Sources des pluies acides - Pollution Probe
Sources des pluies acides - Pollution Probe
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L’ABÉCÉDAIRE DES<br />
PLUIES ACIDES
POLLUTION PROBE est un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui travaille en partenariat<br />
avec tous les secteurs de la société dans le but de protéger la santé en faisant la promotion de l’air<br />
pur et de l’eau propre. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a été créé en 1969 à la suite d’un rassemblement de 240<br />
étudiants et professeurs réunis sur le campus de l’Université de Toronto pour discuter d’une série de<br />
reportages préoccupants diffusés par les médias concernant les pestici<strong>des</strong>. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> s’est<br />
d’abord consacré à faire pression sur le gouvernement du Canada pour qu’il interdise presque toutes<br />
les utilisations du DDT et à faire campagne en faveur de la dépollution de la rivière Don, à Toronto.<br />
Nous avons encouragé la récupération à la source dans 140 collectivités de l’Ontario et appuyé<br />
l’élaboration du Programme <strong>des</strong> boîtes bleues. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a publié plusieurs livres, dont Profit<br />
from <strong>Pollution</strong> Prevention, The Canadian Green Consumer Guide (dont plus de 225 000 exemplaires ont<br />
été vendus partout au Canada) et Additive Alert!<br />
Depuis les années 1990, <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a orienté ses programmes sur <strong>des</strong> questions liées à la<br />
pollution de l’air et à la santé humaine, y compris un important programme visant à retirer les<br />
sources anthropiques de mercure dans l’environnement. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a récemment élargi son<br />
champ d’intérêts pour englober d’autres préoccupations, dont les risques tout particuliers que font<br />
courir aux enfants les contaminants de l’environnement, les risques pour la santé liés à <strong>des</strong><br />
expositions dans <strong>des</strong> environnements intérieurs et la conception d’outils innovateurs pour<br />
promouvoir un comportement responsable envers l’environnement.<br />
Depuis 1993, dans le cadre de son engagement permanent envers l’amélioration de la qualité de<br />
l’air, <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a mené une Campagne air pur annuelle, durant le mois de juin, afin<br />
d’augmenter la sensibilisation aux relations entre les émissions <strong>des</strong> véhicules, le smog, les<br />
changements climatiques et les problèmes respiratoires afférents chez les humains. La Clean Air<br />
Campaign a aidé le ministère de l’Environnement de l’Ontario à concevoir un programme de<br />
vérification obligatoire <strong>des</strong> émissions <strong>des</strong> véhicules.<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> présente <strong>des</strong> solutions innovatrices et pratiques aux problèmes environnementaux<br />
causés par la pollution de l’air et de l’eau. En définissant les problèmes de l’environnement et en<br />
préconisant <strong>des</strong> solutions pratiques, nous nous appuyons sur de soli<strong>des</strong> connaissances scientifiques<br />
et technologiques, nous mobilisons les scientifiques et autres experts, et nous établissons <strong>des</strong><br />
partenariats avec l’industrie, les gouvernements et les collectivités.<br />
i<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
OCTOBRE 2006<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> est heureux de publier cette deuxième édition de l’abécédaire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. La<br />
première édition (en anglais seulement) est parue en 2000. L’actuelle édition présente une<br />
<strong>des</strong>cription plus approfondie de la science <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ainsi que de l’historique <strong>des</strong> politiques et<br />
de la réglementation relatives cet enjeu fascinant sur le plan de l’environnement et de la santé.<br />
Au Canada, on a accompli de grands progrès dans la réduction <strong>des</strong> émissions acidifiantes, grâce au<br />
travail acharné de personnes, de fonctionnaires et de politiciens dévoués. Malheureusement,<br />
l’histoire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> se poursuit et les plus récentes données scientifiques nous indiquent qu’il<br />
faut réduire encore davantage les émissions de dioxyde de soufre et d’oxy<strong>des</strong> d’azote pour sauver les<br />
écosystèmes lacustres et forestiers. Les plus récentes décisions sur le plan <strong>des</strong> politiques et de la<br />
réglementation engendreront <strong>des</strong> réductions considérables <strong>des</strong> émissions de dioxyde de soufre d’ici<br />
2015. Il faut toutefois en faire davantage pour réduire les émissions d’oxy<strong>des</strong> d’azote, qui sont aussi<br />
une importante source d’acidification et portent atteinte aux écosystèmes.<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> remercie le ministère de l’Environnement de l’Ontario, Environnement Canada et<br />
Inco Ltée pour leur appui financier et technique, qui a permis de mettre à jour et d’étoffer<br />
l’Abécédaire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Nous avons procédé à de vastes consultations auprès de divers réviseurs<br />
experts, que nous remercions d’avoir collaboré à ce travail. Nous espérons que l’histoire aussi riche<br />
qu’instructive <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> pourra devenir une ressource pédagogique tant pour les écoles que<br />
pour les lieux d’éducation officieux afin que la science <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et l’histoire du leadership en<br />
matière de politique environnementale puissent susciter <strong>des</strong> progrès dans d’autres dossiers<br />
environnementaux urgents.<br />
Le directeur général,<br />
Ken Ogilvie<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong><br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES<br />
ii
REMERCIEMENTS<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> remercie les organismes suivants, qui ont participé au financement de<br />
l’Abécédaire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> :<br />
ENVIRONNEMENT CANADA<br />
INCO LTÉE<br />
MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ONTARIO<br />
Nous remercions aussi les personnes suivantes qui ont relu le document : Amelia Atkin, Ron Bell,<br />
Silvina Carou, Walter Chan, Paul Deveau, Les Hulett, Michael Hingston, Dean Jeffries,<br />
Barb McKinnon, Donald McNicol, Stephanie Mehlman, Kerri Timoffee, Robert Vet, Shaun Watmough,<br />
Russ Weeber, David Welch et Bev Yee.<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> assume l’entière et unique responsabilité du contenu de ce rapport.<br />
La recherche nécessaire à cette publication et sa rédaction ont été effectuées pour <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong><br />
par Olivia Nugent. Randee Holmes en a assuré la révision. Tom Brydges a participé à la recherche et a<br />
prodigué <strong>des</strong> conseils techniques. Les illustrations ont été reproduites par Anna Dong. Nous saluons<br />
le travail <strong>des</strong> membres suivants du personnel de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> : Ken Ogilvie, Quentin Chiotti,<br />
Elizabeth Everhardus et Krista Friesen.<br />
ISBN 978-0-919764-65-1<br />
iii<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
TABLE DES MATIÈRES<br />
Chapitre 1 : Introduction aux <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 1<br />
Que sont les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et comment se<br />
forment-elles 2<br />
Comment mesure-t-on les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 5<br />
<strong>Sources</strong> <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 6<br />
Répartition géographique <strong>des</strong> sources de<br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 8<br />
<strong>Pollution</strong> transfrontalière 10<br />
Chapitre 2 : Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> au Canada 13<br />
Régions problèmes au Canada 15<br />
Est du Canada 15<br />
Ouest du Canada 15<br />
Chapitre 3 : Les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 17<br />
Lacs et écosystèmes aquatiques 19<br />
Oiseaux aquatiques 22<br />
Forêts et sols 24<br />
Structures et matériaux fabriqués 28<br />
Pierre 28<br />
Métaux 29<br />
Tissus et papier 29<br />
Verre 29<br />
Santé humaine 30<br />
Visibilité 32<br />
Chapitre 4 : La politique sur les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> au Canada 35<br />
Historique <strong>des</strong> problèmes <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 35<br />
Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
dans l’Est du Canada 37<br />
Premier Protocole sur la réduction accrue <strong>des</strong><br />
émissions de soufre (1985) 37<br />
Accord Canada-États-Unis sur la qualité de<br />
l’air (1991) 38<br />
Deuxième Protocole sur le soufre (1994) 39<br />
Protocole relatif à la réduction de l’acidification,<br />
de l’eutrophisation et de l’ozone troposphérique<br />
(Protocole de Göteborg de 1999) 40<br />
Stratégie pancanadienne sur les émissions<br />
acidifiantes après l’an 2000 41<br />
Progrès récents au Canada sur le plan<br />
<strong>des</strong> politiques et de la réglementation 42<br />
Plans de prévention de la pollution pour les<br />
fonderies et affineries de métaux communs<br />
et les usines de traitement du zinc 42<br />
Plan ontarien de réduction <strong>des</strong> émissions de<br />
l’industrie 43<br />
Chapitre 5 : Les écosystèmes se <strong>des</strong><br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 47<br />
Surveiller les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 48<br />
Les réactions de l’atmosphère aux<br />
réductions <strong>des</strong> émissions acidifiantes 49<br />
Rétablissement de l’écosystème 51<br />
Les écosystèmes se rétablissent-ils 52<br />
Écosystèmes aquatiques 52<br />
Chimie <strong>des</strong> lacs 52<br />
Écosystèmes forestiers 52<br />
Les défis du rétablissement <strong>des</strong> écosystèmes 57<br />
Chapitre 6 : Ce qu’il reste à faire 61<br />
Préoccupations futures 63<br />
Perte de cations basiques dans les bassins<br />
hydrographiques boisés 63<br />
Dépôt et saturation d’azote 64<br />
Références 65<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES<br />
iv
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES
INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />
À<br />
la fin <strong>des</strong> années 1970 et au début <strong>des</strong> années<br />
1980, la question <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> s’est retrouvée<br />
à l’avant-plan <strong>des</strong> programmes politiques et<br />
sociaux au Canada. On a par conséquent pris de nombreux<br />
engagements en faveur de l’assainissement de l’air, à<br />
l’échelle tant nationale qu’internationale, afin de réduire les<br />
émissions de polluants qui causent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Au cours<br />
<strong>des</strong> trois dernières décennies, on a accompli d’énormes<br />
progrès à cet égard et l’on a observé <strong>des</strong> signes de<br />
rétablissement dans <strong>des</strong> lacs auparavant hautement pollués.<br />
Toutefois, on semble croire, à tort malheureusement, que le<br />
problème a été complètement réglé. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
demeurent un problème dans de nombreuses régions du<br />
monde et suscitent de profon<strong>des</strong> préoccupations en<br />
Amérique du Nord, particulièrement dans l’Est du Canada.<br />
En fait, de nouvelles recherches indiquent que le problème<br />
pourrait perdurer durant encore 60 années ou plus.<br />
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />
1
Que sont les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et comment se forment-elles<br />
La pluie se forme au cours du cycle<br />
hydrologique. Dans ce cycle, l’eau s’évapore<br />
du sol et de la mer pour entrer dans<br />
l’atmosphère. Cet air chaud gorgé d’humidité<br />
se refroidit et se condense pour former <strong>des</strong><br />
nuages. Les nuages font le tour du monde<br />
jusqu’à ce qu’ils rejettent leur eau sur la Terre<br />
sous forme de pluie, de neige ou de brouillard.<br />
Lorsque les gouttelettes d’eau se forment et<br />
tombent au sol, elles entraînent avec elles <strong>des</strong><br />
particules et <strong>des</strong> produits chimiques en<br />
suspension dans l’air. Même de l’air non pollué<br />
contient <strong>des</strong> particules telles que <strong>des</strong> poussières<br />
ou du pollen, ainsi que <strong>des</strong> gaz d’origine<br />
naturelle tels que le dioxyde de carbone (CO 2<br />
).<br />
Lorsque la pluie se forme et tombe au sol, elle<br />
dissout le CO 2<br />
qui se trouve dans l’atmosphère.<br />
Le CO 2<br />
réagit à l’eau de pluie, pour former une<br />
très faible solution d’acide carbonique. Lorsque<br />
la pluie touche le sol, elle est légèrement acide.<br />
Figure 1-1 : Comment se forment les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
Source : www.dec.state.ny.us/website/dar/ood/aciddep.html<br />
2 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Cette pluie légèrement acide ne cause pas de<br />
tort à l’environnement ou aux personnes. En<br />
fait, elle est essentielle à la santé de<br />
l’écosystème; elle dissout les minéraux et érode<br />
très lentement les roches, libérant ainsi dans<br />
l’environnement <strong>des</strong> éléments essentiels à la<br />
croissance <strong>des</strong> arbres et de nombreux autres<br />
organismes. Ce n’est que lorsque la pluie<br />
devient plus que légèrement acide qu’elle<br />
devient une pluie « acide ».<br />
La pluie devient excessivement acide en raison<br />
<strong>des</strong> polluants que tous les êtres humains (et<br />
certains procédés naturels) rejettent dans l’air.<br />
Deux polluants sont particulièrement<br />
responsables <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> : le dioxyde de<br />
soufre (SO 2<br />
) et les oxy<strong>des</strong> d’azote (NO X<br />
). Dans<br />
l’air, et en présence de vapeur d’eau, le SO 2<br />
subit une transformation chimique pour<br />
devenir de l’acide sulfurique tandis que les<br />
NO X<br />
se changent en acide nitrique. Le<br />
rayonnement solaire peut accroître la vitesse<br />
de ces réactions. Des émissions toujours plus<br />
abondantes de SO 2<br />
et de NO X<br />
dans l’air<br />
augmentent la formation de ces aci<strong>des</strong>, qui<br />
sont ensuite dissous dans l’eau qui forme la<br />
pluie. La pluie devient acide au point de porter<br />
atteinte à l’environnement lorsqu’elle tombe<br />
sur la Terre.<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> comprennent aussi le<br />
brouillard, la grêle, le grésil et la neige, qui<br />
peuvent tous être aci<strong>des</strong>. De plus, les dépôts<br />
aci<strong>des</strong> ne sont pas tous associés aux<br />
précipitations. Les aci<strong>des</strong> présents dans l’air<br />
UN PROJET À LONG TERME FONDÉ SUR LA<br />
SCIENCE<br />
La question <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> est un bon exemple du<br />
nombre d’étapes et de la variété de participants que<br />
comporte la résolution d’un problème généralisé de<br />
pollution à l’échelle internationale. Des centaines de<br />
scientifiques spécialistes de l’atmosphère, <strong>des</strong><br />
végétaux, <strong>des</strong> eaux de surface, <strong>des</strong> matériaux de<br />
construction et de l’économie se sont concertés pour<br />
définir la nature écologique <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>; pour<br />
concevoir <strong>des</strong> programmes de lutte rentables et<br />
efficaces sur le plan de l’environnement; et pour faire<br />
la démonstration <strong>des</strong> avantages environnementaux<br />
du contrôle <strong>des</strong> émissions. On a réussi tout cela<br />
malgré une controverse scientifique considérable,<br />
souvent suscitée par <strong>des</strong> industries susceptibles<br />
d’être assujetties à <strong>des</strong> contrôles <strong>des</strong> émissions.<br />
Les scientifiques et les organisations non<br />
gouvernementales (ONG) se sont attachés à expliquer<br />
à la population les causes et les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> par l’entremise de documentaires vidéo, de<br />
brochures, de conférences et d’entrevues avec les<br />
médias. Un public informé a ensuite pressé les<br />
politiciens d’agir; ceux-ci ont à leur tour donné suite<br />
aux recommandations du milieu scientifique et<br />
prescrit les contrôles nécessaires. En donnant aux<br />
industries <strong>des</strong> cibles d’émission bien définies, <strong>des</strong><br />
délais raisonnables pour s’y conformer et la<br />
possibilité de choisir la technologie appropriée, on a<br />
pu contrôler les émissions à un coût acceptable.<br />
Le rétablissement considérable de l’environnement<br />
témoigne de la réussite de cet immense effort.<br />
Toutefois, il aura fallu près de quatre décennies pour<br />
passer de l’étape de la définition scientifique du<br />
problème et du partage d’information avec la<br />
population à la mise en place de contrôles <strong>des</strong><br />
émissions et à leur révision, et à la documentation<br />
<strong>des</strong> avantages environnementaux. Encore<br />
aujourd’hui, il reste beaucoup de chemin à parcourir.<br />
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES 3
peuvent aussi prendre la forme de gaz et de<br />
particules qui atteignent la Terre sous forme de<br />
dépôts secs. Les dépôts secs causent les mêmes<br />
dommages à l’environnement que les dépôts<br />
humi<strong>des</strong>. En outre, lorsque les <strong>pluies</strong> lavent ces<br />
dépôts secs <strong>des</strong> diverses surfaces, l’eau de<br />
ruissellement acide se mêle à la pluie qui tombe<br />
pour produire une solution encore plus acide.<br />
Par conséquent, les scientifiques préfèrent<br />
utiliser le terme « dépôts aci<strong>des</strong> », qu’ils jugent<br />
plus précis que le terme « <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ».<br />
4 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Comment mesure-t-on les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
Puisque les aci<strong>des</strong> libèrent <strong>des</strong> ions hydrogène,<br />
la teneur en acide d’une substance est<br />
déterminée en mesurant la quantité d’ions<br />
hydrogène, qu’on exprime sous forme de pH<br />
(potentiel d’hydrogène). L’échelle de pH<br />
(Figure 1-2) s’échelonne de 0 (extrêmement<br />
acide) à 14 (extrêmement alcalin ou basique,<br />
c.-à-d. pas du tout acide). Un pH de 7,0<br />
signifie que la substance est neutre — ni acide<br />
ni alcaline. Plus le pH d’une substance est<br />
faible, plus elle est acide.<br />
De légers changements sur l’échelle du pH<br />
signifient en fait d’importants changements<br />
dans le niveau d’acidité. La différence d’un<br />
niveau à l’autre représente une augmentation<br />
ou une diminution par un facteur de 10 de la<br />
concentration <strong>des</strong> ions hydrogène. C’est ce<br />
qu’on appelle une échelle logarithmique.<br />
Puisque l’acidité s’accroît à mesure qu’on<br />
<strong>des</strong>cend sur l’échelle, un pH de 6 est 10 fois<br />
plus acide qu’un pH de 7. Un pH de 5 est<br />
100 fois (10x10) plus acide qu’un pH de 7.<br />
Une pluie non polluée affiche en règle générale<br />
un pH de 5,6 en raison de l’acide carbonique.<br />
Une pluie dont le pH est inférieur à 5,6 sur<br />
l’échelle est plus acide et est donc qualifiée de<br />
« pluie acide ».<br />
Figure 1-2 : L’échelle de pH<br />
Acide<br />
