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18 Les perspectives et <strong>le</strong>s espoirs de la rechercheLes perspectives et <strong>le</strong>s espoirs de la recherche 19de diverses prédispositions génétiques(héritées) et d’autres facteurs biologiquesou environnementaux intervenant à unstade précoce du développement.A partir de la fin des années 1970, <strong>le</strong>s recherchesen neurobiologie permettent derévé<strong>le</strong>r l’hypothèse de l’existence de particularitésdans la sécrétion de certains neuromédiateurset de modalités particulièresde connexions entre différentes régionscérébra<strong>le</strong>s. Ces hypothèses ont fortementcontribué à développer la notion selon laquel<strong>le</strong><strong>le</strong>s syndromes autistiques seraientdus à des troub<strong>le</strong>s précoces du développement,et en particulier du développementcérébral, qui débutent probab<strong>le</strong>ment avantla naissance.Les recherches dans <strong>le</strong> domaine des neurosciencesont connu un progrès importantdurant <strong>le</strong>s 10 dernières années, notammenten matière d’imagerie cérébra<strong>le</strong>, etde nombreuses caractéristiques neurobiologiquesont été corrélées aux syndromesautistiques : problèmes de synchronisationentre différentes régions cérébra<strong>le</strong>s, problèmesde fonctionnement dans certainesrégions particulières du cerveau, atteintede la « théorie de l’esprit et du fonctionnementde certains systèmes de neuronesmiroirs ». Si l’ensemb<strong>le</strong> de ces résultatsindique l’existence de problèmes de développementneurobiologique très précoceschez <strong>le</strong>s enfants atteints de syndromesautistiques, il est néanmoins diffici<strong>le</strong> dedéterminer si <strong>le</strong>s anomalies observéesfont partie des véritab<strong>le</strong>s causes neurobiologiquesdu handicap ou sont des conséquencesdes problèmes d’interactionssocia<strong>le</strong>s dont l’origine biologique, aucours du développement du cerveau, seraitplus précoce et de nature encore inconnue.Parallè<strong>le</strong>ment, trois grandes catégoriesd’arguments (corrélation é<strong>le</strong>vée chez <strong>le</strong>sjumeaux vrais, incidence accrue dans desfamil<strong>le</strong>s où un enfant est atteint, associationà des maladies génétiques connues)suggèrent fortement l’existence de facteursd’origine génétique favorisant <strong>le</strong> développementdes syndromes autistiques. Depuisquelques années, la présence de séquencesgénétiques particulières concernant prèsd’une vingtaine de gènes différents, a étécorrélée à l’existence de syndromes autistiques.Cependant, la plupart des travaux, ycompris <strong>le</strong>s plus récents, indiquent l’existencede facteurs génétiques favorisant <strong>le</strong>développement des syndromes autistiques,facteurs qui apparaissent multip<strong>le</strong>s, et nesemb<strong>le</strong>nt pas suffire à eux seuls, dans l’immensemajorité des cas, à provoquer <strong>le</strong>handicap. L’hypothèse la plus probab<strong>le</strong> estque ces facteurs génétiques multip<strong>le</strong>s favoriseraientla mise en place, au cours dudéveloppement, de réseaux de connexionsnerveuses plus fragi<strong>le</strong>s en réponse à certainesmodifications de l’environnement.En juin 2010, 177 scientifiques, issus deplus de 60 institutions de 11 pays différents,ont présenté, dans la revue Nature,<strong>le</strong>s résultats de la phase 2 du consortiuminternational de recherche génétique surl’autisme, Autism Genome Project. Cegroupe de chercheurs, parmi <strong>le</strong>squels desscientifiques français, a découvert des mutationsgénétiques et de nouveaux gènesimpliqués dans l’autisme. Le groupe aanalysé <strong>le</strong> génome entier de 1 000 personnesprésentant des troub<strong>le</strong>s liés à l’autismeet 1 300 individus témoins à l’aidedes micropuces ADN à haute résolution.Les scientifiques ont ainsi pu mettre enévidence des insertions et des suppressionsde séquences génétiques, invisib<strong>le</strong>sau microscope. Ces remaniements,appelés « variations du nombre de copies »ont permis d’identifier de nouveaux gènesimpliqués dans l’autisme. Certains