BULLETIN DE L'ISPAN No 5.pdf - reseau-culture-haiti
BULLETIN DE L'ISPAN No 5.pdf - reseau-culture-haiti
BULLETIN DE L'ISPAN No 5.pdf - reseau-culture-haiti
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
aménagements préliminaires du Parc NationalHistorique de Marchand-Dessalines, a reprisles travaux de restauration et des fouillesarchéologiques qui permirent une meilleurecompréhension du site. Une intervention auniveau de la poudrière permit la restitutionde la façade défigurée par les interventionsde 2007. Tenant compte de l’utilisationreligieuse du site, le parquet de la poudrièrefut aménagé ainsi qu’un espace extérieurpour les cérémonies voudoues qui s’ytiennent régulièrement, chaque jeudi.Le fort Décidé, vu en plan, représenteun carré de 18 m par 18 m environ,flanqué de quatre bastions d’angle. Elle estfaite de maçonnerie de pierres calcairesblanches, caractéristiques de la zone. Sursa place d’armes, on trouve un réservoirdestiné à l’origine, à stocker l’eau de pluierecueillie des toitures, aujourd’hui disparues.Une poudrière encore en bon état deconservation longe la courtine <strong>No</strong>rd. Unecasemate voûtée, à l’abri des tirs ennemis,est logée dans le bastion Sud-Ouest. Savoûte s’est effondrée et un canon enfonte repose sur le sol presqu’enfoui sousles décombres. L’accès au fort est placé àl’Est (coté opposé à la ville) et est contrôlépar un sas percé de meurtrières. Placé suréminence surplombant de très proche laville, le fort Décidé offre au visiteur une vueparticulièrement saisissante sur Marchand-Dessalines et la vaste vallée de l’Artibonite.Le fort couvre une superficie d’environ 800mètres carrés.Le fort Innocent, outre sa fonctionmilitaire, servait également, selon ce querapporte la tradition orale, de résidencesecondaire à Innocent Dessalines, le filsde l’Empereur, d’où l’origine du nom de lafortification. Quoique réalisé en de solidesmurailles, le fort Innocent est actuellementen très mauvais état de conservation. Toutporte à croire qu’il ait été pendant longtempsla proie d’actes sévères de vandalisme.Le fort Innocent est constitué d’un murd’enceinte polygonal s’élevant hors terre surune hauteur d’environ 6 m en moyenne etde 10 m par endroit. En son centre s’élèventencore les ruines d’une bâtisse aux puissantsmurs, épais d’environ 1,50 m et percésd’arcades régulières. L’extrémité Sud del’ouvrage se termine par une terrasse semicirculaireà partir de laquelle on a une vuepanoramique sur la ville de Marchand et lavallée de l’Artibonite.Le fort Madame est le plus importantpar ses dimensions de toutes les fortificationsde Marchand-Dessalines. Il occupe unesuperficie brute de 2.200 mètres carrés. Sonplan est celui d’un quadrilatère irrégulierépousant, le sommet de la montagne surlaquelle elle est placée. Il possède 4 bastionsd’angle de forme également irrégulière.Son mur d’enceinte est constitué d’unesimple muraille percée d’embrasures et demeurtrières. Plusieurs pans de cette muraillese sont écroulés au fil du temps. Sur la placed’armes, coté Est, subsiste encore les ruinesd’une poudrière.Le fort Doko, semblable au fort Décidé,possède un plan carré dégageant une courcentrale de 13 m par 13 m. Il est égalementflanqué de quatre bastions rigoureusementidentiques. Il est formé d’un mur d’enceintes’élevant sur environ cinq à six mètresde hauteur. Il est percé de nombreusesmeurtrières et de six embrasures à canonréparties symétriquement sur les quatrecourtines. Son entrée est située sur la façade<strong>No</strong>rd. Trois canons en fonte jonchent àmême le sol hors les murs, côté Ouest. Avecses 350 mètres carrés, il est le plus petit desfortifications de Marchand-Dessalines.Le fort Fin-du-Monde, placé à laplus haute altitude du réseau, complète au<strong>No</strong>rd le système. Son plan est pentagonalet irrégulier afin de pouvoir mieux tirerparti du sommet de la montagne où il estsitué. Il possède cinq bastions d’angle deforme irrégulière. Ces murailles enserrentune place d’armes sur laquelle sont logéesune poudrière aux murs latéraux épais de1,35 m et des casernes de garnison dontil ne subsiste que les fondations. L’allurevolontairement trapue de cette machinede guerre lui confère une rare puissance.Le fort Fin-du-Monde couvre une superficied’environ 1000 mètres carrés.L’histoire a retenu le nom de l’ingénieurZénon, le constructeur de ces fortifications.Il fût aidé dans leur exécution par Lavelanet,un officier d’artillerie. Mais, selon l’historienThomas Madiou, c’est au Gouverneur-Général Jean-Jacques Dessalines, lui-même,que nous devons la conception des plansdes fortifications de Marchand-Dessalines.•••• De h. en b. et de h. en b. : le Fort Culbuté, le fortDoko, et le Fort Fin-du-Monde.Plans : ISPAN 2009De h. en b. : le Fort Culbuté, le fort Décidé, le FortDoko, le Fort Innocent, le Fort Madame et le Fort Findu-Monde,à la même echelle.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 5 • 1er octobre 2009 • 2Photographies : ISPAN 2009