Neutre<br />
Basique<br />
Valeur du pH<br />
pH=0<br />
pH=1<br />
pH=2<br />
pH=3<br />
pH=4<br />
pH=5<br />
pH=6<br />
pH=7<br />
pH=8<br />
pH=9<br />
pH=10<br />
pH=11<br />
pH=12<br />
pH=13<br />
pH=14<br />
Exemples<br />
Acide sulfurique concentré<br />
Jus de citron, Vinaigre<br />
Jus d’orange, boisson gazeuse<br />
Pluies aci<strong>des</strong> (4,2–4,4)<br />
Lacs aci<strong>des</strong> (4,5)<br />
Bananes (5,0–5,3)<br />
Pluie non polluée (5,6)<br />
Lacs en santé (6,5)<br />
Lait (6,5–6,8)<br />
Eau pure<br />
Eau de mer, œufs<br />
Bicarbonate de soude<br />
Lait de magnésie<br />
Ammoniac<br />
Eau savonneuse<br />
Eau de javel<br />
Nettoyeur de tuyaux liquide<br />
Source : Adapté de www.epa.gov/acidrain/site_<br />
students/phscale.html<br />
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />
5
<strong>Sources</strong> <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
Bien qu’il existe <strong>des</strong> sources d’émissions<br />
naturelles de SO 2<br />
(p. ex. les volcans) et de NO X<br />
(p. ex. les incendies de forêt, les sols et la<br />
foudre), les activités humaines sont à la source<br />
de la majorité <strong>des</strong> émissions atmosphériques. À<br />
l’échelle mondiale, la moitié <strong>des</strong> émissions de<br />
SO 2<br />
et la plupart <strong>des</strong> émissions de NO X<br />
sont le<br />
résultat de la combustion de combustibles<br />
fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz.<br />
Les combustibles fossiles sont composés de<br />
couches d’organismes jadis vivants qui se sont<br />
accumulés au fil <strong>des</strong> millénaires. Les corps de<br />
ces organismes contiennent <strong>des</strong> éléments<br />
chimiques, tels que du carbone (C), <strong>des</strong><br />
hydrocarbures (HC), du soufre (S) et de l’azote<br />
(N). Lorsque nous brûlons <strong>des</strong> combustibles<br />
fossiles, ces éléments sont rejetés dans<br />
l’atmosphère sous forme de déchets. L’oxygène,<br />
présent dans l’air, se combine au soufre et à<br />
l’azote présents dans les combustibles pour<br />
former de nombreux composés différents de<br />
soufre et d’azote, y compris <strong>des</strong> sulfates et <strong>des</strong><br />
nitrates, <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> sulfurique et nitrique, et les<br />
deux composés d’azote qui composent les NO X<br />
(l’oxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote<br />
(NO 2<br />
)).<br />
Figure 1-3 : <strong>Sources</strong> canadiennes de SO 2<br />
(Émissions en 2002 <strong>des</strong> principaux<br />
contaminants atmosphériques)<br />
Total : 2,2 millions de tonnes<br />
Transports — 3 %<br />
Combustion de combustibles<br />
non industriels — 1 %<br />
Production d’électricité — 27 %<br />
Extraction et fonte<br />
de métaux non<br />
ferreux — 34 %<br />
Autres sources industrielles — 13 %<br />
Sables bitumineux — 5 %<br />
Source : www.ec.gc.ca/pdb/cac/Emissions1990-2015/canada_SOx_f.cfm<br />
Raffinage du pétrole — 5 %<br />
Pétrole et gaz d’amont — 12 %<br />
6 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Figure 1-4 : <strong>Sources</strong> canadiennes de NO x<br />
(Émissions <strong>des</strong> principaux contaminants<br />
atmosphériques en 2002)<br />
Total : 2,2 millions de tonnes<br />
Incendies de forêt — 4 %<br />
Transports — 53%<br />
Pétrole et gaz d’amont — 17 %<br />
Autres sources industrielles — 12 %<br />
Production d’électricité — 11 %<br />
Combustion de combustibles non industriels — 3 %<br />
Source: www.ec.gc.ca/pdb/cac/Emissions1990-2015/canada_NOx_f.cfm.<br />
Au Canada, les principales sources de SO 2<br />
(Figure 1-3) sont les fonderies (qui extraient le<br />
métal du minerai brut en le faisant fondre), la<br />
combustion de charbon pour la production<br />
d’électricité, les émissions industrielles (p. ex.<br />
les industries <strong>des</strong> pâtes et papiers, du pétrole et<br />
de l’aluminium), et l’extraction et le raffinage<br />
du pétrole et du gaz. Ces mêmes sources<br />
peuvent aussi émettre <strong>des</strong> NO X<br />
. Au Canada,<br />
toutefois, la plus importante source de NO X<br />
est<br />
la combustion de combustibles fossiles par le<br />
secteur <strong>des</strong> transports (Figure 1-4).<br />
Dans l’Est <strong>des</strong> É.-U., les émissions de SO 2<br />
proviennent surtout de la production<br />
d’électricité alimentée au charbon dans la<br />
vallée de l’Ohio. Dans les États de l’Ouest,<br />
toutefois, ce sont surtout les gaz<br />
d’échappement <strong>des</strong> automobiles contenant <strong>des</strong><br />
NO X<br />
qui sont la principale cause <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>.<br />
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />
7
Répartition géographique <strong>des</strong> sources de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
La répartition géographique <strong>des</strong> émissions de<br />
SO 2<br />
et de NO X<br />
est assez semblable d’une région<br />
à l’autre (c.-à-d. dans les régions les plus<br />
populeuses du pays). Dans l’Est du Canada,<br />
les émissions de SO 2<br />
et de NO X<br />
sont<br />
concentrées le long du corridor Windsor-<br />
Québec, avec <strong>des</strong> points chauds dans d’autres<br />
régions, qui accueillent <strong>des</strong> centrales<br />
électriques, <strong>des</strong> mines et <strong>des</strong> fonderies de<br />
métaux non ferreux, et <strong>des</strong> industries telles que<br />
la production de pâtes et papiers.<br />
Dans l’Ouest du Canada, on trouve <strong>des</strong><br />
niveaux élevés d’émissions de SO 2<br />
en Alberta,<br />
Figure 1-5 : Émissions de dioxyde de soufre (SO 2<br />
) au Canada en 2000<br />
Source : Environment Canada. 2004.<br />
8 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Figure 1-6 : Émissions d’oxy<strong>des</strong> d’azote (NO X<br />
) au Canada en 2000<br />
Source : Environment Canada. 2004.<br />
en raison surtout de la production en amont de<br />
pétrole et de gaz, <strong>des</strong> centrales électriques<br />
thermiques et de l’exploitation <strong>des</strong> sables<br />
bitumineux. En Saskatchewan et au Manitoba,<br />
les sources comprennent la production<br />
d’électricité ainsi que les industries de<br />
l’extraction et de la fonte de métaux non<br />
ferreux, respectivement.<br />
Les figures 1-5 et 1-6 illustrent la répartition<br />
géographique <strong>des</strong> principales sources<br />
d’émissions de SO 2<br />
et de NO X<br />
au Canada. On<br />
remarquera les niveaux élevés de SO 2<br />
et de<br />
NO X<br />
tout le long de la côte ouest — on croit<br />
que les émissions du transport maritime jouent<br />
un rôle non négligeable dans l’ensemble de la<br />
pollution atmosphérique dans cette région.<br />
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />
9
<strong>Pollution</strong> transfrontalière<br />
Une fois rejetés dans l’atmosphère, les<br />
polluants qui causent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> peuvent<br />
être transportés par les vents dominants très<br />
loin de leur point d’origine, à <strong>des</strong> milliers de<br />
kilomètres parfois, avant de retomber sur Terre<br />
sous forme de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Dans l’Est de<br />
l’Amérique du Nord, les systèmes<br />
météorologiques se déplacent habituellement<br />
du sud-ouest au nord-est. Puisque l’Est du<br />
Canada est situé en aval <strong>des</strong> principales<br />
sources de production électrique et de<br />
transport de l’Est <strong>des</strong> États-Unis, on estime que<br />
de 45 à 75 % <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans cette<br />
région proviennent de sources d’émissions<br />
situées dans l’Est <strong>des</strong> É.-U.<br />
De 1996 à 2000, les sources de l’Est de<br />
l’Amérique du Nord ont émis en moyenne<br />
7,7 millions de tonnes de soufre par année,<br />
dont 92 % provenaient <strong>des</strong> É.-U. En examinant<br />
les lieux où se dépose ce soufre, on obtient un<br />
tableu précis de l’ampleur <strong>des</strong> répercussions<br />
que les émissions de polluants aux É.-U. ont<br />
sur le Canada. Des quelque 2,32 millions de<br />
tonnes de soufre qu’on estime être déposées<br />
dans l’Est de l’Amérique du Nord chaque<br />
année, dont une bonne partie sont produites<br />
aux É.-U., 28 %, soit 0,64 million de tonne,<br />
retombe sur les provinces de l’Est du Canada.<br />
Il faut souligner cependant que la pollution<br />
atmosphérique transfrontalière se déplace<br />
aussi du Canada vers les É.-U.<br />
10 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LES « SUPERCHEMINÉES »<br />
Le recours à de très hautes cheminées par l’industrie et<br />
les centrales électriques peut sembler réduire la<br />
pollution localement, mais le fait est que ces cheminées<br />
dispersent la pollution sur une plus grande superficie, ce<br />
qui aggrave le problème de pollution transfrontalière. Il y<br />
a plusieurs décennies, lorsque les cheminées n’étaient<br />
hautes que de quelques étages, la pollution demeurait<br />
habituellement près du sol et se déposait sur le territoire<br />
environnant, portant atteinte aux plantes et aux<br />
animaux <strong>des</strong> environs. Pour réduire cette pollution<br />
localisée, l’industrie a commencé à construire de très<br />
hautes cheminées, appelées « supercheminées » — dont<br />
certaines dépassent les 300 mètres. Les opposants ont<br />
soutenu que ces cheminées ne retireraient pas les<br />
polluants de l’air mais qu’elles ne feraient que les élever<br />
au niveau <strong>des</strong> vents dominants et accroîtraient la durée<br />
de leur séjour dans l’atmosphère. À leur avis, plus la<br />
pollution demeurait longtemps dans l’atmosphère, plus<br />
gran<strong>des</strong> étaient les chances que <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> se<br />
forment et qu’on transforme un problème de pollution<br />
local en un problème régional.<br />
En 1972, on a construit, à l’usine d’Inco Ltée à Sudbury,<br />
en Ontario, la plus haute cheminée du monde, d’une<br />
hauteur de 381 mètres. Peu de temps après, lorsqu’on<br />
eut compris que les supercheminées n’étaient pas la<br />
réponse à la pollution, on a cessé d’en construire au<br />
Canada. Malheureusement, de 1970 à 1979, on estime<br />
que 429 cheminées d’une hauteur supérieure à<br />
60 mètres (200 pieds) ont été construites aux États-<br />
Unis. De 1972 à 1978, la hauteur moyenne <strong>des</strong><br />
cheminées <strong>des</strong> centrales électriques alimentées aux<br />
combustibles fossiles aux É.-U. est passée de 122 à<br />
183 mètres (de 400 à 600 pieds). Par exemple, en<br />
1980, la Tennessee Valley Authority avait construit<br />
plusieurs cheminées de 305 mètres (1 000 pieds) de<br />
hauteur, toutes conçues pour améliorer la qualité de l’air<br />
à l’échelon local.<br />
Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Inco_Superstack<br />
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />
11
CHAPITRE 2 : LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
12 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
T<br />
outes les régions du Canada ne sont pas touchées de<br />
la même façon par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, parce que leur<br />
capacité de compenser ou de neutraliser l’acidité n’est<br />
pas la même. Cette capacité est déterminée en grande<br />
partie par le type et le taux d’altération <strong>des</strong> sols et de la<br />
rochemère dans la région.<br />
La rochemère sousjacente d’une région (le dépôt géologique<br />
d’où provient le sol en raison de l’altération) est le facteur le<br />
plus important de la sensibilité d’une région aux <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. Les substances alcalines, telles que le calcium, le<br />
magnésium et le potassium (appelées « cations basiques »)<br />
se trouvent dans la rochemère et dans le sol. En gros,<br />
lorsqu’un acide et une base se combinent, ils s’annulent,<br />
produisant une substance neutre. Lorsque la pluie n’est que<br />
faiblement acide, il existe suffisamment de substances<br />
alcalines pour équilibrer l’acidité et neutraliser les effets sur<br />
CHAPITRE 2 : LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
13
le sol et l’eau. Toutefois, lorsque la pluie est<br />
fortement acide, ces substances tampons pour<br />
l’acide peuvent s’épuiser. Il arrive qu’il n’en<br />
reste pas suffisamment pour compenser<br />
continuellement les effets aci<strong>des</strong> de la pluie.<br />
Lorsque la nature ne peut plus servir de<br />
tampon, on perd l’équilibre. C’est ce qui s’est<br />
produit graduellement dans l’environnement<br />
naturel au cours <strong>des</strong> 100 dernières années en<br />
raison <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Les régions les plus touchées par les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> sont celles où l’on trouve une mince<br />
couche de sol sur une rochemère qui s’altère<br />
lentement (puisque les substances alcalines<br />
bénéfiques sont larguées à mesure que les<br />
<strong>pluies</strong> altèrent la rochemère). Par exemple, la<br />
rochemère ignée (p. ex. la rochemère de granit<br />
du Bouclier canadien qui recouvre près de la<br />
moitié du Canada) a un très faible contenu<br />
alcalin et ne peut donc agir comme tampon<br />
contre les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Par contre,<br />
les régions qui reposent sur du calcaire ou une<br />
rochemère sédimentaire (p. ex. le Sud de<br />
l’Ontario et certaines parties de l’Ouest<br />
canadien) qui contiennent <strong>des</strong> niveaux élevés<br />
de calcium peuvent tolérer <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong><br />
relativement élevés sur de longues pério<strong>des</strong>. Le<br />
calcaire est très alcalin, de sorte qu’il peut<br />
maintenir un équilibre acceptable malgré un<br />
accroissement de l’acidité.<br />
La Figure 2-1 montre les régions de l’Amérique<br />
du Nord où l’on trouve <strong>des</strong> lacs sensibles aux<br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. La région sensible ombrée sur la<br />
carte du Canada correspond à la région que<br />
couvre le Bouclier canadien.<br />
Figure 2-1 : Régions de l’Amérique du Nord<br />
où l’on trouve <strong>des</strong> lacs sensibles aux<br />
précipitations aci<strong>des</strong><br />
Source : Ministère de l’Environnement de l’Ontario, 1980.<br />
14 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Régions problèmes au Canada<br />
Est du Canada<br />
Au Canada, les régions problèmes se trouvent<br />
surtout dans les provinces de l’Est situées sur le<br />
Bouclier canadien et qui, par conséquent,<br />
manquent de tampons naturels. L’Ontario, le<br />
Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-<br />
Écosse sont les plus touchés par les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. Une bonne partie <strong>des</strong> émissions qui<br />
touchent l’Est du Canada sont produites dans<br />
les gran<strong>des</strong> fonderies de métaux du centre de<br />
l’Ontario et du Québec.<br />
Les émissions <strong>des</strong> É.-U. affectent aussi l’Est du<br />
Canada. Aux É.-U., les plus importantes<br />
émissions proviennent surtout de la forte<br />
densité de centrales électriques alimentées au<br />
charbon dans les États de l’Est. Les systèmes<br />
météorologiques transportent ces polluants de<br />
la partie supérieure du Midwest <strong>des</strong> É.-U.<br />
jusqu’au Nord-Est <strong>des</strong> É.-U., en passant par le<br />
Sud de l’Ontario et du Québec. Les polluants<br />
remontent aussi le corridor nord-est <strong>des</strong> É.-U.<br />
jusqu’aux provinces atlantiques.<br />
Ouest du Canada<br />
Les principales sources <strong>des</strong> émissions qui ont<br />
<strong>des</strong> répercussions sur l’Ouest du Canada sont<br />
situées en Alberta (production de pétrole et de<br />
gaz d’amont et sables bitumineux), dans le Sud<br />
de la Saskatchewan (production d’électricité)<br />
et dans le Nord du Manitoba (mines et<br />
fonderies). Toutefois, on manque actuellement<br />
de renseignements qui puissent nous dire<br />
comment les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> affectent ces<br />
écosystèmes. Historiquement, l’Ouest du<br />
Canada a connu une industrialisation moins<br />
prononcée que l’Est. Ce facteur, conjugué aux<br />
régimes météorologiques qui se déplacent<br />
d’ouest en est et aux sols résistants à l’acide, a<br />
jusqu’à maintenant protégé une bonne partie<br />
de l’Ouest canadien contre les dommages<br />
causés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Toutes les régions de l’Ouest du Canada ne<br />
jouissent pas d’une protection naturelle.<br />
Certains lacs et sols reposent sur une<br />
rochemère granitique, comme on en trouve<br />
dans le Bouclier canadien, dans le Nord-Est de<br />
l’Alberta, dans le Nord de la Saskatchewan et<br />
du Manitoba, dans certaines parties de la<br />
Colombie-Britannique occidentale et dans les<br />
Territoires du Nord-Ouest (voir la Figure 2-1).<br />
Les écosystèmes de ces régions sont aussi<br />
vulnérables aux <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> que ceux du<br />
Nord de l’Ontario. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> peuvent<br />
aussi devenir un problème régional en aval <strong>des</strong><br />
projets <strong>des</strong> sables bitumineux de l’Alberta, où<br />
une expansion rapide <strong>des</strong> industries de<br />
l’extraction du bitume devrait, selon les<br />
prévisions, engendrer de fortes augmentations<br />
<strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
et de NO X<br />
au cours <strong>des</strong><br />
20 prochaines années. Si les émissions de SO 2<br />
et de NO X<br />
continuent d’augmenter dans<br />
l’Ouest du Canada, les scientifiques craignent<br />
fortement que les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> causent autant<br />
de dommages dans l’Ouest du Canada qu’elles<br />
en ont causés dans l’Est.<br />
CHAPITRE 2 : LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
15
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
16 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
Comme nous l’avons mentionné ci-<strong>des</strong>sus, une pluie<br />
normale est déjà légèrement acide (pH de 5,6). La<br />
nature a les moyens d’équilibrer cette acidité <strong>des</strong><br />
<strong>pluies</strong> en la compensant au moyen d’autres minéraux<br />
alcalins, tels que le calcium, le magnésium et le potassium,<br />
qu’on trouve dans la rochemère, dans l’air, dans les sols et<br />
dans les lacs de la Terre. L’altération de la rochemère par<br />
l’acide carbonique présent dans la pluie « propre » libère<br />
aussi <strong>des</strong> bicarbonates dans le sol et dans les eaux de<br />
surface, ce qui aide à neutraliser les apports aci<strong>des</strong> plus<br />
puissants.<br />
Chaque écosystème naturel possède une limite supérieure<br />
quant à sa capacité d’encaisser les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Ce niveau-seuil est qualifié de « charge critique » de<br />
l’écosystème. Cette charge critique est le niveau le plus<br />
élevé de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> qu’un écosystème peut recevoir à<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
17
long terme sans que l’environnement ne<br />
subisse <strong>des</strong> effets néfastes. En d’autres mots, si<br />
l’on dépasse le seuil, la flore et la faune<br />
subiront <strong>des</strong> dommages. Il est très important<br />
de connaître la charge critique d’une région<br />
car elle nous indique la quantité de SO 2<br />
et de<br />
NO X<br />
qu’on peut rejeter dans l’environnement<br />
sans causer de dommages aux lacs, aux<br />
