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Sources des pluies acides - Pollution Probe

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L’ABÉCÉDAIRE DES<br />

PLUIES ACIDES


POLLUTION PROBE est un organisme de bienfaisance sans but lucratif qui travaille en partenariat<br />

avec tous les secteurs de la société dans le but de protéger la santé en faisant la promotion de l’air<br />

pur et de l’eau propre. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a été créé en 1969 à la suite d’un rassemblement de 240<br />

étudiants et professeurs réunis sur le campus de l’Université de Toronto pour discuter d’une série de<br />

reportages préoccupants diffusés par les médias concernant les pestici<strong>des</strong>. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> s’est<br />

d’abord consacré à faire pression sur le gouvernement du Canada pour qu’il interdise presque toutes<br />

les utilisations du DDT et à faire campagne en faveur de la dépollution de la rivière Don, à Toronto.<br />

Nous avons encouragé la récupération à la source dans 140 collectivités de l’Ontario et appuyé<br />

l’élaboration du Programme <strong>des</strong> boîtes bleues. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a publié plusieurs livres, dont Profit<br />

from <strong>Pollution</strong> Prevention, The Canadian Green Consumer Guide (dont plus de 225 000 exemplaires ont<br />

été vendus partout au Canada) et Additive Alert!<br />

Depuis les années 1990, <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a orienté ses programmes sur <strong>des</strong> questions liées à la<br />

pollution de l’air et à la santé humaine, y compris un important programme visant à retirer les<br />

sources anthropiques de mercure dans l’environnement. <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a récemment élargi son<br />

champ d’intérêts pour englober d’autres préoccupations, dont les risques tout particuliers que font<br />

courir aux enfants les contaminants de l’environnement, les risques pour la santé liés à <strong>des</strong><br />

expositions dans <strong>des</strong> environnements intérieurs et la conception d’outils innovateurs pour<br />

promouvoir un comportement responsable envers l’environnement.<br />

Depuis 1993, dans le cadre de son engagement permanent envers l’amélioration de la qualité de<br />

l’air, <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a mené une Campagne air pur annuelle, durant le mois de juin, afin<br />

d’augmenter la sensibilisation aux relations entre les émissions <strong>des</strong> véhicules, le smog, les<br />

changements climatiques et les problèmes respiratoires afférents chez les humains. La Clean Air<br />

Campaign a aidé le ministère de l’Environnement de l’Ontario à concevoir un programme de<br />

vérification obligatoire <strong>des</strong> émissions <strong>des</strong> véhicules.<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> présente <strong>des</strong> solutions innovatrices et pratiques aux problèmes environnementaux<br />

causés par la pollution de l’air et de l’eau. En définissant les problèmes de l’environnement et en<br />

préconisant <strong>des</strong> solutions pratiques, nous nous appuyons sur de soli<strong>des</strong> connaissances scientifiques<br />

et technologiques, nous mobilisons les scientifiques et autres experts, et nous établissons <strong>des</strong><br />

partenariats avec l’industrie, les gouvernements et les collectivités.<br />

i<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


OCTOBRE 2006<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> est heureux de publier cette deuxième édition de l’abécédaire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. La<br />

première édition (en anglais seulement) est parue en 2000. L’actuelle édition présente une<br />

<strong>des</strong>cription plus approfondie de la science <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ainsi que de l’historique <strong>des</strong> politiques et<br />

de la réglementation relatives cet enjeu fascinant sur le plan de l’environnement et de la santé.<br />

Au Canada, on a accompli de grands progrès dans la réduction <strong>des</strong> émissions acidifiantes, grâce au<br />

travail acharné de personnes, de fonctionnaires et de politiciens dévoués. Malheureusement,<br />

l’histoire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> se poursuit et les plus récentes données scientifiques nous indiquent qu’il<br />

faut réduire encore davantage les émissions de dioxyde de soufre et d’oxy<strong>des</strong> d’azote pour sauver les<br />

écosystèmes lacustres et forestiers. Les plus récentes décisions sur le plan <strong>des</strong> politiques et de la<br />

réglementation engendreront <strong>des</strong> réductions considérables <strong>des</strong> émissions de dioxyde de soufre d’ici<br />

2015. Il faut toutefois en faire davantage pour réduire les émissions d’oxy<strong>des</strong> d’azote, qui sont aussi<br />

une importante source d’acidification et portent atteinte aux écosystèmes.<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> remercie le ministère de l’Environnement de l’Ontario, Environnement Canada et<br />

Inco Ltée pour leur appui financier et technique, qui a permis de mettre à jour et d’étoffer<br />

l’Abécédaire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Nous avons procédé à de vastes consultations auprès de divers réviseurs<br />

experts, que nous remercions d’avoir collaboré à ce travail. Nous espérons que l’histoire aussi riche<br />

qu’instructive <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> pourra devenir une ressource pédagogique tant pour les écoles que<br />

pour les lieux d’éducation officieux afin que la science <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et l’histoire du leadership en<br />

matière de politique environnementale puissent susciter <strong>des</strong> progrès dans d’autres dossiers<br />

environnementaux urgents.<br />

Le directeur général,<br />

Ken Ogilvie<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong><br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES<br />

ii


REMERCIEMENTS<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> remercie les organismes suivants, qui ont participé au financement de<br />

l’Abécédaire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> :<br />

ENVIRONNEMENT CANADA<br />

INCO LTÉE<br />

MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT DE L’ONTARIO<br />

Nous remercions aussi les personnes suivantes qui ont relu le document : Amelia Atkin, Ron Bell,<br />

Silvina Carou, Walter Chan, Paul Deveau, Les Hulett, Michael Hingston, Dean Jeffries,<br />

Barb McKinnon, Donald McNicol, Stephanie Mehlman, Kerri Timoffee, Robert Vet, Shaun Watmough,<br />

Russ Weeber, David Welch et Bev Yee.<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> assume l’entière et unique responsabilité du contenu de ce rapport.<br />

La recherche nécessaire à cette publication et sa rédaction ont été effectuées pour <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong><br />

par Olivia Nugent. Randee Holmes en a assuré la révision. Tom Brydges a participé à la recherche et a<br />

prodigué <strong>des</strong> conseils techniques. Les illustrations ont été reproduites par Anna Dong. Nous saluons<br />

le travail <strong>des</strong> membres suivants du personnel de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> : Ken Ogilvie, Quentin Chiotti,<br />

Elizabeth Everhardus et Krista Friesen.<br />

ISBN 978-0-919764-65-1<br />

iii<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


TABLE DES MATIÈRES<br />

Chapitre 1 : Introduction aux <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 1<br />

Que sont les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et comment se<br />

forment-elles 2<br />

Comment mesure-t-on les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 5<br />

<strong>Sources</strong> <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 6<br />

Répartition géographique <strong>des</strong> sources de<br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 8<br />

<strong>Pollution</strong> transfrontalière 10<br />

Chapitre 2 : Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> au Canada 13<br />

Régions problèmes au Canada 15<br />

Est du Canada 15<br />

Ouest du Canada 15<br />

Chapitre 3 : Les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 17<br />

Lacs et écosystèmes aquatiques 19<br />

Oiseaux aquatiques 22<br />

Forêts et sols 24<br />

Structures et matériaux fabriqués 28<br />

Pierre 28<br />

Métaux 29<br />

Tissus et papier 29<br />

Verre 29<br />

Santé humaine 30<br />

Visibilité 32<br />

Chapitre 4 : La politique sur les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> au Canada 35<br />

Historique <strong>des</strong> problèmes <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 35<br />

Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

dans l’Est du Canada 37<br />

Premier Protocole sur la réduction accrue <strong>des</strong><br />

émissions de soufre (1985) 37<br />

Accord Canada-États-Unis sur la qualité de<br />

l’air (1991) 38<br />

Deuxième Protocole sur le soufre (1994) 39<br />

Protocole relatif à la réduction de l’acidification,<br />

de l’eutrophisation et de l’ozone troposphérique<br />

(Protocole de Göteborg de 1999) 40<br />

Stratégie pancanadienne sur les émissions<br />

acidifiantes après l’an 2000 41<br />

Progrès récents au Canada sur le plan<br />

<strong>des</strong> politiques et de la réglementation 42<br />

Plans de prévention de la pollution pour les<br />

fonderies et affineries de métaux communs<br />

et les usines de traitement du zinc 42<br />

Plan ontarien de réduction <strong>des</strong> émissions de<br />

l’industrie 43<br />

Chapitre 5 : Les écosystèmes se <strong>des</strong><br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 47<br />

Surveiller les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> 48<br />

Les réactions de l’atmosphère aux<br />

réductions <strong>des</strong> émissions acidifiantes 49<br />

Rétablissement de l’écosystème 51<br />

Les écosystèmes se rétablissent-ils 52<br />

Écosystèmes aquatiques 52<br />

Chimie <strong>des</strong> lacs 52<br />

Écosystèmes forestiers 52<br />

Les défis du rétablissement <strong>des</strong> écosystèmes 57<br />

Chapitre 6 : Ce qu’il reste à faire 61<br />

Préoccupations futures 63<br />

Perte de cations basiques dans les bassins<br />

hydrographiques boisés 63<br />

Dépôt et saturation d’azote 64<br />

Références 65<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES<br />

iv


CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES


INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />

À<br />

la fin <strong>des</strong> années 1970 et au début <strong>des</strong> années<br />

1980, la question <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> s’est retrouvée<br />

à l’avant-plan <strong>des</strong> programmes politiques et<br />

sociaux au Canada. On a par conséquent pris de nombreux<br />

engagements en faveur de l’assainissement de l’air, à<br />

l’échelle tant nationale qu’internationale, afin de réduire les<br />

émissions de polluants qui causent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Au cours<br />

<strong>des</strong> trois dernières décennies, on a accompli d’énormes<br />

progrès à cet égard et l’on a observé <strong>des</strong> signes de<br />

rétablissement dans <strong>des</strong> lacs auparavant hautement pollués.<br />

Toutefois, on semble croire, à tort malheureusement, que le<br />

problème a été complètement réglé. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

demeurent un problème dans de nombreuses régions du<br />

monde et suscitent de profon<strong>des</strong> préoccupations en<br />

Amérique du Nord, particulièrement dans l’Est du Canada.<br />

En fait, de nouvelles recherches indiquent que le problème<br />

pourrait perdurer durant encore 60 années ou plus.<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />

1


Que sont les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et comment se forment-elles<br />

La pluie se forme au cours du cycle<br />

hydrologique. Dans ce cycle, l’eau s’évapore<br />

du sol et de la mer pour entrer dans<br />

l’atmosphère. Cet air chaud gorgé d’humidité<br />

se refroidit et se condense pour former <strong>des</strong><br />

nuages. Les nuages font le tour du monde<br />

jusqu’à ce qu’ils rejettent leur eau sur la Terre<br />

sous forme de pluie, de neige ou de brouillard.<br />

Lorsque les gouttelettes d’eau se forment et<br />

tombent au sol, elles entraînent avec elles <strong>des</strong><br />

particules et <strong>des</strong> produits chimiques en<br />

suspension dans l’air. Même de l’air non pollué<br />

contient <strong>des</strong> particules telles que <strong>des</strong> poussières<br />

ou du pollen, ainsi que <strong>des</strong> gaz d’origine<br />

naturelle tels que le dioxyde de carbone (CO 2<br />

).<br />

Lorsque la pluie se forme et tombe au sol, elle<br />

dissout le CO 2<br />

qui se trouve dans l’atmosphère.<br />

Le CO 2<br />

réagit à l’eau de pluie, pour former une<br />

très faible solution d’acide carbonique. Lorsque<br />

la pluie touche le sol, elle est légèrement acide.<br />

Figure 1-1 : Comment se forment les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

Source : www.dec.state.ny.us/website/dar/ood/aciddep.html<br />

2 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Cette pluie légèrement acide ne cause pas de<br />

tort à l’environnement ou aux personnes. En<br />

fait, elle est essentielle à la santé de<br />

l’écosystème; elle dissout les minéraux et érode<br />

très lentement les roches, libérant ainsi dans<br />

l’environnement <strong>des</strong> éléments essentiels à la<br />

croissance <strong>des</strong> arbres et de nombreux autres<br />

organismes. Ce n’est que lorsque la pluie<br />

devient plus que légèrement acide qu’elle<br />

devient une pluie « acide ».<br />

La pluie devient excessivement acide en raison<br />

<strong>des</strong> polluants que tous les êtres humains (et<br />

certains procédés naturels) rejettent dans l’air.<br />

Deux polluants sont particulièrement<br />

responsables <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> : le dioxyde de<br />

soufre (SO 2<br />

) et les oxy<strong>des</strong> d’azote (NO X<br />

). Dans<br />

l’air, et en présence de vapeur d’eau, le SO 2<br />

subit une transformation chimique pour<br />

devenir de l’acide sulfurique tandis que les<br />

NO X<br />

se changent en acide nitrique. Le<br />

rayonnement solaire peut accroître la vitesse<br />

de ces réactions. Des émissions toujours plus<br />

abondantes de SO 2<br />

et de NO X<br />

dans l’air<br />

augmentent la formation de ces aci<strong>des</strong>, qui<br />

sont ensuite dissous dans l’eau qui forme la<br />

pluie. La pluie devient acide au point de porter<br />

atteinte à l’environnement lorsqu’elle tombe<br />

sur la Terre.<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> comprennent aussi le<br />

brouillard, la grêle, le grésil et la neige, qui<br />

peuvent tous être aci<strong>des</strong>. De plus, les dépôts<br />

aci<strong>des</strong> ne sont pas tous associés aux<br />

précipitations. Les aci<strong>des</strong> présents dans l’air<br />

UN PROJET À LONG TERME FONDÉ SUR LA<br />

SCIENCE<br />

La question <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> est un bon exemple du<br />

nombre d’étapes et de la variété de participants que<br />

comporte la résolution d’un problème généralisé de<br />

pollution à l’échelle internationale. Des centaines de<br />

scientifiques spécialistes de l’atmosphère, <strong>des</strong><br />

végétaux, <strong>des</strong> eaux de surface, <strong>des</strong> matériaux de<br />

construction et de l’économie se sont concertés pour<br />

définir la nature écologique <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>; pour<br />

concevoir <strong>des</strong> programmes de lutte rentables et<br />

efficaces sur le plan de l’environnement; et pour faire<br />

la démonstration <strong>des</strong> avantages environnementaux<br />

du contrôle <strong>des</strong> émissions. On a réussi tout cela<br />

malgré une controverse scientifique considérable,<br />

souvent suscitée par <strong>des</strong> industries susceptibles<br />

d’être assujetties à <strong>des</strong> contrôles <strong>des</strong> émissions.<br />

Les scientifiques et les organisations non<br />

gouvernementales (ONG) se sont attachés à expliquer<br />

à la population les causes et les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> par l’entremise de documentaires vidéo, de<br />

brochures, de conférences et d’entrevues avec les<br />

médias. Un public informé a ensuite pressé les<br />

politiciens d’agir; ceux-ci ont à leur tour donné suite<br />

aux recommandations du milieu scientifique et<br />

prescrit les contrôles nécessaires. En donnant aux<br />

industries <strong>des</strong> cibles d’émission bien définies, <strong>des</strong><br />

délais raisonnables pour s’y conformer et la<br />

possibilité de choisir la technologie appropriée, on a<br />

pu contrôler les émissions à un coût acceptable.<br />

Le rétablissement considérable de l’environnement<br />

témoigne de la réussite de cet immense effort.<br />

Toutefois, il aura fallu près de quatre décennies pour<br />

passer de l’étape de la définition scientifique du<br />

problème et du partage d’information avec la<br />

population à la mise en place de contrôles <strong>des</strong><br />

émissions et à leur révision, et à la documentation<br />

<strong>des</strong> avantages environnementaux. Encore<br />

aujourd’hui, il reste beaucoup de chemin à parcourir.<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES 3


peuvent aussi prendre la forme de gaz et de<br />

particules qui atteignent la Terre sous forme de<br />

dépôts secs. Les dépôts secs causent les mêmes<br />

dommages à l’environnement que les dépôts<br />

humi<strong>des</strong>. En outre, lorsque les <strong>pluies</strong> lavent ces<br />

dépôts secs <strong>des</strong> diverses surfaces, l’eau de<br />

ruissellement acide se mêle à la pluie qui tombe<br />

pour produire une solution encore plus acide.<br />

Par conséquent, les scientifiques préfèrent<br />

utiliser le terme « dépôts aci<strong>des</strong> », qu’ils jugent<br />

plus précis que le terme « <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ».<br />

4 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Comment mesure-t-on les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

Puisque les aci<strong>des</strong> libèrent <strong>des</strong> ions hydrogène,<br />

la teneur en acide d’une substance est<br />

déterminée en mesurant la quantité d’ions<br />

hydrogène, qu’on exprime sous forme de pH<br />

(potentiel d’hydrogène). L’échelle de pH<br />

(Figure 1-2) s’échelonne de 0 (extrêmement<br />

acide) à 14 (extrêmement alcalin ou basique,<br />

c.-à-d. pas du tout acide). Un pH de 7,0<br />

signifie que la substance est neutre — ni acide<br />

ni alcaline. Plus le pH d’une substance est<br />

faible, plus elle est acide.<br />

De légers changements sur l’échelle du pH<br />

signifient en fait d’importants changements<br />

dans le niveau d’acidité. La différence d’un<br />

niveau à l’autre représente une augmentation<br />

ou une diminution par un facteur de 10 de la<br />

concentration <strong>des</strong> ions hydrogène. C’est ce<br />

qu’on appelle une échelle logarithmique.<br />

Puisque l’acidité s’accroît à mesure qu’on<br />

<strong>des</strong>cend sur l’échelle, un pH de 6 est 10 fois<br />

plus acide qu’un pH de 7. Un pH de 5 est<br />

100 fois (10x10) plus acide qu’un pH de 7.<br />

Une pluie non polluée affiche en règle générale<br />

un pH de 5,6 en raison de l’acide carbonique.<br />

Une pluie dont le pH est inférieur à 5,6 sur<br />

l’échelle est plus acide et est donc qualifiée de<br />

« pluie acide ».<br />

Figure 1-2 : L’échelle de pH<br />

Acide<br />

Neutre<br />

Basique<br />

Valeur du pH<br />

pH=0<br />

pH=1<br />

pH=2<br />

pH=3<br />

pH=4<br />

pH=5<br />

pH=6<br />

pH=7<br />

pH=8<br />

pH=9<br />

pH=10<br />

pH=11<br />

pH=12<br />

pH=13<br />

pH=14<br />

Exemples<br />

Acide sulfurique concentré<br />

Jus de citron, Vinaigre<br />

Jus d’orange, boisson gazeuse<br />

Pluies aci<strong>des</strong> (4,2–4,4)<br />

Lacs aci<strong>des</strong> (4,5)<br />

Bananes (5,0–5,3)<br />

Pluie non polluée (5,6)<br />

Lacs en santé (6,5)<br />

Lait (6,5–6,8)<br />

Eau pure<br />

Eau de mer, œufs<br />

Bicarbonate de soude<br />

Lait de magnésie<br />

Ammoniac<br />

Eau savonneuse<br />

Eau de javel<br />

Nettoyeur de tuyaux liquide<br />

Source : Adapté de www.epa.gov/acidrain/site_<br />

students/phscale.html<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />

5


<strong>Sources</strong> <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

Bien qu’il existe <strong>des</strong> sources d’émissions<br />

naturelles de SO 2<br />

(p. ex. les volcans) et de NO X<br />

(p. ex. les incendies de forêt, les sols et la<br />

foudre), les activités humaines sont à la source<br />

de la majorité <strong>des</strong> émissions atmosphériques. À<br />

l’échelle mondiale, la moitié <strong>des</strong> émissions de<br />

SO 2<br />

et la plupart <strong>des</strong> émissions de NO X<br />

sont le<br />

résultat de la combustion de combustibles<br />

fossiles tels que le charbon, le pétrole et le gaz.<br />

Les combustibles fossiles sont composés de<br />

couches d’organismes jadis vivants qui se sont<br />

accumulés au fil <strong>des</strong> millénaires. Les corps de<br />

ces organismes contiennent <strong>des</strong> éléments<br />

chimiques, tels que du carbone (C), <strong>des</strong><br />

hydrocarbures (HC), du soufre (S) et de l’azote<br />

(N). Lorsque nous brûlons <strong>des</strong> combustibles<br />

fossiles, ces éléments sont rejetés dans<br />

l’atmosphère sous forme de déchets. L’oxygène,<br />

présent dans l’air, se combine au soufre et à<br />

l’azote présents dans les combustibles pour<br />

former de nombreux composés différents de<br />

soufre et d’azote, y compris <strong>des</strong> sulfates et <strong>des</strong><br />

nitrates, <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> sulfurique et nitrique, et les<br />

deux composés d’azote qui composent les NO X<br />

(l’oxyde d’azote (NO) et le dioxyde d’azote<br />

(NO 2<br />

)).<br />

Figure 1-3 : <strong>Sources</strong> canadiennes de SO 2<br />

(Émissions en 2002 <strong>des</strong> principaux<br />

contaminants atmosphériques)<br />

Total : 2,2 millions de tonnes<br />

Transports — 3 %<br />

Combustion de combustibles<br />

non industriels — 1 %<br />

Production d’électricité — 27 %<br />

Extraction et fonte<br />

de métaux non<br />

ferreux — 34 %<br />

Autres sources industrielles — 13 %<br />

Sables bitumineux — 5 %<br />

Source : www.ec.gc.ca/pdb/cac/Emissions1990-2015/canada_SOx_f.cfm<br />

Raffinage du pétrole — 5 %<br />

Pétrole et gaz d’amont — 12 %<br />

6 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Figure 1-4 : <strong>Sources</strong> canadiennes de NO x<br />

