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N6CM1 – CM2Textes narratifsCompréhension globale, résumé mental.Compréhension globalLa conscience des personnages, la reconstruction d'informations non explicites (fiches N4 et N5) sont descompétences avancées qui portent sur des éléments du texte. Ceux ci peuvent être déterminants pour lacompréhension. Mais en fin de parcours, il faut aussi pour bien comprendre avoir une représentation mentale dutexte qui soit juste. Celle-ci, que certains chercheurs appellent "schéma de texte" se met en place par desprocessus cognitifs qui ne sont automatisés que chez les bons lecteurs. Pour les plus faibles, ils peuvent fairel'objet d'exercices d'entraînement.Cette recherche de la compréhension globale se présente sous plusieurs aspects.- une construction mentale progressive du schéma narratif- une image finale fidèle de l'histoire.Préalable : les propositions sémantiques(Que le lecteur de cette fiche nous pardonne d'avoir à passer d'abord par cette mise au point avant de proposer desexemples d'exercices)L'expression "schéma narratif" est un concept de la linguistique structurale assez largementpartagé 1 ; entre la situation initiale et l'épilogue, la construction mentale des péripéties peutposer des problèmes aux lecteurs faibles.Voici un exemple :Une fois rentrée chez elle avec le pain, Nadia prit sur le rayonnage une boîte de sauce tomate, etelle se disposait à repartir, lorsque son papa l’arrêta :- Et où vas-tu, comme ça ?- Je vais porter cette boîte de sauce tomate à une vieille dame qui me l’a demandée.- Reste ici, dit Papa Saïd. Si ta vieille dame a besoin de quelque chose, elle n’a qu’à venir ellemême.Nadia, qui était très obéissante, n’insista pas. Mais le lendemain, en faisant les courses, elle fut,pour la seconde fois, arrêtée par la vieille :- Eh bien, Nadia ? Et ma sauce tomate ?- Je m’excuse, dit Nadia, toute rougissante, mais mon papa n’a pas voulu. Il dit que vous veniezvous-même.Il y a dans cet extrait des " Contes de la rue Mouffetard" 2 deux moments. La difficulté pour lelecteur faible, dont l'horizon est limité 3 , est d'avoir une claire conscience du moment où il passe dumoment 1 au moment 2 :Nadia, qui était très obéissante, n’insista pas.І Mais le lendemain, en faisant…Dans la succession des phrases, et donc dans la ponctuation, aucune marque n'indique ladifférence entre passage d'une phrase à l'autre et passage d'un grand moment à un autre grand moment.Même un alinéa, qui serait ici bien venu, ne se distinguerait pas d'autres alinéas.Chacun des grands ensembles de phrases ainsi construits porte le nom de "propositionssémantique"Pour développer l'aptitude à produire mentalement une compréhension globalefidèle, on mettra en œuvre divers exercices autour de ces deux thèmes :- savoir identifier les propositions sémantiques ;- construire le bon schéma narratif.1 Le modèle plus ou moins généralisable : a) situation initiale b) élément déclencheur c) Péripéties d)Résolution, situation finale.2 Pierre Gripari, Editions Folio Junior3 Il faut encore une fois insister sur cette notion : le lecteur hésitant est comme un marcheur handicapé dontl'attention est à 80% portée sur les obstacles à ses pieds et qui ne peut gérer ni son parcours ni sadestination.

