DES PATRIMOINES de Savoie - Conseil Général de Savoie
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L’inventaire du patrimoined’Aix-les-BainsARCHITECTURELa démarche <strong>de</strong> l’Inventaire du patrimoine,initiée par les associations du patrimoinelocales, et lancée par la municipalité d’Aixles-Bainsen 2002, a abouti à la signature d’uneconvention entre la ville et l’État (Drac Rhône-Alpes, service régional <strong>de</strong> l’Inventaire), en novembre2003. Cette convention met en place uneéquipe constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux chercheurs (État etVille) et d’un informaticien/photographe, dotée<strong>de</strong> matériel informatique et photographiquenumérique et logée à la Villa Russie. Le servicerégional <strong>de</strong> l’Inventaire Rhône-Alpes fourni l’assistanceméthodologique et technique nécessaireà l’entreprise. Le Département <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> ai<strong>de</strong>l’opération d’inventaire par l’attribution <strong>de</strong> subventions.L’Inventaire topographique <strong>de</strong> la ville d’Aix-les-Bains concerne l’ensemble du patrimoine bâti etnon bâti, public et privé, civil et religieux, ainsique le décor porté par les édifices (sculpture,peintures murales...). Il a pour but <strong>de</strong> fournir unevision globale <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> la cité, <strong>de</strong> son évolutionurbanistique, <strong>de</strong>s différents monuments et<strong>de</strong>s habitations qui la composent, ainsi qu’uneanalyse <strong>de</strong> leurs relations les uns par rapport auxautres, le tout replacé dans le contexte économiqueet social <strong>de</strong> la station thermale. L’aire d’étu<strong>de</strong>est la commune et les limites chronologiques s’enten<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> l’Antiquité (en collaboration avec leService régional <strong>de</strong> l’Archéologie) à nos jours.La première année a été principalement employéeau récolement documentaire et à son analyse. Ils’agissait <strong>de</strong> rassembler les éléments bibliographiques,iconographiques (cartes postales, photographiesanciennes…) et cartographiques connus,<strong>de</strong> les confronter et <strong>de</strong> les soumettre à un examencritique.L’inventaire peut s’appuyer sur une importantedocumentation : les plans <strong>de</strong> la ville, plans cadastraux,les plans d’alignement, <strong>de</strong> voirie, les planstopographiques, donnent <strong>de</strong>s indications essentiellessur l’évolution du bâti et <strong>de</strong>s espacesurbains. Les principaux documents d’archivesutilisés sont les matrices cadastrales, les permissions<strong>de</strong> voirie ou permis <strong>de</strong> construire conservésaux Archives Municipales <strong>de</strong>puis 1860, et lesarchives <strong>de</strong> l’entreprise <strong>de</strong> travaux publics LéonGrosse dont les dossiers commencent en 1884.Nombreux sont également les travaux historiqueset les étu<strong>de</strong>s sur la ville : rapports <strong>de</strong> fouilles duservice régional <strong>de</strong> l’archéologie, dossiers <strong>de</strong>recensement <strong>de</strong>s monuments d’Aix-les-Bains,(Jean-François Esnault, 1983), recensement <strong>de</strong>sparcs et jardins effectué par le CAUE <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>en 1991, charte paysagère et architecturale commandée,par la Ville, à Michel Tassan-Caser en2003.Ce récolement documentaire va déboucher surune cartographie historique et thématique : le butest <strong>de</strong> ramener sur un fond <strong>de</strong> plan à mêmeéchelle la connaissance acquise sur la ville, actuellementdispersée sous différents supports, <strong>de</strong>souligner les lignes <strong>de</strong> force du schéma urbain,d’actualiser et d’affiner les problématiques <strong>de</strong>recherche. Cette cartographie évolutive s’enrichira<strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> terrain tout aulong <strong>de</strong> l’Inventaire.L’enquête sur le terrain est réalisée parallèlement.Progressivement, quartier par quartier, est effectuéun recensement exhaustif <strong>de</strong>s édifices, édiculeset ensembles bâtis et non bâtis. Leur nombre surla ville d’Aix-les-Bains est estimé à environ 8000.Pour chacun est établi une fiche d’i<strong>de</strong>ntité quicomporte au minimum : la localisation exacte(adresse, parcelle cadastrale, coordonnées Lambert),la désignation <strong>de</strong> l’œuvre (dénomination,appellation, vocable) son état (restauré, remanié,menacé, désaffecté...), sa datation et son statut(privé, public…). Cette fiche peut être complétée<strong>de</strong> données historiques (étapes <strong>de</strong> construction,auteurs, maître <strong>de</strong> l’ouvrage, personnes célèbresrattachées à l’œuvre...), et <strong>de</strong>scriptives (partiesconstituantes, matériaux, nombre d’étages, typologie...).Les données collectées (textes, photographies,relevés d’architecture, cartes, bibliographie)sont organisées sous forme <strong>de</strong> dossierslocalisés sur le cadastre numérisé <strong>de</strong> la ville. Lacartographie numérisée permet d’établir <strong>de</strong>s cartes<strong>de</strong> situation d’œuvre, d’analyse <strong>de</strong>s données ou<strong>de</strong>s cartes chronologiques figurant les gran<strong>de</strong>sétapes <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> la ville avec localisation<strong>de</strong>s édifices et équipements structurants(thermes, parcs, ports, casino, grands hôtels..).Cette documentation a vocation à être publique.Les données recueillies alimenteront plusieursbases nationales du ministère, accessibles surInternet : Mérimée pour l’architecture, Palissy pourles objets mobiliers (décor porté par l’architecture),Mémoire pour les photographies et lesdocuments graphiques. Les bases validées par lesmaîtres d’ouvrage seront utilisées pour élaborer<strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong>stinés aussi bien auxchercheurs et historiens qu’à la création <strong>de</strong> produitstouristiques (expositions, publications, multimédia)mais aussi par les services d’urbanisme<strong>de</strong> la ville. Grâce à cette démarche, un nouveaupas pourra être fait dans le domaine <strong>de</strong> la connaissance<strong>de</strong> notre patrimoine.Joël LagrangeEn haut,Reconstruction <strong>de</strong> lafaça<strong>de</strong>. Plan / Lubini,architecte, Aix-les-Bains,1885. Calque, encre,lavis, éch. 1/50 e (AC Aixles-Bains: 1 O 182).En bas,immeuble 10 rue Davat,Inventaire général,Ville d’Aix-les-Bains,ADAGP, 2004.5
ARCHITECTUREEloge <strong>de</strong>s charpentiers piseurs<strong>de</strong> l’Avant-Pays savoyardUne architecture hautement environnementaleLe CAUE <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> a réalisé trois campagnes <strong>de</strong> relevés d’architecturedu patrimoine bâti dans le département dont les premiers tomes se sontintéressés à l’Adret <strong>de</strong> Tarentaise puis aux Bauges ; le troisième ouvrageconcerne l’Avant-Pays Savoyard. Longtemps terre <strong>de</strong> frontières, propicesaux échanges commerciaux et culturels, ce territoire se distingue par laprésence <strong>de</strong> bâtiments en pisé : une technique constructive particulière,largement diffusée dans le Bugey et le Nord Dauphiné. Joëlle Leoni,architecte du patrimoine, a mené cette campagne.Technique <strong>de</strong> banchage.Le principal intérêt du travail réalisé dansle cadre <strong>de</strong> cette campagne <strong>de</strong> relevésd’architecture est <strong>de</strong> chercher à mettre en lumièreles caractéristiques d’une architecture vernaculaire,née <strong>de</strong>s spécificités d’un territoire et <strong>de</strong>scontraintes imposées à ses habitants. Ce n’estcertes pas un inventaire exhaustif <strong>de</strong>s bâtimentsexistants, mais bien une recherche pour déterminerles éléments communs issus <strong>de</strong> la capacitéd’adaptation <strong>de</strong>s hommes à leur milieu : repérerces particularités, chercher à comprendre leurorigine – le pourquoi <strong>de</strong> leur existence –, voir leurévolution au fil <strong>de</strong>s ans, comprendre quelle fut,à un moment donné, la réponse <strong>de</strong>s hommes auxdifficultés particulières qu’ils rencontraient dansleur vie quotidienne. Quels abris réalise-t-onlorsque ni la pierre ni le bois ne sont présents enquantité suffisante pour abriter les activitéshumaines ? On utilise la terre, facilement disponible.Et s’il s’avère que celle-ci possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s propriétéssatisfaisantes pour être damée, on se dispense<strong>de</strong> la cuire au four ou <strong>de</strong> la sécher au soleil.Le second intérêt <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> relevé, est <strong>de</strong>pouvoir transmettre et faire connaître cette architecturevernaculaire, car ces constructions sonten voie <strong>de</strong> disparition. D’une part parce que lesrègles sociales ont évolué au cours <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong>moitié du vingtième siècle : les pratiques agricolesont été transformées et les bâtiments anciensLe pisé, un patrimoine menacé.ne correspon<strong>de</strong>nt plus aux besoins <strong>de</strong>s agriculteursd’aujourd’hui. Les granges ont été agrandies,flanquées <strong>de</strong> hangars mo<strong>de</strong>rnes permettantle stockage d’outils différents, plus nombreux etplus volumineux. Les maisons anciennes ont étéabandonnées pour <strong>de</strong>s constructions plus récentes,souvent construites <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la cour,parfois conservées, parfois démolies. Ou encore,les habitants sont restés dans les vieux murs, maisont aménagé <strong>de</strong> nouveaux espaces, percé <strong>de</strong>nouvelles baies, occupé les combles, remplacéles planchers par <strong>de</strong>s dalles en béton, accolé ungarage… Les usages sont souvent modifiés :combien <strong>de</strong> granges traditionnelles en pisé <strong>de</strong>l’Avant-Pays Savoyard ont-elles été transforméesen rési<strong>de</strong>nce, principale ou secondaire ? Percement<strong>de</strong> baies, modification <strong>de</strong> toiture, omniprésence<strong>de</strong>s enduits au ciment, etc.Lorsqu’il n’y a pas démolition totale – au buldozer– <strong>de</strong>s éléments anciens. Toutes ces évolutions etces remaniements ne sont, en fait, que la continuité<strong>de</strong> l’adaptation du bâti aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie<strong>de</strong>s habitants, mais les techniques constructivesayant fort changé, cela se révèle dramatique pourla préservation et la connaissance <strong>de</strong> l’architecturevernaculaire. Comme il <strong>de</strong>vient difficile <strong>de</strong>trouver <strong>de</strong>s ensembles intacts, les quelques<strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> ces relevés d’architecture acquièrent,au fil du temps, une valeur documentaire et participentà la conservation <strong>de</strong> la connaissance et <strong>de</strong>la mémoire <strong>de</strong> ce territoire.Un autre aspect positif <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> relevé,peut-être le plus important, est d’avoir suscité larencontre et la discussion avec les habitants.6
PATRIMOINEAnciennes mines et carrièressouterraines <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>un patrimoine exceptionnelINDUSTRIELIl existe en<strong>Savoie</strong> plus <strong>de</strong>600 mines oucarrières souterraines.Plus <strong>de</strong>100 communesdu départementsont concernées.On trouve <strong>de</strong>sminéralisations<strong>de</strong> fer, <strong>de</strong> cuivre,<strong>de</strong> plomb, <strong>de</strong>zinc, d’argent,d’uranium,d’or, mais aussidu talc, <strong>de</strong>l’amiante, <strong>de</strong>sschistes ardoisiers,du gypse,du sel, dubitume, dulignite et ducharbon.Cie <strong>de</strong>s mines et usines<strong>de</strong> St Michel et Sordière,1892.Avant 2018, toutes les entrées <strong>de</strong> mineinexploitées <strong>de</strong>vront être foudroyéesou obturées pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> « mise en sécurité». Nous vivons donc un moment privilégiépour sauver l’ampleur et la beauté <strong>de</strong>s ancienstravaux souterrains : au Spéléo Club <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,une petite équipe archive tout ce qui peut l’êtresous forme <strong>de</strong> photos, <strong>de</strong> films, <strong>de</strong> plans <strong>de</strong>s travaux,<strong>de</strong> documents. Afin <strong>de</strong> porter témoignagesur ce patrimoine industriel menacé, nous envisageonsla publication d’un livre.Un peu d’histoireDès la Protohistoire, le cuivre a été exploité dansles Alpes <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Les premiers vestiges attestésdatent <strong>de</strong> 1 450 ans avant J.-C., vers Peisey-Nancroix en Tarentaise et d’autres <strong>de</strong> 1000 ansavant J.