(Émissions <strong>des</strong> principaux contaminants<br />

atmosphériques en 2002)<br />

Total : 2,2 millions de tonnes<br />

Incendies de forêt — 4 %<br />

Transports — 53%<br />

Pétrole et gaz d’amont — 17 %<br />

Autres sources industrielles — 12 %<br />

Production d’électricité — 11 %<br />

Combustion de combustibles non industriels — 3 %<br />

Source: www.ec.gc.ca/pdb/cac/Emissions1990-2015/canada_NOx_f.cfm.<br />

Au Canada, les principales sources de SO 2<br />

(Figure 1-3) sont les fonderies (qui extraient le<br />

métal du minerai brut en le faisant fondre), la<br />

combustion de charbon pour la production<br />

d’électricité, les émissions industrielles (p. ex.<br />

les industries <strong>des</strong> pâtes et papiers, du pétrole et<br />

de l’aluminium), et l’extraction et le raffinage<br />

du pétrole et du gaz. Ces mêmes sources<br />

peuvent aussi émettre <strong>des</strong> NO X<br />

. Au Canada,<br />

toutefois, la plus importante source de NO X<br />

est<br />

la combustion de combustibles fossiles par le<br />

secteur <strong>des</strong> transports (Figure 1-4).<br />

Dans l’Est <strong>des</strong> É.-U., les émissions de SO 2<br />

proviennent surtout de la production<br />

d’électricité alimentée au charbon dans la<br />

vallée de l’Ohio. Dans les États de l’Ouest,<br />

toutefois, ce sont surtout les gaz<br />

d’échappement <strong>des</strong> automobiles contenant <strong>des</strong><br />

NO X<br />

qui sont la principale cause <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>.<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />

7


Répartition géographique <strong>des</strong> sources de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

La répartition géographique <strong>des</strong> émissions de<br />

SO 2<br />

et de NO X<br />

est assez semblable d’une région<br />

à l’autre (c.-à-d. dans les régions les plus<br />

populeuses du pays). Dans l’Est du Canada,<br />

les émissions de SO 2<br />

et de NO X<br />

sont<br />

concentrées le long du corridor Windsor-<br />

Québec, avec <strong>des</strong> points chauds dans d’autres<br />

régions, qui accueillent <strong>des</strong> centrales<br />

électriques, <strong>des</strong> mines et <strong>des</strong> fonderies de<br />

métaux non ferreux, et <strong>des</strong> industries telles que<br />

la production de pâtes et papiers.<br />

Dans l’Ouest du Canada, on trouve <strong>des</strong><br />

niveaux élevés d’émissions de SO 2<br />

en Alberta,<br />

Figure 1-5 : Émissions de dioxyde de soufre (SO 2<br />

) au Canada en 2000<br />

Source : Environment Canada. 2004.<br />

8 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Figure 1-6 : Émissions d’oxy<strong>des</strong> d’azote (NO X<br />

) au Canada en 2000<br />

Source : Environment Canada. 2004.<br />

en raison surtout de la production en amont de<br />

pétrole et de gaz, <strong>des</strong> centrales électriques<br />

thermiques et de l’exploitation <strong>des</strong> sables<br />

bitumineux. En Saskatchewan et au Manitoba,<br />

les sources comprennent la production<br />

d’électricité ainsi que les industries de<br />

l’extraction et de la fonte de métaux non<br />

ferreux, respectivement.<br />

Les figures 1-5 et 1-6 illustrent la répartition<br />

géographique <strong>des</strong> principales sources<br />

d’émissions de SO 2<br />

et de NO X<br />

au Canada. On<br />

remarquera les niveaux élevés de SO 2<br />

et de<br />

NO X<br />

tout le long de la côte ouest — on croit<br />

que les émissions du transport maritime jouent<br />

un rôle non négligeable dans l’ensemble de la<br />

pollution atmosphérique dans cette région.<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />

9


<strong>Pollution</strong> transfrontalière<br />

Une fois rejetés dans l’atmosphère, les<br />

polluants qui causent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> peuvent<br />

être transportés par les vents dominants très<br />

loin de leur point d’origine, à <strong>des</strong> milliers de<br />

kilomètres parfois, avant de retomber sur Terre<br />

sous forme de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Dans l’Est de<br />

l’Amérique du Nord, les systèmes<br />

météorologiques se déplacent habituellement<br />

du sud-ouest au nord-est. Puisque l’Est du<br />

Canada est situé en aval <strong>des</strong> principales<br />

sources de production électrique et de<br />

transport de l’Est <strong>des</strong> États-Unis, on estime que<br />

de 45 à 75 % <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans cette<br />

région proviennent de sources d’émissions<br />

situées dans l’Est <strong>des</strong> É.-U.<br />

De 1996 à 2000, les sources de l’Est de<br />

l’Amérique du Nord ont émis en moyenne<br />

7,7 millions de tonnes de soufre par année,<br />

dont 92 % provenaient <strong>des</strong> É.-U. En examinant<br />

les lieux où se dépose ce soufre, on obtient un<br />

tableu précis de l’ampleur <strong>des</strong> répercussions<br />

que les émissions de polluants aux É.-U. ont<br />

sur le Canada. Des quelque 2,32 millions de<br />

tonnes de soufre qu’on estime être déposées<br />

dans l’Est de l’Amérique du Nord chaque<br />

année, dont une bonne partie sont produites<br />

aux É.-U., 28 %, soit 0,64 million de tonne,<br />

retombe sur les provinces de l’Est du Canada.<br />

Il faut souligner cependant que la pollution<br />

atmosphérique transfrontalière se déplace<br />

aussi du Canada vers les É.-U.<br />

10 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


LES « SUPERCHEMINÉES »<br />

Le recours à de très hautes cheminées par l’industrie et<br />

les centrales électriques peut sembler réduire la<br />

pollution localement, mais le fait est que ces cheminées<br />

dispersent la pollution sur une plus grande superficie, ce<br />

qui aggrave le problème de pollution transfrontalière. Il y<br />

a plusieurs décennies, lorsque les cheminées n’étaient<br />

hautes que de quelques étages, la pollution demeurait<br />

habituellement près du sol et se déposait sur le territoire<br />

environnant, portant atteinte aux plantes et aux<br />

animaux <strong>des</strong> environs. Pour réduire cette pollution<br />

localisée, l’industrie a commencé à construire de très<br />

hautes cheminées, appelées « supercheminées » — dont<br />

certaines dépassent les 300 mètres. Les opposants ont<br />

soutenu que ces cheminées ne retireraient pas les<br />

polluants de l’air mais qu’elles ne feraient que les élever<br />

au niveau <strong>des</strong> vents dominants et accroîtraient la durée<br />

de leur séjour dans l’atmosphère. À leur avis, plus la<br />

pollution demeurait longtemps dans l’atmosphère, plus<br />

gran<strong>des</strong> étaient les chances que <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> se<br />

forment et qu’on transforme un problème de pollution<br />

local en un problème régional.<br />

En 1972, on a construit, à l’usine d’Inco Ltée à Sudbury,<br />

en Ontario, la plus haute cheminée du monde, d’une<br />

hauteur de 381 mètres. Peu de temps après, lorsqu’on<br />

eut compris que les supercheminées n’étaient pas la<br />

réponse à la pollution, on a cessé d’en construire au<br />

Canada. Malheureusement, de 1970 à 1979, on estime<br />

que 429 cheminées d’une hauteur supérieure à<br />

60 mètres (200 pieds) ont été construites aux États-<br />

Unis. De 1972 à 1978, la hauteur moyenne <strong>des</strong><br />

cheminées <strong>des</strong> centrales électriques alimentées aux<br />

combustibles fossiles aux É.-U. est passée de 122 à<br />

183 mètres (de 400 à 600 pieds). Par exemple, en<br />

1980, la Tennessee Valley Authority avait construit<br />

plusieurs cheminées de 305 mètres (1 000 pieds) de<br />

hauteur, toutes conçues pour améliorer la qualité de l’air<br />

à l’échelon local.<br />

Source : http://en.wikipedia.org/wiki/Inco_Superstack<br />

CHAPITRE 1 : INTRODUCTION AUX PLUIES ACIDES<br />

11


CHAPITRE 2 : LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

12 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

T<br />

outes les régions du Canada ne sont pas touchées de<br />

la même façon par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, parce que leur<br />

capacité de compenser ou de neutraliser l’acidité n’est<br />

pas la même. Cette capacité est déterminée en grande<br />

partie par le type et le taux d’altération <strong>des</strong> sols et de la<br />

rochemère dans la région.<br />

La rochemère sousjacente d’une région (le dépôt géologique<br />

d’où provient le sol en raison de l’altération) est le facteur le<br />

plus important de la sensibilité d’une région aux <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. Les substances alcalines, telles que le calcium, le<br />

magnésium et le potassium (appelées « cations basiques »)<br />

se trouvent dans la rochemère et dans le sol. En gros,<br />

lorsqu’un acide et une base se combinent, ils s’annulent,<br />

produisant une substance neutre. Lorsque la pluie n’est que<br />

faiblement acide, il existe suffisamment de substances<br />

alcalines pour équilibrer l’acidité et neutraliser les effets sur<br />

CHAPITRE 2 : LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

13


le sol et l’eau. Toutefois, lorsque la pluie est<br />

fortement acide, ces substances tampons pour<br />

l’acide peuvent s’épuiser. Il arrive qu’il n’en<br />

reste pas suffisamment pour compenser<br />

continuellement les effets aci<strong>des</strong> de la pluie.<br />

Lorsque la nature ne peut plus servir de<br />

tampon, on perd l’équilibre. C’est ce qui s’est<br />

produit graduellement dans l’environnement<br />

naturel au cours <strong>des</strong> 100 dernières années en<br />

raison <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Les régions les plus touchées par les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> sont celles où l’on trouve une mince<br />

couche de sol sur une rochemère qui s’altère<br />

lentement (puisque les substances alcalines<br />

bénéfiques sont larguées à mesure que les<br />

<strong>pluies</strong> altèrent la rochemère). Par exemple, la<br />

rochemère ignée (p. ex. la rochemère de granit<br />

du Bouclier canadien qui recouvre près de la<br />

moitié du Canada) a un très faible contenu<br />

alcalin et ne peut donc agir comme tampon<br />

contre les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Par contre,<br />

les régions qui reposent sur du calcaire ou une<br />

rochemère sédimentaire (p. ex. le Sud de<br />

l’Ontario et certaines parties de l’Ouest<br />

canadien) qui contiennent <strong>des</strong> niveaux élevés<br />

de calcium peuvent tolérer <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong><br />

relativement élevés sur de longues pério<strong>des</strong>. Le<br />

calcaire est très alcalin, de sorte qu’il peut<br />

maintenir un équilibre acceptable malgré un<br />

accroissement de l’acidité.<br />

La Figure 2-1 montre les régions de l’Amérique<br />

du Nord où l’on trouve <strong>des</strong> lacs sensibles aux<br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. La région sensible ombrée sur la<br />

carte du Canada correspond à la région que<br />

couvre le Bouclier canadien.<br />

Figure 2-1 : Régions de l’Amérique du Nord<br />

où l’on trouve <strong>des</strong> lacs sensibles aux<br />

précipitations aci<strong>des</strong><br />

Source : Ministère de l’Environnement de l’Ontario, 1980.<br />

14 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Régions problèmes au Canada<br />

Est du Canada<br />

Au Canada, les régions problèmes se trouvent<br />

surtout dans les provinces de l’Est situées sur le<br />

Bouclier canadien et qui, par conséquent,<br />

manquent de tampons naturels. L’Ontario, le<br />

Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-<br />

Écosse sont les plus touchés par les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. Une bonne partie <strong>des</strong> émissions qui<br />

touchent l’Est du Canada sont produites dans<br />

les gran<strong>des</strong> fonderies de métaux du centre de<br />

l’Ontario et du Québec.<br />

Les émissions <strong>des</strong> É.-U. affectent aussi l’Est du<br />

Canada. Aux É.-U., les plus importantes<br />

émissions proviennent surtout de la forte<br />

densité de centrales électriques alimentées au<br />

charbon dans les États de l’Est. Les systèmes<br />

météorologiques transportent ces polluants de<br />

la partie supérieure du Midwest <strong>des</strong> É.-U.<br />

jusqu’au Nord-Est <strong>des</strong> É.-U., en passant par le<br />

Sud de l’Ontario et du Québec. Les polluants<br />

remontent aussi le corridor nord-est <strong>des</strong> É.-U.<br />

jusqu’aux provinces atlantiques.<br />

Ouest du Canada<br />

Les principales sources <strong>des</strong> émissions qui ont<br />

<strong>des</strong> répercussions sur l’Ouest du Canada sont<br />

situées en Alberta (production de pétrole et de<br />

gaz d’amont et sables bitumineux), dans le Sud<br />

de la Saskatchewan (production d’électricité)<br />

et dans le Nord du Manitoba (mines et<br />

fonderies). Toutefois, on manque actuellement<br />

de renseignements qui puissent nous dire<br />

comment les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> affectent ces<br />

écosystèmes. Historiquement, l’Ouest du<br />

Canada a connu une industrialisation moins<br />

prononcée que l’Est. Ce facteur, conjugué aux<br />

régimes météorologiques qui se déplacent<br />

d’ouest en est et aux sols résistants à l’acide, a<br />

jusqu’à maintenant protégé une bonne partie<br />

de l’Ouest canadien contre les dommages<br />

causés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Toutes les régions de l’Ouest du Canada ne<br />

jouissent pas d’une protection naturelle.<br />

Certains lacs et sols reposent sur une<br />

rochemère granitique, comme on en trouve<br />

dans le Bouclier canadien, dans le Nord-Est de<br />

l’Alberta, dans le Nord de la Saskatchewan et<br />

du Manitoba, dans certaines parties de la<br />

Colombie-Britannique occidentale et dans les<br />

Territoires du Nord-Ouest (voir la Figure 2-1).<br />

Les écosystèmes de ces régions sont aussi<br />

vulnérables aux <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> que ceux du<br />

Nord de l’Ontario. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> peuvent<br />

aussi devenir un problème régional en aval <strong>des</strong><br />

projets <strong>des</strong> sables bitumineux de l’Alberta, où<br />

une expansion rapide <strong>des</strong> industries de<br />

l’extraction du bitume devrait, selon les<br />

prévisions, engendrer de fortes augmentations<br />

<strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

et de NO X<br />

au cours <strong>des</strong><br />

20 prochaines années. Si les émissions de SO 2<br />

et de NO X<br />

continuent d’augmenter dans<br />

l’Ouest du Canada, les scientifiques craignent<br />

fortement que les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> causent autant<br />

de dommages dans l’Ouest du Canada qu’elles<br />

en ont causés dans l’Est.<br />

CHAPITRE 2 : LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

15


CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

16 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

Comme nous l’avons mentionné ci-<strong>des</strong>sus, une pluie<br />

normale est déjà légèrement acide (pH de 5,6). La<br />

nature a les moyens d’équilibrer cette acidité <strong>des</strong><br />

<strong>pluies</strong> en la compensant au moyen d’autres minéraux<br />

alcalins, tels que le calcium, le magnésium et le potassium,<br />

qu’on trouve dans la rochemère, dans l’air, dans les sols et<br />

dans les lacs de la Terre. L’altération de la rochemère par<br />

l’acide carbonique présent dans la pluie « propre » libère<br />

aussi <strong>des</strong> bicarbonates dans le sol et dans les eaux de<br />

surface, ce qui aide à neutraliser les apports aci<strong>des</strong> plus<br />

puissants.<br />

Chaque écosystème naturel possède une limite supérieure<br />

quant à sa capacité d’encaisser les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Ce niveau-seuil est qualifié de « charge critique » de<br />

l’écosystème. Cette charge critique est le niveau le plus<br />

élevé de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> qu’un écosystème peut recevoir à<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

17


long terme sans que l’environnement ne<br />

subisse <strong>des</strong> effets néfastes. En d’autres mots, si<br />

l’on dépasse le seuil, la flore et la faune<br />

subiront <strong>des</strong> dommages. Il est très important<br />

de connaître la charge critique d’une région<br />

car elle nous indique la quantité de SO 2<br />

et de<br />

NO X<br />

qu’on peut rejeter dans l’environnement<br />

sans causer de dommages aux lacs, aux<br />

poissons et aux végétaux.<br />

Lorsque l’environnement n’est plus en mesure<br />

de neutraliser les dépôts aci<strong>des</strong> — c’est-à-dire<br />

lorsqu’on dépasse la charge critique — une<br />

région peut subir de graves dommages. Les<br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ont <strong>des</strong> répercussions néfastes sur<br />

les lacs et les écosystèmes aquatiques, les forêts<br />

et les sols, les structures et les matériaux<br />

fabriqués, la santé humaine et la visibilité.<br />

Les diverses régions du Canada ont <strong>des</strong><br />

charges critiques différentes. Les scientifiques<br />

ont défini la charge critique <strong>des</strong> écosystèmes<br />

aquatiques comme étant la quantité de dépôts<br />

humi<strong>des</strong> de sulfate qui protège au moins 95 %<br />

<strong>des</strong> lacs contre une acidification à un pH<br />

inférieur à 6,0. La recherche a montré qu’en<br />

règle générale, les lacs ayant un pH de 6,0 ou<br />

plus accueillent une grande diversité d’espèces<br />

sauvages telles que le huard et les autres<br />

organismes aquatiques dont il dépend. Par<br />

contre, les lacs ayant un pH inférieur à 6,0<br />

comptent moins d’espèces de poissons et<br />

d’autres organismes aquatiques. Les<br />

estimations <strong>des</strong> charges critiques <strong>des</strong><br />

écosystèmes aquatiques de l’Est du Canada<br />

vont de plus de 20 kg de sulfate par hectare<br />

par année, dans les régions les plus tolérantes,<br />

à moins de 8 kg par hectare par année dans les<br />

régions les plus sensibles. Ces régions<br />

extrêmement sensibles se trouvent surtout dans<br />

les régions du Bouclier canadien du centre de<br />

l’Ontario, de l’Est du Québec et <strong>des</strong> provinces<br />

atlantiques.<br />

18 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Lacs et écosystèmes aquatiques<br />