poissons et aux végétaux.<br />
Lorsque l’environnement n’est plus en mesure<br />
de neutraliser les dépôts aci<strong>des</strong> — c’est-à-dire<br />
lorsqu’on dépasse la charge critique — une<br />
région peut subir de graves dommages. Les<br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ont <strong>des</strong> répercussions néfastes sur<br />
les lacs et les écosystèmes aquatiques, les forêts<br />
et les sols, les structures et les matériaux<br />
fabriqués, la santé humaine et la visibilité.<br />
Les diverses régions du Canada ont <strong>des</strong><br />
charges critiques différentes. Les scientifiques<br />
ont défini la charge critique <strong>des</strong> écosystèmes<br />
aquatiques comme étant la quantité de dépôts<br />
humi<strong>des</strong> de sulfate qui protège au moins 95 %<br />
<strong>des</strong> lacs contre une acidification à un pH<br />
inférieur à 6,0. La recherche a montré qu’en<br />
règle générale, les lacs ayant un pH de 6,0 ou<br />
plus accueillent une grande diversité d’espèces<br />
sauvages telles que le huard et les autres<br />
organismes aquatiques dont il dépend. Par<br />
contre, les lacs ayant un pH inférieur à 6,0<br />
comptent moins d’espèces de poissons et<br />
d’autres organismes aquatiques. Les<br />
estimations <strong>des</strong> charges critiques <strong>des</strong><br />
écosystèmes aquatiques de l’Est du Canada<br />
vont de plus de 20 kg de sulfate par hectare<br />
par année, dans les régions les plus tolérantes,<br />
à moins de 8 kg par hectare par année dans les<br />
régions les plus sensibles. Ces régions<br />
extrêmement sensibles se trouvent surtout dans<br />
les régions du Bouclier canadien du centre de<br />
l’Ontario, de l’Est du Québec et <strong>des</strong> provinces<br />
atlantiques.<br />
18 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Lacs et écosystèmes aquatiques<br />
C’est dans les écosystèmes aquatiques que les<br />
effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sont les plus apparents.<br />
Les lacs et les animaux qui vivent dans l’eau et<br />
à proximité sont directement affectés par une<br />
augmentation de l’acidité. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
engendrent une série d’effets qui portent<br />
atteinte aux poissons ou les tuent, réduisent les<br />
populations de poissons, éliminent<br />
complètement <strong>des</strong> espèces de poissons dans un<br />
plan d’eau touché, et diminuent le nombre<br />
d’espèces de végétaux et d’animaux. Signalons<br />
toutefois que même si les dépôts de sulfate sont<br />
la principale cause de l’acidification <strong>des</strong><br />
systèmes aquatiques au Canada, il arrive que<br />
<strong>des</strong> aci<strong>des</strong> organiques acidifient naturellement<br />
<strong>des</strong> lacs. On a observé ce phénomène dans<br />
toutes les provinces, particulièrement en<br />
Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador et<br />
dans l’Est du Québec. Cette section de<br />
l’abécédaire porte toutefois uniquement sur les<br />
effets <strong>des</strong> dépôts de sulfate sur les lacs et les<br />
écosystèmes aquatiques.<br />
Les composés aci<strong>des</strong> peuvent se retrouver dans<br />
l’eau de diverses façons. Ils peuvent tomber<br />
directement dans les lacs sous forme de dépôts<br />
secs (gaz et particules) en provenance de<br />
l’atmosphère ou ils peuvent entrer dans l’eau<br />
sous forme de dépôts humi<strong>des</strong> (pluie, neige,<br />
grésil, grêle, rosée ou brouillard).<br />
Le ruissellement peut aussi transporter <strong>des</strong><br />
produits chimiques aci<strong>des</strong> vers les lacs. La<br />
pluie qui tombe sur le sol entre en contact avec<br />
la roche et le sol avant d’entrer dans les lacs.<br />
La pluie acide libère ou « mobilise » les métaux<br />
toxiques qui se trouvent dans le sol et les<br />
transporte ensuite dans l’eau.<br />
Dans chacun de ces cas, le pH de l’eau<br />
diminue graduellement. Parfois, le pH de l’eau<br />
peut chuter rapidement, par exemple durant la<br />
fonte <strong>des</strong> neiges au printemps. À mesure que la<br />
hausse <strong>des</strong> températures fait fondre la neige,<br />
les aci<strong>des</strong> et les autres produits chimiques qui<br />
s’y trouvent sont rejetés rapidement dans les<br />
eaux de ruissellement. La neige fondue coule<br />
ensuite vers les ruisseaux et les rivières et se<br />
retrouve dans les lacs. Les gran<strong>des</strong> quantités<br />
d’aci<strong>des</strong> et de produits chimiques qui entrent<br />
tout à coup dans l’eau engendrent un<br />
changement radical du pH <strong>des</strong> lacs. On parle<br />
parfois alors du « choc acide printanier » ou<br />
d’« acidification épisodique ». Dans de tels cas,<br />
la vie aquatique ne dispose pas de<br />
suffisamment de temps pour s’adapter à ce<br />
rapide changement. Il peut s’ensuivre la mort<br />
de populations entières de poissons. Puisque de<br />
nombreux amphibiens, poissons et insectes<br />
pondent leurs œufs dans l’eau afin qu’ils<br />
éclosent durant le printemps, cette période est<br />
particulièrement décisive pour eux. Des<br />
changements soudains du pH peuvent<br />
engendrer <strong>des</strong> malformations chez les jeunes<br />
ou même les tuer.<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
19
L’acidité <strong>des</strong> lacs peut affecter les organismes<br />
aquatiques de manière tant directe<br />
qu’indirecte. Le SO 2<br />
en suspension dans l’air<br />
produit de faibles solutions d’acide sulfurique<br />
lorsqu’il se dissout dans l’eau <strong>des</strong> lacs; il<br />
devient alors difficile pour les poissons<br />
d’absorber de l’oxygène pour respirer. L’acide<br />
sulfurique engendre aussi le largage de métaux<br />
tels que l’aluminium dans le lac. Cet<br />
aluminium « mobilisé » occasionne la<br />
formation de mucus sur les branchies <strong>des</strong><br />
poissons et les empêche d’absorber de<br />
l’oxygène. Si le mucus continue de<br />
s’accumuler, les poissons suffoquent. L’habilité<br />
d’absorber du calcium pour le développement<br />
<strong>des</strong> os et <strong>des</strong> coquilles est moindre dans de<br />
l’eau acide, ce qui mène à l’extinction de<br />
certaines espèces dans les lacs touchés. Les<br />
œufs <strong>des</strong> poissons et <strong>des</strong> amphibiens peuvent<br />
devenir cassants ou fragiles, et l’éclosion peut<br />
échouer. Les embryons <strong>des</strong> amphibiens<br />
peuvent devenir trop épais pour que les jeunes<br />
s’en libèrent au moment opportun de sorte<br />
qu’ils deviennent trop gros avant de<br />
commencer à nager librement et que leur<br />
colonne vertébrale subit une déformation.<br />
Les diverses espèces qui vivent dans les lacs, les<br />
rivières et les milieux humi<strong>des</strong> diffèrent quant<br />
à leur sensibilité aux niveaux d’acidité. Les<br />
faibles concentrations n’affectent que les<br />
plantes et les animaux qui sont très sensibles.<br />
Toutefois, à mesure qu’augmente l’acidité, de<br />
plus en plus de plantes et d’animaux sont<br />
touchés. La Figure 3-1 et le Tableau 3-1<br />
présentent la sensibilité de divers organismes<br />
aquatiques à une baisse du pH.<br />
Figure 3-1 : pH le plus bas auquel les<br />
organismes aquatiques peuvent survivre<br />
Source : <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>. 2000.<br />
pH<br />
6<br />
5,7<br />
5,5<br />
5<br />
4,5<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> peuvent affecter<br />
indirectement les animaux en perturbant leur<br />
approvisionnement alimentaire. Les grenouilles,<br />
par exemple, peuvent survivre dans <strong>des</strong> eaux<br />
relativement aci<strong>des</strong> — à un pH aussi faible que<br />
4,0. Toutefois, certains <strong>des</strong> aliments qu’elles<br />
consomment, tels que les insectes, ne peuvent<br />
survivre lorsque le pH est bas. Les éphémères,<br />
qui sont une source d’alimentation pour les<br />
grenouilles, ne peuvent tolérer un pH inférieur<br />
à 5,5.<br />
4<br />
20 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Tableau 3-1 : Effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les écosystèmes aquatiques<br />
Lorsque l’eau devient plus acide<br />
et que son pH tend vers<br />
6,0<br />
5,0<br />
Moins de 5,0<br />
Effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les écosystèmes aquatiques<br />
Des crustacés, <strong>des</strong> insectes et certaines espèces planctoniques<br />
commencent à disparaître.<br />
Des changements importants dans la communauté planctonique se<br />
manifestent. Des mousses et <strong>des</strong> espèces planctoniques moins utiles<br />
apparaissent. La perte progressive de certaines espèces est probable.<br />
Il ne reste plus beaucoup de poissons. Le fond de l’eau est couvert de<br />
matériaux non décomposés. Les secteurs côtiers peuvent être envahis<br />
par les mousses. Selon les écosystèmes aquatiques, les animaux<br />
terrestres peuvent être affectés. Par exemple, la sauvagine dépend<br />
d’organismes aquatiques pour se nourrir et se procurer les nutriments<br />
nécessaires. À mesure que ces sources s’amenuisent ou disparaissent,<br />
l’habitat perd en qualité et le succès de la reproduction <strong>des</strong> oiseaux est<br />
affecté.<br />
Source : www.ec.gc.ca/<strong>pluies</strong>aci<strong>des</strong>/acidwater.html<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ne portent pas atteinte à tous<br />
les végétaux et les animaux. Certaines<br />
populations prospèrent lorsque l’acidité<br />
augmente. À mesure que l’eau devient plus<br />
acide, certains types de mousses et de<br />
planctons commencent à croître et à envahir<br />
les lacs, compromettant ainsi la survie d’autres<br />
plantes aquatiques. Les plantes qui poussent<br />
dans le fond <strong>des</strong> lacs ont tendance à prospérer<br />
en situation d’acidification.<br />
Fait ironique, les lacs aci<strong>des</strong> sont cristallins, ce<br />
qui donne l’impression, à tort, qu’ils sont libres<br />
de polluants. Toutefois, cette clarté provient de<br />
l’absence de vie végétale, ce qui permet à la<br />
lumière d’atteindre le fond du lac, le rendant<br />
transparent. L’acidification tue aussi bon<br />
nombre <strong>des</strong> bactéries ou <strong>des</strong> décomposeurs qui,<br />
en temps normal, décomposent le matériel<br />
végétal et animal mort. Par conséquent, la<br />
décomposition se fait très lentement dans les<br />
lacs aci<strong>des</strong>. Ce matériel finit par couler<br />
jusqu’au fond plutôt que de suivre le processus<br />
naturel de décomposition, ce qui donne une<br />
apparence de clarté à l’eau.<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
21
ADAPTATION AUX PLUIES ACIDES EN<br />
NOUVELLE-ÉCOSSE<br />
Le saumon de l’Atlantique sauvage est une espèce<br />
en péril. On estime qu’en moins de 300 ans, la<br />
population a diminué de 90 %. La Nova Scotia<br />
Salmon Association est un organisme qui cherche à<br />
préserver le saumon de l’Atlantique sauvage dans<br />
les rivières de la Nouvelle-Écosse. En<br />
septembre 2005, l’organisme a réussi à utiliser une<br />
technologie norvégienne pour ajouter de la chaux<br />
en poudre à la West River, dans le Sheet Harbour,<br />
juste à l’extérieur de Halifax, pour réguler le niveau<br />
de pH. C’est la première fois qu’on utilisait cette<br />
technologie en Amérique du Nord.<br />
La technologie, qu’on appelle le « dosage de<br />
chaux », s’est avérée fructueuse en Norvège pour<br />
revitaliser les rivières endommagées par les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. Dans le passé, on épandait manuellement<br />
de la chaux en poudre sur les lacs et les rivières<br />
touchés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, habituellement<br />
durant la période de gel. Le dosage de la chaux<br />
utilise un système automatique qui puise l’eau de<br />
la rivière, y ajoute <strong>des</strong> doses calculées de chaux en<br />
poudre et la rejette plus loin en aval. Le système est<br />
programmé de manière à assurer un pH uniforme<br />
de 5,5, idéal pour l’habitat du saumon.<br />
La Nouvelle-Écosse a été l’une <strong>des</strong> provinces<br />
les plus durement touchées au Canada pour ce<br />
qui est <strong>des</strong> dommages à l’habitat <strong>des</strong> poissons<br />
causés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Des 65 rivières de<br />
la région <strong>des</strong> hautes terres du sud de la<br />
province où l’on trouve du saumon de<br />
l’Atlantique, 14 ont maintenant un pH<br />
inférieur à 4,7 et le saumon les a complètement<br />
désertées.<br />
Oiseaux aquatiques<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> menacent les oiseaux<br />
aquatiques dont la survie dépend de sources<br />
d’aliments dans les écosystèmes aquatiques.<br />
L’effet de la baisse du pH sur ces oiseaux peut<br />
dépendre de plusieurs facteurs, notamment<br />
l’habitat (les milieux humi<strong>des</strong>, petits lacs ou<br />
grands lacs), les habitu<strong>des</strong> alimentaires <strong>des</strong><br />
oiseaux et la gravité de l’acidification. Les<br />
espèces courantes de canards, telles que le<br />
Garrot à œil d’or, le Harle couronné, le Fuligule<br />
à collier et le Canard noir, nichent et se<br />
reproduisent dans de petits plans d’eau<br />
menacés par la baisse <strong>des</strong> niveaux de pH. Les<br />
espèces piscivores, telles que le Plongeon huard<br />
et le Grand Harle, préfèrent les plus grands<br />
lacs et réseaux hydrographiques. Elles sont<br />
tout aussi menacées par les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> sur leurs sources d’aliments. D’autres<br />
espèces piscivores, telles que le Martin pêcheur,<br />
le Héron et le Butor, ainsi que <strong>des</strong> espèces telles<br />
que l’Hirondelle bicolore, sont touchées en<br />
raison de la perturbation de la chaîne<br />
alimentaire aquatique.<br />
22<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
On observe une réduction de la qualité et de la<br />
quantité de nombreuses sources alimentaires<br />
importantes <strong>des</strong> huards (p. ex. poissons et<br />
écrevisses) dans les lacs dont le pH est inférieur<br />
à 6,0. Par exemple, deux huards adultes<br />
doivent consommer jusqu’à 180 kg de poisson<br />
durant l’été pour élever un caneton; par<br />
conséquent, leur succès de reproduction est<br />
plus faible dans les lacs aci<strong>des</strong>, où les jeunes<br />
peuvent mourir de faim en raison d’un<br />
manque d’aliments. L’Inventaire canadien <strong>des</strong><br />
Plongeons huards (ICPH) — un programme<br />
qui fait appel à <strong>des</strong> bénévoles — surveille<br />
chaque année le succès de reproduction <strong>des</strong><br />
huards sur plus de 1 000 lacs partout au<br />
Canada. Ces inventaires ont révélé que de<br />
1981 à 1997, la proportion de couples qui<br />
avaient réussi à élever au moins un jeune<br />
jusqu’à maturité avait diminué, et que le taux<br />
de déclin était plus extrême dans les lacs aux<br />
niveaux plus aci<strong>des</strong> que dans ceux à pouvoir<br />
neutralisant plus élevé.<br />
Le niveau de mercure dans l’environnement<br />
peut affecter le taux de reproduction <strong>des</strong><br />
huards. À mesure que le niveau d’acidité <strong>des</strong><br />
eaux de surface augmente, le taux de<br />
conversion du mercure inorganique en<br />
méthylmercure toxique augmente (le<br />
méthylmercure est, sur le plan biologique,<br />
l’espèce chimique de mercure la plus toxique<br />
dans l’environnement). Les poissons<br />
accumulent à leur tour de plus fortes<br />
concentrations de méthylmercure dans les lacs<br />
ayant un pH plus faible. Par conséquent, les<br />
oiseaux piscivores sont davantage à risque<br />
d’exposition au mercure lorsqu’ils consomment<br />
ces poissons. Le méthylmercure est hautement<br />
toxique pour les embryons du huard. On a<br />
associé les déclins de la reproduction du huard<br />
à <strong>des</strong> niveaux élevés de mercure dans le<br />
poisson.<br />
Photo : Marie-Aude Bodin. www.wateryear2003.org.<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
23
Forêts et sols<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> affectent aussi les forêts et les<br />
sols. Les arbres et les autres végétaux ont<br />
besoin <strong>des</strong> nutriments et <strong>des</strong> minéraux qui se<br />
trouvent dans le sol, tels que le calcium, le<br />
magnésium et le potassium, pour assurer leur<br />
croissance. Lorsque <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> sulfuriques et<br />
nitriques tombent sur les sols sous forme de<br />
précipitations — qu’il s’agisse de pluie, de<br />
neige, de bruine, de grésil ou de brouillard —<br />
ils dissolvent ces nutriments et minéraux et les<br />
emportent de sorte qu’ils ne sont plus<br />
disponibles pour les arbres et les plantes. Privés<br />
d’aliments en quantité suffisante, les arbres<br />
ralentissent leur croissance, perdent leurs<br />
feuilles et leurs épines, s’affaiblissent et<br />
finissent par mourir. Les scientifiques ont pris<br />
<strong>des</strong> mesures dans une forêt de la région de<br />
Muskoka–Haliburton, en Ontario, en 1983 et<br />
1999. Leurs résultats ont indiqué de fortes<br />
pertes de calcium dans le sol au cours de la<br />
période de 17 années.<br />
Figure 3-2 : Dépérissement de la forêt occasionné par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
Photo : Tom Brydges<br />
24 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Même lorsque les niveaux de dépôts aci<strong>des</strong><br />
passent en deçà <strong>des</strong> charges critiques après<br />
avoir été élevés, les sols peuvent être<br />
incapables, durant de nombreuses années, de<br />
produire <strong>des</strong> forêts en santé parce que le<br />
processus d’altération qui rétablit les cations<br />
basiques <strong>des</strong> nutriments (appauvris par les<br />
dépôts aci<strong>des</strong>) est très lent (voir la Figure 3-3).<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> libèrent aussi <strong>des</strong> métaux très<br />
nuisibles aux arbres et aux plantes.<br />
L’aluminium, par exemple, une fois largué<br />
dans le sol, peut être absorbé par les racines<br />
<strong>des</strong> arbres. Lorsque cela survient, les arbres ont<br />
de la difficulté à absorber les nutriments<br />
nécessaires, tels que le calcium et le magnésium<br />
(Figure 3-3).<br />
Lorsque les feuilles et les aiguilles <strong>des</strong> arbres<br />
sont souvent en contact avec de l’acidité, la<br />
mince couche cireuse qui les protège, appelée<br />
la cuticule, peut s’éroder. Les feuilles peuvent<br />
être endommagées et se couvrir de taches<br />
brunes. Dans les régions de haute montagne<br />
ou le long de certaines zones côtières, la<br />
végétation peut subir une exposition prolongée<br />
à l’acide parce qu’elle est fréquemment<br />
entourée de nuages et de brouillard aci<strong>des</strong>. Ces<br />
nuages et ce brouillard peuvent être plus<br />
aci<strong>des</strong> que la pluie. Il n’est pas rare que les<br />
brouillards aci<strong>des</strong> affichent un pH inférieur à<br />
5,0. On a vu <strong>des</strong> brouillards aci<strong>des</strong> causer de<br />
graves dommages au bouleau blanc le long de<br />
la côte de la baie de Fundy, au Nouveau-<br />
Brunswick (voir la Figure 3-4).<br />
La composition chimique <strong>des</strong> brouillards<br />
marins estivaux est un bon indicateur de la<br />
qualité atmosphérique régionale et <strong>des</strong><br />
changements dus à la lutte contre les<br />
émissions. Sur la côte ouest de la baie de<br />
Fundy, on a décelé <strong>des</strong> concentrations<br />
annuelles plus faibles de sulfates et d’acidité<br />
pour la période 1996–1999 que pour la<br />