-C., vers Termignon en Maurienne. Selonla tradition, Durandal, la célèbre épée du paladinRoland, proviendrait <strong>de</strong> la mine <strong>de</strong> fer <strong>de</strong>sHurtières. Au XIII e siècle, apparaissent les premiersdocuments. Trois gran<strong>de</strong>s époques historiquesse distinguent.Au Moyen Âge, mines et artifices appartenaientà la noblesse inféodée à la Maison <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Depart leur importance stratégique et économiqueles mines étaient intégrées à la politique <strong>de</strong>ssouverains. En 1343, on ouvrit quatre mines enHaute-Maurienne, à Fourneaux, Modane et Termignonmais en 1348, la <strong>Savoie</strong> fut ravagée par laGran<strong>de</strong> peste. L’extraction minière fonctionna auralenti pendant 150 ans. Au XVI e siècle, la famillepiémontaise Castagneri <strong>de</strong> Châteauneuf développala métallurgie <strong>de</strong>s Hurtières. En 1566, <strong>de</strong>sconcessions minières furent accordées au marquis<strong>de</strong> La Chambre. En 1570, à Argentine et Epierre,les établissements étaient dirigés par <strong>de</strong>s spécialisteset financiers lombards.En 1729, le roi Victor Amédée II précisait que« n’importe qui pouvait rechercher pour travaillerles mines, dans tous les Etats du roi. Les matièresextraites <strong>de</strong>s mines ne pourront être exportée hors<strong>de</strong> nos états sous peine d’amen<strong>de</strong> et <strong>de</strong> confiscationdu minerai ». Sous son règne, les dépensesmilitaires dépassaient le tiers <strong>de</strong>s revenus <strong>de</strong> l’Etat.L’argent, le plomb, le cuivre <strong>de</strong>vaient être livrésà l’Hôtel <strong>de</strong>s Monnaies <strong>de</strong> Turin ou au Bureau <strong>de</strong>l’Artillerie à un prix convenu. Le contrôle royalsur les mines s’exerçait directement par l’intendantgénéral <strong>de</strong> l’artillerie, les intendants provinciauxet autres inspecteurs.En 1740, le roi Charles-Emmanuel III favorisa lavenue <strong>de</strong> spécialistes étrangers pour exploiter lesminerais du duché. Il leur accorda la protectionspéciale du roi et pour une durée <strong>de</strong> 40 ans <strong>de</strong>sprivilèges qui seront contestés au cours <strong>de</strong> procès.De 1750 à 1758, 760 tonnes <strong>de</strong> plomb et plus <strong>de</strong>2 tonnes d’argent furent livrées au Bureau Royal<strong>de</strong> l’Artillerie. Charles-Emmanuel III fonda en 1752une école <strong>de</strong> minéralogie à Turin, <strong>de</strong>stinée àformer un personnel hautement qualifié.A partir du milieu du XVIII e siècle, <strong>de</strong>s bourgeoisfortunés investirent <strong>de</strong>s fonds, avec plus ou moins<strong>de</strong> bonheur, dans l’industrie <strong>de</strong>s mines. Le 23pluviôse An X (12 février 1802), après la premièreAnnexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> à la France, une ÉcolePratique <strong>de</strong>s Mines fut instituée sur les sites <strong>de</strong>Peisey et <strong>de</strong> Moûtiers. Elle ne fonctionna qu’unedouzaine d’années. Au XIX e siècle, certainesfamilles se distinguèrent dans l’industrie métallifèrecomme les Grange à Ran<strong>de</strong>ns ou les Frèrejean,<strong>de</strong>s négociants lyonnais, en Haute-<strong>Savoie</strong>.Dans le domaine <strong>de</strong>s matières combustibles,anthracites et lignites, chacun voulut sa mine.Les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s affluèrent. Des notables, <strong>de</strong>s petitessociétés, <strong>de</strong> simples citoyens, <strong>de</strong>s farfelus, déposèrent<strong>de</strong>s permis <strong>de</strong> recherche généralementexaminés avec bienveillance par l’administration.De nombreuses concessions furent accordées.Au milieu du XIX e et au XX e siècles, <strong>de</strong>s sociétéscapitalistes puissantes – Schnei<strong>de</strong>r du Creusot àSaint-Georges-d’Hurtières, la Penarroya à Macotla-Plagne– exploitent les mines les plus rentables.Deux vagues, vers 1875 et 1930, marquèrent lafin <strong>de</strong> cette industrie, à l’exception <strong>de</strong> la Plagnequi ne cessa ses activités qu’en 1973 !Pour les mines <strong>de</strong> produits combustibles, la quasitotalité <strong>de</strong> l’extraction s’est concentrée <strong>de</strong> 1850 à1960. La Première guerre mondiale marqua unpic <strong>de</strong> production en raison <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>scharbonnages du nord <strong>de</strong> la France. La fin <strong>de</strong> laSecon<strong>de</strong> guerre mondiale enregistra un net déclinavec la fermeture <strong>de</strong>s mines <strong>de</strong> lignite. Lescarrières souterraines <strong>de</strong> gypse, <strong>de</strong> pierre à chauxou à ciment suivirent. A contrario, les ardoisièressont attestées <strong>de</strong> 1361 à 1982 en Maurienne et duXVI e siècle à 1950 en Tarentaise. Aujourd’hui, cesanciennes mines sont administrativement ferméeset beaucoup d’orifices sont déjà comblés. Le patrimoineminier sombre lentement dans l’oubli.8
Le travail, la sueur et le sang <strong>de</strong>s hommesLe labeur à la mine était ru<strong>de</strong>. Pour nombre d’exploitationsen altitu<strong>de</strong>, le trajet pouvait représenterplusieurs heures <strong>de</strong> marche. Certaines minesétaient inaccessibles en hiver. Des baraquements,au confort spartiate, étaient construits parfois loin<strong>de</strong> tout pour vivre sur place dans la promiscuité.Aux anciennes ardoisières <strong>de</strong> Cevins, on peutencore voir <strong>de</strong> tels vestiges.Les ouvriers préféraient s’éviter les marches d’approchequotidiennes. À Argentine, en violation<strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> sécurité, ils montaient dans la petitebenne servant à <strong>de</strong>scendre le talc <strong>de</strong>s carrières.Aux ardoisières <strong>de</strong> Maurienne, ils empruntaientd’étroits sentiers taillés à flanc <strong>de</strong> falaise et <strong>de</strong>spasserelles précaires sur le précipice. Il fallait aussiéchapper aux chutes <strong>de</strong> pierres. Depuis le milieudu XIX e siècle, régnaient le bruit <strong>de</strong>s engins pneumatiqueset la poussière ; les gaz toxiques <strong>de</strong>sengins ou <strong>de</strong>s explosifs envahissaient les galeries.Un moyen d’éviter la poussière consistait àprojeter <strong>de</strong> l’eau sur les ouvriers à leur poste <strong>de</strong>travail. L’outillage était dangereux. Il fallait manierle marteau, la masse, la pointerolle, le pic, <strong>de</strong>sengins <strong>de</strong> forage, <strong>de</strong>s explosifs, arracher leminerai à la montagne au moyen <strong>de</strong> sacs, <strong>de</strong>caisses, <strong>de</strong> brouettes, <strong>de</strong> berlines. On est stupéfait<strong>de</strong>vant l’ampleur <strong>de</strong> certains vi<strong>de</strong>s. Il fallaitménager <strong>de</strong>s piliers <strong>de</strong> soutènement, élever <strong>de</strong>sboisages et veiller aux éboulements. Dans lescarrières souterraines <strong>de</strong> talc d’Argentine, lesmineurs entendaient parfois craquer la montagne.Nombre d’ouvriers ont péri par écrasement oubloqués par <strong>de</strong> soudaines arrivées d’eau. Ilsemblerait que les acci<strong>de</strong>nts aient été beaucoupplus fréquents dans les carrières souterraines quedans les mines.Fureur et déceptionsFace aux enjeux économiques, combien <strong>de</strong> rivalitéspour conserver la jouissance <strong>de</strong> son filon?L’histoire <strong>de</strong>s paysans-mineurs <strong>de</strong> Saint-Georgesd’Hurtièresen est un bel exemple. Les déblais <strong>de</strong>ceux du haut enfouissaient les ouvrages <strong>de</strong> ceuxdu bas, d’où <strong>de</strong> nombreuses récriminations à l’encontre<strong>de</strong>s voisins et <strong>de</strong>s autorités. Combiend’épargnants ruinés par une mauvaise entreprise,d’investisseurs naïfs grugés ? L’exploitation minièren’était pas souvent une bonne affaire. L’histoire<strong>de</strong>s mines est jalonnée <strong>de</strong> faillites et <strong>de</strong> procès.Les mines et la forêtLes salines, les mines et la métallurgie étaient <strong>de</strong>grosses consommatrices <strong>de</strong> bois ou <strong>de</strong> charbon<strong>de</strong> bois. Certaines installations durent ralentir leurproduction et faire venir le bois <strong>de</strong> plus en plusloin, ce qui augmentait le coût du produit. Biensouvent, le minerai était transporté là ou lecombustible était disponible.grands employeurs étaient la mine <strong>de</strong> fer <strong>de</strong> Saint-Georges-d’Hurtières avec 234 mineurs, la mine<strong>de</strong> plomb <strong>de</strong> la Plagne et celle <strong>de</strong> Peisey avec 331mineurs. L’anthracite <strong>de</strong> Tarentaise employait 73mineurs. En 1914, 400 ardoisiers travaillaient dansles exploitations <strong>de</strong> Maurienne. En 1918, les minesd’anthracite <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> employaient 1 007 ouvriers(671 à l’intérieur et 336 au jour). Sur ce total 569étaient <strong>de</strong>s mobilisés sur place. Il y avait aussi 78prisonniers <strong>de</strong> guerre. On peut estimer que cetteannée-là, 1500 travailleurs œuvrèrent dans mineset carrières souterraines. Environ, un foyer sur 50vivait directement <strong>de</strong> l’industrie extractive. En1943, 594 mineurs étaient recensés, toujours en<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s carrières et ardoisières. Les emploisétaient fournis par les mines d’anthracite <strong>de</strong> Tarentaise(462 mineurs). Près <strong>de</strong> la moitié étaient <strong>de</strong>sétrangers, soit un total <strong>de</strong> 254 (espagnols, italiens,nord-africains, polonais, tchèques). Cette population,souvent célibataire, n’était pas toujoursbien acceptée par les savoyards.La documentationHistoriens, archéologues miniers, géologues, naturalisteset minéralogistes s’intéressent à ce milieubientôt condamné. La littérature ancienne et lesarchives départementales permettent d’avoir unecertaine vision. Grâce aux cartes géologiques, ilest possible <strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong>s coordonnées assezfiables pour retrouver les orifices sur le terrain.L’histoire <strong>de</strong>s exploitants <strong>de</strong>s mines est connuepar actes notariés : achats, ventes, investissements,paiement <strong>de</strong>s re<strong>de</strong>vances, procès, salaires, acci<strong>de</strong>nts,compositions du minerai, tonnage, mo<strong>de</strong>s<strong>de</strong> transport, mais la documentation est assezpauvre pour les mines elles-mêmes.Quelques plans concernent le bornage <strong>de</strong> concession,plus rarement l’implantation <strong>de</strong> travauxsouterrains. Les plans n’étaient reproduits qu’enpeu d’exemplaires. Les seuls documents qui ontpu être sauvegardés par les Archives départementalesavaient été remis réglementairement parl’exploitant au Service <strong>de</strong>s Mines. Il était rare queces plans soient à jour lors <strong>de</strong> l’arrêt <strong>de</strong>s travaux.C’est pourquoi le Spéléo Club <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> a entrepris<strong>de</strong> refaire tous les relevés topographiques.Plusieurs dizaines <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> galeries ontainsi été levés. Ce travail méthodique mériteraitd’être achevé avant que toutes les galeries nesoient rendues inaccessibles.Robert DurandPATRIMOINEINDUSTRIELCampagne <strong>de</strong> relevéstopographiques, SpéléoClub <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Boisage dans la mine <strong>de</strong>plomb <strong>de</strong> Roche du Cerfà Bonvillard.Boisage dans la mine<strong>de</strong> plomb du Châteletà Bonvillard.Les mines, une importante industrieutilisatrice <strong>de</strong> main d’œuvreAu XIX e et au début du XX e siècles, les emploisminiers étaient importants en <strong>Savoie</strong>. Entre lesdifférentes sources, une marge d’erreur <strong>de</strong> 20%est à envisager pour établir un bilan statistique.Quelques chiffres : en 1807, 400 ouvriers travaillaientaux mines <strong>de</strong> plomb <strong>de</strong> Peisey. Pourl’année 1859, 757 ouvriers étaient recensés : les9
Patrimoine en <strong>Savoie</strong>Un réseau <strong>de</strong>s muséeset maisons thématiquesD O S S I E RLe Réseau <strong>de</strong>s Musées et Maisons thématiques <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> qui se met enplace en 2004, a pour but <strong>de</strong> favoriser la fréquentation <strong>de</strong>s structuresmuséographiques du département par une ai<strong>de</strong> à la communicationet à la médiation, sous forme d’actions communes ou particulières.Coordonné par la Conservation départementaledu Patrimoine, il regroupeles structures publiques ou privées <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>qui, ayant fait acte <strong>de</strong> candidature, ont reçul’agrément <strong>de</strong> la Commission départementale <strong>de</strong>smuséesCet agrément est basé sur le respect <strong>de</strong> critères<strong>de</strong> qualité:– un intérêt scientifique et pédagogique reconnupar le label « Musée <strong>de</strong> France » ou validé par lecomité scientifique du musée.– une politique <strong>de</strong> communication mise en placepar chaque structure afin <strong>de</strong> promouvoir sesactions, y compris une signalétique claire etvisible pour faciliter l’accès au site.– une politique <strong>de</strong> médiation culturelle soutenuepar une muséographie à la fois interactive etattrayante, <strong>de</strong>s animations renouvelées (expositionstemporaires, ateliers pédagogiques, journée<strong>de</strong>s musées…), <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s à la visite proposantplusieurs niveaux <strong>de</strong> lecture, <strong>de</strong>s documents d’informationsrenvoyant au territoire, <strong>de</strong>s traductionsen langues étrangères.– un accueil <strong>de</strong> qualité avec une large amplitu<strong>de</strong>d’ouverture, la mise à disposition du personnelnécessaire, le respect <strong>de</strong>s normes <strong>de</strong> sécurité etdu confort minimum requis pour les lieux ouvertsau public et un accès pour les handicapés.Il est aussi recommandé <strong>de</strong> mettre à dispositiondu visiteur toutes prestations annexes tels queboutique, vestiaire, point d’eau potable, système<strong>de</strong> paiement par carte…L’adhésion au Réseau acceptée, une charte estsignée entre le gestionnaire du musée et le Départementprécisant les engagements réciproques<strong>de</strong> chacun.La première phase a consisté en un recensement<strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s structures muséales, concrétiséeaujourd’hui par la publication d’un Gui<strong>de</strong><strong>de</strong>s musées et maisons thématiques <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,qu’ils appartiennent ou non au Réseau, à <strong>de</strong>stinationdu plus large public.Dans le cadre du Réseau, la première réalisationest la création d’un « pass-musée » annuel, disponibledès cet été, dans les structures agréées.Le principe en est simple : il est remis avec uneentrée plein tarif et permet ensuite <strong>de</strong> bénéficierd’entrées à tarif réduit. Cette première édition estvalable jusqu’au 31 décembre 2005.Le « pass-musée » est essentiellement à <strong>de</strong>stination<strong>de</strong>s adultes, touristes ou savoyards, qui ne bénéficientd’aucune autre réduction et parfois hésitentà multiplier les visites.La réflexion est d’ores et déjà en cours pourdéfinir les actions qui seront proposées et misesen place en 2005.Françoise BalletMusée <strong>de</strong> l’Ours <strong>de</strong>s cavernes,Entremont-le-Vieux.Taillan<strong>de</strong>rie Busillet, Marthod.Le Grand Filon,St-Georges-d’Hurtières.Muséearchéologique<strong>de</strong> Sollières-Sardières.Musée gallo-romain <strong>de</strong> Chanaz,Les potiers <strong>de</strong> Portout.Musée<strong>de</strong> Conflans.11Maison <strong>de</strong>s Jeuxolympiques d’hiver,Albertville.
