O9 20 31 - Académie Nationale de Chirurgie
O9 20 31 - Académie Nationale de Chirurgie
O9 20 31 - Académie Nationale de Chirurgie
Transformez vos PDF en papier électronique et augmentez vos revenus !
Optimisez vos papiers électroniques pour le SEO, utilisez des backlinks puissants et du contenu multimédia pour maximiser votre visibilité et vos ventes.
10<br />
Trimestriel<br />
:<br />
1 er trimestre <strong>20</strong>13<br />
<strong>O9</strong><br />
MISE À JOUR THÉRAPEUTIQUE<br />
<strong>20</strong><br />
POINT DE VUE<br />
DU JEUNE CHIRURGIEN<br />
Les fistules<br />
pancréatiques<br />
postopératoires :<br />
prise en charge actuelle<br />
<strong>31</strong><br />
Dialogue<br />
intergénérationnel<br />
Morgan Rouprêt,<br />
Jean Dubousset<br />
HISTOIRE<br />
Guerre fratrici<strong>de</strong> en<br />
Vendée à la fin du<br />
XVIII ème siècle<br />
Pierre Vayre<br />
Pr Christian Gouillat<br />
Actualité <strong>de</strong>s<br />
prothèses totales<br />
du genou<br />
Dr Grégory Sorriaux<br />
et Dr Henri Ju<strong>de</strong>t<br />
VIE DE L’ACADÉMIE 41<br />
Séance solennelle<br />
TRIBUNE LITTÉRAIRE 55<br />
CHIRURGIEN DU<br />
MONDE<br />
Pr LEE<br />
SWANSTROM<br />
ÉDITORIAL<br />
Pr FRANÇOIS<br />
RICHARD<br />
LE MAGAZINE DE LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr • Prix : 8,50 €
02 SOMMAIRE<br />
Sommaire<br />
POINT DE VUE<br />
DU JEUNE CHIRURGIEN<br />
O3 ÉDITORIAL<br />
O7 INTERVIEW<br />
HISTOIRE<br />
MISE À JOUR THÉRAPEUTIQUE<br />
<strong>20</strong><br />
<strong>O9</strong><br />
Guerre fratrici<strong>de</strong> en<br />
Vendée à la fin du<br />
XVIII ème siècle<br />
P. Vayre<br />
18 LE 12 ÈME CONGRÈS<br />
MONDIAL DE L’OESO<br />
Pr R. Giuli<br />
Les fistules<br />
pancréatiques<br />
postopératoires :<br />
prise en charge actuelle<br />
Pr C. Gouillat<br />
Actualité<br />
<strong>de</strong>s prothèses totales<br />
du genou<br />
Dr G. Sorriaux et Dr H. Ju<strong>de</strong>t<br />
28 CHIRURGIEN DU MONDE<br />
Pr L. Swanstrom, MD, FACS<br />
<strong>31</strong><br />
Dialogue<br />
intergénérationnel<br />
M. Rouprêt, J. Dubousset<br />
38 LES PRIX DÉCERNÉS<br />
EN <strong>20</strong>12<br />
41 VIE DE L’ACADÉMIE<br />
55 TRIBUNE LITTÉRAIRE<br />
H. Ju<strong>de</strong>t<br />
62 PROGRAMME<br />
DES SÉANCES
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
03<br />
Éditorial<br />
Prési<strong>de</strong>nt François RICHARD<br />
L’année <strong>20</strong>13 sera pour l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> une année particulièrement<br />
importante car plusieurs évènements attendus pourront avoir une influence sur ses travaux et ses<br />
recommandations :<br />
Pr François RICHARD<br />
Le premier <strong>de</strong> ces évènements, même si il n’aura lieu qu’a la fin <strong>de</strong> l’année est lié à l’histoire <strong>de</strong><br />
notre Compagnie : c’est le <strong>20</strong> ème anniversaire <strong>de</strong> l’installation <strong>de</strong> l’Académie dans ses locaux actuels, dans l’ancien<br />
amphithéâtre Cruveilhier, obtenu et transformé grâce à l’action du Pr Denys Pellerin et aux soutiens financiers <strong>de</strong> plusieurs<br />
académiciens. Une séance spécifique y sera consacrée le 11 décembre <strong>20</strong>13.<br />
Le <strong>de</strong>uxième, lié aux modifications récentes <strong>de</strong> l’organisation conventionnelle <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine en France, est certes<br />
essentiellement syndical et donc hors du champ d’action <strong>de</strong> l’Académie mais tous s’accor<strong>de</strong>nt à penser qu’il y aura <strong>de</strong>s<br />
conséquences sur « le métier <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>n » qui lui est du ressort <strong>de</strong> l’Académie.<br />
Le troisième est la réforme, espérée pour <strong>20</strong>13, <strong>de</strong> la formation initiale <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>n, sujet qui <strong>de</strong>puis plusieurs mois fait<br />
l’objet d’une réflexion commune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Académies <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>.<br />
Le quatrième est une réflexion prospective sur l’organisation et la structure <strong>de</strong>s futurs blocs opératoires, sujet débattu et<br />
traité cette année par L’AP-HP ainsi que lors du congrès <strong>de</strong> la Fédération Hospitalière <strong>de</strong> France et par ailleurs déjà prévu<br />
lors d’une séance <strong>de</strong> l’Académie à l’automne.<br />
Tous ces évènements renforcent les décisions <strong>de</strong> l’Académie :<br />
- <strong>de</strong> mener une réflexion structurée sur ces problématiques,<br />
- <strong>de</strong> regrouper autour d’elle les différentes Sociétés Savantes Chirurgicales Spécialisées afin <strong>de</strong> partager les expertises,<br />
comme elle a commencé à le faire avec les Collèges Chirurgicaux <strong>de</strong> Spécialités ou les « Ecoles <strong>de</strong> chirurgies »,<br />
- <strong>de</strong> publier <strong>de</strong>s recommandations faisant la synthèse <strong>de</strong> ces travaux pour les promouvoir auprès <strong>de</strong>s tutelles.
04<br />
LE CERCLE DES AMIS DE L'ANC
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
05<br />
Adhérer au Cercle <strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong> l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
- Voir page 35 -
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
07<br />
Interview<br />
Benoît Sebille, Aviva, Spécialiste <strong>de</strong> la<br />
protection sociale <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> santé<br />
Nicolas Zorn, Directeur commercial Aviva<br />
Épargne et Conseils<br />
Benoît SEBILLE<br />
Le risque fiscal méconnu <strong>de</strong> la retraite MADELIN.<br />
Solution innovante et protectrice !<br />
Benoît Sebille : instauré en septembre 1994,<br />
le contrat <strong>de</strong> retraite Ma<strong>de</strong>lin est <strong>de</strong>stiné<br />
aux travailleurs non-salariés non agricoles<br />
dont les professions libérales. L’objectif <strong>de</strong><br />
ce contrat, est <strong>de</strong> se constituer une retraite<br />
complémentaire par capitalisation qui sera<br />
restituée sous forme <strong>de</strong> rente, en bénéficiant<br />
d’une déduction fiscale <strong>de</strong>s cotisations versées.<br />
L’effort d’épargne est ainsi financé en<br />
partie par une économie d’impôt.<br />
Cet avantage fiscal, très prisé <strong>de</strong>s chirurgiens,<br />
est encadré et subordonné au respect <strong>de</strong> certaines<br />
conditions qui caractérisent ce contrat<br />
(C. Assur. art. L.144-1, CGI. art. 154 bis).<br />
L’adhérent a notamment l’obligation <strong>de</strong> verser<br />
selon une périodicité régulière ses cotisations<br />
(minimum une fois par an), jusqu’à<br />
sa retraite. En cas <strong>de</strong> non-respect <strong>de</strong> cette<br />
condition, l’administration fiscale pourrait<br />
procé<strong>de</strong>r à la réintégration <strong>de</strong>s cotisations<br />
ayant fait l’objet d’une déduction au titre <strong>de</strong>s<br />
trois <strong>de</strong>rnières années.<br />
Pouvez-vous nous donner un exemple chiffré<br />
<strong>de</strong> ce risque ?<br />
Benoît Sebille : Le Dr DUPOND, 45 ans,<br />
chirurgien, cotise chaque année pour sa retraite<br />
sur un contrat MADELIN :<br />
- 18 000 Euros en <strong>20</strong>12 (plafond <strong>de</strong> déduction<br />
<strong>de</strong>s cotisations en <strong>20</strong>12 : 67 288 Euros) ;<br />
- 18 000 Euros en <strong>20</strong>11 (plafond <strong>de</strong> déduction<br />
<strong>de</strong>s cotisations en <strong>20</strong>11 : 65 401 Euros) ;<br />
- 18 000 Euros en <strong>20</strong>10 (plafond <strong>de</strong> déduction<br />
<strong>de</strong>s cotisations en <strong>20</strong>10 : 64 047 Euros).<br />
L’avantage fiscal <strong>de</strong> ce dispositif consiste à<br />
déduire du revenu professionnel imposable<br />
du Dr DUPOND les sommes versées sur son<br />
contrat MADELIN.<br />
De plus, à la retraite pour que le capital<br />
constitué soit exonéré d’Impôt Sur la Fortune,<br />
toutes les conditions résultant <strong>de</strong>s<br />
termes <strong>de</strong> l’article 885 J du CGI doivent être<br />
cumulativement remplies :<br />
- la retraite Ma<strong>de</strong>lin doit avoir été constituée<br />
dans le cadre d’une activité professionnelle,<br />
- les primes doivent avoir été versées <strong>de</strong><br />
manière régulière dans leur montant et leur<br />
périodicité pendant une pério<strong>de</strong> d’au moins<br />
15 ans,<br />
- la liquidation du contrat doit intervenir au<br />
plus tôt à l’âge légal <strong>de</strong> la liquidation <strong>de</strong> la<br />
retraite du régime obligatoire ou à l’âge fixé<br />
en application <strong>de</strong> l’article L. 351-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
la Sécurité Sociale.<br />
Si en <strong>20</strong>13 le Dr DUPOND est dans l’incapacité<br />
financière <strong>de</strong> payer ses cotisations MADE-<br />
LIN il s’expose à 2 risques :<br />
- L’augmentation <strong>de</strong> son revenu imposable<br />
<strong>20</strong>13 lié à la réintégration <strong>de</strong>s cotisations<br />
versées les 3 <strong>de</strong>rnières années. Dans notre<br />
exemple, un revenu imposable qui augmenterait<br />
<strong>de</strong> 54 000 Euros ! Dans l’hypothèse<br />
d’une imposition à la tranche marginale <strong>de</strong><br />
41% le supplément d’impôt serait <strong>de</strong> 22 140<br />
Euros.<br />
- La réintégration <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s sommes<br />
capitalisées sur le contrat MADELIN dans l’assiette<br />
<strong>de</strong> l’ISF à la liquidation <strong>de</strong> la rente.<br />
On le voit l’arrêt du paiement <strong>de</strong>s cotisations<br />
pourrait conduire à une situation financière<br />
dramatique.<br />
Nicolas ZORN<br />
Est-ce que l’administration est tolérante<br />
lorsque l’adhérent cesse <strong>de</strong> verser ses cotisations<br />
du fait d’une incapacité professionnelle<br />
?<br />
Benoît Sebille : L’administration fiscale s’est<br />
contentée d’affirmer qu’elle appréciera au<br />
cas par cas chacune <strong>de</strong>s situations qui lui<br />
seront présentées.<br />
En l’absence <strong>de</strong> texte, je préconise aux adhérents<br />
<strong>de</strong> respecter scrupuleusement les<br />
conditions citées ci-<strong>de</strong>ssus sous peine <strong>de</strong><br />
perdre les avantages fiscaux <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong><br />
contrat.<br />
Quelles sont les solutions ?<br />
Benoît Sebille : Il est possible <strong>de</strong> prévenir<br />
les difficultés financières consécutives à une<br />
maladie ou un acci<strong>de</strong>nt. Pour cela, je recomman<strong>de</strong><br />
aux chirurgiens <strong>de</strong> souscrire la « Garantie<br />
Remboursement ». Encore faut-il qu’elle<br />
soit proposée dans le contrat et que l’adhérent<br />
satisfasse aux conditions requises pour<br />
sa souscription (condition d’âge, formalités<br />
médicales…).<br />
Son mécanisme est simple mais méconnu.<br />
Dans son principe, si l’assuré, par suite <strong>de</strong> maladie<br />
ou d’acci<strong>de</strong>nt, se trouve en incapacité<br />
temporaire totale <strong>de</strong> travail ou en invalidité<br />
permanente totale ou encore, si le contrat le<br />
prévoit, en invalidité professionnelle, l’assureur<br />
rembourse à l’assuré les cotisations régulières<br />
prévues au contrat. Cette prestation<br />
s’interrompt notamment, selon que l’assuré a<br />
été reconnu en incapacité temporaire totale<br />
<strong>de</strong> travail, en invalidité permanente totale<br />
ou en invalidité professionnelle, lors <strong>de</strong> la
08<br />
INTERVIEW<br />
reprise du travail ou au jour <strong>de</strong> la liquidation<br />
<strong>de</strong>s droits à la retraite du chirurgien.<br />
De cette manière, la régularité du paiement<br />
<strong>de</strong>s cotisations est respectée et l’assuré<br />
conserve ses avantages fiscaux tout en se<br />
constituant son niveau <strong>de</strong> vie à la retraite.<br />
Pouvez-vous nous expliquer, au travers<br />
d’un cas clinique, le mécanisme <strong>de</strong> cette<br />
garantie ?<br />
Benoît Sebille : Restons sur l’exemple du Dr<br />
DUPOND, 45 ans, chirurgien. Celui-ci avait<br />
souscrit la « Garantie Remboursement » sur<br />
son contrat MADELIN. Cherchant à optimiser<br />
sa déduction fiscale, il verse mensuellement<br />
1 500 Euros sur son contrat.<br />
En <strong>20</strong>13, le Dr DUPOND se blesse acci<strong>de</strong>ntellement<br />
gravement à la main et met en<br />
jeu sa garantie au titre <strong>de</strong> l’invalidité professionnelle<br />
dont il bénéficie (hypothèse la plus<br />
favorable). Le Dr DUPOND ne pouvant plus<br />
exercer sa profession, l’assureur reconnaît<br />
cette invalidité professionnelle.<br />
L’assureur lui remboursera ses cotisations<br />
mensuelles <strong>de</strong> 1 500 Euros au plus tard<br />
jusqu’à la date légale <strong>de</strong> son départ en retraite.<br />
Considérant qu’il fera valoir ses droits à<br />
la retraite à 65 ans, l’assureur remboursera au<br />
total 360 000 Euros <strong>de</strong> cotisation sur une durée<br />
<strong>de</strong> 22 ans. Et ce, même s’il déci<strong>de</strong> d’exercer<br />
une autre activité dans le cadre d’une<br />
reconversion professionnelle.<br />
C’est impressionnant ! Mais vous parlez<br />
d’une invalidité professionnelle ?<br />
Benoît Sebille : Oui, pour les chirurgiens, il<br />
est essentiel que l’état d’invalidité ouvrant<br />
droit au remboursement <strong>de</strong>s cotisations<br />
puisse être apprécié exclusivement sur la<br />
base <strong>de</strong> son incapacité totale à exercer son<br />
activité professionnelle.<br />
Il existe très peu <strong>de</strong> contrats <strong>de</strong> retraite Ma<strong>de</strong>lin<br />
qui proposent, au titre <strong>de</strong> cette garantie,<br />
une évaluation exclusivement professionnelle<br />
<strong>de</strong> l’invalidité. Et quand bien même ils<br />
la proposent, il convient aux chirurgiens <strong>de</strong><br />
vérifier les conditions <strong>de</strong> mise en jeu <strong>de</strong> cette<br />
garantie à la lecture <strong>de</strong>s stipulations contractuelles.<br />
Lorsque l’évaluation <strong>de</strong> l’invalidité est réalisée<br />
selon un barème fonctionnel, indépendamment<br />
<strong>de</strong> toute considération professionnelle,<br />
son invalidité ne serait considérée<br />
que comme partielle (inférieure à 66%) et la<br />
garantie ne s’appliquerait pas.<br />
Je vous renvoie à cette occasion à l’article<br />
dédié à cette question paru dans le n° 9 <strong>de</strong><br />
septembre <strong>de</strong>rnier.<br />
Que doit faire le chirurgien si son contrat<br />
MADELIN ne possè<strong>de</strong> pas cette garantie<br />
<strong>de</strong> « remboursement » ou bien si l’évaluation<br />
<strong>de</strong> l’invalidité n’est pas exclusivement<br />
professionnelle ?<br />
Benoît Sebille : Le législateur a doté les<br />
contrats MADELIN d’une clause <strong>de</strong> transférabilité<br />
(Co<strong>de</strong> <strong>de</strong>s assurances art. D. 132-7).<br />
Tout adhérent peut transférer son épargne<br />
<strong>de</strong> son contrat actuel vers un autre qui peut<br />
disposer <strong>de</strong>s avantages recherchés.<br />
Le transfert <strong>de</strong> droits s’opère sans perte <strong>de</strong>s<br />
avantages fiscaux vers un contrat <strong>de</strong> même<br />
nature et soumis aux mêmes règles fiscales.<br />
Les sommes transférées ne doivent en aucun<br />
cas être versées à l’adhérent : le transfert<br />
<strong>de</strong>vant avoir lieu directement entre les organismes<br />
d’assurance (C. Assur. D.132-7).<br />
Ce transfert peut donner lieu au prélèvement<br />
<strong>de</strong> frais dans les conditions définies<br />
au contrat. Toutefois, l’in<strong>de</strong>mnité perçue par<br />
l’assureur d’origine ne peut dépasser 5% <strong>de</strong><br />
la provision mathématique du contrat, et<br />
doit être nulle à l’issue d’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> dix<br />
ans à compter <strong>de</strong> la date d’effet du contrat.<br />
Tout cela est bien compliqué et loin <strong>de</strong>s<br />
préoccupations quotidiennes <strong>de</strong>s chirurgiens.<br />
Nicolas Zorn : On le voit, la phase <strong>de</strong> diagnostic<br />
<strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> retraite du chirurgien<br />
est essentielle et doit être réalisée par<br />
un professionnel. Quelques questions clés à<br />
se poser :<br />
- le chirurgien bénéficie-t-il d’une table <strong>de</strong><br />
rente garantie à l’adhésion ? Cette formule est<br />
la plus sûre, car elle permet dès l’adhésion, <strong>de</strong><br />
connaitre les modalités <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> la rente<br />
et ainsi se protéger contre un allongement<br />
probable <strong>de</strong> l’espérance <strong>de</strong> vie et donc d’une<br />
diminution du taux <strong>de</strong> conversion.<br />
- en phase <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong> son épargne retraite,<br />
le chirurgien bénéficie-t-il d’une offre<br />
<strong>de</strong> gestion financière diversifiée ?<br />
- en phase <strong>de</strong> liquidation <strong>de</strong> ses droits à la retraite,<br />
le chirurgien a-t-il accès à une offre <strong>de</strong><br />
sortie en rente personnalisée et notamment<br />
aux annuités garanties permettant <strong>de</strong> garantir<br />
un retour sur investissement ?<br />
- les frais <strong>de</strong> transfert sont-ils inférieurs ou<br />
égaux à 1% ? En effet le marché <strong>de</strong> l’assurance<br />
retraite Ma<strong>de</strong>lin <strong>de</strong>venant <strong>de</strong> plus en<br />
plus concurrentiel, le chirurgien se laisse la<br />
possibilité <strong>de</strong> changer d’assureur en limitant<br />
les pénalités.<br />
- le contrat MADELIN possè<strong>de</strong>-t-il une garantie<br />
« Remboursement » ?<br />
- l’évaluation <strong>de</strong> l’invalidité est-elle basée exclusivement<br />
sur l’incapacité professionnelle,<br />
voire sur l’incapacité à exercer sa profession ?<br />
La constitution <strong>de</strong> ses revenus futurs est un<br />
<strong>de</strong>s piliers <strong>de</strong> la protection patrimoniale du<br />
chirurgien. Il appartient au chirurgien, avec<br />
son Conseil, d’en comprendre les enjeux et<br />
les règles avant <strong>de</strong> prendre sa décision qui<br />
l’engage sur <strong>de</strong> nombreuses années.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
09<br />
Histoire<br />
Guerre fratrici<strong>de</strong> en Vendée<br />
à la fin du XVIIIème siècle<br />
Terreur citoyenne, catastrophe sanitaire,<br />
rôle humanitaire du mon<strong>de</strong> médical<br />
Par Pierre VAYRE<br />
« Le véritable auteur d’une guerre n’est pas celui<br />
qui la déclare mais celui qui la rend nécessaire »<br />
Charles <strong>de</strong> Sécondat, baron <strong>de</strong> Montesquieu<br />
RÉSUMÉ<br />
Au cours <strong>de</strong> la Révolution française, après la<br />
chute <strong>de</strong>s Girondins dirigés par l’avocat limousin<br />
P. Vergniaud, la Convention sous la pression<br />
<strong>de</strong>s Montagnards, en 1792 déclenche<br />
l’agitation thermidorienne. La population <strong>de</strong>s<br />
départements <strong>de</strong> l’ouest, notamment la Vendée,<br />
se révolte par idéologie religieuse et par<br />
opposition à la loi <strong>de</strong> conscription contre la<br />
première coalition. C’est la première guerre <strong>de</strong><br />
Vendée (1793-1796), guérilla fratrici<strong>de</strong> opposant<br />
« blancs et bleus dans la Vendée déchirée<br />
» dont le triste bilan est la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong><br />
la plus gran<strong>de</strong> partie du territoire et <strong>de</strong>s populations<br />
<strong>de</strong> quatre départements entraînant<br />
300 à 500 000 morts selon l’étu<strong>de</strong> historiographique.<br />
Nous envisageons trois aspects spécifiques<br />
:<br />
- terreur citoyenne dite terreur bleue ;<br />
- catastrophe sanitaire par afflux <strong>de</strong> blessés<br />
et d’épidémies infectieuses, en l’absence <strong>de</strong><br />
notion <strong>de</strong> santé publique, <strong>de</strong> moyen <strong>de</strong> prévention<br />
et <strong>de</strong> traitement ;<br />
- rôle humanitaire fondamental du mon<strong>de</strong><br />
médical dans les <strong>de</strong>ux camps pour subvenir<br />
aux malheurs <strong>de</strong>s belligérants sans distinction<br />
d’appartenance.<br />
Il s’agit d’une leçon d’histoire : errare humanum<br />
est, perseverare diabolicum<br />
Dans la région du pays <strong>de</strong> Loire, la Vendée est<br />
le bas Poitou à l’ouest du Poitou historique. Initialement<br />
favorable à la Révolution française<br />
<strong>de</strong> 1789, la population <strong>de</strong> Vendée est déçue<br />
par les décisions nouvelles à partir <strong>de</strong> 1792<br />
prises par la Convention sous la pression <strong>de</strong>s<br />
Montagnards après disparition <strong>de</strong>s Girondins<br />
menés par l’avocat limousin P. Vergniaud :<br />
La mauvaise répartition<br />
<strong>de</strong>s impôts<br />
est mal ressentie<br />
par la société vendéenne<br />
faite d’une<br />
paysannerie pauvre,<br />
d’un clergé respecté,<br />
<strong>de</strong> gentils hommes<br />
campagnards et une<br />
bourgeoisie jalousée<br />
car seule bénéficiaire<br />
<strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s biens<br />
nationaux (Alain Gérard<br />
(1)).<br />
Surtout en 1793 trois<br />
décisions ren<strong>de</strong>nt<br />
furieuse cette population<br />
<strong>de</strong> l’ouest <strong>de</strong> la<br />
France :<br />
- exécution <strong>de</strong> Louis<br />
XVI ;<br />
- constitution civile<br />
du clergé avec déportation<br />
<strong>de</strong>s prêtres<br />
réfractaires ;<br />
Figure 1<br />
Figure 2<br />
- levée <strong>de</strong> 300 000 hommes dont 18 000 Vendéens<br />
pour combattre aux frontières la première<br />
coalition.<br />
Pr Pierre VAYRE<br />
LES VENDÉENS PRENNENT LES ARMES PAR<br />
IDÉOLOGIE RELIGIEUSE ET POUR NE PAS<br />
FAIRE LA GUERRE<br />
En signe <strong>de</strong> reconnaissance les paysans Vendéens<br />
catholiques et monarchistes bro<strong>de</strong>nt sur<br />
leurs habits quotidiens une cocar<strong>de</strong> blanche<br />
avec un cœur rouge surmonté d’une croix, en<br />
témoignage du culte du « Sacré-Cœur » introduit<br />
en France en 1765 puis relancé en 1792<br />
par Louis XVI. La Vendée est l’ancien bas Poitou<br />
avec préfecture à la Roche-sur-Yon et sous<br />
préfectures à Fontenay-le-Comte et les Sables<br />
d’Olonne. Il y a trois territoires : la Gâtine (mon-<br />
Figure 3<br />
tagne), le Bocage (ouest), les Mauges (nord<br />
est).<br />
La première guerre <strong>de</strong> Vendée (1793-1796) se<br />
déroule violemment sur le territoire <strong>de</strong> quatre<br />
départements : le nord <strong>de</strong> la Vendée, le nord<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Sèvres, le sud du Maine et Loire (dit<br />
les Mauges) et le sud <strong>de</strong> la Loire atlantique.<br />
Cette zone <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 000 km2 porte le<br />
nom <strong>de</strong> Vendée militaire (2), entre Fontenayle-Comte<br />
au sud, Bressuire et les Pont-<strong>de</strong>-Cé<br />
à l’est, Ancenis au nord. Ainsi le tiers seulement<br />
<strong>de</strong> la Vendée militaire se situe en Vendée<br />
géographique.<br />
L’insurrection Vendéenne est différente <strong>de</strong> la<br />
« Chouannerie » qui se rallie par imitation du<br />
cri du chat-huant sous l’autorité <strong>de</strong> Jean Cottereau,<br />
insurrection <strong>de</strong> Bretagne au nord <strong>de</strong> la<br />
Loire comprenant le Maine, l’Anjou et la Normandie.<br />
La cause originelle <strong>de</strong> la Chouannerie<br />
est i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> la révolte Vendéenne,<br />
mais il n’y a jamais fusion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mouvements<br />
subversifs (3, 4, 5, 6).<br />
A la suite <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong> la Convention du<br />
23 février 1793, les paysans <strong>de</strong> Maine-et-Loire<br />
et Loire inférieure, à partir du 3 mars 1793 se
10<br />
HISTOIRE<br />
PIERRE VAYRE<br />
soulèvent contre la Révolution formant la première<br />
émeute <strong>de</strong> Chollet. Du Bocage au Marais,<br />
<strong>de</strong> Fontenay-le-Comte à Chollet en passant<br />
par Machecoul, 440 communes prennent<br />
part à la jacquerie qui évolue rapi<strong>de</strong>ment en<br />
guerre civile. La répression <strong>de</strong> la Convention<br />
et ultérieurement du Directoire est terrible faisant<br />
environ <strong>20</strong>0 000 à 500 000 morts selon les<br />
divers historiographes. Cette première épopée<br />
Vendéenne prend fin en 1796.<br />
1- Terreur citoyenne (6, 7, 8, 9)<br />
Durant l’hiver 1793-1794 vécurent pendant<br />
six mois <strong>de</strong>ux mille Vendéens pour échapper<br />
aux troupes républicaines dans le « refuge <strong>de</strong><br />
Grasla ». Lorsque les colonnes infernales du<br />
Général Turreau ont découvert plus tard ce<br />
village clan<strong>de</strong>stin en 1794, les huttes étaient<br />
vi<strong>de</strong>s !<br />
Dans cette région on voit aussi par-ci par-là<br />
un calvaire à la croisée <strong>de</strong>s chemins. Devant la<br />
Chabotterie il y a un canon là où prit fin l’épopée<br />
Vendéenne. Une croix en granit indique<br />
l’endroit où fut arrêté le Général Charette (23<br />
mars 1796) dit « Roi <strong>de</strong> la Vendée » opéré sur<br />
la table <strong>de</strong> cuisine <strong>de</strong> la Chabotterie. Sa <strong>de</strong>vise<br />
était « combattu souvent, battu quelquefois,<br />
abattu jamais ! ». Né près d’Ancenis en 1763, il<br />
est fusillé à Nantes en 1796. François Athanase<br />
Charette <strong>de</strong> la Contrie sollicité par <strong>de</strong>s paysans<br />
insurgés à Machecoul a pris la tête <strong>de</strong> leur<br />
révolte. « D’une audace peu commune il laisse<br />
percer du génie » (Napoléon I).<br />
Au Lucs-sur-Boulogne se dresse le monument<br />
pour sept mille ans d’histoire <strong>de</strong> la Vendée.<br />
A <strong>20</strong>0 mètres <strong>de</strong> là, le mémorial <strong>de</strong> Vendée,<br />
rend hommage aux 564 villageois <strong>de</strong>s Lucssur-Boulogne<br />
massacrés par les colonnes<br />
infernales <strong>de</strong> Turreau le 28 février 1794 alors<br />
qu’ils étaient réfugiés dans l’église. Le curé Barbe<strong>de</strong>tte<br />
dressa la liste dont 110 enfants. Il y a<br />
un martyrologe gravé en lettres dorées. Les vitraux<br />
<strong>de</strong> l’église au centre du village évoquent<br />
l’histoire du curé Barbe<strong>de</strong>tte. Un village voisin<br />
dans le Bocage fut par chance épargné « la<br />
Talevrière » où fut élevé un mémorial, le seul<br />
construit sous la Terreur où est célébrée en<br />
mémoire une messe le <strong>de</strong>uxième dimanche<br />
<strong>de</strong> septembre, encore au troisième millénaire.<br />
L’essentiel <strong>de</strong>s attaques <strong>de</strong> guérilla se passe<br />
dans le Bocage (10, 11, 12) soit Maine-et-Loire,<br />
Deux-Sèvres et Vendée inférieure avec ses<br />
paysages <strong>de</strong> bois épais, <strong>de</strong>s chemins creux peu<br />
praticables, <strong>de</strong> hautes haies et taillis <strong>de</strong> genêts<br />
facilitant le camouflage pour les paysans insurgés<br />
attaquant par surprise « les patriotes »<br />
qui sont englués dans un piège redoutable<br />
Figure 4<br />
Figure 5<br />
formant « l’enfer du Bocage » tandis que près<br />
<strong>de</strong> la côte ils s’embourbent dans le « Marais »<br />
alors que les « maraichins » sont habitués à se<br />
déplacer en barque et à franchir les « étriers »<br />
avec <strong>de</strong> longues perches !<br />
A- Chronologie <strong>de</strong> la première guerre <strong>de</strong> Vendée<br />
(11)<br />
- Mars 1793 : première émeute à Chollet<br />
le 3 mars, puis Machecoul, Saint Florent le<br />
Vieil, prise <strong>de</strong> Chollet par les Vendéens le 14<br />
mars 1793. Dès lors les nobles non immigrés<br />
prennent la tête <strong>de</strong> la rébellion qui se politise<br />
: Charette, la Rochejacquelin, d’Elbée qui<br />
forment, la gran<strong>de</strong> armée catholique. C’est<br />
une guérilla <strong>de</strong> paysans avec pics, fourches,<br />
faux. La Convention déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> « mettre à<br />
mort tous ceux qui sont révoltés ».<br />
- Avril et Mai 1793 : prise <strong>de</strong>s Aubiers, Beaupréau,<br />
Bressuire, Thouars, Partenay, Fontenay.<br />
- Juin 1793 : bataille <strong>de</strong> Saumur, prise d’Angers<br />
mais Nantes résiste. Mort <strong>de</strong> Cathelineau,<br />
chef <strong>de</strong> l’armée catholique<br />
et royale.<br />
Echec Vendéen à<br />
Quiberon.<br />
- Août 1793 : la<br />
Convention déci<strong>de</strong><br />
« <strong>de</strong>struction complète<br />
<strong>de</strong> la Vendée ».<br />
- Octobre<br />
1793 : début <strong>de</strong> la<br />
virée <strong>de</strong> Galerne.<br />
Les Mayençais <strong>de</strong><br />
Kléber gagnent la<br />
victoire <strong>de</strong> Chollet le<br />
17 octobre 1793.<br />
- Novembre 1793<br />
à Février 1794 : les<br />
noya<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
Nantes.<br />
- Décembre<br />
1793 : défaite <strong>de</strong><br />
l’armée vendéenne<br />
au Mans (12-14<br />
Figure 6<br />
Figure 7<br />
décembre). On a découvert récemment neuf<br />
charniers avec 159 corps <strong>de</strong> vendéens blessés<br />
<strong>de</strong> guerre sans enfant. Ecrasement final<br />
à Savenay avec massacre <strong>de</strong> <strong>20</strong>00 hommes,<br />
femmes et enfants dans l’abbatiale <strong>de</strong> Saint<br />
Florent le Vieil.<br />
- 21 janvier 1794 : exaction <strong>de</strong>s colonnes infernales<br />
<strong>de</strong> Turreau jusqu’en mai 1794 faisant<br />
40 000 morts.<br />
- 28 février 1794 : massacre <strong>de</strong>s Lucs-sur-<br />
Boulogne.<br />
- Février 1795 : accord <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> la Jaunaye.<br />
- 24 juin 1795 : Charette reprend les armes.<br />
- Février à Mars 1796 : général Hoche :<br />
• Exécution <strong>de</strong> Stofflet et Charette<br />
• Fin <strong>de</strong> la première guerre <strong>de</strong> Vendée<br />
- Signalons d’autres insurrections avec échec<br />
en 1799, 1815 et 1832<br />
B- La bataille <strong>de</strong> Saumur<br />
Elle a lieu du 7 au 10 juin 1793, après rassemblement<br />
<strong>de</strong> 30 000 vendéens à Cholet et<br />
Châtillon-sur-Sèvre, commandés par Lescure,<br />
Cathelineau, <strong>de</strong> la Rochejacquelein, Stofflet,<br />
<strong>de</strong> Marigny et Fleuriot <strong>de</strong> la Fleuriais. Battus,<br />
les Républicains se replient sur Tours, la Flèche<br />
et Angers ayant perdu 1 500 hommes dont<br />
400 tués. Les « blancs » per<strong>de</strong>nt 60 morts et<br />
400 blessés mais s’emparent d’un énorme<br />
butin : 50 à 80 canons, 15 000 fusils, gran<strong>de</strong><br />
quantité <strong>de</strong> poudre et <strong>de</strong> munitions. Le 12<br />
juin 1793 Jacques Cathelineau est élu Généralissime<br />
<strong>de</strong> l’armée vendéenne.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
11<br />
C- La virée <strong>de</strong> Galerne<br />
Après la défaite <strong>de</strong>s Vendéens à Cholet le 17<br />
octobre 1793 par les troupes <strong>de</strong> Kleber et Marceau<br />
se produit la célèbre virée <strong>de</strong> Galerne à<br />
partir du 18 octobre 1793. C’est le dramatique<br />
exo<strong>de</strong> <strong>de</strong> 60 à 100 000 vendéens amenés par<br />
La Rochejaquelein avec vieillards, femmes<br />
et enfants. Ils traversent la Loire à Saint Florent<br />
le Vieil vers Château Gontier, Laval, Entrannes,<br />
Avranches. Le première échec <strong>de</strong><br />
cette troupe hétéroclite est à Granville où<br />
les anglais ne sont pas au ren<strong>de</strong>z vous ! Les<br />
Vendéens subissent la promiscuité, le froid, les<br />
maladies et la mort. Putod mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>s épidémies<br />
à Fougères en Ile et Vilaine prend part à la<br />
virée <strong>de</strong> Galerne, combattant farouche déclarant<br />
« j’ai tué plus <strong>de</strong> 300 hommes à la guerre ».<br />
Les vendéens se replient vers la Loire avec<br />
l’échec d’Angers, les massacres du Mans avec<br />
15 000 morts et la <strong>de</strong>struction effroyable <strong>de</strong><br />
Savenay le 23 décembre 1793. Les hôpitaux<br />
<strong>de</strong> la région étaient surchargés. Il y avait plus<br />
<strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s notamment par dysenterie que <strong>de</strong><br />
blessés qui ont été massacrés par les soldats<br />
<strong>de</strong> Westermann qui écrit à la Convention le 23<br />
décembre 1793 : « je n’ai pas <strong>de</strong> prisonniers à<br />
me reprocher, j’ai tout exterminé ». Le dévouement<br />
<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins blancs a été souligné par<br />
tous les rescapés ; citons Cady, Baguenier-Desormeaux,<br />
Goyer <strong>de</strong> la Chapelle. « Tout au long<br />
<strong>de</strong> la virée <strong>de</strong> Galerne (18) les Vendéens ont rencontré<br />
<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et chirurgiens républicains<br />
installés sur le trajet <strong>de</strong> l’exo<strong>de</strong>, très humains<br />
pour blessés et mala<strong>de</strong>s favorables à l’idéologie<br />
royaliste dont certains paieront <strong>de</strong> leur vie leur<br />
désapprobation <strong>de</strong>s massacres ». Les mé<strong>de</strong>cins<br />
bleus du Mans se sont montrés dévoués et<br />
humains tel Louis Faribeault chirurgien, Mallet<br />
mé<strong>de</strong>cin, <strong>de</strong> Verdier pharmacien, <strong>de</strong> Liberge<br />
mé<strong>de</strong>cin. Le corps médical a eu dans ses rangs<br />
beaucoup <strong>de</strong> morts par représailles : Gabriel<br />
Pertager mé<strong>de</strong>cin, guillotiné sur la plage <strong>de</strong>s<br />
Sables d’Olonne le 19 avril 1793, René Fournée<br />
chirurgien à Voullegeon guillotiné à Niort<br />
le 25 avril 1793. La commission militaire <strong>de</strong>s<br />
Sables d’Olonne établit une liste (6 avril 1793<br />
au 6 avril 1794) <strong>de</strong> 118 condamnés dont 13<br />
chirurgiens.<br />
D- Les noya<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Nantes<br />
Elles constituent un effroyable épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />
« terreur bleue » (11-12). A Nantes entre novembre<br />
1793 et février 1794 (Alfred Lallié) (13),<br />
<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> personnes (prêtres, hommes,<br />
vieillards, femmes, enfants) sont noyés dans la<br />
Loire sur ordre <strong>de</strong> JB Carrier parlant <strong>de</strong> « baignoire<br />
nationale ». Les menaces d’épidémie et<br />
Figure 8<br />
Figure 9<br />
Figure 10<br />
la difficulté <strong>de</strong> nourrir plus <strong>de</strong> 10 000 prisonniers<br />
incitent JB Carrier à cet holocauste !<br />
Le 4 décembre 1793 au soir est décidé un<br />
jury pour dresser la liste <strong>de</strong>s proscrits. Le 5 décembre<br />
1793 plus <strong>de</strong> 300 noms sont inscrits.<br />
JB Carrier déci<strong>de</strong> les exécutions <strong>de</strong> nuit par<br />
noya<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s barques à fond plat, coulées<br />
au milieu <strong>de</strong> la Loire à Chantonnay.<br />
La première noya<strong>de</strong> a lieu dans la nuit du 16<br />
au 17 novembre 1793 concernant 90 prêtres<br />
réfractaires. La <strong>de</strong>uxième noya<strong>de</strong> concerne 58<br />
prêtres arrivés d’Angers. La troisième noya<strong>de</strong><br />
dite du Bouffay fait périr 129 détenus dans la<br />
nuit du 14 au 15 décembre 1793, attachés par<br />
<strong>de</strong>ux à une grosse pierre, embarqués sur une<br />
sapine coulée au bout <strong>de</strong> l’Ile Chevire.<br />
Dans la noya<strong>de</strong> du trois Nivôse an II (23 décembre<br />
1793) périssent 800 individus <strong>de</strong> tout<br />
âge et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux sexes, dans <strong>de</strong>s conditions<br />
horribles à la Prairie au Duc.<br />
Du 29 décembre 1793 au 18 janvier 1794 « les<br />
noya<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s Galiottes » concernent <strong>de</strong>ux à<br />
trois expéditions avec à chaque fois <strong>20</strong>0 à 300<br />
victimes. L’ultime noya<strong>de</strong>, sous la direction <strong>de</strong><br />
Carrier, aurait eu lieu dans la nuit du 27 février<br />
1794 pour 41 personnes, dont 12 femmes, 15<br />
enfants et cinq nourrissons dans la baie <strong>de</strong><br />
Bourg Neuf.<br />
Au total, on estime le nombre <strong>de</strong>s noya<strong>de</strong>s<br />
entre sept et onze avec 1 800 à 4 800 victimes<br />
pour Jacques Hussenet, sur ordre<br />
<strong>de</strong> Carrier et probablement 2 000 autres<br />
sur ordre <strong>de</strong> divers révolutionnaires ! Jean-<br />
Clément Martin (24) estime 1 800 à 4 000<br />
noyés ; pour Alfred Lallié (13) 4 800 ; pour<br />
Fouquier 9 000 noyés. Pour Reynald Secher<br />
(23), ces noya<strong>de</strong>s sont un <strong>de</strong>s volets d’une<br />
politique d’extermination <strong>de</strong>s vendéens dits<br />
« brigands » par vote <strong>de</strong> la Convention du 1er<br />
octobre 1793. Dans son livre « Une famille<br />
<strong>de</strong> brigands en 1793, éditions du Chelotais »,<br />
Marie <strong>de</strong> Sainte-Hermine décrit l’extermination<br />
<strong>de</strong>s « cléricaux et réactionnaires » qu’on<br />
appelle aujourd’hui « intégristes catholiques »<br />
et « extrémistes <strong>de</strong> droite ».<br />
E- Les colonnes infernales <strong>de</strong> Louis-Marie<br />
Turreau <strong>de</strong> Garamboulive, baron <strong>de</strong> Linières<br />
(1756-1816) (14)<br />
Fervent révolutionnaire dès 1789 il organise<br />
les « colonne infernales » massacrant<br />
en quatre mois (janvier à mai 1794) 10 000 à<br />
40 000 Vendéens. Directeur <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> nationale<br />
à Conche le 4 juillet 1792, nommé Colonel<br />
en novembre 1792, nommé aux armées<br />
<strong>de</strong>s côtes <strong>de</strong> La Rochelle <strong>de</strong> juin à octobre<br />
1793, il est Commandant en chef <strong>de</strong> l’armée<br />
<strong>de</strong> l’ouest le 30 décembre 1793.<br />
Après la défaite Vendéenne <strong>de</strong> la virée <strong>de</strong> Galerne,<br />
le Général LM Turreau (14) met au point<br />
un plan d’anéantissement <strong>de</strong> la Vendée par<br />
six divisions avec <strong>de</strong>ux colonnes chacune soit<br />
12 colonnes pour exterminer « les brigands<br />
<strong>de</strong> la révolte » y compris femmes et enfants<br />
pour réaliser « un cimetière national » suivi du<br />
repeuplement par <strong>de</strong>s réfugiés républicains.<br />
De janvier à mai 1794 ces colonnes quadrillent<br />
Maine-et-Loire, Loire inférieure, Vendée, Deux-<br />
Sèvres avec d’horribles massacres, viols, tortures,<br />
pillages, incendies (LM Clénet (15) et<br />
Simone Loidreau (16)).<br />
Loin <strong>de</strong> mettre fin à la guerre, ces exactions<br />
entrainent <strong>de</strong> nouveaux soulèvements <strong>de</strong>s<br />
paysans menés par Charette, Stofflet, Sapinaud,<br />
Marigny. Le 26 juillet 1793 à la Convention<br />
nationale Barère <strong>de</strong> Vieuzac décrète que<br />
l’anéantissement <strong>de</strong> la Vendée est nécessaire !<br />
Le 9 août 1793 l’armée <strong>de</strong> Mayence est envoyée<br />
en Vendée ; le Général en chef <strong>de</strong>s côtes<br />
<strong>de</strong> La Rochelle est Jean-Antoine Rossignol se<br />
ventant d’avoir semé la terreur. Mais les Vendéens<br />
battent les Mayençais le 18 septembre<br />
1793 à Tiffauge. Après réorganisation en ar-
12<br />
HISTOIRE<br />
PIERRE VAYRE<br />
mée <strong>de</strong> l’ouest par <strong>de</strong> nouveaux généraux, les<br />
Républicains remportent le 16 et 17 octobre<br />
1793, la victoire <strong>de</strong> Chollet. Dès lors, les vendéens<br />
(60 à 100 000 femmes et enfants inclus)<br />
traversent la Loire, c’est le début <strong>de</strong> la virée<br />
<strong>de</strong> Galerne à laquelle Charette ne participe<br />
pas, continuant à se battre dans les Marais <strong>de</strong><br />
Retz, la Vendée militaire comportant 735 communes<br />
avec 775 000 habitants.<br />
Parmi les généraux républicains les plus terribles<br />
sont Cor<strong>de</strong>lier et Grignon. Dès février<br />
1794, les embusca<strong>de</strong>s vendéennes ralentissent<br />
la marche <strong>de</strong>s colonnes infernales. Le<br />
23 janvier 1794 le représentant Laignelot dénonce<br />
à la Convention les horreurs <strong>de</strong>s massacres<br />
aux environs <strong>de</strong> Challans par le Général<br />
Haxo.<br />
Le 11 février 1794 <strong>de</strong> Tours Marc-Antoine Jullien<br />
révèle les exactions <strong>de</strong>s colonnes <strong>de</strong> Turreau.<br />
Le 12 février, Barère <strong>de</strong> Vieuzac fait un<br />
rapport désapprouvant l’action <strong>de</strong> Turreau<br />
« barbarie exagérée dans l’exécution <strong>de</strong>s décrets<br />
». Le 13 février, Carnot écrit à Turreau <strong>de</strong><br />
« réparer ses fautes […] il faut tuer les brigands<br />
et non brûler les fermes ». Le 9 avril Turreau<br />
écrit aux représentants Hentz et Garreau « la<br />
Convention m’ordonne d’en finir avec la Vendée<br />
[…] ces hommes sont indomptables […] la Vendée<br />
doit n’être qu’un grand cimetière national<br />
[…] repeuplez-la <strong>de</strong> bons sans culottes <strong>de</strong>venant<br />
propriétaires qui défendront leur terre […] traçant<br />
avec le sang une ligne <strong>de</strong> démarcation entre eux<br />
et les paysans… la patrie sera sauvée ! »<br />
Le 19 décembre 1795 LM Turreau est acquitté<br />
par le tribunal militaire jugeant qu’il n’a fait<br />
qu’exécuter les ordres <strong>de</strong> la Convention. En<br />
1797 il est réintégré dans l’armée <strong>de</strong> Sambre<br />
et Meuse. Chevallier <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> Saint Louis<br />
ayant son nom inscrit sur l’Arc <strong>de</strong> Triomphe à<br />
Paris ; Général <strong>de</strong> division, il termine sa carrière<br />
comme Ambassa<strong>de</strong>ur aux Etats-Unis <strong>de</strong><br />
1803 à 1811 puis il est fait Baron d’empire le 13<br />
mars 1812. Horrible ve<strong>de</strong>tte <strong>de</strong> la terreur thermidorienne<br />
dans l’ouest <strong>de</strong> la France, le cas<br />
Turreau prouve l’effroyable comportement <strong>de</strong><br />
violence haineuse dominant le climat républicain<br />
lors <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Vendée et l’inconscience<br />
déshumanisée <strong>de</strong> l’époque qui permet<br />
à un bourreau <strong>de</strong> poursuivre sous les régimes<br />
politiques suivants sa carrière honorifique, ce<br />
qui doit inciter à remplacer la classique formule<br />
« honneur et patrie » par celle plus humiliante<br />
« honte et partis ».<br />
F- Les forces armées en Vendée militaire<br />
L’armée républicaine <strong>de</strong> l’ouest est une organisation<br />
militaire faite <strong>de</strong> jeunes conscrits<br />
mais bien armés et encadrés par <strong>de</strong>s chefs<br />
militaire <strong>de</strong> carrière avec <strong>de</strong>s généraux sans pitié,<br />
agacés par les attaques impromptues <strong>de</strong>s<br />
guérillas <strong>de</strong>s brigands « dissimulés dans le Bocage<br />
et le Marais ». La haine s’empare <strong>de</strong>s prétendus<br />
patriotes républicains dits « les bleus »<br />
contre l’armée <strong>de</strong> l’ombre <strong>de</strong>s vendéens dits<br />
« les blancs ». Dans les <strong>de</strong>ux camps se développe<br />
une farouche exaltation aboutissant<br />
au massacre vindicatif sans loi, sans honneur,<br />
sans humanité.<br />
Au début <strong>de</strong> la guerre l’armée vendéenne<br />
est constituée essentiellement <strong>de</strong> paysans<br />
; sitôt les combats terminés, la plupart<br />
s’éparpillent dans la campagne se dissimulant<br />
dans les genêts du Bocage et les méandres<br />
du Marais. Au début <strong>de</strong> la guerre, ils n’ont pas<br />
d’autres armes que leurs faux, leurs fourches<br />
et leurs fusils <strong>de</strong> chasse. Au fil <strong>de</strong>s victoires ils<br />
s’emparent <strong>de</strong> canons, <strong>de</strong>s fusils avec leurs<br />
munitions <strong>de</strong>s républicains en déroute. La<br />
cavalerie vendéenne représente <strong>20</strong>0 cavaliers<br />
montant <strong>de</strong>s chevaux <strong>de</strong> trait avec pour toute<br />
selle un bât et <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s en guise d’étriers. A<br />
l’exception <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> Bonchamps, les<br />
Vendéens n’ont pas d’uniforme militaire. Ils<br />
portent leurs habits quotidiens : chemise et<br />
veste, large culotte, chapeau rond, pieds nus<br />
dans leurs sabots ! En signe <strong>de</strong> reconnaissance<br />
ils arborent une cocar<strong>de</strong> blanche avec un cœur<br />
rouge surmonté d’une croix. Ces « paysans<br />
brigands » sont mêlés avec quelques chefs<br />
militaires plus disciplinés ainsi que quelques<br />
chouans et déserteurs <strong>de</strong>s armées républicaines.<br />
Il y a en fait quatre armées :<br />
- l’armée du centre ou du Haut Bocage, commandée<br />
par Royrand et Sapinaud ;<br />
- l’armée d’Anjou ou <strong>de</strong>s Mauges, commandée<br />
par Cathelineau, d’Elbée, Bonchamps et Stofflet<br />
;<br />
- l’armée du Haut Poitou, commandée par Lescure<br />
et La Rochejaquelein ;<br />
- l’armée du Bas Poitou ou du Marais, commandée<br />
par Charette <strong>de</strong> la Contrie du manoir<br />
<strong>de</strong> Fonteclause.<br />
Les trois premières armées constituent la<br />
« Gran<strong>de</strong> armée catholique et royale ». L’armée<br />
<strong>de</strong> Charette ne se joint que rarement<br />
à elle. Les principaux chefs vendéens sont <strong>de</strong><br />
petits hobereaux mais Charette fut officier <strong>de</strong><br />
marine, Bonchamps capitaine <strong>de</strong> grenadier,<br />
d’Elbée et Sapinaud lieutenants <strong>de</strong> l’armée<br />
royale, La Rochejaquelein gar<strong>de</strong> du roi. Les<br />
chefs vendéens savent adapter leurs stratégies<br />
à leur armée non professionnelle, mais il y<br />
a quelques zizanies entre eux. Jacques Cathelineau<br />
surnommé « le sage d’Anjou » est élu<br />
Généralissime <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> armée à Saumur.<br />
Il dirige l’attaque <strong>de</strong> Nantes où il est mortellement<br />
blessé le 14 juillet 1793. Henri <strong>de</strong> La<br />
Rochejaquelein, Général en chef « <strong>de</strong> l’armée<br />
catholique et royale » meurt d’une balle dans<br />
la tête à l’âge <strong>de</strong> 22 ans. François Athanase<br />
Charette <strong>de</strong> la Contrie est fusillé à Nantes<br />
le 29 mars 1796 entrainant la fin <strong>de</strong> la première<br />
guerre <strong>de</strong> Vendée. Le marquis d’Elbée,<br />
apprécié <strong>de</strong>s paysans succè<strong>de</strong> à Cathelineau<br />
comme Généralissime vendéen en 1793 mais<br />
il est fusillé à Noirmoutier par les hommes du<br />
Général Haxo. Nicolas Stofflet refuse <strong>de</strong> signer<br />
le traité <strong>de</strong> la Jaunaye, il est exécuté en criant<br />
« vive la religion, vive le roi ».<br />
II- La catastrophe sanitaire<br />
A- Etat du mon<strong>de</strong> médical<br />
A la fin du XVIIIème siècle les connaissances<br />
et les pratiques médicales étaient encore près<br />
<strong>de</strong> celles stigmatisées par Molière comme le<br />
montre Jean-François Viaud dans son livre « Le<br />
mala<strong>de</strong> et la maladie sous l’ancien régime »<br />
(<strong>20</strong>11). Il y avait peu <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins diplômés<br />
et qui exerçaient surtout en ville. En zone<br />
rurale les chirurgiens étaient dominants avec<br />
pratique ambulatoire. Et il y avait surtout une<br />
multitu<strong>de</strong> d’empiriques et <strong>de</strong> charlatans. Il n’y<br />
avait aucune notion <strong>de</strong> prévention sanitaire<br />
ni <strong>de</strong> santé publique. Les épidémies diverses<br />
faisaient régulièrement <strong>de</strong>s ravages. Les hôpitaux<br />
étaient rares, servant à recevoir « les misères<br />
du mon<strong>de</strong> ».<br />
Lors <strong>de</strong> la première guerre <strong>de</strong> Vendée (1793-<br />
1796) les locaux <strong>de</strong>stinés aux soins médico<br />
chirurgicaux étaient rares et mal équipés<br />
comme le « mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s soignants » était mal<br />
réparti en nombre insuffisant et <strong>de</strong> capacité<br />
thérapeutique faible face à l’afflux <strong>de</strong> blessé<br />
et surtout à la propagation <strong>de</strong>s épidémies<br />
(typhus, variole, typhoï<strong>de</strong>, paludisme, scarlatine,<br />
gale). Ces problèmes sont bien étudiés<br />
par R Mercier (17) signalant 150 hôpitaux <strong>de</strong><br />
toutes catégories avec 600 officiers <strong>de</strong> santé<br />
dont 80 sont décédés ayant leur nom inscrits<br />
sur le mémorial <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Vendée.<br />
B- Le mon<strong>de</strong> médical en Vendée<br />
Pour G Blandin (18), entre 1793 et 1796, en<br />
Vendée la mobilisation du mon<strong>de</strong> médical<br />
écrit une page gothique au moment où ailleurs<br />
on entrevoit « les lumières ». C’est la fin<br />
<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine empirique du XVIIIème siècle<br />
avant le début <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine clinique du<br />
XIXème siècle. Les mala<strong>de</strong>s pensaient subir<br />
une fatalité et espéraient en la « magie » pour<br />
lutter contre le mauvais sort, ce qu’expriment
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
13<br />
les « cahiers <strong>de</strong> doléances » <strong>de</strong> 1789. Montesquieu<br />
disait « Un mé<strong>de</strong>cin ne serait plus ridicule<br />
si ses habits étaient moins lugubres et s’il<br />
tuait ses mala<strong>de</strong>s en badinant ».<br />
R Mercier (17) et G Blandin (18) proposent<br />
un panorama du mon<strong>de</strong> médical pendant la<br />
guerre <strong>de</strong> Vendée. Tous les mé<strong>de</strong>cins et chirurgiens<br />
soignaient indifféremment « blancs et<br />
bleus » conformément à l’éthique traditionnelle.<br />
Beaucoup ont dénoncé les exactions<br />
<strong>de</strong>s colonnes infernales <strong>de</strong> Turreau et le mauvais<br />
état <strong>de</strong>s prisons <strong>de</strong> Nantes (19) comme<br />
G Laennec, Raulon, Thomas. Janot La Tour,<br />
officier <strong>de</strong> santé du quatrième bataillon <strong>de</strong>s<br />
Charentes écrit au représentant du peuple les<br />
massacres <strong>de</strong>s blessés et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s.<br />
Exceptionnellement quelques mé<strong>de</strong>cins ont<br />
participés au massacre <strong>de</strong>s populations. Particulière<br />
est l’affaire Pequel qui dirigea les<br />
tanneries <strong>de</strong> peaux <strong>de</strong> Vendéens aux Ponts-<br />
Libres près d’Angers chez Langlais. Il aurait<br />
écorché 32 cadavres. Saint Just le 14 mai 1793,<br />
fait un rapport : « On tanne à Meudon la peau<br />
humaine. Cette peau est <strong>de</strong> consistance supérieure<br />
à celle <strong>de</strong>s chamois. Celle <strong>de</strong>s sujets<br />
féminins est plus souple mais présente moins<br />
<strong>de</strong> solidité ». Se sont vantés <strong>de</strong> porter <strong>de</strong> telles<br />
culottes Beysser et le Général Moulin <strong>de</strong>s colonnes<br />
infernales.<br />
Le fait le plus frappant est que la gran<strong>de</strong><br />
majorité du milieu médical a pris part au<br />
secours <strong>de</strong>s blessés et <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s et que<br />
beaucoup ont été déportés ou faits prisonniers<br />
par les Républicains. Le 7 Frimaire an<br />
II, Fourcroy dénonce 600 officiers <strong>de</strong> santé<br />
