10.07.2015 Views

Grand Palais - Librairie historique Clavreuil

Grand Palais - Librairie historique Clavreuil

Grand Palais - Librairie historique Clavreuil

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

5- [AUTOGRAPHE] - MURAT (Joachim). L.A.S. au maréchal Soult. Underwangen, 15 juin, 1807, in-12, 2 pp.(13 x 17), marges courtes, filigrane ; joint le bulletin analytique des archives Soult. 3.000 €Lettre signée «Joachim» au maréchal, «à 6 heures du matin», le lendemain de la bataille, le pressant de s’emparer deKönigsberg. La nouvelle de la victoire de Friedland lui a fait suspendre sa marche.«Victoire complette sous Friedland, Monsieur le M al (...) Je vous ai fait part des ordres de l’Empereur qui m’ordonnaitde marcher sur Friedland et de vous emparer de Konisberg. Mais comme je partais, on a fait demander le parlementaireque j’avais envoyé ; le G al Bessière s’y est présenté pour la 2e fois hier (...) et depuis je n’en ai eu aucune nouvelle ;j’en attends avec impatience (...) Je vous envoye la 3e Brigade de la D on Milhaud. Faites tout votre possible pour vousemparer de Konigsberg (...) je vous l’ai dit hier, l’Empereur y attache le plus grand prix (...).»Bennigsen en pleine retraite, Lestocq battu par Murat, Russes et Prussiens s’arrêtent sur le Niémen et sollicitent unarmistice qui leur est accordé le 25 juin. Quelques jours plus tard, le traité de Tilsit met fin aux hostilités.Superbe lettre sur l’une des plus belles victoires de l’Empire.6- [BEAUX-ARTS] - Recueil de 16 mémoires et dissertations sur les beaux-arts à la fin de l’Ancien Régime et sousla Révolution. Paris, 1767-1802, in-8, demi-maroquin rouge, dos à nerfs orné de filets à froid, chiffre couronné doré,tranches marbrées (rel. du XIXe siècle). 3.500 €Exceptionnel recueil de brochures rarissimes, dont l’ensemble donne un aperçu de la perception des arts et techniquesà la fin du XVIIIe siècle et en particulier durant la période révolutionnaire.1. LE ROY (Julien-David) : Observations sur les édifices des anciens peuples, précédées de réflexions préliminairessur la critique des ruines de la Grèce... Amsterdam, et se trouve à Paris, Merlin, 1767. (1) f., 18 pp., 48 pp. et 1 plancheh.-t. gravée en taille-douce.Edition originale. Quérard V, 216.2. [RENOU (A.)] : Discours sur l’origine, les progrès et l’état actuel de la peinture en France, contenant des Noticessur les principaux artistes de l’Académie ; pour servir d’introduction au Salon. Paris, Marchands de Nouveautés, 1785.(2) ff., 38 pp.L’auteur dresse un portrait de la peinture française à la fin du XVIIIe siècle et présente les différents artistes del’époque.3. MARILLIER (Clément-Pierre) : Discours sur les arts libéraux, prononcé dans la Société des Amis de la constitution,établie à Melun. Melun, Tarbé, 1791. 37 pp.4. [ANONYME] : La vérité découverte par l’utilité des arts. Ouvrage utile aux artistes, aux curieux & amis de l’ordre& de la paix. Paris, Blanchon, 1792. 31 pp.Martin & Walter, 17939.5. FOURCROY (P.-F.) : Discours sur l’état actuel des sciences et des arts dans la République française. Paris, C.-F.Patris, s.d. (1793). 35 pp.Le chimiste Fourcroy y dresse un vaste inventaire de l’activité scientifique et des progrès techniques réalisés depuis lespremiers temps de la Révolution. Ce discours est suivi de la copie de l’arrêté de l’administration du Lycée des Artspour la fondation de 400 places d’éducation gratuite. Martin & Walter, 13704; Tourneux, 17941.6. LEBRUN (J.-B.-P.) : Précis <strong>historique</strong> de la vie de la citoyenne Lebrun, peintre. Paris, « gratis chez le citoyen Lebrun »,an II. 22 pp.Edition originale. Biographie de la première partie de la vie de la célèbre femme peintre Madame Vigée‐Lebrun,par son époux, qui tente de répondre aux attaques dirigées contre elle en raison de son émigration en 1789. Il fautdire qu’elle avait été très proche de la reine Marie-Antoinette. Quérard V, 33; Martin & Walter, 20108; Tourneux,23545.7. LEBRUN (J.-B.-P.) : Essai sur les moyens d’encourager la peinture, la sculpture, l’architecture et la gravure. Paris,« gratis chez l’auteur », an III (1794). 36 pp.Edition originale. Le peintre et critique d’art Lebrun propose des modifications dans l’enseignement de la peinture.Quérard V, 33; Martin & Walter, 20106; Tourneux, 19798.8. LEBRUN (J.-B.-P.) : Quelques idées sur la disposition,l’arrangement et la décoration du Museum national. Paris, Duidot jeune, an III (1794). 30 pp.Il manque les 2 planches. Quérard V, 33; Martin & Walter, 20107; Tourneux, 19949.9. QUATREMÈRE : Conseil des cinq-cents. Rapport fait par Quatremère, au nom d’une commission spécialesur l’exemption du droit de patente en faveur des Peintres, Sculpteurs, Graveurs & Architectes. Séance du13 messidor an V. Paris, Imprimerie Nationale, messidor an V. 14 pp.Martin & Walter, 28421.10. CHAUSSARD (P.) : Essai philosophique sur la dignité des Arts. Paris, Imprimerie des sciences et des Arts,ventose an VI (1798). 32 pp.Edition originale. Quérard II, 163; Martin & Walter, 7095.11. CAMBRY (Jacques) : Essai sur la vie et sur les tableaux du Poussin. Paris, P. Didot l’aîné, an VII (1799). 62 pp.,(1) f. blanc. Mouillure angulaire.Seconde édition augmentée. Quérard II, 28; Martin & Walter, 5948.12. DAVID (Jacques-Louis) : Le Tableau des Sabines, exposé publiquement au palais national des Sciences et desarts, salle de la ci-devant Académie d’architecture. Paris, Didot l’aîné, an VIII (1800). (1) f., 16 pp.Le peintre David présente son célèbre tableau et répond par avance aux critiques. Martin & Walter, 9361; Tourneux,19939.13. LE BARBIER (Jean-Jacques) : Des causes physiques et morales, qui ont influé sur les progrès de la peinture et dela sculpture chez les grecs. Paris, Imprimerie des Sciences et des Arts, Floréal an 9e (1801). 59 pp.14. BONINGER : Peinture mécanique des citoyens Boninger et Compagnie. Paris, Porthman, s.d. (1802). 16 pp.15. [DUPAIN-TRIEL (J.-L.)] : Invitations familières faites aux élèves de ce tems, dans les beaux arts, tendantes à- 4 -


Cambacérès, l’Empereur «intérimaire»11- CAMBACÉRES. Recueil de correspondance autographe adressée au Général Clarke pendant la campagne de1806 à 1807 jusqu’à la paix de Tilsitt. Paris, 1806-1807, in-8, ensemble de 48 lettres signées, bi-feuillets pour laplupart anepistographes, datées Paris, du 11 octobre 1806 au 19 juillet 1807. Lettres conservées dans un demi‐étui demaroquin à rabats, dos à 5 nerfs, titre doré et date en queue de dos, étui inséré dans un boîtier recouvert de papier marbré,lettres protégées par une chemise de papier bleuté avec la mention : «Lettres de Cambacérès depuis le commencementde la Campagne jusqu’à la paix de Tilsitt», tête des lettres dorée (Etui moderne). 23.000 €Important document <strong>historique</strong>.Jean-Jacques Régis Cambacérès (1753-1824), Archichancelier de l’Empire et duc de Parme à partir de 1808, assuraitl’intérim - mais sans initiative - quand Napoléon était aux armées. Demeuré à Paris, Cambacérès répond auxmissives envoyées par Clarke (1765-1818), alors gouverneur de Berlin et de la Prusse, pendant les victoires de Iéna,prise d’Erfurt, Eylau et Friedland et qui se termineront par la paix de Tilsit conclue entre la France et la Prusse, le9 juillet 1807. A travers cette correspondance qui livre des nouvelles des différents fronts, il transparaît la légendaireinsécurité de l’Archichancelier, qui s’inquiète sans cesse de n’avoir des nouvelles directes de l’Empereur : «L’Empereura été six jours sans m’écrire et si vous n’aviez eu la bonté de vous souvenir de la prière que je vous ai faite, j’aurais étédans de grandes inquiétudes pendant ce long silence» (11 octobre 1806) ; «Ecrivez-moi surtout lorsque sa Majesténe m’écrira point : le moindre retard dans ses lettres que j’attends me causant une inquiétude très naturelle...»(5 déc. 1806). Clarke assurait une correspondance soutenue, au point où l’on a dit de lui que «c’était l’homme d’épéequi devait le plus à son travail de plume» (Tulard, Dict. Napoléon, p. 424). Cambacérès propose à son correspondantdes nouvelles de la capitale sans «activité», et réclame incessament le retour de l’Empereur, dont «la présence est biendésirée». La lecture de cette correspondance confirme les propos de son biographe : «Cambacérès était un agent decentralisation et de transmission. L’Empereur seul gouvernait, même absent [...]. Il ne laissait à l’Archichancelierpresque aucune initiative et lui prescrivait en détail sa besogne quotidienne» (Vialles, L’Archichancelier Cambacérès(1908), p. 320).Excellent état de conservation.La Restauration réunit deux gloires de l’Empire12- CAPITAINE (Louis). Carte de la France comprenant toutes les Mairies ; divisée en Départemens, Arrondissemenset Cantons, Dressée par Louis Capitaine [...] acquise par le Dépôt de la Guerre en 1815 ; Perfectionnée et agrandiejusqu’au de là du Rhin et des Alpes de 1816 à 1821. Paris, Charles Picquet, 1821, 16 cartes gravées entoilées en3 boîtes-étuis in‐8, maroquin rouge à grain long, roulette dorée en encadrement sur les plats, ex-dono doré aux centres,dos lisses ornés de roulettes et de fleurs de lys dorées, titres et tomaisons dorés (reliure de l’époque). 7.500 €Édition définitive de la Carte de France, dite de Capitaine.Cette large carte du royaume, avec le détail de ses frontières nord-est, se compose de 24 feuilles gravées, montées en15 plans entoilés dépliants ; elle se déploie sur une surface totale de 320 x 300 cm.Un tableau d’assemblage (56,5 x 52,5) également entoilé complète l’ensemble.Cette carte au 1/345 600 - échelles en toises et en mètres - a été établie par Louis Capitaine (1749-1797) «Associéet premier Ingénieur de la Carte de France de Cassini». Réalisée à l’extrême fin de l’Ancien Régime, elle proposaitune réduction au quart de la célèbre carte de Cassini, avec les nouveaux départements. Revue et augmentée parBelleyme, elle fut achevée en 1822. «[...] on y a ajouté un grand nombre de positions et de forêts [...] toutes les routeset canaux exécutés en France depuis un demi-siècle y ont été tracés [...]. Ces divers travaux ont donné un nouveaudegré d’intérêt à l’ouvrage, qui doit être regardé, après celui de Cassini comme le plus complet parmi ceux qu’on apubliés jusqu’à ce jour».Prenant en compte les nouvelles dimensions de la France après 1815, cette carte inclut également au nord laBelgique - d’après Ferrari - et une partie des Pays-Bas (jusqu’à Amsterdam et Deventer), à l’est l’Allemagne jusqu’auRhin et au-delà (Düsseldorf, Cologne, Bonn, Coblence, Francfort), la Suisse jusqu’à Lucerne, ainsi que la Savoieet le Piémont (Domodossola, Asti, Turin). On notera que le tableau d’assemblage conserve les anciennes limites etappellations des départements républicains ou du <strong>Grand</strong> Empire : Dyle (Bruxelles), Sambre-et-Meuse (Namur),Roer (Aix‐la‐Chapelle), Mont-Terrible, Léman, Mont-Blanc, Alpes maritimes, etc. Sur la carte, les frontières issuesdu Traité de Paris - ramenées à leurs limites de 1790 - ont bien été indiquées, entérinant notamment la perte deSarrebruck, Sarrelouis, Bouillon, Landau, la Savoie, Nice, etc.La carte de Capitaine, dans cette dernière mouture, fait le lien entre une topographie héritière du XVIIIe siècle - cartede Cassini - et celle nouvelle qui se développe au XIXe siècle principalement à travers la carte dite d’État-Major,initiée sous la Restauration.Très bel exemplaire dans ses boîtes-étuis en maroquin rouge de l’époque.Ex-dono poussé à l’or au second plat de la première boîte :«Témoignage de Satisfaction donné par S.E.M. Le Maréchal Duc de Bellune, Pair de France, MinistreSre. d’Etat du Département de la Guerre» et dédicataire au premier plat de la troisième : «À Mr. Thiebault(Paul Adol. Dieudonné Lieutenant Aide-Major 1822».Claude Perrin dit Victor, duc de Bellune, maréchal de France (1764-1841), gravit tous les échelons de la hiérarchiemilitaire. Il se distingue au siège de Toulon, lors des campagnes d’Italie, puis dans les guerres de l’Empire. Sa conduiteà Friedland (1807) lui vaut le bâton de maréchal et l’année suivante il est créé duc de Bellune. Il s’illustre encore enEspagne, en Russie - sa défense de la rive est de la Bérézina permet le passage de l’armée - en Allemagne et lors de lacampagne de France.Fait chevalier de Saint-Louis par Louis XVIII en 1814, et ayant rejoint le roi à Gand lors des Cents Jours, sous laSeconde Restauration, il est nommé pair de France et major-général de la Garde royale - il vote la mort de Ney - etenfin ministre de la guerre (14 déc. 1821-19 oct. 1823).Fils de Paul-Charles-François-Dieudonné Thiébault (1769-1846), général et baron d’Empire, Paul‐Adolphe‐Dieudonné(1797-1875) fut instructeur militaire (et amateur d’art). En 1822, il était sous-lieutenant aide-major auCorps royal d’Etat‐Major.- 6 -


13- CARBURI (Marino). Monument élevé à la gloire de Pierre-le-<strong>Grand</strong>, ou Relation des travaux et des moyensméchaniques qui ont été employés pour transporter à Pétersbourg un rocher de trois millions pesant, destiné à servir de baseà la statue équestre de cet Empereur ; avec un examen physique et chymique du même rocher. Paris, Nyon, Stoupe, 1777,in-folio, 48 pp. de texte, avec 12 belles planches gravées par R. d’Elvaux ou Sellier d’après les dessins de V. Blarenbergh(dont 10 à double page), demi-veau blond, dos lisse, tranches mouchetées (Laurenchet). Bel exemplaire. 6.000 €Edition originale de cet ouvrage célèbre dans l’histoire des techniques.Rédigé par l’ingénieur d’origine corfiote, Marino Carburi (ou Marinos Cherbouros), il décrit la façon dont fut transportéd’une des îles du Golfe de Finlande à Saint-Pétersbourg un énorme rocher qui devait servir de socle à la monumentalestatue de Pierre Ier par Falconet demandée par Catherine II, et qui forme aujourd’hui un des monuments les plus envue de la cité. Ce transport difficile (qui fut même déclaré impraticable à l’époque) donna l’occasion d’utiliser pour lapremière fois les coussinets à sphères (et non à cylindres) pour acheminer les charges très pondéreuses.14- CHABERT (Joseph Bernard de). Voyage fait par ordre du Roi en 1750 et 1751, dans l’Amérique septentrionale, pourrectifier les cartes des côtes de l’Acadie, de l’Isle royale & de l’Isle de Terre-Neuve ; et pour en fixer les principaux pointspar des observations astronomiques. Paris, Imprimerie Royale, 1753, in-4, [2]-VIII-288-[10] pp., avec une vignette en-têtegravée et 8 pl; dépl., dont 6 cartes, et 2 tableaux, basane fauve marbrée, dos à nerfs orné alternativement d’ancres et defleurons dorés, tranches rouges (reliure de l’époque). Restaurations de cuir aux coiffes et aux coins, mais bon exemplaire,grand de marges. 6.000 €Unique édition de ce voyage scientifique de grande qualité, effectué sur ordre royal pour relever le tracé des côtes del’Acadie. Le marin toulonnais Joseph-Bernard de Chabert de Cogolin (1724-1805), vite affecté au Dépôt des cartes deVersailles, puis au Bureau des longitudes, fit une belle carrière, essentiellement occupée à des travaux hydrographiques.Ultérieurement, il prendra part à la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis.Sabin, 11723. Public Library of Toronto, Bibliography of Canadiana, 222.Très intéressant exemplaire orné sur les deux plats du médaillon «Marine de la Répu[blique] Française», qui servit àremplacer, sur les ouvrages du ministère de la Marine l’écusson fleurdelisé, conformément à la législation révolutionnaire.A notre connaissance, la Marine fut le seul département à observer systématiquement cette réglementation et à changerles plats de ses livres.15- [CLUGNY] - [JUILLET (Maître)]. Généalogie de la maison de Clugny, prouvée, contradictoirement, sur la foi desauteurs, & des titres. Dijon, C. Michard, s.d., (v. 1725), in-folio, titre avec belle vignette héraldique, 207-XXXVIII pp.,avec deux blasons gravés dans le texte et deux planches hors-texte, dont la reproduction gravée d’une belle plaquefunéraire, basane havane, dos à nerfs, tranches mouchetées de rouge (reliure de l’époque). Des frottis sur les plats, maisbon exemplaire. 3.000 €Généalogie de toute rareté, qu’il ne faut pas confondre avec celle donnée par Desuatour à l’adresse d’Amsterdam en1724 (cette dernière ne comprend que 55 pp.). L’attribution à Maître Juillet, avocat au Parlement de Dijon, est celledonnée par la Bibliothèque de Troyes.Une remarquable planche de cénotaphe montrant la mort dansant sur deux lions.Saffroy III, 38950. Seulement deux exemplaires au CCF.Exemplaire de P. Cochon, avec bel ex-libris armorié du XVIIIe siècle, contrecollé sur les premières gardes.16- COMMINES (Philippe de). Les Mémoires de messire Philippe de Commines, chevalier, seigneur d’Argenton. Surles principaux faits & gestes de loys XI & Charles VIII son fils, Rois de France. Et un ample indice des choses plusremarquables. Le tout reveu & corrigé sur l’édition de Denis Sauvage. Rouen, Jean Berthelin, 1610, fort vol. in‐12, [11] ff.n. ch. (titre, au lecteur), 853-[21] pp., avec trois portraits-frontispices sur deux feuillets, maroquin havane clair, dos à nerfsà double caissons richement décorés, pièce de titre havane, encadrement de triple filet doré sur les plats, chiffre couronnéau centre du premier plat, double filet doré sur les coupes, tranches dorées, large dentelle intérieure (rel. du XIXe siècle).Une réparation de papier angulaire au f. 779-80, mais bel exemplaire. 2.500 €Cette petite édition rouennaise, agréable tant par la typographie que par le format, forme l’une des très nombreuses («uneinfinité de fois», dit Molinier) déclinaisons de la bonne version donnée par Denys Sauvage en 1552. Comme l’on sait eneffet, les éditions de Commines sont d’une exceptionnelle abondance, et il n’en existe pas de bibliographie complète.SHF, Molinier, 4663.Précieux exemplaire de Robert-Philippe duc de Chartres (1840-1910), second fils du duc d’Orléans et ancêtre desactuels princes d’Orléans, avec chiffre doré poussé au centre du premier plat (variante OHR 2584-7), et cachet humideau premier feuillet.Avec le second livre de Jean-Baptiste Say17- [CONSULAT ET ECONOMIE] - Recueil d’économie politique. Paris, 1799-1823, 3 titres en un vol. in-8, basaneracinée, dos lisse orné, tranches mouchetées (reliure de l’époque). Coiffe supérieure abîmée, mais bon exemplaire. 5.000 €Le Consulat ne fut pas seulement, comme on le décrit trop souvent, l’oeuvre d’un homme unique, même s’il s’appelaitBonaparte : la période vit la mobilisation de nombreuses énergies dans tous les domaines de la vie française. Parmi eux,la pensée et la pratique économiques sont les plus négligées par les historiens «hexagonaux» ; mais c’est vraiment sous leConsulat que furent posés les fondements de la modernité industrielle et commerciale de la France.Cet ensemble comprend les titres suivants :I. [ROEDERER (Pierre-Louis) :] Mémoires d’économie publique, de morale et de politique. Tome premier. Paris,Imprimerie du Journal de Paris, s.d. [décembre 1799], 76-[2] pp.Rare. Sous ce nouvel intitulé, il s’agit de la continuation des cinq volumes du Journal d’économie publique, de moraleet de politique, commencé en l’an IV (1796), et qui s’était attiré nombre de collaborations prestigieuses, comme cellesde Talleyrand, Morellet, Dupont de Nemours, Lacretelle, etc. Dans cette livraison, l’on trouvera une contribution deRégnault de Saint-Jean-d’Angély (sur la clôture de la liste des émigrés), et deux de Camille Saint‐Aubin (sur l’état desfinances publiques et la création d’une caisse d’amortissement). Hatin, p. 264.- 7 -


