification<br />
C<strong>et</strong> appareil est utilisé très couramment dans les brasseries en<br />
contrôle <strong>de</strong> production sur les chaînes d’embouteillage, mais pas<br />
encore en œnologie. À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du C.I.V.C., le constructeur a<br />
modifié l’appareil en 1998 pour pouvoir réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures sur<br />
champagne. Il fallait que le montage puisse résister à une contrepression<br />
d’azote supérieure à 8 bars à 20° C pour s’opposer à la<br />
pression interne <strong>de</strong> la bouteille. Avant la mesure, les bouteilles sont<br />
conditionnées à 18° C puis mises sur une table agitante pendant 15<br />
à 20 mn afin d’équilibrer les concentrations <strong>de</strong> gaz entre le liqui<strong>de</strong> <strong>et</strong><br />
l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille. La mesure peut être réalisée sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
bouteilles bouchées avec une capsule couronne ou un bouchon liège.<br />
Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, un pré-trou est réalisé dans le bouchon à l’ai<strong>de</strong><br />
d’une perceuse munie d’un forêt <strong>de</strong> 3 mm. La limite <strong>de</strong> détection <strong>de</strong><br />
l’O 2 dissous est <strong>de</strong> l’ordre du µg/L.<br />
Photo 2 : Mesure <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
gaz dissous dans un<br />
vin effervescent<br />
1.2 MESURE DES ÉCHANGES GAZEUX PAR LE BOUCHAGE<br />
C<strong>et</strong>te analyse est sous-traitée au Laboratoire National d’Essais (LNE) à<br />
Paris. Elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> mesurer en dynamique la quantité d’oxygène<br />
entrant ou <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone sortant <strong>de</strong> la bouteille au travers du<br />
bouchage en place sur la bouteille (obturateur <strong>et</strong> capsule, bouchon<br />
liège <strong>et</strong> musel<strong>et</strong>).<br />
Conditions chromatographiques :<br />
• four : isotherme à 50° C,<br />
• colonnes : Porapak Q,<br />
• détection : par ionisation <strong>de</strong> flamme après méthanisation.<br />
La fidélité <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 0,05 cm 3 /24h00.<br />
Etalonnage du chromatographe avec <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz étalons à concentration<br />
connue en dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone.<br />
1.2.2 MESURE DE LA PERMÉABILITÉ À L’OXYGÈNE<br />
Conditions <strong>de</strong> mesure :<br />
• découpe du goulot fermé par le bouchage à étudier,<br />
• collage du goulot sur une embase métallique connectée à l’appareil<br />
par <strong>de</strong>ux tubulures perm<strong>et</strong>tant d’assurer le balayage intérieur par<br />
un gaz vecteur (azote),<br />
• mesure <strong>de</strong> la quantité d’oxygène migrant à travers le bouchage <strong>et</strong><br />
entraînée par le gaz vecteur (azote). La détection est <strong>de</strong> type coulométrique,<br />
• température : 23°C,<br />
• humidité intérieure : environ 85 % HR,<br />
• humidité extérieure : 50 % HR,<br />
• appareil <strong>de</strong> mesure : Oxtran 2/20 ou Oxtran 100.<br />
La fidélité <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 0,001 cm 3 /24h00.<br />
1.2.1 MESURE DES PERTES DE DIOXYDE DE CARBONE<br />
La mesure <strong>de</strong> la perméabilité globale au dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone du bouchage<br />
sous pression est réalisée selon le principe <strong>de</strong> détection<br />
conforme à la norme ISO 15105-2 Annexe B (métho<strong>de</strong> par balayage<br />
avec une détection chromatographique <strong>et</strong> détection par ionisation <strong>de</strong><br />
flamme).<br />
Conditions <strong>de</strong> mesure :<br />
• mesure sur la bouteille bouchée <strong>et</strong> contenant le liqui<strong>de</strong> carbonaté<br />
sous pression ;<br />
• introduction du haut <strong>de</strong> la bouteille dans une coiffe métallique<br />
étanche balayée par un gaz vecteur (hélium) ;<br />
• mesure <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone sortant du bouchage<br />
<strong>et</strong> entraînée par le gaz vecteur :<br />
. le gaz traverse une boucle d’échantillonnage <strong>de</strong> volume constant,<br />
. une vanne automatisée perm<strong>et</strong> l’injection <strong>de</strong> volume dans le<br />
circuit d’un chromatographe en phase gazeuse,<br />
. l’opération d’injection est répétée jusqu’à stabilisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
valeurs mesurées ;<br />
• température : 23° C ;<br />
• humidité du gaz vecteur : 0 % HR.<br />
Remarques :<br />
• à noter que ces mesures sont réalisées à pression atmosphérique<br />
(le système <strong>de</strong> bouchage n’est pas mis sous pression),<br />
• ces mesures, généralement réalisées dans l’air (21 % d’oxygène),<br />
peuvent l’être également après saturation <strong>de</strong> l’atmosphère à l’oxygène,<br />
par adaptation sur le goulot collé d’une coiffe dans laquelle<br />
circule un flux d’oxygène pur.<br />
1.2.3 ANALYSE DES COMPOSÉS SOUFRÉS<br />
Les analyses ont été réalisées à l’Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II (V.<br />
Lavigne, D. Dubourdieu) selon la métho<strong>de</strong> décrite par ces auteurs (6).<br />
Séparation <strong>et</strong> détection :<br />
Les composés soufrés légers sont séparés par chromatograhie en<br />
phase gazeuse sur un chromatographe HP 5890-I, équipé d’une colonne<br />
(4 m, 1/8 inch) remplie d’un support Chromosorb WHP 80-100<br />
mesch imprégné à 12 % <strong>de</strong> la phase stationnaire DC 200. Le gaz vecteur<br />
utilisé est l’azote (250 KPa, 15,5 mL/mn). La température est<br />
programmée <strong>de</strong> 65° C (isotherme initiale 5 mn) à 110°C à raison <strong>de</strong><br />
6° C/mn. L’injection est pratiquée à 115° C.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 18
Vinification<br />
Le détecteur utilisé est un détecteur à photométrie <strong>de</strong> flamme (FPD),<br />
<strong>de</strong> type simple flamme, HP-19256-A, calé à la longueur d’on<strong>de</strong> d’émission<br />
du soufre (I = 393 nm) grâce à un filtre interférentiel. Ce détecteur<br />
est maintenu à 200° C <strong>et</strong> alimenté par H 2 = 93 mL/mn,<br />
O 2 + H 2 = 100 mL/mn, N 2 55 mL/mn.<br />
Préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons pour le dosage :<br />
Les échantillons sont analysés selon la technique dite <strong>de</strong> « l’espace <strong>de</strong><br />
tête » dans les conditions suivantes :<br />
Le vin à doser est placé dans une <strong>de</strong>mi-bouteille (375 mL) à laquelle<br />
on soustrait 75 mL <strong>de</strong> l’échantillon. L’échantillon à analyser est fermé<br />
hermétiquement à l’ai<strong>de</strong> d’un bouchon à jupe rabattable. Après<br />
24 heures à température ambiante <strong>et</strong> à l’obscurité afin d’éviter l’apparition<br />
d’éventuels « goûts <strong>de</strong> lumière », prélèvement d’un volume connu<br />
<strong>de</strong> gaz à l’ai<strong>de</strong> d’une seringue à insuline. Injection <strong>de</strong> 1 ml.<br />
1.2.4 ANALYSE SENSORIELLE<br />
Les dégustations ont été réalisées à l’aveugle par un jury expérimenté<br />
d’œnologues <strong>et</strong> <strong>de</strong> chefs <strong>de</strong> cave. Le jury (10 à 15 personnes) s’accor<strong>de</strong><br />
sur un vocabulaire visant à caractériser les niveaux d’oxydation<br />
ou <strong>de</strong> réduction du champagne sur une échelle <strong>de</strong> 0 à 5 (0 = nul,<br />
5 = fort).<br />
Les vins présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> notes plutôt soufrées, animales, fermentaires,<br />
sont notés à « tendance réduite ». Les arômes qualifiés <strong>de</strong> fruits cuits,<br />
fruits mûrs, compotés, sont associés à <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères « d’oxydation ».<br />
Les dégustateurs doivent apprécier rapi<strong>de</strong>ment le type d’évolution du<br />
vin <strong>et</strong> ce sur 10 bouteilles par lot, codées, réparties au hasard sur les<br />
postes parmi l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles à déguster (maximum<br />
30 bouteilles, soit 3 lots <strong>de</strong> 10 bouteilles).<br />
Les résultats sont représentés sous forme <strong>de</strong> diagramme en bâtons ou<br />
<strong>de</strong> camemberts colorés. Les notations sont regroupées <strong>de</strong> la manière<br />
suivante :<br />
• jaune = 0, 1 réduction ou 1 oxydation,<br />
• orange = 2 <strong>et</strong> 3 oxydation<br />
• rouge = 4 <strong>et</strong> 5 oxydation<br />
• vert clair = 2 <strong>et</strong> 3 réduction<br />
• vert foncé = 4 <strong>et</strong> 5 réduction<br />
Les notes moyennes du jury perm<strong>et</strong>tent d’avoir ainsi une idée du profil<br />
sensoriel <strong>de</strong> chaque vin noté par ce panel.<br />
Photo 3 : Salle <strong>de</strong> dégustation<br />
2. LES APPORTS D’OXYGÈNE DURANT LA VIE DU CHAMPAGNE,<br />
DE LA MISE EN BOUTEILLES À LA CONSOMMATION<br />
Les sources d’enrichissement d’un vin en oxygène lors <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes en<br />
cuverie ont été abordées dans la première partie <strong>de</strong> c<strong>et</strong> article. Dans<br />
c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>uxième partie seront traitées les étapes <strong>de</strong> la mise en bouteilles<br />
à la consommation du vin.<br />
Dans la métho<strong>de</strong> d’élaboration d’un champagne, le vin <strong>de</strong> base est tout<br />
d’abord stabilisé par le froid <strong>et</strong> filtré. Il sert à préparer la mixtion <strong>de</strong><br />
tirage.<br />
La mixtion <strong>de</strong> tirage est un mélange <strong>de</strong> ce vin, avec du sucre (24 g/L)<br />
apporté sous forme d’une liqueur concentrée (500 g <strong>de</strong> saccharose par<br />
litre <strong>de</strong> vin), avec <strong><strong>de</strong>s</strong> levures préalablement cultivées sous forme d’un<br />
levain <strong>et</strong> pour finir <strong><strong>de</strong>s</strong> adjuvants. Ces adjuvants sont généralement<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> bentonites ou un mélange bentonite-alginate, dont le rôle est <strong>de</strong><br />
faciliter le remuage ultérieur du vin.<br />
Lors du tirage, la mixtion est mise en bouteilles. Suite à ces opérations,<br />
le vin contient quelques milligrammes d’oxygène par litre, auxquels<br />
s’ajoute l’oxygène contenu dans l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille entre le<br />
liqui<strong>de</strong> <strong>et</strong> la capsule.<br />
Dans le cas du champagne, c<strong>et</strong> oxygène est rapi<strong>de</strong>ment consommé par<br />
les levures lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> mousse (7). Elles produisent au cours <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te fermentation environ 12 grammes <strong>de</strong> gaz carbonique (CO 2 ) par<br />
litre <strong>de</strong> vin, soit 8 bars <strong>de</strong> pression à 20° C <strong>et</strong> amènent la concentration<br />
en oxygène à une valeur proche <strong>de</strong> zéro après seulement quelques<br />
jours.<br />
Puis intervient le stockage <strong><strong>de</strong>s</strong> vins dit sur lattes pendant <strong>de</strong> nombreux<br />
mois, voire plusieurs années. Au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> microéchanges<br />
gazeux se produisent entre l’intérieur <strong>et</strong> l’extérieur <strong>de</strong> la<br />
bouteille.<br />
En eff<strong>et</strong>, les pressions partielles d’oxygène <strong>et</strong> <strong>de</strong> gaz carbonique<br />
ten<strong>de</strong>nt en permanence à s’équilibrer avec celles <strong>de</strong> l’atmosphère du<br />
local <strong>de</strong> stockage. De ce fait, <strong>de</strong> p<strong>et</strong>ites quantités d’oxygène entrent<br />
dans la bouteille pendant que <strong>de</strong> faibles quantités du gaz carbonique<br />
s’en échappent.<br />
La vitesse <strong>de</strong> ces échanges, donc les volumes <strong>de</strong> gaz induits,<br />
dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la nature du joint <strong>de</strong> la capsule, <strong>de</strong> la régularité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
fournitures (épaisseur du joint, géométrie du col <strong>de</strong> la bouteille) <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
la qualité du sertissage. Ce constat a conduit à remplacer les anciennes<br />
capsules à joint liège par une gamme <strong>de</strong> capsules à joint synthétique<br />
(8, 9, 10, 11) perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> contrôler le niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 19
Vinification<br />
<strong>et</strong> d’assurer la régularité entre bouteilles d’un même lot, quand les<br />
conditions <strong>de</strong> sertissage sont rigoureusement contrôlées.<br />
Photo 4 : bouteilles sur chaîne<br />
L’oxygène qui rentre est sans doute consommé majoritairement par le<br />
vin car les levures déposées au fond <strong>de</strong> la bouteille ont vraisemblablement<br />
peu accès à c<strong>et</strong> oxygène. Une étu<strong>de</strong> est en cours pour préciser la<br />
part <strong>de</strong> consommation due au vin <strong>de</strong> celle due aux levures.<br />
En tout état <strong>de</strong> cause, la consommation d’oxygène dans le vin est<br />
toujours plus rapi<strong>de</strong> que son entrée par le bouchage puisque la<br />
concentration instantanée en oxygène d’un vin sur lattes est toujours<br />
voisine <strong>de</strong> zéro <strong>et</strong> cela quel que soit l’âge du vin.<br />
La quantité d’oxygène ainsi apportée, selon la capsule utilisée, influe<br />