morts en 18 mois.<br />
En Vendée la <strong>de</strong>nsité médicale était faible<br />
avec par département trois ou quatre correspondants<br />
<strong>de</strong> la « Société Royale <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
» fondée par Necker après décision <strong>de</strong> la<br />
commission <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine créée en avril 1776<br />
par Turgot ex intendant du Limousin. En Vendée<br />
les étudiants mé<strong>de</strong>cins venaient surtout<br />
<strong>de</strong> Paris et Montpellier mais aussi <strong>de</strong> Nantes,<br />
Angers, Poitiers et Limoges, dont l’hôpital<br />
Saint Alexis (<strong>20</strong>) disposait du droit <strong>de</strong> maîtrise<br />
en chirurgie qui fut supprimé par décret du<br />
18 août 1792…mais l’enseignement <strong>de</strong>s étudiants<br />
a été poursuivit dès 1795 à l’instigation<br />
<strong>de</strong> l’administrateur le marquis <strong>de</strong>s Pra<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
Fleurettes (1793-1811).<br />
En Vendée entre 1793 et 1796 le mon<strong>de</strong> médical<br />
a compris le rôle <strong>de</strong> l’hygiène et a lutté contre<br />
l’obscurantisme inefficace <strong>de</strong>s pratiques empiriques.<br />
Les apothicaires avaient bonne réputation<br />
! A Nantes la corporation comptait 1 563<br />
pratiquants. A Thouars 1 617, à Angers 1 619, à<br />
Fontenay le comte 1 632. Les lettres patentes<br />
<strong>de</strong> Louis XIV en 1672 reconnaissaient « maître<br />
en l’art <strong>de</strong> pharmacie » après un apprentissage,<br />
l’impétrant faisant un chef d’œuvre et<br />
prêtant serment <strong>de</strong>vant le prévôt.<br />
Les mé<strong>de</strong>cins royalistes voulaient se soustraire<br />
à la réquisition et servaient l’armée vendéenne<br />
en se cachant et combattant avec elle. Les<br />
mé<strong>de</strong>cins républicains enrôlés dans l’armée<br />
<strong>de</strong> l’ouest exerçaient soit sur place soit dans<br />
un hôpital. On estime qu’il y avait 1<strong>20</strong> « royalistes<br />
» et 160 « républicains » (21, 22).<br />
En Anjou, il y avait 85 mé<strong>de</strong>cins pour 2 500 000<br />
habitants dont un mé<strong>de</strong>cin diplômé pour<br />
cinq chirurgiens ! En 1789 à Bourgoin, en Loire<br />
Atlantique il y a huit officiers <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong>s<br />
apothicaires et <strong>de</strong>s chirurgiens mais pas <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cin diplômé ! A Machecoul il y avait <strong>de</strong>ux<br />
mé<strong>de</strong>cins et trois officiers <strong>de</strong> santé, à Clisson,<br />
un mé<strong>de</strong>cin et cinq officiers <strong>de</strong> santé, à Paimboeuf,<br />
aucun mé<strong>de</strong>cin mais sept officiers <strong>de</strong><br />
santé. Les mé<strong>de</strong>cins ruraux étaient rares, petite<br />
bourgeoisie passant la vie à cheval ou en<br />
carriole. Certains ont fait une carrière politique<br />
comme Jean-Gabriel Gallot, Blin à Nantes, Lavalée<br />
à Angers. Les résultats <strong>de</strong>s actes médicaux<br />
étaient stigmatisés dans les cahiers <strong>de</strong><br />
doléances : « l’ignorance <strong>de</strong>s chirurgiens <strong>de</strong><br />
campagne coûte actuellement à l’état plus <strong>de</strong><br />
citoyens que <strong>de</strong>s batailles rangées ne pourraient<br />
leur en faire perdre ».<br />
L’histoire du service <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s armées <strong>de</strong><br />
l’ouest est caractéristique <strong>de</strong>s problèmes sanitaires.<br />
Le 1er août an II, la Convention nationale<br />
prend le décret <strong>de</strong> « réquisition forcée<br />
<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong>s chirurgiens non chargés <strong>de</strong><br />
familles, même en cours d’étu<strong>de</strong> pour augmenter<br />
le service <strong>de</strong> santé qui passe ainsi <strong>de</strong> 1 400<br />
personnes au début <strong>de</strong> la guerre en 1792 à près<br />
<strong>de</strong> 10 000 en 1795 ». Les dirigeants du service<br />
<strong>de</strong> santé <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> l’ouest sont connus par<br />
la thèse <strong>de</strong> Raoul Mercier (17).<br />
Il y a eu plus <strong>de</strong> « chirurgiens combattants<br />
chez les blancs que chez les bleus ». On estime<br />
qu’un sur cinq du total <strong>de</strong>s praticiens <strong>de</strong> la<br />
région vendéenne a suivi les insurgés. En<br />
janvier 1794 Francastel d’Angers (équivalent<br />
<strong>de</strong> Carrier à Nantes) <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que mé<strong>de</strong>cins<br />
et chirurgiens royalistes faits prisonniers<br />
soient exécutés.<br />
L’armée vendéenne était moins organisée que<br />
l’armée républicaine mais il y avait « un conseil<br />
militaire supérieur à Chatillon et un conseil civil<br />
à la Chaise le Vicomte ». Dans la même famille<br />
il pouvait y avoir <strong>de</strong>s « divisions », ainsi Bacqua<br />
chirurgien républicain très connu <strong>de</strong> l’Hôtel<br />
Dieu <strong>de</strong> Nantes a un frère royaliste Georges-<br />
Henri Bacqua chirurgien major <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong><br />
Charette.<br />
Parmi les chirurgiens vendéens (17, 18, 21,<br />
22) :<br />
- Jacques Bourguet <strong>de</strong> Saint-Hilaire sur l’Autize<br />
s’est beaucoup occupé <strong>de</strong> l’épidémie <strong>de</strong> variole<br />
en 1794 et a d’autre part caché beaucoup<br />
<strong>de</strong> prêtres réfractaires.<br />
- Rémy Trichet chirurgien à la Chaise le Vicomte<br />
a fait <strong>de</strong>s rapports sur la dysenterie, la<br />
gale, le scorbut.<br />
Citons aussi :<br />
Gabriel <strong>de</strong> Clisson, Deffault <strong>de</strong> Montrevaux,<br />
Duplessis <strong>de</strong> Bouzillé.<br />
Peu <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins mais beaucoup <strong>de</strong> chirurgiens<br />
ont combattu activement dans l’armée<br />
vendéenne venant <strong>de</strong>s quatre départements.<br />
- Très connu Jean-Baptiste-Joseph Joly qui dès<br />
le 11 mars 1793 se met à la tête d’une ban<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 6 000 hommes puis attaque les<br />
Sable d’Olonne, Challans, Palluau…mais à<br />
chaque fois il échoue. Il est souvent en conflit<br />
avec Charette qui le condamne à mort…mais<br />
il réussit à s’enfuir dans l’armée d’Anjou !<br />
- Louis Savin chirurgien maire <strong>de</strong> Saint Etienne<br />
du Bois <strong>de</strong>vient commandant <strong>de</strong>s paroisses<br />
autour <strong>de</strong>s Lucs sur Boulogne tandis que son<br />
frère est fusillé à Noirmoutier avec d’Elbée.<br />
- Sébastien Cady chirurgien à Chalonnes,<br />
Maine et Loire, insurgé dès le début avec Cathelineau<br />
participe à la virée <strong>de</strong> Galerne.<br />
- Jean Gillar<strong>de</strong>au chirurgien <strong>de</strong> Mothe Achard.<br />
- Aubin Gillar<strong>de</strong>au chirurgien à Vaugiraud participe<br />
à la première défaite républicaine à Pont<br />
Charraud le 19 mars 1793.<br />
- David Julien chirurgien à Port Saint Père ; Laforêt<br />
chirurgien à l’île d’Yeu ; Guyot <strong>de</strong> la Roche<br />
chirurgien à Thouars…<br />
Il est évi<strong>de</strong>nt que <strong>de</strong> nombreux praticiens<br />
chirurgiens civils ont participé au combat par<br />
exacerbation passionnelle dès 1793 et par<br />
détermination entretenue <strong>de</strong>s parties belligérantes.<br />
Il faut insister au cours <strong>de</strong> l’insurrection<br />
vendéenne sur la présence dans cette armée<br />
<strong>de</strong> guérilla <strong>de</strong> prêtres mé<strong>de</strong>cins comme par<br />
exemple Gandor et Maurice Prouzat <strong>de</strong> l’école<br />
<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Nantes et Vicaire <strong>de</strong> Chantenay<br />
à Nantes puis Curé à Rouans. En 1789 il refuse<br />
son élection à l’Assemblée <strong>Nationale</strong> refusant<br />
la constitution civile du clergé. Il s’exile en<br />
Angleterre et revient en France en 1795 rejoignant<br />
Charette qui le charge d’organiser <strong>de</strong>s<br />
« hôpitaux forestiers ». Il meurt chanoine honoraire<br />
<strong>de</strong> la cathédrale <strong>de</strong> Nantes en 1824. Il<br />
est capital d’insister sur le fait que ces prêtres<br />
mé<strong>de</strong>cins ne combattirent jamais se consa-
14<br />
HISTOIRE<br />
PIERRE VAYRE<br />
crant uniquement aux soins <strong>de</strong>s blessés et<br />
au secours <strong>de</strong> la foi.<br />
Paul Denaud (21) dans sa thèse en 1976 recense<br />
21 praticiens royalistes sur 119 concernés<br />
par l’insurrection, officiers <strong>de</strong> santé en<br />
Vendée et Loire inférieure. Pierre Louis Barraud,<br />
chirurgien major <strong>de</strong> l’armée <strong>de</strong> Charette<br />
en Bas Poitou est fusillé à Noirmoutier en<br />
janvier 1794. Julien David chirurgien à Port<br />
Saint Père est tué à côté <strong>de</strong> Charette ! Joseph<br />
Riou, « chirurgien navigans » <strong>de</strong> Brest rejoint<br />
Charette dont il est chirurgien major ; il est<br />
exécuté à Noirmoutier. Leonard Temiar jeune<br />
chirurgien <strong>de</strong> 23 ans est fusillé à Alençon pendant<br />
la virée <strong>de</strong> Galerne. Le tribunal d’Ile et<br />
Vilaine condamne le 26 janvier 1794 Joseph<br />
Marie <strong>de</strong> Richardière <strong>de</strong> Saint Mervé près <strong>de</strong><br />
Vitré. Insistons sur l’exécution à Angers <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux femmes chirurgiens, Marie Lar<strong>de</strong>ux<br />
et Geneviève Bouchet. Il y a donc preuve <strong>de</strong><br />
mort ou exécution <strong>de</strong> 26 chirurgiens et <strong>de</strong>ux<br />
mé<strong>de</strong>cins royalistes. Crétineau Joly (2) dans le<br />
cinquième volume <strong>de</strong> « L’histoire <strong>de</strong> la Vendée<br />
militaire » donne la liste adressée au ministre<br />
<strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Louis XVIII pour pension militaire<br />
ou autre reconnaissance <strong>de</strong> service rendu.<br />
Il en est ainsi pour Favereau, ancien chirurgien<br />
en chef <strong>de</strong> Charette, Baguenier-Desormeaux,<br />
Sébastien Cady, Jean-Clair Terrier ayant servi<br />
dès mars 1793. Il faut reconnaitre que ces « <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s<br />
à Louis XVIII » étaient rares, la majorité<br />
<strong>de</strong>s praticiens ayant repris à la fin <strong>de</strong> la guerre<br />
leurs activités professionnelles civiles en voulant<br />
se faire oublier !<br />
Les mé<strong>de</strong>cins républicains blessés, « lorsqu’ils<br />
survivaient, étaient envoyés aux eaux à Coterets,<br />
Bourbonne, Dax, Bagnères <strong>de</strong> Bigorre ou<br />
Barrèges (circulaire 18 floréal an III) ». Les invali<strong>de</strong>s<br />
recevaient un diplôme ou un médaillon<br />
et en l’an IV une rente (18). Fin 1793, Turreau,<br />
Prieur et Esnues ordonnent « <strong>de</strong> se défaire le<br />
plus humainement possible <strong>de</strong> tous ceux qui<br />
par raison d’état sanitaire apporteraient un préjudice<br />
quelconque à la marche et au succès <strong>de</strong>s<br />
troupes républicaines ». Au Mans, on ne faisait<br />
pas <strong>de</strong> prisonnier : « les blessés qui restaient<br />
sur les champs <strong>de</strong> bataille étaient hachés sans<br />
nulle miséricor<strong>de</strong> ». Malgré le décret du 3 ventôse<br />
an II, on a massacré dans les hôpitaux à<br />
Pontorson, Granville pendant la virée <strong>de</strong> Galerne,<br />
dans les petits hôpitaux périphériques<br />
comme à Beaupréau, Cholet ou dans les hôpitaux<br />
forestiers comme à Vézins.<br />
Il y avait aussi le problème <strong>de</strong>s « certificats<br />
médicaux <strong>de</strong> complaisance » pour éviter la<br />
réquisition ou la déportation contre lesquels<br />
veillaient les représentants du peuple punissant<br />
<strong>de</strong> mort les auteurs considérés comme<br />
<strong>de</strong>s traitres à la Patrie (décret <strong>de</strong> Fabre du 14<br />
octobre 1793).<br />
C- Les hôpitaux en Vendée militaire<br />
Dans son étu<strong>de</strong> sur « Le mon<strong>de</strong> médical<br />
dans la guerre <strong>de</strong> Vendée » Raoul Mercier<br />
(17) montre clairement le rôle joué par 600<br />
officiers <strong>de</strong> santé dans plus <strong>de</strong> 150 hôpitaux<br />
soulignant 80 noms inscrits sur le mémorial <strong>de</strong><br />
cette guerre fratrici<strong>de</strong>.<br />
Le service hospitalier se fait dans une puanteur<br />
<strong>de</strong> plaies suppurantes, <strong>de</strong> gangrène gazeuses,<br />
<strong>de</strong> déjections <strong>de</strong>s dysentériques et <strong>de</strong>s<br />
typhiques. Le désordre règne dans les services<br />
<strong>de</strong> l’armée avec <strong>de</strong>s exactions dans les <strong>de</strong>ux<br />
camps (vendéen et républicain) mais surtout<br />
il faut insister sur la contagiosité infectieuse<br />
pour le corps médical. A Nantes, sur 19 mé<strong>de</strong>cins<br />
soignant les prisonniers, 13 sont infectés<br />
avec cinq morts ! Les officiers <strong>de</strong> santé <strong>de</strong><br />
Nantes sont réduits à mendier leur nourriture !<br />
A côté <strong>de</strong>s 150 hôpitaux préexistants, ont été<br />
crées, au gré <strong>de</strong>s combats, <strong>de</strong>s unités improvisées,<br />
type, hôpital <strong>de</strong> campagne et ambulances<br />
pour essayer <strong>de</strong> pallier le manque <strong>de</strong><br />
structures <strong>de</strong> soins.<br />
1) Parmi les hôpitaux civils citons :<br />
- en Loire inférieure : Paimboeuf 400 lits, Pornic<br />
24 lits, Machecoul <strong>20</strong> lits, Clisson <strong>20</strong> lits ;<br />
- en Vendée : Sable d’Olonne <strong>20</strong> lits, Fontenay<br />
le Comte 24 lits, Montaigu 24 lits ;<br />
- dans les Deux-Sèvres :<br />
• Thouars <strong>de</strong>venant républicain après la défaite<br />
<strong>de</strong> Quiberon le 5 mai 1793<br />
• Bressuire : <strong>20</strong> lits<br />
• à Niort à :<br />
- la Charité on compte 160 fiévreux et<br />
10 blessés,<br />
- dans les ambulances 1677 fiévreux<br />
et 83 blessés<br />
• à Cholet :<br />
- l’hôpital civil est détruit d’emblée<br />
- l’hôpital militaire a <strong>20</strong>0 lits évacués<br />
le 5 mars 1793<br />
• Doué la Fontaine : <strong>20</strong>3 décès en 1793-1794<br />
• Montreuil Bellay : 6192 hospitalisés <strong>de</strong> 1793<br />
à 1795<br />
2) Les principaux hôpitaux militaires « républicains<br />
» étaient situés à :<br />
Ile d’Yeu, Ile <strong>de</strong> Noirmoutier, Saint Gilles Croix<br />
<strong>de</strong> Vie, Challans, la Chataigneraie, Fontenay le<br />
Vicomte.<br />
3) Il faut étudier à part l’hôpital <strong>de</strong> Limoges et<br />
les hôpitaux <strong>de</strong> Nantes :<br />
- L’hôpital <strong>de</strong> Limoges situé dans le département<br />
limitrophe <strong>de</strong> la Haute Vienne (<strong>20</strong>)<br />
Au XVIIème siècle il y avait cinq hôpitaux dont<br />
Saint-Martial (actuel théâtre) et Saint Gérald<br />
(emplacement <strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Ville) qui était hôpital<br />
général par décret <strong>de</strong> l’assemblée <strong>de</strong> ville<br />
du 4 novembre 1657. Pierre Avril crée le « Collège<br />
royal <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine » enregistré au parlement<br />
<strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux le 18 décembre 1646. Par<br />
décret <strong>de</strong> 1672 est nommé un administrateur<br />
<strong>de</strong> l’hôpital Saint Alexis avec droit <strong>de</strong> conférer<br />
maitrise en chirurgie. A partir <strong>de</strong> 1660, a été<br />
envisagée l’idée <strong>de</strong> regrouper les cinq hôpitaux<br />
anciens en un hôpital général à l’instigation<br />
<strong>de</strong> Martial Male<strong>de</strong>nt et <strong>de</strong>s consuls dont<br />
les lettres patentes sont établies en décembre<br />
1666. La gestion est confiée à l’évêque et dix<br />
administrateurs pour « secourir toutes les<br />
misères humaines ». Dans cet hôpital Saint<br />
Alexis, les soins étaient assurés par la communauté<br />
<strong>de</strong>s sœurs <strong>de</strong> Saint Alexis, congrégation<br />
fondée en même temps que l’hôpital et résidant<br />
sur un terrain proche. Il y a eu dissolution<br />
du Collège royal le 13 décembre 1791 et suppression<br />
du droit <strong>de</strong> maitrise le 18 août 1792.<br />
Le 28 septembre 1792, le conseil général <strong>de</strong> la<br />
commune désigne comme mé<strong>de</strong>cin Mathieu<br />
Dou<strong>de</strong>t et Jean Boyer ainsi que <strong>de</strong>ux chirurgiens,<br />
Julien Périgord et Dominique Dheral<strong>de</strong>.<br />
Sous la Révolution en <strong>de</strong>venant propriété nationale,<br />
l’hôpital Saint Alexis perd son autonomie<br />
financière et traverse une pério<strong>de</strong> difficile<br />
jusqu’au Consulat, notamment avec la guerre<br />
<strong>de</strong> Vendée (1793-1796) au cours <strong>de</strong> laquelle<br />
il remplit le rôle important <strong>de</strong> base hospitalière<br />
et <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s cadres médicaux et<br />
chirurgicaux qu’il n’a jamais abandonnée.<br />
- Les hôpitaux <strong>de</strong> Nantes<br />
Les trois hôpitaux préexistants à la Révolution<br />
sont réquisitionnés pour soins aux blessés <strong>de</strong><br />
guerre. Lors <strong>de</strong> l’insurrection vendéenne ils<br />
sont très vite insuffisants d’où la création <strong>de</strong><br />
nouvelles structures. Dans ces hôpitaux sont<br />
soignés civils et militaires, « blancs et bleus »,<br />
blessés et mala<strong>de</strong>s.<br />
Les trois hôpitaux anciens comprennent :<br />
- Hôtel Dieu dix salles pour 150 à 170 lits<br />
- Hôpital <strong>de</strong>s orphelins, datant <strong>de</strong> 1782<br />
- Sanitat, Hôpital Général datant <strong>de</strong> 1569<br />
Jusqu’en 1793, les religieuses constituent l’essentiel<br />
du personnel infirmier.<br />
En 1789 il y a neuf mé<strong>de</strong>cins, 40 chirurgiens<br />
plus les « navigants ». En novembre 1792 les<br />
sœurs hospitalières <strong>de</strong> l’Hôtel Dieu refusent le<br />
serment civil du clergé et sont donc chassées !
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
15<br />
En 1793, la guerre <strong>de</strong> Vendée entraine l’afflux<br />
<strong>de</strong> 3 769 blessés à l’Hôtel Dieu entre juillet<br />
et novembre. En 1793-1794 Nantes <strong>de</strong>vient<br />
un immense centre hospitalier militaire. Il y<br />
a 90 000 habitants, 6 000 « réfugiés bleus », à<br />
peu près autant <strong>de</strong> soldats blessés ou mala<strong>de</strong>s,<br />
près <strong>de</strong> 10 000 prisonniers en décembre 1793.<br />
Les combats <strong>de</strong> la Saint Pierre le 29 juin 1793<br />
entrainent un afflux <strong>de</strong> blessés <strong>de</strong>vant être<br />
soignés sur place ! Les violents combats <strong>de</strong><br />
l’été 1793 augmentent la population <strong>de</strong> blessés<br />
et <strong>de</strong> sujets atteints <strong>de</strong> maladies contagieuses<br />
aussi bien en milieu civil que militaire,<br />
ce qui nécessite l’augmentation <strong>de</strong> la capacité<br />
hospitalière et en début 1794 a été créée une<br />
dizaine d’hôpitaux. Les couvents désaffectés<br />
sont transformés en hôpitaux militaires avec<br />
4450 lits. A la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du général JM Beysser,<br />
le couvent <strong>de</strong>s Visitandines <strong>de</strong>vient hôpital<br />
militaire <strong>de</strong> l’unité avec le 3 nombre 1793<br />
1 000 hospitalisés dont 600 blessés et 400<br />
vénériens pris en charge par sept officiers <strong>de</strong><br />
santé et 43 assistants.<br />
Le 21 septembre 1793, sont ouverts les hôpitaux<br />
<strong>de</strong> la Fraternité et <strong>de</strong> l’Egalité pour 700 à<br />
1 000 fiévreux soignés médiocrement par sept<br />
ou huit mé<strong>de</strong>cins dans <strong>de</strong>s bâtiments inadaptés<br />
! En septembre 1793 l’armée ouvre trois<br />
hôpitaux : la Liberté, <strong>de</strong>s sans culotte, <strong>de</strong><br />
la montagne dans <strong>de</strong>s bâtiments d’anciens<br />
couvents recevant blessés et mala<strong>de</strong>s. En permanence<br />
il y a 100 fiévreux. La gale est particulièrement<br />
pernicieuse nécessitant rapi<strong>de</strong>ment<br />
l’évacuation à l’écart vers l’église Saint<br />
Jacques <strong>de</strong>venant hôpital militaire pour 500<br />
mala<strong>de</strong>s. Comme centre hospitalier éphémère<br />
sont réquisitionnés l’oratoire (hôpital du Panthéon),<br />
l’église Saint Donatien (hôpital <strong>de</strong> la<br />
Concor<strong>de</strong>), couvent <strong>de</strong>s Jacobins (hôpital du<br />
père Duchesne). Il y a <strong>de</strong> nombreux mala<strong>de</strong>s<br />
et blessés civils parmi les réfugiés et les personnes<br />
détenues. Le Sanitat est occupé par<br />
<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s détenus pour un tiers <strong>de</strong> ses lits !<br />
Le 23 novembre 1793 le comité révolutionnaire<br />
ordonne le transfert <strong>de</strong>s prisonniers<br />
vers l’hospice révolutionnaire dans l’ancienne<br />
maison <strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> la doctrine chrétienne<br />
sous la direction du citoyen Fourrier. Le docteur<br />
Thomas assure la direction <strong>de</strong>s soins. Il y a<br />
plusieurs centaine <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s, parmi lesquels<br />
les épidémies faisaient <strong>de</strong>s ravages. Selon les<br />
dires <strong>de</strong> Fourrier lors du procès <strong>de</strong> Carrier :<br />
« j’en ai vu périr 580 en neuf mois et 75 en <strong>de</strong>ux<br />
jours. Il n’y avait que <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s pourris sur<br />
chacun <strong>de</strong>squels l’épidémie avait dévoré plus<br />
<strong>de</strong> 50 individus ». Le 25 juin 1794 un rapport<br />
précise « les commissaires ont trouvé environ<br />
<strong>20</strong>0 mala<strong>de</strong>s à peu près dépourvus <strong>de</strong> tout ».<br />
III- Historiographie et bilan sociétal<br />
Gracchus Babeuf sous la Convention dénonce<br />
JM Carrier créant le terme <strong>de</strong> « populici<strong>de</strong> »<br />
pour la Vendée militaire. En 1806, premier historien<br />
<strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Vendée, Alphonse <strong>de</strong><br />
Beauchamp révèle que les troupes <strong>de</strong> Turreau<br />
ont fait disparaitre le quart <strong>de</strong> la population<br />
vendéenne. En 1824-1827 Jean-Michel Savary,<br />
général républicain publie « La guerre <strong>de</strong>s vendéens<br />
et <strong>de</strong>s chouans contre la République<br />
française ». Il insiste sur la responsabilité <strong>de</strong> la<br />
cruauté <strong>de</strong> Turreau et <strong>de</strong> la folie <strong>de</strong> Carrier et<br />
non pas sur celle <strong>de</strong> la Convention ! Adolphe<br />
Thiers condamne la terreur thermidorienne.<br />
Jacques Crétineau-Joly (2), dans « Histoire <strong>de</strong><br />
la Vendée militaire » décrit les massacres faits<br />
par les républicains et les exécutions <strong>de</strong> Carrier<br />
et Francastel estimant que les colonnes<br />
infernales ont tué le quart <strong>de</strong> la population<br />
vendéenne. Jules Michelet n’évoque pas les<br />
colonnes infernales ! En 1847-1862 le socialiste<br />
Louis Blanc défend la Terreur et Robespierre<br />
avec circonstances atténuantes pour<br />
Carrier, estimant que les massacres commis<br />
par les vendéens ont fait plus <strong>de</strong> victimes que<br />
ceux <strong>de</strong>s Républicains !<br />
En 1865 Edgard Quinet ami <strong>de</strong> Michel et considère<br />
que la guerre <strong>de</strong> Vendée est l’opposition<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fanatismes estimant que Turreau et<br />
Carrier ont agi sur ordre <strong>de</strong> la Convention…<br />
mais il est désavoué par son propre groupe<br />
politique.<br />
Sous la troisième République, les historiens<br />
soutiennent les « patriotes » et pour Jean Jaurès<br />
les vendéens « doivent être jetés dans<br />
les poubelles <strong>de</strong> l’histoire ». L’historiographie<br />
« blanche » est assurée par quelques prêtres<br />
(Félix Deniaud, François Uzareau, Fernand<br />
Mourret). L’association du souvenir vendéen<br />
est créée en 1932. Elle relance la lutte<br />
<strong>de</strong>s blancs avec Monseigneur Pierre l’Ermite<br />
parlant <strong>de</strong>s massacres <strong>de</strong> la « révolution satanique<br />
». Cette association organise <strong>de</strong> nombreux<br />
rassemblements et affiche <strong>de</strong>s plaques<br />
commémoratives. Au troisième millénaire<br />
vibre encore en famille l’évocation <strong>de</strong> cette<br />
guérilla fratrici<strong>de</strong> et les manifestations du<br />
Puy du Fou sont singulièrement évocatrices<br />
<strong>de</strong> l’histoire et du folklore vendéens.<br />
L’Effroyable bilan du gâchis humain <strong>de</strong> la terreur<br />
thermidorienne en Vendée militaire peut s’exprimer<br />
par les statistiques. La Loire inférieure et le<br />
Maine et Loire ont été les départements les plus<br />
martyrisés.<br />
Dans la Loire inférieure<br />
• A Paimboeuf :<br />
103 fusillés ou guillotinés ;<br />
• A Nantes :<br />
- les noya<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Carrier ont fait environ 4500<br />
morts<br />
- les fusilla<strong>de</strong>s ont fait 3000 victimes<br />
- la guillotine a fait :<br />
• 144 exécutions le 17 décembre 1793, dont<br />
quatre enfants<br />
• 27 exécutions le 19 décembre 1793<br />
Le typhus a fait 3 000 morts dans les prisons.<br />
Dans le Maine et Loire<br />
• A Angers :<br />
- 290 prisonniers fusillés ou guillotinés<br />
- 1 0<strong>20</strong> décès par épidémie<br />
Dans l’ensemble du département 11 à<br />
15 000 emprisonnés dont<br />
- 6 à 7 000 fusillés ou guillotinés<br />
- <strong>20</strong>0 décès par maladie<br />
En Vendée et dans les Deux-Sèvres<br />
• A Niort :<br />
- 500 à 1000 prisonniers<br />
- 70 à 80 fusillés ou guillotinés<br />
- <strong>20</strong>0 décès par maladie<br />
• A Fontenay le Comte :<br />
- 196 exécutions par commission militaire<br />
- 40 exécutions par le tribunal militaire<br />
• A la Rochelle :<br />
- 800 prisonniers<br />
- 510 décès par épidémie<br />
• A Noirmoutier (1794) :<br />
- 1 300 prisonniers<br />
- 400 décès<br />
• Aux Sables d’Olonne (avril 1793 à avril 1794) :<br />
- 127 exécutions<br />
- 105 décès par maladie<br />
En 1969 après les exactions nazies sont introduits<br />
les termes <strong>de</strong> « crimes contre l’humanité<br />
et crimes guerre ». En 1983-1985 Pierre Chaunu<br />
et Reynald Sécher parlent <strong>de</strong> génoci<strong>de</strong> en<br />
Vendée (23, 24, 25, 27). Pour Jean-Clément<br />
Martin (24) les violences <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Vendée<br />
sont proches <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> la conquête<br />
corse en 1769 ou <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong>s Antilles en<br />
1791-1802, voire <strong>de</strong>s exactions <strong>de</strong>s armées napoléoniennes<br />
en Aragon et au pays Basque en<br />
1808 ou <strong>de</strong>s « enfuma<strong>de</strong>s » du maréchal Bugeaud<br />
en 1845 lors <strong>de</strong> la conquête <strong>de</strong> l’Algérie.<br />
Le Marechal Jean <strong>de</strong> Lattre <strong>de</strong> Tassigny,<br />
d’origine vendéenne compare les exactions<br />
<strong>de</strong>s colonnes infernales à celles <strong>de</strong>s Waffen<br />
SS en France !<br />
Pour Reynald Sécher en Vendée militaire,<br />
117257 habitants ont disparu, soit 14,38 %<br />
<strong>de</strong> la population ! Pour Jacques Hussenet,<br />
170 000 habitants sur 755 000 (plus <strong>de</strong> 22 %)
16<br />
HISTOIRE<br />
PIERRE VAYRE<br />
ont péri en Vendée militaire ! Louis Marc Clénet<br />
estime que 40 000 <strong>de</strong>s <strong>20</strong>0 000 morts <strong>de</strong>s<br />
guerres <strong>de</strong> Vendée sont imputables aux colonnes<br />
infernales <strong>de</strong> Turreau.<br />
Cette évocation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction en masse<br />
d’une guérilla fratrici<strong>de</strong> (28, 29) et <strong>de</strong> son chef<br />
charismatique Charette <strong>de</strong> la Contrie (30, <strong>31</strong>)<br />
est une résurgence du meurtre d’Abel par Caïn<br />
qui permet <strong>de</strong> comprendre l’esprit prédateur<br />
<strong>de</strong> l’homme en tout point <strong>de</strong> la planète Terre<br />
hélas toujours en éveil au troisième millénaire,<br />
comme s’il ignorait les leçons <strong>de</strong> l’histoire ! Il<br />
en est ainsi <strong>de</strong> la Shoa par les troupes nazies,<br />
<strong>de</strong>s massacres en Corée du nord, <strong>de</strong>s exterminations<br />
<strong>de</strong> Mao Zédong en Chine, <strong>de</strong>s guerres<br />
d’Algérie, Rwanda, Iran, Libye, Afghanistan,<br />
Syrie… Errare humanum est peseverare diabolicum.<br />
La bête humaine est la cause désespérante<br />
<strong>de</strong> son auto<strong>de</strong>struction avec sauvagerie sans<br />
cesse aggravée par <strong>de</strong>s moyens nouveaux :<br />
« Homo homini lupus » ! La guerre <strong>de</strong> Vendée<br />
est un exemple caractéristique au cours<br />
<strong>de</strong> laquelle le mon<strong>de</strong> médical a su exprimer<br />
néanmoins son humanisme humanitaire permettant<br />
<strong>de</strong> pallier une situation infernale en<br />
donnant soin et réconfort aux nombreuses<br />
victimes.<br />
RÉFÉRENCES<br />
1) A Gérard<br />
La Vendée 1789-1793 - Edit. 1993<br />
2) J Crétineau-Joly<br />
Histoire <strong>de</strong> la Vendée militaire - Maison <strong>de</strong> la<br />
bonne presse, Paris 1995<br />
3) J Lequinio<br />
La guerre <strong>de</strong> la Vendée et <strong>de</strong>s Chouans - Pays et<br />
terroirs Edit. 1995<br />
4) R Dupuy<br />
Les Chouans, <strong>20</strong>08<br />
5) E Gaborit<br />
Les guerres <strong>de</strong> Vendée - Robert Laffont Edit. <strong>20</strong>09<br />
6) PH Gourlet<br />
Révolution – Vendée – Chouannerie - Edit. du Choletais,<br />
1989<br />
7) JC Martin<br />
La Vendée et la France - Le Seuil Edit 1987<br />
8) JC Martin<br />
La Loire Atlantique dans la tourmente révolutionnaire<br />
- Reflets du passé Edit 1989<br />
9) JC Martin<br />
La Vendée <strong>de</strong> la mémoire 1800-1980 - Le Seuil Edit.<br />
1989<br />
10) J Peret<br />
Histoire <strong>de</strong> la révolution en Poitou-Charentes<br />
1789-1799 - Projets Edit 1988<br />
11) E Fournier<br />
La Terreur bleue - Albin Michel<br />
12) Comtesse <strong>de</strong> la Bouëre<br />
La guerre <strong>de</strong> Vendée 1793-1794 - Editions du Choletais<br />
1984<br />
13) A Lallié<br />
Les noya<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Nantes - Editions du Choletais<br />
1987<br />
14) Louis-Marie Turreau<br />
Mémoires <strong>de</strong> Turreau pour servir à l’histoire <strong>de</strong> la<br />
guerre <strong>de</strong> Vendée - Pays et terroirs 1795<br />
15) Louis-Marie Clenet<br />
Les colonnes infernales - Perrin Edit 1993<br />
16) Simone Loidreau<br />
Les colonnes infernales en Vendée - Edition du<br />
Choletais <strong>20</strong>10 p.187<br />
17) R Mercier<br />
Le mon<strong>de</strong> médical dans la guerre <strong>de</strong> Vendée -<br />
Thèse ; Tours, 1939, Arrault : Edit 1939<br />
18) G Blandin<br />
Mé<strong>de</strong>cine et mé<strong>de</strong>cins pendant la guerre <strong>de</strong> Vendée<br />
1793-1796 - Edition du Choletais 1990<br />
19) A Lallié<br />
Guerre <strong>de</strong> Vendée, les prisons <strong>de</strong> Nantes - Edition<br />
<strong>de</strong> Choletais 1988<br />
<strong>20</strong>) P Vayre<br />
De l’art à la science en chirurgie - Glyphe edit Paris<br />
<strong>20</strong>04<br />
21) P Donaud<br />
Les mé<strong>de</strong>cins et chirurgiens <strong>de</strong> la Vendée militaire<br />
Thèse Nantes 1976<br />
22) A Bergeron<br />
Du service <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> armée catholique<br />
et royale - Thèse Paris 1954<br />
23) Reynald Secher<br />
Le génoci<strong>de</strong> franco français. La Vendée vengée -<br />
PUF (Presse Universitaire <strong>de</strong> France) Paris 1986<br />
Perrin Edit <strong>20</strong>06<br />
24) JC Martin<br />
La Vendée et la Révolution : accepter la mémoire<br />
pour écrire l’histoire - Poche 23 février <strong>20</strong>07<br />
25) R Secher, H Piralian, S Courtois, GW Goldna<strong>de</strong>l<br />
La Vendée : du génoci<strong>de</strong> au mémorici<strong>de</strong>. Mécanisme<br />
d’un crime légal contre l’humanité - Cerf<br />
<strong>20</strong>11<br />
26) N Meyer-Sablé, CH le Corre<br />
La Chouannerie et les guerres <strong>de</strong> Vendée - Ouest<br />
France Edit <strong>20</strong>10<br />
27) JC Martin<br />
Blancs et bleus dans la Vendée déchirée - Découverte<br />
Gallimard éditeur 1986<br />
28) P Péan<br />
Une blessure française : les soulèvements populaires<br />
dans l’ouest sous la Révolution 1789-1795 -<br />
Octobre <strong>20</strong>08<br />
29) Y Gros<br />
La guerre <strong>de</strong> Vendée - Economic edit 1994<br />
30) Jean Sevillan<br />
« Charrette roi <strong>de</strong> la Vendée » - Figaro Magazine<br />
p.128, 12 octobre <strong>20</strong>02<br />
<strong>31</strong>) Philippe <strong>de</strong> Villiers<br />
« Le roman <strong>de</strong> Charrette » - Albin Michel edit. <strong>20</strong>12<br />
Nouveau !<br />
Accé<strong>de</strong>z en ligne au Magazine !<br />
En accès libre <strong>de</strong>puis le site <strong>de</strong> l’Académie :<br />
www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr
18<br />
12 ÈME CONGRÈS MONDIAL DE L’OSEO<br />
Pr Robert GIULI<br />
Le 12 ème Congrès mondial <strong>de</strong> l’OESO<br />
Paris, du 27 au 30 août <strong>20</strong>13<br />
Par le Pr Robert GIULI<br />
Partenariats Scientifiques<br />
Inscription au Congrès :<br />
Gratuité exceptionnelle pour les Académiciens, à jour <strong>de</strong> leur<br />
cotisation (par mail administration@aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
avant le <strong>31</strong> Mai <strong>20</strong>13)<br />
27 - 30 août <strong>20</strong>13…<br />
Quatre journées qui pourraient bien marquer<br />
une étape dans le domaine <strong>de</strong> la cancérologie<br />
du tube digestif supérieur :<br />
- A Paris, au siège <strong>de</strong> l’UNESCO,<br />
- Un grand congrès.<br />
- Dans la tradition multi-disciplinaire originelle<br />
<strong>de</strong> l’OESO,<br />
- Son 12ème congrès mondial :<br />
- Un thème :<br />
Les cancers <strong>de</strong> l’œsophage<br />
De la muqueuse normale à la tumeur,<br />
Bénéfice thérapeutique d’une approche<br />
translationnelle<br />
- Bénéficiant <strong>de</strong> la participation <strong>de</strong> beaucoup<br />
<strong>de</strong>s plus grands spécialistes représentant<br />
• l’UNESCO et l’OMS,<br />
• L’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>,<br />
• Et beaucoup <strong>de</strong>s plus importants Centres anticancéreux<br />
du mon<strong>de</strong> tels que, entre autres, le<br />
National Cancer Institute <strong>de</strong> Bethesda, le MD<br />
An<strong>de</strong>rson Cancer Center <strong>de</strong> Houston, le Sloan<br />
Kettering Center <strong>de</strong> New York, le Centre <strong>de</strong> l’Université<br />
du Michigan, le Deutsches Krebs Forschung<br />
Zentrum <strong>de</strong> Hei<strong>de</strong>lberg, le Cancer Center<br />
<strong>de</strong> Tokyo.<br />
Tous ces Organismes prestigieux seront réunis<br />
pour faire le point au plus haut niveau mondial<br />
dans le domaine <strong>de</strong> ce que l’on appelle<br />
aujourd’hui la « Recherche translationnelle », spécifiée<br />
dans le titre du congrès :<br />
- Fournir les informations aujourd’hui disponibles<br />
dans le mon<strong>de</strong> pour la prévention du cancer<br />
et son développement,<br />
- Appliquer les plus récentes découvertes <strong>de</strong> la<br />
génétique, <strong>de</strong> l’épigénétique, et <strong>de</strong> la biologie<br />
moléculaire à la compréhension <strong>de</strong> la naissance<br />
d’une cellule cancéreuse,<br />
- Faire la lumière sur les liens aujourd’hui avérés<br />
entre<br />
• la nutrition et le cancer,<br />
• <strong>de</strong>s maladies ou lésions initialement bénignes<br />
et le développement d’une tumeur,<br />
- Evaluer les moyens technologiques les plus<br />
sophistiqués disponibles aujourd’hui dans les<br />
domaines <strong>de</strong> la génétique, <strong>de</strong> l’épidémiologie,<br />
<strong>de</strong> l’endoscopie et <strong>de</strong> l’histologie pour diagnostiquer<br />
ces lésions aux tout premiers sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> leur<br />
évolution,<br />
- Réunir les expériences <strong>de</strong>s meilleures équipes<br />
du mon<strong>de</strong> pour ce qui est <strong>de</strong>s différents traitements<br />
à leur appliquer,<br />
• au niveau du génome,<br />
• dans le contexte <strong>de</strong> l’endoscopie,<br />
• par la chirurgie,<br />
• et par toutes les thérapeutiques les plus affinées<br />
aujourd’hui envisageables, soit isolément,<br />
soit en association.<br />
- Le champ est immense.<br />
- Les perspectives aussi.<br />
- Les populations concernées par ces cancers<br />
sont énormes, dans tous les pays, autant par les<br />
lésions bénignes possiblement à leur origine,<br />
que par la progression contrôlée <strong>de</strong> leur développement.<br />
La réunion, pendant ces 4 journées intenses,<br />
<strong>de</strong> représentants d’équipes <strong>de</strong>s quatre coins du<br />
mon<strong>de</strong> qui vont apporter leur contribution,<br />
- pour comprendre,<br />
- pour prévenir,<br />
- et pour traiter les cancers <strong>de</strong> l’œsophage, représentera<br />
un évènement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> signification.<br />
Et l’ouvrage qui paraîtra à la suite sera publié par<br />
la New York Aca<strong>de</strong>my of Sciences, avec accès simultané<br />
<strong>de</strong>s textes sur PubMed et autres media<br />
Internet.<br />
Le risque à éviter : le défaut <strong>de</strong> communication,<br />
qui priverait <strong>de</strong>s spécialistes, <strong>de</strong>s non-spécialistes,<br />
<strong>de</strong>s chercheurs, et <strong>de</strong> jeunes investigateurs<br />
<strong>de</strong> venir se mêler durant ce congrès qui se<br />
prépare à <strong>de</strong>s personnalités du calibre <strong>de</strong> celles<br />
actuellement contactées, et dont les échanges<br />
représenteront un échantillon <strong>de</strong> ce que la<br />
Science actuelle peut proposer, dans le domaine<br />
<strong>de</strong>s Sciences Fondamentales comme dans celui<br />
<strong>de</strong>s Sciences Cliniques.<br />
Les retombées attendues sont à la mesure <strong>de</strong>s efforts<br />
faits actuellement pour réunir les éléments<br />
d’un programme qui fera <strong>de</strong> ce 12ème Congrès<br />
mondial <strong>de</strong> l’OESO un évènement en <strong>20</strong>13 dans<br />
le domaine <strong>de</strong>s cancers <strong>de</strong> l’œsophage.<br />
Participants privilégiés, les membres <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> y auront, durant les 4<br />
jours d son déroulement, libre et permanent accès.<br />
Merci d’associer vos efforts aux nôtres,<br />
- pour diffuser l’information,<br />
- pour inciter nos collègues à venir du 27 au 30<br />
août au siège emblématique <strong>de</strong> l’UNESCO,<br />
- pour contribuer activement aux discussions,<br />
- et donner dans ce grand rassemblement la<br />
Pr Robert GIULI<br />
meilleure image <strong>de</strong> notre pays.<br />
C’était en 1984 - à Paris.<br />
Je venais <strong>de</strong> créer l’OESO quelques années auparavant,<br />
sous la Prési<strong>de</strong>nce d’Honneur <strong>de</strong> mon<br />
Maître Jean-Louis Lortat-Jacob.<br />
L’OESO définissait clairement son symbole et<br />
la route à suivre : la multi-disciplinarité, au plus<br />
haut niveau, pour structurer une science nouvelle<br />
: l’oesophagologie.<br />
Et j’organisais le 1er congrès <strong>de</strong> l’OESO,<br />
- comme un pari,<br />
- mais confiant dans cette formule nouvelle<br />
fondée sur la dissection en profon<strong>de</strong>ur d’un<br />
sujet unique par plusieurs centaines <strong>de</strong> questions<br />
pointues posées à <strong>de</strong>s spécialistes <strong>de</strong><br />
toutes les disciplines qui accepteraient <strong>de</strong> jouer<br />
le jeu difficile d’une réponse en 300 secon<strong>de</strong>s...<br />
Les congrès se sont succédé, chacun affinant la<br />
métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Questions-Réponses, leur contenu<br />
chaque fois concrétisé par un ouvrage <strong>de</strong> référence,<br />
maintenant publié par la « New York Aca<strong>de</strong>my<br />
of Sciences ».<br />
Puis l’UNESCO nous a apporté son soutien officiel<br />
en 1999 par une Résolution officielle, suivie<br />
<strong>de</strong> la création d’une Chaire <strong>de</strong> télé-enseignement<br />
sur la Fondation OESO domiciliée à l’Université<br />
<strong>de</strong> Genève.<br />
Le sujet <strong>de</strong> ce 12ème congrès est le même que<br />
celui que nous avions traité dans le premier, il y a<br />
près <strong>de</strong> 30 années.<br />
Qu’en était-il à cette époque <strong>de</strong> la Génétique, <strong>de</strong><br />
l’Epigénétique, <strong>de</strong> la thérapie génique, et <strong>de</strong> ce que<br />
l’on appelle aujourd’hui « Intelligent Medicine » ?<br />
Beaucoup <strong>de</strong> ceux qui forment la gran<strong>de</strong> famille<br />
<strong>de</strong> l’oesophagologie et qui étaient avec nous en<br />
1984, sans trop y croire, sont là, encore, pour apporter<br />
avec enthousiasme leur soutien et pousser<br />
l’OESO vers l’avenir.<br />
Le prestige <strong>de</strong> tous les Organismes qui se sont<br />
associés pour ce Congrès lui garantit un écho<br />
particulier dans la communauté scientifique<br />
internationale.<br />
Le soutien officiel que lui apporte l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> lui confère un prestige<br />
ajouté considérable.<br />
J’ai plaisir à en traduire ici, dans ce nouveau volume<br />
<strong>de</strong> son Magazine, toute l’importance pour<br />
OESO.<br />
A bientôt à l’UNESCO,<br />
Robert GIULI
<strong>20</strong><br />
MISE À JOUR THÉRAPEUTIQUE<br />
Pr Christian GOUILLAT<br />
Mise à jour thérapeutique<br />
Les fistules pancréatiques postopératoires : prise en charge actuelle<br />
Par Pr Christian GOUILLAT<br />
Introduction<br />
La mortalité <strong>de</strong> la chirurgie pancréatique a<br />
beaucoup diminué au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies.<br />
Elle est actuellement inférieure à 3%<br />
pour la duodénopancréatectomie céphalique<br />
(DPC) et inférieure à 1 % pour la pancréatectomie<br />
gauche (1). En revanche les exérèses pancréatiques<br />
restent grevées d’une morbidité<br />
élevée, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 30 à 60% (1,2).<br />
La fistule pancréatique, définie comme une<br />
fuite persistante <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> pancréatique, représente<br />
la principale et la plus grave <strong>de</strong>s complications.<br />
Elle augmente la durée du séjour<br />
hospitalier et est responsable <strong>de</strong> la plupart<br />
<strong>de</strong>s décès. Sa prévalence, qui varie en fonction<br />
<strong>de</strong> la définition retenue, est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />
15% après DPC et <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 25% après pancréatectomie<br />
gauche (1-3). Sa spécificité et sa<br />
gravité sont liées à la composition du suc pancréatique,<br />
riche en enzymes protéolytiques et<br />
lipolytiques qui peuvent éro<strong>de</strong>r les organes <strong>de</strong><br />
voisinage. Cette gravité potentielle est maximale<br />
lorsqu’il existe, comme dans la DPC, une<br />
anastomose pancréatico-digestive, en raison<br />
<strong>de</strong> l’activation <strong>de</strong>s enzymes pancréatiques par<br />
les sucs digestifs et <strong>de</strong> l’infection rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
collections.<br />
Les travaux consacrés aux fistules pancréatiques<br />
ont longtemps souffert <strong>de</strong> l’absence<br />
<strong>de</strong> définition internationalement reconnue<br />
<strong>de</strong> la fistule pancréatique. La prise en charge<br />
<strong>de</strong> ces fistules a évolué, notamment grâce au<br />
développement <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> radiologie<br />
interventionnelle et du traitement pharmacologique.<br />
Le but <strong>de</strong> ce travail est <strong>de</strong> faire le point sur la<br />
prise en charge actuelle, diagnostique, thérapeutique<br />
et préventive <strong>de</strong>s fistules pancréatiques,<br />
en s’appuyant sur les données factuelles<br />
<strong>de</strong> la littérature.<br />
Diagnostic <strong>de</strong>s fistules pancréatiques<br />
Les conditions du diagnostic sont guidées par<br />
la définition internationale établie en <strong>20</strong>05 par<br />
un groupe d’experts internationaux. La fistule<br />
pancréatique a été définie par la présence, à<br />
partir du troisième jour postopératoire, dans<br />
un liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> drainage, d’une concentration<br />
d’enzymes pancréatiques supérieure à trois<br />
fois la limite supérieure du taux sérique. Le<br />
groupe d’experts a instauré une classification<br />
en trois sta<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gravité. Le gra<strong>de</strong> A correspond<br />
aux fistules asymptomatiques, qui guérissent<br />
sans traitement spécifique. Le gra<strong>de</strong> B<br />
correspond aux fistules symptomatiques qui<br />
ne mettent pas en jeu le pronostic vital mais<br />
qui nécessitent le recours à <strong>de</strong>s traitements<br />
spécifiques peu invasifs. Le gra<strong>de</strong> C correspond<br />
à <strong>de</strong>s fistules qui mettent en jeu le pronostic<br />
vital et nécessitent le recours à <strong>de</strong>s traitements<br />
spécifiques lourds.<br />
Les fistules pancréatiques se révèlent le plus<br />
souvent à partir du cinquième jour postopératoire<br />
par un écoulement riche en amylase<br />
dans le trajet <strong>de</strong> drainage et/ou par une<br />
collection du foyer opératoire, avec ou sans<br />
symptôme (syndrome septique, mais aussi<br />
hémorragie et/ou défaillance viscérale). Le<br />
dosage d’amylase dans les produits <strong>de</strong> drainage<br />
et dans le plasma doit donc faire partie<br />
<strong>de</strong> la surveillance systématique, comme la CRP<br />
et la numération formule sanguine. De même<br />
un scanner injecté doit être réalisé au moindre<br />
doute, notamment en cas <strong>de</strong> symptômes, quel<br />
qu’ils soient (digestifs, généraux, respiratoires,<br />
rénaux, hémodynamiques). En pratique toute<br />
anomalie clinique ou biologique dans l’évolution<br />
post-opératoire doit être considérée<br />
comme une suspicion <strong>de</strong> fistule et conduire<br />
à réaliser un scanner qui le plus souvent montrera<br />
une collection, même en présence d’un<br />
drain chirurgical (figure 1). Il convient d’insister<br />
sur la gran<strong>de</strong> valeur sémiologique et pronostique<br />
<strong>de</strong> l’hémorragie, digestive ou abdominale,<br />
après le troisième jour post-opératoire,<br />
qui souvent traduit une fistule pancréatique et<br />
annonce une hémorragie secondaire dramatique<br />
(hémorragie sentinelle).<br />
Traitement <strong>de</strong>s fistules constituées<br />
Les moyens thérapeutiques<br />
- la nutrition artificielle :<br />
Elle poursuit le double but d’assurer un support<br />
nutritionnel efficace, favorable à la cicatrisation,<br />
et <strong>de</strong> réduire la sécrétion pancréatique<br />
exocrine par suppression <strong>de</strong> la stimulation alimentaire.<br />
Elle est au mieux réalisée sous la forme d’une<br />
nutrition entérale d’aval. En pratique il s’agit<br />
souvent d’une nutrition parentérale totale si le<br />
patient n’a pas été réopéré.<br />
- la correction <strong>de</strong>s déséquilibres ioniques et<br />
le maintien <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s fonctions :<br />
Ils sont au mieux assurés dans une unité <strong>de</strong><br />
soins intensifs ou <strong>de</strong> réanimation dans le cadre<br />
d’une prise en charge multidisciplinaire.<br />
Figure 1 : Scanner montrant une collection du foyer<br />
opératoire, à proximité <strong>de</strong> l’anastomose pancréaticogastrique<br />
avec passage dans la collection du produit <strong>de</strong><br />
contraste ingéré. Noter la présence du drain chirurgical.<br />
- l’antibiothérapie :<br />
Généralement nécessaire, elle s’impose dès<br />
qu’il existe <strong>de</strong>s signes infectieux. Elle est au<br />
mieux adaptée à l’examen bactériologique <strong>de</strong>s<br />
produits <strong>de</strong> drainage ou <strong>de</strong>s ponctions percutanées.<br />
- le drainage percutané <strong>de</strong>s collections :<br />
Il est <strong>de</strong>venu le traitement <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s<br />
collections abdominales qui lui sont accessibles.<br />
Le positionnement, la perméabilité et<br />
l’efficacité <strong>de</strong> ces drains doivent être régulièrement<br />
contrôlés<br />
- l’embolisation artérielle :<br />
Elle constitue le traitement <strong>de</strong> choix <strong>de</strong>s hémorragies<br />
« sentinelles » i<strong>de</strong>ntifiées au scanner,<br />
avec une efficacité proche <strong>de</strong> 80 %.<br />
- la somatostatine et ses analogues :<br />
Les propriétés inhibitrices <strong>de</strong> la somatostatine<br />
sur les sécrétions digestives, notamment<br />
pancréatiques, sont bien connues. Il existe<br />
sur le marché une somatostatine <strong>de</strong> synthèse<br />
(Somatostatine S-14) qui nécessite une administration<br />
intraveineuse continue et <strong>de</strong>s analogues<br />
à action plus ou moins prolongée, administrables<br />
en sous-cutané ou intramusculaire.<br />
L’utilisation <strong>de</strong> ces moyens pharmacologiques<br />
dans le traitement <strong>de</strong>s fistules digestives a fait<br />
l’objet <strong>de</strong> très nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> qualité<br />
méthodologique très moyenne. Parmi les neuf<br />
étu<strong>de</strong>s randomisées publiées, toutes sauf une<br />
montrent un bénéfice <strong>de</strong> ce traitement pharmacologique<br />
en terme <strong>de</strong> réduction du temps<br />
<strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong> la fistule, sans modification <strong>de</strong><br />
la mortalité. Deux récentes méta-analyses suggèrent<br />
fortement une plus gran<strong>de</strong> efficacité <strong>de</strong><br />
la Somatostatine S-14 par rapport aux analo-
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
21<br />
gues, notamment en ce qui concerne le taux<br />
<strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong>s fistules (4,5).<br />
Il n’y a pas d’étu<strong>de</strong> randomisée évaluant exclusivement<br />
l’efficacité <strong>de</strong> la somatostatine S-14<br />
et <strong>de</strong> ses analogues dans le traitement <strong>de</strong>s<br />
fistules pancréatiques. Les étu<strong>de</strong>s consacrées<br />
aux fistules entéro-cutanées incluaient <strong>de</strong>s<br />
patients porteurs <strong>de</strong> fistule pancréatique et<br />
une méta-analyse récente (6) retrouvait sept<br />
étu<strong>de</strong>s randomisées incluant au total 297<br />
patients dont 102 avaient une fistule pancréatique.<br />
Quatre ont été considérées comme <strong>de</strong><br />
qualité méthodologique médiocre. Il n’a pas<br />
été mis en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> différence concernant<br />
le taux <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong>s fistules. Il n’a pas été<br />
possible <strong>de</strong> « pooler » les patients pour le critère<br />
« temps <strong>de</strong> fermeture » en raison <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> hétérogénéité <strong>de</strong>s définitions utilisées.<br />
Le temps <strong>de</strong> fermeture <strong>de</strong> la fistule était plus<br />
court dans le groupe somatostatine et analogues<br />
