Parce que je suis une fille - Droits des filles

Préface
Les images publiées sur la guerre montrent
presque exclusivement des jeunes gens
– militaires, commandos suicide, jeunes
gens jetant des pierres à des soldats. Le
fait que les jeunes filles n’apparaissent pas
place dans l’ombre leur participation à la
guerre, d’autant qu’en raison de la nature
changeante des guerres et des conflits un
nombre croissant de civils est touché parce
que les combats se rapprochent de plus en
plus près des foyers des gens. Ce siècle a
connu une augmentation astronomique du
nombre de civils tués ou blessés à la guerre.
Il y a actuellement plus de 200 millions de
filles vivant dans des pays où les conflits
armés sont imminents, battent leur plein
ou viennent de s’achever mais ce n’est que
rarement que l’on a des récits sur la manière
dont elles vivent la guerre.
Les filles et les jeunes femmes font des
expériences singulières des conflits armés
en raison de leur âge mais principalement à
cause de leur sexe.
L’histoire des filles dans les conflits ne
se limite pas à l’horreur des violences et
de l’exploitation sexuelles auxquelles elles
sont exposées dans des temps d’insécurité.
C’est aussi l’histoire de fillettes qui assument
l’entière responsabilité du foyer, manquent
l’école et grandissent avec des opportunités
limitées. C’est également une histoire de
déplacement, d’enfance perdue, de mariage
précoce et d’accouchements sans assistance
médicale. Une fois que la guerre est finie,
on ne fait pas grand cas du potentiel
des filles et des jeunes femmes dans la
reconstruction de leurs communautés et de
leurs sociétés brisées.
La résolution 1325 du Conseil de Sécurité
des Nations Unies est l’un des instruments
des droits humains qui vise à protéger et
à promouvoir les droits des femmes et des
enfants. Elle prévoit la protection des droits
des femmes et des filles dans les conflits
armés ainsi que leur participation active dans
la prévention des conflits, les processus de
paix et la reconstruction après le conflit. Ce
n’est malheureusement pas la réalité que
vivent les filles et les jeunes femmes dans
les conflits. Comme je le soulignais l’an
passé, la discrimination des filles n’est pas
seulement indéfendable d’un point de vue
moral mais insupportable économiquement,
politiquement, et socialement. Et c’est
dans les sociétés instables ou dans les
pays qui émergent d’un conflit qu’il est le
moins raisonnable de négliger une partie
substantielle de la population.
Ce rapport est le second d’une série de
neuf rapports consacrés aux droits des filles;
il constitue une contribution importante aux
efforts engagés dans le monde pour réduire
de moitié la pauvreté selon les Objectifs
du Millénaire pour le Développement. De
tels objectifs ne seront tout simplement
pas atteints en l’absence d’égalité entre les
hommes et les femmes. En outre, ce rapport
fait entendre la voix des millions de filles qui
vivent chaque jour dans l’ombre de la guerre.
C’est pourquoi je salue l’appel urgent
lancé au monde par Plan afin que les filles
et les jeunes femmes ne soient pas laissées
pour compte. Il reconnaît que les besoins
particuliers des filles et des jeunes femmes
requièrent des réponses particulières.
Nous avons tous la responsabilité
d’écouter ce que nous disent les jeunes de
nos communautés, et spécialement les filles
et les jeunes femmes. Les communautés,
la société civile, les gouvernements et la
communauté internationale doivent saisir
les occasions de renouveau qui s’offrent
après les conflits pour élaborer des politiques
et des programmes qui répondent au
vécu des filles et des jeunes femmes dans
la tourmente des conflits. C’est de cette
manière que nous parviendrons à rompre le
cycle de l’insécurité et de la pauvreté qui est
le lot d’un si grand nombre d’entre elles.
Graça Machel
Présidente de la Fondation pour le
Développement communautaire
Présidente du Conseil d’Administration du
Fonds du GAVI
8 L a Situation des filles dans le monde 9