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JOURNAL OFFICIEL - Débats parlementaires de la 4e République

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Perdre cette foi, dénier notre droit, renoncer à cette souverainetéconsentie, c'était porter <strong>de</strong>s coups mortels à cette gran<strong>de</strong>ur,c'est-à-dire à noire indépendance.On a dit qu'au point où en était arrivée l'affaire d'Indochine,le cabinet <strong>de</strong>rnier-né ne pouvait être qu'un syndic <strong>de</strong> faillite.Mauvaise excuse pour justifier les abandons à <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong>joie générale qui accompagne toujours <strong>la</strong> fin d'hostilités. 11n'est .pas <strong>de</strong> responsabilités qui en couvrait d'autres. Traiteravec Ho Chi Minh avait été le choix arrêté en 1916. Ce choixs'avéra mauvais. 11 ne <strong>de</strong>venait pas meilleur parce que <strong>de</strong>ssottises et <strong>de</strong>s erreurs avaient été accumulées par <strong>la</strong> suite. Uy avait d'autres moyens d'arrêter <strong>la</strong> guerre.Comment se traduit l'action dite constructive exercée à propos'<strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie "! Par les mêmes procédés que <strong>la</strong> liquidation <strong>de</strong>l'Indochine. On traite avec <strong>de</strong>s individus, on leur donne lepouvoir parce qu'ils ont tué, semé <strong>la</strong> terreur. Pour faire cessertemporairement <strong>la</strong> guerre et le terrorisme, on méprise délibérément,au profit d'uoe minorité coupable <strong>de</strong> crimes abominables,<strong>la</strong> majorité d'une popu<strong>la</strong>tion paralysée par <strong>la</strong> peur et par<strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> notre départ.Le Parlement qui, en approuvant cette politique, a subi unefascination aux frontières <strong>de</strong> <strong>la</strong> dictature, sait-il que <strong>la</strong> Tunisiepeuplée <strong>de</strong> trois millions <strong>de</strong> musulmans, dont 100.000 venusd'Algérie, <strong>de</strong> 300.000 chrétiens et <strong>de</strong> 200.000 juifs, ne comptaitque 2 p. 100 <strong>de</strong> partisans <strong>de</strong>s doctrines du Destour ? Estime-t-il'normal que les 98 p. 100 qui en sont adversaires se voient imposerpar le crime un régime appuyé par le Gouvernement français?Faut-il s'étonner qu'au Maroc, après <strong>de</strong> tels encouragements,ristiq<strong>la</strong>l, minorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> minorité, veuille lui aussi prendre lepouvoir par les mêmes procédés ?Il se heurte fort heureusement à sept millions <strong>de</strong> Berbèresauxquels se joignent une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s 900.000 Arabesparmi lesquels se recrutent généralement les agitateurs, sanscompter les 400.000 chrétiens et les 300.000 juifs anxieux àl'idée <strong>de</strong> se voir, eux aussi, imposer <strong>la</strong> loi du crime.Mais si nous ne nous montrons pas fermes aux côtés <strong>de</strong>nos amis, prenons gar<strong>de</strong> que d'autres se substituent à nous,qui, déjà, feraient <strong>de</strong>s ouvertures à Marrakech.Il est humain <strong>de</strong> n'entendre que les hommages <strong>de</strong> ses partisanset <strong>de</strong> les compter pour une approbation unanime. Aussine sera-t-il pas agréable à M. 1e prési<strong>de</strong>nt du conseil d'apprendrequ'en Indochine, en Tunisie, au Maroc, il n'a pas apporté<strong>la</strong> joie et l'apaisement aux peuples autochtones. Il a aggravéleur inquiétu<strong>de</strong>, fait naître souvent leur mépris contre <strong>la</strong>France i<strong>de</strong>ntifiée, malheureusement aux gouvernements qui <strong>la</strong>dirigent.Car, dans tous ces territoires où l'on est déçu ou ulcéré,il y avait <strong>de</strong>s majorités <strong>de</strong> cœur et <strong>de</strong> pensée françaises décidéesà bâtir l'avenir ïfvec nous et. avec lesquels nous avionsl'obligation et le <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> le faire.On ne construit, pas avec ceux qui n'ont pas le respect <strong>de</strong><strong>la</strong> vie humaine, avec ceux qui n'ont pas le respect du travail<strong>de</strong>s autres, avec les <strong>de</strong>structeurs <strong>de</strong>s œuvres bienfaisantes <strong>de</strong><strong>la</strong> civilisation. On ne construit pas avec ceux qui tuent pouracquérir le.s biens qu'ils convoitent.De tels partenaires ne sont pas va<strong>la</strong>bles. Ils sont ceuxqui avaient été rejetés par les déc<strong>la</strong>rations du 17 juin. Lesvoilà, cependant, représentés par Bourguiba, par personnesinterposées, au gouvernement tunisien. -Les consultations, les accords que donne officiellement lechef du Destour avec <strong>la</strong> bénédiction du ministre chargé <strong>de</strong>saffaires tunisiennes et marocaines ren<strong>de</strong>nt parfaitement ridicule<strong>la</strong> comédie <strong>de</strong> <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce surveillée et mettent le chefdu Gouvernement français en contradiction avec ses discoursd'investiture.Si <strong>de</strong>puis sept ans, au lieu <strong>de</strong> cé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> violence, tout enprétendant <strong>la</strong> combatlre ; si au lieii d'improviser et <strong>de</strong> tendreune oreille comp<strong>la</strong>isante aux extrémistes, les gouvernementsfrançais avaient fait le compte <strong>de</strong> leurs amis, <strong>de</strong> tous les amis<strong>de</strong> <strong>la</strong> France, et consulté certaines autorités irréprochables, iln'y aurait pas <strong>de</strong> problème.Il y a en Afrique du Nord <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s communautés, l'unemusulmane, l'autre chrétienne, cette <strong>de</strong>rnière étant l'inspiratrice,l'initiatrice et <strong>la</strong> créatrice <strong>de</strong> l'autre.Toutes <strong>de</strong>ux ont convenu qu'elles étaient fixées pour toujoursau sol qu'elles avaient fécondé. Appelées à vivre côte àcôte en permanence, elles ne peuvent le faire que si leursdroits et leurs <strong>de</strong>voirs sont égaux sans que leur importancenumérique puisse être mise en cause.Le terme <strong>de</strong> l'évolution doit donc se traduire par une gestionet une direction communes du pays.Tel est le sentiment <strong>de</strong> <strong>la</strong> majorité ralliée aux règles <strong>de</strong> <strong>la</strong>civilisation, <strong>de</strong> <strong>la</strong> morale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice telles qu'on les conçoitau XX- siècle.La Tunisie n'est aujourd'hui ce qu'elle est que parce qu'il JH soixante-quinze ans <strong>de</strong>s Français y sont yenus. Sur cette terre<strong>de</strong> misère et <strong>de</strong> mort, régnaient le banditisme «t <strong>la</strong> piraterie.-Une dynastie chance<strong>la</strong>nte n'affirmait sa souveraineté que là oùelle pouvait faire <strong>de</strong>s expéditions punitives.Par <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, toujours éprise <strong>de</strong> légalité, elle<strong>de</strong>vint souveraine et assurée dans sa <strong>de</strong>scendance <strong>de</strong> le <strong>de</strong>meurer.Huant aux pionniers français, par leur volonté, leur persévéranceet leurs sacrifices, ils firent renaître à <strong>la</strong> vie et à <strong>la</strong> prospéritéun pays qui <strong>de</strong>puis quinze siècles n'était que ruines etbroussailles.Revendiquer maintenant le produit <strong>de</strong> leur travail et <strong>de</strong> leurssouffrances est chose aisée. Prétendre que ces revendicationssont légitimes et qu'elles sont le fait du peuple tunisien toutentier est malhonnête. (Très bien! très bien! à droite.)Elles ne sont en réalité que <strong>la</strong> traduction <strong>de</strong> l'appétit <strong>de</strong> pouvoir<strong>de</strong> quelques-uns, vivant à Paris, au Caire, à Rome ou dans<strong>de</strong>s pa<strong>la</strong>ces occi<strong>de</strong>ntaux.Comment peuvent-ils connaître les véritables aspirations <strong>de</strong>ceux qui sont <strong>de</strong>meurés Tunisiens ?Autonomie, souverainefé interne, indépendance, fatal processus.Avez-vous vu où ces étapes, qu'ils n'avaient pas <strong>de</strong>mandées,ont conduit les malheureux Indochinois ?Abandonnés par les Français auxquels ils s'étaient intégrésen près <strong>de</strong> cent ans <strong>de</strong> vie commune, les voilà pour partie sou3tutelle