12.07.2015 Views

Télécharger le PDF - Longueur d'Ondes

Télécharger le PDF - Longueur d'Ondes

Télécharger le PDF - Longueur d'Ondes

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>le</strong> Mag mUSicAlqu’on N’AchETe PaS !#52 - hiveR 09 / 10RENCONTRECarmenMariaVegaImbertImbertEIFFELX MAKEENATUE-LOUPSTEREO TOTALRANDY MANDYS


52Hiver 2009-2010SoMMAiRe4 MARCHE OU BRÈVES7 ON Y CROIT2Kilos&More, Des Fourmis dans<strong>le</strong>s Mains, Pony Taylor, Zedrus,La Blanche, We Only Said10 ON Y TIENTStereo Total, Thierry Romanens,Randy Mandys, Rageous Gratoons1415172022RENCONTRESTue-LoupEiffelImbert Imbert &Carmen Maria VegaX-MakeenaINITIATIVESPrikosnovénie, BighoodBilan des festivals de l’été 200924 K COMME KÉBECPaul CargnelloEmilie Proulx27 BRUITAGE31 FESTIVALS34 CA GAVEeDiToAlors que sur notre géant Titanic terrestre,on continue de danser dans la sal<strong>le</strong> de balmalgré l’iceberg bien en vue (comme <strong>le</strong>chantent Mes Aïeux : “Tout <strong>le</strong> monde sait cequ’il nous faudrait faire maintenant… Maispour l’instant / On danse la danse du dénide l’évidence / On danse la danse du dénide l’état d’urgence”), la réalité humainevient nous frapper de p<strong>le</strong>in fouet dans notrepetit quotidien déjà bien malmené. Et cesderniers jours, <strong>le</strong>s épreuves p<strong>le</strong>uvent…Le premier coup de poing fut la révérence deJacno, ex-partenaire d’Elli Medeiros, la cinquantaine.Il nous avait accompagné depuisdes lustres, avec son punky-rock déjantéPRoCHAiN NuMeRo <strong>le</strong> 10 FevRieR 2010SUR LA MÊME LONGUEUR D’ONDESBP 50 - 33883 Vil<strong>le</strong>nave d’Ornon CedexTél. 05 56 87 19 57www.longueurdondes.commyspace.com/longueurdondesinfo@longueurdondes.com100.000 EXEMPLAIRESPublicité, partenariats :marketing@longueurdondes.comRédaction Paris (sur RDV) :01 42 542 116I.S.S.N. : 1161 7292LE CŒUR EN GRUYÈRE(Stinky Toys, Boozy creed), transforméensuite en pop nerveuse sous une apparencepolicée (Elli & Jacno écrivaient : “Ongarde nos allures sages, en dessous fermentela rage.”).Puis ce fut Kriss, 61 ans, femme de radio quinaviguait dans nos oreil<strong>le</strong>s et sur <strong>le</strong>s ondesde France Inter depuis l’âge de 20 ans. Issued’une génération “grande gueu<strong>le</strong>”, el<strong>le</strong> célébrait<strong>le</strong> courage, l’infini, la beauté et refusaitde toutes ses forces ce qu’el<strong>le</strong> appelaitla “culture du malheur”. El<strong>le</strong> qui, en débutet en fin d’émission, de sa voix tendre etsouriante nous rappelait que l’heure c’estl’heure, nous lègue un doux message pourDirecteur / Rédacteur en chef :Serge BeyerRédacteur en chef adjoint / Maquette :Cédric ManussetResponsab<strong>le</strong> com’ Québec :Jean-Robert BisaillonDistribution Québec : Local Distributionet <strong>le</strong>s librairies Renaud-Bray.Ont participé à ce numéro :Patrick Auffret, Damien Baumal, Fabien Benoit,Franck Billaud, Alain Birmann, Jessica Boucher-Rétif, Bastien Brun, Marilyne Clarac,Béatrice Corceiro, Caroline Dall’o, SamuelDegasne, Sylvain Dépée, Julien Deverre, KevinDuranton, Jean Luc Eluard, Emmanuel Lauzon,Isabel<strong>le</strong> Lec<strong>le</strong>rcq, Aena Léo, Sarah Lévesque,Vincent Michaud, Marie-Hélène Mello,Eric Nahon, Akim Nonvidé, Christophe Payet,PP, Elsa Songis, Léna Tocquer, Varsas.Photographes : Alain Dode<strong>le</strong>r, Marylène Eytier,Raphaël Lugassy, Maho, Nicolas Messyasz,Michel Pinault, Pierre Wetzel.3Couverture : Photo © Raphaël LugassyPoliPePierre-Luc Bégin est <strong>le</strong>batteur-chanteur-percusclavierdu trio pop-rockde St Antoine-de-Tilly,près de Québec. Leur excel<strong>le</strong>ntpremier albumbourré de mélodies accrocheuseset d’harmoniesvoca<strong>le</strong>s bientravaillées a pour titreTropiques du cancer.myspace.com/polipelA FiCHe SiGNA<strong>le</strong>e... ToC !la route : “Le voyage te rend <strong>le</strong> temps réel,<strong>le</strong> temps que tu crois perdu… Et <strong>le</strong> si<strong>le</strong>nce.”Et puis, après avoir souffert des années,Sophie Viguier a fini par déposer <strong>le</strong>s armesà 44 ans. El<strong>le</strong>, si