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CORALIE RAMON<br />
Il y a copie et copie<br />
Pour avoir à petit prix le dernier Chanel à la mode, vous pouvez, bien sûr, prendre le<br />
premier vol pour Shanghai. Vous y trouverez sans trop de difficultés les pièces des<br />
collections les plus récentes, plus ou moins bien imitées, mentionnant même le<br />
créateur ou la marque. Le hic, c’est que c’est illégal. La solution Attendre que H&M,<br />
Zara ou autre enseigne de fast fashion sorte un modèle plus ou moins similaire à celui<br />
des derniers défilés. Car, oui, ces copies-là peuvent être autorisées. «Dans la loi, il<br />
existe en effet une zone grise qui permet ce genre de pratiques. Car, même s’il est<br />
limité par le droit d’auteur par exemple, le principe de base reste la liberté de la<br />
copie», explique Alexis Hallemans, avocat chez CMS DeBacker, précisant que certaines<br />
enseignes bien connues ont intégré la liberté de copier à leur business model.<br />
De la copie à la contrefaçon<br />
Mais qui dit zone grise dit matière à interprétation. Quand la copie se transformet-elle<br />
en contrefaçon «On peut copier. Mais il faut retrouver sur le modèle des<br />
éléments qui diffèrent substantiellement de l’original dans les yeux du consommateur<br />
moyen», précise Alexis Hallemans. Le cabinet d’avocats a notamment<br />
représenté le fabricant de jeans G-Star contre le géant suédois H&M au sujet de son<br />
modèle Elwood. «Le juge a d’abord examiné si le modèle en question était protégé,<br />
ce qui était le cas, puis il a essayé de voir si la copie se différenciait assez de l’original.»<br />
Verdict Quatre des cinq éléments propres au jeans de G-Star se retrouvaient sur<br />
celui de H&M: le juge a donc condamné le géant de la fast fashion, qui a interjeté appel.<br />
Verdict en octobre.<br />
Quelles sanctions<br />
Les sanctions encourues en cas de contrefaçon sont d’une part la cessation immédiate<br />
de la vente du stock restant dans les rayons et d’autre part la reprise de la gamme<br />
incriminée auprès du consommateur. Mais l’entreprise peut aussi être condamnée à<br />
des dommages et intérêts. Ceux-ci peuvent être de l’ordre du matériel (le profit manqué<br />
par le créateur). On calcule alors le nombre de vêtements copiés vendus et on rétrocède<br />
des royalties manquées (10% du prix de vente); ces sommes peuvent s’élever à des<br />
dizaines voire des centaines de milliers d’euros. Les dommages peuvent également<br />
être moraux. Ils correspondraient alors à une baisse de la réputation du créateur. Il<br />
faut alors compter avec des montants plus modestes, de quelques milliers d’euros.<br />
35<br />
NOUVEAUTÉS<br />
sont dessinées<br />
par Zara chaque<br />
semaine...<br />
et disponibles<br />
en boutique dans<br />
un délai de trois<br />
à cinq semaines.<br />
3CONDAMNATIONS<br />
pour contrefaçon<br />
en l’espace de deux<br />
ans en Belgique<br />
pour l’enseigne C&A,<br />
selon Alexis<br />
Hallemans, avocat<br />
chez CMS DeBacker.<br />
Faut-il changer le système<br />
«Il faut garder à l’esprit que, sans cette liberté de copie, plus personne ne créerait<br />
quoi que ce soit de peur d’être attaqué. Quelque part, le système fonctionne bien<br />
comme ça. On pourrait l’améliorer, bien sûr, en stimulant par exemple la collaboration<br />
entre ces entreprises et les créateurs qui donneraient leur accord pour la copie<br />
de certaines pièces de leur collection et recevraient en échange des royalties», prône<br />
Alexis Hallemans. Autre méthode déjà testée La collaboration entre les enseignes<br />
et les grands créateurs, inaugurée par Karl Lagerfeld (Chanel) pour H&M en 2004.<br />
Suivi depuis par Viktor & Rolf, Sonia Rykiel ou encore Versace.<br />
Où copier/coller cet été<br />
Pour s’habiller trendy à prix mini cet été, les hommes opteront pour le look «loup de<br />
mer» façon Louis Vuitton, pour l’imprimé militaire repéré sur les catwalks chez Valentino<br />
et Dries Van Noten ou encore pour l’option color-block style Ferragamo. Les femmes<br />
pencheront, elles, pour les imprimés optiques (damier, lignes verticales, etc.) façon<br />
Vuitton et Marc Jacobs. En matière de mode, copier n’est pas (toujours) tricher...<br />
ISOPIX<br />
1791<br />
L’ANNÉE<br />
au cours de laquelle<br />
le décret d’Allarde,<br />
déterminant la liberté<br />
de copie, a été adopté.<br />
WWW.TRENDS.BE | 7 FÉVRIER 2013 69