les messages universels, mais aussi <strong>en</strong>tre le mo<strong>de</strong> réel <strong>et</strong> le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la fable : si on nel’a pas vu, ce n’est pas qu’il n’existe pas mais qu’il est subtil. Intermédiaire « volatil »,<strong>en</strong>tre les <strong>oiseaux</strong> <strong>et</strong> la divinité égalem<strong>en</strong>t puisqu’il atteint le Paradis, <strong>dans</strong> ce poème.« Volatil » mais « trop subtil » <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te subtilité « sous la toile », se tisse bi<strong>en</strong> sûr <strong>dans</strong> l<strong>et</strong>exte volatil, volage, léger <strong>de</strong> celui qui chante les <strong>oiseaux</strong> <strong>et</strong> les cieux.<strong>Les</strong> <strong>oiseaux</strong> construis<strong>en</strong>t donc un mon<strong>de</strong> intermédiaire, <strong>en</strong>tre les humains <strong>et</strong> lesdivinités, <strong>dans</strong> un syncrétisme religieux propre au poète. Le prototype « oiseau »recouvre d’abord le chant, la voix <strong>de</strong> la louange, il porte le chant universel. Mais il estaussi le symbole <strong>de</strong> la fragilité du mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l’instant. Il nous avertit <strong>de</strong> la chute verslaquelle nous courons. Le prototype s’actualise <strong>en</strong>suite <strong>dans</strong> les hyponymes, c’est-à-direles <strong>oiseaux</strong> particuliers que r<strong>en</strong>contre le poète.<strong>Les</strong> <strong>oiseaux</strong> du jardinDes <strong>oiseaux</strong> que j’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dsJe voudrais dire les noms pour les accor<strong>de</strong>rAux notes. (Louange : 451)<strong>Les</strong> <strong>oiseaux</strong> pléonastiquem<strong>en</strong>t « volatiles » sembl<strong>en</strong>t saisis <strong>dans</strong> le surgissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>leur chant qui révèle leur prés<strong>en</strong>ce. Deux marqueurs linguistiques <strong>en</strong> sont révélateurs,l’utilisation du prés<strong>en</strong>t d’énonciation, fixé <strong>dans</strong> la date, <strong>et</strong> l’utilisation du démonstratif,r<strong>en</strong>forcé par le prés<strong>en</strong>tatif ; les sonn<strong>et</strong>s <strong>de</strong>s p. 46 <strong>et</strong> 47 <strong>en</strong> sont exemplaires :« Pourquoi sous le ciel, soudain, c<strong>et</strong>te effervesc<strong>en</strong>ce », où on pourra releverl’allitération <strong>en</strong> [s], suggestive <strong>de</strong> ces mouvem<strong>en</strong>ts. La réponse est donnée <strong>dans</strong> lesurgissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la vision : « ce sont les étourneaux pilleurs / Qui à coup d’ailes <strong>et</strong> dugosier r<strong>et</strong><strong>en</strong>tiss<strong>en</strong>t » (E : 461). Pourtant le son crée la vision, <strong>et</strong> le surgissem<strong>en</strong>t du criperm<strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> recomposer le tableau :Ce staccato, c’est le pivertQui, par sacca<strong>de</strong>s, du bec explore le boisDu prunier. Ces accrocs sonores ce sont ceuxDe l’air au cri <strong>de</strong> la corneille. C<strong>et</strong>te noteAigüe au zénith c’est la buse qui l’ém<strong>et</strong>. […]Le coucou se ti<strong>en</strong>t caché <strong>dans</strong> l’ombre : on le saitLà parce qu’on l’a <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du chanter trois fois. (E : 47 2)Ce poème est bi<strong>en</strong> poème <strong>de</strong> circonstance : il rassure <strong>dans</strong> la reconnaissance d’ununivers familier auditif. Savoir les reconnaître à l’oreille comme à la vue fait partie <strong>de</strong> ce8
savoir que l’on se transm<strong>et</strong>tait, à la campagne. Il marque l’attachem<strong>en</strong>t à la nature, àl’héritage terri<strong>en</strong>. Dans Écritures, apparaiss<strong>en</strong>t finalem<strong>en</strong>t peu d’<strong>oiseaux</strong>. Il s’agit <strong>de</strong>s<strong>oiseaux</strong> familiers <strong>de</strong> nos jardins, ils font le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le conting<strong>en</strong>t <strong>et</strong> l’universel.Quelques données quantitativesCe recueil comme les précé<strong>de</strong>nts, étant un journal <strong>de</strong> sonn<strong>et</strong>s, les <strong>oiseaux</strong> yapparaiss<strong>en</strong>t au fil <strong>de</strong>s saisons. Par ordre d’apparition sur l’année 2001 :- Le rouge-gorge : d’abord appelé par son nom sci<strong>en</strong>tifique, parcourt l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>la liturgie. Il apparait <strong>dans</strong> 14 sonn<strong>et</strong>s.- Le moineau : 1 occurr<strong>en</strong>ce.- La pie : 12 sonn<strong>et</strong>s- <strong>Les</strong> palombes : 9 sonn<strong>et</strong>s- La corneille : 17 sonn<strong>et</strong>s- Le pinson : 4 sonn<strong>et</strong>s.- Le merle : 13 sonn<strong>et</strong>s.- <strong>Les</strong> étourneaux : 7 sonn<strong>et</strong>s.- L’effraie : 3 sonn<strong>et</strong>s.- Le coq : 4 sonn<strong>et</strong>s.- L’alou<strong>et</strong>te : 1 sonn<strong>et</strong>- Le rouge-queue :1sonn<strong>et</strong>- La mésange : 11 sonn<strong>et</strong>s- Le coucou : 4 sonn<strong>et</strong>s- La tourterelle : 5 sonn<strong>et</strong>s- La buse : 7sonn<strong>et</strong>s- Le pivert : 13 sonn<strong>et</strong>s- <strong>Les</strong> hiron<strong>de</strong>lles : 2 sonn<strong>et</strong>s- La fauv<strong>et</strong>te : 3 sonn<strong>et</strong>s- Le chardonner<strong>et</strong> : 3 sonn<strong>et</strong>s- Une bergeronn<strong>et</strong>te : 1 sonn<strong>et</strong>- Le geai : 7 sonn<strong>et</strong>s- La chou<strong>et</strong>te : 5 sonn<strong>et</strong>s- Le troglodyte : 3 sonn<strong>et</strong>s- <strong>Les</strong> aigles : 1 sonn<strong>et</strong>9