II. SAY (Jean-Baptiste) : Olbie, ou Essai sur les moyens de réformer les moeurs d’une nation. Paris, Déterville,Treuttel et Würtz, an VIII [1800], XII-132 pp.Très rare édition originale du second volume d’économie publié par Jean-Baptiste Say : c’est un mixte d’utopie etde traité réformateur dans le mouvement qui entraînait la société française depuis la mise en place du Consulat ; ony trouvera les prémices de la pensée économique que l’auteur devait exprimer plus tard dans ses différents traités.Kress B 4266.III. DU BOIS-AYME (Jean-Marie-Joseph-Aimé) : Examen de quelques questions d’économie politique, etnotamment de l’ouvrage de M. Ferrier intitulé Du Gouvernement considéré dans ses rapports avec le commerce. Paris,Pélicier, 1823, [4]-248 pp.Edition originale de ce véritable traité d’économie politique, que l’auteur eut le loisir de composer après sa mise àpied (en 1823, pour son opposition à Villèle).4 exemplaires répertoriés dans le monde18- COTEREAU (Claude). Du Devoir d’un capitaine et chef de guerre. Aussi du combat en camp cloz, ou duel. Letout faict latin par Claude Cotereau : & mis en langue françoyse par Gabriel du Preau. Poitiers, a l’enseigne du Pelican[Jean II & Enguilbert II de Marnef], 1549, petit in-4, [4]-68 pp., maroquin cerise, dos à nerfs orné de filets et fleuronsdorés, triple filet doré en encadrement sur les plats, tranches dorées, frise doré sur les coupes, dentelle intérieure(Koehler). 9.000 €Première édition en français de ce traité des devoirs, privilèges et qualités des officiers, ainsi que des règles concernantle duel.En 1539, le juriste et écrivain Claude Cotereau (1499-1550) avait publié en latin un ouvrage sur les lois militaires,imprimé à Lyon par Etienne Dolet : De Jure et privilegiis libri tres. Cet ouvrage traite des réglements et lois relatifsaux crimes de guerre, revanches, duels, désertions, cour martiale, aussi bien que des devoirs des officiers. Dix ansaprès (1549), la présente version parut, consistant en une traduction française par l’humaniste Gabriel Du Préau(1511‐1588) de deux des sections de l’ouvrage latin : le chapitre sur les devoirs du chef de guerre et celui sur lesduels.Une précision bibliographique.Comme le privilège royal porte la date du 7 mars 1547, il a longtemps été (par erreur) annoncé que la premièreédition était parue cette année, bien qu’aucune copie à cette date n’ait été localisée par ceux qui la citent, à commencerpar le Supplément de Brunet (I, 323). L’erreur a été perpetuée par les bibliographes suivants, parmi lesquels A. deLa Bouralière (L’Imprimerie et la librairie à Poitiers pendant le XVIe siècle, p. 107), Cioranesco et Louis Desgraves(Répertoire bibliographique, vol. 5, n° 59).Il est de toute façon certain qu’il n’a pu apparaître une édition antérieuredans la mesure où, indépendamment du fait qu’aucun exemplaire semblable n’a été trouvé, la dédicace de Du Préauà François de Vendôme est datée du 1er octobre 1548 et que le colophon porte une date ultérieure, le même mois.Un ouvrage de la plus grande rareté.En effet, l’ouvrage n’est présent que dans quatre bibliothèques dans le monde : Magdalen Collège (Oxford), BerlinStaatsbibliothek, Bayerische Staatsbibliothek München, Médiathèque Louis Aragon (Le Mans), ce dernier étant leseul dans une bibliothèque française.Brunet, II, 325. Répertoire bibliographique, p. 39, n° 71. Pichon, n° 2046, Prince d’’Essling, n° 10.Très bel exemplaire provenant de la bibliothèque du Prince d’Essling (n° 10 de la vente, décrit comme «très rare»,acheté par Techener).19- COURIER (Paul-Louis). Œuvres complètes. Paris, A. Sautelet et Cie, Alexandre Mesnier, 1829-1830, 4 vol. in-8,[4]-XLII-372, [4]-433, [4]-384 et [4]-424 pp., demi-chevrette cerise à coins, dos lisses ornés, plats de toile cerisegaufrée, monogramme couronné au centre (reliure de l’époque). Bel exemplaire. 8.000 €Deuxième édition collective des pamphlets et essais de Paul-Louis Courier, en premier tirage, avec la particularitéque le volume III se termine à la page 384 avec la mention «Fin du troisième volume», donc sans les pp. 385-390rajoutées aux exemplaires de second tirage, et comportant une table. Cette édition est plus complète que celle de1826, intitulée Collection complète des pamphlets politiques et opuscules littéraires.Vicaire II, 1042.Précieux exemplaire de l’Impératrice Marie-Louise, avec chiffre doré poussé au centre des plats (OHR 2654-7).Dans l’entourage d’Erasme20- COUSIN (Gilbert). Oiketês sive de / Officio famulorum per / Gilbertum Cognatum / Nozerenum. [Bâle], inofficina Frobeniana, 1535, petit in-8, [15] ff. n. ch. , signatures a (8) - b (7), vignette de Froben au titre, lettrine Q duf. a2 soigneusement rehaussée de couleurs et gommée anciennement, demi-chagrin cerise, dos lisse avec titre doré enlong (rel. du XIXe s.). Corps des ff. un peu déboîtés. 5.000 €Très rare édition bâloise, portant la date de l’originale parisienne, de l’un des tout premiers opuscules de l’humanistefranc-comtois, surtout cité pour sa Brevis Burgundiae comitatus descriptio (1552). Il est dédicacé à son bienfaiteur etcousin Louis de Vars.Gilbert Cousin (1506-1572), né à Nozeroy, dans l’actuel Jura (d’où l’épithête de Nozorenum au titre, qui assoneagréablement avec le Nazarenum de Jésus), fut un humaniste comtois renommé, devenu en 1530, à la suite de larecommandation de son cousin Louis de Vars, l’abbé du Mont-Sainte-Marie, secrétaire et confident d’Erasme. A lafin de 1535, il revint dans son bourg natal, devint chanoine du chapitre Saint-Antoine, et enseigna la grammaireet la rhétorique à de nombreux élèves. Suspecté d’hérésie à partir de 1557, pour se montrer proche de la Réforme,comme la plupart des érasmiens, il fut incarcéré à trois reprises dans les prisons épiscopales de Besançon, où il passapresque les cinq dernières années de sa vie. Le Comtois Lucien Febvre lui a consacré une monographie spéciale,parue en 1907.Aucun exemplaire de cette édition bâloise au CCF.Ex-dono de Charles Hugon à l’abbé Girod, daté du 1er mai 1852.- 8 -


21- COXE (William). Les Nouvelles découvertes des Russes, entre l’Asie et l’Amérique, avec l’histoire de la conquête dela Sibérie, & du commerce des Russes & des Chinois. Ouvrage traduit de l’Anglois de M. Coxe. Paris, Hôtel de Thou,1781, in-4, [4]-XXII-314 pp., avec 5 planches dépl. dont 4 cartes et une vue en perspective de Maimatschin, veau marbré,dos à nerfs orné, encadrement de triple filet à froid sur les plats, tranches marbrées (reliure de l’époque). Bel exemplaire,à grandes marges. 3.000 €Première édition française. Le grand voyageur que fut l’archidiacre William Coxe (1747-1828) a laissé quantité derelations des pays qu’il a traversés, où se mêlent information livresque et souvenirs personnels. Le présent ouvrage,d’abord paru en anglais en 1780, sur la pénétration des Russes en Sibérie relève plutôt du premier genre, mais il fournitquantité de détails précieux sur les expéditions en direction de l’Orient au XVIIIe siècle.Cordier, Sinica, 2447.22- DANGUY DE LA MENAYE (M.). Formation de l’Infanterie Françoise, Plan combiné d’après le génie de la Nation.A Paris, chez de Bure, 1789, in-8, 1 f. de titre, 8, [3]-XXXVIII-253 pp., 1 f. d’approbation, maroquin rouge, dos lisseorné, triple filet doré d’encadrement sur les plats, fleurons aux angles, armes au centre, filet doré sur les coupes, dentelleintérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). 4.000 €Edition originale.Une grande planche repliée donne le Tableau des villes où le Roi entretient ordinairement des garnisons.Dédié aux Etats-Généraux, cet ouvrage constitue un véritable traité de l’infanterie à la veille de la Révolution : compositiondes troupes, état-major, habillement ...Aux armes de Pierre-Louis de Chastenet, comte de Puységur (1727-1807), ministre de la Guerre du 30 novembre 1788au 12 juillet 1789.Très bel exemplaire.Variante d’ O. H. R. 137, 1 et 2, avec la devise : Bellicae Virtutis Præmium.23- DENYS (Guillaume). L’Art de naviguer perfectionné par la connoissance de la variation de l’aimant, ou Traité dela variation de l’aiguille aimantée. Où sont déduits cinq moyens de trouver de combien et de quel costé le compas manqueen certains lieux à monstrer les véritables parties du monde. Et notamment celuy de trouver cette variation à toute heuredu jour & de la nuict par l’azimuth. Reveu, corrigé, & augmenté de nouveau par l’autheur. Troisième édition. Dieppe,Nicolas Dubuc, 1681, in-4, [4] ff. n. ch. (titre, dédicace à Colbert), 220 pp., [2] ff. de table, avec 2 pl. de tables à doublepage (entre les pp. 98 et 99), et 7 grandes fig. dans le texte (dont 3 munies de volvelles), veau brun granité, dos à nerfsorné, tranches mouchetées de rouge (reliure de l’époque). Coiffes et coins restaurés. 8.000 €Toutes les éditions de cet ouvrage novateur sont rares.Curieux personnage que ce Guillaume Denys, né à Dieppe vers 1624, mort dans cette ville en novembre 1689. Il avaitété ordonné prêtre en 1647, mais son goût le portait vers le monde des pilotes, des capitaines et des constructeurs denavires. Il se mit à enseigner l’hydrographie, et Colbert, qui se tenait informé de tout ce qui concernait la marine, prit soncours sous sa protection en lui assurant une pension de 1200 livres par an. Il fut le fondateur de l’Ecole d’hydrographiede Dieppe, qui ouvrit ses portes au domicile de Denys le 30 septembre 1664, et compta bientôt 100 à 210 élèves, parmilesquels de futurs grands pilotes comme Cauvette ou Corruble.Polak, 2513 (pour l’originale de 1666). Frère I, 338.24- DIDEROT (Denis). Jacques le Fataliste et son maître. A Paris, Chez Buisson, An V, (1796), 2 vol. in-8, [4]-XXI,23‐286 et [4]-320 pp., cartonnage à la Bradel recouvert de papier bleu-vert, dos lisse orné de filets dorés, pièces de titreet tomaison ornées de filets dorés (reliure de l’époque). Dos et plats frottés. Manques d’une pièce de titre pour le tome II.Petites mouillures en fin du tome II. 5.000 €Édition originale de première émission.Publication posthume de ce célèbre roman du philosophe encyclopédiste qui le considérait, dans sa prose, comme lependant de La Religieuse, paru la même année (1796) mais rédigé en 1760.Jacques le fataliste fut écrit entre 1771 et 1778, puis recorrigé, alors que l’auteur s’engagait dans une lutte philosophiqueaux côtés de d’Holbach, une des figures les plus connues du fatalisme matérialiste des Lumières. Elle fut annoncée etcommentée dans les Annales patriotiques et littéraires de L.-S. Mercier, du 27 septembre 1796.Exemplaire «dans son jus», avec des défauts d’usage mais non restauré.La publication de Jacques le fataliste s’effectua d’après un manuscrit d’origine inconnue (mais probablement sorti de labibliothèque de Grimm), au moment même où le prince Henri de Prusse communiquait à l’Institut national de Franceun autre manuscrit du roman. Buisson profita de cette circonstance pour faire accroire au public que ce manuscritd’appartenance princière avait servi de base à son édition.La bibliographie d’Adams est venue renouveler entièrement la connaissance sur les éditions de Jacques le Fataliste.La plupart des éditions présentées comme originales sont des nouveaux tirages (il y a eu trois tirages à la même date etchez le même éditeur).Cioranescu, 24099. Tchemerzine, II, 965. Adams, II, JF1.25- DIDEROT (Denis). La Religieuse. A Paris, Chez Buisson, An V, (1796), in-8, [4]-411 pp., cartonnage à la Bradel recouvertde papier bleu-vert,dos lisse orné de filets dorés, pièce de titre (reliure de l’époque). Bon exemplaire, décoloration en hautdes plats, texte très frais. 5.000 €Véritable édition originale posthume.Rédigé en 1760, ce célèbre roman fut laissé par Diderot dans ses papiers. Il fut publié ensuite durant une Révolutionenthousiasmée par l’anticléricalisme. Saisie dès sa parution, cette stigmatisation de la vie conventuelle n’a pas perdu sonmordant, l’adaptation cinématographique de Jacques Rivette en 1966 sera en maint endroit interdit de projection.Exemplaire «dans son jus», dans une reliure strictement contemporaine.La première édition qui parut au début d’octobre 1796, fût établie par le libraire François Buisson d’après un manuscritprovenant de la collection de Grimm.Il y eut deux éditions à la même date et chez le même éditeur (en réalité la seconde fut imprimée en Angleterre).Cioranescu, 24164. Tchemerzine, II, 965. Adams, II, RC1.- 9 -


26- DIEREVILLE. Relation du voyage du Port Royal de l’Acadie, ou de la Nouvelle France, dans laquelle on voitun détail des divers mouvemens de la mer dans une traversée de long cours, la description du païs, les occupations desFrançois qui y sont établis, les manières des différentes nations sauvages, leurs superstitions & leurs chasses ; avec unedissertation exacte sur le castor (...). Ensuite la Relation, on a ajoûté le détail d’un combat donné entre les François &les Acadiens, contre les Anglois. Rouen, Jean-Baptiste Besongne, 1708, in-12, [6] ff. n. ch. (faux‐titre, titre, dédicaceà M. Bégon), 7-236 pp., un f. n. ch. d’approbation, basane granitée, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure del’époque). Dos et plats frottés. 2.500 €Edition originale de cette relation fort rare, composée d’abord en vers, puis truffée d’un texte explicatif en prose pourla rendre plus «digeste». Cette première édition connut trois sorties qui diffèrent légèrement entre elles. Il existe uneautre impression ancienne à la date de 1710, que l’on voit plus fréquemment, puis des réimpressions du XIXe et duXXe siècles (1885 et 1933). Notre exemplaire est bien complet du supplément racontant l’attaque de Port-Royal parles Anglais de Nouvelle-Angleterre, que l’on doit trouver dans la troisième sortie, mais il se trouve relié au début del’ouvrage (après la dédicace à Bégon), alors qu’il est normalement placé à la fin du texte.Envoyé en Acadie comme chirurgien, Diéréville s’embarqua le 20 août 1699 à La Rochelle et demeura à Port‐Royaldu 13 octobre 1699 au 6 octobre 1700 ; il s’intéresse surtout à la flore et à la faune du district. Ses remarques sur lesmœurs indiennes sont souvent savoureuses.Sabin 20128. Gagnon, 1134 (pour l’édition de 1710). Toronto public Library, Bibliography of Canadiana, 125(édition de 1710).27- DU BARAIL (Général). Mes Souvenirs (1820-1879). Paris, Plon, 1894-1896, 3 vol. in-8, portrait-frontispice àchaque tome, index, bradel demi maroquin bordeaux, dos lisse orné, couv. cons. (Pierson). Bel exemplaire. 3.000 €Les brillants mémoires d’un officier supérieur de la seconde moitié du XIXe siècle, dont les volumes sont truffésde lettres autographes des personnages militaires ou <strong>historique</strong>s relatés dans ces souvenirs : en tout, 29 lettresautographes signées parmi lesquelles on trouve l’Impératrice Eugénie au prince Murat, le roi de Suède, Thiers,le Duc de Broglie, Jules Grévy, Dufaur et Gambetta, les généraux Yusuf, Changarnier, Borel, etc.Écrits dans un style clair et plein de verve, les Souvenirs de Du Barail constituent un des modèles du genre, aupoint d’avoir été comparés à ceux de Marbot pour le Premier Empire, comme une suite de galerie de portraits etde situations attachantes. Ces mémoires se lisent comme un roman et sont un témoignage incontournable sur laconquête de l’Algérie et sur l’auteur. Celui-ci a notamment servi au corps de Cavalerie indigène du colonel Yusuf(lettre n°1), participé à la prise de la smala d’Abd el Kader, ou encore à la bataille d’Isly. Du Barail monte rapidementen grade, participe à la campagne du Mexique où il remplace le général de Mirandol, prend la tête de la premièrebrigade de la Garde Impériale (chasseur et guide. Voir lettre n°5), livre bataille dans les derniers combats de l’Arméedu Rhin pendant la guerre de 1870, et revenant de captivité, va combattre la Commune de Paris à la tête de lapremière Division de l’Armée de Versailles (lettre n°7), avant d’investir la capitale.Cependant la plupart des lettres autographes se rapportent à la fin de sa vie, traitant des actions politiques dugénéral au sein du ministère, ainsi qu’à celles de son successeur le général Borel, continuateur de son œuvre. DuBarail fut en effet appelé au ministère de la Guerre le 29 mai 1873, en remplacement du général Cissey, au momentoù Mac-Mahon prit le pouvoir à la suite du renversement de Thiers. Faisant partie de «l’Ordre moral» instituépar le maréchal, Du Barail lance une profonde réforme militaire, dont les bases furent initiées par Cissey, et quifurent exigées par les faiblesses criantes de l’armée mises en lumière par les désastres de 1870. Cette réorganisationde l’armée passera par des mesures de hautes portées dont sa refonte en grandes unités, définies dans différentescirconscriptions territoriales, l’institution d’une armée permanente sur le modèle prussien, une loi sur les nouveauxforts de Paris et sa défense par les camps retranchés, mais surtout la mise en place d’une École de Guerre. En butteà l’hostilité de la gauche républicaine, et doué d’un caractère inflexible qui lui valut des inimitiés, Du Barail ne serapas reconduit dans son ministère à la chute du cabinet de Broglie en mai 1874. En quittant le ministère, il prit lecommandement du 9e Corps à Tours, mais la majorité républicaine demanda sa démission.Le général Borel assura la suite du ministère, et la continuité de l’œuvre de réforme engagée. Le choix de Borel parle président du Conseil Dufaure contentait autant le maréchal Mac-Mahon que la gauche (lettre n°21). Bien queconservateur et fervent catholique, Borel était plus souple, ayant la réputation d’être hostile à toute intrusion de lapolitique dans l’armée (lettre n°9 et 19), mais rendant hommage aux intentions de Gambetta et Freycinet devant lacommission d’enquête sur les actes du gouvernement de la Défense Nationale en 1871. Borel était l’ancien chef decamp de Mac-Mahon, attaché au général Du Barail alors ministre, en tant que chef de cabinet et chef d’état-majorgénéral, puis membre du Conseil supérieur de la Guerre lors du vote de juin 1874 sur la réorganisation de l’armée.Il fut, avant d’être ministre de septembre 1877 à janvier 1879, commandant de la 12e Division d’Infanterie à Reimset en 1875 chef d’état-major du gouverneur de Paris, le général Ladmirault (lettre n°12).L’ensemble des lettres relatives au général Borel sont d’autant plus importantes que l’ouverture des archives de familledéposées à la Bibliothèque Nationale ne fut effective qu’en 1995, et donc peu exploitée à ce jour.Vue la richesse des sources relatives aux souvenirs de Du Barail et concernant tout particulièrement Borel, on peut seposer la question de la provenance : Exemplaire de l’auteur ? Outil de travail du général Borel ? Ou tout simplementl’œuvre d’un collectionneur ? L’ensemble de ces lettres n’en constitue pas moins un complément remarquable à lalecture de ces mémoires.Détail des volumes sur demande.28- DU CASSE (Hermann). Mélanges. Marguerite (jeune fille et jeune fleur) : ouvrage couronné. - Un double devoir :nouvelle. - L’Espion de Zumalacarreguy : drame <strong>historique</strong>. - Impressions de guerre : souvenirs d’Espagne. Milan,Imprimerie de François Manini, 1856, petit in-8, 288 pp., chagrin bouteille, dos à faux-nerfs orné de filets et hachuresdorés, encadrements de double filet doré, quadruple filet à froid et double filet doré sur les plats, guirlande à froid aucentre des plats, tranches dorées, gardes en papier gaufré ivoire (reliure de l’époque). Bel exemplaire. 1.800 €Très rare recueil de textes mineurs du baron Hermann Du Casse qu’il ne faut pas confondre avec l’autre baron,Pierre-Emmanuel-Albert Du Casse (1813-1893). Il est composé de fictions, à l’exception du dernier, Impressions deguerre, qui donne les réflexions du jeune homme en 1834, lors de son arrivée dans l’Espagne du nord déchirée par- 10 -


la première guerre carliste, et fait écho au texte plus développé paru en 1840 : Echos de la Navarre, quelques souvenirsd’un officier de Charles V.Un seul exemplaire au CCF (BnF). Pas dans Palau. qui cite pourtant les’autres contributions de l’auteur sur l’Espagneet la guerre en Navarre. De même absent de Del Borgo, qui est le seul à raconter l’expérience espagnole de l’auteur(p. 304), au cours de laquelle il fut présenté à «Charles V» comme gentilhomme français. Il est à noter que ces deuxbibliographes espagnols donnent bien à notre auteur le prénom de Hermann, ce qui exclut que l’on puisse attribuernotre recueil à l’officier bonapartiste bien connu, intime des deux Jérôme. De surcroît, l’engagement dans la causetraditionnaliste du carlisme paraît bien contradictoire avec les fondamentaux du bonapartisme.Précieux exemplaire au chiffre couronné de Napoléon III (proche de OHR 2659-15). Il est à se demandersi l’homonymie des deux Du Casse n’a pas joué un rôle dans la présence de ce texte dans la bibliothèque del’Empereur.«Un prélat plus intellectuel que dévôt»29- DU PERRON (Jacques DAVY). Les Ambassades et négotiations, de l’illustrissime & reverendissime Cardinal DuPerron... Avec les plus belles & éloquentes lettres, tant d’Estat & de doctrine, que familières, qu’il a écrites sur toutessortes de sujets , aux roys, princes, ducs, républiques, grands seigneurs & autres de diverses qualités et celles qui lui ontété adressées de leur part. Ensemble les relations envoyées au roy Henry le grand, des particularités des Conclaves oùil s’est trouvé à Rome, pour la création de divers papes. Recueillies & accompagnées de sommaires & avertissementspar César de Ligny, secrétaire dudit seigneur. Paris, Antoine Estienne, 1623, in-folio, [20]-724 pp., portrait, maroquinrouge, dos à nerfs soulignés d’un filet doré et caissons dessinés par un double filet doré avec une petite frise en tête eten pied, triple filet d’encadrement sur les plats, tranches dorées (rel. du début du XVIIIe). 6.000 €Première édition.Elle est dédiée à Pierre Brulart, vicomte de Puysieux (1583-1640), secrétaire d’État et grand trésorier. Il étaitle fils du chancelier Nicolas Brulart de Sillery qui avait négocié le divorce et le remariage du roi Henri IV avecMarie de Médicis.Jacques Davy Du Perron (1556-1618) passa sa jeunesse en Suisse où s’étaient réfugiés ses parents calvinistes. En 1576,il vint à Paris où sur les conseils du poète Philippe Desportes, il abjura le protestantisme et obtint la place de lecteurde Henri III, ce qui lui permit de laisser libre cours à des travaux d’érudition et de poésie. À la mort du dernierValois, il fut remarqué par Henri IV qui lui donna l’évêché d’Évreux. Proche du nouveau roi, il usa de son influencesur ce dernier pour le ramener à la religion catholique et, en 1595, il obtint, secondé par l’abbé Arnaud d’Ossat, sonabsolution de la part du pape Clément VIII. Sacré évêque à Rome, il se consacra désormais à la prédication et suscitade nombreuses conversions. Ses qualités de controversiste et de diplomate le firent nommer ambassadeur de Franceà Rome avant de devenir archevêque de Sens (1606) et membre du Conseil de Régence (1610).«Ce recueil a été établi par son secrétaire César de Ligny qui ne reproduit pas les lettres déjà parues dans Les Diversesœuvres (Paris, 1622, 3 vol. in-folio) dont les Ambassades sont considérées comme un tome quatrième. Il y a là 84lettres au roi, des lettres de cardinaux et à des cardinaux, à Bellegarde, Bellièvre, Béthune, La Boderie, Harlay, Sully,Canaye... Le tout rangé dans un certain ordre chronologique, sauf les pièces relatives à l’absolution. C’est sur cetteaffaire que la collection est importante, ainsi que sur les conclaves de Léon XI et Paul V» (Hauser).Un portrait gravé du cardinal est à pleine page et suit le privilège.Très élégant maroquin de l’époque, avec quelques taches sur les plats.Cioranescu, 8972. Hauser, X, 2705.30- [DUPLAIN DE SAINTE-ALBINE]. Lettres à Monsieur le comte de B***, sur la Révolution arrivée en 1789,sous le règne de Louis XVI, avec des Notes sur les Ministres et autres gens en place qui, par des déprédations ou desabus d’autorité, ont donné lieu à cette révolution mémorable. A Londres, et se trouve à Paris, chez les Principauxlibraires, 1789-1790, 7 vol. in-8, demi-veau blond à coins de vélin, dos lisse, filets dorés, tranches rouges (rel. del’époque). Petits trous de ver à certains dos et à certains mors. 4.000 €Collection complète de la plus grande rareté.«Attribué à un certain Duplain de Sainte-Albine, qui, paraît-il, avant d’être journaliste, avait été libraire à Lyon,sa ville natale, et qui fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire, le 21 messidor an 2, comme complice dela conspiration de la prison du Luxembourg où il était détenu. Dans un prospectus publié après l’émission des huitpremiers numéros, l’auteur, voué à la vérité, se plaint d’avoir été victime toute sa vie de la tyrannie des grands, de lacupidité et de l’injustice des autres» (Hatin).«Violentes dénonciations de l’administration d’Ancien Régime, des «vizirs» et des «vampires», de l’»Aristocratie».Dénonciation tout aussi violente de la «licence» du peuple, des maux de l’anarchie, appels à l’ordre, à la répression del’»insurrection de la multitude», à l’union autour d’un roi fort. Crainte d’une extension de la révolution à l’étrangeret d’un avenir sombre pour la France» (Rétat).Les deux premiers volumes contiennent le prospectus et les feuillets d’annonce de chaque livraison imprimés surpapier bleu qui sont insérés dans l’ouvrage et qui résument le contenu du numéro qu’il concerne (du n° 2 au n° 9seconde partie) ; le tome 3 comporte une page de titre répétée pour chaque livraison ; on y joint en outre un impriméde 4 pages in-4 intitulé Anecdote sur M. Lenoir, qui donnera une idée de la manière dont les anecdotes sont traitées dans leslettres à M. le Comte de B*** ; le tome 6 contient un feuillet volant (en double) intitulé Lettres à M. le Comte de B***sur la Révolution arrivée en 1789 ; le tome 7 renferme un billet manuscrit où il est écrit : La Société Littéraire àl’honneur de vous prévenir que votre abonnement étant fini, elle continuera de vous envoyer jusqu’au numéro 50...Bon exemplaire.Martin et Walter, Journaux, 881. Rétat, 116. Hatin, 138. Manque à Deschiens.- 11 -