enjouée et émerveillée dela vie, qui avait débuté sa carrière de journalisteà <strong>Longueur</strong> d’Ondes, nous laisse untrou de plus dans <strong>le</strong> cœur. Hey, vous trois !On compte sur vous pour foutre un beaubordel rock’n’roll là-haut en attendant quel’on vous rejoigne ! La vie est une vache, ilfaut la traire (proverbe peul). Ca vous auraitfait rire, sans doute… Bon voyage !Thézame et SergePour toute demande d’abonnement, veuil<strong>le</strong>z consulternotre site Internet : www.longueurdondes.comEncre végéta<strong>le</strong> et tramealéatoire = moins 20 %de consommation d’encre.Imprimerie : MCC GraphicsDépôt légal :Novembre 2009Magazine gratuit- NE PEUT ETRE VENDU -Ne pas jeter sur la voie publique------------------------------------Les artic<strong>le</strong>s publiés engagent laresponsabilité de <strong>le</strong>urs auteurs.Tous droits de reproduction réservés.M-H. Mello


HINT VS EZ3KIELLes deux formations, qui ont fait unetournée détonante courant 2009 etjustement intitulée “Collision Tour”,sortent un CD/DVD afin de revivrecette déflagration sonore faite descompos des deux groupes. C’est déjàdans <strong>le</strong>s bacs ! www.ez3kiel.com etmyspace.com/hintfansiteLES 3 ELÉPHANTSDu changement ce festival lavallois,qui fêtera sa 13ème édition en 2010,change de dates et de formu<strong>le</strong>. Lefestival investit <strong>le</strong> centre-vil<strong>le</strong>, se recentresur la scène émergente etétoffe sa proposition d’arts de la rue,d’installations plastiques. Un objectif: plus de lieux, plus de jours, plusde groupes et une offre artistiqueplus large. Cette nouvel<strong>le</strong> formu<strong>le</strong>aura donc lieu sur 4 jours, du 10 au 13juin 2010. www.<strong>le</strong>s3e<strong>le</strong>phants.comSALLE EN DANGERÀ CAVAILLONLe Grenier à Sons de Cavaillon (84) esten danger. La mairie, sous couvertd’économies, remet en cause l’existencede cette sal<strong>le</strong> qui est pourtantun lieu d’expression des musiquesactuel<strong>le</strong>s. L’hécatombe continue…www.grenier-a-sons.orgCHANSONS D’HIVERLe Hall de la Chanson organise à Do<strong>le</strong>,du 11 au 13 décembre 2009, la premièreédition du festival Chansonsd’Hiver mettantl’accent sur <strong>le</strong>sarts vivantsavec des repr é s e n t a -tions dethéâtre, dedanse et desconcerts faisantla partbel<strong>le</strong> à la chansonfrançaise. Parmi <strong>le</strong>s programmés :Yves Jamait et Stephan Eicher.www.chansonsdhiver.comFRANCO FUNLe MEG Montréal organise depuisplus d’une décade un festival permettantla révélation d’artistes québécois,canadiens, européens ouencore américains. La structure a décidéde devenir éga<strong>le</strong>ment uneagence de booking pour promouvoirdes artistes sous <strong>le</strong> nom de MEG Tour.A suivre : The National Parcs qui a été<strong>le</strong> gagnant du Prix des Découvertesdu Printemps de Bourges en 2009.www.megmontreal.comI LOVE THE 90’SDes enfants des 90’s reprennent untitre qui a changé <strong>le</strong>ur vie : c’esttoute une scène alternative qui estsaluée par cette compilation, avec detrès beaux clinsd’œil, p<strong>le</strong>in desurprises, de rocket d’émotions…Pour l’occasion,<strong>le</strong> label indépendanta fait appel àquelques figuresplus ou moinsconnues de la scène alternative actuel<strong>le</strong>,et notamment du côté desgroupes français : Gâtechien, LuisFrancesco Arena, Devonmi<strong>le</strong>s, DeadPop Club ou Billy Gaz Station, Downto earth, Powell, Atomic Garden…myspace.com/yr<strong>le</strong>tterrecordsLABEL ÉQUITABLELe label normand Sens Unique vientde souff<strong>le</strong>r sa première bougie. Il estun des rares à s’appuyer sur unecharte équitab<strong>le</strong> pour fonctionner.Plus clairement, <strong>le</strong> label garantit àchaque manager d’être aussi <strong>le</strong> représentantlégal du label pour son artisteou son groupe. Indépendant,Sens Unique n’a pas de productionspécialisée, s’intéressant aussi bien àla pop, à la chanson, au rock ou aublues. Six artistes y sont actuel<strong>le</strong>mentédités et distribués : A<strong>le</strong>x &Massmédia, Cabal La Commune, VincentDruda, Laurent