La crise du modele sloanien aux Etats Unis et l ... - Michel Freyssenet
La crise du modele sloanien aux Etats Unis et l ... - Michel Freyssenet
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En 1973, Volvo est parvenu à deux modèles de voiture particulière, ayant chacun leur<br />
plate-forme, à les vendre au total à 252.000 exemplaires, dont les trois quarts à l’étranger,<br />
<strong>et</strong> à les pro<strong>du</strong>ire à 80% environ en Suède. Ses t<strong>aux</strong> de profit sont montés à plus de 10%<br />
avant impôt.<br />
2.7. Les solutions pour surmonter les difficultés <strong>du</strong> passage à une pro<strong>du</strong>ction diversifiée<br />
<strong>et</strong> la <strong>crise</strong> <strong>du</strong> travail, <strong>et</strong> les perspectives lorsque le marché se saturera<br />
Si les firmes européennes avaient à surmonter les difficultés de passage à une conception <strong>et</strong><br />
à une pro<strong>du</strong>ction diversifiées <strong>et</strong> la <strong>crise</strong> <strong>du</strong> travail qui l’accompagnait, l’avenir de l’in<strong>du</strong>strie<br />
automobile leur paraît alors relativement clair <strong>et</strong> assuré. Lorsque le marché atteindra le<br />
stade <strong>du</strong> renouvellement, il sera toujours possible de procéder à des alliances ou à des fusions<br />
de firmes généralistes, trop nombreuses (elles sont 8) comparativement <strong>aux</strong> trois firmes<br />
américaines dont le marché était alors presque deux fois plus grand. <strong>La</strong> Communauté<br />
Européenne était promise en outre à un constant élargissement, notamment vers des pays où<br />
la motorisation était encore très en r<strong>et</strong>ard. Le mode de croissance « consommateur <strong>et</strong> coordonné<br />
» qui prévalait dans les six pays de la CEE pouvait devenir celui de l’Europe élargie<br />
<strong>et</strong> unifiée, même si un pays comme la République Fédérale Allemande allait conserver une<br />
certaine extraversion, compte tenu de sa spécialisation historique. Il s’agissait donc pour<br />
l’heure de surmonter les difficultés organisatives <strong>et</strong> sociales <strong>du</strong> passage à une pro<strong>du</strong>ction de<br />
masse diversifiée en croissance.<br />
En République Fédérale Allemande <strong>et</strong> en Suède, les relations professionnelles contractuelles<br />
avaient permis de faire de « l’humanisation <strong>du</strong> travail » un thème important, si ce<br />
n’est prioritaire. En France <strong>et</strong> en Italie, où prévalaient des relations professionnelles conflictuelles,<br />
deux voies de résolution des difficultés rencontrées s’opposaient, tant parmi les<br />
dirigeants d’entreprise que parmi les syndicalistes. <strong>La</strong> première voie consistait dans<br />
l’immédiat à augmenter les salaires, à mensualiser les ouvriers, à ré<strong>du</strong>ire progressivement<br />
le temps de travail en échange d’une polyvalence dans l’occupation des postes, <strong>et</strong> à moyen<br />
terme à supprimer le travail répétitif, grâce à l’automatisation flexible de la pro<strong>du</strong>ction, <strong>et</strong><br />
pour certains syndicalistes à encourager un changement politique seul capable de transformer<br />
la condition salariale. <strong>La</strong> deuxième voie était de rechercher de nouvelles formes<br />
d’organisation <strong>du</strong> travail qui perm<strong>et</strong>tent tout à la fois <strong>aux</strong> ouvriers de ne plus être contraints<br />
par une cadence mécanique <strong>et</strong> de r<strong>et</strong>rouver autonomie <strong>et</strong> initiative dans leurs tâches, <strong>et</strong> à<br />
l’entreprise d’améliorer sa flexibilité <strong>et</strong> sa pro<strong>du</strong>ctivité. Au sein de chacune des deux voies,<br />
des compromis étaient possibles entre dirigeants <strong>et</strong> syndicats. Ils étaient plus difficiles à<br />
construire entre les deux voies. À la veille <strong>du</strong> premier choc pétrolier, le débat n’était pas<br />
tranché <strong>et</strong> pouvait évoluer dans un sens ou dans un autre. Ces deux voies avaient toutefois<br />
en commun, sans que cela soit clair pour les acteurs, de considérer comme acquis le mode<br />
de croissance autocentré fondé sur la distribution des gains de pro<strong>du</strong>ctivité en pouvoir<br />
d’achat des salaires. C’est ce mode de croissance qui allait être déstabilisé à partir de la<br />
deuxième moitié des années soixante-dix. Pour l’heure, les constructeurs automobiles européens<br />
voyaient l’avenir avec confiance.<br />
22<br />
Boyer R., Freyssen<strong>et</strong> M., « <strong>La</strong> <strong>crise</strong> <strong>du</strong> modèle <strong>sloanien</strong> <strong>aux</strong> <strong>Etats</strong>-<strong>Unis</strong> <strong>et</strong> l’affirmation de deux nouve<strong>aux</strong><br />
modèles au Japon, 1967-1973 », GERPISA, Paris, 1999, 40 p. Édition numérique : freyssen<strong>et</strong>.com, 2006,<br />
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