31- FEY (Henri-Léon). Histoire d’Oran avant, pendant et après la domination espagnole. Oran, TypographieAdolphe Perrier, 1858, petit in-8, [4]-VII-348 pp., chagrin vert empire, encadrements de motifs dorés et filets à froidsur les plats, ex-dono doré sur le premier, dos à nerfs orné de motifs dorés, tranches dorées, encadrement intérieur demotifs dorés (reliure de l’époque). 3.500 €L’auteur a composé son livre à Oran entre 1850 et 1858 en s’aidant des titres et des revues qu’il pouvait avoir àsa diposition ; il a, avec ces moyens, écrit un ouvrage sérieux ; il cite les opinions, les confronte entre elles et lesdiscutent. Il a relevé des inscriptions et a eu entre les mains un manuscrit du XVIIIe siècle.Epître dédicatoire au général de division Cousin de Montauban.Exemplaire de «Sa majesté catholique Isabelle II reine de toutes les Espagnes» offert par l’auteur, avec ex-donoauctoris frappé sur le premier plat. Note manuscrite sur le feuillet de titre indiquant que l’exemplaire a été «offert auGal Georges, par Pierre Hagens, secrétaire Gal de l’agence Havas».Tailliart, L’Algérie dans la littérature française, essai de bibliographie méthodique et raisonnée, 2072. Playfair, 1990.Almirante, 294.32- [FOUGERET DE MONTBRON (Jean-Louis)]. Le Canapé. A Cythère. [Paris,], 1797, in-16, [4]-103 pp., avec unfrontispice, maroquin aubergine, dos à nerfs à caissons dorés ornés de têtes de Pan, encadrement de triple filet doré sur lesplats, double filet doré sur les coupes, tranches dorées, large dentelle intérieure (rel. du XIXe s.). Coins émoussés, mais belexemplaire. 7.500 €Un conte érotique.Une des nombreuses éditions de ce conte érotique, qui voit un chevalier transformé en canapé par la fée Crapaudine,monstre de laideur, dont il a repoussé les avances, et qui ne put retrouver sa forme initiale qu’au bout de dix annéeslorsqu’une mésaventure semblable surviendra sur lui à la noce d’un vieux procureur. L’attribution à Fougeret (datesincertaines) n’est pas sûre, mais traditionnelle ; Pascal Pia pense que l’ouvrage est en réalité un véritable anonyme.Le frontispice libre est sous-titré La bonne dame ..... serre les fesses et emporte la canulle d’un cou de croupe.Cioranescu, XVIII, 29313. Gay I, 456.L’exemplaire de Talma.Exceptionnel exemplaire ayant appartenu au célèbre comédien François-Joseph Talma (1763-1826), avec mentionmanuscrite contemporaine d’ex-dono sur les premières gardes («Au citoyen Talma, acteur»). Les livres comportantcette provenance sont rares.33- FOURIER (C.). Le Nouveau monde industriel et sociétaire, ou invention du procédé d’industrie attrayante etnaturelle distribuée en séries passionnées. Paris, Bossange Père, Mongie Aîné, 1829, in-8, XVI-576-[4] pp., demi‐veauprune, dos lisse orné de filets dorés (reliure de l’époque). Qqs rousseurs éparses. 3.000 €Edition originale de l’un des textes fondamentaux de Fourier, sans le Livret d’annonce de 88 pages publié en 1830mais complet des feuillets d’errata des deux traités, Le Nouveau monde industriel et Traité de l’association domestiqueagricole,et Table du <strong>Grand</strong> traité de 1822, qui manquent à la plupart des exemplaires.Del Bo, 6.Très bon exemplaire.34- FOURIER (Charles). La Fausse industrie morcelée, répugnante, mensongère, et l’antidote, l’industrie naturelle,combinée, attrayante, véridique, donnant quadruple produit. Paris, Bossange, l’auteur, 1835-1836, 2 vol. in-8,pagination multiple numérotée de façon hautement fantaisiste, brochés sous couverture imprimée de l’éditeur [volumeI], ou muette de papier d’attente [volume II]. 2.000 €Edition originale de l’ouvrage le plus perturbant du visionnaire socialiste, non seulement par les thèses développées(comme d’habitude), mais encore par le véritable délire qui a présidé à l’assemblage des cahiers et au chiffrage (lapagination est conforme à celle décrite dans la bibliographie infra).C’est là le dernier livre de Charles Fourier, qui devait au départ constituer la suite de «La Réforme industrielle»et dont le plan fut sans cesse remanié afin de répondre aux critiques de la presse, ce qui explique sa paginationextrêmement complexe, et aussi le fait qu’il ne fut pas repris dans les éditions collectives ultérieures.Feltrinelli, Scuola societaria, 7.35- FOURIER (Charles). Traité de l’association domestique-agricole. Paris, Bossange Père, P. Mongie aîné, Londres,Martin Bossange, 1822, 2 vol. in-8, LXIV-592 et VIII-648 pp., demi-basane blonde, dos lisses ornés de filets etguirlandes dorés, tranches mouchetées (reliure de l’époque). 6.000 €Edition originale peu commune, comportant la signature autographe de Fourier au verso du faux-titre. C’est làl’oeuvre majeure de Fourier, exposé déjà très complet de sa pensée, qui fut publiée grâce au soutien financier de sonpays Just Muiron, mais qui ne connut à l’époque aucun succès malgré la promotion personnelle de l’auteur à Paris.Sous ce titre volontairement restreint, le penseur socialiste fait rentrer l’intégralité de sa doctrine générale del’harmonie universelle Le style de l’ouvrage est passablement étrange, comme les autres productions du visionnaire, lacomposition en apparaît complexe et interminée, les néologismes surabondent, notamment dans les divisions (Fourierest l’inventeur des «postiennes» comme des «cisludes», «transludes», «citra-pauses» et autres «ulter-logues», etc.), ainsique les appels à la passion et à l’imagination. Il est fascinant de comparer ce monument du premier socialismebalbutiant ses sévérités un peu enfantines contre le commerce, à la rigueur méthodologique à la fois exhaustive etpédante du Marx du «Kapital», et l’on comprendra mieux le mépris un peu condescendant que le penseur allemandréservait à ce qu’il appelait le «socialisme utopique», ceci servant à masquer d’autant plus efficacement les nombreuxemprunts qu’il lui faisait dans l’élaboration de sa propre théorie ... C’est que le fouriérisme, «Weltanschauung» globale,a pour désir de recomposer tout l’homme et verse facilement dans l’anticipation visionnaire, en court‐circuitant lesétapes de réalisation.Feltrinelli, Fourier e la scuola societaria, 5. Kress C864.On joint :- 12 -


Sommaire du Traité de l’association domestique-agricole, ou attraction industrielle. Paris, Bossange père,P. Mongie aîné, Londres, Martin Bossange, 1823, in-8, 16 pp. (avec un encart d’un feuillet chiffré 8b, 8c, 8d et 8e),puis pages 1329-1448 (avec un encart d’un feuillet chiffré 1398b, 1398c, 1398d, 1398e), un feuillet non chiffré(appendice aux conclusions), broché sous couverture d’attente muette de papier crème, non coupé.Edition originale de ce curieux texte, mi-supplément, mi-index, censé compléter les deux volumes de l’Associationdomestique-agricole, parue l’année précédente : de fait, l’étrange pagination s’explique en ce qu’elle prend la suitedu chiffre total des deux précédents volumes... L’opuscule était censé être distribué aux acquéreurs de l’oeuvre, maisil est très rarement joint en fait.Feltrinelli, Fourier e la scuola societaria, 6.Bel exemplaire.36- FRANCOIS IER. La Response / que le Roy de France a faict no[u]vellement / aux Alemans protestantz pourtradu- / ction du Concil et faict de la reli- / gion : tant des articles conci- / liez et non conciliez et / sa concessionsur / iceux.. Rouen, Jehan Lhomme, 1541, in-12 gothique, [4] ff., signatures A(i/iv), maroquin cerise, dos à nerfs,dentelle intérieure, tranches dorées (Magnin). Bel exemplaire. 4.500 €Opuscule de la plus extrême rareté. Il est censément imprimé d’après un exemplaire anversois, mais il ne semble pasy avoir de trace de cette plaquette dans les bibliographies courantes, ni en langue française ni en langue flamande(cf. Glorieux, Belgica typographica).Le contexte de cet occasionnel est celui de la préparation du Concile général destiné à aplanir les différends entreRéformés et Catholiques, et à réaliser l’»Union des Eglises» ; ce Concile était le serpent de mer de la politique religieusedepuis le succès de la prédication luthérienne en Allemagne, donc déjà 20 ans. Il fut finalement convoqué en 1542, etla ville de réunion choisie fut Trente. Mais il avait été précédé de plusieurs «colloques» réunissant ministres réformés(généralement de la Confession d’Augsbourg) et théologiens catholiques. Ces réunions parvenaient de temps entemps à s’accorder sur telle ou telle formule. Notre opuscule renferme les consignes du Roi de France sur des articlesdéjà disputés ; il est difficile de préciser lequel des colloques de l’année 1541 est visé, car il n’y en a aucune mentiondans le texte. Tous ces efforts allaient de toutes façons être rendus caducs par l’indiction du Concile, et surtout ledéroulement des premières sessions.Bibliotheca Aureliana, Aquilon, Normandie, p. 300-12 (ne cite l’ouvrage que d’après un article du Bulletin dubibliophile). Aucun exemplaire apparemment au CCF. Absent de Frère.37- GIRARD (Pierre). Le Théâtre de la conscience, et la source de révolte. Avec l’Antidote ou préservatif de la révolte.Le tout très-utile & nécessaire au temps présent. Montauban, Denis Haultin, 1603, in-8, [15] ff. n. ch. (titre, dédicaceau maire de La Rochelle, avertissement au lecteur, poème liminaire), [596] pp. mal chiffrées 606 (il y a un saut dechiffrage de 179 à 190 sur le même feuillet), [6] ff. n. ch. (table des matières et errata), maroquin tête‐de-nègre,dos à nerfs, simple filet doré sur les coupes, tranches dorées, large dentelle intérieure (Asper). Très bel exemplaire, unpeu court cependant de marge supérieure. 5.000 €Très rare impression huguenote. L’auteur, non répertorié par les frères Haag, se présente comme ministre del’Evangile, et il donne avec ce texte dense un traité sur l’obéissance et la soumission aux pouvoirs établis, très dans laligne de l’apaisement confessionnel qui suivit l’Edit de Nantes.Cioranescu, XVII, 33110. Pas dans Haag. Seulement deux notices au CCF.Relié à la suite, du même auteur : Préparation au très-sainct ministère. Ou le vray moyen pour se bien préparer au S.Ministère par une exacte descriptio[n] & considératio[n] de la nécessité, excelle[n]ce, difficulté & très-grande utilitédudict ministère avec les effets admirables d’iceluy : item une exhortation à la ieunesse de s’y addo[n]ner, & uneréfutation des objections qui l’en pourroient dégouster aucunement : (...). Franeker, Imprimerie de Gillis vandenRade, 1594, [18] ff. n. ch. (titre, dédicace, préface, table des chapitres), 146 pp., un f. n. ch. d’errata, typographieen petite corps.Cioranescu, XVII, 33108. Aucune notice au CCF. L’ouvrage, imprimé en Frise, est encore plus rare que le premiertitre du recueil.Exemplaire d’Eugène Paillet (1829-1901) avec la vignette ex-libris «Mente libera», gravée par Champel, contrecolléesur les premières gardes.38- GOLOVINE (Ivan). La Russie sous Nicolas Ier. Paris, Capelle, 1845, in-8, [2]-VIII-492 pp., demi-veau cerise, doslisse orné, chiffre couronné au centre des plats (reliure de l’époque). Rousseurs, mais bon exemplaire. 2.500 €Edition originale de ce pamphlet contre le gouvernement autocratique de Nicolas Ier.Ivan Gavrilovitch Golovine, employé au ministère des Affaires Etrangères de Russie, donna sa démission, officiellementpour raisons de santé, et visita alors les pays d’Europe de l’Ouest (1841). Il se fixa finalement en Angleterre où il sefit naturaliser en 1843. Très lié avec les démocrates allemands et russes (dont Marx et Bakounine), il donna plusieursouvrages sur le système politique de l’Empire russe, lesquels alarmèrent les autorités de son pays natal, toujoursattachées à donner à l’extérieur la meilleure image du régime.Précieux exemplaire provenant de la bibliothèque de Marie-Louise, avec son chiffre couronné au centre desplats.39- GRÉGOIRE (Abbé). Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs. Ouvrage couronné parla Société royale des Sciences et des Arts de Metz, le 23 Août 1788. À Metz, de l’Impr. de Claude Lamort, 1789,in‐8, [8]‐262 pp., [2] pp. de privilège, demi-baane fauve, dos lisse, filets dorés (reliure ancienne). Coiffes restaurées. 3.500 €Édition originale rare.L’ouvrage de l’abbé Grégoire est l’un des textes capitaux en faveur de l’émancipation des Juifs. Il propose d’accorderd’emblée à tous les Juifs la qualité de citoyens.Récompensé par l’Académie de Metz, ses idées dépassèrent largement son cadre et eurent une influence considérablesur les décisions votées quelques années plus tard par l’Assemblée Constituante.Un des documents <strong>historique</strong>s les plus importants de la période.- 13 -


40- GREGOIRE (Henri) (1750-1831). Motion en faveur des Juifs, par M. Grégoire, Curé d’Embermenil, députéde Nancy ; précédée d’une notice <strong>historique</strong>, sur les persécutions qu’ils viennent d’essuyer en divers lieux,notamment en Alsace, & sur l’admission de leurs députés à la barre de l’Assemblée Nationale. Paris, Belin, 1789,in-8, XVI-47 pp., demi-maroquin lie-de-vin, dos lisse (Honnelaître). Bon exemplaire. 2.500 €Edition originale de l’un des textes les plus rares et les plus emblématiques de l’abbé Grégoire, dans sa volontéd’ouvrir à tous les hommes les portes de la citoyenneté. Le contexte exact est le problème posé par le statutparticulier des Juifs d’Alsace, de Lorraine et des Trois-Evêchés, tolérés dans ces parties du Royaume «réputéesétrangères», mais ne jouissant pas des droits civiques, à la différence des Juifs portugais (surtout installésà Bordeaux) naturalisés depuis Henri II, et qui donc pouvaient députer à l’Assemblée Nationale. Grégoirerépercute les requêtes des députés élus par les communautés juives de l’est (mais non admis), demande poureux l’admission à la citoyenneté, après avoir brossé un tableau expressif des persécutions subies depuis tant desiècles.Martin & Walter, 15658.41- GUIGNARD. L’Ecole de Mars, ou Mémoires instructifs sur toutes les parties qui composent le corps militaireen France, avec leurs origines, & les différentes manoeuvres ausquelles elles sont employées. Dédiée au Roy.Paris, Simart, 1725, 2 forts vol. in-4, titre-front. gravé, [10]-XXII-[2]-739 et [2]-642 pp., avec 31 pl. gravées,veau fauve raciné, dos lisse à caissons richement ornés, hachures dorées sur les coupes, tranches citron (rel. dela fin du XVIIIe ). Dos uniformément insolés. 2.000 €Unique édition de cette synthèse vulgarisée sur tous les aspects du «militaire» français du début du , àcommencer par les questions de constitution du royaume (Etablissement de la monarchie françoise) et dedroit. En l’état, sa lecture se recommande à tous ceux qui désirent prendre des institutions militaires françaisesde la monarchie une vue générale.Bel exemplaire de la bibliothèque de Shirburn Castle, des comtes de Macclesfield, avec vignettes ex-libriscontrecollées sur les premières gardes.42- HAMPDEN (John). Mémoires de John Hampden, histoire de la politique de son temps et de celle de son parti ;par Lord Nugent. Traduit par M.-H. J., traducteur de plusieurs ouvrages <strong>historique</strong>s et politiques ; précédés d’uneintroduction <strong>historique</strong>, par M. de Salvandy, et ornés du portrait de Hampden. Paris, Arthus Bertrand, 1836,2 vol. in-8, [4]-LVI-383 et [4]-456 pp., avec un portrait-frontispice sous serpente, demi-maroquin rouge, dos ànerfs, roulette dorée en pied, filets et pontillés dorés, chiffre A O couronné en tête, tranches marbrées (reliure del’époque). Rousseurs. 1.500 €Édition originale française.Cousin d’Olivier Cromwell, Hampden partageait son hostilité au régime «tyrannique» des Stuart. Membre duParlement, il se fit le champion de la liberté, souleva l’opposition et mourut à la tête de ses troupes.Bel exemplaire au chiffre d’Antoine d’Orléans, duc de Montpensier (1824-1890).O.H.R., 2590.43- [HOGENBERG (Frans)]. [Recueil des guerres civiles de Hogenberg]. S.l. [Cologne], s.d., (v. 1580), 2 partiesen un vol. petit in-folio oblong, titre, 32 pl. gravées ; second titre, 19 pl. gravées ; toutes sur papier réglé ; 15 pl.surnuméraires, soit en tout 66 pl., demi-basane blonde mouchetée à coins, dos à nerfs orné, tranches mouchetéesde rouge (rel. du XVIIIe s.). Dos frotté, coins émoussés, de nombreuses pl. présentent des salissures, voire desdéchirures réparées. 12.000 €Rare recueil de suites attribuées au graveur réformé Frans Hogenberg ou Hogenbergh (né à Malines, mort vers1592 à Cologne, inhumé au cimetière protestant) et dénommées traditionnellement «Recueil des guerres civiles»,illustrant les luttes internes entre Protestants et Catholiques dans l’ouest de l’Europe.Les éléments de cet ensemble composite sont les suivants :I. [TORTOREL ET PERISSIN] Première suite, française, intitulée : [Kurtzer Begriff dessjenigen was sich inFrankreich seither den Frieden] zwischen dem König Philippo auss Hispania unnd Heinrich der zweite des NamensKönig in Frankreich von anno 1569 und folgens bey Regierung des Francisci der zweite des Namens und Karsl [sic]der neunte seinen Bruder biss an das Jar 1570 in Krieschlung und Religions sachen zugetragen hat, alhie mit Figurenso zuvorns mit mehr als 23 jetzt vermehret biss 32 zu, und mit weiterm bescheidt als zuvor in unser teutsche sprachverfasset (le début du titre a été rogné très court au moment de la reliure, si bien qu’il manque plus de la moitiéde la première ligne).Cette suite est complète et se compose de 32 planches gravées sur cuivre, non signées, légendées en allemand,représentant les scènes des guerres civiles françaises, depuis le 10 juin 1559 (arrestation de sept conseillers duParlement de Paris, dont Anne Du Bourg, pour avoir protesté contre l’Edit d’Ecouen du 2 juin précédent),jusqu’au 28 mars 1570 (rencontre de deux armées au passage du Rhône). Il s’agit en fait de la reproduction encontre-partie des célèbres planches du recueil de Tortorel et Périssin (1569-70), si bien que Brunet en traite àla suite de son article concernant cette dernière oeuvre. Sur les 40 planches de l’original, seules 32 donc ont étéreprises, et les autres éliminées comme ne comportant pas d’intérêt pour le lecteur allemand. Ultérieurement,cette suite sera intégrée au recueil de Michael Eytzinger intitulé De Leone Belgico (Cologne, 1583 ; puis 1585,1586, 1588), consacré aux troubles des Pays-Bas.Brunet V, 895-896 (donne la liste de toutes les planches), et I, 122-123. A part quelques interversions, lacollation de notre exemplaire est identique à celle de Brunet.II. Seconde suite, néerlandaise, intitulée : Kurtzer Bericht dessjenigen was sich ihm Niderlandt in Religionssachen und sunst von anno MDLXVI biss auff diss Gegenwertigen siebentzigsten Jars zugetragen hat, mitt sampt denKrich zwissh[en] Duca d’Alba und dem prinzen zu Oranien, unnd was drauss erstanden ist, alhie gar ordentlich mitFiguren, und auch schrifftlich nach der blussen warhait einem jeden zuverstan geben, beschrieben auss glaubwirdigenschrifften und auss dem Mundt dern so es selbst schier alles gesehen. - Cette seconde suite ne comprend que- 14 -


47- [LA CROIX (Emeric de)]. Le Nouveau Cynée, ou Discours des occasions et moyens d’establir une paixgénérale & la liberté du commerce par tout le monde. Em. Cr. P. [Emeric Cruce Parisien]. Paris, JacquesVillery, 1623, in-8, [6] ff. n. ch. (titre, préface), 226 pp., [8] ff. n. ch. de table des matières, veau brun, dos ànerfs cloisonné et fleuronné, tranches mouchetées (reliure de l’époque). Restaurations aux charnières et au dos, desmouillures infra‐paginales, mais bon exemplaire.Prix sur demandeEdition originale d’une rareté proverbiale.Elle ne serait connue qu’à une douzaine d’exemplaires recensés en-dehors de ceux des fonds en France.D’après la BnF, il y eut un retirage à la date de 1624, sans doute la remise en vente des exemplaires non écoulés, avecun nouveau titre. Puis les autres éditions sont des reprints modernes. Seule la Bibliothèque de Grenoble signale unexemplaire à la date de 1628, mais on peut se demander s’il ne s’agit pas d’une mauvaise transcription.Bien avant les travaux de l’abbé de Saint-Pierre, l’ouvrage qui prend son titre du conseiller du roi Pyrrhus (Cynéas,présenté par Plutarque comme le modèle des hommes d’Etat cherchant la paix) forme un plaidoyer éloquentcontre le recours à la guerre et en faveur du règlement arbitré des conflits internationaux. C’est en même temps unargumentaire en faveur de la libre circulation des biens (d’où la liaison faite avec la «liberté du commerce» dès le titre),en liaison avec des instruments économiques communs (monnaie commune ; système unifié des poids et mesures,intervention étatique dans le domaine économique). Or, il est couramment admis que le lien étroit entre ces deuxaspects -, pacifisme et libéralisme (ou étatisme) économique -, est un acquis du XIXe siècle. La réflexion développéepar La Croix est donc manifestement en avance d’un, voire de deux siècles sur l’idéologie ambiante, ce qui est sansdoute l’explication de l’extrême rareté de l’ouvrage : trop étranger à la pensée de l’époque, il a probablement étéconsidéré comme un ensemble de divagations semblables à celles des «fous littéraires» des XIXe et XXe siècles, etconséquemment laissé dans l’oubli. La pensée «montante» est alors celle exprimée par son presque-contemporainJean Bodin (1529-1596) et ses émules les «Politiques» : et elle fait de la souveraineté exclusive des Etats ou desprinces la pierre angulaire de toute construction politique durable. Ce qui lui valut à l’époque discrédit, lui confèreévidemment aujourd’hui une valeur d’anticipation assez fascinante, dans la mesure où la réalisation de ses intuitionsn’a commencée à voir le jour qu’avec le XXe siècle (Société des Nations, monnaie unique dans un espace non unifiépolitiquement, interventionnisme économique accru, etc.), et encore fort imparfaitement.En même temps, comme nombre de précurseurs, La Croix n’est pas un météore surgi de nulle part, et ses thèsess’enracinent dans la réalité de son temps : ainsi, c’est son christianisme profond et sérieux qui forme la racine de sonpacifisme radical ; la paix est la valeur suprême des rapports entre les hommes, parce que c’est le don même de Dieu,garanti par le Christ («Pacem do vobis, pacem meam do vobis»). Mais prendre cet impératif, facile à lire uniquementdans l’ordre spirituel, comme un appel à régir réellement le temporel des nations, voilà qui est novateur, surtout dansla mesure où sont imaginés un ordre international stable fondé sur la recherche de la paix, ainsi qu’une organisationpermanente censée la garantir. Le lieu et le mode de cette conférence des princes sont définis : elle doit se tenir àVenise, ou dans un autre Etat de petite dimension, et réunir les souverains eux-mêmes ou du moins leurs délégués :tous les motifs et prétextes de conflits doivent leur être soumis. Le problème de l’inclusion des peuples non chrétiens,censés portés à la conflictualité permanente (Turcs, «Tartares»), dans le système général est également explicitementévoqué.L’auteur lui-même (1590 ? - 1648 ?) est quasiment un inconnu : on le suppose religieux, mais c’est plus une conjecturequ’une certitude.Cf. INED 1252. - Louis-Lucas (Pierre) : Un plan de paix générale et de liberté au XVIIe siècle (P., Tenin, 1919).48- [LA METTRIE (Julien Offray de)]. Ouvrage de Pénélope ; ou Machiavel en médecine. Par Aletheius Demetrius.Berlin, s.n., 1748-1750, 3 vol. in-12, [4]-X-[34]-144-238, [4]-368 et [4]-386 pp., un f. n. ch. d’errata, avec insertion dedeux cartons chiffrés 175*-178* et 201*-212* entre respectivement les pp. 178 et 179, 212 et 213, veau blond, doslisses ornés, encadrement de triple filet doré sur les plats, tranches dorées sur marbrure, coupes finement guillochées,dentelle intérieure, gardes en papier bleu (reliure de l’époque). Infime manque à la coiffe inférieure du volume III. 5.000 €Edition originale de l’un des titres les plus rares de La Mettrie, dans le tirage portant l’adresse de Berlin (un secondporte celle de Genève, Cramer), et dans une condition que l’on peut regarder comme exceptionnelle pour ce genrede titre. Le troisième volume, intitulé Supplément à l’Ouvrage de Pénélope, a tendance à manquer dans bien desexemplaires des collections publiques ; il contient une clef des principaux noms codés attaqués dans les deux premiersvolumes.Il s’agit en effet d’une très violente satire dirigée contre les principaux médecins de l’époque : Boerhaave,Linné, Astruc, Winslow. La matière en avait été préparée dans les précédents pamphlets médicaux de La Mettrie(Saint‐Côme vengé, 1744 ; Politique du médecin, 1746 ; La Faculté vengée, 1747), mais son extrême dureté suscital’indignation de la corporation médicale, et le fit proscrire, notamment par le Parlement de Paris, qui ordonna sasuppression.Cet aspect de la pensée de La Mettrie (1709-1751), dont les audaces exaspéraient les «philosophes» eux-mêmes,est assez peu connu : on ne retient généralement de lui que le théoricien d’un matérialisme radical, encore peuacclimatable dans l’Europe du XVIIIe siècle, mais les études de médecine qu’il avait suivies et son expérience demédecin des Gardes-Françaises pendant la Guerre de Sept Ans jouèrent un grand rôle dans son évolution personnelle,et il se forgea assez vite la conviction que la plupart des pratiques thérapeutiques de son époque étaient empreintesde charlatanerie, ce qui, au su de l’évolution radicale que l’art médical allait subir entre 1750 et 1850, n’était pas simal vu.Stoddard, La Mettrie, a bibliographical inventory, 35. Tchemerzine-Scheler III, 950.Exemplaire de Monsieur Nervet, avec nom poussé en lettres dorées en haut de chaque contreplat. Il est tentant d’yvoir un parent (fils ? neveu ?) du médecin Michel Nervet (1663-1729), né et mort à Evreux, de l’une des plus anciennesfamilles bourgeoises de Normandie. Il avait laissé le souvenir d’un bon praticien, mais ses goûts le portaient vers leslangues anciennes, comme la plupart de ses frères (Guillaume - 1655-1690 - ; Jean, l’avocat - 1658-1729 - ; Jacques,curé de la Trinité - 1669-1756 - ; Nicolas, curé de Gauville - 1677-1742).Très bel exemplaire relié en veau blond.- 16 -