période 1987–1989. On n’a relevé aucune<br />
différence significative <strong>des</strong> concentrations de<br />
nitrates entre les deux pério<strong>des</strong><br />
d’échantillonnage. Ces observations sont<br />
conformes aux efforts de lutte contre la<br />
pollution déployés par les sources d’émissions<br />
abondantes en amont.<br />
Le brunissement <strong>des</strong> feuilles <strong>des</strong> bouleaux<br />
côtiers adjacents à la baie de Fundy était<br />
particulièrement évident avant 1987. Des<br />
observations limitées au cours de la<br />
période 1996–1999 ont permis de constater une<br />
légère réduction <strong>des</strong> symptômes de<br />
brunissement pour cette période tandis que <strong>des</strong><br />
observations occasionnelles depuis 2005<br />
permettent de croire à un certain<br />
rétablissement du bouleau.<br />
Lorsque les arbres sont déjà affaiblis par les<br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, ils sont plus susceptibles de subir<br />
d’autres dommages. Les arbres déjà affaiblis<br />
sont plus susceptibles d’être endommagés par<br />
<strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de sécheresse ou de temps très<br />
froid. Le dioxyde de soufre dans l’air peut se<br />
combiner à d’autres produits chimiques, pour<br />
donner du sulfate d’ammonium, qui se forme à<br />
la surface <strong>des</strong> arbres. Lorsque le sulfate<br />
d’ammonium entre dans le sol, il réagit pour<br />
former de l’acide sulfurique. Ces conditions<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
25
Figure 3-3 : Effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les sols<br />
Les cations basiques (en vert) présents dans le sol fournissent <strong>des</strong> nutriments aux plantes,<br />
qui absorbent les produits chimiques par leurs racines. En règle générale, les cations<br />
basiques s’attachent aux particules d’humus ou d’argile (à gauche). Et lorsque <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> tombent sur le sol, les ions d’hydrogène (en rouge) présents dans la pluie déplacent<br />
les cations basiques, qui sont ensuite emportés par l’eau. Au fil du temps, les ions<br />
d’hydrogène, ainsi que les ions d’aluminium (en bleu) libérés du sol en raison <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>, peuvent s’accumuler sur les particules (à droite). Non seulement l’hydrogène et<br />
l’aluminium déplacent-ils <strong>des</strong> nutriments essentiels, mais ils perturbent la biochimie de la<br />
plante; l’aluminium peut être particulièrement toxique.<br />
Source : Hedin, L., 1996.<br />
26 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Figure 3-4 : Dommages causés au bouleau en<br />
raison du brouillard acide dans la baie de<br />
Fundy, Nouveau-Brunswick<br />
encouragent la croissance de champignons qui<br />
peuvent tuer l’arbre. Lorsque les arbres<br />
subissent un tel stress, ils sont vulnérables aux<br />
maladies et aux ravageurs, qui peuvent finir<br />
par les tuer.<br />
Les composés d’azote, l’autre composante <strong>des</strong><br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, n’affectent pas les arbres tout à<br />
fait de la même façon que l’acide sulfurique.<br />
L’azote encourage la croissance <strong>des</strong> plantes, et<br />
les arbres ne font pas exception. Dans le cas<br />
<strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, la faible solution d’acide<br />
nitrique peut encourager les arbres à croître,<br />
même s’il n’y a pas suffisamment d’autres<br />
nutriments dans le sol. Les composés d’azote<br />
peuvent aussi forcer les arbres à poursuivre<br />
leur croissance trop tard à l’automne, lorsqu’ils<br />
devraient utiliser leur énergie pour se préparer<br />
aux froids hivernaux. Les arbres deviennent<br />
alors plus vulnérables au gel.<br />
Source : www.atl.cfs.nrcan.gc.ca/index-f/what-f/science-<br />
F/forestconditions-f/arnews-f/birch-f.html.<br />
Comme dans le cas <strong>des</strong> lacs et <strong>des</strong> organismes<br />
aquatiques, les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> n’affectent pas<br />
seulement les arbres individuels mais aussi<br />
l’ensemble de l’équilibre de l’écosystème<br />
forestier. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> changent la<br />
composition de la forêt. Les arbres et les<br />
végétaux qui sont sensibles à l’acidité sont<br />
endommagés et dépérissent tandis que ceux<br />
qui sont plus tolérants prospèrent et prennent<br />
le <strong>des</strong>sus. Cela a un impact sur la survie <strong>des</strong><br />
animaux qui se nourrissent <strong>des</strong> diverses<br />
espèces d’arbres ou qui en dépendent.<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
27
Structures et matériaux fabriqués<br />
Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> n’affectent pas que les<br />
organismes vivants. Presque tout ce qui est<br />
exposé aux <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur une longue<br />
période finit pas être endommagé ou modifié<br />
d’une façon ou d’une autre. Cela comprend les<br />
immeubles, les sculptures, la peinture, le métal,<br />
le verre, le papier, le cuir, les tissus et le<br />
caoutchouc. La plupart <strong>des</strong> matériaux<br />
fabriqués se détériorent au fil du temps, même<br />
lorsqu’ils sont en contact avec de la pluie<br />
« propre » non polluée. Mais lorsque la pluie<br />
est acide, les dommages surviennent plus<br />
rapidement. Par exemple, certains immeubles<br />
et monuments historiques existent depuis <strong>des</strong><br />
siècles. Au cours d’une bonne partie de cette<br />
période, ils ont dépéri très lentement.<br />
Toutefois, depuis que les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sont<br />
devenues un problème, ces structures se sont<br />
détériorées plus rapidement.<br />
dissout facilement dans l’eau et est lavé de la<br />
surface de la pierre par la pluie. Par<br />
conséquent, on assiste à une érosion <strong>des</strong> détails<br />
finement ciselés <strong>des</strong> bâtiments et <strong>des</strong> sculptures.<br />
Il en coûte <strong>des</strong> milliards de dollars pour<br />
réparer les dommages aux maisons, aux<br />
bâtiments et aux monuments.<br />
La pollution par le SO 2<br />
a affecté <strong>des</strong> structures<br />
historiques partout au monde (voir la Figure 3-5).<br />
Mentionnons, par exemple, le Taj Mahal en<br />
Figure 3-5 : Les effets de la pollution<br />
atmosphérique au XX e siècle<br />
Pierre<br />
Certains types de pierre sont particulièrement<br />
vulnérables aux dépôts aci<strong>des</strong>. Le grès, le<br />
calcaire et le marbre contiennent du carbonate<br />
de calcium, de sorte qu’ils se décomposent plus<br />
facilement en réaction à l’acidité que beaucoup<br />
d’autres matériaux. Cela est important parce<br />
que bon nombre <strong>des</strong> monuments et <strong>des</strong><br />
bâtiments historiques de la planète sont faits de<br />
ces matériaux. Lorsque <strong>des</strong> particules<br />
contenant du SO 2<br />
réagissent au carbonate de<br />
calcium, il y a formation de gypse. Le gypse se<br />
Une sculpture en grès sur un immeuble du début du<br />
XVIII e siècle, en Allemagne, montre les effets de la<br />
pollution atmosphérique au XX e siècle. La photographie de<br />
gauche a été prise en 1908 et celle de droite en 1969.<br />
Source : Westfälisches Amt für Demkmalptflege,<br />
Münster, Allemagne.<br />
28 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Inde, l’Acropole à Athènes, les palais à Venise<br />
et les cathédrales en Allemagne de l’Ouest et<br />
au Royaume-Uni. Au Canada, les immeubles<br />
du Parlement à Ottawa ont subi de graves<br />
dommages en raison <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>.<br />
Métaux<br />
Le zinc, le fer, l’acier, le cuivre, le bronze,<br />
l’argent et l’or sont tous affectés par les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. Certaines statues en métal ont dû être<br />
remplacées par <strong>des</strong> copies faites de matériaux<br />
de plastique résistant à l’acide. La corrosion<br />
par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> a modifié le son émis par<br />
les cloches affectées. Les ponts se corrodent<br />
plus rapidement en raison <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
L’acidité dans l’atmosphère endommage aussi<br />
la peinture <strong>des</strong> véhicules. Les tuyaux d’eau et<br />
les réservoirs de stockage souterrains, les<br />
appareils électriques et l’équipement industriel<br />
sont tous susceptibles de détérioration en<br />
raison de la pollution acide.<br />
bâtiments et s’attaquent aux objets à<br />
l’intérieur, comme <strong>des</strong> œuvres d’art et <strong>des</strong><br />
livres anciens. Le papier absorbe les polluants<br />
aci<strong>des</strong> et devient très friable. Lorsqu’il est<br />
question d’acide, le papier moderne est encore<br />
plus fragile que le papier ancien parce qu’il<br />
contient souvent <strong>des</strong> métaux qui accélèrent le<br />
processus de détérioration.<br />
Verre<br />
Les précipitations aci<strong>des</strong> peuvent aussi affecter<br />
les anciens vitraux. En Europe, on estime<br />
qu’environ 100 000 vitraux risquent d’être<br />
endommagés. Certains l’ont déjà été. En<br />
France, par exemple, le bleu intense <strong>des</strong><br />
vitraux de la cathédrale de Chartres a pali et<br />
bon nombre <strong>des</strong> images ont été usées au point<br />
d’être méconnaissables.<br />
Tissus et papier<br />
Les drapeaux exposés aux éléments sont aussi<br />
rongés par l’acidité présente dans<br />
l’atmosphère. Les produits chimiques dans le<br />
cuir tanné réagissent à la pollution au soufre<br />
pour former <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> qui font craquer et<br />
s’effriter le cuir. Dans certains endroits, la<br />
pollution acide endommage même <strong>des</strong> objets à<br />
l’intérieur. Par exemple, les systèmes de<br />
ventilation de certains musées et bibliothèques<br />
ne sont pas conçus pour retirer les particules<br />
aci<strong>des</strong> de l’air. Ces particules entrent dans les<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
29
Santé humaine<br />
Les précipitations aci<strong>des</strong> n’affectent pas l’être<br />
humain directement. Par exemple, il n’est pas<br />
plus dangereux de marcher sous une plus<br />
acide, jouer dans une neige acide ou nager<br />
dans un lac acide que de pratiquer ces activités<br />
en présence de pluie, de neige ou d’eau non<br />
polluée (bien que l’inspiration de brouillard<br />
acide puisse irriter les poumons). Toutefois,<br />
lorsque le SO 2<br />
ou les NO X<br />
se combinent à<br />
d’autres produits chimiques dans l’air, même<br />
lorsque les niveaux de SO 2<br />
et de NO X<br />
sont très<br />
faibles, ils peuvent porter atteinte aux systèmes<br />
cardiaque et respiratoire.<br />
Plus particulièrement, le SO 2<br />
et les NO X<br />
peuvent réagir à la vapeur d’eau et d’autres<br />
produits chimiques dans l’air pour former de<br />
minuscules particules qui sont emportées dans<br />
l’air. Ces particules sont tellement petites qu’il<br />
nous est très facile de les inspirer dans nos<br />
poumons sans même nous en apercevoir.<br />
Lorsque nous respirons de plus grosses<br />
particules, telles que de la poussière dans une<br />
pièce ou sur une route, cellesci sont<br />
suffisamment grosses pour nous faire tousser,<br />
ce qui les empêche d’atteindre nos poumons.<br />
Mais les minuscules particules formées par les<br />
émissions de SO 2<br />
ou de NO X<br />
sont tellement<br />
petites qu’elles peuvent pénétrer profondément<br />
dans les poumons lorsqu’elles sont inhalées et<br />
déclencher <strong>des</strong> problèmes respiratoires tels que<br />
l’asthme, la toux sèche, <strong>des</strong> maux de tête, et<br />
<strong>des</strong> irritations <strong>des</strong> yeux, du nez et de la gorge.<br />
Ces polluants peuvent même causer <strong>des</strong><br />
troubles respiratoires à long terme.<br />
Les étu<strong>des</strong> ont constaté une association faible<br />
mais significative entre l’augmentation du<br />
niveau <strong>des</strong> particules dans l’air et<br />
l’augmentation du nombre de symptômes<br />
respiratoires, d’admissions à l’hôpital et de<br />
morts prématurées dus à <strong>des</strong> problèmes<br />
cardiaques et respiratoires. Les étu<strong>des</strong> n’ont<br />
pas permis d’établir un niveau complètement<br />
sûr pour l’être humain, auquel on n’observerait<br />
aucun effet sur la santé. Les personnes âgées,<br />
les personnes cardiaques et les personnes<br />
souffrant de problèmes respiratoires tels que<br />
l’asthme sont les plus menacées par une<br />
exposition à court terme aux particules aci<strong>des</strong>.<br />
Pour de plus amples renseignements sur les<br />
effets néfastes pour la santé de ces polluants,<br />
veuillez consulter l’Abécédaire du smog de<br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>, à www.pollutionprobe.org/<br />
Publications/Primers.htm.<br />
30 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
AVANTAGES CORRÉLATIFS DE LA RÉDUCTION DU SO 2<br />
ET DES NO X<br />
Il existe <strong>des</strong> liens entre les polluants qui causent les<br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et d’autres problèmes environnementaux.<br />
Certaines mesures de réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
et<br />
de NO X<br />
réduiraient non seulement les dépôts aci<strong>des</strong><br />
mais pourraient aussi procurer <strong>des</strong> avantages<br />
supplémentaires en réduisant d’autres polluants dans<br />
l’atmosphère, tels que les matières particulaires,<br />
l’ozone, le mercure et les gaz à effet de serre. En<br />
d’autres mots, en maîtrisant un problème, il est parfois<br />
possible de contrôler un autre problème tout aussi<br />
perturbateur.<br />
Les matières particulaires sont souvent composées<br />
de particules de nitrate et de sulfate. En réduisant les<br />
émissions aéroportées de SO 2<br />
et de NO X<br />
, on diminue<br />
aussi le nitrate et le sulfate dans les matières<br />
particulaires, ce qui réduit la quantité de matières<br />
particulaires aéroportées.<br />
Les dépôts aci<strong>des</strong> et l’ozone troposphérique<br />
contiennent tous deux <strong>des</strong> NO X<br />
polluants. Là encore, la<br />
réduction <strong>des</strong> émissions de NO X<br />
par l’entremise d’un<br />
programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> engendrera<br />
<strong>des</strong> réductions dans les concentrations d’ozone.<br />
La combustion de combustibles fossiles rejette aussi du<br />
mercure dans l’atmosphère. Lorsque l’eau <strong>des</strong> lacs est<br />
acidifiée, la contamination au mercure s’accentue. De<br />
plus, puisque les niveaux d’acidité dans les eaux de<br />
surface augmentent, le taux de conversion du mercure<br />
en méthylmercure toxique, qui est nocif pour les<br />
poissons et les espèces sauvages, augmente aussi. Les<br />
étu<strong>des</strong> ont montré qu’une baisse considérable <strong>des</strong><br />
dépôts aci<strong>des</strong> et du mercure engendre une diminution<br />
<strong>des</strong> niveaux de mercure dans le poisson et dans les<br />
animaux qui consomment du poisson, tels que le<br />
Plongeon huard.<br />
Le dioxyde de carbone est un <strong>des</strong> principaux gaz à<br />
effet de serre qui, tout comme le SO 2<br />
et les NO X<br />
, est<br />
émis lors de la combustion de combustibles fossiles. Par<br />
conséquent, la réduction de la combustion de<br />
combustibles fossiles réduira aussi les émissions d’un<br />
important gaz à effet de serre.<br />
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
31
Visibilité<br />
Dans de nombreuses régions du Canada et <strong>des</strong><br />
É.-U., une brume acide nuit à la visibilité de<br />
panoramas magnifiques (voir la Figure 3-6).<br />
Les réactions chimiques que subissent le<br />
dioxyde de soufre et les oxy<strong>des</strong> d’azote dans<br />
l’atmosphère mènent à la formation de<br />
particules susceptibles de réduire la clarté de ce<br />
que nous observons à distance. Il s’agit d’un<br />
problème majeur dans trois régions du<br />
Canada — la partie inférieure de la vallée du<br />
Fraser, en Colombie-Britannique, où les<br />
montagnes environnantes piègent les<br />
polluants; le corridor Québec-Windsor où l’on<br />
trouve <strong>des</strong> polluants provenant de sources<br />
locales et <strong>des</strong> É.-U.; et dans le Sud de<br />
l’Arctique et le Nord <strong>des</strong> provinces <strong>des</strong> Prairies<br />
où, en raison <strong>des</strong> configurations <strong>des</strong> vents<br />
dominants provenant de sources en Europe et<br />
en Asie, une brume sulfatée peut causer <strong>des</strong><br />
problèmes de visibilité.<br />
Figure 3-6 : Glacier National Park, au Montana, par temps clair (à gauche) et lorsque la visibilité<br />
est faible (à droite)<br />
Source : www.epa.gov/air/visibility/parks/glacier.html<br />
32 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />
33
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES<br />
ACIDES AU CANADA<br />
34 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
Historique du problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
La Conférence <strong>des</strong> Nations Unies sur l’environnement<br />
humain, qui a eu lieu à Stockholm en juin 1972, a marqué<br />
l’un <strong>des</strong> jalons les plus importants dans l’histoire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. C’est là qu’une étude de cas suédoise sur les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>, présentée par le pédologue Svante Oden, a fait la<br />
démonstration scientifique de trois faits :<br />
1. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> étaient un phénomène régional à<br />
grande échelle dans une bonne partie de l’Europe.<br />
2. Les précipitations et les eaux de surface s’acidifiaient.<br />
3. On observait un transport atmosphérique à grande<br />
distance de SO 2<br />
et de NO X<br />
entre les nations européennes.<br />
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
35
M. Oden a aussi prédit les conséquences<br />
écologiques <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, y compris le déclin<br />
<strong>des</strong> populations de poisson, l’acidification <strong>des</strong><br />
systèmes édaphiques et le ralentissement de la<br />
croissance <strong>des</strong> arbres <strong>des</strong> forêts.<br />
En 1977, les médias canadiens avaient porté<br />
attention au problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>,<br />
comme en témoignent les titres <strong>des</strong> articles<br />
suivants, publiés dans <strong>des</strong> journaux et <strong>des</strong><br />
magazines :<br />
• « Acid in Snow, Rain Eats Away at Houses<br />
— And it’s Getting Worse », Globe & Mail,<br />
28 février 1977.<br />
• « Burning in the Rain », MacLean’s<br />
Magazine, 11 juillet 1977.<br />
• « Acid Rain from US Battering Canada »,<br />
Toronto Star, 23 octobre 1977.<br />
• « Acid Rain Could be Serious Problem for<br />
Haliburton Lakes », The Highlands Express,<br />
23 novembre 1977.<br />
• « What is Being Done about Mercury and<br />
Acid <strong>Pollution</strong> », The Echo and Recorder,<br />
30 novembre 1977.<br />
L’intérêt <strong>des</strong> médias et de la population pour<br />
les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> a crû très lentement au cours<br />
<strong>des</strong> années 1970, mais s’est avivé<br />
soudainement après la publication d’un article<br />
par le Toronto Star, en 1978, intitulé « Rain of<br />
<strong>Pollution</strong> Killing Our Resort Lakes ». Cet<br />
article révélait que l’ensemble de la région de<br />