D O S S I E RLes bijoux <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong><strong>de</strong> l’Espace Saint-Eloi, Séez-Saint-BernardCroix fleurie,cœur en or.Au cœur <strong>de</strong> Séez,l’Espace Saint-Eloi présentetrois thèmespatrimoniaux :la forge, la bijouteriesavoyar<strong>de</strong> etl’Art baroque.La collection <strong>de</strong>bijoux <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,plus <strong>de</strong> 200joyaux exposés,intègre dans samuséographieun atelier quiprésente l’histoireet les techniquesdu métier.Croix dite à l’As,Haute-Maurienne.Croix ancienne en argent,Peisey-Nancroix.Croix <strong>de</strong> Haute-Maurienne, Bessans.Espace Saint-EloiRue St-Pierre, 73700 Séeztél. 04 79 40 10 38www.seezsaintbernard.comIl y a toujours eu en <strong>Savoie</strong>, d’habiles orfèvresqui travaillaient surtout pour les églises et lanoblesse. Chaque orfèvre possédait un poinçonqui lui était propre dit « poinçon du maître ». Surce poinçon se trouvaient les initiales <strong>de</strong> l’orfèvreet un symbole, son ouvrage terminé l’orfèvreappliquait son poinçon et soumettait la pièce aumaître essayeur qui contrôlait le titre du métalemployé et apposait son propre poinçon qui avaitla forme d’un écusson avec une croix à l’intérieur,le tout surmonté d’une couronne et parfois unelettre en <strong>de</strong>ssous. D’après les archives, il est citéun M. Poncet <strong>de</strong> Flaey, orfèvre à Chambéry en1354-55 puis 1561-1564-1571 mais le plus ancienpoinçon déterminé est celui <strong>de</strong> Pierre Dutruc àChambéry vers 1630, orfèvre puis essayeur.Les bijouxSi la noblesse possédait <strong>de</strong> beaux bijoux, il estvraisemblable que le petit peuple n’en possédaitpas en métal précieux (bois somptuaires d’AmédéeVIII en 1430) et les bijoux que portaient lesfemmes <strong>de</strong>vaient être soit en cuivre, bronze oufer. L’Espace Saint-Eloi possè<strong>de</strong> quelques croixen étain, croix assez larges sur lesquelles ontrouve d’un côté les lettres IHS et <strong>de</strong> l’autre MA.Ces croix semblant assez anciennes mais sanspoinçon, elles ne peuvent pas être datées. Surune rare alliance en argent, se trouve le poinçon<strong>de</strong> Pierre François Dupuis, orfèvre à Chambéry(1707-1751). Il a réalisé <strong>de</strong>s pièces d’orfèvreriepour l’église <strong>de</strong> Valezan. Toujours dans les piècesanciennes à signaler, <strong>de</strong>ux bagues en argent avecles lettres IHS et une croix en argent trouvée àPeisey Nancroix.Du XVIII e siècle, une croix bosse en or très légèreavec un cœur vers 1798, une croix grille enargent, Christ d’un côté et une Vierge <strong>de</strong> l’autre,plusieurs petites croix simples en argent, unepaire <strong>de</strong> créoles <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> en or, époque I erEmpire.En 1798, la I ère République va organiser le contrôle<strong>de</strong>s métaux précieux par l’État, le poinçon <strong>de</strong>maître aura la forme d’un losange <strong>de</strong> petite tailletoujours avec les initiales et un symbole. Lepoinçon <strong>de</strong> maître sera insculpé sur une plaque<strong>de</strong> laiton conservé dans les préfectures ou lesbureaux <strong>de</strong> la garantie. Le poinçon d’Etat <strong>de</strong> cetteépoque est la tête <strong>de</strong> coq pour l’or. Les plaquesd’insculpation <strong>de</strong>s poinçons <strong>de</strong> maître vontfournir tous les renseignements nécessaires. C’estainsi que <strong>de</strong> 1800 à 1920 on a pu recenser 111bijoutiers en <strong>Savoie</strong> et Haute <strong>Savoie</strong> (Archivesdépartementales <strong>de</strong> Chambéry et Hôtel <strong>de</strong> laMonnaie à Paris)En 1815, lors <strong>de</strong> la Restauration sar<strong>de</strong>, cette organisationsera maintenue. À côté du poinçon <strong>de</strong>maître, nous aurons le poinçon d’État qui est latête d’aigle tournée à gauche et le poinçon soleildu bureau <strong>de</strong> Chambéry. C’est vers 1820 que lesbijoux <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> vont se répandre dans lescampagnes et <strong>de</strong>venir ces somptueux objets <strong>de</strong>parure que nous connaissons. Les plus beaux sontincontestablement les magnifiques croix en or <strong>de</strong>Haute-Maurienne, croix à pointes <strong>de</strong> diamant,croix à l’as toutes fabriquées dans la province duTessin et plus tard les croix à chaînes. Les croixgrilles proviennent <strong>de</strong> la région chambérienne et<strong>de</strong> Basse-Maurienne en or et argent, les gran<strong>de</strong>scroix en argent <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong>s Villards, les croixà pen<strong>de</strong>loques du Beaufortain, certaines <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s dimensions, sont finement gravées.Les croix plates et croix Jeannettes caractérisent laTarentaise, certaines avec émaux <strong>de</strong> couleur.Toutes ces croix étaient surmontées du cœur oud’un nœud et se portaient sur un ruban brodé ouun collier tressé en perles. Sans oublier les bagueset les boucles d’oreilles finement décorées etgravées.En 1860, lors <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> Annexion <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>à la France, seuls les poinçons changent : la tête<strong>de</strong> cheval tournée à droite sera le poinçon <strong>de</strong> l’or.Plus tard vont apparaître les croix bâtons ou croixtube terminées par une boule en or. Ces croixvont permettre un renouveau du bijou savoyardgrâce à une famille <strong>de</strong> grands bijoutiers grenoblois: la famille SAINSON qui va fabriquer presquetous les bijoux pour la <strong>Savoie</strong> <strong>de</strong> 1890 à 1955.C’est ainsi que nous allons voir apparaître cesextraordinaires croix bâtons fleuries décorées d’or<strong>de</strong> différentes couleurs et gravées. Il en existeplusieurs centaines. Toutes ont un <strong>de</strong>ssin différentet une exécution parfaite, même chose pourles cœurs, les boucles d’oreilles, les bagues etaprès 1900 les broches, enfin les larges braceletsrigi<strong>de</strong>s décorés <strong>de</strong> fleurs d’or <strong>de</strong> couleur et <strong>de</strong>perles. Les croix seront portées sur <strong>de</strong>s chaînesen or fabriquées mécaniquement. Les poinçons<strong>de</strong> la famille SAINSON sont pour les pièces les plusanciennes un losange en hauteur avec les lettresSM et un chamois puis un losange horizontal avecles lettres GS et un chamois.De nos jours, les bijoux <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> sont toujoursfabriqués par d’habiles artisans dans la gran<strong>de</strong>tradition <strong>de</strong>s orfèvres du XVIII e siècle. Les croixet les bagues ont été mo<strong>de</strong>rnisées par l’utilisation<strong>de</strong> pierres précieuses pour en agrémenter le décortout en gardant l’esprit dans lequel tous ces bijouxétaient fabriqués.Jean DelavestBoucles d’oreille, créoles <strong>de</strong> Tarentaise.12
A Saint-Maurice-<strong>de</strong>-RotherensLe Radio-Musée Gallettiun pionnier méconnu <strong>de</strong> la TSFD O S S I E RAl’heure où la rapidité <strong>de</strong>s communicationsdonne le vertige, une penséed’Ernest Renan nous renvoie avec sagesse à uneépoque où communiquer à distance n’était qu’unrêve : « Les vrais hommes <strong>de</strong> progrès sont ceux quiont pour point <strong>de</strong> départ un respect profond duPassé….. Tout ce que nous faisons, tout ce quenous sommes est l’aboutissement d’un travailséculaire. » Roberto Clemens Galletti <strong>de</strong> Cadilhac,né à San Venanzo, le 29 décembre 1879, a grandiavec ce rêve humaniste et a œuvré en pionnier<strong>de</strong> la télégraphie sans fil. Cet ingénieur italienobtint, dès 1906, <strong>de</strong>s brevets en Italie, en Angleterre,puis travailla en France avec le Ministère<strong>de</strong>s Postes et Télégraphes. En 1909, il construisitune station à Villeurbanne et réussit à joindre lesstations <strong>de</strong>s-Saintes-Maries-<strong>de</strong>-la-Mer et <strong>de</strong> Fort<strong>de</strong>-l’Eauen Algérie. Son but était la liaison transatlantique: en 1912-1913, il construisit en <strong>Savoie</strong>,avec sa société anglaise, une puissante station àChampagneux, au hameau <strong>de</strong> Leschaux, et fixason antenne colossale <strong>de</strong> 10 km à Saint-Maurice<strong>de</strong>-Rotherensfinancée par le Ministère <strong>de</strong>s Posteset Télégraphes. Durant l’hiver 1913-1914, la stationparvient à joindre Lausanne, l’Angleterre etTuckerton dans le New-Jersey en Amérique. Ilbrouilla les émissions <strong>de</strong> la station Marconi <strong>de</strong>Clif<strong>de</strong>n en Irlan<strong>de</strong> qui émettait sur Glace Bay auCanada. Une Convention débattue à la Chambre<strong>de</strong>s Députés, le 18 Mars 1914, permit au Ministère<strong>de</strong>s Postes et Télégraphes d’acquérir le Poste<strong>de</strong> Leschaux. Au printemps 1914, il ne l’avait toujourspas acheté. Galletti <strong>de</strong>manda sans succèsau Prési<strong>de</strong>nt Poincaré <strong>de</strong> visiter sa station.Le 9 août 1914, un arrêté du Ministère <strong>de</strong> LaGuerre chargeait le lieutenant-colonel Gustave-Auguste Ferrié – créateur <strong>de</strong> la station <strong>de</strong> TSF <strong>de</strong>la Tour Eiffel – <strong>de</strong> toutes les questions relatives àla télégraphie militaire. Au début <strong>de</strong> la guerre,Galletti, après <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> prolongement <strong>de</strong>son antenne, avait proposé au Ministre <strong>de</strong>s Posteset Télégraphes « d’effectuer les transmissions <strong>de</strong>sdépêches <strong>de</strong> la France en Russie avec une puissancemultiple <strong>de</strong> la Tour Eiffel… alors que laTour Eiffel se dédie sans autre souci à la réception».Malgré l’opposition du <strong>Général</strong> Prost <strong>de</strong> la Subdivision<strong>de</strong> Chambéry et du Préfet <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, leCapitaine Garnache du service <strong>de</strong> la Tour Eiffelse présenta, le 29 août, pour démolir la station <strong>de</strong>Leschaux. Il remarqua son importance et seprononça pour la continuation <strong>de</strong>s travaux, àcharge pour Galletti « d’assurer la réception <strong>de</strong>ssignaux russes ». Malgré tout, le démantèlement<strong>de</strong> la station par le Ministère <strong>de</strong> la Marine commençaen septembre 1914. L’armée réquisitionnasans précaution son matériel transporté àBor<strong>de</strong>aux. Des scellés furent posés ; la station futgardée pendant toute la durée <strong>de</strong> la guerre. L’Italiene rejoignit, en effet, la Triple Entente qu’en 1915.Le 5 février 1915, dans une lettre au Députéd’Iriart d’Etcheparre, Galletti expliquait ce qu’ilestimait être « un crime <strong>de</strong> lèse-patrie ».En 1920, le matériel <strong>de</strong> la station <strong>de</strong> Leschaux futrestitué. Après une instance contre les Ministères<strong>de</strong> la Guerre et <strong>de</strong> la Marine, le Tribunal <strong>de</strong> laSeine se déclara incompétent. En 1922, le Tribunal<strong>de</strong> Chambéry constata que le matériel était horsd’usage. Le 18 janvier 1923, une expertise précisait: « Contrairement à ce que pourrait fairecroire l’inventaire très incomplet dressé le 31 août1914… la station <strong>de</strong> Leschaux … représentait unposte <strong>de</strong> T.S.F. <strong>de</strong> tout premier ordre très bienconçu et outillé, disposé pour jouer un rôle actifdans le domaine <strong>de</strong>s transmissions télégraphiquesà gran<strong>de</strong> distance tant au point <strong>de</strong> vue commercialqu’au point <strong>de</strong> vue avancement <strong>de</strong> lascience…Des résultats nouveaux et remarquables<strong>de</strong> transmission à très gran<strong>de</strong> distance avaientété obtenus expérimentalement avant guerre parla mise en œuvre <strong>de</strong> ce poste dont une <strong>de</strong>s caractéristiquesétait son prix d’établissement relativementréduit ». La <strong>de</strong>rnière offre <strong>de</strong> l’État fut <strong>de</strong>180 000 francs alors qu’il fallait 80 millions pourun Poste <strong>de</strong> TSF. La Compagnie Galletti futdissoute volontairement le 10 novembre 1925.Galletti, très éprouvé, continua ses travaux scientifiques.De 1928 à 1931, avec la Firme Ferranti àManchester, il inventa le « radio transmetteur àfaisceau », dispositif d’avant-gar<strong>de</strong>, qui trouva sonapplication immédiate dans le radioguidage <strong>de</strong>savions. Il fit notamment <strong>de</strong>s essais en vol, en juillet1931, sur un Fokker entre Manchester et Bristol.Suite à <strong>de</strong>s difficultés à la Ferranti, Galletti sepréparait à réaliser ses expériences au Bourget,près <strong>de</strong> Paris, quand il décéda subitement danssa maison <strong>de</strong> Murs, le 18 août 1932, laissant safemme Anna et la fille <strong>de</strong> sa femme Germaine <strong>de</strong>Messimy dans une situation financière très difficile.Joëlle Perrier-GustinA l’originedu Radio-MuséeDes recherches ont étémenées <strong>de</strong>puis 1969.En 1973, les archivesfamiliales confiées parGladys Muzzarelli,nièce du pionnier àl’associationRencontres et Loisirs età la commune <strong>de</strong> Saint-Maurice-<strong>de</strong>-Rotherens,sont sauvegardées dansl’ancien presbytère.Une stèle offerte par leclub Histoire et CollectionRadio est installéesur le site <strong>de</strong>s Fils en1988. En 1995, la réalisationdu Radio-Musées’engage à Saint-Maurice-<strong>de</strong>-Rotherens.Le Musée présenteaujourd’hui une vidéosur la vie et l’œuvre <strong>de</strong>Galletti, une collectiond’anciens postesradiophoniques, <strong>de</strong>téléphones, d’afficheset <strong>de</strong> documents surl’histoire <strong>de</strong>s radiocommunications.Radio-Musée GallettiAncien presbytère73240 Saint-Maurice<strong>de</strong>-Rotherenstél. 04 76 31 76 38fax 04 76 31 72 2913
