David BERNARDLa qualité des chosesmoyenne de défauts, parce que, autrement… » 28 . Quand telle autre, constatant que ses moindres défauts luiseront reprochés, conclut : « Tout le monde peut faire des erreurs sinon on ne serait pas des humains, sanserreurs, on nřexisterait pas » 29 . Nous aurions ainsi, contre la qualité des choses, le défaut quřest le sujet.Lřerreur est humaine, dit-on. Mais cette femme nous rappelle davantage, que l’erreur est l’humain, que lesujet, toujours se niche dans ses détails et autres grains de sable qui objectent au désir de lřAutre. Que lesujet est la barre qui le divise, autant que celle qui dément la complétude de lřAutre.Je conclus. A vouloir, sous couvert de fausse guérison, supprimer trop vite les symptômes, voilà ce que lediscours scientifico-capitaliste pourrait bien vouloir supprimer : des sujets, en tant quřils sont symptômes,défauts, erreurs. Nous pourrions le dire en nous servant cette fois des signifiants maîtres de ce discours.L’idéologie de la suppression <strong>du</strong> sujet est une idéologie <strong>du</strong> « zéro défaut » 30 , une volonté de suppression <strong>du</strong>symptôme qui fasse trace… dřun sujet. Lorsque, idéologie <strong>du</strong> « zéro défaut » oblige, il faudra à ce sujetdevenir un bon petit a, automate 31 , performant et jetable. A contrario, nous savons ce que la psychanalyse,quand elle est menée en cabinet, pourra offrir à celui qui le désire : non pas renier son symptôme, maislřanalyser, apprendre de lui, voire sřidentifier au reste de ce symptôme. Enfin, ne pourrait-elle au moins,quand elle éclaire lřorientation dřune institution, restituer au sujet son droit au symptôme. Il me semble que ceserait là déjà une façon, pour les institutions, dřaccueillir un sujet, au sens où lřentend Jean Oury 32 .Accueillir ce que le discours moderne aura voulu forclore : le statut dřexception <strong>du</strong> sujet, lequel résistetoujours, fut-ce par le symptôme, à se résorber tout à fait dans le social. La psychanalyse aura démontrécette loi de structure : cřest à se séparer de lřAutre que le sujet pourra se soutenir dřun désir et non à seré<strong>du</strong>ire aux prêt-à-jouir en toc, dit Lacan, de la modernité. Et cřest pourquoi, à la qualité des choses, voire, àLa politique des choses 33 , pour faire ici allusion au livre de Jean-Claude Milner, jřopposerai volontiers ce quifit le titre de ce beau film de Nicolas Philibert, tourné à la Clinique La Borde, La moindre des choses34 .28 Ibid, p.4229 Ibid, p.14230 Ibid, p.2931 Benjamin W., Charles Baudelaire, op. cit., p.184. Sur la métaphore très courante de lřautomate, cf aussi Léopardi G., Canti, éd.Poésie / Gallimard, 1982, p.18032 Oury J., dans Enfance aliénée, Collectif, éd. 10/18, 1972, p.20133 Milner J.C, La politique des choses, éd. Navarin, 200534 Philibert N., La moindre des choses, DVD, éd. Montparnasse, 199738Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES
Jean-Paul BERNARDAutour de lřévaluationAutour de l’évaluationJean-Paul BERNARDLiègeProcuste : "Brigand fabuleux. Installé sur la route près de Mégare, il arrêtait les voyageurs et les soumettait àun supplice. Il les forçait à s'allonger sur un de ses deux lits de dimensions différentes : les grands sur le petit,les petits sur le grand. Il coupait les pieds des grands et il tirait les membres des petits pour les mettre auxdimensions <strong>du</strong> lit. Thésée lui fit subir le même sort". 1Je suis responsable d'une institution qui accueille chaque jour des enfants qui ont besoin de trouver, dans lacité, un abri pour continuer à se construire.En effet, on peut dire que leur séparation dřavec l'Autre, dans le sens large <strong>du</strong> terme, est mal assurée ou nese réalise que sur le mode <strong>du</strong> passage à l'acte. Une rencontre avec un Autre "réglé" à l'aune de leur travaildoit être organisée.La création de ce lien social spécifique sera la condition première et sine qua non d'une relance deconstruction subjective. Elle se concrétisera et s'évaluera par et à partir d'une nouvelle constitutionsymptomatique la plus exportable possible dans la cité.Pour illustrer ce qui précède, pour cerner au plus près ce que devrait être une évaluation dans le cadre d'untravail qui tient compte de l'inconscient, je voudrais vous entretenir de la trajectoire qu'a réalisée Jean dansnotre centre. En quelques lignes, je me suis astreint de résumer trois années de travail le menant <strong>du</strong> "martyrde la dictée" au "dictateur scolâtre".Jean vivait lřécole comme un véritable martyr. La dictée y tenait lieu de sommet de la persécution. Quand ilentre au Centre, son discours est délirant, son langage déstructuré, en dehors de tout cadre. L'activité del'enfant consiste presque uniquement à dessiner. Nous protégeons résolument son activité graphique et sapro<strong>du</strong>ction. Il semble vouloir créer des circuits entre des éléments épars (anatomiques très souvent). Nousclassons ses dessins, consignons par écrit ce qu'il veut bien nous en dire. Bannissant toute interprétation,nous nous abstenons d'y mettre des sens. Rapidement, il nous assigne une place, subalterne, docile à sesinjonctions : « Tu peux regarder », « Tu peux faire la petite voix ». Nous acceptons cette position quřil nousdésigne.Cřest aux réunions dřéquipes que nous recourons pour évaluer les effets de notre accompagnement. Cettefaçon d'être à lui semble porter ses fruits. Nous découvrons chez l'enfant un "bouger" dans sa positionsubjective. Les hors sens, tout en constituant toujours l'essentiel de ses pro<strong>du</strong>ctions langagières etgraphiques, font quelquefois place à certaines concessions cédées à notre adresse, comme de bonne grâce,<strong>du</strong> côté <strong>du</strong> sens, de la règle, <strong>du</strong> code.Nous gardons cette place de l'Autre "qui-se-laisse-dicter", mais sans nous enkyster dans cette seule position.Forts de l'ouverture qu'il nous a laissé voir, nous nous permettons de plus en plus d'affirmer notre présence,on pourrait dire notre "ex…istence".Ceci le con<strong>du</strong>it à passer par une invention : il crée une instance qu'il appelle "le maître <strong>du</strong> jeu". Il s'y réfèrepour toute rencontre. Nous y ferons nous aussi tous référence. Ce passage, par sa trouvaille, nous permet de"forcer doucement le pas" vers le lien social. Jean s'y prête. Il fait passer son rapport à l'Autre par les règles<strong>du</strong> … scolaire. Ces dernières prennent la succession, à sa première trouvaille mettant l'Autre à distance : "Le1 Petit Robert.Association des <strong>Forums</strong> <strong>du</strong> <strong>Champ</strong> <strong>Lacanien</strong> de Wallonie (Belgique)Colloque <strong>du</strong> 20 octobre 2007ACTES39
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