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COMMANDE DE BROCHURES / ABONNEMENTNom (ou structure)……………………………………………………Prénom…………………………………………………………………Adresse…………………………………………………………………Co<strong>de</strong> Postal……………………… Ville………………………………Comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> brochuresJe désire comman<strong>de</strong>r :… exemplaires <strong>de</strong> « BHD, le pourquoi et le comment » = ……......x 0,30 €… exemplaires du « Manuel <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> TSO » = …x 0,30 €… exemplaires du « VHC, prises <strong>de</strong> risque, dépistage, traitement » = …….x 0,30 €… exemplaires du « Manuel du shoot à moindres risques » =….............….x 0,30 €+ Frais <strong>de</strong> port : 10 € jusqu'à 100 brochures / 20 € jusqu'à 250 brochures /30 € jusqu'à 500 brochuresAbonnement (trimestriel : 4 numéros par an)Particulier (1 ex <strong>de</strong> chaque numéro)...........……12 €Professionnel, association et collectivité locale1 ex <strong>de</strong> chaque numéro…................................….. 30 €10 ex <strong>de</strong> chaque numéro……………………… 77 €20 ex <strong>de</strong> chaque numéro……………………… 97 €25 ex <strong>de</strong> chaque numéro……………………… 106 €50 ex <strong>de</strong> chaque numéro……………....………..152 €100 ex <strong>de</strong> chaque numéro……………….……...200 €Asud-Journal 32 rue <strong>de</strong> Vitruve 75020 ParisAssociation Loi 1901Pour tout renseignement : 01 71 93 16 48ou contact@asud.org.information webwww.asud.orgLe site d’AsudCertains d’entre vous ont dû le constater : le site d’Asu<strong>de</strong>st en phase <strong>de</strong> transformation radicale. Nous travaillonssur une nouvelle formule plus en synergie avec le journalpapier. De nouvel<strong>les</strong> rubriques interactives vous serontprogressivement proposées sur <strong>de</strong>s sujets divers :• Droits <strong>de</strong>s usagers • Substitution • Psychostimulants...Le Forum d’AsudRebaptisé psychoactif.org <strong>de</strong>puis quelques mois, le Forumd’Asud a pris son envol en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’association. Aprèsavoir été porté pendant cinq ans dans le giron d’Asud, il estdésormais autonome. Bon vent camara<strong>de</strong>s.Imprimer et envoyer le formulaire accompagné d'un chèque à l'ordre d'AsudAsud, le journalqui s’amuse à réfléchir 1é ditoAmies lectrices, amis lecteurs, Asudiennes, Asudiens,ivrognes invétérés, communistes, jet-setteuses,intermittents du spectacle, femmes <strong>de</strong> mauvaisevie, pigistes <strong>de</strong> Valeurs Actuel<strong>les</strong>, bref vousqui savez qu’en France, <strong>les</strong> drogués ont un journal,nous vous saluons. Ceci est notre cinquantième numéro.La petite ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> tox réunie un soir d’hiver 1992 2 n’étaitpas censée durer et encore moins perdurer. Décimés par <strong>les</strong>ida, surveillés par la police, dégagés en touche par <strong>les</strong> gens sérieux– « c’est quoi ce Journal <strong>de</strong>s drogués heureux ? » –, notresurvie économique, sociale et politique tient du miracle, uneformule magique en trois lettres dont le sens reste obscur auplus grand nombre : RdR, la politique <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s risquesliés à l’usage <strong>de</strong> drogue. Aujourd’hui, tous <strong>les</strong> acteurs dusoin la revendiquent. Appelée « réduction <strong>de</strong>s dommages »par certains, camouflée en prévention secondaire par le lexiquemédicosocial (voir p.34) cette politique – car il s’agitd’une politique – n’est plus contestée par personne. Et pourtant,la distorsion qui continue d’exister entre son principefondamental et la législation pénale constitue probablementla meilleure <strong>de</strong>s raisons pour continuer à nous battre.Prenons un exemple concret : pour ce cinquantièmenuméro, nous avons choisi <strong>de</strong> tester et <strong>de</strong> vous présentercinquante produits licites ou illicites. Ce choix éditorialpose avec limpidité tous <strong>les</strong> termes d’un débat qui séparenotre définition <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> sa dénominationofficielle, définie par la loi <strong>de</strong> 2004. Notre réduction<strong>de</strong>s risques flirte dangereusement avec <strong>les</strong> limitesposées par l’article L 3421-4 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique,qui punit la provocation à l'usage, et pour cette raison,nous avons besoin <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> nos plus proches alliés : <strong>les</strong>professionnels <strong>de</strong> l’addictologie.Usages, abus et dépendances. Le célèbre triptyque duprofesseur Parquet, rendu public dans un rapport cosignépar Michel Reynaud 3 , résume à la fois <strong>les</strong> enjeux et <strong>les</strong> limites<strong>de</strong> ce « pacte addictologique » passé entre l’État etle système <strong>de</strong> soin. Cela ne va pas faire plaisir à tout lemon<strong>de</strong>, mais Michel Reynaud n’est pas loin <strong>de</strong> représenterl’équivalent contemporain <strong>de</strong> ce que fut le D r Olievensteindans <strong>les</strong> années 70 (tiens, le temps se gâte du côté <strong>de</strong> Toulouse4 ). Olive était le pape <strong>de</strong> la toxicomanie, Michel Reynau<strong>de</strong>st un peu le pape <strong>de</strong> l’addictologie. Mais à l’heure<strong>de</strong>s coupes sombres, il lui faut partager cette papitu<strong>de</strong> avecune constellation <strong>de</strong> papounets et d’antipapes qui n’existaientpas, ou moins, aux temps bénis <strong>de</strong> l’invention dutoxicomane. À ce détail près : le positionnement <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxfigures est incroyablement symétrique.


politique & citoyennetéL’intense débat auquel nous avonsactivement participé <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>uxans débouche sur un résultattrès décevant : le prési<strong>de</strong>nt Hollan<strong>de</strong>,son gouvernement et lamajorité socialiste ne veulent pasdépénaliser la consommation <strong>de</strong>stupéfiants. Pas <strong>de</strong> changementpour <strong>les</strong> usagers, nous restons <strong>de</strong>ssous-citoyens criminalisés. Pas <strong>de</strong>changement <strong>de</strong> stratégie, la guerreà la drogue continue ses ravages. Lagauche puritaine succè<strong>de</strong> à la droitedémagogue. Quatre propositionspour sortir <strong>de</strong> l’impasse.Pour un début <strong>de</strong> changementDeuxième rapport <strong>de</strong> laGlobal Commissionon Drug PolicyLes nombreux arguments en faveur <strong>de</strong> ladécriminalisation énoncés en juin 2011dans le premier rapport <strong>de</strong> la GlobalCommission on Drug Policy 1 (GCDP)n’ont pas été entendus par la classe politiqueet l’opinion publique française. Unan plus tard (le 25 juin 2012), un secondrapport insiste sur <strong>les</strong> conséquences désastreuses<strong>de</strong> la prohibition sur l’épidémie<strong>de</strong> VIH et la santé <strong>de</strong>s usagers, enrappelant <strong>les</strong> recommandations généra<strong>les</strong><strong>de</strong> la GCDP. Ces travaux suscitent unvif intérêt international, surtout en Amériquedu Sud. Des prési<strong>de</strong>nts en exercice(Colombie ou Uruguay) appellent auchangement, mais la France reste très enretrait <strong>de</strong> ce mouvement mondial. Lesmilitants et <strong>les</strong> associations françaisesdoivent se mobiliser pour mieux diffuser<strong>les</strong> propositions réformistes.Créer une Commissionfrançaise sur lapolitique <strong>de</strong>s droguesNous allons prochainement envoyer untirage <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux rapports à l’Élysée,Matignon, aux ministères concernés,à l’Assemblée nationale, au Sénat et ausiège <strong>de</strong>s partis politiques. Nos responsab<strong>les</strong>politiques et leurs conseillers nepourront plus ignorer ces propositionsalternatives, ni l’honorabilité et <strong>les</strong> compétences<strong>de</strong>s éminentes personnalités internationa<strong>les</strong>qui <strong>les</strong> soutiennent.À l’échelle française, la nécessitéd’analyse et <strong>de</strong> réflexion sur notre politique<strong>de</strong>s drogues est évi<strong>de</strong>nte. Le <strong>de</strong>rnierrapport fondé sur <strong>de</strong>s auditions variéeset <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces scientifiques date<strong>de</strong> la commission Henrion en 1994-95.Les travaux plus récents <strong>de</strong> nos parlementairesétaient trop orientés et parcellairespour être crédib<strong>les</strong>. Le candidatFrançois Hollan<strong>de</strong> avait promis undébat, Jean-Marc Ayrault avait proposéune conférence <strong>de</strong> consensus lorsqu’ilétait chef <strong>de</strong>s députés PS, c’est le moment.La Commission française pour lapolitique <strong>de</strong>s drogues se <strong>de</strong>vra d’être indépendante,représentative et paritaire,autrement dit comprendre <strong>de</strong>s représentantsd’usagers.Répartir équitablement<strong>les</strong> fonds <strong>de</strong> la MildtLa ministre <strong>de</strong>s Affaires socia<strong>les</strong>, MarisolTouraine a récemment déclaré : « Il nesuffit pas d’avoir la sanction, il faut accompagner,prévenir, expliquer. » Cettestratégie pourrait s’avérer plus efficace àcondition d’équilibrer <strong>les</strong> quatre piliers :répression, prévention, RdR et soin.Traduire cette volonté politique en uneaction concrète est très facile. En accordavec <strong>les</strong> ministres <strong>de</strong> tutelle, le Premierministre peut donner au(à la) futur(e)prési<strong>de</strong>nt(e) <strong>de</strong> la Mildt l’instruction<strong>de</strong> répartir équitablement le fonds <strong>de</strong>concours alimenté par <strong>les</strong> saisies judiciaires(plus <strong>de</strong> 20 millions d’euros en2011). Actuellement, la police et la justices’en partagent 80% et la douane enreçoit 10%. Soit 90 % au répressif contre10% à la prévention, la RdR et le soin,une répartition qui reflète parfaitementl’orientation répressive <strong>de</strong>s dix <strong>de</strong>rnièresannées. Un équilibrage serait un symbolepolitique très fort.Innover en matière <strong>de</strong>RdR et <strong>de</strong> prescriptionLes sal<strong>les</strong> <strong>de</strong> consommation à moindresrisques, la substitution injectable et laprescription médicale <strong>de</strong> cannabis sontaussi <strong>de</strong>s dossiers sur <strong>les</strong>quels un consensusparaît possible, au moins pour <strong>de</strong>sexpérimentations. Un accès facilité àl’analyse <strong>de</strong>s produits, une RdR mieuxadaptée à la polyconsommation et auxplus jeunes, un renforcement <strong>de</strong> la préventionet du dépistage <strong>de</strong> l’hépatite Csont <strong>de</strong>s sujets qui méritent une concertationet <strong>de</strong> nouveaux dispositifs.Nous ne renoncerons pas à revendiquerla dépénalisation afin <strong>de</strong> rétablir lacitoyenneté <strong>de</strong> l’usager. Pourtant, cetteposition <strong>de</strong> principe ne doit pas bloquerd’autres actions afin d’obtenir ces améliorationsindispensab<strong>les</strong>. Nous espéronsque la volonté <strong>de</strong> dialogue, clairementaffichée par le gouvernement avec<strong>les</strong> partenaires sociaux sur d’autres sujetssensib<strong>les</strong>, ne s’arrêtera pas aux drogues.Au risque <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> nous <strong>les</strong> parias duchangement. .Laurent Appel4 Asud-Journal 50 juillet 20121. Commission mondiale sur la politique <strong>de</strong>s drogues


Le temps <strong>de</strong> l’armisticeEnfin, la politique <strong>de</strong>s drogues va marcher sur ses <strong>de</strong>uxpieds : réduction <strong>de</strong>s risques liés à l’usage pour ce qui estla santé, réduction <strong>de</strong>s dommages causés par le trafic pource qui est la sécurité. Il reste encore une longue marchepour construire <strong>les</strong> régulations <strong>de</strong> l’avenir mais au moins,on sait désormais dans quelle direction aller. Le continentaméricain a déjà basculé dans l’ère nouvelle et le grand retournementmenace désormais <strong>les</strong> Nations unies. Les Français nel’ont pas compris, parce qu’ils restent enfermés dans l’alternative« guerre à la drogue ou légalisation ». Comme la légalisation<strong>de</strong>s drogues n’est pas imaginable, du moins dans un avenirprévisible, la guerre à la drogue poursuit son escala<strong>de</strong>. Ces <strong>de</strong>rnièresannées pourtant, <strong>les</strong> nouvel<strong>les</strong> d’outre-Atlantique n’ontcessé <strong>de</strong> tomber en casca<strong>de</strong> : « La guerre à la drogue est perdue! » Qui s’en soucie ? Dans notre belle république, la guerreà la drogue doit se mener coûte que coûte.Une forme d’armisticeOr justement, ce n’est déjà plus le cas sur le continent américain.À l’ONU même, où pourtant le langage le plus diplomatiqueest <strong>de</strong> rigueur, il n’est plus possible <strong>de</strong> masquer <strong>les</strong> conséquences<strong>de</strong> ce retournement. Dans un article publié dans Le Mon<strong>de</strong>.fr,Bernard Leroy a d’ailleurs tenté d’alerter <strong>les</strong> Français : « Lalégalisation <strong>de</strong>s drogues : une illusion », écrit-il ce 12 avril 2012.Que se passe-t-il exactement à l’ONU pour que cet éminentavocat général, qui a longtemps représenté la France au sein <strong>de</strong>cet organisme, estime nécessaire <strong>de</strong> discuter cette illusion ? LeGuatemala a bien <strong>de</strong>mandé la légalisation <strong>de</strong>s drogues, maisen quoi ce petit pays peut-il provoquer un tel émoi ? Un autrearticle publié dans Le Mon<strong>de</strong> peu après aurait dû le rassurer :Barack Obama était sans équivoque, « Pour <strong>les</strong> États-Unis, lalégalisation <strong>de</strong> la drogue n’est pas une option » (Le Mon<strong>de</strong>, 20avril 2012). S’il n’est effectivement pas question <strong>de</strong> légalisation<strong>de</strong> drogues, ce qui est à l’ordre du jour aujourd’hui, c’est plutôtune forme d’armistice.C’est précisément ce qu’a proposé la Maison Blanche ausommet <strong>de</strong>s Amériques en Colombie, ce 20 avril 2012 : « L’incarcération<strong>de</strong> masse est une politique du passé qui ignorait la nécessitéd’avoir une approche plus équilibrée face à la drogue, entresanté et sécurité », a ainsi déclaré Gil Kerlikowske, le responsable<strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> lutte contre <strong>les</strong> drogues aux États-Unis. Voilàqui peut ressembler à une simple pétition <strong>de</strong> principe. La santéd’une part, la sécurité d’autre part, <strong>de</strong>s objectifs sur <strong>les</strong>quels toutle mon<strong>de</strong> peut se mettre d’accord. Mais la prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>« l’incarcération <strong>de</strong> masse » est bien un tournant majeur. C’estle cœur <strong>de</strong> la discussion puisque dans ce même article, BernardLeroy tient à rappeler qu’il est possible <strong>de</strong> ne pas incarcérer <strong>les</strong>usagers drogues sans renoncer à la prohibition. Sans doute. Iln’en reste pas moins que partout dans le mon<strong>de</strong>, usagers <strong>de</strong> drogueset petits trafiquants remplissent pour moitié <strong>les</strong> prisons.L’incarcération <strong>de</strong> masseMais nulle part au mon<strong>de</strong>, l’incarcération n’a été aussi massivequ’aux États-Unis. Un livre vient <strong>de</strong> dénoncer ce scandale : TheNew Jim Crow : Mass Incarceration in the Age of Colorblin<strong>de</strong>ss,que l’on pourrait traduire par « Les nouvel<strong>les</strong> lois <strong>de</strong> ségrégation :L’incarcération <strong>de</strong> masse au temps du déni <strong>de</strong>s discriminations racia<strong>les</strong>». En <strong>de</strong>ux décennies <strong>de</strong> tolérance zéro, 30 millions <strong>de</strong>Blacks et quelques autres minorités ont été incarcérés pour uneinfraction liée aux drogues. Ces pratiques discriminatoires ontlongtemps été masquées par l’idéologie « Law and Or<strong>de</strong>r » quisévit <strong>de</strong>puis <strong>les</strong> années Reagan, et que <strong>les</strong> Américains ont réussià propager dans le mon<strong>de</strong> entier. Dans <strong>les</strong> séries TV ou <strong>les</strong> films,<strong>les</strong> trafiquants <strong>de</strong> drogue sont toujours <strong>de</strong>s Noirs, et c’est effectivementle cas dans la rue.Mais comme le montre Michelle Alexan<strong>de</strong>r, auteure <strong>de</strong> cebest-seller, l’essentiel <strong>de</strong> ce marché se passe ailleurs. Les Blancsconsomment plus <strong>de</strong> drogues illicites que <strong>les</strong> minorités et ilsachètent leurs produits en appartement, dans <strong>les</strong> milieux festifs etplus récemment, sur le Net. Les quelque 2,5 millions d’incarcérationspar an ont brisé <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> vies, avec pour principaleconséquence l’exacerbation <strong>de</strong> la violence et l’enferment dans ladélinquance ou l’exclusion <strong>de</strong>s victimes <strong>de</strong> la répression. La démonstration<strong>de</strong> Michelle Alexan<strong>de</strong>r ne laisse pas <strong>de</strong> doute : lalutte contre « la » drogue a pris la relève d’une ségrégation qui,<strong>de</strong>puis le mouvement <strong>de</strong>s droits civiques, ne pouvait plus s’afficher.Le vingtième siècle se termine ainsi par cette <strong>de</strong>rnière gran<strong>de</strong>tragédie, dont <strong>les</strong> conséquences socia<strong>les</strong> et politiques vont peserlongtemps sur <strong>les</strong> États-Unis. Il ne sera pas facile <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> cepiège qui exige une profon<strong>de</strong> réforme <strong>de</strong>s administrations <strong>de</strong> lajustice et <strong>de</strong> la police, non seulement au niveau fédéral, mais danschaque État. Impossible sans un vaste mouvement d’opinion prenantconscience que la guerre à la drogue a servi <strong>de</strong> cache-sexe àune ségrégation raciale qui est aussi sociale.Asud-Journal 50 juillet 2012 5


politique & citoyennetéSortir du piègeLa guerre à la drogue a ravagé le continent américain. Au Nord,<strong>les</strong> incarcérations massives d’usagers <strong>de</strong> drogues et <strong>de</strong> trafiquants<strong>de</strong> rue n’ont limité ni le nombre <strong>de</strong>s consommateurs nile marché <strong>de</strong>s drogues. Au Sud, la guerre aux narcos n’a limiténi <strong>les</strong> énormes profits ni l’emprise mafieuse <strong>de</strong> ces organisationscriminel<strong>les</strong>, qui menacent <strong>les</strong> démocraties par la corruption etla sécurité <strong>de</strong>s citoyens par leur violence. Comment sortir <strong>de</strong>ce piège ? Rompre avec la démagogie et prendre au sérieux laquestion <strong>de</strong>s drogues est le seul chemin. Bien sûr, le marchénoir est dû à la prohibition, mais le système prohibitionnisteest <strong>de</strong>venu une réalité internationale aussi difficile à réformerque <strong>les</strong> règ<strong>les</strong> du commerce international, la financiarisation<strong>de</strong> l’économie et <strong>les</strong> paradis fiscaux. Le débat sur la prohibition<strong>de</strong>s drogues est nécessaire – comme d’ailleurs sur toutesces questions <strong>de</strong> fond – mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s positions <strong>de</strong> principe,pour agir avec efficacité, il faut prendre acte <strong>de</strong>s réalités.Que peut-on faire aujourd’hui même dans le système tel qu’i<strong>les</strong>t, pour enclencher une logique <strong>de</strong> changement ? C’est cetournant qu’a pris la Commission mondiale <strong>de</strong> la politique<strong>de</strong>s drogues à partir d’un premier constat : y compris dans <strong>les</strong>ystème prohibitionniste, tous <strong>les</strong> pays n’obtiennent pas <strong>les</strong>mêmes résultats.Dans la santé, un bon résultat, c’est une politique qui protègeeffectivement la santé, ce qui est d’ailleurs l’objectif initial<strong>de</strong> la prohibition <strong>de</strong>s drogues. Mais dans la lutte contrele trafic, qu’est-ce qu’un bon résultat ? Le programme <strong>de</strong>l’ONU qui s’était engagé à « éradiquer <strong>les</strong> drogues » en dixans a échoué en 2008, et une nouvelle expertise s’est mobilisée.Comme dans la réduction <strong>de</strong>s risques liés à la consommation,il faut commencer par prendre acte <strong>de</strong>s réalités. Onestime généralement que la répression porte sur 5 à 10% <strong>de</strong> cemarché qui, comme tous <strong>les</strong> marchés, dépend <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Ce qu’il faut éviter, c’est que la lutte contre le trafic renforcel’organisation mafieuse et la violence.Renoncer à la tolérance zéroC’est ce qui se passe lorsqu’on frappe <strong>les</strong> petits reven<strong>de</strong>urs. Lesgrosses saisies sont plus glorieuses, mais on aimerait bien savoirquel<strong>les</strong> en sont <strong>les</strong> conséquences sur le marché <strong>de</strong>s drogues: qui profite <strong>de</strong> l’élimination <strong>de</strong> tels réseaux ? Les résultatsdoivent être évalués en termes <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> la criminalitéet non pas en termes <strong>de</strong> saisies ou <strong>de</strong> nombre d’interpellations.C’est ce que recomman<strong>de</strong> la Commission mondiale surla politique <strong>de</strong>s drogues dans son rapport <strong>de</strong> juin 2011. Maisc’était déjà l’objectif du Plan drogue 2009-2012 <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne, car l’Europe a une certaine expérience en la matière.À Frankfort comme à Zurich ou Rotterdam, <strong>les</strong> vil<strong>les</strong>européennes ont déjà mis en place <strong>de</strong>s politiques loca<strong>les</strong> pourréduire <strong>les</strong> nuisances liées aux drogues et protéger la santé<strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogues : moins <strong>les</strong> usagers <strong>de</strong> drogues traînentdans <strong>les</strong> rue, mieux ça va pour tout le mon<strong>de</strong> !Le Portugal est donné en exemple parce que sa politiqueen a tiré <strong>les</strong> enseignements au niveau national. Les usagers,qui peuvent détenir jusqu’à dix jours <strong>de</strong> consommation, nesont plus incarcérés, et le petit trafic <strong>de</strong> rue est toléré, à condition<strong>de</strong> ne pas gêner l’environnement. C’est tirer <strong>les</strong> leçons <strong>de</strong>l’expérience qui montre que plus <strong>les</strong> petits trafiquants <strong>de</strong> ruesont réprimés, plus le trafic est violent. Aux États-Unis, c’estle « miracle <strong>de</strong> Boston » qui fait figure <strong>de</strong> modèle 1 . Alorsque cette ville faisait face à une hausse <strong>de</strong> la criminalité, associéeau trafic <strong>de</strong> crack, une association caritative a proposéaux autorités <strong>de</strong> renoncer à la tolérance zéro (qui sanctionnesystématiquement tout délit) pour se consacrer à la luttecontre la criminalité violente. Une démarche négociée avec<strong>les</strong> gangs, qui ont renoncé à l’utilisation d’armes à feu tandisque <strong>les</strong> faits non criminels étaient déjudiciarisés, la justice nesanctionnant que <strong>les</strong> actes qui nuisent à autrui. Le commercea été toléré, à la condition qu’il ne provoque pas <strong>de</strong> trouble nidans l’environnement ni même au sein <strong>de</strong>s gangs. Les résultatsen termes <strong>de</strong> baisse <strong>de</strong> la criminalité ont été probants.1. Fait repris dans une série télé, voir p.446 Asud-Journal 50 juillet 2012


Aux marges <strong>de</strong> la loiLe Brésil, l’Argentine, la Colombie, leMexique ont commencé à dépénaliserl’usage. C’est le premier pas pour réorienterl’action <strong>de</strong>s services répressifs. La France,elle, a adopté le modèle <strong>de</strong> la tolérancezéro en 2007, un an avant que son échecne <strong>de</strong>vienne probant aux États-Unis. Biensûr, la France a manqué <strong>de</strong> places <strong>de</strong> prison,qu’il aurait fallu multiplier par 6 ou 7pour atteindre <strong>les</strong> taux américains… Maisle nombre <strong>de</strong> personnes sanctionnées estmonté en flèche. Or qu’a-t-on constaté ?Dans <strong>les</strong> quartiers investis par le trafic,<strong>les</strong> comptes se règlent désormais avecarmes à feu, ce qui n’était nullement <strong>de</strong>tradition dans <strong>les</strong> quartiers populairesfrançais. En juin 2011, <strong>les</strong> fusilla<strong>de</strong>s et <strong>les</strong>morts ont fait scandale, et le débat s’estenfin ouvert sur la prohibition du cannabis.Si la prohibition est effectivement àl’origine du marché noir, l’escala<strong>de</strong> <strong>de</strong> laviolence est-elle inéluctable ? La réponseest non. Tout dépend <strong>de</strong>s objectifs et <strong>de</strong>spratiques <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> police. Quandun trafiquant a peur d’être balancé, il faitpeur à son voisin. Quand un plan tombe,<strong>les</strong> règlements <strong>de</strong> compte suivent. Lamairie <strong>de</strong> Saint-Ouen en a tiré <strong>les</strong> leçons.Après l’échec <strong>de</strong>s interventions policières,elle a fait appel à <strong>de</strong>s médiateurs, chargés<strong>de</strong> négocier entre trafiquants et habitants« pour éviter le pire ». Réduire <strong>les</strong>dommages causés par le trafic, c’est toutsimplement le bon sens. L’autoproduction<strong>de</strong> cannabis est d’ailleurs une <strong>de</strong>s réponses,qui se bricolent aux marges <strong>de</strong> laloi. Préfigurant <strong>les</strong> régulations <strong>de</strong> l’avenir,ces bricolages seront d’autant plusefficaces qu’ils seront intégrés dans <strong>de</strong>spolitiques loca<strong>les</strong> ou nationa<strong>les</strong> commeau Portugal. L’armistice est la premièreétape. C’est seulement quand la plupart<strong>de</strong>s pays auront pris ce chemin qu’il serapossible <strong>de</strong> renégocier <strong>les</strong> conventionsinternationa<strong>les</strong>.L’avenir se fabriqueau présentPeut-être la prohibition finira-t-elle unjour par s’écrouler d’elle-même, tel le mur<strong>de</strong> Berlin. Mais plutôt que d’attendrele moment où <strong>les</strong> États <strong>de</strong>vront reconnaîtreleur impuissance, mieux vaut dèsaujourd’hui expérimenter <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>formes <strong>de</strong> régulation du marché en évaluantleurs résultats, comme l’ont été ceux<strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques liés à l’usage.L’avenir se fabrique au présent : il nousfaudra fabriquer nous-mêmes la sortie <strong>de</strong>ce système prohibitionniste. Ce que nous<strong>de</strong>mandons aujourd’hui aux responsab<strong>les</strong>politiques, c’est <strong>de</strong> prendre leurs décisionsen connaissance <strong>de</strong> cause, en fonction<strong>de</strong> ce que l’on sait. Lors <strong>de</strong> sa campagneprési<strong>de</strong>ntielle, Hollan<strong>de</strong> s’était engagé àsoumettre la question du cannabis à unecommission européenne. Les experts <strong>de</strong>l’Observatoire européen <strong>de</strong>s drogues sontprêts. Il y a <strong>de</strong>s acquis sur <strong>les</strong>quels il n’y aplus <strong>de</strong> doute possible – c’est le cas <strong>de</strong> ladépénalisation <strong>de</strong> l’usage et <strong>de</strong> la détentionassociée à la consommation. D’autresquestion exigent un développement <strong>de</strong>l’expertise : évaluer <strong>les</strong> conséquences <strong>de</strong>l’application <strong>de</strong>s lois, mieux connaîtrel’organisation du trafic <strong>de</strong> drogues, etlutter contre l’emprise <strong>de</strong>s mafias – enFrance en particulier, où cette question aété curieusement négligée. Bref, prendrela question <strong>de</strong>s drogues au sérieux. Est-cetrop <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r ?.Anne CoppelBlablablablaAsud-Journal 50 juillet 2012 7


décroches sevrages et abstinenceTraitements d e substitutionStop ou encore ?Il y a quatre ans, Asud-Journal avait tiréune première fois la sonnette d’alarmedans un silence assourdissant 1 . Lesfins <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> substitutionétaient alors un non-sujet.Aujourd’hui, malgré quelques interventionsen colloque (en généralaussi roboratives que dépourvues <strong>de</strong>statistiques), rien n’a changé. Ni l’importanceconsacrée au sujet, ni l’intérêtporté aux trajectoires <strong>de</strong>s sevrés <strong>de</strong> lasubstitution.Rappelons tout d’abord le contextehistorique <strong>de</strong> la naissance <strong>de</strong>s traitements<strong>de</strong> substitution aux opiacés (TSO) : cestraitements sont <strong>les</strong> enfants illégitimesdu sida.Illégitimes puisque non explicitementvoués à combattre l’épidémie 1 ,mais enfants tout <strong>de</strong> même, car le virageà 180° pris par le système <strong>de</strong> soins françaisen matière <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> la toxicomanieest une conséquence <strong>de</strong> l’argumentaire<strong>de</strong>s partisans <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s risques (RdR) sur l’inefficacité<strong>de</strong>s sevrages pour combattre lamaladie.Enfin, et c’est le point central : cedispositif <strong>de</strong>vait tout à l’urgence et pasgrand-chose au long, ni même au moyenterme.La responsabilité<strong>de</strong>s usagersLa mise en place <strong>de</strong> la substitution doitbeaucoup à l’activisme <strong>de</strong>s usagers. Pas seulementcelui <strong>de</strong>s groupes d’autosupport,mais surtout celui <strong>de</strong>s usagers eux-mêmesengagés dans une démarche volontariste<strong>de</strong> militantisme en faveur <strong>de</strong>s traitements.Si la substitution fut un tel succès dès lemilieu <strong>de</strong>s années 1990, c’est qu’elle a répondumassivement à leurs attentes : sortirdu cycle <strong>de</strong> la délinquance, ne plus souffrirdu manque, rendre possible une réconciliationsociale, enfin permise au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>sbarrières instaurées par la législation sur<strong>les</strong> stupéfiants. Asud a pleinement participéà ce mouvement au point <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong>spositions maximalistes en faveur <strong>de</strong>s TSO.À l’époque, tout ce qui rimait avec sevrageet abstinence était marqué du sceau dupassé, voire <strong>de</strong> la réaction ou du puritanismedéguisé. Le bien, l’avenir, le sens <strong>de</strong>l’histoire, c’était la substitution, <strong>de</strong> préférenceélargie à d’autres molécu<strong>les</strong> commel’héroïne et distribuée selon <strong>les</strong> modalités<strong>les</strong> plus libéra<strong>les</strong>.C’est <strong>de</strong> cette responsabilité dont ilfaut parler aujourd’hui, du fait que nousnous soyons massivement engagés sur lavoie <strong>de</strong> la substitution dans un contextequasi militaire <strong>de</strong> survie. Du fait quele nombre d’usagers en traitementsoit passé <strong>de</strong> 60 000 environ en 1997 à160 000 quinze ans après. Ou <strong>de</strong> celuiLes traitements <strong>de</strong> substitutionont-ils une fin ? C’est laquestion que se posent <strong>de</strong> plusen plus d’usagers après trois,cinq, dix ans <strong>de</strong> prescription.Malgré la multiplication <strong>de</strong>s<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s, ce dossier estlargement ignoré par <strong>les</strong>ystème <strong>de</strong> soin et ce silencen’est pas entièrement dû auhasard. La fin <strong>de</strong> traitement estau cœur du paradoxe quicontinue d’embarrasser lasubstitution : comment sortir<strong>de</strong> la dépendance enprescrivant <strong>de</strong>s opiacés ?que la prescription médicale d’opiacésaugmente chaque année sans que nousayons une vue d’ensemble sur la qualité<strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s bénéficiaires. Toutes ces raisonsplai<strong>de</strong>nt pour une remise à plat <strong>de</strong>sschémas directeurs qui ont présidé à lamise en place <strong>de</strong>s TSO.En 1995-1996, nous ne nous posionspas la question <strong>de</strong> l’arrêt du traitement,ni même du sevrage. L’objectifprincipal était d’obtenir une place surle vaisseau <strong>de</strong> la substitution pour quitterla galère <strong>de</strong> l’héroïne. L’idée même<strong>de</strong> l’arrêt est restée incongrue jusqu’à lagénéralisation <strong>de</strong>s traitements anti-VIH.Le paradoxe <strong>de</strong> cette histoire, c’est quela survie enfin assurée <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong>drogues touchés par le VIH a coïncidé àquelques années près avec <strong>les</strong> premièresthéories sur la chronicité <strong>de</strong> la « maladie<strong>de</strong> la dépendance ». Enfin libérés d’unemort programmée à brève échéance, <strong>de</strong>plus en plus d’usagers se sont vu apposerun diagnostic <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s à vie.Rouvrir une fenêtre<strong>de</strong> libertéLes faits sont têtus. Depuis le tournant<strong>de</strong>s années 2000, la question du sevrageet <strong>de</strong> l’abstinence d’opiacés revient hanterle mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la substitution comme ellea hanté le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la toxicomanie dans<strong>les</strong> années 1970. C’est d’abord et surtoutune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> qui vient <strong>de</strong>s usagers, c’estd’ailleurs pour cela qu’il faut la prendre ausérieux. Rappelons-nous <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong>8 Asud-Journal 50 juillet 2012


<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s issues <strong>de</strong>s usagers non prises en compte, voire contréespar <strong>de</strong>s positionnements institutionnels, parfois pleins <strong>de</strong> bonnesintentions : par exemple celle <strong>de</strong> matériel stérile dans <strong>les</strong> années1970-80 contrée par le décret <strong>de</strong> 1972 sur l’interdiction <strong>de</strong> vente<strong>de</strong>s seringues. Conséquences : détournement, partages et… sida.Certes, le libellé « fin <strong>de</strong> traitement » peut paraître extrêmementdissuasif à bon nombre <strong>de</strong> soignants. En matière d’addiction,le traitement représente justement une fin en soi. C’est d’ailleursl’un <strong>de</strong>s principaux griefs que nous formulons à l’encontre <strong>de</strong> la médicalisation<strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong>s drogues. Comme dans <strong>les</strong> exemp<strong>les</strong> précé<strong>de</strong>nts,un divorce entre soignants et usagers sur cette question risqued’aboutir à une forme <strong>de</strong> disqualification <strong>de</strong> l’ensemble du système.La prise en compte <strong>de</strong>s fins <strong>de</strong> traitement doit pouvoir débouchersur une nouvelle révolution conceptuelle en matière <strong>de</strong> TSO : réconciliermaintenance et soin <strong>de</strong> la dépendance.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s modalités techniques du sevrage <strong>de</strong> méthadonepar rapport à celui d’héroïne, <strong>les</strong> vraies questions sont cel<strong>les</strong> duretour à une vie sans produits après six mois, un an, cinq ans, dixans <strong>de</strong> prescription d’un opiacé légal remboursé par la Sécurité sociale.La vraie question est <strong>de</strong> savoir quelle part <strong>de</strong> responsabilitéun système sanitaire – parasité par une loi contraignante – peutavoir dans <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> vie majeurs. Hier comme aujourd’hui, lavraie question est <strong>de</strong> rouvrir une fenêtre <strong>de</strong> liberté dans le champ<strong>de</strong> la dépendance aux opiacés, comme le fut l’ouverture <strong>de</strong> Marmottandans <strong>les</strong> 70’s ou l’AMM du Subutex® en 1996. Mais commesouvent, le fléau <strong>de</strong> la balance bénéfices/contraintes est passéd’un extrême à l’autre. Hier, il fallait se battre pour instiller unpeu <strong>de</strong> science médicale dans un mon<strong>de</strong> dominé par l’approchepsychanalytique. Aujourd’hui, il s’agit <strong>de</strong> s’insurger contre unefatalité qui voudrait plonger <strong>les</strong> usagers dans la surdéterminationneurobiologique.Le dossier « fin <strong>de</strong> traitement » a le mérite <strong>de</strong> plonger aucœur <strong>de</strong>s non-dits <strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> droguestelle qu’elle est organisée <strong>de</strong>puis l’institutionnalisation <strong>de</strong>s TSO.La substitution n’a jamais voulu être soumise au débat citoyenqui ne manquerait pas <strong>de</strong> souligner la contradiction entre prescriptiond’opiacés et lutte contre la drogue. Deux frères ennemiscontinuent <strong>de</strong> s’affronter sur tous <strong>les</strong> sujets se rapportant aux stupéfiants: d’un côté, ceux qui fournissent <strong>de</strong>s drogues léga<strong>les</strong> sansvouloir le dire, <strong>de</strong> l’autre, ceux qui préten<strong>de</strong>nt combattre la dépendancesans y parvenir. Sancho Panza le pragmatique, et DonQuichotte l’idéaliste. Deux héros que l’on pourrait réconciliercar, comme dans le roman <strong>de</strong> Cervantes, ils sont en fait parfaitementcomplémentaires du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s consommateurs.Comme souvent, leur opposition est un conflit d’intérêts à la foisinstitutionnels et industriels, surtout dommageable à la qualité<strong>de</strong> la prise en charge. Conceptualiser une sortie <strong>de</strong>s traitementsqui ne soit pas une déclaration <strong>de</strong> guerre au principe même <strong>de</strong>sTSO suppose d’inventer une nouvelle clinique, utilitariste, auservice <strong>de</strong>s usagers, prête à sortir <strong>de</strong>s querel<strong>les</strong> d’école et surtout,consciente <strong>de</strong> ses propres limites. .Fabrice OlivetCet article est inspiré d’une communication faite lors <strong>de</strong> lajournée sur <strong>les</strong> « fins <strong>de</strong> traitements » organisée le 10/11/2010par le groupe <strong>de</strong> travail sur <strong>les</strong> Traitements <strong>de</strong> substitutionaux opiacés à la Direction générale <strong>de</strong> la santé.1. « Y-a-t-il une vie après la substitution ? » Asud-Journal n°362. L’Autorisation <strong>de</strong> mise sur le marché (AMM) du Subutex®,c’est-à-dire la buprénorphine haut dosage, <strong>de</strong> février 1996 nefait aucune référence à l’épidémie <strong>de</strong> sida. Quant à la méthadone,son AMM remonte bien avant l’apparition du virus.Asud-Journal 50 juillet 2012 9


