CÉVENNESHistoires de cruesSuite à la crue de 1907, Ulysse Rouchon, dans l’Avenir de la Haute-Loire écrit :“Au lendemain de la nouvelle calamité […] il nous a paru naturel de mettre en ordre quelques notescueillies çà et là au cours de nos lectures sur les inondations de la Loire et de ses affluents principauxen Velay. […] Nous avons redouté leur longueur, car, sans remonter jusqu’au Déluge, elles établissentune chronologie commençant à 1274. […] Nous avons préféré nous borner pour l’instant à énumérerles crues […] à travers les cent dernières années.” Et de lister… Juin 1817, automne 1825,printemps 1835, automne 1846, juin 1852, mai 1856, août 1857, octobre 1859, juin 1866, octobre 1872…Autant dire que les crues ponctuent notre histoire… et continueront de le faire !L’origine des cruesLes crues qui affectent la Loire amontsurviennent essentiellement à la fin del’été, consécutivement à de violentsorages, appelés épisodes cévenols. Eneffet, les vents du Sud se chargent d’humiditéau contact de la Méditerranée,puis rencontrent le continent : l’air chaudse confronte à l’air froid et des nuagesse forment. La présence des reliefs duMassif Central contraint ces masses às’élever davantage et par conséquentà se refroidir davantage, générant desépisodes pluvieux intenses.Pont de Goudetdétail du pont en 1876Pont de Goudet - détail du pont en 1955LES VICISSITUDES DES PONTSSi les constructions situées à proximité des cours d’eau, habitationset plus souvent moulins, furent très souvent endommagés par les crues,les premiers équipements à pâtir de ces montées soudaines des eaux sont les ponts,comme en témoignent ces quelques exemples.- Pont de Grenier-Montgon emporté 4 ans après sa construction“Ce pont fut emporté le 12 juin 1742 par un orage furieux qui, en deux heuresde temps, fit croître le ruisseau de Montgon de onze pieds de hauteur, a déracinéplus de mille pieds d’arbres qui ont bouché l’ouverture du pont et l’ont entraînéavec eux jusque dans la rivière d’Alagnon.”Témoignage extrait de “Ponts de Haute-Loire”, Jean Chervalier,co-édition Phil’Print, Conseil général de la Haute-Loire, 2004- Pont de GoudetLe Pont médiéval est endommagé en 1506, 1559, puis vraisemblablementen 1852. Il est remplacé par un pont de bois en 1854, qui doit être reconstruit10 ans plus tard. Deux mois après son achèvement, ce dernier résiste à la cruede septembre 1866, mais est emporté par celle d’octobre 1878.Il sera remplacé par un pont métallique (1879), puis un pont mixte (1955).
- Pont de Vorey sur l’ArzonLe 6 décembre 1825, le pont en bois sur la RD 103 est emporté ; en 1852,il est à nouveau endommagé. Il est remplacé par un pont métallique en 1888.- Pont de LangeacPremier pont suspendu en Haute-Loire, il est emporté par la crue,13 ans après son achèvement.“À Langeac, six maisons sont entraînées et un nombre d’autrestellement endommagées qu’elles ne tardent pas à s’écrouler.Le pont suspendu jeté sur la rivière pour relier la route de Langeacà Brioude disparaît ; il n’en reste que les chaînes de suspension.”Le second pont suspendu est emporté par la crue du 24 septembre 1866.“À Langeac, la crue commence le 24 septembre, à 6 heures du matin ;il faut mettre à flot les barques de sauvetage pour dégager les habitantsde la rue du Pont. À 6 heures et demie, le pont de Costet disparaîtavec la maison de gardien. Et, à minuit, le pont de Langeacs’écroule à son tour.”Paul Le Blanc (1828-1918), “Inondations de l’Allier dans l’arrondissementde Brioude”, in Annales de la Société d’Agriculture, t.XXXII,extrait de “Ponts de Haute-Loire”, Jean Chervalier, co-édition Phil’Print,Conseil général de la Haute-Loire, 2004Pont de Langeac de 1845Pont de Langeac actuel(construit en 1929, modifié en 1979)De l’importance des cruespour la biodiversitéLa crue est un phénomène naturel, utile à lavie du fleuve. Par le jeu de l’érosion, elle façonnenos paysages, dessinant une mosaïquede milieux différents dont elle assure la régénération.La crue contribue donc à la diversitébiologique. C’est pourquoi, il nous appartientde respecter l’espace de liberté du fleuve, enpréservant les milieux inondables et en restaurantles zones d’expansion des crues.