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Le jeu des formes est indissociable du travail de l'architecte. Ce
travail a souvent été au service de pouvoirs politiques ou religieux,
pour affirmer une grandeur, et la pérenniser, bien après la mort du
commanditaire. Aujourd'hui, cette relation demeure. Elle se conjugue
toutefois plus nettement avec des problématiques économiques,
urbaines et sociétales (Venturi & alii, 1972), par delà la symbolique
de visibilisation du pouvoir par le projet architectural ou urbain.
Le désir de modernité perpétuellement réaffirmé (Haëntjens, 2010)
intéresse également des territoires marginalisés construisant des
stratégies pour s'insérer dans des espaces ou des réseaux à dynamique
forte.
Architecture, urbanisme
et compétition mondiale
Les éléments architecturaux et urbanistiques
sont intégrés aux logiques de compétition
spatiale. Le but, pour les acteurs
locaux, est de faire prévaloir leur territoire
d'action tout en se distinguant des
espaces concurrents (Ward, 1998 ;
Krueger & Gibbs, 2007). Dans ce cadre, il
ne s'agit plus uniquement d'affirmer un
pouvoir, un âge d'or matérialisé par une
œuvre, mais aussi d'attirer les regards… et
les investissements, avec, si possible, un
rayonnement le plus large possible dans
un monde toujours plus interdépendant
(Sassen, 2007). Il en est ainsi de la course
à la verticalité, par exemple, avec des
immeubles de plus en plus hauts, des
tours Petronas de Kuala-Lumpur à la tour
Burj Khalifa de Dubaï en passant par
Taipei 101. L'architecture et l'urbanisme
sont, de facto, des paramètres essentiels
des enjeux de commandement spatiaux
répondant à une logique de l'infini, du
dépassement perpétuel.
En conséquence, les œuvres s'imposent
comme des monuments identitaires d'une
ville, voire d'une nation ; ce n'est pas forcément
nouveau pour certains lieux mais le
phénomène a pris une autre ampleur, et
concerne des espaces de poids et de rangs
très variés. Ces espaces et ces villes à la
recherche d'une modernité visible et
renouvelée s'inscrivent dans un désir
quasi permanent d'avant-garde. L'idée est
de rester visible, d'imprimer les mémoires
collectives, en créant les événements ou
en les saisissant, tout particulièrement
s'ils sont labellisés (Jeux olympiques,
expositions internationales, …). Drainer
durablement visiteurs et investisseurs et,
surtout, laisser des témoignages, urbains
et architecturaux, de ce moment de consécration
assurent une notoriété durable.
Plus largement, cette volonté s'exprime de
différentes manières : ce sont, entre autres,
des transformations urbanistiques à grande
échelle (Shanghaï) ou des projets et des
positionnements originaux comme à Abu
Dhabi.
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