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DES PATRIMOINES de Savoie - Conseil Général de Savoie

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Les papiers à entêtetémoins <strong>de</strong> notre patrimoine économiqueARCHIVESL’histoire <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong> l’Arve, en Haute-<strong>Savoie</strong>, est fortement marquée par son activitéindustrielle liée à l’horlogerie puis au décolletage.Depuis le XVIII e siècle, elle en façonne l’économiemais également le paysage et les mentalités.Autant dire que tout témoignage est primordial àconserver pour mieux connaître cette histoire économique.C’est le cas <strong>de</strong>s papiers à entête <strong>de</strong>s entrepriseslocales, que les Archives municipales <strong>de</strong>Cluses viennent d’inventorier.Utilisé pour la correspondance ou l’établissement<strong>de</strong> factures, le papier à entête a également étéemployé comme support pour message publicitaire,à une époque où l’entreprise n’avait guèred’autres moyens <strong>de</strong> communication. On peut distinguerun « âge d’or », situé entre 1880 et 1914 : laprésentation <strong>de</strong> l’entreprise, associant texte et iconographie,a alors été largement soignée. Le développement<strong>de</strong> nouvelles techniques d’imprimerie etd’illustration a rendu possible cette créativité.Les Archives <strong>de</strong> Cluses conservent <strong>de</strong> nombreuxspécimens <strong>de</strong> ces documents. Le plus ancien date <strong>de</strong>1858. La lecture <strong>de</strong> ces papiers industriels est trèsinstructive : ils nous renseignent sur l’histoire économique,l’histoire <strong>de</strong>s techniques, l’architecture industrielle.Une foule d’informations peut y être glanée :généalogie <strong>de</strong> l’entreprise, localisations géographiques,branches d’activités, types et métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>production, distinctions reçues aux expositions industrielles,etc.Une étu<strong>de</strong> d’ensemble du fonds permet <strong>de</strong> brosserla typologie et l’évolution <strong>de</strong> l’industrie locale. Jusqu’àla fin du 19ème siècle, l’horlogerie est omniprésente,que ce soit en production ou en commerce. Dansl’industrie, chacun a sa spécialité : la Maison BénéFrères <strong>de</strong> Scionzier annonce une « fabrique <strong>de</strong>pignons », les Cartier d’Arâches, une « spécialité dansles remontoirs ». À Magland, les Perrollaz font dansles « barillets ». Chacun a également sa technique : le« pivotage », le « taillage », le « tournage sur métaux »ou le « décoltage ». Au début du XX e siècle, le décolletageest passé au sta<strong>de</strong> d’industrie, à part égale avecl’horlogerie. En 1926, les fils <strong>de</strong> B. Dépéry possè<strong>de</strong>ntune « manufacture d’horlogerie et <strong>de</strong> décolletage »,et produisent <strong>de</strong>s réveils et pendulettes <strong>de</strong> marqueDEP, comme Dépéry bien-sûr, mais égalementcomme « Durée, Elégance, Précision », leur sloganpublicitaire. À la veille <strong>de</strong> la Deuxième Guerremondiale, l’horlogerie a quasiment disparu. Pendantles « Trente Glorieuses », le décolletage omniprésentgénère une foule d’activités annexes : fourniture <strong>de</strong>métaux, transports routiers, etc. Il évolue en « décolletage<strong>de</strong> précision », « décolletage automatique »,« micro décolletage »…L’intérêt n’est pas seulement documentaire. Certainesentêtes se révèlent être <strong>de</strong> véritables petits chefsd’œuvresd’art lithographique, signés par <strong>de</strong>s imprimerieslyonnaises (Ramboz, Richard), genevoises(Excoffier) voire bizontine (Delagrange Louis). Ilfaut cependant se méfier <strong>de</strong>s représentations qu’ellescomportent… Si l’on compare l’usine clusienne <strong>de</strong>Louis Carpano <strong>de</strong>ssinée sur son papier à entête <strong>de</strong>1893 avec la réalité du bâtiment, sur carte postalepar exemple, on s’aperçoit que l’ambitieux entrepreneura quelque peu enjolivé et considérablementagrandi son patrimoine immobilier ! Au cours duXX e siècle, quelques industriels introduiront laphotographie.Les <strong>de</strong>ssins servent également à représenter lesproduits. Le mouvement d’horlogerie <strong>de</strong>s Ets Carizet-Brunet est romantiquement mis en valeur par uneorchidée volubile. En 1948, la maison Bretton illustreson papier du <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> la lampe électriquemanuelle qu’elle a inventée, éclairant la faça<strong>de</strong> <strong>de</strong>sa toute nouvelle et imposante usine. Son grand rival,les Ets Carpano, utilise quant à lui la fixation <strong>de</strong> skiSuperdiagonal qu’il commercialise.La richesse documentaire et esthétique <strong>de</strong> ces documentscommence à éveiller l’intérêt <strong>de</strong>s chercheurs,ce qui n’est que justice. Les Archives municipalesd’Annecy ont également réalisé un inventaire <strong>de</strong> leurcollection. C’est une façon attrayante et originale <strong>de</strong>découvrir notre histoire économique. On peut seulementregretter qu’aujourd’hui, dépassées par d’autressupports plus médiatiques, les entêtes se caractérisentsurtout par leur sobriété, pour ne pas dire parleur pauvreté.Florence PoirierEntête <strong>de</strong>s Ets Carpano, 1893,Archives municipales <strong>de</strong> Cluses.Style art nouveau pour cette entête <strong>de</strong> fabrique d’horlogerie, 1906,Archives municipales <strong>de</strong> Cluses.Ci-contre à gauche,très jolie entête <strong>de</strong>sEts Bretton, qui associebâtiment et production,1948, Archivesmunicipales <strong>de</strong> Cluses.5


COLLECTIONSla collection <strong>de</strong> peinturesdu général baron Chastel(1774-1826)Portraitd’un général d’Empire,le général Chastel,Louis Léopold Boilly,Ecole française,XIX e siècle, huile surtoile, 22 x 17 cm,n° inv. 1985-1-45.<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> laHaute-<strong>Savoie</strong>.La collection <strong>de</strong> peinture ancienne du baron Amé Pierre Louis Chastel, acquisepar le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> en 1985 n’avait jamais fait l’objetd’une étu<strong>de</strong> systématique. Le service <strong>de</strong>s collections <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> laCulture a entrepris <strong>de</strong> faire restaurer les tableaux sur bois et sur cuivre et uncertain nombre d’huiles sur toile, les plus fragiles et les plus menacés. Depuis2000, 27 tableaux ont ainsi fait l’objet d’une intervention. En faisant appelnotamment aux équipes du Centre <strong>de</strong> Recherche et <strong>de</strong> Restauration <strong>de</strong>s Musées<strong>de</strong> France, le service <strong>de</strong>s collections a souhaité garantir la qualité <strong>de</strong>s travauxselon les normes actuelles, et obtenir un avis sur <strong>de</strong>s tableaux dont l’attribution– ou même la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> réalisation – n’était pas certaine. Ainsi en est-il <strong>de</strong><strong>de</strong>ux très belles peintures sur bois respectivement attribuées à Breughel le Jeuneet Willem Claesz Heda.Dès 1999, <strong>de</strong>s recherches entreprises notamment au Musée d’Art et Histoire etaux archives d’État <strong>de</strong> Genève, ont abouti à un premier dossier documentaire,faisant apparaître la partie <strong>de</strong> la collection restée en Suisse. En 2004, lacollection a fait pour la première fois l’objet d’une étu<strong>de</strong> universitaire par unehistorienne d’art, Christine <strong>de</strong> Montgros, à l’université Pierre Mendès-France <strong>de</strong>Grenoble (LMD 2, sous la direction <strong>de</strong> Marianne Clerc, Département d’histoire<strong>de</strong> l’art). Corinne ChorierPortrait d’homme à la fraise blanche, Jan VanScorel (autour <strong>de</strong>), Ecole hollandaise, 1599,huile sur bois, 64 x 49 cm, n° inv. 1985-1-44.<strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>.L’esprit <strong>de</strong> la Révolution souffle, sur notrerégion, au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> laBastille et le jeune Amé-Pierre-Louis Chastel, néà Veigy ( Chablais) en 1774, s’engage, enthousiaste,en 1792, dans la cavalerie <strong>de</strong> la Légion Allobrogequi participera à la « libération » du duché<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> 1 . Il prend part, aux côtés <strong>de</strong> Bonaparte,au siège <strong>de</strong> Toulon en 1793, à la campagne <strong>de</strong>sPyrénées Orientales (ans II et III) puis à celled’Italie (ans IV et V). Dès lors, Amé Chastel vasuivre Napoléon dans sa conquête <strong>de</strong> l’Europe 2 .Ses états <strong>de</strong> service mentionnent son ascensiondans la hiérarchie et seront récompensés par l’obtention<strong>de</strong>s différents gra<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Légion d’honneur3 et d’autres distinctions. Il a certainementété sensibilisé à l’art durant ses années <strong>de</strong> formation.Malgré ses déplacements nombreux, il s’attacheà développer une collection <strong>de</strong> peintures<strong>de</strong> tout premier plan. Celle-ci contribue sansdoute à asseoir sa position sociale dans lanouvelle société impériale. Les archives étantmuettes quant à sa genèse, nous pensonsqu’achats et « prises <strong>de</strong> guerre » ont vraisemblablementété les <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s d’acquisition <strong>de</strong>stableaux 4 .La rédaction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux testaments successifs etcontradictoires 5 explique le litige entre les <strong>de</strong>uxhéritiers, son frère François et sa sœur Joséphine,et la Ville <strong>de</strong> Genève, litige qui aboutit, finalement,à une dispersion <strong>de</strong> la collection dès 1826 6 .Dans le premier testament, il les nomme commeétant ses héritiers : « Ils se partageront par égalepart tout ce que je laisserai au jour <strong>de</strong> mon décèsen bien, rentes, créances <strong>de</strong> quelques espèces quece soit. » Une mention est faite au dos <strong>de</strong> ce papierindiquant le legs <strong>de</strong> sa galerie au Musée Rath6


