Si nous sommes emportés par nos mouvements, nous le sommes encore plus par nosémotions, que ce soit <strong>la</strong> joie, <strong>la</strong> souffrance, <strong>la</strong> colère. Pendant longtemps, nous n'avonsaucun pouvoir d’empêcher les émotions <strong>de</strong> naître mais nous pouvons, en les acceptant,les vivre consciemment, sans disparaître <strong>com</strong>plètement. C’est au départ <strong>de</strong> l’émotion que<strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce est particulièrement nécessaire. Seule cette participation active aux émotionspermet <strong>de</strong> maintenir un équilibre intérieur et une permanence à travers les humeurschangeantes et souvent tout à fait contradictoires qui se succè<strong>de</strong>nt et s’imposent à nous.Le sage n’a plus d’émotion, aussi effrayant, répugnant, scandaleux que soitl’événement dont il est témoin. Ce<strong>la</strong> semble inconcevable à l’homme ordinaire,probablement même inadmissible. Mal <strong>com</strong>prise, cette liberté apparaît <strong>com</strong>me dureté,sécheresse <strong>de</strong> cœur, inhumanité. C’est le contraire.<strong>Les</strong> émotions sont inutiles. Croyezvous qu’un mé<strong>de</strong>cin qui fait sa visite dans unhôpital et qui a <strong>de</strong>s réactions personnelles <strong>de</strong>vant chaque ma<strong>la</strong><strong>de</strong> est un meilleur ou unmoins bon mé<strong>de</strong>cin ? Peutil remplir sa tâche, le docteur qui <strong>com</strong>mence par être dégoûtéparce qu’il voit une femme alcoolique, ivrognesse, avec un visage gonflé, injecté <strong>de</strong> sang,et qui est ensuite au bord <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes parce qu’il rencontre une petite fille mourante qui leregar<strong>de</strong> avec <strong>de</strong> grands yeux désespérés ? Moins un mé<strong>de</strong>cin a d’émotions en face <strong>de</strong> sesma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, plus il peut être un bon mé<strong>de</strong>cin. Ce<strong>la</strong> n'a rien a voir avec l’égoïsme. Moinsnous avons <strong>de</strong> réactions et d’émotions, plus nous sommes capables <strong>de</strong> <strong>com</strong>prendre,d’aimer et d’ai<strong>de</strong>r. La seule vérité du nonégoïsme, c’est l’action, c’est ce que nousfaisons pour les autres. Pour eux. Pas <strong>com</strong>me manifestation <strong>de</strong> notre émotion personnelle.L’émotion entraîne toujours <strong>de</strong>s jugements, <strong>de</strong>s conceptions, <strong>de</strong>s considérations qui sontl’expression <strong>de</strong> notre égoïsme. Chacun justifie ses émotions en disant : « Je ne suis pasune pierre, je ne suis pas une bête, une brute, je suis un homme ou une femme sensible,qui éprouve, qui participe. » Ce n’est pas vrai. Nous ne participons pas, nous nouscoupons par nos émotions. Si vous n'avez pas dormi après avoir vu les photos du Biafradans Match, ce n’est pas <strong>la</strong> souffrance <strong>de</strong>s enfants du Biafra qui vous a empêché <strong>de</strong>dormir, c’est <strong>la</strong> vôtre. La seule chose intéressant les enfants en question est <strong>la</strong> sommed’argent que vous avez donnée à <strong>la</strong> CroixRouge ou au Secours Catholique.Tout acte d’altruisme ou <strong>de</strong> générosité qui est l’expression d’une émotion et <strong>de</strong>spensées qu’entraîne l’émotion, donc <strong>de</strong> l’égoïsme, n’a pas <strong>de</strong> valeur. C’est pour ce<strong>la</strong>qu’avec tant <strong>de</strong> bonne volonté et tant <strong>de</strong> bonnes intentions, tant <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tous lescôtés d’être dans <strong>la</strong> vérité et <strong>de</strong> faire le bien, le mon<strong>de</strong> va si mal. Comment peutil y avoirtellement <strong>de</strong> confusion, d’aveuglement, <strong>de</strong> heurts, <strong>de</strong> conflits, s’il n’y a pas une erreurénorme quelque part? Cette erreur, elle ne concerne pas les autres, elle nous concernenous, chacun d’entre nous individuellement. Cette erreur, c’est <strong>de</strong> justifier nos émotionsqui nous condamnent à vivre uniquement dans notre mon<strong>de</strong>, jamais dans le mon<strong>de</strong>.C’est à cause <strong>de</strong>s émotions que nous oscillons sans cesse, que nous sommes emportés.Le sage <strong>de</strong>meure pareil à luimême parce qu’il est un avec tous les changements autour <strong>de</strong>lui. Chaque fois que nous éprouvons une émotion ou une réaction très forte, nous enrendons responsable le fait extérieur, l’événement, alors que <strong>la</strong> responsabilité est en nouset uniquement en nous et que l’inci<strong>de</strong>nt n’est là qu’à titre secondaire, à titre <strong>de</strong> cause
