Journal de Saclay n°36 - CEA Saclay
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Nanosciences1// Des électrons pour voir le nanomon<strong>de</strong>La résolution d’un microscope est limitée par la diffraction <strong>de</strong> lalumière traversant l’échantillon. Ce phénomène est d’autant plusgênant que la longueur <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> associée à la lumière est gran<strong>de</strong>.D’où l’idée <strong>de</strong> substituer aux photons <strong>de</strong>s électrons, à plus courtelongueur d’on<strong>de</strong>.En microscopie électronique en transmission (MET), l’échantillonest traversé par un flux d’électrons qui sont détectés pour formerl’image. La résolution <strong>de</strong>scend sous le nanomètre.La microscopie électronique à balayage (MEB) exploite, quant àelle, les électrons secondaires qui sont émis par l’échantillon sousl’effet du bombar<strong>de</strong>ment électronique, du même côté quela source. La résolution est cette fois <strong>de</strong> l’ordre du nanomètre.// Qu’est-ce qu’un état quantique ?Bien plus riche qu’une information binaire, un « état quantique »se définit par un ensemble <strong>de</strong> plusieurs situations possiblessimultanément, chacune d’elles ayant une probabilitéd’occurrence bien précise. Une mesure expérimentale a poureffet <strong>de</strong> figer l’état quantique dans une situation et une seule.Pour évaluer la probabilité attachée à cette situation,il faut répéter un très grand nombre <strong>de</strong> fois la mesure.// Des microscopes pour« voir » atomes et moléculesComment « voir » individuellement les atomes ou les moléculesd’un soli<strong>de</strong> ? L’« œil » <strong>de</strong> ces microscopes est une pointe quiparcourt la surface à analyser en la « survolant » à une hauteurfixe <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> quelques diamètres atomiques (quelquesdixièmes <strong>de</strong> nanomètre). Cette distance est réglée par <strong>de</strong>sinteractions à très courte portée entre le <strong>de</strong>rnier atome situé àl’extrémité <strong>de</strong> la pointe et la surface.Dans le microscope à effet tunnel (STM en anglais),cette interaction, <strong>de</strong> nature quantique, se manifeste parun faible courant <strong>de</strong> fuite entre l’atome <strong>de</strong> la pointe etla surface. Ce courant augmente rapi<strong>de</strong>ment quandla pointe s’approche <strong>de</strong> la surface.Dans le microscope à force atomique (AFM en anglais),<strong>de</strong>s forces analogues à celles qui poussent les atomes à se lierdans une molécule s’exercent entre l’atome <strong>de</strong> la pointe et lesatomes <strong>de</strong> la surface. À plus courte distance encore, <strong>de</strong>s forcesrépulsives entre noyaux atomiques prédominent. Soumis àces forces antagonistes, l’atome cherche à se positionnerspontanément à une distance fixe.Dans les <strong>de</strong>ux cas, un ordinateur enregistre soit le courant,soit la force et maintient la pointe à distance constante<strong>de</strong> la surface. On peut ainsi reconstituer le relief « palpé »par la pointe avec une résolution inférieure au nanomètre,donnant à son utilisateur une vision atome par atomedu matériau étudié.1Au premier plan, microscope à force atomique (capot relevé).À gauche : image MEB d’une « jonction à cassure »qui a permis notamment d’étudier la conduction électriqueà travers un atome unique d’aluminium.À droite : ce dispositif mécanique, permettant d’actionnerla jonction à cassure ci-contre, est refroidi à une température<strong>de</strong> 20 mK (soit 0,02°C au-<strong>de</strong>ssus du zéro « absolu »-273,15°C) dans un réfrigérateur « à dilution ».8