1. Feuillas Dominique, Izembart Hélène, Le domaineThéodore Reinach à La Motte-Servolex, mémoire <strong>de</strong> CEEA,Jardins Historiques et Paysage <strong>de</strong> l’Ecole d’Architecture <strong>de</strong>Versailles, Paris, 1998, 148 p. et annexes 241 p.2. Echange <strong>de</strong> la propriété avec M. le Marquis Albert Costa<strong>de</strong> Beauregard <strong>de</strong>vant Maître Pierre Georges Paget, notaire àHyères (Var) le 25 mars 1890, transcrit au bureau <strong>de</strong>s hypothèques<strong>de</strong> Chambéry le 8 avril 1890, vol 820 n°47 (cité parl’acte <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> la propriété par M. Noblet àT. Reinach transcrit le 5 octobre 1898.3. Vian <strong>de</strong>s Rives Régis, La villa Kérylos, Les Editions <strong>de</strong>l’Amateur, Paris, 2001, 223 p.4. 25 plans <strong>de</strong> la rénovation par Louis Legrand sont déposésen mairie <strong>de</strong> La Motte-Servolex. L’architecteLouis Legrand est né à Paris en 1852 ; il est élève <strong>de</strong>J.A. Emile Vautremer (1829-1914) à l’Ecole <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong>Paris, lui-même a<strong>de</strong>pte <strong>de</strong> Viollet-le Duc et s’exprimant dansle style roman. Parmi ses travaux, on note l’hôtel Deville,maison <strong>de</strong> rapport à Paris ; l’agrandissement du château <strong>de</strong>Mussy dans l’Au<strong>de</strong> et du château <strong>de</strong> la Valette en Mayenne ;le couvent <strong>de</strong> l’Assomption à Saint Sébastien et l’hôtelMauro à Madrid en Espagne.5. Pierre Birnbaum, Les fous <strong>de</strong> la République, Paris, Fayard,1992, chap. 1.6. On donne aussi le nom Les désastres <strong>de</strong> la guerreà cette toile installée au Palais Pitti à Florence.MONUMENTS& ÉDIFICESCheminéedu grand salon.Ce dévot <strong>de</strong> l’État, helléniste confirmé, utilise lesallégories <strong>de</strong> la mythologie antique pour exprimerles valeurs <strong>de</strong> la République. Un bestiairemythologique surgit dans les moindres détails <strong>de</strong>la décoration.Pour le grand salon, il choisit <strong>de</strong>s copies <strong>de</strong> peinturesdu XVII e siècle, <strong>de</strong> facture baroque : Le chard’Apollon, Orithye et Borée d’après Charles DeLafosse, L’enlèvement <strong>de</strong> Déjanire d’après GuidoReni, Céphale et Procris, La chasse d’Actéon, <strong>de</strong>shommages à Aphrodite, à Céres, Mars et Vénusd’après Rubens. Reinach célèbre l’intégration etla paix sociale en plaçant Henri VI partant pourla guerre 6 d’après Rubens au cœur du salon. Surle manteau d’une cheminée néo-louis XIII, il s’invente<strong>de</strong>s armoiries à la gloire du savoir et <strong>de</strong> lajustice, rendant son message plus redondant enécrivant sur un ruban « Te servo lex ». Le tout s’organisetel une grammaire.À gauche,détails du plafond.Ci-<strong>de</strong>ssous, vue <strong>de</strong> lasalle à manger.A l’est, le bureau du maître <strong>de</strong>s lieux s’assagit maiss’agrémente cependant d’une cheminée- alcôveen bois fruitier, au décor <strong>de</strong> style Troubadour <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> allure.A l’ouest, la salle à manger apporte l’apaisementd’une belle harmonie néo-classique, composée<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux hémicycles. Dans la lumière <strong>de</strong>s vitrauxen grisaille, nous retrouvons les mythologiesgrecques. Aux murs, une série <strong>de</strong> huit panneauxdélimités par <strong>de</strong>s colonnes et <strong>de</strong>s pilastres <strong>de</strong>noyer sont ornés <strong>de</strong> cuirs repoussés, peints etestampés, signés Henriette Massy dont la factureméticuleuse <strong>de</strong> fleurs sauvages rejoint excellemmentcelle <strong>de</strong>s artistes naturalistes en vogue.Petite concession à la mo<strong>de</strong> Art nouveau d’alors !Bien sûr, ces idées républicaines sont communesà bien <strong>de</strong>s proclamations électorales <strong>de</strong> la paixsociale, en cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la III e République.Ici, Reinach ose les afficher dans l’éclectisme trèsréfléchi <strong>de</strong>s intérieurs <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>meure.Monique Henri-BardLe domaineThéodore Reinachhéberge ReinachFormations,Etablissement PublicLocal d’Enseignementet <strong>de</strong> FormationProfessionnelleAgricole, quiregroupe un lycéed’enseignementagricole, un centre <strong>de</strong>formation pourapprentis et pouradultes, uneexploitation agricoleet un ateliertechnologique.Il est ouvert au publiclors <strong>de</strong>s journées duPatrimoine, <strong>de</strong>s Parcset Jardins, PortesOuvertes et surren<strong>de</strong>z-vous pour lesgroupes.Tél. 04 79 25 41 80.Le parc du domaine aété inscrit par laDIREN comme jardinremarquable en 1991.9


Les caractéristiques <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>ncesseigneuriales du Pays YennoisDéfinir la maison-forte dans ses généralités faceaux particularismes locaux et caractériser unédifice en tant que tel, nécessite <strong>de</strong> disposer d’ungrand nombre d’informations tant architecturalesqu’archivistiques. Il est préférable, pour le secteurétudié, d’employer l’expression <strong>de</strong> « rési<strong>de</strong>nceseigneuriale ». Les édifices dans leur quasi-totalitéont été largement remaniés, modifiés,agrandis, <strong>de</strong>puis leur construction et transformésen ferme au cours <strong>de</strong>s XIX e et XX e siècles.Situation et morphologie <strong>de</strong>s sitesIl est important <strong>de</strong> remarquer que le choix d’implantation<strong>de</strong>s sites n’est nullement, et en aucuncas, laissé au hasard. Ainsi, les éléments déterminantssont généralement la présence d’eau dansun rayon inférieur à 20 mètres et une situation <strong>de</strong>hauteur (éminence naturelle, coteau, voire penteabrupte) qui permet d’affirmer une dominationet/ou <strong>de</strong> surveiller un point stratégique. Mais ilest également possible <strong>de</strong> relever l’isolement quicaractérise la plupart <strong>de</strong> ces maisons-fortes mêmesi elles se situent néanmoins à proximité d’un axe<strong>de</strong> communication majeur les reliant à la viecommunautaire. Enfin, ces constructions sont,d’une manière générale, entourées d’un jardin(potager & plantes médicinales) et plus largement<strong>de</strong> terres agricoles, <strong>de</strong> vignes et <strong>de</strong> forêts.Quant aux constructions, elles se distinguent parun corps <strong>de</strong> logis quadrangulaire (335 m 2 au solen moyenne) couvert d’un important toit à quatrepans en tuiles écailles et flanqué d’une ouplusieurs tours, le plus fréquemment circulaireset situées dans les angles. La présence <strong>de</strong> dépendancesà vocation agricole n’est pas rare, le toutformant un ensemble cohérent, centré sur unecour intérieure et ceint par un mur.Si l’expression « maison-forte » induit un certaincaractère défensif, celui-ci est peu marqué, voireinexistant pour les sites <strong>de</strong> l’ancien man<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> Yenne. Il se résume à la situation <strong>de</strong> hauteurénoncée précé<strong>de</strong>mment, à l’existence <strong>de</strong> tours<strong>de</strong> flanquement, qui ne sont pas sans rappelerchâteaux et bâties savoyards, à l’épaisseur <strong>de</strong>smurs souvent supérieure à un mètre et à quelquesouvertures <strong>de</strong> tir. Ces <strong>de</strong>rnières, généralementconcentrées sur les tours, revêtent plusieursTour rési<strong>de</strong>nce, Prélian,Saint-Jean-<strong>de</strong>-Chevelu.formes dues aux évolutions <strong>de</strong> l’armement(archères, arbalétrières, canonnières…) et imitentcelles <strong>de</strong>s châteaux comtaux, ou sont le fruit d’unremploi. Elles n’ont souvent qu’une fonctionsymbolique.Proposition <strong>de</strong> classement typologiqueUn corpus très hétérogène, les aléas stylistiquesainsi que les difficultés <strong>de</strong> datation ren<strong>de</strong>nt toutclassement délicat. Malgré ses lacunes, la typologieproposée offre néanmoins une vision d’ensemble<strong>de</strong>s sites étudiés. Elle se fon<strong>de</strong> sur lamorphologie avérée ou supposée du noyau d’origine<strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s maisons, doublée d’unindice chronologique : les dates charnières <strong>de</strong>1355 et 1377 (traités <strong>de</strong> Paris) qui marquent la fin<strong>de</strong>s hostilités entre les Dauphins et les comtes <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>. Ce classement typologique écarte doncles sites entièrement restaurés et dont la morphologieprimitive est à ce jour totalement inconnue(7 sites).les sites antérieurs à 1350Les sites disparusou ruinés (5 sites)Ce sont les plusanciennementmentionnés dans lessources manuscrites etils correspon<strong>de</strong>nt auxfiefs les plus importants<strong>de</strong> l’ancien man<strong>de</strong>ment<strong>de</strong> Yenne, appartenantaux familles les plusillustres. Simplecoïnci<strong>de</strong>nce ou cettepuissance les a-t-ellepré<strong>de</strong>stiné à unedisparition plus rapi<strong>de</strong> ?Il est possible qu’un lienpuisse exister,mais il est impossibled’affirmer lequel :problèmes <strong>de</strong> lignage,volonté princière,poids <strong>de</strong> la Révolutionfrançaise….Les tours rési<strong>de</strong>nces(6 sites)Ce type <strong>de</strong> constructionse caractérise par unetour quadrangulaire, <strong>de</strong>structure massive(75m 2 au sol enmoyenne, 3 ou 4niveaux), qui conserveune allure défensiverelativement imposanteet abrite une habitationseigneuriale qui justifie,par l’importance <strong>de</strong>cette fonctionrési<strong>de</strong>ntielle, lesappellations <strong>de</strong> « tourrési<strong>de</strong>nce » ou « maisontour ». Il concerne lessites les plus anciens,mais leur évaluationquantitative ne peut êtrequ’approximative enraison <strong>de</strong>s difficultés àconnaître leur état initialpuisque l’évolutionclassique propre auxtours rési<strong>de</strong>ncesconsiste enl’imbrication, au fil dutemps, d’autres corps <strong>de</strong>bâtiments autour <strong>de</strong>celles-ci (Prélian, Saint-Jean-<strong>de</strong>-Chevelu).Les maisonsflanquées <strong>de</strong> tour(s)(8 sites)Ne sont répertoriéesici que les structures quicombinent laconstruction d’un corps<strong>de</strong> logis, <strong>de</strong> planquadrangulaire(140m 2 au sol enD O S S I E RHaut-Somont, carte dudébut du XX e siècle.Archère canonnière,site du Clos <strong>de</strong> Chambuet,Yenne.Maison flanquée d’une tour, Chambuet, Yenne.moyenne, 2 ou 3niveaux) et <strong>de</strong> véritablestours <strong>de</strong> flanquement.Celles-ci, dont lenombre peut varierentre une et quatre, sontgénéralement circulaireset situées dans lesangles du logis ;s’élevant sur 3 à 4niveaux avant leurarasement. Ellesconcentrent l’essentiel<strong>de</strong> l’appareil défensif <strong>de</strong>ces sites et ne revêtentdonc aucune fonctionrési<strong>de</strong>ntielle. Sur le planchronologique, ce typed’édifice semblelégèrement postérieurau précé<strong>de</strong>nt, mais il estplus facilementrepérable en terme<strong>de</strong> phasage <strong>de</strong>sconstructions (Le Clos<strong>de</strong> Chambuet, Yenne).11


