Numéro 6 $i j'étais riche... - Quartier Libre
Numéro 6 $i j'étais riche... - Quartier Libre
Numéro 6 $i j'étais riche... - Quartier Libre
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
SOCIÉTÉ-MONDE<br />
SPÉCIAL RICHES<br />
• Portes ouvertes à Villa Maria •<br />
Des jeunes filles en vitrine<br />
Le 23 octobre dernier, l’école privée pour filles Villa Maria a ouvert ses portes aux hordes<br />
de parents pressés. <strong>Quartier</strong> <strong>Libre</strong> s’est mêlé incognito à la foule de petites filles à jupe<br />
à carreaux plissée.<br />
ÀVilla Maria, on est loin des<br />
idées progressistes des<br />
nouveaux modèles d’éducation.<br />
Cette école privée pour filles<br />
prône des valeurs ancestrales, une<br />
tradition d’excellence et de rigueur.<br />
L’institution est séparée en deux secteurs:<br />
l’école anglophone d’une part,<br />
l’école francophone de l’autre.<br />
Les parents s’occupent de plus en<br />
plus tôt des formalités pour faire<br />
intégrer leurs filles à l’école. Ce<br />
jour-là, on pouvait ainsi croiser des<br />
fillettes de 4 e ou 5 e année de primaire.<br />
L’inscription à l’école secondaire<br />
est en effet conditionnelle aux<br />
résultats scolaires des années antérieures,<br />
ainsi qu’à la réussite d’un<br />
test d’admission. N’entrent pas seulement<br />
celles dont les parents ont le<br />
portefeuille bien garni, à Villa<br />
Maria.<br />
Les droits de scolarité de l’école<br />
s’élèvent à 3500 $ par année. Mais,<br />
selon Carole Gélinas, représentante<br />
de l’école, on est loin de certains<br />
montants d’autres écoles anglophones<br />
de Montréal: en effet, les<br />
frais de nombreuses institutions<br />
gravitent autour de 14000 $ l’année<br />
comme à St. George’s School et à<br />
l’école The Study, voire 20000 $ au<br />
Lower Canada College.<br />
Une fois le grillage franchi, un<br />
grand parc s’étend à perte de vue.<br />
À l’accueil, des jeunes filles<br />
habillées de l’uniforme de rigueur<br />
(kilt, chaussettes et chemise<br />
blanche) attendent les parents.<br />
Elles les accompagneront dans<br />
leur visite guidée. Présenter Villa<br />
Maria comme une école parfaite,<br />
tel pourrait être le mantra de ces<br />
portes ouvertes. Digne d’une pub<br />
des années 1950, les élèves affichent<br />
un large sourire aux lèvres.<br />
Les parents assistent au cours de<br />
chimie, à l’entraînement de sport,<br />
à l’enseignement des maths…<br />
Dans chaque salle, des adolescentes<br />
font figuration. Les parents<br />
restent éblouis devant les écrans<br />
plats, le matériel de science et la<br />
bibliothèque. Puis, dans la salle de<br />
spectacle, des stands fournissent<br />
les différents enseignements de<br />
l’école, à savoir maths, sciences,<br />
langues, mais aussi éthique et religion,<br />
ou bien mandarin. Là aussi,<br />
la majorité des professeurs sont<br />
des femmes.<br />
Mieux sans<br />
les garçons<br />
Carole Gélinas tente de nous expliquer<br />
ce désir d’évincer toute trace<br />
masculine de l’école: «Les filles,<br />
en général, sans tomber dans le<br />
stéréotype, aiment travailler dans<br />
un milieu collaboratif, et moins<br />
compétitif que les garçons. Et<br />
c’est un beau milieu de vie: elles<br />
se sentent valorisées, entourées,<br />
et les modèles qu’elles ont sous les<br />
yeux sont toutes des filles comme<br />
elles. Il n’y a pas cette retenue ou<br />
gêne qu’on peut avoir devant les<br />
copains. » Des arguments repris<br />
par Stéphanie Theopoulos, présidente<br />
du conseil étudiant de Villa<br />
Maria, qui a tout de la jeune fille<br />
populaire du secondaire : « Être<br />
avec des filles, c’est chill, c’est plus<br />
confortable. Et moi, je suis<br />
sociable, j’ai des amis garçons en<br />
dehors.»<br />
Le côté familial et associatif est aussi<br />
mis de l’avant durant les portes<br />
ouvertes. En effet, de nombreuses<br />
célébrations sont organisées par<br />
l’école, comme la fête champêtre,<br />
l’Halloween, des pièces de théâtre<br />
et concerts de musique classique.<br />
Durant les années à Villa Maria, les<br />
adolescentes ont aussi l’occasion de<br />
voyager : voyage humanitaire au<br />
Pérou, stage linguistique à Boston<br />
ou à Beijing, les élèves sont gâtées.<br />
Carole Gélinas évoque de plus une<br />
fierté de l’école : le colloque sur<br />
l’estime de soi. «À cet âge un peu<br />
ingrat, on essaye de leur faire partager<br />
l’exemple de leaders féminines.<br />
C’est très touchant, et elles<br />
en parlent des années après.»<br />
PHOTO : COURTOISIE VILLA-MARIA<br />
Villa Maria, c’est aussi les grandsmesses<br />
catholiques, celles de la<br />
rentrée, celles de Noël, ou bien<br />
celles des finissantes, organisées<br />
dans la chapelle de l’école. Les religieuses<br />
sont en effet toujours propriétaires<br />
et gestionnaires de l’institution.<br />
Uniforme, bénévolat,<br />
rigueur, discipline… Villa Maria,<br />
c’est autant de valeurs qui ont de<br />
quoi rassurer des parents soucieux<br />
de transformer leur rejeton gâté en<br />
jeune femme parfaite.<br />
AUDE GARACHON<br />
Page 14 • QUARTIER L!BRE • Vol. 18 • numéro 6 • 10 novembre 2010