Gaspard Proust - Théâtre du Passage
Gaspard Proust - Théâtre du Passage
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16 février 2012<br />
jeudi | 20h<br />
© Fabienne Rappeneau<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong><br />
Saison 2011-2012 | Dossier de presse<br />
Benoît Frachebourg · chargé de communication | benoit@theatre<strong>du</strong>passage.ch | +41 (0) 32 717 82 05<br />
Théâtre <strong>du</strong> <strong>Passage</strong> | 4, passage Maximilien-de-Meuron · CP 3172 · 2000 Neuchâtel | www.theatre<strong>du</strong>passage.ch
Entretien<br />
« Aucun problème avec les femmes, j’ai toujours eu l’intelligence de les considérer comme des<br />
objets ». <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> fait beau gosse des beaux quartiers mais c’est un tireur d’élite. Dans une<br />
syntaxe irréprochable, il tire à vue avec doigté. Il déballe les horreurs et le contraste fait mouche.<br />
Le début <strong>du</strong> XXIème siècle<br />
Je décris et j’incarne ce début de siècle. La plupart de mes comparses « humoristes » incarnent eux aussi à leur<br />
manière le début <strong>du</strong> siècle, mais ils en sont comme des pro<strong>du</strong>its finis le plus souvent. Je n’ai pas l’impression<br />
d’être détaché de la chaîne de pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> XXIème siècle ! Je ne suis pas prêt à me laisser ranger sur une<br />
étagère. Disons que je suis un pro<strong>du</strong>it qui circule dans une chaîne logistique qui s’est emballée.<br />
J’incarne la lucidité sans idéal. Et j’aime plutôt, sur le plateau, entretenir l’ambiguïté entre ce personnage un<br />
peu distant, détaché, et ce que je suis réellement. Les spectateurs se demandent si c’est moi ou la construction<br />
d’un personnage, ce doute persiste, c’est intéressant. Nous sommes une génération qui a fait un constat.<br />
On cherche encore à s’inventer des idéaux qui permettraient de tenir, de continuer, de tirer des conclusions.<br />
Dans la logique de ma vision actuelle <strong>du</strong> monde, nous sommes en 2011 donc à quatre ans de la première guerre<br />
mondiale <strong>du</strong> XXIème siècle. J’attends Gavrilo Princip, le tueur, en 1914 à Sarajevo, de l’archi<strong>du</strong>c de François-<br />
Ferdinand. Mais qui tuera-t-il en 2014 ? Et qui sera cet anarchiste ? Et si c’était le type qui s’est immolé en<br />
Tunisie, qui a déclenché les émeutes et la crise ? Si nous avions quatre ans d’avance ?<br />
Engagé, dégagé, désengagé ?<br />
Nous ne pouvons plus nous engager. Nous avons été trop bien é<strong>du</strong>qués.<br />
Nos systèmes scolaires nous ont obligé à comprendre que l’histoire se répète<br />
à l’infini, que tout est prévisible. On sait comment tout va finir. Et dès qu’on<br />
entend une idée, on la décortique avant d’y croire. Et quelques soient les sujets.<br />
J’aime avant tout interroger les ironies de l’histoire. J’aime triturer les idées<br />
reçues, les évidences admises et jouer des paradoxes. Je m’amuse de voir Ben<br />
Ali, inventeur de la république laïque tunisienne, réfugié subitement au pays de<br />
la charia. Voir l’histoire se répéter, c’est finalement savoureux. L’histoire garde<br />
le sourire même dans ses répétitions les plus sordides. J’apprécie les paradoxes qui opposent des arguments<br />
contraires aussi forts. On connaît par exemple les histoires des gens de gauche qui sont soudain partis à l’Est au<br />
moment de la chute <strong>du</strong> mur de Berlin. J’aime les raisonnements tortueux. J’en suis arrivé à la conclusion que<br />
la distribution inégalitaire des richesses était un bienfait écologique, puisque si nous étions tous riches, nous<br />
consommerions davantage et nous polluerions la planète d’autant plus.<br />
Par honnêteté, je préfère<br />
ne pas faire rêver les<br />
gens. Je suis dans<br />
l’observation.<br />
Cette mécanique de la pensée qui peut con<strong>du</strong>ire au pire m’intéresse, et<br />
m’amuse beaucoup. J’aime arriver aux conclusions les plus improbables<br />
depuis des constructions intellectuelles inébranlables. On a connu une<br />
globalisation positive et maîtrisée avec le temps des colonies, puisqu’il<br />
s’agissait d’une globalisation maîtrisée...<br />
C’est encore un exemple de réflexion paradoxale que je trouve assez<br />
raffiné. S’agit-il de cynisme ? d’idéalisme ? Je n’en sais rien. S’engager devient impossible, c’est tout, car on<br />
sait bien qu’il faudrait toujours faire une concession à la démagogie. L’intérêt personnel intervient toujours<br />
dans la défense d’une idée.<br />
Quand je parle d’amour ou de sexe, je décris ce qui se passe d’un point de vue médical, c’est sinistre. La rencontre<br />
entre deux corps est tragique. J’évoque les femmes, en m’inspirant de mon expérience propre pour ne pas être<br />
dans le faux. Mais quand on s’interroge sur les rapports de deux corps, on est immédiatement dans le sordide !<br />
Heureusement que les humains sont pervers. C’est bien ce qui nous distingue des animaux.<br />
L’humour, une affaire de langage et de sujets choisis<br />
Croire est devenu<br />
impossible. Mon<br />
personnage, sur le<br />
plateau, incarne ce<br />
désengagement.<br />
L’humour est une affaire de magie organisée avec des mots. C’est la surprise d’une rhétorique singulière qui<br />
provoque le rire. Je pourrai me considérer comme un écrivain quand j’aurai écrit un bouquin. Pour l’heure,
j’agence des idées, des sujets enchaînés qui font référence à l’actualité, l’économie, la globalisation, l’amour. Je<br />
ne me vois pas commenter l’actualité. D’autres le font si bien... Je préfère continuer à incarner ce début de siècle,<br />
fouiller les concordances historiques, les répétitions ironiques des catastrophes humaines, et questionner nos<br />
systèmes de valeurs, dont l’économie. Voilà un sujet obsédant, mais dont personne n’ose parler. Le premier<br />
drame de l’histoire chrétienne est l’incarnation, nous sommes d’accord : mais nous vivons dans une époque où<br />
les gens refusent de s’engager, car ils ont peur de s’incarner. Il y a un sas, entre le moment où on se sait exister,<br />
et le moment où on en fait quelque chose, où on passe à l’action. C’est un sas où l’eau est trop froide. Et vivre,<br />
cela veut dire mourir. Alors parfois on choisit de vivre un peu moins pour éviter d’avoir à mourir. Est-ce que<br />
vous comprenez ce que je vous dis, là ? Et si les spectateurs <strong>du</strong> Théâtre <strong>du</strong> Rond-Point viennent seulement<br />
pour rire, face à moi, alors nous serons tout de même parvenus eux et moi à nous émouvoir différemment d’un<br />
même mirage. Et si je viens pour une chose, et eux pour une autre, et que nous repartons tous deux contents,<br />
cela aura été au bout <strong>du</strong> compte une belle rencontre, non ?<br />
<strong>Gaspard</strong> proust - propos recueillis par Pierre Notte<br />
Note biographique<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> est né en Slovénie, a vécu douze ans en Algérie. Il a été banquier en Suisse, afféré à la gestion<br />
<strong>du</strong> patrimoine. Il parle cinq langues. Lauréat de nombreux prix, il a connu le succès en 2010 à Paris (aux Studio<br />
des Champs-Elysées, à l’Européen, à la Cigale) où le spectacle a affiché complet.<br />
Après une petite apparition dans le film Philibert de Sylvain Fusée, il tiendra le premier rôle <strong>du</strong> film de Frédéric<br />
Beigbeder, L’Amour <strong>du</strong>re trois ans, sortie prévue le 14 février 2012.<br />
Le texte <strong>du</strong> spectacle <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong>, présenté au Rond-Point et en tournée depuis 2011, est publié chez Stock.