D O S S I E RPorte <strong>de</strong>communicationavec coussinetsgalbés.Les sites postérieurs à 1350Les logis simplesou dotés d’une tourelleescalier (11 sites)Malgré quelquessimilitu<strong>de</strong>smorphologiques, cegroupe <strong>de</strong> constructionsest assez hétérogène,témoin d’une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>changements. Le planquadrangulaire du logisreste <strong>de</strong> rigueur, lesvolumes varient, latourelle escalier segénéralise et lesouvertures sesimplifient. Si la touret quelques ouvertures<strong>de</strong> tir symboliquesrappellent <strong>de</strong> tempsà autre le pouvoirseigneurial, celui-ci sefait plus discrettémoignant <strong>de</strong>l’évolution sociale <strong>de</strong>sdétenteurs <strong>de</strong> cesrési<strong>de</strong>nces, <strong>de</strong> larécession économiquequi touche la <strong>Savoie</strong>dans la secon<strong>de</strong> moitiédu XIV e siècle et <strong>de</strong> laprofessionnalisation dudispositif militairesavoyard (LaMartinière,Traize).Une architecture <strong>de</strong> compromisentre château et maison paysanneLes matériauxLa petite noblesse étant à l’origine <strong>de</strong>s édificesétudiés, il n’est pas étonnant que les matériauxemployés pour leur construction soient <strong>de</strong> qualitémoyenne, issus <strong>de</strong> carrières et <strong>de</strong> fournisseurslocaux. Ainsi, la plupart d’entre eux sont construiten petit appareil, principalement <strong>de</strong>s galets, lespierres <strong>de</strong> taille étant uniquement réservées auxchaînages d’angle et aux encadrements d’ouvertures(calcaire, molasse, tuf…). Pour les toits, laprésence sur le secteur <strong>de</strong> nombreux vestiges <strong>de</strong>tuileries laisse supposer que l’usage <strong>de</strong> la tuileécaille était, comme aujourd’hui, prédominant.Quant au bois, matériau <strong>de</strong> construction médiévalpar excellence, il ne fait pas défaut, bien aucontraire. Il constitue la charpente, les planchers,les plafonds et les dispositifs d’ascension interneavant la généralisation <strong>de</strong>s tourelles à escalier. Ilétait également utile à l’élévation <strong>de</strong> la maçonneriesous forme d’échafaudage dont le retraitmarque les faça<strong>de</strong>s <strong>de</strong> « trous <strong>de</strong> boulins ».Les logis encadrés<strong>de</strong> toursquadrangulaires(4 sites)Ce <strong>de</strong>rnier type <strong>de</strong>construction sembleémerger à l’époquemo<strong>de</strong>rne et conserveencore une certaineunité qui le distingue<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts,caractérisé par unearchitecture auxantipo<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s premières« tours rési<strong>de</strong>nces ». Il secompose d’un corps <strong>de</strong>logis rectangulaire(250m 2 au sol enmoyenne) dont une <strong>de</strong>sgran<strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s,généralement la mieuxexposée, est encadrée<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux toursquadrangulaires ets’ouvre sur un jardind’ornement. Cesconstructions nerevêtent donc aucunefonction militaire etmarquent l’aboutissement<strong>de</strong> l’aménagementrési<strong>de</strong>ntiel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>meuresseigneuriales (La Mar,Jongieux).Les ouvertures, baies et portesIl s’agit <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> modénature repérés enpriorité lors <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s. Ce sont,bien souvent, les seuls indicateurs <strong>de</strong> la présenced’une rési<strong>de</strong>nce seigneuriale. Par leur variété etle soin apporté à la taille <strong>de</strong>s blocs qui les composent,ces ouvertures offrent un contraste surprenantqui distingue ces constructions <strong>de</strong>s simplesmaisons villageoises et rappellent ainsi le rangsocial <strong>de</strong> leurs détenteurs. Toutefois, elles participentau manque <strong>de</strong> cohérence et d’unité <strong>de</strong> lamorphologie générale <strong>de</strong>s édifices en fournissant<strong>de</strong>s formes très hétérogènes. Cette impression <strong>de</strong>désordre traduit autant l’appartenance à une petitenoblesse sans gran<strong>de</strong> richesse que l’histoirelongue et perturbée <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>meures régulièrementréaménagées pour satisfaire aux nécessités<strong>de</strong> confort et d’esthétique <strong>de</strong> ses occupants. Cesévolutions nuisent certes aux tentatives <strong>de</strong> reconstitution<strong>de</strong> l’état initial <strong>de</strong>s sites, mais leur confèrentun aspect dynamique et vivant.Il est donc possible <strong>de</strong> relever plusieurs typesd’ouvertures, témoins d’une époque et du mo<strong>de</strong>d’occupation <strong>de</strong>s pièces sur lesquelles ellesouvrent. Les plus anciennes sont les petites ouverturestype soupiraux, qui sont <strong>de</strong> simples prises<strong>de</strong> lumière pour les pièces réservées aux occupationsdomestiques, et les baies rectangulairesverticales pour les emplacements majeurs, dotées<strong>de</strong> décors soignés. Quant aux ouvertures croisées,elles apparaissent à la fin du XIV e sièclepour l’agrément rési<strong>de</strong>ntiel et sont ainsi uneLogis à tours quadrangulaires, La Mar, Jongieux.Logis simple,La Martinière,Traize.12


Placard mural.importante source <strong>de</strong> lumière et un élément décoratifmajeur. Il est également possible <strong>de</strong> releverl’existence <strong>de</strong> baies trilobées ou géminées. Pource qui est <strong>de</strong>s portes, elles peuvent être dotéesd’un encadrement en plein-cintre ou en tiers-point(portes d’accès), mais aussi surmontées d’unlinteau en accola<strong>de</strong> ou reposant sur <strong>de</strong>s coussinetsgalbés. Il faut noter que tous ces élémentsfont l’objet d’un soin tout particulier qui se traduitpar <strong>de</strong>s moulures, <strong>de</strong>s piédroits travaillés et autresdécorations.L’architecture intérieureL’espace intérieur s’organise sur trois niveaux, àsavoir le rez-<strong>de</strong>-chaussée qui tenait lieu <strong>de</strong> cellieret <strong>de</strong> cuisine et les niveaux supérieurs qui revêtentune fonction rési<strong>de</strong>ntielle indéniable avec lagran<strong>de</strong> salle ou aula au premier étage (pièce <strong>de</strong>vie et d’apparat) et les chambres ou camera au<strong>de</strong>uxième étage (pièces plus intimes). Quant àl’architecture intérieure, elle comprend à la foisles structures en bois (plafonds à la française,planchers…), les portes <strong>de</strong> communication,l’ébrasement interne <strong>de</strong>s baies (parfois doté <strong>de</strong>coussièges) et le mobilier fixe. Ce <strong>de</strong>rnier englobeles cheminées et structures <strong>de</strong> feu, caractéristiques<strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces nobles, les nombreux espaces <strong>de</strong>rangements muraux, les cendriers, voire potagers,ou encore les éviers et les latrines.Une illustration régionale<strong>de</strong> la société féodaleLes détenteurs <strong>de</strong> ces maisons nobles ruralesIl est difficile <strong>de</strong> les connaître avec précision,ceux-ci n’apparaissant qu’au travers d’armoiriesrelevées sur les sites et au hasard <strong>de</strong>s sourcesécrites ; certains échappant même totalement àl’histoire. Jusqu’au milieu du XIV e siècle, il estnéanmoins possible d’affirmer qu’il s’agit <strong>de</strong>chevaliers et que ceux-ci, dont l’appartenance àla noblesse est discutée entre les historiens, sontainsi à l’origine <strong>de</strong> 40 % <strong>de</strong>s sites. Ces <strong>de</strong>rniers sedémarquent d’ailleurs par une architecture relativementdéfensive et une organisation spatialesimilaire. Le XV e siècle apparaît ensuite commeune pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> transition où les <strong>de</strong>rniers chevalierssemblent se mêler aux gens <strong>de</strong> robe,notaires, magistrats et officiers comtaux ; cetteévolution se traduit à la fois par l’émergence <strong>de</strong>nouveaux édifices rési<strong>de</strong>ntiels, beaucoup plushétérogènes, et par l’adaptation <strong>de</strong>s ancienscomplexes seigneuriaux.Enfin, l’époque mo<strong>de</strong>rne voit se généraliser, entant que propriétaires <strong>de</strong> ces rési<strong>de</strong>nces autonomes,les officiers ducaux puis royaux (chambellans,conseillers…), ainsi que <strong>de</strong>s magistratset, à partir du XVII e siècle, <strong>de</strong>s militaires <strong>de</strong>carrière.Les relations avec les PrincesLe territoire yennois est <strong>de</strong>puis les origines ducomté, au XI e siècle, sous l’égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la Maison <strong>de</strong><strong>Savoie</strong> ; du fait <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong> Pierre-Châtel,son influence y est profondément marquée.Quant au bourg <strong>de</strong> Yenne, il fait partie intégrantedu fief personnel <strong>de</strong>s comtes jusqu’au début duXIII e siècle où ce <strong>de</strong>rnier est inféodé à septpersonnages locaux majeurs sous forme d’unemestralie en 1209. Le bourg reçoit la premièrecharte <strong>de</strong> franchise du comté en 1215. La« mestralie <strong>de</strong> Chambuerc » est la plus ancienneforme <strong>de</strong> découpage administratif émanant <strong>de</strong>scomtes et sa précocité met en exergue le caractèreessentiel pour le comté <strong>de</strong> ce secteur clefdont le contrôle est indispensable à l’expansionterritoriale <strong>de</strong>s <strong>Savoie</strong>. La domination directe qu’ilsexerçaient jusqu’alors va s’amoindrir au profitd’une tutelle indirecte par le biais <strong>de</strong> vassaux dansle cadre <strong>de</strong> l’organisation féodale <strong>de</strong> la société.Cette évolution fait ressortir les liens <strong>de</strong> dépendancequi se tissent entre les Princes et les nobleslocaux et peut expliquer la présence d’un telnombre <strong>de</strong> seigneuries sur un secteur aussirestreint par le morcellement volontaire du territoireen une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> petits fiefs dans le butd’éviter l’émergence d’entités trop puissantespouvant concurrencer l’autorité comtale.Fonctions et liens avec le mon<strong>de</strong> socialLes édifices étudiés revêtent différentes fonctionspropres aux rési<strong>de</strong>nces seigneuriales et celles-cisont avant tout économiques, renvoyant à lanotion <strong>de</strong> rente seigneuriale qui résume assez bienla situation en marquant le lien étroit entre l’activitéproductive (faire-valoir direct et indirect) etles revenus seigneuriaux (cens, banalités, tonlieux,péages…). Les maisons nobles peuvent égalementjouer un rôle judiciaire avec la renaissance du droitromain et l’éclatement du droit <strong>de</strong> ban, ainsi quereligieux <strong>de</strong> par la présence <strong>de</strong> chapelles indépendantesou intégrées au bâti (lieux <strong>de</strong> culte etsurtout <strong>de</strong> sépulture). Enfin, certaines, plus fortifiéeset situées à proximité du Rhône et <strong>de</strong> la routedu Col du Chat, semblent avoir assuré contrôle etprotection du passage.Audrey Coda-ZabettaEstampe anonyme et non datée, d’après Relais 73(cliché L. Lagier-Bruno).D O S S I E RCi-<strong>de</strong>ssus, vestiges<strong>de</strong> latrines extérieures,Gemillieu,Saint-Jean-<strong>de</strong>-Chevelu.13


ARCHITECTURE<strong>Conseil</strong> et contrôleen matière d’architectureLes monumentssans leur tissu.Le tissu sansses monuments.La ville.D’après une idéeoriginale <strong>de</strong> LéonKrier, 1984.Station <strong>de</strong> Sestrière.14Le Service départemental <strong>de</strong> l’Architectureet du Patrimoine <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong>Les services départementaux <strong>de</strong> l’architecture etdu patrimoine (SDAP) sont <strong>de</strong>s services déconcentrésdu ministère <strong>de</strong> la Culture et la Communicationà l’échelon départemental ; ils sontplacés sous l’autorité <strong>de</strong>s Préfets <strong>de</strong> département.En 1979, ils ont succédé aux agences <strong>de</strong>s Bâtiments<strong>de</strong> France nées dans l’après guerre. Ilsinterviennent néanmoins pour le compte <strong>de</strong> troisministères dont celui <strong>de</strong> l’aménagement du territoireet l’environnement, celui <strong>de</strong> l’équipementet celui <strong>de</strong> la culture.Le SDAP <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> a fonctionné en tan<strong>de</strong>mavec celui <strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong> jusqu’en 1974sous la direction d’un seul ABF. Aujourd’hui,<strong>de</strong>ux ABF au sein d’une équipe <strong>de</strong> septpersonnes couvrent le territoiresavoyard.Le SDAP a une compétence et unepratique reconnue dans le domaine<strong>de</strong> l’urbanisme, <strong>de</strong> l’aménagement et dupaysage. 1Le SDAP <strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> se positionne <strong>de</strong>puisquelques années dans le domaine <strong>de</strong>ses compétences d’origine à savoir lepatrimoine et l’architecture qu’ils’agisse <strong>de</strong> programmation et <strong>de</strong> suivi<strong>de</strong> travaux sur les monuments, d’expertiseen milieu ancien ainsi que sur<strong>de</strong>s édifices non protégés, d’action <strong>de</strong>sensibilisation.Un résumé <strong>de</strong>s missions pourrait se traduirepar la notion <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la transformationet <strong>de</strong> la transmission du patrimoine.2Les SDAP <strong>de</strong> la région Rhône-Alpes parailleurs se sont structurés en réseausous forme <strong>de</strong> collège leur permettant<strong>de</strong> mener <strong>de</strong>s actions communesafin d’être représentatifs à l’échelon<strong>de</strong>s services régionaux (DRAC etDIREN 3 ).La problématique du contrôle architecturalL’architecture est un domaine dont l’action mérited’être consolidée, car étant une « expression <strong>de</strong>la culture » 4 elle met en relation aussi bien <strong>de</strong>snotions liées à la rénovation, qu’à la création outout simplement à la qualité <strong>de</strong>s constructions, età leur intégration dans les paysages.A une pério<strong>de</strong> qui a intégré les diverses notions<strong>de</strong> patrimoine, il y a lieu <strong>de</strong> reposer la question<strong>de</strong> l’architecture comme vecteur d’authenticité etcomme alternative à la production <strong>de</strong> masse dansun département soumis à <strong>de</strong> fortes pressions surles espaces patrimoniaux et naturels ainsi que sur<strong>de</strong>s paysages emblématiques.Ce constat concerne aussi bien la conservation<strong>de</strong>s traces du passé que les questions relatives au<strong>de</strong>venir <strong>de</strong> notre environnement, à la coexistence<strong>de</strong>s constructions neuves avec les bâtimentsanciens, aux zones à aménager face aux quartiersexistants. La problématique architecturale re<strong>de</strong>vientune donnée essentielle et centrale quisuscite l’intérêt car elle véhicule <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong>qualité <strong>de</strong> vie, « labellise » les espaces <strong>de</strong> caractèrepar <strong>de</strong>s interventions maîtrisées y comprispar la création.Le contrôle <strong>de</strong>s espaces et <strong>de</strong>s nouvelles constructionsest un facteur incontournable. Premièrement,<strong>de</strong>puis près d’un siècle par la législationsur les monuments, les sites, les abords <strong>de</strong> monuments,les secteurs sauvegardés et enfin lesZPPAUP 5 . Deuxièmement par le biais du contrôledu juge dont l’origine remonte au renforcementdu droit <strong>de</strong> l’environnement afin <strong>de</strong> lutter contreles excès <strong>de</strong> l’urbanisation. Le droit <strong>de</strong> l’urbanismea suppléé le droit pénal et le droit civil afin <strong>de</strong>mieux gérer l’intérêt général 6 . Troisièmement parl’acte <strong>de</strong> construire ou d’aménager selon la nature<strong>de</strong> la zone, <strong>de</strong> son règlement et <strong>de</strong> prescriptionss’il existe une servitu<strong>de</strong> faisant intervenir lecontrôle <strong>de</strong> l’ABF.Enfin, par l’obligation d’appliquer les normestechniques dites DTU aux travaux dans un objectif<strong>de</strong> respect <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> l’art, <strong>de</strong> sécurité notamment.Les outils <strong>de</strong> la qualité architecturaleSi l’arsenal juridique existe <strong>de</strong>puis longtemps, onrelève malgré tout une réalité bien contrastée.La loi <strong>de</strong> 1962 dite Malraux instituant le secteursauvegardé a permis une avancée remarquableen initiant un règlement patrimonial par le biaisdu plan <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>.La ZPPAUP est une procédure plus récente issue<strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> décentralisation dès 1983 qui privilégiel’initiative communale et la concertationdans un objectif <strong>de</strong> préservation du patrimoineet du paysage 7 en reprenant sensiblement lamême démarche.L’article R.111-21 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme déjàprésent en 1976 permet à l’autorité compétente<strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>s prescriptions ou <strong>de</strong> refuser unpermis au motif que ce <strong>de</strong>rnier porterait atteinteaux lieux et ne s’intègrerait pas dans le site dontle caractère est i<strong>de</strong>ntifié.La loi « paysage » du 8 janvier 1993 permet égalementd’améliorer le contenu du PLU 8 en proposant« d’i<strong>de</strong>ntifier et délimiter les quartiers, rues,monuments, sites, éléments du paysage et secteursà protéger ou à mettre en valeur pour <strong>de</strong>s motifsd’ordre esthétique, historique ou écologique etdéfinir, le cas échéant, les prescriptions <strong>de</strong> natureà assurer leur protection ».La Loi solidarité et renouvellement urbain (SRU) 9instaure une démarche <strong>de</strong> projet et recentre ledispositif sur les questions d’aménagements etnon plus sur les opportunités foncières. Le règlementest néanmoins peu différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>sanciens POS.L’évolution culturelle souhaitée et attendue parles spécialistes tar<strong>de</strong> à porter ses fruits et la