dans cinq étu<strong>de</strong>s mais la différence n’atteignait<br />
le seuil <strong>de</strong> significativité que dans une<br />
étu<strong>de</strong>, pour la Somatostatine S-14.<br />
- le traitement chirurgical :<br />
La réintervention pour fistule pancréatique<br />
doit associer au minimum un drainage <strong>de</strong><br />
toutes les collections, un contrôle <strong>de</strong>s éventuelles<br />
hémorragies et une jéjunostomie d’alimentation.<br />
Dans la DPC, la conduite à tenir<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> l’anastomose pancréatique et du<br />
pancréas restant reste controversée. Un traitement<br />
conservateur expose à la fistule prolongée,<br />
voire à son aggravation notamment sur le<br />
plan septique et hémorragique. La totalisation,<br />
plus radicale sur le plan <strong>de</strong>s complications septiques,<br />
expose à un diabète difficile à équilibrer.<br />
La mortalité <strong>de</strong> ces réinterventions reste<br />
élevée (30 à 50%).<br />
Les indications<br />
Les fistules pancréatiques <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> A,<br />
asymptomatiques, ne réclament théoriquement<br />
pas <strong>de</strong> traitement spécifique. Les drains<br />
doivent être progressivement retirés et l’alimentation<br />
peut généralement être reprise<br />
avant le tarissement complet <strong>de</strong> l’écoulement.<br />
Le patient doit être étroitement surveillé, le<br />
risque étant que le tarissement prématuré <strong>de</strong><br />
l’écoulement traduise la constitution d’une<br />
collection et donc l’aggravation <strong>de</strong> la fistule<br />
(sta<strong>de</strong> B.). La durée d’hospitalisation imputable<br />
à la complication est en moyenne <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux à six<br />
semaines. Elle pourrait être réduite par l’utilisation<br />
<strong>de</strong> somatostatine et par la mise en œuvre<br />
d’une prise en charge ambulatoire.<br />
Les fistules <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> B sont au mieux traité<br />
par une prise en charge multidisciplinaire privilégiant<br />
au maximum le traitement conservateur<br />
(alimentation parentérale totale, antibiothérapie,<br />
somatostatine, drainage percutané<br />
<strong>de</strong>s collections). La surveillance, clinique, biologique<br />
et par imagerie, doit être attentive<br />
pour éviter l’évolution, toujours possibles, vers<br />
un gra<strong>de</strong> C.<br />
Les fistules <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> C, qui mettent en jeu le<br />
pronostic vital, imposent une prise en charge<br />
en réanimation et nécessite en règle une réintervention<br />
dont les modalités et la gravité ont<br />
été exposées plus haut.<br />
Prévention <strong>de</strong>s fistules pancréatiques<br />
Les artifices techniques<br />
Compte tenu <strong>de</strong> la fréquence et <strong>de</strong> la gravité<br />
<strong>de</strong>s complications, les chirurgiens ont imaginé<br />
<strong>de</strong> multiples artifices susceptibles <strong>de</strong> réduire<br />
la fréquence et la gravité <strong>de</strong>s fistules pancréatiques.<br />
Concernant la DPC, à côté <strong>de</strong> l’expérience <strong>de</strong><br />
l’équipe chirurgicale, l’état du parenchyme<br />
pancréatique est le principal facteur <strong>de</strong> risque<br />
<strong>de</strong> fistule pancréatique post-opératoire. Un<br />
pancréas sain et friable avec un petit canal <strong>de</strong><br />
Wirsung va rendre difficile la confection <strong>de</strong><br />
l’anastomose et va sécréter une gran<strong>de</strong> quantité<br />
<strong>de</strong> suc pancréatique. Parmi les multiples<br />
modifications techniques proposées, nombreuses<br />
sont celles qui n’ont pas fait la preuve<br />
<strong>de</strong> leur efficacité : occlusion du canal pancréatique,<br />
type d’anastomose pancréatico digestive<br />
(pancréatico- gastrique versus pancréatico<br />
jéjunale), anastomose muco- muqueuse, intubation<br />
<strong>de</strong> l’anastomose par un drain perdu,<br />
encollage <strong>de</strong> l’anastomose, enveloppement<br />
<strong>de</strong> l’anastomose par l’épiploon. En revanche, il<br />
a été montré par 3 étu<strong>de</strong>s randomisées que la<br />
diversion temporaire du suc pancréatique par<br />
un drain trans-anastomotique réduisait significativement<br />
le risque <strong>de</strong> fistule (7,8).<br />
Concernant la pancréatectomie gauche qui<br />
s’accompagne d’un taux élevé <strong>de</strong> fistule (environ<br />
25%) mais dont la gravité est moindre<br />
(fistule pancréatique pure) que pour la DPC,<br />
les différents artifices techniques proposés<br />
(agrafage, encollage...) n’ont pas fait la preuve<br />
<strong>de</strong> leur efficacité.<br />
La prévention pharmacologique<br />
Séduisante dans son principe, elle a fait l’objet,<br />
<strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 1990, <strong>de</strong> nombreuses<br />
étu<strong>de</strong>s (19 étu<strong>de</strong>s randomisées incluant<br />
au total plus <strong>de</strong> <strong>20</strong>00 mala<strong>de</strong>s) qui sont<br />
malheureusement très hétérogènes et souvent<br />
<strong>de</strong> qualité méthodologique médiocre.<br />
Plusieurs méta-analyses ont été publiées, dont<br />
l’une, en <strong>20</strong>12, est l’actualisation <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
la Cochrane publiée en <strong>20</strong>10 (9,10). Ces métaanalyses<br />
concluent que l’utilisation <strong>de</strong> la somatostatine<br />
et <strong>de</strong> ses analogues peut réduire<br />
l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s complications et <strong>de</strong>s fistules<br />
pancréatiques postopératoires sans modifier<br />
la mortalité péri-opératoire. Sur cette base<br />
elles recomman<strong>de</strong>nt son usage en routine.<br />
Il n’existe pas <strong>de</strong> données factuelles permettant<br />
<strong>de</strong> conclure sur l’efficacité comparée <strong>de</strong><br />
la Somatostatine S-14 et <strong>de</strong> ses analogues. La<br />
seule étu<strong>de</strong> comparative randomisée comportait<br />
25 patients dans chaque bras. Dans l’étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> sous-groupes (toujours méthodologiquement<br />
discutable), réalisée par la Cochrane six<br />
séries évaluaient la Somatostatine S-14 sur 237<br />
patients, 10 l’octréoti<strong>de</strong> sur 1564 patients (10).<br />
Conclusions<br />
Par sa fréquence et sa gravité, la fistule pancréatique<br />
reste la principale préoccupation du<br />
chirurgien après chirurgie pancréatique.<br />
Sa prise en charge s’est améliorée grâce à une<br />
meilleure connaissance <strong>de</strong> son histoire naturelle<br />
et au développement <strong>de</strong> la radiologie<br />
interventionnelle et <strong>de</strong>s traitements pharmacologiques<br />
qui ont permis d’élaborer <strong>de</strong>s stratégies<br />
diagnostiques et thérapeutiques bien<br />
codifiées.<br />
Malgré une meilleure connaissance <strong>de</strong>s<br />
facteurs <strong>de</strong> risque, <strong>de</strong> multiples travaux et<br />
quelques pistes prometteuses, il reste difficile<br />
<strong>de</strong> proposer une stratégie <strong>de</strong> prévention basée<br />
sur <strong>de</strong>s données factuelles.<br />
Références<br />
1- Sauvanet A. Complications chirurgicales <strong>de</strong>s<br />
pancréatectomies. J Chir <strong>20</strong>08,145,103-14<br />
2- Fuks D, Piessen G, Huet E, et al. Life-threatening<br />
postoperative pancreatic fistula (gra<strong>de</strong> C) after<br />
pancreaticoduo<strong>de</strong>nectomy: inci<strong>de</strong>nce, prognosis,<br />
and risk factors. Am J Surg. <strong>20</strong>09;197:702-9.<br />
3- Bassi C, Dervenis C, Butturini G, et al. Postoperative<br />
pancreatic fistula: an international study<br />
group (ISGPF) <strong>de</strong>finition. Surgery <strong>20</strong>05; 138:8-13.<br />
4- Rahbour G, Siddiqui MR, Ullah MR, et al. A metaanalysis<br />
of outcomes following use of somatostatin<br />
and its analogues for the management of enterocutaneous<br />
fistulas. Ann Surg. <strong>20</strong>12;256:946-54<br />
5- Stevens P, Foulkes RE, Hartford-Beynon JS, Delicata<br />
RJ. Systematic review and meta-analysis of the<br />
role of somatostatin and its analogues in the treatment<br />
of enterocutaneous fistula. Eur J Gastroenterol<br />
Hepatol. <strong>20</strong>11;23:912-22.<br />
6- Gans SL, van Westreenen HL, Kiewiet JJ, et al.<br />
Systematic review and meta-analysis of somatostatin<br />
analogues for the treatment of pancreatic fistula.<br />
Br J Surg. <strong>20</strong>12;99:754-60.<br />
7- Pessaux P, Sauvanet A, Mariette C et al. External<br />
pancreatic duct stent <strong>de</strong>creases pancreatic<br />
fistula rate after pancreaticoduo<strong>de</strong>nectomy: prospective<br />
multicenter randomized trial. Ann Surg<br />
<strong>20</strong>11;253:879-85<br />
8- Motoi F, Egawa S, Rikiyama T, Katayose Y, Unno<br />
M. Randomized clinical trial of external stent drainage<br />
of the pancreatic duct to reduce postoperative<br />
pancreatic fistula after pancreaticojejunostomy.<br />
Br J Surg. <strong>20</strong>12;99:524-<strong>31</strong>.<br />
9- Gurusamy KS, Koti R, Fusai G, Davidson BR. Somatostatin<br />
analogues for pancreatic surgery.<br />
Cochrane Database Syst Rev. <strong>20</strong>12 Jun 13;6:<br />
10- Rahul S. Koti, Kurinchi S. Gurusamy, et al. Meta-analysis<br />
of randomized controlled trials on the<br />
effectiveness of somatostatin analogues for pancreatic<br />
surgery: a Cochrane review. HPB <strong>20</strong>10, 12,<br />
155-165
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
23<br />
Mise à jour thérapeutique<br />
Actualité <strong>de</strong>s prothèses totales du genou<br />
Par Dr Grégory SORRIAUX et Dr Henri JUDET<br />
En France, plus <strong>de</strong> 50 000 prothèses totales du<br />
genou sont posées tous les ans. Les résultats<br />
fonctionnels obtenus, l’amélioration <strong>de</strong> la qualité<br />
<strong>de</strong> vie apportée et la longévité <strong>de</strong>s implants<br />
sont à l’origine <strong>de</strong> son succès. Sa croissance <strong>de</strong><br />
pose est aujourd’hui plus importante que celle<br />
<strong>de</strong> la hanche (même s’il se pose en France environ<br />
1<strong>20</strong> 000 prothèses <strong>de</strong> hanche par an).<br />
Techniquement, cette intervention est délicate<br />
et précise car le bon positionnement <strong>de</strong>s implants<br />
conditionne les résultats <strong>de</strong> la prothèse :<br />
l’objectif est <strong>de</strong> respecter les axes mécaniques<br />
en concordance avec la tension ligamentaire et<br />
l’axe <strong>de</strong> l’appareil extenseur. Il existe <strong>de</strong> nombreuses<br />
possibilités techniques tant chirurgicales<br />
qu’au niveau <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>s implants<br />
pour respecter ces cahiers <strong>de</strong>s charges,<br />
et c’est au chirurgien <strong>de</strong> faire ses choix. Même<br />
si les résultats sont en moyenne bons voire très<br />
bons après ce type d’intervention, les controverses<br />
techniques persistent et animent les<br />
congrès et la littérature.<br />
Historique <strong>de</strong>s prothèses totales du genou<br />
L’expérience <strong>de</strong>s prothèses du genou a débuté<br />
en 1890 par les tentatives <strong>de</strong> Von GLUCK avec<br />
<strong>de</strong>s implants en ivoire, mais c’est à partir <strong>de</strong><br />
1940 que les premiers pas ont commencé,<br />
notamment avec R. et J. JUDET en 1947 qui<br />
implantèrent une prothèse acrylique contrainte<br />
à charnière en 1947. C’est à GUNSTON en 1967,<br />
que revient le mérite d’avoir mis au point la première<br />
prothèse non contrainte à glissement.<br />
Il est le premier à réaliser un remplacement<br />
complet <strong>de</strong>s surfaces articulaires sans lien<br />
mécanique entre les <strong>de</strong>ux parties fémorales<br />
et tibiales. Ce type <strong>de</strong> prothèse non contrainte<br />
permet une meilleure fonction et diminue les<br />
contraintes et donc l’usure mais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
appareils ligamentaires et musculaires intègres<br />
ou rééquilibrés. Leur mise en place est délicate.<br />
SWANSON et FREEMAN mettent au point la première<br />
prothèse semi-contrainte à glissement en<br />
1969. L’originalité <strong>de</strong> cet implant, rési<strong>de</strong> dans la<br />
forme spécifique <strong>de</strong> ses pièces qui va induire un<br />
mouvement «obligatoire» et permettre une certaine<br />
stabilité <strong>de</strong> l’articulation, même dans les<br />
cas difficiles (faillite ligamentaire notamment).<br />
Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>s implants dépend directement<br />
<strong>de</strong> la conservation plus ou moins complète du<br />
pivot central ligamentaire ou <strong>de</strong> son ablation.<br />
Bien que semi-contrainte, cette prothèse reste<br />
à glissement car il n’existe pas <strong>de</strong> moyen mécanique<br />
d’union entre les <strong>de</strong>ux pièces fémorale<br />
et tibiale. Il s’agit d’une autre philosophie dans<br />
le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> la prothèse, permettant d’espérer<br />
limiter les problèmes <strong>de</strong>s prothèses contraintes<br />
(usure précoce, <strong>de</strong>scellement <strong>de</strong> l’os, fracture<br />
<strong>de</strong>s implants). En 1972, INSALL popularise ces<br />
prothèses semi-contraintes à glissement en<br />
présentant la «Total Condylar».Depuis, d’autres<br />
concepts et améliorations ont été apportés,<br />
ayant les même buts: s’adapter à chaque situation,<br />
augmenter le résultat fonctionnel et diminuer<br />
les complications.<br />
Principe <strong>de</strong>s prothèses totales du genou<br />
Le chirurgien va remplacer la totalité <strong>de</strong>s surfaces<br />
articulaires du fémur, du tibia et <strong>de</strong> la rotule<br />
par une prothèse totale qui se compose <strong>de</strong><br />
trois implants différents :<br />
La prothèse fémorale en alliage <strong>de</strong> chromecobalt<br />
va glisser et rouler sur le plateau tibial<br />
en polyéthylène. Il est fixé à l’os fémoral par du<br />
ciment ou par impaction et intégration osseuse.<br />
La prothèse tibiale comprend <strong>de</strong>ux parties :<br />
- une embase métallique en alliage <strong>de</strong> chromecobalt<br />
ancré dans le tibia par du ciment ou par<br />
intégration osseuse.<br />
- un plateau en polyéthylène qui repose sur<br />
l’embase métallique tibiale.<br />
La prothèse <strong>de</strong> la rotule : un médaillon en polyéthylène<br />
est cimenté sur la facette articulaire<br />
<strong>de</strong> la rotule, ce resurfaçage rotulien n’est pas<br />
systématique, nous en reparlerons plus tard.<br />
Cette prothèse <strong>de</strong> genou doit fonctionner dans<br />
un espace ligamentaire déterminé par les ligaments<br />
latéraux (internes et externes), qui a la<br />
même dimension quelque-soit la position du<br />
genou, en flexion ou en extension. L’enjeu <strong>de</strong> la<br />
prothèse totale <strong>de</strong> genou est <strong>de</strong> s’adapter aux<br />
éléments osseux, tout en respectant les espaces<br />
ligamentaires, d’où les nombreuses discussions<br />
techniques.<br />
Dr Grégory SORRIAUX<br />
Etat actuel <strong>de</strong>s prothèses totales du genou<br />
Sur l’acte chirurgical et les suites opératoires :<br />
La mise en place d’une prothèse totale <strong>de</strong> genou<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> 1 à 2 heures d’intervention, elle<br />
peut être réalisée sous anesthésie générale ou<br />
rachianesthésie. Un cathéter fémoral est installé<br />
avant l’intervention et est conservé 4 jours<br />
afin d’amorcer rapi<strong>de</strong>ment la rééducation, en<br />
minimisant largement les douleurs. La marche<br />
est possible dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> l’intervention<br />
sous couvert <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cannes. L’hospitalisa-<br />
Photo 1 : ancillaire avec gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupes et implants<br />
d’essai.<br />
tion est d’une semaine, et les suites se font en<br />
centre <strong>de</strong> rééducation, en hospitalisation ou en<br />
externe. La rééducation est quotidienne pendant<br />
un mois, puis 3 fois par semaine pendant<br />
le <strong>de</strong>uxième mois. La reprise d’une marche<br />
normale se fait entre un et <strong>de</strong>ux mois, la reprise<br />
<strong>de</strong>s activités plus soutenues (marche rapi<strong>de</strong>,<br />
natation, vélo) plutôt vers le troisième mois. Au<br />
final, la prothèse totale <strong>de</strong> genou permet <strong>de</strong><br />
retrouver une vie quasi normale, mais tous les<br />
sports ne sont pas praticables. Certains genoux<br />
peuvent être oubliés, d’autres peuvent gar<strong>de</strong>r<br />
<strong>de</strong>s séquelles douloureuses ligamentaires ou<br />
tendineuses. Les résultats sont donc beaucoup<br />
moins homogènes que ceux <strong>de</strong>s prothèses <strong>de</strong><br />
hanche, ce qui donne lieu à <strong>de</strong> nombreuses<br />
réflexions et perspectives d’évolution.<br />
Sur le positionnement <strong>de</strong>s implants :<br />
Le bon positionnement <strong>de</strong>s implants conditionne<br />
les résultats fonctionnels d’une prothèse<br />
<strong>de</strong> genou mais aussi sa longévité. Les ancillaires<br />
sont les outils qui permettent <strong>de</strong> couper l’os<br />
pour y adapter et positionner au mieux les implants<br />
prothétiques (photo 1). Ces ancillaires se
24<br />
MISE À JOUR THÉRAPEUTIQUE<br />
Dr Grégory SORRIAUX, Dr Henri JUDET<br />
servent <strong>de</strong>s axes osseux comme support, avec<br />
notamment <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s centro-médullaires<br />
sur lesquels viennent s’emboiter <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> coupe du tibia et du fémur (photo 2 et 3).<br />
L’espace ligamentaire est évalué grâce à <strong>de</strong>s<br />
tenseurs. Une fois les coupes osseuses réalisées,<br />
<strong>de</strong>s implants d’essai permettent <strong>de</strong> simuler<br />
le fonctionnement du genou avec les futurs<br />
implants et permettent la préparation finale<br />
osseuse avant <strong>de</strong> recevoir les implants définitifs.<br />
Sur les caractéristiques <strong>de</strong>s implants :<br />
Conservation ou non du Ligament Croisé Postérieur<br />
Lors <strong>de</strong> la mise en place d’une prothèse totale<br />
<strong>de</strong> genou, le ligament croisé antérieur est toujours<br />
retiré, contrairement au ligament croisé<br />
postérieur. Certaines prothèses sont conçues<br />
pour fonctionner avec le ligament croisé postérieur,<br />
dont l’avantage serait <strong>de</strong> conserver une<br />
certaine proprioception et une cinématique<br />
plus physiologique du genou. Pour que cela soit<br />
réellement efficace, il faut naturellement que le<br />
ligament croisé postérieur soit en bon état, avec<br />
une tension bien restituée. On comprends ainsi<br />
les résultats variables d’un genou à l’autre, avec<br />
la possibilité d’usure plus rapi<strong>de</strong> du polyéthylène<br />
si la physiologie du ligament croisé postérieur<br />
est mal respectée ou même si la fonction<br />
<strong>de</strong> ce ligament se dégra<strong>de</strong> avec le temps.<br />
La majorité <strong>de</strong>s prothèses sont aujourd’hui<br />
conçues pour fonctionner sans ligament croisé<br />
postérieur, il s’agit <strong>de</strong>s prothèses postéro-stabilisées,<br />
l’absence du ligament croisé postérieur<br />
étant compensé par une hypercongruence du<br />
polyéthylène pour garantir la stabilité antéropostérieure.<br />
Les résultats sont plus homogènes<br />
d’un patient à l’autre, avec moins d’usure en<br />
moyenne du polyéthylène à moyen et long<br />
terme.<br />
Plateau mobile ou fixe<br />
L’hypercongruence du polyéthylène (appelé<br />
aussi plateau) a permis <strong>de</strong> compenser l’absence<br />
<strong>de</strong> ligament croisé postérieur mais a induit une<br />
cinématique relativement basique du genou<br />
<strong>de</strong> type glissement pur, très contrainte, sans<br />
aucune tolérance en rotation. Hors un genou,<br />
physiologiquement réalise une rotation lors<br />
du mouvement <strong>de</strong> flexion- extension. L’hypercongruence<br />
peut être préjudiciable sur la cinétique<br />
du genou et sur la fonction <strong>de</strong> l’appareil<br />
extenseur (notamment <strong>de</strong> la course rotulienne<br />
dans la gorge <strong>de</strong> la trochlée fémorale) surtout<br />
s’il existe <strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> positionnement,<br />
même minimes <strong>de</strong>s implants prothétiques.<br />
Les plateaux ou polyéthylènes mobiles (rotatoires)<br />
ont été créés pour permettre ce débattement<br />
en rotation, ce qui est sensé améliorer<br />
les résultats fonctionnels. Le polyéthylène n’est<br />
pas fixé sur l’embase tibiale métallique qui elle<br />
est fixée à l’os, et ce polyéthylène tourne librement<br />
ou <strong>de</strong> manière limitée sur l’embase. Bien<br />
sur, il existe un inconvénient, qui est le risque <strong>de</strong><br />
Photo 2 : gui<strong>de</strong> centromédullaire tibial et gui<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
coupe tibial.<br />
Photo 3 : gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> coupe fémoral avec gui<strong>de</strong> centromédullaire<br />
intégré.<br />
luxation du polyéthylène par excès <strong>de</strong> rotation,<br />
mais <strong>de</strong> plus en plus rare avec les nouveaux<br />
implants. Actuellement, les plateaux mobiles<br />
hypercongruents paraissent être une amélioration<br />
technique significative dans les prothèses<br />
totales <strong>de</strong> genou, cette option limite les conséquences<br />
<strong>de</strong>s défauts <strong>de</strong> positionnement <strong>de</strong>s<br />
implants, améliore la mobilité du genou et a<br />
une moindre tendance à user le polyéthylène.<br />
Resurfaçage ou non <strong>de</strong> la rotule<br />
La cinématique fémoro-patellaire (Le glissement<br />
<strong>de</strong> la rotule dans la gouttière trochléenne<br />
du fémur) conditionne gran<strong>de</strong>ment les résultats<br />
d’une prothèse totale <strong>de</strong> genou. Il faut déjà<br />
que la rotule se centre bien dans cette trochlée<br />
Photo 4 : prothèse <strong>de</strong> genou avec conservation du ligament<br />
croisé postérieur, à plateau fixe et polyéthylène<br />
peu congruent.<br />
Photo 5 : prothèse <strong>de</strong> genou postéro-stabilisée (avec<br />
une troisième condyle central pour permettre d’assurer<br />
la postéro-stabilisation) et plateau mobile, avec un <strong>de</strong>gré<br />
<strong>de</strong> rotation limitée par une butée <strong>de</strong> l’embase tibiale.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
25<br />
fémorale (les plateaux mobiles aidant à ce centrage<br />
automatique <strong>de</strong> la rotule) et d’autre part<br />
que le frottement <strong>de</strong> la rotule contre le métal <strong>de</strong><br />
l’implant fémoral ne soit pas douloureux. Un resurfaçage<br />
<strong>de</strong> la rotule consiste à mettre en place<br />
un médaillon <strong>de</strong> polyéthylène sur la face articulaire<br />
<strong>de</strong> la rotule. Son avantage est qu’il rend la<br />
rotule totalement indolore, l’inconvénient est<br />
le risque <strong>de</strong> <strong>de</strong>scellement à long terme <strong>de</strong> ce<br />
médaillon. Certains chirurgiens ne resurfacent<br />
pas la rotule mais se risquent alors à la persistance<br />
ou l’apparition secondaire <strong>de</strong> douleurs<br />
rotuliennes, ce qui nécessite parfois une reprise<br />
chirurgicale pour resurfacer la rotule. Certains<br />
chirurgiens réalisent un remplacement sélectif<br />
<strong>de</strong> la rotule en fonction <strong>de</strong>s patients, mais<br />
aucun critère précis ne permet <strong>de</strong> choisir avec<br />
certitu<strong>de</strong> les rotules à resurfacer. Actuellement<br />
en France, la majorité <strong>de</strong>s chirurgiens remplacent<br />
la rotule.<br />
permettre d’assurer la postéro-stabilisation) et<br />
plateau mobile, avec un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> rotation limitée<br />
par une butée <strong>de</strong> l’embase tibiale.<br />
Perspectives d’évolution <strong>de</strong>s prothèses totales<br />
du genou<br />
Sur l’acte chirurgical et les suites opératoires : la<br />
chirurgie mini-invasive<br />
La tendance actuelle est <strong>de</strong> raccourcir au maximum<br />
les durées d’hospitalisation, voire <strong>de</strong> réaliser<br />
<strong>de</strong> la chirurgie ambulatoire. Les techniques<br />
chirurgicales doivent être moins invasives pour<br />
permettre une récupération post-opératoire<br />
optimale.<br />
La chirurgie mini-invasive du genou est une<br />
technique qui permet d’être le moins délétère<br />
possible sur la voie d’abord tout en positionnant<br />
tout aussi précisément les implants. Les<br />
avantages apportés sont la diminution <strong>de</strong>s<br />
douleurs post-opératoires, la diminution <strong>de</strong><br />
la perte sanguine et une récupération accélérée<br />
<strong>de</strong> la mobilité et du contrôle quadricipital.<br />
Plusieurs techniques <strong>de</strong> mise en place <strong>de</strong>s prothèses<br />
<strong>de</strong> genou ont été proposées ces <strong>de</strong>rnières<br />
années.<br />
La technique standard d’arthrotomie pour mise<br />
en place d’une prothèse totale <strong>de</strong> genou nécessite<br />
une section longitudinale du tendon du<br />
quadriceps pour éverser la rotule durant l’intervention.<br />
La mini voie d’abord subvastus se caractérise<br />
par un abord limité respectant le muscle vastus<br />
medialis obliquus (VMO) associé à une fermeture<br />
<strong>de</strong> la capsule articulaire sans éversion <strong>de</strong><br />
la rotule. Il n’y a donc pas <strong>de</strong> section du tendon<br />
du quadriceps et on le comprendra donc moins<br />
d’amyotrophie du quadriceps dans les suites,<br />
d’où une meilleure reprise <strong>de</strong> la fonction du genou.<br />
Une telle technique nécessite une certaine<br />
expertise d’une part car elle ne doit pas être<br />
préjudiciable au bon positionnement <strong>de</strong>s implants,<br />
d’autre part elle nécessite une ancillaire<br />
Photo 6 : modèle <strong>de</strong> prothèse sur os sec, permettant <strong>de</strong><br />
comprendre l’intérêt d’obtenir un espace ligamentaire<br />
équivalent en flexion et extension.<br />
Photo 7 : tracé <strong>de</strong>s différentes voies d’abord : En noir :<br />
voie standard transquadricipitale, En vert voies mini-invasives<br />
sous quadricipitale (1), trans-vastus (2), subvastus<br />
(3).<br />
adaptée, moins encombrante que les ancillaires<br />
standards, aidée d’écarteurs spécifiques.<br />
L’objectif est idéalement <strong>de</strong> proposer cette<br />
technique à chaque fois que la morphologie du<br />
genou le permettra.<br />
Sur le positionnement <strong>de</strong>s implants<br />
Nous l’avons vu, les chirurgiens ont pour objectif<br />
d’améliorer la reproductibilité du bon<br />
positionnement <strong>de</strong>s implants, quel que soit la<br />
complexité du genou à opérer. Les ancillaires<br />
mécaniques sont très fiables mais sujets à <strong>de</strong>s<br />
insuffisances lorsque l’on s’adresse à <strong>de</strong>s morphologies<br />
anatomiques particulières.<br />
Deux voies d’amélioration ont été proposées :<br />
La chirurgie assistée par ordinateur<br />
L’assistance chirurgicale par ordinateur dans la<br />
chirurgie du genou a été introduite il y a dix ans.<br />
Bien que précise et fiable, elle n’est pas <strong>de</strong>venue<br />
une technique universelle <strong>de</strong> réalisation<br />
<strong>de</strong> cette intervention. La technique consiste à<br />
implanter <strong>de</strong>s capteurs dans le fémur et dans<br />
le tibia, ce qui détermine les axes du membre<br />
et à reproduire informatiquement l’articulation<br />
opérée à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> repérage <strong>de</strong>s surfaces articulaires<br />
(bone morphing). Un écran permet <strong>de</strong><br />
donner les informations nécessaires, qui vont<br />
permettre <strong>de</strong> fixer <strong>de</strong>s ancillaires <strong>de</strong> coupe<br />
spécifiques, optimisant ainsi la précision <strong>de</strong>s<br />
coupes osseuses et donc le positionnement <strong>de</strong>s<br />
implants. Il est admis que les prothèses posées<br />
sous navigation sont majoritairement dans la<br />
zone d’alignement dit idéal. L’argumentaire <strong>de</strong>s<br />
non navigateurs est que l’alignement parfait<br />
obtenu ne suffit pas à justifier cette technique<br />
qui allonge la durée opératoire, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
incisions supplémentaires pour la pose <strong>de</strong>s<br />
capteurs, coute plus cher et ne permet pas<br />
d’améliorer la position en rotation <strong>de</strong>s implants<br />
ni l’équilibrage ligamentaire. L’assistance par ordinateur<br />
n’est donc pas un outil infaillible pour<br />
la pose <strong>de</strong>s prothèses totales <strong>de</strong> genou, elle<br />
est par contre un excellent outil pédagogique<br />
dans la mesure ou elle complète l’approche<br />
visuelle et mécanique habituelle. Il est difficile<br />
aujourd’hui <strong>de</strong> prédire l’avenir <strong>de</strong> cette technique,<br />
beaucoup <strong>de</strong> laboratoires proposent les<br />
<strong>de</strong>ux possibilités opératoires, naviguée ou avec<br />
un ancillaire mécanique, à chaque chirurgien <strong>de</strong><br />
choisir la technique qui lui convient le mieux.<br />
Les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe sur mesure<br />
L’industrie orthopédique a donc cherché une<br />
technique nouvelle. Prenant conscience du<br />
potentiel d’une métho<strong>de</strong> développée pour la<br />
mise en place <strong>de</strong>s prothèses <strong>de</strong>ntaires, elle s’en<br />
est inspirée pour créer une nouvelle génération<br />
d’instruments : les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe personnalisés<br />
pour chaque patient. Ce nouveau système<br />
<strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe est conçu à partir d’un examen<br />
tomo<strong>de</strong>nsitométrique (TDM) ou d’imagerie<br />
par résonnance magnétique (IRM). Le kit est
26<br />
MISE À JOUR THÉRAPEUTIQUE<br />
Dr Grégory SORRIAUX, Dr Henri JUDET<br />
Photo 8 : gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> coupe tibial sur mesure<br />
similaire à celui d’une arthroplastie totale du genou<br />
conventionnelle et contient également <strong>de</strong>s<br />
instruments <strong>de</strong> guidage à usage unique, prévus<br />
et fabriqués à partir d’une reconstruction en 3D<br />
du genou du patient. Les données <strong>de</strong> la TDM ou<br />
<strong>de</strong> l’IRM du genou et les images <strong>de</strong> repérage <strong>de</strong><br />
la hanche et <strong>de</strong> la cheville, prises selon un protocole<br />
précis, sont transmises au laboratoire et un<br />
modèle d’os en trois dimensions correspondant<br />
à l’anatomie du patient est ensuite créé grâce à<br />
ces informations. Ce modèle constitue la base<br />
pour la fabrication <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe anatomiques.<br />
Ces gui<strong>de</strong>s s’adaptent à la morphologie<br />
du genou du patient sans avoir besoin d’utiliser<br />
<strong>de</strong> gabarits d’alignement. Grâce au modèle <strong>de</strong><br />
genou, la planification préopératoire est très<br />
précise. La planification préliminaire est préparée<br />
par le laboratoire en fonction <strong>de</strong>s préférences<br />
<strong>de</strong> chaque chirurgien. Le chirurgien<br />
vérifie la planification concernant la taille <strong>de</strong><br />
l’implant, les hauteurs <strong>de</strong> résections, la rotation<br />
fémorale par rapport à la ligne <strong>de</strong>s condyles<br />
postérieure, la ligne <strong>de</strong> Whitesi<strong>de</strong> ou l’axe transépicondylien<br />
ainsi que la mesure <strong>de</strong> la pente<br />
tibiale postérieure. Après une éventuelle correction,<br />
il envoie sa confirmation directement par<br />
le site Internet et donne ainsi son accord pour la<br />
fabrication et la livraison <strong>de</strong>s gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe.<br />
Les Inconvénients<br />
Au premier abord, les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe personnalisés<br />
peuvent sembler plus coûteux que les<br />
techniques conventionnelles, en raison du coût<br />
<strong>de</strong> la TDM ou <strong>de</strong> l’IRM préopératoire et du coût<br />
lié à la fabrication du gui<strong>de</strong> et du modèle d’os<br />
en plastique. Cependant, il faut tenir compte<br />
<strong>de</strong>s économies que le système permet <strong>de</strong> réaliser.<br />
Tout d’abord, les coûts <strong>de</strong> stérilisation<br />
diminuent, puisque <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong>s instruments<br />
ne sont plus nécessaires. L’installation et la préparation<br />
<strong>de</strong> l’instrumentation sont plus rapi<strong>de</strong>s,<br />
tout comme l’opération en elle-même, ce qui<br />
permet d’augmenter le nombre <strong>de</strong> cas traités<br />
chaque jour. Il est toujours nécessaire <strong>de</strong> prévoir<br />
un kit d’instruments <strong>de</strong> secours, mais la probabilité<br />
d’abîmer ou <strong>de</strong> perdre <strong>de</strong>s pièces est réduite.<br />
Ensuite, par rapport à la technique avec<br />
la navigation, on remarque que tous les coûts<br />
générés par la CAO sont inexistants, puisqu’il est<br />
inutile d’investir dans du matériel, <strong>de</strong>s mises à<br />
jour <strong>de</strong> logiciels, <strong>de</strong>s instruments spéciaux avec<br />
trackers unidirectionnels, et que la durée opératoire<br />
est réduite.<br />
La question <strong>de</strong> l’irradiation lors <strong>de</strong> la TDM pré-<br />
Photo 9 : gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> coupe fémoral sur mesure<br />
opératoire est un autre point <strong>de</strong> débat. La partie<br />
principale soumise à la TDM est le genou et<br />
l’irradiation <strong>de</strong> cette partie du corps ne pose<br />
pas problème. Toutefois, certaines vues <strong>de</strong> la<br />
hanche sont nécessaires pour déterminer le<br />
centre <strong>de</strong> la hanche et donc l’axe mécanique, et<br />
ces quelques vues produisent une irradiation.<br />
Celle-ci est comparable à celle subie lors <strong>de</strong>s<br />
longs examens aux rayons X effectués pour la<br />
planification d’une ATG classique. Comme ces<br />
radiographies ne sont plus nécessaires avec la<br />
TDM ou l’IRM, l’exposition aux rayons est quasiment<br />
similaire à celle <strong>de</strong>s techniques conventionnelles.<br />
Enfin, la planification préopératoire pourra être<br />
plus longue au départ, mais cette différence va<br />
se réduire à mesure que les chirurgiens s’habitueront<br />
à la métho<strong>de</strong> interactive en 3D par<br />
Internet.<br />
Les avantages<br />
Les gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupe personnalisés pour chaque<br />
patient sont une nouvelle génération d’instrumentation.<br />
Ils permettent une opération<br />
chirurgicale plus rapi<strong>de</strong> et efficace, avec une<br />
précision améliorée lors <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong>s<br />
composants, tout en facilitant la gestion <strong>de</strong> la<br />
salle d’opération. Le coût élevé du système est<br />
rapi<strong>de</strong>ment compensé par la réduction d’autres<br />
coûts moins visibles liés à la durée opératoire, à<br />
la mobilisation <strong>de</strong> la salle d’opération, à la stérilisation.<br />
Grâce à ce système, la mise en place<br />
correcte <strong>de</strong>s composants ne <strong>de</strong>vrait donc plus<br />
être remise en question. Peu <strong>de</strong> laboratoires<br />
présentent ce système et peu <strong>de</strong> chirurgiens<br />
pratiquent encore cette technique qui nécessite<br />
une certaine organisation.<br />
Sur les caractéristiques <strong>de</strong>s implants : le polyéthylène<br />
hautement réticulé.<br />
La défaillance à long terme <strong>de</strong>s prothèses <strong>de</strong><br />
genou provient <strong>de</strong> l’usure du polyéthylène. Il<br />
n’existe pas d’autre couple <strong>de</strong> frottement possible<br />
pour le moment, la céramique, avec un<br />
taux d’usure négligeable, étant réservée à la<br />
hanche pour le moment. La recherche consacrée<br />
au polyéthylène a permis d’obtenir un<br />
polyéthylène hautement réticulé (obtenu par<br />
irradiation et stabilisé avec un antioxydant)<br />
ayant une meilleure résistance à l’usure que<br />
le polyéthylène conventionnel. Aucun avantage<br />
clinique n’a cependant été prouvé <strong>de</strong><br />
façon irréfutable pour généraliser l’usage <strong>de</strong><br />
ces polyéthylènes, par contre, l’altération <strong>de</strong> la<br />
résistance <strong>de</strong> ces polyéthylènes irradiés est avérée<br />
avec <strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> rupture <strong>de</strong> came ou<br />
plots d’ancrage rotulien. Enfin, les protocoles<br />
d’irradiations <strong>de</strong>s polyéthylènes sont différents<br />
d’un laboratoire à l’autre, rendant les variétés <strong>de</strong><br />
polyéthylènes nombreuses, et difficiles à suivre<br />
scientifiquement. Un projet <strong>de</strong> suivi à gran<strong>de</strong><br />
échelle <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong> ces polyéthylènes<br />
est prévu aux Etats Unis à partir <strong>de</strong><br />
cette année.<br />
Conclusion<br />
Les prothèses totales <strong>de</strong> genou donnent actuellement<br />
<strong>de</strong> très bons résultats fonctionnels tout<br />
en ayant une bonne longévité, cela explique<br />
en partie le nombre croissant <strong>de</strong> poses dans<br />
le mon<strong>de</strong>. Cependant, aucun consensus n’a<br />
encore pu être établi concernant les modalités<br />
techniques <strong>de</strong> l’intervention, navigation<br />
ou gui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> coupes sur mesure ou ancillaire<br />
mécanique, car aucune n’a réellement fait la<br />
preuve <strong>de</strong> sa supériorité. De même pour les<br />
implants, s’oriente t’on définitivement vers <strong>de</strong>s<br />
implants postéro-stabilisés avec plateau rotatoire,<br />
avec du polyéthylène hautement réticulé<br />
ou persistera-t-il toujours toute une gamme<br />
d’implants <strong>de</strong> concepts différents. Seules les<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> registre <strong>de</strong> poses <strong>de</strong> prothèses <strong>de</strong><br />
genou à l’échelle national pourra apporter <strong>de</strong>s<br />
éléments <strong>de</strong> réponse.
28<br />
CHIRURGIEN DU MONDE<br />
Pr Lee SWANSTROM<br />
<strong>Chirurgie</strong>n du mon<strong>de</strong><br />
Pr Lee Swanstrom MD, FACS, Oregon USA<br />
L’État <strong>de</strong> la chirurgie aux États-Unis<br />
en <strong>20</strong>13<br />
Depuis près d’un siècle, la chirurgie américaine<br />
occupe une position <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>rship dans<br />
le mon<strong>de</strong> : dans l’éducation, les soins, l’innovation,<br />
la science chirurgicale et la pratique<br />
clinique. En <strong>20</strong>13, cette prééminence est sérieusement<br />
remise en question. Notre modèle<br />
<strong>de</strong> formation chirurgicale est aujourd’hui souvent<br />
décrit comme étant « broken (cassé) »<br />
- blâme mis sur la restriction <strong>de</strong> la semaine<br />
<strong>de</strong> travail à 80 heures, l’éthique <strong>de</strong> travail <strong>de</strong><br />
la génération d’aujourd’hui, et un modèle <strong>de</strong><br />
formation dépassée. L’innovation - la force<br />
vitale <strong>de</strong> la chirurgie - est sérieusement diminuée<br />
aux États-Unis, victime <strong>de</strong> l’économie<br />
mondiale, <strong>de</strong> la bureaucratie réglementaire<br />
du gouvernement, et <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> sur l’impact<br />
<strong>de</strong> la nouvelle amélioration « Loi réforme<br />
<strong>de</strong> la santé », qui a été conçue pour tenter <strong>de</strong><br />
contrôler le taux <strong>de</strong> l’escala<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dépenses<br />
<strong>de</strong> santé aux États-Unis. En outre, <strong>de</strong>s<br />
réductions spectaculaires <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> du gouvernement<br />
pour les soins <strong>de</strong> santé, la recherche,<br />
l’intérêt amoindri aux États-Unis en tant que<br />
principal marché <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’industrie <strong>de</strong>s<br />
dispositifs médicaux et les temps difficiles<br />
financiers pour les hôpitaux, elle a essentiellement<br />
tué le « scientifique chirurgicale » (le<br />
type <strong>de</strong> chercheur le plus susceptible <strong>de</strong> produire<br />
<strong>de</strong> la recherche translationnelle, plus<br />
pertinents pour la pratique clinique). Enfin,<br />
l’excellence clinique, qui aux États-Unis a été<br />
bien reconnue est probablement toujours<br />
là, mais elle est certainement dans un état<br />
d’évolution. De bons résultats entraînés uniquement<br />
par les dépenses massives évoluent<br />
vers une approche plus consciente <strong>de</strong>s coûts<br />
à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> données axées sur les résultats.<br />
Économie<br />
Le système <strong>de</strong> santé américain est traditionnellement<br />
tiré par la puissance économique<br />
<strong>de</strong>s États-Unis. Remboursements historiquement<br />
élevés pour les mé<strong>de</strong>cins, pas <strong>de</strong><br />
restriction sur l’achat <strong>de</strong> technologie par<br />
les hôpitaux et un « fast track » mécanisme<br />
d’entreprise pour l’introduction <strong>de</strong>s nouvelles<br />
technologies dans les blocs opératoires ont<br />
conduit à une mo<strong>de</strong>rnisation technologique<br />
tres importante, mais aussi à <strong>de</strong>s coûts extrêmement<br />
élevés.<br />
Des exemples <strong>de</strong> mauvaise utilisation <strong>de</strong> l’argent<br />
<strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> santé sont les petits hôpitaux<br />
qui achètent tous les <strong>de</strong>rniers équipements<br />
(IRM, scanner, etc), ou même un robot<br />
DaVinci pour 2 millions <strong>de</strong> dollars pour servir<br />
comme outils <strong>de</strong> marketing en dépit d’un<br />
manque <strong>de</strong> preuves <strong>de</strong> leur utilité clinique.<br />
Malheureusement, cela a conduit à une inflation<br />
problématique <strong>de</strong>s dépenses consacrées<br />
aux soins <strong>de</strong> santé. Les États-Unis ont consacré<br />
2,3 milliards <strong>de</strong> dollars aux soins <strong>de</strong> santé<br />
en <strong>20</strong>10 - ce qui représente 17,9% du produit<br />
intérieur brut américain (PIB) et ces <strong>de</strong>penses<br />
<strong>de</strong>vraient s’élever à plus <strong>de</strong> <strong>20</strong>% du<br />
PIB au cours <strong>de</strong>s 10 prochaines années. Dans<br />
ce contexte, les dépenses par habitant en<br />
matière <strong>de</strong> santé en France sont inférieures<br />
<strong>de</strong> 33% à celles <strong>de</strong>s États-Unis. Ironiquement,<br />
en dépit <strong>de</strong> ces dépenses <strong>de</strong> soins <strong>de</strong><br />
santé massives, les États-Unis se classent au<br />
24e rang mondial en matière <strong>de</strong> santé globale<br />
<strong>de</strong> la population. Ceci est le résultat <strong>de</strong><br />
la situation perverse ; cette trajectoire insoutenable<br />
<strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> santé augmentant<br />
rapi<strong>de</strong>ment a été connu et commenté dans<br />
la vie politique pendant au moins 4 administrations<br />
prési<strong>de</strong>ntielles. Toutes les administrations<br />
ont essayé d’adopter une loi pour<br />
corriger ce désastre imminent et toutes ont<br />
échoué en raison <strong>de</strong> pressions politiques<br />
- principalement <strong>de</strong> l’assurance médicale<br />
extrêmement puissante et <strong>de</strong>s groupes hospitaliers.<br />
Il convient <strong>de</strong> noter qu’aux États-<br />
Unis, les patients sont particulièrement<br />
non impliqués dans le processus politique<br />
- seulement 40% votent, et, parmi ceux qui<br />
votent, la moitié souhaite que le gouvernement<br />
en fasse plus, et l’autre moitié qu’il n’en<br />
fasse pas du tout (ironiquement, ce sont<br />
ceux qui dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’assurance et <strong>de</strong>s<br />
subventions du gouvernement).<br />
Les mé<strong>de</strong>cins sont également très peu touchés<br />
par les commentaires politiques : par<br />
exemple, il n’existe pas <strong>de</strong> syndicats <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins<br />
aux États-Unis et la plupart <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />
et chirurgiens en particulier sont « trop<br />
Pr Lee SWANSTROM<br />
occupés » pour être impliqués. Pour la mé<strong>de</strong>cine,<br />
le processus législatif repose avant<br />
tout sur <strong>de</strong>s « achats d’influence ». Une mesure<br />
du « désengagement » <strong>de</strong>s chirurgiens<br />
dans le processus du gouvernement est le<br />
fait que 85% <strong>de</strong>s chirurgiens n’apportent pas<br />
d’argent pour obtenir un soutien politique,<br />
tandis que 80% <strong>de</strong>s avocats contribuent 80 fois<br />
plus au financement <strong>de</strong>s lobbyistes. [ref]<br />
L’accomplissement législatif majeure <strong>de</strong> la<br />
première administration Obama était la loi <strong>de</strong><br />
réforme <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> <strong>20</strong>10. Appelée<br />
the Patient Protection and Affordable Care<br />
Act (PPACA), c’est la première refonte majeure<br />
du système <strong>de</strong> santé américain <strong>de</strong>puis les<br />
années 1960 et elle a été farouchement combattue<br />
et quelque peu diluée par les groupes<br />
d’intérêts corporatistes. Le résultat final est<br />
une proposition assez vague et extrêmement<br />
complexe dont le plein impact ne sera<br />
pas compris jusqu’à ce qu’elle commence à<br />
être mise en œuvre fin <strong>20</strong>13. Les implications<br />
majeures pour les chirurgiens comprennent<br />
le paiement <strong>de</strong> honoraires sur la base <strong>de</strong> la<br />
qualité <strong>de</strong>s résultats (l’exemple le plus extrême<br />
étant la possibilité <strong>de</strong> refuser les paiements<br />
d’assurance en cas <strong>de</strong> complications<br />
chirurgicales) et <strong>de</strong>s références préférentiels<br />
pour les fournisseurs <strong>de</strong> qualité documentés.<br />
[2] L’autre élément concerne l’afflux attendu<br />
<strong>de</strong> patients dans le système <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> santé<br />
« actif ». A l’heure actuelle, parce qu’un<br />
nombre important <strong>de</strong> citoyens dépen<strong>de</strong>nt<br />
d’assurances extrêmement chères, environ<br />
40 millions d’Américains ne sont pas assurés,<br />
soit parce qu’ils ne peuvent pas se payer une<br />
assurance, soit parce qu’ils se voient refuser
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
29<br />
la couverture par la compagnie d’assurance<br />
en raison <strong>de</strong> «conditions préexistantes» ou<br />
d’autres aspects techniques. Ces « non-assurés<br />
» peuvent recevoir actuellement <strong>de</strong>s soins<br />
en cas d’urgence, ce qui est inefficace et coûteux,<br />
sauf s’ils peuvent payer eux-memes, ce<br />
qui est généralement imposssible. Le résultat<br />
est que les frais médicaux non payés sont la<br />
principale cause <strong>de</strong> faillite aux États-Unis.<br />
Une disposition <strong>de</strong> la loi « Obama Care » (souvent<br />
appelé PPACA) prévoit l’extension <strong>de</strong><br />
l’accès aux soins <strong>de</strong> santé pour la plupart <strong>de</strong>s<br />
Américains. Cela <strong>de</strong>vrait <strong>de</strong>vrait brutalement<br />
ajouter jusqu’à 30 millions <strong>de</strong> personnes dans<br />
le système <strong>de</strong> santé - ce sera un véritable<br />
«choc» pour le système. [2]<br />
Les questions <strong>de</strong> « manpower » et <strong>de</strong> la<br />
chirurgie<br />
La situation <strong>de</strong> la chirurgie aux États-Unis est<br />
encore compliquée, parce qu’aujourd’hui, il y<br />
a un nombre insuffisant <strong>de</strong> chirurgiens généralistes<br />
aux Etats-Unis. [3] C’est un problème<br />
qui est en augmentation rapi<strong>de</strong>. On a calculé<br />
que la couverture chirurgicale idéale d’une<br />
population <strong>de</strong>vrait être <strong>de</strong> 7 chirurgiens généralistes<br />
pour 100.000 habitants. Actuellement,<br />
aujourd’hui, on compte 5,8 chirurgiens généralistes<br />
pour 100.000 (lorsqu’actuellement, on<br />
ne compte que 5,8 chirurgiens généralistes)<br />
et ce chiffre <strong>de</strong>vrait considérablement diminuer<br />
à mesure que la population augmente et<br />
vieillit. À l’heure actuelle, les 256 programmes<br />
<strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce en chirurgie aux États-Unis forment<br />
environ 1.100 chirurgiens chaque année.<br />
Ce nombre reste pratiquement inchangé<br />
<strong>de</strong>puis les <strong>20</strong> <strong>de</strong>rnières années. Cette pénurie<br />
est exacerbée par la super-spécialisation. En<br />
<strong>20</strong>11, 80% <strong>de</strong>s jeunes diplômés en chirurgie<br />
générales ont choisi <strong>de</strong> poursuivre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> sous-spécialités (« Fellowships »). La plupart<br />
<strong>de</strong> ces praticiens ne vont pas entrer dans<br />
une pratique générale dans l’avenir. Un autre<br />
élément à considérer est l’évolution démographique<br />
<strong>de</strong>s stagiaires en chirurgie. En <strong>20</strong>12,<br />
42% <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts en chirurgie étaient <strong>de</strong>s<br />
femmes, un chiffre qui <strong>de</strong>vrait encore augmenter.<br />
Les femmes chirurgiens sont moins<br />
susceptibles <strong>de</strong> pratiquer à temps plein. Par<br />
exemple, leur charge <strong>de</strong> travail annuelle<br />
moyenne est <strong>de</strong> 375 opérations - contre 500<br />
pour leurs homologues masculins. [4] Un<br />
autre problème est le mal être <strong>de</strong>s chirurgiens<br />
qui pratiquent actuellement. Une enquête<br />
récente a décrit un taux <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong> « burnout<br />
» pour les chirurgiens, qui conduit souvent à<br />
la retraite anticipée ou à un changement <strong>de</strong><br />
carrière, réduisant encore plus le nombre <strong>de</strong><br />
praticiens sur le marché. [5, 6]<br />
Pour répondre aux besoins prévus du pays,<br />
nous aurions besoin <strong>de</strong> former 100.000 chirurgiens<br />
généralistes supplémentaires d’ici <strong>20</strong>30<br />
pour un coût estimé <strong>de</strong> 2 milliards <strong>de</strong> dollars<br />
par an, ce qui, dans le climat politique et économique<br />
actuel semble peu probable. [3]<br />
Formation chirurgicale<br />
La formation <strong>de</strong>s diplômés post-internat aux<br />
États-Unis subit une pression croissante pour<br />
un changement radical. Le système actuel a<br />
peu changé <strong>de</strong>puis celui prévu par Halstad<br />
au début du siècle <strong>de</strong>rnier. La complexité<br />
croissante <strong>de</strong>s techniques chirurgicales (par<br />
exemple, la chirurgie laparoscopie), la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
du public pour les gros volumes d’expérience,<br />
la restriction <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> travail, la<br />
progression du nombre <strong>de</strong> femmes en chirurgie<br />
et le changement d’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s générations<br />
en faveur <strong>de</strong> l’engagement désinteressé<br />
vers une carrière médicale ; sont autant <strong>de</strong><br />
facteurs indiquant que l’ancien mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation<br />