Tournée<br />
07 août 2011 . . . . . . . . . .Ramatuelle (83)<br />
15 septembre 2011 . . . .Honfleur (14)<br />
17 septembre 2011 . . . .Saint Priest (42)<br />
15 novembre 2011 . . . . .Albertville (73)<br />
16 novembre 2011 . . . . .Morges (Suisse)<br />
6 et 7 décembre 2011 . .Nice (06)<br />
17 janvier 2012 . . . . . . . .Chevilly la rue (94)<br />
18 janvier 2012 . . . . . . . .Créteil (94)<br />
19 janvier 2012 . . . . . . . .Le Thor (84)<br />
20 janvier 2012 . . . . . . . .Pithiviers (45)<br />
21 janvier 2012 . . . . . . . .Vaux le Penil (77)<br />
24 janvier 2012 . . . . . . . .Saint Germain en Laye (78)<br />
25 janvier 2012 . . . . . . . .Saint Mandé (94)<br />
27 janvier 2012 . . . . . . . .Nogent le Rotrou (28)<br />
28 janvier 2012 . . . . . . . .Pontault Combault (77)<br />
30 et 31 janvier 2012 . . Blagnac (31)<br />
1er février 2012 . . . . . . . .Moissac (82)<br />
02 février 2012 . . . . . . . .Les sables d’Olonnes (85)<br />
03 février 2012 . . . . . . . . Villejuif (94)<br />
04 février 2012 . . . . . . . .Noisy le sec (93)<br />
06 et 07 février 2012 . . .Villefranche (69)<br />
08 février 2012 . . . . . . . .Freyming Merlebach (57)<br />
09 février 2012 . . . . . . . .Rombas (57)<br />
10 février 2012 . . . . . . . .Vélizy-Villacoublay (78)<br />
11 février 2012 . . . . . . . . Nérac (47)<br />
14 - 18 février 2012 . . . . Suisse<br />
19 février 2012 . . . . . . . . St Etienne (42)<br />
21 février 2012 . . . . . . . . Saverne (67)<br />
22 février 2012 . . . . . . . .Saint louis (68)<br />
23 février 2012 . . . . . . . .Jeumont (59)<br />
25 février 2012 . . . . . . . .Coutances (50)<br />
28 février 2012 . . . . . . . .Le Mans (72)<br />
1er et 02 mars 2012 . . .Poitiers (86)<br />
03 mars 2012 . . . . . . . . . .Soissons (02)<br />
08 mars 2012 . . . . . . . . . .Treguier (22)<br />
09 mars 2012 . . . . . . . . . .Pleurtuit (35)<br />
10 mars 2012 . . . . . . . . . .Villeparisis (77)<br />
13 mars 2012 . . . . . . . . . .Saintes (17)<br />
14 mars 2012 . . . . . . . . . .Bordeaux (33)<br />
15 mars 2012 . . . . . . . . . .Angoulême (16)<br />
16 mars 2012 . . . . . . . . . .Segre (49)<br />
17 mars 2012 . . . . . . . . . .Herblay (95)<br />
20 mars 2012 . . . . . . . . . .Noisy le Grand (93)<br />
21 mars 2012 . . . . . . . . . .Bourg les Valences (26)<br />
22 mars 2012 . . . . . . . . . .Issoire (65)<br />
23 mars 2012 . . . . . . . . . .Bapaume (62)<br />
24 mars 2012 . . . . . . . . . .Meaux (77)<br />
27 mars 2012 . . . . . . . . . .Le Havre (76)<br />
28 mars 2012 . . . . . . . . . .Armentières (59)<br />
29 mars 2012 . . . . . . . . . .Lille (59)<br />
30 mars 2012 . . . . . . . . . .Béthune (59)<br />
31 mars 2012 . . . . . . . . . .Clamart (92)<br />
03 avril 2012 . . . . . . . . . .Montceau les Mines (71)<br />
04avril 2012 . . . . . . . . . . .Lyon (69)<br />
05 avril 2012 . . . . . . . . . .Aix les Bains (73)<br />
06 avril 2012 . . . . . . . . . .Manosque (04)<br />
07 avril 2012 . . . . . . . . . .Corbeil Essones (91)<br />
10 avril 2012 . . . . . . . . . .Vendenheim (67)<br />
11 avril 2012 . . . . . . . . . .Puteaux (92)<br />
12 avril 2012 . . . . . . . . . .Sèvres (92)<br />
13 avril 2012 . . . . . . . . . .Amiens (80)<br />
14 avril 2012 . . . . . . . . . .Seraing (BEL)<br />
18 avril 2012 . . . . . . . . . .La Rochelle (17)<br />
19 avril 2012 . . . . . . . . . .Nantes (44)<br />
20 avril 2012 . . . . . . . . . .Fleury les Aubrais (43)<br />
21 avril 2012 . . . . . . . . . .Briec de l’Odet (29)<br />
12 mai 2012 . . . . . . . . . . .Maisons Alfort (94)
Après avoir remporté le 1er prix dans de nombreux<br />
Festivals (Paris fait sa comédie, Juste pour rire Nantes...),<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> a connu le succès en 2010 à Paris (Studio<br />
des Champs-Elysées, Européen, Cigale) où le spectacle a<br />
affiché complet.<br />
Il manie avec virtuosité un humour noir grinçant Telerama<br />
Brillant Le Figaro<br />
Une écriture travaillée au rasoir L’express<br />
Humour cruel, phrasé subtil, il tranche avec le tout-venant<br />
des comiques Le Parisien<br />
Loin devant les autres, <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> va plus loin… un<br />
coup d'éclat Libération<br />
C’est le nouveau comique qu’on va adorer détester Elle<br />
Bombe anatomique <strong>du</strong> rire JDD<br />
Il est plus méchant et fin que la majorité de ses confrères<br />
Nouvel Obs<br />
Un texte ciselé et intelligent (...) où le politiquement<br />
incorrect règne en maître Direct soir<br />
Un humour féroce doublé d’une écriture percutante<br />
Direct matin<br />
Grinçant à souhait. Précipitez-vous. Le Pariscope
Le Temps<br />
Samedi28janvier2012<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong>, le grand méchant doux<br />
> Humour Il cartonne<br />
en France avec<br />
son ton mordant<br />
et convainc en<br />
jumeau de Beigbeder<br />
dans le film «L’amour<br />
<strong>du</strong>re trois ans»<br />
> Avec son solo, il sera<br />
en Suisse romande<br />
dès le 15 février<br />
Marie-Pierre Genecand PARIS<br />
Avis aux jeunes filles en fleurs qui<br />
habitent près de chezSwann:dansla<br />
vraie vie, <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> n’est pas le<br />
grand méchant loup qui, en scène,<br />
croque froidement tout ce qui passe,<br />
des trois petits cochons roses à la<br />
grand-mère défraîchie. Dans la vraie<br />
vie, ce trentenaire volontiers solitaire<br />
court le matin, écoute <strong>du</strong> Wagner<br />