Le Palais de la Belle-Rivièredit “Ka Wa”Communément appelé Palais aux Trois-Cent-Soixante-Cinq-Portes en raison de sesnombreuses ouvertures, le Palais de la Belle-Rivière fut construit en 1820 par Louis Dupeyracpour servir de résidence à Henri 1er,alors roi d’Haïti. «Placé sur une hauteur dominantle bourg de la Petite-Rivière, il devaitavoir une vue imprenable sur la Plaine del’Artibonite depuis Verrettes au Sud-Est jusqu’àla baie des Gonaïves au <strong>No</strong>rd-Ouest”Encore en chantier lors de la chute duroyaume du <strong>No</strong>rd en 1820, la construction,qui devait probablement recevoir un étage,resta inachevée.Le Palais de la Belle-Rivière - voisinageavec le fleuve Artibonite oblige - est le secondpalais en importance construit parChristophe après celui de Sans-Souci à Milot.Il s’agissait pour celui-ci de consolider sonpouvoir dans la vaste et riche région agricolede l’Artibonite, limitrophe à la Républiquede Pétion.Lors de la première campagne de sauvegardede nos monuments historique, lancéesous le gouvernement de Sténio Vincent,d’importants travaux de restauration furententrepris au Palais de la Belle-Rivière, en1932. À cette occasion, il fut décidé de doterle rez-de-chaussée du palais d’une couvertureen tôle ondulée soutenue par une charpenteen bois. La structure du palais, alors enruine, fut consolidée, ses murs revêtus d’unenduis de ciment et ses nombreuses ouverturesdotées de volets en bois.Si cette intervention n’a pas été conformeaux règles de l’art de la restauration, ellea permis néanmoins de freiner le délabrementdu monument historique, assurer saprotection contre les intempéries et de letransmettre aux générations futures, avec lesmoyens et les connaissances techniques del’époque, un formidable témoin de la visiond’Henry Christophe.Quelques années plus tard, le palais de laBelle-Rivière abrita une école communalede cycle primaire et logea différents bureauxde l’Etat et de la Municipalité. Le palais abritaégalement le bureau local des Volontaires dela Sécurité Nationale (V.S.N.), ce qui lui valutson «déchouquage» en 1986.Par arrêté présidentiel en date du 23 août1995, le Palais de la Belle-Rivière fût classéPatrimoine National après présentation d’unavis technique favorable de l’ISPAN.Le palais de la Belle-Rivière présente unplan rectangulaire de 68 m de long sur 11m de large. A sa façade Ouest est adosséeune vaste rotonde large de 12 mètres dediamètre. La façade Est, arrière, se singulariseen son axe par une avancée surmontée d’unfronton de béton armé, ajouté lors de l’interventionde 1932. Les murs du palais sonten maçonnerie de pierres et de briquesd’argile liées par un mortier de chaux.Actuellement, le palais, quoique placé defait sous le contrôle de la Mairie du bourg,est, par faute de moyens financiers, dans unétat de d’abandon quasi complet. Bon nombrede tôles manque à la couverture. Certainespièces sont à ciel ouvert. Des pans demurs sont sérieusement attaqués par l’humiditéet l’infiltration des eaux de pluie. Lesouvertures sont en général dépourvues devolets. Et lorsqu’elles en sont pourvues, elles• La façade pricipale du Palais de la Belle-Rivière• Vue intérieure du Palaissont défoncées ou branlantes. Ce constatde l’état de conservation du palais a étéétabli au mois de mars 2008, lors d’une visited’inspection de monuments historiquesréalisée par l’ISPAN.Depuis 2007, un collectif composé d’écrivainset d’artistes bien connus - le SOS Patrimoine- auquel se sont associés l’ISPAN etla Mairie de la Petite-Rivière, tente de réaliserune campagne de levée de fonds en vuede la restauration complète du palais. Cetteassociation dont font partie Syto Cavé, JeanAvin François, Wooly Saint-Louis, TamaraSuffrin, Euphèle Milcé, Emmelie Prophète etbien d’autres, organisent chaque année aumois de juillet le festival <strong>culture</strong>l réunissantprésentations théâtrales, chants, danses, récitalsde poésie, conférences, débats, etc.Le palais de la Belle-Rivière demeure, endépit de toutes ses avatars et vicissitudes, lafierté des Rivartibonitiens, qui le nommentaffectueusement «Ka Wa*».* Chez le Roi.<strong>BULLETIN</strong> <strong>DE</strong> L’ISPAN • <strong>No</strong> 5 • 1er octobre 2009 • 3Photographie : ISPAN 2009Photographie : ISPAN 2009