directement sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques sensorielles du vin au<br />
cours <strong>de</strong> son séjour sur lattes.<br />
À l’issue du vieillissement sur lattes <strong>et</strong> après remuage, les champagnes<br />
sont dégorgés <strong>et</strong> dosés.<br />
Au sta<strong>de</strong> du dégorgement, l’opération est brutale puisque le vin est<br />
remis à pression atmosphérique après éjection du dépôt à l’ouverture<br />
<strong>de</strong> la bouteille. Le vin perd environ 0,5 bar <strong>de</strong> pression soit environ<br />
1 g/L <strong>de</strong> gaz carbonique. Au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te opération, malgré l’échappement<br />
<strong>de</strong> gaz carbonique, une quantité non négligeable d’oxygène<br />
entre dans le ciel gazeux <strong>de</strong> la bouteille ouverte <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouve enfermé<br />
par le biais du bouchage d’expédition.<br />
L’oxygène se dissout alors progressivement dans le vin.<br />
Vidal <strong>et</strong> al (12) donne <strong><strong>de</strong>s</strong> apports moyens <strong>de</strong> 1,6 mg/L pour <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes<br />
d’embouteillage fixes <strong>et</strong> 1,43 mg/L pour <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes mobiles. Ferrarini<br />
(13) indique pour sa part 1,2 mg/L. Ces valeurs paraissent faibles, soit<br />
elles n’intègrent pas l’oxygène apporté par l’espace <strong>de</strong> tête, soit celui-ci<br />
a été parfaitement inerté. Les informations fournies dans les articles ne<br />
sont pas explicites à ce suj<strong>et</strong>.<br />
Par le calcul, on peut se rendre compte qu’un centilitre d’espace <strong>de</strong><br />
tête, s’il est constitué uniquement d’air, apporte 2,85 mg d’oxygène au<br />
vin. C<strong>et</strong> oxygène va diffuser progressivement <strong>de</strong> la phase gazeuse vers<br />
le liqui<strong>de</strong>, puis sera consommé par le vin. Dans une bouteille <strong>de</strong> champagne<br />
<strong>de</strong> 75 cl, capsulée après tirage, l’espace <strong>de</strong> tête représente<br />
2,5 cl d’air soit un apport théorique maximal <strong>de</strong> 7,12 mg d’O 2 par bouteille,<br />
soit au maximum 9,79 mg par litre <strong>de</strong> vin tiré.<br />
Des mesures ont été réalisées en Champagne dans différentes maisons<br />
lors <strong>de</strong> la répartition en bouteilles <strong>de</strong> la mixtion <strong>de</strong> tirage. Pour les<br />
bouteilles qui se succè<strong>de</strong>nt immédiatement sur la chaîne, les teneurs<br />
en oxygène <strong><strong>de</strong>s</strong> vins sont sensiblement équivalentes (voir tableau 1).<br />
Tableau 1 : Teneurs en oxygène dissous (mg/L) <strong><strong>de</strong>s</strong> vins lors <strong>de</strong> la<br />
mise en bouteilles <strong>de</strong> mixtion <strong>de</strong> tirage<br />
Avec le bouchage d’expédition, on r<strong>et</strong>rouve les mêmes phénomènes<br />
que ceux décrits pour le bouchage couronne, à savoir <strong><strong>de</strong>s</strong> microéchanges<br />
par ce bouchage liés à l’équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions partielles<br />
en gaz carbonique <strong>et</strong> oxygène du vin avec celles <strong>de</strong> l’atmosphère.<br />
L’oxygène apporté par le dégorgement <strong>et</strong> celui qui passe par le bouchage<br />
d’expédition sont consommés lentement par le vin.<br />
La vitesse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te consommation est fonction <strong>de</strong> la composition du vin<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa température lors du stockage. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière phase <strong>de</strong><br />
consommation d’oxygène contribuera à la poursuite <strong>de</strong> l’évolution du<br />
vin dans la cave <strong>de</strong> l’élaborateur, puis chez le distributeur <strong>et</strong>, enfin,<br />
chez le consommateur.<br />
2.1 LES APPORTS D’OXYGÈNE LORS DES OPÉRATIONS<br />
DE MISE EN BOUTEILLES ET CONSERVATION<br />
En revanche, ces apports diffèrent au cours <strong>de</strong> l’opération <strong>de</strong> tirage<br />
elle-même. Dans l’exemple rapporté dans le tableau 2, figurent les<br />
valeurs obtenues dans les bouteilles (moyenne <strong>de</strong> 3 bouteilles) en<br />
fonction du niveau <strong>de</strong> la mixtion restant dans la cuve.<br />
Tableau 2 : Teneurs en oxygène dissous (mg/L) dans la cuve <strong>de</strong><br />
mixtion.<br />
2.1.1 TIRAGE ET PRISE DE MOUSSE<br />
L’oxygène présent dans un vin à l’issue d’une opération d’embouteillage<br />
peut avoir trois origines :<br />
• la teneur en oxygène du vin lui-même, suite aux traitements <strong>et</strong><br />
transfert qui précè<strong>de</strong>nt son arrivée dans la cuve qui alimente la<br />
tireuse ;<br />
• l’oxygène apporté par l’opération <strong>de</strong> mise en bouteilles elle-même :<br />
circuit, tireuse, « pousse » à l’air, <strong>et</strong>c. ;<br />
• l’oxygène présent dans l’espace <strong>de</strong> tête compris entre le vin <strong>et</strong> le<br />
bouchage emprisonné lors du bouchage <strong>et</strong> qui se dissout progressivement<br />
dans le vin.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 20
Vinification<br />
On observe visuellement, mais aussi au travers <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses, l’eff<strong>et</strong><br />
fond <strong>de</strong> cuve où la mixtion arrivant au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> palles <strong>de</strong> l’agitateur.<br />
C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> est moindre dans les cuves disposant d’un agitateur avec<br />
plusieurs palles réparties sur l’axe. La teneur en oxygène dans le vin<br />
embouteillé est donc fonction <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la mixtion, <strong>de</strong> l’apport par la<br />
tireuse <strong>et</strong> <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> chaque bouteille.<br />
L’oxygène enfermé dans la bouteille au tirage est consommé intégralement<br />
<strong>et</strong> en quelques jours par les levures (7). On peut donc considérer<br />
que c<strong>et</strong> apport important, <strong>et</strong> qui peut être hétérogène d’une bouteille à<br />
l’autre lors <strong>de</strong> la mise en bouteilles, a vraisemblablement un eff<strong>et</strong> limité<br />
sur l’évolution future d’un champagne. On ne peut en dire autant dans<br />
le cas d’un vin tranquille.<br />
Les mesures <strong>de</strong> pertes en gaz carbonique <strong>et</strong> d’entrées d’oxygène sont<br />
donc bien en corrélation <strong>et</strong> les échanges gazeux au travers du bouchage<br />
correspon<strong>de</strong>nt bien à un phénomène <strong>de</strong> diffusion.<br />
Les pertes en CO 2 mesurées sont <strong>de</strong> 0,12 à 0,56 mL par an selon la<br />
capsule utilisée. En pratique, l’on constate effectivement <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes <strong>de</strong><br />
pression <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 2 bars en 10 ans pour les capsules les plus<br />
« ouvertes ». Les volumes d’entrée d’oxygène sont environ 200 fois<br />
plus faibles (6 à 19.10 -4 mL/24 h), soit <strong><strong>de</strong>s</strong> apports dans le vin <strong>de</strong> respectivement<br />
0,42 mg/L à 1,32 mg/L par an pour les capsules testées<br />
ici, 0,4 à 1,7 mg/L pour les capsules présentes sur le marché.<br />
Schéma 2 : Bouchage couronne<br />
Schéma 1 : Tirage <strong>et</strong> prise <strong>de</strong> mousse<br />
2.1.2 LE SÉJOUR DES VINS SUR LATTES<br />
Pendant très longtemps, une bouteille en prise <strong>de</strong> mousse a été considérée<br />
comme un récipient clos, sans échange avec l’extérieur, limitant<br />
la maturation d’un champagne aux seuls eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’autolyse <strong><strong>de</strong>s</strong> levures<br />
(14). En fait, il n’en est rien, aucun bouchage œnologique n’est<br />
parfaitement étanche aux gaz. Dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents élaborés<br />
en bouteilles, <strong>de</strong> faibles quantités <strong>de</strong> gaz carbonique s’échappent<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’oxygène entre malgré la pression interne <strong>de</strong> CO 2 . Les pressions<br />
partielles <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux gaz ten<strong>de</strong>nt à s’équilibrer entre l’intérieur <strong>et</strong><br />
l’extérieur <strong>de</strong> la bouteille. Ces échanges sont faibles mais mesurables.<br />
Depuis <strong>de</strong> nombreuses années, les capsules à joint synthétique du<br />
marché champenois sont caractérisées par les valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes en<br />
CO 2 qu’elles confèrent au bouchage après tirage (10, 11).<br />
Récemment, une étu<strong>de</strong> complémentaire a été <strong>de</strong>mandée au Laboratoire<br />
National d’Essais (LNE) sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchages couronne réalisés dans<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> sertissage standardisées en laboratoire (force <strong>de</strong><br />
compression <strong>et</strong> diamètre <strong>de</strong> sertissage maîtrisés). Les mesures sont<br />
réalisées dans l’air <strong>et</strong> dans l’oxygène pur (15) selon la métho<strong>de</strong> décrite<br />
dans « matériels <strong>et</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> ».<br />
Aux erreurs expérimentales près, les valeurs sont concordantes entre<br />
l’air <strong>et</strong> l’oxygène pur (tableau 3). Ramené à 1 bar <strong>de</strong> pression, le rapport<br />
« perte en CO 2 » sur « entrée d’O 2 » varie <strong>de</strong> 5 à 8 selon les capsules.<br />
Ce coefficient est proche <strong>de</strong> celui obtenu habituellement dans les<br />
phénomènes <strong>de</strong> diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> matières plastiques.<br />
Il faut tout <strong>de</strong> même prendre ces valeurs avec pru<strong>de</strong>nce compte tenu<br />
<strong>de</strong> la méthodologie <strong>de</strong> mesure <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> attachée à la mesure<br />
<strong>de</strong> très faibles échanges gazeux. De surcroît, l’erreur éventuelle <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te mesure, réalisée sur 24 heures, est multipliée par le facteur<br />
temps. Les valeurs relatives entre capsules sont cependant correctes <strong>et</strong><br />
confirmées par les résultats <strong>de</strong> dégustation qui seront exposés plus loin.<br />
Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> vins séjournant 5 à 10 ans en cave, les apports en oxygène<br />
peuvent ainsi atteindre plusieurs mg/L, ce qui est considérable par<br />
rapport aux valeurs évoquées jusqu’à présent. Pour mémoire, les capsules<br />
à joint liège utilisées autrefois se situaient à <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs moyennes<br />
dans le haut <strong>de</strong> la fourch<strong>et</strong>te (1,5 mg/L/an calculé), avec une très<br />
forte hétérogénéité au sein d’un même lot <strong>de</strong> fabrication.<br />
Malgré ces entrées d’oxygène, on ne trouve jamais d’oxygène ou que<br />
<strong>de</strong> faibles traces dans les champagnes sur lattes, lors <strong>de</strong> leur séjour en<br />
cave. Il est consommé au fur <strong>et</strong> à mesure qu’il entre dans la bouteille.<br />
Influence <strong>de</strong> la capsule sur l’évolution sensorielle <strong><strong>de</strong>s</strong> vins<br />
De nombreuses expérimentations ont été réalisées <strong>de</strong>puis 1989 pour<br />
montrer l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux au travers du bouchage couronne<br />
sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes au cours <strong>de</strong> leur séjour sur<br />
lattes, en cave.<br />
Schéma 3 : Capsule <strong>et</strong> évolution sensorielle<br />
Tableau 3 : Pertes en CO 2 <strong>et</strong> entrées d’O 2 en cm 3 /24 h pour trois<br />
capsules utilisées en Champagne<br />
L’exemple rapporté ci-après (Figure 1) est celui d’un même vin <strong>de</strong><br />
base tiré avec trois capsules différentes, notées A, B <strong>et</strong> C. Grâce aux<br />
données connues sur ces capsules (10), on peut estimer les apports<br />
d’oxygène induits par le bouchage respectivement <strong>de</strong> 0,35 - 1 <strong>et</strong><br />
2,5 mg/L par an.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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Page 21
Vinification<br />
Les résultats sont très cohérents, même si les différences <strong>de</strong>viennent<br />
n<strong>et</strong>tement plus perceptibles après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> vieillissement sur lattes<br />
<strong>et</strong> s’accentuent au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> années.<br />
En toute rigueur, il est toutefois inexact <strong>de</strong> comparer les sta<strong><strong>de</strong>s</strong> entre<br />
eux dans la mesure où les juges ne sont pas forcément les mêmes à<br />
chaque séance <strong>et</strong> que les jugements sensoriels <strong><strong>de</strong>s</strong> dégustateurs sont<br />
relatifs à la série <strong>de</strong> vins dégustés, pour un sta<strong>de</strong> donné. Ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> vins<br />
jugés à caractère « réduit » à six ans sont perçus <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te manière<br />
parce qu’ils sont comparés, dans la même dégustation, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles<br />
du même vin avec un profil très oxydé.<br />
Avec la capsule B, les vins qui ont un profil plus centré évoluent légèrement<br />
