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2 MERCREDI<br />
BREST DOSSIER<br />
19 DÉCEMBRE 2012 - SEPT JOURS À BREST<br />
SI LES MAYAS ONT RAISON, LES CONSEILS D<br />
LA SURVIE, ILS C<br />
Bon, autant vous le dire<br />
tout de suite, la fin du<br />
monde, on n’y croit pas<br />
vraiment. Mais<br />
admettons : le<br />
21 décembre, les Mayas<br />
ont raison, une météorite<br />
s’abat sur <strong>Brest</strong>. Tout est<br />
pulvérisé, sauf vous,<br />
heureux veinard.<br />
Maintenant, il va falloir<br />
survivre. Alors gardez<br />
bien ce journal sous le<br />
bras, car deux<br />
aventuriers brestois vous<br />
expliquent comment s’en<br />
sortir. Eux n’y croient<br />
pas, à cette catastrophe.<br />
Mais la vie, seul au<br />
monde et en milieu<br />
hostile, ils connaissent.<br />
Photos 1 et 5 Julien Cabon. Photos 2, 3 et 4 desilesusions-lefilm.com<br />
1<br />
2<br />
4<br />
Et après...<br />
La preuve qu’ils ne croient<br />
pas à la fin du monde, Aurel<br />
Jacob et Alan Le Tressoler ont<br />
des projets pour 2013. Le<br />
premier partira avec la même<br />
bande pour un nouveau trip<br />
intitulé « Lost in the swell ».<br />
L’idée Construire un<br />
trimaran éco-conception et<br />
partir à la recherche des<br />
dernières vagues vierges<br />
bretonnes. Le second prépare<br />
actuellement son bateau au<br />
port du château et compte se<br />
laisser enfermer dans les<br />
glaces arctiques cet été.<br />
CV de nos survivants. Alan Le Tressoler<br />
a commencé par des « week-ends » solitaires<br />
dans le pays nantais « juste pour<br />
le trip ». Il a ensuite encadré des expéditions<br />
scientifiques pendant deux ans au<br />
Spitzberg (tout au nord de l'Europe)<br />
avant de partir pour l'expédition Pôle<br />
Nord 2012 avec son compère Julien<br />
Cabon. Trois semaines en autarcie, seuls<br />
sur la banquise. Autre délire pour Aurel<br />
Jacob. Le <strong>Brest</strong>ois est parti avec deux<br />
potes début 2010 sur une île déserte au<br />
beau milieu de l’océan Indien. L’aventure<br />
s’appelait « Des îles usions » et consistait<br />
à surfer et survivre pendant un<br />
mois. « On avait 70 litres d’eau, pas<br />
d’électricité, aucun moyen de communication.<br />
Au final, il a surtout été question<br />
de survie ».<br />
Conseil nº 1 : rassembler son équipement.<br />
Vous avez cinq minutes pour vous<br />
équiper, qu’est-ce que vous emportez <br />
Premièrement, le couteau. « Pas un couteau<br />
de cuisine, précise Alan. Un vrai<br />
couteau pour tailler des branches, vider<br />
des poissons... ». Ou « pour se frayer un<br />
chemin en forêt et se défendre », ajoute<br />
Aurel qui reprendrait le même coupecoupe<br />
qu’il avait sur son île. Le hamac,<br />
ensuite, on n’y pense pas forcément.<br />
« Mais tu peux le tendre partout et ça te<br />
permet de dormir à l’abri des fourmis ».<br />
Autre objet indispensable et pas forcément<br />
évident : la casserole. « Pouvoir faire<br />
bouillir de l’eau, c’est vraiment un<br />
luxe », assure Aurel. « Même si t’as<br />
froid, tu t’en passes un peu sur la nuque,<br />
et ça va mieux », ajoute Alan. Après, chacun<br />
a ses petits trucs. Alan conseille le<br />
filet de pêche et la loupe. « Avec un peu<br />
de luminosité et des feuilles sèches, on<br />
arrive facilement à faire du feu». Et si<br />
tout est humide «Tu glisses les feuilles<br />
contre ton corps pendant la nuit et ce<br />
sera bon au réveil ». Aurel, lui, place la<br />
trousse de secours en priorité. « Avec le<br />
matos pour se recoudre et de quoi assurer<br />
un minimum d’hygiène de vie. La<br />
moindre coupure, si elle s’infecte, peut<br />
être fatale ».<br />
Conseil nº 2 : établir son camp de base.<br />
« Si tu veux survivre, rapproche-toi de<br />
l’eau, conseille Alan. Il est beaucoup<br />
plus simple de se nourrir à proximité de<br />
la mer ou d’une rivière. Rien qu’en traînant<br />
sur trois mètres un filet à plancton,<br />
tu récupères une bouillie très nourrissante».<br />
Une fois le lieu trouvé, il faut résoudre<br />
la question de l’eau potable. « Sans,<br />
tu ne tiendras que quelques heures »,<br />
assure Aurel. L’eau de pluie peut suffire<br />
dans un premier temps. « Un tuyau<br />
découpé en guise de gouttière et une<br />
bouteille en plastique pour la récupérer<br />
» et le tour est joué. « L’idéal est<br />
quand même d’avoir une pompe pour la<br />
filtrer », précise Aurel. C’est tout Non.<br />
Il faut penser à l’abri. « Sec et à proximité<br />
d’une source de chaleur, poursuit<br />
Aurel. Y’a rien de plus horrible qu’une<br />
nuit dans le froid sous la pluie ». « Tu ne<br />
dors pas ou très mal, enchaîne Alan.<br />
Résultat : tu es trop fatigué pour faire<br />
quoi que ce soit pendant la journée ».<br />
Conseil nº 3 : améliorer son confort.<br />
L’essentiel est assuré. Le reste s’apprendra<br />
sur le tas. Comme la chasse, « un<br />
vrai métier » pour Alan, ou la pêche<br />
sous-marine, qu’a découvert Aurel. « Au<br />
début, c’était difficile. Il m’a fallu trois<br />
<strong>jours</strong> pour ramener du poisson intéressant<br />
». Et vous pourrez aussi améliorer<br />
votre habitat. Aurel et ses potes ont<br />
commencé petit. « Puis on a construit<br />
un hamac supplémentaire pour sécher<br />
nos fringues. On s’est fait des tabourets<br />
avec un tronc, j’ai construit un puits, on<br />
a stocké le bois au sec... ». Confort futile<br />
« Pas du tout. Ces petits trucs permettent<br />
d’être plus reposé et de consacrer<br />
du temps à l’essentiel ». Genre surfer<br />
Si c’est vraiment la fin du monde,<br />
vous pourriez bien avoir de belles<br />
vagues pour vous tout seul.<br />
FABRICE POULIQUEN<br />
ET VINCENT LASTENNET