villégiature Muskoka–Haliburton était aux<br />
prises avec <strong>des</strong> chutes dévastatrices de<br />
précipitations aci<strong>des</strong> causées par la pollution<br />
chimique de l’air, qui détruisaient les lacs.<br />
L’article affirmait aussi que le problème <strong>des</strong><br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> était aussi grave en Ontario que<br />
dans toute autre région du monde où l’on avait<br />
relevé <strong>des</strong> dommages semblables.<br />
En 1982, les scientifiques canadiens ont<br />
proposé de réduire le dépôt <strong>des</strong> sulfates par la<br />
pluie et la neige à un maximum de<br />
20 kilogrammes par hectare par année. Cette<br />
charge cible devait permettre de protéger<br />
toutes les eaux de surface, sauf les plus<br />
sensibles. Au cours de cette même année, les<br />
ministres de l’Environnement <strong>des</strong> sept<br />
provinces de l’Est et le gouvernement fédéral<br />
ont accepté cette charge cible et convenu de<br />
réduire les émissions de 50 %. Cette cible était<br />
tributaire de l’adoption par les É.-U. de<br />
mesures comparables. On amorça alors un<br />
long processus d’engagements, tant<br />
internationaux qu’intérieurs, en vue de réduire<br />
36 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
les émissions de dioxyde de soufre. Certains de<br />
ces engagements, dont il est question tout au<br />
long de ce chapitre, demeurent en vigueur<br />
aujourd’hui.<br />
Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> dans l’Est du Canada<br />
En 1984, les ministres canadiens de<br />
l’Environnement, tant fédéral que provinciaux,<br />
ont convenu de mettre en œuvre un plan « fait<br />
au Canada », indépendant <strong>des</strong> mesures étatsuniennes,<br />
pour réduire de 50 % les émissions<br />
de soufre dans l’Est du Canada. Ce plan<br />
appuyait l’engagement pris subséquemment par<br />
la Commission économique <strong>des</strong> Nations Unies<br />
pour l’Europe (CEEONU) en faveur d’une<br />
réduction de 30 % du total <strong>des</strong> émissions<br />
nationales au cours <strong>des</strong> 10 années suivantes.<br />
En 1985, le Canada et les sept provinces de<br />
l’Est (le Manitoba, l’Ontario, le Québec, le<br />
Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Îledu-Prince-Édouard<br />
et Terre-Neuve) ont lancé<br />
le Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
dans l’Est du Canada. Ce programme<br />
exhaustif ciblait l’Est, où les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
avaient toujours causé plus de problèmes. Le<br />
programme visait à limiter les dépôts humi<strong>des</strong><br />
de sulfate à au plus 20 kilogrammes par<br />
hectare par année, par rapport à <strong>des</strong> niveaux<br />
qui avaient atteint 40 kilogrammes par hectare<br />
par année. On prévoyait que cette cible de<br />
20 kilogrammes permettrait de protéger les<br />
écosystèmes modérément sensibles. Les<br />
provinces ont convenu de plafonner les<br />
émissions de SO 2<br />
<strong>des</strong> sept provinces à<br />
2,3 millions de tonnes par année (ce chiffre<br />
était fondé sur <strong>des</strong> calculs du nombre de<br />
tonnes d’émissions de SO 2<br />
qui permettaient<br />
d’atteindre la charge critique). Elles ont<br />
négocié le plafond, à atteindre avant 1994.<br />
Rapport d’étape : Le Canada a réussi à<br />
atteindre sa cible globale. Toutes les<br />
provinces ont atteint leur cible individuelle<br />
de SO 2<br />
avant 1994. Collectivement, elles ont<br />
émis 1,7 million de tonnes de SO 2<br />
, ce qui<br />
est bien en deçà du plafond de 2,3 millions<br />
de tonnes, et ont réalisé une réduction de<br />
56 % par rapport aux niveaux de 1980.<br />
Premier Protocole sur la réduction<br />
accrue <strong>des</strong> émissions de soufre (1985)<br />
C’est en 1979 qu’a été signée la Convention sur<br />
la pollution atmosphérique transfrontalière à<br />
longue distance (PATLD), sous les auspices de<br />
la CEEONU (voir la dernière section du<br />
présent chapitre pour un résumé <strong>des</strong><br />
conventions et protocoles, et de leur utilisation<br />
pour protéger l’environnement). Il s’agissait du<br />
premier accord international à mettre en<br />
rapport le problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et la<br />
circulation transfrontalière <strong>des</strong> polluants<br />
atmosphériques.<br />
La Convention de 1979 a débouché sur<br />
l’élaboration d’un certain nombre de<br />
protocoles contenant <strong>des</strong> mesures concrètes<br />
pour contrôler les émissions transfrontalières<br />
de polluants atmosphériques. Le premier<br />
protocole, qui porte directement sur la<br />
réduction du SO 2<br />
, s’intitulait comme il se doit<br />
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
37
le Premier Protocole sur la réduction accrue<br />
<strong>des</strong> émissions de soufre de 1985. Vingt-deux<br />
pays membres de la CEEONU, y compris le<br />
Canada, ont signé ce protocole. Les parties se<br />
sont engagées à réduire d’au moins 30 % les<br />
niveaux <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
de 1980 avant<br />
l’année cible 1993. La cible de réduction du<br />
SO 2<br />
du Canada était de 3,2 millions de tonnes<br />
à l’échelle du pays, avant 1993.<br />
Rapport d’étape : Les mesures conjointes<br />
prises aux termes de la convention ont<br />
permis une réduction importante de la<br />
circulation transfrontalière de la pollution.<br />
Tant individuellement que collectivement,<br />
les 21 pays qui ont signé le Protocole sur le<br />
soufre de 1985 avaient réduit, en 1993,<br />
leurs émissions de soufre de plus de 50 %<br />
par rapport aux niveaux de 1980. Onze<br />
pays ont réalisé <strong>des</strong> réductions d’au moins<br />
60 %. Le Canada a dépassé sa cible de<br />
50 % pour l’Est du Canada et a atteint sa<br />
cible nationale de réduction de 30 % en<br />
1992, les émissions nationales totalisant<br />
3,1 millions de tonnes.<br />
Accord Canada-États-Unis sur la<br />
qualité de l’air (1991)<br />
Selon le lieu, de 45 à 75 % <strong>des</strong> dépôts de soufre<br />
et d’azote dans l’Est du Canada proviennent<br />
de sources aux États-Unis, par l’entremise de la<br />
pollution transfrontalière. Par conséquent, il<br />
était essentiel de jouir de la collaboration <strong>des</strong><br />
É.-U. pour régler ce problème.<br />
En mars 1991, les deux pays ont signé l’Accord<br />
Canada-États-Unis sur la qualité de l’air. Bien<br />
que l’accord prévoyait un cadre pour<br />
s’attaquer à de nombreux problèmes de<br />
pollution atmosphérique, on a tout d’abord mis<br />
l’accent sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Aux termes de cet<br />
accord, le Canada a réitéré les engagements<br />
qu’il avait déjà pris aux termes <strong>des</strong> premiers<br />
deux accords mentionnés ci-<strong>des</strong>sus.<br />
Conformément aux engagements du<br />
Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
dans l’Est du Canada, le Canada a convenu de<br />
prolonger à la fois le plafonnement <strong>des</strong><br />
émissions de 2,3 millions de tonnes de 1994 à<br />
1999 et le plafonnement national <strong>des</strong> émissions<br />
de 3,2 millions de tonnes jusqu’à 2000 et audelà.<br />
Les États-Unis ont convenu de réduire,<br />
avant l’an 2000, leurs émissions de SO 2<br />
de<br />
10 millions de tonnes par rapport aux niveaux<br />
de 1980 et d’imposer un plafonnement<br />
permanent <strong>des</strong> émissions nationales de<br />
8,95 millions de tonnes de dioxyde de soufre<br />
par année pour les producteurs d’électricité, à<br />
atteindre avant 2010.<br />
Rapport d’étape : Le Canada a réussi à<br />
réduire ses émissions nationales de SO 2<br />
. En<br />
2003, les émissions de SO 2<br />
<strong>des</strong> sept<br />
provinces de l’Est étaient inférieures de<br />
près de 30 % au plafond de 2,3 millions de<br />
tonnes par année pour l’Est du Canada,<br />
même si le plafond n’était plus en place<br />
depuis décembre 1999. Les émissions<br />
nationales de SO 2<br />
du Canada ont diminué<br />
d’environ 50 % de 1980 à 2003, soit 25 %<br />
en deçà du plafond national (voir la<br />
Figure 4-1). Les progrès ont été soutenus<br />
aux États-Unis, quoique plus lents, le<br />
38 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Figure 4-1 : Émissions canadiennes de SO 2<br />
provenant de sources de <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>* (1980–2001)<br />
Émissions (en millions de tonnes)<br />
5,0<br />
4,5<br />
4,0<br />
3,5<br />
3,0<br />
2,5<br />
2,0<br />
1,5<br />
1,0<br />
0,5<br />
0,0<br />
4.8<br />
3.8<br />
3.7<br />
3.0<br />
3.3<br />
2.5<br />
2.7<br />
1.8<br />
Émissions nationales<br />
Émissions, Est du Canada<br />
Plafond national<br />
Plafond, Est du Canada<br />
3.2<br />
2.6<br />
2.5 2.4 2.4<br />
2.3<br />
1.7 1.6 1.6 1.6<br />
1980 1985 1990 1994 1995 1999 2000 2001<br />
Année<br />
* Total <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
Source : Commission mixte internationale, 2004.<br />
niveau le plus élevé de réduction ayant été<br />
obtenu dans le secteur de la production<br />
d’électricité. En 2004, les sources de<br />
production d’électricité aux États-Unis<br />
avaient réduit leurs émissions de SO 2<br />
d’environ 34 %, soit une diminution de<br />
plus de 5 millions de tonnes par rapport<br />
aux niveaux de 1990, et de plus de 40 %<br />
par rapport aux niveaux de 1980. On<br />
prévoit que, d’ici 2010, les émissions de<br />
SO 2<br />
<strong>des</strong> États-Unis auront atteint la cible<br />
de réduction de 40 %.<br />
Deuxième Protocole sur le soufre (1994)<br />
En 1993, la CEEONU a mis à jour le Premier<br />
Protocole sur le soufre. Le Deuxième Protocole<br />
sur le soufre (aussi appelé Protocole d’Oslo de<br />
1994 ou Protocole relatif à une nouvelle<br />
réduction <strong>des</strong> émissions de soufre) a été adopté<br />
en 1994 et ratifié par le Canada en 1997; il est<br />
entré en vigueur en 1998. À ce jour, 26 pays<br />
ont ratifié ce protocole.<br />
À titre de pays, le Canada était néanmoins<br />
tenu de plafonner ses émissions de SO 2<br />
à<br />
3,2 millions de tonnes à compter de 1993. Ce<br />
protocole avait ceci de nouveau qu’il prenait<br />
en considération le principe <strong>des</strong> charges<br />
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
39
Figure 4-2 : Zone de gestion <strong>des</strong> oxy<strong>des</strong> de<br />
soufre (ZGOS) du Canada<br />
Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard. Le<br />
Canada a accepté de plafonner les émissions<br />
de SO 2<br />
dans la ZGOS à 1,75 million de tonnes<br />
par année, à compter de 2000.<br />
En 1994, le Canada et les provinces ont<br />
commencé à travailler avec les intervenants<br />
pour élaborer une nouvelle stratégie nationale<br />
afin de permettre au pays de respecter ses<br />
obligations aux termes du Deuxième Protocole<br />
sur le soufre et de protéger les zones sensibles à<br />
l’acidification, la santé humaine et la visibilité.<br />
Source : Ministres fédéraux/provinciaux/territoriaux de<br />
l’Énergie et de l’Environnement, 1998.<br />
critiques, qui tenait compte <strong>des</strong> causes et <strong>des</strong><br />
effets comme critère de détermination <strong>des</strong><br />
secteurs appelant une gestion plus poussée <strong>des</strong><br />
émissions de SO 2<br />
. Par conséquent, le Canada a<br />
proposé à la CEEONU de cibler<br />
géographiquement les réductions <strong>des</strong> émissions<br />
en privilégiant les régions où les émissions<br />
causaient ou pouvaient causer un problème<br />
d’acidification transfrontalière. Au Canada,<br />
cette région ciblée s’appelle la Zone de gestion<br />
<strong>des</strong> oxy<strong>des</strong> de soufre ou ZGOS (voir la<br />
Figure 4-2) et mesure un million de kilomètres<br />
carrés. Cette zone n’englobe que les régions<br />
sources qui, selon les constatations, contribuent<br />
à l’acidification au Canada et aux É.-U. Cinq<br />
provinces du Canada font partie de la ZGOS :<br />
l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la<br />
Rapport d’étape : Le Canada a respecté<br />
l’engagement du protocole dans la ZGOS,<br />
ses émissions de SO 2<br />
en 2001 ayant atteint<br />
environ 1,1 million de tonnes, ou 38 % de<br />
moins que le plafond.<br />
Protocole relatif à la réduction de<br />
l’acidification, de l’eutrophisation et de<br />
l’ozone troposphérique (Protocole de<br />
Göteborg de 1999)<br />
Plus récemment, on a négocié le Protocole de<br />
Göteborg. À ce jour, 31 pays ont signé le<br />
protocole, dont le Canada, et 20 pays l’ont<br />
ratifié. Ce protocole sur les multipolluants aux<br />
effets multiples fixe <strong>des</strong> cibles de réduction <strong>des</strong><br />
émissions du SO 2<br />
, <strong>des</strong> NO X<br />
et d’autres<br />
polluants au-delà <strong>des</strong> engagements pris dans<br />
les protocoles antérieurs. Au milieu de 2006, le<br />
Canada n’avait pas encore ratifié le protocole.<br />
Lorsque le Canada ratifiera le protocole, s’il le<br />
fait, on déterminera le niveau <strong>des</strong> réductions<br />
<strong>des</strong> émissions exigées.<br />
40 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Stratégie pancanadienne sur les<br />
émissions acidifiantes après l’an 2000<br />
En octobre 1998, les ministres fédéraux,<br />
provinciaux et territoriaux de l’Énergie et de<br />
l’Environnement ont signé la Stratégie<br />
pancanadienne sur les émissions acidifiantes<br />
après l’an 2000. Le principal but à long terme<br />
de la stratégie est de respecter les charges<br />
critiques pour les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> partout au<br />
pays, tout en garantissant que les régions qui<br />
ne sont pas encore touchées, que l’on sache,<br />
par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> continuent d’être<br />
protégées (c.-à-d. la Colombie-Britannique,<br />
l’Alberta, la Saskatchewan, le Nunavut, les<br />
Territoires du Nord-Ouest, le Manitoba, Terre-<br />
Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et<br />
le Nord de l’Ontario et du Québec). L’un <strong>des</strong><br />
éléments de la stratégie est la détermination de<br />
nouveaux plafonds de réduction <strong>des</strong> émissions<br />
dans l’Est du Canada. La stratégie s’appuie sur<br />
les constatations du Groupe de travail sur les<br />
émissions acidifiantes. Le groupe de travail<br />
était composé de représentants <strong>des</strong><br />
gouvernements fédéral et provinciaux, de<br />
l’industrie et <strong>des</strong> groupes de protection de<br />
l’environnement et de la santé. Son rapport,<br />
intitulé Vers une stratégie nationale sur les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>, a été publié en octobre 1997. On y<br />
constatait l’existence d’une région au Canada<br />
où la plupart <strong>des</strong> réductions doivent être<br />
opérées afin que les émissions demeurent en<br />
deçà <strong>des</strong> charges critiques dans l’Est du<br />
Canada. Cette région est la ZGOS de l’Est du<br />
Canada, à l’exclusion de l’Î.-P.-É. (qui ne<br />
contribue pas beaucoup au problème <strong>des</strong><br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>). Aux É.-U., les réductions <strong>des</strong><br />
émissions dans les régions du Midwest et du<br />
Nord-Est sont aussi très importantes pour<br />
respecter les charges critiques au Canada.<br />
Aux termes de la stratégie, l’Ontario, le<br />
Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-<br />
Écosse ont annoncé <strong>des</strong> réductions<br />
supplémentaires <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
au-delà<br />
<strong>des</strong> plafonds fixés dans le cadre du Programme<br />
de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans l’Est du<br />
Canada. L’Ontario a annoncé une cible de<br />
réduction de 50 % avant 2015; le Québec de<br />
40 % avant 2002 et de 50 % avant 2010; le<br />
Nouveau-Brunswick de 30 % avant 2005 et de<br />
50 % avant 2010; et la Nouvelle-Écosse de<br />
25 % avant 2005 et de jusqu’à 50 % avant<br />
2010. Les gouvernements sont à élaborer <strong>des</strong><br />
plans pour réaliser ces réductions et mettre en<br />
œuvre les autres éléments de la stratégie.<br />
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
41
Progrès récents au Canada sur le plan <strong>des</strong> politiques et<br />
de la réglementation<br />
Plans de prévention de la pollution<br />
pour les fonderies et affineries de<br />
métaux communs et les usines de<br />
traitement du zinc<br />
En avril 2006, le gouvernement fédéral a publié<br />
un avis exigeant la production et la mise en<br />
œuvre de plans de prévention de la pollution par<br />
les fonderies et affineries de métaux communs<br />
et les usines de traitement du zinc partout au<br />
Canada, qui rejettent dans l’environnement au<br />
moins une <strong>des</strong> substances visées par le plan<br />
(qui comprend le dioxyde de soufre).<br />
On demandera aux installations de tenir<br />
compte dans leur plan de « la mise en<br />
application <strong>des</strong> meilleures techniques de<br />
prévention et de contrôle de la pollution<br />
existantes pour empêcher ou réduire au<br />
minimum la production de polluants ou de<br />
déchets et réduire les risques d’atteinte à<br />
l’environnement ou à la santé humaine ». On<br />
Tableau 4-1 : Valeurs cibles pour la limite annuelle de rejets de dioxyde de soufre<br />
Société<br />
Teck Cominco — Trail Operation<br />
Hudson Bay Mining and Smelting<br />
Company Ltd. — Flin Flon<br />
Inco — Thompson<br />
Inco — Sudbury<br />
Falconbridge — Kidd/Timmins<br />
Falconbridge — Sudbury<br />
Falconbridge — Horne<br />
Falconbridge — Brunswick<br />
Falconbridge — CEZ<br />
Cibles 2008 (tonnes par année)<br />
3 400<br />
187 000<br />
187 000<br />
175 000<br />
7 525<br />
66 000<br />
45 000<br />
12 700<br />
6 900<br />
Cibles 2015 (tonnes par année)<br />
3 400<br />
33 500<br />
22 800<br />
66 000<br />
7 525<br />
25 000<br />
43 500<br />
11 000<br />
6 900<br />
42 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
leur demandera aussi d’élaborer et d’exécuter un<br />
Programme communautaire de protection de la<br />
qualité de l’air (PCPQA) pour garantir l’atteinte <strong>des</strong><br />
objectifs en matière de qualité de l’air. Il leur faudra<br />
aussi élaborer et exécuter un Programme de<br />
réduction <strong>des</strong> émissions <strong>des</strong> fonderies (PREF) pour<br />
prévenir et contrôler les émissions, en tenant compte<br />
<strong>des</strong> cibles annuelles <strong>des</strong> rejets dans l’atmosphère de<br />
diverses substances. Le Tableau 4-1 présente la<br />
valeurs cibles pour la limite annuelle de dioxyde de<br />
soufre à certaines installations de métaux communs.<br />
Plan ontarien de réduction <strong>des</strong> émissions de<br />
l’industrie<br />
En mai 2005, le ministère de l’Environnement de<br />
l’Ontario a annoncé son règlement sur les émissions<br />
industrielles — oxy<strong>des</strong> d’azote et dioxyde de soufre.<br />
Ce règlement applique de nouvelles limites aux<br />
émissions de NO X<br />
et de SO 2<br />
à 30 installations de<br />
7 secteurs industriels à compter de 2006 et est conçu<br />
de manière à faire respecter <strong>des</strong> limites encore plus<br />
rigoureuses à l’avenir. Le règlement garantira que<br />
l’Ontario respectera les Standards pancanadiens relatifs<br />
aux particules et à l’ozone.<br />
CONVENTIONS ET PROTOCOLES<br />
INTERNATIONAUX VISANT À<br />
PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT<br />
Au fil <strong>des</strong> ans, on a eu recours à <strong>des</strong><br />
conventions et à <strong>des</strong> protocoles pour lutter<br />