vers <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes <strong>de</strong> fruits cuits, mais conservent un beau potentiel<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Les vins élaborés avec la capsule C sont marqués par <strong>de</strong><br />
forts caractères d’oxydation. Après dix ans, ces <strong>de</strong>rniers vins ont été<br />
jugés comme passés, usés. La capsule C a d’ailleurs été rapi<strong>de</strong>ment<br />
r<strong>et</strong>irée du commerce <strong>et</strong> il a été <strong>de</strong>mandé aux fabricants <strong>de</strong> proposer au<br />
marché <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules dont les échanges gazeux conférés au bouchage<br />
n’excè<strong>de</strong>nt pas 0,8 cm 3 <strong>de</strong> CO 2 par 24 heures.<br />
Ces données <strong>de</strong> dégustation sont d’ailleurs parfaitement corrélées aux<br />
caractéristiques chromatiques mesurées sur ces mêmes vins (9, 10).<br />
Ces expérimentations ont été effectuées plusieurs dizaines <strong>de</strong> fois au<br />
cours <strong>de</strong> ces 15 <strong>de</strong>rnières années. Les résultats sont systématiquement<br />
dans le même sens même s’ils s’expriment <strong>de</strong> façon plus ou moins<br />
prononcée selon le vin <strong>de</strong> base (10). D’où la difficulté du choix <strong>de</strong> la<br />
capsule dans la mesure où l’on ne sait pas, pour l’heure, prédire l’évolution<br />
d’un vin dont on ne connaît ni le potentiel <strong>de</strong> vieillissement ni la<br />
date <strong>de</strong> sa commercialisation puis <strong>de</strong> sa consommation.<br />
L’utilisation <strong>de</strong> joints synthétiques aux caractéristiques reproductibles<br />
perm<strong>et</strong> tout au moins <strong>de</strong> garantir une gran<strong>de</strong> homogénéité sensorielle<br />
sur les vins d’un même lot <strong>de</strong> tirage. À condition cependant <strong>de</strong> parfaitement<br />
définir les conditions <strong>de</strong> sertissage <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> la régularité<br />
<strong>de</strong> ce sertissage tout au long <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> tirage. Des travaux<br />
sont en cours sur ce suj<strong>et</strong>.<br />
2.1.3 LE DÉGORGEMENT<br />
Lors du dégorgement les bouteilles sont décapsulées pour évacuer le<br />
dépôt <strong>de</strong> levures <strong>et</strong> d’adjuvant rassemblés dans le col <strong>de</strong> la bouteille<br />
par le remuage. Au cours <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te opération, la bouteille reste ouverte<br />
<strong>de</strong> quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong> à une minute <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie pour les chaînes avec un<br />
long convoyeur entre la remise à niveau <strong>et</strong> le bouchage. Contrairement<br />
à une idée reçue, les champagnes à ce sta<strong>de</strong> ne sont que partiellement<br />
protégés vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> entrées d’oxygène par le dégazage <strong>de</strong> la bouteille.<br />
Photo 5 : Dégorgement<br />
Des mesures ont été réalisées dans une dizaine d’établissements <strong>de</strong><br />
taille importante, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles récupérées en bout <strong>de</strong> chaîne<br />
après pose du bouchon d’expédition.<br />
Figure 2 : Concentration en oxygène dissous (mg/L) <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes<br />
après bouchage liège dans différents établissements champenois<br />
(moyenne <strong>et</strong> écart type)<br />
Figure 1 : Profils sensoriels d’un même champagne à différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
<strong>de</strong> vieillissement sur lattes, en fonction <strong>de</strong> la capsule utilisée<br />
Les commentaires <strong><strong>de</strong>s</strong> dégustateurs sont néanmoins très tranchés,<br />
notamment ceux exprimés après six ans <strong>de</strong> séjour sur lattes. À ce<br />
sta<strong>de</strong>, la capsule A qui induit <strong>de</strong> faibles entrées d’oxygène donne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
vins très peu évolués avec même <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes <strong>de</strong> réduction.<br />
(02) en mg/L<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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Vinification<br />
Les résultats (Figure 2) montrent que la teneur moyenne en oxygène<br />
dans le vin après équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> phases liqui<strong>de</strong> <strong>et</strong> gazeuse est en<br />
moyenne <strong>de</strong> 1 mg/L. Mais c<strong>et</strong>te valeur peut atteindre jusqu’à 5 mg/L<br />
sur certaines machines, en fonction du procédé <strong>de</strong> remise à niveau du<br />
vin après dosage. L’oxygène disponible pour le vin est celui mesuré<br />
dans le vin plus celui contenu dans l’espace <strong>de</strong> tête qui se dissoudra<br />
progressivement, au fur <strong>et</strong> à mesure <strong>de</strong> la consommation par le vin.<br />
Dans le cas d’un champagne bouché liège, le calcul montre que la<br />
teneur en oxygène qui sera apportée au vin par l’espace <strong>de</strong> tête est<br />
équivalente à celle dissoute dans le vin, mesuré après bouchage <strong>et</strong><br />
équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> phases. Les valeurs mini <strong>et</strong> maxi mesurées sont <strong>de</strong> 0,7<br />
à 5 mg/L selon les chantiers donc potentiellement 1,4 à 10 mg/L avec<br />
l’apport <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête. Par ailleurs, ces valeurs peuvent être très<br />
fluctuantes d’une bouteille à l’autre en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> arrêts machine, <strong>de</strong><br />
la mousse (16) présente dans le col <strong>de</strong> la bouteille, du type <strong>de</strong> bouchon<br />
<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> bouchage. En fait les phénomènes gazeux<br />
qui se produisent lors du bouchage sont assez complexes. En premier<br />
lieu on n’obtient pas les mêmes valeurs avec un bouchage rase-bague<br />
<strong>et</strong> avec un bouchage rentrant. Ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes bouchés après<br />
dégorgement-dosage avec une capsule couronne se r<strong>et</strong>rouvent avec<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en oxygène supérieures à celles obtenues avec un bouchage<br />
liège qui rentre dans le col. Dans le cas du « rebouchage couronne<br />
» les valeurs sont proches <strong>de</strong> 3 mg/L au lieu <strong>de</strong> 1 mg/l évoqué<br />
précé<strong>de</strong>mment avec le bouchon liège. L’enfoncement du bouchon<br />
provoque un phénomène <strong>de</strong> surpression qui chasse le contenu gazeux<br />
au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du liqui<strong>de</strong> (17). Ce phénomène <strong>de</strong> chasse est aussi dépendant<br />
<strong>de</strong> l’élasticité du bouchon <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa vitesse d’enfoncement.<br />
En définitive, dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents, la teneur en oxygène<br />
d’un vin bouché liège après dégorgement va dépendre d’un grand<br />
nombre <strong>de</strong> facteurs parfois difficilement contrôlables qui vont influencer<br />
le volume <strong>et</strong> la composition du ciel gazeux (% CO 2 , N 2 , O 2 ) <strong>de</strong> la<br />
bouteille (voir Figure 3) :<br />
Figure 3 : Sources d’hétérogénéité sur les teneurs en oxygène au dégorgement<br />
Influence du dégorgement sur l’évolution sensorielle du champagne<br />
Le dégorgement constitue un apport brutal d’oxygène par opposition à<br />
la micro-oxygénation via les capsules. Pour protéger le vin, les élaborateurs<br />
ajoutent traditionnellement du SO 2 , en moyenne 15 à 20 mg/L,<br />
qui est incorporé avec la liqueur d’expédition. Une série d’expérimentations<br />
a été réalisée pour juger <strong>de</strong> l’impact croisé <strong>de</strong> c<strong>et</strong> apport d’oxygène<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> SO 2 sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques sensorielles du<br />
champagne (18).<br />
Pour éviter les apports aromatiques éventuels apportés par le bouchon<br />
liège, les vins après dégorgement ont été recapsulés, même si l’apport<br />
d’oxygène est dans ce cas un peu plus important. Quatre modalités ont<br />
été testées :<br />
• avec oxygène, environ 1,8 mg/L <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux variantes : sans apport <strong>de</strong><br />
SO 2 <strong>et</strong> avec un ajout <strong>de</strong> SO 2 <strong>de</strong> 15 mg/L,<br />
• sans oxygène par inertage du ciel gazeux à l’azote <strong>et</strong> les <strong>de</strong>ux<br />
mêmes variantes sans <strong>et</strong> avec SO 2 à 15 mg/L.<br />
Des suivis <strong>de</strong> la teneur en oxygène dans les vins montrent que l’oxygène<br />
entré au dégorgement est consommé à la même vitesse avec ou<br />
sans apport <strong>de</strong> SO 2 par la liqueur d’expédition (voir Figure 4).<br />
Figure 4 : Consommation <strong>de</strong> l’oxygène après dégorgement<br />
2.0<br />
1.5<br />
1.0<br />
(02) en mg/L<br />
0.5<br />
Avec<br />
SO2<br />
Sans SO2<br />
0.0<br />
D 0<br />
1 3 6 8 12 14 24 mois<br />
En revanche, à la dégustation, réalisée dans les mêmes conditions que<br />
celles décrites précé<strong>de</strong>mment pour les capsules (15 mois après dégorgement),<br />
les vins présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> profils radicalement différents. Dans<br />
le premier cas, sans SO 2 , les vins sont caractérisés par <strong><strong>de</strong>s</strong> notes oxydatives,<br />
en orangé sur la Figure 5.<br />
Figure 5 : Influence <strong>de</strong> l’oxygène <strong>et</strong> du SO 2 , présents dans la bouteille<br />
après bouchage, sur l’évolution sensorielle <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes<br />
• le principe <strong>de</strong> remise à niveau <strong>de</strong> la doseuse ;<br />
• le temps d’ouverture entre remise à niveau <strong>et</strong> bouchage ;<br />
• le bouchon (élasticité, traitement <strong>de</strong> surface) qui influe sur le phénomène<br />
<strong>de</strong> chasse, mais aussi <strong>de</strong> l’oxygène relargué par le bouchon<br />
lui-même ;<br />
• le process <strong>de</strong> bouchage (ca<strong>de</strong>nce, vitesse d’enfoncement, diamètre<br />
<strong>de</strong> serrage, profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> bouchage) ;<br />
• la « nervosité » <strong>de</strong> la cuvée ou les événements <strong>de</strong> process qui<br />
peuvent provoquer un dégazage <strong>et</strong> la formation <strong>de</strong> mousse<br />
(particules dans le vin, chocs entre bouteilles).<br />
Remarque : Par extrapolation dans les vins tranquilles, le bouchage à<br />
vis entraîne une augmentation <strong>de</strong> la teneur en oxygène dissous du vin<br />
si l’espace <strong>de</strong> tête n’est pas inerté, du fait d’un espace <strong>de</strong> tête plus<br />
grand <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’absence du phénomène <strong>de</strong> chasse.<br />
8 mois après le dégorgement<br />
Sans<br />
SO 2<br />
Avec entrée d’O 2<br />
Protection par<br />
SO 2 utile<br />
Avec<br />
SO 2<br />
Sans<br />
SO 2<br />
Sans entrée d’O 2<br />
« forte réduction »<br />
Trop <strong>de</strong> SO 2<br />
Avec<br />
SO 2<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 23
Vinification<br />
En présence <strong>de</strong> SO 2 , le vin est protégé vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxydation mais<br />
peut générer <strong><strong>de</strong>s</strong> composés soufrés, qui confèrent au champagne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
notes dites <strong>de</strong> réduction. Comme on peut le voir sur les <strong>de</strong>ux camemberts<br />
du bas <strong>de</strong> la Figure 5, quand le vin est privé d’oxygène au dégorgement,<br />
l’oxydation est faible même sans apport <strong>de</strong> SO 2 . Dans ce<br />
vin inerté on a même induit, par l’apport <strong>de</strong> SO 2 , <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères <strong>de</strong><br />
réduction très marqués (dominante verte en bas <strong>et</strong> à droite <strong>de</strong> la figure)<br />
plutôt mal jugés par les dégustateurs. Compte tenu <strong><strong>de</strong>s</strong> écarts<br />
entre bouteilles sur les quantités d’O 2 entrées au dégorgement, <strong>de</strong><br />
telles différences sensorielles peuvent parfaitement être observées<br />
dans la pratique sur les bouteilles d’un même lot.<br />
La solution la plus adaptée pour éviter ces déviations sensorielles <strong>et</strong><br />
ces risques d’hétérogénéité entre bouteilles est donc <strong>de</strong> chasser l’O 2<br />
entré dans l’espace <strong>de</strong> tête entre la remise à niveau (post-dosage) <strong>et</strong><br />
le bouchage d’expédition, en inertant le col <strong>de</strong> la bouteille juste avant<br />
bouchage.<br />
Photo 6 : Inertage<br />
après dégorgement<br />
La réponse est aussi fonction du type <strong>de</strong> vin considéré <strong>et</strong> <strong>de</strong> la dose <strong>de</strong><br />
SO 2 ajoutée (Figure 5). Ainsi pour le champagne A, huit mois après<br />
dégorgement, une dose <strong>de</strong> 15 mg <strong>de</strong> SO 2 par litre, apportée par la<br />
liqueur, assure une protection satisfaisante alors qu’il faut recourir à<br />
une dose <strong>de</strong> 30 mg <strong>de</strong> SO 2 par litre pour avoir le même eff<strong>et</strong> avec le<br />
champagne B. A contrario, le vin A présente une réduction trop marquée<br />
