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SPORT EXTRÊME
FMX ET BMX...
Claire Buart
Photos J.-M. Favre
Sur terre, sur mer
ou dans les airs,
l’homme n’en finit
pas de repousser
les limites. Rouler,
glisser, décoller…
Avec des disciplines
aériennes
comme le FMX, le
BMX ou même le
jet à bras, l’homme
prouve en tous les
cas qu’il peut tout
faire voler. Seul
mot d’ordre: «Envoyer
du gros», autrement
dit réaliser
une figure spectaculaire,
inédite,
énorme… Alors,
accrochez-vous
pour une leçon
acrobatique.
LES FOUS DU GUIDON
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Légendes photos page 1
1) Rider X pendant les X-Games.
2) Rider Mat Rebeaud backflip onehand pendant le Zurich Freestyle.ch 2005.
3) Christophe Morera dans le Colorado du Lubéron.
4) Eric Forney onefoot onehand en démo sur le lac de Tignes.
Légendes photos page 2
Jason Boron pendant le snowcross des X-Games à Aspen, CO.
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Chute aux X-Games.
Pendant les X-Games 2006.
Rodéo pendant les Tignes Airwawes 2006.
Eric Forney snowhawk backcountry à Tignes.
Eric Forney durant les Tignes Airwawes.
Culture free
Tout démarre vraiment
dans les années 1970. Le
contexte géopolitique inspire
une génération qui revendique
des valeurs et un
style de vie. Des beatniks
aux premiers surfers californiens,
être nomade devient
philosophique… Le
mouvement hippie fait la
part belle à tout ce qui est
contre-culture. Les sports
extrêmes incubent dans cet
état d’esprit contestataire
du just for fun. Etre
free s’impose alors dans
une société où pointent les
premières controverses écologiques.
Les sports extrêmes
comme le surf et le ski
à l’époque (on parle de free
ride) contrastent avec des
sports plus classiques pratiqués
dans des stades bétonnés
et se réclament d’un
contact avec une nature
vierge et rebelle. En effet, la
confrontation aux éléments
et le danger potentiel de
cette fusion entre rider et
nature est propre aux sports
extrêmes. Pourtant, si ce
monde free carbure à
l’adrénaline et aux sensations,
il en mesure aussi les
risques. Associer l’extrême
à l’inconscience, c’est nier
l’engagement physique et
mental que supposent ces
disciplines et du coup réduire
ceux qui les pratiquent
à une bande de suicidaires!
Rider, au contraire
c’est vivre à 200% et pas
comme les autres.
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Manu Troux pendant le show final des Tignes Airwawes 2006.
Nate Adams
en tsunami au Freestyle.ch 2006.
Manu Troux, tsunami seatgrab pour le coup
de pied à la lune aux Tignes Airwaves.
Nate Adams en tsunami audessus
de la station de Tignes le Lac.
Julien Dupond trial FMX pour survoler le domaine de Val-d’Isère.
En shaolin lazy, Zurich Freestyle.ch.
Aujourd’hui, le terme
«sports alternatifs» renvoie
à des dérivés de disciplines
traditionnelles. Aux
côtés de disciplines presque
classiques que sont le
skiercross (ou boardercross,
parcours à skis ou
snowboard dans lequel les
riders doivent jouer des
coudes pour être le premier
en bas), le half pipe
(demi-tube de neige inspiré
d’une rampe de skateboard),
le big-air (énorme
tremplin) ou le slopestyle
(épreuve polyvalente
consistant à enchaîner les
tricks ou figures sur différents
modules), d’autres
disciplines viennent défier
les lois de la gravité sur
terre comme sur mer. Et
dans le genre croisement
entre Mad Max et Icare, les
candidats ne manquent
pas. Les stations de ski
l’ont d’ailleurs bien compris
et c’est à celle qui dégainera
son «event le plus
Xtrèm», à grand renfort
d’investissement dans des
modules ou des
walls (murs). Et pour ceux
qui pensaient que Superman
n’était qu’un super
héros en collant moulant,
des disciplines comme le
FMX, ou le BMX viennent
quelque peu revisiter le
mythe… Mais éclairons
tout d’abord ces consonnes
très free style. Le FMX
consiste à faire des sauts
en moto sur un parcours
naturel ou matérialisé.
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Gomart Jonathan Backflip
pendant les Tignes Airwaves.
Sequera Lionel
high cliff jump dans le
Colorado du Lubéron.
En VTT au centre de Montpellier.
Florent Ravoir,
high cliff jump près
de Rustrel, Lubéron.