production architecturale reste trop souvent laconséquence du classique article 11.Le système normatif, les avis et l’article 11Les premiers documents d’urbanisme étaientessentiellement constitués <strong>de</strong> formules stéréotypéesqui ressassaient le même texte avec unarticle 11 du plus banal au plus ambigu. 10L’application du seul règlement n’a pas garanti laqualité architecturale notamment au moment <strong>de</strong>la réalisation <strong>de</strong>s projets ; même le contrôle aposteriori via la conformité n’a eu qu’un effetlimité. L’urbanisme est en effet un domaine ous’affrontent les contraintes d’intérêt général et lesintérêts privés <strong>de</strong>s constructeurs ou <strong>de</strong>s tiers.La cause principale n’en est pas imputable au seulprojet individuel mais probablement à quelquesdispositifs du système d’aménagement du territoirepar la voie <strong>de</strong>s outils opérationnels (et <strong>de</strong> laloi d’orientation foncière <strong>de</strong> 1967) comme le lotissementvoire parfois la ZAC.Paradoxalement, les quelques rares expérimentationsnotamment en matière <strong>de</strong> logement – leséquipements publics étant plus facilementacceptés par l’opinion dans leur différence ouleur aspect novateur – ou les quelques projetsatypiques se démarquant d’une production classiquevoire banale ne nuisent pas nécessairementau contexte bâti existant, mais n’en inverse pourautant la tendance. Les expériences <strong>de</strong> bâtimentsrésolument contemporains dans le Vorarlberg,contrée autrichienne pourtant ancrée dans lerégionalisme, illustrent un revirement d’attitu<strong>de</strong><strong>de</strong> l’opinion et une culture nouvelle.L’avis <strong>de</strong> l’ABF, longtemps isolé, a permis <strong>de</strong>garantir un niveau d’exigence dans les projets eta assuré une forme <strong>de</strong> « présence temporelle »sur un territoire donné ; il a servi <strong>de</strong> fil conducteurpuisque, semble-t-il, ce principe est transposéà l’échelle <strong>de</strong> nombreuses communessoucieuses <strong>de</strong> leur architecture, par le biais <strong>de</strong>sarchitectes consultants dont les avis prennent lerelais en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s espaces protégés.Le débat en architectureFixer la règle sans la figer ni dans le temps ni àl’échelle du territoire revient à s’interroger sur letype <strong>de</strong> production souhaitée en matière d’aménagementet d’architecture.Alors que l’article 11 n’est plus une partie obligatoiredu document d’urbanisme, son absenceserait ressentie comme un vi<strong>de</strong> juridique qui nepermettrait pas <strong>de</strong> juger un projet <strong>de</strong> manièreobjective.L’énoncé <strong>de</strong> la règle via l’article 11, même s’ilcomporte <strong>de</strong>s effets insidieux, rassure l’instructeuret le maire sur le risque limité <strong>de</strong> recourscontentieux et décline un corpus <strong>de</strong> référencesévitant une appréciation au cas par cas.On constate que l’excès <strong>de</strong> règle ou l’excès dansla règle stigmatise aujourd’hui les projets innovantsce qui n’a pas toujours été le cas ; l’histoire<strong>de</strong> l’architecture en témoigne.L’action publique est perceptible dans la mise enoeuvre <strong>de</strong>s circula<strong>de</strong>s en Languedoc commemodèle spatial en l’an mille 11 , dans les basti<strong>de</strong>sdu sud-ouest 12 , dans les projets d’embellissement<strong>de</strong>s villes et la création <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s percées maisaussi en matière d’architecture fonctionnalistepar une volonté hygiéniste dans les reconstructionsd’après-guerre.Par ailleurs, un projet <strong>de</strong>vrait se concevoir commeun travail d’adaptation par rapport à un modèleidéal qui rendrait le modèle compatible avec leprogramme, les contraintes <strong>de</strong> site et celles <strong>de</strong>sédifices voisins.L’architecture au travers <strong>de</strong> son enseignement nedisposant pas d’un domaine scientifique estsujette à polémique dont il ne peut résulter que<strong>de</strong>s confrontations doctrinales. L’affirmation d’unedoctrine se révèle être le meilleur outil <strong>de</strong>communication, mais le débat permet-il à chaquefois d’appliquer voire d’expliciter les principesissus <strong>de</strong> cette doctrine ?Les perspectives d’évolutionMême si les textes fondateurs du droit du patrimoinesont anciens, l’évolution en matière d’espacesprotégés est constante. Elle s’est traduiteencore récemment par une disposition <strong>de</strong> la loiSRU prévoyant, dans le cadre <strong>de</strong> l’élaboration d’unPLU, la possibilité <strong>de</strong> modifier le périmètre <strong>de</strong>protection autour <strong>de</strong>s monuments historiques quiserait adapté aux enjeux patrimoniaux et à laréalité spatiale. Par contre, elle ne stipule aucunmo<strong>de</strong> opératoire ni corps <strong>de</strong> règles ce qui risqueune nouvelle fois d’accor<strong>de</strong>r beaucoup <strong>de</strong> crédità l’article 11.L’étu<strong>de</strong> patrimoniale est un document pragmatique,axé sur une problématique liée au patrimoine,à l’architecture et au paysage mettant enperspective grâce à l’analyse, les potentialités d’unterritoire, d’un ensemble patrimonial dans unobjectif <strong>de</strong> préservation.En relation avec les problématiques typiquementarchitecturales, il semble important d’évoquer <strong>de</strong>ssolutions alternatives à la comman<strong>de</strong> classiqueoù l’on mêle expérimentation et création à l’instar<strong>de</strong>s concours d’architecture, <strong>de</strong>s marchés <strong>de</strong> définitionpermettant à la production urbanistique etarchitecturale <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l’engrenage du formalismeet <strong>de</strong>s stéréotypes, <strong>de</strong> mobiliser l’opinionet <strong>de</strong> donner un crédit à la culture <strong>de</strong> projet enalternative à la norme <strong>de</strong> type article 11.Si la promotion <strong>de</strong> l’architecture s’illustre par <strong>de</strong>smanifestations et <strong>de</strong>s remises <strong>de</strong> prix à l’échellenationale, on ne peut faire fi du travail <strong>de</strong> terraineffectué quotidiennement par <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong>passionnés, <strong>de</strong>s associations, <strong>de</strong>s professionnelset par un réseau <strong>de</strong> petites entreprises qui militentar<strong>de</strong>mment à l’échelon local mais dont l’effortest souvent jugulé par une débauche normativetrop abstraite.Philippe GanionARCHITECTURE« Non au permis<strong>de</strong> détruire ».1. Décret du 6 mars 1979instituant les SDA(P) qui ontpour mission <strong>de</strong> promouvoirune architecture et unurbanisme <strong>de</strong> qualité,s’intégrant harmonieusementdans le milieu environnant.Les SDAP ont été rattachés auMinistère <strong>de</strong> l’Équipementjusqu’en 1996.2. Article du Moniteur du28 avril 1995 en page 45 parOlivier Go<strong>de</strong>t – ABF.3. Direction régionale <strong>de</strong>saffaires culturelles (DRAC)et la direction régionale <strong>de</strong>l’environnement (DIREN).4. Article premier <strong>de</strong> la loidu 3 janvier 1977 décrétantl’architecture d’intérêtpublic.5. ZPPAUP : zone <strong>de</strong>protection du patrimoinearchitectural, urbain etpaysager.6. Le juge judiciaire et ledroit <strong>de</strong> l’urbanisme parDominique Moreno,éd. LGDJ, 1991.7. ZPPAUP, du projet à larègle – STU, Direction <strong>de</strong>l’architecture et <strong>de</strong>l’urbanisme, éd. STU, 1992.8. POS et paysages, aspectsjuridiques par la DAU,ministère <strong>de</strong> l’Équipement,éd. Villes et territoires 1995.Article L.123-1 alinéas 4 et 7du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’urbanisme.9. La loi SRU est complétéepar la loi urbanismeet habitat n°2003-590du 2 juillet 2003.10. L’article 11 concernel’aspect extérieur <strong>de</strong>sconstructions qui réglementepar type <strong>de</strong> zone et non paspar dossier.11. Circula<strong>de</strong>s languedociennes,naissance <strong>de</strong>l’urbanisme européen <strong>de</strong>Krzysztof Pawlowski, éd.Presses du Languedoc 2002.12. Basti<strong>de</strong>s du Quercy,société académiqued’architecture, éd. Diagram,1995.15