49- LA MOTTRAYE (Aubry de). Voyages en Europe, Asie et Afrique. Où l’on trouve une grande variété de recherchesgéographiques, <strong>historique</strong>s et politiques sur l’Italie, la Grèce, la Turquie, la Tartarie, Crimée, et Nogaye, la Circasie,la Suède, la Laponie, etc. Avec des remarques instructives sur les mœurs, coutumes, opinions, etc., des peuples et despaïs où l’auteur a voyagé. La Haye, T. Johnson et J. Van Duren, 1727, 2 vol. gr. in-4, [14]-472-23 pp. et [6]-496-39 pp,ill., veau brun moucheté, dos à nerfs orné, dauphin et fleur de lys couronnés en pied (rel. de l’époque). Petits trous dever au dos sans gravité, certains coins usés, accroc sur le plat inférieur du tome 1. 5.500 €Première édition française illustrée de frontispices de vignettes sur les pages de titre de chaque tome, de 4 cartes etde 47 planches gravées qui montrent des vues, des costumes, des monuments, des plans et des médailles. Il fautsouligner que certaines de ces gravures sont de William Hogarth.Protestant français, Aubry de La Mottraye partit de Paris en 1698 et passa 26 années de sa vie à voyager. Son principalouvrage, le Voyage en Europe, Asie et Afrique fut d’abord publié en anglais (1723) avant de retrouver sa langue originelleen 1727. Selon Boucher de la Richarderie, «les caractères de véracité et d’exactitude distinguent singuliérement ceVoyage».Il parcourt l’Europe (Rome, Londres, Gibraltar, etc.), consacre une partie importante de son récit à la Turquie, avecun long développement sur Constantinople, et à la Grèce. Le périple s’arrête en Europe du Nord où La Mottrayedevint le confident de Charles XII de Suède.Bel exemplaire orné de l’élégant fer alternant dauphin et lys couronné.Boucher de La Richarderie, I, 216. Blackmer, 946. Gay, 73.50- LA RUE (Gervais de). Essais <strong>historique</strong>s sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglo‐normands,suivis de pièces de Malherbe, qu’on ne trouve dans aucune édition de ses Oeuvres. Caen, Mancel, 1834, 3 vol. in-8,[4]-LXXIX-312, [4]-396 et 396 pp., veau blond, dos à nerfs à doubles caissons dorés, encadrement de double filet dorésur les plats, double filet doré sur les coupes, tranches dorées, triple filet doré intérieur (Bauzonnet‐Maison Purgold).Bel exemplaire. 1.800 €Edition originale de cet ouvrage important dont le titre dissimule un peu l’ampleur : en fait, c’est une véritablehistoire littéraire de la Normandie au Moyen Âge qu’a donnée ici l’abbé de La Rue (1751-1835), chanoine de lacathédrale de Bayeux, qui avait consacrée sa vie aux recherches sur sa province natale.Frère II, 163.Exemplaire d’A. Chaisemartin, président du tribunal de Loches, avec étiquettes ex-libris contrecollées sur toutes lespremières gardes. L’ouvrage fut ensuite donné au célèbre érudit tourangeau Jules-Antoine Taschereau (1801‐1874)le 20 octobre 1861 (bel ex-dono sur les gardes volantes du volume I).51- LABORDE (Alexandre de). Itinéraire descriptif de l’Espagne, et tableau élémentaire des différentes branches del’administration et de l’industrie de ce royaume. A Paris, Chez Nicolle et Lenormant, 1809, 5 vol. et 1 atlas in‐8, tableaudépliant, index, veau fauve marbrée, dos lisse orné de semés de filets entrelacés dorés, de fleurons et de frises dorées,tranches jaunes mouchetées (reliure de l’époque). Petit travail de vers sur le premier plat du tome II et sur le secondplat du tome III. 3.000 €Seconde édition, publiée un an après l’édition originale, complète de l’atlas de 29 planches (27 cartes et 2 tableauxgéologiques).Davois, II, 128 : «Intéressant pour l’état des troupes de l’Espagne au début de la guerre (1808-1814). Maisonmilitaire du roi, cavalerie, infanterie. Troupes légères, de la marine, ordres militaires. Population, mœurs, histoire,etc.»Très bel exemplaire.Armes «A la Charte»52- LE BEUF (Désiré). La Ville d’Eu. Eu, Houdbert-Cordier, 1844, fort vol. grand in-8, [10]-X-[2]-612-VII pp., exemplairerelié sans les 18 planches lithographiées, chagrin aubergine, dos lisse orné de filets et caissons dorés, bel encadrementde filets à froid et dorés, de larges guirlandes florales sur les plats, avec motif de la Charte constitutionnelle doréepoussé au centre des plats, simple filet doré sur les coupes, tranches dorées, gardes doublées de papier ivoire (reliurede l’époque). 2.500 €Edition originale (il existe une réimpression de 1993) de cette monographie locale.Frère II, 174.Précieux exemplaire offert par l’auteur au Roi Louis-Philippe, avec L.A.S. d’ex-dono de l’auteur reliée en débutde volume. Cette destination explique aussi la présence du rare motif de la Charte poussé au centre des plats.53- LE CHEVALIER (Jean-Baptiste). Voyage de la Troade, fait dans les années 1785 et 1786. Troisième édition,revue, corrigée et considérablement augmentée. Paris, Dentu, an X - 1802, 3 vol. in-8 de texte, un vol. in-folio d’atlas,XVIII-303, [4]-332 et [3]-313 pp. [volumes de texte] ; [2]-14 pp., et 37 vues et cartes sur 29 planches [volume d’atlas],veau marbré, dos lisses ornés de guirlandes et d’urnes dorées, encadrement de simple filet et guirlande dorés sur lesplats, hachures dorées sur les coupes, tranches citron mouchetées de rouge [volumes de texte] ; demi-veau orné dumême au dos, coins en vélintranches citron mouchetées de rouge [volume d’atlas], (reliure de l’époque). Une estafiladeavec manque de cuir sur le dernier plat du volume III, mais bel exemplaire. 2.500 €Edition la plus complète (avec la relation de la traversée de Venise à la Troade, avec la description des îles Ioniennes,que l’on ne trouve pas dans les précédentes). La première (de 1798) ne comportait au demeurant qu’un seulvolume.Il est dommage que Le Chevalier (1752-1836), secrétaire particulier de notre ambassadeur auprès de la Porte, sesoit presque exclusivement attaché à rechercher les vestiges de l’Iliade et de l’antiquité dans le sol de la Troade, sibien que sa description, tout entière tournée vers le passé et sa reconstitution supposée, passe à côté des réalitéscontemporaines de la Grèce et de l’Anatolie. Quant au volume III, il ne contient que la traduction de l’ouvrage deMoritt sur le même sujet.Blackmer 994.- 17 -


54- LE GENTIL DE LA GALAISIERE (Guillaume-Hyacinthe-Joseph). Voyage dans les mers de l’Inde, fait par ordredu Roi, à l’occasion du passage de Vénus, sur le disque du soleil, le 6 juin 1761, & le 3 du même mois 1769. Imprimépar ordre de Sa Majesté. Paris, Imprimerie Royale, 1779-1781, 2 forts vol. in-4, XVI-707-XIII-[3] et XVI‐844‐XVI-[4]pp., avec 27 planches dépliantes (dont 17 cartes), basane fauve marbrée, dos à nerfs ornés de filets et fleurons dorés,encadrement de guirlande dorée sur les plats, double filet doré sur les coupes, tranches marbrées (reliure de l’époque).Des épidermures sur les plats, mais bon exemplaire. 6.000 €Edition originale, peu commune.Le Gentil de La Galaisière (1725-1792) , astronome de renom, entreprit un long voyage vers l’Océan Indien afind’observer le passage de Vénus sur le disque solaire pour le compte de l’Académie de Sciences dont il était membreéminent. Mais il joua de malchance et la guerre entre la France et l’Angleterre qui venait d’éclater lui coupa la routede Pondichéry, meilleur point d’obervation du passage de la planète. Il décida de parcourir les mers de l’Inde pendanthuit ans afin d’observer le phénomène qui devait se reproduire en 1769. Mais à nouveau de mauvaises conditions,météorologiques cette fois, l’empêchèrent de mener à bien son projet scientifique.Cependant ces années de navigation lui permirent d’enrichir considérablement son ouvrage d’observations précieusessur les moussons, les courants et les marées, de la description des différentes routes et des plus courts trajets à fairedans les mers de l’Inde ; enfin de remarques sur les mœurs, les usages, la religion, les sciences des Hindous, letout avec beaucoup de précision. Il a considérablement ajouté aux notions que les Européens possédaient déja surles Indes, et les astronomes lui doivent surtout d’avoir rapporté la connaissance du zodiaque des Hindous et del’astronomie des «brahmes».En outre l’ouvrage contient des détails intéressants sur Bourbon, Maurice, et Madagascar.Boucher de La Richarderie, 38-39 - Gay, 3239 - Chadenat, 620.55- LIBERTATES per illustrissimos principes delphinos Viennenses delphinalibus subditis concesse, statutaqueet decreta ab eisdem principibus, necnon magnificis Delphinatus presidibus, quos gubernatores dicunt et excelsumdelphinalem senatum edita... una cum interinatione litterarum dismembrationis comitatus Astensis a senatu Mediolani,et adjunctionis dicti comitatus insigni curiae parlamenti Delphinatus. Gratianopoli [Grenoble], F. Pichatus etB. Bertoletus, 1508, 3 parties en 1 vol. in-4, [4]-87 ff. [1] f.blanc ; 37 ff. ; [2] ff. [1] f.blanc, maroquin brun, dos à nerfs,dentelle intérieure et tranches dorées (Pagnant). 8.000 €Précieuse et rare édition en lettres gothiques des statuts du Dauphiné de Guy Pape : elle fut établie par leslibraires François Pichat et Barthélemy Bertholet en 1508.Une des premières impressions de Grenoble.Notre exemplaire est conforme à la description de l’exemplaire cité par le Dictionnaire de Géographie de Deschamps(col. 585-586) : les trois parties pourraient, selon lui, avoir été imprimées respectivement en 1489, 1501 et 1508.L’ouvrage serait alors le premier en date des livres imprimés à Grenoble. La troisième partie manque à un certainnombre des rares exemplaires connus de ces Libertates.Exemplaire à grandes marges, lavé, dans une fine reliure en maroquin janséniste de Pagnant. Le feuillet blanc finalde la 2e partie se trouve après la 3e partie.Brunet II, 1812. Dictionnaire de Géographie, col. 585-586. Maignien, L’Imprimerie, les Imprimeurs et les Libraires àGrenoble du XVe Au XVIIIe siècle, (in Bulletin de l’Académie delphinoise) 3e serie,I-CXIV. Bibliotheca Bibliographica Aureliana, XV, 51.56- LUCET (J. J.) et Jean ECKARD. Hommages poétiques à Leurs Majestés Impériales et Royales sur la naissancede S. M. le Roi de Rome. Paris, Prudhomme Fils, 1811, 2 vol. in-4, 414 pp. et 448 pp., VIII-54 pp., 1 f. de table etd’errata, frontispice gravé à chaque volume avec serpente légendée, maroquin rouge à grain long, dos lisse très orné,trois guirlandes dorées successives sur les plats encadrées par un double filet doré répété sur les coupes, armes aucentre placé frappées dans un rectangle de maroquin vert serti d’une guirlande dorée, dentelle intérieure, gardes de soiecitron, tranches dorées (reliure de l’époque). 15.000 €Un des quelques exemplaires sur grand papier vélin au format in-4.La naissance du Roi de Rome fut un des évènements majeurs du règne et eut un retentissement dans toute l’Europe.Ce recueil est là pour en témoigner. Les éditeurs reçurent en effet 1263 poésies de toute l’Europe et ils en choisirent275 pour les publier.Très bel exemplaire aux armes du Baron Denniée (1754-1828).Commissaire des guerres en 1791, Denniée est fait baron de l’Empire en 1812. Nommé Inspecteur aux Revuesla même année, c’est à ce titre qu’il participe à la Campagne de Russie aux côtés de Berthier. Il en a rapportéun témoignage publié en 1842 dont Jean Tulard loue l’authenticité et l’intérêt (Nouvelle bibliographie critique...,n° 422).Un splendide specimen de «reliure Empire».Denniée tait partie de la catégorie de ceux qui doivent tout à l’Empire. C’est logiquement qu’il a fait luxueusementrelier ce texte qui célèbre la continuité du régime impérial.L’exemplaire Lamoignon57- MACHIAVEL (N.). Opere. Nell’Haya, 1726, 4 vol. in-12, tome 1, [1]-300 pp. et portrait en frontispice, tome 2 paginéXII-301/484 et [8]-168 pp., tome 3, [28]-420 pp., et tome 4, [14]-209 pp. et 199 pp., 7 pl. dépl., maroquin rouge, dos ànerfs aux caissons fleuronnés, pièces de titre et tomaison de maroquin noir, triple filet doré encadrant les plats, simplefilet sur les coupes, dentelles intérieures, tranches dorées (rel. de l’époque). 6.500 €Très bel exemplaire illustré d’un portrait de l’auteur en frontispice et de 7 planches dépliantes pour l’Art de laguerre.Contenant : Au tome 1, les 8 livres de l’Histoire de Florence ; tome 2, Il Principe, vita di Castruccio Castracani daLucca, del modo tenuto dal duca Valentino, ritratti delle cose dell’Alemagna et di Francia ; tome 3, Discours sur- 18 -


la première décade de Tite-Live ; tome 4, De l’art de la Guerre, les poèmes Décennales et les deux comédies LaMandragola et la Clitia.De la bibliothèque de Lamoignon.Ex-libris Lamoniana accompagné de la cote «Z102», les troisièmes pages de chacune des parties comportant lecachet «L», tous ces éléments indiquent la provenance de la prestigieuse Biblioteca Lamoniana ; installée dansl’hôtel d’Angoulême, l’actuelle bibliothèque de la ville de Paris, elle fut initiée par un bibliophile hors-pair,Chrétien‐François II de Lamoignon, président à mortier au parlement de Paris, grand chancelier qui finit unebrillante carrière comme garde des sceaux avant de mourir dans des conditions mystérieuses. Cette bibliothèque serareprise et complétée par son fils Lamoignon de Malesherbes, directeur de la <strong>Librairie</strong> de 1749 à 1763, futur défenseurde Louis XVI. Les deux ex-libris anglais (Matthew Lewis et Panshanger) nous rappellent qu’une grande partie de laBibliothèque fut vendue à des libraires anglais.Bertelli et Innocenti, Bibliografia Machiavelliana, 141-142.58- [MANUSCRIT - ESCLAVAGE] - [LECONTE (Casimir)]. Du travail de la Race Noire en Amérique. Suivi deNotions sur les colonies américaines à la côte ouest de l’Afrique. S.l.n.d., (ca. 1852), in-folio, 4-107-8 pp., 3 feuilletsajoutés entre les pages 14-15 et 26-27, sous emboîtage bleu nuit, orné de filets dorés. 28.000 €Cette importante étude sur l’esclavage est l’oeuvre de Casimir Leconte, envoyé, en décembre 1850, aux Antilles eten Amérique du Nord par le ministre de l’Agriculture et du Commerce de l’époque, le chimiste Jean-Baptiste Dumas.Ce dernier souhaitait connaître les conséquences économiques de l’abolition récente de l’esclavage dans les coloniesfrançaises et étrangères, en les comparant avec les territoires où l’esclavage était maintenu (colonies espagnoles,partie sud des Etats-Unis).Le manuscrit, fort lisible, est divisé en six parties : Du travail des Noirs libres (pp. 5 à 22); Du travail des Noirs esclaves(pp. 23 à 37); Des Noirs et des gens de couleur libres aux Etats-Unis (pp. 37 à 43); De l’émancipation (pp. 43 à 61);Des colonies américaines en Afrique. Liberia (pp. 62 à 95); Note sur la Colonie de Maryland in Liberia (pp. 97 à 107).Casimir Leconte, dont le nom n’apparaît cependant pas dans le manuscrit, a publié un long article sur ce mêmesujet dans La Revue des Deux Mondes (vol. 15, juillet, août, septembre 1852, pp. 72 à 105). Ces études de Leconteprécèdent de quelques années l’ouvrage classique d’Augustin Cochin, L’Abolition de l’esclavage (Paris, 1861, 2 vol.in‐8), qui compare également l’émancipation des Noirs au maintien de l’esclavage dans les colonies. Leconte envisagela question de l’esclavage du seul point de vue économique. Il ne s’inscrit pas une seconde dans la perspectivehumaniste de Victor Schoelcher ou de Cyrille Bissette. S’il rejette avec fermeté les sévérités que les colonies espagnolesfont encore subir à leurs esclaves, c’est d’abord parce qu’il les trouve contre-productives. Casimir Leconte est en effetbien éloigné des accents lyriques du décret de l’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848, lequel affirmait que celui-ciétait un « attentat contre la dignité humaine », qu’il supprimait « le principe naturel du droit et du devoir » et qu’il étaitsurtout « une violation flagrante du dogme républicain : liberté, égalité, fraternité ». Envisagé ainsi, ce texte de Lecontese rattache plutôt au courant pragmatique de la pensée anti-esclavagiste, qui depuis le XVIIIe siècle développait l’idéeque les hommes libres se révèleraient toujours plus rentables que les hommes asservis.Mais cette perception utilitariste de la liberté n’entraîne pas dans son sillage à penser l’égalité, même théorique.Quelques phrases de Leconte anticipent même, par leurs stéréotypes faussement empiriques, les théories racialesde la fin du XIXe siècle : « Le nègre est doux et bon, surtout dans nos colonies, quand ses passions ne sont pas surexcitées;mais il n’a aucun sentiment de sa dignité d’homme ». La relative froideur de Leconte s’explique toutefois par la missionque Dumas lui avait confié : comment la France peut-elle surmonter économiquement l’abolition de l’esclavage,considérée comme irréversible ? A travers ses différentes étapes, l’observateur Leconte s’inspire de situations fortdisparates pour élaborer une position personnelle qu’il livrera d’abord au gouvernement puis au grand public par lebiais de son article dans La Revue des Deux Mondes.Aux Antilles :Parti de Southampton le 17 décembre 1850, Leconte visita toute la chaîne des Antilles depuis Trinidad jusqu’àCuba, en passant par la Barbade, Saint-Vincent, la Martinique, la Guadeloupe, Porto-Rico, Saint‐Domingueet la Jamaïque. Il se rendit sur de nombreuses exploitations agricoles, notamment l’usine Marly à la Guadeloupe,dont la production se montait, en 1850, à près de 400 tonnes de sucre, avec une durée quotidienne de travail de11 à 12 heures (statistiques jointes).Constatant que la situation économique est très variable d’une île à l’autre, il remarque que l’émancipation des Noirstend à appauvrir, d’une manière générale, les colonies en provoquant une forte chute de la production agricole. SiTrinidad a fait des « efforts inouïs pour organiser son travail à des conditions tolérables » (p. 3) et la Barbade a « échappéau désastre général des colonies émancipées » grâce à une police bien faite et une justice expéditive, en revanche « laGrenade, St Vincent, Ste Lucie, St Christophe & la Dominique sont tombées à un degré plus ou moins grand demisère […] mais c’est surtout la Jamaïque qui offre un aspect navrant. On voit de tous côtés de magnifiques habitationsdésertées par leurs propriétaires et envahies par une végétation parasite… » (p. 8). Quant au travail des Noirs à Haïti, «c’est le comble de la désorganisation, de l’incurie, et ce sera bientôt le retour à l’état sauvage, si une circonstance quelconquene vient pas rendre la vie à cette splendide & malheureuse contrée » (p. 9).A la Martinique, les Noirs « moins excités par les passions politiques, ont fait preuve de modération et même, dansquelques lieux, de reconnaissance pour leurs patrons qui cessaient d’être leurs maîtres » (p. 11). Mais à la Guadeloupe,les « prédications schoelchéristes, ainsi que les appellent eux-mêmes les Noirs, ont promptement porté leurs fruits sanglants.Les populations émancipées […] ont détruit par le feu une assez grande quantité d’habitations que les propriétaires ruinéssont hors d’état de reconstruire, ce qui provoque forcément l’inculture des terres » (p. 13).Toutefois, le travail a reprisen 1850 : « on a replanté des cannes, on a engagé des ouvriers à des prix modérés (75 à 80 centimes par jour nourriturecomprise) et les affaires ont marché ». (p. 14).Dans l’île de Cuba, la traite continue clandestinement et les esclaves sont soumis à des châtiments corporels : « J’’aivu […] un assez bon nombre d’habitations et des plus importantes […]. J’ai observé que des milliers d’esclaves avaientles flancs sillonnés de coups de fouets et portaient dans leurs travaux cette attitude morne, ce regard furtif, qui décèlent lacrainte de tous les instants; j’ai été témoin de châtiments atroces pour des fautes légères […]; j’en suis sorti convaincu que saufd’honorables exceptions, le régime des habitations était mauvais et qu’il portait atteinte à tous les intérêts » (p. 26 quater).Ces mauvais traitements, ainsi que les privations, provoquent une diminution de la population esclave, que seule la- 19 -