Piquot et LesAlter Ego, Sweet Sixteen, Les Yétis.www.labelsensunique.frARBON EST DE RETOURAprès avoir passé plusieurs mois enstudio, <strong>le</strong> “pessimiste heureux”connu aussi sous <strong>le</strong> nom de Arbonannonce la livraison de son prochainopus (mars 2010). Ce dernier répondraau nom évocateur de “Ca arrive àtout <strong>le</strong> monde”. Il y sera questiond’animaux en tout genre. Correctementinstallé sur la place publique dela chanson française, ce swingueur etmagicien des mots dévoi<strong>le</strong>ra enavant-première son nouveau spectac<strong>le</strong>à l’Européen <strong>le</strong> 16 décembre 2009.Préparez-vous à entendre des sortesde fab<strong>le</strong>s de La Fontaine version revueset corrigées sur des sons pop,rock et é<strong>le</strong>ctro.www.arbon-<strong>le</strong>site.com(RE)VENONSÀ LA MUSIQUENouveau site de mise en enchèred’artistes indépendants qui proposentaux artistes de présenter <strong>le</strong>urtravail musical sur la toi<strong>le</strong>, mais pasque. En effet, <strong>le</strong>réseau met enface des musiciensdesprofessionnelspouraider à laproductiondu futuralbum. A tousceux qui sontfatigués d’entendredix titres sur <strong>le</strong>s ondes FM, laissez-voustenter par l’originalité etdégotez peut-être un futur grand ta<strong>le</strong>nt.www.revenonsalamusique.comABOUTISSEMENTL’artiste québécois Dumas sort endécembre un nouvel album intitulé“Traces” et pour <strong>le</strong>quel suivra unetournée. L’artiste a passé plus d’un anen studio pour réalisé une œuvre colossa<strong>le</strong>composée de quatre albumsen édition limitée. Le sty<strong>le</strong> musicaloscil<strong>le</strong> entre mélodies pop, arrangementsrock et surtout des cordesmagistra<strong>le</strong>ment orchestrées.Les dates de tournée sur :www.dumasmusique.caGOTHIC POLARAntoine Chainas s’est attelé au cinquièmevo<strong>le</strong>t des aventures de lajournaliste Mona Cabrio<strong>le</strong>, en “reportage”dans un très gothique 12èmearrondissementparisien.Aterme, tousauront reçusa visite,mais nuldoute quec e l u i - c is’avèrera <strong>le</strong>plus glacial.Catacombeset morgueplantent <strong>le</strong>décors de“Six piedssous <strong>le</strong>s vivants”. Comme toujoursdans cette saga, la musique demeureomniprésente, une mélodie undergroundpour un meurtre en sous-sol.L’enquête tourne en effet autour dela disparition du corps d’une ido<strong>le</strong> durock ténébreux, sorte de mix de Lautréamontet de Bauhaus mâtiné denoirs désirs romantiques. (La TengoEditions)LONDON WRITING19 fines plumes rock’n’roll parmi <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>sBernard Pouy et Marc Villard,mais aussi avec et sous la directionde Jean-Noël Levasseur ont traduiten fictions l’album “London calling”des Clash. Comme dans la vraie vie,ces nouvel<strong>le</strong>s vont vite. Leurs antihérosn’ont pas <strong>le</strong> temps de “prendrel’information” que déjà ils vont auclash. Souvent tragiques et en fuitelogique, ils vivent au rythme que <strong>le</strong>punk a mis en musique. Frénétiqueset tendues, <strong>le</strong>urs courtes existencess’expriment ainsi au mieux <strong>le</strong> tempsde nouvel<strong>le</strong>s du bon Dieu rock’n’roll.“London calling, 19 histoires rock etnoires” - Buchet / ChastelMARCHe ou BReveSPOCHETTES IN PROGRESS“Discographisme récréatif” (EnMarge / Ed. Bricolage) est <strong>le</strong>deuxième ouvrage de Patrice Cail<strong>le</strong>tconsacré aux pochettes de disquesretravaillées “maison” par des artistesen herbe. Pour ce col<strong>le</strong>ctionneur impulsif,si cette forme d’expression sesitue en dehors de l’art classique oubourgeois, <strong>le</strong> propos n’est pas pourautant kitsch : “Du fait de propossouvent balbutiants, laconiques, d’ungraphisme jugé très approximatif,ces pochettes peuvent être considéréescomme re<strong>le</strong>vant d’une pratiquemineure et insignifiante. Cependant,el<strong>le</strong>s sont avant tout l’expressiond’instants vécus, de tentatives esthétiquesoscillant entre copie, stylisation,citation, détournement,projection, idéalisation.” Le muséetue-t-il <strong>le</strong>s esprits en marge ? Eterneldébat que l’exposition “Insiders” auCAPC de Bordeaux prolonge jusqu’au7 février 2010. approximatif.free.frTRÄCE DE TOITräce est avant tout un dispositifd’accompagnement initié en 2000 ausein du Réseau 92 dans <strong>le</strong> cadre del’action des lieux de musiques actuel<strong>le</strong>sdu département. Ce programmeconcerne <strong>le</strong>s sept groupeset se compose d’une formation artistique,technique et administrative,d’une aide au management de projets,à son aspect promotionnel et àsa diffusion dans <strong>le</strong> milieu professionnel.Mais Träce c’est éga<strong>le</strong>ment unfestival itinérant. Cette année, il sedérou<strong>le</strong>ra du 16 janvier au 13 février.Sept soirées concerts, 15 groupestrois conférences, une expo. Au programme: Mister Gang, Sebseb, JuanRozoff, Tribeqa, Archimede, Nosfell,Jym, Tu Shung Peng feat. Daniel Ray,Merlot, Les Yeux d’la Tête, etc.www.reseau92.comLIBRE DIFFUSIONBordeaux fait de la résistance aux Hadopistesen proposant pour la premièrefois l’accès à Automatiz, laborne d’écoute, de téléchargementet de dépôt de musique libre tout enrespectant <strong>le</strong> travail de création desauteurs et compositeurs. Située dans<strong>le</strong> local de l’association MusiqueLibre !, l’événement se fera aussi autourde sets musicaux. Pour s’y rendre: Espace29, au 29 rue FernandMarin, 33000 Bordeaux.www.automazic.net5


oN Y CRoiTVladimir Wegener2Kilos&More“Entre3vil<strong>le</strong>s” - Optical Soundmyspace.com/2kilosandmorePénétrer <strong>le</strong> territoire Entre3vil<strong>le</strong>s entretenu parce duo é<strong>le</strong>ctronique, c’est oublier <strong>le</strong> mondeparfait coup<strong>le</strong>t / refrain et embrasser unequête synesthésique. Visite guidée parSéverine, moitié de 2Kilos&More : “Notremusique pourrait être l’expression d’impressions,de cou<strong>le</strong>urs, de ressentis, de paysagesque l’on a à l’intérieur de nous.” La perte derepères se retrouve aussi dans la méthode decomposition. Entre3vil<strong>le</strong>s, titre de l’album,traduit ainsi l’errance géographique pendantl’enregistrement, un jeu de pistes sonoresentre Paris, Berlin et Essen. Outre <strong>le</strong>s collagesé<strong>le</strong>ctros, ce disque perpétue un mondegothique, matérialisé par des réminiscencesdes architectures cold des années 80, cel<strong>le</strong>sde Bauhaus ou de Norscq (The Grief) qui prêteici son chant, tout comme Flore des VonMagnet. Les voies tracées ne dédaignent ainsipas <strong>le</strong>s voix mélodiques, mais après avoir“joué de longues heures au puzz<strong>le</strong> avecel<strong>le</strong>s.” Comme aime à <strong>le</strong> dire Séverine, <strong>le</strong>urduo réunit “des rockers à laptop (NDR :musique assistée par ordinateur), même sinotre musique est ambient et introspective etque <strong>le</strong> public ne pogote pas.” Cependant,après <strong>le</strong> jeu de construction en studio,2Kilos&More mettra à mal <strong>le</strong> confort de lasal<strong>le</strong> de concert. Présentation des plans parHugues : “Nous voulons nous tourner vers laperformance en nous insinuant dans <strong>le</strong> décor,par exemp<strong>le</strong> dans une structure, comme unebul<strong>le</strong> de tul<strong>le</strong> où des vidéos seraient projetéesen permanence. Nous serions donc moinsprésents, mais par moments <strong>le</strong>s invitéscomme Flore Magnet et Black Sifichi, oud’autres, viendraient perturber ce cocon. J’aitoujours beaucoup de mal avec <strong>le</strong>s concerts.Je pense que notre musique et notre jeu neconviennent pas à une formu<strong>le</strong> “classique” :<strong>le</strong> groupe sur scène et <strong>le</strong> public en face.A nous de trouver un système pour mettre <strong>le</strong>public dans une position d’écoute et de regarddifférente, assez simp<strong>le</strong> pour s’adapter auxdifférents lieux.” Vincent MichaudD.R.Des Fourmisdans <strong>le</strong>s Mains“On entendra chanter <strong>le</strong>s loups” - Autoproduit / La Chaudièremyspace.com/desfourmisdans<strong>le</strong>smains“C’est l’histoire d’un jeune paysan, avec ses joies et ses peines”,explique Laurent Fellot. Dans ses textes d’inspiration autobiographique,c’est effectivement une ruralité paradisiaque qui est exaltée par <strong>le</strong>chanteur, auteur et compositeur du groupe. A travers cette célébrationde la nature, c’est aussi un engagement pour l’Homme qu’il distil<strong>le</strong>.