MONUMENTSSauvegar<strong>de</strong><strong>de</strong>s granges <strong>de</strong> Chandonun contexte communal et urbanistique particuliercommune <strong>de</strong> Méribel les Allues& ÉDIFICES1. La maison ruralepermanente dans les Alpesfrançaise du nord, JeanRobert (photo <strong>de</strong>s granges<strong>de</strong> Chandon datant <strong>de</strong>sannées 30).La commune <strong>de</strong>s Allues, est passée, durantle XX e siècle d’une économie rurale agricoleà une économie touristique axée sur lessports d’hiver. Son relief et son orientation laren<strong>de</strong>nt tout à fait attractive pour le public affectionnantles sports <strong>de</strong> neige.Cet enjeu a induit, dès la secon<strong>de</strong> moitié du XX esiècle, un équipement en termes <strong>de</strong> remontéesmécaniques et d’infrastructures touristiques et unaccroissement corollaire du nombre <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>ncessecondaires et <strong>de</strong> structures d’hébergement. Lacommune bénéficie d’une bonne <strong>de</strong>sserte du fait<strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> l’autoroute <strong>de</strong> Tarentaise etparticipe <strong>de</strong> manière forte à la dynamique économique<strong>de</strong> cette vallée. La plupart <strong>de</strong>s ancienshameaux ont subi <strong>de</strong>s rénovations banalisanteset le bâti ancien, fortement transformé, se retrouvesouvent noyé au milieu <strong>de</strong> constructions récenteset variées.Dans ce contexte, les granges <strong>de</strong> Chandon constituentun ensemble <strong>de</strong> constructions manifestementbien préservé.Ces granges ont fonctionné jusque dans lasecon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle. Elles permettaient<strong>de</strong> stocker du fourrage et d’abriter les bêtes durantla mauvaise saison. Cet ensemble a néanmoinsété un peu chahuté durant les cent <strong>de</strong>rnièresannées. Les toits ont été reconstruits suite à unincendie en 1928. Lors <strong>de</strong> l’élargissement <strong>de</strong> laroute entre 1945 et 1955, les granges ont été épargnéesau mieux. En 1991, une déviation lescontournant est mise en place pour les jeux olympiques<strong>de</strong> 1992. C’est également la <strong>de</strong>rnière annéeoù <strong>de</strong>s vaches en occupent les étables.Un patrimoine à protégerLa prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> la valeur patrimoniale<strong>de</strong>s granges <strong>de</strong> Chandon a été progressive. Dansla première moitié du XX e siècle, quelques publicationsfont bien état <strong>de</strong> la qualité exceptionnelledu site 1 mais avant 1993, le POS n’apporteaucune contrainte sur ces bâtiments. Pourtant cesgranges suscitent <strong>de</strong> plus en plus l’intérêt. Ellessont répertoriées dans <strong>de</strong> nombreux ouvrages etdocuments d’urbanisme. Le CAUE les mentionneégalement en mars 1995 dans un document surl’habitat traditionnel <strong>de</strong>s vallées <strong>de</strong> Vanoise.L’équipe municipale alors en place propose lapréemption <strong>de</strong> ces granges sans en préciser la<strong>de</strong>stination. La <strong>de</strong>rnière municipalité privilégieun aménagement du PLU imposant la conservationà l’i<strong>de</strong>ntique du caractère <strong>de</strong> ces bâtiments.Cette démarche se concrétise en septembre 2003.Cette année-là, la commune engage une étu<strong>de</strong>globale sur l’ensemble <strong>de</strong> cet alignement <strong>de</strong> 5granges afin <strong>de</strong> se doter <strong>de</strong> moyens et <strong>de</strong> critèresqualitatifs permettant leur transformation en habitationsans en dénaturer l’aspect général.Actuellement, le bâti vernaculaire du hameau <strong>de</strong>Chandon présente <strong>de</strong>s constructions groupées etmitoyennes, <strong>de</strong>sservies par <strong>de</strong>s ruelles étroites etpentues. Dans le bas du hameau, les grangesétagées en casca<strong>de</strong> sur la pente font face à l’alignement<strong>de</strong>s habitations.Chaque grange est particulière même si elleprésente un système constructif et une répartition<strong>de</strong>s fonctions i<strong>de</strong>ntiques. On peut distinguer troisniveaux :16


MONUMENTS& ÉDIFICES– Un sous-bassement semi-enterré en pierreshourdées au mortier <strong>de</strong> chaux. Cet espace,couvert par quatre voûtes d’arête avec piliercentral, correspondait à l’étable.– Le niveau inférieur <strong>de</strong> la grange est situé justeau-<strong>de</strong>ssus. Ses murs extérieurs sont constitués <strong>de</strong>panneaux <strong>de</strong> planches ajourés s’inscrivant entre<strong>de</strong>s parties maçonnées. Cette technique permet<strong>de</strong> ventiler récoltes et foin. À l’entrée, une surfaceen plancher complète ce fonctionnement parl’aménagement d’un espace pour le battage <strong>de</strong>sfèves, pois et avoine.– Le niveau supérieur <strong>de</strong> la grange est en bois.L’ossature en charpente d’épicéa est fermée parun mantelage <strong>de</strong> planches ajouré pour favoriserla ventilation. Le volume du comble est en porteà-fauxpour accroître la capacité <strong>de</strong> stockage.Dans le plancher, une trémie est réservée pourle passage du foin.La faça<strong>de</strong> sud est remarquable par la qualité <strong>de</strong>son mo<strong>de</strong>lé : <strong>de</strong> nombreux éléments sont disposésen retrait ou en saillie ; l’avancée en porteà-faux<strong>de</strong>s combles est accentuée par <strong>de</strong>sbardages obliques. Issue du système constructifet <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> chaque étage, la répartition entrebois et pierres confère une certaine harmonie àl’ensemble.La participation <strong>de</strong>s propriétairesAujourd’hui, ces cinq granges appartiennent àcinq propriétaires différents que la commune aassocié dès le lancement <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>. La mairie lesa informés <strong>de</strong> la démarche puis a sollicité leursoutien, notamment l’ouverture <strong>de</strong> leurs bâtimentspour en permettre les relevés.La démarche pédagogique s’est engagée et rapi<strong>de</strong>mentles propriétaires ont convenu <strong>de</strong> laqualité du site et <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> produire uncahier <strong>de</strong>s charges permettant d’en assurer lapréservation.La restitution <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> a lieu le 4 mai 2004.Plusieurs perspectives sont explorées, mais uneseule proposition <strong>de</strong> transformation est retenuedu fait <strong>de</strong>s contraintes liées au bâti existant. Cetteproposition répond à <strong>de</strong>ux principes dont l’objectifest à la fois la protection et la transformationen habitation. La conservation <strong>de</strong>s volumes,<strong>de</strong>s structures et <strong>de</strong> l’aspect <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s constituele premier principe. Le second consiste àproposer <strong>de</strong>s solutions techniques simples facilitantle maintien <strong>de</strong> l’unité d’ensemble. Cetteprésentation et la discussion avec les propriétairessur <strong>de</strong>s thèmes précis comme la stabilité<strong>de</strong>s bâtiments, la nature <strong>de</strong>s planchers, l’intérêt<strong>de</strong>s voûtes, les modalités d’isolation, les matériaux<strong>de</strong> couverture, les principes d’éclairement<strong>de</strong>s pièces ont permis <strong>de</strong> confirmer les propriétairesdans ce choix <strong>de</strong> restauration.Forte <strong>de</strong> l’appui unanime <strong>de</strong>s propriétaires, lacommune sollicite alors un affinage du cahier <strong>de</strong>scharges, afin <strong>de</strong> l’annexer au PLU pour garantir laqualité <strong>de</strong> ce qui est <strong>de</strong>venu un projet commun.Une expérience volontariste et d’exceptionLes granges témoignent <strong>de</strong> l’économie ruraled’autrefois. Leur fonction essentielle était le stockage,mais aujourd’hui, l’économie agropastorales’est transformée.Leurs propriétaires orientent ces bâtiments versd’autres usages, comme par exemple la création<strong>de</strong> gîtes en lien avec l’économie rurale ou aucontraire la réalisation d’une habitation exploitantla totalité <strong>de</strong> l’espace intérieur, transformationradicale s’émancipant du contexte agraire.Pour le bâtiment, ces interventions présententune certaine irréversibilité.Dans le cas <strong>de</strong>s granges <strong>de</strong> Chandon, le dynamisme<strong>de</strong>s équipes municipales, leur sensibilitéà la dimension patrimoniale <strong>de</strong> ces bâtiments laissentespérer une réhabilitation <strong>de</strong> l’ensemblesoucieuse d’en préserver le caractère et la qualitéarchitecturale. La somme <strong>de</strong>s volontés impliquéesont fait d’une idée simple un projet patrimonialexemplaire.Karine Schwing & Cédrik Valet17


MONUMENTSLa Rizerie <strong>de</strong>s Alpessymbole d’italianité& ÉDIFICESDe hautes baiesse développent entreles colonnes.Entre Modane-ville et le quartier <strong>de</strong> Loutraz,sur la place du marché qui s’éten<strong>de</strong>ntre la voie ferrée et le lit <strong>de</strong> l’Arc, se dresse un<strong>de</strong>s bâtiments industriels parmi les plus intéressants<strong>de</strong> la <strong>Savoie</strong> : l’ancienne Rizerie <strong>de</strong>s Alpes.Un édifice rectangulaire en forme <strong>de</strong> templeantique construit en 1929 par <strong>de</strong>ux industriels italiens.Transformé après la Secon<strong>de</strong> Guerre mondialepar la municipalité <strong>de</strong> Modane en un marchécouvert, une remise <strong>de</strong> matériel et une salle <strong>de</strong>sport, le bâtiment fut inscrit à l’inventaire supplémentaire<strong>de</strong>s Monuments Historiques par un arrêtédu 2 février 1987. L’édifice a fait l’objet d’une restaurationcomplète qui s’est étendue <strong>de</strong> 2001 à2005. Aujourd’hui la Société Lyon-Turin Ferroviairey a installé ses bureaux et elle présente <strong>de</strong>puis cetautomne une exposition permanente sur le futurtunnel <strong>de</strong> base qui permettra <strong>de</strong> franchir les Alpespar un tunnel <strong>de</strong> 52 kilomètres <strong>de</strong> long creuséentre Saint-Jean-<strong>de</strong>-Maurienne et Venaus dans labasse vallée <strong>de</strong> Suse.L’industrie modanaise du rizau gré <strong>de</strong>s rivalités franco-italiennesTrois facteurs expliquent l’importance <strong>de</strong> l’industriedu riz à Modane. En premier lieu vient ledébouché du tunnel ferroviaire du Fréjus mis enservice en 1871 et l’existence <strong>de</strong> la gare internationale<strong>de</strong> Modane permettant aux industriels <strong>de</strong>bénéficier <strong>de</strong> la proximité d’un grand axe international<strong>de</strong> transport et <strong>de</strong> se relier facilementaux régions productrices <strong>de</strong> riz du Piémont ainsiqu’aux ports <strong>de</strong> Gênes et <strong>de</strong> Marseille importateurs<strong>de</strong> riz asiatique. Le second facteur rési<strong>de</strong>dans la présence <strong>de</strong> la force hydraulique <strong>de</strong>storrents qui anime à bon prix les machines décortiquantet façonnant les grains <strong>de</strong> céréales. C’étaitun avantage décisif à une époque, le début duXX e siècle, où l’on ne savait pas transporter l’électricitésur <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s distances. Le troisièmefacteur relève du cloisonnement <strong>de</strong>s frontières.Depuis les années 1886-1887, la France et l’Italiese livrent à une guerre économique sans pitiéqui contraint les industriels italiens désirantexporter leur production à établir <strong>de</strong>s fabriquessur le sol français afin d’éviter <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s taxesà l’exportation. C’est un changement radical dansla politique commerciale jusque là marquée parle libéralisme puisque vers 1880 lorsque l’Italieentreprend <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rniser la culture du riz dansle Piémont oriental, les grands financiers français<strong>de</strong> Turin et <strong>de</strong> Milan investissent dans la riziculture.En retirant leurs capitaux, les groupesfinanciers français déclenchent une forte mévente<strong>de</strong>s grains italiens remplacés sur le marché françaispar les riz provenant d’Indochine. Le mêmeretrait s’opère aussi dans l’industrie <strong>de</strong> la soie duBiellais entraînant là aussi surproduction etmévente. Les rivalités coloniales vont détériorergravement les relations franco-italiennes durant<strong>de</strong>s décennies.Faça<strong>de</strong> principale à l’est.La première rizerie <strong>de</strong>s AlpesC’est un industriel italien d’origine génoise, FrancescoCattaneo, qui construit avenue <strong>de</strong> la gare,à la périphérie <strong>de</strong> Modane-ville, une usinesuperbe en 1908. L’édifice porte les marques <strong>de</strong>l’architecture piémontaise : c’est une constructionen briques comportant un rez <strong>de</strong> chausséeet trois étages flanquée à ses <strong>de</strong>ux extrémitésd’une tourelle surmontée d’une cage en ferdominée d’un aigle sculpté, symbole <strong>de</strong> la familleCattaneo mais aussi <strong>de</strong> la Maison royale d’Italie.L’usine utilise la force hydraulique du torrentRieux Roux. Les ballots <strong>de</strong> riz débarqués sur lesquais <strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> Modane sont transportésjusqu’à l’usine sur <strong>de</strong>s chariots tirés par <strong>de</strong>schevaux. L’activité la plus intense concernesurtout la fin <strong>de</strong> l’été lorsque les moissons s’achèventdans les rizières asséchées. On constituealors <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong> grains que l’on travaillera lereste <strong>de</strong> l’année.Des Rizeries Pellas à laCompagnie franco-indochinoise du rizDeux ans plus tard en 1910, <strong>de</strong>ux génois, les frèresPellas édifient dans le quartier Sainte-Anne, lesRizeries <strong>de</strong> la Méditerranée, établissement PellasFrères. Les industriels français n’apprécient guèreces implantations italiennes et dans les premiersmois <strong>de</strong> 1928, les Rizeries <strong>de</strong> la Méditerranée sontabsorbées par les Rizeries du Havre, la nouvellesociété prenant comme raison sociale le nom <strong>de</strong>Compagnie Franco-Coloniale du Riz. Minoritairesles frères Pellas sont évincés quelques mois plustard lorsque la Compagnie Franco-Indochinoise(la FIC) dont le siège est parisien s’empare <strong>de</strong> lasociété. La FIC possédait <strong>de</strong>s usines à Marseille etdésormais à Modane. Ses principaux actionnairesétaient les frères Denis <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux. Ils installentun nouveau directeur dès 1928, Barborin, un cadrevenu d’Indochine puis en 1937 lui succè<strong>de</strong>Antonin-Joseph Mistral qui <strong>de</strong>viendra maire <strong>de</strong>Modane durant <strong>de</strong>ux décennies <strong>de</strong> décembre 1940à mars 1959.Umberto, un <strong>de</strong>s frères Pellas, ne se résigne pas.Malgré l’adversité, il implante une nouvelle usineà la sortie <strong>de</strong> Fourneaux. Cet établissement18