traite permet de compenser (p. 29). Avant de quitter Cuba, l’auteur se renseigne sur le prix des esclaves : « Noir neufde traite, 350 à 400 piastres; Noir d’habitation formé au travail de la terre, 450 à 500 piastres » (p. 29).Aux Etats-Unis :Le voyageur se rend ensuite aux Etats-Unis : « J’ai visité un assez bon nombre de plantations à la Louisiane, notammentje suis entré dans tous les détails sur les traitemens physiques & moraux dont les Noirs sont l’objet; j’ai partagé leur nourriture,j’ai assisté à leurs travaux, j’ai vu soigner leurs enfans, je suis entré dans leurs cases, j’ai été plusieurs fois aux ventes publiquesqui se font à la Nouvelle-Orléans, j’ai enfin interrogé jusqu’à l’indiscrétion, peut‐être, des propriétaires des divers états àesclaves & j’ai cherché par tous les moyens en mon pouvoir à me former une opinion basée sur les faits; eh bien ! je puisaffirmer qu’il n’est pas possible de mieux traiter les Noirs qu’on ne le fait aux Etats-Unis. Je suis très convaincu quela condition physique des esclaves de l’Union est infiniment meilleure que celle de la généralité de nos populations agricoleset ouvrières de notre vieille Europe…». (pp. 32‐33).Quant aux Noirs et gens de couleur libres, ils subissent une très forte discrimination : « Nés citoyens américains, ils neparticipent à aucun des droits et des avantages soit de la Constitution fédérale, soit des constitutions particulières d’Etats. Siun homme de couleur se présentait aux élections, dans un Etat où la loi n’a pas établi de distinction entre les races et décideque les Blancs seuls étaient citoyens, s’il tentait d’y déposer son vote, il serait honteusement chassé, sa vie peut-être, s’il insistait,ne serait pas en sûreté […] Quelqu’honnête ou riche qu’il soit, il n’oserait monter dans un omnibus et s’asseoir à côtéd’un ouvrier blanc portant un tablier de cuir… » (p. 38). L’auteur note que ce préjugé contre les Noirs est enracinénon seulement dans les Etats à esclaves, mais aussi dans de nombreux autres endroits des Etats-Unis, et même chezdes personnes a priori favorables à la cause des Noirs (p. 39).L’émancipation des trois millions d’esclaves vivant dans ce pays ne pourrait se faire d’une manière anticipée ouprécipitée, sans jeter les maîtres et les esclaves « dans une même ruine » (p. 44). Si celle-ci était réalisée, de fortesindemnités devraient être versées par le gouvernement, sinon une guerre civile pourrait éclater : « … si les états àesclaves sont les moins nombreux, ils sont de beaucoup les plus militaires, & c’est toujours chez eux, dans toutes les grandesoccasions, que les armées de la République se sont recrutées ses plus intrépides volontaires. Qu’on juge de ce que serait uneguerre civile dans un pays qui compte près de deux millions de miliciens parfaitement dressés au maniement desarmes […] Les anti-slavistes me semblent d’autant plus imprudens ou plus coupables […] qu’ils se la jouent de la fortunede leurs concitoyens sans y mettre rien du leur. Si, au moins, ils paraissaient disposés à contribuer de leur bourse àla légitime indemnité qui sera due aux propriétaires d’esclaves, on pourrait croire à leur bonne foi; mais c’esttout le contraire et ils s’engagent dans la question sans se soucier s’ils ruineront les propriétaires du Sud et de l’Ouest…».(p. 51).Casimir Leconte ajoute que l’émancipation des Noirs américains n’a pas apporté à ces derniers le bien-être escompté: « Presque tous les hommes de couleur en Amérique végètent dans les rangs inférieurs de la société et se consacrentpresqu’exclusivement aux humbles fonctions de la domesticité. Qu’est-ce que viennent donc raconter les Négrophiles duNord ? Est-ce que les faits ne parlent pas assez haut ? » (p. 54). On retrouve aussi dans ces différentes notations quelquesaccents tocquevilliens, montrant à quel point la vision française des Etats-Unis (attirance mais aussi méfiance) avaitété marquée par la plume du philosophe.Des colonies de peuplement en Afrique :Une solution à ces problèmes serait, d’après lui, l’établissement de colonies noires en Afrique, à l’exemple du Liberia,créé en 1822 par l’American Colonization Society, afin d’installer des hommes de couleur libres, nés aux Etats-Unis,dans un nouveau pays où ils jouiraient de la plénitude de leurs droits civils et politiques (p.‐63). L’histoire de cettecolonie, indépendante depuis 1847, est longuement retracée : « Appuyé sur un sol d’une rare fécondité, trouvantla main-d’œuvre à bon marché; animée de l’esprit de la religion, de la liberté et du travail, se recrutant parmi despopulations primitives dont elle adoucit les moeurs sans détruire la puissance productrice […], la République deLiberia peut raisonnablement compter sur un avenir calme et prospère ». (p.‐94).Le dernier exemple cité est celui du Maryland in Liberia, tentative similaire lancée par l’Etat du Maryland etqui aboutit à la création d’une autre colonie située au sud du Liberia. Comme précédemment, son histoire et sondéveloppement sont largement étudiés, et ses résultats sont jugés très positifs : « On a répandu la double lumière duchristianisme et de la civilisation sur des peuplades entières croupissant jusqu’ici dans la misère et l’ignorance et vouées auxcoutumes les plus barbares, à commencer par le trafic des esclaves » (p. 106). Le rôle de la religion et des missionnairesest évoqué dans la conclusion, afin d’améliorer les qualités morales des populations.59- [MANUSCRIT - MARTINIQUE] - PEYNIER (Louis Thomassin, marquis de). Correspondance avec la Cour.Années 1780, 1781, 1782, 1783. S.l. [Martinique], 1780-1783, in-folio, 75 ff. chiffrés postérieurement, couverts d’uneécriture fine et lisible (environ 50 lignes par page), [70] ff. vierges, vélin rigide à lacets, dos lisse muet, titre à l’encre enhaut du premier plat, tranches mouchetées (reliure de l’époque). Manque de cuir en coiffe supérieure, coins et coupesfrottés. 23.000 €Précieux document pour l’histoire de la Martinique à la fin du XVIIIe siècle.Ce très important registre de correspondance est l’œuvre du marquis Thomassin de Peynier, conseiller au Parlementde Provence, issu d’une ancienne famille aixoise. Le conseiller Peynier devient Président à mortier du Parlement deProvence en 1742 avant de devenir Intendant à la Guadeloupe, à la suite de la signature du Traité de Paris en 1763.En 1765, il est nommé Intendant de la Martinique et autres Isles Françoises du Vent (gardant de ce fait l’autoritésur la Guadeloupe). Il entame ainsi un long séjour dans les Antilles, fait d’allers-retours entre quasiment deux postes,celui d’Intendant de la Guadeloupe, et celui d’Intendant de la Martinique. La Guadeloupe ayant de nouveau obtenuun gouvernorat séparé, il y repassa en 1775. Il fut une nouvelle fois nommé Intendant de la Martinique en 1780,poste qu’il conserva jusqu’en 1783. Il est le père de l’officier de marine Louis-Antoine Thomassin de Peynier.Ce registre couvre la période allant de sa prise en charge de l’Intendance de la Martinique, sous l’autorité dugouverneur général marquis de Bouillé (en place de 1777 à 1783), jusqu’à celle où il s’apprête à la remettre àM. de Raimes.Ce sont ainsi 306 (305 en fait, la 3 est signalée, mais non reproduite) missives numérotées, composées du1er août 1780 au 10 juillet 1783, et adressées aux différents ministres, qui sont recopiées dans ce recueil. Lesattributions des intendants étaient larges dans les colonies comme en métropole. Aussi ces lettres concernent-elles- 20 -


prince Eugène» qui se reprochait de n’avoir pas communiqué ses observations à l’Empereur : L’ennemi faisait degrands ravages dans nos rangs qu’il tenta de rompre par une soudaine attaque d’une nombreuse cavalerie. Mes troupesne s’en émurent point, elles serraient leurs rangs, et je leur faisais tirer leur allignement comme à l’exercice ; l’ennemifut enfin rompu, sa cavalerie en désordre et la fuite entraîna l’artillerie qui abandonna grand nombre de pièces, etl’une et l’autre armes se jettèrent éperdus sur linf(anterie) qui lacha pied à son tour. C’est alors que les lenteurs du galNansouty étaient désespérantes, je le pressais comme je l’avais été moi-même de l’Empereur quelques heures auparavant(...) je voyais l’ennemi ramenant à coup de plat de sabres les chartriers du train pour leur faire reprendre leurs piècesabandonnées (...) (f°4).Il commente la confusion après la blessure du maréchal Bessières (f°5-6), sa rencontre avec le lieutenant généralcomte Walter (anecdote curieuse sur la Garde à la bataille d’Essling) (f°6), et rapporte une conversation qu’il eutavec l’Empereur à Schoenbrünn (f°7). Il raconte son attaque dans la plaine de Süssenbrünn, la blessure, sous sesyeux du général Wrède (un boulet rasa la hanche du général qui était près de moi, je le vis tomber et j’accouru, je lecroyais tué... Dites à l’Empereur que je meure pour lui... f°8), sa propre blessure, enfin les félicitations du vice-Roi(f°9) et l’arrivée de Montesquiou, qui le ramena auprès de l’Empereur : Dès que je parus, l’Empereur rompit lecercle qui lenvironnait, vint à moi, me tendit en effet la main... m’embrassa avec effusion, nous nous tenions à bras lecorps, il me dit : «Soyons amis et oublions le passé. Oui répondi-je, à la vie et à la mort. Vous m’avez rendu de grandsservices dans cette campagne, le vice roi vous a rendu toute justice, vous vous êtes conduit vaillamment hier, c’est àvous que je dois en grande partie le succès de cette journée, et c’est sur le champ de bataille que je vous fais maréchal deFrance (il dit ce mot au lieu de celui de l’Empire). Il y a longtems que vous le méritiez.» Il montra beaucoup d’émotiondans les paroles que je partageais (f°9).Macdonald apporte par la suite quelques précisions sur Leipzig et Lützen (f°11-12).Tout en corrigeant son contemporain, Macdonald apporte ici des souvenirs tout à fait inédits qui complèterontencore la publication connue de ses mémoires recueillis par sa petite-fille, la baronne de Pommereul.64- MARCA (Pierre de). Histoire de Béarn, contenant l’origine des Rois de Navarre, des ducs de Gascogne,marquis de Gothie, princes de Béarn, comtes de Carcassonne, de Foix & de Bigorre. Avec diverses observationsgéographiques, & <strong>historique</strong>s, concernant principalement lesdits païs. Paris, Veuve Jean Camusat, 1640, fort vol.in-folio, [8] feuillets non chiffrés (titre, dédicace au Chancelier Séguier, au lecteur, listes de souverains, privilège),[852] pp. mal chiffrées 850 (il ya deux ff. différents chiffrés 813-14), [10] ff. n. ch. (Notes de François de Moncademarquis d’Aytone, touchant les seigneurs de Béarn ; tables) veau brun marbré, dos à nerfs cloisonné et fleuronné,encadrement de large guirlande dorée sur les plats, tranches marbrées (reliure de l’époque). Des restaurations auxcoiffes et aux charnières, des mouillures claires au début du volume, mais bon exemplaire. 3.500 €Édition originale rare et recherchée.Il s’agit de la première histoire solide du Béarn, écrite pour remplacer les compilations peu digestes de Midiaville,La Perrière, B. Élie et Olhagaray. Elle contient notamment une des premières descriptions du Pic du Midid’Ossau. Le manuscrit fut terminé en 1633, mais la fin ne fut jamais publiée (l’histoire s’arrête en 1300),peut‐être n’a-t-elle jamais été écrite.Pierre de Marca (1594-1662) a occupé la charge de président du parlement de Pau et de conseiller d’État, avantde devenir évèque de Couserans puis archevêque de Toulouse, et d’être nommé archevêque de Paris, sans qu’ilpuisse occuper le siège. Il prit une part active aux conférences qui préludèrent au traité des Pyrénées.Saffroy, 17724. Labarère, Essai de bibliographie pyrénéiste, I, 961. Palau, 150 854.Exemplaire de prix, aux armes du Parlement de Normandie poussées au centre des plats, et accordé sur lesfonds de cette Cour au jeune Jean Le Febvre élève de cinquième, par le Collège archiépiscopal de Rouen,alors tenu par les Jésuites (comme l’atteste un feuillet manuscrit soigneusement calligraphié relié en début devolume).65- [MARILLAC (Michel de)]. Relation de la descente des Anglois en l’Isle de Ré : du siège mis par eux au Fortou Citadelle de sainct Martin : et de tout ce qui s’est passé de iour en iour, tant dedans que dehors, pour l’attaque,défense, & secours de ladite place, & iusques à la défaite & retraite desditsAnglois. Paris, Edme Martin, 1628,in-8, [2] ff. n. ch. (titre, privilège), 247 pp., maroquin cerise, dos à nerfs orné de caissons fleuronnés au centre eten écoinçon, grande plaque de double filet et de fins entrelacs dorés sur les plats; armes dorées poussés sur unepièce de maroquin noir mosaïquée au centre des plats, simple filet doré sur les coupes, tranches dorées, premièreset dernières gardes fixes doublées d’une mosaïque de maroquin cerise et noir alternant en damier, avec armesrépétées poussées sur les pièces de maroquin noir et entrelacs d’oves et de feuillages dorés poussés sur les piècesde maroquin cerise ; le tout dans un emboîtage moderne de percaline verte, avec reproduction contrecollée dudécor des plats (rel. de la fin du XVIIe). Très bel exemplaire. 8.500 €Unique édition de cette relation rare, liée aux événements de la dernière «guerre protestante» (1627-1629)et spécialement au siège de La Rochelle. Elle a été composée par Marillac à la demande de Richelieu, dans lebut d’amoindrir la réputation du maréchal de Toiras et augmenter en retour la gloire du cardinal. En dehorsde cet aspect tendancieux, l’ouvrage forme une source de premier ordre, et comprend des correspondances deCharles Ier et de Buckingham.SHF, Bourgeois & André, 3567.Si le fond de la reliure est attribuable à la fin du XVIIe ou au début du XVIIIe, en revanche, les armes pousséestant au centre des plats que sur les contreplats sont du XIXe siècle par leur facture et leur mode d’application(elles débordent presque sur le décor des plats). Elles se blasonnent : Ecartelé d’or et de sable, et peuventcorrespondre à celles de la famille de Lens, originaire d’Artois, de Flandre et de Hainaut et ramifiée en plusieursbranches (cf. Rietstap II, 50).L’ouvrage est passé ensuite dans les collections de Ch. Simon et d’Arturo Dazza, qui ont fait apposer leursvignettes ex-libris sur les premières gardes volantes. L’un des possesseurs a même noté au crayon «Trouvé chezGruel, l’excellent relieur, et acquis en 1934».- 24 -


66- MARSIGLI (Luigi Ferdinando). Stato militare dell’Imperio Ottomano, incremento e decremento del medesimo.Opera ornata di tavole tagliate in rame. - L’Etat militaire de l’Empire ottoman, ses progrès et sa décadence. Ouvrageenrichi de planches en taille douce. La Haye, Pierre Gosse, Jean Neaulme, Pierre de Hondt, Adriaan Moejtens,Amsterdam, Herm. Uytwerf, Franc. Changuion, 1732, 2 tomes en un vol. in-folio, XVI-151-[4]-199 pp., texte surdeux colonnes (texte italien et traduction française en regard), avec deux cartes dépliantes aux contours rehaussés decouleurs, 3 tableaux dépliants n’interrompant pas le chiffrage, 10 grandes figures dans le texte (chiffrées improprementplanches IV à XV), 34 planches et cartes hors-texte, 4 grandes vignettes en-tête (une répétée), et 4 lettrines turquisantes(une répétée), basane fauve marbrée, dos à nerfs cloisonné et fleuronné, encadrement de triple filet à froid sur les plats,tranches rouges (reliure de l’époque). Fines épidermures sur le second plat, salissures rougeâtres au f. 95-96 du tomeI, mais bon exemplaire. 8.000 €Edition originale bilingue de ce traité qui peut être considéré comme le plus complet sur la situation militaireottomane à avoir alors été répandu en Occident, que ce soit pour le matériel et l’équipement ou pour la descriptiondes unités : c’est que le comte Marsigli avait une longue expérience de la Porte, depuis le premier séjour de onze moisqu’il fit à Constantinople en 1679 dans la suite de l’ambassadeur vénitien Ciurani. Fait prisonnier par des Tatarspendant la guerre de 1682-1699 entre l’Empire et l’Autriche, il fut vendu à des soldats bosniaques et finit paréchouer dans la suite du <strong>Grand</strong> Vizir Kuprili en 1691. Après la paix de Carlowitz (1699), il fut employé par LéopoldIer pour fixer les nouvelles limites entre royaume de Hongrie reconquis, République de Venise et Empire ottoman.Blackmer 1084.67- MARTINET. Costumes de l’Empereur Napoléon, de l’Impératrice, des ministres, Conseillers d’Etat, Maréchauxd’Empire, Chambellans, Architrésorier, Administrateurs et autres fonctionnaires publics. Gravés et coloriés parMartinet, sur papier vélin. Paris, Martinet, 1812, in-8, titre, et 44 planches de costumes colorisés, demi-basaneblonde à coins, dos lisse orné de semis dorés, tranches mouchetées de bleu, gardes en papier rose (reliure de l’époque).Petits accrocs aux coiffes, mais bon exemplaire. 10.000 €Rarissime suite composée sur le modèle de celles de Grasset de Saint-Sauveur pour les costumes officiels duDirectoire, et donnant ceux des principaux officiers civils et militaires du régime impérial, constituant par là unedocumentation de premier ordre (il y a beaucoup de suites de costumes militaires pour cette période, très peu pourles civils).Il est difficile d’expliquer la rareté de ce volume : est-ce la date tardive de sa production, entre l’année de la Russie etla Restauration, qui en a accéléré la disparition ? ou doit-on penser à d’autres causes ? Toujours est-il que l’ouvrageprésente les principaux atours de représentation de l’Empire, en commençant par le sommet de la pyramide. Certainsont été dans la réaliité très peu portés, à supposer qu’on en ait coupé des habits (cf. ceux du Roi d’armes) :I. <strong>Grand</strong> costume de l’Empereur et Roi. - II. Petit costume de l’Empereur et Roi. - III. <strong>Grand</strong> costume de l’Impératriceet Reine. - IV. Petit costume du connétable. - V. <strong>Grand</strong> costume de l’archi-chancelier. - VI. <strong>Grand</strong> costume desénateur. - VII. <strong>Grand</strong> costume de législateur. - VIII. <strong>Grand</strong> costume de tribun. - IX. <strong>Grand</strong> costume de conseillerd’Etat. - X. <strong>Grand</strong> costume des ministres. - XI. <strong>Grand</strong> costume de vice-électeur. - XII. <strong>Grand</strong> costume de <strong>Grand</strong>Chambellan. - XIII. <strong>Grand</strong> costume de Maréchal de l’Empire. - XIV. Costume de roi d’armes. - XV. Costume du<strong>Grand</strong> maréchal du <strong>Palais</strong>. - XVI. Costumes des maires. - XVII. <strong>Grand</strong> costume du Maître des cérémonies. - XVIII.<strong>Grand</strong> costume de préfet de département. - XIX. <strong>Grand</strong> costume de juge de paix. - XX. <strong>Grand</strong> costume de l’Ecuyercavalcadour. - XXI. <strong>Grand</strong> costume de l’Architrésorier. - XXII. <strong>Grand</strong> costume du <strong>Grand</strong> Ecuyer. - XXIII. <strong>Grand</strong>costume du <strong>Grand</strong> Juge. - XXIV. <strong>Grand</strong> costume du <strong>Grand</strong> Veneur. - XXV. <strong>Grand</strong> costume du préfet de police,comte de l’Empire. - XXVI. Costume du commissaire de police. - XXVII. Costume du <strong>Grand</strong> Procureur. - XXVIII.Costume de l’administrateur des forêts. - XXIX. <strong>Grand</strong> costume du <strong>Grand</strong> Electeur. - XXX. Costume de gardeforestier. - XXXI. <strong>Grand</strong> costume du vice-connétable. - XXXII. Costume de l’auditeur du Conseil d’Etat. - XXXIII.<strong>Grand</strong> costume de Président de la Cour d’appel. - XXXIV. <strong>Grand</strong> costume de chambellan. - XXXV. <strong>Grand</strong> costumede cérémonie de l’Impératrice et Reine. - XXXVI. <strong>Grand</strong> costume des pages. - XXXVII. <strong>Grand</strong> costume du Présidentdu Tribunal de Cassation. - XXXVIII. <strong>Grand</strong> costume du gouverneur des pages. - XXXIX. Petit costume du Présidentdu Tribunal de Cassation. - XL. <strong>Grand</strong> costume des juges du Tribunal de Cassation. - XLI. <strong>Grand</strong> costume des jugesdu tribunal impérial. - XLII. <strong>Grand</strong> costume des présidents des tribunaux d’instance. - XLIII. <strong>Grand</strong> costume dugreffier du Tribunal de Cassation. - XLIV. <strong>Grand</strong> costume des adjoints aux maires.Aucun exemplaire au CCF. Absent de Colas comme de Lipperheide.Reliés à la suite : des reproductions manuscrites de sept des planches du recueil de Grasser de Saint-Sauveur(Recueil complet des costumes des autorités constituées, an IV - 1796) : 1. <strong>Grand</strong> costume du Directoire exécutif. -2. Costume ordinaire du Directoire exécutif. - 3. Secrétaire du Directoire exécutif. - 4. Membre du Conseil desAnciens. - 5. Membre du Conseil des Cinq-Cents. - 6. Messager d’Etat. - 7. Membre de la Haute-Cour de justice (àdouble page). Chacune de ces reproductions en couleurs est abondamment légendée en bas, par un texte uniquementinstitutionnel (il explique les fonctions des personnages, et ne détaille pas les éléments du costume).Exemplaire de la Bibliothèque de J.-B. Powis, avec vignette ex-libris armoriée contrecollée sur les premières gardes.68- [MILLES & AMYS] - L’Histoire des no- / bles et vaillans / Chevaliers Mil- / les & Amys / lesquelz en seur vivantfurent plains de grandes proes- / ses & vaillances. Paris, Nicolas Bonfons, s.d., (v. 1560-70), [136] ff. n. ch. (y comprisle titre), texte en caractères gothiques sur deux colonnes, signatures A - Z, puis Aa - Ll, toutes par 4, avec des lettrines et25 figures gravées sur bois, y compris celle du titre et une allégorique, répétée en initium et en fin du texte, maroquinvert bouteille, dos à nerfs à caissons richement ornés de losanges fleuronnés sur un semis de pointillés dorés, largeencadrement d’entrelacs dorés sur les plats avec six grandes volutes (4 en écoinçon et 2 au milieu des plats), le toutenserrant une fine guirlande de motifs géométriques, double filet doré sur les coupes, tranches dorées sur marbrureancienne, large dentelle intérieure, gardes de papier peigne (Bauzonnet-Trautz). Superbe exemplaire, d’une grandefinesse d’exécution. 12.500 €Très agréable édition populaire de ce roman de chevalerie en prose, qui forme la fusion narrative de deux récitsmédiévaux distincts :1. Amis et Amile, chanson de geste française du XIIIe siècle, peut-être d’origine italienne et liée à un sanctuaire près- 25 -