COMMENT CONCEVOIRUN NANO-OBJET ?Matériau emblématique <strong>de</strong>s nanosciences, le nanotube <strong>de</strong> carbone « s’habille » <strong>de</strong> molécules pour décuplerses pouvoirs.La découverte en 1991 du nanotube <strong>de</strong> carbone a ouvertun immense champ d’étu<strong>de</strong>s en nano-électronique.Constitué d’un ou plusieurs feuillets <strong>de</strong> carbone enrouléssur eux-mêmes, il se présente sous la forme d’un longcylindre. Son diamètre varie <strong>de</strong> quelques nanomètres pourles monofeuillets à une centaine <strong>de</strong> nanomètres pour lestions. Il faut commencer par « greffer » sur le nanotube <strong>de</strong>smolécules organiques, capables à une extrémité <strong>de</strong>s’accrocher aux atomes <strong>de</strong> carbone du nanotube et à l’autre,<strong>de</strong> lui conférer les propriétés <strong>de</strong> solubilité requises. Unetechnique élégante mise au point à <strong>Saclay</strong> par une équipe<strong>de</strong> la DSV 2 consiste à ne rendre solubles que les nanotubessemi-conducteurs, ce qui permet au passage <strong>de</strong> les trier.Une fois en solution, les nanotubes pourront être dilués <strong>de</strong>manière à obtenir le taux <strong>de</strong> dépôt désiré sur une surface.NanosciencesComprendre <strong>de</strong> nouvelles lois physiques1multifeuillets. Ses atouts ? Il se prête à une fabricationcollective au point d’être <strong>de</strong>venu un produit commercial. Ilpeut être semi-conducteur dans une géométrie particulière.Bien plus stable enfin que <strong>de</strong>s molécules isolées, il estfacile à connecter à <strong>de</strong>s électro<strong>de</strong>s. En 1998, est apparu lepremier transistor 1 réalisé avec <strong>de</strong>s nanotubes <strong>de</strong> carbone.Explorons maintenant, avec les équipes <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>,quelques étapes <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong> nano-objets composésà partir <strong>de</strong> nanotubes <strong>de</strong> carbone.« Habillages » moléculaires : une créativitésans limiteLa voie est libre pour « habiller » les nanotubes, c’est-à-diredéposer simplement <strong>de</strong>s molécules à leur surface, lesaccrocher soli<strong>de</strong>ment aux atomes <strong>de</strong> carbone ou encore…les insérer à l’intérieur <strong>de</strong>s cylindres.Cet habillage peut favoriser l’accrochagedu nanotube à une surfacepréalablement préparée, un peu àla manière d’un « velcro ». Cetteastuce a permis à <strong>de</strong>s chercheurs2<strong>de</strong> la DSM 3 <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>snanotubes individuels suivant un<strong>de</strong>ssin prédéfini (image 3).Plus généralement, l’association <strong>de</strong> nanotubes et <strong>de</strong>molécules dotées <strong>de</strong> propriétés électroniques ou optiquesparticulières est au cœur <strong>de</strong>s recherches en électroniquemoléculaire. Le nanotube peut servir à détecter un changementd’état <strong>de</strong> la molécule. Pour l’heure, les dispositifs réalisésen laboratoire à <strong>Saclay</strong> sur cette thématique visent l’étu<strong>de</strong>Apprêter les nanotubes brutsPremière difficulté : il faut commencer par trier les nanotubesbruts car c’est un mélange d’objets métalliques et semiconducteurs.Deuxième difficulté : les nanotubes sontinsolubles. Ils ne peuvent donc être incorporés tels quels àun solvant, bien pratique pour toutes sortes <strong>de</strong> manipula-39