mo<strong>de</strong>ste cesse ses activités en 1940 lors dudéclenchement <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondialeet l’entrée en guerre <strong>de</strong> l’Italie au côté <strong>de</strong> l’Allemagne.La secon<strong>de</strong> Rizerie <strong>de</strong>s Alpesentre l’être et le paraîtreEn 1928, dans une situation économique et politiquetendue, Francesco Cattaneo parvient àvendre son entreprise initiale à Pokrassov, unémigré russe qui fon<strong>de</strong> la Rizerie <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> àl’existence éphémère. Les bâtiments sont <strong>de</strong> nosjours le siège d’une entreprise <strong>de</strong> pompesfunèbres. Francesco Cattaneo en 1929 s’associeà un riche transitaire italien <strong>de</strong> Modane,Guglielmo Gerardo pour créer la Rizerie <strong>de</strong>sAlpes. F. Cattaneo-G. Gerardo qu’ils installentdans <strong>de</strong>s locaux à l’antique en forme <strong>de</strong> Temple.Le bâtiment superbe évoque les splen<strong>de</strong>urs <strong>de</strong>l’Italie antique par ses formes et par ses couleurs.Il se rattache à la tradition architecturale <strong>de</strong>s bâtimentspublics du Piémont à l’époque du Risorgimentobeaucoup plus qu’à l’architecture <strong>de</strong> lapério<strong>de</strong> fasciste. Il est vraisemblable que leconcepteur et les ouvriers venaient du nord <strong>de</strong>l’Italie. Les murs <strong>de</strong> briques caractérisent l’art <strong>de</strong>smaçons <strong>de</strong> l’Italie du nord.Le plan du bâtiment forme un rectangle <strong>de</strong> 14,8m. <strong>de</strong> large sur 26,04 m. <strong>de</strong> long. La faça<strong>de</strong> principaleest orientée à l’est. La toiture à doubleversant est recouverte d’ardoises. Seize colonnessurmontées <strong>de</strong> chapiteaux ioniques rythment lesfaça<strong>de</strong>s est, sud et nord. La faça<strong>de</strong> ouest necomporte pas <strong>de</strong> colonnes mais elle est éclairéeen son centre par une gran<strong>de</strong> fenêtre. La faça<strong>de</strong>principale et la faça<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntale sont ornéesd’un fronton triangulaire. Les faça<strong>de</strong>s latérales ausud et au nord développent <strong>de</strong> hautes baiesvitrées. Au rez-<strong>de</strong>-chaussée, le soubassementaligne un faux appareil à bossage ouvert d’oculus.En fait, toutes les faça<strong>de</strong>s ne constituent qu’undécor en ciment plaqué sur une structure métalliquecomposée <strong>de</strong> poutres et <strong>de</strong> piliers.Le volume intérieur se subdivise en trois niveaux.Le premier niveau, au rez-<strong>de</strong>-chaussée, est délimitépar le soubassement en faux bossage. Lesecond et le troisième niveaux sont séparés parun plancher qui s’appuie sur une structure métallique.La charpente est également constituée <strong>de</strong>poutres métalliques.La faça<strong>de</strong> principale donne dans la magnificence.Précédée d’un double escalier, elle possè<strong>de</strong> sixcolonnes qui délimitent <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s baies. Lesbases <strong>de</strong>s colonnes sont reliées par une élégantebalustra<strong>de</strong>. Le fronton triangulaire s’orne <strong>de</strong>multiples <strong>de</strong>ntelures. L’architrave porte l’inscriptionRizerie <strong>de</strong>s Alpes. La seule fausse noteprovient <strong>de</strong> la visibilité <strong>de</strong> la structure métalliquedélimitant le second et le troisième niveaux. Elleforme une barre horizontale dans laquelle viennents’encastrer les colonnes tout en rompantaussi la composante verticale <strong>de</strong>s baies vitrées.Les faça<strong>de</strong>s latérales font preuve d’une gran<strong>de</strong>élégance. Au-<strong>de</strong>ssus du soubassement en bossageéclairé d’oculus se dressent six colonnes surmontées<strong>de</strong> chapiteaux ioniques encadrant <strong>de</strong>s baiesvitrées arrondies dans la partie supérieure.La victime d’un nationalisme exacerbéOn pourrait penser que dans une cité internationalecomme l’était Modane rassemblant <strong>de</strong>scentaines <strong>de</strong> fonctionnaires français et italiensl’affrontement <strong>de</strong>s nationalismes limiterait lesdébor<strong>de</strong>ments passionnels. Il n’en est rien. Làcomme ailleurs, les rivalités s’exacerbent à laveille <strong>de</strong> la Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale. La Rizerie<strong>de</strong>s Alpes fut la victime <strong>de</strong>s tensions politiquesentre la France et l’Italie. En 1936, GuglielmoGerardo est expulsé vers son Piémont natal. Il estfaussement accusé <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s renseignementsaux services italiens par le biais <strong>de</strong> pigeons voyageurs.En fait, la rizerie attirait les pigeons quitrouvaient là une nourriture abondante et lesemployés ne se privaient pas <strong>de</strong> leur réserver unsort gastronomique lorsqu’ils étaient bien dodusmais, dans l’opinion publique, ces pigeons nepouvaient être qu’au service <strong>de</strong> l’ennemi.D’ailleurs, le poids <strong>de</strong> la défense militaire est telà Modane qu’en décembre 1936, le sous préfet<strong>de</strong> Saint-Jean-<strong>de</strong>-Maurienne interdit au notaireDelavenay d’édifier un pigeonnier dans sapropriété. Il ne fait pas bon d’être colombophileprès <strong>de</strong> la frontière !François ForrayMONUMENTS& ÉDIFICESDétail <strong>de</strong> la faça<strong>de</strong> ouest.Ci-<strong>de</strong>ssus, faça<strong>de</strong> nord.Ci-contre, à l’intérieur, une structure métallique <strong>de</strong> poutres et <strong>de</strong> piliers.19


ACTUALITÉSSentinelles <strong>de</strong>s AlpesSentinelle <strong>de</strong>lle AlpiEXPOSITIONS* Mission DéveloppementProspective conduit <strong>de</strong>puisdix ans avec ses membres,et <strong>de</strong> manière privilégiéeavec le <strong>Conseil</strong> général <strong>de</strong>la <strong>Savoie</strong>, <strong>de</strong>s réflexionsstratégiques en matièred’aménagement duterritoire, initie et anime <strong>de</strong>spartenariats dans le cadre<strong>de</strong> démarches territoriales,mène <strong>de</strong>s missionsd’observation dans ledomaine <strong>de</strong> l’économie, dutourisme et <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>l’espace.Ci-<strong>de</strong>ssous, le Fort <strong>de</strong> Bard,verrou du Val d’Aoste :place-forte du Buon Governo,XIX e siècle.Sentinelles <strong>de</strong>s Alpes, piloté par Mission Développement Prospective*et la Région Piémont, est aujourd’hui un réseau transfrontalier reconnudans le massif franco-italien par les collectivités et par les acteurs <strong>de</strong> lavalorisation du patrimoine fortifié. La première phase du programmes’achève. Il faut maintenant aller plus loin. Le secon<strong>de</strong> phase seradavantage consacrée à la mise en tourisme <strong>de</strong>s sites fortifiés.Ils sont aujourd’hui une soixantaine… Lesgestionnaires français et italiens <strong>de</strong> sites fortifiésalpins ont progressivement construit unréseau transfrontalier, avec <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> communicationet d’échanges d’informations, avec<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>z-vous réguliers et surtout avec l’ambition<strong>de</strong> nourrir l’interprétation du patrimoine endéveloppant <strong>de</strong> nouveaux projets <strong>de</strong> valorisation,plus innovants, plus interactifs, plus artistiques.Depuis 2002, les membres du réseau Sentinelles<strong>de</strong>s Alpes ont participé à quatre formations etquatre Rencontres Transfrontalières thématiqueset ont bénéficié <strong>de</strong> divers outils <strong>de</strong> communication(site internet, dossier <strong>de</strong> presse, communiqué<strong>de</strong> presse, plaquette touristique), <strong>de</strong> publications(gui<strong>de</strong> méthodologique, livret pédagogique),et d’appui technique à l’élaboration <strong>de</strong>projets.Afin d’expertiser le travail conduit <strong>de</strong>puis 4 anset d’ai<strong>de</strong>r les partenaires <strong>de</strong> Sentinelles <strong>de</strong>s Alpesà définir les actions stratégiques pour les annéesà venir, MDP a confié en 2005 au Cabinet Eurevalune mission d’évaluation du programme. A cetteoccasion, Eureval a consulté, en France et enItalie, les partenaires institutionnels (élus etservices <strong>de</strong>s collectivités), les membres du réseauet quelques prestataires impliqués dans Sentinelles<strong>de</strong>s Alpes. Les résultats <strong>de</strong> l’évaluation montrentd’une part que, dès le début, l’association <strong>de</strong>spartenaires et <strong>de</strong>s acteurs locaux à la définition<strong>de</strong>s priorités et à la mise en œuvre <strong>de</strong>s actions arenforcé l’efficacité <strong>de</strong> l’ensemble du dispositif.D’autre part, bien que ne fonctionnant pas encore<strong>de</strong> manière autonome, le réseau bénéficie d’uneréelle dynamique <strong>de</strong> groupe, au sein duquel leséchanges sont nombreux et fréquents. Enfin, ladimension transfrontalière constitue une richessesupplémentaire et une forte valeur ajoutée auréseau : sur le plan institutionnel, la coopérationentre MDP et la Région Piémont est un partenariatdurable, puisqu’il se poursuivra au-<strong>de</strong>là du dispositifInterreg ; sur le plan <strong>de</strong> la valorisation dupatrimoine fortifié, l’interprétation ne peut seconcevoir qu’à travers la compréhension <strong>de</strong>ssystèmes défensifs et <strong>de</strong>s stratégies politiques dansleur contexte européen. Ces résultats confortentl’intérêt et l’efficience d’une approche globale quidépasse les frontières administratives et nationales.Le massif franco-italien est un territoire convoitéet soumis à <strong>de</strong> multiples pressions (foncières,urbanistiques, démographiques) et s’inscrit dansun environnement <strong>de</strong> plus en plus concurrentiel,à la fois par les autres territoires (ville, rural) maisaussi par les autres montagnes d’Europe. Les perspectivesd’évolution et le changement climatiqueannoncé indiquent que ce territoire subira <strong>de</strong>smutations importantes d’ici 20 à 25 ans, qui affecterontnotamment les économies touristiques <strong>de</strong>svallées alpines. Ces processus soulèvent <strong>de</strong>nombreuses questions : quelles seront les relationsentre les urbains et les ruraux / montagnards,dès lors que la concentration urbaine dulittoral méditerranéen et <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Turinpousseront leurs habitants à rechercher <strong>de</strong>s zones<strong>de</strong> loisirs à proximité, <strong>de</strong>s territoires verts ? Dansquelle mesure le patrimoine, dont les fortifications,peut-il permettre une diversification <strong>de</strong>l’offre touristique et culturelle en montagne ? Parailleurs, les pratiques touristiques s’affranchissent<strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>s limites administratives, notammentpar l’itinérance, renforçant la mobilité <strong>de</strong>sclientèles : comment concevoir <strong>de</strong>s produits à20