de Mortara, en laisses de décasyllabes, brodant autour de la paire parfaite, unie par l’amitié dans la vie et la mort.Amis et Amile, nés le même jour dans deux familles différentes et éloignées, sont réunis par une force irrépressiblequi les pousse l’un vers l’autre. Jurant de ne se jamais quitter, ils s’engagent ensemble dans l’armée de l’Empereur desFrancs en guerre contre les Bretons.2. Jourdain de Blaives, à la trame entremêlée avec le récit précédent, puisque Amis, par son mariage avec Lubias,devient comte de Blaives.L’édition ne contient aucune date, mais elle s’estime en fonction de la période d’activité probable de Nicolas Bonfons: vers 1560 pour Brunet, vers 1570 pour Renouard. Rien dans l’impression volontairement archaïsante de ce genred’ouvrages ne permet de trancher par des critères internes.Brunet III, 1720.Le reliure, remarquable, a été exécutée par Trauts-Bauzonnet entre 1840 et 1851, avec utilisation d’un décor appelé«cadre Renaissance» et qui allie la souplesse du fer à l’élégance des lignes.L’ouvrage a fait partie de la collection Yéméniz.69- [MONARCHIE DE JUILLET] - Caricatures politiques. Paris, Au bureau du journal, s.d., (1830-36), in-4,220 planches à simple ou double page, en général lithographiées, dont 182 en noir et 38 en couleurs, demi-basanecerise à coins, dos lisse orné d’un décor romantique floral en long, double filet doré sur les plats (reliure de l’époque).Gardes refaites, dos un peu frotté, certaines planches restaurées, mais bon exemplaire. 5.000 €Très important recueil de caricatures politiques du début de la Monarchie de Juillet, au moment précis où le régimeissu des Trois Glorieuses, fondé sur un malentendu, et mal ancré dans l’opinion, se cherche entre libéralisme politiqueet répression nécessaire. Il fut très vite la cible des milieux républicains et de leurs organes de presse, dont la Caricaturelancée par Charles Philipon dès 1830.De fait, l’immense majorité des planches de ce recueil émane de ce périodique (interrompu dès 1832 à la suite desnombreux procès politiques qu’il dut subir), et de son successeur le Charivari, exploitant la même veine férocementhumoristique.Les principales signatures relevées sont celles de Daumier, bien sûr, fer de lance des publications de Philipon,dont on retrouvera ici en abondance les caractéristiques poires, comme les scènes les plus connues, mais aussiCharles‐Joseph Traviès (1804-1859) ou Benjamin. L’on trouvera, outre de nombreux portraits à charge deparlementaires ou de ministres, des scènes de genre caricaturant la bourgeoisie affairiste du régime, des représentationsd’événements politiques ou judiciaires, quelques scènes idéalistes mettant en scène une République de rêve, objet desattentes et des désirs, enfin tout l’arsenal de l’imaginaire républicain de l’époque, à la fois naïf et violemment opposéà la confiscation de la Révolution de 1830 opérée par la Monarchie de Juillet.Signalons particulièrement trois scènes qui se déroulent sur plusieurs planches doubles en couleurs qu’il faut accolerpour en avoir l’intégralité :1) Règne animal (2 planches doubles : les personnalités sont caricaturées en bestioles) ;2) Voyage de la pensée immuable à travers les populations empressées (3 planches doubles : sur un voyage de Louis‐Philippeen Normandie) ;3) <strong>Grand</strong>e croisade contre la liberté (7 planches doubles d’un cortège pitoyable de personnalités et d’institutions).70- MOREAU (Jacob-Nicolas). Principes de morale, de politique et de droit public, puisés dans l’histoire de notremonarchie, ou Discours sur l’Histoire de France. Dédiés au Roi. Paris, Imprimerie Royale, 1777-1789, 21 vol. in-8.Veau fauve, dos à nerfs orné, tranches rouges (rel. de l’époque). 5.000 €Tout ce qui a paru.Ardent défenseur de la monarchie française, à contre-courant de la pensée politique alors en vogue,Jacob‐Nicolas Moreau entend donner une histoire de la France depuis Clovis jusqu’à Saint-Louis. Il signe ici unvéritable hymne à la monarchie au moment même où ses principes mêmes sont remis en cause par les philosopheset sera d’ailleurs attaqué pour sa défense du despotisme et de l’arbitraire.Série complète très rare. Cette publication sera interrompue par les événements révolutionnaires alors que son auteurprévoyait l’ouvrage en 40 volumes.Ex-libris héraldique E. P. Le Fors de Chessimont.Bel exemplaire.71- MORELLET (André). Prospectus d’un nouveau dictionnaire de commerce, en cinq volumes in-folio, proposés parsouscription. Paris, frères Estienne, 1769, in-8, VIII-382-34 pp., demi-basane fauve, dos lisse cloisonné et fleuronné,tranches rouges (reliure de l’époque). 4.500 €Edition originale de ce curieux prospectus, qui a les dimensions d’un véritable traité et annonce un ouvrage quidevait remplacer le Dictionnaire de Savary des Brûlons, ainsi que ceux de Rolt, Mortimer ou Postlewayth, maisne paraîtra jamais du vivant de l’abbé Morellet : en effet, après y avoir travaillé environ vingt ans, l’auteur dutinterrompre son labeur à cause de la Révolution ; c’est Peuchet qui récupéra ses manuscrits vers 1799 ou 1800 et finitpar faire paraître le Dictionnaire universel de la géographie commerçante (an VII-an VIII, 5 volumes in-4).Les 34 pp. finales (chiffrées séparément) contiennent un intéressant Catalogue d’une bibliothèque d’économiepolitique.INED 3311.- 26 -


72- MORIN (Jacques). Les Armes et blasons des chevaliers de l’ordre du Sainct Esprit creez par Louys XIII roy deFrance et de Navarre. À Paris, Chez Pierre Firens, s.d., (1623), in-4, titre-frontispice, [7]-78 ff. de blasons gravés auburin-[1] pp., vélin ivoire souple, titre manuscrit au dos, traces de lacets (reliure de l’époque). 3.500 €Magnifique ouvrage où sont gravées les armes des chevaliers et commandeurs de l’Ordre du Saint-Esprit crééspar Louis XIII lors du chapitre tenu en 1619, en commençant par celles de Louis XIII, suivies de celles deHenri de Bourbon, puis de François de la Rochefoucault, et passim.L’Ordre du Saint-Esprit est issu des guerres de religion : Henri III, pressentant la formation d’une ligue du particatholique qui échapperait à son autorité, tenta de regrouper autour de lui les principaux chefs et de les attacher parun serment personnel. Il fonde l’Ordre le 31 décembre 1578, dédié au «Benoist Sainct-Esprit», en commémorationde son ascension au trône le jour de la Pentecôte. Le roi était <strong>Grand</strong>-maître de l’Ordre et il était enjoint aux membresde ne recevoir ni pensions, ni gages d’aucun autre souverain. Les chevaliers, également chevaliers de Saint-Michel,étaient au nombre de cent, plus neuf commandeurs ecclésiastiques et quatre grands officiers (chancelier, prévôt,grand trésorier et greffier).Les armoiries furent gravées par Pierre Firens, membre de l’importante famille de graveurs et marchands d’estampes,originaires d’Anvers mais qui se fixèrent à Paris au début du XVIIe siècle. Il grava de nombreux portraits et scènespour Louis XIII et son entourage.Bel exemplaire en vélin de l’époque. Ex-libris héraldique.Guigard, Bibliothèque héraldique de la France, 691. Saffroy, I, 4810.73- MÜNTER (Federigo). L’Assedio di Copenhagen nell’anno MDCCCVII del sig. Federigo Münter, cav. diDannebrog, vescovo della Selandia e del Capitolo Reale degli ordini. Traduzione libera di E.B. S[chubart].[Florence], Luglio [juillet], 1809, in-12, VI pages, faux-titre, 105 pages, maroquin cerise à grain long, dos lisse ornéde triple filet doré, cadre à une roulette aux palets et besants, fers dorés aux angles du cadre, roulette guillochée sur lescoupes, gardes de papier marbré caillouté, tranches dorées (reliure de l’époque). 2.500 €Très bel exemplaire, dédié à Elisa Bonaparte, soeur de Napoléon et protectrice des lettres. Elle sera nommée grandeduchessede Toscane en 1809, année de parution de la présente traduction.L’ouvrage relate le siège de Copenhague de 1807. Le Danemark, s’étant joint dès 1800 à la Ligue des neutres,fut contraint d’entrer dans le Système continental par Napoléon et Alexandre Ier. Les Anglais bombardèrent leDanemark qui capitula à Copenhague le 7 septembre 1807 et leur livra sa flotte.Envoi manuscrit du traducteur à Elisa Bonaparte, placé en regard du titre : «A son Altesse impériale Madamela Princesse de Lucques et de Piombino, grande duchesse de Toscane etc. Hommage d’admiration et de respect dutraducteur [signé] Baron de Schubartz».74- NABERAT (Fr. Anne de). Advertissements chrestiens & politiques recueillis de divers autheurs antiens & modernes.Aix, Jean Tholosan, 1610, petit in-8, [10] ff. n. ch. (titre, dédicaces, au lecteur, privilège), [167] pp.mal chiffrées267 par erreur typographique, [2] ff. n. ch. (table des chapitres), texte dans des encadrements noirs, avec une grandecroix de Malte au verso du dernier feuillet non chiffré, et titre gravé répété en initium de chaque partie, vélin souple,dos lisse, gardes volantes refaites (reliure de l’époque). Bon exemplaire. 2.500 €Unique édition de ce petit ouvrage vraiment peu commun, et qui forme comme un «miroir» du gouvernementchrétien, aux maximes anti-machiavelliennes, comme le courant bientôt appelé «dévôt» les multipliera jusqu’au milieudu XVIIe siècle. L’auteur, sur lequel nous sommes peu renseignés, était commandeur de l’Ordre en Provence.Cioranescu, XVII, 50797. Saffroy I 5378.Relié à la suite :NABERAT : Instruction pour faire les preuves de noblesse des Chevalliers de Malte, la forme de do[n]nerl’habit, & faire les ameillorisseme[n]s de leurs co[m]manderies. Aix, Iean Tholosan, 1610, 51 pp., texte dans desencadrements noirs, avec une grande Croix de Malte et une planche dépliante gravée par Gaultier (modèle pourprésenter les quartiers).Édition originale de ce titre qui sera repris ensuite dans le recueil du même auteur intitulé Sommaire des privilègesoctroyez à l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (1626). Cf. Saffroy I, 5755.Imprimé à Cayenne75- NOYER (Jean-Antoine-Alexandre). Mémoire sur la Guyane française, (...). Adressé en 1819, à M. de Laussat,alors commandant et administrateur, pour le Roi. Publié sous le gouvernement de M. le baron Milius, en mars 1824.Cayenne, Imprimerie du Roi, s.d., (1824), petit in-4 carré, [4]-121 pp., demi-basane cyan, dos lisse orné, gardes refaites(rel. de la fin du XIXe). Bon exemplaire. 8.000 €Rarissime impression de Cayenne, où les premières presses ne fonctionnèrent qu’à partir des années 1770. L’ouvragea été composé par un ingénieur-géographe (il composera encore un livre sur les forêts de Guyane, paru en 1827),qui se présente comme député de la colonie (mais ne figure dans aucune liste de parlementaires ...). Son objet estessentiellement géographique et économique, avec un long aperçu sur la faune et la flore.Un état manuscrit du présent Mémoire figurait dans un catalogue de libraire avec le commentaire suivant : «Il enexiste une édition imprimée, rarissime, signalée par Sabin 56211 : d’après l’indication en bas du titre de notremanuscrit, elle aurait été tirée à 300 exemplaires. cependant le NUC n’en localise aucun» (Cat. Chamonal, 2001,n° 323).Sabin, 56211. Au CCF, les seuls exemplaires répertoriés sont à la BnF.- 27 -


76- [ORGANISATION de SAINT-DOMINGUE] - Extrait des Registres des Délibérations des Consuls de laRépublique. Paris le 7 brumaire an 10 de la République une et indivisible [1801]. S.l.n.d., Manuscrit de 3 pages et1 page blanche in-4. Seul l’entête est imprimé. 5 lignes imprimées et 53 lignes manuscrites, (tache brune dans la margeinférieure) sous chemise de papier marbré, étui en veau brun granité, dos lisse orné, pièce de titre de maroquin rouge(reliure moderne). 8.500 €Exceptionnel document signé Decrès, Ministre de la Marine et des Colonies.Il s’agit de la copie conforme signée par le ministre pour Bonaparte, Premier Consul.Article 1 : «La partie française de Saint-Domingue sera organisée conformément au réglement du…» (La date estlaissée en blanc).Article 2 : «La partie espagnole de l’Isle de Saint-Domingue ne sera organisée définitivement qu’après la prise depossession qui en sera faite (…).»Article 3 : «La prise de possession de la partie espagnole par Toussaint L’Ouverture est nulle et non avenue (…)».Article 4 : «Tous les actes faits dans la partie espagnole par Toussaint L’Ouverture (…)».Article 5 : Organisation provisoire de la partie espagnole.Article 6 : Création d’un Commissaire extraordinaire, d’un commandant militaire, d’un commissaire de justice pourla partie espagnole de l’île. Rôle du Commandant en Chef de l’armée de Saint-Domingue.Article 7 : «Le ministre de la marine et des colonies est chargé de l’exécution du présent arrêté qui sera tenu secret.Il sera seulement communiqué au Général en Chef, au Prefet Colonial et au Commissaire extraordinaire de la partieespagnole».A la fin de l’Ancien Régime, l’île de Saint-Domingue était occupée à la fois par des colonies espagnoles et françaises.Les colons français, bien plus riches et prospères, étaient principalement installés dans la partie occidentale de l’île.Dès le départ, les colons français sont méfiants voire hostiles à la nouvelle donne politique issue de la RévolutionFrançaise. Espérant en effet bénéficier de l’égalité des droits, les esclaves noirs, finalement déçus se révoltent en 1791(suite au décret de l’Assemblée Constituante confirmant l’esclavage). Certains d’entre-eux, à la tête desquels se trouveToussaint Louverture passent dans le camp espagnol. Les colons espagnols espéraient ainsi profiter du désordre regnantdans les colonies françaises, tiraillées entre les révolutionnaires et les colons royalistes (soutenus par les Anglais). A lasuite de l’abolition de l’esclavage de février 1794, les colons français s’allient aux Espagnols et aux Anglais contre lesforces révolutionnaires. Louverture et ses hommes rejoignent alors le camp de la révolution et obtiennent de vraissuccès militaires (il est fait général de division par le Directoire en 1796). Mais Louverture souhaite une Constitutionpour Saint-Domingue dès juillet 1801, réalisant ainsi ses visées autonomistes. Bonaparte, alors Premier Consul,envoie Leclerc, son beau-frère pour matter la rébellion. Si cette expédition de Saint-Domingue permit l’arrestation deLouverture, elle ne put ramener l’île dans le giron français (capitulation de Rochambeau, novembre 1803). A la chutede l’Empire, l’Espagne récupéra quant à elle ses anciennes possessions tandis que la partie originellement française étaitdésormais indépendante sous le nom de Haïti.Notre document, daté du 29 octobre 1801 (7 brumaire An X), montre la volonté de Bonaparte de reprendre la mainface au désir indépendantiste de Louverture. Il précède de quelques semaines l’envoi des troupes consulaires sur l’île(décembre 1801). En novembre 1801, dans une lettre ouverte aux habitants de Saint-Domingue, Bonaparte, finstratège, tente de rassurer les insurgés en leur garantissant l’égalité des droits civiques (tandis que Louverture avaitéchaudé les Noirs en rétablissant une forme d’esclavage).77- PÉRIER (Casimir). Opinions et discours de M. Casimir Périer, publiés par sa famille, recueillis et mis en ordrepar A. Lesieur (...), et précédés d’une notice <strong>historique</strong> par Charles de Rémusat. Paris, Paulin, 1838, 4 vol. in-8,[4]-II‐LXVI-456, [4]-537, [4]-473 et [4]-507 pp., demi-chagrin maroquiné cerise à coins, dos à faux-nerfs ornés decaissons concentriques dorés, double filet doré sur les plats, tête dorées (Simier, relieur du Roi). 2.500 €Unique édition collective des oeuvres parlementaires de Périer, procurée par Rémusat : elle n’est pas commune etrassemble tous les discours tenus depuis décembre 1817 jusqu’à la session de 1831 (Périer fut atteint comme l’on saitpar l’épidémie de choléra qui ravageait alors Paris et mourut le 16 mai 1832).Précieux exemplaire de Louis-Philippe avec chiffre couronné poussé dans les entre-nerfs : non signalé par OHR quise concentre sur les chiffres du duc d’Orléans, ce chiffre LP avait été adopté par le nouveau Roi après son accessionambiguë au trône. En effet, en même temps qu’il renonçait aux marques armoriées sur ses livres (le lambel des Orléansétant incompatible avec les armes pleines de la royauté et ces dernières demeuraient celles de la branche aînée en exil),il abandonna le O de son chiffre précédent LPO.Bel exemplaire imprimé sur papier bleu.78- [PHOTOGRAPHIES] - LE BON (Gustave). Monuments & types arabes de l’Afrique & de l’Espagne. S.l.[Alger], s.d., in-4, [55] ff. n. ch. de papier fort, avec 65 tirages photographiques contrecollés, demi-chagrin cerise, doslisse muet, encadrement de simple filet doré sur les plats de percaline, titre poussé en lettres dorées au centre du platsupérieur. Mouillures sur le rebord des plats. 4.000 €Intéresssant ensemble de photographies censées illustrer l’un des thèmes de prédilection développés par l’oeuvre del’anthropologue Gustave Le Bon (1841-1931), auteur du célèbre et remarqué La Civilisation des Arabes (1884) :l’influence de la religion et de la «race» sur le façonnage de l’aspect matériel des civilisations.Les clichés, généralement légendés à la main par Le Bon, se répartissent en deux ensembles distincts :1. Trente-deux sur le Maghreb (30 pour l’Algérie, 2 pour le Maroc). Pour l’Algérie, la plupart ont été réalisés par JeanGeiser (établi rue Bab-Azoun, 7). Il semble manquer une vue de Tlemcen, annoncée par une légende, mais absente.2. Trente-trois sur l’Espagne (essentiellement l’Alhambra de Grenade, et des morceaux d’architecture de Tolède).Matériellement, ils se présentent sous deux formats différents : à pleine page (26 x 21 cm), en tiers ou quart de page(13,5 ou 15 x 9,5 ou 11 cm).Iconographiquement, sont privilégiées les vues urbanistiques et architecturales d’une part, de l’autre les types physiqueshumains (on a même droit à un ensemble de photos de «femmes arabes» non voilées, manifestement plus à usage desOccidentaux, que reflétant une réalité sociale).Précieux exemplaire d’Aristide Briand, avec bel envoi de Le Bon en date du 30 décembre 1926 : «A mon illustre amiAristide Briand qui édifia à Locarno les bases d’une foi nouvelle, j’offre cette collection lentement formée pour montrer qu’unereligion ne se borne pas à transformer la vie morale d’un peuple, mais aussi tous les éléments de sa vie matérielle.»- 28 -


79- [PHOTOGRAPHIES] - [Album maritime]. S.l., s.d., (V; 1872), in-4, [50] pp. sur papier cartonné fort, regroupant200 tirages photographiques d’époque dans des encadrements gaufrés, chagrin maroquiné fauve, dos lisse orné dedoubles caissons à froid, encadrements or et noir et sur les plats, rebords des plats doublés de métal , larges fermoirsen métal, tranches dorées, gardes en papier fort gaufré (reliure de l’époque). Exemplaire déboîté. 4.000 €Très important album regroupant 200 tirages de portraits de marins du Second Empire et des débuts dela IIIe République. Constitué dans les années 1870-1873, il regroupe des photographies prises entre le début duSecond Empire et son effondrement, comme on le verra en consultant les dates de décès de certains personnages(cf. infra).1. Beaucoup de clichés ont été légendés au stylo dans les années 1880-90 et permettent une identification facile, voireimmédiate ; très peu en revanche sont datés, mais cela arrive et permet de vérifier la fourchette indiquée d’après lescritères biographiques, puisque les millésimes indiqués vont de 1857 à 1870.2. Les ateliers d’où proviennent les portraits sont ceux qui occupaient le devant de la scène sous le Second Empire,comme on peut en juger d’après les signatures conservées :a) Bien sûr, celui d’André-Adolphe-Eugène Disdéri (1819-1889), installé à partir de 1854, et qui emprunta leprocédé mis au point par le Marseillais Dodero pour lancer à grande échelle le portrait photographique au formatd’une carte de visite. A la suite d’une visite de Napoléon III qui se fit portraiturer ainsi, son atelier fut adopté par labonne société et la mode fit fureur de ces petits tirages.b) Mais l’on trouve aussi les signatures de Pierre-Louis Pierson (1822-1913), installé, lui, dès 1844, et photographeattitré de la Castiglione ; de Liébert Thiersault, qui se fera un nom par ses vues photographiques des ruines de Parissous la Commune, etc.3. Les sujets représentés sont bien sûr essentiellement des marins, mais, curieusement de tous les grades, depuisl’Amiral de France jusqu’au matelot, avec, de ci, de là, quelque portrait féminin, souvent non légendé, que l’ondevine correspondre à une épouse de marin. Les amiraux ouvrent l’album, puis l’on va de grade en grade décroissant.En-dessous de celui de lieutenant de vaisseau, les mentions manuscrites se font plus rare, mais on en trouve encore.Pour donner une idée de l’intérêt de la collection, et tout en se limitant au sommet de la hiérarchie, il peut être utilede présenter une liste non exhaustive des amiraux portraiturés ici (par ordre alphabétique) et dont la plupart se sontillustrés dans notre histoire maritime, guerrière ou coloniale :- Armand-Charles-Louis-Gustave Besnard (1833-1903, futur ministre, photographié alors qu’il était encorecapitaine de vaisseau) ;- Edouard Bouët-Willaumez (1808-1871, amiral en 1865) ;- Armand-Joseph Bruat (1796-1856, amiral en 1855) ;- Jean-Baptiste-Thomas-Médée Cécille (1787-1873, vice-amiral en 1847) ;- Léonard-Victor Charner (1797-1869, amiral en 1864) ;- Alexandre Dieudonné (1812-1871, contre-amiral en 1865) ;- Charles-Marie-Albert de Dompierre d’Hornoy (1816-1901, vice-amiral en 1871) ;- Abel Du Petit-Thouars (1793-1867, célèbre pour son intervention quasi-personnelle à Tahiti) ;- Martin Fourichon (1809-1884, vice-amiral en 1854, ministre) ;- Jean-Baptiste Grivel (1778-1869, vice-amiral en 1834, auteur de Mémoires sur les guerres maritimes del’Empire) ;- Ferdinand-Alphonse Hamelin (1796-1864, amiral en 1854, ministre) ;- Charles Jaurès (1808-1870, vice-amiral en 1864, oncle de Jean Jaurès) ;- Edmond Jurien de La Gravière (1812-1892, vice-amiral en 1862, célèbre historien maritime) ;- Camille-Adalbert-Marie de La Roncière-Le-Noury (1816-1881, vice-amiral en 1868) ;- Alexandre-Ferdinand Parseval-Deschesnes (1793-1860, amiral en 1854, pour son illustration pendant la Guerred’Orient) ;- Louis-Pierre-Alexis Pothuau (1815-1882, vice-amiral en 1871) ;- Charles Rigault de Genouilly (1807-1873, amiral en 1864, au rôle controversé en Cochinchine) ;- Pierre-Gustave Roze (1812-1883, vice-amiral en 1869) ;- François-Thomas Tréhouart (1798-1873, amiral en 1869).Sont joints 6 clichés libres :1. Hautefeuille (25 x 16 cm).2.-3. Berry, lieutenant de vaisseau (25 x 16 cm). Le même, avec Madame (25 x 16 cm).4. Un des deux amiraux Jaurès (25 x 16 cm).5. L’enseigne Bourgeois (12 juillet 1863, 11 x 6 cm).6. Le capitaine de vaisseau Jam (1857, 11 x 6 cm).80- PIROUX. L’Art de voyager dans les airs, ou les ballons ; contenant les moyens de faire des globes aérostatiquessuivant la méthode de MM. de Montgolfier, et suivant les procédés de MM. Charles et Robert. Avec un précis <strong>historique</strong>des plus belles expériences qui ont été faites d’après cette célèbre découverte. A Paris, Chez les Libraires qui vendentles Nouveautés, 1784, in-8, [4]-142-[2] pp., 3 planches dont 1 en frontispice et 32 pp., demi-veau brun, dos lisse ornéde filets et de fleurons dorés (Ateliers Laurenchet). Mouillures. 1.800 €Rare ouvrage sur les débuts de l’aérostation, complet des trois planches représentant l’Arrivée de M. Charles à Nesle,l’Expérience du château de La Muette et l’Expérience des Tuileries.Le 4 juin 1783, a lieu la première expérience publique des frères Montgolfier qui, dans la cour du couvent desCordeliers d’Annonay, font voler le premier ballon à air chaud. Dans le même temps, Jacques Charles et lesfrères Robert construisent un ballon gonflé à l’hydrogène qu’ils réussissent à faire voler en août 1783. Jusque là,aucune expérience n’avait été tentée. Le 21 novembre de la même année, Pilâtre de Rosier et le marquis d’Alandress’élèvent dans une montgolfière partant du château de La Muette. Ils survolent Paris pendant presque 30 minutes.La compétition entre les frères Montgolfier, Charles et Robert ne fait alors que commencer.On joint le très rare Supplément à l’art de voyager dans les airs, contenant le Précis <strong>historique</strong> de la grande expériencefaite à Lyon le 19 janvier 1784. Et l’exposé d’un moyen ingénieux pour diriger à volonté les ballons aérostatiques.S.l.n.d., 32 pages, broché, couv. de papier marbré.Tissandier, 11.- 29 -