SubstitutionUne campagne européenneen douze langues <strong>de</strong>stinéeaux personnes dépendantesaux opiacés, et à leur entourage.Objectif : apporter <strong>de</strong>sinformations objectives et <strong>de</strong>qualité, et <strong>de</strong>s conseils pratiquesnon moralisateurs surtous <strong>les</strong> aspects relatifs auxtraitements, grâce à la collaboration<strong>de</strong> plusieurs associationseuropéennes d’UD, dont Asud.«Mo n tr a i t e ment, m o n ch o i x »La campagne « Mon Traitement, Mon Choix »(MTMC) est en effet le fruit d’une étroite collaborationentre PCM Scientific, une société d’éducationmédicale britannique chargée <strong>de</strong> sa réalisation technique,<strong>de</strong> sa coordination au niveau européen et <strong>de</strong> larigueur scientifique <strong>de</strong> son contenu, d’une part et <strong>de</strong> trois associationsd’UD (Asud, l’espagnole Apdo et l’alleman<strong>de</strong> Jes)d’autre part.Le rôle d’Asud n’est donc pas simplement d’assurer la diffusion<strong>de</strong> la campagne en France mais aussi <strong>de</strong> contribuer à déterminerson contenu et son ton pour qu’elle soit réellementutile aux usagers et répon<strong>de</strong> à leurs <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s, loin <strong>de</strong>s préjugésmoraux ou idéologiques.Déculpabiliser,dédramatiser, informerObjectifs : DÉCULPABILISER <strong>les</strong> usagers par rapport àleur addiction éventuelle, « une pathologie chronique récidivantecomme le diabète », DÉDRAMATISER le traitements’ils choisissent d’en faire un, « une composante importante<strong>de</strong> toute pathologie… », et surtout, INFORMER pour ai<strong>de</strong>rà choisir...Pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> cohérence et d’unicité du message, letravail a d’abord été fait en anglais, puis traduit par PCM dans<strong>les</strong> onze autres langues. Asud s’est ensuite chargée <strong>de</strong> la correctionet <strong>de</strong>s adaptations nécessaires pour la version française quiservira <strong>de</strong> base aux autres pays francophones. MTMC se déclinesur plusieurs supports : sur Internet, avec un site européen(www.mytreatmentmychoice.eu) accessible en douze langues etun site par pays (www.montraitementmonchoix.fr pour la France),sur <strong>les</strong> réseaux sociaux et enfin, sur papier, avec <strong>de</strong>s posters,<strong>de</strong>s cartes posta<strong>les</strong>, une brochure résumant l’essentiel…Cette campagne est née grâce au soutien du laboratoireReckitt Benkiser Pharmaceuticals(qui produit notammentle Suboxone®).« Qu’est-ce que la dépendance ? »Les seu<strong>les</strong> difficultés rencontrées ont essentiellement porté sur<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> traduction et aux exigences d’une campagneinternationale. Son titre dans chacune <strong>de</strong>s onze autres langues <strong>de</strong>vaitpar exemple être la traduction pratiquement littérale <strong>de</strong> celui(bien) choisi en anglais, tout en permettant à chaque langue etculture <strong>de</strong> mieux se l’approprier…Avant d’en examiner le contenu, soulignons une fois encorequ’il s’agit d’une campagne <strong>de</strong>stinée aux UD dépendants auxopiacés, qui veulent sortir <strong>de</strong> cette situation pour différentes raisons.Dès le début vient d’ailleurs l’éternel test pour savoir sil’on est dépendant ou non. Mais le ton est donné dès le troisième<strong>de</strong>s sept grands chapitres qui constituent le site, « Qu’est-ce quela dépendance ? » : « Toutes <strong>les</strong> personnes ayant consommé <strong>de</strong>sopiacés ne sont pas dépendantes et la dépendance n’est pas une chosequi intervient après la première prise d’opiacés. » Évi<strong>de</strong>nt, maisbon à rappeler, car bien souvent absent <strong>de</strong>s campagnes alarmistessur l’usage <strong>de</strong>s drogues.Plusieurs éléments suscitent l’attention <strong>de</strong> celui qui visite <strong>les</strong>ite MTMC. Une présentation assez attirante, optimiste, pas dutout noire ou misérabiliste, et une note originale : <strong>de</strong> bel<strong>les</strong> photos<strong>de</strong> parties du corps tatouées avec un slogan, dont certainsrésument bien l’esprit <strong>de</strong> MTMC – « Plus vous en savez, plusvous êtes capable <strong>de</strong> faire valoir votre point <strong>de</strong> vue ». Comme <strong>les</strong>ouligne le titre <strong>de</strong> l’introduction, « Information = pouvoir »,cette campagne souhaite que <strong>les</strong> personnes puissent déci<strong>de</strong>r parel<strong>les</strong>-mêmes en connaissance <strong>de</strong> cause, bien évi<strong>de</strong>mment (et oninsiste toujours <strong>de</strong>ssus) avec l’ai<strong>de</strong> d’un mé<strong>de</strong>cin.10 Asud-Journal 50 juillet 2012


L’expérience d’usagersou <strong>de</strong> professionnelsIl y a donc <strong>de</strong>s infos sur <strong>les</strong> principauxtraitements – médicamenteux et nonmédicamenteux – « sans <strong>les</strong> hiérarchiser», dixit Fabrice Olivet, avec le pouret le contre, <strong>les</strong> risques, <strong>les</strong> effets secondaireset <strong>les</strong> idées reçues, pour mieux s’yopposer. Pas d’info en revanche sur <strong>de</strong>smédicaments en particulier, la loi françaiseinterdit qu’un site Internet françaisfinancé par un laboratoire (commeR.B.Pharmaceuticals) le fasse… Mercipour <strong>les</strong> patients qui n’ont pas le droità une info plus précise et utile ! Pour enavoir, je vous conseille donc d’aller sur <strong>les</strong>ite européen (mytreatmentmychoice.eu)et cliquer sur la langue française pourtrouver dans l’espace « Médicaments »<strong>de</strong>s infos ciblées sur sept d’entre eux, <strong>de</strong>la buprénorphine à la morphine orale àlibération prolongée, en passant part lalevométhadone, etc., avec la même objectivitéque pour <strong>les</strong> traitements.Citons aussi pêle-mêle dans l’introduction,la foire aux questions et dans lechapitre final, <strong>de</strong>s témoignages encourageantsd’UD (avec vidéos) ayant réussi àsortir <strong>de</strong> leur dépendance. Une gran<strong>de</strong> facilitépour accé<strong>de</strong>r aux différentes rubriques,<strong>de</strong> nombreux conseils pour mieuxtirer parti <strong>de</strong>s traitements, fruit <strong>de</strong> l’expérienced’usagers ou <strong>de</strong> professionnels :« Ne soyez pas trop ambitieux », « Soyezréaliste », « Soyez clément avec vousmême», « Soyez patient »… Où l’on insistesur l’importance <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s petitspas, d’intégrer la possibilité <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>srechutes « qui font partie du parcours »,<strong>de</strong> ne pas vouloir aller trop vite, <strong>de</strong> ne pascroire à « la pilule miracle »… Des adressesoù trouver <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> dans tous <strong>les</strong> payslistés et <strong>les</strong> traitements qui y sont disponib<strong>les</strong>(bien pratique !).Et tout un chapitre pour <strong>les</strong> prochesd’une personne dépendante, qui veulentfaire quelque chose mais ne savent pasquoi, auxquels MTMC apporte aussiune ai<strong>de</strong> précieuse.Si MTMC a déjà reçu le soutientd’autres associations d’UD comme laportugaise Caso, la danoise Brugerforeningenou la norvégienne Prolar, l’objectifest <strong>de</strong> contacter un large éventail<strong>de</strong> fédérations nationa<strong>les</strong>, associations,structures RdR, centres <strong>de</strong> soins, etc.,dans chaque pays par le biais d’un coordinateurlocal (Asud en France). Autant<strong>de</strong> relais qui, en diffusant <strong>les</strong> supports papierset/ou en l’accueillant sur leur site,permettront à la campagne <strong>de</strong> toucherle plus grand nombre possible d’UD et<strong>de</strong> proches. MTMC sera présent sur <strong>les</strong>tand d’Asud lors <strong>de</strong>s grands ren<strong>de</strong>z-vous<strong>de</strong> l’année 2012. Ai<strong>de</strong>z-nous à l’amélioreren répondant à un questionnaire quevous trouverez sur la page d’accueil dusite !.Speedy GonzalezIn s c r iv e z-v o u s s u r h t t p ://r d r2012.a-f-r.o r g25 & 26 octobre5 rue Curial75019 Paris


cannabisSuite <strong>de</strong> la fabuleuse histoiredu Circ. Ou comment, vingtans après sa création(Asud-Journal n°49),l’association et son clownrieur aux cheveux en forme<strong>de</strong> feuil<strong>les</strong> <strong>de</strong> beuh organiseune Journée internationaledu cannabis à Paris.Cir c’s t o r yé p i s o d e 2En 1992, on ne rigole pas. Monpremier s’appelle Robert Broussard.Célèbre pour avoir flinguéMesrine, il est nommé à la tête<strong>de</strong> la toute nouvelle Mission<strong>de</strong> lutte antidrogue (Milad). Le seconds’appelle Paul Qui<strong>les</strong>. Il est ministre <strong>de</strong>l’Intérieur et considère « la drogue »comme le mal absolu. Il n’est pas question<strong>de</strong> distinguer <strong>les</strong> différents produitset qu’importe le sida galopant, il ne veutpas entendre parler <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>substitution. Quant à la vente libre <strong>de</strong>sseringues, c’est selon lui inutile car « unepartie <strong>de</strong>s toxicomanes continue d’échanger<strong>de</strong>s seringues usagées pour satisfaire ce qu’i<strong>les</strong>t convenu d’appeler un rituel collectif »,ose-t-il déclarer.En 1992, le Circ lui décerne le bonnetd’âne <strong>de</strong> l’année pour s’être exclamé lorsd’une interview : « Mais quel type <strong>de</strong> cannabis? Le haschich ou la résine concentréeà 40% qui est encore plus toxique que la cocaïnefrelatée ? »Black listé ?Nous installons <strong>les</strong> bureaux du Circ dansmon appartement et adressons aux médiasun faire-part annonçant la naissance <strong>de</strong>l’association. Les journalistes sont sceptiques,à l’image <strong>de</strong> Christophe Bourseiller,le premier à mentionner notre existencedans le magazine 7 à Paris : « Je ne suis passûr que cette nouvelle association reste légalebien longtemps », « le Circ milite à termepour une légalisation du cannabis. Tout unprogramme hautement douteux… ».Jean-Luc Bennahmias, qui m’a ouvert<strong>les</strong> portes <strong>de</strong> ses archives, nous accueilledans son bureau car avant d’être conseillergénéral du parti <strong>de</strong>s Verts (et son futurSecrétaire national), Jean-Luc avait relayé« L’Appel du 18 joint » dans le magazineAntirouille et milité pour la légalisationdu cannabis. Il nous assure <strong>de</strong> son soutien,mais refuse <strong>de</strong> tirer sur le pétard que Carolienvient <strong>de</strong> rouler sur le coin <strong>de</strong> la table.Alors que <strong>les</strong> journalistes nous répon<strong>de</strong>ntgénéralement qu’ils mentionnerontl’existence du Circ lorsqu’une opportunitése présentera, nous avons hâte d’endécoudre avec <strong>les</strong> représentants du pouvoir.Le 25 janvier 1992, lors d’une manifestationcontre le racisme et pour l’égalité<strong>de</strong>s droits organisée par SOS Racisme,nous distribuons donc <strong>de</strong>s pétards (rienque <strong>de</strong>s feuil<strong>les</strong> en provenance <strong>de</strong> notrejardin d’intérieur)… Une provocation quin’aura aucune répercussion médiatique,mais nous vaudra une première visite <strong>de</strong>sgendarmes à notre boîte postale… Ils voulaientsavoir si nous n’avions reçu un colissuspect en provenance <strong>de</strong>s Pays-Bas !Nous écrivons nos premiers tracts et réagissonslorsque l’actualité l’exige, espérant que<strong>les</strong> médias reprendront nos arguments, maisils nous bou<strong>de</strong>nt. Par contre, <strong>de</strong>s fanzinestendance punk et libertaire se passionnentpour Fumée clan<strong>de</strong>stine et je profite d’unetournée promotionnelle dans <strong>les</strong> Fnac pourannoncer aux amateurs <strong>de</strong> petite fumettequ’ils disposent désormais d’une associationà leur mesure. Comme nous avons promisaux cent premiers adhérents une carte originale,nous passons l’été à colorier <strong>de</strong>s petits<strong>de</strong>ssins en fumant <strong>de</strong>s gros pétards.12 Asud-Journal 50 juillet 2012


À quelque chose malheur est bon !Et puis un jour, nous recevons par courrier un ca<strong>de</strong>au empoisonnésous forme d’un morceau <strong>de</strong> Tcherno, le petit nom donné au haschichcoupé à tout et à n’importe quoi. Et si on le divisait en barrettes? Si on l’emballait dans du papier d’alu surmonté d’un nœudrose ? Et si on l’envoyait aux médias ? Aussitôt dit, aussitôt fait, nousfaisons parvenir à une dizaine <strong>de</strong> magazines quelques grammes <strong>de</strong>haschich frelaté accompagné d’une interrogation : « Que diraitl’amateur <strong>de</strong> bon vin qui ne trouverait plus sur le marché que <strong>de</strong> lapiquette hors <strong>de</strong> prix ? »Le seul à réagir, c’est le magazine Actuel qui fait analyser notrebout <strong>de</strong> shit par l’Institut néerlandais <strong>de</strong> l’alcool et <strong>de</strong>s drogues(Niad). Le résultat est édifiant. D’après Mario Lap, le directeur <strong>de</strong>l’Institut, « c’est probablement du kif marocain dans ses partiesvi<strong>les</strong>, branches, tiges, etc., hachées et liées ensemble par <strong>de</strong> la colle,beaucoup <strong>de</strong> colle. »En octobre 1992, l’éditeur <strong>de</strong> Fumée clan<strong>de</strong>stine (Ramsay) fermeboutique pour mon plus grand désarroi. Le livre étant le fer <strong>de</strong>lance du Circ, il est un temps question <strong>de</strong> le publier et <strong>de</strong> le distribuerpar nos propres moyens… C’était avant qu’on me conseille <strong>de</strong>rencontrer Michel Sitbon, profession agitateur d’idées. Ayant pourvocation <strong>de</strong> publier <strong>de</strong>s livres consacrés aux drogues, <strong>les</strong> éditions duLézard voient le jour quelques semaines plus tard. La nouvelle version<strong>de</strong> Fumée clan<strong>de</strong>stine change <strong>de</strong> couverture (c’est obligatoire, jepréférais l’originale) mais nous en profitons surtout pour caser quelqueslignes sur le Circ et son clown dans la préface.L’actualité en 1993, c’était toujours le tan<strong>de</strong>m Broussard/Qui<strong>les</strong> et son plan antidrogue, qualifié « d’invraisemblable cacophonie» par l’Association nationale <strong>de</strong>s intervenants en toxicomanie(Anit). C’était aussi le temps où <strong>les</strong> CRS saisissaient et détruisaient<strong>les</strong> kits seringues distribués par Mé<strong>de</strong>cins du mon<strong>de</strong>. La gauche seramasse aux législatives, Édouard Balladur <strong>de</strong>vient Premier ministreet Char<strong>les</strong> Pasqua, ministre <strong>de</strong> l’Intérieur. Sur le sujet <strong>de</strong>s drogues,il se heurte à Simone Veil, ministre <strong>de</strong> la Santé, comme en témoigneFrance-Soir qui titre au mois <strong>de</strong> mai : « Simone Veil, le gant <strong>de</strong> velours– Char<strong>les</strong> Pasqua, la main <strong>de</strong> fer » Bonjour l’ambiance !De l’audace, encore <strong>de</strong> l’audace,toujours <strong>de</strong> l’audaceSébastien nous propose <strong>de</strong> créer un 3615 et d’assurer sa gestionsi le Circ réussit à l’employer en tant qu’objecteur <strong>de</strong> conscience.Seulement voilà, pour y parvenir, il nous faut l’aval d’une associationd’utilité publique. Sans trop y croire, nous prenons ren<strong>de</strong>z-vousavec la Fédération <strong>de</strong>s œuvres laïques. On <strong>les</strong> baratine eton <strong>les</strong> rassure sur notre mission qui consiste à prévenir <strong>les</strong> jeunesfumeurs <strong>de</strong>s dangers du cannabis. Notre joker ? Un document duParlement répertoriant toutes <strong>les</strong> associations <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>srisques européennes dont, je ne sais par quel miracle, le Circ faitpartie. C’est ainsi qu’en avril 1993, Sébastien <strong>de</strong>vient l’objecteur<strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> l’association. Il tient parole et nous monte enquelques semaines un 3615 qui nous rapporte bientôt assez d’argentpour louer un petit local sous <strong>les</strong> toits grâce aux adhésionsqui se multiplient (nous incitions <strong>les</strong> employés qui le pouvaient àse brancher directement et discrètement <strong>de</strong> leurs bureaux).Comment s’y prendre pour que le débat tant redouté par<strong>les</strong> politiques se retrouve sur le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la scène ? Un jour queKshoo feuilletait distraitement Fumée clan<strong>de</strong>stine, voilà qu’iltombe sur le texte <strong>de</strong> « L’Appel du 18 joint ». À sa lecture,force est <strong>de</strong> constater que rien n’a changé et que le manifestepublié en 1976 par Libération est, à quelques mots près, toujoursd’actualité. Et si on le relançait ? Et si on le faisait signerpar <strong>de</strong>s personnalités ?Encouragées par le succès <strong>de</strong> Fumée clan<strong>de</strong>stine, <strong>les</strong> éditionsdu Lézard traduisent The Emperor Wears No Clothes, <strong>de</strong>Jack Herer. Et si on organisait une petite fête pour présenter lamaison d’édition et annoncer la sortie <strong>de</strong> L’Empereur est nu ?Pourquoi ne pas inviter Jack Herer en personne ? Pendant quenous y sommes, nous pourrions organiser une journée internationaled’information sur le cannabis en conviant <strong>de</strong>s associationseuropéennes d’usagers, <strong>de</strong>s responsab<strong>les</strong> politiques et<strong>de</strong>s experts bardés <strong>de</strong> diplômes pour démontrer tous <strong>les</strong> effetspervers <strong>de</strong> la prohibition.Au boulot ! Les éditions du Lézard nous prêtent leurs locaux(une maison <strong>de</strong> trois étages), mettent une attachée <strong>de</strong>presse à notre disposition, <strong>de</strong>s ordinateurs pour écrire <strong>de</strong>stextes et <strong>de</strong>s communiqués <strong>de</strong> presse… Et même un experten évènements prêt à « se défoncer » pour un tarif militant.L’équipe du Circ s’étoffe, et toutes <strong>les</strong> bonnes volontés sontmises à contribution. À la tombée <strong>de</strong> la nuit, quand <strong>les</strong> secrétairesque la fumée <strong>de</strong> nos pétards importune sont parties, quele commun <strong>de</strong>s mortels dort sur ses <strong>de</strong>ux oreil<strong>les</strong>, nous retrouvons<strong>les</strong> bureaux <strong>de</strong>s éditions du Lézard et prenons d’assaut<strong>les</strong> ordinateurs pour annoncer la « Journée internationale ducannabis », relancer l’Appel du 18 joint, alimenter le 3615,répondre au courrier, classer <strong>les</strong> pétitions, rédiger <strong>de</strong>s tractsou <strong>de</strong>s lettres et rêver du grand jour entre <strong>de</strong>ux pétards… Onse quitte généralement à l’heure du <strong>de</strong>rnier métro, parfoiscelle du premier.Le 18 juin approche. Notre spécialiste en événements atrouvé une salle, le Trianon. « Témoin <strong>de</strong> la belle époque »,cet ancien cinéma recyclé en salle <strong>de</strong> spectacle nous convientd’autant mieux qu’il est situé boulevard Rochechouart dans unquartier populaire <strong>de</strong> Paris. Y aura-t-il un avant et un après18juin 1993 ? Tel sera l’objet du prochain épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette petitehistoire du Circ..Jean-Pierre GallandAsud-Journal 50 juillet 2012 13


cannabis(marche mondiale)Si c e n’e s t pa s p o u r a u j o u r d’h u i...En 2011, pour la dixième édition<strong>de</strong> la Marche mondialedu cannabis parisienne, huitassociations et quelquesmouvements politiques décidaient(une gran<strong>de</strong> première) <strong>de</strong> marcherensemble <strong>de</strong> Bastille à Stalingrad.En 2012, el<strong>les</strong> n’étaient pas huitmais treize (un chiffre porte-bonheur)organisations à s’engager dans la Marchemondiale et beaucoup plus <strong>de</strong> vil<strong>les</strong> (<strong>de</strong>Marseille à Lille, <strong>de</strong> Toulouse à Tours,<strong>de</strong> Paris à Saint-Denis <strong>de</strong> la Réunion…)à sortir dans la rue pour exprimer dansla bonne humeur leur ras-le-bol d’unepolitique à ras du bitume.« Dépénalisation, autoproduction,cannabis thérapeutique » : <strong>les</strong> propositionsn’ont pas changé d’une annéesur l’autre, seul le slogan est différent.Si l’année <strong>de</strong>rnière nous avions pourmot d’ordre « une autre politique <strong>de</strong>sdrogues est possible », en 2012, nousavons naturellement repris le slogan<strong>de</strong> campagne <strong>de</strong> François Hollan<strong>de</strong> :« Le changement, c’est maintenant ».Un changement pour lequel nous nousbattons <strong>de</strong>puis trente ans.Remercions cel<strong>les</strong> et ceux qui, partouten France, ont travaillé pour que cetteonzième édition <strong>de</strong> la Marche mondia<strong>les</strong>oit un succès. Certes, <strong>les</strong> grands médiasne se sont pas mobilisés pour relayer nosrevendications citoyennes et ceux quiont daigné se déplacer ont surtout retenula jeunesse <strong>de</strong>s participants. Mais jamaisnous n’avons été aussi nombreux (plusd’un millier) à déambuler en musique <strong>de</strong>Bastille à la Bibliothèque François Mitterrandpour que ça change.Notre nouveau prési<strong>de</strong>nt qui veut« faire <strong>de</strong> la jeunesse une priorité nationale» doit savoir que <strong>les</strong> jeunes en ontmarre d’être montrés du doigt, marred’être arrêtés à tous <strong>les</strong> coins <strong>de</strong> rue, marred’une politique d’un autre âge. Si lechangement n’est pas pour aujourd’hui,il sera pour <strong>de</strong>main. .J.-P. G.14 Asud-Journal 49 mars 2012


VHCNouvel<strong>les</strong> thérapies,p lu s q u e d e l’e s p o i r…Les choses vont vite, mon téléphoneportable d’il y a <strong>de</strong>ux ansest dépassé <strong>de</strong>puis longtemps,que dire <strong>de</strong> mon ordinateur etje ne vous parle pas du <strong>de</strong>rnier groupe <strong>de</strong>zik qu’il faut avoir écouté. Mais qu’enest-il dans le traitement <strong>de</strong> l’hépatiteC ? Contrairement au téléphone, en matièred’hépatites vira<strong>les</strong>, on observe quechaque nouveauté est un progrès vers laguérison et le traitement <strong>de</strong> cette putain<strong>de</strong> maladie.En janvier 2011, nous avons connuun véritable progrès dans le traitement<strong>de</strong> l’hépatite C <strong>de</strong> génotype 1 : <strong>de</strong>uxnouvel<strong>les</strong> antiprotéases – le télaprévir etle bocéprévir – ont été mises sur le marchépour un traitement combiné avec labithérapie classique (interféron pégyléet ribavirine). Il est désolant que ça nemarche que pour <strong>les</strong> génotypes 1 maisd’autres médicaments arrivent à touteallure. Ces molécu<strong>les</strong> on été prescritesdans un premier temps dans le cadred’une ATU (Autorisation temporaired’utilisation) et réservées à 1 000 mala<strong>de</strong>senviron, qui risquaient d’aggraverleur maladie rapi<strong>de</strong>ment.En attendant l’autorisation <strong>de</strong> misesur le marché pour tous <strong>les</strong> mala<strong>de</strong>s,ce qui est le cas aujourd’hui, l’AFEF(Association française pour l’étu<strong>de</strong> dufoie) a émis <strong>de</strong>s recommandations ennovembre 2011 afin d’ai<strong>de</strong>r <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cinsà la délicate gestion <strong>de</strong> ces nouvel<strong>les</strong>approches. Je recomman<strong>de</strong> fortement<strong>de</strong> s’y référer car contrairement àcertains labos (voir le Mediator®), nosexperts sont très pru<strong>de</strong>nts et nous pouvonsleur faire confiance. Que recomman<strong>de</strong>l’AFEF 1 ?Deux cas <strong>de</strong> figure ont été individualisés: <strong>les</strong> patients naïfs (ce ne sont pas <strong>de</strong>smala<strong>de</strong>s qui croient au père Noël, maisceux qui n’ont jamais eu <strong>de</strong> traitement) et<strong>les</strong> patients en échec <strong>de</strong> traitement.Bilan préthérapeutiqueAvant tout traitement, un bilan préthérapeutiquedoit être réalisé par un spécialiste,il est i<strong>de</strong>ntique à celui prescrit en cas<strong>de</strong> bithérapie :• Virologie : recherche <strong>de</strong> coïnfectionVIH, VHB, charge virale, génotype viral.• Bilan hépatique : TP, albumine, bilirubine,échographie éventuellement associée àune gastroscopie à la recherche <strong>de</strong> varicesœsophagiennes.• Biologie : NFS, plaquettes, créatinine,ALAT, ASAT, anticorps anti-tissus, TSH .• Évaluation <strong>de</strong>s comorbidités : hépatiteauto-immune (contre-indication), coronaropathie,insuffisance rénale.• Évaluation <strong>de</strong> la contraception qui doitêtre double pendant tout le traitement.• Recherche d’interactions médicamenteusescontre-indiquant le traitement : antiarythmiques,midazolam et triazolam (parvoie orale), bépridil, pimozidine, luméfantrine,halofantrine, inhibiteurs <strong>de</strong> tyrosinesIl était une fois, un marchand<strong>de</strong> foie… Michel Bonjour, notre« Monsieur hépatites », nouspropose un tableau complet<strong>de</strong>s molécu<strong>les</strong> « miracle » actuellementà l’essai. L’informationmérite d’être étudiée <strong>de</strong>près car <strong>les</strong> résultats semblentparticulièrement probantschez tous <strong>les</strong> recalés système.Petits veinards abonnés aumauvais génotype ou auxcures à répétition, ce messagevous concerne.kinases, dérivés <strong>de</strong> l’ergot <strong>de</strong> seigle (pas <strong>de</strong>LSD avec <strong>les</strong> antiprotéases <strong>les</strong> mecs !) .• Recherche d’interactions médicamenteusesassociées à <strong>de</strong>s précautions d’emploi: cordarone, flécaïne, quinidine, drospirénone,statines, ritonavir, raltegravir,ténofovir, méthadone, sildénafil, etc.Patients naïfsPour <strong>les</strong> patients naïfs <strong>de</strong> génotype 2 à 6,la bithérapie classique permet la guérisondans plus <strong>de</strong> 80% <strong>de</strong>s cas et ces nouvel<strong>les</strong>molécu<strong>les</strong> ne <strong>les</strong> concernent pas.Les facteurs prédictifs <strong>de</strong> réponse à cetraitement sont bien i<strong>de</strong>ntifiés. Chez <strong>les</strong>mala<strong>de</strong>s infectés par <strong>de</strong>s génotypes 2 à 6,il s’agit essentiellement <strong>de</strong> l’âge (moins<strong>de</strong> 40 ans), du niveau <strong>de</strong> la charge virale(en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> 600 000 UI/ml), <strong>de</strong> l’absence<strong>de</strong> fibrose sévère et <strong>de</strong> l’absenced’insulino-résistance (l’insulino-résistances’observe souvent chez <strong>de</strong>s personnesen surcharge pondérale présentantun trouble du métabolisme du sucre(gluci<strong>de</strong>s) et <strong>de</strong>s graisses (lipi<strong>de</strong>s) ainsiqu’un risque cardiovasculaire élevé).Si une réponse virologique rapi<strong>de</strong>(RVR) est obtenue (ARN VHC indétectableaprès 4 semaines <strong>de</strong> traitement),la bithérapie peut être poursuivie. Enclair, vous avez <strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> guériret ça on peut le voir à un mois <strong>de</strong> traitementavec la disparition <strong>de</strong> la chargevirale (l’essayer c’est parfois l’adopter !).En l’absence <strong>de</strong> réponse virale, chez <strong>les</strong>mala<strong>de</strong>s naïfs <strong>de</strong> génotype 1 ou en cas <strong>de</strong>facteurs prédictifs <strong>de</strong> mauvaise réponse(génotype non CC <strong>de</strong> l’IL28B ou fibroseF3-F4), une trithérapie peut être proposée.Elle permet un gain d’efficacité <strong>de</strong>30% par rapport à la bithérapie et laissela possibilité d’un traitement court sur24 semaines.Asud-Journal 49 mars 2012 15


