particulier. En beaucoup il y a un élément vrai et positif. Mais vingt-<strong>de</strong>ux ansd’expériences diverses à propos <strong>de</strong> nombreux mouvements et <strong>com</strong>munautés françaises (etétrangères) m’ont amené à faire un certain nombre <strong>de</strong> constats. D’ailleurs mes propreserreurs ou mensonges m’ont enseigné, au prix fort, <strong>la</strong> diabolique habileté <strong>de</strong> maya et <strong>de</strong>l’ego son <strong>com</strong>plice.S’il m’a été donné — et c’est un privilège dont je mesure l’immensité — d’étudierauprès <strong>de</strong> plusieurs sages, j’ai aussi connu <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes, souvent <strong>de</strong> bonnevolonté, qui enseignaient une voie sans être arrivés au bout du chemin. J’ai pu observer<strong>com</strong>ment évoluait <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> certains avec leurs dévots. Chaque nouveau venu, par sonenthousiasme, sa sincérité et sa projection sur eux <strong>de</strong> l’image du sage (le père ou <strong>la</strong> mèreparfaits) les nourrit et redonne une jeunesse à leur propre désir <strong>de</strong> plénitu<strong>de</strong>. Ce néophyteles admire, donc les rassure. Mais, avec le temps qui passe, il leur est impossibled’accepter que leurs élèves grandissent. Un disciple doué <strong>de</strong>viendra un rival. <strong>Les</strong> voicidans cette inextricable ambivalence d’enseigner pour conserver ce lien qui leur est encoreplus nécessaire à eux qu’aux disciples et d’empêcher trop <strong>de</strong> progrès pour conserver leursupériorité apparente. Autrement dit, eux aussi vivent dans <strong>la</strong> peur, <strong>la</strong> peur <strong>de</strong> voir enpleine lumière leur propre insuffisance, <strong>la</strong> peur d’entendre en pleine netteté <strong>la</strong> voix quicrie : « Je fais profession <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sagesse</strong> mais je mourrai sans avoir jamais été un sage. »Tout homme cherche à se rassurer, à <strong>com</strong>penser <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> non satisfaite <strong>de</strong> sa natureessentielle. La « vie spirituelle » offre un champ magnifique pour excuser les mensonges,les lâchetés et les démissions. Beaucoup <strong>de</strong> centres <strong>de</strong> recherche spirituelle sont <strong>de</strong>sassociations où, sans le vouloir consciemment, tout le mon<strong>de</strong> est <strong>de</strong> mauvaise foi. <strong>Les</strong>disciples posent <strong>de</strong>s questions qui ne les concernent pas vraiment à <strong>de</strong>s gens qui, <strong>de</strong> toutefaçon, ne pourraient pas y répondre. Tous les <strong>com</strong>plexes paternels, filiaux, fraternelsréagissent les uns sur les autres, sans parler <strong>de</strong>s ravages subtils <strong>de</strong> <strong>la</strong> sexualité noncontrôlée. Chacun cherche <strong>com</strong>ment trouver une position apparemment orthodoxe vis-àvis<strong>de</strong>s présupposés <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>sagesse</strong> : neutralité, calme, impassibilité. C’est <strong>la</strong> puérilité totale<strong>de</strong>rrière les attributs <strong>de</strong> <strong>la</strong> maturité, <strong>com</strong>me un petit enfant qui s’empare, avec peine maisavec sérieux, <strong>de</strong> <strong>la</strong> trousse <strong>de</strong> son père mé<strong>de</strong>cin et annonce qu’il va soigner les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.J’ai assez parlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> neutralité du sage pour pouvoir dire que cette neutralité ne s’imitepas et ne se joue pas.La neutralité du sage est liberté totale fondée sur <strong>la</strong> parfaite connaissance <strong>de</strong> soi et surune Réalisation (mukti) qu’on a ou qu’on n’a pas vécue. Elle est amour. Pas amourémotionnel, amour dualiste, amour <strong>de</strong> l’ego, mais amour dans l’indépendance et l’unité,amour absolu, qui n’attend rien et ne redoute rien. Cette neutralité et cet amourapparemment contraires et dont <strong>la</strong> conjonction est si in<strong>com</strong>préhensible pour l’hommeégoïste, je les ai suffisamment observés <strong>de</strong>puis sept ans chez mon propre guru pourpouvoir en témoigner.La neutralité factice <strong>de</strong>s faux-maîtres est refus <strong>de</strong> leur condition humaine inachevée,crainte, sécheresse et orgueil.Inutile <strong>de</strong> dire les ma<strong>la</strong>ises puis les souffrances que <strong>de</strong>s aspirants, sincères au sein <strong>de</strong>