C’est dans les écosystèmes aquatiques que les<br />

effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sont les plus apparents.<br />

Les lacs et les animaux qui vivent dans l’eau et<br />

à proximité sont directement affectés par une<br />

augmentation de l’acidité. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

engendrent une série d’effets qui portent<br />

atteinte aux poissons ou les tuent, réduisent les<br />

populations de poissons, éliminent<br />

complètement <strong>des</strong> espèces de poissons dans un<br />

plan d’eau touché, et diminuent le nombre<br />

d’espèces de végétaux et d’animaux. Signalons<br />

toutefois que même si les dépôts de sulfate sont<br />

la principale cause de l’acidification <strong>des</strong><br />

systèmes aquatiques au Canada, il arrive que<br />

<strong>des</strong> aci<strong>des</strong> organiques acidifient naturellement<br />

<strong>des</strong> lacs. On a observé ce phénomène dans<br />

toutes les provinces, particulièrement en<br />

Nouvelle-Écosse, à Terre-Neuve-et-Labrador et<br />

dans l’Est du Québec. Cette section de<br />

l’abécédaire porte toutefois uniquement sur les<br />

effets <strong>des</strong> dépôts de sulfate sur les lacs et les<br />

écosystèmes aquatiques.<br />

Les composés aci<strong>des</strong> peuvent se retrouver dans<br />

l’eau de diverses façons. Ils peuvent tomber<br />

directement dans les lacs sous forme de dépôts<br />

secs (gaz et particules) en provenance de<br />

l’atmosphère ou ils peuvent entrer dans l’eau<br />

sous forme de dépôts humi<strong>des</strong> (pluie, neige,<br />

grésil, grêle, rosée ou brouillard).<br />

Le ruissellement peut aussi transporter <strong>des</strong><br />

produits chimiques aci<strong>des</strong> vers les lacs. La<br />

pluie qui tombe sur le sol entre en contact avec<br />

la roche et le sol avant d’entrer dans les lacs.<br />

La pluie acide libère ou « mobilise » les métaux<br />

toxiques qui se trouvent dans le sol et les<br />

transporte ensuite dans l’eau.<br />

Dans chacun de ces cas, le pH de l’eau<br />

diminue graduellement. Parfois, le pH de l’eau<br />

peut chuter rapidement, par exemple durant la<br />

fonte <strong>des</strong> neiges au printemps. À mesure que la<br />

hausse <strong>des</strong> températures fait fondre la neige,<br />

les aci<strong>des</strong> et les autres produits chimiques qui<br />

s’y trouvent sont rejetés rapidement dans les<br />

eaux de ruissellement. La neige fondue coule<br />

ensuite vers les ruisseaux et les rivières et se<br />

retrouve dans les lacs. Les gran<strong>des</strong> quantités<br />

d’aci<strong>des</strong> et de produits chimiques qui entrent<br />

tout à coup dans l’eau engendrent un<br />

changement radical du pH <strong>des</strong> lacs. On parle<br />

parfois alors du « choc acide printanier » ou<br />

d’« acidification épisodique ». Dans de tels cas,<br />

la vie aquatique ne dispose pas de<br />

suffisamment de temps pour s’adapter à ce<br />

rapide changement. Il peut s’ensuivre la mort<br />

de populations entières de poissons. Puisque de<br />

nombreux amphibiens, poissons et insectes<br />

pondent leurs œufs dans l’eau afin qu’ils<br />

éclosent durant le printemps, cette période est<br />

particulièrement décisive pour eux. Des<br />

changements soudains du pH peuvent<br />

engendrer <strong>des</strong> malformations chez les jeunes<br />

ou même les tuer.<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

19


L’acidité <strong>des</strong> lacs peut affecter les organismes<br />

aquatiques de manière tant directe<br />

qu’indirecte. Le SO 2<br />

en suspension dans l’air<br />

produit de faibles solutions d’acide sulfurique<br />

lorsqu’il se dissout dans l’eau <strong>des</strong> lacs; il<br />

devient alors difficile pour les poissons<br />

d’absorber de l’oxygène pour respirer. L’acide<br />

sulfurique engendre aussi le largage de métaux<br />

tels que l’aluminium dans le lac. Cet<br />

aluminium « mobilisé » occasionne la<br />

formation de mucus sur les branchies <strong>des</strong><br />

poissons et les empêche d’absorber de<br />

l’oxygène. Si le mucus continue de<br />

s’accumuler, les poissons suffoquent. L’habilité<br />

d’absorber du calcium pour le développement<br />

<strong>des</strong> os et <strong>des</strong> coquilles est moindre dans de<br />

l’eau acide, ce qui mène à l’extinction de<br />

certaines espèces dans les lacs touchés. Les<br />

œufs <strong>des</strong> poissons et <strong>des</strong> amphibiens peuvent<br />

devenir cassants ou fragiles, et l’éclosion peut<br />

échouer. Les embryons <strong>des</strong> amphibiens<br />

peuvent devenir trop épais pour que les jeunes<br />

s’en libèrent au moment opportun de sorte<br />

qu’ils deviennent trop gros avant de<br />

commencer à nager librement et que leur<br />

colonne vertébrale subit une déformation.<br />

Les diverses espèces qui vivent dans les lacs, les<br />

rivières et les milieux humi<strong>des</strong> diffèrent quant<br />

à leur sensibilité aux niveaux d’acidité. Les<br />

faibles concentrations n’affectent que les<br />

plantes et les animaux qui sont très sensibles.<br />

Toutefois, à mesure qu’augmente l’acidité, de<br />

plus en plus de plantes et d’animaux sont<br />

touchés. La Figure 3-1 et le Tableau 3-1<br />

présentent la sensibilité de divers organismes<br />

aquatiques à une baisse du pH.<br />

Figure 3-1 : pH le plus bas auquel les<br />

organismes aquatiques peuvent survivre<br />

Source : <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>. 2000.<br />

pH<br />

6<br />

5,7<br />

5,5<br />

5<br />

4,5<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> peuvent affecter<br />

indirectement les animaux en perturbant leur<br />

approvisionnement alimentaire. Les grenouilles,<br />

par exemple, peuvent survivre dans <strong>des</strong> eaux<br />

relativement aci<strong>des</strong> — à un pH aussi faible que<br />

4,0. Toutefois, certains <strong>des</strong> aliments qu’elles<br />

consomment, tels que les insectes, ne peuvent<br />

survivre lorsque le pH est bas. Les éphémères,<br />

qui sont une source d’alimentation pour les<br />

grenouilles, ne peuvent tolérer un pH inférieur<br />

à 5,5.<br />

4<br />

20 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Tableau 3-1 : Effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les écosystèmes aquatiques<br />

Lorsque l’eau devient plus acide<br />

et que son pH tend vers<br />

6,0<br />

5,0<br />

Moins de 5,0<br />

Effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les écosystèmes aquatiques<br />

Des crustacés, <strong>des</strong> insectes et certaines espèces planctoniques<br />

commencent à disparaître.<br />

Des changements importants dans la communauté planctonique se<br />

manifestent. Des mousses et <strong>des</strong> espèces planctoniques moins utiles<br />

apparaissent. La perte progressive de certaines espèces est probable.<br />

Il ne reste plus beaucoup de poissons. Le fond de l’eau est couvert de<br />

matériaux non décomposés. Les secteurs côtiers peuvent être envahis<br />

par les mousses. Selon les écosystèmes aquatiques, les animaux<br />

terrestres peuvent être affectés. Par exemple, la sauvagine dépend<br />

d’organismes aquatiques pour se nourrir et se procurer les nutriments<br />

nécessaires. À mesure que ces sources s’amenuisent ou disparaissent,<br />

l’habitat perd en qualité et le succès de la reproduction <strong>des</strong> oiseaux est<br />

affecté.<br />

Source : www.ec.gc.ca/<strong>pluies</strong>aci<strong>des</strong>/acidwater.html<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> ne portent pas atteinte à tous<br />

les végétaux et les animaux. Certaines<br />

populations prospèrent lorsque l’acidité<br />

augmente. À mesure que l’eau devient plus<br />

acide, certains types de mousses et de<br />

planctons commencent à croître et à envahir<br />

les lacs, compromettant ainsi la survie d’autres<br />

plantes aquatiques. Les plantes qui poussent<br />

dans le fond <strong>des</strong> lacs ont tendance à prospérer<br />

en situation d’acidification.<br />

Fait ironique, les lacs aci<strong>des</strong> sont cristallins, ce<br />

qui donne l’impression, à tort, qu’ils sont libres<br />

de polluants. Toutefois, cette clarté provient de<br />

l’absence de vie végétale, ce qui permet à la<br />

lumière d’atteindre le fond du lac, le rendant<br />

transparent. L’acidification tue aussi bon<br />

nombre <strong>des</strong> bactéries ou <strong>des</strong> décomposeurs qui,<br />

en temps normal, décomposent le matériel<br />

végétal et animal mort. Par conséquent, la<br />

décomposition se fait très lentement dans les<br />

lacs aci<strong>des</strong>. Ce matériel finit par couler<br />

jusqu’au fond plutôt que de suivre le processus<br />

naturel de décomposition, ce qui donne une<br />

apparence de clarté à l’eau.<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

21


ADAPTATION AUX PLUIES ACIDES EN<br />

NOUVELLE-ÉCOSSE<br />

Le saumon de l’Atlantique sauvage est une espèce<br />

en péril. On estime qu’en moins de 300 ans, la<br />

population a diminué de 90 %. La Nova Scotia<br />

Salmon Association est un organisme qui cherche à<br />

préserver le saumon de l’Atlantique sauvage dans<br />

les rivières de la Nouvelle-Écosse. En<br />

septembre 2005, l’organisme a réussi à utiliser une<br />

technologie norvégienne pour ajouter de la chaux<br />

en poudre à la West River, dans le Sheet Harbour,<br />

juste à l’extérieur de Halifax, pour réguler le niveau<br />

de pH. C’est la première fois qu’on utilisait cette<br />

technologie en Amérique du Nord.<br />

La technologie, qu’on appelle le « dosage de<br />

chaux », s’est avérée fructueuse en Norvège pour<br />

revitaliser les rivières endommagées par les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. Dans le passé, on épandait manuellement<br />

de la chaux en poudre sur les lacs et les rivières<br />

touchés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, habituellement<br />

durant la période de gel. Le dosage de la chaux<br />

utilise un système automatique qui puise l’eau de<br />

la rivière, y ajoute <strong>des</strong> doses calculées de chaux en<br />

poudre et la rejette plus loin en aval. Le système est<br />

programmé de manière à assurer un pH uniforme<br />

de 5,5, idéal pour l’habitat du saumon.<br />

La Nouvelle-Écosse a été l’une <strong>des</strong> provinces<br />

les plus durement touchées au Canada pour ce<br />

qui est <strong>des</strong> dommages à l’habitat <strong>des</strong> poissons<br />

causés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Des 65 rivières de<br />

la région <strong>des</strong> hautes terres du sud de la<br />

province où l’on trouve du saumon de<br />

l’Atlantique, 14 ont maintenant un pH<br />

inférieur à 4,7 et le saumon les a complètement<br />

désertées.<br />

Oiseaux aquatiques<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> menacent les oiseaux<br />

aquatiques dont la survie dépend de sources<br />

d’aliments dans les écosystèmes aquatiques.<br />

L’effet de la baisse du pH sur ces oiseaux peut<br />

dépendre de plusieurs facteurs, notamment<br />

l’habitat (les milieux humi<strong>des</strong>, petits lacs ou<br />

grands lacs), les habitu<strong>des</strong> alimentaires <strong>des</strong><br />

oiseaux et la gravité de l’acidification. Les<br />

espèces courantes de canards, telles que le<br />

Garrot à œil d’or, le Harle couronné, le Fuligule<br />

à collier et le Canard noir, nichent et se<br />

reproduisent dans de petits plans d’eau<br />

menacés par la baisse <strong>des</strong> niveaux de pH. Les<br />

espèces piscivores, telles que le Plongeon huard<br />

et le Grand Harle, préfèrent les plus grands<br />

lacs et réseaux hydrographiques. Elles sont<br />

tout aussi menacées par les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> sur leurs sources d’aliments. D’autres<br />

espèces piscivores, telles que le Martin pêcheur,<br />

le Héron et le Butor, ainsi que <strong>des</strong> espèces telles<br />

que l’Hirondelle bicolore, sont touchées en<br />

raison de la perturbation de la chaîne<br />

alimentaire aquatique.<br />

22<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


On observe une réduction de la qualité et de la<br />

quantité de nombreuses sources alimentaires<br />

importantes <strong>des</strong> huards (p. ex. poissons et<br />

écrevisses) dans les lacs dont le pH est inférieur<br />

à 6,0. Par exemple, deux huards adultes<br />

doivent consommer jusqu’à 180 kg de poisson<br />

durant l’été pour élever un caneton; par<br />

conséquent, leur succès de reproduction est<br />

plus faible dans les lacs aci<strong>des</strong>, où les jeunes<br />

peuvent mourir de faim en raison d’un<br />

manque d’aliments. L’Inventaire canadien <strong>des</strong><br />

Plongeons huards (ICPH) — un programme<br />

qui fait appel à <strong>des</strong> bénévoles — surveille<br />

chaque année le succès de reproduction <strong>des</strong><br />

huards sur plus de 1 000 lacs partout au<br />

Canada. Ces inventaires ont révélé que de<br />

1981 à 1997, la proportion de couples qui<br />

avaient réussi à élever au moins un jeune<br />

jusqu’à maturité avait diminué, et que le taux<br />

de déclin était plus extrême dans les lacs aux<br />

niveaux plus aci<strong>des</strong> que dans ceux à pouvoir<br />

neutralisant plus élevé.<br />

Le niveau de mercure dans l’environnement<br />

peut affecter le taux de reproduction <strong>des</strong><br />

huards. À mesure que le niveau d’acidité <strong>des</strong><br />

eaux de surface augmente, le taux de<br />

conversion du mercure inorganique en<br />

méthylmercure toxique augmente (le<br />

méthylmercure est, sur le plan biologique,<br />

l’espèce chimique de mercure la plus toxique<br />

dans l’environnement). Les poissons<br />

accumulent à leur tour de plus fortes<br />

concentrations de méthylmercure dans les lacs<br />

ayant un pH plus faible. Par conséquent, les<br />

oiseaux piscivores sont davantage à risque<br />

d’exposition au mercure lorsqu’ils consomment<br />

ces poissons. Le méthylmercure est hautement<br />

toxique pour les embryons du huard. On a<br />

associé les déclins de la reproduction du huard<br />

à <strong>des</strong> niveaux élevés de mercure dans le<br />

poisson.<br />

Photo : Marie-Aude Bodin. www.wateryear2003.org.<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

23


Forêts et sols<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> affectent aussi les forêts et les<br />

sols. Les arbres et les autres végétaux ont<br />

besoin <strong>des</strong> nutriments et <strong>des</strong> minéraux qui se<br />

trouvent dans le sol, tels que le calcium, le<br />

magnésium et le potassium, pour assurer leur<br />

croissance. Lorsque <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> sulfuriques et<br />

nitriques tombent sur les sols sous forme de<br />

précipitations — qu’il s’agisse de pluie, de<br />

neige, de bruine, de grésil ou de brouillard —<br />

ils dissolvent ces nutriments et minéraux et les<br />

emportent de sorte qu’ils ne sont plus<br />

disponibles pour les arbres et les plantes. Privés<br />

d’aliments en quantité suffisante, les arbres<br />

ralentissent leur croissance, perdent leurs<br />

feuilles et leurs épines, s’affaiblissent et<br />

finissent par mourir. Les scientifiques ont pris<br />

<strong>des</strong> mesures dans une forêt de la région de<br />

Muskoka–Haliburton, en Ontario, en 1983 et<br />

1999. Leurs résultats ont indiqué de fortes<br />

pertes de calcium dans le sol au cours de la<br />

période de 17 années.<br />

Figure 3-2 : Dépérissement de la forêt occasionné par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

Photo : Tom Brydges<br />

24 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Même lorsque les niveaux de dépôts aci<strong>des</strong><br />

passent en deçà <strong>des</strong> charges critiques après<br />

avoir été élevés, les sols peuvent être<br />

incapables, durant de nombreuses années, de<br />

produire <strong>des</strong> forêts en santé parce que le<br />

processus d’altération qui rétablit les cations<br />

basiques <strong>des</strong> nutriments (appauvris par les<br />

dépôts aci<strong>des</strong>) est très lent (voir la Figure 3-3).<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> libèrent aussi <strong>des</strong> métaux très<br />

nuisibles aux arbres et aux plantes.<br />

L’aluminium, par exemple, une fois largué<br />

dans le sol, peut être absorbé par les racines<br />

<strong>des</strong> arbres. Lorsque cela survient, les arbres ont<br />

de la difficulté à absorber les nutriments<br />

nécessaires, tels que le calcium et le magnésium<br />

(Figure 3-3).<br />

Lorsque les feuilles et les aiguilles <strong>des</strong> arbres<br />

sont souvent en contact avec de l’acidité, la<br />

mince couche cireuse qui les protège, appelée<br />

la cuticule, peut s’éroder. Les feuilles peuvent<br />

être endommagées et se couvrir de taches<br />

brunes. Dans les régions de haute montagne<br />

ou le long de certaines zones côtières, la<br />

végétation peut subir une exposition prolongée<br />

à l’acide parce qu’elle est fréquemment<br />

entourée de nuages et de brouillard aci<strong>des</strong>. Ces<br />

nuages et ce brouillard peuvent être plus<br />

aci<strong>des</strong> que la pluie. Il n’est pas rare que les<br />

brouillards aci<strong>des</strong> affichent un pH inférieur à<br />

5,0. On a vu <strong>des</strong> brouillards aci<strong>des</strong> causer de<br />

graves dommages au bouleau blanc le long de<br />

la côte de la baie de Fundy, au Nouveau-<br />

Brunswick (voir la Figure 3-4).<br />

La composition chimique <strong>des</strong> brouillards<br />

marins estivaux est un bon indicateur de la<br />

qualité atmosphérique régionale et <strong>des</strong><br />

changements dus à la lutte contre les<br />

émissions. Sur la côte ouest de la baie de<br />

Fundy, on a décelé <strong>des</strong> concentrations<br />

annuelles plus faibles de sulfates et d’acidité<br />

pour la période 1996–1999 que pour la<br />

période 1987–1989. On n’a relevé aucune<br />

différence significative <strong>des</strong> concentrations de<br />

nitrates entre les deux pério<strong>des</strong><br />

d’échantillonnage. Ces observations sont<br />

conformes aux efforts de lutte contre la<br />

pollution déployés par les sources d’émissions<br />

abondantes en amont.<br />

Le brunissement <strong>des</strong> feuilles <strong>des</strong> bouleaux<br />

côtiers adjacents à la baie de Fundy était<br />

particulièrement évident avant 1987. Des<br />

observations limitées au cours de la<br />

période 1996–1999 ont permis de constater une<br />

légère réduction <strong>des</strong> symptômes de<br />

brunissement pour cette période tandis que <strong>des</strong><br />

observations occasionnelles depuis 2005<br />

permettent de croire à un certain<br />

rétablissement du bouleau.<br />

Lorsque les arbres sont déjà affaiblis par les<br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, ils sont plus susceptibles de subir<br />

d’autres dommages. Les arbres déjà affaiblis<br />

sont plus susceptibles d’être endommagés par<br />

<strong>des</strong> pério<strong>des</strong> de sécheresse ou de temps très<br />

froid. Le dioxyde de soufre dans l’air peut se<br />

combiner à d’autres produits chimiques, pour<br />

donner du sulfate d’ammonium, qui se forme à<br />

la surface <strong>des</strong> arbres. Lorsque le sulfate<br />

d’ammonium entre dans le sol, il réagit pour<br />

former de l’acide sulfurique. Ces conditions<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