ou lit Dostoïevski l’après-midi<br />
et, dès qu’il le peut, fonce dans une<br />
de ses villes préférées, Prague, Strasbourg<br />
ou Cologne pour y admirer<br />
les cathédrales devant lesquelles il<br />
aime se sentir tout petit. Et, surtout,<br />
il déteste les mondanités qui font la<br />
griffe de son récent employeur,<br />
l’écrivain et chroniqueur Frédéric<br />
Beigbeder, qu’il vient d’incarner<br />
avec tact dans L’amour <strong>du</strong>re trois ans.<br />
«La nuit, c’est fait pour dormir,<br />
non?» interroge <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong><br />
avec une telle candeur derrière ses<br />
L’artisteestungarçon<br />
styléquimord,mais<br />
nes’acharnepoint.<br />
C’estlàtoutesaclasse,<br />
songrain<br />
DR<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong>.Lalittérature,illachérittellementque,à16ans,ilchoisitunbacscientifiqueparpeur<br />
quelesystèmescolaire«quibroietoutbroieaussilemiracledesmots». ARCHIVES<br />
lunettesenécaillequ’onsedemande<br />
si le joggeur n’est pas en train de<br />
nous balader. Mais le soupçon passe<br />
etl’impressionreste:telqu’onl’arencontré<br />
dans un café <strong>du</strong> XIXe arrondissement<br />
de Paris où il vit depuis<br />
deux ans, l’artiste est un garçon stylé<br />
qui mord, mais ne s’acharne point.<br />
C’est là toute sa classe, son grain.<br />
On résume. A 36 ans, l’humoriste<br />
suisse d’origine austro-slovène remplit<br />
les salles depuis deux ans à Paris<br />
et en tournée avec <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> tapine<br />
repéré et pro<strong>du</strong>it par le grand<br />
manitou des comiques, Laurent Ruquier.<br />
Un spectacle qui, mardi dernier,<br />
a conquis les 800 spectateurs<br />
<strong>du</strong> Théâtre Alexandre Dumas, à<br />
Saint-Germain-en-Laye, aux portes<br />
de la capitale. Au menu, de la<br />
taillade serrée, sèche. De la vanne<br />
acérée pour tous. La gauche, la<br />
droite, bien sûr, mais aussi les jeunes,<br />
les vieux, les juifs, les Noirs, les<br />
journalistes, les pauvres, les riches,<br />
etc. Pour tous? Oui, même<br />
pour Astérix, sacré «Brasillach de la<br />
BD», parce que, sinon, «comment expliquer<br />
qu’il n’ait pas fait profiter<br />
tout le pays de sa potion magique?».<br />
En jeans et veston, allure de jeune<br />
premier, <strong>Proust</strong> pratique la désinvolture,<br />
le trait qui tue et une solide<br />
érudition. Durant la soirée, on croise<br />
Robert Brasillach, donc, écrivain collabo,<br />
mais aussi Charles Martel, Talleyrand,<br />
et le philosophe Gilles Deleuze…<br />
Ou encore cette blague<br />
astucieuse qui en a laissé plus d’un<br />
interdit mardi: «C’est un surmoi qui<br />
rencontre un ça et lui dit, ça suffit,<br />
j’en ai assez de tes pulsions. Le ça lui<br />
répond: regarde ça avec moi.»<br />
«Oui, je lis beaucoup», répond<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> quand on l’interroge<br />
sur ses références académiques.<br />
«Des articles politiques, historiques,<br />
des auteurs. J’aime<br />
Dostoïevski, Cioran, Zola.» Zola,<br />
mais alors pourquoi lâche-t-il dans<br />
le spectacle que les ouvriers n’ont de<br />
classe «que l’intitulé de leur groupe<br />
social»? «Parce que, dans L’Assommoir,<br />
Zola lui-même n’est pas tendre<br />
avec les ouvriers. Et plus généralement<br />
parce que la méchanceté légère<br />
comme je la pratique permet<br />
<strong>Proust</strong>-Beigbeder, je t’aime moi aussi<br />
Depuis une semaine, les spectateurs<br />
romands peuvent également<br />
voir <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> sur<br />
grand écran. Dans L’amour <strong>du</strong>re<br />
trois ans, l’humoriste incarne<br />
Frédéric Beigbeder, lorsque<br />
l’écrivain mondain parisien<br />
croyait encore aux belles romances.<br />
Auteur et réalisateur <strong>du</strong> film,<br />
Beigbeder a trouvé chez <strong>Gaspard</strong><br />
<strong>Proust</strong> un air de ressemblance,<br />
une connivence. Vraiment? La<br />
réplique nous semble nettement<br />
moins tête à claques que l’original.<br />
Mieux, d’après notre critique<br />
cinéma, <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> a même<br />
le potentiel d’un Daniel Auteuil<br />
jeune. Mais pas bégueule, l’acteur<br />
soigne son maître: «Beigbeder<br />
ne mérite pas l’irritation qu’il<br />
de crever un abcès, de dédramatiser.<br />
Je défends l’idée qu’on n’a pas besoin<br />
de se mentir pour quand même vivre<br />
ensemble…»<br />
La littérature, <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> la<br />
chérit tellement que, à 16 ans, il<br />
choisit un bac scientifique par peur<br />
que le système scolaire «qui broie<br />
tout broie aussi le miracle des mots».<br />
«A cette époque, j’étais convaincu<br />
qu’unmétiernesepratiquait pas par<br />
suscite. C’est quelqu’un de vraiment<br />
très fin. Pour le film, j’ai<br />
suivi ses instructions à la lettre.<br />
Cela dit, j’ai souvent tiré le personnage<br />
<strong>du</strong> côté de la légèreté<br />
quand lui le souhaitait plus affirmé.»<br />
Belle manière de laisser<br />
entendre qu’il a donné une âme à<br />
un dragueur gaufré.<br />
M.-P. G.<br />
L’amour vache<br />
> <strong>Proust</strong> par lui-même.<br />
Verbatim<br />
U «Pourquoi <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong><br />
comme pseudo? Parce que je savais<br />
que mon nom de consonance<br />
allemande serait éreinté à Paris. Je<br />