doit changer. Aujourd’hui, l’internat<br />
en chirurgie générale se déroule en 5 ans et a<br />
pour mandat <strong>de</strong> couvrir tous les aspects : digestif,<br />
vasculaire, cardio-thoracique, neurochirurgie,<br />
pédiatrie, traumatologie et soins intensifs,<br />
tête et cou, sein, oncologie, endocrinologie,<br />
cutanée et <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> la paroi abdominale.<br />
Les expériences en GYN et l’orthopédique<br />
été terminé comme un mandat pour <strong>de</strong><br />
diplômés américains dans les années 1950.<br />
Le problème, bien sûr, est que les exigences<br />
techniques <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong> ces procédures,<br />
en particulier les exigences créées par l’apprentissage<br />
<strong>de</strong>s techniques mini-invasives,<br />
signifie qu’il est presque impossible d’obtenir<br />
suffisamment d’expérience pour être capable<br />
d’exercer ces procédures après l’obtention du<br />
diplôme. Ce problème est bien sûr aggravé<br />
par les restrictions actuelles <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> travail<br />
<strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts qui ont pris effet en <strong>20</strong>08. En<br />
fait, il a été estimé que le programme <strong>de</strong> formation<br />
actuel <strong>de</strong> 5 ans, prévoit, en moyenne,<br />
un nombre suffisant <strong>de</strong> cas pour seulement<br />
12 <strong>de</strong>s 257 interventions chirurgicales potentielles<br />
qui <strong>de</strong>vraient être maîtrisées pour<br />
un chirurgien généraliste. Cela a conduit à<br />
un système <strong>de</strong> post-formation <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts<br />
(« Fellowships »), généralement d’un ou<br />
<strong>de</strong>ux ans, dont certaines sont accréditées par<br />
the American College of Graduate Medical<br />
Education (ACGME) - par exemple la chirurgie<br />
vasculaire, pédiatrique, cardio-thoracique,<br />
colorectal, et d’autres part par le Fellowship<br />
Council : chirurgie bariatrique, endoscopique,<br />
mini-invasive, chirurgie <strong>de</strong> pointe gastro intestinale,<br />
hépato-biliaire et pancréatique et<br />
d’autres encore par <strong>de</strong>s sociétés spécialisées<br />
specialisees : du sein, du système endocrinien,<br />
<strong>de</strong> la traumatologie. Actuellement, plus<br />
<strong>de</strong> 85% <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts diplômés en chirurgie<br />
générale poursuivent un ou plusieurs fellowships.<br />
Un autre facteur qui pousse les rési<strong>de</strong>nts<br />
vers les fellowships sont les restrictions<br />
croissantes pour permettre aux rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />
prendre <strong>de</strong>s responsabilités vis-à-vis <strong>de</strong>s soins<br />
aux patients pendant leur formation. Compte<br />
tenu du contexte médical actuel, notammment<br />
<strong>de</strong>s questions d’ordre juridique ou liées<br />
aux <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s patients, il est pratiquement<br />
impossible <strong>de</strong> permettre aux rési<strong>de</strong>nts<br />
<strong>de</strong>s États-Unis d’opérer un patient sans la présence<br />
effective d’un chirurgien du corps professoral.<br />
Qui est plutot inquiète à l’idée <strong>de</strong> passer à<br />
la pratique indépendante et inversement, il<br />
existe une réticence <strong>de</strong>s chirurgiens en activité<br />
d’embaucher quelqu’un qui a juste fini sa<br />
rési<strong>de</strong>nce (internat).<br />
The American Board of Surgery (ABS) a du<br />
mal à trouver les moyens <strong>de</strong> résoudre ce<br />
problème. Il y a un plan pour intégrer dans<br />
les programmes chirurgie générale, les Fellowships,<br />
ce qui permettrait aux rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />
choisir une sous-spécialité au cours <strong>de</strong> leur<br />
3ème année <strong>de</strong> formation et <strong>de</strong> concentrer<br />
leur expérience sur la pratique <strong>de</strong> cette spécialité.<br />
Ce système aura <strong>de</strong> nombreux problèmes<br />
logistiques et <strong>de</strong> planification ; et va<br />
soulever <strong>de</strong>s questions philosophiques sur la<br />
pertinence d’être un d’être un chirurgien généraliste<br />
« Surgeon General » en <strong>20</strong>13.<br />
La qualité <strong>de</strong>s soins<br />
Un point fort dans la chirurgie aux États-Unis<br />
est <strong>de</strong> plus en plus dans le domaine <strong>de</strong> la recherche<br />
sur <strong>de</strong>s résultats et <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong><br />
qualité <strong>de</strong>s soins aux patients. [6] La <strong>de</strong>rnière<br />
décennie a vu la reconnaissance du fait que<br />
les États-Unis doivent réduire les coûts médicaux.<br />
Le gouvernement a réagi en menaçant<br />
<strong>de</strong> couper les remboursements aux hôpitaux<br />
et aux mé<strong>de</strong>cins et en réduisant le soutien à<br />
la recherche et à l’éducation. Les chirurgiens<br />
ont répondu à l’argument selon lequel une<br />
manière plus raisonnable d’économiser est<br />
d’améliorer la sécurité <strong>de</strong>s soins chirurgicaux<br />
et d’améliorer la qualité <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la<br />
chirurgie. Il y a eu <strong>de</strong> nombreuses initiatives<br />
établies par les gouvernances <strong>de</strong> la chirurgie<br />
pour améliorer les résultats et documenter la<br />
compétence <strong>de</strong>s chirurgiens.<br />
L’American Board of Surgery (ABS) a renforcé<br />
le processus <strong>de</strong> recertification <strong>de</strong>s chirur-
30<br />
CHIRURGIEN DU MONDE<br />
Pr Lee SWANSTROM<br />
giens. Précé<strong>de</strong>mment les chirurgiens <strong>de</strong>vaient<br />
passer un test écrit tous les 10 ans (avec un<br />
taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> 93%). Ils sont désormais<br />
tenus <strong>de</strong> prouver leur formation continue «<br />
continuous learning » ; avec leur propre formation,<br />
leurs efforts pour suivre les résultats<br />
<strong>de</strong>s patients et ils doivent passer <strong>de</strong>s examens<br />
<strong>de</strong>vant leurs pairs tous les 3 ans, pour évaluer<br />
la qualité <strong>de</strong> leurs performances. En outre,<br />
l’ABS a récemment exigé que les chirurgiens<br />
passent les modules <strong>de</strong> formation : « Fundamentals<br />
of Laparoscopic Surgery (FLS) » et «<br />
Fundamentals of Endoscopic Surgery (FES) »<br />
modules <strong>de</strong> formation et les tests qui ont été<br />
créés par <strong>de</strong>s Society of American Gastrointestinal<br />
and endoscopic Surgeons (SAGES).<br />
Même si ces tests n’évaluent que les niveaux<br />
les plus élémentaires <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong><br />
compétences, ils sont les premiers examens<br />
pleinement validées pour tester les compétences<br />
du praticien et donc représentent <strong>de</strong>s<br />
indicateurs importants <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> la certification.<br />
Comme mentionné précé<strong>de</strong>mment,<br />
l’ABS est également en train <strong>de</strong> revoir la façon<br />
dont les chirurgiens sont formés - un processus<br />
qui sera long et difficile.<br />
L’American College of Surgeons (ACS) est également<br />
impliqué dans l’amélioration <strong>de</strong>s soins<br />
aux patients. Probablement le résultat le plus<br />
notable est la mise en œuvre et la croissance<br />
rapi<strong>de</strong> du National Surgical Quality Improvement<br />
Program (NSQIP). Ce programme novateur<br />
utilise une base <strong>de</strong> données conçue par<br />
les chirurgiens. Il utilise les infirmières hospitalières<br />
pour recueillir les données permettant<br />
<strong>de</strong> suivre plus <strong>de</strong> 270 paramètres pour la<br />
gamme complète <strong>de</strong>s interventions chirurgicales.<br />
Cent pour cent <strong>de</strong>s procédures à haut<br />
risque sont suivies (comme esophagetomy ou<br />
chirurgie du foie et du pancreas, etc), tandis<br />
que d’autres sont échantillonnées à un niveau<br />
statistiquement significatif. Les patients sont<br />
contactés après décharge pour obtenir les<br />
résultats à 30 jours. Ces résultats sont comparés<br />
aux données nationales <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 350<br />
hôpitaux qui participent au projet. Bien que<br />
les participants soient « anonymes », chaque<br />
hôpital peut regar<strong>de</strong>r ses propres données<br />
et chaque mé<strong>de</strong>cin peut regar<strong>de</strong>r les siennes<br />
et les comparer aux résultats nationaux. Cela<br />
fournit une énorme incitation pour améliorer<br />
la qualité <strong>de</strong>s résultats, pour les hôpitaux<br />
comme pour les chirurgiens. Les données ont<br />
montré que le simple fait <strong>de</strong> participer à ce<br />
projet peut permettre à un hôpital moyen <strong>de</strong><br />
réduire <strong>de</strong> 250 à 500 le nombre <strong>de</strong> complications<br />
par an et le nombre <strong>de</strong> décès évitables.<br />
Cette démarche permet à l’hôpital d’économiser<br />
plusieurs millions <strong>de</strong> dollars chaque année.<br />
Conclusion<br />
L’état actuel <strong>de</strong> la chirurgie aux États-Unis est<br />
en proie à <strong>de</strong>s problèmes. La plupart <strong>de</strong>s problèmes<br />
sont communs à la chirurgie dans le<br />
reste du mon<strong>de</strong>, mais certains sont le résultat<br />
<strong>de</strong> facteurs uniques aux États-Unis. Pendant<br />
trop longtemps, les États-Unis ont dépensé<br />
<strong>de</strong>s sommes importantes dans les soins <strong>de</strong><br />
santé et pris <strong>de</strong> nombreuses décisions basées<br />
sur les forces du marché et le corporatisme, <strong>de</strong><br />
la mé<strong>de</strong>cine défensive et l’orgueil simple plutôt<br />
que centrées sur le patient et les résultats<br />
fondés sur <strong>de</strong>s preuves. Malheureusement,<br />
comme nous changeons notre système pour<br />
être plus en harmonie avec le reste du mon<strong>de</strong> ;<br />
nous nous dirigeons vers une pério<strong>de</strong> difficile<br />
<strong>de</strong> réduction du soutien à la recherche, le<br />
transfert <strong>de</strong> technologie <strong>de</strong> l’industrie médicale<br />
vers les pays <strong>de</strong> l’Est et la difficulté à intéresser<br />
la prochaine génération dans une carrière<br />
chirurgicale. Il y a <strong>de</strong> bons résultats qui<br />
découlent <strong>de</strong> ces temps difficiles. Les moyens<br />
objectives et vali<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la certification <strong>de</strong>s<br />
compétences d’un chirurgien, une révision <strong>de</strong><br />
notre système <strong>de</strong> formation chirurgicale dépassée<br />
et l’évaluation <strong>de</strong>s soins fondés sur <strong>de</strong>s<br />
preuves peuvent être les prochaines contributions<br />
<strong>de</strong>s chirurgiens américains à l’amélioration<br />
<strong>de</strong> la santé dans le mon<strong>de</strong>.<br />
1. Kopen DF. Physicians need to find their collective<br />
voice. Bull Am Coll Surg. <strong>20</strong>11 Sep;96(9):72-3.<br />
2. Ullyot DJ. Healthcare Reform <strong>20</strong>10- a surgeon’s perspective.<br />
Am Heart Hosp J. <strong>20</strong>10 Winter;8(2):E80-5.<br />
3. Valentine RJ, Jones A, Biester TW, Cogbill TH, Borman<br />
KR, Rho<strong>de</strong>s RS. General surgery workloads and practice<br />
patterns in the United States, <strong>20</strong>07 to <strong>20</strong>09: a 10-year<br />
update from the American Board of Surgery. Ann Surg.<br />
<strong>20</strong>11 Sep;254(3):5<strong>20</strong>-5.<br />
4. Lewis FR, Klingensmith ME. Issues in General Surgery<br />
Resi<strong>de</strong>ncy training - <strong>20</strong>12. Ann Surg <strong>20</strong>12;256(4):553-<br />
559.<br />
5. Shanafelt TD, Balch CM, Bechamps GJ, Russell T, Dyrbye<br />
L, Satele D, Collicott P, Novotny PJ, Sloan J, Freischlag<br />
JA. Burnout and career satisfaction among American<br />
surgeons. Ann Surg. <strong>20</strong>09 Sep;250(3):463-71.<br />
6. Balch CM, Oreskovich MR, Dyrbye LN, Colaiano<br />
JM, Satele DV, Sloan JA, Shanafelt TD. Personal consequences<br />
of malpractice lawsuits on American surgeons.<br />
J Am Coll Surg. <strong>20</strong>11 Nov;213(5):657-67. doi: 10.1016/j.<br />
jamcollsurg.<strong>20</strong>11.08.005.<br />
7. Birkmeyer JD, Gust C, Dimick JB, Birkmeyer NJO, Skinner<br />
JS. Hospital quality and the cost of inpatient surgery<br />
in the United States. <strong>20</strong>12. Ann Surg;255(1):1-5.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
<strong>31</strong><br />
Point <strong>de</strong> vue du jeune chirurgien<br />
Plaidoyer pour la juste<br />
valorisation <strong>de</strong>s chirurgiens et<br />
pour la pérénité d’un système<br />
français d’excellence<br />
Morgan Rouprêt est Praticien Hospitalo-<br />
Universitaire (PHU) en Urologie à l’Hôpital<br />
<strong>de</strong> la Pitié-Salpétrière, Assistance<br />
Publique-Hôpitaux <strong>de</strong> Paris, Université<br />
Paris VI, Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine Pierre et<br />
Marie Curie. Il a 37 ans et a accompli,<br />
<strong>de</strong>puis 1993, l’intégralité <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine au CHU <strong>de</strong> la Pitié-Salpétrière.<br />
En 1999, il a été nommé en chirurgie<br />
à Paris, au concours <strong>de</strong> l’internat.<br />
Morgan Rouprêt est docteur en mé<strong>de</strong>cine<br />
<strong>de</strong>puis Novembre <strong>20</strong>05. Outre son<br />
activité clinique, il s’est consacré à la recherche<br />
fondamentale, notamment les<br />
mécanismes <strong>de</strong> cancérogenèse en oncourologie<br />
(cancer <strong>de</strong> la prostate et carcinomes<br />
urothéliaux). Ces travaux lui ont<br />
permis d’obtenir un Master Recherche<br />
en <strong>20</strong>03, puis une Thèse <strong>de</strong> doctorat<br />
en sciences en <strong>20</strong>07 (PhD) et enfin une<br />
Habilitation à Diriger les Recherches en<br />
<strong>20</strong>10. Pour financer ses travaux, il a reçu<br />
successivement une bourse <strong>de</strong> l’Association<br />
Française d’Urologie en <strong>20</strong>03, puis<br />
<strong>de</strong> l’Association Européenne d’Urologie<br />
en <strong>20</strong>06. Le Docteur Rouprêt a séjourné<br />
au Royaume-Uni à Sheffield où<br />
il a poursuivi ses travaux <strong>de</strong> recherche<br />
fondamentale pendant 9 mois en <strong>20</strong>06<br />
et au Presbytarian Hospital <strong>de</strong> New-<br />
York pour 3 mois en <strong>20</strong>12. Il a déjà reçu<br />
plusieurs distinctions: prix d’Urologie<br />
<strong>de</strong> l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
(<strong>20</strong>04) ; médaille d’Or <strong>de</strong> chirurgie <strong>de</strong><br />
l’Internat <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> Paris (<strong>20</strong>05) ;<br />
prix Auquier du Fonds d’Etu<strong>de</strong> et <strong>de</strong><br />
Recherche du corps médical <strong>de</strong>s Hôpitaux<br />
<strong>de</strong> Paris (<strong>20</strong>07) ; prix Le Dentu-Renon<br />
(<strong>20</strong>06), Duval Marjolin (<strong>20</strong>08) et du<br />
Jeune Talent Chirurgical (<strong>20</strong>13) <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>; award<br />
of the Best Scolarship (<strong>20</strong>07), award of<br />
the best scientific paper in Urological<br />
literature (<strong>20</strong>08), Hans-Marberger award<br />
(<strong>20</strong>11) et first Prize of the European Urology<br />
Forum (<strong>20</strong>13) <strong>de</strong> l’Association Européenne<br />
d’Urologie (EAU). Il est auteur<br />
<strong>de</strong> plusieurs ouvrages pédagogiques<br />
<strong>de</strong>stinés à l’enseignement <strong>de</strong>s étudiants<br />
en mé<strong>de</strong>cine et conférencier d’internat.<br />
Morgan Rouprêt a publié à ce jour <strong>31</strong>3<br />
articles scientifiques référencés dans la<br />
littérature internationale.<br />
« À l’évi<strong>de</strong>nce la chirurgie repose sur un pari,<br />
celui <strong>de</strong> transformer une condition pathologique<br />
en la possibilité d’une vie meilleure par<br />
une décision agressive ». 1<br />
Récemment honoré par l’Académie <strong>Nationale</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>, il m’a été <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong><br />
livrer ici ma vision du métier <strong>de</strong> chirurgien.<br />
Je souhaitais ne pas me limiter à l’exercice<br />
clinique <strong>de</strong> la chirurgie mais plutôt donner<br />
mon sentiment sur les problèmes que<br />
rencontrent actuellement la chirurgie française.<br />
Le contexte<br />
En ville comme à l’hôpital, l’étau se resserre<br />
sur les chirurgiens entre une charge <strong>de</strong> travail<br />
croissante, alourdie par <strong>de</strong>s contraintes<br />
administratives astreignantes et une réduction<br />
drastique du personnel paramédical<br />
(liée au 35 heures et à la désaffection<br />
<strong>de</strong> ces professions). Confinés <strong>de</strong>rrière une<br />
vocation qui s’écaille et débordés par la<br />
recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> soins,<br />
les chirurgiens ne disent rien et ne se défen<strong>de</strong>nt<br />
plus. Etouffés par <strong>de</strong>s assurances<br />
professionnelles au coût exponentiel et <strong>de</strong>s<br />
contraintes judiciaires sans précé<strong>de</strong>nt, les<br />
Dr Morgan ROUPRÊT<br />
chirurgiens ne peuvent plus se concentrer<br />
sereinement sur leurs actes opératoires.<br />
Le lobby chirurgical est moribond comme<br />
l’ont montré les récents évènements lors<br />
<strong>de</strong> la signature <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière convention<br />
avec l’Assurance Maladie. À l’hôpital,<br />
quelques « figures emblématiques » monopolisent<br />
les médias et donnent au grand<br />
public une image tronquée <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong><br />
notre métier.<br />
La formation<br />
Il est communément admis que la chirurgie<br />
française subit <strong>de</strong>puis plusieurs années<br />
une désaffection marquée <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
plus jeunes pour l’ensemble <strong>de</strong> ses disciplines.<br />
Or la population vieillit et, à ce titre,<br />
elle est <strong>de</strong> plus en plus « consommatrice »<br />
d’actes opératoires. Cette situation est la<br />
conséquence du départ à la retraite <strong>de</strong> la<br />
génération « baby boom » et du numerus<br />
clausus drastique imposé dans les années<br />
1990. Aussi est-il légitime <strong>de</strong> s’interroger<br />
sur les raisons et les conséquences <strong>de</strong> cet<br />
état <strong>de</strong> fait, tant il paraît inconcevable et<br />
irresponsable, <strong>de</strong> laisser un tel métier tomber<br />
en déshérence, si noble au plan humain<br />
et tellement indispensable. Les revendications<br />
<strong>de</strong>s jeunes sont pourtant claires. Une<br />
bonne partie <strong>de</strong> la réponse se trouve dans<br />
la répartition <strong>de</strong>s choix à l’intérieur même<br />
<strong>de</strong> la filière chirurgicale : l’ophtalmologie<br />
et la plastique maintiennent leur démographie<br />
au détriment, par exemple, <strong>de</strong> la<br />
chirurgie viscérale et <strong>de</strong> la chirurgie cardio-
32<br />
POINT DE VUE DU JEUNE CHIRURGIEN<br />
Morgan ROUPRET<br />
thoracique. Les <strong>de</strong>ux mots clef sont : pénibilité<br />
et revalorisation. Aujourd’hui mes<br />
internes sont sans nuls doute encore enthousiastes<br />
à l’idée <strong>de</strong> travailler 70 heures<br />
par semaine mais plus 1<strong>20</strong>, comme cela<br />
peut encore se voir, dans une société ralentie<br />
par les 35 heures et les RTT. La dégradation<br />
<strong>de</strong>s conditions d’exercice, notamment<br />
à l’hôpital publique, rend le travail<br />
difficile et décourage les plus motivés. Ils<br />
ne sont plus attirés vers les spécialités astreignantes<br />
et moins rémunératrices. Il sera<br />
difficile à l’avenir d’escompter recruter <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens en optant sur la seule utopie <strong>de</strong><br />
la vocation alors qu’ils évoluent désormais<br />
dans une société où l’altruisme et l’abnégation<br />
sont relégués au <strong>de</strong>rnier rang <strong>de</strong>s<br />
valeurs. La féminisation <strong>de</strong> la profession<br />
est un autre sujet délicat pour l’organisation<br />
<strong>de</strong> la profession (temps partiel, choix<br />
du salariat) dans les années à venir. Les<br />
femmes seront bientôt majoritaires chez<br />
les internes <strong>de</strong> chirurgie comme c’est déjà<br />
le cas sur les bancs <strong>de</strong>s facultés <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine.<br />
2 On peut s’en réjouir mais également<br />
souligner objectivement que les hommes<br />
se détournent désormais <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cine. Certes, les conditions <strong>de</strong> formation<br />
<strong>de</strong>s internes en chirurgie se sont<br />
considérablement modifiées ces <strong>de</strong>rnières<br />
années. Pourtant, et contrairement à ce<br />
que préten<strong>de</strong>nt certains, les étudiants en<br />
mé<strong>de</strong>cine français n’ont jamais abandonné<br />
la chirurgie. Chaque année, la totalité <strong>de</strong>s<br />
postes <strong>de</strong> chirurgie offerts au concours <strong>de</strong><br />
l’Internat sont pourvus et les <strong>de</strong>rniers classés<br />
<strong>de</strong>s 7 000 candidats ne peuvent pas<br />
prétendre y accé<strong>de</strong>r. Une solution, coercitive,<br />
pour repeupler les disciplines chirurgicales<br />
sinistrées est <strong>de</strong> créer une filière par<br />
spécialité. Les internes, en étant nommés<br />
d’emblée en neurochirurgie ou en chirurgie<br />
viscérale et non plus « en chirurgie »,<br />
perdraient toutefois leur droit d’auto-détermination.<br />
Les postes <strong>de</strong> ces filières seraient<br />
régulés par une commission démographique<br />
sur avis <strong>de</strong>s sociétés savantes <strong>de</strong><br />
chaque spécialité. Ce système a permis, en<br />
10 ans, <strong>de</strong> dénouer la crise démographique<br />
<strong>de</strong> la gynécologie.<br />
La recherche clinique et fondamentale<br />
En <strong>20</strong>07, le classement académique <strong>de</strong>s<br />
universités <strong>de</strong> Shanghaï (appellation commune<br />
du Aca<strong>de</strong>mic Ranking of World Universities)<br />
a bouleversé les idées reçues<br />
quand à l’excellence <strong>de</strong> l’enseignement<br />
universitaire en France. Ce classement <strong>de</strong>s<br />
principales universités mondiales, établi<br />
par <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> l’université Jiao-<br />
Tong <strong>de</strong> Shanghaï en Chine, a relevé que<br />
seulement quatre universités françaises<br />
éatient au sein <strong>de</strong>s 100 premières dans le<br />
mon<strong>de</strong> : Paris VI, à la 39ème position, <strong>de</strong>vant<br />
Paris XI (52ème), Strasbourg I (99ème)<br />
et enfin l’école normale supérieure <strong>de</strong> Paris<br />
(83ème)<br />
(http://www.arwu.org/ARWU<strong>20</strong>07.jsp).<br />
Ce classement a généré une prise <strong>de</strong><br />
conscience <strong>de</strong>s pouvoirs publics concernant<br />
les retards accumulés par la France<br />
dans le domaine <strong>de</strong> la publication scientifique<br />
par rapport à d’autres pays occi<strong>de</strong>ntaux.<br />
Une politique ambitieuse <strong>de</strong> valorisation<br />
<strong>de</strong> ces activités scientifiques a été<br />
instaurée <strong>de</strong>puis lors, notamment dans les<br />
centres hospitaliers et universitaires français<br />
où les missions <strong>de</strong> recherche étaient<br />
trop souvent délaissées au profit <strong>de</strong> l’activité<br />
clinique, plus facilement i<strong>de</strong>ntifiable<br />
et « rentable », à l’heure <strong>de</strong> la tarification<br />
à l’activité. L’un <strong>de</strong>s outils les plus objectifs<br />
instauré pour valoriser la production<br />
scientifique française est le projet SIGAPS<br />
(Système d’Interrogation, <strong>de</strong> Gestion et<br />
d’Analyse <strong>de</strong>s Publications Scientifiques),<br />
initié au CHRU <strong>de</strong> Lille en <strong>20</strong>02. Sans nier la<br />
différence <strong>de</strong> production scientifique entre<br />
les mé<strong>de</strong>cins et les chirurgiens, une étu<strong>de</strong><br />
a récemment établie que celle-ci était finalement<br />
assez faible. 3 Ainsi, l’implication<br />
<strong>de</strong>s chirurgiens universitaires tant dans la<br />
recherche clinique que dans la recherche<br />
fondamentale française est elle considérable<br />
et majeure. Pourtant, on aurait pu<br />
s’attendre à une différence beaucoup plus<br />
marquée entre les scores <strong>de</strong> SIGAPS <strong>de</strong>s<br />
mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>s chirurgiens en faveur<br />
<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins eu égard à l’organisation <strong>de</strong><br />
l’activité clinique quotidienne lour<strong>de</strong> en<br />
chirurgie.<br />
La santé a un coût, un chirurgien aussi<br />
La place <strong>de</strong> la chirurgie doit impérativement<br />
être revalorisée dans notre société.<br />
Lorsque les chirurgiens libéraux sont<br />
contraints <strong>de</strong> se mettre en grève et que<br />
les chirurgiens <strong>de</strong>s hôpitaux revendiquent<br />
<strong>de</strong>s salaires décents, on est en droit <strong>de</strong> se<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si le système actuel n’atteint pas<br />
ses limites. La focalisation sur les rémunérations<br />
escamote parfois, il est vrai, la<br />
réflexion sur notre système <strong>de</strong> santé, son<br />
organisation, et sa finalité sociale. Néanmoins,<br />
les raisons financières invoquées<br />
par nos collègues sont totalement justifiées.<br />
Les rémunérations <strong>de</strong>s chirurgiens<br />
français sont inférieures d’une part à celles<br />
<strong>de</strong>s autres disciplines et, d’autre part, aux<br />
émoluements <strong>de</strong>s chirurgiens étrangers<br />
exerçants dans <strong>de</strong>s pays dont le niveau<br />
<strong>de</strong> vie est comparable à celui <strong>de</strong> la France.<br />
Parler d’argent a toujours été tabou en<br />
France, d’autant plus lorsque l’on exerce un<br />
métier comme le nôtre impliquant éthique<br />
et déontologie. Le système <strong>de</strong>vient grotesque<br />
lorsque l’on sait que les français<br />
acceptent <strong>de</strong> payer comptant et très cher,<br />
sans remboursement, une hystérectomie<br />
pour leur chienne en clinique vétérinaire,<br />
et refusent <strong>de</strong> cautionner les soins chirurgicaux<br />
<strong>de</strong> leurs propres enfants ! Une amélioration<br />
significative <strong>de</strong> la rémunération <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens et <strong>de</strong> leurs collaborateurs les<br />
plus directes est donc indispensable. Les<br />
chirurgiens sont à la fois <strong>de</strong>s techniciens<br />
hautement qualifiés et <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins : cette<br />
compétence a une valeur et un coût que la<br />
société doit accepter <strong>de</strong> rémunérer à juste<br />
titre. La réalité c’est que le financement<br />
<strong>de</strong> notre système <strong>de</strong> Santé ne fonctionne<br />
plus. Son principe <strong>de</strong> solidarité n’est pas<br />
contestable mais son organisation et son<br />
financement doivent être repensés complètement.<br />
Il faut plai<strong>de</strong>r pour une refonte<br />
complète <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens et sortir du système <strong>de</strong> paiement<br />
à l’acte tout en ayant à cœur <strong>de</strong> valoriser<br />
ceux qui innovent et s’investissent<br />
toujours davantage.<br />
Les soins<br />
La réforme du temps <strong>de</strong> travail (RTT, repos<br />
<strong>de</strong> sécurité), absur<strong>de</strong> pour la plupart <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens, et la réorganisation <strong>de</strong> la chirurgie<br />
à l’hôpital a conduit progressivement à<br />
une inéluctable fusion <strong>de</strong>s services et au<br />
regroupement <strong>de</strong>s plateaux techniques<br />
dans un souci d’efficience. Les progrès <strong>de</strong><br />
la chirurgie ont un coût et le plateau technique<br />
<strong>de</strong>s chirurgiens s’étoffe : voie miniinvasive,<br />
laparoscopie, robotique, chirurgie<br />
guidée par l’image, chirurgie endoscopique,<br />
LASER, chirurgie sans anesthésie générale,<br />
etc,… De tels plateaux techniques
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
33<br />
n’existeront qu’au prix d’une mutualisation<br />
et les chirurgiens doivent donc se<br />
regrouper. Il faut encourager les français à<br />
se déplacer pour se faire opérer dans <strong>de</strong>s<br />
centres d’excellence plutôt que d’entretenir<br />
la vision illusoire et archaïque du petit<br />
hôpital <strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> proximité avec un<br />
bloc opératoire ouvert une fois l’an. C’est le<br />
seul moyen pour mo<strong>de</strong>rniser les outils <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens et pour maintenir une chirurgie<br />
française d’excellence capable <strong>de</strong> rivaliser,<br />
par ses résultats, avec les plus gran<strong>de</strong>s<br />
équipes internationales. La carte sanitaire<br />
en France doit être nécessairement repensée.<br />
S’il apparaît utile que les généralistes<br />
puissent se répartir harmonieusement sur<br />
tout le territoire national, il semble tout<br />
aussi indispensable, en revanche, que les<br />
chirurgiens se regroupent pour exercer leur<br />
art. Ils auront ainsi les moyens <strong>de</strong> s’investir<br />
dans les nouvelles technologies innovantes.<br />
Ils pourront également poursuivre<br />
le développement <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> chirurgie<br />
ambulatoire. La chirurgie <strong>de</strong> <strong>de</strong>main sera<br />
très certainement organisée autour <strong>de</strong><br />
blocs opératoire ultra mo<strong>de</strong>rne, avec un<br />
plateau technique sophistiqué et dans un<br />
hôpital où les lits d’hospitalisation auront<br />
été drastiquement diminués.<br />
Point <strong>de</strong> salut à l’avenir donc, pour <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens isolés et retranchés dans leur<br />
bloc opératoire. Le mon<strong>de</strong> change, le système<br />
<strong>de</strong> santé évolue, la biologie moléculaire<br />
et les données <strong>de</strong> la génétique et du<br />
laboratoire <strong>de</strong> recherche s’intègrent à la<br />
pratique chirurgicale. Outre le bloc opératoire,<br />
les chirurgiens doivent s’investir<br />
partout où ils le peuvent (société savante,<br />
syndicat, tutelles, recherche,…) et ne pas<br />
avoir une vision trop étriquée <strong>de</strong> leur métier,<br />
limitée au seul exercice du bistouri.<br />
La polyvalence, l’engagement, et l’esprit<br />
<strong>de</strong> corps <strong>de</strong>s chirurgiens français face à la<br />
mutation <strong>de</strong>s soins et <strong>de</strong> la recherche sont<br />
autant d’atouts qui leur permettront, j’en<br />
suis certain, <strong>de</strong> préserver l’exercice <strong>de</strong> leur<br />
métier dans <strong>de</strong>s conditions d’excellence.<br />
« Les temps ont bien changé en ce que le<br />
chirurgien <strong>de</strong> nos jours souffrirait d’être assimilable<br />
à tout autre. En tant qu’homme, il<br />
l’est bien sûr, ni plus ni moins en tant qu’artisan,<br />
je le ferais toutefois différent. Il entre,<br />
tout comme le mé<strong>de</strong>cin, dans la catégorie<br />
<strong>de</strong>s grands responsables <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>s autres.<br />
Il n’est pas le seul, bien sûr, (…). Toutefois<br />
aucun ne vit l’instant partagé avec un organe<br />
vivant auquel le chirurgien impose, à<br />
ses risques et périls et à ceux <strong>de</strong> son patient,<br />
<strong>de</strong>s désordres calculés, et dont il sait, chaque<br />
fois qu’il s’est engagé dans un pari, qu’il doit<br />
gagner. Mais comment ceux qui le regar<strong>de</strong>nt<br />
pourraient-ils imaginer seulement ce qu’il<br />
éprouve ? ». 1<br />
Références<br />
1. Pouliquen Y, Le geste et l’esprit. Odile Jacob.<br />
<strong>20</strong>03; 237.<br />
2. Rouprêt M, Maggiori L, Lefevre JH. Upcoming<br />
female prepon<strong>de</strong>rance within surgery resi<strong>de</strong>nts<br />
and the association of sex with the surgical career<br />
choice in the new millennium: results from a national<br />
survey in France. Am J Surg. <strong>20</strong>11; <strong>20</strong>2(2):237-<br />
42<br />
3. Lefèvre JH, Faron M, Drouin SJ, Glanard A, Chartier-Kastler<br />
E, Parc Y, Rouprêt M. Objective evaluation<br />
and comparison of the scientific publication<br />
from the <strong>de</strong>partments of the Assistance publique-<br />
Hôpitaux <strong>de</strong> Paris: Analysis of the SIGAPS score. Rev<br />
Med Interne. <strong>20</strong>12. doi:pii: S0248-8663(12)00640-6
34<br />
DIALOGUE INTERGENERATIONNEL<br />
Jean DUBOUSSET<br />
Dialogue intergénérationnel<br />
Morgan Roupret jeune chirurgien<br />
et réponse <strong>de</strong> Jean Dubousset<br />
Par Jean DUBOUSSET<br />
Cher Morgan,<br />
C’est Henri Ju<strong>de</strong>t qui m’a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s<br />
commentaires à ton plaidoyer.<br />
Je ne sais trop pourquoi ? Peut-être est-ce<br />
qu’ayant été nommé IHP en 1958 (j’avais 22 ans)<br />
et <strong>de</strong>venu PUPH qu’en 1991 (j’avais 55 ans !!), j’ai<br />
donc travaillé pendant ce <strong>de</strong>mi siècle en pratique<br />
libérale d’une part, institutionnelle d’autre part,<br />
tout en ayant une pratique publique constante,<br />
je me trouvais bien placé pour te répondre. Et ce<br />
d’autant que <strong>de</strong>puis mon internat j’avais gardé<br />
un esprit <strong>de</strong> recherche et d’enseignement sans<br />
en avoir la moindre casquette qui m’avaient<br />
ouvert une reconnaissance internationale, bien<br />
avant que les instances universitaires <strong>de</strong> mon<br />
propre pays n’en aient tenu compte.<br />
Bien d’autres, d’ailleurs pourraient en dire autant<br />
(et pour ne parler que du secteur que je connais<br />
un peu, l’orthopédie) Raoul Tubiana, Yves Cotrel,<br />
Alain Gilbert, Pierre Stagnara, Michel Guillaumat<br />
etc... N’ont jamais été universitaires ! Et ont tous<br />
laissé une empreinte indélébile dans la science<br />
<strong>de</strong> notre spécialité tout autant que dans le cœur<br />
<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s qu’ils ont traités.<br />
Tout cela pour te dire cher Morgan, que je ne<br />
peux que partager et soutenir et les mots et<br />
l’esprit <strong>de</strong> ton plaidoyer pour la renaissance<br />
d’un système français <strong>de</strong> chirurgiens assurant la<br />
pérennité et l’existence même <strong>de</strong> l’excellence <strong>de</strong><br />
notre métier.<br />
Si je suis pleinement d’accord avec l’ensemble<br />
<strong>de</strong> tes remarques, je me permettrai d’en ajouter<br />
quelques unes personnelles, dans le désordre<br />
d’ailleurs) dans l’espoir <strong>de</strong> faire réfléchir aussi certains<br />
<strong>de</strong> nos doyens ou <strong>de</strong> nos conseillers ministériels<br />
qui petit à petit ont laissé dériver l’accès à<br />
l’enseignement <strong>de</strong> notre métier <strong>de</strong> base la Mé<strong>de</strong>cine.<br />
Car tout est lié, Mé<strong>de</strong>cine et <strong>Chirurgie</strong> :<br />
Même combat !<br />
Cela commence avec cette « hérésie » pour<br />
moi du concours d’entrée unique pour toutes<br />
les professions <strong>de</strong> santé, sans aucune sélection<br />
préalable qu’il faudrait faire non pas sur un bachotage<br />
majeur centré sur les seules disciplines<br />
scientifiques en particulier mathématiques, sans<br />
tenir effectivement compte <strong>de</strong>s parcours <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s secondaires et <strong>de</strong>s notes du Bac, surtout<br />
sans épreuve <strong>de</strong> dissertation <strong>de</strong> philosophie<br />
portant sur l’expression par le futur candidat<br />
<strong>de</strong>s raisons profon<strong>de</strong>s et personnelles du choix<br />
d’une carrière médicale, sans audition orale <strong>de</strong>s<br />
désirs du candidat, qui aurait l‘avantage d’une<br />
pré-orientation vers un concours ciblé.<br />
Combien d’excellents futurs mé<strong>de</strong>cins ou chirurgiens<br />
n’ont-ils pas été éliminés parce que le<br />
bachotage scientifique n’était pas leur tasse <strong>de</strong><br />
thé ?<br />
Et par la suite l’abandon délibéré <strong>de</strong> l’Anatomie<br />
lors <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, alors que le développement<br />
<strong>de</strong> l’imagerie mo<strong>de</strong>rne aurait dû au<br />
contraire la magnifier, la rendre attractive, utile,<br />
pratique, et la faire aimer aussi bien pour n’importe<br />
quelle branche <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine et encore<br />
plus bien sûr pour le futur chirurgien. Et pourquoi<br />
pas au contraire dans les stages <strong>de</strong> 2ème<br />
Cycle, dits <strong>de</strong> spécialités, ne pas instaurer pour<br />
chacun d’entre eux un enseignement obligatoire<br />
<strong>de</strong> l’Anatomie – Physiologie <strong>de</strong> l’appareil en<br />
question étudié qui susciteraient nouvelles vocations<br />
et idées nouvelles.<br />
D’autre part, s’il est vrai que la biologie moléculaire<br />
est un progrès évi<strong>de</strong>nt scientifique aussi<br />
bien pour la compréhension <strong>de</strong>s fonctions vitales<br />
physiologiques que pathologiques, il n’est<br />
pas vrai que le niveau <strong>de</strong> cet enseignement<br />
doive avoir pour but <strong>de</strong> rendre tous les étudiants<br />
<strong>de</strong>s futurs chercheurs <strong>de</strong> haut niveau en sciences<br />
fondamentales alors que l’examen clinique du<br />
patient ne serait ce que par l’interrogatoire est<br />
complètement délaissé.<br />
Comme toujours trop c’est trop ! et la vérité rési<strong>de</strong><br />
à mon sens (surtout pour une relation touchant<br />
l’être humain) dans le juste milieu .Et rappelons<br />
au futurs réformateurs (car tout est à reprendre à<br />
mon avis) que si le départ est mauvais l’arrivée ne<br />
peut pas être bonne.<br />
Et que dire par exemple du formatage obligatoire<br />
<strong>de</strong> tous les futurs PUPH à ce fameux DEA <strong>de</strong><br />
recherche. Là encore utopie ! Combien en seront<br />
t’ils vraiment bénéficiaires pour l’ouverture <strong>de</strong><br />
leur esprit à la recherche ?<br />
- Et les fameuses 3 casquettes qu’ils sont tous<br />
sensés porter une fois nommés ?<br />
Soins, Enseignement, Recherche, là encore Utopie<br />
! Vœu pieux ! Certains <strong>de</strong> nos collègues y<br />
parviennent, mais ils sont l’exception ! Combien<br />
effectuent-ils vraiment la recherche ? Combien<br />
effectuent-ils vraiment l’Enseignement ? Combien<br />
sont t’ils aptes à diriger un service dans les<br />
« 3 directions » ? Remplaçons la contrainte par la<br />
liberté <strong>de</strong> chacun selon ses goûts et ses aptitu<strong>de</strong>s<br />
mais surtout faisons contrôler ses résultats non<br />
Pr Jean DUBOUSSET<br />
seulement par ses pairs mais par ses étudiants, et<br />
les résultats <strong>de</strong> ceux-ci aux examens (pour ce qui<br />
concerne l’enseignement).<br />
La recherche ! Ce n’est pas en criant « Recherche !!<br />
Recherche !! »que l’on va créer <strong>de</strong>s chercheurs<br />
<strong>de</strong> toute pièce, mais en laissant pour un temps<br />
une liberté contrôlée à ceux qui ont un projet et<br />
veulent chercher.<br />
Pour les soins le contrôle <strong>de</strong>s résultats est plus<br />
simple s’il est effectué par les patients euxmêmes<br />
et l’efficacité et la morbidité <strong>de</strong>s traitements<br />
effectués heureusement <strong>de</strong> mieux en<br />
mieux contrôlée. C’est là qu’il faudrait faire porter<br />
les efforts et non sur les métas analyses et les<br />
« impacts factors »<strong>de</strong>s publications.<br />
C’est là que <strong>de</strong>viendrait évi<strong>de</strong>nte « l’evi<strong>de</strong>nce<br />
based medicine » et que l’on retrouverait les<br />
vraies valeurs du métier <strong>de</strong> chirurgien.<br />
- La réforme Debré a été un net pas en avant c’est<br />
certain mais a été trop basée sur un élan altruiste<br />
qui n’a pas été suivi par tous. Il faut gar<strong>de</strong>r ce qui<br />
est bon mais surtout essayer <strong>de</strong> placer chaque<br />
individu voulant entrer dans la carrière universitaire,<br />
à un poste pour lequel il sera apte d’une<br />
part et aura l’envie <strong>de</strong> le remplir pour un moment<br />
ou un autre <strong>de</strong> sa vie professionnelle, et surtout<br />
<strong>de</strong> le juger sur ce qu’il fait effectivement et non<br />
sur ce qu’il est censé faire.<br />
Ne pas avoir que <strong>de</strong>s postes à vie mais les remettre<br />
en question effectivement par exemple<br />
tous les 5 ans en les jugeant sur les résultats tangibles<br />
et pratiques obtenus. C’est ce qui <strong>de</strong>vrait<br />
être pour tous les postes <strong>de</strong> la fonction publique<br />
y compris CNRS , INSERM etc... mais ce serait la<br />
Révolution !<br />
Au contraire, vouloir tout uniformiser et tout légiférer<br />
est assez paralysant pour notre pays.<br />
Pour tout cela, les sages conseils que tu donnes<br />
Morgan, sur les différents aspects du jeune<br />
chirurgien en France pour le futur, me paraissent<br />
plein <strong>de</strong> bon sens et se doivent d’être écoutés<br />
par nos instances actuelles et futures.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
35<br />
Adhérer en ligne sur :<br />
www.aca<strong>de</strong>mie-nationale-chirurgie.org<br />
ou retourner le bulletin ci-<strong>de</strong>ssous<br />
Nom.........................................................................................<br />
Prénom.....................................................................................<br />
Spécialité..................................................................................<br />
Adresse.....................................................................................<br />
Ville..........................................................................................<br />
Co<strong>de</strong> postal...............................................................................<br />
Pays..........................................................................................<br />
Tél............................................................................................<br />
Fax............................................................................................<br />
Hôpital......................................................................................<br />
Ville..........................................................................................<br />
E-mail<br />
@<br />
ADHÉSION<br />
Oui, je souhaite adhérer au Cercle <strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> et je règle ma cotisation <strong>de</strong> 100,00€<br />
pour l’année <strong>20</strong>13.<br />
(Cotisation : 70€ - Abonnement au magazine : 30€)<br />
Frais d’envoi et <strong>de</strong> port : 4,75€<br />
Ci-joint un chèque <strong>de</strong> 104,75€ établi à l'ordre du “Cercle <strong>de</strong>s<br />
Amis <strong>de</strong> l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>”<br />
Merci <strong>de</strong> débiter ma carte <strong>de</strong> crédit<br />
MasterCard VISA American Express<br />
N°........................................................ Expire le ..................<br />
Date<br />
Signature<br />
Possibilité <strong>de</strong> déduction fiscale : un justificatif Cerfa n° 11580*03 vous sera adressé.<br />
Pour plus d’informations : www.aca<strong>de</strong>mie-nationale-chirurgie.org<br />
BULLETIN À RENVOYER ACCOMPAGNÉ DU RÉGLEMENT À :<br />
REGIMEDIA - 326, BUREAUX DE LA COLLINE<br />
92213 SAINT-CLOUD CEDEX - FRANCE
Accé<strong>de</strong>z aux e-Mémoires<br />
<strong>de</strong> l’ANC sur Internet !<br />
Visionnez les Vidéos<br />
<strong>de</strong>s Séances<br />
<strong>de</strong> l’Académie en ligne !<br />
• Depuis le 12 Octobre <strong>20</strong>11,<br />
La communication <strong>de</strong> Chaque Orateur et la discussion qui<br />
suit, sont disponibles en ligne dès le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> chaque<br />
Séance !<br />
• Vidéos disponibles gratuitement partout et à tout moment<br />
<strong>de</strong>puis décembre <strong>20</strong>12 !<br />
• Outil pédagogique <strong>de</strong> haut niveau pour les professionnels <strong>de</strong><br />
la santé et chirurgiens (en formation initiale ou en formation<br />
continue)<br />
• Rayonnement <strong>de</strong>s avancées techniques chirurgicales dans<br />
les pays francophones<br />
Impact <strong>de</strong>s publications :<br />
4700 téléchargements/jour en <strong>20</strong>12<br />
soit Près <strong>de</strong> 2 millions par an !<br />
L’Académie à travers ses publications e-Mémoires, met à la<br />
disposition <strong>de</strong> tous les professionnels <strong>de</strong> santé(en formation<br />
initiale et en formation continue) <strong>de</strong>s recommandations,<br />
mise à jour thérapeutiques, nouveaux articles qui ont pour<br />
but <strong>de</strong> faire avancer la <strong>Chirurgie</strong><br />
• Publication <strong>de</strong> toutes les communications présentées et<br />
discutées à la tribune lors <strong>de</strong>s Séances hebdomadaires <strong>de</strong><br />
l’Académie<br />
• Disponible gratuitement partout et à tout moment,<br />
• Information <strong>de</strong> haut niveau par les présentations retenues<br />
à l’ANC avec illustrations, vidéos, discussions,<br />
• Articles originaux, cas cliniques, éditoriaux, recommandations,<br />
articles historiques,<br />
• Accessibles à tous les professionnels <strong>de</strong> santé et chirurgiens<br />
francophones,<br />
• Abstract anglais détaillé.<br />
Comment ?<br />
Site : www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
Comment trouver les articles e-Mémoires<br />
sur le site ?<br />
2 choix :<br />
www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
Onglet Publications, onglet Les E-Mémoires<br />
Recherche par année, par tome, par auteur.<br />
www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
Lien « Accès direct aux séances <strong>de</strong> l’Académie »,<br />
- recherche libre par : auteur, date, titre, mots clés<br />
- recherche <strong>de</strong> l’auteur par classement alphabétique<br />
- recherche <strong>de</strong> la séance et <strong>de</strong>s thèmes par années<br />
Comment ?<br />
Site : www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
Comment trouver les vidéos sur le site ?<br />
L’Icone Vi<strong>de</strong>o « -<br />
» est indiqué sur le titre <strong>de</strong> chaque communication<br />
filmée.<br />
2 choix :<br />
www.aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
Lien « Accès direct aux séances <strong>de</strong> l’Académie »,<br />
- recherche libre par : auteur, titre, mots clés<br />
- recherche <strong>de</strong> l’auteur par classement alphabétique<br />
- recherche par année <strong>de</strong>s séances par thèmes<br />
Ecoutez une communication en Vidéo avec l’article intégral !<br />
Séance du 21 novembre <strong>20</strong>12 : la vi<strong>de</strong>o et l’article, sur votre écran !<br />
La première publication chirurgicale dématérialisée !<br />
Les e-Mémoires sont édités <strong>de</strong>puis <strong>20</strong>02 sous forme électronique
38<br />
LES PRIX DÉCERNÉS EN <strong>20</strong>12<br />
Les Prix décernés en <strong>20</strong>12<br />
PRIX DÉCERNÉS SUR CANDIDATURE<br />
Prix annuels<br />
1. Prix Duval-Marjolin <strong>20</strong>12 (Diplôme, Médaille,<br />
Livre et Chèque 1500€) décerné à l’auteur<br />
<strong>de</strong> la meilleure thèse <strong>de</strong> chirurgie publiée<br />
en France dans le courant <strong>de</strong> l’année.<br />
Rachel PESSIS (Paris) :<br />
Biomatériaux « hybri<strong>de</strong>s » pour la réparation<br />
osseuse<br />
« Potentiel ostéogénique <strong>de</strong> 2 biohybri<strong>de</strong>s dans<br />
un défaut osseux segmentaire <strong>de</strong> taille critique<br />
», avec l’équipe Lariboisière B2OA (Petite)<br />
et ENVA (Viateau).<br />
4. Prix parcours 3R <strong>de</strong>s <strong>Chirurgie</strong>ns <strong>de</strong> l’Avenir<br />
<strong>20</strong>12, Fondation <strong>de</strong> l’Avenir / Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> (Diplôme et Chèque<br />
3000€) :<br />
Pierre LHOMMET (Tours)<br />
Métastases <strong>de</strong>s cancers colorectaux<br />
« Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influence du microenvironnement<br />
tumoral sur le potentiel métastatique <strong>de</strong><br />
cancers colorectaux dans un modèle murin »,<br />
avec l’équipe Lariboisière (Pocard).<br />
6. Prix parcours Neurosciences <strong>de</strong>s <strong>Chirurgie</strong>ns<br />
<strong>de</strong> l’Avenir <strong>20</strong>12, Fondation <strong>de</strong> l’Avenir/<br />
Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> (Diplôme<br />
et Chèque 3000€):<br />
Michel NASSAR (Paris)<br />
« Atteinte orbito-temporales <strong>de</strong> la neurofobromatose<br />
»<br />
2. Prix Dubreuil-Laborie <strong>20</strong>12 (Diplôme, Médaille,<br />
Livre et Chèque 1500€) <strong>de</strong>stiné à récompenser<br />
un travail sur un sujet d’orthopédie.<br />
Taliah SCHMITT (Paris) :<br />
« Human tendon tissue engineering: The effects<br />
of stem cell reseeding »<br />
3. Prix spécial du Jury <strong>de</strong>s <strong>Chirurgie</strong>ns <strong>de</strong><br />
l’Avenir <strong>20</strong>12, Fondation <strong>de</strong> l’Avenir / Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> (Diplôme et<br />
Chèque 6000€) :<br />
A<strong>de</strong>line DECAMBRON (Paris)<br />
Thérapie cellulaire cardiaque<br />
« Thérapie cellulaire cardiaque : cellules<br />
souches mésenchymateuses allogéniques<br />
dans un modèle d’infarctus du myocar<strong>de</strong> »,<br />
avec l’équipe Nantes (Lemarchand).<br />
5. Prix parcours Cancero <strong>de</strong>s <strong>Chirurgie</strong>ns <strong>de</strong><br />
l’Avenir <strong>20</strong>12, Fondation <strong>de</strong> l’Avenir / Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> (Diplôme et<br />
Chèque 3000€) :<br />
Chetana LIM (Paris)<br />
Chetana Lim a reçu 2 prix : Le Prix du Forum <strong>de</strong> Recherche<br />
Chirurgicale et le Prix <strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> l’Avenir.<br />
Surdités néonatales liées à l’infection foeto maternelle<br />
à cytomégalovirus<br />
« Atteinte cochleaire et vestibulaire dans le<br />
cadre <strong>de</strong> l’infection materno-foetale à cytomegalovirus<br />
», avec l’équipe Robert Debré<br />
INSERM U 676 (Teissier).<br />
Prix biennal<br />
7. Prix du Jeune Talent chirurgical <strong>20</strong>12 (Diplôme,<br />
Médaille, Livre et Chèque <strong>20</strong>00€)<br />
<strong>de</strong>stiné à récompenser un travail chirurgical<br />
innovant, clinique ou <strong>de</strong> recherche, réalisé<br />
par un chirurgien <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 40 ans, parrainé<br />
par un membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>Nationale</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>.<br />
Morgan ROUPRET (Paris) :<br />
Lauréats <strong>20</strong>12 <strong>de</strong>s Prix <strong>de</strong> l’Avenir, entourés par le Prési<strong>de</strong>nt<br />
Letourneau <strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> l’Avenir et le Prési<strong>de</strong>nt<br />
Jacques Baulieux <strong>de</strong> l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>.<br />
« Tumeurs urothéliales <strong>de</strong> la voie excrétrice<br />
urinaire supérieure : <strong>de</strong> l’exploration moléculaire<br />
aux explorations génétiques, du<br />
traitement chirurgical d’exérèse au traitement<br />
mini-invasif conservateur <strong>de</strong> l’unité<br />
fonctionnelle rénale ».