VHCUn facteurprédictif l’IL28BOn a découvert un gène utile dans la prédiction<strong>de</strong> la réussite au traitement par interféron: le gène IL28B. Les interféronssont produits par le système immunitairehumain en réponse à l’hépatite C. Legène IL28B (aussi appelé interleukine 28)est porteur d’instructions pour produire<strong>de</strong> l’interféron lambda dans l’organisme.L’interféron lambda est un composéchimique naturel semblable à un autrecomposé chimique appelé l’interféronalpha (utilisé pour traiter l’hépatite C).Il n’existe aucune série fixe d’instructionspour produire <strong>de</strong> l’interféron lambda, cequi signifie que <strong>de</strong>ux personnes peuventavoir différents types (variations) ducomposé chimique dans leur organisme.Certaines variations du gène IL28Bproduisent une réaction immunitaireplus forte que d’autres, aidant ainsi <strong>les</strong>personnes à éliminer par el<strong>les</strong>-mêmes levirus lors <strong>de</strong> la phase aiguë et aussi lors<strong>de</strong> la phase chronique en traitement. End’autres termes, <strong>les</strong> décisions concernantle début d’un traitement contre l’hépatiteC seront influencées par le type <strong>de</strong> gèneIL28B dont une personne est porteuse.Par exemple, selon le type <strong>de</strong> gène IL28B,le traitement est-il plus susceptible <strong>de</strong>connaître du succès ou non ? C’est uneputain <strong>de</strong> loterie qui explique que parfois20% <strong>de</strong>s gens éliminent le virus sans traitementet que d’autres vont aussi guérirplus facilement. Ce gène a une tendancelepéniste, il est moins fréquent chez <strong>les</strong>Hispaniques et <strong>les</strong> Blacks.Patients en échecEn cas d’échec <strong>de</strong> traitement antérieur,chez <strong>les</strong> mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> génotype 1 en échecthérapeutique après bithérapie, un retraitementpar bithérapie Peg-IFN associé à<strong>de</strong> la ribavirine entraîne un taux <strong>de</strong> RVS<strong>de</strong> 23% chez <strong>les</strong> rechuteurs et <strong>de</strong> 6% chez<strong>les</strong> non répon<strong>de</strong>urs. Des alternatives thérapeutiquessont donc indispensab<strong>les</strong>chez ces mala<strong>de</strong>s 2 .Pour <strong>les</strong> mala<strong>de</strong>s <strong>de</strong> génotype 1, <strong>les</strong>nouvel<strong>les</strong> molécu<strong>les</strong> sont un vrai espoir.Essayez le traitement, on peut toujoursl’arrêter si c’est dur mais si on découvre aubout <strong>de</strong> 4 semaines que l’on peut en finiravec ce connard <strong>de</strong> virus avec une certitu<strong>de</strong><strong>de</strong> 90% en 16 semaines (donc plus que 12 àserrer <strong>les</strong> <strong>de</strong>nts), ça vaut le déplacement.La trithérapie est <strong>de</strong>venue le traitement<strong>de</strong> référence en cas <strong>de</strong> fibrose F3-F4chez <strong>les</strong> rechuteurs, chez <strong>les</strong> répon<strong>de</strong>urspartiels et chez <strong>les</strong> répon<strong>de</strong>urs nuls. Ellepeut être envisagée ou discutée dans <strong>les</strong>autres cas. Mais la fibrose n’est pas le seulcritère à prendre en compte. Certaines caractéristiquesdu mala<strong>de</strong> et <strong>de</strong> la maladiesont importantes : âge, sexe, comorbidités,compliance, statut psychosocial, sévérité <strong>de</strong>la maladie (fibrose et facteurs <strong>de</strong> progression)et particularités vira<strong>les</strong> (génotype,charge virale, IL28B, profil <strong>de</strong> réponse).Les étu<strong>de</strong>s montrent que le taux <strong>de</strong> réponsevirologique soutenue (RVS) passerespectivement <strong>de</strong> 25% sous bithérapieà 70, voire 90 %, sous trithérapie pour<strong>les</strong> patients rechuteurs, <strong>de</strong> 10 à 40, voire60%, pour <strong>les</strong> répon<strong>de</strong>urs partiels, et <strong>de</strong>5% en cas <strong>de</strong> nouvelle bithérapie à 30 à 40% pour <strong>les</strong> répon<strong>de</strong>urs nuls.Les effets indésirab<strong>les</strong> doivent être prisen compte d’autant plus que <strong>de</strong> nouvel<strong>les</strong>molécu<strong>les</strong> sont actuellement à l’étu<strong>de</strong>(inhibiteurs <strong>de</strong> protéase, inhibiteurs <strong>de</strong>polymérase, inhibiteurs du NS5A) 3 . Onvoit arriver en ce moment une moléculequi permettra sans doute <strong>de</strong> guérir d’icitrois à cinq ans sans interféron et sans effetssecondaires importants.Une nouvelle molécule, le nucléosi<strong>de</strong>PSI 7977 (rentrant dans la composition dupatrimoine génétique ARN du virus) testéeen association avec la ribavirine et/ou l’interféron,en essai clinique <strong>de</strong> phase 3, s’estavérée concluante. Cette innovation thérapeutiqueramène le virus à un taux indétectableaprès <strong>de</strong>ux semaines <strong>de</strong> traitement.Toutefois, <strong>les</strong> chercheurs ne négligent pasla possibilité d’éviter l’utilisation <strong>de</strong> ribavirineet d’interféron, donc <strong>de</strong> déclencher<strong>de</strong>s effets secondaires majeurs, en associantce nucléosi<strong>de</strong> à <strong>de</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong> protéase.Le PSI 7977 est donc une véritable révolutionpour <strong>les</strong> patients touchés par le VHC,le nouveau traitement sera disponible surle marché dans peu <strong>de</strong> temps, <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong>phase 3 pour <strong>de</strong>s naïfs vont commencer enFrance d’ici <strong>de</strong>ux mois.Des schémasthérapeutiquescompliquésLes nouveaux schémas <strong>de</strong> traitement (durée,règ<strong>les</strong> d’arrêt, posologie) sont adaptésrégulièrement en se fondant sur <strong>les</strong>résultats <strong>de</strong> charge virale effectuée à différentessemaines (4, 8, 12) selon <strong>les</strong> recommandations<strong>de</strong> l’AFEF. Si la charge viraledisparaît rapi<strong>de</strong>ment, on peut raccourcirle traitement, et on s’aperçoit qu’un patientsur <strong>de</strong>ux pourra n’être traité que 24semaines au lieu <strong>de</strong>s 48 habituel<strong>les</strong> avecla bithérapie.Ce sont tout <strong>de</strong> même <strong>de</strong>s traitementscompliqués et contraignants (<strong>de</strong> 2 à 4comprimés ou gélu<strong>les</strong> en plus toutes <strong>les</strong> 8heures) et il va falloir être très compliantpour réussir. Il <strong>de</strong>vient plus que nécessaire<strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> séances d’éducationthérapeutique. En outre, la surveillancebiologique doit être régulière (toutes <strong>les</strong>semaines à tous <strong>les</strong> 15 jours en début <strong>de</strong>traitement) et <strong>les</strong> effets indésirab<strong>les</strong>, quel’on connaissait déjà avec la bithérapie,sont <strong>les</strong> mêmes mais plus fréquents :anémie, problèmes <strong>de</strong>rmatologiques,dysgueusie et, ce qui est nouveau, interactionsavec d’autres médicaments.Bref, plein <strong>de</strong> choses nouvel<strong>les</strong> et futuresqu’Asud surveille par sa présence ausein du Comité <strong>de</strong> suivi du plan nationalhépatites et dans d’autres instances.Pour en savoir plus, écrivez à Asud quivous donnera mon mail et mon téléphone,et on en discutera..Michel Bonjour1. Prise <strong>de</strong> position <strong>de</strong> l’Association françaisepour l’étu<strong>de</strong> du foie (AFEF) sur <strong>les</strong>trithérapies (Peg-IFN + ribavirine + inhibiteur<strong>de</strong> protéase) dans la prise encharge <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s atteints d’hépatitechronique C (8 et 9 avril 2011).2. ibid3. ibid16 Asud-Journal 50 juillet 2012


dossier n°50Pour son numéroAsud-Journala testé pour vous50PRODUITSL’idée a germé lors d’un comité <strong>de</strong> rédaction particuliè-50rement psychoactif. L’angoisse était palpable du fait <strong>de</strong>la dimension métaphysique <strong>de</strong> l’enjeu : Asud-Journalsort sa cinquantième édition et pas question <strong>de</strong> laisserpasser l’événement dans l’indifférence générale.La loi Evin ayant été enfermée aux toilettes, l’atmosphères’alourdit, jusqu’à ce qu’une lumière étrange illumine leplus chéper d’entre nous. « Alléluia, mes frères, dit-il entre<strong>de</strong>ux transes mêlées d’hallucinations, et pourquoi pas un n°50: Asud a testé pour vous 50 produits ? » Un retour aux fondamentauxen somme. Le challenge était double : réussir àdécrire une substance en quelques lignes sans enfreindre lefameux article L. 3421-4 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> la santé publique quipunit toute incitation à l’usage d’un produit stupéfiant. Letout en un paragraphe. Un vrai casse-tête, même pour notreéquipe <strong>de</strong> journalistes gonzos archi-capés en drogues diverses.Outre qu’il a fallu puiser dans nos archives très privées,revisiter nos jardins secrets, se remémorer <strong>de</strong>s « premièresfois » pas toujours flatteuses pour l’ego, le flirt avec la présentationsous un jour favorable a rendu l’exercice périlleux.Abstinence, usage, abus et dépendance sont <strong>les</strong> quatrepiliers <strong>de</strong> la consommation. La loi impose l’abstinence, maisla réalité est constituée <strong>de</strong> millions d’usagers <strong>de</strong> drogues àl’image <strong>de</strong>s lecteurs <strong>de</strong> ce journal. Pour ne pas <strong>de</strong>venir abusifsou dépendants, ces consommateurs <strong>de</strong>vraient bénéficierd’une culture <strong>de</strong> l’usage raisonnable, <strong>de</strong> la fameuse modérationqui pour certains doit aller jusqu’à l’abstinence. Hélas,nous ne sommes pas égaux <strong>de</strong>vant <strong>les</strong> substances.Concrètement, notre fibre d’usagers militants s’est retrouvéeprise en otage par la double injonction contradictoirequi est au cœur <strong>de</strong> ce journal : ne pas cacher le plaisirque chacun retire d’une prise <strong>de</strong> drogues, tout en dénonçant<strong>les</strong> ravages <strong>de</strong> la culture « trash ». Le ban et l’arrièreban<strong>de</strong> la milice Asudienne s’est pliée à l’exercice. Mercipour ce grand élan <strong>de</strong> solidarité psychotrope.À vous <strong>de</strong> juger si le grand écart est réussi ou si nous manquons<strong>de</strong> soup<strong>les</strong>se. .F.O. et L.A.Asud-Journal 50 juillet 2012 17


Asud 50 produits2C-I01Souvent présenté comme une « amphétaminehallucinogène », le 2C-I est undérivé synthétique <strong>de</strong> la mescaline. Leseffets hallucinogènes sont donc moinsintenses que ceux du LSD, ce sont plutôtd’amusantes distorsions visuel<strong>les</strong>. Je gar<strong>de</strong>par exemple le souvenir d’avoir scotchéune petite heure sur <strong>les</strong> quais <strong>de</strong> Seine àcontempler <strong>les</strong> reflets du soleil sur l’eau.Attention toutefois, <strong>les</strong> effets augmententavec la quantité donc, comme avec toutproduit hallucinogène, il y a un risque <strong>de</strong>bad trip cauchemar<strong>de</strong>sque !Faites très attention à la dose, notammentavec <strong>les</strong> poudres (qui peuvent être trèspures) car le 2C-I est un produit extrêmementactif (dose normale : 15 à 25 mg).Autant dire que vous avez intérêt à disposerd’une balance <strong>de</strong> précision ou à dissoudrela poudre dans un liqui<strong>de</strong> pour pouvoir ladoser. Autre cause <strong>de</strong> bad trip : lorsqu’il esten comprimé, le 2C-I est parfois vendu pour<strong>de</strong> l’ecstasy. Les consommateurs sont alorssurpris par <strong>les</strong> effets du produit et peuventavoir l’impression <strong>de</strong> sombrer dans la folie.Comme tout produit hallucinogène, n’enprenez que dans un contexte rassurant, avec<strong>de</strong>s personnes <strong>de</strong> confiance. Plus d’info sur<strong>les</strong> conseils <strong>de</strong> RdR liés à ce produit sur le sitehttp://www.knowdrugs.ch/Absinthe02Les effets mythiques <strong>de</strong> la fée verte sonttrès diffici<strong>les</strong> à ressentir avec <strong>les</strong> produitslégaux en provenance <strong>de</strong> Tchéquie, d’Espagne,<strong>de</strong> Suisse et maintenant <strong>de</strong> France. Letaux <strong>de</strong> thuyone toléré oblige à s’enfiler bientrop d’alcool avant <strong>de</strong> <strong>les</strong> voir poindre. Onest bourré avant <strong>de</strong> triper. Je sais où trouver<strong>de</strong> la bleue clan<strong>de</strong>stine du Jura suisse dont larecette n’a pas changé <strong>de</strong>puis l’origine. Avecune joyeuse ban<strong>de</strong> locale, nous la buvonscomme <strong>de</strong> l’anisette, diluée <strong>de</strong> trois volumesd’eau fraîche. La conversation s’anime,chacun veut avoir raison, l’effet excitant <strong>de</strong>l’alcool est très renforcé. Les tournées s’enchaînent,c’est le bor<strong>de</strong>l total dans la pièce,la musique est à bloc, du métal genre Ministry,certains braillent <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> l’air pénétré,d’autres dansent. Au quatrième verre, <strong>les</strong>couleurs saturent puis se décomposent enlaissant <strong>de</strong>s traces autour <strong>de</strong>s gens et <strong>de</strong>s objets.C’est moins puissant qu’avec <strong>de</strong> la mescalineou <strong>de</strong>s champis mais on comprendmieux la peinture <strong>de</strong> Van Gogh. Si on saits’arrêter avant l’excès d’alcool, le speed et <strong>les</strong>hallus légères durent longtemps.Pour augmenter <strong>les</strong> effets, il faut augmenterla dose d’alcool, <strong>les</strong> 65° (et plus)tapent fort. Il est très délicat <strong>de</strong> pousser lalimite sans finir rai<strong>de</strong> bourré, mala<strong>de</strong> ouagressif, vautré comme une mer<strong>de</strong> à la fin.On peut limiter <strong>les</strong> risques en alternant unverre <strong>de</strong> bleue et un verre d’eau et surtout,en n’entreprenant aucun comportementdangereux. Évitez <strong>les</strong> mélanges, ne jamaisconsommer avec un excitant ou <strong>de</strong>s opiacés.Alcool03Les effets ? Vous n’allez pas me dire quevous ne connaissez pas <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> l’alcool,rappelez-vous votre <strong>de</strong>rnière cuite...Vous ne vous souvenez plus <strong>de</strong> rien ? Voilà,c’est justement ça <strong>les</strong> effets ! Allez, on n’apas grand-chose à vous apprendre quevous ne sachiez déjà sur ce produit, l’un<strong>de</strong>s plus dangereux (dépendance, toxicité...)et pourtant le plus consommé dansnotre jolie France !Amphétamines04Les amphet, le « speed », voilà une vraiedrogue, qui sait traverser <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s et séduirele teen-ager. Le speed fut successivementla drogue favorite <strong>de</strong>s mods, <strong>de</strong>sHells Angels, <strong>de</strong>s punks, <strong>de</strong>s har<strong>de</strong>ux, <strong>de</strong>sravers, et aujourd’hui encore, <strong>de</strong>s amateurs<strong>de</strong> dance floor. La raison en est assezsimple. Le speed est une bonne grossedrogue franche et massive dans ses effetspositifs comme dans ses itinéraires pluscontestab<strong>les</strong>. Gobé ou sniffé, il provoqueune puissante montée, variable en intensitéselon la qualité du produit, suivie d’une<strong>de</strong>scente qui inverse le curseur pour transformervotre petite maison dans la prairieen un thriller pathétique. Ça commenceavec un sérieux coup d’optimisme : vousêtes beau, intelligent et vous avez le sens<strong>de</strong> l’humour, un sentiment <strong>de</strong> surpuissanceremarquablement mis en musiquepar Deep Purple dans l’indémodable InRock. Pile le moment où tout bascule. Dela neurasthénie au véritable cauchemar, ladépression qui suit est d’intensité variable.Cette régularité <strong>de</strong> métronome entrela baffe en montée et <strong>les</strong> grincements<strong>de</strong> <strong>de</strong>nts en <strong>de</strong>scente finit par lasser <strong>les</strong>adultes. Le speed, c’est comme le vélo, ças’oublie pas mais en grandissant on voitplus trop l’intérêt.Un conseil : gobez plutôt que sniffez(même la poudre peut être empaquetéedans une feuille à rouler). Outre voustaper grave sur <strong>les</strong> neurones (le speed estune drogue neurotoxique), l’abus d’amphétaminesva rapi<strong>de</strong>ment faire tombervos <strong>de</strong>nts et vous transformer en squelettevivant. Sachez user sans abuser. Certainesvariétés <strong>de</strong> speed procurent <strong>de</strong> Kolossa<strong>les</strong>sensations en injection. Mais la plupart<strong>de</strong> ces molécu<strong>les</strong> ont été retirées du marchéaprès avoir embouteillé la psychiatrie <strong>de</strong>secteur. Deux raisons suffisantes <strong>de</strong> s’abstenir<strong>de</strong> tenter le remake.18 Asud-Journal 50 juillet 2012


Angry birds05J’ai testé Angry Birds pour voir, pour fairecomme tout le mon<strong>de</strong>. Mais aujourd’hui,je jette <strong>de</strong>s oiseaux virtuels environ <strong>de</strong>uxà trois heures par jour pour obtenir <strong>les</strong>meilleurs scores. Si la dépendance est trèsrapi<strong>de</strong>, aucune frustration à l’horizoncar on peut recommencer à l’infini. Lavraie satisfaction s’obtient en décrochant3 étoi<strong>les</strong> à un niveau et hop rebelote, ausuivant, sachant qu’il existe 4 jeux différentscomprenant en tout plus <strong>de</strong> milleniveaux. Toute une vie à jouer. Je chercheencore un moyen <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> risquesliés à ma consommation d’Angry Birds. Siquelqu’un a une idée pour m’ai<strong>de</strong>r, qu’ilécrive à Asud.En 1989, Kristian Wilson <strong>de</strong> Nintendodéclarait que « <strong>les</strong> jeux vidéos n’affectent pas<strong>les</strong> enfants : si Pacman nous avait influencéétant enfant, nous <strong>de</strong>vrions tous courir enrond dans <strong>de</strong>s pièces sombres, en gobant <strong>de</strong>spilu<strong>les</strong> magiques tout en écoutant <strong>de</strong> la musiquerépétitive ». Visiblement, cet hommene connaissait pas <strong>les</strong> rave parties. Et sil’essor <strong>de</strong> cette culture est due au succès <strong>de</strong>Pacman, inquiétons-nous <strong>de</strong>s conséquencesqu’aura bientôt Angry Birds, ce petitjeu sur téléphone qui consiste à jeter <strong>de</strong>soiseaux à l’ai<strong>de</strong> d’un lance-pierre en vue <strong>de</strong>faire s’écrouler <strong>de</strong>s édifices et d’en tuer <strong>les</strong>occupants. On me souffle dans l’oreilletteque c’est trop tard, le 11 septembre 2001 adéjà eu lieu. Oups.Banane séchée06Ouvrez une banane, mangez-la, puis prenezla peau et grattez l’intérieur (pas uniquement<strong>les</strong> fils, contrairement à une idéerépandue) jusqu’à ce que vous ayez un tas<strong>de</strong> « moelle » <strong>de</strong> banane. Faites sécher aufour, comme pour la beuh, <strong>de</strong> façon à pouvoirl’émietter facilement. Roulez le toutdans un joint et fumez. Les effets sont assezproches <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’opium mais durent trèspeu <strong>de</strong> temps. Le principal risque <strong>de</strong> cetteconsommation est le tabac utilisé conjointement.Nommé « banadine » ou « bananadine», le principe actif <strong>de</strong> la bananeest un dérivé <strong>de</strong> la sérotonine, une moléculeprésente dans le cerveau qui régule l’humeur.La défonce à la banane a connu sonheure <strong>de</strong> gloire à la fin <strong>de</strong>s années 60 auxÉtats-Unis. Des joints <strong>de</strong> banane étaientdistribués dans <strong>les</strong> concerts, tandis que<strong>les</strong> journaux un<strong>de</strong>rground <strong>de</strong> la communautéhippie diffusaient assez largement larecette. Des entreprises ont commencé àcommercialiser <strong>de</strong> la poudre ou <strong>de</strong> l’huile<strong>de</strong> banane prêtes à être fumée, le « MellowYellow ». Mais cet engouement a été brutalementstoppé en à peine quelques années.Des consommateurs avaient découvertqu’en mélangeant <strong>de</strong>s peaux <strong>de</strong> cacahuètesgrillées avec <strong>les</strong> fils <strong>de</strong> bananes, on obtenait<strong>de</strong>s effets bien plus puissants, proches <strong>de</strong> laDMT, un hallucinogène extrêmement dangereux(voir plus bas). Après la publication<strong>de</strong> la recette dans The Anarchist Cookbook,le congrès américain réagit en urgence avecle « Banana Labeling Act ». Le prix du kilo<strong>de</strong> bananes <strong>de</strong>vint trop élevé par rapport àla quantité <strong>de</strong> peau nécessaire à l’obtention<strong>de</strong>s effets psychoactifs et comparativement,l’herbe et le LSD étaient bien moins chers.Les consommateurs s’en détournèrent alorsaussi vite qu’ils l’avaient adopté.Ainsi se fabriquent <strong>les</strong> légen<strong>de</strong>s... et <strong>les</strong>rumeurs.Caféine07Je commence par trois doub<strong>les</strong> dont <strong>de</strong>uxmacchiato, puis j’enchaîne avec un litre <strong>de</strong>Coca zéro dans la matinée, un café après ledéjeuner, un autre litre <strong>de</strong> Coca zéro dansl’aprem, un expresso ou <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> plus si jedîne au resto ou avec <strong>de</strong>s amis, enfin un<strong>de</strong>mi-litre <strong>de</strong> Coke pour rincer la soirée.Voilà pour une journée normale. Si j’aidu sommeil en retard ou du cannabis trèsfort et beaucoup <strong>de</strong> taf, c’est l’overdrive, jerajoute <strong>de</strong>ux Red Bull et un <strong>de</strong>mi-litre <strong>de</strong>Coca. Si je rencontre <strong>de</strong> la cocaïne <strong>de</strong> base,c’est encore 50% <strong>de</strong> caféine en plus. Et leCoca <strong>de</strong>s Cuba Libre si la coke m’incite àboire. En gros, je suis complètement accroà la caféine. Je suis migraineux et dépressifen cas <strong>de</strong> sevrage brutal. Super angoissé,transpirant, tendu, limite agressif, si je dépassema limite. J’ai souvent <strong>de</strong>s troub<strong>les</strong>gastriques et un sommeil pourri. La caféineest une drogue légale avec d’importantseffets secondaires. Voilà pourquoij’ai entamé une <strong>de</strong>scente à la chinoise, trèsprogressive, pour revenir à un simple coup<strong>de</strong> pied au cul au réveil et après <strong>les</strong> repas.Le sevrage du Coca est difficile, assez proche<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> la coke. Il doit y avoir unlien…Il existe un phénomène <strong>de</strong> dépendanceet d’accoutumance à la caféine vraimentproblématique à partir <strong>de</strong> 400 mg par jour,soit 13 cannettes <strong>de</strong> Coca ou 6 express ou 5canettes <strong>de</strong> Red Bull. L’abus est aussi responsabled’hypertension, <strong>de</strong> crampes d’estomac,<strong>de</strong> troub<strong>les</strong> <strong>de</strong> l’humeur et du sommeil.Cannabis08D’après mes calculs, je viens d’allumer, àquelques centaines près, le cinquante etun millième joint <strong>de</strong> ma vie. Je n’en suispas fier pour autant, mais toujours vivant.Nombre <strong>de</strong> gens vous diront que ça ne faitrien la première fois. Je suis l’exception quiconfirme la règle. Je me souviens encore <strong>de</strong>sAsud-Journal 50 49 juillet mars 2012 19


ingéréAsud 50 produits<strong>de</strong>rrière mes yeux clos. Je venais <strong>de</strong> trouverma drogue <strong>de</strong> prédilection, celle qui medégoûta <strong>de</strong> l’alcool. Compagne fidèle, elleme booste le matin et me calme le soir, ellem’ai<strong>de</strong> à créer et met une certaine distanceentre la société du spectacle et moi.Le cannabis n’est pas une drogue innocenteet ne convient pas à tout le mon<strong>de</strong>,déclenchant chez certains <strong>de</strong>s paranos galopanteset <strong>de</strong>s angoisses. N’insistez pas, lecannabis n’est pas fait pour vous… Même<strong>les</strong> petits malins qui fument <strong>de</strong> gros jointsdès le matin ne sont pas à l’abri d’un acci<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> parcours, le cannabis peut profiterd’une faib<strong>les</strong>se physique ou psychique pourvous secouer comme un cocotier… Gare auxgâteaux <strong>de</strong> l’espace ! Le grand danger ducannabis, c’est le goudron qu’il dégage lors<strong>de</strong> sa combustion et le tabac avec lequel onle mélange. Pour pallier à ces <strong>de</strong>ux inconvénientset protéger votre santé, adoptez le« vaporisateur » qui libère sous forme <strong>de</strong>vapeur le THC <strong>de</strong> vos trois brins <strong>de</strong> beuh,juste avant sa combustion.Le meilleur et le pire se côtoientdans mes expériencesd’ingestion <strong>de</strong> cannabis. Ilfaut bien connaître la force<strong>de</strong> sa préparation et choisir lemoment adéquat car l’effet peut durer longtemps,plus <strong>de</strong> six heures. Une trop faibledose est frustrante, on a l’impression d’avoirgâché son matos. Mais une trop forte plongedans un trip flippant : au mieux un malaise<strong>de</strong> quatre heures suivi d’une énorme mol<strong>les</strong>se,au pire un bad trip d’une nuit/jourcomme un aci<strong>de</strong> qui passe mal. La bonnedose offre sans doute la meilleure expérienceavec le cannabis. De quoi comprendre lafascination <strong>de</strong> Théophile Gauthier ou ThéoVarlet et la répulsion <strong>de</strong> Bau<strong>de</strong>laire.Lorsque la préparation est bien calibrée,le space cake ou autre préparation cannabiquecomestible est certainement le meilleurmoyen <strong>de</strong> réduire <strong>les</strong> risques liés à l’usage ducannabis, à l’exception <strong>de</strong>s risques psychiquesaigus et chroniques (rares) qui sont plus importantsen cas <strong>de</strong> surdose. À recomman<strong>de</strong>rpour un usage thérapeutique ou pour arrêter<strong>de</strong> fumer sans cesser le cannabis.(CBD) CannabisthérapeutiquePourquoi le cannabis peut parfois m’êtretrès utile pour calmer certaines douleurset parfois accentuer <strong>les</strong> mêmes douleurs ?Pourquoi certaines variétés d’herbes troublentconsidérablement mon sommeil etpas d’autres ? Pourquoi certaines beuzesme filent du stress et d’autres m’euphorisenten douceur ? Voilà <strong>de</strong>s questions quiont longtemps tourné dans mon cerveau.Jusqu’à ce que je découvre le rôle du CBDdans <strong>les</strong> effets du cannabis. Il équilibre <strong>les</strong>effets <strong>de</strong>s autres cannabinoï<strong>de</strong>s et renforcel’action antalgique du cannabis, son effetstoned aussi. Voilà pourquoi le shit marocaindécontracte bien plus mes crampesque <strong>de</strong> nombreux hybri<strong>de</strong>s américanohollandais.Il existe plein <strong>de</strong> variétés Indicariches en CBD comme la Black Widow,Indu Kush, Mr Nice G13, Purpurea Ticinencis.Par contre, si j’ai besoin d’un effetspeedant, <strong>de</strong> trouver l’appétit, <strong>de</strong> supportertoute la souffrance du mon<strong>de</strong>, j’ai surtoutbesoin d’une grosse dose <strong>de</strong> THC.Les usagers thérapeutiques utilisant lecannabis pour <strong>les</strong> spasmes, <strong>les</strong> neuropathies,<strong>les</strong> tremblements et <strong>les</strong> douleursosseuses doivent se méfier <strong>de</strong>s variétésSativa. Il est toujours préférabled’ingérer ou <strong>de</strong> vaporiser du cannabisplutôt que <strong>de</strong> le fumer.C’est encore plus indispensablepour <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s. On obtientplus <strong>de</strong> CBD en laissant laplante mûrir <strong>de</strong>ux semaines<strong>de</strong> plus, votre résinedoit être bien ambréeet non pas laiteuse(effet high). Cettetechnique n’est pasrecommandée encas <strong>de</strong> troub<strong>les</strong> hépatiques,le CBDserait responsable<strong>de</strong> l’effet fibrosantdu cannabis.09 10ChampignonshallucinogènesJ’ai testé <strong>les</strong> champis qui contiennent <strong>de</strong>la psilocine et <strong>de</strong> la psilocybine. Pour lacueillette ou la culture, mieux vaut être initiépar un habitué face à toutes <strong>les</strong> espècesvénéneuses. Les proportions <strong>de</strong>s principesactifs pouvant aussi différer d’une variétéà l’autre (psylo, mexicain, hawaïen...), <strong>les</strong>dosages ne sont donc pas <strong>les</strong> mêmes. Lamontée (20 à 60 min) <strong>de</strong>s champis n’estpas très agréable. C’est ni plus ni moinsune intoxication. Puis cette horrible sensationlaisse la place à son exact opposé.Ce bien-être à la fois tonique et relaxantest un prélu<strong>de</strong> indispensable à lavenue <strong>de</strong>s véritab<strong>les</strong> effets hallucinogènes<strong>de</strong>s champignons. Ce n’est que physiquementen harmonie que l’esprit peutenfin s’ouvrir sur une sorte <strong>de</strong> réalité alternativedans laquelle nous sommes désormaiscapab<strong>les</strong> <strong>de</strong> voir la face cachée <strong>de</strong>chaque élément visuel. Un classique est<strong>de</strong> voir <strong>de</strong>s caractéristiques anima<strong>les</strong> chez<strong>les</strong> humains. Tiens mon pote a une tête<strong>de</strong> gnou ! Ou au contraire, <strong>de</strong> déceler <strong>de</strong>sêtres vivants parmi <strong>les</strong> matières inertes.Ce super pouvoir peut tout aussibien vous rendre imbattable au jeu<strong>de</strong>s formes dans <strong>les</strong> nuages quevous faire entamer une conversationtélépathique avec lemicro-on<strong>de</strong>s. Sous champis,il est aussi fréquent <strong>de</strong> voirou d’entendre, furtivement,<strong>de</strong>s choses ou <strong>de</strong>spersonnes qui n’existentpas. C’est certes amusant,mais cette tendance qu’ont<strong>les</strong> ombres à s’enfuir et <strong>les</strong>bruits à parler <strong>de</strong> vous peutrendre parano. C’est que l’effetdure souvent plusieurs heures,et un détail peut parfois suffireà transformer l’expérienceen bad trip. Mieux vaut doncprévoir un long moment sansresponsabilités avec <strong>de</strong>s gens<strong>de</strong> confiance et éviter <strong>les</strong> espacesconfinés.20 Asud-Journal 50 juillet 2012


sniffCocaïne11De l’art <strong>de</strong> jouer… avec <strong>les</strong> lignes. Commentfaire passer l’idée forcément incitativequi consiste à expliquer que pourla coke, shoot et sniff ne boxent pas dansla même catégorie. Contrairement à laplupart <strong>de</strong>s autres drogues (héroïne comprise),la coke shootée se caractérise parun « flash » surpuissant, le « graal » dutoxicomane. Une fois cette provocationcouchée sur le papier, on peut se lâcher.Shooter la coke vous garantit une courseperdue d’avance contre la <strong>de</strong>scente : l’enferdu cocaïnomane. La rançon du « flash »,c’est l’obligation d’augmenter <strong>les</strong> doses àchaque injection, jusqu’à ne plus sentirque le pire <strong>de</strong> la gamme <strong>de</strong>s sensation offertespar <strong>les</strong> psychostimulants : crises <strong>de</strong>panique, dépression, envie suicidaire, bref,que du « down ».N’oubliez pas d’enterrer votre cartebleue, loin, très loin <strong>de</strong> votre spot <strong>de</strong>consommation. Après, tout ce qui toucheaux risques liés à l’injection est à multiplierpar 100 quand vous shootez la coke.Rapi<strong>de</strong>ment, votre soif libidineuse <strong>de</strong> sensationforte va vous conduire à multiplier<strong>les</strong> trous, sortir <strong>de</strong> la veine, chiper la pompe<strong>de</strong>s invités en étant persuadé d’être un as<strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques. Un conseil :après le <strong>de</strong>uxième fix, un Valium® et dodo.À l’ai<strong>de</strong> du bouchon d’unebouteille <strong>de</strong> limona<strong>de</strong> à l’ancienne,j’écrase bien la cokesur une coupelle en porcelaine.La poudre ne doit plus crisserpour ne pas couper le nez. Je m’enfile unepaire <strong>de</strong> lignes en dix minutes. Ma pensées’éclaircit, j’accè<strong>de</strong> bien plus vite à moncerveau, comme après une défragmentation<strong>de</strong> disque dur. Une autre ligne m’envoiedans un état d’euphorie supérieur àl’alcool mais sans perte <strong>de</strong> contrôle. J’aienvie <strong>de</strong> discuter, d’écrire ou <strong>de</strong> fairequelque chose <strong>de</strong> créatif comme la cuisineou voir un spectacle. Là, l’expérience peutdéraper. Si je bois <strong>de</strong> l’alcool, en mo<strong>de</strong>soirée festive, je vais enchaîner <strong>les</strong> clopes,<strong>les</strong> verres et <strong>les</strong> traces jusqu’à finir cadavéréà l’aube, avec <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> ce genrechasse<strong>de</strong> trip. Le jour suivant sera horrible entrele down <strong>de</strong> la coke, <strong>les</strong> poumons brûlantset la gueule <strong>de</strong> bois. Sans parler du fricet du produit évaporé : c’est le classiqueplan naze. Dans une atmosphère zen etavec un hasch capable <strong>de</strong> surpasser la Ccomme l’iceolator (voir plus bas), je vaisl’associer à une grosse ligne et kiffer dansmon coin ou en petit comité jusqu’à la<strong>de</strong>scente totale.Le premier rush ne revient jamais,passé un <strong>de</strong>mi-gramme <strong>de</strong> vrai matos,c’est du gaspillage. Une pause <strong>de</strong> plusieursjours est nécessaire pour retrouvercette sensation. Je sais, c’est dur d’êtreraisonnable avec la coke. Il faut penser àse rincer <strong>les</strong> narines régulièrement pour protégerses muqueuses et ses cloisons nasa<strong>les</strong>.L’« alcocanicotine » est très cancérigène :évitez <strong>de</strong> fumer 3 paquets <strong>de</strong> clopes et <strong>de</strong> boire2 bouteil<strong>les</strong> <strong>de</strong> vodka par session <strong>de</strong> coke.En Espagne, on fait la base<strong>de</strong> CC avec <strong>de</strong> l’ammoniaque(facile, rapi<strong>de</strong> mais asseztoxique), en France on préfèrela « cuisiner » avec du bicarbonate(plus délicat et lent, mais moinstoxique). Je place mon caillou sur l’alumais contrairement à l’héro (voir p.24), jele fais fondre pour obtenir ma goutte en lechauffant directement par-<strong>de</strong>ssus. J’éviteainsi d’éventuel<strong>les</strong> projections sur <strong>les</strong> yeuxet <strong>de</strong> voir mon alu constellé <strong>de</strong> petites taches<strong>de</strong> base sur <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il faudra repasserpour ne pas <strong>les</strong> perdre. La goutte se formevite, elle doit être collante, la plus transparenteet la moins jaune possible et le resterune fois refroidie. Si elle <strong>de</strong>vient comme <strong>de</strong>la craie, c’est mauvais signe ! Pour inhaler,je replace ma flamme sous l’alu. Comme savitesse <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente est bien plus rapi<strong>de</strong> quecelle <strong>de</strong> l’héro, je dois juste m’arrêter <strong>de</strong>chauffer un peu avant la fin pour qu’elle nesorte pas <strong>de</strong> l’alu. L’effet est immédiat, unemontée super rapi<strong>de</strong> mais un peu moinsviolente qu’avec un doseur. On ressentl’envie irrésistible <strong>de</strong> parler, on a la pêche,on est apparemment si luci<strong>de</strong>, mais celane dure que quelques minutes…Lavez la pâte <strong>de</strong> base obtenue avec<strong>de</strong> l’eau puis séchez-la avec un kleenex.Même conseils pour l’alu et le matos quepour l’héro (p.24). Malgré l’envie <strong>de</strong> reprendretout <strong>de</strong> suite, il faut marquer <strong>de</strong>spauses <strong>les</strong> plus longues possib<strong>les</strong> sous peine<strong>de</strong> dérapage. La base <strong>de</strong> CC est terriblementaccrocheuse et bien <strong>de</strong>s UD chevronnéssont partis en live avec…Crystal meth12J’aime pas trop <strong>les</strong> amphet’. Ça me spee<strong>de</strong>trop alors j’évite, et puis je gère mal <strong>les</strong><strong>de</strong>scentes. Mais j’aime <strong>les</strong> expériences.Un ami consomme <strong>de</strong> temps en temps duCrystal. Beaucoup <strong>de</strong> prod circulent sousce nom sans que ça en soit vraiment. Là,d’après ses <strong>de</strong>scriptions, le prix et <strong>les</strong> effets(¼ <strong>de</strong> g, 50 bal<strong>les</strong> et 4 jours sans dormir),j’ai plutôt confiance. À l’occase, j’essayeraisbien. Soirée dans un squat en proche banlieue.Fin d’automne tranquille. Détendue,j’avais fumé un peu d’opium. « Ça tedit, j’ai du Crystal ? » Une pipe en verreau foyer quasi clos. Quelques paillettestransluci<strong>de</strong>s. Quelques secon<strong>de</strong>s sous laflamme et <strong>les</strong> cristaux fon<strong>de</strong>nt. Une fuméeblanche et <strong>de</strong>nse. Il suffit d’aspirer. Unesorte <strong>de</strong> non goût, une amertume douce.Et un effet supérieur à <strong>de</strong> l’excellente coke.Quelques inspirations plus tard, c’est repartidans la fête. Et envie d’y retourner.Assez souvent. Assez vite. Ça fait rien et çafait tout. Esprit clair, tout est bien, tout estpossible. Et besoin d’eau, <strong>de</strong> soft. Douleurdésagréable dans <strong>les</strong> reins. Descente douce,en chassant tranquillement le dragon.Asud-Journal 50 juillet 2012 21