d’entreeux agissent au niveau des contacts entre<strong>le</strong>s neurones (<strong>le</strong>s synapses), tandis qued’autres sont impliqués dans la proliférationcellulaire ou encore la transmission designaux intracellulaires. L’identificationde ces voies biologiques offre de nouvel<strong>le</strong>spistes de recherche, ainsi que des cib<strong>le</strong>spotentiel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong> développement de traitementsoriginaux.La nouvel<strong>le</strong> étude de l’Autism GenomeProject a éga<strong>le</strong>ment démontré que <strong>le</strong>s sujetsatteints d’autisme tendent à avoir plusde « variations du nombre de copies » rares(détectées dans moins d’1 % de la population)touchant des gènes que <strong>le</strong>s individustémoins. Certaines de ces mutations sonthéritées, d’autres sont considérées comme« de novo » car el<strong>le</strong>s apparaissent chez <strong>le</strong>spatients et sont absentes chez <strong>le</strong>urs parents.Les chercheurs ont remarqué que chez<strong>le</strong>s personnes autistes, un grand nombrede ces mutations tendent à perturber desgènes déjà associés à l’autisme ou aux déficiencesintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s. Ces découvertesviennent appuyer un consensus émergentau sein de la communauté scientifique, selon<strong>le</strong>quel l’autisme serait provoqué en partiepar de nombreuses « variations rares »ou des modifications génétiques détectéeschez quelques sujets atteints.Une étude, publiée <strong>le</strong> 9 février 2012 dansPublic Library of Science - Genetics, démontreque des mutations génétiquesperturbant la communication entre <strong>le</strong>sneurones seraient directement impliquéesdans la maladie. Ces nouveaux résultatsconfirment l’origine neurobiologique destroub<strong>le</strong>s du spectre autistique. Ils sont <strong>le</strong>fruit d’une collaboration entre des chercheursde l’Institut Pasteur, du CNRS, del’Inserm, et de l’AP-HP, avec l’universitéParis Diderot, l’hôpital Robert Debré(AP-HP), <strong>le</strong> Centre Gillberg de Neuropsychiatrie(Suède), l’université d’Ulm (Al<strong>le</strong>magne),<strong>le</strong> Centre National de Génotypagedu CEA, et la Fondation FondaMental.A ce stade, plutôt que de contribuer à unedémarche diagnostique, dont rien n’indiqueencore qu’el<strong>le</strong> puisse êtresignificativement améliorée parun test génétique, l’apport <strong>le</strong> plusimportant de ces recherches estde contribuer à la compréhensiondes mécanismes impliquésdans <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s envahissants dudéveloppement, compréhensionqui pourrait permettre, à terme, <strong>le</strong>développement de nouvel<strong>le</strong>s approchesthérapeutiques. La combinaisonde différentes approchescliniques, de neuro-imagerie et degénétique moléculaire pourraitaussi permettre de mieux comprendre <strong>le</strong>spériodes critiques du développement cérébra<strong>le</strong>t <strong>le</strong>s mécanismes en cause, pour unmeil<strong>le</strong>ur espoir de prise en charge.La problématique du dépistageBien que tous <strong>le</strong>s acteurs - chercheurs, cliniciens,parents - s’entendent pour reconnaîtrela nécessité d’un dépistage précocede manière à favoriser un meil<strong>le</strong>ur pronostic,la détection de l’autisme peut être retardéepar l’inexistence de test biologiquecapab<strong>le</strong> de diagnostiquer <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s envahissantsdu développement.Selon <strong>le</strong> professeur Catherine Barthélémy,chef du service de pédopsychiatrie au CHUde Tours, « l’autisme est une pathologiede l’émotion partagée », qui se répercuteinvariab<strong>le</strong>ment dans la vie socia<strong>le</strong>. Unegrande hétérogénéité existe entre <strong>le</strong>s personnesqualifiées d’autistes. En effet, certainssont en mesure de « développer desîlots de compétences extraordinaires pourla musique ou <strong>le</strong>s mathématiques », alorsque d’autres n’arrivent même pas à dénombrerdes ensemb<strong>le</strong>s de cinq éléments.Par ail<strong>le</strong>urs, l’acquisition du langage sefait à des degrés variés. « Mais tous