EXERCICES1) Identifier les propositions sémantiques (PS)a) la construction du sens d'un "grand ensemble"Pour identifier une PS, il faut d'abord pouvoir déterminer le sens global d'un ensemble dephrases. On peut y parvenir par des exercices comme la détermination du sens d'un minitexte,par "le bon résumé". Le minitexte " a ici la dimension d'une PS dans un grand texte.Au Mont St Michel, lors des grandes marées, la mer monte à 30 km/h. Elle parcourt ainsi 20 km en40 minutes. On dit alors qu'elle avance à la vitesse d'un cheval au galop. Cela présente quelquedanger pour les promeneurs.Promenade à cheval au Mont St MichelLa mer et les promeneurs au Mont St MichelLa vitesse de la mer au Mont St MichelL'exercice se fera de préférence "à l'aveugle". C'est-à-dire qu'on lira d'abord le texte, en mettantle temps qu'on voudra ; puis on le cachera pour répondre aux questions qu'on ne découvriraqu'à ce moment là. 4On pourra aussi procéder à l'inverse : lire les résumés, puis le texte, selon les mêmes conditionsVariante par l'écritureCet exercice peut avoir sa version écrite : donner un titre à un texte ou mini-texte. Il faut alorsque les enfants confrontent leurs solutions, les discutent, et se justifient par un retour au textecomme dans les Ateliers de questionnement de texte.b) l'identification des PS dans un récitDans l'exercice précédent, on produit le sens d'un ensemble bien constitué, où début et fin de laPS sont apparents. La difficulté à opérer de même dans un texte long est bien entendu différente,puisque début et fin de chaque PS sont à repérer… et comme au vol, au moment de la lecture.C'est là la compétence fondamentale qui caractérise cette fiche : avoir conscience aumoment même où on lit que quelque chose se termine et que quelque chose commence.Pour entraîner à cette compétence, un exercice est privilégié : paragrapher un texte compact.(Kiki est une petite fille qui fouille les voitures accidentées récupérées par son père.)Kiki jeta un coup d'œil sur les voitures qui venaient d'arriver. Il y en avait de nouvelles, salementamochées. Elle hésita moment puis se décida. Elle monta dans une grosse noire, et referma la portière.Elle jeta un rapide coup d'œil autour d'elle avant de se décider aux sièges, au vide-poche. Elle plongeala main entre le dossier et le siège de la banquette arrière. Elle souleva délicatement le tissu, tâtonnadans les recoins. Ses doigts rencontrèrent quelque chose. "Encore un stylo, murmura-t-elle, ça fait ledixième depuis le début de la matinée !" Elle le jeta avec une grimace dans un sac en plastique et sortitde la voiture. C'était un gros "quatre quatre" qui venait d'être accidenté. Le devant était complètementécrabouillé, et le pare-brise en miettes. Le choc avait dû être rude. Kiki continua à fouiller la voiture.Il restait encore l'intérieur du coffre à visiter, mais elle n'en attendait pas grand-chose. Elle se ditqu'elle perdrait son temps. Tout y était d'une propreté impeccable. Pas la moindre boîte, pas lemoindre chiffon, pas même des outils. Elle allait abandonner, quand elle remarqua que le tapis decaoutchouc faisait une légère bosse vers le fond. Elle s'aperçut alors qu'on pouvait le soulever. Endessous, il y avait quelque chose.Adapté librement de "Kiki la Casse", Henriette BichonnierDécoupe ce texte en paragraphe en mettant des barres là où il faut.ExempleKiki jeta un coup d'œil sur les voitures qui venaient d'arriver. Il y en avait de nouvelles, salementamochées. Elle hésita moment puis se décida. І Elle monta dans une grosse noire …4 La construction du sens global de ce mini texte se fait sur le souvenir de ce qu'on lu" ; c'est pourquoi lerecours au système à l'aveugle est recommandé.

Deux remarques doivent être faites à propos de cet exercicea) Il n'y a pas de solution unique, mais il y a des versions impossibles ; cela pourra se discuterlors de la correction avec les élèves.b) Poser les barres peut se faire sur le texte même. Mais sur micro-ordinateur, le bénéficeest évident : les paragraphes sont physiquement réalisés ; les essais et reprises sont possibles,sans brouiller le support en le raturant.1) La construction complète du sensL'activité mentale pendant la lecture aboutit finalement à une image du texte, une sorte derésumé intérieur appelé "schéma de texte". Si la lecture a été efficace, il doit être fidèle au réelcontenu de ce texte.Les exercices ici proposés ci après pourraient être de bonnes évaluations de cela. Ils sont iciutilisés dans le cadre de la remédiation, car la confrontation entre la réponse donnée et la bonneoblige à revenir sur le contenu pour trouver l'explication.