contre les problèmes environnementaux<br />
internationaux. Ce processus comporte la<br />
négociation, en plusieurs étapes, d’une série<br />
d’accords sur la nature du problème, la<br />
conception de solutions (conventions) et la<br />
mise en œuvre de mesures de contrôle<br />
(protocoles).<br />
On trouve les éléments fondamentaux <strong>des</strong><br />
conventions et <strong>des</strong> protocoles dans le Traité<br />
sur les eaux limitrophes de 1909, entre le<br />
Canada et les États-Unis, qui est l’un <strong>des</strong> plus<br />
vieux accords environnementaux<br />
internationaux au monde. Bien que le traité<br />
porte surtout sur les problèmes et les conflits<br />
relatifs aux eaux le long de la frontière<br />
Canada/É.-U., un de ses articles permet<br />
d’aborder d’autres problèmes tels que la<br />
pollution atmosphérique transfrontalière.<br />
Bien que la terminologie ait évolué au fil <strong>des</strong><br />
ans, le traité renferme tous les éléments <strong>des</strong><br />
conventions et <strong>des</strong> protocoles qu’on utilise<br />
encore aujourd’hui pour s’attaquer aux<br />
problèmes de pollution multinationaux.<br />
La première étape du processus de<br />
négociation d’un accord international est la<br />
conclusion d’un accord écrit, qu’on appelle la<br />
convention. Les conventions portent<br />
habituellement sur un important problème et<br />
sont souvent négociées sous l’égide du<br />
Programme <strong>des</strong> Nations Unies pour<br />
... suite à la page suivante<br />
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
43
INTERNATIONAL CONVENTIONS AND PROTOCOLS TO PROTECT THE ENVIRONMENT (suite)<br />
l’environnement. Il existe actuellement plus de<br />
260 conventions et accords internationaux portant sur<br />
<strong>des</strong> problèmes environnementaux.<br />
Les conventions internationales partagent un ensemble<br />
de caractéristiques :<br />
1. La convention vise à forger un consensus<br />
international sur l’existence d’un problème<br />
particulier relatif à l’écologie, aux espèces sauvages<br />
ou à la pollution, qui exige <strong>des</strong> mesures de contrôle<br />
internationales. La convention est formulée en<br />
termes généraux pour encourager les pays à la<br />
signer et ainsi à reconnaître que le problème existe.<br />
Elle ne contient habituellement aucune exigence<br />
précise concernant les mesures de contrôle afin que<br />
les pays puissent participer aux discussions<br />
scientifiques sans devoir accepter <strong>des</strong> mesures de<br />
contrôle.<br />
2. La convention met en place un processus de<br />
réunions périodiques entre les représentants de<br />
haut niveau <strong>des</strong> pays, souvent appelé la Conférence<br />
<strong>des</strong> Parties (CdP).<br />
3. Aux termes de la convention, les pays s’engagent à<br />
approfondir les recherches et à surveiller le<br />
problème, et s’entendent souvent pour produire <strong>des</strong><br />
évaluations scientifiques. Cela permet de recueillir<br />
davantage d’information, ce qui aide à renforcer le<br />
consensus sur la question. Les gouvernements sont<br />
ensuite en meilleure position pour élaborer <strong>des</strong><br />
politiques nationales sur les mesures de contrôle.<br />
4. Aux termes de la convention, les pays s’engagent à<br />
produire certains rapports, y compris <strong>des</strong> rapports<br />
périodiques sur ce qu’ils ont fait pour appliquer la<br />
convention.<br />
5. La convention crée un secrétariat pour gérer<br />
l’ensemble du processus.<br />
6. Les conventions comprennent <strong>des</strong> accords<br />
concernant la négociation de protocoles sur <strong>des</strong><br />
mesures précises de contrôle ou d’autres mesures<br />
de gestion nécessaires pour régler le problème. Les<br />
pays peuvent choisir de ne pas signer un protocole,<br />
tout en participant aux activités de la convention.<br />
Une fois les conventions et les protocoles rédigés, les<br />
représentants <strong>des</strong> pays les signent pour indiquer<br />
l’intention de leur gouvernement de les ratifier (ou de les<br />
approuver et de les confirmer) et de mettre en œuvre les<br />
mesures convenues. Les conventions et les protocoles<br />
déterminent tous le nombre de pays qui doivent ratifier<br />
le document avant qu’il entre en vigueur et qu’il<br />
devienne une obligation juridique contraignante pour<br />
tous les signataires. Tant que les pays n’ont pas ratifié<br />
l’accord en nombre suffisant pour permettre son entrée<br />
en vigueur, il ne constitue pas une obligation<br />
contraignante pour quelque pays que ce soit.<br />
Le processus <strong>des</strong> protocoles tire sa force de la grande<br />
souplesse dont on fait preuve pour en venir à un accord<br />
sur <strong>des</strong> petits problèmes dans le cadre d’un enjeu<br />
beaucoup plus vaste. Ces petits problèmes peuvent<br />
susciter moins de controverse et se prêter davantage à<br />
l’adoption de mesures. On peut se concentrer sur un<br />
unique problème, en reportant à plus tard les problèmes<br />
plus épineux ou moins importants. La réussite provient<br />
<strong>des</strong> effets cumulatifs de multiples petites interventions.<br />
Par exemple, la Convention sur la pollution<br />
atmosphérique transfrontalière à longue distance<br />
comporte huit protocoles, portant sur bon nombre de<br />
polluants précis, y compris le SO 2<br />
, les NO X<br />
, les composés<br />
organiques volatils, les composés organiques<br />
persistants et les métaux lourds. Bien que ces polluants<br />
aient souvent <strong>des</strong> sources et <strong>des</strong> effets communs, il<br />
aurait été impossible de les aborder globalement. Le<br />
processus <strong>des</strong> protocoles permet de les aborder un par<br />
un, ce qui facilite leur gestion.<br />
Source : Adapté de Brydges, T., 2004(b).<br />
44 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />
45
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES<br />
PLUIES ACIDES<br />
46 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
Certes, il est encourageant d’apprendre que le<br />
Canada a jusqu’à maintenant respecté tous ses<br />
engagements intérieurs et internationaux<br />
concernant la réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
et de NO X<br />
,<br />
mais il reste à savoir si ces réductions ont engendré une<br />
diminution suffisante <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> et, par conséquent,<br />
un rétablissement de l’écosystème. C’est un réseau de<br />
stations de surveillance fédérales et provinciales situées<br />
partout au Canada qui assure la surveillance <strong>des</strong> dépôts<br />
aci<strong>des</strong>. La question du rétablissement <strong>des</strong> écosystèmes<br />
trouve sa réponse dans les abondantes recherches<br />
scientifiques réalisées au cours <strong>des</strong> deux dernières<br />
décennies dans <strong>des</strong> régions sensibles aux dépôts aci<strong>des</strong>.<br />
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
47
Surveiller les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
À mesure qu’on prenait conscience <strong>des</strong><br />
dangers <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, les scientifiques ont<br />
commencé à mettre en place un réseau de<br />
stations de surveillance. Le Réseau canadien<br />
d’échantillonnage <strong>des</strong> précipitations<br />
(CANSAP) a vu le jour en 1977, avec 48 lieux<br />
de surveillance partout au Canada. Le<br />
CANSAP est devenu un réseau fédéralprovincial,<br />
appelé Réseau canadien<br />
d’échantillonnage <strong>des</strong> précipitations et de l’air<br />
(RCEPA), qui est entré en service en 1983.<br />
Aux É.-U., le National Atmospheric Deposition<br />
Program (NADP) ainsi que <strong>des</strong> réseaux <strong>des</strong><br />
États et de l’industrie surveillent depuis 1978<br />
les dépôts humi<strong>des</strong>.<br />
Les stations de surveillance, situées dans <strong>des</strong><br />
régions du pays sensibles aux dépôts aci<strong>des</strong>,<br />
nous indiquent la présence et l’abondance <strong>des</strong><br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>; elles permettent aussi de savoir si<br />
la réduction <strong>des</strong> émissions a engendré une<br />
réduction <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. L’information<br />
recueillie dans ces stations de surveillance est<br />
stockée dans la Base de données nationales sur<br />
la chimie atmosphérique (NAtChem) et le<br />
système d’analyse, exploité par Environnement<br />
Canada. La NAtChem est le seul endroit en<br />
Amérique du Nord qui possède les données sur<br />
la situation <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> tant au Canada<br />
qu’aux États-Unis.<br />
Les réseaux mesurent les dépôts humi<strong>des</strong> en<br />
analysant <strong>des</strong> échantillons de précipitations<br />
prélevés dans les collecteurs de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Les réseaux de la Nouvelle-Écosse prélèvent<br />
<strong>des</strong> échantillons sur une base quotidienne<br />
tandis que la plupart <strong>des</strong> autres réseaux du<br />
Canada procèdent sur une base hebdomadaire.<br />
Aux É.-U., le National Trends Network (NTN)<br />
prélève <strong>des</strong> échantillons sur une base<br />
hebdomadaire, tandis que l’Atmospheric<br />
Integrated Research Monitoring Network<br />
(AIRMoN) prélève <strong>des</strong> échantillons sur une<br />
base quotidienne.<br />
Figure 5-1 : Collecteur de précipitations<br />
aci<strong>des</strong> d’Environnement Canada<br />
Un capteur de pluie, à la verticale, à droite, actionne un<br />
moteur qui retire le couvercle du réservoir du collecteur,<br />
à gauche. Lorsque la pluie cesse, le couvercle se replace<br />
sur le collecteur.<br />
Source : www.atl.ec.gc.ca/msc/as/as_acid_f.html<br />
48 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Les réactions de l’atmosphère aux réductions <strong>des</strong><br />
émissions acidifiantes<br />
Les données du NAtChem ont révélé, comme<br />
prévu, que les réductions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
au cours <strong>des</strong> deux dernières décennies avaient<br />
engendré <strong>des</strong> réductions <strong>des</strong> sulfates dans l’air<br />
et dans les précipitations. Selon<br />
Environnement Canada, bien que les niveaux<br />
<strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> aient diminué dans l’Est du<br />
Canada au cours <strong>des</strong> quelques dernières<br />
décennies (voir la Figure 5-2), de 21 à 75 % du<br />
territoire de l’Est du Canada (environ 0,5 à<br />
1,8 million de kilomètres carrés) continue de<br />
recevoir <strong>des</strong> niveaux de dépôts aci<strong>des</strong><br />
supérieurs aux charges critiques, selon <strong>des</strong><br />
scénarios du meilleur ou du pire.<br />
Figure 5-2 : Configuration <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de sulfate dans l’Est de l’Amérique du Nord, du<br />
début à la fin <strong>des</strong> années 1990<br />
Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de sulfate<br />
ne provenant pas du sel de mer (SO 4<br />
2-<br />
) (1990–1994)<br />
Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de sulfate<br />
ne provenant pas du sel de mer (SO 4<br />
2-<br />
) (1996–2000)<br />
Kg/ha/an<br />
Kg/ha/an<br />
La carte de gauche indique la configuration <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> sur cinq ans pour la période 1990–1994. La carte de<br />
droite présente la configuration pour la période 1996–2000. On observe une diminution considérable de la superficie<br />
recevant <strong>des</strong> dépôts supérieurs à 20 kg/ha/an en réaction aux diminutions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
.<br />
Source : Environnement Canada, 2004.<br />
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
49
Par opposition aux niveaux de SO 2<br />
, du début<br />
<strong>des</strong> années 1980 à l’an 2000, les niveaux de<br />
nitrate dans l’atmosphère et dans les<br />
précipitations n’ont pas diminué mais ont<br />
plutôt légèrement augmenté (voir la Figure 5-3).<br />
Par conséquent, la configuration <strong>des</strong> dépôts<br />
humi<strong>des</strong> de nitrate sur l’Est de l’Amérique du<br />
Nord n’a affiché aucun changement<br />
d’importance entre 1990–1994 et 1996–2000<br />
(voir la Figure 5-4). Les chercheurs craignent<br />
que les dépôts de nitrate n’en viennent à<br />
contrecarrer certains <strong>des</strong> avantages obtenus<br />
grâce à la réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
.<br />
Figure 5-3 : Émissions d’oxy<strong>des</strong> d’azote au<br />
Canada (en millions de tonnes)<br />
2,5<br />
2,0<br />
1,5<br />
1,0<br />
0,5<br />
0,0<br />
1980<br />
1981<br />
1982<br />
1983<br />
1984<br />
1985<br />
1986<br />
1987<br />
1988<br />
1989<br />
1990<br />
1991<br />
1992<br />
1993<br />
1994<br />
1995<br />
1996<br />
1997<br />
1998<br />
1999<br />
2000<br />
Source : www.ec.gc.ca/soer-ree/English/Indicator_<br />
series/new_issues.cfm Issue_id-3&tech_id=10#bio_pic<br />
Figure 5-4 : Configuration <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de nitrate dans l’Est de l’Amérique du Nord du<br />
début à la fin <strong>des</strong> années 1990<br />
Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de NO 3<br />
-<br />
(1990–1994)<br />
Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de NO 3<br />
-<br />
(1996–2000)<br />
Kg/ha/an<br />
Kg/ha/an<br />
Source : Environnement Canada, 2004.<br />
50 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Rétablissement de l’écosystème<br />
Le rétablissement de l’écosystème, le renversement <strong>des</strong><br />
conditions chimiques et biologiques perturbées, est un lent<br />
processus qui se déroule en plusieurs phases. Un écosystème<br />
commence à récupérer <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> lorsque diminuent les<br />
émissions aci<strong>des</strong> dans l’atmosphère, ce qui engendre la<br />
réduction <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> et permet à la première phase —<br />
le rétablissement chimique — de se dérouler.<br />
Le rétablissement chimique se caractérise par un<br />
accroissement de l’alcalinité (c.-à-d. l’augmentation du pH <strong>des</strong><br />
lacs) ainsi qu’une diminution <strong>des</strong> concentrations de sulfate, de<br />
nitrate et de métaux (aluminium, nickel et cuivre) dans les sols<br />
et les eaux de surface. Si elles sont suffisantes, ces réductions<br />
déboucheront à terme sur <strong>des</strong> niveaux de pH plus sains et une<br />
plus grande « capacité de neutralisation <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> » — un<br />
processus qui prendra probablement plusieurs décennies.<br />
À mesure que les conditions chimiques s’améliorent, la<br />
deuxième phase du rétablissement de l’écosystème, le<br />
rétablissement biologique (c.-à-d. une augmentation <strong>des</strong><br />
espèces individuelles de végétaux et d’animaux, de<br />
communautés et d’habitats) devient possible. Il faut<br />
remarquer toutefois que le rétablissement d’un écosystème ne<br />
devrait pas être confondu avec le retour à l’état qui a précédé<br />
les perturbations. Les écosystèmes subissent, au fil du temps,<br />
<strong>des</strong> changements naturels sous l’influence de facteurs tant<br />
internes qu’externes (p. ex. les dépôts aci<strong>des</strong> ou les<br />
changements climatiques).<br />
QU’EST-CE QUE LA CAPACITÉ<br />
DE NEUTRALISATION DE<br />
L’ACIDITÉ<br />
La capacité de neutralisation de<br />
l’acidité (CNA) est l’aptitude de<br />
l’eau d’un lac ou d’un cours d’eau<br />
à neutraliser les apports d’acidité<br />
ou à agir comme tampon. La CNA<br />
est une mesure importante <strong>des</strong><br />
répercussions <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>,<br />
ainsi qu’un indicateur du<br />
rétablissement chimique après<br />
<strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>. Les valeurs de<br />
la CNA sont présentées en micro<br />
ou milliéquivalents par litre. Les<br />
eaux de surface ayant <strong>des</strong> valeurs<br />
de CNA inférieures à<br />
0 microéquivalent par litre (μeq/L)<br />
sont considérées comme étant<br />
chroniquement aci<strong>des</strong>. Les eaux<br />
ayant <strong>des</strong> valeurs de CNA<br />
s’échelonnant de 0–50 μeq/L<br />
sont considérées comme<br />
« susceptibles d’acidification<br />
épisodique ». Les eaux ayant <strong>des</strong><br />
valeurs de CNA supérieures à<br />
50 μeq/L sont moins sensibles<br />
aux dépôts aci<strong>des</strong>. L’aptitude d’un<br />
bassin hydrographique à<br />
neutraliser l’acide et à résister aux<br />
effets <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> dépend<br />
de nombreux facteurs, y compris<br />
le climat, les conditions du sol, la<br />
géologie de la surface et de la<br />
rochemère, et l’historique de<br />
l’utilisation <strong>des</strong> sols.<br />
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
51
Les écosystèmes se rétablissent-ils<br />
Écosystèmes aquatiques<br />
Dans les écosystèmes naturels, les lacs et les<br />
rivières sont habituellement les premiers à<br />
présenter <strong>des</strong> réactions observables aux<br />
diminutions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
. La première<br />
réaction prévue est une diminution <strong>des</strong><br />
niveaux de sulfate dans l’eau, qui devrait<br />
idéalement être suivie d’une augmentation du<br />
pH. Selon l’Évaluation scientifique 2004 <strong>des</strong><br />
dépôts aci<strong>des</strong> au Canada, d’Environnement<br />
Canada, « on n’a pas observé jusqu’à présent<br />
de rétablissement chimique et biologique à<br />
grande échelle dans aucun écosystème, mais<br />
certains signes encourageants prouvent que du<br />
rétablissement se produit ». Selon le rapport,<br />
certains lacs canadiens ne se sont pas rétablis<br />
aussi rapidement que prévu. Plusieurs facteurs,<br />
décrits ci-<strong>des</strong>sous, ont atténué l’impact d’une<br />
diminution <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>.<br />
Chimie <strong>des</strong> lacs<br />
On a surveillé 766 lacs de l’Ontario, du<br />
Québec, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-<br />
Neuve-et-Labrador pour y déceler <strong>des</strong><br />
changements. De 1990 à 2001 (les dernières<br />
données déclarées), les tendances prévues<br />
prédominaient puisque les concentrations de<br />
sulfate ont diminué dans 85 % <strong>des</strong> lacs, tandis<br />
que l’alcalinité et le pH ont augmenté dans 64<br />
et 74 % <strong>des</strong> lacs respectivement. Bon nombre<br />
<strong>des</strong> lacs qui ont affiché <strong>des</strong> tendances<br />
imprévues se trouvaient en Nouvelle-Écosse et<br />
à Terre-Neuve-et-Labrador, et les scientifiques<br />
ont noté que ces lacs étaient encore en état de<br />
déséquilibre par rapport à l’évolution <strong>des</strong><br />
dépôts atmosphériques. On peut prévoir qu’au<br />
fil du temps, on observera un rétablissement<br />
chimique dans un plus grand nombre de lacs.<br />
En Europe aussi les lacs se sont rétablis en<br />
réaction à la réduction <strong>des</strong> émissions opérée<br />
aux termes <strong>des</strong> protocoles sur le soufre de la<br />
CEEONU. Dans le Sud de la Norvège, où la<br />
géologie est semblable à celle de l’Est du<br />
Canada, on a fait état d’améliorations<br />
considérables de la répartition et de l’absence<br />
d’espèces d’invertébrés sensibles à l’acidité, et<br />
certains bassins hydrographiques auparavant<br />
acidifiés ont retrouvé <strong>des</strong> niveaux où les<br />
dommages sont maintenant négligeables.<br />