25


Figure 3-3 : Effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les sols<br />

Les cations basiques (en vert) présents dans le sol fournissent <strong>des</strong> nutriments aux plantes,<br />

qui absorbent les produits chimiques par leurs racines. En règle générale, les cations<br />

basiques s’attachent aux particules d’humus ou d’argile (à gauche). Et lorsque <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> tombent sur le sol, les ions d’hydrogène (en rouge) présents dans la pluie déplacent<br />

les cations basiques, qui sont ensuite emportés par l’eau. Au fil du temps, les ions<br />

d’hydrogène, ainsi que les ions d’aluminium (en bleu) libérés du sol en raison <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>, peuvent s’accumuler sur les particules (à droite). Non seulement l’hydrogène et<br />

l’aluminium déplacent-ils <strong>des</strong> nutriments essentiels, mais ils perturbent la biochimie de la<br />

plante; l’aluminium peut être particulièrement toxique.<br />

Source : Hedin, L., 1996.<br />

26 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Figure 3-4 : Dommages causés au bouleau en<br />

raison du brouillard acide dans la baie de<br />

Fundy, Nouveau-Brunswick<br />

encouragent la croissance de champignons qui<br />

peuvent tuer l’arbre. Lorsque les arbres<br />

subissent un tel stress, ils sont vulnérables aux<br />

maladies et aux ravageurs, qui peuvent finir<br />

par les tuer.<br />

Les composés d’azote, l’autre composante <strong>des</strong><br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, n’affectent pas les arbres tout à<br />

fait de la même façon que l’acide sulfurique.<br />

L’azote encourage la croissance <strong>des</strong> plantes, et<br />

les arbres ne font pas exception. Dans le cas<br />

<strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, la faible solution d’acide<br />

nitrique peut encourager les arbres à croître,<br />

même s’il n’y a pas suffisamment d’autres<br />

nutriments dans le sol. Les composés d’azote<br />

peuvent aussi forcer les arbres à poursuivre<br />

leur croissance trop tard à l’automne, lorsqu’ils<br />

devraient utiliser leur énergie pour se préparer<br />

aux froids hivernaux. Les arbres deviennent<br />

alors plus vulnérables au gel.<br />

Source : www.atl.cfs.nrcan.gc.ca/index-f/what-f/science-<br />

F/forestconditions-f/arnews-f/birch-f.html.<br />

Comme dans le cas <strong>des</strong> lacs et <strong>des</strong> organismes<br />

aquatiques, les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> n’affectent pas<br />

seulement les arbres individuels mais aussi<br />

l’ensemble de l’équilibre de l’écosystème<br />

forestier. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> changent la<br />

composition de la forêt. Les arbres et les<br />

végétaux qui sont sensibles à l’acidité sont<br />

endommagés et dépérissent tandis que ceux<br />

qui sont plus tolérants prospèrent et prennent<br />

le <strong>des</strong>sus. Cela a un impact sur la survie <strong>des</strong><br />

animaux qui se nourrissent <strong>des</strong> diverses<br />

espèces d’arbres ou qui en dépendent.<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

27


Structures et matériaux fabriqués<br />

Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> n’affectent pas que les<br />

organismes vivants. Presque tout ce qui est<br />

exposé aux <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur une longue<br />

période finit pas être endommagé ou modifié<br />

d’une façon ou d’une autre. Cela comprend les<br />

immeubles, les sculptures, la peinture, le métal,<br />

le verre, le papier, le cuir, les tissus et le<br />

caoutchouc. La plupart <strong>des</strong> matériaux<br />

fabriqués se détériorent au fil du temps, même<br />

lorsqu’ils sont en contact avec de la pluie<br />

« propre » non polluée. Mais lorsque la pluie<br />

est acide, les dommages surviennent plus<br />

rapidement. Par exemple, certains immeubles<br />

et monuments historiques existent depuis <strong>des</strong><br />

siècles. Au cours d’une bonne partie de cette<br />

période, ils ont dépéri très lentement.<br />

Toutefois, depuis que les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sont<br />

devenues un problème, ces structures se sont<br />

détériorées plus rapidement.<br />

dissout facilement dans l’eau et est lavé de la<br />

surface de la pierre par la pluie. Par<br />

conséquent, on assiste à une érosion <strong>des</strong> détails<br />

finement ciselés <strong>des</strong> bâtiments et <strong>des</strong> sculptures.<br />

Il en coûte <strong>des</strong> milliards de dollars pour<br />

réparer les dommages aux maisons, aux<br />

bâtiments et aux monuments.<br />

La pollution par le SO 2<br />

a affecté <strong>des</strong> structures<br />

historiques partout au monde (voir la Figure 3-5).<br />

Mentionnons, par exemple, le Taj Mahal en<br />

Figure 3-5 : Les effets de la pollution<br />

atmosphérique au XX e siècle<br />

Pierre<br />

Certains types de pierre sont particulièrement<br />

vulnérables aux dépôts aci<strong>des</strong>. Le grès, le<br />

calcaire et le marbre contiennent du carbonate<br />

de calcium, de sorte qu’ils se décomposent plus<br />

facilement en réaction à l’acidité que beaucoup<br />

d’autres matériaux. Cela est important parce<br />

que bon nombre <strong>des</strong> monuments et <strong>des</strong><br />

bâtiments historiques de la planète sont faits de<br />

ces matériaux. Lorsque <strong>des</strong> particules<br />

contenant du SO 2<br />

réagissent au carbonate de<br />

calcium, il y a formation de gypse. Le gypse se<br />

Une sculpture en grès sur un immeuble du début du<br />

XVIII e siècle, en Allemagne, montre les effets de la<br />

pollution atmosphérique au XX e siècle. La photographie de<br />

gauche a été prise en 1908 et celle de droite en 1969.<br />

Source : Westfälisches Amt für Demkmalptflege,<br />

Münster, Allemagne.<br />

28 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Inde, l’Acropole à Athènes, les palais à Venise<br />

et les cathédrales en Allemagne de l’Ouest et<br />

au Royaume-Uni. Au Canada, les immeubles<br />

du Parlement à Ottawa ont subi de graves<br />

dommages en raison <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>.<br />

Métaux<br />

Le zinc, le fer, l’acier, le cuivre, le bronze,<br />

l’argent et l’or sont tous affectés par les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. Certaines statues en métal ont dû être<br />

remplacées par <strong>des</strong> copies faites de matériaux<br />

de plastique résistant à l’acide. La corrosion<br />

par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> a modifié le son émis par<br />

les cloches affectées. Les ponts se corrodent<br />

plus rapidement en raison <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

L’acidité dans l’atmosphère endommage aussi<br />

la peinture <strong>des</strong> véhicules. Les tuyaux d’eau et<br />

les réservoirs de stockage souterrains, les<br />

appareils électriques et l’équipement industriel<br />

sont tous susceptibles de détérioration en<br />

raison de la pollution acide.<br />

bâtiments et s’attaquent aux objets à<br />

l’intérieur, comme <strong>des</strong> œuvres d’art et <strong>des</strong><br />

livres anciens. Le papier absorbe les polluants<br />

aci<strong>des</strong> et devient très friable. Lorsqu’il est<br />

question d’acide, le papier moderne est encore<br />

plus fragile que le papier ancien parce qu’il<br />

contient souvent <strong>des</strong> métaux qui accélèrent le<br />

processus de détérioration.<br />

Verre<br />

Les précipitations aci<strong>des</strong> peuvent aussi affecter<br />

les anciens vitraux. En Europe, on estime<br />

qu’environ 100 000 vitraux risquent d’être<br />

endommagés. Certains l’ont déjà été. En<br />

France, par exemple, le bleu intense <strong>des</strong><br />

vitraux de la cathédrale de Chartres a pali et<br />

bon nombre <strong>des</strong> images ont été usées au point<br />

d’être méconnaissables.<br />

Tissus et papier<br />

Les drapeaux exposés aux éléments sont aussi<br />

rongés par l’acidité présente dans<br />

l’atmosphère. Les produits chimiques dans le<br />

cuir tanné réagissent à la pollution au soufre<br />

pour former <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> qui font craquer et<br />

s’effriter le cuir. Dans certains endroits, la<br />

pollution acide endommage même <strong>des</strong> objets à<br />

l’intérieur. Par exemple, les systèmes de<br />

ventilation de certains musées et bibliothèques<br />

ne sont pas conçus pour retirer les particules<br />

aci<strong>des</strong> de l’air. Ces particules entrent dans les<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

29


Santé humaine<br />

Les précipitations aci<strong>des</strong> n’affectent pas l’être<br />

humain directement. Par exemple, il n’est pas<br />

plus dangereux de marcher sous une plus<br />

acide, jouer dans une neige acide ou nager<br />

dans un lac acide que de pratiquer ces activités<br />

en présence de pluie, de neige ou d’eau non<br />

polluée (bien que l’inspiration de brouillard<br />

acide puisse irriter les poumons). Toutefois,<br />

lorsque le SO 2<br />

ou les NO X<br />

se combinent à<br />

d’autres produits chimiques dans l’air, même<br />

lorsque les niveaux de SO 2<br />

et de NO X<br />

sont très<br />

faibles, ils peuvent porter atteinte aux systèmes<br />

cardiaque et respiratoire.<br />

Plus particulièrement, le SO 2<br />

et les NO X<br />

peuvent réagir à la vapeur d’eau et d’autres<br />

produits chimiques dans l’air pour former de<br />

minuscules particules qui sont emportées dans<br />

l’air. Ces particules sont tellement petites qu’il<br />

nous est très facile de les inspirer dans nos<br />

poumons sans même nous en apercevoir.<br />

Lorsque nous respirons de plus grosses<br />

particules, telles que de la poussière dans une<br />

pièce ou sur une route, cellesci sont<br />

suffisamment grosses pour nous faire tousser,<br />

ce qui les empêche d’atteindre nos poumons.<br />

Mais les minuscules particules formées par les<br />

émissions de SO 2<br />

ou de NO X<br />

sont tellement<br />

petites qu’elles peuvent pénétrer profondément<br />

dans les poumons lorsqu’elles sont inhalées et<br />

déclencher <strong>des</strong> problèmes respiratoires tels que<br />

l’asthme, la toux sèche, <strong>des</strong> maux de tête, et<br />

<strong>des</strong> irritations <strong>des</strong> yeux, du nez et de la gorge.<br />

Ces polluants peuvent même causer <strong>des</strong><br />

troubles respiratoires à long terme.<br />

Les étu<strong>des</strong> ont constaté une association faible<br />

mais significative entre l’augmentation du<br />

niveau <strong>des</strong> particules dans l’air et<br />

l’augmentation du nombre de symptômes<br />

respiratoires, d’admissions à l’hôpital et de<br />

morts prématurées dus à <strong>des</strong> problèmes<br />

cardiaques et respiratoires. Les étu<strong>des</strong> n’ont<br />

pas permis d’établir un niveau complètement<br />

sûr pour l’être humain, auquel on n’observerait<br />

aucun effet sur la santé. Les personnes âgées,<br />

les personnes cardiaques et les personnes<br />

souffrant de problèmes respiratoires tels que<br />

l’asthme sont les plus menacées par une<br />

exposition à court terme aux particules aci<strong>des</strong>.<br />

Pour de plus amples renseignements sur les<br />

effets néfastes pour la santé de ces polluants,<br />

veuillez consulter l’Abécédaire du smog de<br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>, à www.pollutionprobe.org/<br />

Publications/Primers.htm.<br />

30 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


AVANTAGES CORRÉLATIFS DE LA RÉDUCTION DU SO 2<br />

ET DES NO X<br />

Il existe <strong>des</strong> liens entre les polluants qui causent les<br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et d’autres problèmes environnementaux.<br />

Certaines mesures de réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

et<br />

de NO X<br />

réduiraient non seulement les dépôts aci<strong>des</strong><br />

mais pourraient aussi procurer <strong>des</strong> avantages<br />

supplémentaires en réduisant d’autres polluants dans<br />

l’atmosphère, tels que les matières particulaires,<br />

l’ozone, le mercure et les gaz à effet de serre. En<br />

d’autres mots, en maîtrisant un problème, il est parfois<br />

possible de contrôler un autre problème tout aussi<br />

perturbateur.<br />

Les matières particulaires sont souvent composées<br />

de particules de nitrate et de sulfate. En réduisant les<br />

émissions aéroportées de SO 2<br />

et de NO X<br />

, on diminue<br />

aussi le nitrate et le sulfate dans les matières<br />

particulaires, ce qui réduit la quantité de matières<br />

particulaires aéroportées.<br />

Les dépôts aci<strong>des</strong> et l’ozone troposphérique<br />

contiennent tous deux <strong>des</strong> NO X<br />

polluants. Là encore, la<br />

réduction <strong>des</strong> émissions de NO X<br />

par l’entremise d’un<br />

programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> engendrera<br />

<strong>des</strong> réductions dans les concentrations d’ozone.<br />

La combustion de combustibles fossiles rejette aussi du<br />

mercure dans l’atmosphère. Lorsque l’eau <strong>des</strong> lacs est<br />

acidifiée, la contamination au mercure s’accentue. De<br />

plus, puisque les niveaux d’acidité dans les eaux de<br />

surface augmentent, le taux de conversion du mercure<br />

en méthylmercure toxique, qui est nocif pour les<br />

poissons et les espèces sauvages, augmente aussi. Les<br />

étu<strong>des</strong> ont montré qu’une baisse considérable <strong>des</strong><br />

dépôts aci<strong>des</strong> et du mercure engendre une diminution<br />

<strong>des</strong> niveaux de mercure dans le poisson et dans les<br />

animaux qui consomment du poisson, tels que le<br />

Plongeon huard.<br />

Le dioxyde de carbone est un <strong>des</strong> principaux gaz à<br />

effet de serre qui, tout comme le SO 2<br />

et les NO X<br />

, est<br />

émis lors de la combustion de combustibles fossiles. Par<br />

conséquent, la réduction de la combustion de<br />

combustibles fossiles réduira aussi les émissions d’un<br />

important gaz à effet de serre.<br />

CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

31


Visibilité<br />

Dans de nombreuses régions du Canada et <strong>des</strong><br />

É.-U., une brume acide nuit à la visibilité de<br />

panoramas magnifiques (voir la Figure 3-6).<br />

Les réactions chimiques que subissent le<br />

dioxyde de soufre et les oxy<strong>des</strong> d’azote dans<br />

l’atmosphère mènent à la formation de<br />

particules susceptibles de réduire la clarté de ce<br />

que nous observons à distance. Il s’agit d’un<br />

problème majeur dans trois régions du<br />

Canada — la partie inférieure de la vallée du<br />

Fraser, en Colombie-Britannique, où les<br />

montagnes environnantes piègent les<br />

polluants; le corridor Québec-Windsor où l’on<br />

trouve <strong>des</strong> polluants provenant de sources<br />

locales et <strong>des</strong> É.-U.; et dans le Sud de<br />

l’Arctique et le Nord <strong>des</strong> provinces <strong>des</strong> Prairies<br />

où, en raison <strong>des</strong> configurations <strong>des</strong> vents<br />

dominants provenant de sources en Europe et<br />

en Asie, une brume sulfatée peut causer <strong>des</strong><br />

problèmes de visibilité.<br />

Figure 3-6 : Glacier National Park, au Montana, par temps clair (à gauche) et lorsque la visibilité<br />

est faible (à droite)<br />

Source : www.epa.gov/air/visibility/parks/glacier.html<br />

32 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


CHAPITRE 3 : LES EFFETS DES PLUIES ACIDES<br />

33


CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES<br />

ACIDES AU CANADA<br />

34 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

Historique du problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

La Conférence <strong>des</strong> Nations Unies sur l’environnement<br />

humain, qui a eu lieu à Stockholm en juin 1972, a marqué<br />

l’un <strong>des</strong> jalons les plus importants dans l’histoire <strong>des</strong> <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. C’est là qu’une étude de cas suédoise sur les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>, présentée par le pédologue Svante Oden, a fait la<br />

démonstration scientifique de trois faits :<br />

1. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> étaient un phénomène régional à<br />

grande échelle dans une bonne partie de l’Europe.<br />

2. Les précipitations et les eaux de surface s’acidifiaient.<br />

3. On observait un transport atmosphérique à grande<br />

distance de SO 2<br />

et de NO X<br />

entre les nations européennes.<br />

CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

35


M. Oden a aussi prédit les conséquences<br />

écologiques <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, y compris le déclin<br />

<strong>des</strong> populations de poisson, l’acidification <strong>des</strong><br />

systèmes édaphiques et le ralentissement de la<br />

croissance <strong>des</strong> arbres <strong>des</strong> forêts.<br />

En 1977, les médias canadiens avaient porté<br />

attention au problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>,<br />

comme en témoignent les titres <strong>des</strong> articles<br />

suivants, publiés dans <strong>des</strong> journaux et <strong>des</strong><br />

magazines :<br />

• « Acid in Snow, Rain Eats Away at Houses<br />

— And it’s Getting Worse », Globe & Mail,<br />

28 février 1977.<br />

• « Burning in the Rain », MacLean’s<br />

Magazine, 11 juillet 1977.<br />

• « Acid Rain from US Battering Canada »,<br />

Toronto Star, 23 octobre 1977.<br />

• « Acid Rain Could be Serious Problem for<br />

Haliburton Lakes », The Highlands Express,<br />

23 novembre 1977.<br />

• « What is Being Done about Mercury and<br />

Acid <strong>Pollution</strong> », The Echo and Recorder,<br />

30 novembre 1977.<br />

L’intérêt <strong>des</strong> médias et de la population pour<br />

les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> a crû très lentement au cours<br />

<strong>des</strong> années 1970, mais s’est avivé<br />

soudainement après la publication d’un article<br />

par le Toronto Star, en 1978, intitulé « Rain of<br />

<strong>Pollution</strong> Killing Our Resort Lakes ». Cet<br />

article révélait que l’ensemble de la région de<br />

villégiature Muskoka–Haliburton était aux<br />

prises avec <strong>des</strong> chutes dévastatrices de<br />

précipitations aci<strong>des</strong> causées par la pollution<br />

chimique de l’air, qui détruisaient les lacs.<br />

L’article affirmait aussi que le problème <strong>des</strong><br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> était aussi grave en Ontario que<br />

dans toute autre région du monde où l’on avait<br />

relevé <strong>des</strong> dommages semblables.<br />

En 1982, les scientifiques canadiens ont<br />

proposé de réduire le dépôt <strong>des</strong> sulfates par la<br />

pluie et la neige à un maximum de<br />

20 kilogrammes par hectare par année. Cette<br />

charge cible devait permettre de protéger<br />

toutes les eaux de surface, sauf les plus<br />

sensibles. Au cours de cette même année, les<br />

ministres de l’Environnement <strong>des</strong> sept<br />

provinces de l’Est et le gouvernement fédéral<br />

ont accepté cette charge cible et convenu de<br />

réduire les émissions de 50 %. Cette cible était<br />

tributaire de l’adoption par les É.-U. de<br />

mesures comparables. On amorça alors un<br />

long processus d’engagements, tant<br />

internationaux qu’intérieurs, en vue de réduire<br />

36 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


les émissions de dioxyde de soufre. Certains de<br />

ces engagements, dont il est question tout au<br />

long de ce chapitre, demeurent en vigueur<br />

aujourd’hui.<br />

Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> dans l’Est du Canada<br />

