LG 174
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Actualité du mois<br />
«Aucun des deux modèles<br />
n’est soutenable»<br />
En marge de la neuvième édition des Journées de l’Economie organisées par PwC,<br />
<strong>LG</strong> Magazine a pu rencontrer en exclusivité le Professeur Lionel Fontagné, membre du<br />
Cercle des économistes et professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, qui<br />
revient sur une des thématiques phares de la deuxième journée de l’event, les<br />
antagonismes franco-allemands en matière de politique économique. Interview.<br />
“<br />
La solution pour résoudre<br />
cette équation difficile<br />
est l’innovation dans<br />
toutes ses dimensions<br />
”<br />
Il y aurait une contradiction absolue<br />
entre la vision économique française et<br />
la vision économique allemande.<br />
En France, vous affirmez que l’objet est<br />
de soutenir la demande interne avec<br />
pour corollaire une baisse de la compétitivité,<br />
tandis qu’en Allemagne, l’objectif<br />
consiste à vouloir résister à la<br />
concurrence externe à l’UE, ceci grâce à<br />
une main d’œuvre domestique bon<br />
marché. Tant le premier modèle que le<br />
deuxième modèle sont-ils soutenables<br />
sur le long terme?<br />
Aucun des deux modèles n’est soutenable.<br />
S’il faut inévitablement prendre en compte la<br />
contrainte de compétitivité vis-à-vis des pays<br />
émergents, il ne faut pas pour autant trop<br />
réduirela demande interne par des politiques<br />
de rigueur salariales excessives.<br />
La solution pour résoudre cette équation difficile<br />
et donc résister à la concurrence internationale<br />
est l’innovation dans toutes ses<br />
dimensions, à savoir effectuer davantage de<br />
R&D, mettre sur le marché de nouveaux produits,<br />
mieux articuler la production de biens<br />
et de services et améliorer la qualité des<br />
biens et services. Gardons à l’esprit que dans<br />
un monde ouvert, l’on ne peut pas maintenir<br />
un niveau de vie élevé sans avoir une avance<br />
technologique sur les autres.<br />
L’Allemagne semble sur la bonne voie à<br />
cet égard, mais souffre d’un vieillissement<br />
de sa population et d’une<br />
demande interne relativement faible,<br />
cela a été dit. L’Allemagne du futur se<br />
résumera-t-elle quelque part àdevenir<br />
un pays peuplé de seniors et fabriquant<br />
de très bonnes voitures?<br />
Ce serait bien évidemment caricatural. Ce qu’il<br />
convient de souligner, c’est que les Allemands<br />
s’efforçent d’aller au bout de ce qui est possible<br />
en matière d’innovation. Effectivement,<br />
l’automobile est un secteur qui gagne toujours<br />
plus d’importance dans l’industrie allemande<br />
et dont le contenu technologique proposé ne<br />
cesse de s’améliorer, mais l’industrie traditionnelle<br />
n’est pas en reste non plus.<br />
Professeur Fontagné, vous avez été<br />
mandaté comme expert externe par le<br />
gouvernement luxembourgeois il y a<br />
plusieurs années pour accompagner les<br />
travaux du Comité de coordination<br />
tripartite sur le sujet de la compétitivité,<br />
et avez à cette fin présenté un<br />
rapport sur la position compétitive du<br />
Luxembourg. Aussi, dans ce «match»<br />
franco-allemand, où situeriez-vous le<br />
Luxembourg?<br />
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<strong>LG</strong> - Mars 2015