81- POMPEI (Pier Paolo). Etat actuel de la Corse ; caractère et moeurs de ses habitans. Paris, Kieffer, Moreau, 1821,in-8, VI-316 pp., demi-veau tabac à coins, dos lisse orné, tranches mouchetées (reliure de l’époque). Bel exemplaire. 3.000 €Unique édition, assez peu commune, de cette description qui fut généralement attribuée, dès sa parution, au généralHorace-François de Sébastiani-Porta (1772-1851), d’une modeste famille bastiaise, et qui, après trois ans de retraitepolitique, avait été élu député au <strong>Grand</strong>-Collège de Corse en septembre 1819, en partie grâce à l’appui de Decazes.Précieux exemplaire d’Eugène de Beauharnais, ex-vice-Roi d’Italie, alors duc de Leuchtenberg (1781-1824), avecchiffre AE doré poussé au centre des plats (OHR 2671-4).82- PUISAYE (Comte J. de). Mémoires qui pourront servir à l’histoire du parti royaliste françois durant la dernièrerévolution. À Londres, de l’Imprimerie de Cox, Fils et Baylis, 1803-1808, 7 vol. in-8 (tome 6 en 2 parties à paginationcontinue), carte dépl. au T. VI, demi-vélin ivoire à coins (rel. de l’époque). Pièces de titre et de tomaison renouvelées. 6.500 €Édition originale de la plus grande rareté.«Député de la noblesse du Perche aux Etats-Généraux, Puisaye dirigea l’armée départementale de l’Eure, arméefédéraliste en révolte contre la Convention en 1793. Vaincu, il se réfugia en Bretagne et organisa la chouannerieautour de Rennes. A Londres en 1794, il fut à l’origine de l’expédition de Quiberon. Son empressement à fuir lemassacre et à se réfugier sur un navire anglais lui fit grand tort. Désormais mal vu des royalistes, en butte à l’hostilitéde Louis XVIII, son rôle était terminé. Ses mémoires ne sont pas toujours d’une grande exactitude et il a tendance àexagérer son rôle» (Fierro, 1205).«Peu sûrs, éclairent surtout les rivalités de l’entourage de Louis XVIII» (Tulard).Quelque peu décriés, ces mémoires n’en demeurent pas moins une source précieuse pour l’histoire de lacontre‐révolution.A partir du tome IV (1806), l’imprimeur change : Harper & Co ; enfin, le tome VI seconde partie (1808) estimprimé par D. N. Shury.Fierro, 1205. Tulard, 1190. Lemière, 498-499 (consacre une longue notice sur les problèmes liés à l’éditionelle‐même).83- REGNAULT (Antoine). Discours du voyage d’Outre Mer au Sainct Sépulcre de Iérusalem, et autres lieux de laterre Saincte. - Avec plusieurs traictez, dont le catalogue est en la page 265. Lyon, aux despens de l’Autheur, 1573, in-4,[4] ff. n. ch. (titre avec vignette à la Croix de Jérusalem, dédicace à Guillaume Ruzé, poème liminaire), 266 pp., [6]ff. n. ch. (table des matières), avec 91 figures sur bois dans le texte par J. Moni, et 3 cartes dépl., manquent les 26 ff.paginés 264-289 qui doivent se trouver après la table, comme c’est le cas dans beaucoup d’exemplaires, veau fauvemarbré, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe). Reliure restaurée aux coiffes, aux coins et aux charnières,mais bon exemplaire. 5.000 €Unique édition de cet ouvrage rarissime, l’un des plus anciens compte-rendus de pèlerinage en Terre Sainte rédigésen français.L’auteur, Antoine Regnault était un bourgeois de Paris qui fit un pèlerinage en Terre Sainte et, sur le chemin du retour,fit imprimer sa relation à Lyon par un libraire que Baudrier n’a pas pu identifier. L’ouvrage lui-même, complété parNicolas Chemin à Paris pour la seconde partie (cf. infra), était vendu à Paris par les soins mêmes de l’auteur. Regnaults’exprime sur les étapes de son dévot voyage, mais aussi sur la doctrine des Chrétiens Chaldéens, les cérémonies deréception des chevaliers du Saint-Sépulcre, etc.La seconde partie, manquante dans notre exemplaire (intitulée Ordonnances des Empereurs, Roys et Princes de France ;qui ont esté souverains et chefz de l’ordre des chevaliers et voyagers du Saint-Sépulcre), ne se trouve véritablement que dansune partie des exemplaires recensés. Les bois gravés illustrant l’ouvrage ne sont pas documentaires, ils reprennent enfait des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament ; ils sont repris des Bibles publiées par Rouillé à Lyon en 1565(pour l’Ancien Testament) et 1570 (pour le Nouveau).Bien complet des trois cartes dépliantes.Brunet IV, 1186. Cioranescu, XVI, 19035. Baudrier I, 373. Hage Chahine, Levant, 3958.84- ROBESPIERRE (Maximilien). Ensemble des deux journaux de Robespierre. S.l.n.d., 3 vol. in-8,demi‐chagrin rouge, dos à nerfs (rel. du XIXe). Des rousseurs. Entièrement non rogné. 50.000 €- Le Défenseur de la Constitution. S.l. [Paris], Nicolas, 1792, 1 prospectus et 12 livraisons en 1 volume in-8 de4-614 pp.- Lettres de Maximilien Robespierre, membre de la Convention nationale de France, à ses Commenttans. Paris,Imprimerie patriotique et républicaine [Nicolas], 1792-1793, 22 livraisons en 2 volumes in-8 de 580 pp. et 526 pp.Collection complète des deux journaux de Maximilien Robespierre dans lesquels il expose ses principespolitiques.C’est avec les fonds fournis par des Jacobins robespierristes et avec la participation de son hôte Maurice Duplay,que Maximilien Robespierre put le 17 mai 1792, faire paraître le premier numéro du Défenseur de la Constitution.Dans son propre journal, il prit la défense des soldats patriotes mais principalement, il s’attaqua à La Fayette et auxgénéraux dont la complicité avec la cour s’étalait désormais au grand jour. Le sabotage de la guerre, la préparationd’un coup d’Etat était tellement flagrante que même les Brissotins réagissaient en prenant des mesures de fermeté.«Le Défenseur de la Constitution est, en réalité, une œuvre toute personnelle, un recueil de plaidoyers pro domosua, entremêlés de thèses politiques inspirées par les circonstances, et de philippiques contre les hommes qui faisaientobstacle à l’auteur. Le titre n’est qu’une enseigne, mais dont le choix, de la part de Robespierre, était bien fait pourétonner» (Hatin).Bel exemplaire, complet du rare prospectus, parfaitement établi au XIXe siècle.Deschiens, pp. 130-131 ; France, 1843 ; Hatin, p. 227 ; Martin et Walter, V, 361, 886 ; Monglond, II, col. 791 ;Pochet-Deroche, 1767 ; Soboul, pp. 336-337 ; Tourneux, 10765.- 30 -


85- ROCCA (Bernardino). Du Maniement et conduite de l’art et faictz militaires, auquel, par briefveconférence & exemple tirez des histoires tant ancie[n]nes que modernes, se voit à l’oeil par les entreprises & succez desaffaires passées, comme il fault procéder à entreprendre et faire la guerre, soit en pleine campagne, & bataille ouverte, ouescarmouches : ou soit aux assaux des forteresses, & défense des villes : & comme on se peult prévaloir de tout péril quien peult dépendre pour la conservation de l’estat. Faict en italien (...), & mis en françois, par Françoys de Belle‐Forest,Comingeois. Paris, Nicolas Chesneau, 1571, in-4, [48] ff. n. ch. (titre, dédicace à René Le Voyer de Paulmy d’Argenson,table), [551] pp. mal chiffrées 535, veau fauve raciné, dos lisse orné de semis de volutes dorées, hachures dorées sur lescoupes, tranches citron (rel. du XVIIIe s.). Dos légèrement passé, réparation de papier en angle intérieur des ff. 179-80,181-82, 183-84 et 185-86 avec manque de texte, des mouillures au début et «in fine». 3.000 €Rarissime première traduction française des seconde et troisième parties du Governo della militia de Bernardino Rocca,méconnaissable parce que la division de l’original italien semble n’avoir pas été respectée. La première partie, donnéeen italien en 1566 (Imprese, stratagemi et errori militari) fit l’objet, la même année 1571, d’une traduction françaisepar Lancelot du Voisin, publiée chez le même Chesneau. Les deux parties suivantes parurent en italien en 1570seulement. Il est logique qu’un même imprimeur ait voulu donner une version française des deux morceaux du livrecomplet, mais le recours à deux traducteurs différents aurait besoin d’être expliqué.Absent de Cioranescu, XVI (qui donne la liste des traductions de Belleforest). Pas dans Cockle. Seulement3 exemplaires au CCF.Bel exemplaire de la bibliothèque de Shirburn Castle, des comtes de Macclesfield, avec vignettes ex-libriscontrecollées sur les premières gardes.Le premier ouvrage politique de Saint-Just86- SAINT-JUST (Antoine-Louis-Léon de). Esprit de la Révolution et de la Constitution de France. Paris, Beuvin,1791, in-8, VIII-175 pp., veau fauve marbré, dos lisse cloisonné et fleuronné, encadrement de simple filet à froid surles plats, simple filet doré sur les coupes, tranches rouges (reliure de l’époque). 8.000 €Edition originale très rare du deuxième ouvrage de Saint-Just (après Organt, de 1789), et le premier véritablementpolitique.Il forme un précieux témoignage sur la période «réformiste» du futur conventionnel, qui court grosso modo de laconvocation des Etats à l’abolition de la monarchie, et où Saint-Just mit en sourdine ses conceptions déjà violentes etextrêmes au profit d’une apologie de la transition constitutionnelle, alors même qu’à la même époque il s’imprégnaitdes idées autrement plus radicales du petit peuple de Blérancourt (Aisne), se mettant à la tête de leurs revendicationset de leurs combats. Bientôt, élu à la Convention dès l’âge de 25 ans, il se montre un apôtre de la révolution socialeen faveur des petits paysans et manouvriers agricoles, ce qui rejette dans l’ombre son essai de jeunesse, devenu trèsdifficile à trouver dès le XIXe siècle.Vellay, Bibliographie de Saint-Just, 2.87- SAVARESI (Antonio-Timoleone). Mémoires et opuscules physiques et médicaux sur l’Egypte. Paris, P. Didotaîné, an X - 1802, in-8, [4]-218 pp., un feuillet non chiffré d’errata, demi-basane fauve marbrée, dos lisse orné de filetsdorés, coins en vélin (reliure pastiche). Pas mal de mouillures, cachet, mais bon exemplaire. 1.500 €Rarissime recueil de textes publiés précédemment dans la Décade égyptienne et relatifs à la nosologie de l’Arméed’Orient :1. Essai sur la topographie physique et médicale de Damiette (Décade II, pp. 85-90 et 122-127). Avec les Observationssur les maladies qui ont régné à Damiette dans le premier semestre de l’an VIII.2. Notice sur la topographie de Ssâlehheéh (Décade III, pp. 96-100).3. Dell’oftalmia di Egitto (Décade II, pp. 159-165, mais en français).4. Notes sur le physique et le moral des Egyptiens modernes, et sur différents points de l’histoire naturelle del’Egypte.5. Mémoire sur la peste, ou Recherches sur l’origine et les causes de la fièvre pestilentielle d’Egypte, avec sa descriptionet sa méthode curative. L’essentiel du mémoire est formé par une histoire de la peste survenue dans les rangs del’Armée d’Orient pendant son séjour en Egypte.Embarqué à Civittà-Vecchia le 26 mai 1798, le médecin Antonio Savaresi (1773-1840) servit dans l’Armée d’Orientcomme médecin en chef jusqu’à son départ pour la France le 14 octobre 1801. Il eut à connaître des infectionssurvenues à Damiette, et Alexandrie, engrangeant une grande expérience de la nosologie locale.Seulement deux exemplaires au CCF (Albi et Rouen). Pas dans De Meulenaere, Egypte (qui cite les autres opusculesséparés de l’auteur).Exemplaire du docteur Henri-Marie Husson (1772-1853), un des propagateurs de la vaccine en France, avec envoiautographe de l’auteur.88- SICARD (Roch-Ambroise Cucurron). Théorie des signes pour l’instruction des sourds-muets, dédiée à SaMajesté L’Empereur et Roi, (...). Suivie d’une notice sur l’enfance de Massieu. Paris, Imprimerie de l’Institution desSourds-Muets, 1808, 2 vol. in-8, LX-582 et [4]-649-[3] pp., avec une pl. dépliante (l’alphabet des sourds‐muets),maroquin vert, dos lisse à caissons richement ornés de fleurons et rosaces dorés, encadrement de simple filet et deguirlande dorés sur les plats, chiffre E couronné souligné par un double feuillage noué, simple filet doré sur les coupes,tranches dorées, dentelle et dent-de-rat intérieures, gardes doublées de tabis rose (reliure de l’époque). 15.000 €Edition originale de ce titre important de l’abbé Sicard (1742-1822), qu’il ne faut pas confondre avec sa Théorie dessignes, ou Introduction à l’étude des langues (1814, seconde édition en 1823), qui est un autre ouvrage (mais Quérardconfond les deux), reprenant les leçons données à l’Ecole Normale en l’an III, où l’abbé était professeur de grammairegénérale.C’est l’aboutissement des travaux de l’abbé de l’Epée, dont Sicard fut le disciple et le successeur comme directeur del’Institution royale des Sourds-Muets de Paris (avril 1790), après avoir été instituteur des sourds-muets de Bordeaux.- 31 -


Par cette théorie, les sourds-muets furent dotés d’un langage de signes et d’un alphabet pouvant servir à tous leursbesoins de communication. Ils sont toujours à la base de ceux utilisés de nos jours.Monglond VII, 1060.Très précieux exemplaire de la Tsarine Elisabeth Alexeïevna (1779-1826), née princesse Luise-Maria-Augusta deBade, femme de l’Empereur Alexandre Ier, qu’elle avait épousé avant son accession, en 1793, avec chiffre E couronnéet lauré poussé au centre des plats, ainsi qu’estampille de la Bibliothèque de Tsarkoïé-Sélo apposée aux faux-titres.Comme l’atteste la lettre jointe, il s’agit là d’un exemplaire de présent, qui n’a jamais dû être ouvert par la souveraine(les pages adhèrent encore par la dorure).Jointe : une très émouvante L.A.S. de Jean Massieu (1772-1846), l’un des élèves de l’abbé Sicard à l’Ecole desSourds-Muets de Bordeaux, nommé répétiteur à ses côtés en 1790 à Paris, et dont l’ouvrage éclaire la jeunesse (tomeII, pp. 623-649). Datée du 6 avril [1808], elle occupe les deux premières pages d’un bifeuillet in-folio (31 x 21 cm),replié ; elle est couverte d’une très élégante écriture, parfaitement lisible, et son objet est d’intéresser l’Impératrice ausort des sourds-muets russes. S’appuyant sur la présence de quelques sujets tsariens à l’institution de Paris (dont uneprincesse Dolgorouki, apparemment), Massieu suggère que le Tsar envoie une personne se former auprès de l’abbéSicard et revienne ensuite en Russie pour s’occuper des sourds-muets : «Je serois bien aise que Sa Majesté votre épouxnous envoyât un de ses sujets pour lui montrer l’art de consoler les familles qui ont des enfans qui ne peuvent leur exprimerleurs idées et leurs sentiments et qui sont comme des chiens et des chats. Un instituteur les tireroit de l’état sauvage. Notrebon Père Sicard formeroit cet instituteur ; et ces pauvres sourds et muets apprendroient à connoître Dieu et à le servir.»Superbe exemplaire, parfaitement établi dans une reliure de grande élégance dans le style de Bozérian.89- SIMONDE DE SISMONDI (Jean-Charles-Léonard). De la Richesse commerciale, ou Principes d’économiepolitique appliqués à la législation du commerce. Genève, J.-J. Paschoud, an XI (1803), 2 vol. in-8, [4]-LXXXV-348et [4]-448 pp., demi-basane fauve mouchetée, dos lisses ornés de filets dorés, tranches bleutées (reliure de l’époque). 5.000 €Edition originale peu commune de l’ouvrage qui fit au jeune Sismondi (1773-1842) un nom dans le cercle alors trèsétroit des théoriciens de l’économie. Se voulant un commentaire des idées de Smith, le texte le dépasse constamment,d’une part en recourant, quoique avec prudence, à des modèles mathématiques pour expliquer les phénomèneséconomiques (procédé repris de Canard, et qui voit là des applications précoces) ; d’autre part, en se focalisant surles règles différentielles des échanges commerciaux, domaine où il manifeste également une vraie intuition dans sathéorie de la balance entre capital et biens manufacturés à faible coût.Kress B 4734.Bel exemplaire.90- SPON (Jacob) et Georges WHELER. Voyage d’Italie, de Dalmatie, de Grèce et du Levant, fait aux années 1675 &1676. Amsterdam, Henry & Theodore Boom, 1679, 2 vol. pet. in-12, (22)-456 pp. et 489 pp., titre‐frontispice gravéau tome 1, 31 planches dont 13 repliées, maroquin vert, dos à nerfs orné d’un monogramme répété dans des caissonsà froid, double filet à froid en encadrement sur les plats, armes au centre, tranches dorées sur marbrure, filet sur lescoupes, dentelle intérieure (Niédrée, 1846). Qqs taches sombres sur les plats. 2.500 €Seconde édition après celle publiée à Lyon en 1678 en 3 volumes.«This is one of the most important accounts of travels in the Levant, and the first description of Athens which wassystematic, detail and trustworthy» (Blackmer).Très bel exemplaire relié par Niédrée au XIXe siècle et provenant de la bibliothèque Marigues de Champs‐Repus(armes sur les plats et ex-libris au premier volume).Blackmer, 1586.91- STEWART (James). Recherche des principes de l’économie politique, ou Essai sur la science de la police intérieuredes nations libres, dans lequel on traite spécialement de la population, de l’agriculture, du commerce, de l’industrie,du numéraire, des espèces monnoyées, de l’intérêt de l’argent, de la circulation des banques, du change, du créditpublic, et des impôts. Paris, Imprimerie de Didot l’aîné, 1789-1790, 5 vol. in-8, XLIV-459, VIII‐499, XLII-[2]-431,VIII‐456 et VIII-569 pp., basane écaille, dos lisses cloisonnés et fleuronnés, encadrement de guirlande dorée sur lesplats, tranches citron (reliure de l’époque). 6.000 €Unique traduction française, donnée par Senovert : elle est franchement peu commune.James Denham Stewart (1712-1780) , contemporain d’Adam Smith, a donné un schéma d’économie politiqueà l’exact opposé de son célèbre rival, car fondé sur le développement rigoureux et raisonné du protectionnisme.C’est lui qui élabora le concept de balance des paiements, dans le souci précisément de comparer valeur exportée etvaleur importée. Seule son orientation idéologique explique le curieux silence dont il continue d’être entouré dansl’histoire de l’économie.Bel exemplaire.92- TABLEAU de la FRANCE vers 1780. S.l.n.d., Encadré (encadrement moderne). 2.500 €Très impressionnant tableau manuscrit de 163 x 67 cm.Surmonté des armes royales, il contient de nombreuses informations :- Les provinces, avec pour chacune une colonne avec ses subdivisions administratives et ses principales villes.Ces tableaux sont complétés par une Récapitulation des villes par chaque gouvernement ou province et undénombrement des paroisses et habitants renfermés dans chaque Généralité du Royaume. Chaque province a sonrésumé <strong>historique</strong>.- État du Clergé Séculier et Régulier de France.- État Militaire des troupes de France.- État des Parlements.- État des Chambres des Comptes, Cour des Aides, Cours des Monnaies, Conseils Supérieurs.Quelques restaurations au papier mais bon état général.Document rare.- 32 -


93- TENSINI (Francesco). La Fortificatione Guardia, difesa et espugnatione delle fortezze esperimentata in diverseguerre. Venise, Francesco Brogiollo, 1655, 3 parties en un vol. in-folio, [8] ff. n. ch. (portrait-front., titre-front. gravé parPhilipp Sadeler, poèmes liminaires, table des chapitres), 83-83-128 pp., avec 48 pl. à l’eau-forte «in fine», par OdoardoFialetti, la plupart tamponnées, dont 11 à double-page, demi-basane blonde, dos à nerfs orné, tranches mouchetées derouge (reliure du XVIIIe s.). Dos frotté, titre-front. remonté sur papier fort après découpage, des rousseurs. 6.000 €Avant-dernière édition, qui reprend la collation de la première, donnée en 1624. L’ouvrage n’a pas connu detraduction dans d’autres langues européennes, mais jouit d’une bonne réputation dans l’aire italienne : ingénieurmilitaire, Francesco Tensini (1579-1638) fut au service de l’Electeur de Bavière, de l’Empereur Rodolphe II, et iltravailla aux fortifications de Modène, Vicence, Vérone, etc. A noter qu’ici, l’auteur accuse son ancien confrèreAlexander von Groote, également au service de Bavière, de l’avoir plagié dans son traité paru en 1617.Les planches réalisées par Fialetti (1573-1638) méritent une mention particulière : à la fois réalistes dans leur sujetprincipal, comme l’imposait le genre, et expressionnistes pour les petites scènes d’arrière-plan, dans la manière duTintoret (dont Fialetti fut l’élève), elles forment une superbe iconographie, inaccoutumée dans le style plutôt sec ettechnique auquel les ouvrages d’art militaire habituent le lecteur.Jordan, 3744. Marini, p. 70. Cockle, 813.Exemplaire de la bibliothèque de Shirburn Castle, avec vignette ex-libris contrecollée sur les premières gardes.94- TRAVERS D’ORTENSTEIM (Jean-Victor de). Etude militaire pour servir d’introduction à l’instructionméthodique de l’Art de la Guerre. À Basle, Chez Emanuel Thourneisen, 1755, 2 tomes en un vol. in-12,XVI‐[4]‐220‐[2] pp. et XXIV-326-[2] (errata) pp., 3 pl. dépl., maroquin rouge, dos lisse aux caissons alternés d’unetour et d’un lévrier rampant, triple filet doré encadrant les plats, une tour alternée d’un lévrier doré en écoinçon,grandes armoiries au centre, simple filet doré sur les coupes, dentelle intérieure, gardes ornées d’un semis d’étoilesdorées, tranches dorées (reliure de l’époque). 3.500 €L’étude de Jean-Victor de Travers, capitaine des Gardes Suisses attachés au Régiment Grison, plus tard maréchal de campet lieutenant général des armées du Roi en 1762, se présente sous la forme de deux textes apportant quelquesobservations utiles et jugées nécessaires pour tout officier ; dans une première partie, le Traité d’art de la Guerre duMaréchal de Puységur, et, dans une deuxième, les Réflexions du chevalier de Folard sur les auteurs anciens.L’ouvrage s’inscrit parfaitement dans le siècle en considérant le soldat, à la fois honnête homme et instruit, doué d’unediscipline pour mener des manœuvres régimentaires sur tous les théâtres de guerre. «C’en est assez pour démontrerque l’art de la Guerre exige des principes ; il s’agit d’embrasser les moyens d’en acquérir la connaissance.»Bel exemplaire aux armes et emblème héraldique du Duc de La Mothe Houdancourt.Une notice manuscrite datée de 1858, en regard de la page de titre, donne les précisions suivantes :«Cet exemplaire de choix, magnifiquement relié, est aux armes de M. de La Mothe-Houdancourt, duc et pairde France dont la sœur Charlotte Éléonore fut gouvernante de Louis XV et des enfants de France et épousaLouis Charles de Levis, duc de Ventadour. Louis Charles, comte de La Mothe-Houdancourt, grand d’Espagne depremière classe, chevalier d’honneur de la Reine, lieutenant général des Armées du Roi et depuis Maréchal de France,fut reçut dans l’Ordre du St Esprit le 1er janvier 1744 et mourut le 3 novembre 1755, l’année même de l’impressionde ce livre. Le volume fait partie de la Bibliothèque militaire que le maréchal possédait au château du Fayel, à 3 lieuesde Compiègne, qui fut jadis un démembrement du palais de Verberie. C’est là que Louis XIV vint au devant deChristine de Suède qui étonna la Cour de France par ses habits masculins et ses manières excentriques.»O.H.R., 1388.95- [UNIFORMES - GARDE IMPERIALE] - Galerie des enfans de Mars. Offrande à Sa Majesté l’Impératrice etReine. Paris, Martinet, s.d., (1811), in-4, [2] ff. n. ch. (titre et dédicace), et 46 planches d’uniformes colorisées, sousserpentes, demi-chevrette cerise à coins, dos lisse orné de guirlandes et fleurons allégoriques dorés, encadrement dedent-de-rat, simple filet et guirlande dorés sur les plats (reliure de l’époque). Coiffes frottées, mais bon exemplaire. 10.000 €Exemplaire sur grand papier in-4.Suite très peu commune qui a été composée à partir de celle, plus conue, donnée par le même Martinet sous letitre Troupes françaises. Elle comprend seulement les uniformes des officiers de l’état-major et des troupes de laGarde impériale. Certaines planches sont légendées, d’autre pas ; certaines comportent un numéro d’ordre renvoyantà celui du recueil général Martinet, d’autres pas.Comme notre exemplaire présente quelques singularités par rapport au détail donné par la bibliographie de Colas,nous ne pensons pas qu’il soit inutile de reproduire la collation exacte et l’intitulé précis de chacune des planches(le numéro préliminaire en gras est celui imprimé en haut de la planche, quand c’est le cas ; les mentions en italiquereproduisent des annotations manuscrites de notre exemplaire ) :I. (180) Napoléon. - II. Maréchal de l’Empire. - III. (288) Général chef d’état-major. - IV. Capitaine adjoint àl’état-major de la Garde impériale en campagne. - V. (107) Officiers de chasseurs de la Garde impériale. -VI. Garde impériale. Chasseurs. - VII. Garde impériale. Fusilier-chasseur. - VIII. Garde impériale. Tirailleurs. -IX. Garde impériale. Flanqueur. - X. Garde impériale. Officier des Grenadiers. [3e] Régiment. - XI. Garde impériale.Grenadier 3e régiment. - XII. (120) Sapeur des Grenadiers. - XIII. Garde impériale. Tambour‐major. - XIV. (244)Garde impériale. Musicien des grenadiers à pied. - XV. (266) Garde impériale. Officier des grenadiers à pied. - XVI.Garde impériale. Grenadiers. - XVII. (117) Garde impériale. Grenadier de la Garde impériale et Mde d’eau-deviesuivant l’armée. - XVIII. Garde impériale. Fusilier-grenadier. - XIX. (236) Sans légende [Napoléon passantune revue de dos]. - XX. (267) Garde impériale. Officier des sapeurs du Génie. - XXI. Garde impériale. - XXII.Marin. - XXIII. (213) Canonniers. - XXIV. (270) Garde impériale. Officier d’artillerie à cheval. - XXV. Gardeimpériale. Canonnier à cheval. - XXVI. Garde impériale. Train. - XXVII. Officier des Lanciers. [2e Régiment].- XXVIII. Garde impériale. Lancier. [2e Régiment]. - XXIX. Garde impériale. Timbalier des lanciers polonais. -XXX. Officier des Lanciers. [1er Régiment]. - XXXI. Garde impériale. Lancier. [1er Régiment]. - XXXII. (290) Sanslégende. [Trompette des Chasseurs de la Garde]. - XXXIII. Officier des Chasseurs [à cheval de la Garde]. - XXXIV.Garde impériale. Officier des Guides (petit uniforme). - XXXV. Garde impériale. Chasseurs à cheval. - XXXVI. Sans- 33 -