Asud 50 produits13 14 15Codéine Datura DMT organiqueLa codéine (ou méthylmorphine) est l’un<strong>de</strong>s alcaloï<strong>de</strong>s contenus dans le pavot somnifère(Papaver somniferum), est-il écritdans Wikipédia. On n’y trouve pas laliste <strong>de</strong>s médicaments en vente libre, uneexception française, héritée du temps oùla substitution médicale était interdite. Jeme souviens du Netux®, du Codoliprane®,du Dinaco<strong>de</strong>® codéine, mais à vrai dire,je ne connais bien que le Néo-Codion®.Un hymne à la codé, c’est nécessairementun hymne en mineur, normal pour unmorphinique mineur. Il n’empêche : leNéo-Codion® a joué un rôle historique.Pendant près d’une dizaine d’années, çaété mon passeport, une sorte d’assurancetous risques – un tube dans mon sac, et jene dépendais <strong>de</strong> personne… Pas besoin <strong>de</strong>mé<strong>de</strong>cin, l’histoire ne regardait que moi.Bien sûr, le Néo-Codion®, c’est nettementplus adapté pour <strong>les</strong> junkies du week-endparce que ceux qui <strong>de</strong>vaient en avaler quaranted’un coup n’appréciaient pas trop,sans compter que l’enrobage tape sur lefoie. C’est <strong>de</strong>venu particulièrement durquand le dosage a été rationné, avec leconditionnement en plaquette et après undébat houleux où il avait été question d’interdirela vente libre <strong>de</strong> codéine. Heureusement,<strong>les</strong> spécialistes <strong>de</strong> l’époque avaientparfaitement conscience que la codé étaitune porte <strong>de</strong> sortie. Ils se sont contentés<strong>de</strong> baisser <strong>les</strong> doses. Après, il a fallu faire latournée <strong>de</strong>s pharmaciens, censés n’en vendreque <strong>de</strong>ux boîtes à la fois. C’était l’époqueoù il ne fallait surtout rien faire pourfaciliter la vie <strong>de</strong>s drogués. Le Néo-Codion®a donné un petit coup <strong>de</strong> main, sansréclame, sans frais. D’où cet hommaged’une usagère reconnaissante.En infusion <strong>de</strong> cigarettes Legras ou en grainesmacérées dans la grappa, le problèmecommun à mes expériences <strong>de</strong> datura, c’estle dosage à l’arrache et <strong>les</strong> mélanges quitransforment un trip très visuel en grand« portnawak », bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong>la RdR. J’ai discuté une plombe avec <strong>de</strong>slampadaires que je prenais pour <strong>de</strong>s soucoupesvolantes avec martiens, genre FrançoisTruffaut dans Rencontre du troisièmetype. Je croyais être sorti dans un jardin <strong>de</strong>maison pour pisser dans un ruisseau alorsque j’arrosais <strong>les</strong> passants d’une rue <strong>de</strong>puisle balcon d’un appart. Blackout total pendant<strong>de</strong>s heures et réveil à <strong>de</strong>s kilomètres dupoint <strong>de</strong> départ, loin <strong>de</strong> tout mais sans voiture,écorché <strong>de</strong> partout et épuisé. Mêmeaprès une dose infime pas désagréable, j’aidécidé <strong>de</strong> me limiter à trois expériences. Lascopolamine est une substance très difficileà doser, <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> panique, <strong>de</strong> <strong>de</strong>lirium,<strong>de</strong> mises en danger involontaire etaussi d’empoisonnement potentiellementmortel sont bien supérieurs à la qualité<strong>de</strong>s effets psychédéliques. À ne surtout pasprendre à la légère.La sensibilité est très variable selon <strong>les</strong>individus, le potentiel <strong>de</strong>s plantes varie aussibeaucoup, <strong>les</strong> graines sont en général plusconcentrées, seul un dosage très progressifpeut limiter <strong>les</strong> risques d’effets indésirab<strong>les</strong>.Et encore. Il faut vraiment se méfier<strong>de</strong> la potentialisation <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> l’alcool(perte <strong>de</strong> contrôle) et <strong>de</strong>s opiacés (risque <strong>de</strong>dépression respiratoire), ainsi que du mélangeavec d’autres psychédéliques, pétage<strong>de</strong> plombs garanti !C’est lors d’une virée en Ardèche quej’eus ma première expérience <strong>de</strong> DMT.Des amis <strong>de</strong> retour d’Amsterdam enavaient rapporté une certaine quantité acquisechez un collègue batave récemmentrevenu d’Australie où il se l’était procurée.Le long d’une paisible rivière, petite pipeà eau et résine sombre très parfumée...Fumée épaisse et assez dure à inhaler... Lamontée est douce et puissante à la fois, expérienced’une dizaine <strong>de</strong> minutes richeen visions et motifs colorés qui laissententrevoir pourquoi <strong>les</strong> peintures d’Amériquecentrale et du Sud sont si riches etcomplexes.Lorsque <strong>les</strong> effets commencent à sedissiper, <strong>les</strong> visions <strong>de</strong>viennent monochromes,puis sensation <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong>sérénité, un peu comme après un bontrip aux champignons. Expérience inoubliable,loin <strong>de</strong> cel<strong>les</strong> que l’on peut avoirlorsque l’on consomme la DMT dansun cadre festif. Substance coûteuse maisunique, ingrédient <strong>de</strong> base du yopo et <strong>de</strong>l’ayahuasca, proche <strong>de</strong> la sérotonine et <strong>de</strong>la même catégorie que le LSD et la psilocybine.On peut également en trouverune variante synthétisée sous forme <strong>de</strong>poudre blanche fumable ou injectable.DOB16Lors d’une goa perchée sur une montagnesuisse, j’ai croisé un copain <strong>de</strong> confianceépuisé mais content après 36 heures d’untrip à 3 mg <strong>de</strong> DOB. Une goutte d’1 mg<strong>de</strong>vait durer douze heures, bien assez pourma forme et mon envie. Le goût étaittrès amer et chimique. La montée a prisune heure et <strong>de</strong>mie, proche du MDMApour le reflux stomacal (sans douleur nivomis) et le rush d’énergie mais aussi sédatif,comme le MDEA. Plongé dans <strong>les</strong>coussins <strong>de</strong> notre chill-out, j’encaissais la22 Asud-Journal 50 juillet 2012


montée <strong>les</strong> yeux fermés quand <strong>les</strong> kaléidoscopesmerveilleux se sont déclenchés.Il y eu un bref voyage tel l’aigle planantsur le canyon dans le Blueberry <strong>de</strong> JanKounen. Les distorsions <strong>de</strong> la musique sesynchronisaient avec <strong>de</strong>s fracta<strong>les</strong> flamboyantes.Après un très long moment <strong>de</strong>contemplation, j’ai repris contact avecune réalité visuelle fortement modifiéepar la saturation <strong>de</strong>s couleurs. Les êtreset <strong>les</strong> choses avaient <strong>de</strong>s auras mouvanteset <strong>de</strong>s contours flous. C’était proche duvisuel <strong>de</strong>s champis ou <strong>de</strong> la mescaline. Jen’étais plus écroulé, je cherchais <strong>de</strong> nouveauxsupports à mes délires, j’ai erré troisheures. Puis il m’est monté une grosseenvie <strong>de</strong> danser et <strong>de</strong> communiquer qui aduré au moins cinq heures, un trip proche<strong>de</strong> la méthamphétamine avec <strong>de</strong> faib<strong>les</strong>hallus. Encore douze heures sans dormir,mais sans trop <strong>de</strong> parano ou <strong>de</strong> stress.J’ai pris un coup <strong>de</strong> bambou à ladixième heure, trop d’énergie brûlée sansrefaire le plein. Pas faim, ni soif. Il estpréférable d’avoir un ange gardien pourveiller à l’intendance. Le produit est vraimentpuissant, à doser avec précautionsous peine <strong>de</strong> distorsion grave <strong>de</strong> la personnalitéet <strong>de</strong> panique. Cette expérienceintense nécessite <strong>de</strong> bonnes dispositionsphysiques et menta<strong>les</strong>, et <strong>de</strong> bien préparer<strong>les</strong> conditions d’usage : environnementsafe, bonne ambiance musicale et visuelle,chill-out <strong>de</strong> luxe.Éther17Ma grand-mère aimait bien se péter la rucheà l’éther <strong>de</strong> temps à autres. Elle finissaitfin ron<strong>de</strong>, incohérente et trébuchanteavant <strong>de</strong> sombrer dans un profond sommeilet <strong>de</strong> se réveiller avec une grosse migraineet <strong>de</strong>s nausées. Moi aussi, malgréce spectacle peu ragoûtant, j’ai fini parsniffer mon mouchoir comme <strong>les</strong> autres.L’éther était toujours très populaire chez<strong>les</strong> ados niveau 5 e /4 e dans <strong>les</strong> années70. C’était facilement disponible, bienplus rapi<strong>de</strong> et moins cher qu’une cuiteà l’alcool. Avec en plus ce doux coconaprès l’euphorie qui est plus proche <strong>de</strong>sopiacés que <strong>de</strong> la bière. Mais aussi uneaccoutumance digne <strong>de</strong> l’héro et <strong>de</strong>gros dégâts sur la concentration, une immenseirritabilité et le besoin compulsif<strong>de</strong> sniffer. J’ai rapi<strong>de</strong>ment préféré fumer<strong>de</strong>s joints. Et je n’ai plus jamais sniffé <strong>de</strong>sac ou <strong>de</strong> mouchoir. Il faut savoir dire nonaux drogues <strong>de</strong> mer<strong>de</strong>.L’éther est difficile à trouver en France,tant mieux. Il accélère considérablement lacirrhose et autres maladies hépatiques. Il estneurotoxique. Il défonce <strong>les</strong> connexions neurona<strong>les</strong>et fait ainsi baisser le QI <strong>de</strong>s usagersréguliers. De plus, il est très inflammable etpeu donc provoquer <strong>de</strong>s incendies et <strong>de</strong>s explosions.Il est parfois utilisé pour transformer<strong>de</strong> la coke en crack : attention au feu etlaissez évaporer au moins 24 heures avant<strong>de</strong> consommer.GHB/GBL18Gi, glouglou, Dame Jouvence : autant <strong>de</strong>petits noms pour cette substance abusivementappelée « drogue du viol » en populationgénérale. Mais <strong>de</strong> quoi s’agit-il ?D’un « nouveau » produit incroyablequi aurait pour effet <strong>de</strong> nous désinhibersexuellement en augmentant <strong>de</strong> surcroîtnotre dose <strong>de</strong> plaisir, mais avec une bonneamnésie par <strong>de</strong>ssus, quel dommage !Revenons cinq ans en arrière. Je sors beaucoup,tape beaucoup <strong>de</strong> coke, fréquenteessentiellement la scène free et la scène gay.Un jour, tranquillement posée chez un amiproche, il me propose un nouveau baptême: le Gi. Ok, je dis, toujours avi<strong>de</strong> <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> expériences. Il m’en explique <strong>les</strong>effets, la condition préalable primordialeétant la non consommation d’alcool. Leseffets <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux prod se potentialisent.Une grosse seringue doseuse, et voilà 2 ml<strong>de</strong> Glouglou dans mon verre <strong>de</strong> grenadine.L’o<strong>de</strong>ur et le goût sont infects, et le mieuxpour <strong>les</strong> dissimuler reste <strong>les</strong> sirops bien sucrés.Je sais que je vais boire du décapantpour graffitis mais je me dis qu’après tout,2 ml dans 250 c’est bien dilué.Après quelques gorgées et une petite dizaine<strong>de</strong> minutes, gran<strong>de</strong> détente, ça vatrop bien avec la coke, ça temporise soncôté un peu speed. Et ça fait parler grave,totalement logorrhéique. Côté excitationsexuelle, la première fois, pas fais trop attention,mais avec mon pote, on couchepas ensemble, alors peut-être manque <strong>de</strong>stimulation… J’essaye avec mon mec, jetripe, c’est agréable, effectivement, ça décuple<strong>les</strong> sensations. Lui ne tripe pas tropet surtout, j’ai vite du mal à gérer <strong>les</strong> doses.Ça monte vite et rapi<strong>de</strong>ment, envie d’unenouvelle dose.D’un coup c’est trop, et voilà le G-Hole,qui se manifeste <strong>de</strong> diverses façons. Le plusconnu, le « coma », n’est pas le plus désagréable.Tu t’endors tranquille et te réveille<strong>de</strong>ux heures plus tard, mais sommeil souventhabité <strong>de</strong> cauchemars. Attention à ne pasdormir sur le dos, le Gi fait souvent vomir.Ou alors grosse crise d’angoisse et autres effetsparadoxaux décrits par beaucoup d’usagersréguliers. Là sérieux, c’est pas cool et çapeut être violent, surtout en prenant beaucoup<strong>de</strong> coke en même temps. J’ai eu envied’arrêter. L’air <strong>de</strong> rien, c’est difficile à gérercomme prod, et puis j’avais mal au bi<strong>de</strong> àforce <strong>de</strong> boire du décapant, même au ml,ça attaque l’estomac.Avec le « vrai »GHB, plus difficile àtrouver, pas perçu <strong>de</strong>différence niveaueffets, différemmentmauvaisau goût, un peumoins corrosifpour <strong>les</strong>muqueusesdigestives.© ErowidAsud-Journal 50 49 juillet mars 2012 23


sniffshootAsud 50 produitsHéroïne 19 20Bon d’accord <strong>de</strong> nos jours, ons’en vante pas. Le sida a définitivementrangé l’héro aurayon <strong>de</strong>s drogues mauditespour l’éternité ! N’empêcheque <strong>les</strong> amateurs du piquage <strong>de</strong> zen sonttoujours légion dans la galaxie psychonaute.L’héroïne n’est pas franche du collier.Vu sa réputation, on s’attend à une claquemétaphysique, un truc qui vous arrache latête au premier sniff. Que nenni ! C’estpas désagréable, mis à part un arrièregoûtaffreusement amer et puis après, oncommence à gerber. Pas méchamment,une gerbe cool, l’air <strong>de</strong> pas y toucher. Engénéral, c’est après que ça se gâte. Avec lamontée, vos yeux se ferment, une doucechaleur vous envahit, la réalité s’évapore…On appelle ça piquer du zen. C’est pile lemoment ou il faut éviter <strong>les</strong> prestationspubliques. Quoique vous fassiez pouravoir l’air clean, oubliez : ça se voit.Après <strong>de</strong>s préliminaires plutôt sensuels,voire affectueux, l’héroïne se planque dansun coin <strong>de</strong> votre mémoire, dans la case« pourquoi pas ». Ça fait du bien et c’estapparemment sans danger. Les ennuis commencentavec le coup classique du : jamaisplus d’une fois par mois, heu par semaine,heu tous <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux jours… Heu t’en as ?Si vous shootez, respectez <strong>les</strong>prescriptions habituel<strong>les</strong> <strong>de</strong>l’injection à moindres risques.L’idéal est <strong>de</strong> rester « récréatif» car vous serez le <strong>de</strong>rnierinformé <strong>de</strong> votre potentiel <strong>de</strong> résistance àl’addiction aux opiacés. De nombreux expérimentateursrestent <strong>de</strong>s amateurs éclairés,d’autres en prennent pour vingt ans ou perpète.Pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>, pas <strong>de</strong> manuel, alorsadoptez une méfiance <strong>de</strong> Sioux. Autre piège :sous ses <strong>de</strong>hors cajoleurs la belle Hélène estmortelle. Pas à tous <strong>les</strong> coups, mais mortellequand même. La première consommation,la sortie <strong>de</strong> prison ou le retour <strong>de</strong> cure, sont<strong>les</strong> moments <strong>de</strong> vulnérabilité maximum.chasseJ’ai placé sur le côté matd’une feuille <strong>de</strong> papierd’aluminium (20 cm sur 10environ) 1/10 <strong>de</strong> grammed’héroïne, brune, car lablanche brûlant tout <strong>de</strong> suite, le plaisirest bref. L’alu doit être bien lisse pourque la goutte d’héro puisse glisser facilement.J’incline légèrement ma feuille etchauffe doucement l’alu par en <strong>de</strong>ssousà l’ai<strong>de</strong> d’un briquet, mais en plaçant laflamme quelque cm avant l’héro, sanscoller la flamme au papier, pour éviter <strong>de</strong>la brûler. Une goutte presque noire auxcontours légèrement orangés se formedoucement sans brûler en glissant surl’alu. J’attends 10 secon<strong>de</strong>s qu’elle refroidissepour voir si elle se décolle facilement.C’est le cas, la dope est donc <strong>de</strong>bonne qualité (très orangée et collante,c’est pas top !). J’incline à nouveau lafeuille légèrement et je fais <strong>de</strong>scendrela goutte en chauffant par en <strong>de</strong>ssous,toujours <strong>de</strong> la même manière. J’aspire lafumée avec un tube d’alu <strong>de</strong> 10 cm maissans trop le coller à la goutte pour nepas risquer <strong>de</strong> l’aspirer ! L’effet est trèsrapi<strong>de</strong>, agréable, graduel selon la répétition<strong>de</strong>s prises. La goutte d’héro, <strong>de</strong>nse,<strong>de</strong>scend lentement. Pour accélérer sa<strong>de</strong>scente et éviter qu’elle ne brûle, je doisparfois incliner l’alu davantage ou rapprocherun peu plus la flamme <strong>de</strong> celuici.On prend vite le coup mais <strong>les</strong> débutssont parfois diffici<strong>les</strong>…C’est un procédé convivial et économiquecar on peut fumer une petite quantitéà plusieurs. Assez safe si on ne partage passon tube et si l’on marque <strong>de</strong>s pauses entrechaque prise. Mais attention, c’est aussitrès accrocheur et pas du tout bon pour <strong>les</strong>poumons ! Les débutants peuvent tracer surl’alu un chemin avec le doigt afin <strong>de</strong> mieuxdiriger la goutte. Ne pas repasser là où ladope a pu brûler et prendre un alu le plusépais possible. Certains centres <strong>de</strong> RdR endonnent même du non traité...Huile <strong>de</strong> cannabisL’huile ne doit pas sentir l’alcool, l’étherou le solvant. Elle ne doit pas faire <strong>de</strong> bul<strong>les</strong>lorsqu’on approche une flamme. Elle nedoit pas dégager <strong>de</strong> fumée noire et laisser<strong>de</strong>s déchets carbonisés après combustion.C’est un concentré <strong>de</strong> résine <strong>de</strong> cannabisqui peut être purifié jusqu’à 92% <strong>de</strong>THC. L’intérêt est surtout thérapeutiquepour lutter contre <strong>les</strong> douleurs osseuses,<strong>les</strong> neuropathies, <strong>les</strong> effets secondaires <strong>de</strong>chimio ou encore le craving <strong>de</strong> l’alcool oudu crack. On peut en faire un usage récréatifen prenant vraiment gar<strong>de</strong> au dosage.Beaucoup d’amateurs d’huile ont expérimentél’effet « soirée terminée avec tout lemon<strong>de</strong> écroulé » d’un pétard trop chargé.D’autres connaissent trop bien <strong>les</strong> heurespassées à rassurer un camara<strong>de</strong> <strong>de</strong> jointtrop flippé. Un usage prolongé accentue<strong>les</strong> risques liés au cannabis dont le manqued’attention, l’asocialité et la démotivation.Le sevrage peut provoquer un manquepsychologique et même physique plus importantqu’avec le hasch ou l’herbe.Même règle que pour l’alcool : on neconsomme pas la même dose <strong>de</strong> bière que <strong>de</strong>gnôle maison, ni la même dose <strong>de</strong> marocain<strong>de</strong> cité que l’huile <strong>de</strong> cannabis. Bien prévenirdu potentiel avant <strong>de</strong> faire tourner unjoint, ne pas consommer avec <strong>de</strong>s néophytesou <strong>de</strong>s personnes présentant une fragilitépsychologique.Iceolator hasch21Mila a puisé dans son sachet l’équivalentd’une ligne <strong>de</strong> poudre cristalline couleursable. Elle l’a saupoudrée sur le tabac déjàdans la feuille, l’a fait pénétrer dans <strong>les</strong> fibrespuis a roulé le spliff. Elle a tiré trois lattes etme l’a passé. Malgré le peu <strong>de</strong> substanceutilisée, le goût <strong>de</strong> résine était très puissant,aci<strong>de</strong>, prenant. Après une quinte <strong>de</strong>toux sans fin, j’étais rouge et tout essoufflé.J’y suis retourné pru<strong>de</strong>mment et j’ai passé24 Asud-Journal 50 juillet 2012


le oinj en suffoquant encore. Au bout <strong>de</strong>dix minutes, j’avais le THC qui sortait parmes yeux larmoyants, <strong>les</strong> tempes bouillonnantes,un grand sourire figé sur ma figure.Nous avons eu une conversation très animée,Éric a passé notre comman<strong>de</strong> en bondissantdans le magasin. Deux heures après,nous étions avachis sur un canapé, <strong>les</strong> yeuxtrès rouges et l’air hagard, très stoned, <strong>les</strong>jambes coupées. Nous avons dépouillé lamaison du pancake pour retrouver un peud’énergie et bien longtemps après, l’envied’en fumer un autre. Cette résine <strong>de</strong> cannabisextraite par l’eau glacée allait gagnerla Highlife Cup.Il convient <strong>de</strong> doser l’Iceolator avec<strong>de</strong> beaucoup précaution, le record se situeautour <strong>de</strong> 82% <strong>de</strong> THC. On peut atteindrel’effet escompté en fumant très peu <strong>de</strong> substance,c’est une bonne manière <strong>de</strong> réduire<strong>les</strong> risques liés à l’inhalation. À condition<strong>de</strong> rester modéré, sinon le bad trip survientvite. L’Iceo est déconseillé aux personnesprésentant <strong>de</strong>s troub<strong>les</strong> psys et aux usagersfacilement paniqués en cas <strong>de</strong> surdose.Kanna22Cette herbe d’Afrique du Sud est venduedans <strong>les</strong> smartshops. J’ai d’abord testé enjoint le mélange traditionnel <strong>de</strong>s Hottentos– Kanna+Dagga (cannabis sud-africain,ici <strong>de</strong> la Durban Poison) – qui se mastiqueaussi, mais je n’étais pas motivé par lachique. Le kanna pourrit un peu le goût <strong>de</strong>la ganja mais l’effet high est renforcé et unpeu plus long, cela donne davantage envie<strong>de</strong> danser que <strong>de</strong> s’avachir, <strong>de</strong> raconter <strong>de</strong>sconneries, <strong>de</strong> boire <strong>de</strong> la bière bien fraîche.J’ai essayé <strong>de</strong> le fumer seul, l’effet est bienmoindre. J’ai aussi prisé la poudre fine, environ50 mg, en mo<strong>de</strong> Ancien Régime avecprise <strong>de</strong> tabac, ou anthropologie avec sniff<strong>de</strong> yopo. Cela chatouille <strong>les</strong> narines mais nebrûle pas trop. J’ai éternué rapi<strong>de</strong>ment puisj’ai dû me moucher. J’ai repris une ligne,rebelote mouchage. J’ai ressenti un apaisementdu stress et une légère euphorie, l’envie<strong>de</strong> sortir voir du mon<strong>de</strong>. L’effet a déclinésur une heure. Ce n’est pas la puissance <strong>de</strong>la coke ou du speed, c’est dégueu à sniffer,cela colle un peu la gerbe et <strong>de</strong>s palpitationsà haute dose. Les amateurs <strong>de</strong> sensationsfortes seront déçus. Pas ceux qui aiment <strong>les</strong>effets subtils assez faci<strong>les</strong> à gérer.Bien se rincer <strong>les</strong> narines entre <strong>les</strong> prises.Attention à l’appétence pour l’alcool. Ne pasprendre en combinaison avec <strong>de</strong>s inhibiteursMAO. Ne pas utiliser si vous avez trop<strong>de</strong> tension ou en cas <strong>de</strong> maladie cardiaque.Fumer du kanna expose aux mêmes risquesqu’avec du tabac (la dépendance à la nicotineen moins).Kava Kava23L’effet du kava mélangé à un peu <strong>de</strong> bière maisonest assez proche d’un tiers d’ecstasy :bonnes vibes, empathie avec l’environnement,décontraction et même mol<strong>les</strong>seà forte dose. J’ai parfois acheté <strong>de</strong>sextraits <strong>de</strong> basse qualité dont <strong>les</strong> effetsétaient bien moindres. Récemment, unmélange <strong>de</strong> kava et <strong>de</strong> kratom aux dosesindiquées (voir kratom) nous a faitl’effet d’une boisson à la caféine avec unsoupçon d’opium <strong>de</strong>dans. C’est tout leproblème <strong>de</strong> l’ethnobotanique dans <strong>les</strong>smartshops : <strong>de</strong>s produits légaux mais<strong>de</strong> qualité très variable. Il faut donc endisposer d’assez pour trouver progressivementle bon dosage.En cas <strong>de</strong> surdose, l’effet myorelaxantet hypnotique conduit d’abord à l’anxiété,la désynchronisation corporelle, parfois<strong>de</strong>s spasmes puis un sommeil profond avecun réveil pâteux. Il n’y a pas <strong>de</strong> cas d’overdoseet la toxicité pour le foie à haute dose,longtemps avancée, n’a pas été démontréepar <strong>les</strong> étu<strong>de</strong>s récentes.Kétamine24J’ai testé la kétamine malgré toutes <strong>les</strong>mises en gar<strong>de</strong> : ça rend con, tu vas teb<strong>les</strong>ser grave et même si t’échappes à ça,ce sera le gros bad trip à vie quand tu verrasla lumière au bout du tunnel ! Effectivement,il y a du vrai dans ce discours <strong>de</strong>non consommateur (la kéta est multiple !),qui occulte cependant complètement lecôté ludique <strong>de</strong> cette drogue finalementbien plus maîtrisable qu’il n’y paraît.La kéta, c’est comme la plongée, y’a <strong>de</strong>spaliers. À petite dose (fine trace <strong>de</strong> 5 cmmaxi), c’est l’euphorie assurée associéeà une étrange perception distordue <strong>de</strong>slois fondamenta<strong>les</strong> <strong>de</strong> la nature que sontla distance, la gravité et le temps. Vu <strong>de</strong>l’extérieur on n’a pas l’air malin à perdrel’équilibre mais à plusieurs dans le mêmeétat, quelle convivialité pendant presqueune heure. À dose légèrement plus grosse,le voyage <strong>de</strong>vient plus personnel et prendune dimension surnaturelle avec l’effet <strong>de</strong>« décorporation » qui consiste à <strong>de</strong>venirspectateur et commentateur <strong>de</strong> son corpset <strong>de</strong> ses actions.Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> 0,2 g, la kétamine est exclusivementmentale tandis que l’enveloppecharnelle est anesthésiée. C’est probablementl’état le plus éprouvant psychologiquementcar incapable <strong>de</strong> communiquer et <strong>de</strong>bouger, on reste seul avec <strong>les</strong> effets du produitpendant environ une heure, voire plus.Cet état a ses amateurs et pour en profiter,prévenez vos potes qui sinon ne manquerontpas <strong>de</strong> s’inquiéter. Dernière chose : la toléranceau produit est forte et rapi<strong>de</strong>. Mais sion ne consomme rien d’autre en parallèle,peu <strong>de</strong> risque d’overdose mortelle.Asud-Journal 50 49 juillet mars 2012 25


Asud 50 produitsKhat25C’est au Yémen que j’ai testé la masticationdu khat alors que je faisais un mémoire universitairesur cet arbuste. Je venais à peined’atterrir à Sanaa avec <strong>de</strong>ux amis, que noussautions déjà dans un taxi pour lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>roù trouver du khat. Heureux que <strong>de</strong>s étrangerss’intéressent à cette pratique typique <strong>de</strong>cet endroit du mon<strong>de</strong>, il nous conduisit dansun mafraj, sorte <strong>de</strong> bistrot dédié au khat. Lapremière fois, je n’ai pas vraiment ressenti<strong>les</strong> effets. La mastication du khat n’est passi simple, ni très agréable pour un novice. Ilfaut bien mâcher <strong>les</strong> feuil<strong>les</strong>, mais sans trop<strong>les</strong> émietter, tout en buvant du thé afin d’obteniren bouche une pâte. Avec la langue et<strong>les</strong> <strong>de</strong>nts, on en fait une boule que l’on maintiententre la joue et la gencive. Chaque nouvellefeuille mâchée alimente la boule pâteusequi, en baignant dans la salive et grâce à l’actionmécanique <strong>de</strong> la mâchoire, libère enfinson principe actif, la cathinone. Une amphétaminenaturelle qui produit d’abord une vivacitétranquille et empathique propice auxgran<strong>de</strong>s discussions pour refaire le mon<strong>de</strong>avec conviction jusqu’à pas d’heure. Cettephase <strong>de</strong> désinhibition est suivie quelquesheures après <strong>de</strong> ce qu’il est difficile d’appelerune <strong>de</strong>scente : <strong>les</strong> effets s’estompent dans unerêvasserie plutôt agréable.La consommation quotidienne est toutefoisdéconseillée sous peine <strong>de</strong> sérieux problèmesd’hygiène buccale (liés aux pestici<strong>de</strong>s) et <strong>de</strong>fortes baisses <strong>de</strong> régime <strong>les</strong> len<strong>de</strong>mains (cequi incite à reconsommer). L’humeur estalors changeante, on <strong>de</strong>vient facilement irritable,voire agressif.Kratom26Il y a plus <strong>de</strong> vingt ans, j’avais vraiment appréciél’effet narcotique du thé <strong>de</strong> kratomdans le cadre d’un sevrage à l’opium (et unpeu <strong>de</strong> brune). Je ne connaissais pas la doseutilisée ni la provenance <strong>de</strong> l’herbe, maiscela calmait un peu mes douleurs et metranquillisait beaucoup durant le manque.J’ai <strong>de</strong>puis essayé plusieurs présentationsdans <strong>les</strong> smartshops et je n’ai plus jamaisretrouvé cette intensité. En infusant 6-7 g,j’ai un petit coup <strong>de</strong> speed et une euphorielégère, avec 10-12 g, un effet sédatifet vaguement planant. Ce dosage <strong>de</strong>vraitpourtant suffire avec un kratom <strong>de</strong> bonnequalité. Pas <strong>de</strong> chance sur ces coups-là.En cas <strong>de</strong> surdose, le kratom provoque<strong>de</strong>s nausées violentes, vertige et anxiété.Adapter la dose graduellement pour testerla qualité du produit et votre sensibilité.LSA (HawaiianBaby Woodrose)27Douze graines lavées puis pilées au mortieravaient infusé dans 10 cl <strong>de</strong> rhumbrun pendant 3 jours. Nous avons partagéce breuvage au goût végétal en trois,le temps était idéal pour une promena<strong>de</strong>dans <strong>les</strong> collines alentours. Les crampesd’estomac <strong>de</strong> la montée furent supportab<strong>les</strong>,une légère nausée pour mon amie.J’ai soudain ressenti <strong>de</strong>s frissons électriquesle long <strong>de</strong> la moelle épinière, <strong>les</strong>sons <strong>de</strong>venaient très intenses avec un légerécho, <strong>les</strong> nuances <strong>de</strong> couleurs étaientremplacées par <strong>de</strong>s taches vives. La forêtbaignait dans une lumière irréelle, elleattirait vraiment. Nous avons marché<strong>de</strong>ux heures, le temps semblait suspendupuis accéléré. Nous avons squatté un préfleuri pour déguster notre gour<strong>de</strong> <strong>de</strong> théfroid, grave délire sur <strong>les</strong> fleurs et <strong>les</strong> insectes.Nous avons décidé d’acheter dulait à une ferme voisine. Nos pupil<strong>les</strong>très dilatées ont rendu le paysan agressif.Le stress s’était installé et la <strong>de</strong>scente futpénible. Mes amis avaient froid, peur <strong>de</strong>se perdre, ils entendaient <strong>de</strong>s bruits inquiétantset s’effrayaient <strong>de</strong> l’ombre <strong>de</strong>sarbres. Ils restèrent très tendus toute lasoirée, à la fois crevés et agités. Cela m’agâché la fin du trip. Sous LSA, il faut sepréserver <strong>de</strong>s mauvaises vibes.Être à jeun <strong>de</strong>puis au moins cinq heuresavant <strong>de</strong> consommer du LSA. Selon lasensibilité <strong>de</strong>s usagers, <strong>les</strong> crampes d’estomacet <strong>les</strong> nausées peuvent être sévères. Il est préférable<strong>de</strong> tester une quantité minime (uneà <strong>de</strong>ux graines d’HBW) pour connaître saréaction. Bad trip en cas <strong>de</strong> surdose.LSD 2528De mon premier trip, je me souvienscomme si c’était hier, une expérience quim’a marqué, que j’ai renouvelée maintesfois et qui m’a rarement déçu. « Un sentiment<strong>de</strong> bien-être m’enveloppait, commesi une vie nouvelle s’ouvrait », écrit AlbertHoffmann <strong>de</strong> sa première (et involontaire)expérience <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> D-lysergiqueL’aci<strong>de</strong> a changé subtilement ma vie. Cen’est pas la « bombe psychique » décritepar certains mais avec le LSD 25, vousretrouvez l’innocence et l’insouciance <strong>de</strong>votre enfance. Faire l’amour sous aci<strong>de</strong>,c’est comme voyager dans l’univers, unfeu d’artifice. Si j’osais, je conseillerais àtoute personne normalement constituéed’expérimenter cette drogue psychédélique.Avec le LSD, vous prenez consciencedu mot harmonie, vous êtes tout amourpour la vie, vous parlez avec <strong>les</strong> arbres et <strong>les</strong>aliments ont <strong>de</strong>s saveurs que jamais vousn’auriez soupçonnées…Après être monté jusqu’à toucher le ciel,<strong>de</strong> la musique douce, <strong>de</strong>s joints et un litdouillet atténueront la <strong>de</strong>scente.Le diéthylami<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’aci<strong>de</strong> lysergiquen’est sans doute pas à mettre danstoutes <strong>les</strong> mains. Si aucun mort n’estdirectement imputable au LSD, certainespersonnes per<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> péda<strong>les</strong> sousl’effet <strong>de</strong> cette drogue dont la puissancese mesure en microgrammes. Présentésous forme liqui<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> gouttes poséessur un buvard, mieux vaut connaître ledosage avant <strong>de</strong> se lancer dans l’aventurecar plus le LSD sera dosé, plus vousmultiplierez le risque <strong>de</strong> partir en sucette.Les buvards en vente dans <strong>les</strong> officinessérieuses sont généralement dosésà 240 microgrammes et je ne sauraistrop vous conseiller d’en prendre seulementune moitié.26 Asud-Journal 50 juillet 2012


MCPP29Alors là, pas <strong>de</strong> subjectivité etc., qu’on sele dise : le MCPP c’est <strong>de</strong> la mer<strong>de</strong> et y avraiment que <strong>de</strong>s transeux ultra chéperspour en prendre en connaissance <strong>de</strong> cause...Pour le commun <strong>de</strong>s mortels, le MCPP estun sale produit <strong>de</strong> coupe <strong>de</strong> l’ecstasy. Vousvous rappelez <strong>les</strong> fois où le bonbon magiquen’a pas marché ? Cel<strong>les</strong> où au lieu <strong>de</strong>jumper comme un dingue dans le mon<strong>de</strong>merveilleux <strong>de</strong>s bisounours, vous vous êtesretrouvé collé au fond d’un siège <strong>de</strong> voitureavec une méchante nausée et <strong>de</strong>s difficultésà parler ? MCPP ! Cette saloperie <strong>de</strong>vraitêtre interdite... Ah, elle l’est déjà ? À croireque la seule solution pour éviter <strong>de</strong> trouvertout et n’importe quoi dans <strong>les</strong> cachetonsserait <strong>de</strong> légaliser le MDMA.Bref, un seul conseil <strong>de</strong> RdR pour leMCPP : balancer toute personne suspectéed’en vendre à la Briga<strong>de</strong> <strong>de</strong> répression <strong>de</strong> lacarotte (brc@légalisation.gouv.fr).MDA30J’ai rarement trouvé du MDA pur, messeu<strong>les</strong> expériences étaient sous-dosées. J’aisouvent pris un mélange <strong>de</strong> MDA et <strong>de</strong>MDEA, vendu en gros comprimé beigemarqué EVA. La montée était très MDA :euphorisante avec <strong>de</strong>s effets visuels légersproches <strong>de</strong> la psilocybine, <strong>de</strong> l’empathiedans la conversation mais sans excès, unbon feeling pour la danse et le contact physique,parfois <strong>de</strong>s crampes et crispations.Puis cela évolue vers le MDEA : vautré enextase sur la moquette, effet narcotiquetrès planant, musique en boucle dans latête, conversation passionnée et incohérenteentrecoupée <strong>de</strong> longues léthargies,grosse sensibilité tactile. Une phase <strong>de</strong> déprimesurvient souvent en cas <strong>de</strong> dosagemassif, un accompagnement très positifest bien utile. Les premières heures sontadaptées à une ambiance festive mais la fin<strong>de</strong> l’effet nécessite un espace plus confinéet la compagnie <strong>de</strong> gens proches. J’ai aussitesté ce mélange additionné <strong>de</strong> MDMA,j’ai apprécié l’équilibre entre <strong>les</strong> effets,mais le crash à la <strong>de</strong>scente est encore plusviolent. La récupération est très longue, lelen<strong>de</strong>main est flingué, low battery, <strong>les</strong> nerfsen quenouil<strong>les</strong>.Bien préparer le set and settings. Le dosaged’expérimentation se situe à 1 mg parkilo (soit 70 mg pour 70 kilos) et l’effet <strong>de</strong>vientdifficile à maîtriser au-<strong>de</strong>ssus d’1,5 mgpar kilo (soit 100 mg pour 70 kg). Attentionà l’hydratation, à la mâchoire crispée,au blues du len<strong>de</strong>main, au mélange déprimantavec l’alcool. Effets moins prononcésen cas <strong>de</strong> prise régulière.MDEA31« T’inquiètes, c’est comme <strong>de</strong> la MD »,c’est un vieux pote expert en prod bizarresqui me propose ça. Poussé par la curiosité,je déci<strong>de</strong> donc <strong>de</strong> tenter l’expérience. Unquart <strong>de</strong> gramme dilué dans une bouteille,la juste dose pour nous <strong>de</strong>ux selon lui. Habituéau MDMA, ça me semble peu, alorsje bois ma part direct, en une fois. Au boutd’une petite heure, je commence à sentir ledébut d’une bonne montée style MDMAmais avec un truc en moins. Commentdire, la perche classique mais sans cette envied’aller vers <strong>les</strong> autres, un truc plus intérieurquoi... Quand mes potes déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>bouger vers le son, je leur explique doncque je préfère rester là, à rêvasser dansl’herbe mouillée. Après leur départ, c’estle flou total. Je tombe dans une espèce <strong>de</strong>trou sans fond. Rien <strong>de</strong> désagréable maisun trip un peu confus... Jusqu’au petit matinoù je me réveille <strong>de</strong>rrière le stand d’uneasso <strong>de</strong> RdR (merci !), sans aucun souvenir<strong>de</strong> la façon dont j’ai pu atterrir là. À côté<strong>de</strong> moi, allongé sur le sol, un type ronfle :mon pote évi<strong>de</strong>mment ! Je le réveille et onse barre en se promettant <strong>de</strong> ne plus jamaisprendre cette mer<strong>de</strong> !C’est bien sûr un avis subjectif, doncfaites en ce que vous voulez. Mais monconseil <strong>de</strong> RdR, c’est <strong>de</strong> ne jamais prendre<strong>de</strong> MDEA et puis c’est tout ! Si vous le faitesquand même, vous pouvez trouver plusd’infos sur www.knowdrugs.ch.MDMA et ecstasyAh, le MDMA... Plus facile d’en goberque d’en parler ! La preuve : pour décrireses effets, <strong>les</strong> scientifiques en sont carrémentarrivés à inventer <strong>de</strong>s mots. Empathogène ?Entactogène ? Oubliez ce baratin, Asud atesté pour vous ! Bon, la première chose àdire c’est qu’on est bien dans la famille <strong>de</strong>samphétamines avec <strong>de</strong>s effets stimulantsclassiques : la faim et la fatigue s’envolent,<strong>les</strong> idées et le débit <strong>de</strong> paro<strong>les</strong> s’accélèrentpendant que <strong>les</strong> mâchoires se contractent.Mais avec <strong>de</strong>s effets psychotropes plusmarqués : une certaine euphorie, <strong>de</strong> ladésinhibition, <strong>de</strong> l’enthousiasme... Et surtout,la petite touche étonnante qui a donnéson nom à la love pilule. Sous MDMA,<strong>de</strong>s ennemis se réconcilient, <strong>de</strong> parfaitsinconnus <strong>de</strong>viennent amis, <strong>de</strong>s amis setombent dans <strong>les</strong> bras. Si ces débor<strong>de</strong>mentsaffectifs sont souvent un peu ridicu<strong>les</strong>à voir, à vivre, ce sont <strong>de</strong>s expériencesextraordinaires. L’illusion est parfaite, leconsommateur n’a pas l’impression d’êtrepoussé vers <strong>les</strong> autres par un élément extérieur.Au contraire, il se sent plus fidèle àlui-même32Asud-Journal 50 49 juillet mars 2012 27