D O S S I E RMusée régional<strong>de</strong> la vigne et du vinAu cœur <strong>de</strong> l’espace viticole savoyard, installé dans une ancienne<strong>de</strong>meure du XVII e siècle caractéristique <strong>de</strong> l’habitat vigneron, le MuséeRégional <strong>de</strong> la Vigne et du Vin, musée municipal <strong>de</strong> Montmélian,a ouvert ses portes en juin 1999.Musée Régional<strong>de</strong> la Vigne et du Vin46 rue duDocteur Veyrat73800 MontmélianTél. fax 04 79 84 42 23mairie@montmelian.comPressoir daté <strong>de</strong> 1796,collectionsdépartementales.En lien avec la profession et les associations,un projet <strong>de</strong> musée <strong>de</strong>venait enfinréalité. Projet commun : celui <strong>de</strong> nombreux bénévolesqui ont assuré la collecte et la restauration<strong>de</strong>s outils ; celui <strong>de</strong> la Ville <strong>de</strong> Montmélian qui,par son engagement, offrait à ce patrimoine unlieu unique dans la région où un travail <strong>de</strong> préservation,<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> valorisation pouvaitcommencer.Ce musée concerne toute la zone dite <strong>de</strong>s Vins<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, qui couvre les <strong>de</strong>ux départementssavoyards ainsi qu’une partie <strong>de</strong> l’Isère et <strong>de</strong> l’Ain.L’histoire <strong>de</strong> la viticulture savoyar<strong>de</strong> commenceavec les Allobroges, il y a plus <strong>de</strong> 2000 ans.Pendant longtemps, les gestes et les techniquessont restés immuables. C’est au XIX e siècle queces pratiques sont bouleversées profondémentpar les fléaux – phylloxéra, mildiou, oïdium – quis’abattent sur la vigne. Depuis la profession nefait que s’adapter et s’améliorer au rythme imposépar la mo<strong>de</strong>rnité. Ainsi, en 1973, les vins <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> obtiennent l’A.O.C. (Appellation d’OrigineContrôlée), témoin <strong>de</strong> leur qualité.Au cours d’un parcours didactique, <strong>de</strong>s collectionsexceptionnelles d’outillages, machines, pressoirs,cuves, tonneaux, photographies permettent<strong>de</strong> voir et comprendre les profon<strong>de</strong>s mutations<strong>de</strong> la viticulture savoyar<strong>de</strong> opérées <strong>de</strong>puis<strong>de</strong>ux siècles.Elles montrent aussi le passage progressif du boisau métal (<strong>de</strong>s pressoirs du XVIII e siècle au premierpressoir électrique), ainsi que la mécanisation <strong>de</strong>l’outillage (du travail à la main avec la houe autracteur-enjambeur).Le musée a été pensé comme un médiateur pourappréhen<strong>de</strong>r ces transformations <strong>de</strong> la sociétéviticole savoyar<strong>de</strong> et comme un conservatoire <strong>de</strong>sgestes et techniques qui ont mo<strong>de</strong>lé le paysage.La collection du muséeCette collection rassemble <strong>de</strong>s outils et objetsprovenant essentiellement <strong>de</strong> dons <strong>de</strong> particuliers.La plupart d’entre eux sont originaires <strong>de</strong> laCombe <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, dont les coteaux forment une<strong>de</strong>s zones viticoles les plus anciennes et les plustypiques <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. La collecte principale a étéréalisée par <strong>de</strong>s bénévoles au cours <strong>de</strong>s années1980-1990. Fin 2003, 614 objets sont inventoriés,dont 119 collectés <strong>de</strong>puis 1998. Le Musée Savoisien(Chambéry), en 1998, met en dépôt <strong>de</strong>uxpressoirs du XVIII e siècle, dont un remarquablepressoir « à levier » provenant <strong>de</strong>s collectionsdépartementales. De nombreux dons <strong>de</strong> particuliersviennent encore régulièrement enrichir cettecollection unique en <strong>Savoie</strong>.Une partie <strong>de</strong> ces pièces est spécifique aux zones<strong>de</strong> vignobles <strong>de</strong> montagne : outres en peaux,barra, barils, ne se retrouvent qu’en Val d’Aoste(Italie) ou dans le Valais (Suisse).La collection <strong>de</strong> photographies <strong>de</strong> Roger Girel,présentes dans chacune <strong>de</strong>s salles, permet <strong>de</strong> faireen permanence le lien avec le travail <strong>de</strong> la vigneà la fin du XX e siècle.Des pièces administratives et juridiques (édit,décret, affiches, …) – reproductions <strong>de</strong> documentsoriginaux conservés aux Archives départementales<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> – nous permettent <strong>de</strong> percevoirl’importance <strong>de</strong> la réglementation qui s’imposeau mon<strong>de</strong> viticole <strong>de</strong>puis toujours.La visite du MuséeLe Musée Régional <strong>de</strong> la Vigne et du Vin comprendun espace d’exposition permanente <strong>de</strong> 1000 m 2répartis entre la grange, le sous-sol, les caves, lerez-<strong>de</strong>-chaussée et <strong>de</strong>ux étages <strong>de</strong> l’anciennemaison d’habitation. Le troisième étage accueilleles animations et les expositions temporaires.La visite débute au premier étage par une introductionà la viticulture savoyar<strong>de</strong>. L’histoire, lagéographie, les conditions naturelles, la variété<strong>de</strong>s cépages sont commentés à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> cartes,photographies et panneaux. Dans le cadre d’une14
visite <strong>de</strong> groupe, un diaporama complète cetteintroduction.Le premier étage est aussi consacré aux techniquesviticoles (taille, mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> conduite, greffage…)et aux traitements contre les maladies etparasites.Au <strong>de</strong>uxième étage, le travail du tonnelier, métierfortement associé à l’activité du vigneron, estprésenté par la reconstitution d’un atelier. Un petitespace annexe permet d’exposer <strong>de</strong>s affichesréglementant le commerce et la vente <strong>de</strong> vin(XVI e -XIX e siècles).La visite se poursuit <strong>de</strong> l’autre côté <strong>de</strong> la cour oùsont plantés quelques pieds <strong>de</strong>s cépages traditionnelssavoyards. Dans la grange, grâce auxnombreux pressoirs (XVIII e - XX e siècles) et auxcuves, sont évoqués la transformation du raisinen vin et les différents procédés <strong>de</strong> vinification.Au sous-sol, la vendange est illustrée par <strong>de</strong>sphotographies anciennes et contemporaines, lematériel et les moyens <strong>de</strong> transport adaptés auxpetits sentiers <strong>de</strong> montagne. Dans une petite caveannexe, est installée une collection <strong>de</strong> pompesanciennes (XIX e - début XX e siècle) qui permettaient<strong>de</strong> transvaser le vin dans les cuves et tonneaux.Le visiteur peut se diriger ensuite vers les caveset y découvrir à travers une série <strong>de</strong> tonneaux(muids, <strong>de</strong>mi-muids, foudres…) et autres bonbonnes,la conservation du vin.Enfin, la collection <strong>de</strong> bouteilles en verre soufflé,pichets, carafes, gour<strong>de</strong>s en bois (argenterie <strong>de</strong>sBauges), taste-vins et verres achèvent le parcoursdu visiteur.Les animations du MuséeLe musée propose <strong>de</strong>s visites guidées pour lesgroupes et les particuliers, ainsi que pour lesenfants dans le cadre scolaire. Des visites thématiqueset/ou adaptées ont été mises en place,notamment pour les publics empêchés (handicapés,mal-voyants ou non-voyants…).Des expositions temporaires se tiennent chaqueété, du 1 er juillet au 30 septembre. Cette année, lemusée accueille l’exposition L’amphore et lepichet, une histoire du vin <strong>de</strong> l’antiquité à nosjours, créée par la Maison du Pays d’art et d’histoire<strong>de</strong>s Trois Vals – Lac <strong>de</strong> Paladru (38), et enrichiepar quelques pièces <strong>de</strong>s collections duMusée Dauphinois et du Musée Gallo-romaind’Aoste (amphores, cruches, pichets, lagènes…).Le Musée se veut un lieu <strong>de</strong> médiation culturelle,il organise ainsi, <strong>de</strong>puis peu, <strong>de</strong>s soirées thématiques.Dans ce cadre, le musée a présenté unelecture-spectacle, parcours littéraire sur le vin, <strong>de</strong>Rabelais à Sabatier en passant par Molière etGiono.Le musée propose aussi <strong>de</strong> découvrir l’ancienduché <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> à travers ses vins au cours <strong>de</strong>dégustations animées chaque fois par un œnologue.La première soirée, en novembre 2003, apermis la (re)découverte <strong>de</strong> certains vins <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> à travers <strong>de</strong>s cépages rares tels queVer<strong>de</strong>sse et Mon<strong>de</strong>use blanche. La <strong>de</strong>uxième, enavril <strong>de</strong>rnier, présentait les vins du Valais suisse.Avec les vins du canton <strong>de</strong> Vaud et du Val d’Aostes’achèvera ce « cycle œnologique », première étapesur le chemin du patrimoine vinicole alpin.Françoise VaisseD O S S I E REn haut,baril et entonnoir.En bas,charrue arracheuse<strong>de</strong> plants <strong>de</strong> vigne,fin du XIX e - début duXX e siècle.Pressoir à levier,XVIII e siècle, collectionsdépartementales.Un fonds documentaireLe musée a réalisé, en partenariat avec la MédiathèqueVictor Hugo <strong>de</strong> Montmélian, un fondsdocumentaire historique et scientifique sur lavigne et le vin <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et plus généralement enFrance et dans le mon<strong>de</strong>. Ainsi, la médiathèquedispose <strong>de</strong>puis l’an 2000 d’une collection pluridisciplinaired’environ 90 ouvrages. Le fondsdocumentaire propre au musée rassemble uneimportante documentation sur les collections dumusée : inventaire, étu<strong>de</strong>s thématiques sur lesobjets et sur les séries d’objets ; une bibliographieà la fois générale et locale sur le sujet ; quelqueslivres et revues spécialisés. Ces fonds sont à ladisposition <strong>de</strong>s amateurs et <strong>de</strong>s professionnelsdésirant compléter leur savoir dans les domaines<strong>de</strong> la vigne et du vin (aspects historiques et juridiques,œnologie, maladies, traitements, terroir…).15