Écosystèmes forestiers<br />
En plus d’un couvert forestier d’apparence<br />
saine, la santé d’un écosystème forestier se juge<br />
en grande partie en fonction <strong>des</strong> niveaux dans<br />
le sol <strong>des</strong> cations basiques et <strong>des</strong> nutriments<br />
<strong>des</strong> arbres tels que le calcium, le magnésium, le<br />
potassium et le sodium. Les indications du<br />
rétablissement <strong>des</strong> lacs dont il a été question ci<strong>des</strong>sous<br />
laissent entendre que la chimie du sol<br />
<strong>des</strong> écosystèmes forestiers peut aussi être en<br />
voie de récupération, et ce parce que la qualité<br />
de l’eau d’un lac dépend en grande partie du<br />
52 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
LA RÉUSSITE DE SUDBURY<br />
Les riches dépôts de minerai qu’on trouve dans la<br />
rochemère qui entoure Sudbury, en Ontario, font de la<br />
région l’un <strong>des</strong> plus importants fournisseurs de minerai<br />
de nickel et de cuivre au monde. La fusion du minerai de<br />
nickel-cuivre, rejette du dioxyde de soufre dans<br />
l’environnement. Au cours <strong>des</strong> années 1960, les<br />
fonderies de métal de Sudbury comptaient parmi les<br />
plus importantes sources d’émissions au monde : elles<br />
étaient responsables d’environ 4 % <strong>des</strong> émissions<br />
mondiales de soufre. L’environnement a payé un lourd<br />
tribut pour plus d’un siècle de fusion. Par exemple, de<br />
1961 à 1971, le pH du lac Lumsden, dans le parc<br />
Killarney, près de Sudbury, est passé de 6,8 à 4,4 — une<br />
augmentation de l’acidité par un facteur de plus de 200.<br />
Les émissions de dioxyde de soufre ont acidifié quelque<br />
7 000 lacs dans une zone d’environ 17 000 kilomètres<br />
carrés de régions sauvages et inviolées. Les lacs qui ont<br />
subi les plus graves dommages étaient situés de 20 à<br />
30 kilomètres environ en aval <strong>des</strong> fonderies. Les dépôts<br />
de dioxyde de soufre ainsi que de cuivre et de nickel ont<br />
ravagé la vie végétale et aquatique locale. Les lacs<br />
mourants étaient entourés de rochemère érodée et<br />
exposée à l’apparence carbonisée et picotée. Ce<br />
paysage qualifié de « lunaire » peut être attribué en partie<br />
à la récolte préalable <strong>des</strong> forêts environnantes par une<br />
industrie du bois toute puissante qui a exercé ses<br />
activités dans la région de 1872 à 1927. La coupe à<br />
blanc était aussi utilisée pour faciliter le « grillage à ciel<br />
ouvert », auquel on a renoncé depuis longtemps.<br />
La documentation <strong>des</strong> pertes de poissons dans les lacs<br />
de la région de Sudbury a été l’un <strong>des</strong> moments décisifs<br />
qui ont alerté les Nord-Américains contre les dangers<br />
<strong>des</strong> polluants aci<strong>des</strong>. À la fin <strong>des</strong> années 1970, <strong>des</strong><br />
intérêts privés, publics et commerciaux se sont<br />
concertés pour lancer un effort sans précédent de<br />
« reverdissement ». On a épandu de la chaux sur les sols<br />
carbonisés de la région de Sudbury, manuellement et par<br />
avion, pour neutraliser l’acide. On a aussi épandu <strong>des</strong><br />
semences d’herbages naturels et d’autres plantes. On a<br />
planté plus de 3 millions d’arbres en 20 ans. De 1978 à<br />
1993, on a chaulé, engraissé et ensemencé<br />
3 070 hectares de sols stériles. On a complété cet effort<br />
de reverdissement par une réduction considérable <strong>des</strong><br />
émissions de SO 2<br />
par les fonderies de la région, afin de<br />
respecter les règlements gouvernementaux.<br />
Au cours <strong>des</strong> années 1960, les fonderies d’Inco et de<br />
Falconbridge, les deux plus grands émetteurs de SO 2<br />
, ont<br />
émis plus de 2,5 millions de tonnes de SO 2<br />
par année<br />
dans l’atmosphère. En 1999, on avait réduit d’environ<br />
90 % les émissions <strong>des</strong> fonderies par rapport à 1960<br />
(Figure A). Ces efforts ont engendré une réduction<br />
spectaculaire de l’acidité <strong>des</strong> lacs de la région. Le lac<br />
Clearwater, à 13 kilomètres de Sudbury, est un exemple<br />
remarquable : le pH y a augmenté de 4,3 en 1973 à 6,2<br />
en 1999.<br />
Figure A : Émissions totales de SO 2<br />
<strong>des</strong> fonderies de<br />
Sudbury (Inco Ltée et Falconbridge Ltée combinées,<br />
1960–1999)<br />
SO 2<br />
(kilotonnes)<br />
2 500<br />
2 000<br />
1 500<br />
1 000<br />
500<br />
0<br />
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000<br />
Année<br />
Source : Kellar, W, J Heneberry et S Dixit, 2003.<br />
... suite à la page suivante<br />
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
53
LA RÉUSSITE DE SUDBURY (suite)<br />
La Figure B illustre la relation entre la diminution <strong>des</strong><br />
dépôts aci<strong>des</strong> et l’accroissement du pH dans le lac<br />
Clearwater au cours de cette période. La Figure C montre<br />
la tendance historique à long terme (1840–2000) <strong>des</strong><br />
niveaux de pH dans le lac George, à Sudbury, qui se sont<br />
rétablis d’une façon semblable à ceux du lac Clearwater.<br />
Dans les lacs où un rétablissement chimique se produit,<br />
les premiers sta<strong>des</strong> du rétablissement biologique sont<br />
aussi évidents. Certaines espèces, telles que<br />
l’éphémère commune, sensible à l’acide, ont augmenté<br />
de 1998 à 2002. Les myes, les écrevisses et les<br />
poissons sont aussi présents à nouveau dans certains<br />
lacs. Les populations d’oiseaux aquatiques, y compris le<br />
Plongeon huard et le Harle couronné, <strong>des</strong> oiseaux<br />
piscivores, augmentent à nouveau. Toutefois, le<br />
rétablissement <strong>des</strong> insectes et d’autres animaux dans<br />
les lacs acidifiés exigera une recolonisation et une<br />
repopulation fructueuses de ces sites.<br />
Bien que certains <strong>des</strong> lacs de Sudbury demeurent<br />
acidifiés et qu’on estime que le rétablissement de<br />
l’écosystème en est encore aux premiers sta<strong>des</strong>, les<br />
scientifiques sont d’avis que le rajeunissement <strong>des</strong> lacs<br />
de Sudbury est une <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de cas les plus<br />
convaincantes de la réaction de l’environnement naturel<br />
à la réduction <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Figure C : Tendances <strong>des</strong> valeurs du pH dans le lac<br />
George (près de Sudbury, Ontario)<br />
Figure B : Tendances <strong>des</strong> valeurs de pH au lac<br />
Clearwater (près de Sudbury, Ontario)<br />
pH<br />
6,5<br />
6,0<br />
5,5<br />
5,0<br />
4,5<br />
4,0<br />
SO 4<br />
Source : Gunn J et W Keller, 2005.<br />
pH<br />
1975 1980 1985 1990 1995 2000<br />
Année<br />
30<br />
25<br />
20<br />
15<br />
10<br />
Sulphate (mg/L)<br />
pH<br />
6,0<br />
5,5<br />
5,0<br />
1840<br />
1860<br />
1880<br />
1900 1920 1940 1960 1980 2000<br />
Année<br />
Les mines de la région étaient en exploitation depuis<br />
plus de 30 années avant que le lac George ne manifeste<br />
<strong>des</strong> signes d’acidification en raison <strong>des</strong> fonderies<br />
avoisinantes. Remarque : les valeurs préalables à 1985<br />
(carrés pleins) ont été inférées à partir de l’étude de<br />
fossiles lacustres (diatomes), qui peuvent fournir <strong>des</strong><br />
renseignements sur les conditions environnementales<br />
du passé. On présente les valeurs mesurées pour la<br />
période 1981 à 1998 (carrés vi<strong>des</strong>).<br />
Source : Brydges, T, 2004(a).<br />
54<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
uissellement à partir <strong>des</strong> sols environnants; par conséquent,<br />
<strong>des</strong> eaux plus saines sont le résultat de sols plus sains.<br />
Les preuves scientifiques du rétablissement <strong>des</strong> systèmes<br />
forestiers sont mitigées. Selon l’Évaluation scientifique 2004 <strong>des</strong><br />
dépôts aci<strong>des</strong> au Canada, il faut opérer <strong>des</strong> réductions plus<br />
profon<strong>des</strong> <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> pour respecter les charges<br />
critiques, ce qui permettrait de prévenir la perte continue de<br />
cations basiques et de rétablir la santé de la forêt. Les<br />
recherches effectuées au Québec ont montré qu’entre les<br />
années 1970 et 1990, les sites forestiers situés dans <strong>des</strong> régions<br />
où les charges critiques ont été dépassées avaient un taux de<br />
croissance de 30 % inférieur aux sites forestiers situés dans<br />
<strong>des</strong> régions sans dépassement. Par contre, l’Ontario<br />
Hardwood Forest Health Survey, un programme à long terme<br />
créé par le gouvernement de l’Ontario, a déterminé que, de<br />
1986 à 1998, 84 % <strong>des</strong> parcelles forestières étudiées s’étaient<br />
améliorées, 12 % n’avaient subi aucun changement et<br />
seulement 4 % avaient dépéri. Selon cette étude, la santé <strong>des</strong><br />
forêts de feuillus dans la province semble plutôt bonne; les<br />
graves déclins sont limités et propres à chaque site. La récolte<br />
<strong>des</strong> forêts joue aussi un rôle dans l’appauvrissement du<br />
calcium et d’autres cations basiques en retirant<br />
irrémédiablement <strong>des</strong> quantités stockées dans les tissus <strong>des</strong><br />
arbres. Les récents calculs <strong>des</strong> charges critiques ne tiennent<br />
pas compte de la récolte, ce qui engendre une surestimation.<br />
AIRES DE GRILLAGE<br />
(1888–1929)<br />
Au début de l’extraction minière à<br />
Sudbury, le « grillage » constituait la<br />
première étape du traitement du<br />
minerai sulfuré de la région. On<br />
retirait le sulfure du minerai de<br />
cuivre-nickel grâce à la<br />
combustion dans une « aire de<br />
grillage à air libre », un monticule<br />
de minerai et de bois. Le minerai<br />
était chauffé à haute température<br />
pour oxyder le sulfure, dont la<br />
combustion produisait du SO 2<br />
.<br />
Cette combustion durait deux<br />
mois ou plus avant que le résidu<br />
soit chargé sur <strong>des</strong> trains et dans<br />
un four pour la fusion. On estime<br />
que plus de 3,3 millions de<br />
mètres cubes de bois ont été<br />
brûlés et 10 millions de tonnes de<br />
SO 2<br />
rejetées au cours <strong>des</strong><br />
11 années d’exploitation <strong>des</strong><br />
aires de grillage. Ce processus a<br />
non seulement éliminé sur les<br />
terres avoisinantes toute la<br />
végétation ligneuse, qui a servi de<br />
combustible, mais a aussi tué les<br />
plantes et acidifié les sols à<br />
proximité <strong>des</strong> aires de grillage.<br />
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
55
CHAULAGE<br />
Les sols ayant une forte capacité de neutralisation de<br />
l’acide contiennent habituellement une substance<br />
alcaline comme le calcaire. Si un sol n’a pas de<br />
substances alcalines basiques, on peut ajouter <strong>des</strong><br />
tampons pour neutraliser l’acidité. Ce processus<br />
s’appelle le « chaulage ». On utilise le plus souvent du<br />
calcaire pulvérisé (carbonate de calcium). Lorsque le<br />
carbonate de calcium se dissout, il libère à la fois <strong>des</strong><br />
ions de calcium et <strong>des</strong> ions de carbonate. Les ions de<br />
calcium sont bénéfiques pour la vie aquatique. Les ions<br />
de carbonate réagissent pour neutraliser l’acide. Cette<br />
réaction produit aussi certains ions de bicarbonate qui, à<br />
leur tour, améliorent le pH et engendrent la<br />
transformation de tout aluminium présent dans l’eau ou<br />
le sol en sa forme non toxique.<br />
En 1973, on a lancé une étude pilote de chaulage à<br />
Sudbury, en Ontario, comme solution à court terme pour<br />
contrer les dommages <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>, jusqu’à ce que<br />
les effets du contrôle <strong>des</strong> émissions se fassent sentir.<br />
Les premières expériences de chaulage <strong>des</strong> lacs ont<br />
permis de traiter quatre lacs acidifiés, contaminés aux<br />
métaux. On a ajouté de 40 à 80 tonnes d’oxyde de<br />
calcium à chacun <strong>des</strong> lacs faisant l’objet <strong>des</strong> essais.<br />
Dans tous les cas, le pH de l’eau <strong>des</strong> lacs est<br />
immédiatement revenu à une valeur saine et la clarté de<br />
l’eau a diminué en raison de la réintroduction d’une<br />
chaîne alimentaire plus fonctionnelle.<br />
Les efforts de chaulage antérieurs ont profité tout<br />
particulièrement à l’Omble de fontaine Aurora, indigène<br />
dans seulement deux lacs (Whitepine et Whirligig) au<br />
monde, tous deux étant situés dans la région de<br />
Sudbury. La population sauvage de truite a disparu au<br />
cours <strong>des</strong> années 1960 en raison de l’acidification <strong>des</strong><br />
lacs; on a toutefois tenté de réintroduire cette espèce<br />
dans ses lacs d’origine au cours <strong>des</strong> années 1990 après<br />
avoir procédé au chaulage pour améliorer le pH de l’eau.<br />
Ce chaulage a réussi et a stabilisé les populations<br />
d’Omble de fontaine Aurora.<br />
On peut aussi ajouter du calcaire directement au sol<br />
d’un bassin hydrographique. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sont ainsi<br />
neutralisées par la chaux qui ruisselle sur le sol de la<br />
forêt jusqu’aux lacs et aux cours d’eau avoisinants. En<br />
1974, un traitement au calcaire a permis de détoxifier<br />
<strong>des</strong> sols contaminés par <strong>des</strong> métaux et <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> à<br />
Sudbury. Les graminées et les arbres ont prospéré sur les<br />
sols traités, et les populations d’insectes, d’oiseaux et<br />
de petits mammifères ont augmenté dans les zones<br />
chaulées.<br />
Le chaulage a tendance à coûter cher, particulièrement<br />
dans le cas <strong>des</strong> grands lacs, et il doit être répété (tant et<br />
aussi longtemps que se poursuivent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>)<br />
afin d’empêcher l’eau de redevenir acide. Par<br />
conséquent, on n’utilise plus le chaulage en Ontario pour<br />
rétablir les lacs acidifiés. On a plutôt recours à la<br />
prévention, à <strong>des</strong> règlements sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />
limitant les émissions à la source avant qu’elles ne<br />
causent <strong>des</strong> dommages.<br />
56 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Les défis du rétablissement <strong>des</strong> écosystèmes<br />
Bien que les émissions de soufre aient diminué<br />
considérablement au cours <strong>des</strong> 25 dernières<br />
années en Amérique du Nord, la recherche<br />
révèle que les réels progrès du rétablissement<br />
<strong>des</strong> écosystèmes ont été moins prononcés.<br />
Même si de nombreux lacs réagissent<br />
chimiquement à la réduction <strong>des</strong> émissions, la<br />
recherche a révélé que plusieurs facteurs plutôt<br />
complexes retardent ou affaiblissent le<br />
rétablissement chimique de certains lacs et le<br />
rétablissement biologique d’autres lacs.<br />
<strong>des</strong> changements climatiques. Si ces projections<br />
sont justes, les épiso<strong>des</strong> d’acidification induite<br />
par la sécheresse deviendront plus fréquents<br />
dans les bassins hydrographiques <strong>des</strong> milieux<br />
humi<strong>des</strong>.<br />
Diminution <strong>des</strong> cations basiques dans les<br />
précipitations : Les tendances relatives aux<br />
précipitations aci<strong>des</strong> montrent que bien que les<br />
niveaux de sulfate dans les précipitations aient<br />
Sécheresse et temps sec : Les sols <strong>des</strong> milieux<br />
humi<strong>des</strong> sont habituellement anaérobies (c.-àd.<br />
qu’ils manquent d’oxygène) parce que le sol<br />
est saturé d’eau. Dans ces conditions, le sulfate<br />
déposé par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> se transforme en<br />
sulfure (un processus chimique appelé<br />
« réduction ») et est stocké sous forme stable<br />
dans le sol. Toutefois, durant les pério<strong>des</strong><br />
sèches qui donnent lieu à une baisse <strong>des</strong><br />
niveaux d’eau, l’oxygène pénètre dans le sol<br />
auparavant gorgé d’eau. Cet ajout d’oxygène<br />
oxyde le sulfure en sulfate, qui est ensuite<br />
libéré dans les eaux de surface. Ce largage de<br />
sulfate engendre l’acidification <strong>des</strong> lacs,<br />
comme cela se produit en présence de <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. Ce processus, appelé « acidification<br />
induite par la sécheresse », fait grimper les<br />
niveaux de sulfate dans le bassin<br />
hydrographique du milieu humide et limite le<br />
rétablissement prévu. Les modèles climatiques<br />
mondiaux prévoient l’accroissement <strong>des</strong><br />
sécheresses au Canada, selon divers scénarios<br />
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
57
diminué, les niveaux d’acidité <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> n’ont<br />
pas beaucoup changé. Cette situation a peutêtre<br />
un lien avec le fait que la teneur <strong>des</strong><br />
précipitations en cations basiques, qui<br />
tamponnent l’acidité, a aussi diminué. Tout<br />
comme on trouve dans la roche et dans le sol<br />
<strong>des</strong> substances alcalines qui neutralisent l’acide<br />
<strong>des</strong> précipitations, ces mêmes cations basiques<br />
sont aussi présents normalement dans l’air,<br />
surtout sous forme de particules aéroportées,<br />
appelées poussière atmosphérique. Pour <strong>des</strong><br />
raisons qu’on ne comprend pas encore<br />
pleinement, on trouve maintenant moins de<br />
ces substances neutralisantes dans l’air que<br />
dans le passé. De sorte que même si l’on rejette<br />
moins de SO 2<br />
dans l’air, la pluie est encore plus<br />
acide que prévu parce que les bases manquent<br />
à l’appel pour aider à neutraliser la pluie avant<br />
qu’elle ne tombe au sol.<br />
Rejet du sulfate auparavant stocké dans le sol :<br />
Malheureusement, en raison de l’équilibre qui<br />
existe entre les apports de sulfate de<br />
l’atmosphère et le largage à partir du sol, on<br />
prévoit que cette diminution occasionnera le<br />
largage de sulfate auparavant stocké dans les<br />
sols, retardant essentiellement les effets <strong>des</strong><br />
réductions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
. La quantité<br />
de sulfate stockée dans les sols et susceptible<br />
d’être libérée dépend <strong>des</strong> caractéristiques <strong>des</strong><br />
sols et de la concentration du sulfate contenu<br />
dans les dépôts atmosphériques. Aujourd’hui,<br />
le largage du sulfate dans les eaux de surface<br />
dépasse la quantité de sulfate reçue par<br />
l’entremise <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> dans la plupart<br />
<strong>des</strong> bassins hydrographiques boisés de l’Est du<br />
Canada. Par exemple, on prévoit que le sulfate<br />
stocké dans le lac Plastic, dans la région<br />
Muskoka-Haliburton, en Ontario, pourrait<br />
continuer d’être libéré dans les eaux de surface<br />
durant encore plusieurs décennies. Ce soufre<br />
retenu dans les sols provient <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong><br />
antérieurs.<br />
Minéralisation et immobilisation du soufre et <strong>des</strong><br />
sulfates : Il y a deux formes de soufre dans le<br />
sol — organique et inorganique. Le soufre peut<br />
être transformé chimiquement d’une forme à<br />
l’autre par l’entremise de deux processus : la<br />
minéralisation, qui est la transformation du<br />
soufre organique en sulfate inorganique (qui<br />
peut ensuite être largué du sol); et<br />