Asud 50 produitsque jamais. Comme si le MDMA révélaitune facette <strong>de</strong> sa personnalité enfouie sous<strong>de</strong> trop lour<strong>de</strong>s normes socia<strong>les</strong>. Rien nel’empêche plus <strong>de</strong> parler aux inconnus, <strong>de</strong>se mettre à nu et surtout, <strong>de</strong> voir la beautécachée en chacun <strong>de</strong> nous.Combien <strong>de</strong> fois ai-je essayé <strong>de</strong> fixer cetétat d’esprit, me disant qu’il ne tenait qu’àmoi le len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> continuer à fonctionnerainsi ? Peine perdue : environ sixheures après la prise, l’effet du produit disparaîtprogressivement pour laisser place àune <strong>de</strong>scente beaucoup moins funky (frissons,fatigue, apathie...).Le MDMA est un produit fort etparticulièrement toxique ( foie, systèmecérébral...) qui déséquilibre le cerveau.D’après la légen<strong>de</strong>, Shulgin conseillaitd’espacer <strong>les</strong> prises d’au moins quarantejours. Pour <strong>les</strong> conseils « classiques» <strong>de</strong> RdR, je vous renvoie au site<strong>de</strong> Technoplus (www.technoplus.org)où tout est détaillé. Ah, un petit trucperso pour éviter <strong>de</strong> se fissurer <strong>les</strong> <strong>de</strong>ntsen dormant sans se ruiner dans l’achatd’une gouttière : <strong>les</strong> magasins <strong>de</strong> sportven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s protège-<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> boxe à environ5 euros.Méphédrone33Produit classé dans <strong>les</strong> « MDMA like »,c’est-à-dire <strong>les</strong> produits aux effets assezproches du MDMA. On en a beaucoupentendu parler en 2009 (lorsqu’une pénuriegénéralisée <strong>de</strong> MDMA a poussé <strong>les</strong>consommateurs à rechercher <strong>de</strong>s alternativessur <strong>les</strong> sites <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> produits enligne) mais la méphédrone tend <strong>de</strong>puis àse raréfier. Les prohibitionnistes y voientune preuve <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong> son interdictionen 2010, nous y voyons plutôtune conséquence du retour en force duMDMA. En effet, <strong>les</strong> effets ont beau êtreassez proches, la plupart <strong>de</strong>s consommateurspréfèrent le MDMA.Attention quand même, son ancien statutlégal et sa faible puissance en termes <strong>de</strong>rapport quantité/défonce ne doivent pas faireoublier que la méphédrone entraîne souvent<strong>de</strong>s comportements compulsifs, qu’elle aun certain potentiel addictif et que certainespersonnes supportent très mal sa <strong>de</strong>scente.Méthadone34« Ces petits manques que la métha… donne »,disait l’autre. En sirop ou en gélule, la méthadoneest un médicament, c’est marqué.Pas question <strong>de</strong> se défoncer avec… Enfin,tout dépend <strong>de</strong> ce que l’on entend par défonce.Si vous êtes amateur d’héroïne, y’aquand même un fort cousinage. En fait,vous pouvez reprendre à peu près intégralement<strong>les</strong> symptômes décrits précé<strong>de</strong>mmentavec un petit quelque chose <strong>de</strong> synthétiquequi rebute parfois <strong>les</strong> puristes. Mais soyonsjuste : en matière <strong>de</strong> prescription, le flacontue l’ivresse. Le cadre médicalisé <strong>de</strong> votreconsommation vous place rapi<strong>de</strong>ment surune orbite moyenne où <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> highsortent essorés par la mécanique neurobiologique<strong>de</strong> la tolérance. C’est du reste cequi fait le principal intérêt <strong>de</strong> ce stupéfiantmajeur pour <strong>de</strong> nombreux exilés <strong>de</strong>l’héro, sauvés <strong>de</strong> l’enfer <strong>de</strong> la prohibitionpar la fée méthadone.Deux règ<strong>les</strong> majeures : no shoot, la méthadonevous flinguera <strong>les</strong> veines plus viteque n’importe quel autre opiacé, et interdit<strong>de</strong> décrocher brutalement sous peine <strong>de</strong>voyage au pays du cauchemar, avec pétage<strong>de</strong> plombs en HP à la clé. Décrocher <strong>de</strong> laméthadone reste un souci sans être absolumentimpossible mais surtout, piano piano.Dernière chose, on a dit stupéfiant majeur :la dose létale est <strong>de</strong> moins d’un <strong>de</strong>mi mg parkilo pour <strong>les</strong> néophytes et <strong>de</strong> toute façon, cetterègle ne s’applique plus au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 40 mg.Bref, si vous testez hors cadre médical (afortiori si vous n’êtes pas accro), vous êtes endanger… <strong>de</strong> mort.Méthoxétamine35J’ai testé à <strong>de</strong>ux reprises la méthoxétamineà l’insu <strong>de</strong> mon plein gré. La première fois,c’était il y a <strong>de</strong>ux ans en teknival et j’étais à sec<strong>de</strong> kétamine. Vers un dancefloor anglais, jerencontre un gars qui m’en propose au prix imbattable<strong>de</strong> 20 € le gramme finalement obtenuà 10 € ! J’aurais dû me méfier mais l’envie étaitplus forte. Avec mon pote, on tape sans hésiterchacun une poutre <strong>de</strong> 0,2 g. D’habitu<strong>de</strong>, lamontée <strong>de</strong> kétamine est assez rapi<strong>de</strong> mais là,rien : juste une grosse patate, envie <strong>de</strong> parler et<strong>de</strong> bouger comme le speed et <strong>de</strong>s picotements.Pas très agréable. Peu à peu, je commence àavoir <strong>de</strong>s sensations proches <strong>de</strong> la kéta maisavec <strong>de</strong>s hallus façon LSD. Cinq heures plustard, une fois le trip terminé, j’apprends par<strong>de</strong>s amis que <strong>de</strong> la méthoxétamine tournaitvers <strong>les</strong> camions <strong>de</strong>s anglais. De la métho...quoi ? Kézako ? Rares sont <strong>les</strong> produitsvendus en teuf qui peuvent se targuer d’être<strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> drogues. La plupart ont toutesdéjà été synthétisées du temps <strong>de</strong> monarrière-grand-papi. La méthoxétamine esttellement nouvelle qu’elle n’a aucun statutjuridique, ni médoc ni stupéfiant. Plusieursmois plus tard, à jeun <strong>de</strong> tout autre produit,moi et un ami tapons une grosse trace <strong>de</strong> cequi m’avait été vendu pour <strong>de</strong> la kétamine.Eh bien non, me voilà à nouveau avec la pâteuseet la parlotte (pensez à boire <strong>de</strong> l’eau)et <strong>de</strong>s picotements partout dans le corps. Leshallus s’installent, le spectacle commence etlà surprise, plus possible <strong>de</strong> parler, je plongehors <strong>de</strong> mon corps dans un K-hole ou plutôtM-hole psychédélique et éprouvant. Aprèscoup, le ven<strong>de</strong>ur me confirme qu’il s’agissait<strong>de</strong> méthoxétamine mais comme personnene connaît ce produit, il préfère parler <strong>de</strong>kéta, le bouffon. Dans ces <strong>de</strong>ux expériences,ce qui m’a rassuré est qu’à chaque fois la personneavec qui je consommais était dans lemême état. Ça ai<strong>de</strong> à surmonter l’angoisse<strong>de</strong>s effets inattendus.28 Asud-Journal 50 juillet 2012


Morphine36 37 38La morph possè<strong>de</strong> la particularité d’être à lafois un antalgique certifié, une drogue classiqueet occasionnellement, un produit <strong>de</strong>substitution. Asud a testé <strong>les</strong> trois !!!En mo<strong>de</strong> antalgique, pas grandchoseà dire : avant, ça fait mal, après,c’est mieux…et ça fait plus d’un siècleque c’est comme ça. N’en déplaise auxDiafoirius qui tentent régulièrement <strong>de</strong>bouter la morphine <strong>de</strong> sa place <strong>de</strong> n°1.Sans aucun succès.En mo<strong>de</strong> « stoned again » (mais oui,Sister Morphine), c’est tout l’un ou toutl’autre : on aime ou on déteste. Traditionalistes,<strong>les</strong> morphinomanes ont l’habitu<strong>de</strong>d’injecter leur dose. L’explication, c’estle flash. La morphine partage avec la cokeet quelques amphétamines diaboliques leredoutable privilège d’être une drogue àflash. Mais attention, le flash <strong>de</strong> morphn’est pas toujours une expérience agréable.Perso, je déteste. Un milliard <strong>de</strong> petitesaiguil<strong>les</strong> qui vous percent le corps et labizarre sensation d’avoir fait une connerie(c’est quoi cette mer<strong>de</strong>) conduisent auxportes <strong>de</strong> la panique. Enfin, ça passe aubout <strong>de</strong> 3 à 4 minutes : le flash mute endéfonce opiacée pépère, on revient en terrainconnu.En mo<strong>de</strong> substitution, la morphine(Skenan®, Moscontin®) a fait ses preuves.Plus subtile que la méthadone, plus euphorisanteque la buprénorphine (Subutex®),elle mérite le brevet <strong>de</strong> médicament <strong>de</strong>substitution aux opiacés (MSO) que <strong>les</strong>acteurs <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques lui réclament<strong>de</strong>puis vingt ans. La morphineest maintenue dans un non man’s landjuridique qui lui interdit l’indication <strong>de</strong>soin <strong>de</strong> la dépendance, tout en tolérant <strong>les</strong>prescription exceptionnel<strong>les</strong>.Évi<strong>de</strong>mment, revoir à fond le Manueldu shoot à moindres risques édité parAsud et privilégier la voie orale si l’on veutexpérimenter le mo<strong>de</strong> substitution sur lelong terme. Comme traitement <strong>de</strong> la dépendance,la morphine gar<strong>de</strong> toutes ses chancesavec <strong>les</strong> sniffeurs et <strong>les</strong> chasseurs <strong>de</strong> dragon.Noix <strong>de</strong> musca<strong>de</strong>Je me souviens avoir passé <strong>de</strong>s heures à râper<strong>les</strong> noix avant d’en dénicher en poudreà l’épicerie du coin. Je me souviens avoirabsorbé une douzaine <strong>de</strong> grammes <strong>de</strong> cettemixture touillée dans un thé… Aujourd’huiencore, rien que l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la noix <strong>de</strong> musca<strong>de</strong>me provoque un haut-le-cœur.Trente minutes plus tard, vous avez laparole facile, mais <strong>les</strong> mots per<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> leurconsistance dès qu’ils s’échappent <strong>de</strong> votrebouche, <strong>les</strong> mots <strong>de</strong>s autres aussi, <strong>les</strong> gestesindispensab<strong>les</strong> <strong>de</strong>viennent dérisoires. Nerépon<strong>de</strong>z pas au téléphone : alors que vousvous trouvez très spirituel, votre interlocuteur,lui, a toutes <strong>les</strong> chances <strong>de</strong> vous trouvertotalement incohérent.Au bout <strong>de</strong> quelques heures, il vousfaut boire. Si vous vous affalez sur un canapéet que vos yeux se ferment tout seuls,vous flotterez bientôt sur un petit nuageet serez envahi <strong>de</strong> visions extravagantes ettrès colorées comme lors d’un voyage sousLSD. C’était il y a quarante ans et, mêmesi <strong>les</strong> len<strong>de</strong>mains étaient douloureux, j’engar<strong>de</strong> un souvenir agréable. Appréciéepour ses effets psychédéliques, la noix <strong>de</strong>musca<strong>de</strong> l’est plus encore pour ses effetsaphrodisiaques, mais je ne me souviens pasavoir éprouvé un irrésistible désir <strong>de</strong> fairel’amour.Mentionnée par Malcolm X dans sonautobiographie comme étant une drogue <strong>de</strong>pauvre en vogue dans <strong>les</strong> prisons américaines,la noix <strong>de</strong> musca<strong>de</strong> a très mauvaise réputation.Citons entre autres effets secondairesdésagréab<strong>les</strong> <strong>de</strong>s nausées et <strong>de</strong>s angoisses,<strong>de</strong>s vertiges et <strong>de</strong> la tachycardie… Et au-<strong>de</strong>làd’une certaine dose (plus <strong>de</strong> 20 grammes selon<strong>les</strong> experts), vous risquez carrément d’ylaisser votre peau. Autant éviter, le jeu n’envaut pas la chan<strong>de</strong>lle.OpiumDe <strong>de</strong> Quincey à Nick Tosches, <strong>de</strong>s décadards1890 aux fumeries clandé <strong>de</strong>s toursdu XIII e arrondissement, l’opium a <strong>de</strong>s allures<strong>de</strong> Graal qui excite l’imaginaire. Sa quêtea engendré toutes sortes <strong>de</strong> légen<strong>de</strong>s.Katmandou, Népal, c’est là que j’y aigoûté. Cliché à mort mais ne vous méprenezpas ! C’était au milieu <strong>de</strong>s années 90avant <strong>les</strong> révolutions maoïstes sanglantes<strong>de</strong> palais mais bien après la gran<strong>de</strong>transhumance hippie <strong>de</strong>s seventies. Unepancarte ministérielle dans <strong>les</strong> offices dutourisme suppliait <strong>les</strong> visiteurs : « Nodrugs. Ne corrompez pas notre jeunesse. »Vœu pieu : la jeunesse népalaise se chargeait<strong>de</strong> subvertir la chose. Et puis, <strong>les</strong>quelques babos quadra loqueteux aux allures<strong>de</strong> zombies accrochés <strong>de</strong>puis vingtans à Katmandou comme <strong>de</strong>s tiques aupelage d’un animal, étaient parfaitementdissuasifs.Des <strong>de</strong>alers, il y en avait par grappelà-bas, mais c’est mon loueur <strong>de</strong> bécanequi m’a trouvé <strong>de</strong> l’opium. Une grosseboulette dissoute dans du thé parfumé.Chaleur douce, sensation évanescente,nuages cotonneux sur <strong>les</strong>quels flottaitune har<strong>de</strong>... d’éléphants roses. Cliché,je vous dis, et du genre in-con-gru ! Voir<strong>de</strong>s éléphants roses ! C’est vous dire leniveau d’élévation spirituelle auquelj’étais parvenu et comme j’enfonçais <strong>les</strong>portes <strong>de</strong> la perception, <strong>les</strong> gonds et lechambranle, <strong>les</strong> verrous qui sautent, avecun Babar en tutu rose comme bélier.Ceci expliquant peut-être cela, j’avaispassé la la veille à dos d’éléphant dans larégion <strong>de</strong> Taru. Mais quand même !Asud-Journal 50 49 juillet mars 2012 29


Asud 50 produitsPCP39 40 Poppers41J’ai goûté l’Angel Dust sans le savoir.C’était avec <strong>de</strong>s Américains, l’été à Val-Thorens. Nous étions attablés à la terrassed’un chalet, <strong>de</strong>ux joints au goûtmétallique ont tourné, l’herbe ne semblaitpas terrible jusqu’à un rush violentau bout <strong>de</strong> trois minutes. Toute la tabléeétait explosée <strong>de</strong> rire, j’avais mal aux mâchoires.Les Américains ont expliqué lejoint pur farci au PCP. Nous en avonsdiscuté vivement. J’ai voulu me lever etj’ai failli me vian<strong>de</strong>r, je titubais commeun poivrot à <strong>de</strong>ux grammes. Toutes <strong>les</strong>distances me semblaient gigantesques, jevoulais absolument me trouver un coinpénard pour kiffer en paix. Un transatn’attendait que moi à trente mètres, unchemin <strong>de</strong> croix et enfin la béatitu<strong>de</strong>,mais le cœur à cent vingt pulsations, unchaud-froid permanent, <strong>de</strong>s sueurs etun stress qui s’apaisait difficilement. Jesuis rentré dans un long rêve éveillé oùse mélangeaient à toute allure <strong>de</strong>s souvenirspersonnels, le décor et <strong>les</strong> personnagesprésents autour <strong>de</strong> moi. Je passaissans cesse du calme à l’agitation. Puis jeme suis endormi vraiment pendant uneheure à peine. Le réveil fut pâteux, j’aipeiné pour retourner à mon studio etj’étais bien naze le len<strong>de</strong>main. Un souvenirmitigé.L’usage du PCP n’a jamais été très populaireen France. L’agitation et la panique<strong>de</strong> l’usager en surdose peuvent créer <strong>de</strong>s situationstrès critiques, <strong>de</strong>s convulsions et lamort. Il faut vraiment éviter <strong>les</strong> joints surprisedosés à l’arrache et ne pas dépasser <strong>les</strong>10 mg, surtout en sniff ou en shoot.Philosopher’s StonesLes truffes magiques ! Ces petits champignonsinformes, visqueux et encore plusdégueulasses que <strong>les</strong> autres sont pourtanttrès recherchés. Il en existe plusieurs variétés,toutes rattachées à l’immense groupe<strong>de</strong>s psilos dont el<strong>les</strong> partagent <strong>les</strong> principesactifs (psilocine et psilocybine). Àdose égale, <strong>les</strong> effets psychoactifs <strong>de</strong>s truffessont toutefois moins forts que ceux <strong>de</strong>sautres psilos, ce qui fait qu’on <strong>les</strong> conseil<strong>les</strong>ouvent aux débutants. Certains connaisseursplus expérimentés apprécient aussi lecôté soft <strong>de</strong> ces champignons, notammentpour revenir aux hallucinogènes après unbad trip, mais la plupart <strong>de</strong>s habitués <strong>de</strong>spsychédéliques qui en comman<strong>de</strong>nt sur leNet s’avèrent déçus après consommation.La faute à la faible puissance du produitmais aussi et surtout, au marketing <strong>de</strong>ssmartshops en ligne... J’attends toujoursmon « trip philosophique », cet « état rêveur» et ces « pensées profon<strong>de</strong>s » quel’on m’avait promis car moi tout ce quej’ai eu, c’est une légère nausée et un début<strong>de</strong> trip d’ampleur comparable à quelqueslattes sur un bon pétard !Si vous déci<strong>de</strong>z <strong>de</strong> tenter l’expérience,faites tout <strong>de</strong> même attention au surdosage.Rien n’incite plus à ingurgiter <strong>de</strong>squantités démesurées qu’un produit soft àmontée lente mais gare à la triple montée :truffes ou pas, le duo psilocine/psilocybine<strong>de</strong>meure l’un <strong>de</strong>s plus gros hallucinogèneconnus avec <strong>les</strong> risques <strong>de</strong> bad trips habituels.Renseignez-vous sur la RdR liésaux champignons sur le site <strong>de</strong> Technoplus(www.technoplus.org) et si vous vous posez<strong>de</strong>s questions sur <strong>les</strong> différentes variétés <strong>de</strong>champis, le forum www.psychonaut.comou le site www.erowid.org <strong>de</strong>vraient vouséclairer.Fallait bien que quelqu’un se dévoue.Vous savez le poppers, c’est la drogue <strong>de</strong>s…enfin ça sert à… Bref, y paraît que c’est ladrogue <strong>de</strong>s messieurs qui aiment <strong>les</strong> messieurs.Même qu’il faut en prendre pendant.Et bien non, même pas vrai : on peut aussien prendre avant, après, en <strong>de</strong>hors, le nitrited’amyle – c’est son nom scientifique – estaussi une drogue <strong>de</strong> psychonaute qui cherchel’aventure au galop. Bon pour être honnête,c’est pas vraiment l’extase : une tachycardiecarabinée, suivie d’un mini collapsus.Et puis alors cette o<strong>de</strong>ur… c’est vrai que çarappelle un peu <strong>les</strong> senteurs musquées d’uncoït vespasien. Oups, grillé !! Non sérieux :essayez plutôt la colle.RdR ? Je sais pas trop, peut-être éviter<strong>de</strong> s’envoyer trois tubes cul sec… Qu’est-cequ’on se marre…30 Asud-Journal 50 juillet 2012


Ritaline42À faible dose, c’est un psychostimulantléger qui déclenche moins <strong>de</strong> stress et<strong>de</strong> complications que la caféine à hautedose pour un effet comparable. Mais engrosses poutres, cela donne un peu l’envied’envahir la Pologne. Ce n’est pas unebaby coke mais plutôt <strong>de</strong> la baby pervitine.Un ersatz <strong>de</strong> méthamphétamine quien a <strong>les</strong> effets négatifs sans vraiment donnerle rush pur <strong>de</strong> l’original, frustrant. Lebuzz autour <strong>de</strong> ce médoc vient surtout <strong>de</strong>la difficulté à trouver <strong>de</strong> la benzédrine ou<strong>de</strong> la méthédrine, surtout en <strong>de</strong>hors dumilieu teufeur (ou biker). La Ritaline®est le <strong>de</strong>rnier speed disponible en pharmaciemais très contrôlé. Du coup, il mesemble plus raisonnable <strong>de</strong> laisser la babypervitine aux teenagers hyperactifs et auxpatients souffrant <strong>de</strong> narcolepsies plutôtque d’aggraver encore le trafic <strong>de</strong> médocsqui menace <strong>les</strong> succès <strong>de</strong> la RdR.Le comprimé <strong>de</strong> Ritaline® contient dutalc qui peut provoquer une silicose <strong>de</strong>spoumons. On peut réduire un peu le risqueen diluant <strong>les</strong> comprimés dans unesolution d’eau et quelques gouttes d’alcoolblanc et en utilisant un spray nasal. Ce talcdoit être filtré au filtre toupie ou au Stérifilt®pour limiter <strong>les</strong> risques d’abcès en casd’injection. Bien surveiller son hydratationet ne pas trop tourner en surrégime.Attention : Speed kills ! On peut faire uneoverdose mais surtout bien se cramer physiquementet psychiquement en cas d’usageintensif ou prolongé.Rohypnol ® 43Ah cette mauvaise réputation !!... Le« Rup », ça a longtemps été un truc <strong>de</strong>tox, confi<strong>de</strong>ntiel même. Et puis soudain,on a commencé à en entendre parler dans<strong>de</strong>s séries télé criminel<strong>les</strong>, à le voir citédans <strong>de</strong>s artic<strong>les</strong> à la rubrique faits divers.Une benzodiazépine <strong>de</strong> la famille <strong>de</strong>s hypnotiques.Je serais bien incapable <strong>de</strong> diremaintenant ce qui me branchait là-<strong>de</strong>dans.Peut-être le nom : hypnotique. Il n’est pasusurpé. Parce qu’en tant que consommateur,on en sait finalement moins long surce qu’on fait que <strong>les</strong> gens autour <strong>de</strong> nous.On m’a raconté... Pas <strong>de</strong> quoi être fier ! Ilme reste <strong>de</strong>s flashes presque abstraits : unevolubilité en expansion, comme le reste,je débor<strong>de</strong> <strong>de</strong> moi-même, désinhibé, jen’y suis plus ou plus exactement, je suistellement en prise avec l’instant présent,dans la secon<strong>de</strong> vivante, qu’il ne m’enreste rien ensuite. Évaporé. Le Rup agitcomme un dissolvant puissant, effaçanttout souvenir et toute réelle aptitu<strong>de</strong> à seremémorer. Et je l’avoue, il y a eu quelquesréveils brumeux auprès <strong>de</strong> corps étrangers.Et même cette ville <strong>de</strong> lointaine banlieueoù mon frère a dû venir me chercher sansque je sache comment ni pourquoi j’avaisatterri là.Finalement, avant même <strong>de</strong> décrocher<strong>de</strong> la dope, j’ai cessé <strong>de</strong> prendre du Rohypnol®.Trop peur <strong>de</strong> me faire violer et <strong>de</strong> meretrouver dans <strong>les</strong> colonnes faits divers <strong>de</strong>sjournaux !San Pedro44Dose : 25 gr <strong>de</strong> cactus séché. Direct aprèsl’ingestion, <strong>de</strong> petites nausées puis un peuaprès, un sentiment <strong>de</strong> bien-être s’installait! J’étais super heureux d’être là ! Je n’aipas eu d’hallucination colorée, mais messens étaient super aiguisés, j’étais « alerte». Au bord <strong>de</strong> l’eau, un rassemblement<strong>de</strong> quelques amis, <strong>de</strong>s instruments… Je nesuis pas percussionniste mais je me rappelleavoir joué du djembé comme si j’étaisun pro et à la guitare, j’avais l’impressiond’être Carlos Santana ou Frank Zappa…Ce soir-là, j’ai fait <strong>de</strong> la musique commejamais je n’en avais fait. J’avais une inspirationdu tonnerre, un feeling dingue !J’étais aux anges. L’effet est proche <strong>de</strong> lapsilocybine mais c’est plus « constant »avec moins <strong>de</strong> « Up and Down ». Je n’airessenti aucun « mal-être », je n’ai pas eud’idées noires alors que j’étais en pleinerupture sentimentale et dans un état psychologiqueplutôt « précaire ». La prochainefois, j’essayerai 40 grammes pourespérer avoir <strong>de</strong>s visions colorées.Le Trichocereus Pachanoï ou SanPedro est une plante magique hallucinogène.Comme pour tout enthéogène, il fautse documenter sur le sujet avant <strong>de</strong> s’initier.Faites-vous accompagner d’un vraichaman péruvien si possible, sinon faitesvousaccompagner par quelqu’un <strong>de</strong> sobre.Dites-vous bien que le trip peut être uneréelle épreuve. Et ne sous-estimez jamais lapuissance ou le pouvoir <strong>de</strong> la mescaline. Nemélangez jamais avec d’autres produits.Asud-Journal 50 juillet 2012 31


Asud 50 produits4546 47Salvia Divinorum Solvants / Proto SpeedballUn gramme d’extrait X5 <strong>de</strong> Salvia Divinorumcommandé sur Internet vientd’arriver par la poste. Je bourre la pipe àtige courte (il faut aspirer la fumée trèschau<strong>de</strong>) et tire une bonne bouffée en apnée.Une <strong>de</strong>uxième… et là… <strong>de</strong>s flots <strong>de</strong>couleurs multicolores tourbillonnants arriventdu couloir, accompagnant <strong>les</strong> notes<strong>de</strong> musique qui viennent du pc se trouvantau fond <strong>de</strong> l’appartement. Un truc dingue.Une sensation « mystique » intense,comme si on avait la visite d’un « ange ».Très vite, cette sensation s’amenuise etj’aperçois mon amie qui tire sur la pipe. Jela vois exploser <strong>de</strong> rire. Moi, je m’accrocheaux accoudoirs <strong>de</strong> mon fauteuil car j’ail’impression très réaliste <strong>de</strong> m’enfonceret <strong>de</strong> tomber dans un trou béant. Puis unecrise <strong>de</strong> fou rire qui n’en finit plus nousgagne et une <strong>de</strong>mi-heure après, nous sommesrevenus à la normale. Une premièreexpérience plutôt éprouvante, on ne recommencerapas <strong>de</strong>main, ça c’est sûr.Il est impératif <strong>de</strong> bien lire le Gui<strong>de</strong>d’utilisation <strong>de</strong> la Salvia Divinorum<strong>de</strong> Daniel Siebert. La Salvia est un enthéogène,un trip peut vite se transformeren un véritable cauchemar. Ne pasfumer <strong>de</strong> la Salvia au bord d’un précipiceou à côté du vase <strong>de</strong> Chine <strong>de</strong> papa.Rangez bien tout ce qui pourrait êtreune source <strong>de</strong> danger (ciseaux, bougiesallumées, etc.) et préférez un jour oùvous êtes en forme. Évitez <strong>de</strong> consommersi vous avez <strong>de</strong>s gros soucis.Ado, j’ai testé avec <strong>de</strong>s amis toutes <strong>les</strong> drogues<strong>de</strong> supermarché. Et même avant ça,au primaire, qui n’a pas essayé <strong>de</strong> sniffer sacolle d’écolier ? Et <strong>les</strong> recharges <strong>de</strong>s vieuxphotocopieurs ? Ah souvenirs ! Les pointscommuns <strong>de</strong> ces inhalations : une ivresseimmédiate et brève, la tête qui tourne,la vision qui se trouble et <strong>les</strong> tempes quibattent. Un sommet pour un drogué débutant.On <strong>les</strong> consomme à petites dosescomme un joint, une bouffée puis on faittourner au voisin. À ce rythme, une fois<strong>de</strong> temps en temps, il y a peu <strong>de</strong> risques.Mais à forte dose et/ou très fréquemment,ces produits sont probablement parmi <strong>les</strong>plus toxiques, notamment pour l’appareilrespiratoire, <strong>les</strong> yeux et le cerveau. De plus,leurs effets à ce niveau <strong>de</strong> consommationne sont pas très intéressants. Au mieux unendormissement vertigineux, au pire uneperte <strong>de</strong> conscience. J’en connais certainsqui ont essayé <strong>de</strong> boire <strong>de</strong>s solvants, pourvoir <strong>les</strong> effets. Ils ont tous fini au centre antipoisonavec un lavage gastrique.Les produits sous forme <strong>de</strong> gaz (proto,air sec...) contenus dans <strong>de</strong>s récipients souspression ne doivent pas être mis directementà la bouche sous peine <strong>de</strong> se geler<strong>les</strong> cor<strong>de</strong>s voca<strong>les</strong> et <strong>les</strong> poumons. Il fautd’abord transférer le gaz dans un ballon<strong>de</strong> baudruche, puis respirer dans celui-ci.Avis aux amateurs d’états <strong>de</strong> consciencemodifiée : il existe <strong>de</strong>s produits moins dangereuxet plus plaisants. Ceux-ci sont doncà ranger aux rayons « erreurs <strong>de</strong> jeunesse» ou « très occasionnellement ».Mention spéciale quand même auproto, le fameux gaz hilarant, encoretrès présent dans <strong>les</strong> soirées techno et servantprincipalement à faire (re)monterou pimenter ponctuellement un autreproduit consommée. Si vous croisezquelqu’un avec une machine à chantilly,ce n’est peut être pas pour faire <strong>de</strong>la pâtisserie.J’étais à Dam, j’avais dubrun et du blanc en mêmetemps. Le mélange à <strong>de</strong>uxtemps qui te booste tajournée à courir la vil<strong>les</strong>ans fatigue ni douleur, et qui t’aplatit tasoirée dans un doux cocon. Ou l’inverseen version teufeur. Le dosage permet <strong>de</strong>moduler <strong>les</strong> effets, on peut limiter l’anxiété<strong>de</strong> la coke ou la mol<strong>les</strong>se <strong>de</strong> l’héro.J’avais <strong>de</strong> quoi carburer trois jours, j’aigéré sur quatre et <strong>de</strong>mi. Je pensais quec’était la limite pour atterrir sans trop <strong>de</strong>dégâts. Grave erreur : il m’a fallu combattreune grosse envie <strong>de</strong> retourner chez le<strong>de</strong>aler. Je l’ai enterrée sous beaucoup <strong>de</strong>vin rouge et <strong>de</strong> Haze. Semi-coma, réveilhorrible, fièvre, migraine, douleurs auxjambes et aux reins, nausée, j’étais très faible.Je cumulais un crash post-coke et unléger syndrome <strong>de</strong> manque. Additionnésaux vieil<strong>les</strong> douleurs réveillées par <strong>les</strong> heuresen surrégime, j’étais cramé pour la semaine.J’avais violé la règle d’or <strong>de</strong> l’usagerrécréatif <strong>de</strong> speedball : jamais plus <strong>de</strong>48 heures, sinon la récréation se paye tropcher. Plus on a été accro au bourrin et/ouà la C, plus l’addition est salée.Attention à l’OD, toujours tester séparément<strong>les</strong> <strong>de</strong>ux substances en quantité minimepour bien évaluer la dose selon sa sensibilitédu moment. Se méfier <strong>de</strong> l’euphorieprovoquée par la coke qui pousse à rajoutertrop d’héro, surtout avec <strong>de</strong> l’alcool (mélangedangereux). Ne pas sniffer d’autoroute(une ligne = danger ; <strong>de</strong>ux lignes = sécurité),attendre la fin <strong>de</strong> la montée <strong>de</strong> héroavant <strong>de</strong> prendre la secon<strong>de</strong>.sniff32 Asud-Journal 50 juillet 2012