D O S S I E RLe musée lapidaireBasilique Saint-Martin, AimeMusée lapidaireBasilique Saint-MartinS.I. BP 5573212 Aime Ce<strong>de</strong>xtél. 04 79 55 67 00fax 04 79 55 60 01si@aimesavoie.comLa basilique Saint-Martin d’Aime est un monumentcaractéristique du premier art roman en<strong>Savoie</strong>. Cette église priorale a été édifiée par <strong>de</strong>s maîtresd’œuvre d’origine lombar<strong>de</strong> vers 1010-1020 et relevaitavant 1216 <strong>de</strong> l’abbaye bénédictine <strong>de</strong> Saint-Michel<strong>de</strong>-la-Cluseen Val <strong>de</strong> Suse (Sacra di San Michele).Sur la base d’un édifice antique <strong>de</strong> l’ancienne Axima,l’église romane a succédé à une église paléochrétiennefunéraire dont il subsiste l’absi<strong>de</strong> en sous-sol ; lesremplois <strong>de</strong> maçonnerie sont nombreux. Son aspectrépond aux types architecturaux piémontais et provençauxaux origines <strong>de</strong> l’art roman régional. Des vestiges<strong>de</strong> peintures murales romanes (fin du XI e - début duXII e siècles) ornent le chœur et les piédroits <strong>de</strong> l’arctriomphal. Vendu comme bien national à la Révolution,l’église délabrée a été fouillée en 1865-1868 parl’architecte et archéologue Etienne-Louis Borrel (1822-1906), avant d’être acquise par l’Académie <strong>de</strong> la Vald’Isère en 1865 puis classée Monument historique « parliste <strong>de</strong> 1875 ». L’Etat en est <strong>de</strong>venu propriétaire en 1885.Les premières restaurations remontent à 1905. Plusrécemment, un programme <strong>de</strong> réhabilitation a été entreprisdans les années 1988-1991 par l’Etat sous la maîtrised’Alain Tillier, Architecte en chef <strong>de</strong>s Monuments historiques.Un parcours muséographique présente l’édificequi abrite désormais un musée lapidaire et unespace d’exposition temporaire.Philippe RaffaelliImp(eratori) Caesar[i],diui Nerua[e f(ilio)],Neruae Traia[no]Aug(usto), Germ(anico), Dacico,pontifici max(imo),tribunic(ia) potest(ate)XII, imp(eratori) VI, co(n)s(uli) V, p(atri) p(atriae),<strong>de</strong>uictis Dacis,Foro Claud(ienses), publ(ice).Le musée lapidaire rassemble la plupart <strong>de</strong>s rares inscriptions découvertesà Forum Claudii Ceutronum (Axima, Aime), l’antique capitale<strong>de</strong> la province <strong>de</strong>s Alpes graies, Bourg-Saint-Maurice et Moûtiers. La collectioncompte une quarantaine <strong>de</strong> pierres qui sont <strong>de</strong>s témoignages directs <strong>de</strong>la civilisation gallo-romaine : dédicaces aux dieux (Axima, Mars, Mercure, Silvain)par <strong>de</strong>s particuliers, <strong>de</strong>s soldats et même un gouverneur ; épitaphes d’ungouverneur, d’un soldat, d’un esclave impérial, d’un jeune garçon qui faisaitses étu<strong>de</strong>s en Valais… Mais l’originalité <strong>de</strong>s inscriptions d’Aime tient au nombreélevé <strong>de</strong> textes (une vingtaine) qui, pendant tout l’Empire, ont été gravés enl’honneur <strong>de</strong>s empereurs à l’initiative <strong>de</strong>s habitants. Un tel pourcentage inciteà penser qu’en Tarentaise l’épigraphie sur pierre était avant tout un phénomèneofficiel qui a assez peu touché les populations locales. C’est surprenantdans cette région <strong>de</strong> passage, aussi faut-il penser qu’un certain nombre <strong>de</strong>textes ont été peints ou écrits sur <strong>de</strong>s supports périssables (bois, revêtementsmuraux...) qui ne nous sont pas parvenus. Ce sont <strong>de</strong>s témoignages officielsdu loyalisme <strong>de</strong>s notables et <strong>de</strong> leur volonté <strong>de</strong> flatter l’empereur pour attirersa bienveillance. Bornons-nous à un exemple daté <strong>de</strong> 108 : la commémoration<strong>de</strong> la victoire <strong>de</strong> Trajan sur les Daces :« À l’empereur César Nerva Trajan Auguste, fils du divin Nerva, vainqueur <strong>de</strong>sGermains, vainqueur <strong>de</strong>s Daces, grand pontife, dans sa douzième puissancetribunicienne, dans sa sixième salutation impériale, consul cinq fois, père <strong>de</strong>la patrie, à l’occasion <strong>de</strong> sa victoire sur les Daces, les habitants <strong>de</strong> ForumClaudii, à frais publics.»Bernard RémyPour en savoir plus : B. Rémy, Inscriptions Latines <strong>de</strong>s Alpes (ILAlpes).I. Alpes Graies, Chambéry-Grenoble, 1998.16
La galerie Eurêkacentre <strong>de</strong> culture scientifique,technique et industriellePATRIMOINEComment ignorer que science et technologieinfluent sur nos mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie,mais aussi sur nos systèmes <strong>de</strong> valeurs ?Comment ignorer que les enjeux <strong>de</strong> la démocratiepassent par une compréhension minimale, maispartagée et débattue, <strong>de</strong>s acquis scientifiques, <strong>de</strong>schoix technologiques et industriels et <strong>de</strong> leursconséquences ?Comment ignorer la désaffection croissante <strong>de</strong>sjeunes pour les filières <strong>de</strong>s formations scientifiqueset technologiques avec ses conséquencessur le plan <strong>de</strong> l’orientation qui pourraient à lalongue compromettre la relève professionnelledans ces secteurs d’activité ?Face à cette situation, les partenaires – État,<strong>Conseil</strong> régional, Réseau <strong>de</strong>s huit villes / centresd’agglomération, Département <strong>de</strong> la Drôme –réalisent à travers le territoire rhônalpin une mobilisation<strong>de</strong>s acteurs et <strong>de</strong>s moyens pour construireune politique concertée permettant une véritablesynergie et une réponse pertinente aux besoins.Dans cette perspective, les Centres <strong>de</strong> CultureScientifique, Technique et Industrielle (CCSTI),structures importantes dont certaines villes disposentdéjà, constituent <strong>de</strong>s points d’appui soli<strong>de</strong>s,au bénéfice <strong>de</strong>s zones à forte <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> population,mais également en direction <strong>de</strong> l’ensembledu territoire régional, zones rurales comprises.La Galerie Eurêka, Centre <strong>de</strong> Culture scientifique,Technique et Industrielle (CCSTI) est un service<strong>de</strong> la mairie <strong>de</strong> Chambéry. Ce centre, inauguré le4 décembre 1995 par Hubert Curien, labellisé parle Ministère délégué à la Recherche et auxNouvelles Technologies, est actuellement le seulCCSTI <strong>de</strong> Rhône Alpes à disposer d’un espacemuséographique permanent. Il a pour mission :• <strong>de</strong> développer sur Chambéry, son agglomérationet au-<strong>de</strong>là sur la <strong>Savoie</strong>, une offre <strong>de</strong> culturescientifique technique et industrielle, tout en favorisantles échanges entre scientifiques et grandpublic au moyen <strong>de</strong> supports divers (expositionspermanentes et temporaires, création et productiond’outils <strong>de</strong> médiation et <strong>de</strong> vulgarisation,animations, conférences, événements divers),• <strong>de</strong> travailler en partenariat avec le mon<strong>de</strong>éducatif à la redynamisation <strong>de</strong> l’enseignement<strong>de</strong>s sciences en milieu scolaire,• <strong>de</strong> travailler en partenariat avec la RégionRhône-Alpes, la Délégation Régionale à laRecherche et à la Technologie, le Ministère <strong>de</strong> laRecherche, à la mise en place en réseau d’uneoffre <strong>de</strong> culture scientifique <strong>de</strong> niveau régional.La Galerie Eurêka propose sur près <strong>de</strong> 1500 m 2 :• un espace muséographique permanent proposant,avec 14 entrées thématiques différentes,une lecture diversifiée du milieu montagnard (laformation <strong>de</strong>s montagnes, la faune et la flore, laneige, l’hydroélectricité, la glaciologie, les risquestorrentiels etc…) avec <strong>de</strong>s expériences interactives,<strong>de</strong>s maquettes, <strong>de</strong>s jeux et <strong>de</strong>s films ;• <strong>de</strong>s expositions temporaires (actuellementMachines à communiquer);• un espace Science Actualités réalisé en partenariatavec la Cité <strong>de</strong>s Sciences et <strong>de</strong> l’Industrie;• un espace multimédia pour faire ses premierspas sur Internet avec un animateur pour vousgui<strong>de</strong>r.Le CCSTI organise aussi <strong>de</strong>s manifestations diversestelles que la Fête <strong>de</strong> la science, les Entretiens d’Eurêka,et participe à l’organisation <strong>de</strong>s CafésSciences et Citoyens <strong>de</strong> Chambéry.Rhône-Alpes est aujourd’hui la région françaisela mieux dotée en CCSTI et ces <strong>de</strong>rniers, forts <strong>de</strong>leurs expériences <strong>de</strong> travail en commun, sont àmême <strong>de</strong> constituer l’armature principale d’unréseau exemplaire <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> laculture scientifique et technique.Ces structures aujourd’hui implantées à Grenoble,Chambéry, Saint Etienne, Lyon et Saint-Vallieront <strong>de</strong>puis plusieurs années résolu, en partenariatavec la Délégation Régionale à la Rechercheet à la Technologie (Ministère <strong>de</strong> la Recherche)et la Région Rhône-Alpes, d’agir en concertationet coopération, afin d’assurer progressivement unservice culturel <strong>de</strong> plus en plus efficace au planrégional en direction <strong>de</strong>s différents publics.Hubert JeanninSCIENTIFIQUELe développement<strong>de</strong> la culturescientifique,technique etindustrielleconstitueaujourd’hui unvéritable enjeusocial dans lamesure oùl’accès <strong>de</strong> tous àl’information surles évolutionsscientifiques,techniques etindustrielles <strong>de</strong>notre sociétés’impose plus quejamais commeune <strong>de</strong>s tâchesculturelles etcitoyennesprioritaires.Galerie EurêkaBP 1105730011 Chambéry ce<strong>de</strong>x04 79 60 04 25(accès par la médiathèqueJean-Jacques Rousseau)17
ANTIQUITÉSL’épitaphe retrouvéed’un grand propriétaire foncier <strong>de</strong> la Combe<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> : Titus Pompeius AlbinusFragment A (protectionMonument historiqueen cours).Dans la secon<strong>de</strong> moitié du XVI e siècle,un grand érudit savoyard, Philibert <strong>de</strong>Pingon (1525-1582), baron <strong>de</strong> Cusy et référendaireà la cour d’Emmanuel-Philibert, a découvert,dans le château <strong>de</strong> Montmélian une stèle <strong>de</strong>marbre gris, avec un fronton triangulaire mouluré,décoré d’une rosace et d’un croissant <strong>de</strong>lune, où était gravée l’épitaphe <strong>de</strong> Titus PompeiusAlbinus. Passionné d’inscriptions antiques,il a copié le texte suivant :T(ito) Pompeio, T(iti) f(ilio), Tromentina,Albino,tribuno mil(itum) leg(ionis) VIVictric(is), subproc(uratori)prouinc(iae) Lusitaniae,II u(iro) i(ure) d(icundo) col(oniae) Iul(iae)Aug(ustae) Flor(entiae) V(iennensium).Pompeia, T(iti) fil(ia), Sextina« À Titus Pompeius Albinus, fils <strong>de</strong> Titus, (<strong>de</strong> latribu) Tromentina, tribun <strong>de</strong>s soldats <strong>de</strong> lasixième légion Victorieuse, sous-procurateur <strong>de</strong>la province <strong>de</strong> Lusitanie, duumvir chargé <strong>de</strong> direle droit <strong>de</strong> la colonie Iulia Augusta Florentia <strong>de</strong>Vienne. Pompeia Sextina, fille <strong>de</strong> Titus, (a élevéce cénotaphe) ».À une date indéterminée, le monument a étébrisé en vue d’un remploi. Plusieurs fragmentsont disparu. Deux ont été retrouvés : le fragmentA (40 x 37 x 21 cm) en 2002, dans leCrêt, un ruisseau qui passe aux Mollettes.Il est conservé à la mairie. Le fragmentB (44 x 44 x 25 cm) vers 1930, à Coise-Saint-Jean-Pied-Gauthier. Il est déposédans la cour <strong>de</strong> l’école. Ces redécouvertesconfirment la lecture <strong>de</strong> Pingon.Titus Pompeius Albinus portait ladénomination très complète <strong>de</strong>scitoyens romains : un prénom (Titus),un gentilice ou nom <strong>de</strong> famille (Pompeius)et un surnom (Albinus), suivis duprénom <strong>de</strong> son père et <strong>de</strong> l’indication <strong>de</strong>sa tribu (circonscription électorale <strong>de</strong> Rome). Trèsnormalement, sa fille portait le nom <strong>de</strong> son père(au féminin) et un surnom (Sextina), car lesfemmes n’avaient pas <strong>de</strong> prénom. L’absenced’épouse laisse à penser que le défunt était veuf.Albinus <strong>de</strong>scendait probablement d’une familled’émigrés italiens (installés au Ier siècle av. J.-C.),puisque la tribu Tromentina se rencontre seulementen Italie. Quoi qu’il en soit, Albinus étaitbien un habitant <strong>de</strong> la cité <strong>de</strong> Vienne (les anciensAllobroges), où il a obtenu plusieurs fonctionsélectives avant <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir duumvir (maire avecun collègue). Puis l’empereur lui a fait l’honneurtrès recherché <strong>de</strong> le recruter comme « haut fonctionnaire» dans le second ordre <strong>de</strong> l’État. Albinusétait donc un homme riche, puisqu’il fallaitpossé<strong>de</strong>r une fortune d’au moins 400 000 sesterces(euros) pour prétendre accé<strong>de</strong>r à l’ordreéquestre. D’abord tribun angusticlave d’une légionstationnée dans le nord-ouest <strong>de</strong> l’Espagne(adjoint du légat, chef <strong>de</strong> corps), il fut ensuitesous-procurateur (administrateur financier) <strong>de</strong> laprovince <strong>de</strong> Lusitanie (Portugal), sous les ordres<strong>de</strong> Titus Decidius Domitianus, qui pourrait êtrelui aussi un Viennois d’origine italienne. Il estmort en charge à Mérida, à la fin du règne <strong>de</strong>Néron (54-68) et il a été enterré sur place. Le texte<strong>de</strong> Montmélian a donc été gravé sur le cénotaphequi lui avait été élevé sur le domaine (sans douteimposant) qu’il possédait dans la Combe <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Le nom du village d’Arbin pourrait venirdu nom Albinus qui pourrait avoir été le propriétaire<strong>de</strong> la uilla <strong>de</strong> Méran<strong>de</strong>.La rosace, antique emblème solaire, et le croissant<strong>de</strong> lune décorant le fronton <strong>de</strong> la stèle,étaient <strong>de</strong>ux symboles exprimant l’espoir d’unesurvie dans l’au-<strong>de</strong>là céleste et l’attente d’uneimmortalité astrale.Bernard RémyFragment B.Objet mobilier classéMonument historiqueArrêté du 8 août 1978.Croquis <strong>de</strong> Philibert<strong>de</strong> Pingon, manuscritdu XVI e siècle, fondsPingon, f° 155 et 224in 4°, Archivio di Statodi Torino.18