leurs faiblesses et leurs illusions, peuvent éprouver en <strong>de</strong> telles circonstances. Ils sententconfusément qu’il leur faut grandir, <strong>de</strong>venir adultes, indépendants, et que cette croissanceest le contraire <strong>de</strong> l’égoïsme et du besoin d’être reconnu. L’enfant effrayé veut croître.Mais, pour employer un <strong>la</strong>ngage mo<strong>de</strong>rne, il a le choix entre <strong>la</strong> castration et <strong>la</strong> soumissionmal acceptées au Père dictateur (ou à <strong>la</strong> Mère dévorante) ou le narcissisme soigneusementcultivé (ma conscience, mon éveil, mon « vrai moi »), ou <strong>la</strong> position <strong>de</strong> l’in<strong>com</strong>pris quisubsiste dans le luxe <strong>de</strong> sa solitu<strong>de</strong> et ne reste que pour recevoir les coups dont il abesoin. Il faut tout ce<strong>la</strong> pour faire une école ésotérique à étiquette yogique, mahayanique,tantrique ou originale! Bien entendu, en <strong>de</strong>hors du Mouvement, Groupe ou Centre, <strong>la</strong> viene ménage pas les démentis à ces « confections ». <strong>Les</strong> élus sont alors condamnés às’emprisonner <strong>de</strong> plus en plus dans leur mon<strong>de</strong> à part. Plus leur construction <strong>de</strong>vientartificielle, plus ils se coupent aussi <strong>de</strong> l’énergie créatrice et <strong>de</strong> <strong>la</strong> spontanéité en eux, <strong>de</strong><strong>la</strong> bienheureuse simplicité.Tout dogmatisme est le contraire <strong>de</strong> <strong>la</strong> spontanéité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> disponibilité <strong>de</strong>celui qui vit vraiment. Toutes les opinions, toutes les conceptions, tous les préjugés, tous,quels qu’ils soient, relèvent du mental. Des idées justes, <strong>de</strong>s vérités formulées peuventorienter notre marche en avant mais il ne faut jamais s’y attacher. « S’y attacher »,l’expression dit bien ce qu’elle veut dire. Le samsara est mouvement et personne ne peutfiger le samsara. Tenter <strong>de</strong> le faire, croire le faire, n’est que s’exiler <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité. <strong>Les</strong>amsara est le nirvana. La crispation, le raidissement, <strong>la</strong> partialité, <strong>la</strong> préférence, le refus,le jugement jalonnent les <strong>chemins</strong> <strong>de</strong> l’erreur. Beaucoup d’enseignements dits spirituelsemprisonnent dans <strong>la</strong> dualité : les dogmes, les condamnations, les partis-pris, le refus <strong>de</strong><strong>la</strong> vie totale. Agissant dans le sens exactement contraire au rôle qu’ils sont censés avoir,ils élu<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> confrontation avec soi-même, masquent le problème essentiel, poussent à secouper <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie, empoisonnent le mental avec <strong>de</strong>s conceptions et <strong>de</strong>s opinions encoreplus rigi<strong>de</strong>s et exclusives que celles « <strong>de</strong> tous les jours ».<strong>Les</strong> sectes ont leur <strong>la</strong>ngage propre et masquent les vrais problèmes par <strong>de</strong>s formulesqui répon<strong>de</strong>nt à tout et ne résolvent rien. Elles traitent avec con<strong>de</strong>scendance le «dogmatisme » <strong>de</strong>s religions « exotériques » mais leur dogmatisme pseudo ésotériquepermet d’escamoter toutes les questions vitales. Comme on ne peut jamais duper ni rouler<strong>la</strong> vérité, les démentis du mon<strong>de</strong> sont une permanente cause d’inquiétu<strong>de</strong>. Le mieux est<strong>de</strong> s’intéresser le moins possible à ce mon<strong>de</strong> extérieur, après l’avoir condamné sansrémission une fois pour toutes (les « ténèbres extérieures »), et <strong>de</strong> nier, nier toujours plus,<strong>la</strong> vérité.Tout ce que les pseudo-disciples ne veulent pas voir et accepter en eux-mêmes, ils leprojettent sur les gens du <strong>de</strong>hors, le troupeau <strong>de</strong>s non initiés et <strong>de</strong>s endormis. Ce n’est pas<strong>la</strong> dualité du bien et du mal mais celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance et <strong>de</strong> l’ignorance. On cousineavec Pythagore, P<strong>la</strong>ton, les prêtres égyptiens, les Esséniens, Plotin et aussi les yogistibétains et les moines zen, à condition que ces <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>meurent inaccessibles dans <strong>de</strong>smonastères mystérieux et inconnus à ne pas confondre avec les monastères dits « pour lepublic ». Si névrose signifie rupture avec le réel, illusion, mensonge intérieur, soumissionà l’inconscient, puérilité, justifications abusives et surtout souffrance, il existe, hé<strong>la</strong>s! une« névrose du disciple » et une « névrose du maître ». Le seul remè<strong>de</strong> est le courage <strong>de</strong>
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Les chemins de la sagesse - Arnaud
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voir, voir où sont la dépendance
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J’ai assez voyagé et travaillé
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Libéré, libération. Le sage est
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Le drame de la plupart des existenc
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peut pas envisager. Et, pourtant, c
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toutes choses. » Quel homme ? L’