L’ Oise en tête Laurent Macimba Encore un coup <strong>de</strong> blues Gran<strong>de</strong>s sal<strong>les</strong> et gran<strong>de</strong>s stars, mais aussi bistros et découvertes musica<strong>les</strong> : la 11 e édition du festival beauvaisien « Le Blues autour du zinc » a lieu en mars. Rencontre avec son fondateur et directeur artistique. > Bio en 5 dates 1966 Naissance dans le Nord 1970 Arrivée dans l’Oise 1980 Son père achète un café à Beauvais 1992 Reprise du café et premiers concerts 1996 Lancement du Blues autour du zinc Hervé Dez / Le bar Floréal
60. <strong>Quand</strong> on parle <strong>de</strong> blues, certains clichés viennent à l’esprit. Les voix éraillées <strong>de</strong> vieux Noirs, la guitare, une gran<strong>de</strong> tristesse… Cela correspond-il au « Blues autour du zinc » ? L.M. Il y a bien sûr la dimension historique et traditionnelle du blues. Nous lui rendrons hommage par exemple lors <strong>de</strong> la soirée <strong>de</strong> clôture du festival, avec huit musiciens qui nous sont envoyés par la Music Maker Foundation, une association <strong>de</strong> soutien aux vieux bluesmen pauvres <strong>de</strong>s États du Sud <strong>de</strong>s États-Unis. C’est un <strong>de</strong> nos coups <strong>de</strong> cœur 2006. Mais le blues, aujourd’hui, va bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces clichés. Pourquoi ? Parce que cette musique est vivante ! De nombreux artistes, américains bien sûr, mais aussi norvégiens, israéliens, suisses, finlandais, polonais, ou autres, seront là pour en témoigner. Pour certains, il s’agira <strong>de</strong> leur première prestation en France. Et puis, Le Blues autour du zinc n’est pas un festival sectaire. J’ai élargi la programmation à <strong>de</strong>s genres voisins, comme la soul music, le pop-rock, l’électro-jazz ou la musique <strong>de</strong> fanfare, par exemple. D’un concert à l’autre, on peut donc avoir quelques surprises ? Bien sûr, c’est même un <strong>de</strong> nos objectifs. Je mets un soin tout particulier, tout au long <strong>de</strong> l’année, à dénicher <strong>de</strong>s talents. J’ai un réseau <strong>de</strong> correspondants à l’étranger, je voyage moi-même beaucoup, particulièrement en Angleterre. Le moindre <strong>de</strong> mes choix, même pour une simple première partie <strong>de</strong> concert, est mûrement réfléchi. En plus <strong>de</strong> cette activité <strong>de</strong> veille et <strong>de</strong> découverte, à quoi vous occupezvous entre <strong>de</strong>ux festivals ? Avec l’association Le Comptoir magique, nous proposons en permanence <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> pratique artistique. Nous développons aussi, avec le <strong>Conseil</strong> <strong>général</strong>, <strong>de</strong>s projets avec plusieurs collèges <strong>de</strong> l’Oise. Cette année, nous avons réfléchi à la parenté entre la musique gospel et <strong>les</strong> musiques noires actuel<strong>les</strong> comme le Rn’B ou le hip-hop, qui passionnent <strong>de</strong> nombreux jeunes. Certains d’entre eux, venus <strong>de</strong> Marseille-en- Beauvaisis et d’Auneuil, se produiront le 9 mars sur scène avec le chœur About-U. Autre exemple : nous menons un travail d’animation dans <strong>les</strong> prisons. Dans « Le Blues autour du zinc », il y a « zinc »… Le blues, pour moi, c’est d’abord une musique <strong>de</strong> bistros, <strong>de</strong> lieux à taille humaine, où la convivialité est <strong>de</strong> mise. Un <strong>de</strong> mes meilleurs souvenirs en dix ans <strong>de</strong> festival, c’est lorsque, l’année <strong>de</strong>rnière, je me suis simplement promené <strong>de</strong> café en café pendant quelques heures. Dans le public, il y avait une incroyable mixité, sociale, <strong>de</strong> générations… Ça m’a beaucoup touché. D’où vient votre attachement aux bars ? Sans doute <strong>de</strong> mon histoire personnelle. <strong>Quand</strong> j’étais ado<strong>les</strong>cent, mon père, qui travaillait alors dans l’imprimerie, a réalisé son rêve : ouvrir un café. Il a racheté un établissement <strong>de</strong> Beauvais. Quelques années plus tard, à son décès, mon frère et moi avons repris l’affaire, et comme j’étais déjà passionné <strong>de</strong> musique, je n’ai pas tardé à organiser <strong>de</strong>s concerts le dimanche après-midi. Le Blues autour du zinc n’existait pas encore, mais l’idée était déjà dans l’air… Et puis, je viens du Nord, une région en France où <strong>les</strong> cafés sont <strong>de</strong>s lieux très importants, là où se tisse le lien social. Que retenez-vous <strong>de</strong> cette décennie d’expériences, au contact <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> musiciens ? Paradoxalement, je retiens que <strong>les</strong> plus grands artistes sont souvent <strong>de</strong>s « De la bonne musique, <strong>de</strong> la convivialité : notre festival se veut à l’opposé d’une certaine culture télévisuelle et individualiste d’aujourd’hui. » 60 - N°14 - Février 2006 gens très simp<strong>les</strong>. Un Ray Char<strong>les</strong>, un Marcus Miller, ou un Ahmad Jamal – qui le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> son concert à Beauvais, se produisait à la Scala <strong>de</strong> Milan ! – se sont montrés d’une gran<strong>de</strong> générosité avec le public. Une belle leçon d’humanité, et d’humilité. Propos recueillis par Benoît Mougne Le Blues autour du zinc, du 8 au 18 mars dans différents bars et lieux culturels <strong>de</strong> Beauvais. Les places payantes sont en vente dans <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> billetterie habituels, ainsi qu’à l’office du tourisme du Beauvaisis, 1, rue Beauregard. Contact 03 44 15 30 30 www.zincblues.com 23