shootchasseFallait que ça tombe sur moi,le piège parfait tendu par lacensure. En guise d’appât,cette chose, ce truc : le speedballen shoot, la meilleuredrogue du mon<strong>de</strong>. Ça y est, c’est dit. Aprèstout, c’est pas bien <strong>de</strong> mentir. 2/3 coke,1/3 héro (<strong>de</strong> la thaï n°4 s’il vous plait), 5cc d’eau froi<strong>de</strong>, et paf : l’équilibre parfait,le nirvana, la fraîcheur cristalline d’unlac <strong>de</strong> montagne sur canapé <strong>de</strong> moiteursensuelle. On tutoie <strong>les</strong> sommets parmi<strong>les</strong> e<strong>de</strong>lweiss avant <strong>de</strong> se laisser douillettementenvelopper par <strong>les</strong> bras d’Aphrodite,on… Heu… pour la suite adressez-vous audirecteur <strong>de</strong> publication.Comme précisé ci-<strong>de</strong>ssus, attention :dans le speedball, un stupéfiant en cachetoujours un autre, c’est le principe. Dans lecas présent, c’est <strong>de</strong> l’héroïne dont il faut seméfier. La cocaïne peut momentanément enmasquer <strong>les</strong> effets et vous piéger à la sortieavec une surdose. Si vous piquez trop fortdu zen, un petit fix <strong>de</strong> coke… Quoi ? C’estpas ça qu’il faut écrire ?On ne peut faire un speedballen chassant le dragonqu’avec <strong>de</strong> la base <strong>de</strong> CC.Je place d’abord ma base surun bout <strong>de</strong> la feuille d’aluen procédant comme on l’a vu pour formerla goutte (cf cocaïne). Je mets l’héroà l’autre bout <strong>de</strong> la feuille, en suivant lamanière décrite plus haut (cf héroïne).Puis j’amène la goutte <strong>de</strong> base (plus facileà manier) rejoindre celle d’héro. La gouttequi se forme alors est collante, moinsbrune, assez facile à manier. D’abord, <strong>les</strong>bons mais courts effets <strong>de</strong> la base et avantd’en ressentir <strong>les</strong> plus négatifs, l’héro rentreen action et calme le jeu ! Pas étonnantque <strong>les</strong> amateurs <strong>de</strong> dragon aimentle speedball !En effectuant <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux opérations séparément,on évite <strong>de</strong> gâcher un <strong>de</strong>s produitssi l’autre ne passe pas le contrôle <strong>de</strong> qualité.Attention : le speedball étant un mélangeagréable, on a vite tendance à y reveniravec le risque <strong>de</strong> conjuguer l’accroche <strong>de</strong>l’héro à celle <strong>de</strong> la coke ! Bonjour <strong>les</strong> dégâts !Mêmes conseils que pour l’héro et la CCpour inhaler et pour le matos.Subutex ® 48J’ai fait partie <strong>de</strong>s premiers ex-tox à décrocherau Subutex®. Vers 1997. Le produit venaitd’être introduit en France. Pas <strong>de</strong> flashni <strong>de</strong> doux flottement, mais principalementl’abolition <strong>de</strong>s douleurs physiques liées aumanque. Dès l’instant où tu décroches, c’estquand même ça qui te crucifie. Conservateurcomme je suis, j’étais pas très chaud à l’idée<strong>de</strong> lâcher le Temgésic®. Mais je me suis laisséconvaincre, principalement parce qu’avec leSub, j’étais en charge <strong>de</strong> ma propre désintox.Le maître <strong>de</strong> ma douleur, comme disait Artaud.Et <strong>de</strong> ma « guérison » ! Je n’en <strong>de</strong>mandaispas plus. Quoi qu’on en dise, le Subutex®aura été une bénédiction pour une tripotéed’anciens héroïnomanes. Certains fondamentalistesrestent sceptiques, évoquent laperdurance d’un comportement addictif.Mais à l’heure où un fort pourcentage <strong>de</strong> lapopulation dite normale se gave <strong>de</strong> somnifèreset d’antidépresseurs, c’est assez cocasse...Le sujet n’a d’ailleurs rien <strong>de</strong> tabou chez cesgens-là. J’ai adopté une attitu<strong>de</strong> similaire enversle Sub. Question <strong>de</strong> principe ! Les réactionssont curieuses. Défiance incrédule, enparticulier quand on comprend qu’il s’agit<strong>de</strong> ce produit sulfureux pointé du doigt par<strong>les</strong> journaux. Parce que pour eux, <strong>les</strong> antidépresseurs,euphorisants, somnifères, ça n’avraiment rien à voir avec ça ! L’ignorance,une fois encore, mère <strong>de</strong> tous <strong>les</strong> vices, <strong>de</strong>toutes <strong>les</strong> coercitions aussi. Il serait temps quetous ces bien-pensants songent à s’informerplutôt que <strong>de</strong> se contenter d’approximationsfinalement très confortab<strong>les</strong>. Subuesque !Tabac 49Ça ferait une jolie petite comptine pour<strong>les</strong> gosses, mnémotechnique et tout, au service<strong>de</strong> la bonne cause : « Le tabac c’est <strong>de</strong>la drogue et la drogue, c’est <strong>de</strong> la mer<strong>de</strong> » !Notre génération, c’est trop tard, plus qu’àattendre qu’elle crève, un bon crabe... paroù elle a péché, bien fait ! Mais pour <strong>les</strong> prochaines,tous <strong>les</strong> espoirs sont permis. Dansquinze ans n’en doutez pas, le tabac figureraau Tableau B toxique.Autant vous prévenir, suis remontécomme une vielle montre sur le sujet, unvrai croisé... Parce que quelle arnaKKKe...d’État, soutenue par moult groupes <strong>de</strong> pression,lobbies puissants et associations foutraques(bien nocives). Qui dit prohibition dittrafic dit gangstérisme organisé (merci bien)et répression. On ne compte plus <strong>les</strong> morts<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés ! Stupéfiant, non ?Bien sûr, ça m’étonnerait que le tabac arrangel’état <strong>de</strong> nos poumons. Mais la bouffeindus, <strong>les</strong> pestici<strong>de</strong>s, l’air vicié, ça n’attaquepas l’organisme, non ? Troublant qu’on aitfait <strong>de</strong> cette lutte-ci un enjeu <strong>de</strong> santé publiqueprimordial, loin <strong>de</strong>vant tout le reste. Lemarché est juteux, en particulier pour <strong>les</strong> labospharmaceutiques qui engrangent <strong>de</strong>s profitsvertigineux et n’ont rien à envier aux lobbiesdu tabac. Et puis, le paquet <strong>de</strong> clopes à 10, 20,50 €, ça change rien pour <strong>les</strong> plus fortunés. Parcontre, le laborieux, le smicard, lui, il est fracasséau porte-monnaie d’abord, au cœur et aupoumon ensuite. À chaque volute, culpabilitémaximale d’engloutir un quart <strong>de</strong> sa paye dansl’achat <strong>de</strong> son « poison » alors qu’il faut <strong>de</strong>nouvel<strong>les</strong> pompes aux enfants. Le tabac finalementest un révélateur criant <strong>de</strong> la perversionhygiéniste <strong>de</strong> ce temps. Ah mer<strong>de</strong>, mon paquet<strong>de</strong> Lucky est vi<strong>de</strong>... Je vous laisse. Faut queje trouve un bar tabac ouvert !TMA-2 50« TMA2, c’est un hybri<strong>de</strong> MD et mescaline,dosé gentil », nous dit-il en faisant tourner sabière. Quarante minutes après, montée d’unesuée dégoulinante, température élevée maismains gelées et renvois d’air, j’étais scotché.« C’est bon mais c’est fort, dosé gentil moncul ! » Visions intérieures très changeantes,géométriques avec <strong>de</strong>s couleurs étranges,comme dans un <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> Moebius ouDruillet. Le rush s’est calmé, j’étais plus serein,je faisais corps avec la foule passant d’ungroupe à l’autre avec empathie. Je voyais <strong>les</strong>contours très mouvants, <strong>les</strong> lumières changeantesou décomposées, <strong>de</strong>s traînées <strong>de</strong> couleurspa<strong>les</strong> <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> mouvements <strong>de</strong> personnesou d’objets. Après trois heures, je suis<strong>de</strong>venu mou, j’ai été m’écrouler backstage oùj’ai un peu tchatché et beaucoup rêvassé. La<strong>de</strong>scente fut longue et physiquement crispante,un Myolastan® m’a bien aidé.La montée peut déclencher un malaisevoire une panique. Ne pas consommer seul etsans expérience, ne dépassez pas 25 mg. Il fautun endroit frais et ventilé pour le gérer, boirelentement assez d’eau. Prévoir le coup <strong>de</strong> mouet une petite dose <strong>de</strong> benzo pour la <strong>de</strong>scente.Asud-Journal 50 juillet 2012 33


internationalJe u n e s e t « Re h a b » :l e s e xc l u s d e l ar é d u c t i o n d e s r i s q u e sDeux interventions faites en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> nos frontièrespar Matthew Southwell et Anita Krug proposent, àl’inverse, <strong>de</strong> ne plus exclure jeunes et désintoxiqués<strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s risques car ils sontsouvent le plus en danger.La politique <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s risques est une peau <strong>de</strong>chagrin. Un très gros chagrinmais un chagrin quand même.De paradigme dominant il ya vingt ans, nous sommes <strong>de</strong>venus<strong>les</strong> braves petits soldats<strong>de</strong> la lutte contre <strong>les</strong> risquesinfectieux avant d’être définitivementclassés spécialistes engalères toutes catégories, champions<strong>de</strong> la prise en charge <strong>de</strong>ceux que l’on ne doit pas voirtraîner dans <strong>les</strong> rues. Dans unecompréhension classique <strong>de</strong>« la drogue », <strong>les</strong> non-consommateurs,et tout particulièrement<strong>les</strong> « jeunes », ne sontthéoriquement pas concernéspar ce champ <strong>de</strong> compétence.Sur le papier, <strong>les</strong> actions <strong>de</strong> préventionen direction <strong>de</strong>s « jeunes» appartiennent au domaine la prévention « primaire » quiconsiste à éloigner <strong>les</strong> consommateurs potentiels <strong>de</strong> tout passageà l’acte. D’où la floraison <strong>de</strong> messages alarmistes sur <strong>les</strong> dangersdu cannabis et cent autres pièges tendus par le démon <strong>de</strong> la dépendance.À l’autre bout du spectre, <strong>les</strong> « Rehab », candidats à la désintoxicationsous diverses modalités, sont également tenus à l’écart dumon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques, toujours à cause du mo<strong>de</strong> supposéépidémique <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong> drogues. En clair, si vous êtesPrévention primaire, préventionsecondaire, réduction <strong>de</strong>srisques : <strong>les</strong> usagers et <strong>les</strong>personnes qui rêvent <strong>de</strong>réformer nos politiques <strong>de</strong>drogues <strong>de</strong>vraient s’intéresserà ce vocabulaire psycho-technosocial.En langage cru, il signifieque, comme <strong>les</strong> jeunes quidoivent être protégés dufléau <strong>de</strong> la drogue par tous <strong>les</strong>moyens, <strong>les</strong> « Rehab » (exdroguéstraités par une cure <strong>de</strong>désintoxication) sont reléguésloin du champ <strong>de</strong> la réduction<strong>de</strong>s risques. Conçue pour servirla soupe aux croisés <strong>de</strong> la guerreà la drogue, cette classificationn’est pas innocente.« clean », vous êtes enrôlé d’office dans <strong>les</strong> bataillons <strong>de</strong> la guerre àla drogue sous prétexte <strong>de</strong> vous soustraire à la contagion.Cette manière <strong>de</strong> cliver le champ <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong>sdépendances n’est pas neutre. Elle cantonne effectivementla réduction <strong>de</strong>s risques à la prévention « secondaire », quiconcerne <strong>les</strong> personnes en situation<strong>de</strong> dépendance. Uneclassification binaire qui balayele fameux arc <strong>de</strong> progression,usage, abus, dépendance.À l’exemple <strong>de</strong> l’éducationsexuelle, la réduction <strong>de</strong>s risques<strong>de</strong>vrait pouvoir diffuserune information globale sur<strong>les</strong> drogues qui n’inclut pasuniquement <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong>dangerosité, mais aussi l’usageraisonné, voire raisonnable. I<strong>les</strong>t même paradoxal <strong>de</strong> constaterque <strong>les</strong> jeunes – par définitionpotentiels consommateursinexpérimentés – sont, commele précise Anita Krug, structurellementexclus <strong>de</strong> tout message<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong>s risques.Quant aux « Rehab » sortis <strong>de</strong>cure ou <strong>de</strong> prison, c’est presqueplus tragique : ils sont <strong>les</strong> principa<strong>les</strong> victimes <strong>de</strong>s overdoseset leur environnement idéologique interdit toute action <strong>de</strong>sensibilisation sortant du sacro-saint « Just Say No ».Confrontés à ces impasses, Matt Southwell et Anita Krugproposent chacun dans leur genre <strong>de</strong> nouveaux horizons à laréduction <strong>de</strong>s risques. Deux interventions qui tentent <strong>de</strong> rallierà nos objectifs <strong>de</strong> lutte contre la stigmatisation <strong>les</strong> <strong>de</strong>uxpopulations habituellement instrumentalisées au profit <strong>de</strong> laguerre à la drogue : <strong>les</strong> jeunes et <strong>les</strong> ex. .Fabrice Olivet34 Asud-Journal 50 juillet 2012


«You t h Ri s e : p o u r en finira v e c le « Ju s t Sa y No »Youth Rise est une association <strong>de</strong> Youth (jeunes) qui se Rise (dressent) contre <strong>les</strong> préjugés et<strong>les</strong> lieux communs véhiculés par la guerre à la drogue. Sous prétexte <strong>de</strong> « protéger notrejeunesse », <strong>les</strong> mineurs et <strong>les</strong> jeunes adultes sont systématiquement abreuvés <strong>de</strong> discours« antidrogues ». Le rôle crucial joué par <strong>les</strong> « pairs » dans la transmission <strong>de</strong>s savoirs sur <strong>les</strong>produits et <strong>les</strong> mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation est étrangement ignoré par <strong>les</strong>tenants <strong>de</strong> la prévention. De manière paradoxale, ce sont <strong>les</strong> plusvulnérab<strong>les</strong> qui se retrouvent objectivement exclus <strong>de</strong> la politique<strong>de</strong> réduction <strong>de</strong> risques. Petit tour <strong>de</strong> la question avec Anita Krug,l’une <strong>de</strong>s personnalités <strong>de</strong> ce mouvement iconoclaste.Le seul message adressé aux jeunes qui consomment <strong>de</strong>s droguesest le « Just Say No », articulé avec un discours <strong>de</strong>prévention inopérant au regard <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> jeunes dansle mon<strong>de</strong> qui consomment <strong>de</strong>s drogues. » : Anita pose crûment<strong>les</strong> termes du sujet. Partout, la question <strong>de</strong>s « jeunes» et celle <strong>de</strong> « la drogue » relèvent du registre émotionnelet moralisateur, une barrière psychologique qui place <strong>les</strong> ado<strong>les</strong>centset <strong>les</strong> jeunes adultes en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’approche pragmatiquedéfendue par la réduction <strong>de</strong>s risques. Sur le terrain sensible <strong>de</strong>saddictions, certains mots déclenchent un réflexe conditionné :<strong>les</strong> jeunes doivent être protégés par tous <strong>les</strong> moyens, y comprisla désinformation et <strong>les</strong> postures ridicu<strong>les</strong>, autant <strong>de</strong> pierres jetéesdans le jardin <strong>de</strong>s « jeunes » qui dénient toute crédibilitéaux adultes. C’est sur ce constat qu’a été fondée Youth Rise, en2006 à Vancouver, lors <strong>de</strong> la 17 e Conférence internationale <strong>de</strong>réduction <strong>de</strong>s risques. « L’absence <strong>de</strong> voix jeunes chez <strong>les</strong> acteurs<strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> drogues » est le leitmotiv <strong>de</strong> cette organisationaujourd’hui <strong>de</strong>venue incontournable sur la scène internationale<strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>s risques.Asud Anita, pourquoi et comment as-tu intégré Youth Rise ?A K Mon implication dans le projet est liée à mon histoire personnelle.J’ai consommé <strong>de</strong>s drogues dures dès l’ado<strong>les</strong>cence enAustralie, ensuite j’ai voyagé et constaté que <strong>les</strong> jeunes usagersétaient plus fréquemment confrontés à <strong>de</strong> graves dénis <strong>de</strong> justice,et cela partout dans le mon<strong>de</strong>. Je suis fermement convaincueque YR peut être l’outil qui permettra un jour aux jeunesconsommateurs d’être enfin reconnus comme <strong>de</strong>s acteurs légitimes<strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> drogues.Asud Pourquoi établir une différence basée sur l’âge en matière<strong>de</strong> discrimination ? Tous <strong>les</strong> usagers ne sont-ils pas victimes<strong>de</strong> la guerre à la drogue ?A K Les jeunes usagers sont exclus <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s risques pour <strong>de</strong> multip<strong>les</strong> raisons. Pour prendre unexemple tragique, 45% <strong>de</strong>s nouvel<strong>les</strong> infections VIH parmi<strong>les</strong> 15-24 ans sont dues au partage <strong>de</strong> seringues. Entre 72 et96% <strong>de</strong>s injecteurs <strong>de</strong> drogues déclarent avoir commencéavant l’âge <strong>de</strong> 25 ans. Or dans la plupart <strong>de</strong>s pays (et notammenten France), il existe <strong>de</strong>s normes léga<strong>les</strong> qui interdisent<strong>de</strong> fournir du matériel stérile aux plus jeunes. Tout cela estsous-tendu par l’idée qu’il faut protéger « l’innocence » d’unejeunesse prétendument menacée par <strong>les</strong> actions <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong>s risques. Il est donc déplorable que ces programmes soientexclusivement <strong>de</strong>stinés aux adultes et pas aux usagers potentiellement<strong>les</strong> plus en dangerAsud YR se définit-elle comme un groupe d’autosupportd’usagers <strong>de</strong> drogues ?A K Nous ne posons pas le problème en ces termes. Nous nousdéfinissons comme acteurs <strong>de</strong> la RdR (Harm Reductionist) touten encourageant <strong>les</strong> jeunes consommateurs à rejoindre notre communauté.Notre but est <strong>de</strong> permettre aux jeunes consommateurs<strong>de</strong> s’exprimer en tant que personnes concernées, tout en nous refusantà <strong>les</strong> enfermer dans une i<strong>de</strong>ntité d’« usagers <strong>de</strong> drogues »qui convient généralement à une population plus âgée. L’usage<strong>de</strong>s drogues à l’ado<strong>les</strong>cence est souvent plus expérimental, récréatif,flui<strong>de</strong>, il est important que nous reconnaissions cette pluralitéd’approches chez nos adhérents..Recueilli par Fabrice OlivetAsud-Journal 50 juillet 2012 35


internationalInvité à s’exprimer lorsdu congrès annuel <strong>de</strong>spersonnes en « RecoveryTreatment » 1 , Matt Southwell,vieille connaissance d’Asud,expose <strong>les</strong> enjeux d’unrapprochement entre <strong>les</strong>groupes d’autosupportd’usagers <strong>de</strong> drogues et <strong>les</strong>associations prônantl’abstinence : si vous ditesnon à la drogue, dites aussinon à la guerre à la drogue.Ou t r e-Ma n c h e : t o u s u n i sLes groupes d’autosupport datent<strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années 70,avec la création du réseau <strong>de</strong>traitement <strong>de</strong> substitution méthadone(NAMA) aux États-Unis et celle du Junkie Bund à Rotterdamet Amsterdam. Le mouvementd’origine en Angleterre, représenté par<strong>de</strong>s groupes comme Respect et ChemicalReaction (CR), retrace son histoirejusqu’aux racines hollandaises (…).Pour comprendre <strong>les</strong> préoccupations<strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogues, il est important<strong>de</strong> <strong>les</strong> placer dans le contexte<strong>de</strong> notre histoire. Dans <strong>les</strong> années 90,lorsque Respect et CR ont été créés,<strong>les</strong> usagers militants étaient déjà partieprenante <strong>de</strong>s actions contre <strong>les</strong>ida dans nos communautés. Les usagersactivistes étaient impliqués dansl’éducation <strong>de</strong>s pairs, le travail <strong>de</strong> rueet la mise en place <strong>de</strong> programmesd’échange <strong>de</strong> seringues, même si ceuxciont dû commencer dans l’illégalité,comme à Édimbourg. Ces groupes <strong>de</strong>terrain avaient noué un dialogue avecle secteur thérapeutique spécialisé etoccasionnellement, certains usagersont même obtenu <strong>de</strong>s emplois au sein<strong>de</strong>s ces services, en dépit <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux annéesd’abstinence requises.Des services efficaces ont vu le jourgrâce aux financements pour le VIH etcontre l’abus <strong>de</strong> drogues. Cependant,lorsque la crise s’est résorbée, l’intérêtpour une implication active et significative<strong>de</strong>s personnes consommatrices <strong>de</strong>drogues s’est aussi affaibli. En Écosse,foyer <strong>de</strong> l’école <strong>de</strong> pensée puritaine, <strong>les</strong>choses sont encore pires sous l’influencedu gouvernement écossais. Après avoirété un modèle <strong>de</strong> participation collaborative,l’engagement <strong>de</strong> ces patientsdans <strong>les</strong> services <strong>de</strong> soins est au plus bas,sauf à vouloir jouer le rôle du drogué reconnaissant.Conséquences : une réelleméfiance et dans <strong>de</strong> nombreux cas, undésengagement vis-à-vis du système <strong>de</strong>soins.Un rapprochementstratégiqueRespect et CR voient maintenant <strong>les</strong>ystème <strong>de</strong> soins comme un environnementlargement hostile, qui nous faitperdre notre temps dans <strong>de</strong>s réunionspolitiques prêtant peu attention à lascience, et qui résiste activement à notreengagement. Plusieurs <strong>de</strong> nos activisteschoisissent ainsi <strong>de</strong> s’éloigner <strong>de</strong>s servicesspécialisés et <strong>de</strong> s’investir dans <strong>les</strong>outien <strong>de</strong>s pairs, dans leurs problèmesjuridiques, leur besoin <strong>de</strong> conseils <strong>de</strong> réduction<strong>de</strong> risques ou <strong>de</strong> coaching pourcontrôler leur consommation, ou faceaux pressions du gouvernement(…).Les usagers <strong>de</strong> drogues militants quisont restés représentants actifs dans <strong>les</strong>ystème <strong>de</strong> soins doivent cacher leurconsommation et laisser <strong>les</strong> gens croirequ’eux aussi sont, comme <strong>les</strong> autres, « enrémission ». Les pairs qui y travaillentsont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s « champions » <strong>de</strong>l’abstinence ou <strong>de</strong> façon moins con<strong>de</strong>scendante,<strong>de</strong>s assistants à l’abstinence.Le travail <strong>de</strong> rue consiste désormais àconvaincre ceux qui sont encore dans ledéni, et <strong>les</strong> services <strong>de</strong> soins pour toxicomanessemblent rejouer une version<strong>de</strong> la réhabilitation tout droit venue <strong>de</strong>la révolution culturelle chinoise. Membresd’Inpud 2 , nous voyons <strong>les</strong> terrib<strong>les</strong>abus commis contre <strong>les</strong> usagers <strong>de</strong> droguesau nom du traitement <strong>de</strong> la toxicomanie,ce qui nous fait apprécier lefameux système anglais malgré toutesses limites. Nous avons le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> défendrece modèle pour nos pairs britanniqueset pour <strong>les</strong> activistes usagers <strong>de</strong>drogues du mon<strong>de</strong> entier, qui le voientcomme porteur d’espoir et <strong>de</strong> pratiquesbasées sur <strong>de</strong>s preuves empiriques.Au Royaume-Uni, <strong>les</strong> usagers <strong>de</strong>drogues militants <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong>srisques et le mouvement « Rehab » ontentamé un rapprochement stratégiqueautour <strong>de</strong> quelques valeurs communes.La guerre livrée aux drogués est un fléauqui pèse sur tous <strong>les</strong> individus ayant faitl’expérience <strong>de</strong> l’usage. Quel que soit leniveau <strong>de</strong> leur consommation, tous <strong>les</strong>drogués du mon<strong>de</strong> connaissent le poids<strong>de</strong> la stigmatisation et <strong>de</strong> l’exclusion.Que <strong>les</strong> choses soient claires, nous netenons pas le mouvement <strong>de</strong> « l’abstinence» pour responsable du contexteactuel.c o n t r e l a g u e r r e à l a d r o g u eNous mobiliserpour résisterLe nouvel agenda puritain instauré parle New Labour a été un cauchemar pour36 Asud-Journal 50 juillet 2012


le mouvement <strong>de</strong>s usagers en Angleterre, un modèle qui nerespecte même pas <strong>les</strong> normes <strong>de</strong> participation <strong>de</strong>s patients duministère <strong>de</strong> la Santé.Lorsque nous nous rencontrons, n’oubliez donc pas quetel<strong>les</strong> sont nos expériences et notre histoire. Nous venonsavec la volonté constructive <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s partenariats, maispas au détriment <strong>de</strong> notre réalité. Nous sommes à l’un <strong>de</strong>spoints <strong>les</strong> plus bas <strong>de</strong> l’histoire du traitement <strong>de</strong> la toxicomanieen Angleterre, mais nous <strong>de</strong>vons nous mobiliser pourrésister, le défi étant <strong>de</strong> gérer le débat sur <strong>les</strong> traitements sanscautionner l’oppression <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogues.Ne parlez pas en notre nom si vous n’êtes pas un usager<strong>de</strong> drogues actif. Même si nous avons <strong>de</strong>s expériences communeset parfois <strong>de</strong>s intérêts communs, notre perception dumon<strong>de</strong> est différente <strong>de</strong> la vôtre. Si vous vous trouvez dansun forum où la voix <strong>de</strong>s usagers est réprimée, réagissez pour<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r que notre droit d’être entendus soit respecté,même si vous n’êtes pas <strong>de</strong> notre avis.Ne nous enfermez pas dans le rôle <strong>de</strong> « patients ». Lemodèle qui présente l’addiction comme une maladie est trèsproblématique. La propagation <strong>de</strong> cette idéologie américainen’est pas basée sur la science et suggère que ce seraitmieux si <strong>les</strong> consommateurs <strong>de</strong> drogues n’existaient pas…Évoquez la sobriété comme une <strong>de</strong>s approches possib<strong>les</strong>,mais pas comme un modèle universel pour tous (…). Nousapprécions <strong>les</strong> opportunités <strong>de</strong> débattre et <strong>de</strong> dialoguer.Même si la science est tout à fait claire sur la valeur <strong>de</strong> laréduction <strong>de</strong> risques, la consommation <strong>de</strong> drogues est complexeet nécessite <strong>de</strong>s réponses multip<strong>les</strong>.Nous souhaitons mieux comprendre <strong>les</strong> réseaux <strong>de</strong> traitement<strong>de</strong> la dépendance et <strong>les</strong> nuances entre <strong>les</strong> différentescomposantes <strong>de</strong> ce « mouvement ». Nous sommes heureux<strong>de</strong> soutenir nos pairs dans <strong>les</strong> changements positifs survenus dansleurs vies et <strong>de</strong> <strong>les</strong> ai<strong>de</strong>r par quelque moyen que ce soit à réussirdans ce qu’ils souhaitent changer, dans la mesure où <strong>les</strong> optionssont validées par la science et qu’el<strong>les</strong> respectent <strong>les</strong> droits <strong>de</strong>l’homme… .Matt Southwell, traduit par Monique Whalen1. 5 e rencontre du DDN Alliance National service user involvment( 16 février 2012) http://www.concateno.com/mediaand-events/conferences-and-seminars/16422/2. International Network of People who Use DrugsAsud-Journal 50 juillet 2012 37


quoi <strong>de</strong> neuf doc ?r o n i q u e d e s é v è n e m e n t s c o u r a n t sLCh’Afssaps est morte, vive l’Ansm (Agence nationale <strong>de</strong> sécuritédu médicament ! L’Agence française <strong>de</strong> sécuritésanitaire <strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> santé avait beaucoup perdu <strong>de</strong>sa crédibilité après la très lour<strong>de</strong> affaire du Mediator®et la révélation <strong>de</strong> quelques conflits d’intérêts assezmoches. Était-ce encore l’Afssaps ou déjà l’Ansm ? En tout cas,elle a radicalement changé <strong>de</strong> position sur le baclofène et c’estune bonne chose. Elle dissuadait <strong>les</strong> mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> prescrire, ellereconnaît aujourd’hui que le baclofène est une avancée majeureen alcoologie.En « cannabinologie », <strong>les</strong> progrès sont, hélas, nettementplus lents. J’en profite donc pour lancer un appel à la toute nouvelleAnsm : qu’elle organise une réunion pour tirer un bilan <strong>de</strong>la navrante ATU (Autorisation temporaire d’utilisation) nominativepermettant à quelques dizaines <strong>de</strong> personnes seulementd’avoir accès au seul Marinol® (THC). Une ATU <strong>de</strong> cohorte etl’accès au Sativex® (un spray contenant du THC et du CBD)seraient un premier pas.L’actu hexagonaleOn notera que le cannabis a fait sa première victime politique :le maire <strong>de</strong> Dijon et éléphant du PS, François Rebsamen. Alorsqu’il se tirait la bourre avec Manuel Valls pour la place Beauvau, ila indiqué, entre <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux tours, que l’on <strong>de</strong>vrait cesser <strong>de</strong> pénaliserl’usage du cannabis pour le « contraventionnaliser ». Sèchementrecadré par le patron, qui rappela la nécessité <strong>de</strong> l’interdit, le beauFrançois a ainsi perdu toute chance d’accé<strong>de</strong>r à l’Intérieur. À quoitient un maroquin !Ne quittons pas tout à fait la politique. Un bruit a couru selonlequel Frédéric Péchenard, directeur <strong>de</strong> la Police nationale et amid’enfance <strong>de</strong> Nicolas Sarkozy serait muté à la… Mildt ! Dommage,ça aurait eu beaucoup <strong>de</strong> gueule ! Mais ce ne sera pas ce coup-là.Il a été nommé à la Délégation interministérielle … à la sécuritéroutière. Il y a du contrôle anticannabis dans l’air…D’autant que la <strong>de</strong>rnière enquête Espad remet la France largementen tête pour la conso <strong>de</strong> cannabis chez <strong>les</strong> jeunes. On asa fierté tout <strong>de</strong> même ! Mais nous ne sommes que seconds enmatière <strong>de</strong> tabac et d’alcool (Le Mon<strong>de</strong> du 01/06/12). On peutpas être premier partout.En attendant, l’OFDT continue, avec courage, à travailler etvient <strong>de</strong> sortir dans sa collection « Données essentiel<strong>les</strong> », ungros ouvrage sur la cocaïne. Qu’on se le dise ! Et qu’on le lise !Ben La<strong>de</strong>n, Internet...Après Whitney Houston, voilà que disparaît à son tour DonnaSummer (Love to Love You Baby). Mais ma parole, c’est un complot! Concernant Whitney, j’ai appris avec un certain troubleque j’avais un point commun avec Oussama Ben La<strong>de</strong>n : il enétait rai<strong>de</strong> dingue, lui aussi, au point d’avoir voulu l’enlever <strong>de</strong>sgriffes <strong>de</strong> son « bad boy ». Certains ne me croiront pas, tant pispour eux ! J’ai moi aussi eu un peu <strong>de</strong> mal à imaginer Ben La<strong>de</strong>nen train <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r Bodyguard pour la énième fois en se pâmant,mais c’est ainsi.Trêve <strong>de</strong> badineries, je dois évoquer quelques problèmes <strong>de</strong>mon dur métier <strong>de</strong> docteur. J’ai vu récemment en consultationune jeune femme assez fragile que je connais <strong>de</strong>puis longtemps.Une fois entrée dans mon box, elle a fondu en larmes. Toujoursfin psychologue, j’ai voulu savoir pourquoi. Elle m’a raconté commentun ami lui avait donné l’adresse d’un site <strong>de</strong> vente en lignesur lequel elle a acheté très probablement une cathinone (chef <strong>de</strong>file : méphédrone). Elle était en <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> ce stimulant dont elleavait usé et abusé <strong>de</strong>puis quelques mois mais dont elle me parlaitpour la première fois. Acheter <strong>de</strong>s drogues sur Internet est une sorted’enfer car une fois qu’on sait comment se procurer le produit,comment l’oublier, comment résister à la tentation ?Disponib<strong>les</strong> à la vente sur Internet, <strong>les</strong> « <strong>de</strong>signer drugs »,« research chemicals » ou « legal highs » possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s structuresmoléculaires proches <strong>de</strong>s substances interdites dont el<strong>les</strong> imitent<strong>les</strong> effets (ecstasy, amphétamine, cocaïne ou cannabis). El<strong>les</strong> sontpour la plupart non inscrites sur la liste <strong>de</strong>s substances stupéfiantes.Une étu<strong>de</strong> sur l’offre <strong>de</strong> drogues <strong>de</strong> synthèse sur Internet réaliséeen novembre 2011 recensait 63 nouvel<strong>les</strong> substances disponib<strong>les</strong>,sur environ 32 sites francophones <strong>de</strong> vente en ligne. À cette mêmedate, 43 nouvel<strong>les</strong> substances étaient i<strong>de</strong>ntifiées comme ayant effectivementcirculé au moins une fois sur le territoire français 1 .38 Asud-Journal 50 juillet 2012


Il est probable que ce type <strong>de</strong> situation va se développer dans <strong>les</strong>années qui viennent, ce qui veut aussi dire que la commission <strong>de</strong>sstupéfiants <strong>de</strong> l’ONU va cesser d’interdire substance par substancemais va probablement se donner <strong>les</strong> moyens légaux d’interdire<strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> substances. Pour reprendre l’exemple citéplus haut, on n’interdirait pas seulement la méphédrone (c’estfait) mais toutes <strong>les</strong> cathinones. Bref, une course poursuite est engagée.Je connais mal la question <strong>de</strong>s drogues sur Internet mais jepense qu’Asud-Journal <strong>de</strong>vrait y consacrer un dossier (toutes mesexcuses si ça a déjà été fait…).La menace slamLe 31 mars <strong>de</strong>rnier, Didier Lestra<strong>de</strong>, co-fondateur d’Act Up,publiait dans la revue Minorités une interview <strong>de</strong> PhilippeBatel, alcoologue et addictologue bien connu, sur la pratiquedu « slam » chez <strong>les</strong> gays 2 . Ce faisant, ils ont brisé un tabou.D’une manière générale, il existe très peu d’étu<strong>de</strong>s sur <strong>les</strong>consommations <strong>de</strong> drogues chez <strong>les</strong> gays. La raison en estsimple : « pédé » et « drogué », ça fait beaucoup. Et l’inquiétu<strong>de</strong>concernant cette double stigmatisation expliquelargement pourquoi cette question est restée si longtempsdiscrète sinon secrète. D’autant que certaines pratiques hardou SM se terminent parfois très mal et ne peuvent d’ailleurss’expliquer que si l’on est sous l’influence <strong>de</strong> stimulants etd’anesthésiants puissants.Mais il arrive un moment où il faut tirer la sonnetted’alarme. On connaissait <strong>les</strong> risques sexuels pris par <strong>de</strong>sconsommateurs recherchant, je cite Serge Hefez, « performanceavec la cocaïne, désinhibition avec l’alcool, sensualitéavec l’ecstasy, orgasme avec <strong>les</strong> poppers ou le GHB, érection,dilatation anale… » 3 . L’apparition du slam, c’est-à-dire <strong>de</strong>l’injection, dans ce milieu accentue <strong>les</strong> inquiétu<strong>de</strong>s en termes<strong>de</strong> santé publique.On notera que, tout comme le crack <strong>de</strong>venu « base » ou« free base » dans le milieu <strong>de</strong>s teufeurs, le fix, shoot, teushoo,taquet, trou, etc. est <strong>de</strong>venu « slam ». Mais il s’agit bien <strong>de</strong> labonne vieille injection avec <strong>les</strong> risques connus <strong>de</strong> transmissiondu VIH, du VHC, du VHB et <strong>de</strong> complications infectieuses :abcès, endocardite, septicémie…Mais si l’on s’intéresse désormais à l’usage <strong>de</strong> drogues chez<strong>les</strong> gays, c’est aussi parce que le milieu festif homosexuel est« initiateur potentiel <strong>de</strong> tendances ». Prescripteur <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, ildonne le la. Un seul exemple : l’arrivée tant redoutée <strong>de</strong> l’Iceou Crystal <strong>de</strong>vrait passer par le milieu gay tant y est puissantel’idée selon laquelle l’activité sexuelle sous méthamphétamineest le « Gold Standard » en matière d’intensité <strong>de</strong> la jouissance.J’ai d’ailleurs eu comme patient un homme qui va à Londreslorsqu’il veut consommer <strong>de</strong> l’Ice. Il est venu me voir parceque, <strong>de</strong>puis quelques mois, il s’était mis à slamer <strong>de</strong> la coke etqu’il sentait qu’il perdait le contrôle <strong>de</strong> la situation. Commeil arrive fréquemment chez <strong>les</strong> gays, sa consommation <strong>de</strong> drogueset son activité sexuelle se superposent parfaitement : pas<strong>de</strong> drogues sans activité sexuelle, pas d’activité sexuelle sansdrogues. Il s’agit souvent d’une sexualité <strong>de</strong> groupe. Et puis,ce patient, je ne l’ai plus vu. J’espère que cela veut dire qu’il vabien, sans en être vraiment convaincu. .Bertrand Lebeau1. Drogues, chiffres clés, 4 e édition, OFDT, 2012. C’est la première foisque Drogues, chiffres clés consacre un paragraphe à cette question.2. « Alerte sur la pratique du slam chez <strong>les</strong> gays », Minorités, 31/03/12.3. Préface à Homosexualité masculine et usage <strong>de</strong> substances psychoactivesen contextes festifs gais, enquête ethnographique à Pariset Toulouse en 2007-2008, Sandrine Fournier et Serge Escots, OFDT,septembre 2010.Asud-Journal 50 juillet 2012 39


