Manuelle KRINGSCe que la psychose nous empêche dřoublierIl y a des discours :Ŕ celui <strong>du</strong> Maître qui, par un signifiant, dit justement signifiant-maître, fonde les institutions (prévenir, soigner,é<strong>du</strong>quer, punir, etc. …) ;- celui de lřhystérique, dont lřagent, le sujet barré, sřil subvertit lřinstitution quand il en prend les commandes,ne peut sřempêcher, dans un jeu de miroir, de remettre en selle le maître ;- celui de lřuniversitaire, qui pousse à lřuniversalisme toute institution et veut faire <strong>du</strong> savoir (S2) le signifiantcause, lřagent effecteur <strong>du</strong> discours institutionnel- et enfin, celui de lřanalyste qui ne peut ex-sister quřà condition de se séparer des trois autres, sans prendreles commandes ni jouer le rôle de lřhystérique, <strong>du</strong> bouffon, <strong>du</strong> maître, <strong>du</strong> professeur ou de lřIdéal, ce qui atrop souvent été ses places.Or, une institution, cřest fait <strong>du</strong> nouage de ces quatre discours. Cřest un nœud à quatre comme le NœudRéel, Symbolique, Imaginaire, Symptôme.En fait, comme le montre, à propos de RSI, Lacan dans le Sinthome (Séminaire XXIII), cřest un nœud à troisqui ne tient que grâce à un quatrième rond : le sinthome.Je serai assez tenté de conceptualiser ainsi lřinstitution Ŕ formation <strong>du</strong> social : un nœud Discours <strong>du</strong> Maître /Discours Universitaire / Discours de lřHystérique Ŕ mais toujours un nœud raté où un rond glisse sur lřautre etmenace de se confondre avec lui.Pour quřune institution, soignante ou autre, sřoriente vers une politique <strong>du</strong> symptôme singulier, il faut que lequatrième discours, le quatrième rond, le discours de lřAnalyste, ne vienne pas se substituer à lřun ou àlřautre, les fasse tenir ensemble, à leur place, sans confusion et, pour cela, il est nécessaire que le Discoursde lřanalyste soit extérieur aux trois autres, tout en les entourant. Je vous renvoie aux schémas de Lacandans son Séminaire.On peut dire les choses autrement en prenant le Lacan de 72/73 où il a, semble-t-il, un autre rapport auxquatre discours.Il ne les fait plus émerger, il ne les dé<strong>du</strong>it plus <strong>du</strong> discours <strong>du</strong> Maître mais base lřexistence des quatre sur lefondement <strong>du</strong> discours psychanalytique Ŕ à ne pas entendre comme une première place historique,dřémergence mais comme le fait que « de ce discours psychanalytique il y a toujours quelque émergence àchaque passage dřun discours à un autre » Ŕ « à chaque franchissement dřun discours à un autre » (EncoreŔ 19 XII 72 Ŕ p.21).Ce qui sřéclaire de cette phrase courte mais décisive dans la leçon suivante (9 janvier 73 Ŕ p.37) : « Ce dont ilsřagit dans le Discours Analytique, cřest toujours ceci Ŕ à ce qui sřénonce de signifiant vous donnez une autrelecture que ce quřil signifie ».Cřest sans doute, dans une institution, la meilleure façon de traiter le signifiant, même le signifiant-maître : endonner une autre lecture, à condition de ne pas oublier « ce quřil signifie ».Une politique <strong>du</strong> symptôme au cas par cas, sřopposant à la tendance massificatrice ou universalisantenaturelle pour toute institution, nřest possible quřà cette condition : donner une autre lecture <strong>du</strong> signifiant,sans oublier ce quřil signifie. Cela ne vous rappelle-t-il pas un célèbre aphorisme lacanien : « Se passer <strong>du</strong>père à condition de sřen servir » ?1 Ŕ Lacan J. : Le Séminaire livre VIII « Le Transfert »Paris, Seuil, 1991 Ŕ p.4532 Ŕ Olié J.P., Poirier M.F., Lôo M. : « Les maladies dépressives »Paris, Flammarion, 1995 Ŕ p. XXV3 Ŕ cf. LřEnfant et les Sortilèges, VIIIèmes Rencontres <strong>du</strong> C.M.P.P. dřOrly, chapitre « Les médications <strong>du</strong> caractère » Orly 1998,Association R.O.S.E. éditeur, p.5 à 30.14Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES
Manuelle KRINGSCe que la psychose nous empêche dřoublierCe que la psychose nous empêche d’oublierManuelle KRINGSLiègeAvant d'organiser ce colloque, nous discutions avec Christian Demoulin de ce qui caractérisait une cliniquepsychanalytique abordant la psychose schizophrénique dans une pratique à plusieurs, et qui maintientla place <strong>du</strong> symptôme. Je me suis attachée à répondre à cette question.La psychanalyse, quel que soit le dispositif qui sřen réfère, prend en compte lřimpossible d'un complet bienêtreet on peut dire que depuis Freud puis Lacan, le « malaise dans la santé mentale » est lié à la prise encompte <strong>du</strong> symptôme plutôt quřà lřélimination de celui-ci. Symptôme qui est « défini par la façon dont chacunjouit de son inconscient en tant que l’Inconscient le détermine » nous dit Lacan 1 .Une clinique qui prend en compte la façon dont le sujet jouit de son inconscient nous amène à préciser et àinterroger le lien particulier qui se tisse dans le transfert avec le sujet schizophrène. A partir de là, il importede caractériser ce qui est proprement psychanalytique dans cet abord de la schizophrénie. Pour cela, il y alieu dřidentifier des symptômes et dřélaborer une théorie explicative propre à la psychanalyse. Tout ce travailtente de définir un dispositif à plusieurs qui respecte le psychotique en tant quřhomme libre c'est-à-direcomme sujet ne sřinscrivant pas dans la fonction phallique. Un dispositif qui, néanmoins, ouvrirait sur un liensocial dont on sait quřil est problématique dans la schizophrénie.Si notre époque nřest plus celle des « fous de cour », ceux qui ont le droit de dire au souverain les vérités quidérangent, le fou nřa rien per<strong>du</strong> de sa capacité de dire les vérités à celui qui accepte de le rencontrer.Le schizophrène ferait aussi loupe sur notre pratique de « psy ».Ma pratique, inscrite dans un contexte institutionnel, sřadresse à des patients psychotiques a<strong>du</strong>ltes, pour laplupart schizophrènes, dans leur milieu de vie. Elle sřinspire de la psychothérapie institutionnelle telle queFrançois Tosquelles et Jean Oury lřont conceptualisée à partir des années septante, si ce nřest quřelle ne sesitue pas à lřintérieur dřun établissement psychiatrique mais dans un réseau ouvert au sein de la cité.Au Club André Baillon, nous proposons un dispositif thérapeutique à plusieurs à chaque patient qui fréquentele centre de santé mentale, mais seuls certains y participent. Les paranoïaques ou les paraphrènes selimitent en général aux liens indivi<strong>du</strong>els et utilisent peu le dispositif « Club ». Ce sont surtout les patientsschizophrènes auxquels la pro<strong>du</strong>ction délirante nřapporte pas dřapaisement suffisant, ainsi que certainsnévrosés, qui lřutilisent le plus souvent.En partant des observations cliniques, il sřagit pour moi dřarticuler les données de la psychothérapieinstitutionnelle avec les éléments apportés par Lacan dans la théorie des discours, des nœuds borroméens,de la suppléance au nom <strong>du</strong> Père et <strong>du</strong> sinthome en tant que nouage dans la psychose 2 cřest-à-dire ladeuxième période de lřenseignement de Lacan qui permet de dépasser lřhypothèse structuraliste, laquellesitue le sujet psychotique <strong>du</strong> coté de la forclusion <strong>du</strong> Nom <strong>du</strong> Père, impliquant une non accession à lacastration, un accès impossible au désir, au fantasme et au transfert.Lřhypothèse de la clinique borroméenne, avec la possibilité de la suppléance, ouvre en effet plus deperspectives permettant de prendre en compte les parcours singuliers des sujets schizophrènes. Parexemple, lorsque la psychose est non déclenchée, recompensée ou stabilisée dans la paraphrénie.La suppléance étant : « ce qui permet au sujet psychotique de se tenir dans le cadre de la réalité, et dans le1 J. Lacan, RSI, leçon <strong>du</strong> 18-02-75.2 J. Lacan, Le sinthome, Séminaire XXIIIAssociation des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES15
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