pour une dose <strong>de</strong> 30 mg <strong>de</strong> SO 2 par litre.<br />
Figure 6 : Evolution sensorielle après dégorgement <strong>et</strong> sulfitage selon<br />
le type <strong>de</strong> vin<br />
8 mois après le dégorgement<br />
Champagne<br />
A<br />
S0 2 =0<br />
SO 2 =15mg/l<br />
SO 2 =30mg/I<br />
Champagne<br />
B<br />
C<strong>et</strong>te solution est en cours d’étu<strong>de</strong> pour pouvoir être mise en œuvre<br />
prochainement sur sites aux ca<strong>de</strong>nces industrielles, à l’instar <strong>de</strong> ce que<br />
font les brasseurs pour répondre au même souci <strong>de</strong> protection vis-à-vis<br />
<strong>de</strong> l’oxygène.<br />
2.1.4 LE BOUCHAGE D’EXPÉDITION<br />
Avec le bouchage d’expédition, nous r<strong>et</strong>rouvons les mêmes phénomènes<br />
qu’avec le bouchage couronne, à savoir <strong><strong>de</strong>s</strong> micro-échanges par le<br />
bouchage liés à l’équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions partielles en gaz carbonique<br />
<strong>et</strong> oxygène entre le vin <strong>et</strong> l’atmosphère.<br />
Le C.I.V.C. a fait réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures par le Laboratoire National<br />
d’Essais sur différents bouchages, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons traditionnels<br />
liège comprenant un manche aggloméré <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux ron<strong>de</strong>lles <strong>de</strong> liège<br />
positionnées du côté du vin.<br />
Les sorties <strong>de</strong> CO 2 ont été mesurées selon le protocole décrit dans<br />
matériels <strong>et</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les résultats (Figure 8) montrent que pour un<br />
même lot <strong>de</strong> bouchons, il y a peu <strong>de</strong> variations entre bouteilles d’un<br />
même lot <strong>et</strong> au cours du temps. Les écarts types sont faibles, du moins<br />
sur les <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> bouchage étudiés (19).<br />
Figure 8 : Pertes en CO 2 (ml/24 h) du bouchage liège<br />
Dans ces cas <strong>de</strong> forte réduction, les premières analyses <strong><strong>de</strong>s</strong> composés<br />
soufrés légers (voir Figure 7) réalisées à l’Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II<br />
(V. Lavigne, D. Dubourdieu) montrent une augmentation du<br />
méthan<strong>et</strong>hiol <strong>et</strong> surtout <strong>de</strong> l’hydrogène sulfuré.<br />
Figure 7 : Teneur en composés soufrés en fonction du réajustement<br />
en SO 2 du dosage(Lavigne, Dubourdieu)<br />
Pg/l<br />
8 mois après le dégorgement<br />
20<br />
Méthan<strong>et</strong>hiol<br />
15<br />
Hydrogène sulfuré<br />
10<br />
5<br />
0<br />
0 mg/L 15 mg/L 30 mg/L<br />
Ajout <strong>de</strong> SO2<br />
En revanche, il y a une gran<strong>de</strong> hétérogénéité entre lots <strong>de</strong> bouchons<br />
(voir Figure 9) puisque les échanges gazeux peuvent fluctuer <strong>de</strong> 1 à 4<br />
sur un échantillonnage <strong>de</strong> bouchons d’origines différentes.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 24
Vinification<br />
Figure 9 : Pertes en CO 2 (ml/24 h) <strong>de</strong> 19 bouchages liège différents<br />
(une bouteille par lot)<br />
C<strong>et</strong>te extrapolation n’est cependant pas rigoureuse dans la mesure où<br />
le comportement d’un bouchon liège vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux ne<br />
peut être assimilé à celui d’un joint <strong>de</strong> capsule. Des mesures complémentaires<br />
(en cours) <strong>de</strong>vraient perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> données précises<br />
sur ce point.<br />
On peut cependant penser que le bouchage d’expédition contribue aux<br />
apports d’oxygène avec autant d’intensité (voire plus) que le bouchage<br />
couronne, mais le plus souvent sur une durée plus courte. La durée <strong>de</strong><br />
conservation <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes avec le bouchon d’expédition est généralement<br />
inférieure à celle du bouchage <strong>de</strong> tirage. L’eff<strong>et</strong> dû à l’oxygène<br />
entré via le bouchage est aussi en gran<strong>de</strong> partie masqué par<br />
celui dû à l’oxygène introduit lors du dégorgement, du moins dans les<br />
premiers mois après bouchage.<br />
Schéma 4 : Bouchage<br />
d’expédition<br />
Les pertes en CO 2 varient en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> 0,5 à plus <strong>de</strong> 2 cm 3 par<br />
24 heures. On peut comparer ces valeurs avec celles obtenues pour les<br />
capsules. Dans ces conditions, la moyenne <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons liège se comporterait<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxygène comme les capsules les moins<br />
« barrière ».<br />
3. DISCUSSION<br />
Le travail réalisé sur plus <strong>de</strong> 10 ans perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faire un bilan, même s’il<br />
n’est pas exhaustif, sur les apports d’oxygène au cours <strong>de</strong> l’élaboration<br />
d’un vin (Tableau 4), d’évaluer le poids respectif <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
étapes <strong>de</strong> la vinification <strong>et</strong> leur impact probable sur le produit final. La<br />
difficulté est que l’on ne connaît pas à ce jour la quantité d’oxygène<br />
nécessaire à chaque vin pour atteindre son optimum <strong>de</strong> maturité. On<br />
peut néanmoins estimer que les eff<strong>et</strong>s sont cumulatifs, c’est-à-dire que<br />
l’oxydation connue par un même vin en cuve va en quelque sorte entamer<br />
son potentiel futur à résister à <strong>de</strong> nouvelles expositions à l’oxygène<br />
ou au contraire lui faire atteindre plus rapi<strong>de</strong>ment c<strong>et</strong> optimum. Reprenons la<br />
chronologie d’élaboration d’un champagne.<br />
Au sta<strong>de</strong> cuverie, les apports cumulés correspondant aux différents<br />
transferts <strong><strong>de</strong>s</strong> vin, à leur stabilisation <strong>et</strong> à la clarification, représentent<br />
entre 3 <strong>et</strong> 5 mg/L, sans protection particulière. C<strong>et</strong> apport double facilement,<br />
voire triple, en cas <strong>de</strong> soutirage avec aération ou suite au<br />
transport <strong><strong>de</strong>s</strong> vins clairs dans les citernes en vidange (1).<br />
Schéma 5 : Apports d’oxygène – Bilan cuverie<br />
Schéma 6 : Apports d’oxygène - Bilan bouteilles<br />
L’autre paramètre qui distingue les <strong>de</strong>ux sta<strong><strong>de</strong>s</strong> est l’homogénéité ou,<br />
à l’inverse, l’hétérogénéité <strong><strong>de</strong>s</strong> eff<strong>et</strong>s sur les vins terminés prêts à être<br />
commercialisés. En cuverie, quelle que soit la source d’apport, elle se<br />
répercute <strong>de</strong> façon homogène sur le vin <strong>et</strong> n’induira donc pas <strong>de</strong> différences<br />
entre bouteilles.<br />
Schéma 7 : Homogénéité en cuverie<br />
Au sta<strong>de</strong> bouteille, même si certaines valeurs sont encore à affiner, on<br />
peut considérer que l’apport moyen en oxygène pour un champagne<br />
<strong>de</strong> 2 à 3 ans est aussi <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 à 5 mg/L. L’exposition à l’oxygène<br />
peut être plus importante pour les champagnes <strong>de</strong> moyenne <strong>et</strong><br />
longue gar<strong><strong>de</strong>s</strong> dont la durée <strong>de</strong> conservation peut atteindre plusieurs<br />
dizaines d’années.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 25
Vinification<br />
Tableau 4 : Bilan <strong><strong>de</strong>s</strong> apports d’oxygène (mg/L) lors <strong>de</strong> l’élaboration<br />
d’un vin tranquille ou effervescent type champagne<br />
Au sta<strong>de</strong> bouteilles, les apports d’oxygène sont à la fois aussi importants<br />
en volume, mais ils sont surtout la source principale <strong>de</strong> l’hétérogénéité<br />
entre bouteilles d’une même cuvée.<br />
Sur le Schéma 8 ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, on peut visualiser où se situent ces sources<br />
d’hétérogénéité <strong>et</strong> évaluer les progrès, accomplis ou en cours, pour<br />
améliorer encore la régularité entre bouteilles d’un même lot.<br />
Schéma 8 : Hétérogénéité en bouteilles (les points <strong>de</strong> couleurs différentes<br />
représentent schématiquement l’hétérogénéité entre bouteilles,<br />
en fonction <strong>de</strong> l’oxygène reçu)<br />
Au tirage, les vins ont <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en oxygène assez variables, mais la<br />
prise <strong>de</strong> mousse rétablit l’homogénéité. Pendant le séjour sur lattes, le<br />
changement <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules à joint liège par <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules à joint synthétique<br />
a constitué un progrès considérable pour la filière, en matière <strong>de</strong><br />
régularité entre bouteilles. Toutefois, le choix <strong>de</strong> la capsule doit être<br />
bien réfléchi <strong>et</strong> la décision dépend <strong>de</strong> chaque cuvée <strong>et</strong> <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tination<br />
commerciale. L’autre exigence sur ce poste est une parfaite maîtrise<br />
du sertissage, tout au long <strong>de</strong> la campagne. Le dégorgement<br />
représente le poste où la variabilité entre bouteilles est potentiellement<br />
la plus forte, du fait d’apports instantanés importants <strong>et</strong> avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
écarts entre bouteilles qui peuvent être considérables, <strong>de</strong> 0 à 10 mg/L<br />
pour les extrêmes. La para<strong>de</strong> passe nécessairement par l’inertage du<br />
ciel gazeux <strong>de</strong> la bouteille. Ce procédé perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> limiter le sulfitage<br />
qui constitue une solution imparfaite <strong>et</strong> même une source supplémentaire<br />
d’irrégularités entre bouteilles, en générant <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes soufrés<br />
peu souhaitables.<br />
Pour l’ultime étape du bouchage d’expédition, on r<strong>et</strong>rouve une problématique<br />
i<strong>de</strong>ntique à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules <strong>de</strong> tirage même si le liège est<br />
un matériau plus complexe qu’un joint <strong>de</strong> capsule. Il n’est pas inerte<br />
car susceptible <strong>de</strong> libérer <strong><strong>de</strong>s</strong> composés favorables ou défavorables<br />
dans le vin, il est par nature hétérogène <strong>et</strong> pour finir son comportement<br />
peut évoluer au cours du temps du fait <strong>de</strong> son contact avec le<br />
vin. Nul doute que les évolutions du bouchage d’expédition<br />
(boucheuses, bouchons, <strong>et</strong>c.) <strong>de</strong>vront à l’avenir prendre en compte la<br />
maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux.<br />
Si l’on fait abstraction <strong>de</strong> certaines pratiques particulières évoquées<br />
précé<strong>de</strong>mment, comme le transport dans <strong><strong>de</strong>s</strong> citernes en vidange ou<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> soutirages avec envoi par le haut <strong>de</strong> la cuve, les données du<br />
tableau 4 montrent que le sta<strong>de</strong> bouteille est en fait primordial en ce<br />
qui concerne les apports d’oxygène que connaît un vin, notamment<br />
dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents élaborés en bouteilles qui ont <strong>de</strong>ux<br />
bouchages successifs. Le raisonnement peut être élargi à tous les vins<br />
tranquilles <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, notamment quand les précautions d’inertage ne<br />
sont pas prises à la mise en bouteilles.<br />
C<strong>et</strong>te prise en compte <strong>de</strong> l’oxygène dans les opérations d’embouteillage<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> bouchage a été trop longtemps négligée en œnologie, alors<br />
que dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> vins <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ce sta<strong>de</strong> là n’est souvent que celui<br />
<strong>de</strong> l’adolescence.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la maîtrise du vieillissement, ce thème <strong>de</strong> l’oxygène en<br />
vinification est la source <strong>de</strong> réponses, au moins partielles, à <strong><strong>de</strong>s</strong> questions<br />
que se posent les professionnels <strong>et</strong> les consommateurs. Certaines<br />
d’entre elles sont un peu anecdotiques, d’autres, au contraire, sont<br />
fondamentales pour notre filière comme celles <strong>de</strong> l’hétérogénéité d’évolution<br />
entre les bouteilles d’un même lot ou celles <strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> au<br />
vieillissement d’un vin.<br />
3.1 VARIABILITÉ ENTRE BOUTEILLES D’UNE MÊME CUVÉE<br />
Le constat d’hétérogénéité entre bouteilles que nous venons <strong>de</strong> faire<br />
sur les vins effervescents est extrapolable à tous les vins, alors que l’on<br />
évoque souvent <strong><strong>de</strong>s</strong> phases <strong>de</strong> maturation ou <strong><strong>de</strong>s</strong> évolutions cycliques<br />
du vin. Ne sont-elles pas la plupart du temps que les fluctuations sensorielles<br />
liées aux variations <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux bouteille à bouteille<br />
Qu’en serait-il en garantissant une homogénéisation <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges<br />