“On nous apprend à nous méfier. Cet album veut faire <strong>le</strong> contraire :être dans la contemplation, s’ouvrir aux choses simp<strong>le</strong>s.” Mais Laurentne veut pas s’enfermer dans <strong>le</strong> militantisme : “Ce n’est pas politique.On propose juste une échappatoire.” Le message est d’autant plusouvert qu’il est chargé de poésie et de mystère. Elaborés notammentautour des cinq sens, <strong>le</strong>s textes prennent une force polysémique : “Desmessages différents peuvent être compris. Quand je par<strong>le</strong> desmigrations d’oiseaux, j’évoque <strong>le</strong>s déportations de populations quifuient, mais ce n’est jamais explicite.” Et s’il récite ses textes sur lamusique, Laurent refuse l’appellation “slammeur” : “On nous a rapidementcollé cette étiquette, mais je ne me revendique pas comme tel.Chez nous, la musique n’est pas au service de l’écriture. Je suis d’abordun compositeur.” Et c’est bien la force de ce groupe : la poésie musica<strong>le</strong>n’a rien à envier à cel<strong>le</strong> du texte. Inspiré de funk comme de cool jazz,enrichi de chœurs vocaux, <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> est magnifiquement travaillé etarrangé. Sur scène, Laurent Fellot est accompagné d’Heiko Wilhem,Damien Sanlavil<strong>le</strong> et Guillaume Chosson pour un spectac<strong>le</strong> très rock.Après avoir sorti en 2007 Route 595, une démo de huit titres, cetalbum promet au groupe un bel avenir.Christophe Payet7D.R.Pony Taylor“E<strong>le</strong>ven safety matches” - SuperHomardmyspace.com/ponytaylorbandOn <strong>le</strong>s avait presque oubliés. Apparus en 2001 dansun paysage musical français fri<strong>le</strong>ux à <strong>le</strong>ur poppsychédélique en anglais, <strong>le</strong>s quatre garçons pourtantbien dans <strong>le</strong> vent avaient déjà fait <strong>le</strong>ur petit effetoutre-Atlantique en s’attirant <strong>le</strong>s faveurs du labelRainbow Quartz. L’album Odorama avait laissé ungoût divin à tous ceux qui lui avaient prêté l’oreil<strong>le</strong>,mais The Strawberry Smell - comme on <strong>le</strong>s appelaitalors - devaient splitter en 2004 après dix ansd’existence. Christophe Vaillant, chanteur et guitaristede Pony Taylor, raconte comment s’est passé <strong>le</strong>nouveau départ : “Courant 2005, avec mon frèreOlivier, nous avons commencé à composer etenregistrer quelques morceaux, puis Cyril et Laurentnous ont rejoint mi-2006. Jouer avec un vrai groupecommençait à nous manquer.” De fil en aiguil<strong>le</strong>, denouveaux titres sont mis en boîte et la troupe ainsiformée assure la première partie du Spinto Band avecl’aide d’A<strong>le</strong>x <strong>le</strong> cinquième larron. Trois ans plus tardet après un premier EP discret mais remarqué, PonyTaylor (qui assure avoir trouvé son patronyme bienavant la vague des groupes hippiques, à cause decoupes de cheveux chevalines) livre, sur son proprelabel - “parce que l’on n’est jamais mieux servi quepar soi-même…” - cet enfilage de onze titres powerpop à la sauce Mods. Une influence plutôt rare àl’heure du revival 80’s qui <strong>le</strong>s gonf<strong>le</strong>particulièrement. Même s’ils aimeraient fairedavantage de scène (“<strong>le</strong> seul moyen pour se faireconnaître quand tu n’as pas <strong>le</strong>s moyens”), <strong>le</strong>sAvignonnais / Toulousains pensent déjà à undeuxième album, forcément dans la même lignée car“on a toujours fait la même chose depuis <strong>le</strong> début,que ce soit à la mode ou non. Certains y voient unmanque d’ambition, nous on appel<strong>le</strong> ça l’intégrité.”Julien Deverre