n’ai pas choisi ce pseudo par vénération<br />
pour l’écrivain, mais parce<br />
que c’est, en français, le nom qui se<br />
rapproche le plus de mon patronyme<br />
d’origine.»<br />
Sur scène:<br />
U «La Porsche Cayenne? Ce n’est<br />
jamais qu’une Aston Martin sodomisée<br />
par une Coccinelle.»<br />
U «Je ne classe les femmes que<br />
selon des critères physiques. J’estime<br />
que j’apporte le reste.»<br />
U «L’amour, c’est faire des créneaux<br />
dans une impasse.»<br />
passion, mais par pragmatisme.<br />
S’ennuyer en gagnant de l’argent, ou<br />
inversement, me semblait être l’unique<br />
but à poursuivre.» Dès lors, pour<br />
le gagner plus vite, cet argent, <strong>Gaspard</strong><br />
<strong>Proust</strong> qui vit à Aix-en-Provence<br />
s’inscrit à l’Institut des hautes<br />
études économiques à Lausanne,<br />
«car il n’y a pas de préparatoire<br />
comme dans les HEC françaises».<br />
Une formation qui l’amène sans difficulté<br />
dans la gestion de fortune,<br />
qu’il exerce à Lausanne et à Genève.<br />
La Suisse, il l’apprécie pour «son<br />
incroyable civilité et le calme de ses<br />
habitants». C’est qu’avant, l’artiste en<br />
devenir a connu des pays autrement<br />
plus animés. L’ex-Yougoslavie où il<br />
est né et qu’il quitte pour en 1982<br />
pour l’Algérie. Son père, un commercial,<br />
y trouve <strong>du</strong> travail en vertu des<br />
accords entre pays non alignés.<br />
Nouveau départ en 1991: la famille<br />
doit quitter Alger à cause <strong>du</strong><br />
terrorisme. «La violence était irruptive,<br />
discontinue. Un week-end, avec<br />
ma famille, on a fait un décompte<br />
morbide. A cinq résidents étrangers<br />
tués, on partait. Le chiffre a été atteint<br />
le dimanche, le lundi, on était<br />
dans l’avion.» D’où le choix de la stabilité<br />
professionnelle. Mais, à 30 ans,<br />
l’ennui est trop grand. Le gérant de<br />
fortune s’offre une année sabbatique<br />
où il gravit des sommets alpins,<br />
se gave de musique classique. Et<br />
écrit. «J’ai toujours eu cette faculté de<br />
mettre des histoires sur le papier. Petit,<br />
j’étais très contemplatif.»<br />
Ses observations, cinglantes l’air<br />
de rien, il les teste sur des scènes<br />
ouvertes au Caveau de l’Hôtel de<br />
Ville à Lausanne ou au Théâtre de<br />
l’Echandole. Le succès l’amène à voir<br />
plus grand. «Je me suis dit que, si je<br />
voulais faire rire, il fallait aller à Paris.»<br />
Là, il vivote de scènes ouvertes<br />
en festivals, puis en 2010 est repéré<br />
par Laurent Ruquier. Il trouve un<br />
nouvel appartement, plus décent<br />
que le précédent, et entame une<br />
nouvelle vie. «Ce métier est incroyable,<br />
car il me permet de conjuguer la<br />
solitude le jour et la socialisation en<br />
soirée.» A 800 personnes par soirée,<br />
la socialisation est en effet plutôt<br />
prononcée.<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> tapine. Au Locle,<br />
le 15 février; à Neuchâtel, le 16;<br />
à Vuarrens, le 17 et à Payerne, le 18.<br />
Infos sur www.gaspardproust.fr
Le comique qui ne rit jamais<br />
ONE-MAN-SHOW. Humour cruel, phrasé subtil.<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> repéré par Laurent Ruquier,<br />
tranche avec le tout-venant des comiques.<br />
PARIS (VIII e ), LE 17 FÉVRIER. <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> se pro<strong>du</strong>it dans « Enfin sur<br />
scène ? », un spectacle à l'humour très corrosif qu'il a écrit. (LP/DELPHINE GOLDSZTEJNI<br />
Les rares fois où <strong>Gaspard</strong><br />
<strong>Proust</strong> sourit, il a l'air narquois.<br />
Quand il regarde son<br />
public, c'est avec mépris. S'il<br />
dit quelque chose d'aimable,<br />
ça sonne faux. Bref, un type pas<br />
drôle, qui pourtant déclenche des<br />
rires grinçants au Studio des<br />
Champs-Elysées (Paris VIII e ). Un<br />
trentenaire au look de fils à papa qui<br />
aligne les vannes misogynes, arrogantes<br />
et réactionnaires, assène que<br />
la Wii est « ce tmc qui peitnet aux<br />
pauvres déjouer au golf» ou que le<br />
nazisme, c'est « comme un meeting<br />
de Ségolène Royal, avec des idées ».<br />
Ça, c'est sur scène. Dans la vie, <strong>Gaspard</strong><br />
<strong>Proust</strong> est « rarement joyeux »,<br />
concède-t-il, mais se révèle nettement<br />
moins odieux qu'on le craignait<br />
« J'ai une inclination naturelle<br />
à la tragédie », résume joliment cet<br />
ancien jeune loup de la finance, qui<br />
a grandi en Algérie avant d'aller<br />
« s'ennuyer » en Suisse et de tout plaquer,<br />
il y a trois ans, pour vivre de son<br />
écriture à Paris. Ses textes n'épargnent<br />
personne : « Vous avez vu les<br />
toilettes pour handicapés ? Quelle<br />
opulence ! » lance-t-il dès le début de<br />
sa prestation, avant de s'en prendre<br />
aux spectateurs les plus âgés : « J'en<br />
vois qui ont déroulé pas mal d'espérance<br />
de vie. »<br />
« Je ne veux pas choquer ou être délibérément<br />
cynique, assure le jeune<br />
homme. Mais je ne cherche pas à<br />
plaire, c'est certain. Si je souriais plus,<br />
j'aurais l'impression de me prostituer.<br />
» Laurent Ruquier, qui a repére<br />
cet étrange personnage et le pro<strong>du</strong>it<br />
désormais, est l'un des rares à ne jamais<br />
lui avoir conseillé de s'adouck.<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> assume sa singularité<br />
: « Les comiques ne me font pas<br />
