37Dans une économie complexe et mouvante qui repose <strong>de</strong> plus en plus surl’innovation, tant technique qu’en matière d’organisation et <strong>de</strong> stratégie parrapport au marché, cette image, ce « goodwill » <strong>de</strong>s entreprises, que l’on appe<strong>la</strong>iten <strong>France</strong>, jusque dans les années 1970, <strong>la</strong> « survaleur », est <strong>de</strong> plus en plus l’un<strong>de</strong> leurs actifs déterminants. Le « goodwill » mesure les avantages incorporelsdont dispose l’entreprise. Ces avantages permettent d’expliquer les raisons pourlesquelles cette entreprise génère une rentabilité supérieure au bénéfice normalque justifierait son actif net, et qui constitue un « superbénéfice ».Il est un élément qui ne se limite pas à <strong>la</strong> comptabilité, mais résulte d’unesomme <strong>de</strong> composantes humaine, stratégique, financière, économique... Laréputation d’une société, son image <strong>de</strong> marque, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions sociales,<strong>la</strong> fiabilité <strong>de</strong>s produits ou <strong>de</strong>s services rendus, sont autant d’élémentsincorporels qui ont une valeur, bien que n’étant pas présents au bi<strong>la</strong>n.Dans Réformiste et impatient 19 , François Chérèque écrit : « L’une <strong>de</strong>smutations les plus intéressantes (...) est l’intérêt accru que les entreprisestrouvent à défendre et à améliorer leur image auprès <strong>de</strong> l’opinion publique engénéral, mais aussi auprès <strong>de</strong> sphères plus particulières comme celle <strong>de</strong>sinvestisseurs, <strong>de</strong>s clients, <strong>de</strong>s consommateurs, etc. Contrairement à ce que l’onpourrait penser, cet intérêt pour l’image ne relève pas d’une croyanceirrationnelle dans <strong>la</strong> magie <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication. Il s’agit au contraire d’unintérêt tout à fait rationnel et même, pour certaines entreprises, tout à fait vital.En effet, plus l’économie <strong>de</strong> service se développe, plus l’image <strong>de</strong>vient l’un <strong>de</strong>senjeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétition entre les entreprises. À performance technique égale oucomparable, les avantages concurrentiels se jouent sur <strong>de</strong>s élémentsimmatériels. (...) L’image est <strong>de</strong>venue stratégique. (...) Défendre son image<strong>de</strong>vient d’autant plus crucial que citoyens et sa<strong>la</strong>riés sont <strong>de</strong> plus en plusexigeants, non seulement sur <strong>la</strong> qualité et <strong>la</strong> sécurité <strong>de</strong>s produits, mais aussi sur<strong>la</strong> manière dont ils sont fabriqués et ses conséquences sur l’environnement. »Parfois, il est nécessaire pour une entreprise <strong>de</strong> changer son image, et ce<strong>la</strong>passe avant tout par <strong>de</strong>s actes, pas seulement par le <strong>la</strong>ngage. « La publicité est unaccélérateur, mais qui doit s’appuyer sur <strong>de</strong>s preuves. » expliquait MauriceLévy, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> Publicis, citant en exemple le slogan inventé dans les annéesquatre-vingt pour Carrefour : « Je positive » 20 .« La communication est une question <strong>de</strong> fond plus que <strong>de</strong> forme », affirmeMerce<strong>de</strong>s Erra, prési<strong>de</strong>nte exécutive d’EURO RSCG. Mais elle va plus loin : unebonne communication doit bien sûr valoriser, mais mieux encore, « elle doitdonner du sens ». Elle cite l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie Air <strong>France</strong> queJean-Cyril Spinetta a sauvé <strong>de</strong> <strong>la</strong> faillite, non pas en communiquant sur <strong>la</strong> crise,mais en projetant une image faisant sens pour l’avenir : « Faire du ciel le plusbel endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre » ; « La communication, c’est <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole structurante.Elle dit où l’on veut aller. »1920François Chérèque, Réformiste et impatient, Seuil 2005.Les Échos, 23/02/2009.