l’immobilisation, qui est la transformation du<br />
sulfate inorganique en soufre organique (qui<br />
demeure dans le sol). Ces deux processus<br />
surviennent en même temps dans le sol. La<br />
recherche a révélé que la minéralisation peut<br />
être une source de sulfate dans les eaux de<br />
drainage si la quantité de sulfate larguée en<br />
raison de la minéralisation dépasse le taux<br />
d’immobilisation du sulfate. Les taux auxquels<br />
surviennent la minéralisation et<br />
l’immobilisation subissent l’influence de<br />
plusieurs facteurs externes, y compris la teneur<br />
en soufre du sol, la température du sol,<br />
l’humidité du sol, la présence ou l’absence de<br />
plantes et le pH du sol. Un certain nombre<br />
d’étu<strong>des</strong> ont montré que la minéralisation était<br />
responsable de l’exportation nette du sulfate<br />
<strong>des</strong> sols <strong>des</strong> bassins hydrographiques du<br />
Canada.<br />
58 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />
59
CHAPITRE 6 : CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />
60 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />
E<br />
n 1982, lorsqu’on a pour la première fois fixé <strong>des</strong><br />
cibles de réduction du SO 2<br />
, on ne comprenait pas<br />
pleinement les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les lacs et<br />
les autres écosystèmes. La charge de 20 kilogrammes par<br />
hectare par année que ciblait le Programme de lutte contre<br />
les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans l’Est du Canada et qui a influé sur les<br />
limites <strong>des</strong> émissions fixées dans l’Accord Canada-États-Unis<br />
sur la qualité de l’air a été définie comme protégeant tous<br />
les lacs, sauf les plus sensibles. Au cours <strong>des</strong> années qui ont<br />
suivi, on a beaucoup approfondi les connaissances<br />
scientifiques, et le rapport d’évaluation de 1997 sur les<br />
<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> présentait une série détaillée <strong>des</strong> valeurs <strong>des</strong><br />
charges critiques de dépôts aci<strong>des</strong> visant à protéger toutes<br />
les eaux de surface. Les charges critiques ont même été<br />
adaptées en fonction de certaines zones précises, <strong>des</strong><br />
valeurs plus faibles étant attribuées aux zones les plus<br />
sensibles, telles que le Sud de la Nouvelle-Écosse.<br />
CHAPITRE 6 : CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />
61
CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE POUR AIDER À<br />
RÉDUIRE LES PLUIES ACIDES<br />
La production d’électricité est la deuxième plus<br />
importante source de polluants aci<strong>des</strong> au Canada. Les<br />
particuliers peuvent changer les choses en réduisant<br />
leur consommation d’énergie. Vous pouvez faire<br />
certains gestes simples :<br />
• Éteindre les lumières, les ordinateurs, les radios et les<br />
autres appareils lorsque vous ne vous en servez pas.<br />
• Utiliser <strong>des</strong> appareils et <strong>des</strong> ampoules<br />
éconergétiques.<br />
• En hiver, régler votre thermostat à 20 °C durant le<br />
jour (et 17 °C durant la nuit). L’été, le régler à 26 °C.<br />
• Isoler votre maison contre les courants d’air. Utiliser<br />
<strong>des</strong> coupe-bise autour <strong>des</strong> portes et <strong>des</strong> fenêtres.<br />
En utilisant moins votre véhicule, vous aidez aussi à<br />
réduire les polluants qui causent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Essayez de prendre les mesures suivantes :<br />
• Faites du covoiturage, empruntez les transports en<br />
commun, marchez, courez ou faites du vélo.<br />
• Faites vérifier périodiquement le système de contrôle<br />
<strong>des</strong> émissions de votre voiture et assurez-vous que<br />
vos pneus sont gonflés à la bonne pression.<br />
• Tenez compte de la consommation de carburant lors<br />
de l’achat de votre prochain véhicule.<br />
Engagez-vous dans le dossier. Les particuliers peuvent<br />
lutter contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> en se renseignant<br />
davantage sur le problème et en agissant pour le régler.<br />
Faites <strong>des</strong> lectures sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et apprenez à<br />
connaître le problème. Écrivez à votre député pour<br />
demander qu’on adopte <strong>des</strong> lois en conséquence.<br />
Il importe de comprendre l’importante contribution de la<br />
recherche scientifique à la politique sur les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>. Faites savoir à vos représentants élus que de<br />
bonnes connaissances scientifiques débouchent sur de<br />
bonnes politiques. Dites-leur que la recherche<br />
scientifique sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> doit se poursuivre afin<br />
d’en arriver à résoudre le problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />
Les gouvernements ont réagi au besoin de<br />
réductions supplémentaires <strong>des</strong> émissions<br />
de SO 2<br />
. Les provinces de l’Ontario, du<br />
Québec, du Nouveau-Brunswick et de la<br />
Nouvelle-Écosse se sont engagées à <strong>des</strong><br />
réductions de 50 % par rapport aux<br />
plafonds fixés dans le Programme de lutte<br />
contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans l’Est du<br />
Canada. Le Québec, le Nouveau-Brunswick<br />
et la Nouvelle-Écosse se sont engagés à<br />
opérer une réduction de 50 % avant 2010<br />
tandis que l’Ontario s’est engagé à réaliser<br />
une réduction semblable avant 2015 (bien<br />
que l’Ontario ait proposé de procéder à <strong>des</strong><br />
consultations pour devancer la date limite<br />
de 2015 à 2010). La comparaison <strong>des</strong><br />
valeurs prévues <strong>des</strong> dépôts avec les calculs<br />
du Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong> dans l’Est du Canada de 1997<br />
indique que lorsque ces contrôles seront en<br />
place, les lacs seront complètement protégés<br />
dans les zones les moins sensibles, par<br />
exemple autour de Sudbury, en Ontario.<br />
Dans les régions très sensibles, telles que le<br />
Sud de la Nouvelle-Écosse, de 80 à 85 % <strong>des</strong><br />
lacs seront pleinement protégés tandis que<br />
de 15 à 20 % verront leur qualité s’améliorer<br />
sans pour autant revenir à leurs conditions<br />
d’origine. Il faudra attendre jusqu’à 2020-<br />
2030 pour vraiment déterminer l’efficacité<br />
<strong>des</strong> nouveaux contrôles <strong>des</strong> émissions.<br />
Toutefois, on estime que d’ici là, les effets<br />
<strong>des</strong> changements climatiques sur une foule<br />
de variables (telles que les précipitations, le<br />
ruissellement, les taux d’altération, la<br />
croissance de la végétation, la décomposition<br />
de la matière organique, etc.) pourraient<br />
masquer tout effet <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>.<br />
62<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Préoccupations futures<br />
La dernière évaluation scientifique <strong>des</strong><br />
problèmes causés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> au<br />
Canada (Évaluation scientifique 2004 <strong>des</strong> dépôts<br />
aci<strong>des</strong> au Canada) affirme qu’on n’a pas encore<br />
observé le plein rétablissement <strong>des</strong> forêts et <strong>des</strong><br />
lacs. Certaines parties du Canada reçoivent<br />
toujours <strong>des</strong> niveaux dommageables de <strong>pluies</strong><br />
aci<strong>des</strong>, et même certaines régions où les<br />
émissions ont connu une réduction considérable<br />
ne récupèrent pas aussi vite que prévu. Entretemps,<br />
on craint de plus en plus que certaines<br />
régions de l’Ouest du Canada, auparavant<br />
épargnées par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, ne<br />
commencent à souffrir de l’augmentation <strong>des</strong><br />
niveaux de polluants engendrée par un<br />
développement économique rapide. On craint<br />
aussi que l’augmentation <strong>des</strong> émissions de NO X<br />
et de SO 2<br />
en provenance de l’Ouest du Canada<br />
n’ait <strong>des</strong> effets néfastes sur les écosystèmes en<br />
aval, dans l’Est du pays. Ces constatations<br />
illustrent l’importance de réduire les émissions<br />
au-delà <strong>des</strong> cibles actuelles, tout en améliorant<br />
sans cesse les travaux scientifiques et les<br />
activités de surveillance pour suivre et évaluer<br />
les réactions de l’écosystème.<br />
Les scientifiques ont mis l’accent sur les deux<br />
gran<strong>des</strong> préoccupations suivantes en ce qui a<br />
trait à la justification de l’imposition de<br />
contrôles plus rigoureux aux émissions aci<strong>des</strong> :<br />
la perte <strong>des</strong> cations basiques dans les bassins<br />
hydrographiques boisés, et le dépôt et la<br />
saturation d’azote. Ces deux facteurs limitent<br />
le niveau de rétablissement possible dans l’Est<br />
du Canada. On pense qu’il serait possible<br />
d’éliminer ces deux préoccupations en<br />
réduisant davantage les émissions que ce que<br />
prévoient les actuels engagements.<br />
Perte de cations basiques dans les<br />
bassins hydrographiques boisés<br />
Comme nous l’avons indiqué ci-<strong>des</strong>sus, les sols<br />
doivent pouvoir compter sur un<br />
approvisionnement abondant en cations<br />
basiques (p. ex. calcium, magnésium et<br />
potassium) pour neutraliser les effets <strong>des</strong><br />
apports aci<strong>des</strong>. La perte graduelle de ces<br />
tampons dans une zone peut se faire<br />
naturellement en raison de l’altération et <strong>des</strong><br />
processus dans le sol. Toutefois, depuis 50 ou<br />
60 années, les dépôts aci<strong>des</strong> anthropiques ont<br />
accéléré la perte de cations basiques,<br />
particulièrement du calcium, dans les sols <strong>des</strong><br />
zones déjà sensibles aux dépôts aci<strong>des</strong>. Cette<br />
perte de cations basiques réduit la capacité du<br />
sol de neutraliser les apports aci<strong>des</strong> futurs,<br />
rendant ainsi la zone plus sensible aux dépôts<br />
aci<strong>des</strong>. On a relevé certains cas où les lacs<br />
continuaient de s’acidifier malgré une baisse<br />
<strong>des</strong> dépôts de sulfate, en partie parce que le<br />
taux de déclin de cations basiques dépasse le<br />
taux de déclin du sulfate.<br />
De plus, si la pluie acide ne se neutralise pas<br />
dans le sol, elle finira par se retrouver dans les<br />
lacs et les cours d’eau avoisinants, où elle<br />
CHAPITRE 6 : CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />
63
capacité <strong>des</strong> bassins hydrographiques de<br />
neutraliser les dépôts aci<strong>des</strong> diminue aussi.<br />
La perte de cations basiques, particulièrement<br />
le calcium, à partir de bassins hydrographiques<br />
boisés dans l’Est du Canada et aux É.-U. est<br />
généralisée. Ce problème menace la durabilité<br />
à long terme <strong>des</strong> forêts et ralentit le<br />
rétablissement <strong>des</strong> lacs et <strong>des</strong> forêts. Afin de<br />
rétablir les écosystèmes, le niveau <strong>des</strong> dépôts<br />
aci<strong>des</strong> devrait diminuer au point où les apports<br />
de cations basiques au sol dus à l’altération de<br />
la rochemère et aux dépôts seraient égaux ou<br />
supérieurs à la perte de cations basiques par le<br />
lessivage acide ou d’autres processus (c.-à-d.<br />
n’excédant pas la charge critique du sol).<br />
Dépôt et saturation d’azote<br />
portera atteinte à la vie aquatique. La<br />
déplétion survient lorsque les cations basiques<br />
sont déplacés du sol par les dépôts aci<strong>des</strong> à un<br />
rythme supérieur à celui auquel ils peuvent<br />
être remplacés par la lente décomposition <strong>des</strong><br />
roches ou le dépôt de cations basiques à partir<br />
de l’atmosphère (les cations basiques peuvent<br />
être émis dans l’atmosphère sous forme de<br />
particules à partir de processus naturels, tels<br />
que l’érosion du sol ou le transport du sel de<br />
mer, et d’activités humaines, telles que <strong>des</strong><br />
procédés industriels et la combustion de<br />
combustibles). Cette déplétion <strong>des</strong> cations<br />
basiques entrave la capacité de récupération<br />
<strong>des</strong> sols sensibles. Par conséquent, lorsque<br />
l’acidité <strong>des</strong> dépôts elle-même diminue, la<br />
En règle générale, les forêts sont capables<br />
d’absorber plus d’azote pour leur croissance<br />
que ce qui est disponible dans le sol. Plusieurs<br />
étu<strong>des</strong> récentes laissent toutefois entendre que<br />
dans certaines régions, les dépôts de nitrate<br />
font augmenter les quantités d’azote dans le<br />
sol au-delà de ce que peut absorber la forêt<br />
(comme nous l’avons signalé ci-<strong>des</strong>sus, les<br />
émissions d’azote n’ont pas diminué<br />
considérablement à l’échelle du pays et ont<br />
même augmenté dans certaines régions).<br />
Lorsque cette « saturation d’azote » survient,<br />
l’azote, sous forme de nitrates, peut être lessivé<br />
et acidifier les eaux de surface à proximité.<br />
Une augmentation du lessivage <strong>des</strong> nitrates<br />
augmente aussi le taux de lessivage <strong>des</strong> cations<br />
basiques, ce qui annule les bénéfices de la<br />
réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />
.<br />
64 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
RÉFÉRENCES<br />
Brydges, T. 2004(a). Basic Concepts and<br />
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Environnement Canada, 2003, Les indicateurs<br />
environnementaux : La série nationale<br />
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Ottawa, Environnement Canada.<br />
Gunn, J et W Keller. 2005, Ecosystem Response<br />
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Gunn, J., 1995, Restoration and Recovery of an<br />
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Yap, D, N Reid, G DeBrou et R Bloxam, 2005,<br />
Transboundary Air <strong>Pollution</strong> in Ontario,<br />
Toronto, ministère de l’Environnement de<br />
l’Ontario.<br />
66<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES
Série d’abécédaires de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong><br />
<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a préparé une série d’abécédaires éducatifs sur <strong>des</strong> sujets ayant trait à l’environnement. Ces abécédaires visent<br />
à informer les Canadiens sur les enjeux environnementaux d’actualité en présentant les fondements scientifiques <strong>des</strong><br />
préoccupations, les solutions possibles et les outils stratégiques disponibles. Chaque abécédaire met l’accent sur ce que font et<br />
pourraient faire les gouvernements, les entreprises et les particuliers vis-à-vis de ces problèmes. La recherche et la rédaction <strong>des</strong><br />
abécédaires relèvent du directeur général de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>. Avant leur publication, ils sont révisés par <strong>des</strong> scientifiques, <strong>des</strong><br />
responsables d’organisations non gouvernementales, <strong>des</strong> spécialistes de l’industrie, <strong>des</strong> décideurs et d’autres personnes qui<br />
connaissent les dimensions techniques de l’enjeu, pour s’assurer que les faits présentés sont exacts et qu’ils témoignent de<br />
l’état actuel <strong>des</strong> connaissances sur la question.<br />
Pour de plus amples renseignements, ou pour consulter les abécédaires en ligne, rendez-vous à notre site web à<br />
www.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm.<br />
Le Guide <strong>des</strong> changements climatiques pour les petites et<br />
moyennes entreprises (septembre 2006) explique les<br />
mesures que les entreprises peuvent prendre pour réduire<br />
leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs frais<br />
d’énergie, ainsi que pour gérer les risques et les possibilités<br />
associés aux changements climatiques.<br />
L’Abécédaire <strong>des</strong> changements climatiques et de la santé<br />
humaine (avril 2004) décrit les effets que pourrait avoir une<br />
plus grande variabilité du climat sur la santé <strong>des</strong> Canadiens,<br />
fait le point sur les mesures prises par les gouvernements et<br />
l’industrie, et examine ce que peuvent faire les particuliers<br />
pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.<br />
Le Primer on Volatile Organic Compounds (octobre 2005)<br />
porte sur les principales sources de COV nocives pour la<br />
santé humaine; on y explique les mesures de contrôle à leur<br />
égard et l’on souligne ce que font les gouvernements et<br />
l’industrie pour réduire les niveaux de COV dans l’atmosphère.<br />
Ce qu’il faut savoir sur la santé <strong>des</strong> enfants et<br />
l’environnement (août 2005) offre une introduction aux<br />
facteurs qui influent sur la santé <strong>des</strong> enfants, explique<br />
pourquoi les enfants sont plus vulnérables que les adultes,<br />
et examine les effets sur la santé <strong>des</strong> enfants et les<br />
expositions préoccupantes à leur égard.<br />
Notion élémentaire sur les bioproduits (novembre 2004)<br />
donne un aperçu de la fabrication <strong>des</strong> bioproduits et<br />
souligne certains <strong>des</strong> problèmes que les technologies<br />
relatives aux bioproduits pourraient poser aux Canadiens.<br />
The Source Water Protection Primer (mai 2004) explique le<br />
cycle de l’eau, cerne les menaces aux sources d’eau, cible<br />
les bassins hydrographiques à titre d’unités de gestion<br />
idéales et définit les mesures à envisager lors de<br />
l’élaboration <strong>des</strong> plans locaux de protection <strong>des</strong> sources d’eau.<br />
Le Emissions Trading Primer (novembre 2003) explique les<br />
concepts qui sous-tendent l’échange de droits d’émission,<br />
décrit son fonctionnement, et présente <strong>des</strong> exemples et <strong>des</strong><br />
étu<strong>des</strong> de cas.<br />
L’ABC <strong>des</strong> technologies de l’énergie renouvelable<br />
(septembre 2003) explique le concept de l’énergie<br />
renouvelable et la justification d’un passage, en matière de<br />
production d’énergie, vers <strong>des</strong> sources moins polluantes et<br />
produisant moins de gaz à effet de serre.<br />
Mercury in the Environment: A Primer (juin 2003) donne un<br />
aperçu du cycle du mercure, <strong>des</strong> rejets dans<br />
l’environnement, du transport et du dépôt de par le monde,<br />
et de l’absorption et de l’accumulation du mercure dans la<br />
chaîne alimentaire.<br />
The Drinking Water Primer (juin 2002) examine les deux<br />
sources d’eau potable — eau souterraine et eau de surface —<br />
et la mesure dans laquelle les Canadiens en dépendent.<br />
L’Abécédaire du smog (juin 2002) explique ce que sont le<br />
smog et les polluants qui le causent, et met en relief les<br />
principales sources de ces polluants (c.-à-d. les transports et<br />
la combustion de combustibles fossiles pour produire de<br />
l’énergie).<br />
Tous les abécédaires de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> sont offerts à 20 $ l’exemplaire, frais de poste en sus<br />
(Canada 2,50 $, É.-U. 4,50 $, international 10,50 $).<br />
L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES 67
BUREAU DE TORONTO<br />
625, rue Church<br />
Bureau 402<br />
Toronto (Ontario)<br />
Canada M4Y 2G1<br />
Téléphone : 416-926-1907<br />
Télécopieur : 416-926-1601<br />
BUREAU D’OTTAWA<br />
63, rue Sparks<br />
Bureau 101<br />
Ottawa (Ontario)<br />
Canada K1P 5A6<br />
Téléphone : 613-237-8666<br />
Télécopieur : 613-237-6111<br />
www.pollutionprobe.org<br />
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