soviétique, pour partie sous tutelle américaine.Qui <strong>de</strong>viendrait maitre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tunisie si nous poursuivions <strong>la</strong>politique insensée qui nous est proposée 1Pour l'instant, l'union du Destour et du parti communiste,scellée en 1919, n'a pas failli.On a vu, à l'O. N. U-, comment votaient les quinze paysarabo-asiatiques. Le.s Etats-Unis récoltent ce qu'ils ont semé.Nos alliés américains ont une conception dangereuse <strong>de</strong> l'organisationdu mon<strong>de</strong>. Ils risquent <strong>de</strong> nous entraîner avec euxdans les pires déboires.Nos amis ang<strong>la</strong>is ont <strong>de</strong>s dirigeants supernationaux qui feront— c'est leur droit et leur <strong>de</strong>voir — une politique britanniquequi, bien souvent, décevra les Français.Faisons donc, <strong>de</strong> notre côté, une politique qui, tout en maintenant<strong>la</strong> France dans <strong>de</strong>s alliances conformes à son idéal, n'ensera pas moins une politique française et <strong>de</strong> l'Union française.C'est <strong>la</strong> seule qui soit susceptible <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r nos vies etcelles <strong>de</strong>s peuples qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt qu'à nous y ai<strong>de</strong>r. Il enest temps encore.Le redressement s'accomplira dès que nous aurons retrouvénotre dignité et manifesté notre volonté. (App<strong>la</strong>udissements àdroite et sur quelques bancs à l'extrême droite.y*M. ie prési<strong>de</strong>nt. La parole est à M. Vassor, pour développerson interpel<strong>la</strong>tion.M. Jacques Vassor. Monsieur le ministre, mes chers collègues,le 10 août avait lieu ici un débat sur <strong>la</strong> fixation <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong>sinterpel<strong>la</strong>tions sur <strong>la</strong> Tunisie.Par l'importance <strong>de</strong>s interventions, ce fut en réalité une discussionsur le fond, ce qui prouve <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> inquiétu<strong>de</strong> queprovoque au Parlement et dans le pays le grave problème <strong>de</strong>.l'Afrique du Nord.Depuis ce débat, M. Taliar foen Amar est venu s'entreteniravec le Gouvernement français. Mais avant <strong>de</strong> repartir, le prési<strong>de</strong>ntdu conseil tunisien est allé officiellement prendre contactavec M. Bourguiba. Une voiture fut comp<strong>la</strong>isamment mise à.sa disposition par M. le ministre <strong>de</strong> l'intérieur.Le prési<strong>de</strong>nt Tahar ben Amar est donc officiellement en rapportavec M. Habib Bourguiba. « Depuis toujours, nous marchons<strong>la</strong> main dans <strong>la</strong> main », n'hésitait pas à déc<strong>la</strong>rer leprési<strong>de</strong>nt du conseil tunisien.Le Gouvernement français l'admet et facilite même ces entretiens.Alors, je vous l'avoue, monsieur le ministre <strong>de</strong>s affaires tunisienneset marocaines, je ne comprends plus et je me crois,à regret, obligé <strong>de</strong> vous rappeler ce que vous avez dit vousmêmeà cette tribune:« Je suis convaincu, disiez-vous, que le Néo-Destour est unmouvement calqué sur les mouvements fasciste et hitlérien.Son arrivée an pouvoir voudrait dire une indépendance semb<strong>la</strong>bleà celle <strong>de</strong> ces petites féodalités d'un moyen-âge barbare,dont les chefs, repus <strong>de</strong> subventions étrangères, <strong>la</strong>issent croupirleurs peuples dans <strong>la</strong> nuit <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère et <strong>de</strong> l'ignorance- Jecrois que l'arrivée du Néo-Destour au pouvoir en Tunisie voudraitdire ce<strong>la</strong>, et ce<strong>la</strong> signifierait <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> démocratie.M. Henri Laforest. Ce n'est pas amical ce que vous dites là!M. Jacques Vassor. « Ouvrez à cette tribune, disiez-vous monsieurle ministre, le cfossier du Destour, ouvrez le dossier <strong>de</strong>M. Bourguiba. Dites-nous quel est ce mouvement et quel estcet homme, et que tous ceux qui sont <strong>de</strong> bonne foi tombentd'accord sur les. conclusions à en lirer. s

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