Fourcross pendant les Tignes Airwaves,
Karim Amour en tête.
Cabiac Cyril, BMX Tignes Airwaves.
Saut périlleux, superman
no grab: avec des tricks
impressionnants, les bad
boys supermotards n’ont
peur de rien et surtout pas
d’aller déranger les oiseaux.
Le BMX (ou dirt)
est un dérivé du VTT dont
l’objectif est de rester le
moins de temps possible…
sur terre. Avis aux amateurs…
Mais se contenter
de faire voler de vulgaires
«motos» et «vélos» serait
trahir l’esprit free et ce
serait brider la liberté de
voler…
Pourquoi se priver d’envoyer
dans les airs des
quads, des scooters des
neiges et des jet skis La
complexité des figures nécessite
bien entendu des
engins adaptés, et les disciplines
s’inspirent les
unes des autres pour optimiser
les machines. Certains
guidons par exemple
pivotent complètement sur
eux-mêmes, permettant
ainsi des contorsions surréalistes
où riders et engins
s’associent et se dissocient
dans des ballets acrobatiques.
On l’aura compris, amateurs
s’abstenir. Ne devient
pas oiseau métallique
qui veut. Car derrière
la dimension esthétique,
c’est la performance physique
qu’il faut saluer. Celle
de vrais sportifs qui refusent
simplement d’avoir
tout le temps «la tête dans
le guidon».
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Eric Forney, back-flip no hand dans les vagues d’Hossegor.
Un superbe nothing de runabout à Anglet.
Eric Forney vole au-dessus de
Pierre Maixent et de Tignes Val-Claret.
ERIC FORNEY
L’homme volant
Interview
Précurseur du jet free ride
en Europe, Eric Forney est
connu pour inventer de
nouvelles figures et surtout
aller très haut. Il a été le premier
Européen à passer le
back-flip en jet à bras en
2000 puis le back-flip no
hand et no foot. Il reste le
seul à pouvoir passer la très
compliquée carlatricks (de
nom de sa fille Carla), cumul
de trois figures et de
transfert de masse. Organisateur
du championnat du
monde depuis quatre ans, il
prend le guidon cette année
du championnat d’Europe.
Comment êtes-vous venu
à cette discipline
E.F.: Je faisais beaucoup de
moto, d’enduro et puis un
jour j’ai testé le jet et ça a été
le coup de foudre. Tout simplement!
Pierre Maixent en back-flip one foot, Anglet.
Gilles Beurnier en back-flip no hand.
Shaolin.
Vrille no hand.
Avec quels engins passezvous
les figures
E.F.: Les jets sont adaptés
(renfort de la coque, modification
du moteur, etc.). On
ne se lance pas dans les vagues
avec n’importe quelle
machine. Le jet à bras pèse
150 kg, le scooter des mers
ou jet ski, 250 kg (on atteint
des pointes à 140 km/h avec
celui-ci) et la moto des neiges
pèse environ 160 kg. On
peut sauter des vagues aussi
bien avec un jet à bras où
l’on est debout qu’avec un
jet ski où l’on est assis.
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Comment aborde-t-on une
vague
E.F.: Il faut lire la vague, c’està-dire
savoir quand elle va
s’ouvrir ou se fermer et si elle
va s’ouvrir sur la droite ou sur
la gauche. Quand on saute
une vague de 4 ou 5 mètres de
haut, on décolle à 7 mètres.
Quelle est votre plus grosse
vague
E.F.: Sept mètres à Hossegor.
Enorme!
Avez-vous peur parfois
E.F.: J’ai des appréhensions
mais pas peur. Quand je suis
sur ma machine, je ne pense
plus à rien. J’ai la tête dans le
guidon et je me fais plaisir.
L’adrénaline, les sensations.
C’est le pied.
Comment cela se passe-t-il
en compétition
E.F.: On a huit minutes pour
passer le plus de vagues possible.
Les épreuves se courent
deux par deux. Cinq personnes
évaluent les riders sur la
technique, l’amplitude, le
style.
Y a-t-il des femmes dans ce
milieu
E.F.: Oui! Ma douce,
Virginie Charlet,
double championne
du monde de
jet free ride 2004 et 2005 et
double championne de
France 2004/2005. Elle passe
le back-flip et la vrille. Elle a
été la première femme à exécuter
ces figures.
Quelle figure voudriez-vous
passer que vous n’avez
jamais faite
E.F.: Le snowhawk en motoneige.
Personne ne l’a encore
fait. Faut voir…
Eric Forney en vrille one foot.
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