En 1984, les ministres canadiens de<br />

l’Environnement, tant fédéral que provinciaux,<br />

ont convenu de mettre en œuvre un plan « fait<br />

au Canada », indépendant <strong>des</strong> mesures étatsuniennes,<br />

pour réduire de 50 % les émissions<br />

de soufre dans l’Est du Canada. Ce plan<br />

appuyait l’engagement pris subséquemment par<br />

la Commission économique <strong>des</strong> Nations Unies<br />

pour l’Europe (CEEONU) en faveur d’une<br />

réduction de 30 % du total <strong>des</strong> émissions<br />

nationales au cours <strong>des</strong> 10 années suivantes.<br />

En 1985, le Canada et les sept provinces de<br />

l’Est (le Manitoba, l’Ontario, le Québec, le<br />

Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l’Îledu-Prince-Édouard<br />

et Terre-Neuve) ont lancé<br />

le Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

dans l’Est du Canada. Ce programme<br />

exhaustif ciblait l’Est, où les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

avaient toujours causé plus de problèmes. Le<br />

programme visait à limiter les dépôts humi<strong>des</strong><br />

de sulfate à au plus 20 kilogrammes par<br />

hectare par année, par rapport à <strong>des</strong> niveaux<br />

qui avaient atteint 40 kilogrammes par hectare<br />

par année. On prévoyait que cette cible de<br />

20 kilogrammes permettrait de protéger les<br />

écosystèmes modérément sensibles. Les<br />

provinces ont convenu de plafonner les<br />

émissions de SO 2<br />

<strong>des</strong> sept provinces à<br />

2,3 millions de tonnes par année (ce chiffre<br />

était fondé sur <strong>des</strong> calculs du nombre de<br />

tonnes d’émissions de SO 2<br />

qui permettaient<br />

d’atteindre la charge critique). Elles ont<br />

négocié le plafond, à atteindre avant 1994.<br />

Rapport d’étape : Le Canada a réussi à<br />

atteindre sa cible globale. Toutes les<br />

provinces ont atteint leur cible individuelle<br />

de SO 2<br />

avant 1994. Collectivement, elles ont<br />

émis 1,7 million de tonnes de SO 2<br />

, ce qui<br />

est bien en deçà du plafond de 2,3 millions<br />

de tonnes, et ont réalisé une réduction de<br />

56 % par rapport aux niveaux de 1980.<br />

Premier Protocole sur la réduction<br />

accrue <strong>des</strong> émissions de soufre (1985)<br />

C’est en 1979 qu’a été signée la Convention sur<br />

la pollution atmosphérique transfrontalière à<br />

longue distance (PATLD), sous les auspices de<br />

la CEEONU (voir la dernière section du<br />

présent chapitre pour un résumé <strong>des</strong><br />

conventions et protocoles, et de leur utilisation<br />

pour protéger l’environnement). Il s’agissait du<br />

premier accord international à mettre en<br />

rapport le problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et la<br />

circulation transfrontalière <strong>des</strong> polluants<br />

atmosphériques.<br />

La Convention de 1979 a débouché sur<br />

l’élaboration d’un certain nombre de<br />

protocoles contenant <strong>des</strong> mesures concrètes<br />

pour contrôler les émissions transfrontalières<br />

de polluants atmosphériques. Le premier<br />

protocole, qui porte directement sur la<br />

réduction du SO 2<br />

, s’intitulait comme il se doit<br />

CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

37


le Premier Protocole sur la réduction accrue<br />

<strong>des</strong> émissions de soufre de 1985. Vingt-deux<br />

pays membres de la CEEONU, y compris le<br />

Canada, ont signé ce protocole. Les parties se<br />

sont engagées à réduire d’au moins 30 % les<br />

niveaux <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

de 1980 avant<br />

l’année cible 1993. La cible de réduction du<br />

SO 2<br />

du Canada était de 3,2 millions de tonnes<br />

à l’échelle du pays, avant 1993.<br />

Rapport d’étape : Les mesures conjointes<br />

prises aux termes de la convention ont<br />

permis une réduction importante de la<br />

circulation transfrontalière de la pollution.<br />

Tant individuellement que collectivement,<br />

les 21 pays qui ont signé le Protocole sur le<br />

soufre de 1985 avaient réduit, en 1993,<br />

leurs émissions de soufre de plus de 50 %<br />

par rapport aux niveaux de 1980. Onze<br />

pays ont réalisé <strong>des</strong> réductions d’au moins<br />

60 %. Le Canada a dépassé sa cible de<br />

50 % pour l’Est du Canada et a atteint sa<br />

cible nationale de réduction de 30 % en<br />

1992, les émissions nationales totalisant<br />

3,1 millions de tonnes.<br />

Accord Canada-États-Unis sur la<br />

qualité de l’air (1991)<br />

Selon le lieu, de 45 à 75 % <strong>des</strong> dépôts de soufre<br />

et d’azote dans l’Est du Canada proviennent<br />

de sources aux États-Unis, par l’entremise de la<br />

pollution transfrontalière. Par conséquent, il<br />

était essentiel de jouir de la collaboration <strong>des</strong><br />

É.-U. pour régler ce problème.<br />

En mars 1991, les deux pays ont signé l’Accord<br />

Canada-États-Unis sur la qualité de l’air. Bien<br />

que l’accord prévoyait un cadre pour<br />

s’attaquer à de nombreux problèmes de<br />

pollution atmosphérique, on a tout d’abord mis<br />

l’accent sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. Aux termes de cet<br />

accord, le Canada a réitéré les engagements<br />

qu’il avait déjà pris aux termes <strong>des</strong> premiers<br />

deux accords mentionnés ci-<strong>des</strong>sus.<br />

Conformément aux engagements du<br />

Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

dans l’Est du Canada, le Canada a convenu de<br />

prolonger à la fois le plafonnement <strong>des</strong><br />

émissions de 2,3 millions de tonnes de 1994 à<br />

1999 et le plafonnement national <strong>des</strong> émissions<br />

de 3,2 millions de tonnes jusqu’à 2000 et audelà.<br />

Les États-Unis ont convenu de réduire,<br />

avant l’an 2000, leurs émissions de SO 2<br />

de<br />

10 millions de tonnes par rapport aux niveaux<br />

de 1980 et d’imposer un plafonnement<br />

permanent <strong>des</strong> émissions nationales de<br />

8,95 millions de tonnes de dioxyde de soufre<br />

par année pour les producteurs d’électricité, à<br />

atteindre avant 2010.<br />

Rapport d’étape : Le Canada a réussi à<br />

réduire ses émissions nationales de SO 2<br />

. En<br />

2003, les émissions de SO 2<br />

<strong>des</strong> sept<br />

provinces de l’Est étaient inférieures de<br />

près de 30 % au plafond de 2,3 millions de<br />

tonnes par année pour l’Est du Canada,<br />

même si le plafond n’était plus en place<br />

depuis décembre 1999. Les émissions<br />

nationales de SO 2<br />

du Canada ont diminué<br />

d’environ 50 % de 1980 à 2003, soit 25 %<br />

en deçà du plafond national (voir la<br />

Figure 4-1). Les progrès ont été soutenus<br />

aux États-Unis, quoique plus lents, le<br />

38 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Figure 4-1 : Émissions canadiennes de SO 2<br />

provenant de sources de <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>* (1980–2001)<br />

Émissions (en millions de tonnes)<br />

5,0<br />

4,5<br />

4,0<br />

3,5<br />

3,0<br />

2,5<br />

2,0<br />

1,5<br />

1,0<br />

0,5<br />

0,0<br />

4.8<br />

3.8<br />

3.7<br />

3.0<br />

3.3<br />

2.5<br />

2.7<br />

1.8<br />

Émissions nationales<br />

Émissions, Est du Canada<br />

Plafond national<br />

Plafond, Est du Canada<br />

3.2<br />

2.6<br />

2.5 2.4 2.4<br />

2.3<br />

1.7 1.6 1.6 1.6<br />

1980 1985 1990 1994 1995 1999 2000 2001<br />

Année<br />

* Total <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

Source : Commission mixte internationale, 2004.<br />

niveau le plus élevé de réduction ayant été<br />

obtenu dans le secteur de la production<br />

d’électricité. En 2004, les sources de<br />

production d’électricité aux États-Unis<br />

avaient réduit leurs émissions de SO 2<br />

d’environ 34 %, soit une diminution de<br />

plus de 5 millions de tonnes par rapport<br />

aux niveaux de 1990, et de plus de 40 %<br />

par rapport aux niveaux de 1980. On<br />

prévoit que, d’ici 2010, les émissions de<br />

SO 2<br />

<strong>des</strong> États-Unis auront atteint la cible<br />

de réduction de 40 %.<br />

Deuxième Protocole sur le soufre (1994)<br />

En 1993, la CEEONU a mis à jour le Premier<br />

Protocole sur le soufre. Le Deuxième Protocole<br />

sur le soufre (aussi appelé Protocole d’Oslo de<br />

1994 ou Protocole relatif à une nouvelle<br />

réduction <strong>des</strong> émissions de soufre) a été adopté<br />

en 1994 et ratifié par le Canada en 1997; il est<br />

entré en vigueur en 1998. À ce jour, 26 pays<br />

ont ratifié ce protocole.<br />

À titre de pays, le Canada était néanmoins<br />

tenu de plafonner ses émissions de SO 2<br />

à<br />

3,2 millions de tonnes à compter de 1993. Ce<br />

protocole avait ceci de nouveau qu’il prenait<br />

en considération le principe <strong>des</strong> charges<br />

CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

39


Figure 4-2 : Zone de gestion <strong>des</strong> oxy<strong>des</strong> de<br />

soufre (ZGOS) du Canada<br />

Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard. Le<br />

Canada a accepté de plafonner les émissions<br />

de SO 2<br />

dans la ZGOS à 1,75 million de tonnes<br />

par année, à compter de 2000.<br />

En 1994, le Canada et les provinces ont<br />

commencé à travailler avec les intervenants<br />

pour élaborer une nouvelle stratégie nationale<br />

afin de permettre au pays de respecter ses<br />

obligations aux termes du Deuxième Protocole<br />

sur le soufre et de protéger les zones sensibles à<br />

l’acidification, la santé humaine et la visibilité.<br />

Source : Ministres fédéraux/provinciaux/territoriaux de<br />

l’Énergie et de l’Environnement, 1998.<br />

critiques, qui tenait compte <strong>des</strong> causes et <strong>des</strong><br />

effets comme critère de détermination <strong>des</strong><br />

secteurs appelant une gestion plus poussée <strong>des</strong><br />

émissions de SO 2<br />

. Par conséquent, le Canada a<br />

proposé à la CEEONU de cibler<br />

géographiquement les réductions <strong>des</strong> émissions<br />

en privilégiant les régions où les émissions<br />

causaient ou pouvaient causer un problème<br />

d’acidification transfrontalière. Au Canada,<br />

cette région ciblée s’appelle la Zone de gestion<br />

<strong>des</strong> oxy<strong>des</strong> de soufre ou ZGOS (voir la<br />

Figure 4-2) et mesure un million de kilomètres<br />

carrés. Cette zone n’englobe que les régions<br />

sources qui, selon les constatations, contribuent<br />

à l’acidification au Canada et aux É.-U. Cinq<br />

provinces du Canada font partie de la ZGOS :<br />

l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la<br />

Rapport d’étape : Le Canada a respecté<br />

l’engagement du protocole dans la ZGOS,<br />

ses émissions de SO 2<br />

en 2001 ayant atteint<br />

environ 1,1 million de tonnes, ou 38 % de<br />

moins que le plafond.<br />

Protocole relatif à la réduction de<br />

l’acidification, de l’eutrophisation et de<br />

l’ozone troposphérique (Protocole de<br />

Göteborg de 1999)<br />

Plus récemment, on a négocié le Protocole de<br />

Göteborg. À ce jour, 31 pays ont signé le<br />

protocole, dont le Canada, et 20 pays l’ont<br />

ratifié. Ce protocole sur les multipolluants aux<br />

effets multiples fixe <strong>des</strong> cibles de réduction <strong>des</strong><br />

émissions du SO 2<br />

, <strong>des</strong> NO X<br />

et d’autres<br />

polluants au-delà <strong>des</strong> engagements pris dans<br />

les protocoles antérieurs. Au milieu de 2006, le<br />

Canada n’avait pas encore ratifié le protocole.<br />

Lorsque le Canada ratifiera le protocole, s’il le<br />

fait, on déterminera le niveau <strong>des</strong> réductions<br />

<strong>des</strong> émissions exigées.<br />

40 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Stratégie pancanadienne sur les<br />

émissions acidifiantes après l’an 2000<br />

En octobre 1998, les ministres fédéraux,<br />

provinciaux et territoriaux de l’Énergie et de<br />

l’Environnement ont signé la Stratégie<br />

pancanadienne sur les émissions acidifiantes<br />

après l’an 2000. Le principal but à long terme<br />

de la stratégie est de respecter les charges<br />

critiques pour les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> partout au<br />

pays, tout en garantissant que les régions qui<br />

ne sont pas encore touchées, que l’on sache,<br />

par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> continuent d’être<br />

protégées (c.-à-d. la Colombie-Britannique,<br />

l’Alberta, la Saskatchewan, le Nunavut, les<br />

Territoires du Nord-Ouest, le Manitoba, Terre-<br />

Neuve-et-Labrador, l’Île-du-Prince-Édouard et<br />

le Nord de l’Ontario et du Québec). L’un <strong>des</strong><br />

éléments de la stratégie est la détermination de<br />

nouveaux plafonds de réduction <strong>des</strong> émissions<br />

dans l’Est du Canada. La stratégie s’appuie sur<br />

les constatations du Groupe de travail sur les<br />

émissions acidifiantes. Le groupe de travail<br />

était composé de représentants <strong>des</strong><br />

gouvernements fédéral et provinciaux, de<br />

l’industrie et <strong>des</strong> groupes de protection de<br />

l’environnement et de la santé. Son rapport,<br />

intitulé Vers une stratégie nationale sur les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>, a été publié en octobre 1997. On y<br />

constatait l’existence d’une région au Canada<br />

où la plupart <strong>des</strong> réductions doivent être<br />

opérées afin que les émissions demeurent en<br />

deçà <strong>des</strong> charges critiques dans l’Est du<br />

Canada. Cette région est la ZGOS de l’Est du<br />

Canada, à l’exclusion de l’Î.-P.-É. (qui ne<br />

contribue pas beaucoup au problème <strong>des</strong><br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>). Aux É.-U., les réductions <strong>des</strong><br />

émissions dans les régions du Midwest et du<br />

Nord-Est sont aussi très importantes pour<br />

respecter les charges critiques au Canada.<br />

Aux termes de la stratégie, l’Ontario, le<br />

Québec, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-<br />

Écosse ont annoncé <strong>des</strong> réductions<br />

supplémentaires <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

au-delà<br />

<strong>des</strong> plafonds fixés dans le cadre du Programme<br />

de lutte contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans l’Est du<br />

Canada. L’Ontario a annoncé une cible de<br />

réduction de 50 % avant 2015; le Québec de<br />

40 % avant 2002 et de 50 % avant 2010; le<br />

Nouveau-Brunswick de 30 % avant 2005 et de<br />

50 % avant 2010; et la Nouvelle-Écosse de<br />

25 % avant 2005 et de jusqu’à 50 % avant<br />

2010. Les gouvernements sont à élaborer <strong>des</strong><br />

plans pour réaliser ces réductions et mettre en<br />

œuvre les autres éléments de la stratégie.<br />

CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

41


Progrès récents au Canada sur le plan <strong>des</strong> politiques et<br />

de la réglementation<br />

Plans de prévention de la pollution<br />

pour les fonderies et affineries de<br />

métaux communs et les usines de<br />

traitement du zinc<br />

En avril 2006, le gouvernement fédéral a publié<br />

un avis exigeant la production et la mise en<br />

œuvre de plans de prévention de la pollution par<br />

les fonderies et affineries de métaux communs<br />

et les usines de traitement du zinc partout au<br />

Canada, qui rejettent dans l’environnement au<br />

moins une <strong>des</strong> substances visées par le plan<br />

(qui comprend le dioxyde de soufre).<br />

On demandera aux installations de tenir<br />

compte dans leur plan de « la mise en<br />

application <strong>des</strong> meilleures techniques de<br />

prévention et de contrôle de la pollution<br />

existantes pour empêcher ou réduire au<br />

minimum la production de polluants ou de<br />

déchets et réduire les risques d’atteinte à<br />

l’environnement ou à la santé humaine ». On<br />

Tableau 4-1 : Valeurs cibles pour la limite annuelle de rejets de dioxyde de soufre<br />

Société<br />

Teck Cominco — Trail Operation<br />

Hudson Bay Mining and Smelting<br />

Company Ltd. — Flin Flon<br />

Inco — Thompson<br />

Inco — Sudbury<br />

Falconbridge — Kidd/Timmins<br />

Falconbridge — Sudbury<br />

Falconbridge — Horne<br />

Falconbridge — Brunswick<br />

Falconbridge — CEZ<br />

Cibles 2008 (tonnes par année)<br />

3 400<br />

187 000<br />

187 000<br />

175 000<br />

7 525<br />

66 000<br />

45 000<br />

12 700<br />

6 900<br />

Cibles 2015 (tonnes par année)<br />

3 400<br />

33 500<br />

22 800<br />

66 000<br />

7 525<br />

25 000<br />

43 500<br />

11 000<br />

6 900<br />

42 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


leur demandera aussi d’élaborer et d’exécuter un<br />

Programme communautaire de protection de la<br />

qualité de l’air (PCPQA) pour garantir l’atteinte <strong>des</strong><br />

objectifs en matière de qualité de l’air. Il leur faudra<br />

aussi élaborer et exécuter un Programme de<br />

réduction <strong>des</strong> émissions <strong>des</strong> fonderies (PREF) pour<br />

prévenir et contrôler les émissions, en tenant compte<br />

<strong>des</strong> cibles annuelles <strong>des</strong> rejets dans l’atmosphère de<br />