ActualitésL’INVISIBLE MATIÈRE NOIRE DÉVOILÉELes métho<strong>de</strong>s numériques développées au Dapnia 1 ont été la clé du succès pour cartographier la matière noire.L’univers ne contient pas que <strong>de</strong>s étoiles mais égalementune gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> matière sombre. Mystérieuse, lamatière noire <strong>de</strong> l’univers se dévoile. Une collaborationinternationale à laquelle participe une équipe du centre<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> vient <strong>de</strong> la cartographier. Le serviced’astrophysique du Dapnia s’est chargé du traitement <strong>de</strong>sdonnées collectées par le télescope spatial Hubble 2 aucours <strong>de</strong> près d’un millier d’heures d’observations. Pourrechercher la matière noire, les astrophysiciens ontobservé ses effets sur la lumière. Cette matière sombredévie en effet les rayons lumineux par la gravité qu’elleengendre. Dès lors, les formes <strong>de</strong>s galaxies lointainesparaissent légèrement distendues, comme si elles étaientobservées à travers un tesson <strong>de</strong> bouteille (voir encadréci-<strong>de</strong>ssous). Richard Massey, <strong>de</strong> l’université américaineCaltech, qui travaillait fin février avec les scientifiques <strong>de</strong><strong>Saclay</strong>, souligne que « ces effets restent si ténus et lesobjets si petits que toute la précision <strong>de</strong> notre cartographierepose sur le traitement <strong>de</strong>s données ». Les métho<strong>de</strong>snumériques mises au point au Dapnia ont bien été la clédu succès. Cette cartographie confirme que la matièreordinaire visible se trouve au cœur <strong>de</strong>s concentrations <strong>de</strong>matière noire, comme le prévoit la théorie <strong>de</strong> la formation<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> l’univers. Pour AlexandreRefrégier, du Dapnia, le problème <strong>de</strong> la matière sombre estintimement lié à celui <strong>de</strong> l’énergie noire, <strong>de</strong>ux concepts quine trouvent pour l’instant aucune explication satisfaisanteet qui pourraient remettre en cause toutes nos idées sur laphysique. « Nous comprenons si peu que c’est terriblementexcitant ! » confie d’ailleurs Richard Massey.CR1 Laboratoire <strong>de</strong> recherche sur les lois fondamentales <strong>de</strong> l’univers <strong>de</strong> laDirection <strong>de</strong>s Sciences <strong>de</strong> la Matière.2 Télescope spatial en orbite <strong>de</strong>puis 1990, à l’origine <strong>de</strong> nombreusesdécouvertes, comme celle <strong>de</strong> planètes gravitant autour d’une étoile autreque le soleil.1 En bleu, la carte <strong>de</strong> la matière sombre. Elle correspond à celle<strong>de</strong> la matière visible (rouge) qui se concentre dans les mêmes régions.Zoom// Démasquer la matière noire12L’effet <strong>de</strong> lentille gravitationnelle résulted’une déformation <strong>de</strong> l’espace-temps quicourbe la trajectoire <strong>de</strong>s rayons lumineux.Ainsi, la position apparente d’une étoileéloignée est modifiée par la présence d’unastre plus proche situé sur la trajectoire <strong>de</strong>srayons lumineux <strong>de</strong> la première. La matièrenoire agit <strong>de</strong> la même façon, mais à uneéchelle beaucoup plus gran<strong>de</strong>. Dansl’image d’un champ <strong>de</strong> galaxies éloignées,les formes <strong>de</strong>s galaxies paraissent corrélées :c’est l’effet <strong>de</strong> lentille gravitationnelle.Les observations multi-couleurs permettentd’évaluer les distances jusqu’à cinq milliardsd’années-lumière soit la moitié <strong>de</strong> l’âge<strong>de</strong> l’univers. Dès lors, la position<strong>de</strong>s différentes galaxies et les déformationsgravitationnelles observées permettent<strong>de</strong> retrouver la position du responsable,la matière noire. Près d’un <strong>de</strong>mi-million<strong>de</strong> galaxies a été ainsi étudié.
ActualitésRÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUEDANS LES COULISSES DU GIECLe Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) achève son quatrième rapportd’évaluation. Plusieurs chercheurs du Laboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong> l’environnement 1 (LSCE, <strong>Saclay</strong>)y contribuent aux côtés notamment <strong>de</strong> leurs collègues du Laboratoire <strong>de</strong> météorologie dynamique, à l’Écolepolytechnique.Un exercice scientifique et humainLe volet scientifique <strong>de</strong> ce rapport s’appuie notammentsur <strong>de</strong>s travaux auxquels ont participé <strong>de</strong>s spécialistes duLSCE. Les avancées scientifiques obtenues <strong>de</strong>puis lerapport précé<strong>de</strong>nt ont été discutées au cours <strong>de</strong> rencontresinternationales pour aboutir à un document <strong>de</strong>stiné auxgouvernements. Pierre Friedlingstein, membre du LSCE,en est l’un <strong>de</strong>s co-auteurs : « C’est un exercice passionnant,tant sur le plan scientifique qu’humain. Il s’agit d’unconstat fondé sur l’expertise, toute spéculation est exclue ».s’avère inéluctable et aura notamment pour conséquenceune hausse du niveau <strong>de</strong>s mers. La parution <strong>de</strong> la versionintégrale du rapport est imminente.1 Le LSCE est une unité mixte <strong>de</strong> recherche entre le <strong>CEA</strong>, le CNRS etl’université <strong>de</strong> Versailles-Saint-Quentin.Une procédure <strong>de</strong> rédaction exceptionnelleUn premier texte a été rédigé, revu et commenté par <strong>de</strong>sscientifiques du mon<strong>de</strong> entier, via Internet. Après discussionentre « savants », il a été présenté aux expertsgouvernementaux pour aboutir à un contenu agréé partous. Un résumé à l’intention <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs a été validéfin janvier 2007 à Paris par 400 experts au cours d’uneultime conférence plénière. « Nous avons débattu pendant2Zoom// Le GIEC en bref1Le GIEC a été créé en 1988 pour« expertiser l’information scientifique,technique et socio-économique quiconcerne le risque <strong>de</strong> changementclimatique provoqué par l’homme ».Les pays membres se confon<strong>de</strong>nt à<strong>de</strong>ux exceptions près avec ceux <strong>de</strong>sNations Unies. Le GIEC rassemblequelque 2 500 experts du mon<strong>de</strong>entier, répartis en trois groupes<strong>de</strong> compétences : travauxscientifiques sur le changementclimatique, auxquels participentles climatologues du LSCE ;impact socio-économiquedu réchauffement ; solutionspour réduire les émissions<strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre.4 jours jusqu’à <strong>de</strong>s heures indues, pesant chaque mot<strong>de</strong>s 15 pages <strong>de</strong> texte ! », résume Pierre Friedlingstein.Au total, plus <strong>de</strong> 30 000 commentaires auront été pris encompte pour élaborer un document agréé par les scientifiqueset approuvé par les gouvernements selon uneprocédure unique en son genre. Le verdict <strong>de</strong>s expertsscientifiques est sévère : le réchauffement <strong>de</strong> la Terre1Modélisation <strong>de</strong> la chimie <strong>de</strong> l’atmosphère au LSCE.2 Dans les décennies à venir, le réchauffement climatique se manifesteranotamment par une extension <strong>de</strong>s régions désertiques en Afrique etdans le sud <strong>de</strong> l’Europe.Pour en savoir plus :■ http://www.ipcc.ch/ (français disponible)13