382. ... aux enjeux pour <strong>la</strong> collectivitéDans son audition du 1 er avril 2009, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> section du cadre <strong>de</strong> vie,Pierre Verluise déc<strong>la</strong>rait : « J’ai rencontré une personne qui a occupé <strong>de</strong>sresponsabilités extrêmement importantes qui m’a dit : “Peu importe ce quepensent les étrangers <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>, soyons nous-mêmes”. » Ce<strong>la</strong> a le mérited’être sympathique, court, mais ce<strong>la</strong> ne va pas très loin. Ce<strong>la</strong> fait penser à unadolescent qui dirait : « Je me fiche <strong>de</strong> ce que les autres pensent <strong>de</strong> moi, pourvuqu’ils me <strong>la</strong>issent vivre. » Mais cette attitu<strong>de</strong> est rare. La conviction <strong>de</strong> tous ceuxque notre section a auditionnés ou rencontrés est i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> Jean-Christophe Donnellier, déjà cité : « Ma conviction est que l’image <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>importe beaucoup ». C’est une importance politique, économique et culturelle.L’image conditionne les comportements à l’égard <strong>de</strong> notre pays. Ainsi, elleconditionne l’adhésion à <strong>de</strong>s initiatives politiques prises dans l’intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>France</strong> : l’image contribue au poids diplomatique, elle est partie prenante d’unediplomatie d’influence dans le droit fil du « soft power » développé par legéopolitologue américain Joseph Nye.Ces convictions se traduisent <strong>de</strong>puis longtemps dans les politiquesconduites par notre pays, dont <strong>la</strong> diplomatie est l’un <strong>de</strong>s instruments. Rédigé en2008 21 , le livre b<strong>la</strong>nc sur <strong>la</strong> politique étrangère et européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>souligne que « pour peser sur les affaires du mon<strong>de</strong>, un État doit être capable <strong>de</strong>combiner <strong>de</strong>ux logiques d’action stratégique ». La première, liée à l’exercice <strong>de</strong><strong>la</strong> souveraineté, suppose d’être en mesure « d’établir le cas échéant un rapport<strong>de</strong> forces au sens traditionnel ». La secon<strong>de</strong> est <strong>la</strong> conséquence <strong>de</strong> <strong>la</strong>mondialisation, qui « implique d’investir le champ <strong>de</strong> l’opinion et <strong>de</strong>s réseauxtransnationaux » : on voit se préciser les contours et les justifications d’unepolitique <strong>de</strong> promotion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>.En effet, « il est aussi nécessaire <strong>de</strong> détenir <strong>de</strong>s pouvoirs d’influence,c’est-à-dire <strong>de</strong> diffuser <strong>de</strong> façon ciblée <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s savoir-faire. Parmi lesvecteurs du rayonnement culturel et <strong>de</strong> l’influence on peut citer : l’accueil <strong>de</strong>sétudiants étrangers, <strong>la</strong> qualité et l’audience <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche, l’attractivité dusystème d’enseignement supérieur sur les élites, l’usage <strong>de</strong>s médias, etc. Lamondialisation conduit à repenser les réalités en termes d’interdépendance et <strong>de</strong>réseaux, obligeant les États à rompre avec leur logique traditionnelled’indépendance et <strong>de</strong> contrôle ».Le livre b<strong>la</strong>nc relève cependant que « les paramètres économiquesc<strong>la</strong>ssiques restent déterminants : démographie, croissance, cohésion sociale,niveau <strong>de</strong> formation et vitalité du débat d’idées, dynamisme <strong>de</strong>s entreprises (...)restent les soubassements indispensables et les seuls durables <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance et<strong>de</strong> l’influence dans le mon<strong>de</strong> ».21A<strong>la</strong>in Juppé, Louis Schweitzer ; La <strong>France</strong> et l’Europe dans le mon<strong>de</strong> ; libre b<strong>la</strong>nc sur <strong>la</strong> politiqueétrangère et européenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> 2008-2010 ; La Documentation française, 2008.
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