(Microbe a 10 ans. Il habite derrière un restaurant. Cette nuit là, il est seul à la maison)Une lumière dans la pièce, derrière le restau. A cette heure-ci ?A pas de loup, avec des ruses de serpent, discret comme une souris, j'avance, j'approche. Monchat m'accompagne.Un homme ! Il me tourne le dos. Il compte de l'argent. Tant d'argent que je n'ai aucune idée dece que ça fait. Et pour s'aider à compter, il s'est servi un énorme verre de whisky.C'est monsieur Félix ! Le bon monsieur Félix, le doux monsieur Félix, qui est si bon pour lesenfants du quartier. Méphisto est tout raide. Sa queue ressemble maintenant à un pointd'exclamation. Ses yeux ronds, pareils à des pièces d'or, me crient :" Je t'avais prévenu ! Je t'avais prévenu ! "Je retiens mon souffle. J'oublie de respirer. Je ne pense qu'à une chose : filer, disparaître,m'aplatir sous le tapis.Mais quelque chose se passe. Face à nous, au milieu des billets, il y a ce verre brillant et deuxglaçons qui flottent sur leur petite mer dorée, s'entrechoquent doucement... Les yeux de Méphistos'accrochent aux glaçons. Il m'oublie. Il oublie tout. Il saute sur la table, renverse le verre, lape lewhisky, le poil hérissé, les griffes enfoncées dans les liasses. En cinq minutes, il en déchire aumoins pour mille euros. Monsieur Félix se lève, se retourne, me reconnaît." Microbe ! "J'ai envie de crier : " C'est pas moi ! " Mais c'est moi, eh oui, minuscule, avec les tables et leschaises du restaurant qui dorment derrière moi, Méphisto miaule bizarrement, zigzague sur lanappe en plastique, de vilains éclairs rouges et violets au fond des yeux.Et dans les yeux de monsieur Félix, une petite flamme méchante quand il me fixe avec un vilainsourire :"Microbe"Librement adapté de "Pas de whisky pour Méphisto" de Paul ThièsL'élève lit le texte attentivement deux fois, puis le cache. Pour vérifier la justesse du "schéma mental"produit, on peut utiliser trois types de questionnement :le bon titre le bon résumé le bon planLe bon titreUn cambriolage ratéMicrobe et son chat.Le voleur surpris.L'argent et l'alcool.Le chat devient fouLe bon résumé1 Monsieur Félix a surpris Microbe en train de cambrioler le restaurantet lui demande ce qu'il fait là.2 Microbe a surpris quelqu'un comptant de l'argent dans le restaurantC'est Monsieur Félix, et il ne semble pas gêné d'être découvert3 Monsieur Félix est surpris en plein cambriolage, mais le chat deMicrobe lui saute dessus et le griffe.

Le bon planPlan1 Plan 2 Plan 3Microbe compte les billets de larecette dans le restaurant.Microbe a vu de la lumière, il vaexplorer le restaurantMicrobe a vu de la lumière, il vaexplorer le restaurantUn homme le surprend et leprend pour un cambrioleurIl découvre un homme comptantdes billets et buvant du whiskyL'homme se retourne etreconnaît MicrobeLe chat de Microbe saute surl'homme et le griffeSon chat se précipite sur la tableet déchire les billetsLe chat de Microbe se précipitesur la table et déchire les billetsA ce moment, Microbereconnaît Monsieur FélixL'homme se retourne etreconnaît MicrobeL'homme boit son whisky etessaie d'attraper MicrobeDifférenciation des formules- Dans la formule "le bon titre", on demande une interprétation générale de ce qui se passe:"finalement, ça parle plutôt de…" ; tous les libellés ont un rapport avec le contenu. Aucun n'estfranchement faux, mais un seul rend compte de la totalité.- Dans la formule "le bon résumé", on rappelle en gros ce qui se passe : on est plus près ducontenu explicite, mais l'image du déroulement reste sommaire. Elle a néanmoins tout sonintérêt pour juger : compris ou pas compris ; ici deux solutions sur 3 sont franchement erronées,mais elles contiennent quand même les ingrédients du texte.- Dans la formule "le bon plan", on est au plus près du schéma de texte". Les solutions faussessont un composé d'événements justes mais dans le désordre et d'événements faux. On estégalement ici dans l'entraînement à la reconstruction chronologique.Exploitation à visée d'entraînementL'activité ainsi présentée sous trois formes n'est qu'un instrument d'évaluation de lacompréhension. Elle ne devient un outil d'entraînement que si elle est prolongée ainsi :a) si on s'est trompé, on recherche dans le texte les raisons pour lesquelles la bonnesolution… est la bonneb) si l'on ne s'est pas trompé, on justifie sa réponse en expliquant pourquoi on a choisi cettesolutionc) en cas de travail en petits groupes, des solutions différentes sont proposées ; chacunjustifie son point de vue en se reportant au texte ; dans le cas du plan, cela peut passer par unsurlignage dans le texte des différentes étapes.Variante : la phase de discussion peut se faire "à l'aveugle", et est suivie d'une vérification pourtrancher, comme dans les AQT.Conclusion sur cette activité : On remarque que la mise en œuvre n'aboutit pas à l'établissementde recettes ou de lois générales sur le "comment faire". L'ensemble des processus cognitifs quisont en jeu dans la construction du sens est bien trop complexe pour le permettre 5 .En mettant de œuvre de façon répétée la démarche complète, le véritable bénéfice del'entraînement est d'instiller dans les esprits le besoin, au moment où on lit, de construire le senscomplet, de créer un horizon d'attente, de transformer la lecture mécanique en lectureintentionnelle.Comme on vient de le dire, cela ne s'obtient qu'après un certain nombre de séances. L'obligation :avoir à sa disposition un grand nombre de textes à peu près calibrés comme le modèle ci dessus.Il doivent être riches en événements successifs.5 …sauf peut être, dans le cas du "bon plan", la question : est ce avant ou après ?