gazeux <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons pour un même lot <strong>de</strong> bouteilles L’exemple<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> capsules couronne du bouchage <strong>de</strong> tirage est révélateur. Les professionnels<br />
du champagne reconnaissent à ce jour que la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
entrées d’oxygène, grâce au remplacement <strong><strong>de</strong>s</strong> joints liège par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
joints synthétiques, perm<strong>et</strong> une remarquable homogénéité entre bouteilles<br />
<strong>et</strong> le contrôle <strong>de</strong> l’évolution d’un vin.<br />
Malgré cela, certains vinificateurs préten<strong>de</strong>nt que la différence d’évolution<br />
sensorielle entre bouteilles fait partie <strong>de</strong> la « magie » du vin. En<br />
tant que consommateur, lorsque l’on ouvre <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles (parfois<br />
cher) « la magie » s’évanouit quand la première bouteille est superbe<br />
<strong>et</strong> que sa p<strong>et</strong>ite sœur issue <strong>de</strong> la même caisse est plus que décevante.<br />
La maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux du bouchage est donc une voie <strong>de</strong><br />
progrès <strong>et</strong> <strong>de</strong> satisfaction indéniables pour la profession vinicole <strong>et</strong><br />
pour la clientèle.<br />
3.2 L’EXPÉRIMENTATION ŒNOLOGIQUE<br />
On peut s’interroger sur la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses <strong>de</strong> certaines expérimentations<br />
dans lesquelles les auteurs cherchent à juger <strong>de</strong> l’impact<br />
sur le vieillissement d’un vin, d’une technique <strong>de</strong> vinification, ou d’une<br />
pratique comme le séjour sur lies par exemple, voire d’un phénomène<br />
comme l’autolyse, sans prendre en considération l’oxygène <strong>et</strong> sans<br />
maîtriser les conditions <strong>de</strong> mise en bouteilles <strong>et</strong> <strong>de</strong> bouchage.<br />
De la même façon, à l’heure actuelle, beaucoup d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sont mises en<br />
place pour étudier l’eff<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong><br />
bouchons. Quand les teneurs en oxygène du vin <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête<br />
ne sont pas contrôlées, il est illusoire <strong>de</strong> vouloir évaluer le rôle du bouchon<br />
sur l’évolution oxydative <strong><strong>de</strong>s</strong> vins.<br />
En eff<strong>et</strong>, dans ce cas, l’entrée d’oxygène via le bouchon est négligeable,<br />
du moins dans les premiers mois, par rapport à l’oxygène contenu<br />
dans le vin lui-même <strong>et</strong> l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille. De surcroît la<br />
teneur en oxygène d’un vin après embouteillage est souvent très variable<br />
d’une bouteille à l’autre.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 26
Vinification<br />
L’oxygène <strong>et</strong> la variation <strong>de</strong> sa teneur peuvent ainsi conduire à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
conclusions erronées, notamment sur les vins les plus sensibles à l’oxydation<br />
que sont les vins blancs <strong>et</strong> rosés. Beaucoup <strong>de</strong> réponses significatives<br />
à <strong><strong>de</strong>s</strong> tests triangulaires <strong>de</strong> dégustation ne sont-elles pas d’ailleurs<br />
que <strong><strong>de</strong>s</strong> variations bouteille à bouteille dues à l’oxygène <br />
3.3 LA DURÉE DE VIE DES VINS<br />
Lorsque l’on évoque les potentialités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’un vin ou <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes<br />
d’oxydation prématurée, il est très rare que l’on se pose la<br />
question <strong>de</strong> ses conditions <strong>de</strong> protection vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxygène, lors du<br />
conditionnement <strong>et</strong> du bouchage. C’est particulièrement le cas pour les<br />
vins blancs fruités <strong>et</strong> les rosés. La longévité <strong>et</strong> la préservation <strong>de</strong> leurs<br />
caractéristiques originelles seraient mieux assurées en améliorant leurs<br />
conditions <strong>de</strong> mise en bouteilles <strong>et</strong> en choisissant un bouchage qui<br />
limite les échanges gazeux plutôt que <strong>de</strong> confier leur <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée au seul<br />
SO 2 . D’autant que le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> soufre est dans le collimateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
hygiénistes <strong>et</strong> que la diminution <strong>de</strong> sa teneur dans les vins est une<br />
volonté constante <strong><strong>de</strong>s</strong> producteurs. Les vignobles du nouveau mon<strong>de</strong><br />
l’ont beaucoup mieux compris (20) <strong>et</strong> déjà mis en application.<br />
Les vins blancs suisses issus <strong>de</strong> chasselas, très sensibles à l’oxydation,<br />
ont adopté le bouchage à vis <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années.<br />
Le terroir <strong>et</strong> le climat font le potentiel d’un raisin, le vinificateur exprime<br />
ce potentiel, l’oxygène perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> moduler l’expression <strong>de</strong> ce<br />
potentiel au cours du temps.<br />
Plus anecdotique, l’observation selon laquelle les vins <strong>de</strong> bouteilles<br />
placées au fond <strong>de</strong> la mer se conservent plus longtemps que les mêmes<br />
sur terre.<br />
Rien d’étonnant. Si le bouchon reste parfaitement étanche malgré les<br />
attaques <strong>de</strong> l’eau salée, le vin au fond <strong>de</strong> l’eau est protégé <strong>de</strong> l’oxygène<br />
<strong>et</strong> à basse température les réactions d’oxydation sont freinées.<br />
On peut obtenir le même résultat dans une cave fraîche, avec un bouchage<br />
moins perméable à l’oxygène … mais, l’histoire est moins jolie !<br />
3.5 INFLUENCE DE LA TAILLE DU CONTENANT (DEMIE,<br />
BOUTEILLE, MAGNUM)<br />
Autre fatalité souvent constatée, celle selon laquelle le vin <strong><strong>de</strong>s</strong> flacons<br />
<strong>de</strong> p<strong>et</strong>ite contenance (les <strong>de</strong>mies) se conserve moins bien qu’en bouteille,<br />
<strong>et</strong> qu’à l’inverse le magnum est considéré comme la taille idéale<br />
pour la conservation d’un vin.<br />
Comme nous l’avons montré pour le champagne dans un article paru<br />
en 1995 (21), la quantité d’oxygène qui entre par la capsule couronne<br />
est la même pour une <strong>de</strong>mie, une bouteille <strong>et</strong> un magnum. En eff<strong>et</strong>, le<br />
goulot (bague 29) <strong>et</strong> la surface d’échange avec l’air extérieur sont les<br />
mêmes pour les trois contenants.<br />
Pour une même durée <strong>de</strong> conservation <strong>et</strong> une même température,<br />
l’oxydation du vin va donc être plus rapi<strong>de</strong> dans la <strong>de</strong>mie que dans la<br />
bouteille <strong>et</strong> a fortiori que dans le magnum, puisque le volume <strong>de</strong> vin<br />
réagissant avec une même entrée d’oxygène varie du simple au double<br />
ou quadruple.<br />
Photo 7 : Œnothèque<br />
3.4 LES BOUTEILLES AU FOND DE LA MER<br />
CONCLUSION<br />
C<strong>et</strong>te préoccupation vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxygène perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> revisiter sous un éclairage nouveau beaucoup <strong>de</strong> pratiques œnologiques <strong>de</strong>puis les premières<br />
étapes en cuverie, en passant par la mise en bouteilles, le dégorgement <strong>et</strong> le bouchage. Une difficulté <strong>de</strong> taille <strong>de</strong>meure cependant, celle <strong>de</strong><br />
la connaissance du besoin d’un vin en oxygène. L’estimation du potentiel <strong>de</strong> vieillissement <strong>de</strong> chaque vin est nécessaire pour pouvoir lui fournir la<br />
quantité nécessaire d’oxygène en fonction <strong>de</strong> sa sensibilité <strong>et</strong> du niveau d’évolution souhaité. Même si les avis restent partagés sur ce point, la<br />
majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels préfère quelques notes <strong>de</strong> réduction souvent passagères ou correctibles à une oxydation excessive qui constitue un<br />
état irréversible pour le vin, souvent sanctionnée par les consommateurs.<br />
Déterminer le besoin d’un vin en oxygène passe nécessairement par <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures plus précises <strong><strong>de</strong>s</strong> quantités d’oxygène consommées par le vin<br />
tout au long <strong>de</strong> son élaboration <strong>et</strong> par la compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> réactions chimiques que provoquent ces apports. L’étape ultime sera <strong>de</strong> pouvoir<br />
prédire les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> l’oxygène, c’est-à-dire disposer d’un test ou d’un marqueur qui perm<strong>et</strong>te d’apprécier la capacité d’un vin, d’un moût éventuellement,<br />
à résister à l’oxydation. Une recherche qui nécessitera certainement encore <strong>de</strong> nombreuses années <strong>de</strong> travail.<br />
Dans l’immédiat <strong>et</strong> sur le plan pratique, une amélioration simple consiste à obtenir une plus gran<strong>de</strong> régularité entre bouteilles d’un même lot.<br />
Elle passe nécessairement par un meilleur contrôle <strong>de</strong> l’oxygène, en particulier lors <strong>de</strong> la mise en bouteilles <strong>et</strong> via le bouchon. Les échanges gazeux<br />
conférés par le bouchage <strong>de</strong>vraient à l’avenir <strong>de</strong>venir un critère primordial dans le choix <strong>de</strong> tout système <strong>de</strong> bouchage. Plus largement l’oxygène<br />
doit <strong>de</strong>venir impérativement un paramètre œnologique à mesurer <strong>et</strong> maîtriser tout au long <strong>de</strong> la vinification.<br />
REMERCIEMENTS<br />
Nous tenons à remercier chaleureusement tous les établissements champenois qui nous ont accueillis sur leurs sites <strong>et</strong> mis à notre disposition les<br />
vins nécessaires aux nombreuses analyses <strong>et</strong> dégustations réalisées dans le cadre <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong>, notamment les membres du groupe <strong>de</strong> travail<br />
bouchage du C.I.V.C.<br />
Nos remerciements vont également à M. Bertrand Robillard (Rore-Technologie), M. Michel Moutoun<strong>et</strong> (INRA Montpellier) <strong>et</strong> Mme Valérie Lavigne<br />
(Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II) pour leur lecture <strong>et</strong> leurs commentaires pertinents sur le contenu <strong>de</strong> ces articles.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
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Vinification<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
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2. Vidal J.-C., Dufourcq T., Boul<strong>et</strong> J.-C., Moutoun<strong>et</strong> M., 2001 Les apports d’oxygène au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> traitements <strong><strong>de</strong>s</strong> vins. Bilan <strong><strong>de</strong>s</strong> observations sur site. 1 ère partie. Revue Française<br />
d’Œnologie, 2001, n° 190, p. 24-31.<br />
3. Vidal J.-C., Boul<strong>et</strong> J.-C., Moutoun<strong>et</strong> M., 2003 Les apports d’oxygène au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> traitements <strong><strong>de</strong>s</strong> vins. Bilan <strong><strong>de</strong>s</strong> observations sur site. 2 e partie.<br />
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J. Agric., Food Chem., 2005, 53, p. 6967-6973<br />
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J. Inter Vigne <strong>et</strong> Vin, 2004, 38, n° 3, p. 191-200<br />
6. Lavigne V., Boidron J.-N. <strong>et</strong> Dubourdieu D., 1993 Dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> composés soufrés volatils légers dans les vins par chromatographie en phase gazeuse <strong>et</strong> photométrie <strong>de</strong> flamme.<br />
J. Inter Vigne <strong>et</strong> Vin, 1993, 27, n° 1, p. 1-12<br />
7. Vala<strong>de</strong> M., Laurent M., 1999 La prise <strong>de</strong> mousse. Les phénomènes microbiologiques. 1 ère partie, Le Vigneron Champenois, 1999, n° 5, p. 59-78. 2 e partie, Le Vigneron Champenois,<br />
1999, n° 6, p. 67-89.<br />
8. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 1995 A propos <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules, joint liège ….. joint synthétique. Le Vigneron Champenois, 1995, n° 4, p. 10-24.<br />
9. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 1999 Capsules <strong>de</strong> tirage <strong>et</strong> vieillissement <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes. Le Vigneron Champenois, 1999, n° 2, p. 47-62.<br />
10. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 2001 Capsules <strong>de</strong> tirage à joint synthétique. Des fournitures très importantes. Le Vigneron Champenois, 2001, n° 11, p. 50-77.<br />
11. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 2004 Capsules <strong>de</strong> tirage à joint synthétique. Actualisation janvier 2004. Le Vigneron Champenois, 2004, n° 1, p. 70-80.<br />
12. Vidal J.-C., Boul<strong>et</strong> J.-C., Moutoun<strong>et</strong> M., 2004 Les apports d’oxygène au cours <strong><strong>de</strong>s</strong> traitements <strong><strong>de</strong>s</strong> vins. Bilan <strong><strong>de</strong>s</strong> observations sur site. 3 e partie<br />
Revue Française d’Œnologie, 2004, n° 205, p. 25-34.<br />
