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L’expression de l’<strong>enfant</strong> est progressivement reconnue<br />

des mauvais traitements à l’égard des mineurs et à la protection<br />

de l’enfance » dite loi Dorlhac. La victime est entendue par le<br />

juge ; elle raconte son histoire, les faits. Première brèche dans<br />

le silence, premiers risques de cacophonie sur l’écoute, sur<br />

l’évaluation de la parole par les professionnels. Policiers ou<br />

gendarmes, travailleurs sociaux, magistrats, souvent peu formés<br />

à interroger des <strong>enfant</strong>s, parfois très jeunes, sur de tels<br />

sujets. L’<strong>enfant</strong> parviendra-t-il à dire ce qu’il a à dire ? Quelques<br />

rarissimes expériences d’assistance à l’audition voient le jour.<br />

Puis vient la loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et à<br />

la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection<br />

des mineurs. Elle fait la part belle à l’audition des <strong>enfant</strong>s et<br />

à leur protection au cours du processus judiciaire. Quelques<br />

accrocs et maladresses ont montré la fragilité des pratiques.<br />

Le témoignage d’un <strong>enfant</strong> ne s’organise pas comme celui d’un<br />

adulte. La répétition du récit, plusieurs fois devant plusieurs<br />

interlocuteurs, est alors perçue comme un facteur ébranlant<br />

l’<strong>enfant</strong> car redire c’est revivre. L’enregistrement des auditions<br />

se veut une garantie contre des variations dans les récits et<br />

une protection contre la reviviscence des affects.<br />

Parallèlement, l’approche des mineurs auteurs de violences<br />

sexuelles sur d’autres <strong>enfant</strong>s, en général plus jeunes, est travaillée<br />

par les services de la Justice et de la Santé. Elle confronte<br />

toujours les professionnels à un défi majeur. Surtout dans une<br />

période où la justice des mineurs est progressivement reliée à<br />

la question de l’insécurité et de son traitement rapide, induisant<br />

des transformations profondes d’un modèle centré à l’origine<br />

sur les mesures éducatives, mais qui privilégie désormais l’idée<br />

«<br />

«[exprimer son opinion] c’est<br />

important parce qu’on peut parler<br />

[sans avoir besoin] de se taper »<br />

(Nicolas, 8 ans)<br />

de sanction dans l’immédiateté 7 . Quant à ces mineurs auteurs –<br />

dont on sait qu’ils sont ou ont été très souvent victimes d’actes<br />

identiques, ils sont d’abord traités comme des auteurs de délits<br />

ou de crimes sexuels. S’appliquent alors les sanctions pénales<br />

prévues pour ces faits, dans lesquelles l’emprisonnement est<br />

prépondérant. Comme pour tout mineur, une spécificité leur est<br />

reconnue : responsabilité pénale conditionnée au discernement,<br />

responsabilité pénale atténuée en fonction de l’âge et mise en<br />

œuvre par une juridiction spécialisée au cours d’une procédure<br />

appropriée à sa vulnérabilité 8 .<br />

Au fil du temps, des pratiques sociales, policières et judiciaires<br />

se mettent en place, se codifient, certaines étant marquées par<br />

l’influence canadienne.<br />

...qui s’installe dans le droit de la famille,<br />

En affirmant que « les parents associent l’<strong>enfant</strong> aux décisions<br />

qui le concernent selon son âge et son degré de maturité 9 », la<br />

loi du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale a marqué une<br />

évolution importante dans la prise en compte des droits de l’<strong>enfant</strong><br />

notamment en y intégrant la notion d’intérêt de l’<strong>enfant</strong>.<br />

L’autorité parentale qui est aussi une manière d’organiser les<br />

relations entre parents et <strong>enfant</strong>s ne peut faire l’impasse sur<br />

l’écoute de l’<strong>enfant</strong>. En fonction de son âge et de sa maturité les<br />

parents doivent prendre son avis sur les éléments importants<br />

de son existence, particulièrement lorsque son cadre de vie est<br />

modifié, par exemple lors de la séparation des parents.<br />

Dans ce cas, le juge aux affaires familiales veille « spécialement<br />

à la sauvegarde des intérêts des <strong>enfant</strong>s mineurs 10 ». Pour déter-<br />

7. Jean-Pierre Minary, Dominique Ansel, André Mariage et Michel Boutanquoi, Jeunes en difficulté et auteurs de violences sexuelles,<br />

comment les aider sans violence ?, Sociétés jeunesses en difficulté, automne 2010<br />

8. Marc Touillier, chargé d’enseignement à la faculté de droit, Quelles sanctions pour les auteurs mineurs de violences sexuelles ?<br />

Formation : mineurs auteurs et/ou victimes de violences sexuelles, juin 2012, Montpellier.<br />

9. art 371-1 al. 3 code civil<br />

10. art 376-2-6 code civil<br />

15 | Rapport <strong>2013</strong> consacré aux droits de l’<strong>enfant</strong>

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