PortraitLAURÉAT 2006 DE LA MÉDAILLE FIELDSWENDELIN WERNEROU LA MAGIE DES MATHSInvité en voisin par Bertrand Duplantier, physicien au SPhT 1 , Wen<strong>de</strong>lin Werner, lauréat <strong>de</strong> la prestigieusemédaille Fields, s’est prêté le 15 mars <strong>de</strong>rnier à une conférence à <strong>de</strong>ux voix avec son hôte. L’occasion d’évoquercomment son parcours <strong>de</strong> mathématicien a croisé celui <strong>de</strong>s physiciens…Wen<strong>de</strong>lin Werner appartient à la communauté <strong>de</strong> la théorie<strong>de</strong>s probabilités, qui compte quelques milliers <strong>de</strong> membresà travers le mon<strong>de</strong>, mais seule une vingtaine d’entre euxpeut porter un regard critique sur ses travaux. « On asouvent l’impression que les articles ne sont lus parpersonne ! », s’amuse Wen<strong>de</strong>lin Werner. Ses collèguespeuvent certes comprendre ses articles, mais à condition<strong>de</strong> « bosser » !Comme un alpiniste choisit une voieD’ailleurs, que signifie bosser pour un chercheur en maths ?Aucun support matériel n’est indispensable, il suffit que lemon<strong>de</strong> extérieur s’efface un peu. « C’est un peu commedans la vie quand on doit prendre une décision importante.Ou peut-être comme le choix d’une voie en alpinisme ».Jusqu’à l’eurêka ! À ce rare instant magique succè<strong>de</strong> untravail minutieux et rigoureux <strong>de</strong> rédaction, un exercice <strong>de</strong>style essentiel qui peut faire apparaître <strong>de</strong>s failles béantes.« Tant que tout n’est pas bouclé dans le détail, on n’estpas vraiment sûr que ça marche ».qui se passe dans la cuisine est aussi important quece qu’on apporte sur la table ! ». La valeur <strong>de</strong>s travauxrécompensés par la médaille Fields tient sans douteplus au pont établi entre <strong>de</strong>ux disciplines mathématiques,les probabilités et l’analyse complexe, qu’àleurs retombées en physique.Ce qui lui plaît dans son métier ? « Je fais vraiment ceque je veux. Je pourrais arrêter les probabilités etapprendre d’autres maths. Quitte à ne rien publierpendant quatre ans » ! Il revendique cette liberté jusquedans les détails du quotidien : il emprunte rarement <strong>de</strong>uxfois le même chemin et rechigne à planifier son emploidu temps. Un « besoin d’aléatoire » érigé en mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie !Dans la cuisine ou sur la table ?Qu’est-ce qui fait ensuite une gran<strong>de</strong> découverte ? Cen’est pas uniquement le résultat, mais aussi l’élégance <strong>de</strong>sa démonstration et <strong>de</strong>s concepts utilisés. « En maths, ceChercheur et enseignant« Malgré ma naissance en Allemagne <strong>de</strong> parents allemands,je suis un produit typique <strong>de</strong> l’éducation à lafrançaise », analyse Wen<strong>de</strong>lin Werner. Son goût pour14
… Portraitles sciences et un parcours scolaire d’excellence leconduisent naturellement à l’Ecole normale supérieure(ENS), puis à une thèse en maths. « Je n’ai pas eu <strong>de</strong> choixcourageux à faire. J’ai simplement continué ce qui meplaisait et c’était aussi ce qui était le plus valorisé », sesouvient-il. Aujourd’hui, le patron <strong>de</strong> thèse apprécie ceparticularisme éducatif : les étudiants français les plusbrillants s’orientent plus fréquemment vers les maths quedans les autres pays. Au bout <strong>de</strong> quelques années <strong>de</strong>recherche pure au sein du CNRS, il ressent « un manque<strong>de</strong> connexions sociales » qui l’amène à enseigner à l’universitéd’Orsay Paris-XI et à l’ENS. Les chaires <strong>de</strong> maths<strong>de</strong> l’ENS sont tenues pour dix ans au plus par <strong>de</strong>s chercheurs« prêtés » par d’autres organismes. Une singularitéqui en dit long sur l’attachement <strong>de</strong>s mathématiciens auxvaleurs <strong>de</strong> convivialité et <strong>de</strong> liberté…1 SPhT : Service <strong>de</strong> physique théorique <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.Zoom// La