13. Ferrarini R., Zironi R., Celotti E., D’Andrea E., 2001 Ruolo <strong>de</strong>ll’ossigeno nei processi di vinificazione ed affinamento <strong>de</strong>i vini.<br />
L’Enologo, 11, p. 65-72.<br />
14. Fornairon-Bonnefond C., Camarasa C., Moutoun<strong>et</strong> M., Salmon J.-M., 2001 Etat <strong><strong>de</strong>s</strong> connaissances scientifiques actuelles sur le phénomène d’autolyse <strong><strong>de</strong>s</strong> levures <strong>et</strong> l’élevage<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> vins sur lies. J. Int. Sci Vigne Vin, 2001, 35, n° 2, p. 57-78.<br />
15. Mullot P., Loriot C., Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M. Les échanges gazeux lors du bouchage <strong>de</strong> tirage du champagne (à paraître).<br />
16. Robillard B., Laboratoire <strong>de</strong> Recherche Moët & Chandon, 2003 Les impacts qualitatifs du dégorgement. Le Vigneron Champenois, 2003, n° 11, p. 58-67.<br />
17. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 2003 Les travaux du Groupe <strong>de</strong> Travail Bouchage 2005. Le Vigneron Champenois, 2005, n° 4, p. 50-62.<br />
18. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 2003Le rôle <strong>de</strong> l’oxygène lors du dégorgement. Le Vigneron Champenois, 2003, n° 11, p. 58-67.<br />
19. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., 2004 Le bouchage <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents. Sécurité alimentaire, déviations sensorielles, échanges gazeux.<br />
3 e Symposium on Cork. 10 février 2004 – Pavie Italie<br />
20. Gol<strong>de</strong>n P.-W., Fancis I.-L., Field J.-B.-F., Gisten M., Coulter A.-D., Valente P.-J., HØj P.-B., Robinson E.-M.-C., 2001.<br />
An evaluation of the technical performance of wine bottle clorures. Proceedings of the eleventh Australian wine industry technical. Conférence 7-11 Octobre 2001 – Adélaï<strong>de</strong> SA.<br />
21. Tribaut-Sohier I., Vala<strong>de</strong> M., Bocqu<strong>et</strong> F., 1995. Demie-bouteille-magnum. Le Vigneron Champenois, 1995, n° 12, p. 28-33.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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Analyse<br />
VALIDATION GLOBALE D’UNE METHODE D’ANALYSE<br />
QUANTITATIVE A PARTIR DE SON PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> BOUVIER (1) <strong>et</strong> Laboratoire du SGVC (2)<br />
2, allée <strong>de</strong> la Loubatière - 11100 Narbonne<br />
Syndicat Général <strong><strong>de</strong>s</strong> Vignerons <strong>de</strong> la Champagne<br />
44, avenue Jean Jaurès - 51205 Épernay<br />
1. OBJECTIF<br />
L’objectif d’une métho<strong>de</strong> d’analyse est <strong>de</strong> pouvoir quantifier le plus<br />
exactement possible chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> quantités inconnues que le laboratoire<br />
aura à déterminer. C'est-à-dire que l’écart du résultat d’analyse <strong>et</strong><br />
<strong>de</strong> la valeur vraie inconnue soit inférieur à une limite d’acceptation (λ)<br />
qui peut être variable selon les exigences <strong>de</strong> l’analyste (<strong>et</strong>/ou du client)<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la finalité <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> d’analyse. Il apparaît ainsi <strong>de</strong>ux principes<br />
fondamentaux : la notion <strong>de</strong> limite d’acceptation <strong><strong>de</strong>s</strong> performances<br />
d’une procédure analytique <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> l’analyste<br />
dans la décision d’accepter ou non une procédure en fonction <strong>de</strong> ses<br />
performances <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’usage pour lequel elle est <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée.<br />
Inspiré <strong><strong>de</strong>s</strong> travaux d’une commission <strong>de</strong> la SFSTP (SFSTP 2003 <strong>et</strong><br />
2006), ce nouveau protocole <strong>de</strong> validation se veut plus réaliste que les<br />
protocoles <strong>de</strong> validation avec critères, en essayant <strong>de</strong> garantir la qualité<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> résultats ultérieurs avec un risque connu prédéfini en fonction<br />
<strong>de</strong> la finalité <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> d’analyse à vali<strong>de</strong>r.<br />
Rappelons que toute métho<strong>de</strong> d’analyse se caractérise par un « vrai<br />
biais » (erreur systématique) <strong>et</strong> une « vraie fidélité » (erreur aléatoire<br />
mesurée par un écart-type). Ces <strong>de</strong>ux paramètres qui caractérisent la<br />
métho<strong>de</strong> d’analyse sont inconnus, tout comme la « valeur vraie » <strong>de</strong><br />
l’échantillon à analyser. En fait, les expériences réalisées lors <strong>de</strong> la<br />
validation perm<strong>et</strong>tront d’estimer ce biais <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te fidélité qui seront<br />
d’autant plus fiables que les expériences effectuées sur <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons<br />
connus (matériaux <strong>de</strong> référence) seront adaptées <strong>et</strong> le nombre<br />
d’essais appropriés. Ces estimateurs <strong>de</strong> biais <strong>et</strong> <strong>de</strong> fidélité ne sont pas<br />
une fin en soi ; ils sont une étape intermédiaire obligatoire pour pouvoir<br />
évaluer si la métho<strong>de</strong> d’analyse peut répondre à son objectif qui<br />
est <strong>de</strong> pouvoir ou non quantifier avec une exactitu<strong>de</strong> suffisante chacun<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons.<br />
La Figure n°1 (voir ci-après) représente les résultats <strong>de</strong> 4 métho<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
d’analyse différentes avec leur biais <strong>et</strong> leur fidélité encadrés par les<br />
limites d’acceptation souhaitées (± λ) pour les mêmes échantillons.<br />
Seule la procédure n°1 atteint les objectifs <strong>et</strong> d’en conclure à sa validité<br />
en fonction <strong>de</strong> l’objectif fixé a priori. En eff<strong>et</strong>, elle perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> garantir<br />
la présence <strong>de</strong> au moins, 95 % <strong>de</strong> résultats à l’intérieur <strong><strong>de</strong>s</strong> limites<br />
d’acceptation. Mais vouloir atteindre c<strong>et</strong> objectif a un coût généralement<br />
trop élevé pour être une stratégie acceptable pour un analyste<br />
qui ne dispose généralement que <strong>de</strong> peu <strong>de</strong> temps. Dès lors, pour<br />
réduire ce coût, il va <strong>de</strong>voir prendre <strong><strong>de</strong>s</strong> risques qu’on voudra minimaux.<br />
Pour maîtriser ce risque, on peut d’emblée fixer une proportion<br />
maximale acceptable <strong>de</strong> mesures qui pourront sortir <strong><strong>de</strong>s</strong> limites d’acceptation<br />
; par exemple 5 %, c'est-à-dire 1 résultat sur 20, ou mieux,<br />
mais plus difficile, <strong>de</strong> 1 % pour 1 résultat sur 100.<br />
Figure 1 : Performances <strong><strong>de</strong>s</strong> différentes métho<strong><strong>de</strong>s</strong> d’analyse<br />
Performances <strong>de</strong> Métho<strong><strong>de</strong>s</strong> d ’analyse<br />
Il faut tenir<br />
compte <strong>de</strong> la fidélité<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la limite d’acceptation (λ).<br />
10%<br />
(4)<br />
16%<br />
8%<br />
(2)<br />
V.V.<br />
- λ + λ<br />
Test <strong>de</strong> l’hypothèse nulle (Biais = 0) : La métho<strong>de</strong> (1) est rej<strong>et</strong>ée !<br />
(Le protocole <strong>de</strong> validation OIV propose souvent ce type <strong>de</strong> test !!!).<br />
Note : Les courbes <strong>de</strong> dispersion gaussiennes sont représentées sous<br />
forme <strong>de</strong> triangle.<br />
(3)<br />
2%<br />
(1)<br />
Biais<br />
Fidélité<br />
%<br />
σ<br />
(4) 7% 10%<br />
(3) 0% 16%<br />
(2) 1% 8%<br />
(1) 7% 2%<br />
2. RÈGLE DE DÉCISION<br />
L’erreur totale est représentée par la somme <strong><strong>de</strong>s</strong> erreurs systématiques<br />
<strong>et</strong> aléatoires. Il est possible <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>er sur un plan (Figure n°2,<br />
voir page suivante), les 4 métho<strong><strong>de</strong>s</strong> dont on connaît le biais <strong>et</strong> la fidélité<br />
avec pour objectif que l’estimation <strong>de</strong> l’erreur totale ne dépasse par<br />
la limite d’acceptation au seuil <strong>de</strong> 5%. Dans ce cas, l’écart-type <strong>de</strong> la<br />
fidélité sera au maximum (pour un biais = 0) <strong>de</strong> λ /2 mais seulement<br />
<strong>de</strong> λ pour un seuil <strong>de</strong> 66% ou <strong>de</strong> λ/3 pour un seuil <strong>de</strong> 1 %. La règle <strong>de</strong><br />
décision sera d’accepter toute métho<strong>de</strong> proj<strong>et</strong>ée dans la zone d’acceptation<br />
à 95 % respectant alors l’objectif fixé a priori <strong>de</strong> l’analyste. Dans<br />
ces conditions, seule la procédure n° 1 est jugée correcte alors qu’un<br />
test d’hypothèse nulle l’aurait rej<strong>et</strong>ée pour accepter les 3 autres puisque<br />
avec leur gran<strong>de</strong> dispersion, elles recouvrent la « valeur vraie ».<br />
L’usage largement utilisé à mauvais escient <strong>de</strong> ce test <strong>de</strong> l’hypothèse<br />
nulle dans <strong>de</strong> nombreuses situations, telles que test <strong><strong>de</strong>s</strong> pentes, d’ordonnée<br />
à l’origine, <strong>de</strong> comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong> pentes, montre que moins la<br />
métho<strong>de</strong> d’analyse est fidèle, plus elle a <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> passer avec<br />
succès ce test, ce qui est à l’opposé <strong>de</strong> l’objectif recherché (voir l’actuel<br />
protocole <strong>de</strong> validation O.I.V. 2005 qui utilise largement ce test).<br />
La règle <strong>de</strong> décision, à la fois pratique <strong>et</strong> visuelle, repose sur l’intégration<br />
du profil d’exactitu<strong>de</strong> (erreur totale) (Figure n°3, voir page suivante)<br />
dans <strong><strong>de</strong>s</strong> limites d’acceptation pour un modèle d’étalonnage<br />
déjà défini pour une courbe <strong>de</strong> réponse linéaire, par exemple. Construit<br />
à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> intervalles <strong>de</strong> tolérance <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats <strong>de</strong> mesure sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
VALIDATION GLOBALE D’UNE MÉTHODE D’ANALYSE QUANTITATIVE<br />
À PARTIR DE SON PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> BOUVIER<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 29
Analyse<br />
matériaux <strong>de</strong> référence avec matrice <strong>et</strong> <strong>de</strong> valeurs connues, ce profil<br />
d’exactitu<strong>de</strong> perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> définir une zone capable <strong>de</strong> quantifier avec une<br />
exactitu<strong>de</strong> calculée <strong>et</strong> un risque fixé par l’analyste. C<strong>et</strong>te zone <strong>de</strong>viendra<br />
le domaine d’application validé pour la métho<strong>de</strong> d’analyse en définissant<br />
une limite <strong>de</strong> quantification basse <strong>et</strong> haute. Si l’objectif <strong>de</strong><br />
l’analyste ne peut être atteint, il doit, sous sa propre responsabilité,<br />
soit modifier son modèle d’étalonnage, soit augmenter les limites <strong>de</strong><br />
tolérance si aucunes ne sont définies au niveau d’une norme, soit accepter<br />
un risque plus grand. En cas d’échec, il sera nécessaire <strong>de</strong> choisir<br />
une autre métho<strong>de</strong> d’analyse puisque celle-ci n’offre pas suffisamment<br />
<strong>de</strong> garanties quant à sa capacité à répondre à l’objectif fixé.<br />
Pratiquement, c<strong>et</strong>te phase <strong>de</strong> validation ne peut se réaliser qu’après<br />
avoir défini la procédure analytique <strong>et</strong> choisi le modèle mathématique<br />
d’étalonnage. Elle pourra être complétée par la mesure d’autres critères<br />
<strong>de</strong> validation comme la sensibilité, le ren<strong>de</strong>ment d’extraction <strong>et</strong><br />
tout autre critère susceptible <strong>de</strong> mieux la caractériser. En revanche,<br />
une courbe <strong>de</strong> réponse (étalonnage) n’est pas obligatoirement linéaire<br />
; elle doit être strictement monotone en fonction <strong>de</strong> la teneur<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> étalons <strong>et</strong> doit assurer la linéarité <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats d’essais en fonction<br />
Figure 2 : Règle <strong>de</strong> décision<br />
<strong>de</strong> la concentration introduite. Mais l’existence <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te linéarité n’implique<br />
pas que la métho<strong>de</strong> soit juste par la présence d’un biais éventuel<br />
lié à un eff<strong>et</strong> non maîtrisé (matrice par exemple).<br />
Le protocole compl<strong>et</strong> <strong>de</strong> validation peut se décomposer en 4 phases :<br />
1. Une phase <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> d’analyse qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> définir<br />
les objectifs <strong>et</strong> les conditions opératoires initiales.<br />
2. Une phase <strong>de</strong> développement avec ou sans optimisation au moyen<br />
<strong>de</strong> plans d’expériences (optimisation robuste).<br />
3. Une phase <strong>de</strong> validation globale avec <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux <strong>de</strong> référence<br />
connus.<br />