oN Y CRoiTAlain Dode<strong>le</strong>rZedrus“Mes amis sont des ports”www.zedrus.chUn nom codé comme un compte suisse.Ce grand beau jeune homme descendu deson Jura pour <strong>le</strong>s rives citadines de Genève,garde la tête au frais de ses montagnespour jeter des mots acides sur unehumanité plus que désespérante, mais quien vaut la peine. Ses textes semb<strong>le</strong>ntsponsorisés par toute l’industrie chimiquesuisse, mais malgré cela il incarne toujoursla petite f<strong>le</strong>ur b<strong>le</strong>ue que l’on retrouvelà où l’on ne l’attend pas. La vie,ce qui se passe autour de lui, voilà sonthème d’écriture, il joue des mots, desmaux pour composer : “On va bientôtcrever, alors soyons drô<strong>le</strong>.” Celui qui “araté son suicide car il a sauté à côté duvide”, s’amuse à prendre <strong>le</strong>s chemins detraverse plutôt que l’autoroute du showbizz,prenant <strong>le</strong> temps de ne pas être enretard pour al<strong>le</strong>r dans son bistrot dequartier. Une âme voyageuse (Amériquedu Sud, Asie), des idées d’un temps où lalutte des classes habitait <strong>le</strong> haut Jurasans pour autant chanter L’internationa<strong>le</strong>,ses mots ont choisi <strong>le</strong>ur camp etfont mouche. Une reconnaissance qui arrive: de bel<strong>le</strong>s premières partie (Juliette,Thomas Fersen…), des invitations à denombreux festivals (de la Francofête enAcadie, à Mars en Chanson, de Char<strong>le</strong>roià Montréal, des Francos de Spa au Paléode Nyon), il a même reçu <strong>le</strong> Coup de Cœurde l’Académie Char<strong>le</strong>s Cros en 2007. Enduo ou plus, (sa formation préférée : luià la guitare é<strong>le</strong>ctrique, un batteur, unbassiste et un clavier), il explore bienl’univers caustique et touchant de sonpremier album Mes amis sont des ports.Du gros son rock à des mélodies plus intimistes,il englobe tous <strong>le</strong>s sentimentsdu paillard au touchant. Son deuxièmealbum arrive début 2010 et <strong>le</strong>s festivalsde l’été devraient donc permettre à tousceux qui ne <strong>le</strong> connaissent pas encore de<strong>le</strong> découvrir. Alain Dode<strong>le</strong>rMahoLa Blanche“Imbéci<strong>le</strong> heureux” - L’Immaculéewww.lablanche.orgPeut-on être un imbéci<strong>le</strong> heureux ? On traite norma<strong>le</strong>ment ce devoir de philoen quatre heures. Eric La Blanche, lui, préfère répondre en trois minutes etvingt-neuf secondes, <strong>le</strong> temps d’une chanson qui met beaucoup de monded’accord. Enfin presque : “Je crois que la prof à qui j’ai répondu que, sanshésitation, je préférerais être un imbéci<strong>le</strong> heureux qu’un intelligent triste,n’a pas trop apprécié…” D’abord distribué avec succès sur <strong>le</strong>s plateformesde téléchargement léga<strong>le</strong>s, l’album devient enfin physique. Il suit MichelRocard (2002) et Disque d’Or (2006) mais marque un tournant : LaBlanche n’est plus un groupe et abandonne <strong>le</strong> rock au profit d’une esthétique“chanson” plaisante et recherchée. Eric s’explique : “Depuis que je suis seul,la ligne est beaucoup plus claire, je vais droit au but.” La Blanche conserveson cynisme tordant, mais par moment, <strong>le</strong> clown ne fait plus rire. “J’avaistoute une gamme d’émotions à faire sortir. Je suis perméab<strong>le</strong> à tout ce quim’entoure : l’écologie, l’économie, la politique… Je me suis plongé dansl’écriture pour ne pas sombrer. Je suis content est emblématique de l’album.C’est une chanson gaie, mais qui ne laisse aucun espoir.” Autre morceaude bravoure : Le forcené qui fait <strong>le</strong> lien entre La Blanche (<strong>le</strong> groupe) et LaBlanche (l’auteur) : gainsbourgien période “poinçonneur”, mais d’unemodernité absolue dans <strong>le</strong> traitement. Servi par un clip aussi simp<strong>le</strong>qu’efficace, ce forcené fait <strong>le</strong> tour de la toi<strong>le</strong> (exactement comme Alcooliqueen 2006). On peut s’attendre à rire (jaune) et à grincer des dents pendantune bonne partie de l’hiver 2010 : la tournée de La Blanche commence enjanvier. A ne pas manquer, car au-delà du rire et des grincements, c’estl’émotion qui guette.Eric Nahon9Guillaume Le RoyWe Only Said“We only said” - Range ta Chambre /Anticraft - myspace.com/weonlysaidPlacé dans <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur, mais arrivé d’on ne sait où,ce superbe album s’est imposé d’une traite sansque l’on s’y attende. Les notes mélancoliques,noise, atmosphériques, ont parlé toutes seu<strong>le</strong>s.On a appris ensuite que son auteur était FlorianMarzano, musicien rennais (Trunks, OlivierMellano). Ses compositions, rappelant tant debel<strong>le</strong>s choses de l’indie-rock et du post-rockd’Amérique, affirmaient surtout une entité à partentière. “Je voulais un album qui s’écoute danssa totalité et non pas une simp<strong>le</strong> succession depistes. L’ordre des morceaux, la progression, <strong>le</strong>senchaînements et transitions forment un toutindissociab<strong>le</strong>. J’ai gardé <strong>le</strong>s chansons qui metouchaient <strong>le</strong> plus en imaginant cel<strong>le</strong>s dont jepourrais <strong>le</strong> moins me lasser. J’avais aussi besoinde recul pour <strong>le</strong>s choisir, je me suis donc tournévers mes plus vieil<strong>le</strong>s compositions, cel<strong>le</strong>s queje n’avais jamais lâchées et pas forcément cel<strong>le</strong>squi sonnaient bien sur <strong>le</strong> coup. Je voulais surtoutun album intemporel, loin de tout effet demode.” D’une œuvre pensée en solitaire, <strong>le</strong>projet s’est concrétisé autour de participationsdiverses. Florian raconte : “J’avais une idée trèsprécise des structures et des arrangements desmorceaux avant de rentrer en studio, j’ai donceffectivement montré aux autres musiciens lavoie dans laquel<strong>le</strong> je voulais que l’on travail<strong>le</strong>ensemb<strong>le</strong>.” Des membres de Montgomery, SeeSaw Motion, et l’ingé-son Erik Orthuon l’ontaidé à construire <strong>le</strong>s morceaux. Les illuminationsmélodiques, <strong>le</strong>s textes (écrits avec l’auteurNathalie Burel), et la tonalité d’ensemb<strong>le</strong>atteignent une cohésion très touchante. Un trèsbel univers, frappant par son côté sombre etsans fard. Saluons l’inspiration génia<strong>le</strong>.Béatrice Corceiro


oN Y TieNTMichel PinaultSTEREO TOTALLe duo é<strong>le</strong>ctro-pop “yéyétronique” de FrançoiseCactus et Brezel Göring rou<strong>le</strong> depuis <strong>le</strong> débutdes années 1990. En quinze ans, sept albumsavec plusieurs reprises de tubes en français, anglais,al<strong>le</strong>mand ou espagnol ont vu <strong>le</strong> jour. Ils lançaient cetautomne au Québec un album spécial franco intituléCarte posta<strong>le</strong> de Montréal, un best of avec, en prime,quelques reprises québécoises des années 70-80 : Illégalde la rockeuse Marjo, Larmes de métal du (trèséphémère) groupe Soupir et Superlady de la Bande àBenny… un groupe pop inconnu. “C’est très drô<strong>le</strong> d’avoirchoisi cette pièce, parce que ça n’a aucun sens pourpersonne”, s’amuse Brezel. Françoise ajoute : “Notrecopain nous a fait des mix de chansons québécoises eton a choisi <strong>le</strong>s plus amusantes, sans <strong>le</strong>s connaître.”L’homme-orchestre et la chanteuse/batteuse aimentprovoquer, mais surtout s’amuser en proposant desreprises étranges. Le résultat est parfois brouillon, maistoujours festif. “On adore faire <strong>le</strong>s DJ et on a descol<strong>le</strong>ctions de disques énormes, si bien que personne neveut nous aider quand nous déménageons. Copier, jouerl’original un peu plus mal n’est pas intéressant, alors onchange complètement. Les puristes sont parfois choquésquand ils entendent une version euro-techno deL’appareil à sous de Gainsbourg. Moi je suis sûre que siSerge n’était pas mort, il l’aurait fait lui-même”, estimeFrançoise. Qu’est-ce qui pousse un duo franco-al<strong>le</strong>mandà faire un disque dédié à Montréal ? Brezel raconte <strong>le</strong>urcoup de foudre initial : “En 2002, on tournait aux États-Unis, puis on est arrivés à Montréal, au Lion d’Or. Ca aété un choc : <strong>le</strong> public comprenait, connaissait <strong>le</strong>s pièces.On savait que l’on reviendrait y jouer.” Françoise etBrezel insistent sur <strong>le</strong>s affinités qu’ils ont développéesavec <strong>le</strong> public montréalais et plusieurs groupes de laBel<strong>le</strong> Province, dont la regrettée formation Les GeorgesLeningrad, avec qui ils avaient eu l’occasion de tourner.On devrait réentendre par<strong>le</strong>r de Stéréo Total très bientôt,avec la parution de <strong>le</strong>ur prochain “vrai” album prévudébut 2010, plus é<strong>le</strong>ctronique et “parfait pour <strong>le</strong>ssurprise party ou <strong>le</strong> ménage du printemps !”Marie-Hélène Mello“Carte posta<strong>le</strong> de Montréal” - Dare to Carewww.stereototal.de10