médaille FieldsDécernée tous les quatre ans àquatre chercheurs <strong>de</strong> moins <strong>de</strong>quarante ans, la médaille Fields2006 ("Nobel" <strong>de</strong>s mathématiques)a été décernée à Wen<strong>de</strong>linWerner, enseignant-chercheur auLaboratoire <strong>de</strong> mathématiques àOrsay (Université Paris-Sud 11/CNRS).Au carrefour <strong>de</strong> la physique et<strong>de</strong>s mathématiques, ses travauxintroduisent <strong>de</strong>s idées et conceptsnouveaux pour comprendre <strong>de</strong>sphénomènes liés à certainestransitions <strong>de</strong> phase (par exemplela transition liqui<strong>de</strong> / gaz).Ils sont le fruit d’une collaborationavec Gregory Lawler et O<strong>de</strong>dSchramm, et portent notammentsur la géométrie du mouvementbrownien en dimension 2.Ils ont, en particulier, permis <strong>de</strong>confirmer <strong>de</strong>s prédictions faites àpartir <strong>de</strong> la théorie conforme <strong>de</strong>schamps par <strong>de</strong>s physiciens, dontBertrand Duplantier du Service <strong>de</strong>physique théorique, à <strong>Saclay</strong>.Wen<strong>de</strong>lin Werner est le 9 èmelauréat français <strong>de</strong> la médailleFields et le 3 ème issu duLaboratoire <strong>de</strong> mathématiquesd’Orsay.À titre <strong>de</strong> comparaison, les USAoccupent le 1 er rang mondial avec13 récompenses, <strong>de</strong>vant la France(9) et la Russie (5).La médaille 2006 a également étéattribuée, pour d’autres travaux, àAndrei Okounkov, Grigori Perelmanet Terence Tao.NON VOLATILS ET RECYCLABLESDES LIQUIDES IONIQUES POUR LE TRAITEMENTDES DÉCHETS NUCLÉAIRESLes procédés industriels mettent en œuvre <strong>de</strong>s solvantssouvent volatils, inflammables et toxiques… en un mot,polluants et contribuant à l’effet <strong>de</strong> serre. Depuis quelquesannées, les chimistes développent une alternative intéressante: les liqui<strong>de</strong>s ioniques. Ce sont <strong>de</strong>s sels, donc <strong>de</strong>sassemblages d’ions, mais liqui<strong>de</strong>s à températureambiante, contrairement au sel <strong>de</strong> cuisine. Non volatils, ilsprésentent le double avantage environnemental et économiqued’éviter une évaporation génératrice <strong>de</strong> pollutionatmosphérique et d’être recyclables. À l’heure du développementdurable, une équipe <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong> l’énergienucléaire, à <strong>Saclay</strong>, étudie l’utilisation potentielle <strong>de</strong>sliqui<strong>de</strong>s ioniques comme solvants dans le traitement <strong>de</strong>scombustibles nucléaires usés. Ceux-ci comprennent unemajorité d’éléments encore valorisables, l’uranium et leplutonium, et un faible volume <strong>de</strong> déchets non recyclables.Afin <strong>de</strong> réduire la radiotoxicité <strong>de</strong> ces déchets ultimes, <strong>de</strong>srecherches sont menées sur l’extraction sélective <strong>de</strong>scomposants radioactifs à vie longue en vue <strong>de</strong> leur transmutation.Cette alchimie mo<strong>de</strong>rne les transformerait enéléments à durée <strong>de</strong> vie plus courte.11 Étu<strong>de</strong> du retraitement <strong>de</strong>s combustibles nucléaires « usés » :les opérations <strong>de</strong> séparation « poussée » <strong>de</strong>s différentes composantessont effectuées en caisson blindé grâce à <strong>de</strong>s télémanipulateurs(centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Marcoule).15