onten commun des troub<strong>le</strong>s sévères intervenantavant l’âge de 36 mois et touchantaux domaines de la socialisation, de lacommunication et de l’adaptation ».Actuel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> diagnostic repose exclusivementsur une analyse précise ducomportement et des capacités de communicationvers l’âge de 3 ans. Il n’y apas aujourd’hui de traitement curatif, maisune série de données indiquent depuisplus de quarante ans qu’un accompagnementet une prise en charge individualisés,précoces et adaptés, à la fois sur <strong>le</strong>s planséducatif, comportemental et psychologique,augmentent significativement <strong>le</strong>spossibilités relationnel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s capacitésd’interaction socia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> degré d’autonomie,et <strong>le</strong>s possibilités d’acquisition delangage et de moyens de communicationnon verba<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s enfants atteints detroub<strong>le</strong>s autistiques.Un manque de formationau dépistage des professionnelsMédecins généralistes et pédiatres nebénéficient que de 2 heures de formationdans <strong>le</strong>ur cursus, et ne sont certainementpas formés à la détectiondes signes permettant de repérer <strong>le</strong>stroub<strong>le</strong>s autistiques. 1 médecin sur 3ne sait pas ce qu’est l’autisme, 30 %pensent encore que <strong>le</strong>s autistes sontdes malades mentaux, psychotiquesou skyzophrènes. (Sondage OpinionWay / Col<strong>le</strong>ctif autisme, avril 2010)Un consensus internationalpour un accompagnement adaptéAujourd’hui, on ne guérit pas l’autisme,mais un accompagnement précoce conditionne,en partie, l’évolution de l’enfantautiste et ses chances de progression.En <strong>France</strong>, <strong>le</strong>s controverses entre associationsde parents et autorités sanitairesne concernent pas tant la nature possib<strong>le</strong>de la cause neurobiologique que <strong>le</strong> débatpersistant entre cause neurobiologiqueet cause psychologique. Ce débat a pourenjeu la reconnaissance de l’importanced’un diagnostic précoce de l’autisme, lanécessité d’un accès rapide de l’enfant àune éducation adaptée, lui donnant toutes<strong>le</strong>s chances d’une meil<strong>le</strong>ure insertion socia<strong>le</strong>,et la participation active des famil<strong>le</strong>sà l’accompagnement des enfants.Une prise en charge adaptée nécessite,outre un diagnostic fiab<strong>le</strong> et précoce, unaccompagnement éducatif, développementa<strong>le</strong>t psychologique individualisé, impliquant<strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong> la famil<strong>le</strong>, et centrésur l’apprentissage de capacités relationnel<strong>le</strong>s,de communication, de l’autonomie,et d’une appropriation de l’environnement.Parmi <strong>le</strong>s méthodes d’apprentissage,la plus ancienne, la plus répandue et laplus évaluée est <strong>le</strong> programme TEACCH(Treatment and Education of Autistic andrelated Communication Handicapped Children).D’autres méthodes répandues ontfait, ou font l’objet d’évaluations, comme<strong>le</strong> programme ABA (Applied BehaviorAnalysis) ou, souvent utilisé en complémentde TEACCH ou ABA, <strong>le</strong> programmePECS (Picture Exchange CommunicationSystem).D’une manière généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s différentesméthodes éducatives et <strong>le</strong>s traitementsdoivent faire l’objet d’une évaluation pardes recherches. Si l’éducation est indéniab<strong>le</strong>mentune priorité, <strong>le</strong> libre choix desméthodes éducatives et des traitementséventuel<strong>le</strong>ment associés doit être donnéaux famil<strong>le</strong>s conformément à la loi. Maisces méthodes doivent pouvoir faire l’objetde recherches et être évaluées afin que <strong>le</strong>choix des famil<strong>le</strong>s puisse reposer sur <strong>le</strong>sinformations <strong>le</strong>s plus fiab<strong>le</strong>s possib<strong>le</strong>s. Accepterqu’une analyse du comportementet des éventuel<strong>le</strong>s maladies associées soitsuffisamment précise