rire. Je ne suis pas comédien, faire un<br />
spectacle ne m'est pas naturel. »<br />
Je ne cherche pas<br />
\ à plaire<br />
GASPARD PROUST<br />
On rappelle « le nouveau Desproges<br />
», pour la qualité de son écriture,<br />
son phrasé très écrit presque littéraire,<br />
qui tranche avec le<br />
tout-venant des one-man-shows. « Je<br />
me suis mis à le rire depuis qu'on me<br />
compare à lui, commente <strong>Gaspard</strong>.<br />
Cétait le seul en France à faire ça, de<br />
l'anti-spectacle. Mais ce n'est pas ma<br />
génération. » Et d'ajouter, le plus sérieusement<br />
<strong>du</strong> monde : « Et puis, il<br />
aimait beaucoup Brassens. Pour<br />
moi, c'est insupportable. »<br />
II comprendrait mieux qu'on le rapproche<br />
d'un Stéphane Guillon ou<br />
d'un Michel Muller, autres parangons<br />
<strong>du</strong> mauvais esprit Ou <strong>du</strong> politiquement<br />
incorrect, suggère-t-on,<br />
mais <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> ne se sent « pas<br />
incorrect » <strong>du</strong> tout S'il ne veut ni<br />
choquer le bourgeois ni devenir une<br />
bête de scène, après quoi court-il ?<br />
« J'aimerais écrire des bouquins.<br />
Cest mon Everest »<br />
THIERRY DAGUE<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong>, « Enfin sur<br />
scène ? », au Studio des<br />
Champs-Elysées (Paris VHP). Du mardi<br />
au samedi à 20 h 45, le dimanche à<br />
16 h 30. Tél. 01.53.23.99.19.
19/25 AOUT 10<br />
Hebdomadaire Paris<br />
OJD : 129253<br />
Surface approx. (cm!) : 352<br />
6-8 RUE JEAN ANTOINE DE BAIF<br />
75212 PARIS CEDEX 13 - 01 48 88 46 00<br />
J'AURAIS DÛ<br />
PAR GERARD MILLER Ils sont connus, aimés, souvent puissants, parfois craints.<br />
Maîs quel regard portent-ils sur eux-mêmes ?<br />
Page 1/1<br />
passant d'une idée à une autre ! Pardessus<br />
tout, j'aime ruminer, je suis une<br />
vache qui regarde passer les trains<br />
Le succès qui est le vôtre depuis<br />
un an montre que vous deviez<br />
tout de même avoir la passion<br />
des planches...<br />
J'ai un rapport un peu particulier<br />
à la jouissance, je ne suis pas sûr que<br />
je m'autoriserais à m'avouer qu'il y a<br />
quelque chose dont j'ai la passion. Des<br />
qu'il y a passion, il y a attachement, et<br />
cela me fait peur - je préfère garder la<br />
liberté de n'être pas plus dépendant<br />
d'une chose que d'une autre Disons<br />
que j'aime le métier que je fais, sinon<br />
je ne le ferais pas, maîs que je ne vis<br />
pas pour lui. J'en suis d'autant plus<br />
persuadé que j'ai des plaisirs dans<br />
d'autres domaines qui sont nettement<br />
supérieurs : la lecture, la musique<br />
classique Pt l'alpinisme<br />
GASPARD PROUST<br />
« JE ME MEFIE DU DESIR »<br />
Est-ce que vous avez la nostalgie<br />
de votre enfance ?<br />
Non, je n'idéalise rien de ce que<br />
j'ai vécu, je n'aimerais revivre ni<br />
mon enfance, ni mon adolescence. En<br />
fait, j'ai la nostalgie... <strong>du</strong> présent au<br />
moment même où je le vis, parce que<br />
l'instant présent je le vois immédiatement<br />
comme <strong>du</strong> passé. Ce qui arrive<br />
a m'émouvoir, c'est le sentiment permanent<br />
<strong>du</strong> temps qui file et qui ne<br />
sera plus<br />
Dans une autre vie, il paraît que<br />
vous avez été banquier...<br />
J'ai fait banquier parce que je<br />
voulais pantoufler, maîs j'ai bifur<br />
que le jour où je me suis dit : n Dans<br />
40 ans, ta vie sera exactement la<br />
même » J'ai claqué l'argent que<br />
j'avais gagné et j'ai fini au RMI<br />
pendant deux ans<br />
Vous ne vouliez pas vous projeter<br />
dans l'avenir ?<br />
Surtout pas - si j'ai un genie, c'est<br />
bien celui de la procrastmation !<br />
D'ailleurs, je me demande toujours ce<br />
que j'ai bien pu faire pour arriver là<br />
où j'en suis. Je n'ai jamais rêvé d'être<br />
humoriste ni comédien, je n'ai jamais<br />
eu une quelconque ambition, pas<br />
même une aspiration particulière.<br />
Je me suis laisse glisser au fil des<br />
ans, avec une extraordinaire capacite<br />
à flinguer mes journées rien qu'en<br />
On vous assimile parfois<br />
au personnage cynique que<br />
vous interprétez sur scène.<br />
Vous lui ressemblez vraiment ?<br />
Il est évidemment bien plus excessif<br />
que je ne le suis Croiser un clochard<br />
qui a faim et s'écrier : « II ne<br />
pense donc qu'a bouffer », dans la réalité,<br />
cela n'aurait aucun sens. Par<br />
contre, de temps en temps, il peut lui<br />
arriver de dire ce que je pense, moi.<br />
Comme quand il imite le général<br />
de Gaulle s'enfuyant à Londres et<br />
criant aux Français qui. eux, sont<br />
restés sur place « Battez-vous, bande<br />
de lâches ' »<br />
Est-ce que vous pensez être<br />
pessimiste ?<br />
Non, je suis plutôt réaliste, je vois<br />
la vie de façon clinique. Prenez la<br />
sexualité, par exemple. Ne peut-on la<br />
décrire comme une activité finalement<br />
stupide, où deux personnes<br />
entrechoquent leur viande, tout en<br />
se mentant pour se supporter ? Du<br />
coup, je me méfie <strong>du</strong> sexe qui repose<br />
sur le désir, c'est-à-dire sur l'envie de<br />
posséder, et je crois davantage à<br />
l'amitié. Je trouve ça moins guerrier<br />
et plus « propre » •<br />
GREGORIO<br />
4670405200501/GSD/MBJ/2<br />
Eléments de recherche : GASPARD PROUST : comédien humouriste, toutes citations
<strong>Gaspard</strong><br />