PACTE PMEVITAMINER LE TISSU INDUSTRIELLe 10 janvier <strong>de</strong>rnier, 51 PME ont présenté leurs produits et services au centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.Donner quelques coups <strong>de</strong> pouce aux jeunes entreprisespour vitaminer le tissu industriel, tel est le but du pactePME lancé par Oséo-Anvar et le comité Richelieu 1 . Présentparmi les premiers signataires, le <strong>CEA</strong> traduit son engagementen acte. Ainsi, 51 PME sélectionnées parmi plus d’unecentaine en provenance <strong>de</strong> toute la France ont pu présenterleurs produits et services à <strong>Saclay</strong>. L’objectif était <strong>de</strong>mettre en regard les besoins du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> etl’offre <strong>de</strong>s PME. Comme l’explique Laurence Henrion,chargée <strong>de</strong>s relations avec les PME, « ce pacte fonctionned’autant mieux ici que les activités <strong>de</strong> recherche génèrentplus souvent <strong>de</strong>s affaires d’envergure mo<strong>de</strong>ste ; cellesjustement que peuvent supporter <strong>de</strong> jeunes entreprisesqui ne disposent pas encore <strong>de</strong> l’assise financière <strong>de</strong>sgrands groupes. Mais celles aussi qui parfois peuvent lesentraîner sur les grands marchés internationaux. ».CR1 - voir le site : www.pactepme.orgCONFÉRENCE CYCLOPE JUNIORS MARDI 12 JUINPlongée dans le nanomon<strong>de</strong>Par Jean-Philippe Bourgoin, directeur du programme « Nanosciences » du <strong>CEA</strong>, Pascal Boulanger, Pascale Chenevier,Fabien Portier, chercheurs au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.Un nanomètre, 1 milliardième <strong>de</strong> mètre, c’est très, très...trèspetit. Comme un cheveu coupé en 10 000 dans son épaisseur! Pourtant, on parle <strong>de</strong> nanosciences et <strong>de</strong> nanotechnologies.Comment fait-on pour observer, comprendre et utiliser la matièreà l’échelle du nanomètre ?Nous plongerons dans le nanomon<strong>de</strong> en utilisant différentsinstruments, <strong>de</strong>puis la loupe jusqu’au microscope à forceatomique, en passant par le microscope électronique.À chaque fois que l’Homme a inventé un appareil pour mieux voirla matière, il l’a aussi employé pour mieux la comprendre etmieux l’utiliser. Cela vaut également pour les instruments <strong>de</strong>stinésà voir la matière à l’échelle du nanomètre. L’étrange mon<strong>de</strong>quantique <strong>de</strong>vient, par exemple, accessible à l’expérience.De nouvelles applications apparaissent. Certaines sont étonnantes,comme les surfaces autonettoyantes.La nature a apprivoisé le nanomon<strong>de</strong> : grâce à leurs nanostructures,les ailes <strong>de</strong>s libellules et les feuilles <strong>de</strong> lotus ne sont jamais mouillées.Nous montrerons que la nature a apprivoisé le nanomon<strong>de</strong> : lesfeuilles <strong>de</strong> lotus sont couvertes <strong>de</strong> nanostructures <strong>de</strong> cire et l’eaune peut pas les mouiller.Nous verrons comment fabriquer <strong>de</strong>s nanotubes <strong>de</strong> carbone. Sixfois plus rigi<strong>de</strong>s et moins lourds que l’acier, ils sont utilisés enélectronique.Renseignements pratiques :Accès : ouvert à tous, entrée gratuiteLieu : Institut national <strong>de</strong>s sciences et techniques nucléaires, <strong>Saclay</strong> (voir plan)Horaire : 20 heuresOrganisation/renseignements : Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, Unité communication et affairespubliquesTél : 01 69 08 52 10Adresse postale : 91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>xLes Jeudis du <strong>CEA</strong>Jeudi 14 juin « Iter : en route vers l’énergie du futur »,Par Danièle Imbault, adjointe au directeur <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière du <strong>CEA</strong>. Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.Renseignements : café <strong>de</strong> la FNAC Vélizy, centre commercial Vélizy 2 ; 19h ; Entrée libre.