excitante. Nous portons en nous, à l’état <strong>la</strong>tent, <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> certaines émotions. Cequi est nonmanifesté est aussi réel à l’état potentiel que ce qui est manifesté. On peutparfaitement concevoir que chez quelqu’un d’autre le même événement n’aurait provoquéaucune réaction ou une réaction tout à fait différente.Je me <strong>de</strong>man<strong>de</strong> quel terme français conviendrait pour désigner l’état qui est au<strong>de</strong>là<strong>de</strong>s joies et <strong>de</strong>s souffrances: félicité, béatitu<strong>de</strong>, sérénité, paix ? Mais qu’importe le motalors que nous ne connaissons pas ce dont il s’agit: un sentiment stable, permanent,indépendant <strong>de</strong> tous les facteurs extérieurs. Tant que nous saurons plus ou moinsconfusément que notre joie dépend <strong>de</strong> quelque chose d’extérieur qui peut nous êtreenlevé, ce<strong>la</strong> ne sera jamais une joie parfaite. Estce que nous avons une joie ou estce quenous sommes <strong>la</strong> joie? Ce que nous sommes ne peut pas nous être enlevé.En nous frustrant <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix intérieure, les chocs extérieurs obligent ce qui est nonmanifesté,caché — mais qui n en est pas moins là — à se manifester. Pendant un certaintemps nous sommes bien et nous pensons : « Ça va. »Puis, tout à coup « ce<strong>la</strong> » (angoisse,colère...) revient avec une force terrible. Un beau jour nous finissons par <strong>com</strong>prendre quece qu’il faut c’est se débarrasser, se délivrer, du nonmanifesté. Le nonmanifesté estinconscient. Inconscient c’estàdire inconnu. Quand quelqu’un dit: « Consciemment jeveux ceci mais inconsciemment je veux ce<strong>la</strong> », ces paroles sont un nonsens. Ce qui estinconscient est ignoré, non connu. Et ce non connu nous rend susceptibles d’émotions,donc esc<strong>la</strong>ves, donc aveugles. Pour être libre un jour <strong>de</strong>s émotions, il faut les accepteraujourd’hui. En acceptant <strong>com</strong>plètement une émotion, en faisant consciemment un avecelle, nous lui enlevons son pouvoir sur nous.Quant au mental luimême il n’est là, <strong>com</strong>me son nom l’indique, que pour nous mentiret nous conduire n importe où sauf à <strong>la</strong> vérité. Il faut avoir lutté pendant <strong>de</strong>s années avecsa propre « illusion » et ses propres mensonges involontaires pour savoir à quel point ceque je dis là est vrai. Le mental c’est <strong>la</strong> surface qui s’oppose à <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur, au « cœur ».Dans le cœur, toutes les impressions sont reliées, tout est « un ». Le mental crée <strong>la</strong>division et <strong>la</strong> contradiction.Certes l’approche intellectuelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité est justifiée mais elle ne peut venir qu’unefois toute émotion disparue. Tant qu’il y a émotion, <strong>la</strong> pensée est le produit <strong>de</strong> cetteémotion. C’est donc une pensée fausse, une pensée aveugle, une pensée qui est maya, quiest avidya (ne pas voir), une pensée coupée du réel. Si nous étions absolument dans <strong>la</strong>vérité, l’émotion disparaîtrait. C’est <strong>la</strong> loi.En nous acceptant tels que nous sommes, une approche juste du mon<strong>de</strong> extérieur<strong>de</strong>vient possible, fondée sur le désir — plus fort que tous les autres — <strong>de</strong> voir les choseset les êtres tels qu’ils sont, <strong>de</strong> dépasser leur apparence pour être en re<strong>la</strong>tion avec leuressence. Il ne s’agit plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux autres qu’ils répon<strong>de</strong>nt à notre attente mais <strong>de</strong>leur donner le droit d’être euxmêmes et les aimer tels qu’ils sont.Je dois aussi mentionner un point délicat, dont l’exposé a fait jusqu’à présent enOcci<strong>de</strong>nt plus <strong>de</strong> mal que <strong>de</strong> bien : les états supérieurs <strong>de</strong> conscience ou samadhi.*
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