4. Une phase d’application en routine.<br />
Dans les laboratoires d’œnologie qui adoptent ou adaptent <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
d’analyse reconnues, les phases 1 <strong>et</strong> 2 ne sont pas prises en<br />
compte, sauf pour <strong><strong>de</strong>s</strong> compléments. La phase 4 d’application en routine<br />
sera naturellement un suivi par une carte <strong>de</strong> contrôle. Seuls les<br />
laboratoires accrédités en portée flexible se doivent d’appliquer le protocole<br />
compl<strong>et</strong>. L’application ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous correspond donc à la phase 3<br />
du protocole <strong>de</strong> validation.<br />
Figure 3 : Profil d’exactitu<strong>de</strong><br />
Règle <strong>de</strong> Décision pour λ = 15%<br />
Domaine Application<br />
Fidélité<br />
σ<br />
20%<br />
λ / 1<br />
15%<br />
Test Hypothèse nulle<br />
+ λ<br />
0<br />
Profil d’exactitu<strong>de</strong><br />
en validation( ) <strong>et</strong> en routine<br />
( ) pour une courbe <strong>de</strong> réponse<br />
10%<br />
5%<br />
0<br />
λ / 1.3<br />
66%<br />
80%<br />
λ / 2<br />
95%<br />
Zone d’acceptation<br />
-15% 0<br />
Biais<br />
+15%<br />
10%<br />
(4)<br />
16%<br />
8%<br />
(3)<br />
(2)<br />
2%<br />
(1)<br />
- λ V.V. + λ<br />
- λ<br />
C1<br />
C2<br />
LQBas<br />
Aberrant <br />
C3<br />
LQHaut<br />
C4<br />
Concentration<br />
Au seuil <strong>de</strong> 95%, seule la procédure (1) est acceptée pour une limite <strong>de</strong> 15%.<br />
3. APPLICATION<br />
On considèrera que le mo<strong>de</strong> opératoire a été optimisé <strong>et</strong> que le modèle<br />
d’étalonnage le plus adéquat traduisant la relation entre la réponse <strong>et</strong><br />
la concentration a été défini lors <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> prévalidation. Le laboratoire<br />
s’assurera d’un éventuel eff<strong>et</strong> matrice, par comparaison <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
étalonnages avec <strong><strong>de</strong>s</strong> solutions synthétiques ou <strong><strong>de</strong>s</strong> ajouts dosés <strong>et</strong><br />
avec <strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux <strong>de</strong> référence. Une fois c<strong>et</strong>te fonction d’étalonnage<br />
correctement établie, il faut choisir <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons <strong>de</strong> valeur connue<br />
pour couvrir le domaine d’application souhaité ; en particulier, si l’on<br />
veut tendre vers zéro, la teneur d’un échantillon doit s’approcher <strong>de</strong> la<br />
limite <strong>de</strong> quantification basse.<br />
3.1 CALCUL DE LA FIDÉLITÉ<br />
En règle générale, plusieurs niveaux <strong>de</strong> concentration (j = 1 à k) sont<br />
indispensables (3 au minimum) avec n mesures (3 au moins) <strong>de</strong><br />
répétabilité <strong>et</strong> ce pendant plusieurs séries ou jours (i = 1 à p) afin <strong>de</strong><br />
mieux appréhen<strong>de</strong>r la reproductibilté intralaboratoire (changement<br />
d’opérateur, <strong>de</strong> jour, <strong>de</strong> réactifs, d’étalonnage, <strong>et</strong>c.). Ainsi, on construit<br />
un tableau (voir Tableau 1, page suivante) qui recueillera toutes ces<br />
informations afin d’en estimer les écarts-type <strong>de</strong> répétabilité (s r ) <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
reproductibilité intralaboratoire (s R(intra) ) selon la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong><br />
la norme NF ISO 5725-2 qui préconise, au préalable, la recherche <strong>de</strong><br />
données aberrantes selon les tests <strong>de</strong> Cochran (égalité <strong><strong>de</strong>s</strong> variances<br />
intraséries) <strong>et</strong>/ou <strong>de</strong> Grubbs (moyenne aberrante). Dans la mesure où<br />
nous souhaitons que la validation soit le refl<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats obtenus<br />
dans le laboratoire dans <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions normales <strong>de</strong> fonctionnement,<br />
nous n’éliminerons aucun résultat ; si une donnée est aberrante <strong>et</strong> qu’il<br />
n’y pas <strong>de</strong> raison objective <strong>de</strong> la supprimer ou <strong>de</strong> la remplacer, elle<br />
participera fortement à l’élargissement <strong>de</strong> l’erreur totale.<br />
VALIDATION GLOBALE D’UNE MÉTHODE D’ANALYSE QUANTITATIVE<br />
À PARTIR DE SON PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> BOUVIER<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 30
Analyse<br />
Ainsi la variance <strong>de</strong> la reproductibilité intralaboratoire est la somme<br />
quadratique d’une variance intralaboratoire (opérateur, jour, étalonnage,<strong>et</strong>c.)<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> la variance <strong>de</strong> répétabilité :<br />
s 2 R(intra) = s 2 L + s 2 r .<br />
Note : Si, dans le calcul, s 2 L est négatif (ceci est dû aux eff<strong>et</strong>s aléatoires),<br />
on prendra s 2 L= 0 <strong>et</strong> on recalculera la répétabilité non plus par<br />
niveau (j) <strong>et</strong> série (i) mais avec les moyennes générales <strong>de</strong> chaque<br />
niveau (j) :<br />
s<br />
2<br />
r<br />
= s<br />
2<br />
R<br />
1<br />
=<br />
pn −1<br />
∑∑<br />
i= 1 j=<br />
1<br />
Tableau 1 : Tableau <strong><strong>de</strong>s</strong> données initiales<br />
Niveau<br />
Série<br />
ou jour<br />
p<br />
1<br />
Ou LQ<br />
bas<br />
1 X 111<br />
X 112<br />
X 113<br />
2<br />
3<br />
4<br />
k<br />
( ) 2<br />
x − x<br />
ijk<br />
., j<br />
2 3 4<br />
Ou LQ<br />
haut<br />
5 X 541<br />
X 542<br />
X 543<br />
Les résultats seront présentés sous forme d’un tableau pour l’ensemble<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> niveaux <strong>de</strong> concentration (voir Tableau n°2). Tous ces calculs<br />
sont réalisables automatiquement sur une feuille d’un tableur.<br />
Remarque : On ne prend pas en compte l’incertitu<strong>de</strong> sur les valeurs<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> matériaux <strong>de</strong> référence qu’il faudrait rajouter (Bouvier 2002,<br />
2004a). L’objectif, ici, n’est pas <strong>de</strong> rechercher l’existence réelle d’un<br />
biais qui doit être normalement statistiquement nul, si l’étalonnage a<br />
été correctement réalisé <strong>et</strong> si la fonction d’étalonnage appropriée a été<br />
sélectionnée<br />
Tableau 2 : Tableau <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs<br />
n<br />
p<br />
s r<br />
SL<br />
sR(intra)<br />
γ = s 2 L/s 2 r<br />
B 2<br />
ν<br />
Q<br />
t<br />
A<br />
Valeur réf. niveau<br />
Moyenne niveau<br />
Biais<br />
Biais – A.s R<br />
Biais + A.s R<br />
Niveau 1 Niveau 2 Niveau<br />
3<br />
Niveau<br />
4<br />
Calcul <strong>de</strong> s rj <strong>et</strong> s Rj(intra) pour chacun <strong><strong>de</strong>s</strong> 4 niveaux (j = 1 à 4) selon NF<br />
ISO 5725-2 pour 3 mesures (k =1 à n = 3) <strong>et</strong> i séries (1 à p = 5) dans<br />
c<strong>et</strong> exemple.<br />
3.2 CALCUL DE L’INCERTITUDE TOTALE<br />
Pour chaque niveau <strong>de</strong> concentration, le biais sera la différence entre<br />
la moyenne générale du niveau <strong>et</strong> la valeur connue. L’incertitu<strong>de</strong> totale<br />
est calculée à partir <strong>de</strong> l’écart-type <strong>de</strong> reproductibilité intra <strong>et</strong> d’un<br />
facteur A selon : biais ± A.s R(intra) . Ce facteur fait intervenir :<br />
γ =<br />
s<br />
s<br />
2<br />
L<br />
2<br />
r<br />
si s 2 L = 0, γ = 0 <strong>et</strong> B 2 = 1<br />
avec p = nombre <strong>de</strong> séries <strong>et</strong> n = nombre <strong>de</strong> mesures répétées.<br />
d’où l’incertitu<strong>de</strong> totale A s R(intra)<br />
avec A =<br />
<strong>et</strong><br />
B<br />
Q<br />
2<br />
<strong>et</strong> une valeur <strong>de</strong> Q t lue dans la table <strong>de</strong> Stu<strong>de</strong>nt au seuil <strong>de</strong> 97,5% =<br />
(1+β )/2 <strong>et</strong> ν <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> liberté selon l’approximation <strong>de</strong> Satterthwaite :<br />
v =<br />
= γ + 1<br />
n γ + 1<br />
1+ β<br />
t ( v;<br />
)<br />
2<br />
1 +<br />
1<br />
pnB<br />
2<br />
( γ + 1)<br />
1 2 1<br />
( γ + ) 1−<br />
n + n<br />
p −1<br />
pn<br />
2<br />
3.3 PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Le profil d’exactitu<strong>de</strong> se <strong><strong>de</strong>s</strong>sine à partir <strong><strong>de</strong>s</strong> incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> totales calculées<br />
précé<strong>de</strong>mment <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> limites d’acceptation prédéfinies.<br />
• Si l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> plages d’incertitu<strong>de</strong> par niveau <strong>de</strong> concentration<br />
testée est dans la zone d’acceptation, alors le domaine d’application<br />
est validé.<br />
• Si, sur les extrémités, les incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> débor<strong>de</strong>nt même que d’un<br />
seul côté (exemple : fonction d’étalonnage inappropriée), il faut<br />
rétrécir le domaine d’application pour respecter les limites <strong>et</strong> ainsi<br />
limiter le risque sur les résultats ultérieurs.<br />
• Si ce travail ne donne pas satisfaction, l’analyste <strong>de</strong>vra alors en<br />
rechercher les causes <strong>et</strong> éventuellement revoir le mo<strong>de</strong> opératoire,<br />
quitte à changer <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> d’analyse <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> recommencer<br />
son dossier <strong>de</strong> validation <strong>de</strong>puis le début.<br />
À partir du domaine d’application ainsi défini <strong>et</strong> <strong>de</strong> la tolérance acceptée,<br />
il est possible <strong>de</strong> calculer un in<strong>de</strong>x qualité sur l’exactitu<strong>de</strong> (E). Le<br />
% <strong>de</strong> recouvrement <strong>de</strong> la zone <strong>de</strong> tolérance est estimé à partir du plus<br />
grand <strong><strong>de</strong>s</strong> A*sR sur la tolérance :<br />
E = (1 - max(A*sR)/ λ)*100.<br />
Plus c<strong>et</strong> in<strong>de</strong>x sera grand <strong>et</strong> proche ou au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 50, plus le risque <strong>de</strong><br />
dépassement, lors <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses en routine, sera très faible ; une valeur<br />
<strong>de</strong> 50 est un optimum.<br />
Plus tard, il faudra vérifier que 95 % <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats sont bien dans les<br />
limites d’acceptation afin <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> critères <strong>de</strong> validation<br />
avec une carte <strong>de</strong> contrôle dont les seuils d’alerte sont <strong>de</strong> ± λ.<br />
VALIDATION GLOBALE D’UNE MÉTHODE D’ANALYSE QUANTITATIVE<br />
À PARTIR DE SON PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> BOUVIER<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 31
Analyse<br />
4. EXEMPLE<br />
Dosage enzymatique du Glucose + Fructose <strong><strong>de</strong>s</strong> vins sur<br />
analyseur séquentiel<br />
Le laboratoire utilise le mo<strong>de</strong> opératoire préconisé par le constructeur<br />
pour une gamme <strong>de</strong> mesure jusqu’à 8g/l. L’objectif <strong>de</strong> la validation est<br />
donc <strong>de</strong> vérifier si ce domaine d’application est acceptable pour une<br />
incertitu<strong>de</strong> totale <strong>de</strong> mesure <strong>de</strong> ± 0.4 g/l au seuil <strong>de</strong> 95 %, estimée<br />
pour le dosage <strong><strong>de</strong>s</strong> sucres totaux sur analyseur à flux continu par la<br />
métho<strong>de</strong> colorimétrique à la néocuproïne.<br />
L’absence d’eff<strong>et</strong> matrice perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> réaliser la gamme d’étalonnage à<br />
partir d’une solution synthétique à 8 g/l (glucose 8 g/l + NaCl 1g/l +<br />
eau déminéralisée). C<strong>et</strong>te solution mère est diluée au ¼, au ½, <strong>et</strong> au<br />
¾, pour déterminer la droite d’étalonnage (r>0,996). Lors d’essais<br />
préalables, la limite <strong>de</strong> quantification basse a été estimée à 0,5g/l qui<br />
sera le niveau 1 du protocole <strong>de</strong> validation.<br />
• le niveau 1 correspond à une solution synthétique à 0,5 g/l<br />
(solution niveau 2 diluée au ½),<br />
• Le niveau 2 correspond à une solution synthétique à 1 g/l (glucose<br />
1 g/l + NaCl 1g/l + eau déminéralisée),<br />
• le niveau 3 correspond à un vin <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> 2,23 +/- 0,11 g/l,<br />
• le niveau 4 correspond à un vin <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> 4,93 +/- 0,15 g/l,<br />
• le niveau 5 correspond à un vin <strong>de</strong> référence <strong>de</strong> 8,49 +/- 0,24 g/l,<br />
le niveau 6 correspond à une solution synthétique à 10 g/l<br />
(glucose 10 g/l + NaCl 1g/l + eau déminéralisée).<br />
Chaque jour, les 2 opérateurs préparent séparément leurs solutions,<br />
refont l’étalonnage <strong>et</strong> passent les échantillons en triple <strong>et</strong> ceci pendant<br />
5 journées. Finalement, 180 résultats sont disponibles pour calculer<br />
tout d’abord les écarts-type <strong>de</strong> répétabilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> reproductibilité, puis<br />
les intervalles <strong>de</strong> tolérance du biais à chaque niveau <strong>de</strong> concentration,<br />
selon la métho<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>mment décrite (voir Figure 5, ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous).<br />