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
39<br />
PRIX DÉCERNÉS SANS CANDIDATURE<br />
Prix annuels<br />
8. Prix Le Dentu-Renon <strong>20</strong>12 (Diplôme,<br />
Médaille, Livre) : décerné à l’interne Médaille<br />
d’or en chirurgie pour l’année en cours<br />
François AUDENET (Paris) :<br />
- Anaïs LAFOREST (Paris) :<br />
« I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> marqueurs génétiques pronostiques<br />
et prédictifs <strong>de</strong> réponse aux chimiothérapies<br />
dans l’adénocarcinome <strong>de</strong> l’intestin<br />
grêle. »<br />
11. Prix <strong>de</strong> l’Académie <strong>20</strong>12 (Diplôme-médaille-livre)<br />
<strong>de</strong>stiné à manifester l’intérêt par<br />
l’Académie <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> à tout travail portant<br />
sur un domaine autre que la chirurgie<br />
et apparaissant utile à la chirurgie ou à son<br />
exercice.<br />
Jean-Marie LE MINOR (Strasbourg)<br />
13. 7ème Séminaire <strong>de</strong> Cancérologie<br />
Chirurgicale <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
en partenariat avec l’ICACT /association<br />
a.ve.c.<br />
Prix Junior <strong>de</strong> Cancérologie Chirurgicale<br />
<strong>20</strong>12 : (diplôme et chèque <strong>de</strong> 3000€) <strong>de</strong>stiné<br />
à récompenser un jeune chirurgien pour ses<br />
travaux <strong>de</strong> recherche clinique et/ou expérimentale<br />
dans ce même domaine.<br />
Gilles MANCEAU (Paris) :<br />
« La colectomie subtotale avec anastomose<br />
iléo-sigmoïdienne élective pour cancer<br />
du côlon préserve la fonction digestive<br />
et la qualité <strong>de</strong> vie »<br />
« Rôle du polymorphisme génétique comme<br />
facteur <strong>de</strong> susceptibilité du carcinome rénal<br />
à cellules claires »<br />
9. Prix FHF (Fédération Hospitalière <strong>de</strong><br />
France) <strong>20</strong>12 (Diplôme, Médaille, Livre<br />
et Chèque 3500€ <strong>de</strong> la FHF) remis par<br />
Nadine BARBIER : décerné au premier<br />
étudiant reçu à l’examen national classant,<br />
qui choisit un internat <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
et un exercice à l’hôpital public.<br />
Tanguy LEDRU (Lyon)<br />
12. 7ème Séminaire <strong>de</strong> Cancérologie<br />
Chirurgicale <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
en partenariat avec l’ICACT /association<br />
a.ve.c.<br />
Grand Prix <strong>de</strong> Cancérologie Chirurgicale<br />
<strong>20</strong>12 (<strong>Chirurgie</strong>n étranger) : (diplôme<br />
et chèque 5000€ <strong>de</strong> l’association a.v.e.c)<br />
<strong>de</strong>stiné à récompenser un chirurgien sénior,<br />
pour l’ensemble <strong>de</strong> ses travaux en cancérologie<br />
Chirurgicale.<br />
Eduard BACO (Oslo) :<br />
Gilles Manceau, Prix Junior Cancero avec prési<strong>de</strong>nt F<br />
Richard ANC et prési<strong>de</strong>nt D Khayat ICACT et a.v.e.c<br />
10-10 bis. Prix du Forum <strong>de</strong> Recherche Chirurgicale<br />
<strong>20</strong>12 Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
en partenariat avec l’AFC (Diplôme)<br />
- Lim CHETANA (Paris) :<br />
« Traitement par ultra son focalisé du Cancer<br />
<strong>de</strong> Prostate localisé »<br />
Chetana Lim a reçu 2 prix : Le Prix du Forum <strong>de</strong> Recherche<br />
Chirurgicale et le Prix <strong>de</strong> la Fondation <strong>de</strong> l’Avenir.<br />
Pour le Prix Lim Chetana a été représenté par son<br />
Maitre le Pr Philippe POCARD.<br />
« L’ischémie peut modifier le microenvironnement<br />
tumoral et induire une augmentation du<br />
potentiel métastatique dans un modèle murin<br />
<strong>de</strong> métastases hépatiques du cancer colique. »<br />
Eduard Baco, lauréat Grand Prix Cancero <strong>20</strong>12 avec le<br />
prési<strong>de</strong>nt Richard et le prési<strong>de</strong>nt Khayat
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
41<br />
Vie <strong>de</strong> l’Académie<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
Allocution du Prési<strong>de</strong>nt Jacques BAULIEUX<br />
Mesdames, Messieurs,<br />
Je déclare ouverte la séance solennelle <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>.<br />
Je veux d’abord remercier les hautes personnalités<br />
qui nous honorent <strong>de</strong> leur présence, dont<br />
l’éclat rehausse la solennité <strong>de</strong> cette séance.<br />
- S.E.M. l’Ambassa<strong>de</strong>ur Marin Raykov,<br />
Ambassa<strong>de</strong> Bulgarie<br />
- LIU Ministre Conseiller,<br />
Ambassa<strong>de</strong> Chine<br />
- GU Xiulin, Premier Secrétaire,<br />
Ambassa<strong>de</strong> Chine<br />
- Madame PANDE Shubhra,<br />
Premier Secrétaire,<br />
Ambassa<strong>de</strong> In<strong>de</strong><br />
- TAL Zvi, Ministre Plénipotentiaire,<br />
Ambassa<strong>de</strong> Israël<br />
- MARSILLI Marco, Ministre Plénipotentiaire,<br />
Ambassa<strong>de</strong> Italie<br />
- Mrs Candy Green (Science Counselor), Ambassa<strong>de</strong><br />
Etats Unis<br />
- Madame DURAN Rosa Bella,<br />
chargée d’Ambassa<strong>de</strong> Argentine<br />
- Général TYMEN Ronan,<br />
Inspecteur général <strong>de</strong>s armées<br />
- Général VERGOS Maurice,<br />
Directeur <strong>de</strong> l’école du Val <strong>de</strong> Grace et représentant<br />
le Général Debonne Jean-Marc,<br />
Directeur central <strong>de</strong>s armées<br />
- PARODI André-Laurent,<br />
Prési<strong>de</strong>nt Académie <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>20</strong>12<br />
- JUILLET Yves,<br />
Prési<strong>de</strong>nt Académie <strong>de</strong> Pharmacie<br />
- GIRARD Jean-François,<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Sorbonne Paris Cité<br />
- HINSENKAMP Maurice,<br />
Prési<strong>de</strong>nt Société Internationale d’Orthopédie<br />
Traumatologique<br />
- ARNAUD Jean Pierre, Prési<strong>de</strong>nt AFC<br />
- MATILLON Yves,<br />
Conseiller Technique pour l’enseignement la recherche<br />
et les professions <strong>de</strong> santé au Ministère<br />
<strong>de</strong> la Santé<br />
- GILLY François-Noël,<br />
Prési<strong>de</strong>nt Université Clau<strong>de</strong> Bernard, Lyon 1<br />
Je mesure aujourd’hui, l’insigne honneur que<br />
vous m’avez accordé, en me confiant la Prési<strong>de</strong>nce<br />
<strong>de</strong> notre Académie. Cette année a revêtu<br />
pour moi une importance exceptionnelle.<br />
Avant tout, je tiens à remercier tous ceux qui, au<br />
cours <strong>de</strong> ma vie, m’ont aidé dans ma vie personnelle<br />
et professionnelle.<br />
Ma pensée va naturellement à mes chers parents.<br />
Mon père était mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> campagne<br />
dans le Beaujolais, à une pério<strong>de</strong> où ce métier<br />
était véritablement une vocation. Il se déplaçait<br />
<strong>de</strong>puis le Haut-Beaujolais jusque dans les<br />
villages les plus éloignés <strong>de</strong> l’Ain. Je l’accompagnais<br />
souvent. Mon père était un modèle <strong>de</strong><br />
bon sens et d’humanité. D’ailleurs pour lui, le<br />
bon sens était la qualité principale pour un mé<strong>de</strong>cin…<br />
Il nous a quitté trop vite. Dès mon plus<br />
jeune âge, il avait perçu mon attirance pour la<br />
carrière médicale et m’a tracé la voie <strong>de</strong> la chirurgie,<br />
en m’indiquant la route que je n’ai eu qu’à<br />
suivre sans détours. Depuis mon plus jeune âge,<br />
mon rêve était d’être chirurgien.<br />
Cette prési<strong>de</strong>nce m’a comblé et honore l’Ecole<br />
Lyonnaise tout entière, dont je suis fier d’être<br />
l’un <strong>de</strong>s représentants. Si j’évoque la réputation<br />
<strong>de</strong> cette Ecole, établie au fil <strong>de</strong>s ans, grâce à<br />
quelques personnages prestigieux, sans doute,<br />
mais aussi à beaucoup d’autres plus mo<strong>de</strong>stes,<br />
croyez bien que je n’obéis pas à l’impulsion d’un<br />
simple mouvement d’amour-propre, ce sentiment<br />
dont Voltaire écrivait «qu’il est un ballon<br />
gonflé d’air dont il sort <strong>de</strong>s tempêtes lorsqu’on<br />
lui fait une piqûre».<br />
Non ce n’est pas l’esprit <strong>de</strong> clocher qui m’anime,<br />
mais bien l’esprit <strong>de</strong> reconnaissance vis à vis<br />
ceux qui m’ont précédé.<br />
Songez que le <strong>de</strong>rnier Lyonnais qui a occupé ce<br />
poste, était Pierre Marion en 1982, il y a 30 ans.<br />
La tradition veut que je ren<strong>de</strong> hommage à mes<br />
Maîtres. Cette coutume pourrait paraître fastidieuse<br />
à certains, et quitte à la rendre moins exhaustive,<br />
j’évoquerai seulement ceux qui m’ont<br />
le plus marqué dans l’exercice <strong>de</strong> ma profession<br />
et qui m’ont aidé à gravir les échelons hospitalouniversitaires.<br />
Pierre Bertrand fut un <strong>de</strong> mes premiers<br />
maitres. Il m’a inculqué « l’esprit chirurgical » à<br />
l’hôpital <strong>de</strong> la Croix-Rousse, que je n’ai guère<br />
quitté <strong>de</strong>puis. Je revois souvent sa silhouette<br />
massive; il impressionnait les jeunes externes,<br />
les internes, et nous osions à peine lui adresser<br />
la parole.... C’était un prestigieux Chef d’école,<br />
impatient <strong>de</strong>vant la sottise, mais patient <strong>de</strong>vant<br />
la détresse. Je suis fier <strong>de</strong> lui avoir succédé, bien<br />
<strong>de</strong>s années plus tard, sur « la colline où l’on travaille<br />
».<br />
Georges Guillemin avait une réputation<br />
exceptionnelle et j’ai eu la<br />
chance <strong>de</strong> retrouver dans son service<br />
Philippe Berard, avec lequel une amitié et une<br />
complicité nées <strong>de</strong> la <strong>Chirurgie</strong> Expérimentale,<br />
ont créé <strong>de</strong>s liens indéfectibles. Il régnait dans<br />
son service à l’Hôtel Dieu, une ambiance chaleureuse<br />
exceptionnelle. C’est un réel plaisir pour<br />
moi <strong>de</strong> rappeler ce Maître aimé <strong>de</strong> ses élèves.<br />
Jacques Descotes me fit comprendre combien<br />
la pratique <strong>de</strong> la chirurgie vasculaire, est utile<br />
pour un chirurgien viscéraliste mo<strong>de</strong>rne. J’ai<br />
été son assistant pendant <strong>de</strong>ux ans. C’était un<br />
homme attachant, dont l’énergie vitale, servie<br />
par une brillante intelligence, cachait une excessive<br />
sensibilité. Il a eu le mérite <strong>de</strong> me pousser<br />
sur la voie universitaire et <strong>de</strong> la recherche, en<br />
m’associant avec Jean-Michel Dubernard, à<br />
<strong>de</strong>s publications remarquables à l’époque par<br />
la richesse <strong>de</strong> leur iconographie. Je lui rends<br />
aujourd’hui un hommage sincère.<br />
Paul Maillet que beaucoup d’entre vous ont<br />
connu, est celui qui m’a le plus influencé. J’ai eu<br />
l’heureuse fortune d’être son élève très proche
42<br />
VIE DE L’ACADÉMIE<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
et ce fut la chance <strong>de</strong> ma vie : tout ce qu’un élève<br />
peut apprendre <strong>de</strong> son maître, je l’ai reçu <strong>de</strong> lui,<br />
tant sur le plan chirurgical que moral. J’ai découvert<br />
auprès <strong>de</strong> lui ce que peut être la perfection<br />
du geste opératoire, rigoureux et reproductible,<br />
alliée à une attention méticuleuse <strong>de</strong> la surveillance<br />
<strong>de</strong>s suites opératoires. Sans discours,<br />
car il n’était pas orateur, il ne haussait jamais le<br />
ton. Il lui suffisait d’un regard froid et glacial. Je<br />
crois ne l’avoir jamais vu en colère. Son esprit<br />
méthodique cachait parfois ses impatiences.<br />
Très exigeant pour lui-même et pour ses collaborateurs,<br />
il m’a montré ce que <strong>de</strong>vait être un<br />
Chef d’école. Sa prodigieuse mémoire, sa curiosité<br />
insatiable pour toute chirurgie nouvelle ont<br />
séduit et marqué tous ses élèves, dont certains<br />
sont ici présents, ce soir. D’une aristocratique<br />
élégance, il joignait la rigueur <strong>de</strong> son comportement<br />
au naturel <strong>de</strong> son esprit, alors même qu’il<br />
était plutôt circonspect sur la nature humaine.<br />
Et si son style <strong>de</strong> pensée était classique, rien ne<br />
l’empêchait pourtant d’envisager les voies les<br />
plus originales pour innover et avancer.<br />
J’ai pour lui une profon<strong>de</strong> et filiale reconnaissance.<br />
Tout au long <strong>de</strong> ma carrière, j’ai essayé <strong>de</strong><br />
le suivre à ma manière, sans renier ma propre<br />
personnalité.<br />
J’évoquerai aussi Pierre Marion, dont Yves<br />
Chapuis a si bien dressé le portrait à plusieurs<br />
reprises.<br />
Je n’ai jamais été son élève direct, mais il a suivi<br />
régulièrement mon parcours, et mes tentatives,<br />
en particulier dans le domaine hépatique. Son<br />
soutien dans les moments difficiles a toujours<br />
été pour moi une source <strong>de</strong> réconfort et <strong>de</strong> progrès.<br />
Ici même, dans son discours <strong>de</strong> clôture,<br />
après une année <strong>de</strong> prési<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>, il fit une analyse pertinente<br />
<strong>de</strong>s criantes inégalités sanitaires <strong>de</strong>s pays<br />
du tiers-mon<strong>de</strong>, en particulier dans le domaine<br />
chirurgical. Ses paroles m’ont inspiré, lorsque j’ai<br />
cherché à développer un enseignement et une<br />
chirurgie « à la française » en Asie du Sud-Est,<br />
plus particulièrement au Cambodge.<br />
Je reprends une <strong>de</strong> ses phrases prémonitoires :<br />
« Il faut instituer <strong>de</strong>s échanges permanents entre<br />
les membres <strong>de</strong> la communauté <strong>de</strong>s chirurgiens<br />
francophones, pour y développer une chirurgie<br />
<strong>de</strong> qualité qui poursuive son chemin vers l’excellence,<br />
au profit <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>s blessés et <strong>de</strong><br />
leurs familles ».<br />
Cette phrase a orienté une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ma<br />
vie et <strong>de</strong> mes activités ultérieures.<br />
Après cette courte évocation du passé, que je<br />
ne pouvais passer sous silence, tant il m’a marqué,<br />
je souhaite maintenant vous retracer les<br />
gran<strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ma vie chirurgicale et<br />
surtout les réflexions qu’elles m’ont inspirées.<br />
J’ai passé la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ma vie à la<br />
Croix-Rousse.<br />
La Croix-Rousse est l’un <strong>de</strong>s quartiers les plus célèbres<br />
et les plus typiques <strong>de</strong> Lyon. Cette colline<br />
qui domine le Rhône et la Saône et dont la célébrité<br />
tient au métier à tisser, inventé par Joseph<br />
Marie-Charles Jacquard, aux ouvriers <strong>de</strong> la soie,<br />
que l’on appelle les canuts et à leurs révoltes,<br />
a longtemps revendiqué son indépendance,<br />
puisque d’abord placée sous la protection du<br />
duc <strong>de</strong> Savoie, elle ne s’est rangée sous la tutelle<br />
<strong>de</strong>s rois <strong>de</strong> France qu’à la fin du XIVe siècle et a<br />
gardé longtemps son autonomie administrative.<br />
Il y a à Lyon <strong>de</strong>ux collines : la colline <strong>de</strong> Fourvière<br />
est celle où l’on prie, la colline <strong>de</strong> la Croix-Rousse<br />
est celle où l’on travaille…<br />
L’hôpital <strong>de</strong> la Croix-Rousse fut inauguré en<br />
1861 et son architecture suscitait déjà l’admiration.<br />
À l’origine il pouvait recevoir près <strong>de</strong> 1100<br />
mala<strong>de</strong>s. Mais le service <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> ne fut créé<br />
que secondairement en 1870, pour répondre<br />
aux besoins <strong>de</strong> la guerre.<br />
Il vient <strong>de</strong> bénéficier d’une profon<strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation<br />
en <strong>de</strong>venant le Centre hospitalier Lyon-<br />
Nord, après la fermeture <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> l’Antiquaille<br />
et <strong>de</strong> l’Hôtel-Dieu et le regroupement sur<br />
le site <strong>de</strong> la Croix-Rousse. Mes successeurs ont<br />
maintenant, le privilège <strong>de</strong> travailler dans un<br />
bâtiment clinique neuf, répondant aux normes<br />
les plus mo<strong>de</strong>rnes. Il a été conçu par le cabinet<br />
d’architecture <strong>de</strong> Portzamparc, dont les réalisations<br />
à l’étranger et en particulier à New York,<br />
font référence.<br />
Il est <strong>de</strong>venu un pôle « phare » <strong>de</strong> l’activité<br />
médico-chirurgicale lyonnaise. Nous avons pu<br />
gar<strong>de</strong>r dans cet hôpital néanmoins, un esprit<br />
particulier, fait <strong>de</strong> chaleur humaine, malgré les<br />
séismes qu’ont représenté pour la vie hospitalière,<br />
la réduction du temps <strong>de</strong> travail et la pratique<br />
du repos compensatoire, alors même que<br />
le soin aux mala<strong>de</strong>s exige notre engagement 24<br />
heures sur 24.<br />
Pendant les premières années <strong>de</strong> ma carrière<br />
hospitalière, j’ai suivi naturellement la voie tracée<br />
par mon Patron dans le domaine <strong>de</strong> l’Oesophagologie,<br />
restant fidèle à l’exigeant enseignement<br />
reçu et à la voie thoracique droite… tout<br />
en pratiquant au fil <strong>de</strong>s années, <strong>de</strong> plus en plus<br />
d’exérèses extensives.<br />
Il faut rendre ici, hommage aux mé<strong>de</strong>cins<br />
anesthésistes-réanimateurs avec lesquels nous<br />
avons toujours travaillé en pleine collaboration<br />
et sans conflit, ce qui nous a permis <strong>de</strong> beaucoup<br />
progresser tout particulièrement dans<br />
cette chirurgie à risques.<br />
Dans tous les domaines <strong>de</strong> la chirurgie digestive,<br />
je me suis adapté avec enthousiasme aux<br />
nouvelles technologies, essayant parfois d’innover.<br />
Je ne pourrai citer tous les domaines <strong>de</strong> la<br />
chirurgie viscérale et digestive, tant celle-ci est<br />
vaste. Un mot tout <strong>de</strong> même pour la chirurgie<br />
rectale, pour laquelle j’ai essayé <strong>de</strong> développer<br />
<strong>de</strong>s stratégies et <strong>de</strong>s techniques nouvelles<br />
<strong>de</strong> conservation sphinctérienne, en association<br />
avec l’École <strong>de</strong> Radiothérapie lyonnaise.<br />
La chirurgie viscérale et digestive concerne le<br />
traitement <strong>de</strong>s cancers dans près <strong>de</strong> 70 %<br />
<strong>de</strong>s cas. Le traitement du cancer met toujours<br />
à l’épreuve les mé<strong>de</strong>cins, infirmières et personnels<br />
paramédicaux.<br />
Il faut annoncer le diagnostic, combattre la maladie,<br />
mais aussi le désarroi du mala<strong>de</strong> et <strong>de</strong> sa<br />
famille.<br />
Ai<strong>de</strong>r parfois, porter affectivement les mala<strong>de</strong>s<br />
et leurs proches, soigner, alors qu’on ne sait pas<br />
toujours comment, essayer, tenter, faire mentir<br />
les probabilités, opérer certains mala<strong>de</strong>s avec<br />
une indication parfois limite, ne serait-ce que<br />
pour leur donner « le droit au miracle » et aimer<br />
suffisamment les hommes pour transformer les<br />
minces progrès en gran<strong>de</strong>s victoires.<br />
Affronter la mort <strong>de</strong>s patients qui ont lutté, qui<br />
ont souffert, et auxquels on s’est attaché - avoir<br />
la force <strong>de</strong> recommencer, jour après jour, mala<strong>de</strong><br />
après mala<strong>de</strong>.<br />
Soigner le cancer est une école d’humilité et <strong>de</strong><br />
détermination.<br />
Actuellement, le traitement se conçoit dans une<br />
prise en charge pluridisciplinaire.<br />
Le chirurgien n’est heureusement plus seul pour<br />
la décision thérapeutique. Celle-ci est prise en<br />
réunion <strong>de</strong> concertation. Il n’empêche qu’il faut<br />
défendre et promouvoir la chirurgie cancérologique,<br />
qui <strong>de</strong>meure encore, en matière <strong>de</strong><br />
tumeur digestive soli<strong>de</strong>, le moyen le plus sûr<br />
pour obtenir une survie à long terme.<br />
Malheureusement celle-ci <strong>de</strong>meure peu valorisée<br />
sur le plan économique, surtout s’il s’agit<br />
d’une chirurgie multi-organes, imposant <strong>de</strong>s<br />
gestes opératoires multiples, que la cotation ne<br />
prend pas en compte dans leur totalité.<br />
La transplantation hépatique a été pour<br />
moi et toute mon équipe une activité majeure<br />
qui m’a occupé tout au long <strong>de</strong> ma carrière. Je<br />
dois remercier tous ceux qui ont contribué <strong>de</strong><br />
manière active, proche ou lointaine, d’abord<br />
au Laboratoire <strong>de</strong> chirurgie expérimentale puis<br />
dans le Service, à l’épopée <strong>de</strong> cette transplanta-
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
43<br />
tion hépatique.<br />
Que <strong>de</strong> chemin parcouru <strong>de</strong>puis la première<br />
transplantation réalisée à l’hôpital <strong>de</strong> la Croix-<br />
Rousse avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Philippe Bérard et <strong>de</strong><br />
Jean-Michel Dubernard en 1976.<br />
Le Service <strong>de</strong> l’Hôpital <strong>de</strong> la Croix Rousse est <strong>de</strong>venu<br />
<strong>de</strong>puis un peu plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, le Centre<br />
lyonnais unique où sont regroupées toutes les<br />
transplantations hépatiques adultes.<br />
Plus <strong>de</strong> 1000 transplantations y ont été réalisées.<br />
Assurer la survie d’un être humain grâce au remplacement<br />
<strong>de</strong> l’un <strong>de</strong> ses organes détruits par<br />
un organe sain - prélevé sur un individu mort ou<br />
vivant - représente certainement une <strong>de</strong>s épopées<br />
les plus exaltantes <strong>de</strong> la science médicale,<br />
tant comme exploit thérapeutique que pour sa<br />
signification et ses retombées dans la connaissance<br />
<strong>de</strong> notre univers biologique.<br />
Ce long cheminement, du rêve à la réalité, a<br />
bouleversé nos conceptions thérapeutiques, au<br />
point <strong>de</strong> faire évoluer les mœurs et les lois. Je<br />
rends hommage à tous, physiologistes, chirurgiens,<br />
hépatologues, radiologues et biologistes<br />
qui venus d’horizons divers, ont permis que ce<br />
rêve chimérique au départ, aboutisse au raffinement<br />
technique d’une thérapeutique actuellement<br />
normalisée.<br />
Lyon a toujours été une ville pionnière en matière<br />
<strong>de</strong> transplantation. Je rappellerai l’expérience<br />
initiale du « foie lavé » <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Bernard<br />
qui présageait <strong>de</strong>s futures perfusions isolées <strong>de</strong><br />
foie. Jaboulay, en 1906, réalisait la première xénotransplantation<br />
<strong>de</strong> rein sur l’avant-bras. Dans<br />
quelques instants, Henri Ju<strong>de</strong>t, notre secrétaire<br />
général, vous retracera la vie d’Alexis Carrel. On<br />
ne peut oublier Charles Merieux et le serum anti-lymphocytaire,<br />
Jean-Michel Dubernard, dont<br />
les succès en matière <strong>de</strong> transplantation du pancréas<br />
ou <strong>de</strong> greffes composites <strong>de</strong> l’avant-bras<br />
et <strong>de</strong> la face, ne sont pas que « médiatiques »…<br />
On peut envisager que dans quelques années<br />
l’Ingénierie tissulaire - cette nouvelle manière<br />
<strong>de</strong> remplacer les tissus et les organes par <strong>de</strong>s<br />
organes auto-construits à partir <strong>de</strong>s cellules<br />
souches - et la Mé<strong>de</strong>cine régénérative, vont faire<br />
considérablement évoluer le remplacement<br />
d’organes. Les chirurgiens ne pourront pas y rester<br />
étrangers. Toutes ces innovations font que<br />
chaque jour, il faut modifier nos procédés, mais<br />
aussi évaluer les pratiques et organiser la formation<br />
<strong>de</strong>s plus jeunes.<br />
Ces missions sont inscrites dans les statuts et les<br />
fonctions <strong>de</strong> notre Académie, qui doit <strong>de</strong>meurer<br />
le garant <strong>de</strong> cette transmission du savoir et <strong>de</strong> la<br />
diffusion <strong>de</strong>s innovations.<br />
On ne peut pas parler <strong>de</strong> Lyon, sans évoquer la<br />
Cœlioscopie, en particulier la cœlioscopie digestive,<br />
puisque vous savez pour la plupart, que<br />
c’est un lyonnais, Philippe Mouret qui y a pratiqué<br />
la première cholécystectomie en 1987. La<br />
cœlioscopie (ou laparoscopie) a été qualifiée par<br />
certains <strong>de</strong> « French Revolution » ou <strong>de</strong> « <strong>de</strong>uxième<br />
Révolution française ».<br />
Philippe Mouret récusait cette expression, qu’il<br />
jugeait exagérée et inadaptée. Pour lui ce n’était<br />
pas une « Révolution », mais une « Evolution »,<br />
car la cœlioscopie ne constitue en fait, qu’une<br />
nouvelle voie d’abord. Nous avons connu les<br />
balbutiements initiaux, pour en arriver maintenant<br />
aux raffinements les plus évolués. La cœlioscopie<br />
a transformé littéralement la chirurgie au<br />
point <strong>de</strong> faire évoluer l’organisation <strong>de</strong>s services<br />
et <strong>de</strong>s blocs opératoires.<br />
Cependant, c’est notre rôle, et celui <strong>de</strong> l’Académie,<br />
d’attirer l’attention sur le fait que cette technique<br />
merveilleuse ne doit pas conduire à <strong>de</strong>s<br />
excès auxquels on assiste parfois : il ne faut pas<br />
que sous prétexte d’une apparente innocuité,<br />
les chirurgiens se laissent entrainer à <strong>de</strong>s modifications<br />
hasar<strong>de</strong>uses, voire dangereuses parfois,<br />
<strong>de</strong>s indications opératoires.<br />
Nous avons participé avec enthousiasme à tous<br />
ces progrès technologiques, essayant même<br />
parfois d’anticiper. L’évolution est si rapi<strong>de</strong>.<br />
Il n’est pas certain que la Robotique transformera<br />
nos pratiques <strong>de</strong> manière aussi importante<br />
que l’a fait la cœlioscopie, mais dans un proche<br />
avenir, la simulation, la reconstruction virtuelle<br />
seront <strong>de</strong>s voies nouvelles, qui feront évoluer<br />
nos pratiques.<br />
Depuis 1997, je me suis consacré avec passion<br />
à la Coopération chirurgicale avec le Cambodge.<br />
A la suite du génoci<strong>de</strong> <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />
Khmer rouge, entre 1975 et 1979, le Cambodge<br />
a basculé dans le néant. Une utopie meurtrière a<br />
laminé et anéanti la culture cambodgienne, sans<br />
qu’il n’y ait eu <strong>de</strong> réactions <strong>de</strong> la communauté<br />
internationale, à l’époque. Plus <strong>de</strong> 2 millions <strong>de</strong><br />
Cambodgiens ont été massacrés ou sont morts<br />
d’épuisement ou <strong>de</strong> maladie aux travaux forcés.<br />
Le système <strong>de</strong> santé a subi les mêmes ravages<br />
que les autres institutions du pays.<br />
En 1979, à la chute <strong>de</strong> Pol Pot, il n’y avait que<br />
42 survivants sur les 530 mé<strong>de</strong>cins recensés en<br />
1975. La France avec d’autres pays, s’est investie<br />
à partir <strong>de</strong> 1993, dans la reconstruction <strong>de</strong> ce<br />
pays par la formation et le transfert <strong>de</strong> connaissances,<br />
sans faire <strong>de</strong> substitution.<br />
À la suite <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> Paris, s’est mise en place<br />
une coopération institutionnelle avec le Cambodge.<br />
Je me suis investi à fond dans ce projet ambitieux,<br />
tout naturellement dans le domaine<br />
chirurgical.<br />
J’ai contribué à la renaissance <strong>de</strong> l’enseignement<br />
<strong>de</strong> la chirurgie au Cambodge avec d’autres, en<br />
organisant le troisième cycle d’enseignement <strong>de</strong><br />
la chirurgie ( D.E.S. <strong>de</strong> chirurgie), en organisant<br />
<strong>de</strong>s missions assurées par les Professeurs français,<br />
en organisant <strong>de</strong>s stages pour les internes<br />
dans les hôpitaux <strong>de</strong> Phnom-Penh, en faisant<br />
venir les étudiants cambodgiens en France pour<br />
un ou <strong>de</strong>ux ans.<br />
L’enseignement se fait en français et la plupart<br />
<strong>de</strong> ces étudiants ont rédigé une thèse en français.<br />
Tous sont retournés au Cambodge. Actuellement<br />
environ 130 chirurgiens ont été formés<br />
« à la française ».<br />
Une convention a été mise en place entre l’Université<br />
<strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> la Santé <strong>de</strong> Phnom-Penh,<br />
la Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Lyon et les Hospices<br />
civils <strong>de</strong> Lyon. C’est avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous ces organismes<br />
et aussi <strong>de</strong> la Région Rhône-Alpes, dont<br />
la contribution a été essentielle, que s’est constitué,<br />
dans ce lointain pays d’Asie du Sud-Est, où<br />
pourtant le dollar est roi, un centre d’influence<br />
francophone où on enseigne en français et qui<br />
fait honneur à nos Institutions hospitalo-universitaires.<br />
Actuellement, on peut considérer que notre action<br />
n’est pas tout à fait terminée, même si elle<br />
arrive progressivement à son terme. De jeunes<br />
professeurs, choisis parmi les meilleurs <strong>de</strong>s premières<br />
promotions, ont été nommés et la prise<br />
en main du Cambodge par ses propres élites est<br />
en cours.<br />
Ainsi la phrase prémonitoire <strong>de</strong> Pierre Marion,<br />
prononcée dans cette enceinte, et à laquelle je<br />
faisais allusion, il y a un instant, a bien eu pour<br />
moi une influence déterminante.<br />
L’Asie du Sud-Est a certainement dans beaucoup<br />
<strong>de</strong> domaines, autres que la Mé<strong>de</strong>cine,<br />
un intérêt croissant. L’Asie du Sud-Est attire les<br />
convoitises. Nombreux sont les pays étrangers<br />
qui cherchent à s’y investir. La compétition est<br />
très forte. La France a l’avantage <strong>de</strong> l’antériorité.<br />
La <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces pays est énorme. Il y a làbas,<br />
un important potentiel d’expansion. Malgré<br />
la crise et les difficultés économiques actuelles,<br />
nous <strong>de</strong>vons gar<strong>de</strong>r une place <strong>de</strong> premier plan.<br />
Le rayonnement international <strong>de</strong> la <strong>Chirurgie</strong><br />
française a été mon souci permanent . Toute ma<br />
vie, je m’y suis consacré. L’Académie <strong>Nationale</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> contribue d’ailleurs pleinement à<br />
cet objectif ambitieux et chaque année nous<br />
accueillons <strong>de</strong> nouveaux Membres, souvent<br />
venus <strong>de</strong> fort loin, comme aujourd’hui et qui<br />
témoignent <strong>de</strong>s liens et amitiés que beaucoup<br />
d’entre nous ont pu créer, bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> nos<br />
frontières.
44<br />
VIE DE L’ACADÉMIE<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
J’ai essayé dans cette courte allocution, d’exprimer<br />
mon enthousiasme et ma passion pour ce<br />
métier <strong>de</strong> chirurgien, qu’une carrière aux multiples<br />
facettes, m’a permis <strong>de</strong> découvrir.<br />
Ce métier m’a donné tant <strong>de</strong> satisfactions, mais<br />
aussi beaucoup <strong>de</strong> doutes et <strong>de</strong> nuit sans sommeil.<br />
En fait, notre métier comporte une ambiguïté<br />
: nous <strong>de</strong>vons être suffisamment sûrs <strong>de</strong> nous,<br />
pour faire face à <strong>de</strong>s situations délicates nécessitant<br />
une décision nette et rapi<strong>de</strong>, ce que les<br />
mala<strong>de</strong>s d’ailleurs atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> nous, et pourtant<br />
nous doutons souvent.<br />
Mais le doute n’est-il pas pour le chirurgien une<br />
source <strong>de</strong> progrès et <strong>de</strong> remise en question ?<br />
Je dois dire combien j’ai été aidé par <strong>de</strong>s collaborateurs<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité, fidèles, mais aussi<br />
ingénieux et novateurs. Je les ai sélectionnés<br />
avec la plus gran<strong>de</strong> attention. Avec leur jeunesse,<br />
ils m’ont apporté leur enthousiasme, leur<br />
ar<strong>de</strong>ur au travail et leur compétence.<br />
Je leur ai beaucoup donné, je crois, mais ils<br />
m’ont, chacun à leur manière, beaucoup apporté<br />
aussi.<br />
Ils ont fait progresser l’équipe toute entière.<br />
Sans eux rien n’aurait été possible et je les remercie<br />
sincèrement.<br />
Une <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s satisfactions <strong>de</strong> ma vie hospitalière<br />
a été <strong>de</strong> les voir s’épanouir et se transformer<br />
dans le service.<br />
Ils sont maintenant maîtres <strong>de</strong> leur art et l’exercent<br />
brillament.<br />
Certains m’ont fait le plaisir d’être là ce soir et je<br />
suis très sensible à leur présence.<br />
L’enseignement, la formation <strong>de</strong>s plus jeunes<br />
ont été pour moi un souci constant tout au long<br />
<strong>de</strong> ma carrière.<br />
Cela m’a conduit à accepter un certain nombre<br />
<strong>de</strong> responsabilités dans l’intérêt <strong>de</strong> la collectivité<br />
chirurgicale, au Collège <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> Générale<br />
et Digestive fondé il y a <strong>20</strong> ans, à la Fédération<br />
<strong>de</strong>s Collèges, puis à l’Association Française <strong>de</strong><br />
<strong>Chirurgie</strong>. Je salue ce soir tous les Collègues<br />
avec lesquels, j’ai beaucoup travaillé dans ces<br />
différentes Associations. Beaucoup sont venus<br />
ce soir et leur présence m’est très chère.<br />
J’ai vécu une vie professionnelle assez merveilleuse.<br />
Pendant longtemps tout paraissait possible.<br />
Les contraintes administratives réglementaires<br />
et budgétaires n’étaient pas celles d’aujourd’hui.<br />
L’innovation pouvaient être mise en place rapi<strong>de</strong>ment<br />
et facilement.<br />
Mais notre métier évolue. L’ambiance a changé.<br />
Alors quelle est ma vision <strong>de</strong> l’Avenir du métier<br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>n ? Question difficile et audacieuse,<br />
s’il en est une...<br />
Actuellement les évolutions et les progrès<br />
technologiques sont placés au premier plan <strong>de</strong><br />
nos préoccupations. La technologie médicale<br />
n’avance pas, elle bondit. Jean Bernard soulignait<br />
volontiers que la mé<strong>de</strong>cine avait d’avantage<br />
progressé en cinquante ans que durant<br />
les vingt siècles précé<strong>de</strong>nts. Nous <strong>de</strong>vons nous<br />
adapter rapi<strong>de</strong>ment aux nouvelles techniques<br />
qui transforment chaque jour, les blocs opératoires.<br />
L’imagerie, l’endoscopie, les robots y<br />
prennent une place <strong>de</strong> plus en plus importante.<br />
On assiste actuellement à l’explosion <strong>de</strong>s<br />
Métho<strong>de</strong>s dites « interventionnelles » susceptibles<br />
souvent <strong>de</strong> remplacer la chirurgie « ouverte<br />
»traditionnelle. Ces Techniques interventionnelles<br />
doivent maintenant se concevoir au<br />
sein même <strong>de</strong>s blocs opératoires et les chirurgiens<br />
doivent s’y investir. Sinon <strong>de</strong>s pans entiers<br />
<strong>de</strong> nos pratiques risquent <strong>de</strong> nous échapper. Il<br />
est probable que la chirurgie <strong>de</strong> <strong>de</strong>main ne ressemblera<br />
plus guère à la chirurgie d’aujourd’hui.<br />
Cependant une évaluation rigoureuse <strong>de</strong> ces<br />
progrès technologiques <strong>de</strong>vra toujours être réalisée.<br />
La limite à cette explosion technologique,<br />
(si limite il y a…) sera certainement liée aux<br />
contraintes <strong>de</strong> notre système socio-économique.<br />
Nous <strong>de</strong>vrons accepter une modification<br />
drastique <strong>de</strong> la répartition <strong>de</strong>s Unités <strong>de</strong><br />
soins sur le territoire, sinon le déficit abyssal<br />
du budget <strong>de</strong> le Sécurité sociale ne fera que<br />
s’accroître…Nous <strong>de</strong>vrons accepter <strong>de</strong>s regroupements<br />
qui sont obligatoires, allant au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong>s frontières du système Public et du système<br />
Privé. Ce sera d’ailleurs une manière <strong>de</strong> satisfaire<br />
à « l’effet volume » que toutes les Sociétés<br />
savantes prônent, pour diminuer le taux <strong>de</strong>s<br />
complications post-opératoires et améliorer la<br />
qualité <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la <strong>Chirurgie</strong>.<br />
Par ailleurs, l’évolution scientifique du métier<br />
<strong>de</strong> chirurgien est <strong>de</strong>venue tout à fait évi<strong>de</strong>nte.<br />
J’ai été frappé, cette année, par les communications<br />
présentées par les plus jeunes chirurgiens<br />
lors <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> l’Académie, consacrées à la<br />
Recherche.<br />
Les plus jeunes chirurgiens savent très bien que<br />
désormais, ces progrès scientifiques <strong>de</strong>vront<br />
être pris en compte dans les choix thérapeutiques.<br />
La cancérologie chirurgicale <strong>de</strong>vra dans<br />
peu <strong>de</strong> temps, inclure les progrès <strong>de</strong> la biologie<br />
moléculaire, <strong>de</strong>s biomarqueurs, <strong>de</strong> l’angiogenèse,<br />
<strong>de</strong> la génomique, et <strong>de</strong>s modifications<br />
épigénétiques.<br />
La mé<strong>de</strong>cine régénérative, l’ingénierie tissulaire<br />
et les thérapies cellulaires vont transformer<br />
l’approche <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s pathologies,<br />
y compris celles qui sont actuellement traitées<br />
chirurgicalement. Les chirurgiens <strong>de</strong>vront avoir<br />
une implication grandissante dans la recherche<br />
fondamentale et translationnelle.<br />
Un autre domaine, qui a fait beaucoup parler<br />
ces <strong>de</strong>rniers mois, est celui <strong>de</strong>s Dispositifs médicaux<br />
implantables. Pour éviter <strong>de</strong>s scandales<br />
comme ceux observés récemment, ces DMI<br />
<strong>de</strong>vront probablement être mieux contrôlés<br />
préalablement à leur mise sur le marché. Il faut<br />
en renforcer la traçabilité. Cela vaut pour tous<br />
ces dispositifs que ce soient le cœur artificiel ou<br />
les prothèses orthopédiques.<br />
Le mythe <strong>de</strong> « l’homme-prothèses » et du remplacement<br />
possible <strong>de</strong> tous les organes par <strong>de</strong>s<br />
prothèses, est attractif pour les médias. On a vu<br />
combien il peut y avoir <strong>de</strong>s dérives nuisibles<br />
sans évaluation rigoureuse.<br />
Les chirurgiens futurs ne pourront pas tout faire,<br />
sans évaluation.<br />
Un autre point est celui <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> la recherche<br />
académique dans les hôpitaux, qui<br />
prend une place <strong>de</strong> plus en plus importante. En<br />
témoigne la création récente <strong>de</strong>s Instituts hospitalo-universitaires<br />
(IHU) et <strong>de</strong>s Départements<br />
Hospitalo-Universitaire. On peut espérer une<br />
amélioration <strong>de</strong> la production <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong><br />
santé.<br />
Il faudra cependant, dans notre pays, une meilleure<br />
mise en relation du mon<strong>de</strong> académique et<br />
du mon<strong>de</strong> industriel. On ne peut pas continuer<br />
à voir partir hors <strong>de</strong> France, les progrès et découvertes<br />
médicales, inventés dans notre pays… et<br />
que celui-ci ne sait pas produire, ni commercialiser.<br />
Je pense au matériel <strong>de</strong> cœlioscopie, aux<br />
valves cardiaques introduites par abord miniinvasif,<br />
à la production <strong>de</strong>s dérivés <strong>de</strong> cellules<br />
souches et à bien d’autres techniques innovantes.<br />
Mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> tout cela, j’aimerais que notre<br />
métier gar<strong>de</strong> une âme et ne <strong>de</strong>vienne pas purement<br />
technique.<br />
Je souhaite avant tout, insister sur l’humanisme<br />
médical qui <strong>de</strong>vrait à tout moment, prési<strong>de</strong>r<br />
aux relations mé<strong>de</strong>cin-mala<strong>de</strong>.<br />
Nous vivons à l’heure <strong>de</strong>s contraintes budgétaires<br />
- certes la santé n’a pas <strong>de</strong> prix - mais il faut<br />
admettre qu’elle a un coût, sans cesse croissant.<br />
Cela conduit à réduire les durées <strong>de</strong> séjour en<br />
milieu hospitalier, en imposant <strong>de</strong> facto, une démarche<br />
d’investigations techniques accélérées<br />
et une réduction du temps <strong>de</strong> contact mé<strong>de</strong>cin-
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
45<br />
mala<strong>de</strong>.<br />
Alors on réalise au plus vite la liste <strong>de</strong>s examens<br />
: échographie, scanner, I.R.M, endoscopies multiples<br />
et que voulez-vous <strong>de</strong> plus, semblent<br />
objecter certains mé<strong>de</strong>cins à leur mala<strong>de</strong> ?<br />
« Que vous m’écoutiez ! » ose à peine répondre<br />
le mala<strong>de</strong>. La pratique <strong>de</strong> la <strong>Chirurgie</strong> ambulatoire,<br />
tant souhaitée par la Tutelle administrative<br />
( même si elle est justifiée dans beaucoup<br />
<strong>de</strong> cas…) risque d’accélérer encore ces rythmes<br />
infernaux, au détriment du temps passé auprès<br />
<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s. Le temps réservé aux tâches administratives<br />
<strong>de</strong>venues obligatoires, obère <strong>de</strong> plus<br />
en plus le temps consacré aux mala<strong>de</strong>s. Veillons<br />
à ne pas <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> simples techniciens et gardons<br />
du temps pour écouter les mala<strong>de</strong>s et<br />
répondre à leurs angoisses et à leurs questions.<br />
Rappelons-nous que le mala<strong>de</strong> est le personnage<br />
le plus important <strong>de</strong> l’hôpital…<br />
L’Académie a un rôle <strong>de</strong> Magistère moral. Fondée<br />
en 17<strong>31</strong>, par Louis XV, c’est la plus ancienne<br />
institution chirurgicale française. Depuis sa<br />
création, elle a été le témoin <strong>de</strong> la mutation <strong>de</strong><br />
la <strong>Chirurgie</strong>. Elle recherche en permanence un<br />
équilibre entre les progrès et la tradition. Elle est<br />
garante <strong>de</strong> cette éthique médicale qui fait l’honneur<br />
<strong>de</strong> notre métier.<br />
Je m’adresse maintenant à mon successeur<br />
François Richard. Il va prendre en main la <strong>de</strong>stinée<br />
<strong>de</strong> notre Académie. Je lui souhaite une<br />
année heureuse et productive, à l’image <strong>de</strong>s<br />
gran<strong>de</strong>s qualités qui sont les siennes.<br />
Au terme <strong>de</strong> ce discours, j’ai conscience que rien<br />
n’aurait pu se faire sans le soutien d’une épouse<br />
compréhensive et d’une famille unie, qui ont<br />
trop souffert <strong>de</strong> mes absences et <strong>de</strong> mes soucis.<br />
Je les remercie bien sincèrement.<br />
J’ai sans doute été trop long, et j’ai abusé <strong>de</strong><br />
vos instants. Louis XIV avait dit avec propos, «<br />
qu’il est malaisé <strong>de</strong> parler beaucoup, sans dire<br />
quelque chose <strong>de</strong> trop ». Le secret d’ennuyer<br />
n’est-il pas celui <strong>de</strong> tout dire ?<br />
Mais l’honneur qui m’est accordé ce soir et que<br />
je ressens vivement, ne justifiait-il pas que pendant<br />
quelques instants, j’oublie le temps qui<br />
passe ?<br />
Le Prési<strong>de</strong>nt a l’honneur d’accueillir<br />
11 nouveaux membres à titre étranger<br />
ARICHE Arie<br />
CAPUSSOTTI Lorenzo<br />
DONG Jiahong<br />
Né en Israël, a la double nationalité, Française<br />
et Israélienne et est diplômé <strong>de</strong> l’Université<br />
Paris 5 René Descartes. Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
sa formation s’est faite en France où il a été<br />
interne en 1987 et 1988 dans les hôpitaux<br />
<strong>de</strong> Puteaux et Courbevoie, puis après avoir<br />
poursuivi son internant en chirurgie générale<br />
et vasculaire au Sokora Medical Center à Bir<br />
Shava en Israël, il est revenu en France pour 2<br />
ans, à l’hôpital Paul Brousse.<br />
Spécialiste en chirurgie hépato biliaire, il est<br />
actuellement Directeur du département <strong>de</strong><br />
chirurgie générale au Western Galilée Medical<br />
Center à Nahariya, sa ville natale en Israël<br />
et Professeur <strong>de</strong> chirurgie à l’Université <strong>de</strong><br />
Galilée Bar Ilan. Il est l’auteur <strong>de</strong> nombreuses<br />
publications internationales et donne <strong>de</strong>s<br />
conférences dans plusieurs pays. Il est<br />
membre <strong>de</strong> l’Association Européenne pour<br />
l’étu<strong>de</strong> du foie et <strong>de</strong> la Société Européenne<br />
d’oncologie chirurgicale.<br />
A fait ses étu<strong>de</strong>s à l’Université <strong>de</strong> Turin. Il s’est<br />
intéressé à la chirurgie hépato biliaire, pancréatique<br />
et digestive. Il est actuellement<br />
Chef <strong>de</strong> service du département chirurgical<br />
et Directeur <strong>de</strong> l’Unité <strong>de</strong> chirurgie générale<br />
et <strong>de</strong> chirurgie oncologique au Presidio Ospedaliero<br />
Umberto I <strong>de</strong> Turin.<br />
Il a fait en 1979 un séjour à l’Hôpital Paul<br />
Brousse et parmi les nombreuses sociétés internationales<br />
dont il est membre, figure l’Association<br />
Française <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>. Il est l’auteur<br />
<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 130 publications internationales et<br />
<strong>de</strong> nombreux livres ou chapitres <strong>de</strong> livres. Il<br />
a été modérateur ou conférencier <strong>de</strong> plus <strong>de</strong><br />
100 meetings nationaux ou internationaux.<br />
Son rayonnement international est remarquable<br />
et il a beaucoup d’amis en France où il<br />
nous fait l’honneur <strong>de</strong> venir très souvent<br />
Il est actuellement Prési<strong>de</strong>nt du chapitre italien<br />
<strong>de</strong> l’International Hepato-Pancreato-Biliary<br />
Association.<br />
A fait ses étu<strong>de</strong>s au collège médical <strong>de</strong> Jiangou,<br />
situé dans la province du même nom en<br />
Chine. Rapi<strong>de</strong>ment spécialisé dans la chirurgie<br />
hépato biliaire, il est actuellement Professeur<br />
et Chef <strong>de</strong> service à l’Hôpital et Institut<br />
<strong>de</strong> chirurgie hépato biliaire à Pékin.<br />
Il a initié <strong>de</strong> nombreux projets <strong>de</strong> recherches,<br />
notamment pour optimiser le traitement<br />
chirurgical <strong>de</strong>s cancers hépato biliaires basés<br />
sur l’étu<strong>de</strong> du comportement biologique <strong>de</strong>s<br />
tumeurs.<br />
Conférencier invité dans <strong>de</strong> nombreux pays,<br />
Europe, Etats-Unis, Australie ; auteur <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> 50 publications internationales, il est<br />
membre du Comité Exécutif <strong>de</strong> la Société Internationale<br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> Digestive et Fellow<br />
<strong>de</strong> l’American College of Surgeons.
46<br />
VIE DE L’ACADÉMIE<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
EMOND Jean<br />
nommé « Honorary Fellow » <strong>de</strong> l’International<br />
College of Surgeon.<br />
LODA Guillermo<br />
A fait ses étu<strong>de</strong>s à l’Université <strong>de</strong> Turin et en<br />
1986 il a rejoint le Centre <strong>de</strong> chirurgie hépato<br />
biliaire à l’Hôpital Paul Brousse dirigé par le Professeur<br />
Henri Bismuth pendant 4 ans.<br />
Il a fondé à Turin en 1992 le Centre Universitaire<br />
pour la chirurgie mini-invasive. Professeur à<br />
l’Université <strong>de</strong> Turin <strong>de</strong>puis 1998 il a été nommé<br />
en <strong>20</strong>10 Doyen du département <strong>de</strong> chirurgie.<br />
En 1990, il a réalisé la première cholécystectomie<br />
par laparoscopie en Italie et a maintenant<br />
l’expérience <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 8000 interventions laparoscopiques.<br />
Il est <strong>de</strong>venu un <strong>de</strong>s lea<strong>de</strong>r mondiaux<br />
<strong>de</strong> la <strong>Chirurgie</strong> mini invasive.<br />
Il est l’auteur <strong>de</strong> 270 publications dans <strong>de</strong>s journaux<br />
internationaux et <strong>de</strong> 56 monographies<br />
ou chapitres <strong>de</strong> livres. Membre <strong>de</strong> nombreuses<br />
sociétés nationales et internationales il est<br />
actuellement le Prési<strong>de</strong>nt élu <strong>de</strong> l’Association<br />
Européenne pour la chirurgie endoscopique.<br />
SHARMA Dhananjaya<br />
Est né à El Pao au Venezuela mais il est citoyen<br />
<strong>de</strong>s Etats-Unis. Il a fait ses étu<strong>de</strong>s à l’Université<br />
<strong>de</strong> Chicago et s’est intéressé à la chirurgie hépato<br />
biliaire et à la transplantation hépatique,<br />
plus particulièrement chez l’enfant. En 1984-<br />
1985 il a été Fellow à l’Hôpital Paul Brousse.<br />
Il est actuellement Directeur médical du service<br />
<strong>de</strong> transplantation <strong>de</strong> la Columbia University,<br />
au New-York Presbyterian Hospital.<br />
Son activité en transplantation hépatique à<br />
partir <strong>de</strong> donneurs vivants, particulièrement du<br />
foie gauche est particulièrement remarquable.<br />
Auteur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 170 articles dans les revues<br />
internationales, <strong>de</strong> nombreux livres, membre<br />
du Comité Editorial et Reviewer <strong>de</strong> nombreuses<br />
publications, il est Fellow <strong>de</strong> l’American College<br />
of Surgeons et membre <strong>de</strong> l’American Surgical<br />
Association.<br />
LERUT Jan<br />
Est Argentin. Chef du service <strong>de</strong> chirurgie <strong>de</strong><br />
la main à l’Hôpital Français <strong>de</strong> Buenos Aires,<br />
Professeur titulaire chargé d’enseignement <strong>de</strong><br />
cours <strong>de</strong> spécialité <strong>de</strong> la Société Argentine <strong>de</strong><br />
chirurgie <strong>de</strong> la main, il est une référence mondiale<br />
dans cette spécialité.<br />
Membre titulaire <strong>de</strong> la World International<br />
Microsurgery Society, Chairman <strong>de</strong> la World<br />
Society for Reconstructive Microsurgery, il a publié<br />
comme auteur ou co-auteur <strong>de</strong> nombreux<br />
articles et livres souvent en collaboration avec<br />
<strong>de</strong>s auteurs français <strong>de</strong> référence tel Marc Iselin<br />
ou Michel Merle.<br />
Il a été tout récemment conférencier invité spécial<br />
au Congrès mondial <strong>de</strong> la Société Internationale<br />
<strong>de</strong> chirurgie <strong>de</strong> la main en Corée du Sud.<br />
MORINO Mario<br />
Né à Indore en In<strong>de</strong>. A fait ses étu<strong>de</strong>s à l’université<br />
<strong>de</strong> Jabalpur. Il a eu l’occasion <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s fellowships<br />
à l’Université <strong>de</strong> Vienne, <strong>de</strong> Kurume au<br />
Japon et au Memorial Sloan Kettering Cancer<br />
Center à New-York.<br />
Spécialiste en chirurgie digestive plus particulièrement<br />
gastro-intestinale, il est actuellement<br />
Professeur et Chef du département <strong>de</strong> chirurgie<br />
au Government NSCB Medical College à Jabalpur.<br />
Reviewer <strong>de</strong> plusieurs revues internationales,<br />
membre <strong>de</strong> nombreuses associations il a publié<br />
plus <strong>de</strong> 90 articles dans <strong>de</strong>s revues internationales<br />
ainsi que plusieurs livres sur la chirurgie<br />
gastro-intestinale.<br />
SWANSTRÖM Lee<br />
A fait ses étu<strong>de</strong>s à l’Université Catholique <strong>de</strong><br />
Louvain où il est actuellement Professeur <strong>de</strong><br />
chirurgie. Il est Chef du département <strong>de</strong> chirurgie<br />
abdominale et <strong>de</strong> transplantation. Il fait partie<br />
<strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> école du Pr KESTENS, dont nous<br />
connaissons tous l’influence majeure et indélébile<br />
sur la <strong>Chirurgie</strong> Belge.<br />
Internationalement reconnu pour ses travaux<br />
<strong>de</strong> recherches et son expérience <strong>de</strong>s transplantations,<br />
il est membre <strong>de</strong> très nombreuses sociétés<br />
internationales et <strong>de</strong> comités éditoriaux<br />
<strong>de</strong> multiples revues.<br />
Il est l’auteur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 250 publications, <strong>de</strong><br />
plusieurs livres et <strong>de</strong> dizaines <strong>de</strong> communications<br />
dans le mon<strong>de</strong> entier. En <strong>20</strong>10 il est<br />
A fait ses étu<strong>de</strong>s à la Creighton University à<br />
Omaha dans le Nebraska et au cours d’un programme<br />
d’échange, a fréquenté l’Unversité Paris<br />
13. S’intéressant particulièrement à l’endoscopie<br />
et à la laparoscopie, il a été novateur dans ce<br />
domaine.<br />
Professeur <strong>de</strong> chirurgie à l’Oregon Health<br />
Sciences University à Portland, il est Directeur<br />
d’un programme <strong>de</strong> chirurgie mini-invasive.<br />
En <strong>20</strong>03-<strong>20</strong>04 il a présidé la Société Américaine<br />
<strong>de</strong> chirurgie endoscopique gastro-intestinale.<br />
Visiting Professor <strong>de</strong> nombreuses universités,
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
47<br />
auteur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 150 publications internationales<br />
et éditeur <strong>de</strong> plusieurs livres traitant<br />
<strong>de</strong> chirurgie laparoscopique, il est membre <strong>de</strong><br />
nombreuses sociétés savantes dont l’American<br />
College of Surgeons et l’American Surgical Association.<br />
Il a rejoint récemment l’IHU dirigé par Jacques<br />
Marescaux à Strasbourg.<br />
VLADOV Nicola<br />
Est un Professeur <strong>de</strong> chirurgie d’origine bulgare,<br />
actuellement Chef <strong>de</strong> Service <strong>de</strong> chirurgie hépatobiliaire<br />
et <strong>de</strong> transplantation à l’Académie<br />
médicale militaire <strong>de</strong> Sofia. Il est Directeur du<br />
programme <strong>de</strong> transplantation hépatique ; Très<br />
attaché à la France, il a fait une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong><br />
sa formation chez les Prs Y Chappuis, D Houssin,<br />
R Par et O Soubrane. Il est prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association<br />
bulgare <strong>de</strong> transplantation et editeur en<br />
chef du journal « Hepato gastro enterology »<br />
WAN Fred Feng<br />
Est né à Kelamayi City dans le Xin Jiang, en<br />
Chine. Il a fait ses étu<strong>de</strong>s à Xiangtan dans la<br />
province du Hunan et un séjour en France entre<br />
1988 et 1990 au Centre <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> l’Université<br />
Paris 12 et au service <strong>de</strong> chirurgie cardio<br />
thoracique <strong>de</strong> l’Hôpital Henri Mondor, s’intéressant<br />
particulièrement aux transplantations cardiaques<br />
et au cœur artificiel.<br />
Il est actuellement Professeur <strong>de</strong> chirurgie à<br />
l’Université <strong>de</strong> Pékin, Directeur du College <strong>de</strong><br />
chirurgie cardio vasculaire et Chef <strong>de</strong> service du<br />
département <strong>de</strong> chirurgie cardiaque. Il est par<br />
ailleurs Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Association chinoise <strong>de</strong><br />
chirurgie cardio vasculaire.<br />
Il a publié plus <strong>de</strong> 100 articles dans <strong>de</strong>s revues<br />
nationales et internationales et il est membre<br />
<strong>de</strong> la Société internationale <strong>de</strong> transplantation<br />
cœur poumon.<br />
Remise <strong>de</strong>s médailles<br />
Médaille <strong>de</strong>s Donateurs : Pierre VAYRE<br />
Pierre VAYRE est né en mai 1929 à Limoges.<br />
Il est actuellement Professeur émérite à l’université<br />
Pierre et Marie Curie, Membre <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> et Membre <strong>de</strong><br />
l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine.<br />
Il a été chef du service <strong>de</strong> chirurgie générale<br />
et digestive, à l’hôpital <strong>de</strong> la Pitié entre 1982<br />
et 1995, succédant à Maurice MERCADIER.<br />
Parmi ses activités qui sont nombreuses, je<br />
retiens :<br />
- qu’il a été ancien Auditeur <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong>s<br />
hautes étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Défense nationale<br />
- puis Conseiller <strong>de</strong> défense auprès du ministère<br />
<strong>de</strong> la santé. A ce titre, il s’est particulièrement<br />
intéressé à l’accueil et aux modalités<br />
thérapeutiques <strong>de</strong>s polytraumatisés, et à la<br />
prise en charge d’un afflux massif <strong>de</strong> blessés,<br />
en situation <strong>de</strong> catastrophe.<br />
- Expert judiciaire auprès <strong>de</strong> la cour d’appel<br />
<strong>de</strong> Paris, puis <strong>de</strong> la cour <strong>de</strong> cassation et du tribunal<br />
administratif.<br />
- Et Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong>s Isolés, organisme<br />
à but non lucratif reconnu d’utilité<br />
publique, entre 1966 et <strong>20</strong>09, où sont hébergées<br />
<strong>de</strong>s personnes âgées.<br />
Il est officier <strong>de</strong> l’Ordre National du Mérite,<br />
officier <strong>de</strong> la Légion d’honneur et Chevalier<br />
<strong>de</strong>s Arts et Lettres.<br />
Au cours <strong>de</strong> sa carrière médicale, il a consacré<br />
la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> ses travaux à la<br />
pathologie du foie <strong>de</strong>s voies biliaires et du<br />
pancréas.<br />
Parallèlement à ses activités traditionnelles<br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>n <strong>de</strong>s hôpitaux, il a développé<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s approfondies concernant l’organisation,<br />
l’éthique et la responsabilité <strong>de</strong>s<br />
professionnels <strong>de</strong> santé. Son activité a été<br />
marquée par le désir <strong>de</strong> progresser dans<br />
la connaissance, sans oublier le respect <strong>de</strong><br />
l’homme mala<strong>de</strong>.<br />
Sa longue pratique <strong>de</strong> l’expertise judiciaire lui<br />
a permis d’acquérir une vision pratique <strong>de</strong>s<br />
conséquences fâcheuses <strong>de</strong>s indications thérapeutique<br />
discutables.<br />
Mais <strong>de</strong>puis quelques années, c’est son activité<br />
littéraire d’historien dont il nous a souvent<br />
fait profiter à l’Académie <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>,<br />
qui l’occupe le plus.<br />
Ses origines limousines lui ont fait consacrer<br />
<strong>de</strong> nombreux articles à Guillaume Dupuytren,<br />
à Dominique Larrey, à Jacques Arsène Arsonval<br />
et plus récemment même au Prési<strong>de</strong>nt<br />
Sadi Carnot, dont on sait qu’il a été assassiné à<br />
Lyon le 24 Juin 1984, sous le titre «De Limoges<br />
à l’Élysée, puis au Panthéon».<br />
Aujourd’hui, l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
est heureuse <strong>de</strong> lui remettre la médaille<br />
dite «Médaille <strong>de</strong>s Donateurs». En effet Pierre<br />
VAYRE vient <strong>de</strong> faire une donation importante<br />
à l’Académie <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> à l’occasion <strong>de</strong> la<br />
dévolution <strong>de</strong> l’actif <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong>s Isolés,<br />
dont je rappelle qu’il en a été le Prési<strong>de</strong>nt;<br />
C’est pour le remercier et l’honorer que l’Académie<br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> est heureuse <strong>de</strong> lui remettre<br />
ce soir, cette médaille.
48<br />
VIE DE L’ACADÉMIE<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
Monsieur Vayre répond avec un poème :<br />
« <strong>Chirurgie</strong> mène à tout si l’on sait en sortir<br />
A condition bien sûr <strong>de</strong> savoir divertir<br />
Pour pouvoir <strong>de</strong> l’ennui écarter le martyr<br />
Evitant toutefois <strong>de</strong>s amis la satire.<br />
Du cher Jean Natali écoutant tentation<br />
J’ai le plaisir <strong>de</strong> faire petite donation.<br />
N’étant plus capable <strong>de</strong> science courtiser<br />
J’espère que finance pourra favoriser.<br />
Votre allocution m’est fort agréable<br />
Car la guerre <strong>de</strong>s Gaulles fut incomparable<br />
Pour donner aux Celtiques sens <strong>de</strong> relation<br />
Tout en flattant bien sûr le gout <strong>de</strong> sensation.<br />
Comme Primat <strong>de</strong>s Gaulles sur colline <strong>de</strong> Fourvière<br />
Vous avez, cher Baulieux calmé la poudrière<br />
Menaçant lour<strong>de</strong>ment notre chère Compagnie<br />
Au point que maintenant tout le mon<strong>de</strong> sourit !<br />
La parant gentiment <strong>de</strong> lyonnaises soieries<br />
Vous avez évité drame <strong>de</strong> jacquerie<br />
Poursuivant hardiment célèbre tradition<br />
Faisant éclore encore émouvante émotion.<br />
Notre Académie gar<strong>de</strong> ses fastes passés<br />
Qui sont ni oubliés ni même délaissés<br />
Au rythme annuel <strong>de</strong> séance solennelle<br />
Témoin traditionnel comme sentinelle !<br />
Médaille <strong>de</strong> faculté comme un chant d’honneur<br />
Médaille d’internat pour notre grand bonheur<br />
Médaille souvenir, médaille d’avenir<br />
Toujours acceptées avec un grand plaisir !<br />
Face au cyclone ambiant <strong>de</strong> chasse aux riches<br />
Bien se souvenir qu’on ne prête qu’aux riches<br />
En l’absence <strong>de</strong> riches, il n’y aura que pauvres<br />
Pourvu qu’à l’avenir nous ne soyons pauvres !<br />
Tête encore luci<strong>de</strong> mais jambes escamotées<br />
Ses débats animés désormais hors portée<br />
Dégradé je le suis ! Les ans en sont la cause !<br />
Mais <strong>de</strong> la dialectique j’aime encore la chose !<br />
Votre courtoisie profondément me touche<br />
Attention à la fin <strong>de</strong> l’envoi je touche !<br />
Permettez, Prési<strong>de</strong>nt, qu’en vers je vous dise<br />
Que votre compagnie procure heure exquise !<br />
Si donner me fit une joie sans pareille<br />
Votre médaille est une pure merveille !<br />
Devise académique restant hors dollar<br />
Vérité dans science, moralité dans l’art ! »<br />
Médaille Internationale <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong>, Lannelongue<br />
: Alain CARPENTIER<br />
Alain Carpentier est chirurgien cardiaque. Il<br />
est né à Toulouse, mais il a en fait grandi dans<br />
les Vosges, à Épinal. Il a été Chef du Service <strong>de</strong><br />
<strong>Chirurgie</strong> cardio-vasculaire et transplantation<br />
à l’Hôpital européen Georges Pompidou <strong>de</strong><br />
Paris.<br />
Son apport dans le domaine <strong>de</strong> la chirurgie<br />
cardiaque est immense, et impossible à résumer<br />
en quelques mots.<br />
Il a apporté <strong>de</strong>s contributions décisives à la cardiologie<br />
chirurgicale :<br />
- Il a inventé une bio prothèse valvulaire, valve<br />
biologiques d’origine animale, traitée chimiquement<br />
pour éviter le rejet immunologique.<br />
À ce titre, il est considéré dans la communauté<br />
internationale, comme le père <strong>de</strong> la chirurgie<br />
valvulaire mo<strong>de</strong>rne.<br />
- Il a mis au point une technique originale <strong>de</strong><br />
cardiomyoplastie, en utilisant un muscle squelettique,<br />
stimulé électriquement <strong>de</strong> manière<br />
séquentielle, pour le rendre «infatigable» en<br />
vue <strong>de</strong> son utilisation comme substitut myocardique<br />
chez l’homme, pour le traitement <strong>de</strong><br />
l’insuffisance cardiaque.<br />
- Le nombre <strong>de</strong>s techniques chirurgicales originales,<br />
qu’il a mises au point le au cours <strong>de</strong> sa<br />
carrière, est immense.<br />
- Récemment, il a mis au point un cœur artificiel<br />
totalement implantable, en travaillant<br />
en association avec le groupe Matra, dans la<br />
société CARMAT, dont il est le directeur scientifique.<br />
Ce concept original <strong>de</strong> cœur artificiel<br />
complet, incluant les ventricules, représente<br />
un progrès décisif.<br />
En 1991 il a fondé l’institut du cœur <strong>de</strong> Ho Chi<br />
Minh ville, permettant <strong>de</strong> distribuer <strong>de</strong>s soins<br />
<strong>de</strong> haute qualité aux mala<strong>de</strong>s cardiaques vietnamiens<br />
et plus particulièrement aux enfants.<br />
En 1992 il a créé le Centre médical international<br />
qui est une structure originale <strong>de</strong> solidarité<br />
franco vietnamienne. Sa particularité est <strong>de</strong><br />
reverser intégralement les bénéfices à l’Institut<br />
du cœur, pour financer les opérations cardiaques<br />
<strong>de</strong>s enfants vietnamiens indigents.<br />
Au cours <strong>de</strong> sa carrière il a reçu <strong>de</strong> très nombreuses<br />
distinctions, que je ne peux toutes<br />
citer :<br />
- en 1998 il a été lauréat à du Grand prix <strong>de</strong> la<br />
fondation pour la recherche médicale.<br />
En <strong>20</strong>07 il a été honoré par le prix Lasker <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cine.<br />
- Il est membre d’honneur <strong>de</strong> très nombreuses<br />
sociétés et associations internationales :<br />
docteur honoris causa <strong>de</strong> la Mount Sinaï Médical<br />
School <strong>de</strong> New York University<br />
- Il est membre <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong>puis<br />
l’année <strong>20</strong>00, et Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong>puis <strong>20</strong>11.<br />
Alain Carpentier est Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’ordre<br />
<strong>de</strong> la Légion d’Honneur et Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />
l’Ordre National du mérite.<br />
Alain Carpentier est une personnalité d’exception,<br />
qui fait honneur au mon<strong>de</strong> hospitalo-universitaire<br />
et à la recherche française.<br />
A ce titre, je suis heureux <strong>de</strong> lui remettre la médaille<br />
Lannelongue.<br />
Il s’agit d’une médaille internationale; décernée<br />
tous les cinq ans à un chirurgien et qui a<br />
dans les 10 <strong>de</strong>rnières années fait une découverte<br />
chirurgicale la plus notoire ou un travail<br />
le plus utile à l’art et à la science <strong>de</strong> la chirurgie.<br />
Cette médaille a été remise à <strong>de</strong>s hommes<br />
illustres : TON THAT TUNG, Thomas STARZL,<br />
Clau<strong>de</strong> COUINAUD, Christian CABROL et bien<br />
d’autres, parmi lesquels un Lyonnais Paul SAN-<br />
TY, en 1952.<br />
M. Alain Carpentier je suis très fier <strong>de</strong> vous<br />
remettre aujourd’hui cette médaille Lannelongue.<br />
Remise <strong>de</strong> la médaille Ambroise Paré à Bernard<br />
KOUCHNER<br />
Bernard KOUCHNER est né en novembre 1939<br />
à Avignon. On le considère en général, comme<br />
un mé<strong>de</strong>cin humanitaire et un homme politique<br />
français, mais cette définition est bien<br />
sèche et insuffisante pour résumer une vie <strong>de</strong>
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
49<br />
passionné, aux multiples facettes.<br />
Sa famille est d’origine lettone et a subi la<br />
déportation dans les camps <strong>de</strong> concentration<br />
nazis.<br />
Il a été gastro-entérologue et à ce titre, a pratiqué<br />
l’endoscopie digestive à l’hôpital Cochin.<br />
Très jeune, alors qu’il était étudiant en mé<strong>de</strong>cine,<br />
il a mené une activité militante intense à<br />
la rédaction du journal «Clarté». D’ailleurs tout<br />
au long <strong>de</strong> sa vie, il a eu <strong>de</strong>s actions engagées<br />
qui l’on conduit à réaliser <strong>de</strong>s missions humanitaires<br />
dans <strong>de</strong> nombreux pays du mon<strong>de</strong><br />
en conflit. On peut citer le Biafra, le Tchad, le<br />
Bangla<strong>de</strong>sh, le Mali, le Niger, le Liban, le Cambodge,<br />
le Vietnam, le Kurdistan d’Irak, la Bosnie,<br />
le Kosovo et j’en oublie… Il a connu tous<br />
les «points chauds» du globe où il s’est rendu<br />
sans relâche.<br />
Comme homme politique, il a été ministre<br />
pendant 17 ans, dans <strong>de</strong>s gouvernements <strong>de</strong><br />
gauche, mais aussi <strong>de</strong> droite. Dernièrement il<br />
a été Ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères et européennes,<br />
<strong>de</strong> <strong>20</strong>07 à <strong>20</strong>10.<br />
Il a été aussi Député au parlement européen.<br />
Un <strong>de</strong> ses faits d’armes les plus importants est<br />
d’avoir été représentant <strong>de</strong> l’ONU au Kosovo,<br />
entre 1999 et <strong>20</strong>01.<br />
Mais ce sont surtout ses différentes actions<br />
médicales, que je veux évoquer ce soir :<br />
Ces actions humanitaires l’ont conduit à<br />
créer le groupe <strong>de</strong>s «french doctors» qui<br />
allait aboutir à Mé<strong>de</strong>cins sans frontières,<br />
dont il a été le fondateur, puis le Prési<strong>de</strong>nt.<br />
Le prix Nobel <strong>de</strong> la Paix a été attribué en 1999 à<br />
Mé<strong>de</strong>cins sans Frontières.<br />
Plus tard il sera fondateur <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cins du<br />
Mon<strong>de</strong>, puis d’autres associations humanitaires<br />
du même type.<br />
Ministre à part entière <strong>de</strong> la Santé, en 1992,<br />
dans le gouvernement <strong>de</strong> Pierre Bérégovoy, il a<br />
consacré une partie <strong>de</strong> son énergie à répandre<br />
les traitements antidouleur dans les établissements<br />
hospitaliers français.<br />
Alors qu’il était Ministre <strong>de</strong> la Santé du gouvernement<br />
Jospin, il a donné son nom à la loi du 4<br />
mars <strong>20</strong>02, relative aux droits <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s et à<br />
la qualité du système <strong>de</strong> santé. Chacun connaît<br />
les différents volets <strong>de</strong> cette loi : le recueil du<br />
consentement éclairé du mala<strong>de</strong> avant tout<br />
acte invasif, l’accès libre au dossier, le dédommagement<br />
sans-faute, en rapport avec un aléa<br />
thérapeutique. Cette loi dite «loi Kouchner» a<br />
constitué une avancée décisive dans la prise<br />
en charge <strong>de</strong>s patients.<br />
Bernard Kouchner est un homme courageux<br />
qui a pris <strong>de</strong>s positions osées en matière <strong>de</strong><br />
droit international, défendant en particulier<br />
« le <strong>de</strong>voir d’ingérence », conduisant à<br />
intervenir pour <strong>de</strong>s raisons humanitaires, dans<br />
tout État où la population souffre et où les<br />
droits <strong>de</strong> l’homme sont bafoués.<br />
Il est un fervent défenseur <strong>de</strong> la cause européenne.<br />
Pour toutes ces raisons il a longtemps caracolé<br />
dans le peloton <strong>de</strong> tête <strong>de</strong>s sondages <strong>de</strong> popularité<br />
<strong>de</strong>s personnalités françaises.<br />
Il a rédigé <strong>de</strong> nombreux ouvrages et <strong>de</strong> nombreux<br />
ouvrages lui ont été consacrés. Je cite en<br />
particulier le livre <strong>de</strong> son ami Michel Antoine<br />
Burnier dont le titre bien choisi, est « les 7 vies<br />
du docteur Kouchner ».<br />
Au nom <strong>de</strong> l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s chirurgiens français<br />
que l’Académie<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
représente, je suis<br />
fier <strong>de</strong> vous décerner<br />
aujourd’hui la médaille<br />
Ambroise Paré, qui est<br />
attribuée tous les ans<br />
à une personnalité qui a eu une influence importante<br />
sur la mé<strong>de</strong>cine et sur la santé <strong>de</strong>s<br />
Français.<br />
Elle avait été attribuée l’année <strong>de</strong>rnière à Madame<br />
Simone Veil.<br />
Accueil <strong>de</strong> l’invité d’honneur,<br />
Bernard ACCOYER, par Jacques Baulieux<br />
Mesdames, Messieurs, Mes chers collègues,<br />
Le moment est venu d’écouter notre Invité<br />
d’honneur, Monsieur Bernard Accoyer, ancien<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Assemblée <strong>Nationale</strong>.<br />
Il m’a fait l’honneur d’accepter mon invitation<br />
ce soir et je suis très sensible à ce témoignage<br />
d’amitié.<br />
En fait il est <strong>de</strong>s nôtres, puisqu’il est membre<br />
<strong>de</strong> l’Académie <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> <strong>de</strong>puis<br />
décembre <strong>20</strong>07.<br />
C’est un chirurgien spécialisé en Otho-Rhino-<br />
Laryngologie. Je sais qu’il est encore « viscéralement<br />
» attaché à son métier. C’est un Lyonnais<br />
d’origine, même s’il a poursuivi sa carrière<br />
médicale à Grenoble, puis à Annecy.<br />
Je sais même qu’il est à l’origine d’une innovation<br />
tout à fait originale. En effet, il a imaginé<br />
une électro<strong>de</strong> intra-cochléaire multicanaux,<br />
qui permet <strong>de</strong> cathétériser assez simplement<br />
la cochlée. Ce matériel est encore utilisé actuellement,<br />
30 ans plus tard, dans le bilan <strong>de</strong><br />
surdité.<br />
Son engagement politique a fait qu’il a été très<br />
rapi<strong>de</strong>ment appelé par M Pierre Mazeaud, un<br />
montagnard, et qu’il est <strong>de</strong>venu maire d’Annecy<br />
le Vieux en 1993.<br />
Il a été un remarquable Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’Assemblée<br />
<strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> <strong>20</strong>07 à <strong>20</strong>12, imposant sa<br />
personnalité dans plusieurs situations conflictuelles,<br />
qu’il dénoua avec talent.<br />
Je sais qu’il a plusieurs passions dans la vie : la<br />
mé<strong>de</strong>cine, la vie publique, la politique, mais<br />
aussi la montagne, le ski et le cyclisme. Il a<br />
même une passion tout à fait particulière, pour<br />
le <strong>de</strong>sign. Il est admirateur <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci<br />
et <strong>de</strong> Pininfarina !<br />
En octobre <strong>20</strong>11 il a rédigé un livre intitulé « Un<br />
homme politique peut-il dire toute la vérité ? »<br />
publié aux éditions Jean-Clau<strong>de</strong> Lattès.<br />
Actuellement il est toujours député <strong>de</strong> la première<br />
circonscription <strong>de</strong> Haute-Savoie et maire<br />
d’Annecy le Vieux.<br />
Le thème <strong>de</strong> son discours <strong>de</strong> ce soir, concerne<br />
« La mé<strong>de</strong>cine française et les mutations <strong>de</strong><br />
notre temps ».<br />
Je lui donne bien volontiers la parole.