A-KroniksMarc Dufaud vous proposedésormais ses A-kroniksdans Asud-Journal.Le Marais en fête, un dimanche <strong>de</strong> maiensoleillé. Ça flanelle, se gondole, maisrien n’assèche la fange. On s’enfoncedans ce quartier comme dans un marécage.Sab<strong>les</strong> peu émouvants. J’en aijusqu’aux genoux, paludier absur<strong>de</strong> paumédans la mangrove parigote. Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ce que je fous là, au milieu <strong>de</strong>s bobos fringants,coup<strong>les</strong> pacsés, homos branchés, petitesfriquées qui s’allèchent vitrines et autresvélibérés accros au klaxon juchés comme <strong>de</strong>petits empereurs verts sur leurs <strong>de</strong>ux roues.Tout ce petit mon<strong>de</strong> patauge ici avec bonheur.à 16 heures tapantes, <strong>les</strong> a<strong>de</strong>ptes duroller convergent jusqu’à la rue du Renard.Ils viennent gentiment se placer sous l’égi<strong>de</strong><strong>de</strong> la police pour prendre le départ <strong>de</strong> leurbala<strong>de</strong> dominicale. Ça me viendrait pas àl’idée, comme disait Johnny... J’aurais troppeur que <strong>les</strong> flics me tombent <strong>de</strong>ssus. J’exagère? Parano mythomaniaque sur <strong>les</strong> bords ?Que nenni ! Je veux bien admettre une instinctiveréticence. Je peux même concé<strong>de</strong>ravoir conservé à leur endroit une certainedéméfiance, pas absolument injustifiée.Y a pas <strong>de</strong>ux mois, avenue d’Italie,métro Tolbiac, en milieu d’après-midi,25°C, le pas léger, cœur svelte, humeurprimesautière m’en allant récupérer monfils à l’école primaire – je vous situe dumieux possible. À peine si je remarque,remontant le trottoir, <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux fliquetteset leur collègue mâle en chemisette, sepavanant au centre. Qu’a-t-il bien pu leurpasser par l’esprit, j’en sais foutre rien,mais ils m’interpellent au moment où jeC’e s t l a j u n g l e là-d e h o r s<strong>les</strong> croise. L’autre faraud, un maghrébincourt sur pattes, la trentaine bombant letorse me fait <strong>de</strong> suite l’effet du coq cherchantà impressionner sa basse-cour. Fautdire que <strong>les</strong> escort girls ne sont pas en restecôté vacheries. Odieuses ! Bon, je passe,j’abrège <strong>les</strong> vexations ordinaires, sueset connues, le ton qui monte, la fouille aucorps... Et puis, bingo ! Dans mon sac, lapièce à conviction, une tablette <strong>de</strong> Subutex®.Il pavoise, le blaireau : « J’espère quetu as une ordonnance ! » (ah le soudaintutoiement) ! Abracadabra, Houdinic’est moi, je la fais apparaître (en vérité,j’avais vu mon toubib la veille).« Ça doit pas être facile la vie pour<strong>les</strong> gens comme vous », me fait le coqueletfeignant d’examiner mon ordo. Et<strong>de</strong> m’expliquer qu’il a grandi dans unecité, histoire <strong>de</strong> me prouver comme il estcrédible sur le sujet. Les <strong>de</strong>alers et toutle toutim, ça l’connaît à l’entendre. Aupoint d’avoir opté pour la garantie <strong>de</strong>l’emploi et la retraite anticipée !?« Et alors, je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, ce contrôle c’estquoi, un délit <strong>de</strong> faciès, visage pâle ? » Limite,mais c’était le but. Ils me fatiguentun peu ces nouveaux keufs recrutés enbanlieue jouant <strong>les</strong> affranchis au prétextequ’ils viennent <strong>de</strong>s cités, qu’ils ont frayéavec la racaille, convaincus qu’ils saventtout <strong>de</strong> la marge, <strong>de</strong>s interzones. Et j’enai autant au service <strong>de</strong> leurs collèguesblancs-becs courageux comme pas cinqqui se mettent à autant sur la peau (!)d’un jeune Black en vélo et le font chieravec leur contrôle pendant trois quartsd’heure ! Finalement, <strong>les</strong> poulettes meren<strong>de</strong>nt mon passeport. Juste avant <strong>de</strong>me foutre la paix, son gardien, rouleur <strong>de</strong>mécaniques, ne manque pas <strong>de</strong> me vanter<strong>les</strong> vertus du sport, sa silhouette étantcensée en attester. Et puis, histoire d’avoirle <strong>de</strong>rnier mot, il me souhaite, goguenar<strong>de</strong>t avec un soupçon <strong>de</strong> mépris, « Bonnejournée et bon Subutex® ! » Aussi risible etpuéril qu’haïssable, selon l’humeur.Une interpellation en appelant uneautre, une plus ancienne me revient àl’esprit – j’en ai pléthore. Il me souvient,il me rappelle, il y a un an et <strong>de</strong>mi, avec unami, sur le faubourg Saint-Antoine... Àl’époque, la chasse aux bobos toxicos étaitouverte du côté <strong>de</strong> Bastoche (la consignevenait dit-on d’en haut, trop <strong>de</strong> complaisance).Deux condés en civils nous alpaguentet droit au but cherchent la came.Le premier, rai<strong>de</strong> dans ses pompes, me lajoue à l’ancienne. J’aime autant, chacunà sa place. Son collègue en revanche procè<strong>de</strong>à la palpation en discutant le coupavec mon pote : « Alors, t’as décroché ?Tu prends plus <strong>de</strong> dope ? » Évi<strong>de</strong>mmentnon, super clean et même parfait rédimé.Bref, un junky comme il faut : marrant aupassage <strong>de</strong> constater l’espèce <strong>de</strong> vénération,notamment <strong>de</strong>s médias, à l’endroit<strong>de</strong>s EX, ex-camés, ex-alcoolos... Unebonne confession et c’est l’absolutioncathodique. Mais gare à la rechute parceque là, c’est sans pitié, black listé à mort !Fin <strong>de</strong> parenthèse...Mon pote, du coup, lui retourne laquestion au poulet et sa réponse me sidère: « Oh ! Un peu <strong>de</strong> coke <strong>de</strong> temps entemps mais mon kif c’est plutôt le chichon,ça me détend ! » Tout est dit ! La fouille40 Asud-Journal 50 juillet 2012


s’achève. Le plus beau à venir – à croire que la police aime avoirle <strong>de</strong>rnier mot à défaut du bon : l’amateur <strong>de</strong> chichon, représentant<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> force (à moins que ça ne soit le contraire) nousgratifie d’un « Bon ça va <strong>les</strong> mecs, <strong>de</strong> toutes façons <strong>les</strong> gens commevous (décidément c’est une manie !) si c’est pas aujourd’hui, ce serala prochaine fois. Vous vous ferez choper et là, c’est six mois <strong>de</strong> trouminimum ! » Tout à trac, comme je vous l’écris, vrai <strong>de</strong> vrai et sansfiltre, je fais pas du roman là, je retranscris, mot pour mot, quasi !… Retour au dimanche <strong>de</strong> mai, je perds pas le fil : je vous ailaissés en plan, pataugeant en plein Marais. C’était pour vousemmener rue <strong>de</strong>s Blancs-Manteaux. Il s’y tenait le salon du livrelibertaire et anarchiste, un fourre-tout d’éditeurs contestataires,engagés, souvent confi<strong>de</strong>ntiels, où se glissent entre autres <strong>les</strong>éditeurs d’ouvrages avec drogue, trouble-fêtes et compagnie àl’endurance éprouvée.Le samedi, en marge du salon, le grand rassemblement pourla légalisation du cannabis à Bastille a réuni pas mal <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>.Et tout ça, une semaine après la grand messe du 6 mai ! Il y adans cet enchaînement une certaine cohérence. Ah, le 6 mai2012 à la Bastille ! Ça fleurait bon <strong>les</strong> grands rassemblementsannées 80. Comme tout le mon<strong>de</strong> (?), j’en avais une indigestion<strong>de</strong>s sarcophi<strong>les</strong> – littéralement <strong>les</strong> « amateurs <strong>de</strong> chair » – pastrop fraîche, mais bien vache, et bien maigre. On en a bouffé unlustre, ras la gueule !Le 6 mai, ce fut donc le grand soir. Mazette quelle fête !J’ai suivi un peu à la télé, le concert et la pavoise du peuple <strong>de</strong>gauche : un défilé <strong>de</strong> politiciens venant se faire reluire entre <strong>les</strong>sets <strong>de</strong>s Noah, Bénabar, Cali... Tous engagés, sympas, et lisses.Fédérateurs, quoi ! Mais très honnêtement, ça avait à peine plus<strong>de</strong> gueule que <strong>les</strong> Fau<strong>de</strong>l, Mireille Mathieu, Enrico Macias d’il ya cinq ans. Procrastinateur forcené, j’y étais pas. Pour tout vousdire, <strong>de</strong>ux heures après l’annonce du résultat <strong>de</strong>s élections, unincendie ravageait la pizzeria en bas <strong>de</strong> chez moi. Pas moins <strong>de</strong> 7camions <strong>de</strong> pompiers, <strong>de</strong>s fumées toxiques dans l’appartement,pour un peu on évacuait... Au feu <strong>les</strong> pompiers, la maison quibrûle ! Mauvais présage ? Pas <strong>de</strong> fumée sans feu ?… Retour au salon du livre, c’est quand même là où je voulaisen venir. Plus exactement aux Chroniques carcéra<strong>les</strong> <strong>de</strong> Jean-Marc Rouillan. Je découvre l’opuscule sur le stand d’Agone son(très bon) éditeur marseillais. Je prends en pleine poire ce que jelis. Un uppercut aux tripes... Une telle colère, froi<strong>de</strong>, bouillante,folle... Du mal à la contenir, ça partirait dans tous <strong>les</strong> sens... J’aipas la place ici, lisez le livre, c’est encore ce qu’il y a <strong>de</strong> mieux !Parce qu’on a beau être informé, s’imaginer savoir, c’est bienpire qu’on le pense !Ce n’est un mystère pour personne, avec ceux qui osent lecontester et le défier, l’État ne fait pas d’autres quartiers que ceux<strong>de</strong> haute sécurité, mais au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la condition même <strong>de</strong> Jean-MarcRouillan, l’univers carcéral qu’il décrit fait froid dans le dos ! Biensûr, le système est largement en cause, mais le comportement <strong>de</strong>shommes qui le servent, ces matons encagoulés ou non, <strong>les</strong> exactionset abus auxquels ils se livrent, glacent le sang. Et on voudraitque ce soit Rouillan qui fasse acte <strong>de</strong> contrition ? Qu’il vienne direcomme il regrette... Ah cette manie ! Contrairement pourtant à cequ’il écrit, cette religion du remords/regret me semble sur le fondbien moins un héritage <strong>de</strong> notre socle judéo-chrétien (ou alors danssa version absolument bigote) qu’un principe et même un fon<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> nos démocraties républicaines et laïques. Exactementcomme pour <strong>les</strong> ex-toxicos. Nos sociétés raffolent <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong>confessions publiques en forme <strong>de</strong> réconciliation. Il faut exhiber lerepentant en place publique, l’inviter à quéman<strong>de</strong>r un pardon quece bon peuple, plus passionné <strong>de</strong> démocratie qu’épris <strong>de</strong> liberté,lui accor<strong>de</strong>, tout ému... À la condition qu’il soit convaincant. Biensûr ! C’est ça La Société du spectacle !Ma seule – maigre – consolante, parfaitement fortuite : laremise en liberté conditionnelle <strong>de</strong> Rouillan. Pas <strong>de</strong> fumée sansfeu, la maison qui brûle... .Marc DufaudAsud-Journal 50 juillet 2012 41


courrier <strong>de</strong>s lecteursMer<strong>de</strong>, j’étais pas préparée à ça ! Enfin,heureusement qu’un vieux tox endurcipar une centaine <strong>de</strong> sevrages m’avaitprévenu qu’avec la métha, ça pouvaitdurer longtemps, sinon ça aurait étéencore pire à vivre.Lors <strong>de</strong> ma <strong>de</strong>rnière décroche (il y aheu... une quinzaine d’années), le côtéphysique avait duré genre dix jours maxi !Et après, le plus dur avait été le côté« psy »… À l’époque, j’avais tenu <strong>de</strong>uxmois. J’avais replongé après avoir apprisque j’avais une hépatite C. D’autant quel’enfoiré d’hépato qui m’avait annoncé lanouvelle m’avait en gros laissé entendreque je n’avais qu’à attendre gentiment lacirrhose, que j’avais le mauvais génotype(Eh oui, c’est con hein, malgré le fait queje sois une tox, j’ai le génotype 1, habituellementcelui <strong>de</strong>s transfusés, qui réagit lemoins bien à l’interféron, y’avait pas encorela ribavirine à l’époque).Il (le D r Foutrac, j’oublierai jamaisson nom, moyen mnémotechnique :« FoutrAC » comme « j’en ai rien àfoutre <strong>de</strong>s tox ») m’avait fait faire uneponction du foie sous anesthésie locale :« Heu docteur, je crois pas que la piqûreanesthésiante aie fait effet, je sens encorel’aiguille contre ma peau, c’est normal ?Non, tirez pas, attend... » SCHPEUH,gros coup <strong>de</strong> pistolet injecteur, genrepistolet à bestiau, ARGH, douleur fulguranteet persistante, du coup... bah on m’adonné du Temgésic® injectable. « Miam,je peux en ravoir ? » Appétence encoreplus ravivée, à peine sortie <strong>de</strong> l’hosto, jepartais direction Rotterdam... Bref <strong>de</strong>puisça, je n’avais plus jamais essayé <strong>de</strong> tout arrêter.Quinze ans plus tard... me revoilà àretenter une décroche...Pour avoir droit au traitement interféron/ribavirine,quatre ans après mamalheureuse première expérience, j’avaisété obligée <strong>de</strong> commencer la méthadone :échec. Pourtant, j’ai vraiment essayé,j’ai vraiment joué le jeu... (je précise, vuqu’avec <strong>les</strong> toubibs, j’ai toujours cetteimpression que si <strong>les</strong> traitements ne marchentpas, c’est parce que j’y mets <strong>de</strong> lamauvaise volonté).Y’a <strong>de</strong>s tox qui tentent une décrochetrès régulièrement, moi non. Pendant <strong>de</strong>sannées, ma dépendance était un fait acquis,sans aucune velléité d’arrêt. Le fait <strong>de</strong>vouloir arrêter était donc en lui-même un« évènement », ce n’était pas une décisionprise à la légère. En gros, dans ma tête, sij’arrêtais, ce n’était pas pour retomber. Sije réussissais à arrêter, c’était sûr, je n’allaispas retomber, sinon ce n’était même pas lapeine d’essayer. Pauvre naïveté...J’arrivais à résister aux tentations enbas <strong>de</strong> chez moi... Ça <strong>de</strong>alait en bas <strong>de</strong>mon immeuble et même sur mon palier,y’a eu <strong>de</strong>s nuits en manque super diffici<strong>les</strong>,à penser aux boulettes <strong>de</strong> came qui setrouvaient peut-être à trois mètres <strong>de</strong> moi,à vol <strong>de</strong> tox...Je ne pensais pas que le danger viendrait<strong>de</strong> celui qui, justement, aurait dû êtrele premier à me soutenir : X, mon boyfriend(mais si, dans le merveilleux mon<strong>de</strong><strong>de</strong> Candy, ça se passe comme ça...). Onavait encore chacun notre appart et ondécrochait chacun <strong>de</strong> notre côté. Saufque lui a eu plus <strong>de</strong> mal que moi : quandj’étais à 0, lui était encore à 10 mg <strong>de</strong> métha+ 100 à 150 mg <strong>de</strong> Skénan® en rail(ahem...).Un jour, alors que j’étais particulièrementmal au bout <strong>de</strong> ces trois semainessans rien, il débarque chez moi en me disant: « Si je te proposais une boulette, tudirais oui ?–!!!(genre... je vais dire « NON ») .J’aiévi<strong>de</strong>mment dis « OUI... je dirais oui. »« Ben en fait, j’ai retrouvé une bouletteau fond d’un tiroir »...Il y a eu une pério<strong>de</strong> où j’ai essayé <strong>de</strong>limiter <strong>les</strong> dégâts, où j’ai repris du tramadol,re-décroché presque totalement.Mais à chaque fois, y’a eu le retour <strong>de</strong> laboulette maudite... J’avais mis 3 000 € <strong>de</strong>côté pour refaire la SdB <strong>de</strong> ma nouvellemaison. Grillés, partis en fumée...Donc voilà, on est six mois plus tard,je viens <strong>de</strong> prendre un arrêt <strong>de</strong> cinq semainespour re-décrocher. Pour que dalle,j’y arrive plus, je sais ce qui m’attendce coup-ci en plus.Je vais reprendre le taf, va falloir « tenir» tant bien que mal jusqu‘à mes troissemaines <strong>de</strong> congés où je vais retenter,mais en ayant envoyé mon haltère-égoïsteloin très loin.Seule, j’aurai bien plus <strong>de</strong> chancesd’y arriver… Je n’ai pas su me « protéger», j’ai failli déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> rompre mais…Maintenant, je n’ai plus qu’à assumer...Len<strong>de</strong>mains qui déchantent… Soupir...Décrocher en couple ? Y’a <strong>de</strong> quoi écrireun article, c’est sûr..SélèneDr o g u e s, m e n s o n g e s et d é s i nt o42 Asud-Journal 50 juillet 2012


Lés i o n s d a n g e r e u s e sJe suis vénère. J’étais dans un centre Csst (maintenantCsapa) et la psychiatre qui me suivait ne voulait pas quej’arrête la méthadone. J’étais a 120 mg, elle m’a dit :« Vous prendrez votre traitement à vie ! » J’étais hors<strong>de</strong> moi qu’elle ne veuille pas m’ai<strong>de</strong>r et qu’elle me dise :« Vos endorphines naturel<strong>les</strong> ne reviendront jamais » !!!J’ai donc été voir un mé<strong>de</strong>cin qui ne savait pas qu’il n’avaitpas le droit <strong>de</strong> me prescrire la métha et qui m’a baissé <strong>de</strong> 5 en 5 mgà ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Mais il ne m’a rien prescrit pour m’ai<strong>de</strong>r, pas même<strong>de</strong>s benzos, donc la seule solution que j’ai trouvée, c’est <strong>de</strong> picolerpour atténuer la douleur. J’ai arrêté en huit mois mais c’était trèsdur ! La métha est une vraie saloperie, surtout la fin. Par <strong>de</strong>ux fois,j’ai été si mal que j’en ai repris (5 mg), ce qui m’a rendu mala<strong>de</strong>.J’avais un stock <strong>de</strong> 500 mg dont je me suis débarrassé avec difficulté.Je voulais en gar<strong>de</strong>r pour me suici<strong>de</strong>r, au cas où... La psychiatrequi m’a dit que jamais je n’arrêterais la métha m’a égalementdiagnostiqué bipolaire. Je ne comprends pas ces mé<strong>de</strong>cins qui vousprescrivent <strong>de</strong>s médicaments en vous trouvant une maladie et finalement,qui n’y comprennent rien. Je suis quelqu’un <strong>de</strong> mélancoliquec’est vrai, <strong>de</strong> par ma vie, mes antécé<strong>de</strong>nts familiaux, mais jen’ai pas <strong>de</strong> phase maniaque, c’est héréditaire et je fais avec (...).J’ai beaucoup souffert et je souffre encore, pourtant, ça faithuit mois que j’ai complètement arrêté (…). Je fais <strong>de</strong> l’escala<strong>de</strong>et <strong>de</strong> l’alpinisme, plus <strong>de</strong> la batterie <strong>de</strong>puis l’âge <strong>de</strong> 12 ans et j’enai 46 aujourd’hui. Les endorphines naturel<strong>les</strong> finalement, el<strong>les</strong> reviennent.C’est pour ça que je parle d’escala<strong>de</strong>, le sport et le sexesont <strong>les</strong> meilleurs médicaments et je vous <strong>les</strong> conseille vivement.C’est le sport, ma passion pour l’escala<strong>de</strong>, qui m’a décidé àvouloir arrêter <strong>les</strong> opiacés et j’y suis arrivé. Je vais <strong>de</strong> mieux enmieux chaque jour, je fais <strong>de</strong>s progrès en escala<strong>de</strong> et j’ai totalementarrêté <strong>de</strong> boire, <strong>de</strong> fumer (cannabis et cigarettes), je m’enrends compte surtout en montagne. Les émotions reviennentdoucement à la « normale », j’avais une insensibilité à la douleuret maintenant, je ressens à nouveau <strong>les</strong> douleurs physiques. La joierevient également doucement, il m’arrive d’avoir <strong>de</strong>s fous rires, cequi ne m’arrivait plus. Même si la sensation est longue à revenir,c’est à nouveau présent.Trente ans d’opiacés et toujours vivant. J’ai pas le VIH maisj’ai une hépatite C que j’ai soignée à l’interféron pendant un anet <strong>de</strong>mi, je ne bois plus, ne fume plus et ne prends pas d’autresproduits à part <strong>de</strong>ux benzos que je n’ai pas l’intention d’arrêter.Maintenant, je suis avec une femme qui ne prend rien mais quicomprend par où je suis passé. (…)Je souhaite bon courage à tous ceux qui veulent arrêter et encouragemême <strong>les</strong> autres à stopper tout ça. Mais il faut savoir àquoi vous allez être confronté, l’incompréhension, le rejet, sansparler <strong>de</strong> la douleur. Mais c’est possible, plus ou moins longuement,mais c’est possible. Le positif aujourd’hui, c’est : plus besoind’aller toutes <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux semaines prendre ma métha, je mesens bien, même mieux, libre <strong>de</strong> toute contrainte, je peux aller oùje veux quand je le veux sans être mala<strong>de</strong>, ma libido est revenue.N’hésitez pas à me contacter si vous avez <strong>de</strong>s questions outout simplement envie <strong>de</strong> partager ce que vous vivez..Gil<strong>les</strong>Cho<strong>de</strong>rlos <strong>de</strong> Laclos (gcho<strong>de</strong>rlos_<strong>de</strong>_laclos@bbox.fr)Me r c i p o u r v o t r e s o u t i e nSalut à toute la rédaction d’Asud,Merci pour votre journal qui paraît régulièrement.J’aime bien vos artic<strong>les</strong> <strong>de</strong> fond et vos illustrations sontsympas avec Bloodi et <strong>les</strong> <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> Pierre Ouin.J’ai 38 ans et baigne dans différentes drogues <strong>de</strong>puisplus <strong>de</strong> vingt ans. Actuellement, j’ai réussi à me stabiliseravec <strong>de</strong> la méthadone, enfin à peu près car je shoote du Skénan®suite à une hernie discale qui s’est terminée en sciatique. Alorsj’hésite à faire un sevrage <strong>de</strong> Skénan®. J’espère un jour me débarrasserdu geste <strong>de</strong> l’injection, juste m’entretenir à la méthaet un peu <strong>de</strong> fumette.Continuez à promouvoir la RdR, l’accès aux soins et ledialogue entre usagers et professionnels, et la légalisation ducannabis. J’attends votre prochain numéro avec impatienceet encore merci pour le soutien que vous apportez aux usagers(injecteurs surtout)..LuigiPatients s u b s t it u é s au Su b o x o n e ® :d o n n e z-n o u s v o t r e a v i sAmis lecteurs,Depuis le 17 janvier 2012, le Suboxone®, un nouveaumédicament <strong>de</strong> substitution aux opiacés est missur le marché. Si vous êtes déjà traité, si votre mé<strong>de</strong>cinvous a suggéré <strong>de</strong> passer du Subutex® au Suboxone®, ou sivous avez tout simplement <strong>de</strong>s questions sur son indication,contactez-nous.Par tél. : 01 71 93 16 48Par mail : contact@asud.orgAsud-Journal 50 juillet 2012 43


notre culture (séries)Encore qualifiée aujourd’hui<strong>de</strong> meilleure série au mon<strong>de</strong>par un buzz qui n’en finitplus,The Wire autopsie laville américaine <strong>de</strong> Baltimorepour dépeindre la réalité<strong>de</strong> la « guerre à la drogue »,autrement dit, son échec.Rayonnant bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>sécrans, chercheurs et éluss’en emparent pour repenser,voire bousculer, la politique<strong>de</strong>s drogues.The Wi r e (Su r éc o u t e )C’est l’histoire d’une gran<strong>de</strong> villeordinaire insidieusement façonnéepar le trafic <strong>de</strong> drogues. Lesauteurs sont un ancien journalisteet un ancien policier, ayant tous<strong>de</strong>ux fait leur carrière à Baltimore. Chaquesaison agit comme un microscopedétaillant certains aspects : l’organisationdu <strong>de</strong>al <strong>de</strong> rue et l’investigation policière(saison 1), <strong>les</strong> filières d’importationet la classe ouvrière en crise (saison 2),la guerre <strong>de</strong>s gangs et l’innovation sociale(saison 3), le système scolaire et la politiquelocale (saison 4), le rôle <strong>de</strong>s médiaset la bureaucratie policière (saison 5).Attention, il faut toutefois être honnête :The Wire, c’est plutôt un bon buvard quimettrait longtemps à monter qu’un flash<strong>de</strong> coke rapi<strong>de</strong> à obtenir. Nombreux sontceux – et on <strong>les</strong> comprend – qui ont décrochéà la saison 2, pensant s’être faitcarotter. En réunissant avec cohérenceet virtuosité <strong>les</strong> précé<strong>de</strong>ntes, la <strong>de</strong>rnièresaison donne pourtant une vision d’ensembleréaliste. On croirait <strong>les</strong> 60 épiso<strong>de</strong>sécrits d’une traite (ce qui n’est pas lecas !). La série fonctionne au final commeune démonstration : l’ascenseur social enpanne, une économie illégale à l’influencegrandissante, <strong>de</strong>s services publics laissésà l’abandon, un establishment nombrilisteet avi<strong>de</strong>, une population clivéeretranchée dans« Ce n’est pas une ses valeurs mora<strong>les</strong>communautai-guerre ! Une guerre, çaa une fin. » (<strong>les</strong> flics)res sans vision niidéaux collectifs, <strong>de</strong>s réformateurssociaux impuissants. Bref, une civilisationperdue si elle ne change pas son logicielen profon<strong>de</strong>ur. CQFD. Et rien <strong>de</strong> mieuxpour l’illustrer que l’aberration que représententnos choix <strong>de</strong> société en matière <strong>de</strong>politique <strong>de</strong> drogues.Un usagernommé victimePour Asud, dont le rôle est <strong>de</strong> porter etdéfendre la parole <strong>de</strong>s usagers <strong>de</strong> drogues,ce qui est frappant dans The Wire,c’est que la critique <strong>de</strong> la prohibition<strong>de</strong>s drogues ne se fait à aucun momentà travers le regard <strong>de</strong>s usagers. Les grandsabsents <strong>de</strong> la série. Pire, Bubb<strong>les</strong>, le personnagecensé <strong>les</strong> représenter, correspondaux pires clichés du toxicomane :héroïnomane injecteur, SDF pouilleux,menteur et voleur, toujours prêt à jouer<strong>les</strong> balances pour un billet <strong>de</strong> 10 $. Victimepermanente <strong>de</strong>s <strong>de</strong>alers qui le méprisent,<strong>de</strong>s flics qui l’utilisent et <strong>de</strong>s nonusagersqui le fuient, ses compagnons<strong>de</strong> galère finissent tous par mourir (OD,bal<strong>les</strong> perdues, sida...). Son seul salut estd’arriver à décrocher, peut-être l’uniquereproche qu’il convient <strong>de</strong> faire à la série.Les auteurs ont excellé à monter la complexité<strong>de</strong> la nature humaine <strong>de</strong>s personnages,tiraillés entre ambition, honneur,cupidité et intégrité. Ils ont dressé avecbrio une ethnographie du trafic et du circuit<strong>de</strong> l’argent. Mais l’usage <strong>de</strong> droguesn’est vu que comme un vice ou une maladiesubie par l’individu. Ils sont passés à«- Les clients se plaignent <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong> la came. Quand est-ce quela fraîche va arriver ?– Y’a pas <strong>de</strong> fraîche, mec. Ce sera lamême qu’on vendra dans <strong>de</strong>s capsu<strong>les</strong>différentes. C’est tout. On la couperaavec un anesthésiant et <strong>de</strong> la caféine.Et tu sais pourquoi ? Avec <strong>les</strong> junkies,si t’as <strong>de</strong> la pure, t’en vends. Si tu lacoupes, t’en vends <strong>de</strong>ux fois plus. »(<strong>les</strong> <strong>de</strong>alers)côté <strong>de</strong> l’élément essentiel qui expliquel’ampleur prise par ce business : la nature<strong>de</strong> la drogue elle-même, le plaisir qu’elleprocure, <strong>les</strong> dangers auxquels elle expose,<strong>les</strong> moments qu’elle permet <strong>de</strong> vivre, laplace qu’elle occupe chez <strong>les</strong> consommateurs,leurs rituels et leurs motivations,l’intarissable appétit humain pour cegenre <strong>de</strong> substances... Comme si, noyéedans la lutte <strong>de</strong>s classes, la Drug Culturen’existait pas.HamsterdamLe père <strong>de</strong> la série, David Simon, ditécrire <strong>de</strong>s fictions à défaut <strong>de</strong> pouvoirchanger le mon<strong>de</strong>. Pragmatique, il met enscène <strong>de</strong>ux tentatives <strong>de</strong> transformationsociale se heurtant au mur <strong>de</strong> l’idéologieréactionnaire. Un chercheur expérimentedans un collège un programme éducatifconsistant à extraire <strong>les</strong> élèves perturbateurspour <strong>les</strong> regrouper dans une classeréduite avec programme scolaire adapté.Les résultats sont là : le niveau scolaire44 Asud-Journal 50 juillet 2012


général augmente tandis que <strong>les</strong> cancres se font intelligemmentciviliser. Pourtant, l’expérience est arrêtée brutalement au nom <strong>de</strong>l’égalité <strong>de</strong> traitement, du collège unique et <strong>de</strong> son coût.Dans un autre registre, le point d’orgue <strong>de</strong> la série pour toutfidèle lecteur d’Asud-Journal se déroule à la troisième saison. Pourun colonel proche <strong>de</strong> la retraite, la mort d’un policier est l’étronqui fait débor<strong>de</strong>r la cuvette. Cette guerre à la drogue n’a pas <strong>de</strong>sens. Il déci<strong>de</strong>, sans l’accord du préfet, d’autoriser le <strong>de</strong>al dansquatre zones désaffectées <strong>de</strong> la ville, baptisées Hamsterdam 1 . Pourcela, une seule règle : pas <strong>de</strong> violence ni d’arme à feu dans ces zones.Les résultats escomptés sont au ren<strong>de</strong>z-vous sur la délinquance: plus <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> gangs mais d’autres problèmes apparaissent.Essentiels au trafic comme guetteurs, rabatteurs ou coursiers, <strong>les</strong>mineurs déscolarisés se retrouvent au chômage technique et commencentà faire <strong>de</strong>s conneries.Les flics jouent aux assistantes socia<strong>les</strong> et rackettent <strong>les</strong> <strong>de</strong>alerspour installer <strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> sportet instaurer un revenu universel« Tu suis la filière <strong>de</strong> ladrogue : tu trouves forcément<strong>de</strong>s toxicos et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>alers.Tu suis la filière du fric : tune sais jamais sur quoi tuvas tomber.»(un enquêteur)pour <strong>les</strong> désœuvrés du trafic. Et sila violence a dégringolé ailleurs,elle explose dans la zone <strong>de</strong> nondroit. Les <strong>de</strong>alers se volent entreeux et certains en viennent à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rune protection policière<strong>de</strong> droit commun. Les consommateursjunkies s’installent dans<strong>les</strong> maisons abandonnées et insalubres<strong>de</strong> la zone. Associée auxrisques <strong>de</strong> contamination liés à certaines pratiques <strong>de</strong> conso(injection, pipe à crack), cette vie sans eau courante ni électricitéaugmente <strong>les</strong> risques sanitaires. Les flics doivent alors faireappel aux associations <strong>de</strong> RdR pour fournir du matériel stérileet organiser la récupération <strong>de</strong>s seringues, favoriser le dépistageet l’accès au soin. Cette saison montre bien que la logique <strong>de</strong> latolérance ne peut, <strong>de</strong> fix en aiguille, que mener à une forme <strong>de</strong>légalisation contrôlée.Vous savez ce qu’il vous reste à faire pour savoir commenttout ça se termine... .Fabrice PerezSérie <strong>de</strong> David Simon et Ed Burns, 5 saisons (60 épiso<strong>de</strong>s), 2002-2008.Disponible en DVD.1. Basé sur un fait réel , voir p.6Re a l it y Sh o w« C’est un véritable instrument d’explication du réel, quioffre <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réflexion sur <strong>de</strong>s questions taboues enFrance », déclarait à l’AFP Stéphane Gatignon, le maireécolo <strong>de</strong> Sevran (Seine-Saint-Denis), en se référant à TheWire pour défendre son projet <strong>de</strong> dépénaliser le cannabisau côté du socialiste Daniel Vaillant. La prestigieuse universitéaméricaine Harvard a, pour sa part, illustré grâceà la série son cours sur <strong>les</strong> inégalités socia<strong>les</strong> et urbainesaux États-Unis pendant tout un semestre en 2010. Début2012, c’est un livre écrit à 14 mains, The Wire, Reconstitutioncollective, qui son<strong>de</strong> notre société et ses maux enanalysant la série. Objet d’étu<strong>de</strong> fascinant comme peutl’être le réel, le séminaire <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Nanterre-Paris-Est consacré à The Wire <strong>de</strong> janvier à juin a mobiliséune dizaine d’intervenants, chercheurs, étudiants etmême un ancien caïd du trafic.Asud-Journal 50 juillet 2012 45


notre cultureAux origines <strong>de</strong> The Wire,on trouve David Simon etEd Burns, un flic et un journalisteunis par un projetqui remonte à 1993 : l’étu<strong>de</strong>ethnographique d’un hautlieu <strong>de</strong> drogue à Baltimore.D’abord rédigée sous la formed’un livre (The Corner : A Yearin the Life of an Inner-CityNeighbourhood), cette étu<strong>de</strong>a ensuite été adaptée pour lepetit écran sous forme d’uneminisérie : The Corner.BThaltimore, à l’angle <strong>de</strong> la rue LaFayette et <strong>de</strong> la rue Monroe. Uncoin <strong>de</strong> rue où le trafic se fait àciel ouvert, 24/24. Un Cornercomme il en existe <strong>de</strong>s milliersaux USA : l’endroit où l’on retrouve sescompagnons <strong>de</strong> galère et où l’on discutedu <strong>de</strong>rnier arrivage d’héroïne. L’endroitoù l’on vient <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qui a été tué laveille, par qui et pourquoi. Un lieu <strong>de</strong> vie,un lieu <strong>de</strong> mort.« Cette série raconte l’histoire vraie <strong>de</strong>ceux qui vivent à ce coin <strong>de</strong> rue, pris dansle tourbillon <strong>de</strong>s drogues. » Voilà commentC. Dutton, le réalisateur, introduitcette minisérie qui propose <strong>de</strong> suivre ensix épiso<strong>de</strong>s le quotidien d’une familledésunie, avec en toile <strong>de</strong> fond la vie d’un« ghetto » noir américain rongé par lamisère et <strong>les</strong> drogues. Fran, la mère tente<strong>de</strong> se désintoxiquer, <strong>de</strong> retrouver un emploiet <strong>de</strong> reprendre en mains l’éducation<strong>de</strong> ses enfants. Gary, le père qui gagnaitsi bien sa vie quelques années auparavant,va <strong>de</strong> plans foireux en procès absur<strong>de</strong>set n’essaye même plus d’arrêter la came.Pendant ce temps, leur fils aîné, De-André,dérive entre sa volonté <strong>de</strong> mener unevie normale et son système <strong>de</strong> valeurs quile pousse vers le <strong>de</strong>al au coin <strong>de</strong> la rue.Drogue, grossesses précoces, overdoseset guerre <strong>de</strong>s gangs : le sujet est difficilemais la série arrive à abor<strong>de</strong>r toutes cesquestions sans tomber dans <strong>les</strong> clichés.Grâce au jeu <strong>de</strong>s acteurs, excellents, maissurtout grâce à une mise en scène d’unesobriété rare. Ici, pas <strong>de</strong> musique tristelorsqu’un personnage décè<strong>de</strong>, pas <strong>de</strong> surenchèredans la violence ni d’emphasesur la misère dans laquelle évoluent <strong>les</strong>personnages. Tout est fait pour que <strong>les</strong>pectateur se ren<strong>de</strong> compte <strong>de</strong> la normalité<strong>de</strong> ce qu’il découvre. Cette violence,cette misère, cette malchance, tout celaest ordinaire, banal, semblent nous crier<strong>les</strong> auteurs. Banal mais réel : C. Duttonfait mine <strong>de</strong> sillonner le quartier, caméra àl’épaule, interrogeant travailleurs sociaux,<strong>de</strong>alers et consommateurs. L’idée n’estpas <strong>de</strong> faire vraiment croire à un documentaire,mais plutôt <strong>de</strong> rappeler à chaqueinstant que cette série n’est pas unefiction mais une reconstitution.Le résultat est décapant, beaucoupplus secouant que n’importe quelle autresérie. Les mécanismes <strong>de</strong> reproductionsociale sont flagrants et le déterminismequi pèse sur <strong>les</strong> habitants <strong>de</strong> ce quartierest évi<strong>de</strong>nt. Malgré un certain humour,le ton est pessimiste. Comme La Haine,The Corner est l’histoire d’une chute etl’on redoute l’atterrissage. Pourtant l’espoirperce sans cesse, jaillissant <strong>de</strong>s personnagesqui se démènent pour essayer <strong>de</strong>braver leur <strong>de</strong>stin et qui rayonnent d’humanité.Car dans The Corner comme dansla vraie vie il n’y a pas <strong>de</strong> « méchants ».Les junkies escrocs, <strong>les</strong> flics violents, <strong>les</strong><strong>de</strong>alers méprisants, <strong>les</strong> copines arnaqueuses,tous sont au fond <strong>de</strong> braves gens quijouent malgré eux le rôle que la vie leur aassigné. .Vincent BensoThe Corner : A Year in the Life ofan Inner-City Neighbourhoo<strong>de</strong> Co r n e rRécemment traduit en français, le livre originel<strong>de</strong> Burns et Simon oscille entre stylejournalistique et romancé. Comme sonnom l’indique, il rend compte d’une étu<strong>de</strong>ethnographique d’un quartier <strong>de</strong> Baltimore.Les auteurs semblent avoir privilégiéune métho<strong>de</strong> d’immersion totale, maisl’aspect méthodologique <strong>de</strong> leur étu<strong>de</strong>est malheureusement développé dans unsecond volume (été-automne) apparemmentintrouvable. Si le livre est agréableà lire, que <strong>les</strong> allergiques à la lecture se rassurent: l’adaptation télé est extrêmementfidèle au texte.46 Asud-Journal 50 juillet 2012