légende. [Chasseur à cheval en petite tenue]. - XXXVII. Garde impériale. Mameluck. - XXXVIII. Garde d’honneur.[3e] Régiment. - XXXIX. Dragons de la Garde impériale. Trompettes, grand et petit uniforme. - XL. Dragonsde la Garde impériale. Officier. - XLI. Garde impériale. Dragon. - XLII. (259) Garde impériale. Dragon en petituniforme. - XLIII. Garde impériale. Officier des Grenadiers à cheval. - XLIV. Garde impériale. Grenadier à cheval. -XLV. (291) Garde impériale. Officier des gendarmes d’élite. - XLVI. Garde impériale. Gendarme d’élite.Colas I, 405-407 (sépare la planche de l’Empereur de la suite des uniformes, mais donne une collation complète desplanches). Collection Ponti, p. 23. - Vente Glasser, 132 (item en 3 volumes dépassant le seul titre de la Galerie desenfans de Mars).166 planches en coloris de l’époque96- [UNIFORMES] - Uniformes militaires des troupes françoise [sic] et étrangères de l’infanterie, cavalerie, dragonset hussards sous le règne de Louis XVI suivant les derniers règlement [sic] de 1778. Utile à toutes les personnes quise destine [sic] à prendre le parti des armes. [Paris], Juillet, Onfroy, s.d., (1779), in-4 carré, beau titre-frontispice gravéet rehaussé de couleurs, 5 ff. de texte gravé, avec vignette en-tête gravée et rehaussée de couleurs, et 166 planchesgravées, colorisées à la main, légendées en bas, et montées sur onglets, manque la carte de France, demi-chagrin ceriseà coins, dos à nerfs, double filet doré sur les plats, tranches dorées (reliure du XIXe s.). 15.000 €Belle suite d’uniformes, de la plus grande rareté, qui connut encore une édition en 1780, à la suite de l’Ordonnancede 1779. Elle forme un témoin assez rigoureux des uniformes au début du règne de Louis XVI. Notre exemplaire estcomplet des planches, toutes colorisées à la main, mais leur ordre est parfois différent de la liste indiquée par Glasser(cf. infra) : par exemple, il y a interversion de la série des Hussards et de celle des Dragons.Colas II, 2938. Glasser, pp. 222-226.Exemplaire de F.-C. Koch (de Rotterdam), avec curieuse vignette ex-libris au hibou, contrecollée sur les premièresgardes.Bel exemplaire. Les planches sont en magnifiques coloris de l’époque.97- VEGA (Garcià Laso de la Vega, Dit Garcilaso de La). Histoire des guerres civiles des Espagnols dans les Indes ;causées par les soulèvemens des Picarres, et des Almages ; suivis de plusieurs désolations, à peine croyables ; arrivéesau Péru par l’ambition, & par l’avarice des conquérans de ce grand Empire. Escritte en espagnol par l’Ynca Garcilassode La Vega ; et mise en François, par I. Baudoin [Avec :] Suitte des guerres civiles des Espagnols dans le Péru ;iusques à la mort tragique du prince Tupac Amaru, héritier de cet Empire ; et à l’exil funeste des Yncas les plus prochesde la Couronne. Traduction de l’Espagnol (...) par I. Baudoin. Paris, Siméon Piget, 1658, 2 vol. in-4, titre-frontispicegravé, [15] ff. n. ch. (titre, dédicace au chancelier Séguier, Au lecteur, privilège, etc.), 631-[17] pp. ; titre, 555-[21] pp.,veau brun granité, dos à nerfs à caissons ornés de volutes, tranches marbrées (reliure de l’époque). Des restaurationsaux coiffes et aux coins, une déchirure au f. 361-362 du tome I. 6.500 €Remise en vente avec un titre renouvelé de l’édition originale française de l’oeuvre de l’Inca Garcilaso.Un peu d’explications est nécessaire : le grand ouvrage de Garcilaso sur les Indes occidentales se répartit en troistitres complémentaires qui ne connurent, de son vivant, qu’une seule édition castillane : I. Comentarios reales (1608-1609) ; II. Historia general del Peru (1617, seconde partie des Comentarios) ; III. La Florida del Ynca (1605, paruen premier lieu, mais concernant des événements postérieurs). Quoique formant un tout, chacun de ces livres vécutensuite sa vie propre, et, notamment dans les traductions en langues étrangères, fit l’objet de versions séparées.Ainsi, pour la langue française, l’Histoire des Yncas (1737) réunit-elle les titres I. & III. Notre titre est la traductiondu II (Historia general del Peru), avec un glissement dans l’intitulé qui n’est pas fortuit. Il parut d’abord en 1650chez Augustin Courbé, avec exactement la même collation que la nôtre.Né à Cuzco de l’union d’un capitaine espagnol et d’une femme de haut rang, Isabel Chimpu Ocllo, qui était cousinede l’Inca Huaina Capac, Garcilaso (1539-1616) se rendit en Espagne vers 1560. Son oeuvre <strong>historique</strong> est capitalepour la compréhension de la Conquête du Pérou, non seulement en raison des informations qu’elle contient, maisaussi parce que l’auteur, d’ascendance mixte, tente une synthèse entre l’apport des deux peuples, ne cachant sonadmiration ni pour l’un ni pour l’autre.Bel exemplaire.Palau 354 828. Sabin 98 950.98- VENDÔME (Henriette-Marie-Charlotte-Antoinette de Belgique, Duchesse de). Notre voyage en Afrique. Algérie.Tunisie. Maroc. Du 10 novembre au 24 mars. S.l., s.d., (1921), 3 vol. in-8 carrés, 251, 206 et 198 pp. autographiées,avec des lithographies en couleurs ou sur fond teinté d’après des aquarelles de l’auteur, dans le texte, demi-maroquinmarine à coins, dos lisses ornés d’un décor orientalisant en long mosaïqué or et fauve, simple filet à froid sur les plats,têtes dorées, couvertures en couleurs et dos muets conservés (reliure de l’époque).Bel exemplaire. 1.500 €Rarissime pré-originale de ce récit d’un voyage effectué en 1920-1921, sans doute tirée à très petit nombre pourles amis de l’auteur. Il en existe une version publique donnée en 1928 en deux volumes seulement par les éditionsde la Gazette des Beaux-Arts.L’ouvrage est d’une grande élégance : le texte reproduit autographiquement le Journal de voyage de la duchesse, mis aupropre, et les lithographies ses aquarelles, toutes signées du simple «Henriette», de façon suggestive (coloris adaptés,inclusions du texte, etc.).Née princesse de Belgique, Henriette de Vendôme (1870-1948) était la nièce de Léopold II et la soeur duroi Albert Ier : elle avait épousé en 1896 Philippe-Emmanuel-Maximilien d’Orléans, duc de Vendôme (1872-1931),petit-fils du duc de Nemours. Contrainte de résider hors de France en raison des lois d’exil qui frappaient son époux,elle se fixa en Suisse, où sa résidence devint un petit centre orléaniste. Elle était une aquarelliste de talent, et ce récit devoyage n’est pas le seul qu’elle illustra de ses compositions (citons Fleurs des Alpes, 1928 ; Les Croix des Alpes, 1937).Aucun exemplaire de cette édition au CCF (qui donne trois références pour l’édition de 1928). Falandry, Bibliographiedu Maroc, 5651 (toujours pour l’édition de 1928).Exemplaire de Serrigny, avec vignette ex-libris contrecollée sur les premières gardes.- 34 -


99- [VENISE] - Nuova pianta iconografica dell’Inclita città di Venezia. In Venezia, presso Teodoro Viero, 1810. <strong>Grand</strong>efeuille in-plano pliée une fois ; carte gravée rehaussée de couleurs et signée Teodoro Viero ; titre inscrit dans un beaucartouche décoratif ; légende manuscrite rajoutée sur la gauche de la carte ; dimensions : 535 x 890 mm. 3.500 €Cette carte gravée est augmentée d’une légende manuscrite et de couleurs aquarellées, contrecollée sur la gauche :«Place de Venise. État des batimens militaires que l’on propose d’affecter deffinitivement au service de l’Armée».Document de travail de François-Charles-Louis, marquis de Chasseloup-Laubat (1754-1833), commandant enchef du Génie de l’Armée d’Italie, à qui Napoléon avait confié depuis 1808 l’inspection des places fortes d’Italie,notamment les travaux de fortification de Venise et Ancône. Il sera commandant en chef du génie à Mantoue en1809 : rappelé en France en 1810, il siège sur le comité de fortifications.Provenance : Estampille des Archives de Chasseloup-Laubat. Il s’agit de l’estampille de Prosper de Chasseloup‐Laubat(1805-1873), qui classa les archives et la bibliothèque de famille.100- [VERSTEGHEN (Richard)]. Théâtre des cruautez des héréticques de nostre temps. Traduit du Latin en François.Anvers, Adrien Hubert, 1588, 2 parties en un vol. petit in-4, 95 pp. (dont le titre-frontispice gravé), avec 29 figuresgravées à demi-page, légendées ; [32] ff. n. ch. (prologue, explication détaillée des figures, avertissement del’imprimeur), maroquin tête-de-nègre, dos à nerfs orné de caissons à froid et de fins fleurons dorés, double encadrementde double et triple fleurons à froid sur les plats, avec fleurons d’angle dorés et semis central de fleurons dorés,double filet doré sur les coupes, tranches dorées, large dentelle intérieure (Bruyère). Bel exemplaire. 6.500 €Première traduction française du célèbre Theatrum crudelitatum haereticorum, paru d’abord en latin en 1587.Dans notre exemplaire, la partie préliminaire (non chiffrée) a été reliée à la suite du corps de l’ouvrage. Cette versionfrançaise présente l’avantage de comporter un texte plus complet que son prototype latin, même si les planches sontde second tirage, et parfois très inférieures au premier (par exemple le titre-frontispice).L’illustration saisissante des cruautés protestantes.Comme l’on sait, il s’agit d’un bréviaire des cruautés protestantes exercées contre les catholiques dans les différentsÉtats ouest-européens, avec une insistance particulière sur l’Angleterre et l’Irlande, et représentées par des planchesexpressives des déprédations, sacrilèges et supplices : Angleterre et Irlande (planches II-IV et XXII-XXIX) ; France(planches V-XVI) ; Pays-Bas (planches XVII-XXI).Brunet V, 773-774.Très bel exemplaire relié au XIXe siècle par Bruyère.Ex-libris de Joseph Nouvellet, puis de l’abbé Charles Billebault (de Nevers).101- VERTRAY (Hugues-Charles-Antoine). Album de l’expédition romaine, dessiné par C. Vertray, capitained’Etat‐major, lithographié par Bariau et Montillet. Moulins, Martial Place, 1851, in-folio, titre lithographié en deuxtons avec, en encadrement, sept vignettes (dont cinq de monuments romains), 16 pp. de texte sur deux colonnes,13 vues lithographiées et 4 cartes dont une à double page, demi-cartonnage façon vélin, dos lisse, pièce de titre enlong (rel. un peu postérieure). Dernière carte déchirée latéralement, avec quelques manques. Cachets. 3.500 €Edition originale peu commune (on voit surtout la réédition de 1853) de ce grand album militaire composé dansl’esprit de Bacler d’Albe, et documentant l’expédition française de 1849 destinée à liquider l’anarchique RépubliqueRomaine de Mazzini et à permettre le retour de Pie IX exilé à Gaëte. Les vues ont été dessinées sur place par lecapitaine Vertray, qui a rédigé lui-même le mémoire explicatif du début.Le catalogue de la BnF signale 14 vues pour cet album, mais les exemplaires recensés des deux éditions n’encomportent que 13, dont voici le détail :1. Marche sur Rome. - 2. Camp de Palo. - 3. Camp de Castel di Guido. - 4. Les télégraphes. - 5. Camp de Santa Severa.- 6. Camp d’Acqua Traversa. - 7. Bivouac de Santucci. - 8. Pont sur le Tibre. - 9. Attaque du Ponte Molle. - 10. Acquaacetosa. - 11. Vue générale des attaques sous Rome. - 12. Place du Quirinal. - 13. Villa Aldbrandini-Borghese, oùs’installa l’Etat-major français.Un seul exemplaire de cette édition au CCF.102- [VINS DE LOIRE] - Arrests du Conseil d’Estat. Orléans, 1605-1634, 15 pièces en un vol. in-8. Veau blond,dos lisse orné de filets dorés, pièce de titre en long, encadrement de triple filet doré sur les plats, double filetdoré sur les coupes, tête dorée, dentelle intérieure (Thierry, sucr. de Petit). Très bel exemplaire. 5.000 €Exceptionnel recueil d’amateur regroupant des pièces rares voire très rares sur l’exemption du transport desvins de Loire par rapport aux différents droits de péage exigibles sur le trajet :I. Arrest du Conseil d’Estat du Roy, par lequel le vin voituré par la rivière de Vienne contremo[n]t la rivière deLoyre, autre que du creu du païs d’Anjou, est exempt de l’imposition des quatre livres dix solz pour pipe de vin.Orléans, Fabien Hotot, 1617, [8] ff. n. ch.II. Arrest du Conseil d’Estat du Roy, pour l’exemption de l’impostz des quatre livres dix sols pour pippe de vin,du creu de l’eslection de Chinon, descendant par la rivière de Vienne, pour monter contremont en celle deLoyre. Orléans, Gilles Hotot, 1629, [4] ff. n. ch.III. Déclaration du droict de péage qui se lève à Chinon, sur les denrées & marchandises qui passentpar le destroict de la péagerie dudict Chinon, tant suivant la sentence du lieutenant de Chinon duunziesme mars mil cinq cens soixante-cinq ; que arrest de la Cour de Parlement du quatre-yesme iour d’Apvril,mil six cens neuf, portant exemption du droict de péage sur la marchandise de bougran. S.l.n.d., [4] ff. n. ch.IV. Arrest du Conseil d’Estat du Roy, par lequel les vins tant du creu du baillage de Chinon qu’autres provinces(autres que du creu d’Anjou) descendans par la rivière de Vienne en celle de Loire, pour estre menez contremontladite rivière de Loire, sont déclarez exempts du droict de trente sols, qui a esté mis de nouvel impost surchacune pipe de vin descendant par ladite rivière, pour estre mené en Bretaigne & Anjou. S.l.n.d. [1631],- 35 -


4-[10] pp.V. Règlement des impositions qui se lèvent sur la rivière de Loire, & autres rivières descendans en icelle,au païs d’Anjou, selon l’affiche & bail fait en icelle, commencées à lever le quinziesme iour d’Octobre,l’an mil cinq cens quatre vingts dix neuf. S.l.n.d., [4] ff. n. ch.VI. Arrest de la Cour de Parlement, par lequel deffences sont faictes à la Dame de Longueville, ses recepveurs& fermiers de Montreuilbellay, de lever, prendre & exiger aulcune chose des marchans pour le droict deprévosté des vins enlevez de la baronnie de Montreuilbellay, ne de contraindre les marchans de se servir decourtiers, & payer droict de courtage, devant à ladicte dame le droict de levage, à raison de deux deniers pourpipe, de vins enlevez par lesdicts marchans dans ladicte baronnye & prévosté. S.l.n.d. [1619], [4] ff. n. ch.VII. Arrest, par lequel est faict défences à René Balargeon & consortz, musniers & détenteurs des moulinsde Samonssay, Rimodan, & de la Salle, sur la rivière du Thouet, d’exiger ne souffrir estre exigé par eux, leursgens & serviteurs, argent ou aultre chose soibz quelque prétexte que ce soit, sur les marchans de vins & aultrespassans par leur portz, péages & passage à peine de punition corporelle. S.l.n.d. [1605], [2] ff. n. ch.VIII. Arrest, par lequel est fait défences au Prieur & religieux d’Anières Bellay & ceux qui iouyront de leursdroicts, de ne prendre & exiger le subside prétendu de deux deniers pour chascune pipe de vin & autresmarchandises passans par la rivière de Thoüé. S.l.n.d. [1621], [2] ff. n. ch.IX. Arrest de la Cour, par lequel defenses sont faites à la dame Depas & Fougères, ses fermiers & receveurs, deprendre aucun droict de péage sur les marchandises passans sur la rivière du Loir, sur les peines portées par lesordonnances. S.l.n.d. [1626], [2] ff. n. ch.X. Arrest diffinitif par lequel est faict défenses aux damoiselles Renée Du Bellay & Anne Asse, les religieux,abbé & convent de nostre Dame du Lauroux, les prieurs de Sainct Aulbin d’Angers, & de Sainct Macé, àleurs officiers, commis, fermiers, serviteurs, ou autres, de lever ne exiger aucun péage & salage, sur les bateaux& chalans chargez de marchandises en la rivière de Loire, à l’endroict de la seigneurie & baronnie du lieu deTrèves. Orléans, Fabien Hotot, 1626, [2] ff. n. ch.XI. Arrest par lequel est faict deffences aux seigneurs du Thouroueil, de lever aucun droict de péage & sallage,sur la rivière de Loire, à l’endroict de la seigneurie dudict lieu. S.l.n.d., [2] ff. n. ch.XII. Arrest de la Cour de Parlement, par lequel l’eau de vie est déclarée exempte de payer le droict de prévosté,en passant & repassant par la rivière qui passe par la ville de La Flèche. S.l.n.d. [1640], 3 pp.XIII. Coppie de la pancarte du tribut prétendi appelé la Cloison d’Angers (...). S.l.n.d., [4] ff. n. ch. XIV. Arrest(...) pour les marchands fréquentans la rivière de Loire, & autres fleuves descendans en icelle. Contre les maires& eschevins de la ville d’Angers, par lequel est révoqué l’octroy de lever le double de l’impost de la cloisondudit Angers (...). S.l.n.d., [4] ff. n. ch.XV. Arrest de nosseigneurs du Parlement, portant adiudication au proffit de messieurs les marchans fréquentansla rivière de Loire, & autres fleuves descendans en icelle, de trois cens livres de pension, à l’encontre des maire,eschevins & habitans de la ville d’Angers (...). S.l.n.d. [1634], [4] ff. n. ch.Exemplaire d’Edmond de Poncins, avec vignette ex-libris contrecollée sur les premières gardes, et armes doréespoussées au centre des plats.103- WEBER (Joseph). Mémoires concernant Marie-Antoinette, archiduchesse d’Autriche, Reine de France ;et sur plusieurs époques importantes de la Révolution française, depuis son origine jusqu’au 16 octobre 1793,jour du martyre de Sa Majesté ; suivis du récit <strong>historique</strong> du Procès et du Martyre de Madame Elizabeth ;de l’empoisonnement de Louis XVII dans la Tour du Temple ; de la délivrance de Madame Royale, fille deLouis XVI, et de quelques événements ultérieurs. Par Joseph Weber, frère de lait de cette infortunée souveraine.A Londres, de l’imprimerie de Daponte et Vogel, 1804-1809, 3 vol. gr. in-8, 2 ff. n. ch. (fx-titre et titre), XIX,1 f. n. ch., 432 pp., 1 f. d’errata, 3 ff. n. ch. (y compris le fx-titre et le titre), 420 pp., LIX pp., V pp. et 15 ff. n.ch. (fx-titre, titre et liste des souscripteurs), demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs richement orné, filet dorésur les plats, tranches dorées (reliure de l’époque). 2.500 €Edition originale rare.Tiré sur papier fort, cette édition est ornée de 10 portraits et une planche allégorique, la plupart gravés parSchiavonetti d’après des dessins ou peintures de Danloux, Stroehling ou Boze. Exemplaire relié avec les avis aurelieur pour le placement des gravures, placés au verso des pages de titre.La tradition bibliographique (Quérard, Tourneux) donne la paternité de cet ouvrage à Lally-Tollendal.La réimpression de ces mémoires dans la Collection des mémoires relatifs à la Révolution française «donnalieu à un procès entre Weber et les frères Baudouin. Ces derniers alléguèrent que Weber n’était pas l’auteurdes mémoires, et qu’en conséquence l’accusation était sans fondement. Ils citèrent en preuve une lettre deM. le marquis de Lally-Tollendal, qui avoue avoir rédigé, d’après ses mémoires personnels et d’après quelquesinstructions particulières du duc de Choiseul, ce qui regardait l’intérieur domestique de la reine à Vienneet à Versailles ; et d’après un petit nombre de notes de Weber l’avant-propos, les 1, 2 et 3e chapitres de cesMémoires» (Quérard)L’avant-propos de l’édition de 1822 signale en outre que les exemplaires entrant en France furent saisis par lapolice impériale et que cette nouvelle édition fut faite sur le seul exemplaire restant, ce qui est somme toutepeu probable ...Il s’agit, dans tous les cas, de l’un des meilleurs témoignages d’un proche de la Reine. Fils de la nourrice deMarie-Antoinette, Weber suivit sa sœur de lait en France et se montre un biographe attentif.Quérard, IV, 466. Tourneux, Marie-Antoinette devant l’histoire, 46. Fierro, 1494.Dra p e a u-Gra p h i c – 02 51 21 64 07

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!