diverses substances. Le Tableau 4-1 présente la<br />

valeurs cibles pour la limite annuelle de dioxyde de<br />

soufre à certaines installations de métaux communs.<br />

Plan ontarien de réduction <strong>des</strong> émissions de<br />

l’industrie<br />

En mai 2005, le ministère de l’Environnement de<br />

l’Ontario a annoncé son règlement sur les émissions<br />

industrielles — oxy<strong>des</strong> d’azote et dioxyde de soufre.<br />

Ce règlement applique de nouvelles limites aux<br />

émissions de NO X<br />

et de SO 2<br />

à 30 installations de<br />

7 secteurs industriels à compter de 2006 et est conçu<br />

de manière à faire respecter <strong>des</strong> limites encore plus<br />

rigoureuses à l’avenir. Le règlement garantira que<br />

l’Ontario respectera les Standards pancanadiens relatifs<br />

aux particules et à l’ozone.<br />

CONVENTIONS ET PROTOCOLES<br />

INTERNATIONAUX VISANT À<br />

PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT<br />

Au fil <strong>des</strong> ans, on a eu recours à <strong>des</strong><br />

conventions et à <strong>des</strong> protocoles pour lutter<br />

contre les problèmes environnementaux<br />

internationaux. Ce processus comporte la<br />

négociation, en plusieurs étapes, d’une série<br />

d’accords sur la nature du problème, la<br />

conception de solutions (conventions) et la<br />

mise en œuvre de mesures de contrôle<br />

(protocoles).<br />

On trouve les éléments fondamentaux <strong>des</strong><br />

conventions et <strong>des</strong> protocoles dans le Traité<br />

sur les eaux limitrophes de 1909, entre le<br />

Canada et les États-Unis, qui est l’un <strong>des</strong> plus<br />

vieux accords environnementaux<br />

internationaux au monde. Bien que le traité<br />

porte surtout sur les problèmes et les conflits<br />

relatifs aux eaux le long de la frontière<br />

Canada/É.-U., un de ses articles permet<br />

d’aborder d’autres problèmes tels que la<br />

pollution atmosphérique transfrontalière.<br />

Bien que la terminologie ait évolué au fil <strong>des</strong><br />

ans, le traité renferme tous les éléments <strong>des</strong><br />

conventions et <strong>des</strong> protocoles qu’on utilise<br />

encore aujourd’hui pour s’attaquer aux<br />

problèmes de pollution multinationaux.<br />

La première étape du processus de<br />

négociation d’un accord international est la<br />

conclusion d’un accord écrit, qu’on appelle la<br />

convention. Les conventions portent<br />

habituellement sur un important problème et<br />

sont souvent négociées sous l’égide du<br />

Programme <strong>des</strong> Nations Unies pour<br />

... suite à la page suivante<br />

CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

43


INTERNATIONAL CONVENTIONS AND PROTOCOLS TO PROTECT THE ENVIRONMENT (suite)<br />

l’environnement. Il existe actuellement plus de<br />

260 conventions et accords internationaux portant sur<br />

<strong>des</strong> problèmes environnementaux.<br />

Les conventions internationales partagent un ensemble<br />

de caractéristiques :<br />

1. La convention vise à forger un consensus<br />

international sur l’existence d’un problème<br />

particulier relatif à l’écologie, aux espèces sauvages<br />

ou à la pollution, qui exige <strong>des</strong> mesures de contrôle<br />

internationales. La convention est formulée en<br />

termes généraux pour encourager les pays à la<br />

signer et ainsi à reconnaître que le problème existe.<br />

Elle ne contient habituellement aucune exigence<br />

précise concernant les mesures de contrôle afin que<br />

les pays puissent participer aux discussions<br />

scientifiques sans devoir accepter <strong>des</strong> mesures de<br />

contrôle.<br />

2. La convention met en place un processus de<br />

réunions périodiques entre les représentants de<br />

haut niveau <strong>des</strong> pays, souvent appelé la Conférence<br />

<strong>des</strong> Parties (CdP).<br />

3. Aux termes de la convention, les pays s’engagent à<br />

approfondir les recherches et à surveiller le<br />

problème, et s’entendent souvent pour produire <strong>des</strong><br />

évaluations scientifiques. Cela permet de recueillir<br />

davantage d’information, ce qui aide à renforcer le<br />

consensus sur la question. Les gouvernements sont<br />

ensuite en meilleure position pour élaborer <strong>des</strong><br />

politiques nationales sur les mesures de contrôle.<br />

4. Aux termes de la convention, les pays s’engagent à<br />

produire certains rapports, y compris <strong>des</strong> rapports<br />

périodiques sur ce qu’ils ont fait pour appliquer la<br />

convention.<br />

5. La convention crée un secrétariat pour gérer<br />

l’ensemble du processus.<br />

6. Les conventions comprennent <strong>des</strong> accords<br />

concernant la négociation de protocoles sur <strong>des</strong><br />

mesures précises de contrôle ou d’autres mesures<br />

de gestion nécessaires pour régler le problème. Les<br />

pays peuvent choisir de ne pas signer un protocole,<br />

tout en participant aux activités de la convention.<br />

Une fois les conventions et les protocoles rédigés, les<br />

représentants <strong>des</strong> pays les signent pour indiquer<br />

l’intention de leur gouvernement de les ratifier (ou de les<br />

approuver et de les confirmer) et de mettre en œuvre les<br />

mesures convenues. Les conventions et les protocoles<br />

déterminent tous le nombre de pays qui doivent ratifier<br />

le document avant qu’il entre en vigueur et qu’il<br />

devienne une obligation juridique contraignante pour<br />

tous les signataires. Tant que les pays n’ont pas ratifié<br />

l’accord en nombre suffisant pour permettre son entrée<br />

en vigueur, il ne constitue pas une obligation<br />

contraignante pour quelque pays que ce soit.<br />

Le processus <strong>des</strong> protocoles tire sa force de la grande<br />

souplesse dont on fait preuve pour en venir à un accord<br />

sur <strong>des</strong> petits problèmes dans le cadre d’un enjeu<br />

beaucoup plus vaste. Ces petits problèmes peuvent<br />

susciter moins de controverse et se prêter davantage à<br />

l’adoption de mesures. On peut se concentrer sur un<br />

unique problème, en reportant à plus tard les problèmes<br />

plus épineux ou moins importants. La réussite provient<br />

<strong>des</strong> effets cumulatifs de multiples petites interventions.<br />

Par exemple, la Convention sur la pollution<br />

atmosphérique transfrontalière à longue distance<br />

comporte huit protocoles, portant sur bon nombre de<br />

polluants précis, y compris le SO 2<br />

, les NO X<br />

, les composés<br />

organiques volatils, les composés organiques<br />

persistants et les métaux lourds. Bien que ces polluants<br />

aient souvent <strong>des</strong> sources et <strong>des</strong> effets communs, il<br />

aurait été impossible de les aborder globalement. Le<br />

processus <strong>des</strong> protocoles permet de les aborder un par<br />

un, ce qui facilite leur gestion.<br />

Source : Adapté de Brydges, T., 2004(b).<br />

44 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


CHAPITRE 4 : LA POLITIQUE SUR LES PLUIES ACIDES AU CANADA<br />

45


CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES<br />

PLUIES ACIDES<br />

46 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

Certes, il est encourageant d’apprendre que le<br />

Canada a jusqu’à maintenant respecté tous ses<br />

engagements intérieurs et internationaux<br />

concernant la réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

et de NO X<br />

,<br />

mais il reste à savoir si ces réductions ont engendré une<br />

diminution suffisante <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> et, par conséquent,<br />

un rétablissement de l’écosystème. C’est un réseau de<br />

stations de surveillance fédérales et provinciales situées<br />

partout au Canada qui assure la surveillance <strong>des</strong> dépôts<br />

aci<strong>des</strong>. La question du rétablissement <strong>des</strong> écosystèmes<br />

trouve sa réponse dans les abondantes recherches<br />

scientifiques réalisées au cours <strong>des</strong> deux dernières<br />

décennies dans <strong>des</strong> régions sensibles aux dépôts aci<strong>des</strong>.<br />

CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

47


Surveiller les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

À mesure qu’on prenait conscience <strong>des</strong><br />

dangers <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, les scientifiques ont<br />

commencé à mettre en place un réseau de<br />

stations de surveillance. Le Réseau canadien<br />

d’échantillonnage <strong>des</strong> précipitations<br />

(CANSAP) a vu le jour en 1977, avec 48 lieux<br />

de surveillance partout au Canada. Le<br />

CANSAP est devenu un réseau fédéralprovincial,<br />

appelé Réseau canadien<br />

d’échantillonnage <strong>des</strong> précipitations et de l’air<br />

(RCEPA), qui est entré en service en 1983.<br />

Aux É.-U., le National Atmospheric Deposition<br />

Program (NADP) ainsi que <strong>des</strong> réseaux <strong>des</strong><br />

États et de l’industrie surveillent depuis 1978<br />

les dépôts humi<strong>des</strong>.<br />

Les stations de surveillance, situées dans <strong>des</strong><br />

régions du pays sensibles aux dépôts aci<strong>des</strong>,<br />

nous indiquent la présence et l’abondance <strong>des</strong><br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>; elles permettent aussi de savoir si<br />

la réduction <strong>des</strong> émissions a engendré une<br />

réduction <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>. L’information<br />

recueillie dans ces stations de surveillance est<br />

stockée dans la Base de données nationales sur<br />

la chimie atmosphérique (NAtChem) et le<br />

système d’analyse, exploité par Environnement<br />

Canada. La NAtChem est le seul endroit en<br />

Amérique du Nord qui possède les données sur<br />

la situation <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> tant au Canada<br />

qu’aux États-Unis.<br />

Les réseaux mesurent les dépôts humi<strong>des</strong> en<br />

analysant <strong>des</strong> échantillons de précipitations<br />

prélevés dans les collecteurs de <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Les réseaux de la Nouvelle-Écosse prélèvent<br />

<strong>des</strong> échantillons sur une base quotidienne<br />

tandis que la plupart <strong>des</strong> autres réseaux du<br />

Canada procèdent sur une base hebdomadaire.<br />

Aux É.-U., le National Trends Network (NTN)<br />

prélève <strong>des</strong> échantillons sur une base<br />

hebdomadaire, tandis que l’Atmospheric<br />

Integrated Research Monitoring Network<br />

(AIRMoN) prélève <strong>des</strong> échantillons sur une<br />

base quotidienne.<br />

Figure 5-1 : Collecteur de précipitations<br />

aci<strong>des</strong> d’Environnement Canada<br />

Un capteur de pluie, à la verticale, à droite, actionne un<br />

moteur qui retire le couvercle du réservoir du collecteur,<br />

à gauche. Lorsque la pluie cesse, le couvercle se replace<br />

sur le collecteur.<br />

Source : www.atl.ec.gc.ca/msc/as/as_acid_f.html<br />

48 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Les réactions de l’atmosphère aux réductions <strong>des</strong><br />

émissions acidifiantes<br />

Les données du NAtChem ont révélé, comme<br />

prévu, que les réductions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

au cours <strong>des</strong> deux dernières décennies avaient<br />

engendré <strong>des</strong> réductions <strong>des</strong> sulfates dans l’air<br />

et dans les précipitations. Selon<br />

Environnement Canada, bien que les niveaux<br />

<strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> aient diminué dans l’Est du<br />

Canada au cours <strong>des</strong> quelques dernières<br />

décennies (voir la Figure 5-2), de 21 à 75 % du<br />

territoire de l’Est du Canada (environ 0,5 à<br />

1,8 million de kilomètres carrés) continue de<br />

recevoir <strong>des</strong> niveaux de dépôts aci<strong>des</strong><br />

supérieurs aux charges critiques, selon <strong>des</strong><br />

scénarios du meilleur ou du pire.<br />

Figure 5-2 : Configuration <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de sulfate dans l’Est de l’Amérique du Nord, du<br />

début à la fin <strong>des</strong> années 1990<br />

Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de sulfate<br />

ne provenant pas du sel de mer (SO 4<br />

2-<br />

) (1990–1994)<br />

Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de sulfate<br />

ne provenant pas du sel de mer (SO 4<br />

2-<br />

) (1996–2000)<br />

Kg/ha/an<br />

Kg/ha/an<br />

La carte de gauche indique la configuration <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> sur cinq ans pour la période 1990–1994. La carte de<br />

droite présente la configuration pour la période 1996–2000. On observe une diminution considérable de la superficie<br />

recevant <strong>des</strong> dépôts supérieurs à 20 kg/ha/an en réaction aux diminutions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

.<br />

Source : Environnement Canada, 2004.<br />

CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

49


Par opposition aux niveaux de SO 2<br />

, du début<br />

<strong>des</strong> années 1980 à l’an 2000, les niveaux de<br />

nitrate dans l’atmosphère et dans les<br />

précipitations n’ont pas diminué mais ont<br />

plutôt légèrement augmenté (voir la Figure 5-3).<br />

Par conséquent, la configuration <strong>des</strong> dépôts<br />

humi<strong>des</strong> de nitrate sur l’Est de l’Amérique du<br />

Nord n’a affiché aucun changement<br />

d’importance entre 1990–1994 et 1996–2000<br />

(voir la Figure 5-4). Les chercheurs craignent<br />

que les dépôts de nitrate n’en viennent à<br />

contrecarrer certains <strong>des</strong> avantages obtenus<br />

grâce à la réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

.<br />

Figure 5-3 : Émissions d’oxy<strong>des</strong> d’azote au<br />

Canada (en millions de tonnes)<br />

2,5<br />

2,0<br />

1,5<br />

1,0<br />

0,5<br />

0,0<br />

1980<br />

1981<br />

1982<br />

1983<br />

1984<br />

1985<br />

1986<br />

1987<br />

1988<br />

1989<br />

1990<br />

1991<br />

1992<br />

1993<br />

1994<br />

1995<br />

1996<br />

1997<br />

1998<br />

1999<br />

2000<br />

Source : www.ec.gc.ca/soer-ree/English/Indicator_<br />

series/new_issues.cfm Issue_id-3&tech_id=10#bio_pic<br />

Figure 5-4 : Configuration <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de nitrate dans l’Est de l’Amérique du Nord du<br />

début à la fin <strong>des</strong> années 1990<br />

Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de NO 3<br />

-<br />

(1990–1994)<br />

Moyenne sur cinq ans <strong>des</strong> dépôts humi<strong>des</strong> de NO 3<br />

-<br />

(1996–2000)<br />

Kg/ha/an<br />

Kg/ha/an<br />

Source : Environnement Canada, 2004.<br />

50 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Rétablissement de l’écosystème<br />

Le rétablissement de l’écosystème, le renversement <strong>des</strong><br />

conditions chimiques et biologiques perturbées, est un lent<br />

processus qui se déroule en plusieurs phases. Un écosystème<br />

commence à récupérer <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> lorsque diminuent les<br />

émissions aci<strong>des</strong> dans l’atmosphère, ce qui engendre la<br />

réduction <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> et permet à la première phase —<br />

le rétablissement chimique — de se dérouler.<br />

Le rétablissement chimique se caractérise par un<br />

accroissement de l’alcalinité (c.-à-d. l’augmentation du pH <strong>des</strong><br />

lacs) ainsi qu’une diminution <strong>des</strong> concentrations de sulfate, de<br />

nitrate et de métaux (aluminium, nickel et cuivre) dans les sols<br />

et les eaux de surface. Si elles sont suffisantes, ces réductions<br />

déboucheront à terme sur <strong>des</strong> niveaux de pH plus sains et une<br />

plus grande « capacité de neutralisation <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> » — un<br />

processus qui prendra probablement plusieurs décennies.<br />

À mesure que les conditions chimiques s’améliorent, la<br />

deuxième phase du rétablissement de l’écosystème, le<br />

rétablissement biologique (c.-à-d. une augmentation <strong>des</strong><br />

espèces individuelles de végétaux et d’animaux, de<br />

communautés et d’habitats) devient possible. Il faut<br />

remarquer toutefois que le rétablissement d’un écosystème ne<br />

devrait pas être confondu avec le retour à l’état qui a précédé<br />

les perturbations. Les écosystèmes subissent, au fil du temps,<br />

<strong>des</strong> changements naturels sous l’influence de facteurs tant<br />

internes qu’externes (p. ex. les dépôts aci<strong>des</strong> ou les<br />

changements climatiques).<br />

QU’EST-CE QUE LA CAPACITÉ<br />

DE NEUTRALISATION DE<br />

L’ACIDITÉ<br />

La capacité de neutralisation de<br />

l’acidité (CNA) est l’aptitude de<br />

l’eau d’un lac ou d’un cours d’eau<br />

à neutraliser les apports d’acidité<br />

ou à agir comme tampon. La CNA<br />

est une mesure importante <strong>des</strong><br />

répercussions <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>,<br />

ainsi qu’un indicateur du<br />

rétablissement chimique après<br />

<strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>. Les valeurs de<br />

la CNA sont présentées en micro<br />

ou milliéquivalents par litre. Les<br />

eaux de surface ayant <strong>des</strong> valeurs<br />

de CNA inférieures à<br />

0 microéquivalent par litre (μeq/L)<br />

sont considérées comme étant<br />

chroniquement aci<strong>des</strong>. Les eaux<br />

ayant <strong>des</strong> valeurs de CNA<br />

s’échelonnant de 0–50 μeq/L<br />

sont considérées comme<br />

« susceptibles d’acidification<br />

épisodique ». Les eaux ayant <strong>des</strong><br />

valeurs de CNA supérieures à<br />

50 μeq/L sont moins sensibles<br />

aux dépôts aci<strong>des</strong>. L’aptitude d’un<br />

bassin hydrographique à<br />

neutraliser l’acide et à résister aux<br />

effets <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> dépend<br />

de nombreux facteurs, y compris<br />

le climat, les conditions du sol, la<br />

géologie de la surface et de la<br />

rochemère, et l’historique de<br />

l’utilisation <strong>des</strong> sols.<br />

CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

51


Les écosystèmes se rétablissent-ils<br />

Écosystèmes aquatiques<br />

Dans les écosystèmes naturels, les lacs et les<br />

rivières sont habituellement les premiers à<br />

présenter <strong>des</strong> réactions observables aux<br />

diminutions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

. La première<br />

réaction prévue est une diminution <strong>des</strong><br />

niveaux de sulfate dans l’eau, qui devrait<br />

idéalement être suivie d’une augmentation du<br />

pH. Selon l’Évaluation scientifique 2004 <strong>des</strong><br />

dépôts aci<strong>des</strong> au Canada, d’Environnement<br />

Canada, « on n’a pas observé jusqu’à présent<br />

de rétablissement chimique et biologique à<br />

grande échelle dans aucun écosystème, mais<br />

certains signes encourageants prouvent que du<br />

rétablissement se produit ». Selon le rapport,<br />

certains lacs canadiens ne se sont pas rétablis<br />

aussi rapidement que prévu. Plusieurs facteurs,<br />

décrits ci-<strong>des</strong>sous, ont atténué l’impact d’une<br />

diminution <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>.<br />

Chimie <strong>des</strong> lacs<br />

On a surveillé 766 lacs de l’Ontario, du<br />

Québec, de la Nouvelle-Écosse et de Terre-<br />

Neuve-et-Labrador pour y déceler <strong>des</strong><br />

changements. De 1990 à 2001 (les dernières<br />

données déclarées), les tendances prévues<br />

prédominaient puisque les concentrations de<br />

sulfate ont diminué dans 85 % <strong>des</strong> lacs, tandis<br />

que l’alcalinité et le pH ont augmenté dans 64<br />

et 74 % <strong>des</strong> lacs respectivement. Bon nombre<br />

<strong>des</strong> lacs qui ont affiché <strong>des</strong> tendances<br />

imprévues se trouvaient en Nouvelle-Écosse et<br />

à Terre-Neuve-et-Labrador, et les scientifiques<br />

ont noté que ces lacs étaient encore en état de<br />

déséquilibre par rapport à l’évolution <strong>des</strong><br />

dépôts atmosphériques. On peut prévoir qu’au<br />

fil du temps, on observera un rétablissement<br />

chimique dans un plus grand nombre de lacs.<br />

En Europe aussi les lacs se sont rétablis en<br />

réaction à la réduction <strong>des</strong> émissions opérée<br />

aux termes <strong>des</strong> protocoles sur le soufre de la<br />

CEEONU. Dans le Sud de la Norvège, où la<br />

géologie est semblable à celle de l’Est du<br />

Canada, on a fait état d’améliorations<br />

considérables de la répartition et de l’absence<br />

d’espèces d’invertébrés sensibles à l’acidité, et<br />

certains bassins hydrographiques auparavant<br />

acidifiés ont retrouvé <strong>des</strong> niveaux où les<br />

dommages sont maintenant négligeables.<br />

Écosystèmes forestiers<br />

En plus d’un couvert forestier d’apparence<br />

saine, la santé d’un écosystème forestier se juge<br />

en grande partie en fonction <strong>des</strong> niveaux dans<br />

le sol <strong>des</strong> cations basiques et <strong>des</strong> nutriments<br />

