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A<br />
À LA BONNE HEURE<br />
MATTHIEU MARCHAL<br />
#I<br />
08.00 / Ólafur Arnalds<br />
– Living Room Songs (2011)<br />
Durant une semaine, Ólafur Arnalds a composé<br />
une chanson par jour dans son salon, et<br />
chaque jour cette nouvelle composition était<br />
disponible gratuitement sur le web. C’était<br />
il y a quelques années maintenant, mais les<br />
sept titres finalement réunis dans l’album<br />
gardent ce quelque chose de très temporel<br />
et résistent à la disparition de son concept.<br />
Chaque piste résulte de sa propre combinaison<br />
aléatoire quotidienne : la lumière,<br />
le temps, l’humeur, la qualité du sommeil,<br />
les gens que l’on croise, les images qui ont<br />
retenu notre attention, avec constamment<br />
en filigrane l’empreinte du salon, du confort<br />
d’être chez soi. L’autorisation de relâcher les<br />
épaules. Si c’est le piano qui dans les premières<br />
notes capte notre attention, doucement,<br />
celui-ci se dissipe - ou plutôt se dilue,<br />
dans de plus grandes évocations : les instruments<br />
à cordes qui chauffent implicitement<br />
comme le poing se serre ou les larmes qui<br />
menacent de se déverser, et les manipulations<br />
électroniques qui faussent le rythme<br />
cardiaque, qui détournent la pensée. Doucement<br />
pris et doucement relâchés, Living<br />
Room Songs est le premier disque à écouter<br />
de la journée parce qu’Ólafur est là pas loin,<br />
on peut parfois entendre son tabouret grincer<br />
sur le parquet et des pas au loin. Il est bon<br />
d’être chez soi.<br />
10.00 / The Broken Circle<br />
Breakdown Bluegrass Band<br />
– The Broken Circle<br />
Breakdown (2013)<br />
Au risque de déplaire aux puristes du bluegrass<br />
qui ne savent quoi penser de la hype<br />
soudaine du genre suite au succès du film<br />
The Broken Circle Breakdown de Felix Van<br />
Groeningen, on vous en touche quand même<br />
quelques mots tant la bande originale du film<br />
est une belle porte d’entrée vers les vastes<br />
territoires du bluegrass et de la country en<br />
général. D’autant plus que jamais ni le réalisateur<br />
ni le compositeur Bjorn Eriksson<br />
n’avaient prévu que le film génère un tel<br />
engouement. Et pourtant, depuis sa sortie<br />
au cinéma, le groupe fictif est devenu réel.<br />
Les deux acteurs principaux entourés de cinq<br />
musiciens se sont lancés dans plus d’une<br />
année de concerts à l’honneur de Bill Monroe,<br />
entre reprise de titres cultes et compositions<br />
contemporaines. Alors si des titres comme<br />
l’emblématique « The boy who wouldn’t hoe<br />
corn », le chaloupé « Country in my genes »<br />
ou encore l’instrumental « Sand mountain »<br />
permettent aux gens accrochés par le son de<br />
découvrir le genre et de creuser un peu pour<br />
découvrir ce qui se cache derrière, on n’y voit<br />
aucun problème. Bien au contraire.