l’échelle du massif ? Comment en faire la promotion? Il y a là un véritable enjeu <strong>de</strong> développementéconomique dans un contexte <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>set rapi<strong>de</strong>s mutations. L’unification du Comité <strong>de</strong>Massif <strong>de</strong>s Alpes, les expériences <strong>de</strong> coopérationfranco-italienne <strong>de</strong>puis 1990 (Interreg I), lesréflexions bilatérales en cours pour définir lespriorités <strong>de</strong> la prochaine programmation <strong>de</strong>sfonds structurels, constitue un environnementinstitutionnel privilégié pour élaborer <strong>de</strong>nouvelles stratégies <strong>de</strong> développement. Plusspécifiquement dans le domaine patrimonial ettouristique, il existe déjà <strong>de</strong>s projets structurantssoutenus par les collectivités alpines, tels que ViaAlpina et Sentinelles <strong>de</strong>s Alpes. Le tourismeculturel et l’itinérance 1 offrent <strong>de</strong> nouvelles pistes<strong>de</strong> travail dans la perspective <strong>de</strong> véritablesdémarches intégrées <strong>de</strong> développement local. Lamontagne bénéficie d’un patrimoine riche etdiversifié (naturel, rural, religieux, fortifié), maisvalorisé <strong>de</strong> façon trop segmentée (par territoireet par filière), n’associant pas suffisamment lesdifférents acteurs du territoire. Aujourd’hui, lesenjeux pour les Alpes rési<strong>de</strong>nt dans la capacité<strong>de</strong>s responsables institutionnels et <strong>de</strong>s acteurslocaux a privilégié <strong>de</strong>s projets stratégiques, ciblés,multi-partenariaux à la fois public et privé impliquantopérateurs touristiques et culturels. Enoutre, l’organisation en réseau structure l’offre,dans la mesure où elle induit une professionnalisation<strong>de</strong>s acteurs, <strong>de</strong>s dispositifs d’échangesd’informations et une promotion commune.S’inscrivant dans un environnement fragile maistrès attractif, ces projets <strong>de</strong>vront prendre encompte les contraintes liées à un développementdurable, respectueux <strong>de</strong>s populations et <strong>de</strong>sécosystèmes naturels.Dans cette perspective, la suite du programmeSentinelles <strong>de</strong>s Alpes pour les années 2006 et 2007sera consacrée à la mise en tourisme du patrimoinefortifié <strong>de</strong>s Alpes franco-italiennes. Lesformations à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>s gestionnaires <strong>de</strong> sitesseront axées sur l’élaboration <strong>de</strong> produits touristiques,sur l’utilisation <strong>de</strong>s outils développés parles offices <strong>de</strong> tourisme, les comités départementauxet les comités régionaux <strong>de</strong> tourisme et surles modalités <strong>de</strong> travail en réseau. Par ailleurs,<strong>de</strong>s actions spécifiques auprès <strong>de</strong>s opérateurstouristiques seront conduites pour d’une partmieux faire connaître les potentialités du patrimoinefortifié et d’autre part les associer à lacommunication et à la promotion <strong>de</strong>s sites alpins,à travers <strong>de</strong>s expositions, <strong>de</strong>s accueils presse, <strong>de</strong>spublications. De façon générale, les membres duréseau transfrontalier poursuivront leur professionnalisationgrâce à différents séminaires etrencontres thématiques organisés <strong>de</strong> manièrerégulière dans les territoires. Enfin, les partenaires<strong>de</strong> Sentinelles <strong>de</strong>s Alpes souhaitent développer<strong>de</strong>s collaborations avec d’autres projets, complémentairesà la démarche patrimoniale : Via Alpinaest un itinéraire <strong>de</strong> randonnée, qui couvre 8 pays<strong>de</strong> l’Espace Alpin, <strong>de</strong> Trieste à Monaco, et quis’appuie sur un réseau <strong>de</strong> partenaires locaux(hébergeurs, OT, Parcs, etc.). Les sentiers, souventd’anciennes routes militaires ou chemins muletiers,dans les Alpes franco-italiennes passent tousà proximité <strong>de</strong>s sites du réseau Sentinelles <strong>de</strong>sAlpes. Aussi, <strong>de</strong>s actions communes serontconduites pour renforcer les offres respectives<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux projets, privilégiant un tourisme doux,itinérant, culturel et ancré dans les territoires.Muriel Faure1. Le séminaire organisé par la Conférence <strong>de</strong>s Alpes Franco-Italiennes à Valloire le 22 septembre 2005 sur « Itinérance etréseaux : une forme <strong>de</strong> tourisme adaptée aux Alpes francoitaliennes» a bien montré l’intérêt <strong>de</strong> ces projets, en plein essor,qui répon<strong>de</strong>nt aux nouvelles attentes <strong>de</strong>s clientèles.ACTUALITÉSEXPOSITIONSEn haut, à gauche,les Forts sar<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’Esseillon,Aussois et Avrieux, verrou duMont-Cenis, Maurienne,place-forte du BuonGoverno, XIX e siècle.En haut, à droite, le Fort duMontperché, ouvrage <strong>de</strong>protection, système Séré <strong>de</strong>Rivières, XIX e siècle.Au centre, le Fort <strong>de</strong> Saint-Gobain, gros ouvrage <strong>de</strong>montagne, système CORF,ligne Maginot <strong>de</strong>s AlpesXX e siècle.En bas, le Fort <strong>de</strong> Ronce,Piazza militare<strong>de</strong>l Moncenisio,Lanslebourg-Mont-Cenis,XIX e siècle.21


ACTUALITÉSGroupe <strong>de</strong> l’Annonciationune acquisition rarepour les musées <strong>de</strong> ChambéryEXPOSITIONSInv. 05-1-1 et 2.Inv. 05-3-1.En 2003, le Musée savoisien a proposé aupublic une remarquable exposition mettanten scène la sculpture gothique dans les Etats<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>. Fruit d’une collaboration entre les institutionsmuséales turinoises, valdotaines etsavoyar<strong>de</strong>s, bien <strong>de</strong>s découvertes ont ainsi misen avant <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> productions, <strong>de</strong>s artistes,mais aussi une certaine manièreque l’on retrouve dans la peinture<strong>de</strong> cette même époque en<strong>Savoie</strong>, au regard <strong>de</strong>s Primitifsaujourd’hui conservés auMusée savoisien. Les principalescaractéristiques <strong>de</strong> cefoyer artistique savoyardviennent d’un mélange d’influencesvenues <strong>de</strong>s pays duNord, les Flandres plus particulièrement.Ce groupe, composéd’un ange et d’uneVierge, a été proposéau musée du Louvre parun propriétaire privé. Ledépartement <strong>de</strong>s sculptures, après son étu<strong>de</strong> etau regard <strong>de</strong> son analyse stylistique, a alerté lemusée <strong>de</strong> Chambéry, rapprochant cet ensemble<strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong>s Alpes du Nord, peut-êtresavoyar<strong>de</strong>s ou piémontaises. Il date <strong>de</strong> la fin duXV e siècle par l’exécution notamment <strong>de</strong>s vêtementsformant <strong>de</strong>s plis amples qui se cassent ausol en formant une sorte <strong>de</strong> base large et généreuse,mais aussi par le rendu <strong>de</strong>s visages et <strong>de</strong>la chevelure. Composée <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux personnagesprincipaux, la Vierge et l’ange, ces <strong>de</strong>ux piècesappartenaient à un groupe <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>ampleur, peut-être un retable, dont il ne resteaujourd’hui que ces <strong>de</strong>ux éléments. Ils sontréalisés en bois, recouverts d’une polychromie etd’or, leur exceptionnel état <strong>de</strong> conservation nousoffre une vision sincère <strong>de</strong> l’œuvre, qui n’a jamaisété restaurée et qui est dans un état <strong>de</strong> fraîcheurremarquable après plus <strong>de</strong> cinq cents ans.Quelques manques sont disséminés mais nenuisent en aucune manière à la découverte et àl’interprétation <strong>de</strong> l’œuvre.N’appartenant déjà plus au mon<strong>de</strong> gothique, ledébut <strong>de</strong> la Renaissance se fait sentir, même si lespersonnages sont encore figés dans leurs attitu<strong>de</strong>s,une gran<strong>de</strong> douceur émane <strong>de</strong> leurdialogue invisible. Bien qu’ils soient peut-être liésà la production artistique du Piémont ou <strong>de</strong> la<strong>Savoie</strong>, il ne faut pas exclure d’autres foyers artistiquesriches d’influences diverses où pouvaientse côtoyer <strong>de</strong>s artistes flamands et peut-être mêmelombards. Malgré les variantes iconographiquesinnombrables, les données plastiques <strong>de</strong> l’Annonciationsont restées immuables au cours <strong>de</strong>sâges.Outre les <strong>de</strong>ux personnages principaux qui lacomposent, la Vierge et l’ange, c’est leur appartenanceà <strong>de</strong>ux mon<strong>de</strong>s différents qui en fait unecomposition particulière; l’ange est une créaturecéleste, ailée et immortelle alors que la Vierge esthumaine, soumise à toutes les servitu<strong>de</strong>s terrestres.L’ange, qui a perdu ses ailes, incarne lemouvement, il transmet un message divin, alorsque la Vierge reste passive. Il en résulte une dissymétrieentre les <strong>de</strong>ux personnages, perceptibleici par la taille même <strong>de</strong>s personnages : le premierest plus grand (37,5 cm <strong>de</strong> hauteur) que lasecon<strong>de</strong> (36 cm <strong>de</strong> hauteur). Ce thème iconographiquea eu une place <strong>de</strong> choix dans les créationsartistiques, il est extrêmement répandu tanten peinture qu’en sculpture, dès le Moyen Âgeet durant toutes les pério<strong>de</strong>s suivantes.Cette sculpture vient renforcer le fonds déjà existant<strong>de</strong>s collections <strong>de</strong>s musées <strong>de</strong> Chambéry.Sans être important du point <strong>de</strong> vue numérique,il se compose <strong>de</strong> véritables trésors pour lespério<strong>de</strong>s anciennes avec <strong>de</strong>s pièces provenant<strong>de</strong> l’abbaye d’Hautecombe, <strong>de</strong> différents édificesreligieux, <strong>de</strong> Chambéry même (ancienne église<strong>de</strong>s Antonins, par exemple) ou encore <strong>de</strong>quelques lieux <strong>de</strong>s environs. Peu nombreuses auXIV e et XV e siècle, toutes sont remarquables pources pério<strong>de</strong>s anciennes, alors que dès le tournantdu XVI e siècle, les collections <strong>de</strong>s musées serapportent plus à un contexte local dans <strong>de</strong>sexécutions plus provinciales (saint Crépin <strong>de</strong> l’ancienneéglise Saint Léger ou Reliquaire <strong>de</strong>sClarisses).Cette œuvre a été acquise par la Ville <strong>de</strong> Chambéryavec l’ai<strong>de</strong> du Fonds Régional d’Acquisitionspour les musées (Ministère <strong>de</strong> la Culture, RégionRhône-alpes) en 2004.Durant cette même année, les fonds <strong>de</strong>s musées<strong>de</strong> Chambéry ont vu leurs collections s’accroîtred’une rare pièce italienne. L’association PrintempsBaroque, qui avait en 1994 soutenue très activementla fameuse exposition Du Maniérisme auBaroque inaugurant l’extension du musée <strong>de</strong>sbeaux-arts à l’ensemble du bâtiment suite à lacréation <strong>de</strong> la médiathèque, a décidé <strong>de</strong> sedissoudre et d’offrir à la Ville <strong>de</strong> Chambéry uneœuvre italienne <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> qualité, Le BienheureuxNicolo Albertgati, sacré évêque <strong>de</strong> Bologneen 1745, réalisée par Antonio Rossi (artiste bolonais<strong>de</strong> 1700-1753). Il s’agit d’une grisaille surpapier, étu<strong>de</strong> préparatoire d’un grand tableauconservé aujourd’hui à la cathédrale San Petronio<strong>de</strong> Bologne qui fait apparaître toutes les qualitésremarquables <strong>de</strong> cette exécution et s’inscrit dansle mouvement baroque si exacerbé en cettepremière moitié du XVIII e siècle en Italie. Ellecomplète judicieusement la collection déjàexposée au public.Chantal Fernex <strong>de</strong> Mongex22