<strong>des</strong> arbres tels que le calcium, le magnésium, le<br />

potassium et le sodium. Les indications du<br />

rétablissement <strong>des</strong> lacs dont il a été question ci<strong>des</strong>sous<br />

laissent entendre que la chimie du sol<br />

<strong>des</strong> écosystèmes forestiers peut aussi être en<br />

voie de récupération, et ce parce que la qualité<br />

de l’eau d’un lac dépend en grande partie du<br />

52 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


LA RÉUSSITE DE SUDBURY<br />

Les riches dépôts de minerai qu’on trouve dans la<br />

rochemère qui entoure Sudbury, en Ontario, font de la<br />

région l’un <strong>des</strong> plus importants fournisseurs de minerai<br />

de nickel et de cuivre au monde. La fusion du minerai de<br />

nickel-cuivre, rejette du dioxyde de soufre dans<br />

l’environnement. Au cours <strong>des</strong> années 1960, les<br />

fonderies de métal de Sudbury comptaient parmi les<br />

plus importantes sources d’émissions au monde : elles<br />

étaient responsables d’environ 4 % <strong>des</strong> émissions<br />

mondiales de soufre. L’environnement a payé un lourd<br />

tribut pour plus d’un siècle de fusion. Par exemple, de<br />

1961 à 1971, le pH du lac Lumsden, dans le parc<br />

Killarney, près de Sudbury, est passé de 6,8 à 4,4 — une<br />

augmentation de l’acidité par un facteur de plus de 200.<br />

Les émissions de dioxyde de soufre ont acidifié quelque<br />

7 000 lacs dans une zone d’environ 17 000 kilomètres<br />

carrés de régions sauvages et inviolées. Les lacs qui ont<br />

subi les plus graves dommages étaient situés de 20 à<br />

30 kilomètres environ en aval <strong>des</strong> fonderies. Les dépôts<br />

de dioxyde de soufre ainsi que de cuivre et de nickel ont<br />

ravagé la vie végétale et aquatique locale. Les lacs<br />

mourants étaient entourés de rochemère érodée et<br />

exposée à l’apparence carbonisée et picotée. Ce<br />

paysage qualifié de « lunaire » peut être attribué en partie<br />

à la récolte préalable <strong>des</strong> forêts environnantes par une<br />

industrie du bois toute puissante qui a exercé ses<br />

activités dans la région de 1872 à 1927. La coupe à<br />

blanc était aussi utilisée pour faciliter le « grillage à ciel<br />

ouvert », auquel on a renoncé depuis longtemps.<br />

La documentation <strong>des</strong> pertes de poissons dans les lacs<br />

de la région de Sudbury a été l’un <strong>des</strong> moments décisifs<br />

qui ont alerté les Nord-Américains contre les dangers<br />

<strong>des</strong> polluants aci<strong>des</strong>. À la fin <strong>des</strong> années 1970, <strong>des</strong><br />

intérêts privés, publics et commerciaux se sont<br />

concertés pour lancer un effort sans précédent de<br />

« reverdissement ». On a épandu de la chaux sur les sols<br />

carbonisés de la région de Sudbury, manuellement et par<br />

avion, pour neutraliser l’acide. On a aussi épandu <strong>des</strong><br />

semences d’herbages naturels et d’autres plantes. On a<br />

planté plus de 3 millions d’arbres en 20 ans. De 1978 à<br />

1993, on a chaulé, engraissé et ensemencé<br />

3 070 hectares de sols stériles. On a complété cet effort<br />

de reverdissement par une réduction considérable <strong>des</strong><br />

émissions de SO 2<br />

par les fonderies de la région, afin de<br />

respecter les règlements gouvernementaux.<br />

Au cours <strong>des</strong> années 1960, les fonderies d’Inco et de<br />

Falconbridge, les deux plus grands émetteurs de SO 2<br />

, ont<br />

émis plus de 2,5 millions de tonnes de SO 2<br />

par année<br />

dans l’atmosphère. En 1999, on avait réduit d’environ<br />

90 % les émissions <strong>des</strong> fonderies par rapport à 1960<br />

(Figure A). Ces efforts ont engendré une réduction<br />

spectaculaire de l’acidité <strong>des</strong> lacs de la région. Le lac<br />

Clearwater, à 13 kilomètres de Sudbury, est un exemple<br />

remarquable : le pH y a augmenté de 4,3 en 1973 à 6,2<br />

en 1999.<br />

Figure A : Émissions totales de SO 2<br />

<strong>des</strong> fonderies de<br />

Sudbury (Inco Ltée et Falconbridge Ltée combinées,<br />

1960–1999)<br />

SO 2<br />

(kilotonnes)<br />

2 500<br />

2 000<br />

1 500<br />

1 000<br />

500<br />

0<br />

1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000<br />

Année<br />

Source : Kellar, W, J Heneberry et S Dixit, 2003.<br />

... suite à la page suivante<br />

CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

53


LA RÉUSSITE DE SUDBURY (suite)<br />

La Figure B illustre la relation entre la diminution <strong>des</strong><br />

dépôts aci<strong>des</strong> et l’accroissement du pH dans le lac<br />

Clearwater au cours de cette période. La Figure C montre<br />

la tendance historique à long terme (1840–2000) <strong>des</strong><br />

niveaux de pH dans le lac George, à Sudbury, qui se sont<br />

rétablis d’une façon semblable à ceux du lac Clearwater.<br />

Dans les lacs où un rétablissement chimique se produit,<br />

les premiers sta<strong>des</strong> du rétablissement biologique sont<br />

aussi évidents. Certaines espèces, telles que<br />

l’éphémère commune, sensible à l’acide, ont augmenté<br />

de 1998 à 2002. Les myes, les écrevisses et les<br />

poissons sont aussi présents à nouveau dans certains<br />

lacs. Les populations d’oiseaux aquatiques, y compris le<br />

Plongeon huard et le Harle couronné, <strong>des</strong> oiseaux<br />

piscivores, augmentent à nouveau. Toutefois, le<br />

rétablissement <strong>des</strong> insectes et d’autres animaux dans<br />

les lacs acidifiés exigera une recolonisation et une<br />

repopulation fructueuses de ces sites.<br />

Bien que certains <strong>des</strong> lacs de Sudbury demeurent<br />

acidifiés et qu’on estime que le rétablissement de<br />

l’écosystème en est encore aux premiers sta<strong>des</strong>, les<br />

scientifiques sont d’avis que le rajeunissement <strong>des</strong> lacs<br />

de Sudbury est une <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> de cas les plus<br />

convaincantes de la réaction de l’environnement naturel<br />

à la réduction <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Figure C : Tendances <strong>des</strong> valeurs du pH dans le lac<br />

George (près de Sudbury, Ontario)<br />

Figure B : Tendances <strong>des</strong> valeurs de pH au lac<br />

Clearwater (près de Sudbury, Ontario)<br />

pH<br />

6,5<br />

6,0<br />

5,5<br />

5,0<br />

4,5<br />

4,0<br />

SO 4<br />

Source : Gunn J et W Keller, 2005.<br />

pH<br />

1975 1980 1985 1990 1995 2000<br />

Année<br />

30<br />

25<br />

20<br />

15<br />

10<br />

Sulphate (mg/L)<br />

pH<br />

6,0<br />

5,5<br />

5,0<br />

1840<br />

1860<br />

1880<br />

1900 1920 1940 1960 1980 2000<br />

Année<br />

Les mines de la région étaient en exploitation depuis<br />

plus de 30 années avant que le lac George ne manifeste<br />

<strong>des</strong> signes d’acidification en raison <strong>des</strong> fonderies<br />

avoisinantes. Remarque : les valeurs préalables à 1985<br />

(carrés pleins) ont été inférées à partir de l’étude de<br />

fossiles lacustres (diatomes), qui peuvent fournir <strong>des</strong><br />

renseignements sur les conditions environnementales<br />

du passé. On présente les valeurs mesurées pour la<br />

période 1981 à 1998 (carrés vi<strong>des</strong>).<br />

Source : Brydges, T, 2004(a).<br />

54<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


uissellement à partir <strong>des</strong> sols environnants; par conséquent,<br />

<strong>des</strong> eaux plus saines sont le résultat de sols plus sains.<br />

Les preuves scientifiques du rétablissement <strong>des</strong> systèmes<br />

forestiers sont mitigées. Selon l’Évaluation scientifique 2004 <strong>des</strong><br />

dépôts aci<strong>des</strong> au Canada, il faut opérer <strong>des</strong> réductions plus<br />

profon<strong>des</strong> <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> pour respecter les charges<br />

critiques, ce qui permettrait de prévenir la perte continue de<br />

cations basiques et de rétablir la santé de la forêt. Les<br />

recherches effectuées au Québec ont montré qu’entre les<br />

années 1970 et 1990, les sites forestiers situés dans <strong>des</strong> régions<br />

où les charges critiques ont été dépassées avaient un taux de<br />

croissance de 30 % inférieur aux sites forestiers situés dans<br />

<strong>des</strong> régions sans dépassement. Par contre, l’Ontario<br />

Hardwood Forest Health Survey, un programme à long terme<br />

créé par le gouvernement de l’Ontario, a déterminé que, de<br />

1986 à 1998, 84 % <strong>des</strong> parcelles forestières étudiées s’étaient<br />

améliorées, 12 % n’avaient subi aucun changement et<br />

seulement 4 % avaient dépéri. Selon cette étude, la santé <strong>des</strong><br />

forêts de feuillus dans la province semble plutôt bonne; les<br />

graves déclins sont limités et propres à chaque site. La récolte<br />

<strong>des</strong> forêts joue aussi un rôle dans l’appauvrissement du<br />

calcium et d’autres cations basiques en retirant<br />

irrémédiablement <strong>des</strong> quantités stockées dans les tissus <strong>des</strong><br />

arbres. Les récents calculs <strong>des</strong> charges critiques ne tiennent<br />

pas compte de la récolte, ce qui engendre une surestimation.<br />

AIRES DE GRILLAGE<br />

(1888–1929)<br />

Au début de l’extraction minière à<br />

Sudbury, le « grillage » constituait la<br />

première étape du traitement du<br />

minerai sulfuré de la région. On<br />

retirait le sulfure du minerai de<br />

cuivre-nickel grâce à la<br />

combustion dans une « aire de<br />

grillage à air libre », un monticule<br />

de minerai et de bois. Le minerai<br />

était chauffé à haute température<br />

pour oxyder le sulfure, dont la<br />

combustion produisait du SO 2<br />

.<br />

Cette combustion durait deux<br />

mois ou plus avant que le résidu<br />

soit chargé sur <strong>des</strong> trains et dans<br />

un four pour la fusion. On estime<br />

que plus de 3,3 millions de<br />

mètres cubes de bois ont été<br />

brûlés et 10 millions de tonnes de<br />

SO 2<br />

rejetées au cours <strong>des</strong><br />

11 années d’exploitation <strong>des</strong><br />

aires de grillage. Ce processus a<br />

non seulement éliminé sur les<br />

terres avoisinantes toute la<br />

végétation ligneuse, qui a servi de<br />

combustible, mais a aussi tué les<br />

plantes et acidifié les sols à<br />

proximité <strong>des</strong> aires de grillage.<br />

CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

55


CHAULAGE<br />

Les sols ayant une forte capacité de neutralisation de<br />

l’acide contiennent habituellement une substance<br />

alcaline comme le calcaire. Si un sol n’a pas de<br />

substances alcalines basiques, on peut ajouter <strong>des</strong><br />

tampons pour neutraliser l’acidité. Ce processus<br />

s’appelle le « chaulage ». On utilise le plus souvent du<br />

calcaire pulvérisé (carbonate de calcium). Lorsque le<br />

carbonate de calcium se dissout, il libère à la fois <strong>des</strong><br />

ions de calcium et <strong>des</strong> ions de carbonate. Les ions de<br />

calcium sont bénéfiques pour la vie aquatique. Les ions<br />

de carbonate réagissent pour neutraliser l’acide. Cette<br />

réaction produit aussi certains ions de bicarbonate qui, à<br />

leur tour, améliorent le pH et engendrent la<br />

transformation de tout aluminium présent dans l’eau ou<br />

le sol en sa forme non toxique.<br />

En 1973, on a lancé une étude pilote de chaulage à<br />

Sudbury, en Ontario, comme solution à court terme pour<br />

contrer les dommages <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>, jusqu’à ce que<br />

les effets du contrôle <strong>des</strong> émissions se fassent sentir.<br />

Les premières expériences de chaulage <strong>des</strong> lacs ont<br />

permis de traiter quatre lacs acidifiés, contaminés aux<br />

métaux. On a ajouté de 40 à 80 tonnes d’oxyde de<br />

calcium à chacun <strong>des</strong> lacs faisant l’objet <strong>des</strong> essais.<br />

Dans tous les cas, le pH de l’eau <strong>des</strong> lacs est<br />

immédiatement revenu à une valeur saine et la clarté de<br />

l’eau a diminué en raison de la réintroduction d’une<br />

chaîne alimentaire plus fonctionnelle.<br />

Les efforts de chaulage antérieurs ont profité tout<br />

particulièrement à l’Omble de fontaine Aurora, indigène<br />

dans seulement deux lacs (Whitepine et Whirligig) au<br />

monde, tous deux étant situés dans la région de<br />

Sudbury. La population sauvage de truite a disparu au<br />

cours <strong>des</strong> années 1960 en raison de l’acidification <strong>des</strong><br />

lacs; on a toutefois tenté de réintroduire cette espèce<br />

dans ses lacs d’origine au cours <strong>des</strong> années 1990 après<br />

avoir procédé au chaulage pour améliorer le pH de l’eau.<br />

Ce chaulage a réussi et a stabilisé les populations<br />

d’Omble de fontaine Aurora.<br />

On peut aussi ajouter du calcaire directement au sol<br />

d’un bassin hydrographique. Les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sont ainsi<br />

neutralisées par la chaux qui ruisselle sur le sol de la<br />

forêt jusqu’aux lacs et aux cours d’eau avoisinants. En<br />

1974, un traitement au calcaire a permis de détoxifier<br />

<strong>des</strong> sols contaminés par <strong>des</strong> métaux et <strong>des</strong> aci<strong>des</strong> à<br />

Sudbury. Les graminées et les arbres ont prospéré sur les<br />

sols traités, et les populations d’insectes, d’oiseaux et<br />

de petits mammifères ont augmenté dans les zones<br />

chaulées.<br />

Le chaulage a tendance à coûter cher, particulièrement<br />

dans le cas <strong>des</strong> grands lacs, et il doit être répété (tant et<br />

aussi longtemps que se poursuivent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>)<br />

afin d’empêcher l’eau de redevenir acide. Par<br />

conséquent, on n’utilise plus le chaulage en Ontario pour<br />

rétablir les lacs acidifiés. On a plutôt recours à la<br />

prévention, à <strong>des</strong> règlements sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong><br />

limitant les émissions à la source avant qu’elles ne<br />

causent <strong>des</strong> dommages.<br />

56 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Les défis du rétablissement <strong>des</strong> écosystèmes<br />

Bien que les émissions de soufre aient diminué<br />

considérablement au cours <strong>des</strong> 25 dernières<br />

années en Amérique du Nord, la recherche<br />

révèle que les réels progrès du rétablissement<br />

<strong>des</strong> écosystèmes ont été moins prononcés.<br />

Même si de nombreux lacs réagissent<br />

chimiquement à la réduction <strong>des</strong> émissions, la<br />

recherche a révélé que plusieurs facteurs plutôt<br />

complexes retardent ou affaiblissent le<br />

rétablissement chimique de certains lacs et le<br />

rétablissement biologique d’autres lacs.<br />

<strong>des</strong> changements climatiques. Si ces projections<br />

sont justes, les épiso<strong>des</strong> d’acidification induite<br />

par la sécheresse deviendront plus fréquents<br />

dans les bassins hydrographiques <strong>des</strong> milieux<br />

humi<strong>des</strong>.<br />

Diminution <strong>des</strong> cations basiques dans les<br />

précipitations : Les tendances relatives aux<br />

précipitations aci<strong>des</strong> montrent que bien que les<br />

niveaux de sulfate dans les précipitations aient<br />

Sécheresse et temps sec : Les sols <strong>des</strong> milieux<br />

humi<strong>des</strong> sont habituellement anaérobies (c.-àd.<br />

qu’ils manquent d’oxygène) parce que le sol<br />

est saturé d’eau. Dans ces conditions, le sulfate<br />

déposé par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> se transforme en<br />

sulfure (un processus chimique appelé<br />

« réduction ») et est stocké sous forme stable<br />

dans le sol. Toutefois, durant les pério<strong>des</strong><br />

sèches qui donnent lieu à une baisse <strong>des</strong><br />

niveaux d’eau, l’oxygène pénètre dans le sol<br />

auparavant gorgé d’eau. Cet ajout d’oxygène<br />

oxyde le sulfure en sulfate, qui est ensuite<br />

libéré dans les eaux de surface. Ce largage de<br />

sulfate engendre l’acidification <strong>des</strong> lacs,<br />

comme cela se produit en présence de <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. Ce processus, appelé « acidification<br />

induite par la sécheresse », fait grimper les<br />

niveaux de sulfate dans le bassin<br />

hydrographique du milieu humide et limite le<br />

rétablissement prévu. Les modèles climatiques<br />

mondiaux prévoient l’accroissement <strong>des</strong><br />

sécheresses au Canada, selon divers scénarios<br />

CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

57


diminué, les niveaux d’acidité <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> n’ont<br />

pas beaucoup changé. Cette situation a peutêtre<br />

un lien avec le fait que la teneur <strong>des</strong><br />

précipitations en cations basiques, qui<br />

tamponnent l’acidité, a aussi diminué. Tout<br />

comme on trouve dans la roche et dans le sol<br />

<strong>des</strong> substances alcalines qui neutralisent l’acide<br />

<strong>des</strong> précipitations, ces mêmes cations basiques<br />

sont aussi présents normalement dans l’air,<br />

surtout sous forme de particules aéroportées,<br />

appelées poussière atmosphérique. Pour <strong>des</strong><br />

raisons qu’on ne comprend pas encore<br />

pleinement, on trouve maintenant moins de<br />

ces substances neutralisantes dans l’air que<br />

dans le passé. De sorte que même si l’on rejette<br />

moins de SO 2<br />

dans l’air, la pluie est encore plus<br />

acide que prévu parce que les bases manquent<br />

à l’appel pour aider à neutraliser la pluie avant<br />

qu’elle ne tombe au sol.<br />

Rejet du sulfate auparavant stocké dans le sol :<br />

Malheureusement, en raison de l’équilibre qui<br />

existe entre les apports de sulfate de<br />

l’atmosphère et le largage à partir du sol, on<br />

prévoit que cette diminution occasionnera le<br />

largage de sulfate auparavant stocké dans les<br />

sols, retardant essentiellement les effets <strong>des</strong><br />

réductions <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

. La quantité<br />

de sulfate stockée dans les sols et susceptible<br />

d’être libérée dépend <strong>des</strong> caractéristiques <strong>des</strong><br />

sols et de la concentration du sulfate contenu<br />

dans les dépôts atmosphériques. Aujourd’hui,<br />

le largage du sulfate dans les eaux de surface<br />

dépasse la quantité de sulfate reçue par<br />

l’entremise <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong> dans la plupart<br />