Le château <strong>de</strong> ClermontMONUMENTSConverti en ferme en 1860 après la mort<strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière comtesse <strong>de</strong> Clermont,le château fut classé Monument Historique en1950 avant d’être acquis par le Département <strong>de</strong>la Haute-<strong>Savoie</strong> en 1966 ; <strong>de</strong>puis, <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>restauration se sont enchaînés pour sauver cetémoin exceptionnel <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong>Renaissance française en <strong>Savoie</strong>.Quiconque s’aventure en Albanais ne peut serelever in<strong>de</strong>mne <strong>de</strong> sa découverte ; cela ne tientpas uniquement à la présence <strong>de</strong> cet étonnantjoyau au sein <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong>ste village rural, situationassez fréquente en <strong>Savoie</strong>, mais plutôt à sonarchitecture surprenante et à la personnalité <strong>de</strong>son commanditaire.Le château <strong>de</strong> Clermont fut construit entre 1576et 1580 par Mgr Gallois <strong>de</strong> Regard (1512-1582),dans un style jusqu’alors inconnu en <strong>Savoie</strong>témoignant <strong>de</strong>s liens particuliers que son propriétaireavait tissés avec l’Italie, tout particulièrementavec Rome.Abbé commendataire d’Entremont et <strong>de</strong> Hautecombe,évêque <strong>de</strong> Bagnoréa <strong>de</strong> 1563 à 1568,après avoir assumé au Vatican la fonction <strong>de</strong>camérier du pape Paul IV († en 1559) puis <strong>de</strong>dataire sous Pie IV († en 1566) et Pie V, MgrGallois <strong>de</strong> Regard revint en <strong>Savoie</strong> en 1570.Quelques années lui seront nécessaires pourélever <strong>de</strong>ux remarquables bâtiments, l’un à la villeet l’autre aux champs : à Annecy, l’hôtel <strong>de</strong>Bagnoréa, situé rue Sainte-Claire, et à Clermont,une rési<strong>de</strong>nce d’été, dans l’enceinte du bourg, aupied <strong>de</strong> l’ancien château <strong>de</strong>s comtes <strong>de</strong> Genève.À Annecy, son hôtel dresse, sur la rue, une faça<strong>de</strong>blanche en grand appareil <strong>de</strong> calcaire. À Clermont,l’ensemble <strong>de</strong>s bâtiments emploie exclusivementla molasse grise exploitée sur le sitemême. L’un et l’autre offrent <strong>de</strong> nombreuses similitu<strong>de</strong>sarchitecturales, adaptées aux lieux, maiségalement aux pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> séjour.Le château <strong>de</strong> Clermont, occupé durant la bellesaison, forme un vaste quadrilatère se composantd’un grand corps <strong>de</strong> logis <strong>de</strong> 35 x 18 m dont lafaça<strong>de</strong> rectiligne à <strong>de</strong>ux étages sur caves voûtées,s’ouvre au midi sur une vaste cour <strong>de</strong> 450 m 2fermée par trois ailes <strong>de</strong> galeries à <strong>de</strong>ux étagesvenant s’appuyer sur <strong>de</strong>ux tours d’angle <strong>de</strong> planrectangulaire. Les galeries, voûtées d’arête,percées d’ouvertures à arc surbaissé reposant sur<strong>de</strong>s piliers rythmées par <strong>de</strong>s piles engagéessommées <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-boules et fermées par <strong>de</strong>sbalustres, s’organisent autour <strong>de</strong> la cour telles lesloges d’un théâtre à l’italienne. Cette réalisationétonnante est inspirée sans conteste <strong>de</strong> la courSt-Damase que Gallois <strong>de</strong> Regard avait pu admirerau Vatican, dont l’aile construite par Bramanteavait été agrémentée d’une loggia à colonnes parRaphaël († 1520)…D’autres innovations sont remarquables et resterontsans suite en <strong>Savoie</strong> : ainsi les étages sur courdu corps <strong>de</strong> logis sont percés <strong>de</strong> larges baies illuminantla profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s pièces, pour certainestraversantes ; ces fenêtres au cadre droit diffèrenttotalement <strong>de</strong>s modèles en usage en <strong>Savoie</strong> telsceux mis en œuvre à la même époque dans letout proche hôtel <strong>de</strong> Belmont à Seyssel-Ain, oùles croisées, datées <strong>de</strong> 1579, sont <strong>de</strong> petitesdimensions et sommées d’un linteau à arc enaccola<strong>de</strong>.Comme à Annecy, les étages du corps <strong>de</strong> logissont <strong>de</strong>sservis par un escalier non plus à vis maisà volées droites et paliers d’angle, donnant à cetespace <strong>de</strong> circulation une indéniable majesté…Vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> tout mobilier d’époque, à l’exceptiond’une plaque <strong>de</strong> cheminée, <strong>de</strong> décors peintsd’arabesques dans <strong>de</strong>s embrasures <strong>de</strong> portes et<strong>de</strong> fenêtres et d’une scène figurée fragmentaire,le château a <strong>de</strong>puis quelques années été doté <strong>de</strong>quelques meubles anciens.Joël SerralongueBuffet Renaissance avec termes canéphores,collection du département <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.Le mobilierEn accord avec la<strong>de</strong>uxième Renaissance,le décor <strong>de</strong> ce mobilierse caractérise par <strong>de</strong>srinceaux, <strong>de</strong>s palmettes,<strong>de</strong>s mascarons, <strong>de</strong>s têtes<strong>de</strong> monstres et <strong>de</strong>stermes – figures à lapartie inférieureenfermée dans unegaine – que l’on peutobserver sur <strong>de</strong>sdressoirs, ou <strong>de</strong>s pieds<strong>de</strong> table. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cesmeubles est en cours.Dater un meuble restedélicat, il peutcomporter souventplusieurs partiesanciennes remontéesdans une structure duXIX e siècle, voire plustardive. Le bâti, lesmo<strong>de</strong>s d’assemblage,doivent être pris encompte autant quel’ornementation.Marianne Clerc, maître<strong>de</strong> conférences àl’Université <strong>de</strong>Grenoble, qui a vul’ensemble du mobilier,envisage d’en confierl’étu<strong>de</strong> à l’un <strong>de</strong> sesétudiants en histoire <strong>de</strong>l’art. En attendant, lesmeubles <strong>de</strong> Clermont& ÉDIFICESDécor peintd’arabesques,intérieur du château<strong>de</strong> Clermont.permettent d’observerl’évolution du décor,<strong>de</strong>puis les fenestrages<strong>de</strong> la fin du XV e s.(dressoir) jusqu’aubestiaire et aux figuresclassiques oumaniéristes <strong>de</strong> laRenaissance, hérités <strong>de</strong>l’art bellifontain,fortement influencé parl’Italie. Un grandnombre <strong>de</strong> ces décorsproviennent <strong>de</strong>modèles créés parAndrouet du Cerceau etHugues Sambin,largement diffusés àtravers <strong>de</strong>s recueilspubliés respectivementen 1550 et 1572.Corinne ChorierCoffre flamand, XVI e siècle. Sur la faça<strong>de</strong>,scènes <strong>de</strong> la Nativité et <strong>de</strong> la Résurrection.Collection du département <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.19
ACTUALITÉSLa Chartreuse <strong>de</strong> MélanEXPOSITIONSEmergences,du 10 juillet au4 septembre 2004,Chartreuse <strong>de</strong> Mélan,Taninges.Renseignements04 50 34 25 05René Broissan<strong>de</strong>xposition du 11 juinau 19 septembre 2004,château <strong>de</strong> Ripaille,Thonon-les-Bains.Renseignements04 50 26 64 44Une nouvelleacquisitionCe tableau <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong>Sébastien Hugard <strong>de</strong> laTour a été acquis par le<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong>Haute-<strong>Savoie</strong> en 2003.Natif <strong>de</strong> Cluses, élève<strong>de</strong> Calame et <strong>de</strong> Didayà Genève, Hugard <strong>de</strong> laTour expose au Salon<strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1844 à 1880,où il obtient unemédaille en 1840 et en1846. Ce paysage <strong>de</strong>montagne, une huilesignée et datée <strong>de</strong> 1844,représente probablementun site auxenvirons <strong>de</strong> Sallanches.Le ciel nuageux, ladistribution <strong>de</strong> lalumière sur les rocherset les frondaisons, laPaysage <strong>de</strong> montagne, huile sur toile,54,5 x 65 cm, signée, datée.Depuis quelques années, la Chartreuse<strong>de</strong> Mélan, à Taninges, est consacrée àla découverte ou la mise en valeur d’œuvres duXX e siècle, et plus particulièrement dans le domaine<strong>de</strong>s arts plastiques. Poursuivant sa mission <strong>de</strong>valorisation <strong>de</strong>s artistes plasticiens et d’ai<strong>de</strong> à lacréation, le <strong>Conseil</strong> <strong>Général</strong> <strong>de</strong> Haute-<strong>Savoie</strong> aentrepris la réalisation d’un parc <strong>de</strong> sculpturescontemporaines monumentales aux abords <strong>de</strong> laChartreuse, dont il ne reste que l’église, le cloître,et la ferme.En 2002, c’est l’artiste Brigitte Baud qui inauguraitla série, avec un groupe, les Enchaînés, dontla symbolique renvoie au contexte émotionnel etspirituel <strong>de</strong> la vie religieuse, à la fois réclusion etaspiration vers l’amour. Cette sculpture avait étécommandée dans le cadre d’Émergences, unemanifestation biennale d’art contemporain quiaccueille <strong>de</strong>s œuvres spécialement conçues pourle site.En 2003, la sculpture <strong>de</strong> Toutain, intitulée Promena<strong>de</strong>sur glace, un couple patinant avec un enfantdans les bras, exposée à Annecy dans le cadre du« Noël <strong>de</strong>s Alpes », était dressée sur le pré au nord<strong>de</strong> l’Église, apportant une note d’humour encontraste avec la rigueur <strong>de</strong>s formes architecturales,et rompant la perspective en apparenceimmuable <strong>de</strong> la vallée du Giffre…Prochainement, plusieurs œuvres rejoindront cessculptures, toutes plus ou moins en lien avec lesite ou son histoire : l’œuvre en métal peint <strong>de</strong>Gerstein, Envol (Noël <strong>de</strong>s Alpes 2003) évoque unmon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enfance toujours présent à Taninges.Trois comman<strong>de</strong>s à <strong>de</strong>s artistes <strong>de</strong> la région viendrontenrichir le « parc » : Ensemble, d’abord, unesculpture taillée et polie dans le marbre <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>,scène anecdotique dupremier plan, sontassez représentatifs <strong>de</strong>l’artiste, qui délaissel’esprit néoclassique<strong>de</strong>s représentationsarcadiennes pour uneapprocheplus romantique etplus naturaliste <strong>de</strong> lamontagne.Au MuséeSavoisien :<strong>de</strong> l’imaginaire,<strong>de</strong>s vaches et<strong>de</strong> la publicitéDu 6 mai au 23 août 2004,un fonds d’affichesanciennes, acquis ces<strong>de</strong>rnières années par laConservation départementaledu Patrimoine<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>, estprésenté au MuséeSavoisien <strong>de</strong> Chambérydans le cadre <strong>de</strong>l’exposition La vachedans la publicité. LesAlpes ont été, et sontencore, assez largementle lieu d’une « Civilisation<strong>de</strong> la vache ». C’est surelle que reposait la plusgran<strong>de</strong> part <strong>de</strong>l’économie rurale.Pourtant, le langagecourant la dévalorisebeaucoup : une vacherie,une peau <strong>de</strong> vache, ah !la vache… Sesconnotations, dans lePromena<strong>de</strong> sur glace, œuvre <strong>de</strong> Toutain, 2003,sculpture en résine.