50<br />
VIE DE L’ACADÉMIE<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
« La mé<strong>de</strong>cine française et les mutations <strong>de</strong><br />
notre temps » par Bernard ACCOYER<br />
C’est pour moi un grand honneur <strong>de</strong> m’exprimer<br />
ici, au cours <strong>de</strong> cette séance solennelle, et<br />
je veux en remercier le Prési<strong>de</strong>nt BAULIEUX.<br />
Comment ne pas être impressionné, ému <strong>de</strong>vant<br />
cette Académie créée il y a 280 ans. Comment<br />
ne pas imaginer tous ces grands noms<br />
qui ont écrit son histoire en même temps<br />
que l’épopée <strong>de</strong> la chirurgie, <strong>de</strong> ses débuts<br />
mo<strong>de</strong>rnes, si l’on peut dire, au XVIIIème siècle,<br />
à ses avancées les plus récentes, celles d’une<br />
chirurgie sans cesse moins invasive, plus précise,<br />
plus audacieuse, plus technologique, plus<br />
réparatrice à l’image <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> ses<br />
projections régénératives.<br />
Le discours remarquable du Professeur Jacques<br />
BAULIEUX reflète l’homme qu’il est. Avant tout<br />
humain, attaché à soulager au mieux ses mala<strong>de</strong>s<br />
comme à transmettre au mieux son savoir<br />
à ses élèves. Attaché à rassembler pour agir<br />
et construire, pour travailler en équipe. La liste<br />
<strong>de</strong> ses travaux médicaux, près <strong>de</strong> <strong>20</strong>0 publications,<br />
est impressionnante, particulièrement<br />
sur les tumeurs œsophagiennes <strong>de</strong> BARRETS<br />
et la transplantation hépatique, la chirurgie<br />
coelioscopique, notamment la pancréatectomie<br />
et la gastrectomie. Cette chirurgie laparoscopique<br />
qu’il a si bien enseignée dans le cadre<br />
<strong>de</strong> l’association française <strong>de</strong> chirurgie.<br />
Jacques BAULIEUX est toujours resté tourné<br />
vers les enseignements les plus utiles et c’est<br />
ainsi qu’avec Clau<strong>de</strong> DUMURGIER il a développé<br />
une véritable école <strong>de</strong> chirurgie au Cambodge.<br />
Le Cambodge pour lequel il se dévoue<br />
passionnément.<br />
Mais Jacques BAULIEUX c’est aussi la recherche<br />
permanente d’avancées nouvelles ; et la retraite<br />
ne le gêne en rien pour conduire un beau<br />
projet, dans le cadre <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> chirurgie<br />
avec Xavier MARTIN, pour préparer <strong>de</strong>s scenarii<br />
chirurgicaux <strong>de</strong> simulation diagnostique et<br />
technique.<br />
Je ne sais pas si c’est une bonne idée <strong>de</strong> m’offrir<br />
cette tribune si j’en juge par l’opinion d’un<br />
Mé<strong>de</strong>cin lui aussi <strong>de</strong>venu Député : le Professeur<br />
Eugène Armand DESPRES, <strong>de</strong> l’hôpital<br />
Cochin également Député comme moi mais<br />
<strong>de</strong> la IIIème République et du VIème arrondissement<br />
<strong>de</strong> Paris, qui à la fin du XIXème siècle,<br />
bien après les travaux <strong>de</strong> Pasteur, était vigoureusement<br />
opposé à l’asepsie et proclamait<br />
« l’asticot a du bon, il bouffe le vibrion » !<br />
Mais probablement mon parcours professionnel<br />
puis public est-il apparu comme pouvant<br />
offrir un regard particulier sur la mé<strong>de</strong>cine<br />
française confrontée aux défis <strong>de</strong> notre temps,<br />
puisque c’est l’objet <strong>de</strong> l’intervention que je<br />
vais avoir l’honneur <strong>de</strong> faire maintenant.<br />
Justement cette mé<strong>de</strong>cine française, c’est<br />
grâce à <strong>de</strong>s hommes tels que Jacques BAU-<br />
LIEUX, et à <strong>de</strong> prestigieuses écoles comme<br />
l’école lyonnaise dont il nous a si bien parlé,<br />
que nous pouvons en être fiers. Car, malgré les<br />
critiques, malgré les problèmes, et je les abor<strong>de</strong>rai,<br />
la mé<strong>de</strong>cine française a été et reste je le<br />
crois l’une <strong>de</strong>s meilleures du mon<strong>de</strong>.<br />
La mé<strong>de</strong>cine française se confond avec l’histoire<br />
<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine, car la France a offert à<br />
l’humanité une bonne part <strong>de</strong> ses découvertes<br />
et <strong>de</strong> ses avancées médicales, tout particulièrement<br />
en chirurgie, <strong>de</strong>puis Ambroise PARE il y<br />
a bientôt cinq siècles jusqu’à nos jours, en passant<br />
par LAËNNEC et PASTEUR et tant d’autres,<br />
dont les noms figurent au fronton <strong>de</strong> la plupart<br />
<strong>de</strong> nos grands Hôpitaux comme <strong>de</strong> nos<br />
services les plus illustres. Notre langue a été<br />
et est encore le support du rayonnement <strong>de</strong><br />
nos écoles <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong> chirurgie dans<br />
<strong>de</strong> nombreux pays et pas seulement <strong>de</strong>s pays<br />
francophones ; il n’est qu’à assister à un cours<br />
<strong>de</strong> pathologie dispensé en français à l’Université<br />
médicale JIAOTONG <strong>de</strong> Shanghai pour<br />
mesurer l’impact dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine<br />
française.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> sa contribution générale aux avancées<br />
scientifiques et techniques, la mé<strong>de</strong>cine<br />
française a <strong>de</strong> nombreux atouts.<br />
D’abord son accessibilité et sa qualité. Et cela,<br />
au-<strong>de</strong>là du talent <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes,<br />
nous le <strong>de</strong>vons à une assurance maladie, qui,<br />
là encore malgré les critiques et les problèmes<br />
dont elle est l’objet, est partout considérée<br />
comme l’une <strong>de</strong>s meilleures du mon<strong>de</strong>. Une<br />
assurance où chacun cotise selon ses moyens<br />
mais est couvert <strong>de</strong> la même façon. Certes elle<br />
coûte cher, et nous y reviendrons, mais sa couverture<br />
est très bonne en particulier pour les<br />
maladies graves, couvrant les autres pathologies<br />
en moyenne à 75,5 % pour le régime <strong>de</strong><br />
base complété <strong>de</strong> 10 à 15 % pour les régimes<br />
complémentaires ne laissant à la charge <strong>de</strong>s<br />
ménages que <strong>de</strong> 10 à 15 % <strong>de</strong> frais.<br />
En outre ce taux <strong>de</strong> couverture enviable <strong>de</strong>s<br />
dépenses <strong>de</strong> soins s’accompagne d’un accès<br />
libre et aisé tant au mé<strong>de</strong>cin généraliste qu’au<br />
spécialiste ce qui est très loin d’être le cas partout,<br />
il offre aussi la liberté <strong>de</strong> choix entre les<br />
différents établissements du service public<br />
<strong>de</strong> l’hospitalisation où, là encore, l’émulation<br />
entre les différentes offres publiques comme<br />
privées est un gage <strong>de</strong> qualité.<br />
Même si notre assurance maladie constitue<br />
une charge, elle est un <strong>de</strong>s atouts pour l’accueil<br />
en France d’entreprises étrangères, elle<br />
contribue ainsi à la croissance à la consommation.<br />
D’ailleurs si un pays tel la Chine sous<br />
l’impulsion <strong>de</strong> son Ministre <strong>de</strong> la Santé CHEN<br />
Zhu, un mé<strong>de</strong>cin un scientifique remarquable<br />
francophone et francophile, se dote d’un système<br />
d’assurance maladie c’est en gran<strong>de</strong><br />
partie pour que <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> millions <strong>de</strong><br />
Chinois consomment davantage plutôt qu’ils<br />
ne thésaurisent dans la crainte <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir payer<br />
<strong>de</strong>s soins à leur famille. L’Assurance maladie<br />
ouvrant à la Chine ainsi les perspectives immenses<br />
<strong>de</strong> son marché intérieur pour sa croissance.<br />
Quant à la qualité reconnue <strong>de</strong>s soins, même<br />
si certains s’ingénient à démontrer l’inverse,<br />
cette qualité est le gage d’une formation<br />
sévèrement sélective exigeante et approfondie<br />
dans un système hospitalo-universitaire<br />
issu <strong>de</strong> la Loi Debré <strong>de</strong> 1958, qui a donné une<br />
impulsion puissante pendant 30 ans et dont le<br />
rayonnement dépasse bien souvent les frontières<br />
<strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l’Europe.<br />
La mé<strong>de</strong>cine française c’est aussi le niveau <strong>de</strong><br />
sa recherche, ses innovations et son industrie
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
51<br />
<strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> santé : médicament et dispositifs<br />
implantables.<br />
Là encore les succès sont innombrables, les<br />
retombées majeures. D’abord sur la longévité<br />
<strong>de</strong>s Français qui ont gagné pas moins <strong>de</strong> 30<br />
ans d’espérance <strong>de</strong> vie en un siècle et continuent<br />
<strong>de</strong> gagner trois mois chaque année,<br />
faisant <strong>de</strong> nous les détenteurs, à 60 ans, d’une<br />
<strong>de</strong>s plus longues espérances <strong>de</strong> vie au mon<strong>de</strong>.<br />
Le CNRS puis l’INSERM coopéra au sein d’AVIE-<br />
SAN et sont <strong>de</strong> puissants outils <strong>de</strong> recherche<br />
qui ont su s’articuler avec une industrie pharmaceutique<br />
qui reste un <strong>de</strong>s secteurs où la<br />
balance commerciale est excé<strong>de</strong>ntaire <strong>de</strong><br />
quelques 5 milliards d’euros.<br />
Pendant bien longtemps la symbiose fécon<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> la recherche théorique, clinique, pharmaceutique,<br />
technique, a permis à <strong>de</strong>s Mé<strong>de</strong>cins,<br />
<strong>de</strong>s <strong>Chirurgie</strong>ns français d’ouvrir <strong>de</strong>s<br />
chapitres nouveaux. Dans la transplantation<br />
avec Jacques BAULIEUX, Jean-Michel DUBER-<br />
NARD, la chirurgie laparoscopique toujours<br />
avec Jacques BAULIEUX et Philippe MOURET,<br />
la chirurgie mini-invasive, dans la microchirurgie,<br />
la chirurgie reconstructive, les prothèses,<br />
mais aussi la chirurgie stéréotaxique avec<br />
André BENABID sans revenir sur les avancées<br />
médicales, l’imagerie ou l’angiographie interventionnelle.<br />
Oui la Mé<strong>de</strong>cine française a su gar<strong>de</strong>r son rang<br />
et c’est la meilleure raison pour analyser les<br />
défis auxquels notre temps la confronte, en se<br />
rappelant qu’il est toujours difficile <strong>de</strong> rester<br />
parmi les meilleurs et que la fabuleuse compétition<br />
mondiale, que constitue la nouvelle<br />
donne géopolitique planétaire, est le premier<br />
<strong>de</strong> ces défis.<br />
La globalisation c’est l’histoire d’à peine trois<br />
décennies, ces décennies où le mon<strong>de</strong> bipolaire<br />
est <strong>de</strong>venu un mon<strong>de</strong> multipolaire avec<br />
la fin <strong>de</strong> la guerre froi<strong>de</strong> et l’essor impressionnant<br />
<strong>de</strong>s pays émergents. Ces BRICS, c’est leur<br />
appellation, qui représentent désormais <strong>20</strong> %<br />
du PIB mondial, ces pays, parfois continents,<br />
qui pour l’In<strong>de</strong>, la Chine et le Brésil ont vu en<br />
<strong>20</strong>08 leur population augmenter <strong>de</strong> 400 millions<br />
d’habitants, tandis que l’Union Européenne<br />
voyait et voit encore sa population<br />
diminuer à un rythme inquiétant. Et comme<br />
dans le même temps la croissance <strong>de</strong>s BRICS, a<br />
été et, va rester chaque année environ dix fois<br />
celle <strong>de</strong>s pays européens on mesure à quelle<br />
vitesse le fossé se comble et va s’inverser. Si la<br />
Chine est <strong>de</strong>venue en <strong>20</strong>10 la <strong>de</strong>uxième économie,<br />
les USA quant à eux, conduisent une<br />
révolution énergétique avec les hydrocarbures<br />
non conventionnels, qui non seulement leur<br />
donnent le record <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong><br />
gaz à effet <strong>de</strong> serre, mais surtout leur confèrent<br />
un avantage compétitif dont ils tirent déjà parti<br />
avec un prix du gaz qui en équivalent baril <strong>de</strong><br />
pétrole est à 15$ alors qu’en Europe il atteint<br />
les 110$.<br />
Ce défi géopolitique, c’est donc celui <strong>de</strong> la puissance<br />
démographique et <strong>de</strong> la puissance économique<br />
comme financière, qui naturellement<br />
soutient l’essor <strong>de</strong> formation, <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong><br />
développement et d’industrialisation comme<br />
<strong>de</strong> croissance et <strong>de</strong> moyens pour la solidarité.<br />
Ces enjeux <strong>de</strong> vitalité sont majeurs.<br />
Le second défi est national, il est celui <strong>de</strong> la démographie<br />
et à double titre : d’une part l’évolution<br />
<strong>de</strong> la démographie générale française,<br />
les migrations <strong>de</strong> populations entre la campagne<br />
et la ville et entre les différentes régions<br />
<strong>de</strong> notre beau pays ; et d’autre part la démographie<br />
professionnelle. Je ne crois pas que ce<br />
<strong>de</strong>rnier défi soit aussi préoccupant si on prend<br />
les bonnes mesures sans tar<strong>de</strong>r.<br />
D’abord, on parle désormais <strong>de</strong> déserts médicaux.<br />
En fait il serait bien étonnant qu’après un<br />
exo<strong>de</strong> rural et une urbanisation sans précé<strong>de</strong>nt<br />
qui ont fait passer le nombre d’exploitations<br />
agricoles <strong>de</strong> 2 millions en 1955 à 3<strong>20</strong> 000<br />
aujourd’hui, il serait bien étonnant que là où<br />
les services publics ont disparu un service<br />
médical soit <strong>de</strong>meuré inchangé, d’autant que<br />
le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie à lui aussi changé. Avec la féminisation<br />
pour les Mé<strong>de</strong>cins et leurs familles,<br />
les changements sont encore plus importants<br />
avec les contraintes professionnelles, les <strong>de</strong>ux<br />
membres <strong>de</strong>s couples travaillant, sans parler<br />
<strong>de</strong>s besoins éducatifs sociaux et culturels <strong>de</strong><br />
leurs familles. Si cette présence médicale en<br />
zone rurale est quelquefois un réel problème,<br />
on voit déjà se <strong>de</strong>ssiner <strong>de</strong>s solutions avec <strong>de</strong><br />
nouvelles formes d’exercice : maisons médicales<br />
et son travail en équipe évitant la solitu<strong>de</strong>,<br />
cabinets itinérants ou secondaires, et la<br />
diversification <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> rémunération, la<br />
solution <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins diplômés étrangers <strong>de</strong><br />
niveau aléatoire n’est pas acceptable dans la<br />
durée.<br />
Mais il y a aussi la démographie médicale à<br />
proprement parler. L’instauration du numerus<br />
clausus il y a plus <strong>de</strong> 30 ans a été le fruit d’un<br />
accord entre l’Etat, l’Assurance Maladie et les<br />
syndicats médicaux croyant faire face ainsi à la<br />
hausse <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong> soins, à une époque<br />
où il n’y avait ni budget ni pilotage financier <strong>de</strong><br />
l’Assurance Maladie.<br />
La mesure a été, reconnaissons-le, brutale et<br />
ses conséquences n’ont pas été suffisamment<br />
appréciées ; en particulier sous l’angle <strong>de</strong> la<br />
féminisation résultant du franchissement à 64<br />
% pour les jeunes étudiantes <strong>de</strong> l’obstacle <strong>de</strong><br />
l’examen <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> première année auxquels<br />
il faut rapprocher les 62 % <strong>de</strong>s Epreuves Classantes<br />
<strong>Nationale</strong>s. Au passage voilà un succès<br />
pour la présence <strong>de</strong>s femmes que les assemblées<br />
d’élus en particulier parlementaires <strong>de</strong>vraient<br />
méditer ! En tout état <strong>de</strong> cause si l’ajustement<br />
à la hausse du numerus clausus a été<br />
effectué il faudra probablement y revenir. Mais<br />
il y a aussi la question du manque <strong>de</strong> praticiens<br />
généralistes et dans certaines spécialités, les<br />
Épreuves Classantes <strong>Nationale</strong>s, la répartition<br />
territoriale du numerus clausus selon les besoins,<br />
tout cela nécessite <strong>de</strong>s ajustements.<br />
Sous l’angle démographique il y a aussi non<br />
seulement l’augmentation globale <strong>de</strong> la population<br />
française qui est une constante <strong>de</strong> près<br />
<strong>de</strong> 0,5 % par an, mais surtout le vieillissement<br />
<strong>de</strong> la population. Avec ce vieillissement il y a<br />
évi<strong>de</strong>mment l’augmentation et la multiplication<br />
<strong>de</strong>s maladies graves ou chroniques autant<br />
<strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s tâches pour les soignants.<br />
* * *<br />
Le défi sociologique et culturel auquel la mé<strong>de</strong>cine<br />
française est confrontée ne manque<br />
pas d’intérêt, il est la conséquence <strong>de</strong> mutations<br />
<strong>de</strong> société en matière <strong>de</strong> consumérisme<br />
et <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> l’information, l’arrivée d’internet<br />
ayant une portée quasi comparable à<br />
celle <strong>de</strong> l’invention <strong>de</strong> l’imprimerie. La mé<strong>de</strong>cine<br />
ou plutôt les soins sont <strong>de</strong>venus trop souvent<br />
un bien <strong>de</strong> consommation, d’apparence<br />
gratuit, et les patients <strong>de</strong>s consommateurs<br />
qui peuvent être exigeants. Ce n’est pas toujours<br />
facile à accepter pour les Mé<strong>de</strong>cins, mais<br />
c’est ainsi et cela ne s’arrêtera pas. Le patient<br />
dispose <strong>de</strong> moyens d’informations puissants<br />
jusque sur son smartphone et les sources d’informations<br />
sont loin d’être toutes accréditées.<br />
Le Mé<strong>de</strong>cin expose, explique et le patient dispose<br />
et déci<strong>de</strong> avec en arrière-plan la montée<br />
<strong>de</strong> la judiciarisation et la menace <strong>de</strong> plaintes.<br />
C’est dans ce contexte que se situe l’arrêt Perruche,<br />
la responsabilité sans faute et la loi <strong>de</strong><br />
<strong>20</strong>02 tout comme l’explosion du coût <strong>de</strong>s assurances<br />
professionnelles rendant certaines spécialités<br />
chirurgicales désormais difficiles à exercer<br />
en libéral. C’est ainsi que l’une <strong>de</strong>s tâches<br />
les plus accaparantes pour un jeune chirurgien<br />
qui s’installe est la rédaction <strong>de</strong> ses textes <strong>de</strong><br />
consentements pour ses futurs opérés. Tout
52<br />
VIE DE L’ACADÉMIE<br />
Séance solennelle du 23 janvier <strong>20</strong>13<br />
cela c’est autant <strong>de</strong> progrès, certes, mais c’est<br />
un changement qui ne doit en rien retirer <strong>de</strong><br />
l’humanité à la mé<strong>de</strong>cine. C’est aussi pour cela<br />
que l’on va vers <strong>de</strong>s chirurgiens <strong>de</strong> plus en plus<br />
spécialisés i<strong>de</strong>ntifiés et catalogués comme tels.<br />
Il faut ajouter à cela un mouvement <strong>de</strong> doute<br />
initié par les crises sanitaires <strong>de</strong>s années 80 et<br />
relayées par un mouvement <strong>de</strong> pensée qui a<br />
retiré ou retire plus ou moins sa confiance dans<br />
la science et le progrès. Même si la science et le<br />
progrès ne peuvent être notre seule boussole,<br />
cette tendance est préoccupante ; on la voit à<br />
l’œuvre contre les vaccins, les on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> radiotéléphonie<br />
mobile, les OGM, les nano-technologies.<br />
C’est un phénomène sur lequel j’ai travaillé<br />
quand je présidais l’Assemblée nationale. Avec<br />
l’Office Parlementaire d’Evaluation <strong>de</strong>s Choix<br />
Scientifiques et Technologiques, l’Académie<br />
<strong>de</strong>s Sciences, son secrétaire perpétuel Catherine<br />
BRECHIGNAC avec laquelle nous avions<br />
développé la réflexion sur le thème « vérité<br />
scientifique et démocratie ». De nombreux<br />
chercheurs et scientifiques <strong>de</strong> tout premier<br />
plan s’étaient joints à ce travail tel que Cédric<br />
VILLANI, Médaillé FIELDS <strong>20</strong>10 ou Yves MEYER,<br />
Prix GAUSS en <strong>20</strong>10.<br />
Cette situation préoccupante a trouvé une<br />
nouvelle illustration hypermédiatisée avec la<br />
récente opération <strong>de</strong> communication organisée<br />
par Eric SERALINI autour d’une étu<strong>de</strong> fort<br />
contestable sur les effets <strong>de</strong> la consommation<br />
d’un maïs OGM par une espèce spécifique <strong>de</strong><br />
rats.<br />
Cette mouvance utilise pour imposer ses opinions<br />
les métho<strong>de</strong>s sectaires classiques, <strong>de</strong>s<br />
métho<strong>de</strong>s que j’ai eu l’occasion d’étudier <strong>de</strong><br />
près dans le combat que j’ai conduit au Parlement<br />
durant 11 années contre les psychothérapeutes<br />
auto-proclamés.<br />
Cette dérive continue <strong>de</strong> me mobiliser. Elle a<br />
une dimension épistémologique qu’analyse<br />
au fond Paul BOGHOSSIAN dans son livre : « la<br />
peur du savoir » dans lequel il compare le relativisme<br />
et l’objectivisme <strong>de</strong>s faits.<br />
Devant l’ampleur <strong>de</strong> ce phénomène qui affecte<br />
particulièrement notre pays, au point<br />
que d’une position <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>r en biogénétique<br />
végétale nous n’avons plus aucun travail <strong>de</strong><br />
recherche en France ni même d’ailleurs <strong>de</strong><br />
jeunes chercheurs. C’est consternant.<br />
Aussi je réfléchis à la création d’une nouvelle<br />
discipline visant à codifier l’évaluation, l’expertise,<br />
à garantir autant l’indépendance <strong>de</strong>s<br />
experts que celle <strong>de</strong>s contempteurs d’experts<br />
ou <strong>de</strong> technologies, tout en laissant bien sûr la<br />
place qui doit leur revenir respectivement aux<br />
sciences dures comme aux sciences humaines.<br />
La passion comme le parti-pris ne peuvent<br />
venir affaiblir la rationalité et l’objectivité au<br />
point <strong>de</strong> vite passer sur les 29 morts par toxiinfections<br />
alimentaires par <strong>de</strong>s graines germées<br />
en <strong>20</strong>11 en Allemagne au prétexte qu’il<br />
s’agissait d’une pratique prétendument bio.<br />
Quant aux débats et polémiques ouvertes en<br />
France sur les effets secondaires problématiques<br />
<strong>de</strong>s médicaments, il n’est pas inutile<br />
<strong>de</strong> remarquer, que tant pour le Médiator que<br />
pour les pilules <strong>de</strong> 3ème et 4ème générations,<br />
il s’agit <strong>de</strong> traitements poursuivis sur <strong>de</strong> longues<br />
pério<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> nombreuses années. Certes<br />
cela n’exonère en rien les exigences <strong>de</strong> sécurité<br />
<strong>de</strong>s médicaments et <strong>de</strong> pharmacovigilance,<br />
mais nous franchissons avec cette dimension<br />
du temps long une nouvelle étape et il n’est<br />
pas étonnant qu’elle fasse apparaître <strong>de</strong>s problèmes<br />
jusque-là méconnus qu’il faudra évi<strong>de</strong>mment<br />
résoudre.<br />
Le défi <strong>de</strong> l’accès aux soins est bien sûr essentiel,<br />
il faut veiller à le conserver. Il y a plusieurs<br />
aspects dans l’accès aux soins : la présence<br />
d’un praticien qualifié, sa disponibilité, la présence<br />
d’établissements <strong>de</strong> soins assurant la<br />
sécurité et la qualité, la pérennité d’une couverture<br />
assurancielle adaptée.<br />
Nous avons vu que la question démographique<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s ajustements il en est <strong>de</strong> même<br />
du système <strong>de</strong> formation initiale et continue.<br />
Mais nous <strong>de</strong>vrons travailler bien davantage<br />
en groupe, en équipe, en réseau, multiplier les<br />
délégations <strong>de</strong> tâches administratives comme<br />
techniques, ce que la réforme LMD <strong>de</strong>s professions<br />
paramédicales va faciliter, et faire coopérer<br />
bien davantage, ainsi que le prévoit la loi<br />
HSPT, le public et le privé. Tout cela sans avoir<br />
peur <strong>de</strong> l’évaluation <strong>de</strong>s pratiques comme <strong>de</strong>s<br />
praticiens quelle que soit leur place en privilégiant<br />
– ce qui n’est pas toujours le cas – le<br />
mérite l’efficacité, la qualité à toute autre forme<br />
<strong>de</strong> sélection ou <strong>de</strong> promotion. La présence <strong>de</strong>s<br />
élus dans les Conseils d’Administration ou <strong>de</strong><br />
surveillance <strong>de</strong>s établissements, présence à<br />
laquelle ils sont très attachés, ne doit pas les<br />
placer en situation <strong>de</strong> conflit d’intérêt politique<br />
car l’efficience et la qualité peuvent en pâtir.<br />
L’organisation <strong>de</strong> type pyramidale française ne<br />
peut plus s’occuper et bri<strong>de</strong>r tout. Il faut une<br />
administration centrale qui donne les axes<br />
<strong>de</strong> politique et une gestion administrative au<br />
plus près, en symbiose avec la communauté<br />
médicale. Méfions-nous <strong>de</strong> notre centralisme<br />
comme <strong>de</strong> nos moules administratifs tout cela<br />
est aussi une constante française, d’un coût et<br />
d’une efficience préoccupants.<br />
Quant à l’évaluation, nos 18 agences <strong>de</strong> santé<br />
méritent une réforme sérieuse pour en diminuer<br />
le nombre pour en clarifier et coordonner<br />
mieux leurs travaux. 24 000 personnels travaillent<br />
dans ces agences pour un coût annuel<br />
<strong>de</strong> 2,5 milliards d’euros, selon le rapport datant<br />
<strong>de</strong> <strong>20</strong>11 <strong>de</strong> mon collègue <strong>de</strong> l’Assemblée nationale,<br />
Yves BUR.<br />
En Gran<strong>de</strong>-Bretagne, sur un projet du travailliste<br />
Gordon BROWN, le Premier Ministre<br />
conservateur David CAMERON a réformé les<br />
agences <strong>de</strong> santé britanniques, il en a tiré en<br />
3 ans une économie <strong>de</strong> 45 % et un bénéfice<br />
d’efficience évi<strong>de</strong>nt. Je sais que la Ministre <strong>de</strong><br />
la Santé a ce projet pour les agences françaises,<br />
c’est un bon projet car il vaut mieux, comme le<br />
dit l’économiste <strong>de</strong> la santé Clau<strong>de</strong> LE PEN ne<br />
pas gaspiller <strong>de</strong>s milliards dans <strong>de</strong>s structures<br />
à l’efficience discutable plutôt que d’imposer<br />
à l’industrie du médicament <strong>de</strong>s restrictions<br />
financières, plus sévères qu’ailleurs, défavorables<br />
à la pérennité <strong>de</strong> cette filière industrielle<br />
en France, partenaire et partie prenante essentiel<br />
<strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine française et <strong>de</strong> sa recherche.<br />
En effet le défi technologique est lui aussi important.<br />
Il est même <strong>de</strong>venu vital et les efforts<br />
<strong>de</strong> formation comme <strong>de</strong> recherche seront déterminants<br />
dans cette compétition planétaire<br />
où nous avons <strong>de</strong>s atouts qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt<br />
qu’à être mis en valeur. A commencer par notre<br />
inventivité. Mais cela ne suffit pas : il faut travailler<br />
en équipe, favoriser l’accueil d’étudiants<br />
étrangers performants, favoriser l’innovation,<br />
l’innovation <strong>de</strong> rupture qui ose les sauts technologiques,<br />
rapprocher le public et le privé, la<br />
recherche théorique, clinique et l’industrie. La<br />
réforme <strong>de</strong>s universités va dans ce sens et plus<br />
encore le IHU véritables pôles <strong>de</strong> compétitivité<br />
thématique propres à franchir cet obstacle<br />
bien français du cloisonnement.<br />
Si nous progressons dans cette direction collective,<br />
il est certain que les résultats seront à<br />
la hauteur <strong>de</strong> nos succès dans les sciences <strong>de</strong><br />
la vie reconnus par les prix Nobel, pour ne citer<br />
que les <strong>de</strong>rniers, <strong>de</strong> Françoise BARRE-FITOUSSI<br />
et Luc MONTAGNIER, tous <strong>de</strong>ux lauréats en<br />
<strong>20</strong>08 et, <strong>de</strong> Jules HOFFMANN en physiologie<br />
en <strong>20</strong>11.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
53<br />
En tant que parlementaire, je ne peux que<br />
regretter pour la recherche française les conséquences<br />
<strong>de</strong> l’introduction en <strong>20</strong>05 dans la<br />
Constitution, <strong>de</strong> la Charte <strong>de</strong> l’Environnement<br />
dans son article 5 : le principe <strong>de</strong> précaution.<br />
En effet si celui-ci ne <strong>de</strong>vait s’appliquer que<br />
pour <strong>de</strong>s questions relatives à l’environnement<br />
il est, en réalité, avancé à tout bout <strong>de</strong> champs<br />
et en particulier dans le domaine <strong>de</strong> la santé<br />
auquel il ne s’applique théoriquement pas.<br />
Durant ma prési<strong>de</strong>nce à l’Assemblée nationale,<br />
j’ai fait adopter une résolution pour contenir et<br />
faire cesser cette dérive. Il faudra compléter ce<br />
dispositif le plus tôt possible.<br />
Une fois relevé le défi <strong>de</strong> notre recherche,<br />
pourquoi ne retrouverions-nous pas à côté <strong>de</strong><br />
l’industrie du médicament une gran<strong>de</strong> industrie<br />
dans les biotechnologies, l’imagerie, la<br />
robotique, l’instrumentation, les prothèses et<br />
autres dispositifs implantables puisque nous<br />
disposons <strong>de</strong> tous les composants et les savoirfaire<br />
pour les développer et les industrialiser.<br />
Avec la numérisation du corps humain s’ouvre<br />
une nouvelle et très vaste étape en télémé<strong>de</strong>cine.<br />
Avec la génomique, la mé<strong>de</strong>cine personnalisée<br />
et la mé<strong>de</strong>cine prédictive avec les<br />
biotechnologies, avec les cultures <strong>de</strong> tissus, la<br />
mé<strong>de</strong>cine régénérative, les horizons qui s’ouvrent<br />
vont faire évoluer considérablement les<br />
pratiques ; la mé<strong>de</strong>cine française doit relever<br />
ce défi pour sa qualité, sa mo<strong>de</strong>rnité, elle le<br />
peut pour sa propre efficience comme pour<br />
notre rayonnement scientifique technologique<br />
et industriel.<br />
L’un <strong>de</strong>s défis qui <strong>de</strong>vra être relevé sans tar<strong>de</strong>r<br />
est le défi du financement <strong>de</strong> l’Assurance<br />
maladie. Notre système en effet coûte et coûtera<br />
<strong>de</strong> plus en plus cher, il faut d’abord penser<br />
à la meilleure efficience financière <strong>de</strong>s soins<br />
ambulatoires comme en établissement. Le<br />
développement <strong>de</strong>s réseaux, <strong>de</strong>s parcours <strong>de</strong><br />
soins, la délégation <strong>de</strong>s tâches, une véritable<br />
coopération public-privé, la chirurgie ambulatoire<br />
pour laquelle nous avons un important<br />
retard, une administration hospitalière décentralisée<br />
avec partout une bonne circulation<br />
<strong>de</strong>s données <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> la FMC et<br />
du Développement Professionnel Continu, et<br />
toujours et surtout <strong>de</strong> l’évaluation. Mais quoi<br />
que l’on fasse la hausse <strong>de</strong>s dépenses reflétera<br />
l’allongement <strong>de</strong> la vie, le vieillissement et le<br />
progrès en tous domaines. Or le financement<br />
<strong>de</strong> la protection sociale est actuellement dans<br />
notre pays essentiellement assis sur la production<br />
: entreprises et salariés.<br />
Avec un déficit annuel <strong>de</strong> la seule Assurance<br />
maladie qui en <strong>20</strong>12 a atteint 7 milliards<br />
d’euros et qui sera toujours là en <strong>20</strong>13 avec une<br />
<strong>de</strong>tte sociale cumulée <strong>de</strong> 210 milliards le défi<br />
est <strong>de</strong> taille.<br />
Or il faut – la Droite et la Gauche en sont d’accord<br />
– alléger les charges pesant sur le travail<br />
sous peine <strong>de</strong> tuer la poule aux œufs d’or en<br />
mettant en difficulté notre économie déjà en<br />
mal <strong>de</strong> compétitivité du fait du poids <strong>de</strong>s prélèvements<br />
obligatoires. Quels que soient les<br />
Gouvernements la fiscalité est appelée à se<br />
substituer en partie aux cotisations sociales<br />
supportées par l’appareil <strong>de</strong> production : la<br />
CSG, selon la Gauche, ou la TVA selon la Droite.<br />
Finalement, ce pourrait bien être les <strong>de</strong>ux, tant<br />
les besoins sont importants.<br />
Le secteur complémentaire ne doit pas sortir<br />
<strong>de</strong> son rôle car l’Assurance maladie se cantonnera<br />
nécessairement <strong>de</strong> plus en plus sur<br />
les soins <strong>de</strong>s maladies graves ou chroniques.<br />
Enfin il ne faut pas oublier, parce que c’est en<br />
France que subsiste l’un <strong>de</strong>s reste-à-charge les<br />
plus modérés, <strong>de</strong> réfléchir à un mécanisme <strong>de</strong><br />
bouclier sanitaire ou le reste-à-charge serait<br />
proportionnel aux revenus.<br />
Finalement les défis <strong>de</strong> notre temps auxquels<br />
la mé<strong>de</strong>cine française est confrontée ce sont<br />
les mêmes que ceux que va <strong>de</strong>voir surmonter<br />
notre pays. Est-ce étonnant alors que notre art<br />
a toujours été largement marqué par les différentes<br />
époques ou <strong>de</strong>s drames qui ont fait<br />
l’histoire <strong>de</strong> France ?<br />
La globalisation dans un mon<strong>de</strong> multipolaire<br />
où les cartes <strong>de</strong> la croissance et du développement<br />
sont violemment rebattues est le<br />
premier défi auquel notre pays est confronté<br />
avec toutes les conséquences économiques<br />
financières et sociales qui pourraient remettre<br />
en cause notre niveau <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> protection<br />
sociale si nous l’ignorions.<br />
C’est pourquoi je crois que pour la mé<strong>de</strong>cine<br />
comme pour la France le temps <strong>de</strong> réformes<br />
importantes est venu. Il n’est pas le lieu ici <strong>de</strong><br />
les détailler mais ce que nous <strong>de</strong>vons améliorer<br />
ou plutôt réformer c’est bien notre irrépressible<br />
tendance à multiplier les couches administratives,<br />
à complexifier les procédures. Tout<br />
cela s’accompagne ou découle d’un nombre<br />
excessif d’élus, <strong>de</strong> textes et <strong>de</strong> fonctionnaires<br />
administratifs dont les rôles et les tâches sont<br />
trop souvent redondantes quand elles ne se<br />
contrarient ou contredisent pas. Tout cela a<br />
un coût et il <strong>de</strong>vient insupportable pour le<br />
contribuable, que celui-ci soit un citoyen, dont<br />
la consommation diminue, ou une entreprise<br />
dont la compétitivité s’effondre, ce double mécanisme<br />
est auto<strong>de</strong>structeur : il crée et développe<br />
le chômage.<br />
A cela il faut ajouter nos spécificités bien françaises<br />
qui font que trop souvent chacun travaille<br />
dans son coin à côté <strong>de</strong> l’autre quand ce<br />
n’est pas contre l’autre, réservant ses critiques<br />
les plus acerbes à ses propres amis : le public<br />
contre le privé, le gros contre le petit, l’effort et<br />
le mérite contre l’assistance, les sciences dures<br />
contre les sciences humaines ; parfois c’est <strong>de</strong><br />
l’indifférence ou du mépris qui prévalent entre<br />
la recherche théorique et l’industrie, parfois<br />
enfin ce sont <strong>de</strong>s oppositions idéologiques<br />
contestant le modèle <strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> marché<br />
et prônant la décroissance et remettant en<br />
cause les vérités scientifiques comme les progrès<br />
technologiques allant jusqu’à refuser la<br />
recherche comme sur les gaz <strong>de</strong> schistes tout<br />
en défendant l’utopie du risque zéro.<br />
Eh bien la mé<strong>de</strong>cine française a aussi tous ces<br />
défis à surmonter. Je suis convaincu que cela<br />
est à sa portée au prix d’une volonté déterminée<br />
<strong>de</strong> décloisonnement d’une simplification<br />
drastique, d’un travail toujours coordonné<br />
entre tous les acteurs et tous les secteurs, la<br />
démultiplication <strong>de</strong>s capacités par la complémentarité.<br />
Bref une mé<strong>de</strong>cine qui comme chacun l’a fait<br />
jusque-là donne le meilleur, récompense l’audace<br />
dans la recherche et l’effort, le mérite et la<br />
qualité en toute chose, évalue objectivement<br />
et privilégie toujours la compétence, la qualité<br />
et l’audace.<br />
En somme les mêmes mesures que celles que<br />
les Gouvernements quels qu’ils soient <strong>de</strong>vront<br />
mettre en œuvre pour redresser notre pays,<br />
c’est le vœu que je forme.<br />
Je vous remercie.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
55<br />
TRIBUNE LITTÉRAIRE<br />
Par Henri JUDET<br />
Evocation d’Alexis CARREL<br />
Le 5 novembre 1976, Avenue <strong>de</strong> Breteuil, <strong>de</strong>vant<br />
un domicile où il inaugure une plaque<br />
commémorative Bernard Lafay, ancien résistant,<br />
prési<strong>de</strong>nt du Conseil Municipal <strong>de</strong> Paris,<br />
déclare dans son allocution :<br />
« La ville <strong>de</strong> Paris entend témoigner son estime et<br />
sa gratitu<strong>de</strong> au précurseur dont les travaux sont à<br />
la source <strong>de</strong> l’évolution mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s techniques<br />
chirurgicales et <strong>de</strong> la biologie cellulaire mais aussi<br />
à l’homme d’une qualité morale exceptionnelle ».<br />
Le 18 novembre 1994, soit <strong>20</strong> ans plus tard,<br />
Bertrand Delanoë, futur maire <strong>de</strong> Paris en campagne<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> le changement <strong>de</strong> nom d’une<br />
rue portant celui d’un mé<strong>de</strong>cin « partisan <strong>de</strong><br />
l’élimination au gaz <strong>de</strong> certaines catégories humaines<br />
jugées déficientes ».<br />
Ces <strong>de</strong>ux allocutions, pour le moins contradictoires,<br />
exprimées à <strong>20</strong> ans d’intervalle désignent<br />
le même homme : Alexis Carrel.<br />
Entre l’éloge enthousiaste et la condamnation<br />
infamante où se trouve la vérité ? C’est là toute<br />
l’ambiguïté d’Alexis Carrel.<br />
Le 28 juin 1873 naît à Sainte-Foie-lès-Lyon<br />
Marie Joseph Auguste Billiard d’un père Alexis<br />
Carrel-Billiard négociant et d’Anne-Marie Ricard<br />
son épouse. Ce n’est que beaucoup plus tard<br />
aux Etats-Unis que Carrel adoptera le nom et<br />
prénom <strong>de</strong> son père, supprimant Billiard trop<br />
difficile à prononcer pour les américains.<br />
Les Carrel-Billiard font partie <strong>de</strong>puis le 18ème<br />
siècle <strong>de</strong> la bourgeoisie Lyonnaise du textile.<br />
A environ 5 km <strong>de</strong> la Place Bellecour, perchée<br />
sur une colline qui domine à 300 mètres d’altitu<strong>de</strong><br />
le confluent <strong>de</strong> la Saône et du Rhône,<br />
Sainte-Foy est alors un gros village agricole parsemé<br />
<strong>de</strong> vignes et <strong>de</strong> vergers.<br />
Toute sa vie Alexis Carrel va subir l’empreinte<br />
<strong>de</strong> ce lieu « Nous sommes les esclaves du lieu où<br />
nous avons passé notre enfance, c’est l’horizon immense<br />
<strong>de</strong> Sainte-Foy qui fait que je n’ai jamais pu<br />
habiter dans une rue, que j’habite à New York sur<br />
le toit d’une maison, dans un penthouse et qu’à<br />
l’Institut Rockefeller mon bureau plane au <strong>de</strong>ssus<br />
<strong>de</strong> l’East River ».<br />
A l’âge <strong>de</strong> 4 ans, il perd son père. Sa mère, âgée<br />
<strong>de</strong> 25 ans l’éduque dans un sens moral absolu,<br />
sévérité envers soi-même, mépris <strong>de</strong>s distractions.<br />
Il va faire <strong>de</strong> bonnes étu<strong>de</strong>s chez les jésuites<br />
qu’il juge trop rigi<strong>de</strong>s mais auxquels il doit le<br />
questionnement spirituel qui ne le quittera<br />
jamais et un idéal altruiste ; « Je suis persuadé<br />
actuellement que la seule vie qui me convienne<br />
consiste à travailler afin <strong>de</strong> diminuer la souffrance<br />
morale, physique et intellectuelle <strong>de</strong>s autres et <strong>de</strong><br />
servir à leur progrès » ; le choix <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s médicales<br />
n’est donc pas fortuit.<br />
Nommé interne en 1896, il choisit la chirurgie<br />
et ses maîtres seront les grands chirurgiens <strong>de</strong><br />
l’Ecole lyonnaise : Jaboulay, Ollier, Pollasson,<br />
Poncet, Testut, Vallas.<br />
Excellent interne, il sera ai<strong>de</strong> d’anatomie en<br />
1898 et prosecteur l’année suivante. Il soutient<br />
sa thèse le 2 juillet 1900 sur le goitre cancéreux<br />
et reçoit la mention « Très bien avec éloges ».<br />
Dès 1896, il se lance dans l’expérimentation animale<br />
dans le laboratoire du Professeur Saulier à<br />
la faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Lyon.<br />
Mais, au cours <strong>de</strong> ses années d’internat, il traverse<br />
une crise spirituelle « Dieu seul donne l’explication<br />
<strong>de</strong> la vie. Si nous étions vraiment persuadés<br />
<strong>de</strong> son existence, si nous étions logiques, nous<br />
<strong>de</strong>vrions tout abandonner et ne nous occuper que<br />
d’observer les lois qu’il a fixé ».<br />
Et en mai 1902, il accompagne un train <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s<br />
qui se ren<strong>de</strong>nt en pèlerinage à Lour<strong>de</strong>s.<br />
Il consigne, heure par heure, la guérison dans<br />
la grotte <strong>de</strong> Marie Bailly 22 ans, atteinte d’une<br />
péritonite tuberculeuse en phase terminale.<br />
Mais Carrel refuse <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> Miracle. Il reconnait<br />
seulement qu’il s’est passé quelque chose<br />
et il écrira « Au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> toutes les hypothèses et<br />
<strong>de</strong> toutes les théories, il y a les faits. Un fait a une<br />
autonomie suffisante pour s’imposer envers et<br />
contre toutes les théories ».<br />
Alexis CARREL<br />
Mais la presse s’empare <strong>de</strong> l’affaire et cette observation<br />
poursuivra Carrel toute sa vie. Elle le<br />
rendra suspect auprès <strong>de</strong>s scientifiques qui lui<br />
reprochent <strong>de</strong> reconnaitre l’intervention d’un<br />
phénomène irrationnel et mécontentera l’opinion<br />
cléricale qui lui reproche l’analyse froi<strong>de</strong><br />
et clinique <strong>de</strong>s symptômes sans référence au<br />
Miracle.<br />
Cette polémique écœure Carrel qui, sans soutien<br />
à Lyon après le départ d’Antoine Poncet<br />
pour Paris, en but à l’hostilité du Docteur Jean-<br />
Victor Augagneur maire <strong>de</strong> Lyon, trop indépendant<br />
d’esprit pour intriguer, déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> renoncer<br />
aux Concours après 2 échecs et <strong>de</strong> quitter Lyon<br />
pour Paris.<br />
Puis, déçu par les conditions existantes pour<br />
l’expérimentation et la recherche, il s’embarque<br />
en Mai 1904 pour Montréal.<br />
Dès le mois <strong>de</strong> Juin, il présente au congrès <strong>de</strong><br />
la Société Médicale <strong>de</strong> Montréal une communication<br />
d’un quart d’heure « Les anastomoses<br />
vasculaires et leurs techniques opératoires ». Elle<br />
fait sensation alors que l’article princeps paru<br />
dans le « Lyon Médical » le 8 juin 1902 était passé<br />
inaperçu.<br />
« Nous avons abouti à la conclusion que la seule<br />
technique raisonnable est la suture, la couture<br />
<strong>de</strong>s vaisseaux bout-à-bout ou en T’ par <strong>de</strong>s points<br />
à l’aiguille au fil très fin <strong>de</strong> soie ou <strong>de</strong> coton. Pour<br />
nous, le problème <strong>de</strong> la suture est résolu ».<br />
La légen<strong>de</strong> rapporte que l’idée lui serait venue<br />
lors <strong>de</strong> l’assassinat à Lyon du Prési<strong>de</strong>nt Sadie
56<br />
TRIBUNE LITTÉRAIRE<br />
Alexis CARREL par Henri JUDET<br />
Carnot ayant assisté <strong>de</strong> près à l’impuissance<br />
<strong>de</strong>s grands chirurgiens lyonnais pour juguler<br />
l’hémorragie.<br />
La légen<strong>de</strong> dit également qu’il se serait entraîné<br />
à la couture auprès d’une célèbre bro<strong>de</strong>use<br />
lyonnaise, Madame Leroudier. Par ailleurs, il<br />
connaissait la technique <strong>de</strong> suture éversante <strong>de</strong><br />
son Maître Jaboulay.<br />
Son habileté chirurgicale impressionne René<br />
Leriche qui écrira « Il a été certainement avec<br />
Jaboulay la plus belle main chirurgicale que j’ai<br />
jamais rencontrée dans une carrière qui m’a fait<br />
connaître la plupart <strong>de</strong>s grands chirurgiens du<br />
mon<strong>de</strong> ».<br />
Dès lors, Alexis Carrel va connaître un fulgurant<br />
succès international. D’abord à l’Université <strong>de</strong><br />
Chicago, puis, après une conférence retentissante<br />
à l’Université John Hopkins à Baltimore,<br />
soutenu par Harvey Cushing, il est engagé par<br />
Simon Flexner à l’Institut Rockefeller à New<br />
York. C’est la chance <strong>de</strong> sa vie ! Il a enfin les<br />
moyens <strong>de</strong> recherche qu’il n’avait pas en France<br />
et il est libre <strong>de</strong> constituer son équipe.<br />
Dès lors, se succè<strong>de</strong>nt les expérimentations<br />
sur les transplantations <strong>de</strong> vaisseau, <strong>de</strong> tissus,<br />
d’organes entiers et les publications dans les<br />
gran<strong>de</strong>s revues Internationales.<br />
Mais Carrel comprend vite que la clé du problème<br />
n’est pas la technique chirurgicale mais<br />
la biologie <strong>de</strong>s tissus et leur compatibilité et il a<br />
l’idée <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> culture<br />
in vitro <strong>de</strong> cellules isolées d’organes vivants.<br />
C’est notamment l’histoire <strong>de</strong> la fameuse culture<br />
<strong>de</strong>s cellules du cœur <strong>de</strong> poulet qu’il pensait<br />
immortelle et qui restera en vie jusqu’en 1946<br />
et dont l’anniversaire était rituellement célébré<br />
chaque année par son équipe.<br />
Devant le succès <strong>de</strong> ses greffes, le public s’enflamme.<br />
« Un docteur Américain d’origine Française,<br />
le Docteur Carrel vient récemment <strong>de</strong> remplacer<br />
avec succès le cœur d’un riche américain<br />
par un cœur <strong>de</strong> singe » titre un journal Américain.<br />
Mais ses succès restent ignorés en France et <strong>de</strong>s<br />
polémiques surgissent aux États-Unis contestant<br />
sa paternité sur les cultures cellulaires,<br />
métho<strong>de</strong> qui aurait été développée auparavant<br />
par l’équipe du Professeur Harrison à l’Université<br />
<strong>de</strong> Yale.<br />
Supportant mal les doutes et les critiques <strong>de</strong><br />
ses collègues, Carrel les invite à venir le voir et<br />
Samuel Pozzi célèbre gynécologue est le premier<br />
à répondre à son invitation. Et Pozzi il décrit<br />
Alexis Carrel : « Je vois venir à moi un homme<br />
Pionniers <strong>de</strong> la chirurgie vasculaire<br />
Carrel, Pionnier <strong>de</strong> la culture <strong>de</strong> cellules<br />
Alexis Carrel et son épouse<br />
<strong>de</strong> petite taille, entièrement rasé à l’américaine, le<br />
front élargi par une calvitie précoce, brun, d’allure<br />
mo<strong>de</strong>ste dont le regard brille sous les verres d’un<br />
lorgnon qu’il ne quitte jamais. Il me fait penser à<br />
ces petits abbés italiens que j’ai rencontrés à Rome<br />
ou à Venise. Il parle d’une voix douce, un peu basse<br />
avec un léger accent américain ».<br />
Et Pozzi va <strong>de</strong> surprise en surprise. Il voit <strong>de</strong>ux<br />
chiens, un noir et un jaune, chacun porteur<br />
d’une patte antérieure blanche empruntée à un<br />
troisième, un chien blanc qui a donné <strong>de</strong>puis<br />
plusieurs semaines son rein à un chien jaune.<br />
Il assiste à la mise en place d’un greffon veineux<br />
entre les <strong>de</strong>ux extrémités d’une caroti<strong>de</strong><br />
sectionnée. Le sang passe normalement sans<br />
aucune fuite.<br />
Pozzi stupéfait et conquis rapporte ses travaux<br />
à l’Académie <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cineo où Il suscite un intérêt<br />
poli.<br />
Mais le 10 octobre 1912, le prix Nobel <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine<br />
et physiologie est attribué à Alexis Carrel<br />
« en reconnaissance <strong>de</strong> ses travaux sur la suture<br />
<strong>de</strong>s vaisseaux et la transplantation d’organes ».<br />
Le rapport <strong>de</strong> Jules Akerman au comité Nobel<br />
stipule :<br />
« C’est Alexis Carrel qui le premier par ces travaux<br />
commencés à Lyon il y a dix à douze ans inventa<br />
une métho<strong>de</strong> meilleure et plus sure pour recoudre<br />
les vaisseaux. La métho<strong>de</strong> s’est montrée sûre et<br />
efficace par le fait qu’elle préserve <strong>de</strong>s hémorragies<br />
postopératoire et <strong>de</strong>s embolies. Mais son plus<br />
grand mérite est <strong>de</strong> ne pas produire <strong>de</strong> rétrécissement<br />
à l’endroit <strong>de</strong> la suture. Se servant <strong>de</strong> la<br />
même métho<strong>de</strong>, Carrel a aussi remplacé la patte<br />
d’un animal par une autre et remis une jambe<br />
amputée à son ancienne place ».<br />
Et les États-Unis revendiquent leur premier<br />
Prix Nobel mais la Presse Française titre « Une<br />
victoire <strong>de</strong> la Science Française ». Par contre<br />
silence et indifférence <strong>de</strong> la France officielle, «<br />
en France, pas un mot n’a été prononcé par le chef<br />
<strong>de</strong> l’État, pas un compliment n’a été formulé par<br />
le Ministre <strong>de</strong> l’Instruction Publique. L’Institut, la<br />
Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine, la Sorbonne sont <strong>de</strong>meurés<br />
muets. Carrel fut élevé à la Faculté <strong>de</strong> Lyon. Il n’a<br />
pas reçu d’elle en la circonstance un seul éloge »<br />
écrit le Télégramme <strong>de</strong> Toulouse.<br />
On ne lui pardonne toujours pas l’affaire <strong>de</strong><br />
Lour<strong>de</strong>s, on ne lui pardonne pas son départ à<br />
l’étranger et par-<strong>de</strong>ssus tout on ne lui pardonne<br />
pas ses attaques contre les institutions médicales<br />
françaises et <strong>de</strong>s propos tels que « La préférence<br />
que les universités françaises témoignent<br />
aux forts en thème tue la Science Française » ou<br />
encore « Les Français sont piteux parce qu’ils sont<br />
ignorants <strong>de</strong> tout en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur spécialité ». Tel<br />
est Carrel, abrupte, cassant, disant ce qu’il pense<br />
sans ménager l’interlocuteur.<br />
Malgré tout, il reste fidèle à la Nationalité Française<br />
et surtout montre un attachement indéfectible<br />
à Lyon. Il n’oublie pas dans son discours<br />
<strong>de</strong> remerciement ses maîtres lyonnais et sera<br />
presque aussi fier <strong>de</strong> sa désignation comme<br />
membre du Rotary Club <strong>de</strong> Lyon en 1939 que<br />
<strong>de</strong> sa nomination au Prix Nobel.<br />
Et le prix lui servira à acheter la belle petite île<br />
<strong>de</strong> Saint Gildas dans la Manche où il viendra<br />
chaque été se ressourcer.<br />
Il est nommé correspondant National <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine en 1913 mais ne serra élu<br />
correspondant <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong>s Sciences dans<br />
la section Mé<strong>de</strong>cine et <strong>Chirurgie</strong> qu’en 1927.<br />
En 1913 Carrel épouse Anne <strong>de</strong> la Motte, <strong>de</strong>scendante<br />
<strong>de</strong> famille aristocratique, veuve et<br />
mère d’un enfant. Pour lui, les femmes doivent<br />
être rétablies dans leur fonction naturelle qui
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
57<br />
est <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s enfants et <strong>de</strong> les élever. Or, celle<br />
qu’il épouse est tout le contraire <strong>de</strong> ce qu’il<br />
prône. C’est une maîtresse femme, sportive, un<br />
tempérament <strong>de</strong> chef, <strong>de</strong> meneuse d’homme «<br />
Elle commandait à tout le mon<strong>de</strong> y compris à son<br />
mari » dira un proche. Mais elle admire et respecte<br />
son mari avec qui elle ne vit qu’une partie<br />
<strong>de</strong> l’année. Elle est à ses côtés sur les champs <strong>de</strong><br />
bataille <strong>de</strong> 14-18 et sera la première femme décorée<br />
<strong>de</strong> la Croix <strong>de</strong> guerre avec palme en 1915.<br />
À la déclaration <strong>de</strong> guerre en 1914 Carrel est<br />
Mé<strong>de</strong>cin Ai<strong>de</strong> Major <strong>de</strong> 2e classe et assistant<br />
jusqu’en Novembre 1914 du Professeur Léon<br />
Bérard à l’Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Lyon.<br />
S’étant rendu sur le front <strong>de</strong> la Somme, il est<br />
horrifié par l’inefficacité <strong>de</strong>s traitements aux<br />
blessés et par le manque d’asepsie. Il a réussi<br />
début 1915 à faire créer un Hôpital expérimental<br />
pour soigner les blessés et perfectionner le<br />
traitement <strong>de</strong>s plaies infectées. C’est l’Hôpital<br />
Temporaire N°21 du Rond Royal à Compiègne<br />
à 14 km du front.<br />
Une équipe <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cins, <strong>de</strong> scientifiques et <strong>de</strong><br />
chirurgiens entourent Carrel et sa femme fait<br />
fonction <strong>de</strong> superintendante <strong>de</strong> l’équipe d’infirmières.<br />
Mais surtout, il fait venir Henry Drysdale<br />