<strong>Proust</strong>,<br />
entre Desproges<br />
et Dr House<br />
ONE-MAN-SHOWDans un spectacle<br />
grinçant et original, le trentenaire égratigne<br />
le politiquement correct. À découvrir.<br />
NATHALIE SIMON<br />
VW este de costume et anorak,<br />
en jean écouteurs sur le crâne U pénètre<br />
en chantonnant dans la salle une<br />
fois que le public est installe <strong>Gaspard</strong><br />
<strong>Proust</strong> ne fait rien comme les autres<br />
humoristes Un regard pour le specta<br />
leur, un soupir, suivi d'un autre coup<br />
d'œil a son telephone portable « Merci<br />
de garder le* vôtres ouverts, j'ai toujours<br />
privilégie un monologue ouvert et<br />
^ranc », jette-t-U Franc, le trentenaire<br />
originaire de Slovénie I est Ouvert, pas<br />
sûr Gonfle, certainement « Vous avez<br />
fait un effort pour venir jusqu'ici, bravo,<br />
tres bien Je vous rappelle que moi uu,ssi<br />
» Tout le monde ne rit pas Loin de<br />
là <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> n'est pas tendre<br />
Plutôt cvnique, insolent, tête a claque,<br />
il pratique l'humour vache, celui qm<br />
dérange, fâche ou sé<strong>du</strong>it Tout ou rien<br />
Couvert de récompenses<br />
« Cartésien desabusé », comme ll se définit<br />
lui meme, il égratigne la société,<br />
les bien-pensants politiquement, les<br />
religions, les femmes, les personnes<br />
agees, le sexe ou encore l'E<strong>du</strong>cation<br />
nationale II faut voir comment il taille<br />
une veste a Marcel Pagnol ou détourne<br />
la lettre de Guy Moquet Morceaux<br />
choisis parmi les moins acides « C'est<br />
un humour plutôt décale, il est possible<br />
que vous ne commenciez a rire que de<br />
main matin », prévient ll D'un nre<br />
grinçant, donc «Dieu existe, sinon<br />
Champion serait ouvert le lundi de Pô<br />
nues », « Quand il v en a pour un, i! y en<br />
a pour deux maîs moins », « La Wu, ce<br />
tra. qui permet aux pauvres de jouer au<br />
golf" Point de fioritures Beaucoup<br />
de poivre Donc, à recommander plutôt<br />
aux amateurs de mets pimentes<br />
Proche d'un Dr House petit frère<br />
d'un Pierre Desproges <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong><br />
se moque des convenances Cela lui<br />
réussit, il est couvert de recompenses<br />
diverses pru. des festivals Juste<br />
pour rire dè Nantes et Paris fait<br />
sa comedie, prix SACD <strong>du</strong> fes<br />
tival Top in Humour<br />
Pourtant, le jeune homme<br />
sévit a Paris depuis seulement<br />
trois ans Apres une adolescence<br />
en Algerie, il s'est d dbord cherche<br />
en Suisse, dans une école de<br />
commerce, avant de déraper<br />
tant mieux pour nous - vers I humour<br />
II débute à la Loge Theatre la<br />
plus petite salle de la capitale avec<br />
un one-man-show baptise Sous-dévetoppe<br />
affectif Déjà tout un poème<br />
subversif ou la parodie d'un curé devient,<br />
aux yeux des specialistes, un<br />
morceau d anthologie En 2009 Patrick<br />
Tunsit offre a <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> sa première<br />
partie de soirée Laurent Ruquier<br />
le remarque, le recrute pour son émission<br />
« On va s'gener », sur Europe I, et<br />
pro<strong>du</strong>it son nouveau spectacle •<br />
« <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong>, enfin sur scene ~> »<br />
Studio des Champs-Elysées, 75008 Paris<br />
ra 0153239919.<br />
Jean Plat tout sourire<br />
sur la scène de la Comedie<br />
des Champs-Elysées,<br />
PACOME POIRIER/WIKISPECTACLE
Petite salle (100 places)<br />
A 20h15 et 21h30 <strong>du</strong> Mar au Sam. A 17h30 Sam. Pl. : 24 €. T.R. : 17 € :<br />
Couple mode d’emploi<br />
De Patrice Lemercier. Mise en scène Nathalie Hardouin. Avec Julie Rippert<br />
et Rémi Sébastien.<br />
Après «Homme Femme mode d’emploi», voilà le couple enfin réuni !<br />
théâtre toutes les salles<br />
84 LUCERNAIRE<br />
(110 places) 53, rue Notre-Dame-des-Champs (6 e ). M° Vavin ou<br />
Notre-Dame-des-Champs. 01.45.44.57.34. www.lucernaire.fr. Salles<br />
climatisées. Loc. par tél. <strong>du</strong> Lun au Ven de 10h à 12h30 et de<br />
13h30 à 18h, le Sam de 13h30 à 18h, sur place <strong>du</strong> Mar au Sam de<br />
15h à 18h. Pl. : 10 à 30 €.<br />
Théâtre Noir<br />
A 18h30 <strong>du</strong> Mar au Sam. A 15h Dim. Jusqu’au 21 février :<br />
L’automne précoce<br />
Texte et mise en scène Kazem Shahryari. Avec Georgia Azoulay, Elisabeth<br />
Commelin, Mathieu Dufourg, Geneviève Esménard, Gilles Ikrelef,<br />
Lélé Matelo, Laura Mélinand, Juliette Mézergues.<br />
Lola, enceinte, débarque dans l’appartement d’une tour de banlieue<br />
habitée par l’histoire d’une famille, en particulier celle <strong>du</strong><br />
mariage forcé de Leïla, la fille aînée, dont le destin était de danser.<br />
(Durée 1h15).<br />
A 20h <strong>du</strong> Mar au Sam. A 17h Dim. Relâche les 9 et 10 mars. Du 10<br />
février au 28 mars :<br />
Je ne sais quoi<br />
Spectacle conçu par Nathalie Joly. D’après les chansons d’Yvette Guilbert<br />
et les correspondances de Freud. Mise en scène Jacques Verzier. Par<br />
Nathalie Joly et Jean-Pierre Gesbert (piano).<br />
Yvette Guilbert fut pendant cinquante ans la reine incontestée <strong>du</strong> Caf’conc’.<br />
Freud l’avait enten<strong>du</strong>e à ses débuts au cabaret, vers 1890. Il admirait l’interprète<br />
qui saisit l’âme humaine avec humour, cruauté et tendresse. Leur<br />