Notes <strong>de</strong> lectureL I V R E SArmorial <strong>de</strong>s communes<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>par Julien Coppier etGérard Détraz, sous ladirection d’Hélène Viallet,Archives départementales<strong>de</strong> la Haute-<strong>Savoie</strong>, 2004,22 e.Les Archives départementaless’attachent <strong>de</strong>puis unevingtaine d’ années à untravail <strong>de</strong> recensement <strong>de</strong>sdonnées concernant lesanciennes armoiriescommunales. Elles assurentune mission <strong>de</strong> conseilscientifique auprès <strong>de</strong>scollectivités territoriales quidésirent retrouver ou créerleurs propres armoiries.dans le respect <strong>de</strong>l’héraldique. C’est entre lafin du XI e siècle et le débutdu XII e siècle que lesarmoiries apparaissentcomme signes <strong>de</strong>reconnaissance ; d’abordréservé aux chevaliers, leurusage s’étend peu à peutoute la société. La sciencehéraldique définit, partraités et armoriaux, unvocabulaire et une syntaxeaux formes très codifiées.Outre le recensementcomplet <strong>de</strong>s armoiries <strong>de</strong>scommunes <strong>de</strong> Haute-<strong>Savoie</strong>, cet ouvragepropose un bref aperçu <strong>de</strong>l’histoire et <strong>de</strong>s conditionsdans lesquelles l’héraldiqueest née, ses significations. Ilnous offre ainsi une clef <strong>de</strong>lecture <strong>de</strong> ces anciens etnouveaux témoignagesd’appartenance.Roches confi<strong>de</strong>ntes,<strong>de</strong>ssins et témoignagesgravés <strong>de</strong> la vallée <strong>de</strong>sMerveilles du Moyen-Ageà nos jourspar Nathalie Magnardi etEmmanuel Breteau, ImagesEn Manœuvres Editions,2005, 22 eLa vallée <strong>de</strong>s Merveilles,située au cœur du ParcNational du Mercantour,dans la vallée <strong>de</strong> la Roya,proche du Mont Bego,est réputée pour saconcentration <strong>de</strong> rochesgravées. C’est dans ce sited’alpages, entre 2 000 et2 800m d’altitu<strong>de</strong>, que près<strong>de</strong> 40 000 motifs ont étégravés sur près <strong>de</strong> 3 700roches en plein-air, sur unepério<strong>de</strong> qui s’étend <strong>de</strong> 3 000ans avant Jésus-Christjusqu’à nos jours. Seulesdans cet ouvrage sonttraitées les gravureshistoriques, du Moyen Ageà nos jours. Les gravures lesplus récentes ont étépratiquées par incisionlinéaire, ce qui rend le traitmoins visible et beaucoupplus fragile que celuiobtenu par percussion.C’est donc un paradoxe queles gravures historiquessoient plus sujettes àl’érosion que celles <strong>de</strong> l’Agedu Bronze. Les auteurs <strong>de</strong>ces gravures étaient <strong>de</strong>spèlerins, <strong>de</strong>s bergers, <strong>de</strong>svoyageurs,<strong>de</strong>s militaires, <strong>de</strong>scontrebandiers. Lerecensement <strong>de</strong>s gravuresse poursuit <strong>de</strong>puis bientôtquarante ans pourdécrypter un éventuellangage thématique etsymbolique.Le texte <strong>de</strong> NathalieMagnardi porte un regard àla fois savant et pleind’émotions sur ces rochesconfi<strong>de</strong>ntes. Il estmagnifiquementaccompagné par lesphotographies d’EmmanuelBreteau, qui a utilisé <strong>de</strong>stechniques d’éclairageinédites, afin d’en faireressortir le motif gravé.À noter, le projet <strong>de</strong>collaboration entre laConservation départementaledu Patrimoine etEmmanuel Breteau pourl’édition d’un ouvrageportant sur les gravuresrupestres <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>.Les Bauges,terre d’art sacrépar Françoise Dantzer,éd. La Fontaine <strong>de</strong> Siloé,2005, 38 eCet ouvrage <strong>de</strong> près <strong>de</strong>250 pages dresse uninventaire <strong>de</strong> l’art sacré <strong>de</strong>sBauges. Tous les édifices :églises paroissiales,chapelles rurales etoratoires jusqu’aux croix <strong>de</strong>chemin font l’objet d’uneprésentation détaillée.Un premier chapitre nouspropose <strong>de</strong> découvrirl’histoire chrétienne <strong>de</strong>sBauges. Celui-ci, fort biendocumenté, aurait pu à luiseul faire l’objet d’un livre.Le second chapitre dressel’inventaire <strong>de</strong> cepatrimoine par canton etpar commune. Le XVII esiècle reste « l’âge d’or » dutémoignage religieux dansles Bauges et plusgénéralement en <strong>Savoie</strong>,ceci sous l’impulsion <strong>de</strong>saint François <strong>de</strong> Sales et <strong>de</strong>son action évangélique <strong>de</strong>reconquête. Cependant lesremaniements et lesreconstructions du XIX esiècle ont oblitéré l’unité <strong>de</strong>style du mouvementbaroque. Les témoignagesdu passé ont perdu enlisibilité dans pratiquementtoutes les églises <strong>de</strong>sBauges.La véritable histoire<strong>de</strong> Mandrinpar Corinne Townley, éd.La Fontaine <strong>de</strong> Siloé, coll.Archives <strong>de</strong> <strong>Savoie</strong>, 2005,19 eBien loin <strong>de</strong> l’imageried’Épinal habituelle qui a fait<strong>de</strong> Mandrin un bandit augrand cœur, le portrait quenous dresse CorinneTownley revisite le mytheau regard <strong>de</strong>s faits et <strong>de</strong>sactes jugés. C’est en utilisantles archives <strong>de</strong>s procédurescriminelles du Sénat<strong>de</strong> <strong>Savoie</strong> que l’auteur a misau jour la litanie <strong>de</strong>s actesopérés par Mandrin et sesacolytes. C’est en fait, unvéritable réseau mafieuxqui apparaît alors avec soncorollaire : racket, chantage,tortures, crimes, et loi dusilence imposée par la terreur.Ce n’est plus l’imagehabituelle du bandit dressécontre l’Impôt pour ladéfense <strong>de</strong>s pauvres gensqui prévaut, mais aucontraire la mise en placed’un système où le profitpersonnel passe avant tout,au mépris <strong>de</strong>s règlesmorales et <strong>de</strong> la loi.C’est dans un contexte <strong>de</strong>perte <strong>de</strong> légitimité <strong>de</strong> l’Étatmonarchique français d’unepart, et d’autre part <strong>de</strong> faiblessedans le rétablissement<strong>de</strong> l’autorité du roi <strong>de</strong>Sardaigne après sept ansd’occupation espagnole quia appauvri le duché <strong>de</strong><strong>Savoie</strong>, qu’est née l’histoire<strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> à Mandrin.C'est dans cette zone frontalièreentre <strong>Savoie</strong> etDauphiné que se sont affirméesces ambitions <strong>de</strong> profitau mépris <strong>de</strong>s populationslocales.Corinne Townley a fourniici un travail ambitieux <strong>de</strong>relecture historique auregard <strong>de</strong>s faits, pour notreplus grand plaisir.En Chautagne,Paroles et imagesouvrage collectif,Ed. Comp’Act, 2004, 20 eLa Chautagne, régionnaturelle et administrative,possè<strong>de</strong> une gran<strong>de</strong>richesse naturelle etculturelle. Délimitée aunord par le Fier, à l’ouestpar le Rhône, à l’est par lepli jurassien et au sud par lelac du Bourget, c’est uneplaine alluviale récenteoccupée à l’aval <strong>de</strong>Serrières-en-Chautagne parun marais tourbeux. Lac duBourget, Rhône et maraischautagnard : force est <strong>de</strong>constater que la Chautagneest un endroit où l’eauprédomine. L’ouvrages’ouvre par une présentationgénérale du territoire<strong>de</strong> la Chautagne. Tour àtour sont évoqués lesaspects géologiques, avecle relief et la structuregéomorphologique, puis lesgran<strong>de</strong>s unités du paysaged’où découlent la présenced’une faune et d’une floreparticulière et très riche.L’histoire <strong>de</strong> la Chautagneest ensuite traitée à traversson peuplement, la mise enplace <strong>de</strong> la société galloromaine,puis féodale,l’avènement <strong>de</strong> lamo<strong>de</strong>rnité… L’économierurale, secondaire ettertiaire, sans omettrel’activité touristique, sontparcourues, <strong>de</strong> même quel’architecture traditionnelle.Après cet indispensablepréambule, les territoiresqui forment la Chautagnesont présentés à tour <strong>de</strong>rôle. Chacun fait l’objetd’une <strong>de</strong>scriptionrigoureuse <strong>de</strong> ses richessesnaturelles et économiques,<strong>de</strong> son histoire, <strong>de</strong> sonpatrimoine architectural,le tout accompagné d’uneabondante iconographie.Un ouvrage très complet etsuperbement illustré.Les noms dupatrimoine alpin. Atlastoponymique II. <strong>Savoie</strong>,vallée d’Aoste,Dauphiné, Provencepar Hubert Bessatet Clau<strong>de</strong>tte Germi,éd. ELLUG, 2005Fruit <strong>de</strong> nombreusesannées <strong>de</strong> recherches sur latoponymie alpine, cet atlas<strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> lieux <strong>de</strong>sAlpes se termine avec laparution <strong>de</strong> ce secondvolume. Le premiervolume, Les noms dupaysage alpin, paru en2001 était presqueentièrement consacré aurelief et à l’eau. Constatantl’intérêt <strong>de</strong>s toponymes liésaux différentes étapes dupeuplement, notammentceux liés aux défrichementset à la conquête <strong>de</strong>nouveaux territoires, lesauteurs Hubert Bessat etClau<strong>de</strong>tte Germi, avaientdécidés <strong>de</strong> compléter cepremier volume par unesuite.Le fichier cadastral <strong>de</strong>sdépartements alpins a servi<strong>de</strong> point <strong>de</strong> départ auxrecherches menées sur latoponymie. Mais il a falluaussi recouper faitshistoriques etarchéologiques pourpouvoir suivre l’extensiondu peuplement et <strong>de</strong>l’activité humaine. C’est encroisant les approches, enmêlant les disciplines ques’éclairent les processus <strong>de</strong>dénomination. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>la toponymie officielle, lesauteurs se sont égalementattachés à établir une carte<strong>de</strong>s appellations dialectales,souvent fort différentes <strong>de</strong>sappellations cadastrales« officielles ».Un ouvrage fort biendocumenté et quipermettra à chaque lecteur<strong>de</strong> s’approprier les racineset la riche signification <strong>de</strong>snoms <strong>de</strong> lieux alpins.Vinciane Néel23


Actualitéspatrimoinesp. 3Archivesp. 4 & 5Collectionsp. 6 & 7Dossier :Les maisons-fortesdu Petit-Bugeyp. 10 à 13Architecturep. 14 et 15Monuments & édificesp. 16 à 19Actualités expositionsp. 20 à 22Livresp. 23

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