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Les chemins de la sagesse - Livresnumeriquesgratuits.com

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«Il existe bien un non­né, non­fait, non­<strong>de</strong>venu. » Si nous pouvions constater que «nous » n’existons pas non plus, nous serions, on le conçoit, libéré <strong>de</strong> tous nos problèmes.Or cette incroyable réalisation, incroyable et, je suppose, insensée pour le lecteurocci<strong>de</strong>ntal contemporain, a eu ses témoins à chaque époque, y <strong>com</strong>pris <strong>la</strong> nôtre. Pourcertains, l’expérience est <strong>de</strong>venue définitive ; ce sont les rarissimes jivanmukta, « libérésdans cette vie ». Pour <strong>la</strong> plupart, elle a été un éveil provisoire, une échappée hors dutemps (une ou plusieurs) suivie d’un retour aux conditions ordinaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> conscience,celle du temps, <strong>de</strong> <strong>la</strong> séparation, du désir, <strong>de</strong> <strong>la</strong> peur et <strong>de</strong>s tentatives plus ou moinsintelligentes pour échapper à l’étroitesse et à <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ego.Je ne veux pas répéter tout ce que j ‘ai écrit dans mes précé<strong>de</strong>nts ouvrages à propos <strong>de</strong><strong>la</strong> conception hindoue <strong>de</strong> l’ego, ce mot <strong>la</strong>tin plus employé dans les ashrams que tous lesmots sanscrits. Pourtant c’est <strong>la</strong> clé du védanta. L’ego est <strong>la</strong> certitu<strong>de</strong> : je suis moi, un «nom » et une « forme » (nama et rupa), soumis à <strong>la</strong> durée, séparé <strong>de</strong>s autres egos. C’est <strong>la</strong>conscience individuelle du temps et <strong>de</strong> <strong>la</strong> multiplicité. Le sage, lejivanmukta est egolessou egofree : il n’y a plus d’ego. Sa conscience, infinie, illimitée, s’exprime par le pur :«Je suis » (aham) et non plus : « Je suis un individu » (ahamkar). Tout homme, toutefemme qui conserve un ego <strong>de</strong>meure soumis au désir et à <strong>la</strong> crainte, inévitables tant quesubsiste le dualisme du moi et du non­moi.Dès que le bébé <strong>com</strong>mence à sortir <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> grâce <strong>de</strong>s premières semaines ou <strong>de</strong>spremiers mois et <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion idyllique avec sa mère, son ego se forme pardifférenciation. Toute souffrance, toute frustration renforce cet ego. L’ego <strong>de</strong> l’enfant<strong>de</strong>man<strong>de</strong> et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’autant plus qu’il a l’impression <strong>de</strong> moins recevoir. Comme lebébé n’avait rien d’autre à faire qu’à se <strong>la</strong>isser soigner, <strong>la</strong>ver, nourrir et admirer, l’enfantaccepte difficilement, ou même n’accepte pas du tout, que cette situation bénie necontinue pas indéfiniment. Après n’avoir d’abord rencontré que le oui, il lui faut faireface au non. Ici doit normalement intervenir une éducation juste qui amène l’enfant àtenir <strong>com</strong>pte <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong>s autres et à trouver naturel que ceux­ci n’existent passeulement pour lui et en fonction <strong>de</strong> lui. C’est le processus normal <strong>de</strong> croissance qui, parun é<strong>la</strong>rgissement progressif <strong>de</strong>s intérêts, conduit à l’état véritablement adulte. L’enfanttient <strong>com</strong>pte <strong>de</strong>s désirs <strong>de</strong> ses amis, <strong>la</strong> jeune fille <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> ses frères et sœurs, les épouxapprennent à vivre l’un pour l’autre, à vivre ensemble pour leurs enfants, plus tard à<strong>de</strong>venir un père et une mère pour tous ceux qui viennent à eux. Encore faut­il que l’adultene conserve pas en lui <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> désespérée d’un enfant frustré qui le condamne àtoujours réc<strong>la</strong>mer et à se sentir perdu si on ne s’occupe pas <strong>de</strong> lui ou si on le critique.Ainsi <strong>la</strong> voie est avant tout une question <strong>de</strong> croissance intérieure, <strong>de</strong>puis l’égoïsme,l’étroitesse et <strong>la</strong> mesquinerie jusqu’à une <strong>com</strong>préhension et un amour universels. Celuiqui n’attend rien et ne dépend <strong>de</strong> rien est un avec tout et accè<strong>de</strong> à <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong>l’éternité et du non­dualisme. Pour <strong>de</strong>venir indépendant il faut dépendre <strong>de</strong> soi et non <strong>de</strong>l’amour et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>com</strong>préhension que les autres nous témoignent ou ne nous témoignentpas. Celui qui a trouvé sa dépendance en lui­même n’a plus d’émotions mais seulement lesentiment d’amour du prochain à qui il donne toujours le droit d’être différent <strong>de</strong> lui.L’enfant dépendant <strong>de</strong>s parents est <strong>de</strong>venu l’adulte sur qui d’autres peuvent s’appuyerpour apprendre eux­mêmes à grandir.

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