Dakin, chimiste anglais ayant émigré aux USA<br />
en 1905. À partir <strong>de</strong> l’hypochlorite <strong>de</strong> Sou<strong>de</strong> il a<br />
créé un antiseptique facile à préparer, puissant<br />
et inoffensif. C’est le fameux Dakin que nous<br />
avons tous pu trouver en bonne place sur les<br />
chariots <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> nos Hôpitaux.<br />
Dès lors se développe ce que l’on va appeler<br />
la « métho<strong>de</strong> Carrel » exposée notamment dans<br />
un ouvrage en 1917 « Le traitements <strong>de</strong>s plaies<br />
infectées » : Débri<strong>de</strong>ment large et complet <strong>de</strong><br />
la plaie et instillation continue ou intermittente<br />
<strong>de</strong> solutions <strong>de</strong> Dakin.<br />
« Nous avons trouvé qu’une substance fortement<br />
bactérici<strong>de</strong> et cependant peu irritante telle que<br />
l’hypochlorite <strong>de</strong> sou<strong>de</strong> <strong>de</strong> Dakin stérilise une plaie<br />
si elle entre en contact du microbe pendant un certain<br />
temps et sous une concentration déterminée.<br />
Seul l’examen bactériologique permet <strong>de</strong> déterminer<br />
le moment où l’irrigation doit être arrêtée,<br />
c’est-à-dire lorsque les microbes ont disparu ».<br />
Le rond royal<br />
Carrel et Lindbergh<br />
L’efficacité est attestée par Carrel. Sur 303 blessés<br />
soignés au Rond Royal entre décembre<br />
1915 et octobre 1916 seul 13 meurent et il n’y a<br />
que <strong>de</strong>ux septicémies.<br />
Cette métho<strong>de</strong> exigeante se heurte à l’hostilité<br />
<strong>de</strong> nombreux chirurgiens civils et militaires.<br />
Almroth Wright, Mé<strong>de</strong>cin Colonel <strong>de</strong> l’Armée<br />
Britannique à qui l’on doit la vaccination antithyroïdique<br />
affirme « Le traitement <strong>de</strong>s plaies<br />
suppurantes au moyen d’antiseptique est illusoire<br />
et la croyance en son efficacité est fondée sur <strong>de</strong>s<br />
raisonnements faux ».<br />
Carrel pour convaincre, incite ses collègues à<br />
venir sur place, ce que Wright fera en 1916, lors<br />
<strong>de</strong> la première Conférence Interalliée il déclare<br />
que la métho<strong>de</strong> Carrel était la plus gran<strong>de</strong><br />
contribution à la chirurgie <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>puis le<br />
début du conflit et Carrel va recevoir les visites<br />
<strong>de</strong> Poincaré, Millerrand, Clémenceau. En 1917 il<br />
est fait Comman<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la Légion d’Honneur.<br />
Au printemps 1917 Carrel crée une formation<br />
mobile qu’il appellera « auto-chir » capable <strong>de</strong><br />
traiter les blessés sur le front même, rappelant<br />
les ambulances <strong>de</strong> Dominique Larrey. Mais<br />
déçu par l’incompréhension <strong>de</strong>s autorités militaires,<br />
il estime que « rien <strong>de</strong> pratique ne peut<br />
être organisé en France » et il retourne à l’Institut<br />
Rockefeller où il reprend ses travaux.<br />
Le 28 novembre 1930, il rencontre Charles<br />
Lindbergh, le héros<br />
<strong>de</strong> la traversée <strong>de</strong><br />
l’Atlantique <strong>de</strong>venu<br />
un ingénieur remarquable.<br />
Alexis Carrel<br />
est fasciné par cette<br />
synthèse <strong>de</strong> qualité<br />
chez le même<br />
individu, « D’ailleurs<br />
les hommes qui font<br />
<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s choses<br />
sont capables <strong>de</strong> les<br />
réaliser dans tous les<br />
domaines. Je ne crois<br />
pas au génie manqué ».<br />
Il cherche un appareil permettant <strong>de</strong> maintenir<br />
en vie pendant longtemps un organe libre<br />
jouant le rôle <strong>de</strong> cœur et <strong>de</strong> poumons. Lindbergh<br />
met au point une pompe fermée, d’une<br />
asepsie absolue, réplique presque parfaite <strong>de</strong>s<br />
poumons, du cœur et <strong>de</strong>s vaisseaux sanguins.<br />
« Pour la première fois dans l’histoire <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine,<br />
un modèle mécanique vient d’être développé<br />
qui permet à un organe entier <strong>de</strong> vivre séparer du<br />
corps » déclare Carrel.<br />
En fait, avec cet appareil, il s’intéressera plus à<br />
l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s organes du point <strong>de</strong> vue physiologique<br />
qu’à celle <strong>de</strong>s transplantations à laquelle<br />
il a renoncé jugeant insurmontable le problème<br />
du rejet.<br />
Longtemps très proche <strong>de</strong> Lindbergh, il vécut<br />
<strong>de</strong> très près l’enlèvement et la mort <strong>de</strong> son fils,<br />
il s’en éloignera lorsqu’il prônera <strong>de</strong>s opinions<br />
pro-alleman<strong>de</strong>s.<br />
« Un <strong>de</strong>s seuls qui n’est pas compris est ce malheureux<br />
Lindbergh. Il se suici<strong>de</strong> littéralement par les<br />
bêtises qu’il profère. Son rôle je crois est terminé ».<br />
En 1935, sur l’insistance <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> ses amis<br />
Alexis Carrel publie un livre rédigé simultanément<br />
en Anglais et Français. Le titre Anglais sera<br />
« Man the Unknown» mais le titre Français nécessitera<br />
<strong>de</strong> longues hésitations : « L’Homme<br />
s’ignore ou » ou encore « L’Homme être inconnu<br />
» et finalement coup <strong>de</strong> génie publicitaire :<br />
« L’Homme cet inconnu ».<br />
Sa réflexion part d’un constat très répandu à<br />
l’époque : toute la civilisation occi<strong>de</strong>ntale est en<br />
danger et ce danger menace à la fois la race, les<br />
nations, la civilisation et il écrit dans sa préface :<br />
« L’Homme ne peut s’adapter au mon<strong>de</strong> sorti <strong>de</strong><br />
son cerveau et <strong>de</strong> ses mains. Il n’a pas d’autre solution<br />
<strong>de</strong> le refaire d’après les lois biologiques <strong>de</strong> la<br />
vie. Et la base <strong>de</strong> cette reconstruction, il ne peut la
58<br />
TRIBUNE LITTÉRAIRE<br />
Alexis CARREL par Henri JUDET<br />
trouver que dans la connaissance <strong>de</strong> son corps et<br />
<strong>de</strong> son âme.<br />
Toutes les doctrines politiques et économiques<br />
ont jusqu’à présent négligé la science <strong>de</strong> l’homme.<br />
Cependant nous connaissons la puissance <strong>de</strong> la<br />
métho<strong>de</strong> scientifique. La science a su conquérir le<br />
mon<strong>de</strong> matériel. Elle nous donnera quand nous le<br />
voudrons la maîtrise du mon<strong>de</strong> vivant et <strong>de</strong> nousmêmes.<br />
Il faut donc abandonner les systèmes philosophiques<br />
et mettre toute notre confiance dans les<br />
concepts scientifiques.<br />
La rénovation <strong>de</strong> notre civilisation <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
façon impérative outre une gran<strong>de</strong> impulsion<br />
spirituelle, la connaissance <strong>de</strong> l’homme dans sa<br />
totalité.<br />
Pour édifier une vraie science <strong>de</strong> l’homme et une<br />
technologie <strong>de</strong> la civilisation, il nous faut créer <strong>de</strong>s<br />
centres <strong>de</strong> synthèse ou la pensée collective forgera<br />
la connaissance nouvelle.<br />
La rénovation ne sera faite par personne si ce n’est<br />
par nous-mêmes ».<br />
Il est certain que les idées exprimées dans ce<br />
livre correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s préoccupations sociétales<br />
<strong>de</strong> l’époque car c’est un succès <strong>de</strong> librairie<br />
fulgurant et planétaire.<br />
- Un million d’exemplaires sont vendus<br />
- Les rééditions et les tirages se succè<strong>de</strong>nt<br />
- La traduction est faite en plus <strong>de</strong> <strong>20</strong> langues<br />
- Et les critiques sont pour la plupart <strong>de</strong>s plus<br />
favorables :<br />
« Livre prodigieux par ce qu’il contient dans 400<br />
pages tout ce que les sciences actuelles sont capables<br />
<strong>de</strong> nous apprendre sur notre vie physiologique<br />
et sur le corps humain. Livre passionnant<br />
par ce que le savant se penche sur notre malaise,<br />
sur notre inquiétu<strong>de</strong> d’homme mo<strong>de</strong>rne et qu’il<br />
entend par la science y porter remè<strong>de</strong> » (le Petit<br />
Parisien).<br />
Seules quelques voies émettent <strong>de</strong>s réserves<br />
tels que les intellectuels catholiques écrivant<br />
dans la revu « Esprit » « Une oeuvre certes exceptionnellement<br />
riche mais pleine d’équivoque. Portant<br />
une morale biologique qui finit par aboutir à<br />
un immoralisme ».<br />
Ou encore Mag<strong>de</strong>leine Paz dans la revue « Information<br />
Sociale » : « Sans qu’on puisse dégager <strong>de</strong><br />
ce livre une doctrine cohérente, on peut en ramassant<br />
ses sympathies et ses répulsions dispersées,<br />
conclure que les chemins détournés mènent assez<br />
distinctement vers le fascisme ».<br />
Survient la déclaration <strong>de</strong> guerre en 1939. Après<br />
hésitation, Alexis Carrel rentre en France. Son<br />
grand projet, issu <strong>de</strong>s réflexions <strong>de</strong> « L’Homme<br />
cet inconnu » est la création d’une Fondation<br />
Française pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s problèmes humains.<br />
Il cherche les moyens <strong>de</strong> la réaliser et rencontre<br />
en Mars 1941 le Maréchal Pétain.<br />
Il y a convergence d’idées entre Alexis Carrel<br />
avec son projet <strong>de</strong> régénérer l’homme et la<br />
société et le Maréchal avec son idéologie <strong>de</strong> la<br />
Révolution <strong>Nationale</strong>.<br />
Le régime <strong>de</strong> Vichy institut la Fondation. Bien<br />
que Carrel n’ait jamais eu <strong>de</strong> participation politique,<br />
il a refusé un secrétariat d’État à la santé<br />
proposé par Laval en 1942 au prétexte qu’il<br />
avait mieux à faire que <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir ministre, sa<br />
personnalité va rester entachée du soupçon <strong>de</strong><br />
collaboration.<br />
En fait, la Fondation « qui a trait à la régénération,<br />
à la sauvegar<strong>de</strong> et au progrès <strong>de</strong> l’individu<br />
et <strong>de</strong> la race » sera peut contrôlée par Carrel.<br />
Confiée à un « régent », François Perroux avec<br />
lequel il entre en conflit, elle est accusée <strong>de</strong> faire<br />
une œuvre « anarchique et incohérente ». Carrel<br />
souffre <strong>de</strong> troubles gastriques et cardiaques et<br />
il se retire le plus souvent dans son île <strong>de</strong> Saint<br />
Gildas.<br />
Lors <strong>de</strong> longues discussions avec un moine,<br />
Dom Alexis Presse, il rêve d’un retour au monarchisme<br />
du Moyen Âge « La vie monastique pourrait<br />
donner à ceux qui tenteraient la gran<strong>de</strong> aventure<br />
d’une gran<strong>de</strong> rénovation le désintéressement<br />
et la lumière indispensable. Seuls les saints seront<br />
capables d’utiliser le pouvoir <strong>de</strong> la Science pour le<br />
progrès <strong>de</strong> l’humanité ».<br />
Et il écrit son <strong>de</strong>rnier livre « La prière », laissant<br />
libre cours au sens mystique qui ne la jamais<br />
quitté <strong>de</strong>puis son éducation chez les jésuites<br />
« Joint à l’instruction, au sens moral, au sens du<br />
beau et à la lumière <strong>de</strong> l’intelligence, le sens du<br />
sacré donne à la personnalité son plein épanouissement<br />
».<br />
Mais le 23 Août 1944 il est suspendu <strong>de</strong> ses<br />
fonctions à la tête <strong>de</strong> la Fondation par un décret<br />
du nouveau secrétaire général à la Santé, Pasteur<br />
Vallery-Radot. Bien qu’accusé <strong>de</strong> collaboration,<br />
il n’est pas vraiment poursuivi et meurt<br />
le 5 Novembre à son domicile rue <strong>de</strong> Breteuil à<br />
Paris.<br />
Il est enterré au Père Lachaise puis à Saint Gildas<br />
où il repose toujours dans l’oratoire <strong>de</strong>rrière sa<br />
maison.<br />
Après sa mort, en dépit<br />
<strong>de</strong>s accusations<br />
<strong>de</strong> collaboration, son<br />
livre, « L’Homme cet<br />
inconnu » poursuit<br />
sa carrière (10.000<br />
exemplaires par an).<br />
Des plaques commémoratives<br />
et<br />
<strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> rue lui<br />
sont attribués dans<br />
plusieurs villes <strong>de</strong><br />
France.<br />
En 1969, 4 Facultés<br />
<strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine sont<br />
créées à Lyon.<br />
L’une d’elles porte le<br />
nom d’Alexis Carrel<br />
et ce d’autant qu’il<br />
avait obtenu la participation<br />
financière<br />
<strong>de</strong> la Fondation Rockefeller<br />
à son édification.<br />
Alexis Carrel et le Ministre <strong>de</strong><br />
la Santé Marcel Héraud 1940<br />
En 1973, aux USA comme en France, <strong>de</strong> nombreuses<br />
manifestations sont organisées pour le<br />
centenaire <strong>de</strong> sa naissance.<br />
Et soudain, à partir <strong>de</strong> 1990, c’est la <strong>de</strong>scente<br />
aux enfers :<br />
- 3 responsables <strong>de</strong>s verts <strong>de</strong> la région Rhône-<br />
Alpes s’adressent au maire <strong>de</strong> Lyon, Michel Noir,<br />
s’indignant qu’une faculté lyonnaise porte le<br />
nom d’Alexis Carrel « qui tient dans « L’Homme<br />
cet inconnu » <strong>de</strong>s propos dignes <strong>de</strong> figurer dans<br />
une anthologie <strong>de</strong> penseur Nazis.<br />
- En 1991 dans son programme du Front National,<br />
Bruno Mégret cite le nom <strong>de</strong> Carrel comme<br />
« Père <strong>de</strong> l’écologie » ce qui lui vaut la désignation<br />
<strong>de</strong> théoricien raciste engagé à l’Extrême<br />
Droite ».<br />
- Cette même année, Jean-Pierre Cambrier directeur<br />
<strong>de</strong> Recherche dans l’Industrie Pharmaceutique<br />
déclare que Carrel fut « Le précurseur<br />
du Nazisme et l’inventeur <strong>de</strong>s chambres à gaz ».<br />
- L’université <strong>de</strong> Lyon réagit et propose en 1992<br />
au vote <strong>de</strong> son Conseil d’Administration <strong>de</strong><br />
changer la dénomination <strong>de</strong> la Faculté mais le<br />
vote n’obtint pas la majorité requise et ce n’est<br />
qu’en Janvier 1996 que le nom <strong>de</strong> Carrel disparaîtra.<br />
Dans le même temps <strong>de</strong>s rues sont débaptisées<br />
dans plusieurs villes <strong>de</strong> France.<br />
Alors, que s’est-il passé ?<br />
Les temps ont changé et on découvre autrement<br />
le chapitre 8 <strong>de</strong> « L’Homme cet inconnu »<br />
et on lit :<br />
« L’eugénisme volontaire conduirait non seule-
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
59<br />
ment à la production d’individus plus forts, mais<br />
aussi <strong>de</strong> famille ou la résistance, l’intelligence, et le<br />
courage seraient héréditaires.<br />
Ces familles constitueraient une aristocratie d’où<br />
sortiraient probablement <strong>de</strong>s hommes d’élite.<br />
L’établissement par l’eugénisme d’une aristocratie<br />
biologique héréditaire serait une étape importante<br />
vers la solution <strong>de</strong>s grands problèmes <strong>de</strong><br />
l’heure présente.<br />
La Société doit se protéger contre les éléments qui<br />
sont dangereux pour elle. Ceux qui ont tué, qui ont<br />
volé à main armée, qui ont enlevé <strong>de</strong>s enfants,<br />
qui ont dépouillé les pauvres, qui ont gravement<br />
trompé la confiance du public, un établissement<br />
euthanasique pourvu <strong>de</strong> gaz approprié permettrait<br />
d’en disposer <strong>de</strong> façon humaine et économique<br />
».<br />
On ne peut nier que ces propos provoquent un<br />
profond malaise :<br />
- Bien sûr, à l’époque où est écrit « L’Homme<br />
cet inconnu » l’eugénisme est répandu dans<br />
<strong>de</strong> nombreux pays avec en France une Société<br />
Française d’Eugénisme créée en 1913 et très<br />
active.<br />
- Bien sûr, l’Eugénisme <strong>de</strong> Carrel est un eugénisme<br />
actif « Nous ne pouvons pas supprimer les<br />
enfants <strong>de</strong> mauvaise qualité comme on détruit<br />
dans une portée <strong>de</strong> petit chien ceux qui ont <strong>de</strong>s<br />
défauts. Il y a un seul moyen d’empêcher la prédominance<br />
désastreuse <strong>de</strong>s faibles, c’est <strong>de</strong> développer<br />
les forts qui seuls porteront une ai<strong>de</strong> efficace<br />
aux inférieurs ».<br />
- Bien sûr l’accusation <strong>de</strong> fascisme ou nazisme<br />
est probablement exagérée car Carrel a écrit<br />
« Le National Socialisme est totalement opposé<br />
aux principes fondamentaux <strong>de</strong> la civilisation<br />
occi<strong>de</strong>ntale. Il rejette la culture classique, le<br />
christianisme, le caractère sacré <strong>de</strong> la personne<br />
humaine et <strong>de</strong> la liberté ».<br />
Il n’en reste pas moins que ces propos eugénique<br />
jettent une ombre immense sur son personnage.<br />
Cette ombre, nous ne pouvons pas la<br />
dissiper, mais nous ne pouvons pas non plus,<br />
nous chirurgiens, effacer <strong>de</strong> notre mémoire cet<br />
immense précurseur qui a écrit dès 1902 :<br />
« Pendant les <strong>de</strong>rniers mois <strong>de</strong> l’année 1901 j’ai<br />
commencé <strong>de</strong>s recherches sur le manuel opératoire<br />
<strong>de</strong>s anastomoses vasculaires dans le but <strong>de</strong><br />
réaliser la transplantation <strong>de</strong> certains organes.<br />
Simple curiosité opératoire aujourd’hui, la transplantation<br />
d’une glan<strong>de</strong> pourra peut-être un jour<br />
avoir un intérêt ».<br />
À nous <strong>de</strong> réaliser ce que ce « peut-être un<br />
jour » est <strong>de</strong>venu.<br />
Par Henri JUDET<br />
Cahier <strong>de</strong> l’été indien<br />
Marc SIGUIER (Ed JC Lattès)<br />
Marc Siguier est à la fois un brillant chirurgien<br />
orthopédiste, un navigateur passionné et expérimenté<br />
et un engagé courageux dans les missions<br />
humanitaires <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cin du Mon<strong>de</strong>.<br />
mission humanitaire à haut risque, dont on<br />
pressent qu’il ne reviendra pas, lui est annoncé<br />
par une lettre poste restante <strong>de</strong> Clara reçue aux<br />
Açores au cours <strong>de</strong> son périple.<br />
Ce livre est présenté comme une fiction, mais<br />
<strong>de</strong>rrière cette fiction, on retrouve les expériences<br />
d’une vie : un zeste d’orthopédie, un<br />
grand vent <strong>de</strong> navigation, un engagement<br />
d’humanitaire.<br />
La fiction, c’est la rivalité amoureuse entre <strong>de</strong>ux<br />
chirurgiens, Jacques et Samuel, liés par une profon<strong>de</strong><br />
amitié forgée dans les missions humanitaires<br />
et une anesthésiste, Clara, chacun respectant<br />
l’autre et se refusant à tenter <strong>de</strong> prendre<br />
l’avantage.<br />
La réalité, c’est la <strong>de</strong>scription quotidienne pendant<br />
12 jours d’une navigation <strong>de</strong> retour <strong>de</strong><br />
Jacques vers Belle-Île après une longue errance<br />
à travers l’Atlantique sur son bateau l’Été Indien<br />
pour oublier cette relation à trois <strong>de</strong>venue impossible.<br />
La mort prévisible <strong>de</strong> Samuel qui fui, lui aussi,<br />
cette situation <strong>de</strong> rivalité sans issue vers une<br />
Le sentiment <strong>de</strong> culpabilité joint à la crainte<br />
d’avoir perdu l’amour espéré mais incertain <strong>de</strong><br />
Clara l’amène à écrire chaque jour sur un cahier<br />
en moleskine acheté à Tobago les souvenirs<br />
<strong>de</strong>s expériences vécues ensembles au Tchad et<br />
en Érythrée parfois insoutenables et <strong>de</strong> cette<br />
vie à trois partagée aussi longtemps que possible,<br />
au cours <strong>de</strong> laquelle chacun a dévoilé <strong>de</strong>s<br />
épreuves <strong>de</strong> sa vie passée, les cicatrices qu’elles<br />
ont laissé et la difficulté <strong>de</strong> vivre avec.<br />
Mais, <strong>de</strong>rrière cette histoire parsemée d’épiso<strong>de</strong>s<br />
violents, <strong>de</strong> personnages haut en couleur,<br />
<strong>de</strong> moment <strong>de</strong> communion avec les beautés<br />
<strong>de</strong> la nature africaine, se dévoilent toutes les<br />
interrogations existentielles <strong>de</strong> Jacques : difficulté<br />
d’attachement durable héritée d’épreuves<br />
<strong>de</strong> l’enfance, scepticisme vis-à-vis <strong>de</strong>s comportements<br />
humains, avouant une « vigilance<br />
inquiète » et se définissant comme une « sentinelle<br />
exigeante », doute sur ses motivations<br />
d’humanitaire, interrogation sur le goût <strong>de</strong>s<br />
hommes pour la guerre et le mal en général,<br />
culpabilité vis-à-vis <strong>de</strong>s évènements douloureux<br />
qu’il a vécu et <strong>de</strong>s êtres morts ou torturés<br />
dont il pense qu’il aurait pu orienter différemment<br />
la <strong>de</strong>stinée et finalement interrogation<br />
sur la connaissance <strong>de</strong> sa propre nature.<br />
Un très beau livre, une écriture alerte, <strong>de</strong>s personnages<br />
très présents, <strong>de</strong>s réflexions pleines<br />
<strong>de</strong> finesse et une fin qui laisse place à l’espérance.
62<br />
PROGRAMME DES SÉANCES<br />
LES SÉANCES SONT PUBLIQUES<br />
PROGRAMME DES SÉANCES (les séances sont publiques)<br />
L’Académie se réunit le mercredi<br />
Planning <strong>de</strong>s séances<br />
1er Semestre <strong>20</strong>13<br />
« Les Cor<strong>de</strong>liers »,<br />
14H30 - 17H00<br />
- 9 janvier :<br />
COMMUNICATIONS LIBRES<br />
- 16 janvier :<br />
NEUROCHIRURGIE<br />
- 23 janvier :<br />
SÉANCE SOLENNELLE (16h00-<strong>20</strong>h00)<br />
16H00-18H30 : Salle du Conseil Paris Descartes<br />
18H30-<strong>20</strong>h00 : Musée <strong>Nationale</strong> <strong>de</strong> l’Histoire<br />
<strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine<br />
- 30 janvier :<br />
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE<br />
- 6 février :<br />
7ème SÉMINAIRE <strong>de</strong> CANCÉROLOGIE<br />
CHIRURGICALE ANC, en partenariat avec<br />
l’ICACT<br />
Porte Maillot (9h00-18h00)<br />
- 7 février :<br />
MASTER CLASS (9h00-14h30)<br />
- 13 février :<br />
ORTHOPÉDIE<br />
- <strong>20</strong> février :<br />
COMMUNICATIONS LIBRES<br />
- 27 février :<br />
FORMATION CHIRURGICALE SOLIDAIRE<br />
- <strong>20</strong> mars :<br />
AMBULATOIRE PLÉNIÈRE<br />
- 27 mars :<br />
COMMUNICATIONS LIBRES<br />
- 3 avril :<br />
CHIRURGIE THORACIQUE<br />
- 10 avril :<br />
SÉANCE COMMUNUNE AVEC LA SCV<br />
« SOCIÉTÉ CHIRURGIE VASCULAIRE »<br />
- 17 avril :<br />
Séance en cours d’élaboration<br />
- 24 avril :<br />
Séance en cours d’élaboration<br />
- 15 mai :<br />
TRANSPLANTATIONS MULTI-ORGANES<br />
- 22 mai :<br />
SÉANCE À GRENOBLE<br />
...............................................<br />
Séance du mercredi<br />
<strong>20</strong> février <strong>20</strong>13<br />
14h30 -17h00<br />
« Les Cor<strong>de</strong>liers »<br />
15, rue <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
75006 Paris<br />
Prési<strong>de</strong>nce : François RICHARD<br />
L’académie se réserve le droit d’insérer, en<br />
début <strong>de</strong> séance, une communication rapportant<br />
une innovation chirurgicale nécessitant<br />
une décision rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion.<br />
COMMUNICATIONS LIBRES<br />
JY MABRUT (Lyon) :<br />
Traitement chirurgical <strong>de</strong>s dilatations<br />
congénitales <strong>de</strong>s voies biliaires intra hépatiques,<br />
maladie et syndrome <strong>de</strong> Caroli: résultats<br />
<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> multicentrique AFC <strong>20</strong>12<br />
JY MABRUT (Lyon), R KIANMANESCH<br />
(Reims), E RAGOT, M OUAISSI, JF GIGOT et<br />
le groupe AFC.<br />
Objectif : rapporter les résultats à long<br />
terme <strong>de</strong> la prise en charge chirurgicale<br />
<strong>de</strong>s dilatations congénitales <strong>de</strong>s voies biliaires<br />
intrahépatiques (DCVBIH) (maladie<br />
et syndrome <strong>de</strong> Caroli) à partir d’une étu<strong>de</strong><br />
multicentrique.<br />
Données actuelles : Les DCVBIH sont responsables<br />
d’une stase biliaire qui favorise<br />
la formation <strong>de</strong> lithiase intrahépatique, le<br />
développement <strong>de</strong> complications septiques<br />
mais également <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> dégénérescence<br />
en cholangiocarcinome. Alors<br />
que la résection hépatique est considérée<br />
comme un traitement adapté <strong>de</strong>s formes<br />
unilatérales <strong>de</strong> DCVBIH, la prise en charge<br />
<strong>de</strong>s formes bilatérales et/ ou associées à<br />
une fibrose hépatique congénitale sousjacente<br />
reste débattue.<br />
Métho<strong>de</strong>s : 155 patients d’un âge médian<br />
<strong>de</strong> 55,7 ans ont été inclus <strong>de</strong> façon rétrospective.<br />
Une atteinte hépatique bilatérale,<br />
un syndrome <strong>de</strong> Caroli, une atrophie hépatique,<br />
une lithiase intrahépatique étaient<br />
présentent chez respectivement <strong>31</strong>,0%,<br />
19,4%, 27,7%, et 48,4% <strong>de</strong>s patients. Le<br />
résultat à long terme a été apprécié par le<br />
score Mayo Clinic spécifique <strong>de</strong>s DCVB.<br />
Résultats : Une exérèse complète <strong>de</strong>s-<br />
Les séances sont publiques<br />
DCVBIH a été réalisée chez 90,5% <strong>de</strong>s 148<br />
patients opérés. Après hépatectomie partielle<br />
(n=111), la mortalité était nulle et la<br />
morbidité sévère (Gra<strong>de</strong> ≥3 <strong>de</strong> la classification<br />
<strong>de</strong> Clavien) <strong>de</strong> 15,3%. Après transplantation<br />
hépatique (TH ; n=28), la mortalité<br />
était <strong>de</strong> 10.7% et la morbidité sévère <strong>de</strong><br />
39,3%. Après un suivi moyen <strong>de</strong> 35 mois,<br />
la survie globale était <strong>de</strong> 88,5 % à 5 ans<br />
(88,7% après TH) et le score Mayo Clinic<br />
était considéré comme bon ou excellent<br />
chez 86,0% <strong>de</strong>s patients. La survie à 1 an<br />
était <strong>de</strong> 33,3% chez les 8 patients (5.2%)<br />
qui présentaient <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> cholangiocarcinome.<br />
Conclusion : La réalisation d’une hépatectomie<br />
partielle pour les formes unilatérales<br />
<strong>de</strong> DCVBIH et d’une TH pour les formes<br />
diffuses bilatérales compliquées d’angiocholites<br />
et/ ou d’hypertension portale<br />
permettent d’obtenir d’excellents résultats<br />
à long terme. Alors qu’un traitement prophylactique<br />
<strong>de</strong>s lésions accessibles à une<br />
hépatectomie partielle paraît justifié, le<br />
moment idéal pour réaliser une TH reste à<br />
préciser.<br />
Intervenant : D JAECK (Strasbourg)<br />
R KIANMANESCH (Reims) : Anomalies<br />
<strong>de</strong> la jonction bilio-pancréatique (AJBP)<br />
associées aux dilatations congénitales <strong>de</strong>s<br />
voies biliaires (DCVB) : analyse d’une série<br />
multicentrique franco- européenne <strong>de</strong> 505<br />
mala<strong>de</strong>s. Etu<strong>de</strong> multicentrique <strong>de</strong> l’Association<br />
française <strong>de</strong> chirurgie.<br />
R Kianmanesh (Reims), JY Mabrut (Lyon),<br />
E Ragot, M Ouaissi, JF Gigot, groupe AFC<br />
(Reims, Lyon).<br />
Introduction : Les DCVB sont rares, se caractérisent<br />
par une ou plusieurs dilatations<br />
communicantes <strong>de</strong>s voies biliaires (ampoule<br />
jusqu’en intrahépatique). Elles sont<br />
souvent associées à une AJBP qui se caractérisent<br />
par une jonction anormale entre<br />
les canaux cholédoque (C) et pancréatique<br />
(P) en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la paroi duodénale via<br />
un canal commun trop long, provoquant<br />
un reflux pancréato-biliaire chronique et<br />
favorisant la dégénérescence.Il s’agit d’une<br />
étu<strong>de</strong> multicentrique (38 centres) avec révision<br />
<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s documents d’imagerie,<br />
CR opératoires/histologiques dont le<br />
but était d’évaluer les caractéristiques <strong>de</strong>s
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
63<br />
AJBP au cours <strong>de</strong>s DCVB.<br />
Patients et Métho<strong>de</strong>s : De 1974 à <strong>20</strong>11,<br />
505 ayant une DCVB <strong>de</strong> type I à V (selon<br />
Todani) ont été́ inclus : 239 (47,3%) type<br />
I (119 type Ia, 28 type Ib, 89 type Ic), 19<br />
type II (3,8%, diverticule), 13 type III (2,6%,<br />
cholédococéle), 73 un type IVa (14,4%), 6<br />
un type IVb (1,2%) et 155 un type V (30,7%,<br />
Caroli). Aucune maladie <strong>de</strong> Caroli ne présentait<br />
d’AJBP. Chez les 350 mala<strong>de</strong>s ayant<br />
une DCVB type I-IV (30% enfants), l’âge<br />
médian était <strong>de</strong> <strong>31</strong>,6 ans (0,1-81), le sexe<br />
ratio F/H <strong>de</strong> 3,4. Le diagnostic préopératoire<br />
était réalisé́ sur échographie (80,7%),<br />
bili-IRM (62,2%) ou scanner (56,8%), en<br />
première et sur échoendoscopie (15,3%)<br />
et CPRE (7,5%) en secon<strong>de</strong> intention. 304<br />
mala<strong>de</strong>s (86,8%) étaient symptomatiques :<br />
douleurs (43%), angiocholite (28%), ictère<br />
(27%) et pancréatite aiguë (21%). Le taux<br />
<strong>de</strong> cancer biliaire était <strong>de</strong> 7%.<br />
Résultats : La jonction biliopancréatique<br />
était évaluable chez 263 mala<strong>de</strong>s. Parmi<br />
eux, 72,2% avaient une AJBP. Le taux d’association<br />
<strong>de</strong>s types I, IVa et IVb était respectivement<br />
78,4%, 69,2% et 80%.L’âge<br />
moyen <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s avec vs sans AJBP<br />
était <strong>de</strong> 27 vs 41 ans (p10<br />
mm chez 87,3%), et le taux moyen d’amylase<br />
intrabiliaire <strong>de</strong> 58560 UI/L vs <strong>20</strong>05 UI/L<br />
(p = 0,006). Un taux d’amylase intrabiliaire<br />
>5000 IU/L était associé à une VPP <strong>de</strong><br />
97,4% et une spécificité́ <strong>de</strong> 88,8%. Parmi<br />
les 27 mala<strong>de</strong>s ayant un cancer, 11 (40,7%)<br />
avaient une AJBP.<br />
Conclusion : Une AJBP était associée à̀<br />
72% <strong>de</strong>s DCVB <strong>de</strong> type I-IV. Le taux <strong>de</strong> cancer<br />
biliaire était <strong>de</strong> 7% avec chez la moitié<br />
<strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s une AJBP. Un taux d’amylase<br />
intrabiliaire >5000 UI/L et une longueur <strong>de</strong><br />
canal commun >10 mm sont <strong>de</strong> forts arguments<br />
pour affirmer la présence d’une AJBP.<br />
K ACHOUR (Alger) :<br />
Place <strong>de</strong> la chirurgie dans les cancers bronchiques<br />
non à petites cellules (CBNPC)<br />
avec atteinte <strong>de</strong>s ganglions médiastinaux<br />
homolatéraux (N2).<br />
Le cancer bronchique non à petites cellules<br />
(CBNPC) avec atteinte ganglionnaire<br />
médiastinal homolatéral (N2) est un cancer<br />
<strong>de</strong> mauvais pronostic ayant moins <strong>de</strong> 30%<br />
<strong>de</strong> survie à 5 ans pour les patients opérés.<br />
La stratégie <strong>de</strong> prise en charge dépendra<br />
essentiellement <strong>de</strong> la taille tumorale, <strong>de</strong> ses<br />
rapports avec les structures avoisinantes,<br />
et <strong>de</strong> son SUVmax à la TEP ; du caractère<br />
« Bulky » <strong>de</strong>s ganglions, et du nombre <strong>de</strong><br />
sites ganglionnaires médiastinaux atteints.<br />
Les moyens thérapeutiques peuvent associer<br />
: chirurgie, chimiothérapie et/ou radiothérapie.<br />
Dans certains cas la chirurgie est proposée<br />
en première intention lorsque les facteurs<br />
pronostiques sont bons ou dans le cas<br />
<strong>de</strong>s N2 non diagnostiqué avec un risque<br />
chirurgical faible (lobectomie). Mais souvent<br />
le N2 clinique est manifeste et au<br />
mieux confirmé par médiastinoscopie, il<br />
est proposé alors en première intention un<br />
traitement d’induction et seulement s’il est<br />
répon<strong>de</strong>ur (à savoir un down staging ganglionnaire<br />
prouvé et un SUVmax tumoral<br />
bas), un traitement radical est pratiqué<br />
dans un second temps.<br />
La prise en charge <strong>de</strong>s cancers N2 reste<br />
encore sujette à discussion. La chirurgie se<br />
fait pratiquement toujours dans le cadre<br />
d’un traitement multimodal et elle reste<br />
en général l’élément qui confère à ce traitement<br />
une certaine efficacité.<br />
Intervenant : B ANDREASSIAN (Paris)<br />
P AÏDAN (Paris) :<br />
Thyroï<strong>de</strong>ctomie roboassistée par voie<br />
axilliaire, à propos <strong>de</strong> 88 cas.<br />
P AÏDAN, G BOCCARA, O GEORGES, H<br />
MONPEYSSEN, M GERMAIN (Paris) .<br />
Objectif : Les auteurs présentent leur série<br />
personnelle <strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong>ctomie robot-assistée<br />
par voie axillaire. La faisabilité <strong>de</strong> la<br />
voie d’abord trans-axillaire et les critères <strong>de</strong><br />
sélections sont analysés.<br />
Métho<strong>de</strong> : Il s’agit d’une étu<strong>de</strong> rétrospective<br />
<strong>de</strong>s patients opérés avec le robot da<br />
Vinci SI HD <strong>de</strong> <strong>20</strong>10 à <strong>20</strong>12. Durant cette<br />
pério<strong>de</strong> 88 patients ont été opérés. Il s’agit<br />
<strong>de</strong> 46 cas <strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong>ctomie partielle<br />
et <strong>de</strong> 42 cas <strong>de</strong> thyroï<strong>de</strong>ctomie totale.<br />
Tous les patients ont bénéficié d’une échographie<br />
<strong>de</strong> la thyroï<strong>de</strong>, d’une ponction<br />
cytologique, d’un bilan biologique et d’un<br />
examen histologique extemporané.<br />
Résultats : Pour ces 88 patients, plusieurs<br />
critères sont analysés, en particulier les<br />
indications, la durée opératoire, la durée<br />
d’hospitalisation, et les complications.<br />
Conclusion : La chirurgie thyroïdienne robot<br />
assistée par voie axillaire est une tech-<br />
Les séances sont publiques<br />
nique réalisable et fiable. Elle nécessite <strong>de</strong>s<br />
indications précises. D’autres étu<strong>de</strong>s sont<br />
néanmoins nécessaires afin d’évaluer le<br />
rapport bénéfices/risques <strong>de</strong> la technique.<br />
Intervenants : S <strong>de</strong> CORBIERE et M GER-<br />
MAIN (Paris)<br />
E ESTOUR (Valence) :<br />
La création d’un pneumopéritoine (PNO).<br />
Objectif.<br />
But et Matériel : CCette enquête auprès <strong>de</strong><br />
40 équipes (France, Italie, Benelux, Suisse),<br />
avec chacune plus <strong>de</strong> 1000 cœlios, totalisant<br />
285 000 interventions, <strong>de</strong>vait déterminer<br />
le taux d’utilisation <strong>de</strong>s principales<br />
techniques et celui <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts, plaies<br />
vasculaires (vaisseaux iliaques et aorte) et<br />
intestinales (Colon, grêle) entraînant laparotomies<br />
et complications graves.<br />
Résultats : 171 034 (60 %) ponctions, à<br />
l’aiguille <strong>de</strong> Veress dans l’hypochondre<br />
gauche (VHG) au point <strong>de</strong> Palmer avec 0<br />
acci<strong>de</strong>nt (0 /0.00).<br />
57 107 (<strong>20</strong> %) open cœlioscopies (OC) ,<br />
introduction du trocart d’insufflation par<br />
mini laparotomie provoquent 25 acci<strong>de</strong>nts<br />
(4 /0.00).<br />
43 810 (15,5 %) ponctions à l’aiguille <strong>de</strong><br />
Veress dans la région ombilicale (VO) entraînent<br />
7 acci<strong>de</strong>nts (1,6 /0.00).<br />
9 900 (3,5 %) ponctions directes avec le<br />
1er trocart avant insufflation (P.Di), provoquent<br />
1 acci<strong>de</strong>nt (0,46 /0.00) : Technique<br />
non didactique confi<strong>de</strong>ntielle, réservée<br />
à une poignée d’experts, <strong>de</strong> même que<br />
l’usage <strong>de</strong> trocarts spéciaux (1 %).<br />
Conclusions : La VHG, la plus utilisée<br />
(60 %) par les seniors à forte activité, est la<br />
plus sûre avec 0 acci<strong>de</strong>nt.<br />
La V.O. (15,5 %) avec 1,6 ./0.00 acci<strong>de</strong>nt est<br />
utilisée par <strong>de</strong>s seniors.<br />
L’O.C. (<strong>20</strong> %), la plus iatrogène (4 /0.00)<br />
surtout utilisée par <strong>de</strong>s praticiens à activité<br />
modérée, difficile sur ventre opéré<br />
et chez le grand obèse, exclut pratiquement<br />
l’usage <strong>de</strong>s trocarts <strong>de</strong> 5 mm, 3,5 et<br />
2,5 mm.<br />
La P.Di, (3,5 %) est non propé<strong>de</strong>utique.<br />
Globalement la ponction à l’aiguille (VHG<br />
+ V.O.) avec plus <strong>de</strong> 75 % <strong>de</strong>s cas, est plus<br />
sure que L’O.C.<br />
N.B. ne pas confondre acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> création<br />
du PNO et acci<strong>de</strong>nts d’introduction<br />
<strong>de</strong>s trocarts, souvent confondus. Cette<br />
<strong>de</strong>rnière requiert règles rigoureuses et<br />
gestuelle très précise ; la formation doit<br />
intéresser VHG et OC mais aussi les règles
64<br />
PROGRAMME DES SÉANCES<br />
LES SÉANCES SONT PUBLIQUES<br />
rigoureuses <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong>s trocarts,<br />
du 1° au 6°.<br />
Intervenant : Philippe MARRE (Paris)<br />
.............................................<br />
Séance du mercredi<br />
27 février <strong>20</strong>13<br />
14h30 -17h00<br />
« Les Cor<strong>de</strong>liers »<br />
15, rue <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
75006 Paris<br />
Prési<strong>de</strong>nt : François RICHARD<br />
Modérateur : Clau<strong>de</strong> HUGUET<br />
L’académie se réserve le droit d’insérer, en<br />
début <strong>de</strong> séance, une communication rapportant<br />
une innovation chirurgicale nécessitant<br />
une décision rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion.<br />
FORMATION CHIRURGICALE<br />
SOLIDAIRE<br />
C HUGUET (Paris) :<br />
Introduction.<br />
Au cours <strong>de</strong> cette Séance consacrée à la<br />
chirurgie humanitaire, plusieurs formes<br />
d’ai<strong>de</strong> seront exposées.<br />
De la coopération universitaire au compagnonnage<br />
sur place, <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> formation<br />
en chirurgie générale à celles en en<br />
chirurgie spécialisée, toutes les options sont<br />
possibles.<br />
Mais le point essentiel, quel que soit le<br />
type <strong>de</strong> mission est l’objectif <strong>de</strong> former une<br />
équipe chirurgicale incluant le chirurgien<br />
-ou le mé<strong>de</strong>cin en cours <strong>de</strong> spécialisation-,<br />
l’anesthésiste -ou l’infirmier ère- et l’infirmier<br />
ère <strong>de</strong> Bloc Opératoire. Les difficultés <strong>de</strong> ces<br />
missions ne doivent pas être sous estimées<br />
et seule leur répétition et une action dans la<br />
durée peuvent permettre d’espérer une efficacité.<br />
Les échanges interuniversitaires entre la<br />
France et les pays en voie <strong>de</strong> développement<br />
favorisent l’expansion <strong>de</strong> la culture chirurgicale<br />
française à travers le mon<strong>de</strong>. Mais les<br />
élites sélectionnées exercent presque toujours<br />
leur activité dans les capitales et les<br />
principaux centres <strong>de</strong> leurs pays respectifs<br />
laissant persister alentour d’immenses déserts<br />
chirurgicaux dans lesquels ce sont <strong>de</strong>s<br />
mé<strong>de</strong>cins généralistes à la formation aléatoire<br />
voire <strong>de</strong> simples infirmiers qui ont la<br />
lour<strong>de</strong> charge d’assurer les urgences chirurgicales<br />
dans <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> santé ou <strong>de</strong>s<br />
hôpitaux aux équipements sommaires.<br />
Les organisations non gouvernementales à<br />
vocation médicale sont incapables <strong>de</strong> pallier<br />
cet inconvénient car elles agissent en général<br />
dans la substitution <strong>de</strong> façon temporaire.<br />
C’est pour cette raison qu’un groupe <strong>de</strong><br />
chirurgiens, universitaires ou non, a décidé,<br />
en <strong>20</strong>03, <strong>de</strong> créer une nouvelle association<br />
baptisée « Formation Chirurgicale Solidaire<br />
»,<strong>de</strong>venue « <strong>Chirurgie</strong> Solidaire » dont<br />
l’objectif est d’enseigner la chirurgie <strong>de</strong> base<br />
mais aussi les techniques d’anesthésie et <strong>de</strong><br />
soins péri-opératoires aux mé<strong>de</strong>cins généralistes<br />
<strong>de</strong>stinés à la pratique chirurgicale en<br />
situation d’isolement et <strong>de</strong> précarité, avec le<br />
but unique <strong>de</strong> sauver <strong>de</strong>s vies.<br />
La spécificité <strong>de</strong> cet enseignement pratique<br />
a justifié la mise au point d’un manuel dédié.<br />
Le champ d’action <strong>de</strong> « <strong>Chirurgie</strong> Solidaire »<br />
est immense, principalement en Afrique, en<br />
particulier au Tchad, au Burundi, au Togo, au<br />
Cameroun et en République Démocratique<br />
du Congo mais également à Madagascar et<br />
en Asie.<br />
JL MOULY (Eaubonne) :<br />
<strong>Chirurgie</strong> coelioscopique : <strong>de</strong>ux expériences<br />
exemplaires au Mali et à Madagascar.<br />
<strong>Chirurgie</strong>n viscéral, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
Solidaire.<br />
La coelio chirurgie a une place particulière<br />
dans les pays en développement, les avantages<br />
que nous lui reconnaissons dans nos<br />
pays y sont très nettement majorés. Cette<br />
technique correspond à une forte <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s chirurgiens sur place, à une époque où<br />
les moyens <strong>de</strong> communication suppriment<br />
les frontières du savoir et <strong>de</strong>s connaissances.<br />
Deux problèmes à résoudre :<br />
- Le coût du matériel, souvent résolu par la<br />
volonté <strong>de</strong>s chirurgiens locaux<br />
- La formation coelio chirurgicale : c’est là que<br />
prend toute sa place « <strong>Chirurgie</strong> Solidaire »<br />
Deux expériences exemplaires :<br />
- Au Mali, l’hôpital du point G à Bamako,<br />
- A Madagascar, l’hôpital Andranomadio à<br />
Antsirabé<br />
Intervenant : O REINBERG (Lausanne) Cooperation<br />
en soins chirurgicaux aux enfants<br />
en Afrique <strong>de</strong> l’Ouest<br />
O REINBERG, A<strong>de</strong> BUYS ROESSINGH, P RAM-<br />
SEYER, BJ. MEYRAT, J HOHLFELD<br />
Depuis plus <strong>de</strong> 35 ans, notre Service <strong>de</strong><br />
chirurgie pédiatrique collabore avec l’ONG,<br />
« Terre <strong>de</strong>s Hommes », pour la prise en charge<br />
chirurgicale <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> pays <strong>de</strong> l’Afrique<br />
<strong>de</strong> l’Ouest (Bénin, Togo, Côte d’Ivoire, Sénégal).<br />
Dès 1988, <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> coopération<br />
dans ces pays ont été organisés dans le but<br />
d’améliorer la prise en charge sur place <strong>de</strong><br />
Les séances sont publiques<br />
ces patients mais également <strong>de</strong> promouvoir<br />
un suivi à long terme <strong>de</strong>s enfants opérés.<br />
Ce suivi est bénéfique non seulement<br />
aux professionnels locaux mais aussi à nos<br />
jeunes collaborateurs qui accompagnent les<br />
chirurgiens et anesthésistes formés. En 1997,<br />
la Fondation Terre <strong>de</strong>s Hommes, la coopération<br />
Suisse et la République du Bénin ont<br />
construit un hôpital pédiatrique attenant au<br />
Centre Hospitalier du Département du Zou<br />
(Abomey). Depuis <strong>20</strong>03, un accord <strong>de</strong> partenariat<br />
existe entre le CHUV, le Centre Hospitalier<br />
du Département du Zou et Collines au<br />
Bénin et la Fondation Terre <strong>de</strong>s Hommes. Cet<br />
accord mentionne que le plus grand nombre<br />
possible d’enfants est traité dans leur propre<br />
pays et que les cas les plus compliqués sont<br />
transférés en Suisse. Il met en place les structures<br />
d’un transfert <strong>de</strong> compétences au<br />
niveau médical et infirmier ainsi qu’un enseignement<br />
post-gradué au personnel médical<br />
local.<br />
Actuellement, notre Service organise<br />
chaque année 2 missions <strong>de</strong> 2 semaines<br />
environ auxquelles participent 2 chirurgiens<br />
pédiatres, 1 anesthésiste, 1 ou 2 infirmières<br />
(e)s, 1 chef <strong>de</strong> clinique et 1 mé<strong>de</strong>cin-assistant.<br />
Les enfants sont sélectionnés soit pour<br />
être opérés sur place, soit pour être transférés<br />
dans notre Service pour les procédures<br />
les plus complexes. Environ <strong>20</strong>0 enfants sont<br />
examinés, 50 à 70 sont opérés sur place.<br />
Tous les enfants ont <strong>de</strong>s dossiers informatisés<br />
qui incluent leur historique, le type <strong>de</strong><br />
chirurgie et leur suivi. Environ 15 enfants par<br />
an ont été transférés pour être opérés en<br />
Suisse dans notre Service. Nous avons ainsi<br />
un suivi à long terme <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité parfois<br />
sur plus <strong>de</strong> 10 ans. Une gran<strong>de</strong> partie<br />
<strong>de</strong>s enfants que nous opérons souffrent <strong>de</strong><br />
malformations (fentes palatines, malformations<br />
ano-rectales, malformations <strong>de</strong>s voies<br />
urinaires, hypospadias, malformations <strong>de</strong>s<br />
extrémités) ou ont été victimes d’acci<strong>de</strong>nts<br />
(séquelles <strong>de</strong> brûlures, sténoses caustiques<br />
<strong>de</strong> l’œsophage) dont le résultat médical peut<br />
être vital ou alors qui isolent l’enfant socialement.<br />
Un traitement chirurgical adapté<br />
permet à ces enfants soit <strong>de</strong> survivre, soit <strong>de</strong><br />
réintégrer une vie sociale normale, en permettant<br />
à l’enfant et à sa mère <strong>de</strong> réintégrer<br />
leur village dont ils étaient ostracisés.<br />
Le Service d’anesthésie du CHUV collabore<br />
étroitement avec le Service <strong>de</strong> chirurgie<br />
pédiatrique, fournit le personnel médical et<br />
infirmier pour la mission, prend en charge<br />
une partie <strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> la mission pour le<br />
transport et le séjour <strong>de</strong>s anesthésistes et<br />
apporte les médicaments nécessaires aux<br />
anesthésies <strong>de</strong> la mission. Notre Service et<br />
notre hôpital prennent en charge une partie<br />
<strong>de</strong>s frais <strong>de</strong> la mission pour le transport et le<br />
séjour <strong>de</strong>s participants et apporte les médi-
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
65<br />
caments ainsi que le matériel nécessaires à la<br />
mission, afin <strong>de</strong> ne pas affaiblir les réserves<br />
locales.<br />
Nous collaborons avec <strong>de</strong>s chirurgiens, <strong>de</strong>s<br />
anesthésistes et <strong>de</strong>s infirmier(e)s locaux,<br />
et leur offrons sur place un enseignement<br />
théorique et pratique. Un chirurgien ORL<br />
béninois nous assiste pour toutes les opérations<br />
<strong>de</strong>s fentes faciales <strong>de</strong>puis 3 ans. Des<br />
bourses ont été allouées qui ont permis à 5<br />
chirurgiens et 2 à infirmier(e)s <strong>de</strong> se perfectionner<br />
dans notre Service en Suisse.<br />
Certaines missions incluent l’orthophoniste<br />
du groupe <strong>de</strong>s fentes faciales à Lausanne<br />
qui a travaillé sur l’importance <strong>de</strong> la phonation<br />
pour <strong>de</strong>s enfants nés avec <strong>de</strong>s fentes<br />
faciales. Elle a créé <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> guidance<br />
avec plusieurs parents. Cette prise en charge<br />
simple est primordiale pour que l’enfant soit<br />
accepté dans les classes et intégré dans la<br />
société locale.<br />
Notre ergothérapeute pédiatrique du<br />
groupe <strong>de</strong>s enfants brûlés nous accompagne<br />
pour participer activement à notre<br />
activité chirurgicale au bloc opératoire en<br />
tant qu’instrumentiste. Elle assure le suivi <strong>de</strong>s<br />
enfants brûlés et ceux nés avec <strong>de</strong>s malformations<br />
<strong>de</strong>s mains. Elle confectionne bon<br />
nombre d’attelles avec la collaboration locale<br />
d’un physiothérapeute béninois et <strong>de</strong>s<br />
infirmière(e)s locaux. Elle organise un cours<br />
<strong>de</strong> formation pour physiothérapeute et<br />
infirmière(e)s sur les soins et l’évolution <strong>de</strong>s<br />
cicatrices.<br />
Des psychologues nous ont également suivi<br />
à <strong>de</strong>ux reprises afin <strong>de</strong> travailler avec les<br />
parents et les équipes soignantes locales sur<br />
l’acceptation <strong>de</strong>s malformations <strong>de</strong> leur enfant,<br />
que ce soit <strong>de</strong>s fentes faciales ou encore<br />
les variations <strong>de</strong> la différenciation du genre.<br />
Cette collaboration chirurgicale permet à<br />
<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> pays moins favorisés <strong>de</strong> bénéficier<br />
<strong>de</strong> soins auxquels ils n’auraient pas<br />
accès autrement, <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s compétences<br />
locales par la formation <strong>de</strong> professionnels<br />
<strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> permettre à nos<br />
mé<strong>de</strong>cins en formation <strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s pathologies<br />
auxquelles ils ne seraient pas confrontés<br />
autrement, sans compter l’enrichissement<br />
personnel qu’apporte une autre façon <strong>de</strong><br />
dispenser <strong>de</strong>s soins.<br />
Nos buts pour les prochaines années sont <strong>de</strong><br />
poursuivre notre collaboration étroite avec<br />
le Centre pédiatrique du Bénin à Abomey, <strong>de</strong><br />
maintenir nos acquis, d’organiser une équipe<br />
<strong>de</strong> chirurgie pédiatrique et une équipe<br />
d’anesthésie pédiatrique compétentes sur<br />
place, <strong>de</strong> réduire le nombre <strong>de</strong>s transferts <strong>de</strong><br />
patients en Suisse, <strong>de</strong> réunir <strong>de</strong>s fonds pour<br />
la construction d’un bloc opératoire et <strong>de</strong><br />
réunir <strong>de</strong>s fonds pour la pérennité et l’autonomie<br />
<strong>de</strong> notre mission chirurgicale.<br />
G MASSARD (Strasbourg) :<br />
« De l’échange d’étudiants au transfert <strong>de</strong><br />
technologie : exemple <strong>de</strong> la Russie ».<br />
La faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong><br />
Strasbourg et les Hôpitaux Universitaires <strong>de</strong><br />
Strasbourg entretiennent d’étroites relations<br />
avec 9 partenaires en Russie. Ce réseau <strong>de</strong><br />
coopération s’est progressivement mis en<br />
place au cours <strong>de</strong>s 15 <strong>de</strong>rnières années. Au<br />
cours <strong>de</strong>s premières années, les échanges<br />
se sont limités à <strong>de</strong>s missions d’experts et à<br />
l’organisation <strong>de</strong> symposiums conjoints.<br />
Un échange formel d’étudiants, sous forme<br />
d’un cursus intégré, s’est mis en place en<br />
<strong>20</strong>04, avec le soutien <strong>de</strong> l’ambassa<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
France. Ainsi, une trentaine d’étudiants en<br />
provenance <strong>de</strong> Omsk, Vladivostok et Tioumen<br />
ont suivi l’enseignement <strong>de</strong> la 5ème<br />
année <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s médicales à Strasbourg,<br />
et ont été admis en 6ème année dans leur<br />
université d’origine, sous condition d’avoir<br />
réussi leurs examens à Strasbourg. La sélection<br />
<strong>de</strong>s étudiants a été effectuée par <strong>de</strong>s enseignants<br />
<strong>de</strong> Strasbourg, tenant compte à la<br />
fois du niveau <strong>de</strong> francophonie et du carnet<br />
<strong>de</strong> notes. Cinq <strong>de</strong> ces étudiants sont revenus<br />
à Strasbourg par la suite, faisant fonction<br />
d’interne en chirurgie thoracique, neurochirurgie<br />
et ophtalmologie.<br />
Les bonnes relations avec nos partenaires<br />
nous ont permis <strong>de</strong> développer 2 programmes<br />
TEMPUS.<br />
La première expérience, <strong>de</strong> <strong>20</strong>06 à <strong>20</strong>09,<br />
visait à développer et structurer l’enseignement<br />
<strong>de</strong> l’oncologie dans l’oblast d’Omsk.<br />
Les travaux menés pendant 3 ans ont<br />
comporté 80 bourses <strong>de</strong> mobilité bilatérales,<br />
l’édition <strong>de</strong> manuels, l’installation<br />
d’un réseau <strong>de</strong> télémé<strong>de</strong>cine, et la<br />
création d’un registre régional du cancer.<br />
Un <strong>de</strong>uxième programme mené avec 6 universités<br />
Russes et 4 universités Européennes<br />
<strong>de</strong> <strong>20</strong>10 à <strong>20</strong>12, a visé à définir le curriculum<br />
<strong>de</strong>s futurs enseignants en mé<strong>de</strong>cine.<br />
L’axe <strong>de</strong> travail le plus prestigieux dans<br />
l’opinion <strong>de</strong> nos partenaires a été notre<br />
contribution au développement <strong>de</strong> la<br />
greffe d’organes.<br />
En <strong>20</strong>06, suivant l’appel <strong>de</strong> l’Académicien<br />
Chuchaline, nous avons monté un programme<br />
<strong>de</strong> transplantation pulmonaire, qui<br />
a abouti à la réalisation <strong>de</strong> la première greffe<br />
bi-pulmonaire <strong>de</strong> Russie le 1er août <strong>20</strong>06.<br />
Malheureusement, ce programme s’est<br />
éteint ensuite, bien que le receveur a une<br />
évolution favorable avec un recul <strong>de</strong> 6 ans et<br />
<strong>de</strong>mi.<br />
En <strong>20</strong>09, nous avons accompagné la création<br />
d’un programme <strong>de</strong> transplantation<br />
cardiaque à l’institut Almasov <strong>de</strong> St Petersbourg.<br />
En <strong>20</strong>10, Strasbourg a aidé le centre cardio-<br />
Les séances sont publiques<br />
thoracique <strong>de</strong> Krasnodar à démarrer une<br />
activité <strong>de</strong> transplantation pulmonaire ;<br />
la première greffe bipulmonaire effectuée<br />