<strong>de</strong> Fernand Terrier ; l’Arbre à Palabres en bronze,ensuite, conçue par Go<strong>de</strong>froy Kouassi comme unarbre <strong>de</strong> Sagesse, invitation au recueillement ouà l’échange paisible.Enfin, une monumentale Girouette en inox poli,<strong>de</strong> René Broissand, exposée en avant-premièreau château <strong>de</strong> Ripaille, dialoguera avec le vent.« D’une gran<strong>de</strong> élégance sans surenchère séductrice,cette œuvre sculpte l’espace et met en valeuren contrechamp le paysage. Elle intervient enpartenaire du lieu d’implantation. La réverbération<strong>de</strong> la lumière sur l’inox poli définit àchaque instant une œuvre en mutation ». (AlainLivache, commissaire <strong>de</strong> l’exposition Broissand).Corinne Choriermon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’image, sonttout à l’opposé.L’exposition, conçue parPatrizia Nuvolari,s’en tient à l’imagepublicitaire <strong>de</strong>puis unsiècle, et révèle que lavache occupe une trèsgran<strong>de</strong> place dans notreimaginaire. Sa premièrefonction est d’être uni<strong>de</strong>ntifiant <strong>de</strong> lamontagne alpine. Reine<strong>de</strong> l’alpage, elle garantitla qualité d’un paysage,son caractère naturel.L’image <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> luiemprunte beaucoup. Parailleurs, la vache donnele lait, le beurre et lefromage, elle estnourricière et maternelle.Entre le mépris définitifdans le langage et lavalorisation <strong>de</strong> la mèreexemplaire dans lapublicité, l’imaginaire <strong>de</strong>la vache est complexe etambivalent. Ce quiexplique peut-être quela vache soit l’animal leplus ven<strong>de</strong>ur qui soit.Elle publicise tout, <strong>de</strong>sfromages à tartiner auxsociétés d’assurance,huiles végétales,cigarettes, automobilesou voyages… Notrerapport à cet animaln’est ni anodin, niinnocent.Dans ce jeufantasmatique, la réalité<strong>de</strong> l’animal restenaturellement bienignorée : la vache, cetinconnu ?Pierre Dumas20
Peinture contemporaine et lieux spirituelsVanités <strong>de</strong> Pierre DavidACTUALITÉSPierre David, peintre et scénographe né en1957 à Chamonix, à travers une recherchepicturale issue <strong>de</strong>s arts décoratifs – l’utilisation <strong>de</strong>la feuille d’or et <strong>de</strong> la fresque –, développe unethématique intemporelle : notre relation avec lareprésentation du vivant et du mort. Ses Vanitésse présentent sous la forme <strong>de</strong> huit diptyques : àchaque animal est adjoint un second tableau <strong>de</strong>dimension i<strong>de</strong>ntique représentant son squelette.Cette démarche décale la représentation traditionnelle<strong>de</strong>s crânes humains du XVII e siècle pourl’élargir à l’ensemble du vivant, centré sur lemon<strong>de</strong> animal. L’artiste utilise un bestiaire issu<strong>de</strong>s planches illustrées <strong>de</strong>s encyclopédies. Lestableaux, créés pour être montrés dans <strong>de</strong>s lieuxspirituels en Pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et non dans <strong>de</strong>s sallesd’exposition traditionnelles, développent ainsiun dialogue singulier, véritable enjeu du travail<strong>de</strong> Pierre David.« Mon travail n’est pas <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> la peinture, c’estplutôt <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s installations, en mettant ensituation <strong>de</strong>s tableaux. Il s’agit <strong>de</strong> créer undialogue entre une peinture et un lieu. L’œuvreprend son sens parce qu’elle est montrée là. Avecla série <strong>de</strong>s Vanités, je voulais réfléchir à la représentationdu vivant et du mort. Cet été, les églisesbaroques qui accueillent les tableaux apportentle sacré. Le lieu <strong>de</strong>vient un élément primordial<strong>de</strong> l’œuvre. Le vivant est présenté généralementà droite dans la nef, son squelette exactement aumême niveau sur le mur <strong>de</strong> gauche, tous <strong>de</strong>uxtournés vers le chœur. Dans la plupart <strong>de</strong>s cas,les <strong>de</strong>ux tableaux ne peuvent pas être vusensemble, le spectateur est invité à promener sonregard <strong>de</strong> l’un à l’autre en passant par le centre<strong>de</strong> l’église : l’emplacement du retable. Dans soncorps, le spectateur <strong>de</strong>vient un élément du dispositif<strong>de</strong> découverte <strong>de</strong>s trois états, le vivant, le mortet le sacré. Le lieu donne son sens à ma peinture,et celle-ci, d’une façon éphémère, intervient surla lecture <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s symboles environnants…»Pierre David« L’art ne s’impose pas ; il se propose. Il en est <strong>de</strong>même <strong>de</strong> la foi <strong>de</strong>s chrétiens... Alors nos yeuxpourront s’ouvrir pour entrer dans un dialogueavec les œuvres <strong>de</strong> Pierre David, peintre d’aujourd’huiqui dit ne pas partager notre foi, maisqui croit fermement que son œuvre ne peutprendre vie que dans la confrontation avec unlieu. Et quand les églises <strong>de</strong> nos vallées <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>proposent, à travers l’art baroque, une méditationsur la vie et la mort, elles rejoignent à traversles siècles l’inquiétu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>sfemmes du XXI e siècle...» Mgr Laurent Ulrich, Archevêque<strong>de</strong> Chambéry, Evêque <strong>de</strong> Maurienne et Tarentaise.Même si « avec le temps, les savantes perspectives<strong>de</strong>ssinées par les artistes baroques ont perdu peuà peu leur pouvoir suggestif, les angelots, messagers<strong>de</strong> l’indicible, si tenaces dans l’imaginairecollectif, peuplent aujourd’hui les magazinescomme autant d’ailes pointées sur nos présomptions,comme pour nous signifier que la puissanceet la gloire <strong>de</strong>meurent, en ce mon<strong>de</strong>, illusoire.»Dominique Richard, Les Chemins du baroque, 1996, éd. LeDauphiné, coll. Les Patrimoines.« En nous invitant à cheminer dans ces lieux spirituels<strong>de</strong> Tarentaise, Pierre David par ses peintures,interprétation contemporaine du thème <strong>de</strong>svanités, nous propose <strong>de</strong> poursuivre ce dialogueentre tradition et mo<strong>de</strong>rnité, entre sacré etprofane, que trois siècles plus tard nous entretenonstoujours, êtres vivants, ici ou ailleurs, avecle mystère <strong>de</strong> notre passage terrestre et <strong>de</strong> sa finitu<strong>de</strong>.Ce cheminement, spirituel pour les uns ousimplement contemplatif pour les autres – lesfeuilles d’or, les pigments et la fresque font échoau décor baroque –, nous rappelle que l’art, s’ilpeut <strong>de</strong>venir « patrimoine » avec le temps, est avanttout un trait d’union vivant entre les hommes...Hervé Gaymard, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Fondation pour l’action culturelleinternationale en montagne.Dominique Pannier-LeclercEXPOSITIONS« Car – en raison <strong>de</strong> l’orqu’ils ont en partage –,leur parenté ne fait pas<strong>de</strong> doute. Ce mince etmaigre apparat d’or,dont ces squelettes sontdéjà revêtus, en faitl’instance, l’état etl’étape intermédiaires, lapréfiguration, d’uncorps à venir : en<strong>de</strong>venir, que nous nesaurions imaginer, maisqui leur permet, en toutcas, d’échapper à lacondition qui <strong>de</strong>vraitêtre la leur. Celle <strong>de</strong>gisants couchés,démembrés, dispersés,peut-être déjà. L’Or lestient en lévitation sur leNoir dramatique. »Jean-Louis Elzéard,L’image manquante.(Catalogue disponibleauprès <strong>de</strong> la Facim)Fondation pour l’actionculturelle internationaleen montagneLes églises baroques<strong>de</strong> Bellentre, Granier,Hauteville-Gondon,Landry, Macot-la-Plagne, Séez et labasilique d’Aimeaccueillent cet étéles œuvres <strong>de</strong> PierreDavid du 26 juinau 19 septembre.Renseignement à laFacim 04 79 60 59 00.Une expositioninterdépartementale<strong>Savoie</strong> & Haute-<strong>Savoie</strong>.Les Vanités <strong>de</strong> PierreDavid ont été exposéesà la Chartreuse <strong>de</strong> MélanTaninges du 12 avril au13 juin 2004.21
EXPOSITIONSGeorge Sand en <strong>Savoie</strong>regards d’une observatrice attentive et sensibleACTUALITÉSPortrait <strong>de</strong> George Sandpar Alfred <strong>de</strong> Musset,1833, Paris, bibliothèque<strong>de</strong> l’Institut,RMN, cliché G. Blot.La ligne <strong>de</strong> chemin<strong>de</strong> fer le long du Lacdu Bourget.Carte postale (détail).Coll. particulière;Le château <strong>de</strong>Bour<strong>de</strong>au. Dessin <strong>de</strong>Paul Chardin, 1857.Coll. Musée Savoisien.George Sand.Ma<strong>de</strong>moiselleLa Quintinie, suivi <strong>de</strong>À propos <strong>de</strong>s Charmettes,rééd. PUG, 2004.En cette année 2004, où l’on célèbre enFrance le bicentenaire <strong>de</strong> sa naissance,un hommage particulier lui est rendu en <strong>Savoie</strong>,avec diverses manifestations, notamment <strong>de</strong>uxexpositions à Chambéry, Sand et Rousseau, à laMaison <strong>de</strong>s Charmettes, et à partir du 17 septembreGeorge Sand, ses éditeurs et illustrateursau Musée Savoisien, jusqu’au 31 décembre.Dès 1836, George Sand fait un voyage à Chamonix,qu’elle relate dans la dixième Lettre d’unvoyageur. Elle revient en <strong>Savoie</strong> en 1861 avec soncompagnon Alexandre Manceau, pour visiter lamaison <strong>de</strong>s Charmettes, habitée par Rousseauentre 1736 et 1742 qu’elle décrit longuement dansson Carnet <strong>de</strong> voyage et dans l’article A propos<strong>de</strong>s Charmettes publié dans la Revue <strong>de</strong>s Deuxmon<strong>de</strong>s du 15 novembre 1863. Dans le livre d’or<strong>de</strong>s visiteurs, elle écrit : « Renié, maudit, toujoursvictime, sois béni quand même mon pauvre divinmaître », puis elle biffe ces mots, choquée par lesinsultes qu’elle lit dans le livre. Pour Sand, comme<strong>de</strong> nombreuses personnalités <strong>de</strong>s Lettres, le « pèlerinage» aux Charmettes est un hommage : « Oui !Quant à moi, je lui reste fidèle ; et j’aurais puajouter, fidèle comme au père qui m’a engendrée; car, s’il ne m’a pas légué son génie, il m’atransmis comme à tous les artistes <strong>de</strong> mon temps,l’amour <strong>de</strong> la nature, l’enthousiasme du vrai, lemépris <strong>de</strong> la vie factice et le dégoût <strong>de</strong>s vanitésdu mon<strong>de</strong>. »Sand emporte <strong>de</strong> la pervenche <strong>de</strong>s Charmettespour la planter à Nohant. Dans son Carnet <strong>de</strong>voyage, elle note : « Je ne pensais pas à grandchoseen entrant, je croyais connaître les Charmettespar les <strong>de</strong>scriptions nombreuses que j’enavais lues… Mais j’ai été émue en mettant le pieddans la salle à manger et pour la première fois<strong>de</strong> ma vie j’ai éprouvé le phénomène <strong>de</strong> la réminiscence». Les notes <strong>de</strong> Sand sont précises : « j’aidans le cerveau la maison photographiée ».Certains détails figurent dans un émouvant carnet<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssins. Le second motif <strong>de</strong> son voyage <strong>de</strong>1861 est une visite à son éditeur François Buloz,directeur <strong>de</strong> la célèbre Revue <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s<strong>de</strong> 1831 à 1877. Ses excursions nous réservent <strong>de</strong>belles <strong>de</strong>scriptions, teintées d’ironie et <strong>de</strong> poésie.Dans son Carnet <strong>de</strong> Voyage, le 30 mai, elleévoque le chemin <strong>de</strong> fer : « Le lac du Bourget estun adorable miroir encadré <strong>de</strong> montagnes assezélevées et d’un aspect à la fois sauvage et doux…Le chemin <strong>de</strong> fer qui côtoie le lac entre plusieursfois dans la montagne.Ces tunnels ont pour entrée et sortie <strong>de</strong>s portescrénelées avec <strong>de</strong>s tours. C’est mo<strong>de</strong>rne, mais pasponcif et loin <strong>de</strong> gâter ce délicieux paysage, ça yintroduit un détail élégant. C’est beau les chemins<strong>de</strong> fer, il n’y a pas <strong>de</strong> paradoxe ».À Hautecombe : … statues, statuettes et peinturesqui décorent ce St Denis savoyard sont assez jolieset nullement à mépriser. C’est l’œuvre d’artistesitaliens mo<strong>de</strong>rnes ».