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Francis Wurtz<br />
J’ajoute : l’inverse est tout aussi vrai. Les mobilisations sociales seules ne<br />
suffisent pas à faire basculer les rapports des forces. Il n’y a pas de lien mécanique<br />
entre la puissance d’une manifestation devant le Parlement et le résultat<br />
du vote des parlementaires. Changer la donne en Europe exige une construction<br />
dans la durée faite de luttes sociales, de bataille d’idées et d’interventions<br />
politiques, depuis le « terrain » jusqu’aux institutions.<br />
Ce qui a fait la force de l’irruption citoyenne extraordinaire de la campagne<br />
pour le référendum de 2005 en France, c’est qu’elle a intégré tous ces niveaux<br />
d’intervention. Je rappelle que le point de départ de ce mouvement a eu lieu<br />
au Parlement européen, le 3 septembre… 2003, sous la forme d’une opposition<br />
argumentée à M. Giscard d’Estaing – venu présenter le projet de traité<br />
constitutionnel issu de la « Convention » qu’il a présidée – de la part du groupe<br />
GUE/NGL, seul face à la « standing ovation » alors réservée au « père de la<br />
Constitution » par une assemblée subjuguée. Cette révélation de « la face cachée<br />
de la Constitution » fut diffusée à plusieurs millions d’exemplaires dans<br />
le pays par un parti – en l’occurrence le PCF – convaincu de la justesse de cette<br />
cause et suffisamment organisé pour s’adresser largement à la population.<br />
Les plus politisés de nos concitoyens s’en saisirent ainsi que de plus en plus<br />
d’organisations de gauche pour une fois unies. Un débat s’engagea, qui fit<br />
boule de neige. Des progressistes d’autres pays européens y prirent part. C’est<br />
l’illustration par excellence de cette « nouvelle façon de faire de la politique »<br />
seule apte, à nos yeux, dans la durée, à changer l’Europe.<br />
Les grands axes de notre identité de gauche<br />
Naturellement, les formes que peut prendre cette mobilisation citoyenne articulée<br />
à l’activité politique et parlementaire varient d’un pays à l’autre et aussi<br />
d’un thème à l’autre. La gauche aux Pays-Bas ou en Irlande a sa propre expérience<br />
victorieuse sur le traité. En Italie et en Allemagne, elle a réussi des mobilisations<br />
extraordinaires sur le thème de la paix. En Autriche, elle avait impressionné toute<br />
l’Europe par sa résistance à Haider. Dans les pays nordiques, elle a réussi à donner<br />
à l’écologie ou encore au féminisme une place de premier plan…<br />
Pour un groupe comme le nôtre, le but est dès lors de tenter de mutualiser<br />
ces expériences pour construire ensemble une identité de gauche forte, transcendant<br />
les partis membres et, le cas échéant, dépassant leur positionnement<br />
spécifique. S’il fallait mettre un accent particulier sur quelques grands axes de<br />
cette « identité GUE/NGL », j’évoquerais : le social, l’écologie, le féminisme,<br />
la solidarité, la démocratie et les droits humains, la paix.<br />
Le social<br />
Nous agissons pour une construction européenne qui mette au cœur de son<br />
ambition, de sa finalité, les hommes et les femmes, leur égalité, la promotion