L’ Oise en têteRONAN STÉPHANLes sciencesautrementIngénieur <strong>de</strong> formation et docteur en sciencesphysiques, Ronan Stéphan dirige l’université<strong>de</strong> technologie <strong>de</strong> Compiègne (UTC) <strong>de</strong>puis octobre2005. Il nous explique les raisons <strong>de</strong> sa venuedans l’Oise et ses ambitions pour cet établissement« modèle » à bien <strong>de</strong>s égards.> Ronan Stéphan en 5 dates1960 : Naissance à Brest1984 : Entre dans le groupe Thomson (aujourd’hui Thales)1997 : Retour en Bretagne, à la direction du technopôle <strong>de</strong> Brest2003 : Nommé directeur <strong>de</strong>s relations industrielles et du transfert<strong>de</strong> technologie au CNRS (direction <strong>général</strong>e)2005 : Arrive à Compiègne comme prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’UTC2260 - N°<strong>31</strong> - Septembre 2007Olivier Pasquiers / Le bar Floréal
60 : De quellemanière l’UTC sedémarque-t-elledans le paysage<strong>de</strong> l’enseignementsupérieur français ?R. S. : L’UTC aété créée au début<strong>de</strong>s années 1970pour expérimenterun nouveau modèleéducatif : il s’agissait <strong>de</strong>regrouper en une mêmeentité « université » et« école d’ingénieur »,afin notamment <strong>de</strong>combler le fossé entreles établissementsd’enseignementsupérieur et le mon<strong>de</strong><strong>de</strong> l’entreprise.Ambitieux et novateur,le projet entendait tirerparti <strong>de</strong> la traditionfrançaise en matière<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong>sciences fondamentales,complété parune organisationpédagogique « àl’américaine », avecun cursus à la carte,où chaque étudiantest partie prenante <strong>de</strong>sa formation, et tirerparti également <strong>de</strong>l’expérience alleman<strong>de</strong>qui articule sonenseignement autour <strong>de</strong>relations étroites avecle mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’industrieet <strong>de</strong> l’entreprise.Cette combinaisonuniversité-écolea-t-elle fait sespreuves ?Force est <strong>de</strong> constaterque trente-cinq ans aprèssa création, ce modèlefonctionnebien. En témoignel’essaimage réussiavec les universités <strong>de</strong>technologie <strong>de</strong> Belfort-Montbéliard (UTBM)« Notre université-école forme<strong>de</strong> futurs diplômés qui sont<strong>de</strong>s citoyens responsables,autonomes et ouverts à leurenvironnement. »et <strong>de</strong> Troyes (UTT).Devenue la premièreécole d’ingénieur postbac(selon le classementannuel du magazineLe Point <strong>de</strong> février 2007,ndlr), l’UTC compte3 300 élèves, délivre <strong>de</strong>sdiplômes d’ingénieur,<strong>de</strong>s masters (bac + 5) et<strong>de</strong>s doctorats (bac + 8)et son taux d’admissionest <strong>de</strong> un sur dix. Enfin,l’UTC entretient <strong>de</strong>sliens pérennes et trèsactifs avec le mon<strong>de</strong><strong>de</strong> l’entreprise et avecles <strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong>compétitivité régionauxà vocation mondialeque sont IAR (Industrieet Agro-Ressources) etI-Trans (Intermodalité ettransports innovants).Après une vingtained’années passéesdans l’industriepuis à la direction<strong>général</strong>e du CNRS,pourquoi avoir choisil’UTC ?J’étais fasciné parsa réactivité. Cette« maison » ne resteen effet jamais « les<strong>de</strong>ux pieds dans lemême sabot », elle saits’ouvrir sur le mon<strong>de</strong>,adapter ses contenuspédagogiques et, infine, accor<strong>de</strong> une placeimportante aux scienceshumaines et sociales, cequi n’est pas banal pourune école d’ingénieur !L’ensemble <strong>de</strong> cesfacteurs a contribué àma candidature.Quels sont les axesforts <strong>de</strong> votre projetpour l’UTC ?Donner encore plus<strong>de</strong> poids aux sciencessociales et humainespour transmettre à nosétudiants un ensemble<strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong>clés pour appréhen<strong>de</strong>rle mon<strong>de</strong> dans toute sacomplexité ; renforcernotre attractivité etnos capacités d’accueilpour rivaliser avecles grands standardsinternationaux dontla « jauge » moyenneannuelle se situe autour<strong>de</strong> 5 000 étudiants ;et ancrer davantagel’UTC dans le réseaud’enseignementsupérieur européen.Pour pouvoir satisfaireces ambitions, il estabsolument nécessaire60 - N°<strong>31</strong> - Septembre 2007<strong>de</strong> bénéficier d’unancrage régional encoreplus fort.Le partenariatconclu enmai <strong>de</strong>rnieravec l’InstitutPolytechniqueLasalle-Beauvais(ex-Isab) va-t-ildans ce sens ?Absolument. Nousallons créer <strong>de</strong>ssynergies en matière<strong>de</strong> formation, <strong>de</strong>relations internationaleset <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong>la recherche. Nousallons égalementmutualiser nos moyens,nos programmespédagogiques, noséquipements et nospratiques, sur <strong>de</strong>sthématiques stratégiquestelles que la valorisation<strong>de</strong> la biomasse ou lemachinisme agricole.Les <strong>de</strong>ux sites separtageront unefuture plate-forme <strong>de</strong>recherche dédiée à lathermochimie, ainsiqu’un laboratoire<strong>de</strong> recherche. Lagéographie territorialeet humaine <strong>de</strong> la région,et précisément dudépartement <strong>de</strong> l’Oise,est très favorable àla constitution d’ungrand pôle universitairedans les domaines <strong>de</strong>la chimie verte et <strong>de</strong>salternatives végétales.Les perspectiveséconomiques sont plusque significatives.Propos recueillis par23Patricia Lebouc-Coignard