correspondance, inédite, témoigne d’une amitié qui <strong>du</strong>ra un demi-siècle.<br />
(Durée 1h10).<br />
A 21h30 <strong>du</strong> Mar au Sam. Jusqu’au 6 mars :<br />
Le bel indifférent<br />
De Jean Cocteau. Suivi de «La Charlotte» de Jehan Rictus. Mise en<br />
scène Daniel Mesguich. Avec Catherine Berriane et Florent Ferrier.<br />
Fragments d’un discours amoureux destinés au théâtre. Glissement de la<br />
scène de ménage à la scène tragique, comme si l’une était, n’avait toujours<br />
été que, la métaphore de l’autre. (Durée 1h15).<br />
Théâtre Rouge<br />
A 18h30 <strong>du</strong> Mar au Sam. A 17h Dim. Relâche le 23 février. Jusqu’au 28<br />
février :<br />
Juste le temps de vivre / Boris Vian<br />
Chansons et textes de Boris Vian. Montage François Bourgeat. Mise en<br />
scène Jean-Louis Jacopin. Avec Gabrielle Godart, Arnaud Laurens,<br />
Susanne Schmidt.<br />
Aux dix-sept chansons <strong>du</strong> spectacle se mêlent poèmes, pages de romans,<br />
«L’écume des jours» à «J’irai cracher sur vos tombes», et extraits <strong>du</strong> sulfureux<br />
«Traité de civisme». (Durée 1h20).<br />
A 20h <strong>du</strong> Mar au Sam. Jusqu’au 20 mars :<br />
Misérables<br />
D’après Victor Hugo. Adaptation Philippe Honoré. Mise en scène Philippe<br />
Person. Avec Anne Priol, Emmanuel Barrouyer, Philippe Person.<br />
Dans un décor et un univers musical qui évoque le cirque et le cabaret,<br />
trois comédiens font revivre la rédemption <strong>du</strong> forçat Jean Valjean, l’obstination<br />
<strong>du</strong> sévère Javert, la monstruosité <strong>du</strong> couple Thénardier, le calvaire<br />
de la pauvre Fantine et les amours triomphantes de l’éclatant Marius<br />
et de la belle Cosette. (Durée 1h15).<br />
A 21h30 <strong>du</strong> Mar au Sam. A 15h Dim. Jusqu’au 14 février :<br />
L’école des femmes<br />
De Molière. Mise en scène Claude Gisbert et Chantal Labouré. Avec<br />
Claude Gisbert, Rebecca Goldblat, Olivier Da Silva, Guillaume Laffly ou<br />
Michel Baladi, Vincent Desprat, Séverine Cojannot.<br />
Arnolphe, sous prétexte d’é<strong>du</strong>quer sa jeune pupille, l’asservit pour en<br />
faire une épouse obéissante et stupide… Mais empêche-t-on une fleur<br />
de se tourner vers la lumière ? (Durée 1h45).<br />
Coup de cœur<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong>, retenez bien ce nom. <strong>Proust</strong>, cela<br />
ne devrait pas trop poser de problème. Quant à<br />
<strong>Gaspard</strong>, ça vaut bien Marcel… Il est aussi beau<br />
qu’un Swan et on l’imagine bien se promener à l’ombre<br />
des jeunes filles en fleurs… Eh bien, ne vous fiez<br />
surtout pas à son physique de jeune premier, à son<br />
doux et jovial sourire, à sa démarche nonchalante !<br />
Car ce jeune artiste d’origine suisse maîtrise, avec<br />
une très grande dextérité, l’humour noir. Ce <strong>Proust</strong>là<br />
a un style à la Desproges ! Petit conseil à ceux qui<br />
ne comprennent que le premier degré, fuyez ! Pour<br />
les autres, précipitez-vous ! C’est grinçant à souhait<br />
! Il n’y va pas avec le dos de la cuillère… En bon<br />
« stoïcien revanchard », il tord le coup aux idées<br />
stéréotypées, souligne d’un trait corrosif les contradictions<br />
humaines. « Je pense donc je m’en fous »,<br />
balance ce « cartésien débarrassé ». La religion, le<br />
Tibet, Mai 68, la politique et le clivage gauche-droite,<br />
les gaullistes, le nazisme, le stalinisme, les sentiments<br />
amoureux, l’âge, la littérature… « Reste-t-il<br />
encore des choses à détruire ? », se demande-t-il à<br />
la fin. Cela pourrait être noir, insupportable, mais il<br />
n’en est rien. Parce que c’est fait avec un grand discernement.<br />
Or comme le disait le grand Emmanuel<br />
Kant : « On mesure l’intelligence d’un indivi<strong>du</strong> à la<br />
quantité d’incertitudes qu’il est capable de supporter.<br />
» <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> n’a que des incertitudes<br />
sur la vie et il l’exprime fort bien.<br />
M-C.N.<br />
Studio des Champs-Elysées. Voir page 38.<br />
semaine <strong>du</strong> 10 au 16 février ■ Pariscope ■ 47
La bombe<br />
Attention i Tous aux abns ' Souvent nous avons<br />
coutume dans ces mêmes colonnes consacrées a<br />
I actualite culturelle de vous parier des coups de<br />
cœur de la redaction la e est de coup de foudre<br />
dont il s agit Retenez bien ce nom anachronique<br />
<strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> Car en ces temps pas rose bonbon<br />
et a la moisson indigente de comiques talentueux<br />
qui ronronnent souvent en rond et son carrousel<br />
d agîtes <strong>du</strong> stand up qui labourent tous les mêmes<br />
thèmes ecules de la banlieue <strong>du</strong> 93 la a I approche<br />
de Paques e est un oeuf de Faberge sous la coquille<br />
ouvragée <strong>du</strong> Studio des Champs Elysees dont il est<br />
question Et si I on s affale a I exercice toujours<br />
gênant de la comparaison en jetant un œil dans le<br />
rétroviseur une chose est sure en plaçant la barre<br />
<strong>du</strong> verbe a des hauteurs himalayennes Desproges a<br />
complexe pour toujours des dizaines d apprentis<br />
humonstes Toutefois la e est a un digne hentier<br />
des maîtres de I humour noir dans la veine d Andre<br />
Breton et forcement de Pierre Desproges dont il est<br />
question certes en creusant son sillon sur le<br />
precieux terreau dè cette illustre ombre tutelaire<br />
