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colloque international
Des enjeux encore plus
prégnants pour les espaces
en marge
Pour les espaces marginalisés, les enjeux
sont encore plus vitaux,quand ils souhaitent
s'intégrer, ou se réintégrer, à la dynamique
d'une zone à croissance forte.
Ces espaces sont des territoires en marge
des zones de développement centrales.
Leur croissance n'a pas été suffisamment
forte et ils se sont retrouvés progressivement
en décalage, prenant un retard
cumulatif. Le manque d'adaptation aux
nouvelles réalités économiques se caractérise
par un repli sur des savoir-faire ou
des productions obsolètes. Les nouvelles
formes de production et de concurrence
s'imposent pourtant rarement brutalement.
C'est probablement la raison pour laquelle
les acteurs locaux ne perçoivent pas, ou
perçoivent mal, et sous-évaluent le risque.
Or, dans ce cadre, la modernité ne souffre
guère de retard, de représentations datées
ou de stratégies politiques contradictoires.
Les occasions manquées, les mauvais
choix, la peur du changement conduisent
finalement à l'exclusion spatiale.
Cette exclusion spatiale se traduit souvent,
avec une temporalité variable, par des
formes de marginalité, allant jusqu'à du
fatalisme ou du malthusianisme politique
et économique (Chignier-Riboulon, 2007).
Confrontés à de tels processus, des acteurs,
peu nombreux dans un premier temps, tendent
à tenir un discours d'avant-garde. Ces
avant-gardistes ont une aptitude à percevoir
les besoins locaux, à les révéler et à
comprendre les évolutions nécessaires
pour y adapter leur territoire (Bloch-Lainé,
in Parodi, 1998). Ces différentes étapes
d'une évolution, rapidement décrites ici,
sont néanmoins beaucoup plus difficiles à
mettre en œuvre qu'à écrire, les résistances,
protéiformes, étant nombreuses.
Ces hommes sont pourtant à l'origine de
mouvements de résilience territorialisés.
Cette notion, aujourd'hui très développée
chez les psychanalystes et les psychologues,
en particulier par Boris Cyrulnik, est
désormais utilisée par d'autres disciplines.
Marie Anaut la définit comme la capacité
"à continuer à se projeter dans l'avenir en
dépit d'événements déstabilisants" (2005,
p. 34). Elle est "un processus dynamique
comprenant une adaptation positive dans le
cadre d'une adversité significative" (p. 47).
Dans cette perspective, les acteurs locaux
se doivent de faire preuve d'un engagement
encore plus important que dans les situations
où le portage économique est fort.
Pour reprendre les mots de Pierre Mauroy,
ancien maire de Lille, il faut "redonner
espoir et frapper fort les imaginations"
(2003, 10).
Le cas lillois est significatif (Giblin, 2005)
car,ici comme ailleurs,le processus de résilience
nécessite un engagement certain, et
pluriel. Il est ténacité car il faut convaincre
en premier lieu chez soi ; il est créativité et
durée. Il est aussi singularité et capacité à
faire savoir. Il est par ailleurs, finalement,
un pari sur l'avenir.
Dans ce cadre, Bilbao est régulièrement
présentée comme la quintessence de la
réussite, du moins en termes de visibilité,
avec le musée Guggenheim et ses effets
d'entraînement. La stratégie déclinée ne
se résume donc pas à un équipement à
l'architecture symbolique ; le renouveau
passe par une conjugaison de moyens
opérant sur un temps plutôt long. Ainsi,
Roubaix a additionné un dispositif Zone
franche, une revitalisation du commerce,
une ligne de métro VAL à la redéfinition
de son centre-ville avec, entre autres, la
conversion de l'ancienne piscine art déco
en musée de l'art et de l'industrie.
Néanmoins, changer l'urbain ne métamorphose
pas mécaniquement la ville, et
Roubaix reste une commune à la population
très pauvre, malgré les contrastes sociaux
(entre l'Alma et Barbieux, par exemple). Le
processus n'est donc pas terminé. S'il réussit
il conduira à une gentrification ou, plus
sûrement, à une nouvelle fragmentation
sociale et spatiale (Zukin, 1989 ; Authier,
Bidou-Zachariasen, 2008 ; Lees, Ley, 2008).
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