Dans les tableaux 1 <strong>et</strong> 2, on notera que les valeurs <strong>de</strong> A*sR sont toujours<br />
supérieures à 2*sR puisque le calcul tient compte du nombre <strong>de</strong><br />
résultats ; il ne vaudrait 2 qu’avec un nombre <strong>de</strong> résultats supérieur à<br />
60 par niveau.<br />
Le domaine d’application est déterminé par les intersections <strong><strong>de</strong>s</strong> profils<br />
haut <strong>et</strong> bas <strong><strong>de</strong>s</strong> intervalles <strong>de</strong> tolérance. Dans c<strong>et</strong> exemple, si l’on veut<br />
gar<strong>de</strong>r une gamme <strong>de</strong> travail <strong>de</strong> 0,5 à 8g/l, la limite <strong>de</strong> tolérance doit<br />
être portée à 0,5 g/l, au lieu <strong>de</strong> 0,4 g/l initialement souhaité, ou<br />
réduire le domaine d’application <strong>de</strong> 0,5 à 7,5 g /l, ce qui semble préférable<br />
puisque les concentrations <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons varient généralement<br />
<strong>de</strong> 1 à 6 g/l. Même si les valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> biais (0,1g/l environ) ne sont pas<br />
significativement différentes <strong>de</strong> zéro (sauf au niveau 6), il doit être<br />
possible <strong>de</strong> les réduire <strong>et</strong> ainsi améliorer le profil d'exactitu<strong>de</strong>, afin <strong>de</strong><br />
mieux garantir l’intervalle <strong>de</strong> tolérance choisi 0,4 g/l par le laboratoire.<br />
En outre, on remarquera que l’extrapolation <strong>de</strong> résultats hors zone<br />
d’étalonnage au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 8g/l dégra<strong>de</strong> fortement l’exactitu<strong>de</strong>.<br />
L’in<strong>de</strong>x <strong>de</strong> qualité E entre 0,5 <strong>et</strong> 8,5 g/l vaut 26 pour un recouvrement<br />
<strong>de</strong> 74 % d’une tolérance <strong>de</strong> 0,5 g/l au point <strong>de</strong> concentration 8,5g/l.<br />
À partir <strong>de</strong> ces conclusions, le laboratoire construira une carte <strong>de</strong><br />
contrôle pour vérifier dans le temps la stabilité <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> la<br />
validation.<br />
Figure 5 : Application sur l’exemple glucose+fructose<br />
Résumé du tableau <strong><strong>de</strong>s</strong> calculs<br />
sr 0.054 0.055 0.091 0.087 0.094 0.168<br />
sRintra 0.151 0.137 0.129 0.117 0.165 0.168<br />
Moyenne 0.50 1.12 2.40 5.06 8.36 9.51<br />
Référence 0.50 1.00 2.23 4.93 8.49 10.00<br />
Biais 0.00 0.12 0.17 0.13 -0.13 -0.49<br />
A*sR 0.346 0.312 0.290 0.264 0.375 0.365<br />
Ecart g/l<br />
1<br />
0.8<br />
0.6<br />
0.4<br />
0.2<br />
0<br />
-0.2<br />
-0.4<br />
-0.6<br />
-0.8<br />
-1<br />
Profil d'exactitu<strong>de</strong><br />
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11<br />
Concentration g/l<br />
Max Min Biais Tol+ Tol-<br />
Pour I = ± 0.5g/l, Domaine d’application <strong>de</strong> 0.5 à 8.5 g/l<br />
VALIDATION GLOBALE D’UNE MÉTHODE D’ANALYSE QUANTITATIVE<br />
À PARTIR DE SON PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> BOUVIER<br />
Article technique RFOE n°222<br />
Page 32
Analyse<br />
CONCLUSION<br />
La validation d’une métho<strong>de</strong> d’analyse est <strong>de</strong> la responsabilité du laboratoire qui doit définir son protocole expérimental, en fonction <strong>de</strong> l’objectif<br />
<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong>de</strong> ses clients. En eff<strong>et</strong> la norme NF ISO 17025 n’impose aucun protocole expérimental au laboratoire pour vali<strong>de</strong>r une nouvelle<br />
métho<strong>de</strong> d’analyse (§ 5.4.5) mais insiste beaucoup sur les preuves objectives <strong>de</strong> l’exactitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats en précisant au § 5.4.5.3. Note 3 que<br />
« La validation est toujours un équilibre entre les coûts, les risques <strong>et</strong> les possibilités techniques ». En particulier, il est proposé d’employer une ou<br />
plusieurs techniques pour déterminer la performance d’une métho<strong>de</strong> (§5.4.5.2. Note 2) dont l’évaluation <strong><strong>de</strong>s</strong> facteurs influençant le résultat,<br />
l’évaluation <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bases scientifiques <strong>et</strong> d’une expérience pratique, la comparaison entre laboratoires. Par conséquent,<br />
c’est au laboratoire à démontrer la qualité <strong>de</strong> ses résultats, en termes d’exactitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> d’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure. Ce nouveau concept <strong>de</strong><br />
profil d’exactitu<strong>de</strong> pour globalement vali<strong>de</strong>r une métho<strong>de</strong> d’analyse semble mieux correspondre à l’esprit <strong>de</strong> la norme NF ISO 17025 qui donne<br />
plus <strong>de</strong> liberté <strong>de</strong> décision au laboratoire, en-contre partie <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> responsabilités; il perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> fusionner les concepts <strong>de</strong> validation d’une métho<strong>de</strong><br />
<strong>et</strong> d’incertitu<strong>de</strong> totale <strong>de</strong> mesure en démontrant la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats plutôt que la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> statistiques.<br />
Nous remercions Mr François Moonen <strong>de</strong> la société Arlenda (www.arlenda.com) pour ses conseils <strong>et</strong> l’usage du logiciel e-noval pour la vérification<br />
<strong>de</strong> nos calculs.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
Bouvier JC. 2002. Calcul <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure. Gui<strong>de</strong> pratique pour les laboratoires d’analyses œnologiques. Revue Française d’Œnologie, n°197, 16-21.<br />
Bouvier JC. 2004a. Calcul <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure dans les laboratoires d’analyses. Comparaison <strong>de</strong> différentes techniques d’estimation. Revue Française d’Œnologie, n°209, 27-31.<br />
Bouvier JC. 2004b. Validation <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> d’analyse. Vers un nouveau concept. Revue Française d’Œnologie, n° 205, 19.<br />
Commission SFSTP. 2003. Validation <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures analytiques quantitatives. Harmonisation <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches. STP Pharma Pratiques, volume 13, n°3, 101-138.<br />
Commission SFSTP. 2006. Validation <strong><strong>de</strong>s</strong> procédures analytiques quantitatives. Harmonisation <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches. Partie II. Statistiques. STP Pharma Pratiques, volume 16, n°1, 28-58.<br />
NF ISO 5725. 1994. Exactitu<strong>de</strong> (justesse <strong>et</strong> fidélité) <strong><strong>de</strong>s</strong> résultats <strong>et</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> mesure.<br />
- Partie 2 avec rectificatif 2002. Métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> base pour la détermination <strong>de</strong> la répétabilité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la reproductibilté d’une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure normalisée.<br />
- Partie 4. Métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> base pour la détermination <strong>de</strong> la justesse d’une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> mesure normalisée.<br />
NF ISO 1725. 2005. Exigences générales concernant la compétence <strong><strong>de</strong>s</strong> laboratoires d’étalonnage <strong>et</strong> d’essais.<br />
O.I.V. 2005. Recueil <strong><strong>de</strong>s</strong> métho<strong><strong>de</strong>s</strong> internationales d’analyse <strong><strong>de</strong>s</strong> vins. Tome n°2. Consultable sur www.oiv.int.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
VALIDATION GLOBALE D’UNE MÉTHODE D’ANALYSE QUANTITATIVE<br />
À PARTIR DE SON PROFIL D’EXACTITUDE<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> BOUVIER<br />
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Législation<br />
UNE ÉTIQUETTE ARTISTIQUE : ATTENTION DANGER<br />
Maître Chantal PEGAZ<br />
Membre <strong>de</strong> l’Association Internationale <strong><strong>de</strong>s</strong> Juristes du Droit <strong>de</strong> la Vigne <strong>et</strong> du Vin<br />
SPC PEGAZ-CEVAER-DESILETS<br />
Barreaux <strong>de</strong> Lyon <strong>et</strong> <strong>de</strong> Villefranche-sur-Saône<br />
INTRODUCTION<br />
De plus en plus fréquemment les viticulteurs attachés au vin, signe <strong>de</strong> culture, habillent leurs bouteilles d’une étiqu<strong>et</strong>te artistique reprenant un<br />
tableau ou une partie d’une œuvre originale. Bien souvent, ils connaissent le créateur <strong>de</strong> l’œuvre <strong>et</strong> ont obtenu son accord verbal pour exploiter <strong>et</strong><br />
reproduire gratuitement le tableau ou l’œuvre choisie. Si l’auteur qui a donné verbalement son accord décè<strong>de</strong>, les héritiers peuvent<br />
venir réclamer <strong><strong>de</strong>s</strong> royalties pour chaque étiqu<strong>et</strong>te émise ou calculées forfaitairement <strong>de</strong>puis le décès <strong>de</strong> leur auteur.<br />
Il convient donc pour éviter toute surprise désagréable <strong>de</strong> rappeler les règles <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> reproduction d’une œuvre.<br />
1. EN DROIT<br />
A. La reproduction consiste dans la fixation matérielle <strong>de</strong> l’œuvre par<br />
tous procédés qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> la communiquer au public d’une<br />
manière indirecte.<br />
Elle peut s’effectuer notamment par imprimerie, <strong><strong>de</strong>s</strong>sin, gravure,<br />
photographie <strong>et</strong> tous les procédés <strong><strong>de</strong>s</strong> arts graphiques <strong>et</strong> plastiques.<br />
B. L’auteur jouit sa vie durant du droit exclusif d’exploiter son œuvre<br />
sous quelque forme que ce soit <strong>et</strong> d’en tirer un profit pécuniaire.<br />
Au décès <strong>de</strong> l’auteur, ce droit persiste au bénéficie <strong>de</strong> ses ayants<br />
droit pendant l’année civile en cours <strong>et</strong> les soixante-dix ans qui<br />
suivent.<br />
cession <strong>et</strong> que le domaine <strong><strong>de</strong>s</strong> droits cédés soit délimité quant à<br />
son étendue <strong>et</strong> à sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tination, quant au lieu <strong>et</strong> quant à la durée.<br />
D. La cession par l’auteur <strong>de</strong> ses droits sur son oeuvre peut-être<br />
totale ou partielle.<br />
Elle doit comporter au profit <strong>de</strong> l’auteur la participation proportionnelle<br />
aux rec<strong>et</strong>tes provenant <strong>de</strong> l’exploitation. La rémunération<br />
peut-être forfaitaire dans certaines conditions ou bien annuelle.<br />
Les héritiers sont substitués à l’auteur dans l’exercice <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />
cédés, dans les conditions, les limites <strong>et</strong> la durée prévues au<br />
contrat.<br />
C. L’auteur peut transm<strong>et</strong>tre ses droits à la condition que chacun <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
droits cédés fassent l’obj<strong>et</strong> d’une mention distincte dans l’acte <strong>de</strong><br />
2. EN PRATIQUE<br />
A. Il est absolument nécessaire <strong>de</strong> se faire donner par l’auteur l’autorisation<br />
d’exploiter son œuvre par écrit.<br />
Il convient <strong>de</strong> préciser dans le protocole d’autorisation :<br />
- Sur quel support sera reproduite l’œuvre : étiqu<strong>et</strong>te,<br />
papier à en tête, dépliant, carton d’emballage, <strong>et</strong>c.<br />
- Sur quel lieu seront diffusées ces reproductions :<br />
<strong>France</strong>, Europe, export.<br />
- Pour combien d’année : pendant 1 an, 3 ans ou<br />
10 ans <strong>et</strong> à partir <strong>de</strong> quelle date.<br />
- Le prix <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te reproduction<br />
• Forfaitaire globale pour le contrat<br />
• Forfait annuel<br />
• Pourcentage sur les ventes<br />
ou, au contraire, si la reproduction est autorisée à titre<br />
gratuit.<br />
- L’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la cession. tel tableau ou telle reproduction<br />
<strong>de</strong> ce tableau. Ces conditions sont obligatoires<br />
pour rendre valable l’autorisation.<br />
B. L’auteur peut indiquer qui sont ses héritiers en cas <strong>de</strong> décès<br />
durant le contrat.<br />
C. Ce document d’autorisation doit être rédigé <strong>et</strong> signé en <strong>de</strong>ux<br />
exemplaires, l’auteur <strong>et</strong> le viticulteur gardant chacun un original.<br />
D. La société <strong><strong>de</strong>s</strong> Auteurs Dans les Arts Graphiques <strong>et</strong> Plastiques<br />
ADAGP est chargée pour la FRANCE <strong>de</strong> protéger les auteurs<br />
français ou étrangers dont les œuvres sont reproduites en <strong>France</strong>.<br />
Comme la SACEM, elle peut engager <strong><strong>de</strong>s</strong> poursuites pour obtenir<br />
une re<strong>de</strong>vance <strong>et</strong> rembourser aux héritiers ce qui leur revient.<br />
Une fois encore, avant <strong>de</strong> faire imprimer une reproduction <strong>de</strong><br />
tableau ou autre œuvre d’art, il est nécessaire <strong>de</strong> prendre conseil.<br />
UNE ÉTIQUETTE ARTISTIQUE : ATTENTION DANGER<br />
Maître Chantal PEGAZ<br />
Article technique RFOE n°222<br />
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