maîs en y jetant avec talent ses graines pour<br />
s imposer comme une herbe folle indispensable<br />
Une perte noire Car aucun jeune comique n avait<br />
jusqu ici place le sarcasme a de telles altitudes<br />
osant tout absolument tout dans une langue crue<br />
décomplexée Et qui s y frotte s y pique i C est<br />
crassement noir volontairement inconfortable et le<br />
deanguage est dévastateur claquant le beignet de<br />
tous les pisse-froid les féministes les apôtres <strong>du</strong><br />
politiquement correct des bonnes mœurs et autres<br />
chiennes de garde<br />
Le langage est vert maîs charnu jamais démode et<br />
irrésistible et on goûte a pleine bouche I humus et<br />
I air vif de cet humour affûte et reche qui fait<br />
pleinement sens et qui investit des champs enfin<br />
plus sensibles que I art <strong>du</strong> macramé <strong>du</strong> quotidien ou<br />
celui des banlieues tellement défraîchi et use '<br />
Cruel procureur de nos ridicules scrutant le tenu<br />
comme I incongru il torpille la doxa par un humour<br />
ostensiblement desinhibe auscultant et sculptant la<br />
langue jusqu a la moelle Un OVNI <strong>Proust</strong> a la<br />
recherche <strong>du</strong> nre per<strong>du</strong> grave et pas gras libre et a<br />
part de notre epoque grasse et poisseuse ll gratte a<br />
la pointe d une langue rude et noire {comme le<br />
lusam pour mieux en souligner la profondeur} avec<br />
un gant de ain sur nos vies et notre monde et taille<br />
à la serpe les vieux les journalistes (Est ce quilya<br />
des ecmains rates dans ta salle ? Vraiment pas de<br />
journaliste ') les provinciaux les bouddhistes les<br />
handicapes les femmes tes islamistes la droite la<br />
gauche les pauvres les cures (Moi a la base ie<br />
voulais (aire prêtre Maîs bon comme fe suis trop<br />
timide pour aborder les enfants ) les nazis les<br />
communistes les sentiments amoureux la<br />
litterature et n hésite pas non plus a déboulonner<br />
les figures sacrées (Pagnol Brassens) <strong>Gaspard</strong> est<br />
vachard et canarde a tout va son public<br />
addictivement masochiste dégonfle les baudruches<br />
pointe les plus puissants fustige la bonne<br />
conscience avec une extreme aisance dans la<br />
maîtrise de la langue une prosodie qui étonne par<br />
une veritable science <strong>du</strong> verbe fleuri et des<br />
references fréquentes a la litterature et a I histoire<br />
maîs aussi une extreme anarchie dans le propos<br />
Cynique plus que scenique il ne bouge et ne cille<br />
pas d un pouce maîs remue bouscule son public<br />
avec une verve cruelle en feu et glace Entre le miel<br />
et te fiel I élégance et I impertinence la souveraineté<br />
hautaine et I iconodasme <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> est fait<br />
de ce matériau dont naissent les etoiles Un<br />
inclassable plein de promesses d une inégalable<br />
férocité et outrecuidance <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> joue le<br />
funambule aux extrémités d un humour qui touche a<br />
I intouchable qui nous permet enfin de nre de tout et<br />
qui fait passer d un coup Guillou et levêque pour<br />
des jouvenceaux potirons<br />
Ou i Au Studio des Champs-Elysées,<br />
15 avenue Montaigne - Paris 8e<br />
Quand ' Du mardi au samedi à 20M5,<br />
le dimanche à 16h30. Kesa 01 £3.23.99.19.
Enfin, <strong>Proust</strong><br />
On dirait que ça rigole moins <strong>du</strong> côté des comiques Certains<br />
d entre eux s interrogent gravement sur la liberte d'expression,<br />
crient a la censure n en finissent pas de fustiger le fameux<br />
« politiquement correct » Sur France 4, Patrick Timsit pas<br />
le dernier pour faire le féroce anime une soiree a thème<br />
Et de nous réchauffer son couplet sur tous les « valides »<br />
indignes par ses blagues sur les handicapes Sur la scene<br />
de Bobmo défilent apres lui Thomas Ngijol, Didier Porte,<br />
le \ enerable Guy Bedes, leur «pere » a tous Voila Stephane<br />
Guillon, le plus applaudi <strong>du</strong> lot II a l'air un peu fatigue Radio,<br />
tele, spectacle, et des vannes qui roulent et moussent d'une<br />
estrade a l'autre, en boucle A la longue, ça use Attaquer le<br />
ministre Eric Besson c'est politiquement correct ou incorrect ?<br />
On ne sait plus En bout de programme, arrive un type qui n'a<br />
pas I air trop ronge par ce dilemme Lunaire, avec le soupçon<br />
d'élégance qui fait passer les pires grossièretés Un faux timide,<br />
ou un qui s'est soigne pour devenir « un cartésien desabuse<br />
je pense donc je suis, maîs je m'en fous » Quelque chose nous dit<br />
qu'on va tres vite embêter le dénomme <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> avec des<br />
histoires de « nouveau Desproges » Mieux, il n'est pas exclu<br />
que le jeune homme ait de quoi surmonter ce flatteur handicap<br />
Si l'on se fie a l'effet qu'il pro<strong>du</strong>it en trois minutes, les éloges<br />
accablants les promotions grisantes et autres volatiles ne vont<br />
pas tarder a former l'escadrille au dessus de sa tête II l'a peut<br />
être assez froide pour conjuguer la sagesse <strong>du</strong> fou au talent<br />
<strong>du</strong> pitre En plus de ses qualites <strong>Gaspard</strong> <strong>Proust</strong> est un des<br />
seuls dc la soiree a ne pas avoir prononce le nom d'un certain<br />
ministre Un comique enfin dégage des pesanteurs<br />
<strong>du</strong> jour ? On espère le revoir plus souvent