pour que l’efficacitéde tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> approche puisse être l’objetd’un minimum de consensus devrait devenirune exigence. De la même façon, laplace des psychotropes, prescrits dans environ20 % des cas pour atténuer des comportementsagressifs ou d’automutilation,ne devrait être ni stigmatisée ni encensée,mais avoir pour objectif, dans des circonstancestrès précises, l’aide réel<strong>le</strong> qu’ils peuventapporter à la souffrance de l’enfant.En conclusion, il apparait essentiel de renforcer<strong>le</strong> soutien au développement desrecherches dans des domaines tels que lagénétique, l’épigénétique (branche de labiologie qui étudie <strong>le</strong>s relations de causeà effet entre <strong>le</strong>s gènes et <strong>le</strong>urs produits)et <strong>le</strong>s neurosciences, si l’on veut espérerpouvoir comprendre <strong>le</strong>s mécanismes encause dans <strong>le</strong>s syndromes autistiques, essayerde découvrir des stratégies thérapeutiquesnouvel<strong>le</strong>s, et explorer la possibilitéque certains signes biologiques permettentd’orienter ou de confirmer <strong>le</strong> diagnostic demanière précoce et fiab<strong>le</strong>.En <strong>France</strong>, une focalisation exclusive desrecherches sur <strong>le</strong>s mécanismes physiopathologiquesrisque de faire perdurer <strong>le</strong>défaut d’accompagnement et de prise encharge précoces et adaptés qui constitueactuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> problèmeéthique <strong>le</strong> plus graveconcernant ce handicap.Pour cette raison, il apparaîtessentiel de développerune politique derecherches permettantd’évaluer, dans notrepays et par rapport aucontexte international,<strong>le</strong>s modalités d’accompagnementéducatif, psychologique, deprise en charge thérapeutique, et d’insertionsocia<strong>le</strong> des enfants et des adultes atteintsde ce handicap ; et de développer desrecherches visant à <strong>le</strong>s améliorer.Il est aussi essentiel de développer des recherchesen sciences socia<strong>le</strong>s et humaines,permettant d’évaluer l’accompagnementdes famil<strong>le</strong>s et l’attitude des professionnelsde santé, de l’éducation, et plus largementde la société, pour pouvoir mettre en place<strong>le</strong>s mesures permettant d’améliorer la situationactuel<strong>le</strong>. En d’autres termes, si unerecherche de qualité doit être soutenue etrenforcée, et se développer de la manièrela plus libre, <strong>le</strong>s applications possib<strong>le</strong>s deces recherches pour <strong>le</strong>s personnes atteintesde syndromes autistiques doivent êtrepensées, à chaque fois, dans <strong>le</strong> contexted’une réf<strong>le</strong>xion scientifique, médica<strong>le</strong>, etéthique qui place l’individu au cœur despréoccupations.Sources : Inserm, Comité consultatif nationald’EthiqueLa préva<strong>le</strong>nce des syndromesautistiques en questionLes études épidémiologiques européennes,américaines et japonaises révè<strong>le</strong>nt uneaugmentation de la préva<strong>le</strong>nce dessyndromes autistiques, dont la cause estdiscutée. Les données <strong>le</strong>s plus récentesrecueillies indiquent une préva<strong>le</strong>nceentre 0,6 % et 1 %, dont un tiers environde formes typiques d’autisme. Il y a, àcette augmentation de la préva<strong>le</strong>nce,plusieurs explications possib<strong>le</strong>s, et uneinconnue : y a-t-il ou non augmentationde l’incidence ? En d’autres termes, cetteaugmentation est-el<strong>le</strong> due à une augmentationdu nombre de cas, au changementdes critères diagnostiques et/ou à uneamélioration du diagnostic due à unemeil<strong>le</strong>ure formation des médecins et uneplus grande attention des parents à ceproblème ?Pour répondre à cette interrogation desrecherches sont en cours sur <strong>le</strong>s facteursde risque liés à l’environnement, parmi<strong>le</strong>squels certains, comme <strong>le</strong>s facteurs liésà la vaccination, ont eu un grand retentissementmédiatique, avant de se révé<strong>le</strong>rdénués de validité scientifique.

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