L’ h a l l u -ci n éUne revue <strong>de</strong> contenus multimédiasque l’amateur <strong>de</strong> substancespsychotropes regar<strong>de</strong> forcémentd’un autre œil.Sur le service public, Plus belle la vie nous donne unenouvelle fois notre dose. Mi-février une histoire <strong>de</strong>nouvelle drogue en vogue dans <strong>les</strong> quartiers riches<strong>de</strong> Marseille est le prétexte d’un prime time <strong>de</strong> la sérieayant pour cadre une banlieue pauvre <strong>de</strong> Paris où se passele trafic. Comme dans <strong>les</strong> buddy movies américains, un duo improbablemène l’enquête : un procureur requin et une cailleraau cœur tendre.Lors d’une infiltration, le premier se retrouve à <strong>de</strong>voirfumer son premier joint sous l’œil amusé du second. L’expériencene sera pas pour lui déplaire. Quelques semaines plustard, une autre intrigue met en scène un jeune couple dégustantpour le fun <strong>de</strong>s champignons hallucinogènes mexicains.Ils avoueront peu après cette consommation à la police. Lepère <strong>de</strong> la fille craint une inculpation pour usage <strong>de</strong> stup, maisle commandant <strong>de</strong> police le rassure car cette consommationn’est pas grave !Bon nombre <strong>de</strong> séries américaines ont terminé leur saison.Parmi el<strong>les</strong>, The Mentalist et D r House ont un point commun.Leur héros respectif sombre dans la déchéance et donc dans laDrogue. Si la référence à ce vice est discrète dans The Mentalist,elle est bien plus développée dans l’épiso<strong>de</strong> d’House qui marquela fin définitive <strong>de</strong> la série. Ayant accès à toute une intéressantepharmacopée industrielle dans son hôpital, notre bon docteuraccro à la Vicodin déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> se suici<strong>de</strong>r d’un bon gros shootd’héroïne <strong>de</strong> rue...Remise <strong>de</strong>s Césars 2012, Canal +On pouvait aussi aller s’encanailler dans <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> obscures.Le thriller belge et hormonal Bullhead nous offre <strong>de</strong> bel<strong>les</strong> scènesd’injections intramusculaires dans <strong>les</strong> différentes parties (fesses,torse, épau<strong>les</strong>) du corps bodybuildé du héros. Ce <strong>de</strong>rnier pren<strong>de</strong>n outre réellement « une dose <strong>de</strong> cheval » dans la scène finale.Nos lecteurs qui pensent que nos amis <strong>les</strong> bêtes ont el<strong>les</strong> aussidroit aux piqûres apprécieront la scène d’injection bovine. Toujoursplus au Nord, Oslo, 31 août relate brillamment <strong>les</strong> 24 heures<strong>de</strong> permission d’un pensionnaire d’une communauté thérapeutiqueabstinent <strong>de</strong>puis un an. Après une cuite <strong>de</strong> retrouvail<strong>les</strong>, ilretourne vers la pilule <strong>de</strong> l’amour lors d’une rave un<strong>de</strong>rgroundavant <strong>de</strong> marquer à jamais ce bel instant d’extase par une injectionsuicidaire <strong>de</strong> rabla. Émouvant.Terminons par une anecdote télévisuelle. Le drolatique etbien nommé Antoine <strong>de</strong> Caunes était une fois <strong>de</strong> plus le maître<strong>de</strong> cérémonie <strong>de</strong> la remise <strong>de</strong>s Césars. Après le résultat du César<strong>de</strong> la meilleure actrice, il interpelle amicalement la malheureusenominée Karine Viard. En sortant un gros joint <strong>de</strong> sa poche, illui lance d’un air complice tout en agitant le cône : « Ne t’en faispas Karine, c’est vendredi ! » Éclat <strong>de</strong> rire général. Quand on faitpartie du show business <strong>les</strong> jokes sur <strong>les</strong> drogues n’ont plus besoind’être private. Que fallait-il comprendre ? Que tous <strong>les</strong> vendredisKarine invite ses potes fumeurs <strong>de</strong> chichon à la maison ? Que lelivreur <strong>de</strong> beuh <strong>de</strong>s stars fait sa tournée juste avant le week-end ? Lefameux « esprit Canal » serait-il un esprit frappeur ? Voilà, c’esttout pour cette fois. Mais d’ici là, ouvrez l’œil..KritikOslo, 31 aoûtCo u p <strong>de</strong> p i st o nIntervenant remarqué <strong>de</strong>s<strong>de</strong>rniers évènements asudiens,le spécialiste ducrime organisé FabriceRizzoli vient <strong>de</strong> publieraux éditions <strong>de</strong> l’Opportun lePetit dictionnaire énervé <strong>de</strong> lamafia. : Un exemple d’entrée,« Prohibitionnisme : La mafiate remercie. Autorisés pendant<strong>de</strong>s sièc<strong>les</strong>, la consommation etle commerce <strong>de</strong>s drogues, sous lapression <strong>de</strong>s États-Unis, sont interdits<strong>de</strong>puis la conférence <strong>de</strong> Shanghai en 1912, ce qui génèreune accumulation <strong>de</strong> capitaux gigantesque pour <strong>les</strong> mafias. Àl’échelle <strong>de</strong>s États-Unis, la prohibition <strong>de</strong> l’alcool a créé une mafia :La Cosa Nostra. »« Fabrice Rizzoli a puissamment contribué à retirer à la mafiases masques exotiques ; <strong>de</strong>rrière <strong>les</strong> rituels qui fascinent, il faitapparaître le cours <strong>de</strong> l’argent mafieux jusqu’à son recyclage dansl’économie mondiale et <strong>les</strong> connivences d’une partie du mon<strong>de</strong> politique.» (Mario Vaudano, magistrat italien) .Laurent AppelAsud-Journal 50 juillet 2012 47


notre cultureJim Morrison : Chaman ? Grandsorcier ? Poète ? Ou rocker... ?Chaman, c’est risible. Grandsorcier, consternant. Poète, sion veut... Alors quoi ?... Rocker ?Peut-être bien, après tout !Roc k He r oC‘est sur le campus <strong>de</strong> l’UCLA où il suit<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cinéma que Jim rencontreRay Manzarek, Robby Krieger et JohnDesmore, tous trois issus comme lui <strong>de</strong>la middle class. Ils fon<strong>de</strong>nt <strong>les</strong> Doors, pasvraiment A Feast of Friends, mais l’alchimiemusicale entre eux fonctionnent parfaitement: au jeune héros la lumière, tandis quedans l’ombre, <strong>les</strong> trois autres s’activent à élaborerune musique hypnotique propre à accroîtrele rayonnement <strong>de</strong> l’éphèbe solaire.En 1967, l’année du Love Summer, lajeunesse se découvre un nouvel amant : JimMorrison. Il a 23 ans, une allure folle <strong>de</strong> poètesexy rock qu’il cultive à souhait, et un egoà faire pâlir Jagger. Bref, tout pour <strong>de</strong>venirrock star. Incontrôlable sur scène comme à laville, il multiplie <strong>les</strong> frasques et <strong>les</strong> expériencesextrêmes sur fond <strong>de</strong> quête mystique Luciférico-chamaniKKK.Obsédé par WilliamBlake et Huxley, Jim veut « ouvrir <strong>les</strong> portes<strong>de</strong> la perception », chimère qui <strong>de</strong>viendra unvéritable serpent <strong>de</strong> mer s’enroulant autour<strong>de</strong> cet arbre un peu creux d’élévation du niveau<strong>de</strong> conscience et <strong>de</strong> perception. L’époques’y prête ! S’il expérimente <strong>les</strong> drogueshallucinogènes, aci<strong>de</strong>s et psychotropes entous genres, l’héroïne ne le branche pas plusque ça. L’alcool est sa drogue dure.Le roi LézardSe laissant surnommer le roi Lézard, il entretient<strong>de</strong>s rapports ambivalents avec sonstatut <strong>de</strong> rock star. Statut qui le gêne aux entournures,panoplie étriquée craquant peu àpeu aux coutures comme craquent ses futes<strong>de</strong> cuir, à mesure que sa silhouette s’épaissit.Chaman Jim entre en transe, élève saconscience afin <strong>de</strong> transmettre son Énergieà ses a<strong>de</strong>ptes ! « Nous sommes <strong>de</strong>s politiciensérotiques », beugle-t-il, jamais enretard d’une sentence définitive bien sentie.Car <strong>les</strong> Doors théâtralisent <strong>de</strong> plus enplus leurs prestations scéniques, cherchentà <strong>les</strong> transformer en cérémonies mystiques.Hélas, c’est bien cette imagerie empesée, cefourre-tout Chaman-loo qu’a retenu OliverStone dans le biopic roboratif qui exaltale mythe et relança <strong>les</strong> ventes d’albums.Heureusement, il y a le concert du 1 ermars 1969 à Miami : sur scène, Morrison,ivre, se met à insulter <strong>les</strong> flics, <strong>les</strong> provoqueavec un sourire sardonique et brandit(ou ne brandit pas, telle est la question) saqueue. Jeté en taule, il en sort rapi<strong>de</strong>mentmais reste interdit <strong>de</strong> concert dans l’attentedu procès... Bref, il re<strong>de</strong>vient un rocker.Au moment même où son image <strong>de</strong> rockstar l’encombre, il semble s’affranchir ducarcan spiritualo-mystique balourd, malassimilé et bourré <strong>de</strong> trous qu’il a entretenu.En juillet <strong>de</strong> la même année, il assistesubjugué au retour sur scène d’un ElvisPresley sauvage : vêtu d’une combinaisonkimono noir, son magnétisme animal irradieet le replace sur le trône. C’est cette puretéoriginelle, l’Énergie rock’n’roll infestée<strong>de</strong> Rythm and Blues, que Jim Morrisontraque sur l’album Morrison Hotel (PeaceFrog) ou sur LA Woman. Aux antipo<strong>de</strong>sdu piètre Soft Para<strong>de</strong>, dont il avait laissé<strong>les</strong> comman<strong>de</strong>s à Manzarek, lequel s’étaitenglué dans une préciosité éprouvante. Unnaufrage artistique et public cuisant ! Avecses prétentions mégalo symphoniques,l’album annonçait finalement tout ce quiallait suivre, la direction progressiste queprenait le rock et ses tentations virtuoses àvenir (<strong>les</strong> Who <strong>de</strong> Tommy, Deep Purple etson philharmonique orchestra...)« Rock is Dead »Ayant rompu avec <strong>les</strong> Doors, seul en studiole soir <strong>de</strong> son anniversaire, Jim Morrisonenregistre ses poésies et hurle « Rockis Dead ». Peut-être pressent-il justementl’impasse qui se profile en ce début seventiespour une musique sur le point d’enflerjusqu’à ce qu’une nouvelle génération,punk, ne fasse exploser la bulle dorée.En mars 1971, le roi Lézard fatigué jettel’éponge, décrète qu’il en a fini avec le rock.Il veut écrire. Méconnaissable, il s’exile à Paris,rejoint par sa compagne Pamela Courson,junky notoire. La mort déjà ricane. Ellel’attend tapie au fond d’une boîte <strong>de</strong> Saint-Michel, et lui tombe <strong>de</strong>ssus sans coup férir.Heavy Drinker, Morrison n’a pas l’appétence<strong>de</strong> sa compagne pour la dope mais ce soirlà,il déroge et accepte l’héroïne trop pured’un Frenchy <strong>de</strong>s beaux quartiers, l’un <strong>de</strong> cesfils <strong>de</strong> bonne famille jouant au <strong>de</strong>aler. Foudroyépar une surdose, son cœur lâche. Onle ramène (mort ou encore vivant, le mystère<strong>de</strong>meure) dans l’appartement qu’il occupedans le Marais. La mort le fige dans son bainrue Beautreillis, dans une posture <strong>de</strong> ruptureirréversible avec le rock. C’est bien le propred’une mort prématurée que <strong>de</strong> fixer <strong>les</strong> êtresdans l’instant où elle <strong>les</strong> a surpris, ouvrant surtoutes <strong>les</strong> conjectures possib<strong>les</strong>.Personne ne sortira d’ici vivant, comme lechantait… Hank Williams !.Marc Dufaud48 Asud-Journal 50 juillet 2012


PARIS IDFBEAUREPAIRE (CAARUD)9, rue Beaurepaire 75010 Paris01 53 38 96 20beaurepaire@charonne.asso.frBoréal (CAARUD) / La terrasse64 ter, rue <strong>de</strong> Meaux 75019 Paris01 42 45 16 43GAÏA PARIS (CAARUD/CSST)62 bis, rue Parmentier 75011 Paris01 77 72 22 00accueil@gaia.easynetonline.net(LA) CORDE RAIDE6, place Rutebeuf 75012 Paris01 43 42 53 00lacor<strong>de</strong>rai<strong>de</strong>@wanadoo.frASSOCIATION CHARONNE3, quai d’Austerlitz 75013 Paris01 45 83 22 22charonne@charonne.asso.frÉMERGENCE6, rue <strong>de</strong> Richemont 75013 Paris01 53 82 81 70emergence@imm.frADAJE (CSST)9, rue Pauly 75014 Paris01 45 42 75 00 adaje.asos@adaje.orgCaarud & Csapa NOVA DONA82 avenue Denfert Rochereau01 43 27 83 90 De 13h à 19h30 tous<strong>les</strong> jours sauf le mardi : 15h à 19hMARMOTTAN (HôPITAL)17, rue d’Armaillé 75017 PARISTél. 01 45 74 00 04boutique 1858, bld Ney 75018 Paris01 46 07 94 84CSST Sleep In - SOS D.I.61 rue Pajol 75018 PARIS01 42 09 55 99sleepin18@group-sos.orgEGO (Espoir Goutte-d’Or)13, rue Saint-Luc 75018 PARIS01 53 09 99 49 ego@ego.asso.frcaarud 77 SUD14, route <strong>de</strong> Montereau 77000 MELUN01 64 10 06 24 / 06 77 81 50 50caarud77sud@orange.frCAARUD ÉMERGENCES 77 NordLCR Ju<strong>les</strong> Raimuallée Raimu 77200 Torcy01 64 62 07 73 / 06 62 73 77 79emergences.mlv@wanadoo.frAPS CONTACT28, rue <strong>de</strong> la verrière, BP 7577160 PROVINS / 01 64 08 99 47CSAPA du C.H.V.55 rue du Maréchal Foch78000 Versail<strong>les</strong> / 01 39 63 95 00csapa-versail<strong>les</strong>@ch-versail<strong>les</strong>.frCSST CSAPA MANTES122, bd Carnot78200 Mantes-la-Jolie01 30 63 77 90csapa-mantes@ch-versail<strong>les</strong>.frCAARUD FREESSONNE3, rue Hoche 91260 Juvisy01 69 06 06 06 freessonne@yahoo.frCSAPA L’ESPACE25 bis, route d’Egly91290 Arpajon 01 64 90 62 00Accueil : Mardi, Mercredi, Jeudi<strong>de</strong> 10h à 18h / Lundi 9h30 à 18h /Vendredi 9h30 à 15hLA FRATRIE (CSST/CSAPA)20, av du Général Gallieni92000 Nanterre01 41 37 68 68lafratrie@yahoo.fr /csapa-aporia@yahoo.frLE TRAIT D’UNION154, rue du Vieux Pont <strong>de</strong> Sèvres92100 Boulogne01 41 41 98 01contact@oppelia.frCentre Chimène35 boulevard Gambetta92130 Issy <strong>les</strong> Moulineaux01 46 45 61 46 accueil@chimene.orgCAARUD SIDA PAROLES8, rue Victor Hugo92700 COLOMBES01 47 86 08 90la MOSAÏQUE40 ter, rue Marceau93100 MONTREUIL01 48 57 02 06brigittecervyssy@chim.frPROSES89 bis, rue Alexis Pesnon93100 MONTREUIL01 43 60 33 22DROGUES ET SOCIÉTÉ42, rue Saint-Simon94000 CRÉTEIL01 48 99 22 14drogues.et.societe@wanadoo.frVISA 941, Bd Ju<strong>les</strong> Gues<strong>de</strong> 94500Champigny-sur-Marne01 45 16 38 53 / 06 81 01 19 98visa1@wanadoo.frCAARUD CILDT50 avenue Karl Marx 94800 Villejuif01 58 46 10 83 cildt.caarud@gmail.comAccueil : Lundi, mardi, jeudiet vendredi 9h30 à 13hAUTOSUPPORT - ENTRAIDEASUD32 rue <strong>de</strong> Vitruve 75020 Paris01 71 93 16 48asud@club-internet.frsecretariat@club-internet.frCAARUD ASUD (MARSEILLE)52, rue du Coq 13001 Marseilleadministration 04 91 90 03 70équipe 04 91 68 87 06asud.mars@wanadoo.frASUD Eure10 rue Chartraine 27000 Evreux(Les lundi, jeudi et samedi <strong>de</strong> 13hà 18h, le mardi <strong>de</strong> 14h à 17h)02 32 67 71 20ASUD NÎMES (CAARUD)6 bis, rue Notre-Dame 30000 Nîmes04 66 36 00 12asudnimes@wanadoo.fr-Correspondant asud à NANTESAlain Termolle 02 53 45 51 04ASUD LOIRET63 rue Bannier 45000 Orléans02 38 77 00 27 / fax : 02 38 77 74 34asud.loiret@wanadoo.frKEEP SMILING3, rue Baraban 69006 LyonTél./fax : 04 72 60 92 66Port. 06 78 37 66 89 / 06 78 37 16 26info@keep-smiling.comACT UP-PARIS45, rue Sedaine 75011 PARISTél. 01 48 06 13 89CIRC-PARIS21 ter, rue Voltaire 75011 Pariswww.circ-asso.netTECHNO +5, passage <strong>de</strong> la Moselle 75019 Paris06 03 82 97 19tplus@technoplus.orgCRIPS ÎLE-DE-FRANCETour Maine-Montparnasse (4 e étage)33, av du Maine, BP 53 / 75755 PARISCe<strong>de</strong>x 15 / 01 56 80 33 33 Fax : 01 56 80 33 00www.lecrips-idf.netMission xbt et mission Squat(Mé<strong>de</strong>cins du Mon<strong>de</strong>)Analyse <strong>de</strong> produits 01 43 14 81 68xbt@me<strong>de</strong>cinsdumon<strong>de</strong>.netéchange <strong>de</strong> seringueset réduction<strong>de</strong>s risquesSubstitutionCSST/CSAPAConsultationcannabis / jeunesconsommateursAlcoologie Tabacologie Hébergementd’urgence, appart’thérapeutiqueCentre <strong>de</strong> dépistageVIH/VHC


adressesPOINT ÉCOUTE DROGUESHôpital <strong>de</strong> Soissons46, av. du Général <strong>de</strong> Gaulle02200 Soissons 03 23 75 74 38point.ecoute@ch-soissons.frCaarud SATO41 rue <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers02200 Soissons03 23 55 31 95 / 07 87 00 40 73sato.caarudsoissons@orange.frCaarud SATO10 rue Jean <strong>de</strong> la Fontaine02400 Château-Thierry03 23 84 04 48 / 06 84 44 73 29sato.caarudchth@orange.frCSST ACTES6 av <strong>de</strong> l’Olivetto06000 Nice 04 93 53 17 00CAARUD ENTR’ACTES6 rue Offenbach06000 NICE 04 93 16 00 49Caarud Le Sémaphore3 rue Antoine Grimaud07100 Annonay06 84 74 13 88Ouvert ts <strong>les</strong> jours et permanenceà Aubenas, Privas, TournonCAARUD YOZ5 rue Jean-Jacques Rousseau08000 Charleville Mézières03 24 26 68 95 www.yozinfos.orgCAARUD Ariège19 rue <strong>de</strong>s Moulins09000 FOIX 06 42 57 45 14SLEEP’IN (PES 24h/24)8 rue Marcel Sembat13001 Marseille04 91 62 84 84CENTRE AMPTA39 A, rue Nationale13001 Marseille 04 91 91 50 52LE TIPI26 A rue <strong>de</strong> la Bibliothèque13001 MARSEILLE 04 91 92 53 11tipi@letipi.orgCAARUD Bus 31/32 (7 j/7)4 avenue Rostand13003 Marseille 04 95 04 56 06Bus métha 7j/7 06 13 93 40 18bus3132@orange.frL’ELF / CAARUD THC6 rue <strong>de</strong>s Guerriers13604 Aix-en-Provence04 42 96 44 52CAARUD & CSAPA A ZIMA28 avenue du Colonel Colonnad’ornano 20000 AJACCIOcomite2a@anpa.asso.frCAARUD & CSAPA A ZIMARoute Royale Bât. A, Rési<strong>de</strong>nceA Tramuntana 20600 Bastia04 95 31 61 38CAARUD 2130, Bd <strong>de</strong> Strasbourg21000 DIJON 06 88 22 39 18caarud@addictions-sedap.fraccueil 9, bd Jeanne D’Arc, DIJONCAARUD SID’ARMOR1 rue du Pont Chapet22000 Saint-Brieuc02 96 33 05 98 sidarmor@9business.frCSAPA SOLEA2, place René Payot25000 Besançon03 81 83 03 32 solea@addsea.frALTAU Le Relais40 Faubourg <strong>de</strong> Besançon 25200Montbéliard 03 81 91 09 22lerelais@wanadoo.frCAARUD 2710 rue Chartraine 27000 Evreux02 32 67 71 20 / 02 32 62 89 20caarud27@hotmail.fr (13h-18 h lu, jeu, sam.)LA TRE’V26,rue émile Zola 30600 Vauvert04 66 88 75 30 latrev@wanadoo.frCAARUD INTERMÈDE Clémence Isaure2 bis rue Clémence Isaure31500 Toulouse 05 34 45 40 40laboutique42@hotmail.comCAARUD La Case2 rue <strong>de</strong>s Étab<strong>les</strong>33000 Bor<strong>de</strong>aux05 56 92 51 89 lacase.rdr@orange.frCAARUD et CSAPA16 rue Planterose33000 Bor<strong>de</strong>aux 05 56 91 07 23Accueil CSAPA : <strong>de</strong> 9h à 13hAccueil CAARUD : <strong>de</strong> 14h à 17hCAARUD Réduire <strong>les</strong> risques5 rue Fouques34000 MONTPELLIER 04 67 58 01 01reduire<strong>les</strong>risques@wanadoo.frSète : permanence <strong>de</strong> rue,place Aristi<strong>de</strong> Briand, <strong>de</strong> 16h à 18hAccueil collectif réservé aux femmesPASSERELLE 3935 cours Sully 39000 Lons-le-Saunier03 84 24 66 83 passerelle39@wanadoo.frCSST/CAARUD RIMBAUD11 place <strong>de</strong> l’Hôtel <strong>de</strong> Ville42100 SAINT-ÉTIENNE 04 77 21 31 13CAARUD LA PLAGE2 rue <strong>de</strong>s Tanneries43000 Le Puy-en-Velay 04 71 04 94 47laplage-cdpa43@wanadoo.frLA ROSE DES VENTS32 rue Roger Salengro44600 Saint-Nazaire 02 40 01 96 12asso.larose<strong>de</strong>svents@wanadoo.frCAARUD ESPACE40 rue Perrier45200 Montargis 02 38 28 77 80espace.asso@wanadoo.frCAARUD 5162 Esplana<strong>de</strong> Fléchambault51100 REIMS 03 26 06 14 80caarud-anpaa51@orange.frtous <strong>les</strong> jours sauf mercredi matinCSAPA « Les Wads »CAARUD « Point <strong>de</strong> Contact »26 rue du Wad Billy57000 Metz 03 87 74 41 58CAARUD L’Echange7 rue Lionnois 54000 Nancyboutique.lechange@wanadoo.frMercredi matin : accueil spécifiqueFemmes/EnfantsCAARUD Le Pare-A-Chutes10 rue Louis Le Meur 56100 Lorient02 97 21 35 20 / 06 33 60 77 70boutique.lechange@wanadoo.frLe Relais1 rue <strong>de</strong>s déportés 60160 Montataire03 44 27 46 84 / 06 89 40 31 50sato-relais@wanadoo.frLe CÈDRE BLEUCSAPA 8, av <strong>de</strong> Bretagne 59000 Lille03 20 08 16 61 Fax : 03 20 08 16 69Sleep’ In 247, bd Victor Hugo59000 Lille 03 28 04 53 8TRACS 65 / CAARUD 6513 bis rue gaston Manent 65000 Tarbes06 23 73 01 81 / 05 62 93 66 55tracs.65@orange.frCAARUD ASCODE12 rue <strong>de</strong> la Tonnellerie66011 Perpignan 04 68 68 31 41secret.asco<strong>de</strong>@free.frITHAQUE12 rue Kuhn 67000 Strasbourg03 88 52 04 04 ithaque@ithaque-asso.frCSAPA15 rue Peyerimhoff 68000 Colmar03 89 24 94 71CAARUD ARGILE69 av Aristi<strong>de</strong> Briand 68200 Mulhouse03 89 59 87 60 argile@argile.frCSAPA21 rue du Maréchal Joffre68500 Guebwiller03 89 74 36 75 argile@argile.frCAARUD Pause Diabolo64 rue Villeroy 69003 Lyon04 78 62 03 74 pausediabolo@mas-asso.fre@free.fr Accueil : lundi et jeudi : 14h à17 h / mecredi et vendredi : 16h à 19hSpécifique femmes : mardi 13h à 17h30SOS Matos : 06 12 84 55 29CAARUD RUPTURES36 rue Bur<strong>de</strong>au 69001 Lyon04 78 39 34 89 ruptures@wanadoo.frRADOT3 rue <strong>de</strong> la Bannière 69000 Lyon06 67 43 01 08


CSAPA LE RELAIS25 avenue Léon Jouhaux70400 Héricourt03 84 36 67 67CAARUD 16 KAY16 Kay <strong>de</strong>s Messageries71100 Chalon sur Saône09 54 65 46 65caarud16kay@sauvegar<strong>de</strong>71.frLa Boutik CAARUD20 rue Georges D'Amboise76000 ROUEN02 35 70 41 20La Boussole CSAPA30 rue <strong>de</strong> la Tour <strong>de</strong> Beurre76000 Rouen02 35 89 91 84CAARUD TARN ESPOIR179 avenue Albert 1 er 81100 Castres05 63 71 24 24 / 06 30 56 02 55tarn.espoir@wanadoo.frcaarudtarn@orange.frCastres : lundi 13h30-17h30Albi (17 rue Athon) : jeudi 12h-17h30Lavaur (1 rue safran) : mardi 14h-17hANPAA 83 - CSST8, rue Pressencé 83000 Toulon04 94 92 53 50csstoulon@anpa.asso.frAVASTOFA73, bd <strong>de</strong> Stalingrad83500 La-Seyne-sur-Mer04 98 00 25 05 avastofa@wanadoo.frCSAPA7 bis, rue Gambetta 90000 Belfort03 84 21 76 02CAARUD ENTR’ACTES4 rue Koechlin 90000 Belfort03 84 26 12 20 avastofa@wanadoo.frAsud déménage32 rue <strong>de</strong> Vitruve 75020 ParisChers amis,Après treize heureuses années passéesrue <strong>de</strong> Belleville, Asud fait ses paquetset prend la poudre… d’escampette pour<strong>de</strong> nouveaux locaux.À partir du 31 juillet 2012, vos courriers<strong>de</strong>vront être adressés à cette nouvelleadresse :32 rue <strong>de</strong> Vitruve 75020 ParisNotre nouvelle adresse mail :contact@asud.orgLe téléphone reste i<strong>de</strong>ntique :Secrétariat 01 71 93 16 48SUD OUESTAIDES Charente12 rue <strong>de</strong>s Boissières16000 ANGOULÊME05 45 92 86 77 charente@ai<strong>de</strong>s.orgcaarud16@ai<strong>de</strong>s.orgCAARUD KIT’KAP12 rue <strong>de</strong>s Boissières16000 Angoulême06 19 78 21 13 / 05 45 92 86 77caarud16@ai<strong>de</strong>s.orgCAARUD 1719 rue Buffèterie17000 La Rochelle05 46 31 55 36 / 06 35 21 45 99caarud17@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Béarn LE SCUD4, rue Serviez 64000 PAU06 29 12 42 56 <strong>les</strong>cud@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Pays basque LE SCUD3, avenue Duvergier <strong>de</strong> Hauranne64100 BAYONNE 05 59 55 41 10ppbernard@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Deux-Sèvres16, rue Nambot 79000 NIORT05 49 17 03 53 caarud79@orange.frAIDES Vienne129, bd Pont Achard 86000 POITIERS05 49 42 45 45 caarud86@ai<strong>de</strong>s.orgAi<strong>de</strong>s LimousinCaarud L'Etape55 rue Bobillot 87000 Limoges05 55 06 18 19 / 06 18 24 08 17etape@ai<strong>de</strong>s.orgAUVERGNE / LANGUEDOCAIDES Gard24, rue Porte <strong>de</strong> France BP 18330012 NÎMES Ce<strong>de</strong>x 404 66 76 26 07 rdrcpp@ai<strong>de</strong>s30.orgAIDES Haute-Garonne16, rue Etienne Billières 31300 TOULOUSE05 34 31 36 60 ai<strong>de</strong>smp@aol.comCaarud AIDES Béziers2 bis av. Saint Saëns 34500 Béziers04 67 28 54 82 rdrcpp.ai<strong>de</strong>s34@orange.frAIDES Puy-<strong>de</strong>-Dôme9, rue <strong>de</strong> la boucherie63000 CLERMONT-FERRAND04 73 99 01 01 ai<strong>de</strong>s63@ai<strong>de</strong>s63.orgGRAND OUESTAIDES Caarud Lover pause16, rue Alexandre Ribot 29200 BREST02 98 80 41 27 lover.pause@wanadoo.frAIDES Ille-et-Vilaine Interm’ai<strong>de</strong>s43, rue St Hélier 35000 RENNES02 23 40 17 42 intermai<strong>de</strong>s@wanadoo.frAIDES Indre-et-Loire6, avenue <strong>de</strong> la Tranchée 37100 TOURS02 47 38 43 18 ch.caarud.37@gmail.comAIDES Vendée21, rue <strong>de</strong>s primevères85000 LA-ROCHE-SUR-YON02 51 47 78 88 ai<strong>de</strong>s-ven<strong>de</strong>e@wanadoo.frÎLE-DE-FRANCEAIDES (Sud-Ouest Ile <strong>de</strong> France) CAARUD195 bis rue raymond Losserand75014 Paris 01 40 52 53 10lundi, mercredi, vendredi <strong>de</strong> 14h à 17h30En face du 3 rue <strong>de</strong> Turbigo (Les Hal<strong>les</strong>)AIDES Yvelines26, rue Gassicourt 78200MANTES-LA-JOLIE01 34 97 97 70 ai<strong>de</strong>s78@ai<strong>de</strong>sidf.comAIDES Seine-Saint-Denis14, passage <strong>de</strong> l’Aqueduc93200 Saint Denis01 41 83 81 60 ai<strong>de</strong>s93@ai<strong>de</strong>sidf.comAIDES Val d’Oise23, boulevard du Général Leclerc95100 ARGENTEUIL 01 39 80 34 34ai<strong>de</strong>s95@ai<strong>de</strong>sidf.comNord OuestAIDES Nord-Pas-<strong>de</strong>-Calais5, rue Court Debout 59000 LILLE03 28 52 05 10 rdrcpp.ai<strong>de</strong>snpdc@orange.frAIDES Haute-Normandie32, rue aux Ours 76000 ROUEN02 35 07 56 56 ai<strong>de</strong>s.rouen@wanadoo.frGRAND ESTAIDES Doubs3 rue Ronchaux 25000 BESANçON03 81 81 80 00 <strong>de</strong>legation25@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Meurthe-et-Moselle15, rue saint Nicolas 54000 NANCY03 83 35 32 32 <strong>de</strong>legation54@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Moselle45, rue Sente à My 57000 METZ Ce<strong>de</strong>x 103 87 75 10 42 <strong>de</strong>legation57@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Nièvre9, rue Gambetta 58000 NEVERS03 86 59 09 48 caarud58@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES Bas-Rhin21, rue <strong>de</strong> la Première Armée67000 STRASBOURG03 88 75 73 63 <strong>de</strong>legation67@ai<strong>de</strong>s.orgCaarud Ai<strong>de</strong>s 6819A, rue Engel Dolfus 68100 MULHOUSE03 89 45 54 46 ai<strong>de</strong>stu@yahoo.fr<strong>de</strong>legation68@ai<strong>de</strong>s.orgAIDES 883 rue du Chapitre 88000 épinal03 29 35 68 73 m<strong>de</strong>rouault@ai<strong>de</strong>s.orgRHÔNE-ALPES /MÉDITERRANÉEAIDES Isère8, rue du sergent Bobillot 38000 GRENOBLE04 76 47 20 37 rdr.ai<strong>de</strong>s38@gmail.comAIDES Var2, rue Baudin 83000 TOULON04 94 62 96 23 ai<strong>de</strong>s.var@orange.frCaarud gérés par AIDESAIDES Vaucluse La boutik41, rue du portail Magnanen84000 AVIGNON04 90 86 80 80 ai<strong>de</strong>s84avignon@wanadoo.fr


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