dans le Caucase du Nord le 17 décembre<br />
<strong>20</strong>10 a été... la 2ème effectuée en Russie !<br />
Intervenant : D GRUNENWALD (Paris)<br />
A GILBERT (Institut <strong>de</strong> la Main, Paris) :<br />
<strong>Chirurgie</strong> <strong>de</strong> la main pédiatrique : chirurgie<br />
solidaire et formation <strong>de</strong>s chirurgiens.<br />
La pathologie du membre supérieur <strong>de</strong> l’enfant<br />
est souvent absente <strong>de</strong>s cursus chirurgicaux<br />
<strong>de</strong> formation, y compris dans <strong>de</strong> grands<br />
pays développés. Si elle n’est effectivement<br />
que d’une utilité modérée (malformations<br />
congénitales, maladies rares, gran<strong>de</strong>s paralysies)<br />
pour le chirurgien généraliste, il est<br />
indispensable dans le système <strong>de</strong> santé d’un<br />
pays. En fonction <strong>de</strong> la taille d’un pays, il faudra<br />
un, <strong>de</strong>ux voir plus centres spécialisés.<br />
Il y a donc dans ces pays la coïnci<strong>de</strong>nce d’un<br />
grand nombre <strong>de</strong> patients non traités et une<br />
volonté commune <strong>de</strong>s chirurgiens et <strong>de</strong>s<br />
autorités d’une formation spécialisée dont<br />
ils n’ont souvent pas les moyens.<br />
La chirurgie solidaire peut répondre à ces besoins.<br />
Elle associe le traitement <strong>de</strong> cas difficiles<br />
à l’apprentissage pour <strong>de</strong> jeunes chirurgiens<br />
<strong>de</strong>s indications et <strong>de</strong>s techniques.<br />
Depuis plus <strong>de</strong> 10 ans je pratique <strong>de</strong> façon<br />
régulière cette chirurgie. Il faut trouver un<br />
bon compromis entre ces missions et l’activité<br />
parisienne.<br />
Plusieurs milliers <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s ont été vus et<br />
plus <strong>de</strong> 1500 opérés.<br />
Des centres spécialisés ont été mis en place<br />
et fonctionnent bien (Brésil, Lybie ?, Vietnam,<br />
Qatar, Arabie Saoudite, Colombie). D’autres<br />
sont actuellement à leur début (Algérie, Arménie)<br />
Depuis peu <strong>de</strong> temps est apparue une<br />
nouvelle tendance : <strong>de</strong>vant la baisse du<br />
recrutement <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s compliqués et<br />
<strong>de</strong> leur centralisation, <strong>de</strong>s chirurgiens déjà<br />
bien formés dans nos pays <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à<br />
participer à nos missions pour avoir une<br />
meilleure exposition à une pathologie rare.<br />
Ainsi <strong>de</strong>s chirurgiens Australiens, Américains,<br />
Italiens, Français nous ont suivis.<br />
Intervenant : J DUBOUSSET (Paris), Enseignement<br />
<strong>de</strong> l’Orthopédie et <strong>de</strong> l’Anesthésie Pédiatriques<br />
: 15 ans <strong>de</strong> Coopération en Tunisie<br />
Mohamed T Kassab était mon chef lors <strong>de</strong><br />
mon internat chez Merle d’Aubigné en 1963<br />
et je m’entendais très bien avec lui, ce qui<br />
n’était pas le cas <strong>de</strong> certains <strong>de</strong> mes collègues.<br />
Il est retourné à Tunis, où il a créé l’Orthopédie<br />
Tunisienne mo<strong>de</strong>rne.<br />
Après quelques années je le vois débarquer<br />
à la clinique où je travaillais en 1973 et il me<br />
dit : « Jean, il faudrait que tu viennes nous<br />
enseigner régulièrement l’orthopédie pédia-
66<br />
PROGRAMME DES SÉANCES<br />
LES SÉANCES SONT PUBLIQUES<br />
trique à Kassar Said et nous apprendre <strong>de</strong>s<br />
techniques chirurgicales et anesthésiques<br />
avec ta femme pendant 8 ou 15 jours régulièrement<br />
».<br />
C’est ainsi que nous y avons été pendant<br />
plus <strong>de</strong> 15 ans. Expérience inoubliable.<br />
A LE DUC (Paris) :<br />
Prise en charge <strong>de</strong>s Fistules Obstétricales en<br />
Afrique.<br />
A LE DUC, C DUMURGIER, L FALANDRY.<br />
La fistule obstétricale Africaine à toute les<br />
caractéristiques d’un fléau excluant <strong>de</strong> la société<br />
<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> femme qui<br />
sont traitées comme <strong>de</strong>s parias et plongées<br />
dans la détresse. La FO est un grave acci<strong>de</strong>nt<br />
qui entraine la mort <strong>de</strong> l’enfant et mutile gravement<br />
la mère en créant une brèche entre<br />
la vessie le vagin et parfois le rectum.<br />
La physiopathologie <strong>de</strong> la FO est bien<br />
connue .Au cours <strong>de</strong> l’accouchement la tête<br />
<strong>de</strong> l’enfant se bloque au détroit supérieur<br />
écrasant les tissus environnants : vagin, vessie,<br />
urètre, rectum. La prolongation du travail<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 48h entraine une nécrose<br />
ischémique <strong>de</strong> ces tissus mettant en communication<br />
vagin, vessie voire rectum. La<br />
mort <strong>de</strong> l’enfant survient dans 90% <strong>de</strong>s cas.<br />
Les femmes concernées sont volontiers <strong>de</strong><br />
primipares jeunes, <strong>de</strong> petite taille, vivant en<br />
milieu rural loin <strong>de</strong> toute accessibilité aux<br />
soins obstétricaux urgents.<br />
L’épidémiologie <strong>de</strong>s FO ne peut être cernée<br />
avec précision car le recensement <strong>de</strong>s fistuleuses<br />
est difficile ces femmes étant, pour<br />
<strong>de</strong>s raisons sociétales et culturelles, tenues<br />
à l’écart du village .Les campagnes <strong>de</strong> prévention<br />
reposant sur l’information, la formation<br />
,l’alphabétisation et la mise en place <strong>de</strong><br />
structures capables d’offrir <strong>de</strong>s soins obstétricaux,<br />
notamment <strong>de</strong>s césariennes en<br />
urgence, sont loin d’avoir atteint leurs objectifs<br />
sauf dans quelques rares pays d’Afrique<br />
<strong>de</strong> l’ouest. Actuellement dans plusieurs pays<br />
d’Afrique le nombre <strong>de</strong> nouvelles fistuleuses<br />
est chaque année supérieure à celles qui<br />
sont guéries. Toutefois il y a actuellement un<br />
début <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience chez les dirigeants<br />
africains laissant espérer un renversement<br />
<strong>de</strong>s tendances dans les prochaines années<br />
quand les politiques <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s pays<br />
concernés seront enfin adaptées à l’ampleur<br />
et à la gravité <strong>de</strong> ces acci<strong>de</strong>nts obstétricaux.<br />
La classification <strong>de</strong>s FO a donné lieu à <strong>de</strong> multiples<br />
propositions .Pour l’essentiel ces classifications<br />
s’efforcent <strong>de</strong> graduer la gravité <strong>de</strong>s<br />
lésions donc <strong>de</strong> graduer les difficultés opératoires<br />
.Nous présentons ici la classification<br />
proposée et utilisée par Falandry. C’est au<br />
terme d’un examen clinique attentif qu’une<br />
FO peut être classée et que les objectifs à atteindre<br />
sont connus. Soit assurer l’étanchéité<br />
en fermant la fistule (classe 1), soit fermer la<br />
fistule et <strong>de</strong> plus assurer la continence en<br />
refaisant le système urétro-sphinctérien à<br />
partir <strong>de</strong>s structures restantes (classe 2), soit<br />
atteindre ces objectifs en recréant <strong>de</strong> toute<br />
pièce un neo urètre et un neo sphincter<br />
(classe 3).<br />
Les résultats sont excellents en Classe<br />
1 100% <strong>de</strong> guérison, ils chutent à 75% en<br />
classe 2. En classe 3 les résultats <strong>de</strong>viennent<br />
aléatoires forçant à <strong>de</strong>s retouches chirurgicales<br />
itératives pour obtenir moins <strong>de</strong> 50%<br />
<strong>de</strong> réussite. Toutes FO confondues 70%<br />
peuvent chirurgicalement guéries.<br />
La prise en charge <strong>de</strong>s FO, dont la chirurgie<br />
n’est qu’un aspect, se fait dans un partenariat<br />
Nord/Sud. Si l’on veut tenter <strong>de</strong> rationnaliser<br />
cet enseignement et envisager tous les<br />
aspects <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong>s FO on en<br />
vient à l’idée <strong>de</strong> créer un DU ouvert non seulement<br />
aux urologues et aux gynécologues<br />
mais aussi aux sages-femmes, aux infirmiers,<br />
et aux ONG actives dans ce domaine. Pour<br />
cela il faut non seulement obtenir toutes les<br />
autorisations mais aussi avoir l’adhésion <strong>de</strong>s<br />
enseignants et enfin s’assurer d’une ligne<br />
budgétaire dédié. Ceci prend du temps. En<br />
3 ans nous avions monté un tel projet, mais<br />
c’était au Mali à l’hôpital universitaire <strong>de</strong><br />
Bamako et bien évi<strong>de</strong>mment actuellement<br />
tout est remis en cause.<br />
Pour l’heure la formation à la chirurgie <strong>de</strong>s<br />
FO reste pour l’essentiel assurée par le compagnonnage<br />
au cours <strong>de</strong> missions fistules<br />
durant lesquelles <strong>de</strong> nombreuses femmes<br />
sont opérées. Une vue globale <strong>de</strong> la prise en<br />
charge échappe à ce type <strong>de</strong> formation.<br />
Intervenant : C DUMURGIER (Paris)<br />
B DELAITRE (Paris) :<br />
L’enseignement à l’étranger : élément indispensable<br />
au rayonnement <strong>de</strong> la chirurgie<br />
Française.<br />
L’enseignement à l’étranger est un élément<br />
indispensable au rayonnement <strong>de</strong> la chirurgie<br />
Française. Le problème se pose actuellement<br />
<strong>de</strong> déterminer le meilleur mo<strong>de</strong> d’enseignement<br />
en termes d’efficacité et <strong>de</strong> cout.<br />
Mon expérience a contribué à alimenter une<br />
réflexion sur ce sujet.<br />
- Coopération. A la fin <strong>de</strong>s années 60 le<br />
gouvernement Français sous l’impulsion<br />
du Général De Gaulle avait mis en place un<br />
plan <strong>de</strong> coopération médicale comportant la<br />
nomination à l’étranger d’un certain nombre<br />
<strong>de</strong> Professeurs d’Université pour une durée<br />
<strong>de</strong> 4 ans. Ainsi <strong>de</strong> 1974 à 1978 j’ai dirigé le<br />
service <strong>de</strong> chirurgie du CHU <strong>de</strong> Constantine<br />
(Algérie). : Les premiers chirurgiens <strong>de</strong><br />
l’Est Algérien ont alors été formés ; ils dirigent<br />
actuellement les services <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong><br />
<strong>de</strong> Constantine, Annaba, Batna, Sétif et<br />
Les séances sont publiques<br />
Khenchela. A cette époque nous étions 9<br />
professeurs <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine Français ce qui a<br />
beaucoup contribué à la qualité <strong>de</strong> l’enseignement.<br />
D’autres chirurgiens ont également<br />
suivi cette voie, tels Denis Gallot au<br />
Maroc ou Daniel Jaeck au Laos. Le corollaire<br />
<strong>de</strong> ce séjour à l’étranger était la création d’un<br />
poste universitaire au retour <strong>de</strong> l’enseignant.<br />
Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> Coopération qui avait un cout<br />
élevé est actuellement abandonné en dépit<br />
<strong>de</strong> résultats remarquables.<br />
- Formation en France <strong>de</strong> chirurgiens étrangers.<br />
La chirurgie Laparoscopique s’est avérée<br />
un formidable vecteur du rayonnement<br />
<strong>de</strong> la <strong>Chirurgie</strong> Française par le biais d’ateliers<br />
<strong>de</strong> formation comportant entrainements<br />
sur boites, interventions sur animal et cours<br />
théoriques. J’ai ainsi été amené à enseigner<br />
ces techniques dans <strong>de</strong> nombreux pays à<br />
partir <strong>de</strong> 1992 (Maghreb, Moyen-Orient, Vietnam,<br />
Amérique Latine, Ukraine). Il s’en est<br />
suivi la prise en charge <strong>de</strong> jeunes chirurgiens<br />
étrangers pour <strong>de</strong>s stages <strong>de</strong> perfectionnement.<br />
A titre d’exemple, à la suite d’un accord<br />
avec le Ministère <strong>de</strong>s Affaires Étrangères, il<br />
avait été possible d’obtenir 6 bourses semestrielles<br />
qui ont permis d’accueillir chaque année<br />
pendant 3 ans (<strong>de</strong> 1997 à 1999) 2 chirurgiens<br />
Péruviens dans le service <strong>de</strong> chirurgie<br />
<strong>de</strong> l’hôpital Cochin. Le recrutement <strong>de</strong>s<br />
candidats se faisait au Pérou avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
services <strong>de</strong> notre ambassa<strong>de</strong> sur l’expression<br />
orale en Français <strong>de</strong>s candidats, leur motivation<br />
et leurs connaissances. Ces chirurgiens<br />
sont actuellement à la tête <strong>de</strong> services à Arequipa,<br />
Huancayo, Trujillo et Piura. Un recrutement<br />
i<strong>de</strong>ntique a eu lieu en Equateur pour<br />
6 chirurgiens qui ont complété leur cursus à<br />
l’hôpital Jean Verdier. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation<br />
est valable sous réserve d’avoir affaire à <strong>de</strong>s<br />
chirurgiens jeunes, motivés et parlant bien le<br />
Français. Il nécessite une bonne coopération<br />
<strong>de</strong>s services consulaires pour le recrutement<br />
et l’apprentissage du Français et un effort<br />
financier important. On peut en rapprocher<br />
l’enseignement prodigué aux jeunes mé<strong>de</strong>cins<br />
Vietnamiens grâce à <strong>de</strong>s séries <strong>de</strong> cours<br />
programmés sur 2 semaines avant qu’ils<br />
ne soient pris en charge en France sur <strong>de</strong>s<br />
postes <strong>de</strong> faisant fonction d’interne.<br />
- Diplômes Interuniversitaires. Avec le<br />
concours <strong>de</strong>s Professeurs Jean-Luc Bouillot,<br />
Denis Collet et du Docteur Jean-Charles Berthou<br />
nous avons assumé pendant 5 ans <strong>de</strong><br />
1996 à <strong>20</strong>00, un DIU <strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> Digestive<br />
par voie Laparoscopique à l’Université Saint-<br />
Joseph <strong>de</strong> Beyrouth dans le cadre d’une<br />
convention passée avec les Universités Paris<br />
V et Bor<strong>de</strong>aux Ce diplôme comportait 2<br />
sessions annuelles <strong>de</strong> 8 jours avec, chaque<br />
matin, la retransmission en direct d’une<br />
intervention <strong>de</strong> chirurgie laparoscopique<br />
suivie d’un cours théorique et l’après-midi
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
67<br />
en entrainement sur boite, interventions sur<br />
animal et cours théorique. Un contrôle <strong>de</strong>s<br />
connaissances était effectué à la fin <strong>de</strong> la<br />
<strong>de</strong>rnière session. Quarante et un chirurgiens<br />
Libanais, Syriens et Jordaniens ont suivi cet<br />
enseignement avec succès. Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> formation<br />
s’adresse essentiellement aux pays<br />
francophones.<br />
- Enseignement par Visioconférence. Depuis<br />
<strong>20</strong>08 nous avons pris en charge avec<br />
les mêmes collègues un enseignement <strong>de</strong><br />
<strong>Chirurgie</strong> Laparoscopique par Visioconférence<br />
dans le cadre d’un DU Libanais organisé<br />
par l’Université Saint-Joseph <strong>de</strong> Beyrouth.<br />
La retransmission est assurée par le service<br />
audio-visuel <strong>de</strong> l’Université Paris-Descartes.<br />
Cet enseignement interactif a permis la retransmission<br />
en direct d’interventions chirurgicales,<br />
<strong>de</strong> films et d’exposés techniques. Les<br />
ateliers pratiques étaient effectués à Beyrouth.<br />
Le coût <strong>de</strong> 2 jours <strong>de</strong> visioconférence<br />
avait été facturé 1500 Euros en <strong>20</strong>08 par<br />
l’Université Paris-Descartes.<br />
Actuellement la visioconférence semble particulièrement<br />
bien adaptée pour un enseignement<br />
interactif et la retransmission d’interventions<br />
chirurgicales Toutefois les stages<br />
dans les services Français <strong>de</strong> chirurgie sont<br />
<strong>de</strong>s compléments irremplaçables mais dont<br />
le coût n’est pas négligeable.<br />
Intervenant : JL BOUILLOT (Paris)<br />
JP LECHAUX (Paris) :<br />
Former pour soigner, l’objectif <strong>de</strong> « <strong>Chirurgie</strong><br />
Solidaire ».<br />
Renforcer la capacité d’offrir un traitement<br />
chirurgical efficace en urgence dans les<br />
structures <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> première référence est<br />
l’un <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> développement pour le<br />
millénaire <strong>de</strong> l’Organisation Mondiale <strong>de</strong> la<br />
Santé. Or, 2 Milliards d’êtres humains n’ont<br />
pas accès au traitement chirurgical urgent et<br />
10 à <strong>20</strong>% <strong>de</strong>s décès <strong>de</strong>s jeunes adultes dans<br />
les pays en développement sont en rapport<br />
direct avec une connaissance chirurgicale<br />
inadéquate. L’action <strong>de</strong>» <strong>Chirurgie</strong> Solidaire»<br />
s’inscrit dans l’objectif <strong>de</strong> l’OMS en assurant<br />
la formation chirurgicale essentielle <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />
généralistes dans <strong>de</strong>ux centres hospitaliers<br />
régionaux du Nord Kivu en R.D.Congo<br />
Les spécificités <strong>de</strong> cet enseignement sont<br />
illustrées par la remise en valeur <strong>de</strong> techniques<br />
anciennes simples telles que la caecostomie<br />
pour occlusion colique. “SIMPLE<br />
SURGERY MAKES A DIFFERENCE” (WHO<br />
Emergency and Essential Surgical Care).<br />
Intervenant : P MARRE (Paris)<br />
..............................................<br />
Séance du mercredi<br />
<strong>20</strong> mars <strong>20</strong>13<br />
14h30 -17h<br />
« Les Cor<strong>de</strong>liers »<br />
15, rue <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
75006 Paris<br />
Prési<strong>de</strong>nce : François RICHARD<br />
Modérateurs : Jean-Pierre TRIBOU-<br />
LET (Lille) et Corinne VONS (Paris)<br />
L’académie se réserve le droit d’insérer, en<br />
début <strong>de</strong> séance, une communication rapportant<br />
une innovation chirurgicale nécessitant<br />
une décision rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion.<br />
CHIRURGIE<br />
<strong>20</strong>13<br />
AMBULATOIRE<br />
B GIGNOUX (Lyon) :<br />
1ère Colectomie en ambulatoire 21.2.<strong>20</strong>13<br />
B GIGNOUX, T LANTZ (Lyon).<br />
La mise en place du programme RRAC (Récupération<br />
Rapi<strong>de</strong> Après <strong>Chirurgie</strong>) a permis<br />
d’organiser <strong>de</strong>s colectomies lors d’un<br />
chemin clinique <strong>de</strong> 48 heures. De plus,<br />
notre expérience importante en chirurgie<br />
ambulatoire (plus <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s cures<br />
<strong>de</strong> hernie inguinale, cholécystectomie et<br />
anneau gastrique ajustable) nous a permis<br />
d’envisager une colectomie en ambulatoire.<br />
Un patient <strong>de</strong> 66 ans, aux antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />
cure <strong>de</strong> hernie discale, <strong>de</strong> cure <strong>de</strong> hernie<br />
inguinale bilatérale coelioscopique en<br />
ambulatoire, présentant un cancer non<br />
franchissable <strong>de</strong> la jonction recto sigmoïdienne<br />
non métastatique sur le TDM TAP,<br />
était inclus dans le programme RRAC en<br />
ambulatoire. Il a bénéficié d’une résection<br />
recto sigmoïdienne laparoscopique avec<br />
anastomose colorectale infra péritonéale.<br />
Le protocole anesthésique spécifique,<br />
pré, per et postopératoire a essentiellement<br />
comporté l’utilisation <strong>de</strong> molécules<br />
<strong>de</strong> courte durée d’action, d’une analgésie<br />
anticipée multimodale avec épargne morphinique<br />
et d’une limitation <strong>de</strong>s apports<br />
liquidiens. Aucune analgésie complémentaire<br />
en SSPI (Salle <strong>de</strong> Soins Post Interventionnelle)<br />
n’a été nécessaire et un relai par<br />
antalgiques usuels per-os a été pris dès la<br />
sortie <strong>de</strong> SSPI avec la reprise alimentaire.<br />
Celle-ci était débutée 3 heures après la fin<br />
<strong>de</strong> l’intervention et le lever puis la marche<br />
à la cinquième heure. Le patient a regagné<br />
son domicile moins <strong>de</strong> 12 heures après<br />
son admission avec une surveillance biologique<br />
à J2 J4 et J8 et une surveillance par<br />
Les séances sont publiques<br />
infirmière quotidienne jusqu’à J10.<br />
L’histologie a confirmé l’existence d’un<br />
adénocarcinome classé T3N2b (7+/16) M0.<br />
Le patient a été revu à J14, il n’a présenté<br />
aucune complication et était très satisfait<br />
<strong>de</strong> cette prise en charge en ambulatoire.<br />
J VILLEMINOT (Haguenau) et G BIETTE<br />
(Bayonne) :<br />
Actualités en ambulatoire : prothèse totale<br />
<strong>de</strong> hanche en ambulatoire (1ère en France)<br />
et prothèse <strong>de</strong> genou.<br />
La chirurgie prothétique du genou et <strong>de</strong> la<br />
hanche en ambulatoire.<br />
Le développement <strong>de</strong> la chirurgie ambulatoire<br />
nous a fait évoluer vers <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong><br />
plus en plus lourds : pourquoi pas la PTG<br />
ou la PTH ?<br />
Notre idée a été <strong>de</strong> « démédicaliser » le<br />
patient le plus rapi<strong>de</strong>ment possible (pas<br />
<strong>de</strong> perfusion, pas <strong>de</strong> drainage, lever immédiat…),<br />
après l’intervention.<br />
Le problème majeur étant la douleur postopératoire,<br />
nous avons utilisé une antalgie<br />
innovante par anesthésie locale pure, préservant<br />
la motricité du patient. Nous avons<br />
ainsi pu vali<strong>de</strong>r la faisabilité technique <strong>de</strong><br />
la PTG et <strong>de</strong> la PTH en ambulatoire.<br />
Mais il fallait surtout démontrer le bénéfice<br />
pour le patient.<br />
La réponse est apportée par les patients<br />
eux-mêmes, qui plébiscitent la PTG ou la<br />
PTH en ambulatoire. La rapidité <strong>de</strong> récupération<br />
est spectaculaire et accélérée par<br />
rapport à une prise en charge classique.<br />
Les patients, très informés préalablement,<br />
et acteurs <strong>de</strong> leurs soins, appréhen<strong>de</strong>nt<br />
leur séjour et ses suites différemment.<br />
En conclusion, toutes les PTG ou les PTH<br />
ne sont pas éligibles à l’ambulatoire, mais<br />
cette prise en charge pourrait rapi<strong>de</strong>ment<br />
être considérée comme la référence pour<br />
un grand nombre d’entre elles.<br />
Intervenant : Henri Ju<strong>de</strong>t (Paris)<br />
N DUFEU (Paris) :<br />
La chirurgie ambulatoire : y a-t-il une limite<br />
d’âge ?<br />
Une prise en charge en ambulatoire, avec<br />
son circuit court et continu, son attention<br />
soutenue et un retour rapi<strong>de</strong> au cadre<br />
<strong>de</strong> vie, peut présenter <strong>de</strong> réels avantages<br />
chez le sujet âgé : moins <strong>de</strong> désorientation,<br />
<strong>de</strong> troubles cognitifs ou confusionnels,<br />
moins <strong>de</strong> complications, en minimisant<br />
les risques d’hypoxie, d’hypovolémie et<br />
d’hypothermie et moins d’infections nosocomiales.<br />
Mais un certain nombre <strong>de</strong> conditions<br />
doivent être remplies. La sélection doit être
68<br />
PROGRAMME DES SÉANCES<br />
LES SÉANCES SONT PUBLIQUES<br />
stricte mais ouverte en n’excluant pas par<br />
pru<strong>de</strong>nce excessive ni en incluant au-<strong>de</strong>là<br />
du raisonnable. La prise en charge peropératoire<br />
ne doit pas déstabiliser un sujet âgé<br />
vulnérable, aux fonctions et aux capacités<br />
<strong>de</strong> réserve altérées. Une attention particulière<br />
<strong>de</strong>vra être portée à la prévention<br />
<strong>de</strong>s troubles cognitifs et confusionnels<br />
post-opératoires et à la prise en charge<br />
<strong>de</strong> la DPO. La phase extrahospitalière, pré<br />
et surtout post-opératoire ne doit pas<br />
constituer un risque supplémentaire. Un<br />
environnement adapté, informé et réactif<br />
est essentiel. La présence et la qualité <strong>de</strong><br />
la personne accompagnante joue souvent<br />
un rôle fondamental.<br />
Des éléments d’avenir comme la chirurgie<br />
mini-invasive, la robotique, la télémé<strong>de</strong>cine,<br />
la mise à disposition d’anesthésiques<br />
locaux à libération prolongée pourront<br />
peut-être faire bénéficier <strong>de</strong> plus en plus<br />
<strong>de</strong> sujets âgés d’une prise en charge en<br />
ambulatoire dans <strong>de</strong>s conditions encore<br />
meilleures <strong>de</strong> sécurité et ce confort.<br />
Intervenant : M BEAUSSIER (Paris)<br />
C VONS (Paris) :<br />
Gestion du risque chirurgical en <strong>Chirurgie</strong><br />
Ambulatoire.<br />
Classiquement l’hébergement postopératoire<br />
se justifiait par : 1- l’i<strong>de</strong>ntification<br />
et le traitement d’une éventuelle complication<br />
postopératoire liée à la chirurgie,<br />
selon le principe <strong>de</strong> précaution (reconnaissance<br />
d’un doute) ; 2- le traitement <strong>de</strong>s<br />
symptômes postopératoires en rapport<br />
avec la chirurgie qu’ils soient immédiats<br />
et empêchent la sortie (douleurs, nausées<br />
et vomissements, trouble du transit,<br />
perte d’autonomie). En même temps que<br />
la chirurgie ambulatoire se développait,<br />
les professionnels ont appris à anticiper<br />
les suites et à gérer les risques postopératoires.<br />
La gestion du risque chirurgical en<br />
ambulatoire est celle <strong>de</strong>s complications<br />
postopératoires et <strong>de</strong>s suites opératoires<br />
« habituelles » (en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute complication)<br />
liées à l’acte chirurgical.<br />
Gérer le risque chirurgical en ambulatoire<br />
c’est :<br />
1- avoir évalué la probabilité <strong>de</strong> survenue,<br />
la gravité et le délai <strong>de</strong> survenue <strong>de</strong>s complications<br />
postopératoires <strong>de</strong> l’acte chirurgical<br />
et d’avoir ainsi déterminé s’il était réalisable<br />
en ambulatoire (bénéfice/risque) ;<br />
2- avoir anticipé pour suffisamment maîtriser<br />
tous les symptômes et handicaps postopératoires<br />
dont il est responsable pour<br />
que le patient puisse sortir le soir même<br />
<strong>de</strong> son intervention, et qu’il soit pas amené<br />
à revenir pour les manifestations <strong>de</strong> suites<br />
opératoires « habituelles ». Le chirurgien<br />
a un rôle très important, qu’il ne doit pas<br />
sous-estimer, dans l’aptitu<strong>de</strong> du patient à<br />
la sortie, et dans la prévention <strong>de</strong>s consultations<br />
et/ou réadmissions imprévues<br />
après la sortie.<br />
Illustration par les exemples <strong>de</strong> trois interventions<br />
: cholécystectomie par laparoscopie,<br />
thyroï<strong>de</strong>ctomie et cure <strong>de</strong> hernie<br />
inguinale.<br />
Intervenant : D JAECK (Strasbourg)<br />
JP SALES (HAS Paris) et G BONTEMPS<br />
(ANAP Paris) :<br />
Les recommandations organisationnelles<br />
<strong>Chirurgie</strong> Ambulatoire ANAP-HAS <strong>20</strong>13.<br />
Dr Gilles Bontemps directeur associé ANAP,<br />
Dr Jean Patrick Sales directeur <strong>de</strong> l’Evaluation<br />
Médicale, Economique et <strong>de</strong> Santé<br />
Publique HAS.<br />
Compte tenu <strong>de</strong>s enjeux liés au développement<br />
<strong>de</strong> la chirurgie ambulatoire à la<br />
fois pour les patients, les professionnels<br />
<strong>de</strong> santé, les établissements et les tutelles,<br />
l’Anap et la Has ont construit un partenariat<br />
fin <strong>20</strong>11 renforcé autour d’un programme<br />
<strong>de</strong> travail commun sur la chirurgie ambulatoire.<br />
L’objectif est <strong>de</strong> fournir aux acteurs<br />
<strong>de</strong> terrain <strong>de</strong>s outils, gui<strong>de</strong>s, recommandations<br />
et <strong>de</strong>s accompagnements. Le<br />
programme pluriannuel se décompose<br />
en 6 axes, <strong>de</strong>puis la revue <strong>de</strong> la littérature<br />
internationale jusqu’à la prise en compte<br />
<strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s travaux communs dans<br />
l’évolution <strong>de</strong> la procédure <strong>de</strong> certification<br />
et d’accréditation. L’axe pivot <strong>de</strong> ce<br />
programme consiste en la publication <strong>de</strong><br />
recommandations organisationnelles et<br />
d’outils à partir <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux démarches terrain.<br />
L’une consiste à i<strong>de</strong>ntifier les facteurs clés<br />
<strong>de</strong> succès (organisationnels et culturels)<br />
à travers un benchmark ciblé sur les 15<br />
établissements français les plus performants<br />
en ambulatoire, l’autre en une analyse<br />
<strong>de</strong> risque organisationnel à partir <strong>de</strong><br />
métho<strong>de</strong>s éprouvées visant à i<strong>de</strong>ntifier les<br />
défaillances potentielles et les barrières <strong>de</strong><br />
sécurité à mettre en œuvre dans un échantillon<br />
<strong>de</strong> 5 établissements <strong>de</strong> santé. Les recommandations<br />
organisationnelles seront<br />
publiées fin mars <strong>20</strong>13 et associeront <strong>de</strong>s<br />
principes fondamentaux qui reprennent<br />
les concepts <strong>de</strong> la chirurgie ambulatoire<br />
Les séances sont publiques<br />
(gestion <strong>de</strong>s flux et gestion <strong>de</strong>s risques) et<br />
qui sont considérés comme les bases indispensables<br />
et préalables à toute démarche,<br />
<strong>de</strong>s éléments stratégiques <strong>de</strong> niveau global,<br />
<strong>de</strong>s éléments à visée opérationnelle et<br />
une vision prospective du développement<br />
futur <strong>de</strong> la chirurgie ambulatoire.<br />
Intervenant : JP TRIBOULET (Lille)<br />
Elections Associés et Titulaires 1er semestre<br />
<strong>20</strong>13<br />
Tirage d’une commission <strong>de</strong> cinq membres<br />
titulaires et titulaires honoraires chargée <strong>de</strong><br />
l’examen <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong>s candidats aux places<br />
vacantes <strong>de</strong> membres Titulaires le <strong>20</strong>.3<br />
..............................................<br />
Séance du mercredi<br />
<strong>20</strong> mars <strong>20</strong>13<br />
17h00 -18h30<br />
Musée d’histoire <strong>de</strong> la Mé<strong>de</strong>cine<br />
Orateur/Organisateur :<br />
Jean-François MERCIER (Paris)<br />
CONFÉRENCE « MÉDECINE MO-<br />
NASTIQUE ET CHIRURGIE MÉ-<br />
DIÉVALE »<br />
Les membres <strong>de</strong> l’Académie sont invités et<br />
attendus, à l’issue <strong>de</strong> la Séance Plénière.<br />
JF MERCIER (Paris) :<br />
Du moine copiste au moine chirurgien.<br />
Évolution <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine monastique au<br />
Moyen Âge dans l’Occi<strong>de</strong>nt - Progrès <strong>de</strong> la<br />
chirurgie entre le VIe et la fin du XVe siècle.<br />
.............................................<br />
Séance du mercredi<br />
27 mars <strong>20</strong>13<br />
14 h30-17h00<br />
COMMUNICATIONS LIBRES<br />
Alain WURTZ (Lille) :<br />
La chirurgie du pectus excavatum améliore<br />
l’aptitu<strong>de</strong> aérobie et l’efficacité <strong>de</strong> la<br />
pompe respiratoire cardio-vasculaire chez<br />
l’adulte.
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
69<br />
Jean-Pierre RICHER (Poitiers) :<br />
Réflexion sur les gastroparésies à retentissement<br />
clinique (gra<strong>de</strong> B et C <strong>de</strong> l’International<br />
Study Group of pancreatic Surgery)<br />
après duodénopancréatectomie céphalique<br />
: à propos <strong>de</strong> 132 opérés.<br />
La gastroparésie est la complication la plus<br />
fréquente après duodénopancréatectomie<br />
céphalique (DPC) (1). Elle augmente<br />
<strong>de</strong> manière significative la durée <strong>de</strong> séjour<br />
hospitalier et le coût global <strong>de</strong> la DPC. Le<br />
but <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est d’individualiser <strong>de</strong>s<br />
facteurs étiologiques ou prédictifs <strong>de</strong> gastroparésie<br />
postopératoire après DPC.<br />
Matériel et métho<strong>de</strong> : Cette étu<strong>de</strong> rétrospective,<br />
<strong>de</strong> Janvier <strong>20</strong>04 à Décembre <strong>20</strong>11,<br />
concerne 132 adultes ayant eu une DPC<br />
sans conservation pylorique avec anatomose<br />
pancréato-gastrique 56 fois (42,4%)<br />
ou pancréato-jéjunale 76 fois (57,6%). La<br />
gastro-entéro-anastomose a été pré-colique<br />
chez 98,5% <strong>de</strong>s opérés. Il s’agissait<br />
<strong>de</strong> 79 hommes (59,8%) et <strong>de</strong> 53 femmes<br />
(40,2%) d’âge moyen 64 ans (extrêmes<br />
23/82, avec 18 patients > 74 ans), <strong>de</strong> score<br />
ASA 1 ou 2 dans 65,2% <strong>de</strong>s cas, ASA 3 dans<br />
<strong>31</strong>,8% et ASA 4 dans 3% <strong>de</strong>s cas. L’indication<br />
opératoire concernait une pathologie<br />
maligne chez 97 patients (73,5%) une pathologie<br />
bénigne chez 35 patients (26,5%).<br />
Une résection veineuse a été réalisée chez<br />
18 patients (13%). La durée d’hospitalisation<br />
médiane était <strong>de</strong> 13 jours, moyenne<br />
<strong>de</strong> 18 jours.<br />
La définition <strong>de</strong> l’International Study<br />
Group of Pancreatic Surgery (ISGPS) a été<br />
utilisée pour affirmer la gastroparésie ainsi<br />
que son gra<strong>de</strong> (2). Les facteurs prédictifs<br />
<strong>de</strong> gastroparésie <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> B ou C ont été<br />
recherché en analyse univariée puis multivariée.<br />
- Le gra<strong>de</strong> A (son<strong>de</strong> naso-gastrique <strong>de</strong> J3<br />
jusqu’à J7) n’induit aucun changement<br />
dans la prise en charge postopératoire. Les<br />
vomissements sont peu fréquents et un<br />
support nutritionnel n’est pas nécessaire. Il<br />
n’est pas considéré dans notre étu<strong>de</strong>.<br />
- Le gra<strong>de</strong> B (son<strong>de</strong> naso-gastrique <strong>de</strong> J8<br />
jusqu’à J14) et le gra<strong>de</strong> C (son<strong>de</strong> nasogastrique<br />
au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> J14) nécessitent souvent<br />
l’administration <strong>de</strong> prokinétiques. La<br />
durée d’hospitalisation est augmentée et<br />
le recours à une nutrition parentérale ou<br />
entérale est souvent nécessaire.<br />
Résultats : La mortalité post-opératoire<br />
est <strong>de</strong> 3% (4 décès).<br />
La morbidité post-opératoire est <strong>de</strong> 44,7%<br />
(59 patients), dominée par :<br />
- les fistules pancréatiques favorisées par la<br />
pancréatite (33,3%) dont 2/3 biologiques<br />
(amylase > 3N sérique à J3 et J5 dans le<br />
liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> drainage)<br />
- les gastroparésies <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> B et C (28,8%)<br />
- les hémorragies (14,4).<br />
Les facteurs prédictifs <strong>de</strong> gastroparésie <strong>de</strong><br />
gra<strong>de</strong> B ou C en analyse univariée sont :<br />
- la fistule pancréatique <strong>de</strong> gra<strong>de</strong> B ou C<br />
(selon l’ISGPS),<br />
- l’hémorragie postopératoire,<br />
- l’importance <strong>de</strong> la transfusion postopératoire,<br />
- l’utilisation d’un traitement gastroparésiant<br />
post-opératoire (les anticholinergiques,<br />
les agonistes bêta, les dopaminergiques,<br />
les antagonistes calciques, les<br />
antidépresseurs, la nutrition parentérale<br />
exclusive)<br />
- la nécessité d’une reprise chirurgicale ou<br />
d’un geste <strong>de</strong> radiologie interventionnelle.<br />
Les facteurs prédictifs <strong>de</strong> gastroparésie <strong>de</strong><br />
gra<strong>de</strong> B ou C en analyse multivariée sont :<br />
l- a nécessité d’une reprise chirurgicale ou<br />
d’un geste <strong>de</strong> radiologie interventionnelle,<br />
- un débit quotidien moyen <strong>de</strong> son<strong>de</strong> naso-gastrique<br />
supérieur à 250 ml<br />
- la transfusion peropératoire.<br />
Les gastroparésies à traduction clinique <strong>de</strong><br />
gra<strong>de</strong> B et C associées à une autre complication<br />
post-opératoire surviennent dans<br />
13,6% <strong>de</strong>s cas.<br />
Les gastroparésies à traduction clinique <strong>de</strong><br />
gra<strong>de</strong> B et C survenant <strong>de</strong> façon indépendante<br />
à toute autre complication chirurgicale<br />
surviennent dans 15,2% <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong><br />
notre série.<br />
Discussion : Nous pensons comme<br />
d’autres auteurs qu’il convient <strong>de</strong> faire la<br />
distinction entre la gastroparésie secondaire<br />
associée à une complication chirurgicale<br />
post-opératoire, et la gastroparésie<br />
primaire, observée en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> toute<br />
complication intra-abdominale (2, 3).<br />
En effet, la pancréatite et la fistule pancréatique,<br />
l’hémorragie postopératoire, une<br />
reprise chirurgicale ou un geste <strong>de</strong> radiologie<br />
interventionnelle sont <strong>de</strong>s facteurs<br />
clairement i<strong>de</strong>ntifiés <strong>de</strong> gastroparésie que<br />
l’on qualifierait <strong>de</strong> secondaire. Il convient<br />
d’attribuer cette gastroparésie à l’incontournable<br />
iléus paralytique associé à toute<br />
complication <strong>de</strong> tout geste <strong>de</strong> chirurgie<br />
digestive quel qu’il soit (4).<br />
A coté <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> reconstruction<br />
discutées dans la littérature (gastroentéroanastomose<br />
avec une anse montée<br />
en trans-mésocolique, anastomose pancréato-gastrique<br />
ou pancréato-jéjunale,<br />
conservation pylorique ou non, intubation<br />
du conduit pancréatique…), dans les gastroparésies<br />
primaires, sont impliqués <strong>de</strong>s<br />
facteurs physiopathologiques :<br />
- La résection duodénale qui supprime<br />
principalement la sécrétion <strong>de</strong> motiline, ce<br />
qui nuit à l’induction du complexe moteur<br />
migrant et altère la vidange gastrique ainsi<br />
Les séances sont publiques<br />
que la motricité <strong>de</strong> l’anse efférente <strong>de</strong> la<br />
gastro-entéro-anastomose (5).<br />
- Les lésions neurovégétatives lors du<br />
curage carcinologique du pédicule hépatique<br />
et <strong>de</strong> l’exérèse <strong>de</strong> la lame rétro-portale<br />
qui affectent la motricité <strong>de</strong> l’anse<br />
efférente <strong>de</strong> la gastro-entéro-anastomose<br />
(6).<br />
- Les sections gastriques et intestinales qui<br />
engendrent une section <strong>de</strong>s couches musculaires<br />
longitudinales et une section <strong>de</strong>s<br />
fibres nerveuses intrinsèques engendrant<br />
une interruption <strong>de</strong>s complexes migrants<br />
(7).<br />
Conclusion : La gastroparésie primaire<br />
parait être alors un phénomène multifactoriel<br />
en gran<strong>de</strong> partie liée à la résection<br />
duodénopancréatique en elle-même.<br />
C’est dans cette indication que la prescription<br />
<strong>de</strong> médicaments prokinétiques peut<br />
être discutée.<br />
Références : 1 - Ahmad SA et al, Ann Surg<br />
<strong>20</strong>12 ; 256(3) : 529-37<br />
2 - Eshuis WJ et al, HPB (Oxford) <strong>20</strong>12;<br />
14(1): 54-9.<br />
3 - Welsch T et al, Br J Surg <strong>20</strong>10; 97(7):<br />
1043-50.<br />
4 –Hashimoto Y et al Surgery <strong>20</strong>10 ; 147(4) :<br />
503-15.<br />
5 - Suzuki H et al, Ann Surg <strong>20</strong>01; 233(3) :<br />
353-9.<br />
6 - Buc E, Sauvanet A. Duodénopancréatectomie<br />
céphalique. EMC (Elsevier Masson<br />
SAS, Paris). <strong>20</strong>11;Techniques chirurgicales<br />
- Appareil digestif: 40-880-B.<br />
7 - Johnson CP et al, Surgery.<br />
1995;117(5):5<strong>31</strong>-7.<br />
Alec VAHANIAN (Paris, Bichat) :<br />
Traitement per cutané <strong>de</strong> l’insuffisance<br />
mitrale.<br />
Anette COLCHEN (Paris, Foch) :<br />
Pneumologie interventionnelle.<br />
Bernard LAUNOIS :<br />
Le Traitement Judiciaire <strong>de</strong>s Difficultés<br />
Economiques d’Entreprise <strong>de</strong> Santé : une<br />
Expérience Personnelle.<br />
Elections Associés et Titulaires 1er semestre<br />
<strong>20</strong>13<br />
Tirage d’une commission <strong>de</strong> cinq membres<br />
titulaires et titulaires honoraires, associés<br />
et associés honoraires chargée <strong>de</strong> l’examen<br />
<strong>de</strong>s titres <strong>de</strong>s candidats aux places<br />
vacantes <strong>de</strong> membres Associés le 27.3<br />
A l’issue <strong>de</strong> la séance du 27.3 <strong>de</strong> l’Académie<br />
se réunira en comité secret pour entendre<br />
le rapport <strong>de</strong>s commissions chargées<br />
<strong>de</strong> l’examen <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong>s candidats<br />
aux places vacantes <strong>de</strong> membres titulaires.
70<br />
PROGRAMME DES SÉANCES<br />
LES SÉANCES SONT PUBLIQUES<br />
Séance du mercredi<br />
3 avril <strong>20</strong>13<br />
14h30 -17h00<br />
Prési<strong>de</strong>nce : François RICHARD<br />
Modérateur : D GRUNENWALD (Paris)<br />
CHIRURGIE THORACIQUE<br />
..............................................<br />
Séance du mercredi<br />
10 avril <strong>20</strong>13<br />
13h30 -14h30<br />
« Les Cor<strong>de</strong>liers »<br />
15, rue <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
75006 Paris<br />
Prési<strong>de</strong>nce : François RICHARD<br />
L’académie se réserve le droit d’insérer, en début<br />
<strong>de</strong> séance, une communication rapportant<br />
une innovation chirurgicale nécessitant<br />
une décision rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> diffusion.<br />
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE<br />
ÉLECTIVE<br />
Elections Associés et Titulaires 1er semestre<br />
<strong>20</strong>13<br />
..............................................<br />
Séance du mercredi<br />
10 avril <strong>20</strong>13<br />
14h30 -17h00<br />
« Les Cor<strong>de</strong>liers »<br />
15, rue <strong>de</strong> l’École <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine<br />
75006 Paris<br />
Prési<strong>de</strong>nce : François RICHARD<br />
Modérateur : Jean Luc MAGNE<br />
(Grenoble)<br />
SÉANCE COMMUNE AVEC LA<br />
SCV « SOCIÉTE <strong>de</strong> CHIRURGIE<br />
VASCULAIRE »<br />
Master <strong>de</strong> la FONDATION DE L’AVENIR :<br />
Prix « parcours 3R <strong>de</strong>s <strong>Chirurgie</strong>ns <strong>de</strong><br />
l’Avenir <strong>20</strong>12 »<br />
P LHOMMET (Tours) :<br />
Thérapie cellulaire cardiaque « Thérapie cellulaire<br />
cardiaque : cellules souches mésenchymateuses<br />
allogéniques dans un modèle<br />
d’infarctus du myocar<strong>de</strong> », avec l’équipe<br />
Nantes (LEMARCHAND)<br />
JL MAGNE (Grenoble) :<br />
Complications artérielles <strong>de</strong>s syndromes <strong>de</strong><br />
la traversée thoraco brachiale : résultats à<br />
long terme du traitement chirurgical à propos<br />
<strong>de</strong> 18 cas.<br />
JL MAGNE, H BLAISE, A <strong>de</strong> LAMBERT, C SESSA<br />
Les complications artérielles <strong>de</strong>s syndromes<br />
<strong>de</strong> la traversée thoraco brachiale (STTB) sont<br />
rares. Nous avons analysé les résultats à long<br />
terme d’une série consécutive <strong>de</strong> 18 cas<br />
opérés.<br />
De 1986 à <strong>20</strong>11, une série consécutive <strong>de</strong><br />
17 patients présentant 18 complications<br />
artérielles d’un STTB ont été opéré. La voie<br />
d’abord était sus claviculaire 16 fois, et combinée<br />
à une voie sous claviculaire une fois et<br />
à une voie axillaire une fois. Un traitement<br />
chirurgical <strong>de</strong> 14 anévrysmes <strong>de</strong> l’artère<br />
sous clavière était réalisé par : résections<br />
anastomoses (n=7), anévrysmorraphies<br />
(n=2), résection pontage (n=5) .Quatre dilatations<br />
fusiformes modérées <strong>de</strong> l’artère sous<br />
clavière sans thrombus pariétal en échographie<br />
per opératoire n’ont pas nécessitée <strong>de</strong><br />
restauration vasculaire. Les gestes associés<br />
osseux étaient : une résection isolée <strong>de</strong> côte<br />
cervicale (n=9), une résection isolée <strong>de</strong> première<br />
côte (n=3), une résection associée <strong>de</strong><br />
première côte et côte cervicale (n=6). Huit<br />
sympathectomies thoraciques et 4 embolectomies<br />
étaient réalisées dans le même<br />
temps par la même voie d’abord.<br />
La morbidité post opératoire était faible : un<br />
hémothorax drainée sans séquelle. Le suivi<br />
à long terme était réalisé chez 13 patients,<br />
durée moyenne <strong>de</strong> suivi était <strong>de</strong> 3 ans (extrêmes<br />
4 à 165 mois). Aucune ré intervention<br />
secondaire n’a été réalisée.<br />
La résection anastomose simple <strong>de</strong>s anévrysmes<br />
<strong>de</strong> l’artère sous clavière est le plus<br />
souvent réalisable, avec un bon résultat à<br />
long terme. Les gestes associés <strong>de</strong> décompression<br />
ou sympathectomies thoraciques<br />
sont réalisables par la même voie d’abord.<br />
L’Echographie Doppler per opératoire permet<br />
<strong>de</strong> visualiser les thromboses pariétales<br />
<strong>de</strong> l’artère sous clavière nécessitant une<br />
geste <strong>de</strong> restauration.<br />
D MIDY (Bor<strong>de</strong>aux) :<br />
Endoprothèse repositionnable pour anévrisme<br />
aortique: concept – intérêt – résultats.<br />
Objectifs : Le traitement endovasculaire <strong>de</strong>s<br />
Les séances sont publiques<br />
anévrysmes <strong>de</strong> l’aorte abdominale est maintenant<br />
validé. L’endoprothèse ANACONDA<br />
distribuée par la firme VASCUTEK permet<br />
un repositionnement précis du corps prothétique<br />
au ras <strong>de</strong>s artères rénales pour le<br />
traitement <strong>de</strong>s anévrysmes sous-rénaux<br />
et en regard <strong>de</strong>s fenêtres viscérales pour le<br />
traitement par endoprothèses fenêtrées <strong>de</strong>s<br />
anévrysmes para-rénaux.<br />
Matériel et métho<strong>de</strong>s : Pour l’endoprothèse<br />
ANACONDA sous-rénale, nous présentons<br />
les résultats <strong>de</strong> 983 cas suivis à trois<br />
ans. Les procédures sont réalisées le plus<br />
souvent sous anesthésie locorégionale, la<br />
durée d’hospitalisation moyenne est <strong>de</strong> 4,6<br />
jours. La mortalité péri opératoire est <strong>de</strong> 1,1<br />
% (11 cas) Dans 1,1 % <strong>de</strong>s cas une conversion<br />
chirurgicale a été nécessaire. Les résultats<br />
à moyen terme montrent à 3 ans un<br />
taux <strong>de</strong> survie <strong>de</strong> 89,9 %, une in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong><br />
conversion chirurgicale <strong>de</strong> 96,7 % et une<br />
perméabilité primaire <strong>de</strong> 93,6 %, l’absence<br />
<strong>de</strong> migration <strong>de</strong> l’endoprothèse dans 99,6 %.<br />
Dans 96,2 % <strong>de</strong>s cas le diamètre anévrysmal<br />
est stable ou involue.<br />
Endoprothèse fenêtrée ANACONDA : les<br />
résultats d’un registre européen <strong>de</strong> 190 patients<br />
sont présentés. Le repositionnement<br />
est réalisé dans 60 % <strong>de</strong>s cas. La mortalité<br />
péri opératoire est <strong>de</strong> 13 cas ; un seul est en<br />
rapport avec le matériel. A un an le taux <strong>de</strong><br />
fuites <strong>de</strong> type II est <strong>de</strong> 19 % ; l’inci<strong>de</strong>nce sur<br />
l’insuffisance rénale est faible, puisqu’aucun<br />
patient n’a nécessité d’hémodialyse permanente.<br />
Le diamètre <strong>de</strong> l’anévrysme juxta-rénal<br />
est stable ou diminue dans 96,8 %. L’inci<strong>de</strong>nce<br />
<strong>de</strong> l’occlusion <strong>de</strong>s vaisseaux cibles est<br />
<strong>de</strong> 3,2 %.<br />
M BOUAYED (Oran) :<br />
Le traitement <strong>de</strong>s anévrismes aortiques thoraco-abdominaux<br />
par stents multicouches.<br />
But : Montrer l’intérêt <strong>de</strong>s stents ouverts<br />
multicouches(SMC) dans le traitement<br />
<strong>de</strong>s anévrismes aortiques thoracoabdominaux(AATA)<br />
Matériels : Une étu<strong>de</strong> prospective est réalisée<br />
sur une série <strong>de</strong> 24 cas d’anévrismes aortiques<br />
traités par la mise en place <strong>de</strong> stents<br />
multicouches dont 16 pour <strong>de</strong>s anévrismes<br />
thoraco-abdominaux classés Crawford : I<br />
(2cas), II (4cas), III (3cas), IV (7cas).<br />
La moyenne d’âge <strong>de</strong> ce sous-groupe <strong>de</strong> 16<br />
AATA est <strong>de</strong> 67,81ans (extrêmes 44 - 88 ans).<br />
Le diamètre moyen <strong>de</strong>s AATA est <strong>de</strong><br />
73,75mm (extrêmes 56 - 113mm).<br />
Résultats : Le succès technique initial a été<br />
<strong>de</strong> 100%.Il n’y a eu ni paraplégie ni ischémie<br />
digestif ou cérébral. Un hématome rétro péritonéal<br />
a été évacué chirurgicalement.<br />
- La mortalité à J30 :sans rapport avec l’anévrisme,<br />
1 décès après un infarctus du myo-
ACADÉMIE DE CHIRURGIE MAGAZINE<br />
Le magazine <strong>de</strong> LA CHIRURGIE FRANCOPHONE<br />
71<br />
car<strong>de</strong> massif à J1,<br />
- en rapport avec l’anévrisme, aucun décès.<br />
Lors d’un suivi moyen <strong>de</strong> 6 mois (extrêmes<br />
1 - 10mois), il y a eu un décès sans rapport<br />
avec l’anévrisme à 7 mois et 2 décès en rapport<br />
avec l’anévrisme : 2 cas <strong>de</strong> rupture à 2<br />
mois et à 3 mois.<br />
L’exclusion du sac anévrismal était totale<br />
dans 4 cas, partielle dans 8 cas et sans modification<br />
dans 3cas (2 cas rompus et un cas<br />
récent <strong>de</strong> 1 mois). Les artères viscérales et à<br />
<strong>de</strong>stinée cérébrale sont toutes restées perméables.<br />
Conclusion : Le SMC semble être une option<br />
acceptable pour le traitement <strong>de</strong>s AATA<br />
surtout chez les patients non éligibles à<br />
une chirurgie classique ou à un traitement<br />
par endoprothèse couverte .La technique<br />
est simple et rapi<strong>de</strong> et les artères viscérales<br />
restent constamment perméables. Le risque<br />
<strong>de</strong> rupture <strong>de</strong>s AATA traités par <strong>de</strong>s SMC est<br />
très réduit. Le respect <strong>de</strong>s indications et <strong>de</strong><br />
certains détails techniques vont améliorer<br />
les résultats.<br />
F KOSKAS (Paris) :<br />
Conversion chirurgicale tardive après échec<br />
d’une endoprothèse aortique.<br />
Philippe Tresson, Julien Gaudric, Yannick<br />
Georg, Laurent chiche & Fabien Koskas (Paris).<br />
Les conversions chirurgicales tardives après<br />
échec d’une endoprothèse aortique à exclure<br />
un anévrisme ou une dissection sont<br />
rares. De 1997 à <strong>20</strong>12, sur 937 endoprothèse<br />
aortiques thoraciques ou abdominales,<br />
nous n’avons effectué que 42 conversions<br />
tardives. Cette rareté est probablement<br />
expliquée par plus <strong>de</strong> 15 % <strong>de</strong> retouches<br />
endovasculaires. De plus, 12 (28,6 %) <strong>de</strong> ces<br />
endoprothèses avaient été implantées dans<br />
un autre centre. La cause <strong>de</strong> l’échec était une<br />
endofuite avec croissance <strong>de</strong> l’anévrisme<br />
dans 16 cas, un anévrisme proximal dans<br />
6 cas, une occlusion du greffon dans 6 cas,<br />
une infection du greffon dans 5 cas un anévrisme<br />
distal dans 4 cas, une dissection aortique<br />
dans 4 cas et une paraplégie transitoire<br />
dans un cas. Le traitement a consisté en une<br />
résection complète <strong>de</strong> l’endoprothèse par<br />
un greffon conventionnel dans 24 cas, en<br />
une anastomose proximale entre l’aorte et<br />
l’endoprothèse laissée en place dans 5 cas,<br />
en un remplacement <strong>de</strong> l’endoprothèse par<br />
une allogreffe dans 5 cas septiques, en une<br />
interposition prothétique proximale entre<br />
l’aorte et l’endoprothèse dans 4 cas, en une<br />
endoanevrysmoraphie d’artères lombaires<br />
ou mésentérique inférieure dans 2 cas, en<br />
une anastomose distale <strong>de</strong> l’endoprothèse<br />
avec les vaisseaux natifs dans un cas et en<br />
une interposition prothétique distale entre<br />
l’endoprothèse et les vaisseaux natifs dans<br />
un cas. 6 mala<strong>de</strong>s (14,3 %) sont décédés<br />
dans les suites postopératoires précoces,<br />
2 <strong>de</strong> défaillance multiviscérale, 2 d’un arrêt<br />
cardiaque perd opératoire irréversible, un<br />
<strong>de</strong> nécrose colique et le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> complications<br />
hémorragiques. Les conversions<br />
chirurgicales tardives après échec d’une endoprothèse<br />
à exclure un anévrisme ou une<br />
dissection sont heureusement rares. Elles<br />
exigent une performance chirurgicale dont<br />
le risque n’est pas négligeable. Elles justifient,<br />
malgré les progrès <strong>de</strong> l’endovasculaire<br />
<strong>de</strong> maintenir un haut niveau <strong>de</strong> formation<br />
chirurgicale ouverte parmi les chirurgiens<br />
vasculaires.<br />
Accé<strong>de</strong>z aux Magazines <strong>de</strong> l’Académie<br />
<strong>de</strong> <strong>Chirurgie</strong> sur Internet !<br />
• A partir <strong>de</strong> mars <strong>20</strong>13, Etonnez-vous !<br />
Téléchargez le Magazine en ligne !<br />
Magazine créé en Juin <strong>20</strong>10, passez un moment<br />
<strong>de</strong> détente<br />
en découvrant… Autrement la <strong>Chirurgie</strong> !<br />
RUBRIQUES<br />
- Article scientifique, mise à jour thérapeutique<br />
- Article historique sur un chirurgien, une<br />
pratique chirurgicale, un médicament…<br />
- Tribune libre<br />
- Tribune Littéraire<br />
- Point <strong>de</strong> Vue d’un Jeune <strong>Chirurgie</strong>n<br />
- Dialogue Intergénérationnel,<br />
réponse au Jeune <strong>Chirurgie</strong>n<br />
- <strong>Chirurgie</strong>n du Mon<strong>de</strong><br />
- Les évènements scientifiques<br />
auxquels participe l’Académie<br />
- Vie <strong>de</strong> l’Académie<br />
- Programme <strong>de</strong>s Séances <strong>de</strong><br />
l’Académie<br />
Vous pouvez faire part <strong>de</strong><br />
vos suggestions au Comité<br />
<strong>de</strong> Rédaction :<br />
administration@aca<strong>de</strong>mie-chirurgie.fr<br />
Les séances sont publiques