Teklal Neguib Récit de voyage <strong>en</strong> l’art métamoderniste de Shia Labeouf 82 L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective
Je m’<strong>en</strong> rappelle <strong>en</strong>core, de ce mom<strong>en</strong>t, où j’ai découvert l’artiste Shia Labeouf. C’était un matin de début février 2014. Il ne faisait pas chaud. Nous étions <strong>en</strong> semaine. Et il faut bi<strong>en</strong> l’avouer, je serai bi<strong>en</strong> restée sous la couette. Mais ni une ni deux, il fallut bi<strong>en</strong> se lever. Je comm<strong>en</strong>çais à m’habiller, tout <strong>en</strong> écoutant la radio. Une musique, puis les infos. J’étais debout, au pied du lit, <strong>en</strong> train d’essayer de mettre mes collants. Et là, soudainem<strong>en</strong>t, la radio m’apprit qu’un acteur du nom de Shia Labeouf s’était prés<strong>en</strong>té sur un tapis rouge pour le film Nymphomaniac, avec un sac <strong>en</strong> papier sur la tête, sur lequel était inscrit « i am not famous anymore ». Ce fut comme un coup de poing <strong>en</strong> pleine figure. J’<strong>en</strong> trouvais cela tellem<strong>en</strong>t intéressant que j’<strong>en</strong> laissai choir tous mes vêtem<strong>en</strong>ts. Et ce fut le début d’un drôle de voyage… En effet, la première chose que je me suis dite, c’est que cet acteur, un quasi inconnu pour moi, posait les bonnes questions, mais qu’<strong>en</strong> plus il les posait bi<strong>en</strong>. Tout ce que je savais de lui à ce mom<strong>en</strong>t-là, c’était son prénom et son nom (et <strong>en</strong>core, je n’avais ret<strong>en</strong>u ce dernier que parce que c’est un nom cajun [je suis française] qui plus est bizarre), qu’il était brun, et qu’il avait joué dans Transformers. Un quasi inconnu, comme dit précédemm<strong>en</strong>t. Surtout que, Transformers, c’est le g<strong>en</strong>re de film qui ne prés<strong>en</strong>te aucun intérêt pour moi, que je ne vais pas voir, dont les acteurs ne m’intéress<strong>en</strong>t pas du tout, et du coup je ne leur prête strictem<strong>en</strong>t aucune att<strong>en</strong>tion. Ceci dit, comme je ne suis pas à une contradiction près, je suis quand même allée voir Transformers 4, et j’ai même vu RIPD (si çà, ce n’est pas de l’ouverture d’esprit !). Bref, pour dire les choses telles que, je ne savais ri<strong>en</strong> de lui, à part qu’il jouait dans des films ne prés<strong>en</strong>tant aucun intérêt à mes yeux. Du coup, je partais, on peut le dire, avec un a priori plutôt négatif. Mais cette information, ce matinlà, a aiguisé ma curiosité, tant je trouvais sa démarche de très grande qualité. Cela mettait <strong>en</strong> jeu, de nombreuses questions au regard de l’id<strong>en</strong>tité, qui est mon champ de recherches artistiques. L’artiste <strong>en</strong> moi fut <strong>en</strong>thousiasmée. En effet, il questionnait le concept de célébrité, tant pour les artistes ayant « prouvé » leur mérite (par un travail artistique d’acteurs, artistes visuels, chanteurs, etc…) que pour ces célébrités instantanées que sont les « stars » de la téléréalité. Sa fugacité, sa folie, ses côtés positifs, mais aussi et non des moindres, ses élém<strong>en</strong>ts négatifs (être scrutés à longueur de temps, pour chaque activité, l’agressivité de certains, la jalousie, son côté montagnes russes, sa perversité). Toutes ces choses que le film Maps to the stars de David Cron<strong>en</strong>berg a su si bi<strong>en</strong> raconter (excell<strong>en</strong>t film soit dit <strong>en</strong> passant). Sa démarche interrogeait aussi sa place d’humain dans sa célébrité, sa propre place d’être s<strong>en</strong>sible, avec ses fragilités, ses bêtises, ses erreurs, ses réussites, sa quête, aux prises avec ce statut de « famous people » Quel droit à l’erreur pouvait-il lui être accordé quand chacun de ses gestes est vilip<strong>en</strong>dé instantaném<strong>en</strong>t sur toute la planète ? Avec son sac <strong>en</strong> papier sur la tête, il était un artiste <strong>en</strong> grève de sa propre célébrité, <strong>en</strong> révolte contre cet <strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t, qui fait de vous un objet et une image, sans âme, sans vie, et non plus un être, dans toute sa complexité. Ce sac sur la tête était un appel pour la liberté via un <strong>en</strong>fermem<strong>en</strong>t par refus d’un autre <strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t dans un monde apparemm<strong>en</strong>t libre… Refuser de jouer le jeu de la célébrité pour retrouver sa propre liberté, dans un anonymat, qui lui est refusé. Une disparition de la célébrité pour une r<strong>en</strong>aissance <strong>en</strong> tant qu’être. Un refus de donner son corps <strong>en</strong> pâture, pour se le réapproprier. Faire disparaître la célébrité pour reconquérir l’humain, se débarrasser de l’irréel au profit d’un retour du réel. C’est <strong>en</strong> cela d’ailleurs que l’utilisation du sac <strong>en</strong> papier est intéressante, <strong>en</strong> ce qu’il bloque la communication. Il est un rempart, un refuge, face à cette dernière, cette communication dévoyée des temps modernes, qui chosifie les célébrités, pour n’<strong>en</strong> faire que des objets. Ce sac cache le visage de l’artiste, ce reflet de l’id<strong>en</strong>tité, de l’individualité. Ces yeux étai<strong>en</strong>t à moitié mangés par le sac. Invisibilisé, le reflet de l’âme. Une volonté de se cacher, de retrouver sa part intime, humaine. À mon s<strong>en</strong>s, sa performance allait d’ailleurs bi<strong>en</strong> audelà de la problématique de la célébrité, car à l’époque d’internet, des réseaux sociaux, et a fortiori pour notre génération, la question est surtout de savoir si nous avons <strong>en</strong>core la main sur notre part intime, sur nous-mêmes, sur notre être. Shia Labeouf était donc là, sur son tapis rouge, son sac sur la tête, représ<strong>en</strong>tant générationnel de ce mouvem<strong>en</strong>t de révolte contre la réification de l’humain. Travaillant personnellem<strong>en</strong>t sur la place de l’humain dans le monde contemporain, je ne pouvais qu’être intéressée, séduite, par cette démarche, ce happ<strong>en</strong>ing, cette déclaration de guerre au travers d’un sac <strong>en</strong> papier. J’ai donc décidé à ce mom<strong>en</strong>t-là de suivre son travail. Mais <strong>en</strong>core fallait-il <strong>en</strong> déterminer la méthodologie. En effet, face à l’incompréh<strong>en</strong>sion (au mieux) voire au pire, l’agressivité des médias, qui le ridiculisai<strong>en</strong>t ou carrém<strong>en</strong>t le clouai<strong>en</strong>t au pilori tout <strong>en</strong> essayant de le faire passer pour fou (sic, re-sic, et re-re-sic), la question était donc pour moi de réussir à trouver un moy<strong>en</strong> d’ « <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre » son travail, sans être parasitée par la lecture que les médias pouvai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> faire. Ri<strong>en</strong> que la prés<strong>en</strong>tation par la radio ce matinlà de I am not famous anymore me confronta directem<strong>en</strong>t L.<strong>ART</strong> <strong>en</strong> LOIRE - # 8 - février 2015 - mini thème : oscillation métamoderniste perspective 83
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Je ne crains pas les arbres j’ai
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Ressac des vagues, Arbres dansant s
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Désarroi J'ai longtemps occupé le
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9, 10 never to start again two halv
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Dans Le bois De l’ogre Je sème D
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Le souffle Ton souffle me berce tel
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Un amour simple ! Entre ombres et l
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Boudiné Tenture délurée À trave
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