ES abords d'un village dans le Languedoc

il ne suivra neanmoins pas d'lndy dans son antisemitisme etses positions violemment antidreyfusardes; ses convictions setraduiront de maniere avant tout artistique, par I'affirmationd'une identit6 mediterraneenne a I'interieur de sa propre musique.En effet, toute la musique de Severac est impregnee parson amour du Languedoc puis de la Catalogne, au folklore delaquelle il emprunte volontiers des mClismes dans ses compositionspour piano. Par ailleurs, il renonce tres rapidementi I'usage de la forme bithematique pour privilegier des structureslibres, dans lesquelles sa poktique imagination creatricepeut s'epanouir sans retenue.L'un des aspects les moins connus de I'ceuvre de Severacest sa production pour le theatre. Elle consiste en quelquesmusiques de scene, ainsi qu'en deux importantes partitionspour des spectacles de plein-air, la Fille de la Terre, et surtoutH6liogabale, une colossale tragedie lyrique unissant chant,danse et declamation, donnee aux Arenes de Beziers -6phCmereK Bayreuth franqais.- en 6t6 1910. Dans le domaine duthedtre lyrique proprement dit, si I'on excepte I'opera-bouffeinacheve Le Roi Pinard, et les Antibel, drame lyrique dont ilne nous est rien parvenu, la seule contribution de Deodat deSCverac est Le Cceur du moulin.Malgre un impressionnant renouveau de la musiqueinstrumentale, lie i la fondation de la Societe Nationale deMusique en 1871, le theatre lyrique domine la vie musicalefranqaise en ce debut de vingtieme siecle. Apres le regnesans partage des operas historiques ou antiques, un nouveaucourant se fait jour avec le naturalisme. Moins centre que leverisme italien sur des arguments en forme de r tranches devie n, le naturalisme vise neanmoins i mettre en scene despersonnages prenant leurs racines dans la realitb, m6me-onle verra notamment dans les operas d'Alfred Bruneau sur deslivrets d'imile Zola- si Ir616ment syrnbolique y joue souventun rBle de premier plan. Dans cette optique, la terre yest omnipresente, soit en tant que decor (Le Chemineau deXavier Leroux, Xavi6re de Theodore Dubois, La L6preuse deSylvio Lazzari, Le Juif polonais de Camille Erlanger), en tantqu'element symbole de la fecondite et du travail des homrnes(Messidor d'Alfred Bruneau) ou comrne pBle d'attraction irresistibleincluant parfois une dimension redemptrice (Saphode Jules Massenet, Le Mas de Joseph Canteloube, Le Pays deGuy Ropartz). C'est i cette derniere categorie qu'appartientLe Cceur du moulin.En 1896, i Toulouse, parait Le Retour, piece en un acted'un jeune auteur de dix-neuf ans, Maurice Magre (1877-1941 ). itonnant parcours que celui de ce romancier, poete,auteur de theatre, qui durant sa jeunesse mene une vie libertine-se plongeant 2 la fois dans la volupte et les paradisartificiels- dont son ceuvre se fait le reflet. Peu i peu, il renoncei cette existence debridee pour se preoccuper toujoursdavantage d'esoterisme, acquerant une certaine celebrite parses romans dans lesquels il fait revivre 1'6popee cathare. Commepogte et comme dramaturge, il collabore avec plusieursmusiciens dont Severac, Reynaldo Hahn, Andre Gailhard et ...Kurt Weill dont il hitles textes de deux chansons creees parLys Gauty.Severac semble avoir entretenu des liens d'amities avecI'ecrivain dPs ses annees toulousaines. Les deux hommess'installent presque en m6me temps i Paris oh, en 1897 S6-verac compose une Chanson de Blaisine pour une piece deMagre. C'est probablement au debut de 1901 que le musiciencommence i travailler sur Le Retour pour en tirer un dramelyrique en un acte, sans doute acheve en 6t6 1902; il est alorsen mesure de soumettre I'ouvrage i d'lndy, songeant mCme,suivant la suggestion de son maitre, i le proposer au thedtrede la Monnaie de Bruxelles. Durant I'annee 1903, Severacet Magre remanient leur drame qui s'agrandit d'un secondacte et subit d'abondantes modifications. Dans une lettre du9 decembre 1903 i Rene de Castera, le compositeur annonceI'achevement de la nouvelle version. II fait Cgalement part dela modification probable du titre en Le Moulin ou Le ChatHuant. Une semaine plus tard, I'oeuvre reqoit son titre definitif,Le Cceur du moulin, sous lequel Severac la presente auConcours musical de la ville de Paris. Ce dernier sera remport6par deux anciens elitves de Cesar Franck, Charles Tourne-