<strong>des</strong> bassins hydrographiques boisés de l’Est du<br />

Canada. Par exemple, on prévoit que le sulfate<br />

stocké dans le lac Plastic, dans la région<br />

Muskoka-Haliburton, en Ontario, pourrait<br />

continuer d’être libéré dans les eaux de surface<br />

durant encore plusieurs décennies. Ce soufre<br />

retenu dans les sols provient <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong><br />

antérieurs.<br />

Minéralisation et immobilisation du soufre et <strong>des</strong><br />

sulfates : Il y a deux formes de soufre dans le<br />

sol — organique et inorganique. Le soufre peut<br />

être transformé chimiquement d’une forme à<br />

l’autre par l’entremise de deux processus : la<br />

minéralisation, qui est la transformation du<br />

soufre organique en sulfate inorganique (qui<br />

peut ensuite être largué du sol); et<br />

l’immobilisation, qui est la transformation du<br />

sulfate inorganique en soufre organique (qui<br />

demeure dans le sol). Ces deux processus<br />

surviennent en même temps dans le sol. La<br />

recherche a révélé que la minéralisation peut<br />

être une source de sulfate dans les eaux de<br />

drainage si la quantité de sulfate larguée en<br />

raison de la minéralisation dépasse le taux<br />

d’immobilisation du sulfate. Les taux auxquels<br />

surviennent la minéralisation et<br />

l’immobilisation subissent l’influence de<br />

plusieurs facteurs externes, y compris la teneur<br />

en soufre du sol, la température du sol,<br />

l’humidité du sol, la présence ou l’absence de<br />

plantes et le pH du sol. Un certain nombre<br />

d’étu<strong>des</strong> ont montré que la minéralisation était<br />

responsable de l’exportation nette du sulfate<br />

<strong>des</strong> sols <strong>des</strong> bassins hydrographiques du<br />

Canada.<br />

58 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


CHAPITRE 5 : LES ÉCOSYSTÈMES SE DES PLUIES ACIDES<br />

59


CHAPITRE 6 : CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />

60 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />

E<br />

n 1982, lorsqu’on a pour la première fois fixé <strong>des</strong><br />

cibles de réduction du SO 2<br />

, on ne comprenait pas<br />

pleinement les effets <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> sur les lacs et<br />

les autres écosystèmes. La charge de 20 kilogrammes par<br />

hectare par année que ciblait le Programme de lutte contre<br />

les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans l’Est du Canada et qui a influé sur les<br />

limites <strong>des</strong> émissions fixées dans l’Accord Canada-États-Unis<br />

sur la qualité de l’air a été définie comme protégeant tous<br />

les lacs, sauf les plus sensibles. Au cours <strong>des</strong> années qui ont<br />

suivi, on a beaucoup approfondi les connaissances<br />

scientifiques, et le rapport d’évaluation de 1997 sur les<br />

<strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> présentait une série détaillée <strong>des</strong> valeurs <strong>des</strong><br />

charges critiques de dépôts aci<strong>des</strong> visant à protéger toutes<br />

les eaux de surface. Les charges critiques ont même été<br />

adaptées en fonction de certaines zones précises, <strong>des</strong><br />

valeurs plus faibles étant attribuées aux zones les plus<br />

sensibles, telles que le Sud de la Nouvelle-Écosse.<br />

CHAPITRE 6 : CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />

61


CE QUE VOUS POUVEZ FAIRE POUR AIDER À<br />

RÉDUIRE LES PLUIES ACIDES<br />

La production d’électricité est la deuxième plus<br />

importante source de polluants aci<strong>des</strong> au Canada. Les<br />

particuliers peuvent changer les choses en réduisant<br />

leur consommation d’énergie. Vous pouvez faire<br />

certains gestes simples :<br />

• Éteindre les lumières, les ordinateurs, les radios et les<br />

autres appareils lorsque vous ne vous en servez pas.<br />

• Utiliser <strong>des</strong> appareils et <strong>des</strong> ampoules<br />

éconergétiques.<br />

• En hiver, régler votre thermostat à 20 °C durant le<br />

jour (et 17 °C durant la nuit). L’été, le régler à 26 °C.<br />

• Isoler votre maison contre les courants d’air. Utiliser<br />

<strong>des</strong> coupe-bise autour <strong>des</strong> portes et <strong>des</strong> fenêtres.<br />

En utilisant moins votre véhicule, vous aidez aussi à<br />

réduire les polluants qui causent les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Essayez de prendre les mesures suivantes :<br />

• Faites du covoiturage, empruntez les transports en<br />

commun, marchez, courez ou faites du vélo.<br />

• Faites vérifier périodiquement le système de contrôle<br />

<strong>des</strong> émissions de votre voiture et assurez-vous que<br />

vos pneus sont gonflés à la bonne pression.<br />

• Tenez compte de la consommation de carburant lors<br />

de l’achat de votre prochain véhicule.<br />

Engagez-vous dans le dossier. Les particuliers peuvent<br />

lutter contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> en se renseignant<br />

davantage sur le problème et en agissant pour le régler.<br />

Faites <strong>des</strong> lectures sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> et apprenez à<br />

connaître le problème. Écrivez à votre député pour<br />

demander qu’on adopte <strong>des</strong> lois en conséquence.<br />

Il importe de comprendre l’importante contribution de la<br />

recherche scientifique à la politique sur les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>. Faites savoir à vos représentants élus que de<br />

bonnes connaissances scientifiques débouchent sur de<br />

bonnes politiques. Dites-leur que la recherche<br />

scientifique sur les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> doit se poursuivre afin<br />

d’en arriver à résoudre le problème <strong>des</strong> <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>.<br />

Les gouvernements ont réagi au besoin de<br />

réductions supplémentaires <strong>des</strong> émissions<br />

de SO 2<br />

. Les provinces de l’Ontario, du<br />

Québec, du Nouveau-Brunswick et de la<br />

Nouvelle-Écosse se sont engagées à <strong>des</strong><br />

réductions de 50 % par rapport aux<br />

plafonds fixés dans le Programme de lutte<br />

contre les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> dans l’Est du<br />

Canada. Le Québec, le Nouveau-Brunswick<br />

et la Nouvelle-Écosse se sont engagés à<br />

opérer une réduction de 50 % avant 2010<br />

tandis que l’Ontario s’est engagé à réaliser<br />

une réduction semblable avant 2015 (bien<br />

que l’Ontario ait proposé de procéder à <strong>des</strong><br />

consultations pour devancer la date limite<br />

de 2015 à 2010). La comparaison <strong>des</strong><br />

valeurs prévues <strong>des</strong> dépôts avec les calculs<br />

du Programme de lutte contre les <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong> dans l’Est du Canada de 1997<br />

indique que lorsque ces contrôles seront en<br />

place, les lacs seront complètement protégés<br />

dans les zones les moins sensibles, par<br />

exemple autour de Sudbury, en Ontario.<br />

Dans les régions très sensibles, telles que le<br />

Sud de la Nouvelle-Écosse, de 80 à 85 % <strong>des</strong><br />

lacs seront pleinement protégés tandis que<br />

de 15 à 20 % verront leur qualité s’améliorer<br />

sans pour autant revenir à leurs conditions<br />

d’origine. Il faudra attendre jusqu’à 2020-<br />

2030 pour vraiment déterminer l’efficacité<br />

<strong>des</strong> nouveaux contrôles <strong>des</strong> émissions.<br />

Toutefois, on estime que d’ici là, les effets<br />

<strong>des</strong> changements climatiques sur une foule<br />

de variables (telles que les précipitations, le<br />

ruissellement, les taux d’altération, la<br />

croissance de la végétation, la décomposition<br />

de la matière organique, etc.) pourraient<br />

masquer tout effet <strong>des</strong> dépôts aci<strong>des</strong>.<br />

62<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Préoccupations futures<br />

La dernière évaluation scientifique <strong>des</strong><br />

problèmes causés par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong> au<br />

Canada (Évaluation scientifique 2004 <strong>des</strong> dépôts<br />

aci<strong>des</strong> au Canada) affirme qu’on n’a pas encore<br />

observé le plein rétablissement <strong>des</strong> forêts et <strong>des</strong><br />

lacs. Certaines parties du Canada reçoivent<br />

toujours <strong>des</strong> niveaux dommageables de <strong>pluies</strong><br />

aci<strong>des</strong>, et même certaines régions où les<br />

émissions ont connu une réduction considérable<br />

ne récupèrent pas aussi vite que prévu. Entretemps,<br />

on craint de plus en plus que certaines<br />

régions de l’Ouest du Canada, auparavant<br />

épargnées par les <strong>pluies</strong> aci<strong>des</strong>, ne<br />

commencent à souffrir de l’augmentation <strong>des</strong><br />

niveaux de polluants engendrée par un<br />

développement économique rapide. On craint<br />

aussi que l’augmentation <strong>des</strong> émissions de NO X<br />

et de SO 2<br />

en provenance de l’Ouest du Canada<br />

n’ait <strong>des</strong> effets néfastes sur les écosystèmes en<br />

aval, dans l’Est du pays. Ces constatations<br />

illustrent l’importance de réduire les émissions<br />

au-delà <strong>des</strong> cibles actuelles, tout en améliorant<br />

sans cesse les travaux scientifiques et les<br />

activités de surveillance pour suivre et évaluer<br />

les réactions de l’écosystème.<br />

Les scientifiques ont mis l’accent sur les deux<br />

gran<strong>des</strong> préoccupations suivantes en ce qui a<br />

trait à la justification de l’imposition de<br />

contrôles plus rigoureux aux émissions aci<strong>des</strong> :<br />

la perte <strong>des</strong> cations basiques dans les bassins<br />

hydrographiques boisés, et le dépôt et la<br />

saturation d’azote. Ces deux facteurs limitent<br />

le niveau de rétablissement possible dans l’Est<br />

du Canada. On pense qu’il serait possible<br />

d’éliminer ces deux préoccupations en<br />

réduisant davantage les émissions que ce que<br />

prévoient les actuels engagements.<br />

Perte de cations basiques dans les<br />

bassins hydrographiques boisés<br />

Comme nous l’avons indiqué ci-<strong>des</strong>sus, les sols<br />

doivent pouvoir compter sur un<br />

approvisionnement abondant en cations<br />

basiques (p. ex. calcium, magnésium et<br />

potassium) pour neutraliser les effets <strong>des</strong><br />

apports aci<strong>des</strong>. La perte graduelle de ces<br />

tampons dans une zone peut se faire<br />

naturellement en raison de l’altération et <strong>des</strong><br />

processus dans le sol. Toutefois, depuis 50 ou<br />

60 années, les dépôts aci<strong>des</strong> anthropiques ont<br />

accéléré la perte de cations basiques,<br />

particulièrement du calcium, dans les sols <strong>des</strong><br />

zones déjà sensibles aux dépôts aci<strong>des</strong>. Cette<br />

perte de cations basiques réduit la capacité du<br />

sol de neutraliser les apports aci<strong>des</strong> futurs,<br />

rendant ainsi la zone plus sensible aux dépôts<br />

aci<strong>des</strong>. On a relevé certains cas où les lacs<br />

continuaient de s’acidifier malgré une baisse<br />

<strong>des</strong> dépôts de sulfate, en partie parce que le<br />

taux de déclin de cations basiques dépasse le<br />

taux de déclin du sulfate.<br />

De plus, si la pluie acide ne se neutralise pas<br />

dans le sol, elle finira par se retrouver dans les<br />

lacs et les cours d’eau avoisinants, où elle<br />

CHAPITRE 6 : CE QU’IL RESTE À FAIRE<br />

63


capacité <strong>des</strong> bassins hydrographiques de<br />

neutraliser les dépôts aci<strong>des</strong> diminue aussi.<br />

La perte de cations basiques, particulièrement<br />

le calcium, à partir de bassins hydrographiques<br />

boisés dans l’Est du Canada et aux É.-U. est<br />

généralisée. Ce problème menace la durabilité<br />

à long terme <strong>des</strong> forêts et ralentit le<br />

rétablissement <strong>des</strong> lacs et <strong>des</strong> forêts. Afin de<br />

rétablir les écosystèmes, le niveau <strong>des</strong> dépôts<br />

aci<strong>des</strong> devrait diminuer au point où les apports<br />

de cations basiques au sol dus à l’altération de<br />

la rochemère et aux dépôts seraient égaux ou<br />

supérieurs à la perte de cations basiques par le<br />

lessivage acide ou d’autres processus (c.-à-d.<br />

n’excédant pas la charge critique du sol).<br />

Dépôt et saturation d’azote<br />

portera atteinte à la vie aquatique. La<br />

déplétion survient lorsque les cations basiques<br />

sont déplacés du sol par les dépôts aci<strong>des</strong> à un<br />

rythme supérieur à celui auquel ils peuvent<br />

être remplacés par la lente décomposition <strong>des</strong><br />

roches ou le dépôt de cations basiques à partir<br />

de l’atmosphère (les cations basiques peuvent<br />

être émis dans l’atmosphère sous forme de<br />

particules à partir de processus naturels, tels<br />

que l’érosion du sol ou le transport du sel de<br />

mer, et d’activités humaines, telles que <strong>des</strong><br />

procédés industriels et la combustion de<br />

combustibles). Cette déplétion <strong>des</strong> cations<br />

basiques entrave la capacité de récupération<br />

<strong>des</strong> sols sensibles. Par conséquent, lorsque<br />

l’acidité <strong>des</strong> dépôts elle-même diminue, la<br />

En règle générale, les forêts sont capables<br />

d’absorber plus d’azote pour leur croissance<br />

que ce qui est disponible dans le sol. Plusieurs<br />

étu<strong>des</strong> récentes laissent toutefois entendre que<br />

dans certaines régions, les dépôts de nitrate<br />

font augmenter les quantités d’azote dans le<br />

sol au-delà de ce que peut absorber la forêt<br />

(comme nous l’avons signalé ci-<strong>des</strong>sus, les<br />

émissions d’azote n’ont pas diminué<br />

considérablement à l’échelle du pays et ont<br />

même augmenté dans certaines régions).<br />

Lorsque cette « saturation d’azote » survient,<br />

l’azote, sous forme de nitrates, peut être lessivé<br />

et acidifier les eaux de surface à proximité.<br />

Une augmentation du lessivage <strong>des</strong> nitrates<br />

augmente aussi le taux de lessivage <strong>des</strong> cations<br />

basiques, ce qui annule les bénéfices de la<br />

réduction <strong>des</strong> émissions de SO 2<br />

.<br />

64 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


RÉFÉRENCES<br />

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Environnement Canada, 2004, Évaluation<br />

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Environnement Canada, 2003, Les indicateurs<br />

environnementaux : La série nationale<br />

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Ottawa, Environnement Canada.<br />

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90 e Asssemblée annuelle de l’Ecological<br />

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Stratégie pancanadienne sur les émissions<br />

acidifiantes après l’an 2000 : Stratégie et<br />

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Toronto, <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>.<br />

Yap, D, N Reid, G DeBrou et R Bloxam, 2005,<br />

Transboundary Air <strong>Pollution</strong> in Ontario,<br />

Toronto, ministère de l’Environnement de<br />

l’Ontario.<br />

66<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES


Série d’abécédaires de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong><br />

<strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> a préparé une série d’abécédaires éducatifs sur <strong>des</strong> sujets ayant trait à l’environnement. Ces abécédaires visent<br />

à informer les Canadiens sur les enjeux environnementaux d’actualité en présentant les fondements scientifiques <strong>des</strong><br />

préoccupations, les solutions possibles et les outils stratégiques disponibles. Chaque abécédaire met l’accent sur ce que font et<br />

pourraient faire les gouvernements, les entreprises et les particuliers vis-à-vis de ces problèmes. La recherche et la rédaction <strong>des</strong><br />

abécédaires relèvent du directeur général de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong>. Avant leur publication, ils sont révisés par <strong>des</strong> scientifiques, <strong>des</strong><br />

responsables d’organisations non gouvernementales, <strong>des</strong> spécialistes de l’industrie, <strong>des</strong> décideurs et d’autres personnes qui<br />

connaissent les dimensions techniques de l’enjeu, pour s’assurer que les faits présentés sont exacts et qu’ils témoignent de<br />

l’état actuel <strong>des</strong> connaissances sur la question.<br />

Pour de plus amples renseignements, ou pour consulter les abécédaires en ligne, rendez-vous à notre site web à<br />

www.pollutionprobe.org/Publications/Primers.htm.<br />

Le Guide <strong>des</strong> changements climatiques pour les petites et<br />

moyennes entreprises (septembre 2006) explique les<br />

mesures que les entreprises peuvent prendre pour réduire<br />

leurs émissions de gaz à effet de serre et leurs frais<br />

d’énergie, ainsi que pour gérer les risques et les possibilités<br />

associés aux changements climatiques.<br />

L’Abécédaire <strong>des</strong> changements climatiques et de la santé<br />

humaine (avril 2004) décrit les effets que pourrait avoir une<br />

plus grande variabilité du climat sur la santé <strong>des</strong> Canadiens,<br />

fait le point sur les mesures prises par les gouvernements et<br />

l’industrie, et examine ce que peuvent faire les particuliers<br />

pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.<br />

Le Primer on Volatile Organic Compounds (octobre 2005)<br />

porte sur les principales sources de COV nocives pour la<br />

santé humaine; on y explique les mesures de contrôle à leur<br />

égard et l’on souligne ce que font les gouvernements et<br />

l’industrie pour réduire les niveaux de COV dans l’atmosphère.<br />

Ce qu’il faut savoir sur la santé <strong>des</strong> enfants et<br />

l’environnement (août 2005) offre une introduction aux<br />

facteurs qui influent sur la santé <strong>des</strong> enfants, explique<br />

pourquoi les enfants sont plus vulnérables que les adultes,<br />

et examine les effets sur la santé <strong>des</strong> enfants et les<br />

expositions préoccupantes à leur égard.<br />

Notion élémentaire sur les bioproduits (novembre 2004)<br />

donne un aperçu de la fabrication <strong>des</strong> bioproduits et<br />

souligne certains <strong>des</strong> problèmes que les technologies<br />

relatives aux bioproduits pourraient poser aux Canadiens.<br />

The Source Water Protection Primer (mai 2004) explique le<br />

cycle de l’eau, cerne les menaces aux sources d’eau, cible<br />

les bassins hydrographiques à titre d’unités de gestion<br />

idéales et définit les mesures à envisager lors de<br />

l’élaboration <strong>des</strong> plans locaux de protection <strong>des</strong> sources d’eau.<br />

Le Emissions Trading Primer (novembre 2003) explique les<br />

concepts qui sous-tendent l’échange de droits d’émission,<br />

décrit son fonctionnement, et présente <strong>des</strong> exemples et <strong>des</strong><br />

étu<strong>des</strong> de cas.<br />

L’ABC <strong>des</strong> technologies de l’énergie renouvelable<br />

(septembre 2003) explique le concept de l’énergie<br />

renouvelable et la justification d’un passage, en matière de<br />

production d’énergie, vers <strong>des</strong> sources moins polluantes et<br />

produisant moins de gaz à effet de serre.<br />

Mercury in the Environment: A Primer (juin 2003) donne un<br />

aperçu du cycle du mercure, <strong>des</strong> rejets dans<br />

l’environnement, du transport et du dépôt de par le monde,<br />

et de l’absorption et de l’accumulation du mercure dans la<br />

chaîne alimentaire.<br />

The Drinking Water Primer (juin 2002) examine les deux<br />

sources d’eau potable — eau souterraine et eau de surface —<br />

et la mesure dans laquelle les Canadiens en dépendent.<br />

L’Abécédaire du smog (juin 2002) explique ce que sont le<br />

smog et les polluants qui le causent, et met en relief les<br />

principales sources de ces polluants (c.-à-d. les transports et<br />

la combustion de combustibles fossiles pour produire de<br />

l’énergie).<br />

Tous les abécédaires de <strong>Pollution</strong> <strong>Probe</strong> sont offerts à 20 $ l’exemplaire, frais de poste en sus<br />

(Canada 2,50 $, É.-U. 4,50 $, international 10,50 $).<br />

L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES 67


BUREAU DE TORONTO<br />

625, rue Church<br />

Bureau 402<br />

Toronto (Ontario)<br />

Canada M4Y 2G1<br />

Téléphone : 416-926-1907<br />

Télécopieur : 416-926-1601<br />

BUREAU D’OTTAWA<br />

63, rue Sparks<br />

Bureau 101<br />

Ottawa (Ontario)<br />

Canada K1P 5A6<br />

Téléphone : 613-237-8666<br />

Télécopieur : 613-237-6111<br />

www.pollutionprobe.org<br />

68 L’ABÉCÉDAIRE DES PLUIES ACIDES

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