ÀAix: « C’est une ville d’hôtels, <strong>de</strong> restaurants,<strong>de</strong> cafés et <strong>de</strong> bastringues-aristos – nous voyonsla faça<strong>de</strong> du fameux casino, les auberges sonttrès belles, les maisons à louer aussi. C’est unendroit charmant pour qui aime à se montrer.Aussi nous fuyons ».À Couz : « Ladite casca<strong>de</strong> est d’un petit volume ettombe <strong>de</strong> 50 mètres seulement, ce qui ne l’empêchepas d’être un bijou. Jean-Jacques la chérissaitet il avait raison »…Le 12 juin 1861, elle écrit <strong>de</strong> Nohant « le paradisterrestre <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> Chambéry me reste dansla tête comme un rêve et j’y retournerai bien sûrpour voir ce qu’il y a <strong>de</strong>rrière toutes ces montagnes,que les nuages m’ont tant disputé ».Sand décrit le château <strong>de</strong> Bour<strong>de</strong>au en 1861 :« Nous remontons en bateau et nous allons débarquerà Bour<strong>de</strong>au, c’est un endroit délicieux, unvieux château, bâtiment carré à toit plat et àéchauguettes très élégantes aux 4 coins. C’est trèssimple, mais d’un bon style et réparé sans altération.On a remplacé ou épargné le lierre quicourt en festons sur la faça<strong>de</strong> du lac. Du côté <strong>de</strong>la montagne on a appliqué un logis neuf qui esttout caché dans les arbres et ne gâte rien. Unejolie pelouse plantée d’arbres superbes et entouréed’une terrasse à peu près circulaire d’où l’on voitle lac et les Alpes sur le côté. Il y a une gran<strong>de</strong>terrasse sur le lac ».Elle situera l’action du roman Ma<strong>de</strong>moiselle LaQuintinie, publié en 1863, dans ce château appelémanoir <strong>de</strong> Turdy. Sand qualifiera <strong>de</strong> « subversif »son roman, violemment anticlérical, qui transposequelques notes <strong>de</strong> voyage : Chambéry, les Charmettes,Couz, le Granier, le lac… : « Tu connaisce beau pays <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, je ne sais si tu te rappellescette localité, tout ce rivage du lac, du côté queferme à pic la chaîne <strong>de</strong>s mont du Tchat, du chaten langue vulgaire. Nous avons vu ensemble <strong>de</strong>plus grands lacs et <strong>de</strong> plus hautes montagnes ;mais celles-ci ont une élégance <strong>de</strong> formes et unelimpidité <strong>de</strong> couleur qui me charment… Arrivésà Turdy, nous nous sommes trouvés tout d’uncoup sur la terrasse formée par le vaste sommetdu massif carré du vieux château. De là ondomine tout le lac, long, étroit, sinueux et ressemblantà un large fleuve du Nouveau-Mon<strong>de</strong> ; maisquel fleuve a cette transparence <strong>de</strong> saphir et cesmiroitements irisés ? »Mireille Védrine22
Notes <strong>de</strong> lectureL I V R E SLe lac du Bourget, lacmajeur <strong>de</strong> Francepar Johannès Pallière,éd. La Fontaine <strong>de</strong> Siloé,coll. Les Savoisiennes,2003, 24 eCe livre est celui d’unpassionné. Différentesentrées permettent <strong>de</strong>saisir la richesse du milieulacustre et sa diversitépaysagère. Uneprésentation <strong>de</strong> lagéologique <strong>de</strong> la cuvetteprécè<strong>de</strong> un chapitre sur laphysiologie du lac. L’auteurprésente tour à tour lagran<strong>de</strong> diversité <strong>de</strong> la flore,le particularisme duvignoble, la richesse <strong>de</strong> lavie et <strong>de</strong>s échanges autour<strong>de</strong> cette « unité biologique »qu’est l’eau, la vase, lessédiments et la gran<strong>de</strong>diversité <strong>de</strong> la fauneaquatique. Plusieurschapitres sont consacrésà la place <strong>de</strong> l’hommedans cet ensemble <strong>de</strong> laPréhistoire à l’Histoire : <strong>de</strong>la vie en harmonie avec lemilieu à la construction <strong>de</strong>sbateaux pour pêcher, sedéplacer et transporter <strong>de</strong>smarchandises en rejoignantl’axe rhodanien. Lesvestiges <strong>de</strong> l’époquemédiévale marquent lepaysage : château duBourget-du-Lac, abbayed’Hautecombe, châteaux<strong>de</strong> Saint-Innocent, <strong>de</strong>Bour<strong>de</strong>au ou <strong>de</strong> Châtillon.L’époque mo<strong>de</strong>rne estretracée avec lesbouleversements apportéspar le tourisme etl’invention du bateau àmoteur. L’aménagement<strong>de</strong>s voies d’accès au lac,ferroviaires et routières,a fortement désenclavéle territoire alentour.Les conséquences <strong>de</strong>cette pression anthropique :l’augmentation <strong>de</strong> lapopulation <strong>de</strong>s communesriveraines du lac, fontl’objet d’un chapitreremarquable par la mesureet la pru<strong>de</strong>nce dansl’avancée <strong>de</strong>s faits. Enfin,le livre évoque les grandsauteurs qui ont fait du lacun sujet littéraire mythiqueà l’instar d’Alphonse <strong>de</strong>Lamartine et son poèmeLe Lac. Un ouvrage trèscomplet et documenté.Le lac du Bourget.50 ans <strong>de</strong> recherchesarchéologiques.5000 ans d’histoiresous la direction<strong>de</strong> Raymond Castel,éd. La Fontaine <strong>de</strong> Siloé,2004, 39 eCet ouvrage collectifparu sous la direction <strong>de</strong>Raymond Castel est unbilan portant sur 50 années<strong>de</strong> recherches archéologiquesen milieu lacustresur les pourtours du lacdu Bourget. L’histoire <strong>de</strong>ses découvreurs est retracéeau fil <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>sdécouvertes et <strong>de</strong>smétho<strong>de</strong>s archéologiques.Suit l’inventaire àproprement parler <strong>de</strong>sdifférents sites prospectés,chacun faisant l’objet d’unefiche technique trèscomplète avec cartes,relevés, listes, et photos<strong>de</strong>s objets retrouvés lesplus intéressants. Le livres’achève par un pèle-mêled’articles en lien avec lesdécouvertes archéologiques,comme d’autrespistes à explorer...Bijoux et croix <strong>de</strong>sprovinces <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.<strong>Savoie</strong>, Nice, Piémont,Val d’Aostepar Jean-Pierre Trosset,auto-édition, 2003, 54 eJean-Pierre Trosset avaitdéjà fait paraître il y a dixans un livre consacré auxcroix <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Continuantson travail <strong>de</strong> recherche etl’élargissant plusgénéralement aux bijoux <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, il nous présente cenouvel ouvrage qui livre unremarquable inventaire <strong>de</strong>la richesse patrimoniale <strong>de</strong>l’orfèvrerie savoyar<strong>de</strong>.Outre les croix, dontl’auteur n’a dégagé pasmoins <strong>de</strong> 24 famillesdifférentes, l’auteur nouspropose la découverted’autres bijoux anciens :broches, bagues, coulants,fermoirs et bouclesd’oreilles. Les travauxrécents <strong>de</strong> plusieursorfèvres contemporains, quirenouvellent avec talent lesmotifs traditionnels <strong>de</strong>scroix <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, sontégalement présentés. Ontrouvera dans cet ouvrageles prestigieux bijoux <strong>de</strong> laMaison Royale <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Nos oratoires <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Tome 1 : Beaufortain,Tarentaise, Val d’Arly,par Elise Pasqualini,éd. Cléopas, 2003, 35 eLes oratoires sont lestémoins d’une ferveurpopulaire qui a marqué <strong>de</strong>son empreinte le paysagesavoyard. Ces petitsédifices, lieux <strong>de</strong> dévotionet <strong>de</strong> prière dédiés à unsaint protecteur etintercesseur font partie dupatrimoine religieux. Cetouvrage recense tous lesoratoires du département<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>. Le premiertome <strong>de</strong> la série, paru autout début <strong>de</strong> cette année(seul disponible pour lemoment) s’attache auBeaufortain, à la Tarentaiseet au Val d’Arly. Classé parpays, canton et commune,Chaque oratoire fait l’objetd’une fiche qui mentionnesa dédicace, son altitu<strong>de</strong>,l’itinéraire pour y accé<strong>de</strong>r.Une notice techniqueprécise sa date <strong>de</strong>construction et seséventuelles rénovations.L’ensemble se termine parune <strong>de</strong>scription détaillée.Les oratoires démolisfigurent également dans cerecensement exhaustif.Le Christ peint.Le cycle <strong>de</strong> la Passiondans les chapellespeintes <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> au XV e sièclepar Véronique Plesch,L’histoire en <strong>Savoie</strong>nouvelle série n°7,2004, 27 eLes États <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>traversent au XV e siècleune pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> prospérité.Ce fut un terrain fertile pourun développement tantintellectuel qu’artistique.Les liens entre la Maison<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> et les différentescours d’Europeprovoquèrent <strong>de</strong>s échangesfructueux d’artistes et <strong>de</strong>savoir-faire… D’autresfacteurs comme lescontraintes du milieumontagnard ou la ferveur<strong>de</strong> la population aboutirentà cette floraison <strong>de</strong>peintures murales sicaractéristiques <strong>de</strong>s vallées<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> au XV e siècle. Cetart populaire traite presqueexclusivement <strong>de</strong> la Passiondu Christ. L’iconographiedonne lieu à une analysepoussée.La Maurienneen 1730 d’aprèsle cadastre sar<strong>de</strong>par Daniel Dequier,Marie-Claire Floret,Jean Garbolino,éd. Roux, 2004, 32 eVictor-Amédée II, <strong>de</strong>spoteéclairé, engage après 1696le redressement <strong>de</strong>s caissesdésorganisées <strong>de</strong>s États <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Voulant imposerune réforme fiscale pluséquitable, il est à l’origined’un recensement <strong>de</strong>spersonnes et <strong>de</strong>s biens,appelé « mappe » ou« cadastre sar<strong>de</strong> ». Ce projet<strong>de</strong> péréquation <strong>de</strong> longuehaleine nécessita la mise enplace d’une administrationforte et l’emploi <strong>de</strong>nombreux géomètres,arpenteurs et estimateurs.Commencé en 1699 dans lapartie piémontaise duroyaume sar<strong>de</strong>, cette tâchene fut terminée qu’en 1738,sous le règne du roiCharles-Emmanuel III.Cet ouvrage explique ceque fut ce projet novateur,nécessaire à la mutation enun Etat <strong>de</strong>spotique, fort etcentralisé, garant d’une plusgran<strong>de</strong> égalité <strong>de</strong>s droits.Les modalités <strong>de</strong> sa mise enplace, les difficultésrencontrées, ce qui étaitrecensé et pourquoi,conduisent les auteurs àévoquer les ressources etles mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>spopulations du duché <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Commune parcommune, le cadastre estdécortiqué pour nous livrer<strong>de</strong>s informations témoignant<strong>de</strong> l’organisationsociale <strong>de</strong>s communautésmontagnar<strong>de</strong>s <strong>de</strong>Maurienne en 1730.Un ouvrage <strong>de</strong> fond.Roberto Clemens Gallettidi Cadilhac. Un pionnierméconnu <strong>de</strong> laTélégraphie Sans Fil.Une station <strong>de</strong> TSF dansla tourmente <strong>de</strong> laGran<strong>de</strong> Guerre,par Mario Guidone, ClaraMuzzarelli-Formentini,Joëlle Perrier-Gustin,éd. Gérard Châtel, 2004.Cet ouvrage retrace la vie<strong>de</strong> Galletti (1879-1932),ingénieur italien,« européen » avant l'heure<strong>de</strong> par ses aspirationsuniversalistes et ses racines,père italien, mère anglaiseet grand-mère paternellefrançaise. La 1 ère Guerremondiale freina lesformidables promesses <strong>de</strong>sdécouvertes scientifiques<strong>de</strong> Galletti dans le mon<strong>de</strong><strong>de</strong> la Télégraphie Sans Fil.En cette pério<strong>de</strong>, lessuspicions étaient gran<strong>de</strong>senvers les « découvreurs »privés. L'émetteur-récepteur<strong>de</strong> Galletti fut démantelé etréquisitionné. Malgré tout,Galletti participa auformidable élan qui portala TSF au niveau qu'on luiconnaît. Il a certainementsa place parmi les grandspionniers <strong>de</strong> la TSF. Cetouvrage collectif, paru sousl'impulsion du Radio-MuséeGalletti, est une biographiescientifique qui retracel'histoire <strong>de</strong> la TSF et <strong>de</strong> sestechniques.Vinciane Neel23
Archivesp. 3 et 4Architecturep. 5 à 7Patrimoine industrielp. 8 et 9Itinéraires remarquablesp. 10Dossier :Réseau <strong>de</strong>s muséeset maisons thématiques<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>p. 11 à 16Patrimoine scientifiquep. 17Antiquitésp. 18Monuments et édificesp. 19Actualités expositionsp. 20 à 22Livresp. 23