oN Y TieNTFabien SbarroTHIERRY ROMANENSvaut mieux être mauvais en tout que bon à rien.”Chroniqueur à la radio, comédien, compositeur,interprète, Romanens reprend à son compte laphrase de Marcel Pagnol mais a confié à Fabian Tharinl’écriture des textes de son troisième album (mis à partCash, l’hommage à Johnny signé Kent), et un peu lamusique aussi : “Nous avons passé beaucoup de temps àcauser de nos vies. Il a fallu plusieurs années avant d’osertravail<strong>le</strong>r ensemb<strong>le</strong>, parce que nous étions pudiques. Cequ’il a écrit ensuite m’a bou<strong>le</strong>versé. Bon sang, ce type meconnaît bien. Et quel auteur ! Ce sont parfois <strong>le</strong>s mots desautres qui nous révè<strong>le</strong>nt.” Devenu conteur d’histoire,Romanens se dé<strong>le</strong>cte du sens de la formu<strong>le</strong>particulièrement aiguisé de son ami. Des phrases chocsqui se confrontent à “une véritab<strong>le</strong> tendresse pour ladésillusion” et “une certaine lucidité”. Le résultat trancheavec son image de joyeux dril<strong>le</strong>. Mandoline en main, ildérou<strong>le</strong>, avec une gravité assumée, des chansons faisantla part bel<strong>le</strong> aux sentiments. “Toutes <strong>le</strong>s chansons sont deschansons d’amour. Du coup, la femme n’est jamais trèsloin.” Il <strong>le</strong> chante dans L’échel<strong>le</strong>, très bel<strong>le</strong> comptine enduo avec Michel von der Heide : “Les fil<strong>le</strong>s, quand on <strong>le</strong>ssecoue, il en tombe des bébés !” Très romantique, saufqu’ici, Colombine pue sous <strong>le</strong>s bras : “Les fil<strong>le</strong>s sentent unpeu des pieds, ont des puces, ou bien de la mauvaiseherbe dans la culotte.” “J’aime l’humour, et <strong>le</strong> pratique àla radio. Sur scène j’en use aussi, mais mon répertoire s’esttoujours étendu à des sujets plus sensib<strong>le</strong>s. Comme <strong>le</strong>chante Sarclo : déconner, déconner, on ne peut pastoujours déconner .” Du sérieux donc aussi dans cet album(il est même question de l’Afghanistan) par ail<strong>le</strong>urs trèsanimal dans son évocation subti<strong>le</strong> de l’âme humaine.Musica<strong>le</strong>ment, Romanens est accompagné par Format A3,un groupe à part entière. Une manière de renforcer lacohésion. “Leur son unique et <strong>le</strong>ur attitude m’ont séduite.Avec eux, j’ai parfois <strong>le</strong> sentiment que je peux tout faire. Lejazz est peut-être <strong>le</strong> seul courant musical qui reste subversifdans la démarche. Et ils ont une attitude assez rock’n’roll.L’idéal quoi !” Coup de cœur 2009 de l’Académie Char<strong>le</strong>sGros, Thierry Romanens a de bien bel<strong>le</strong>s cordes à son arc.Patrick Auffret“Je m’appel<strong>le</strong> Romanens” - L-Abewww.romanens.net11


oN Y TieNTJon Rodriguez BilbaoRANDY MANDYSCe disque est une tuerie.” Voilà comment seterminait notre chronique de The teenage fruit,deuxième album orgasmique des RandyMandys. Alors qu’ils sont en train d’enregistrer <strong>le</strong>urtroisième effort, <strong>le</strong>s Palois démontrent qu’ils ont trouvé laformu<strong>le</strong> gagnante. Leur rock est rapide, précis, mélodiqueavec ce qu’il faut de glam, de panache et d’inventivité pour<strong>le</strong> rendre irrésistib<strong>le</strong>. “Sur notre premier album, il y avait<strong>le</strong>s germes du second” analysent Pat et Thierry. Et de lamême manière, l’album enregistré fin 2009 et à paraîtredébut 2010, continue de réinventer la poudre sans enchanger <strong>le</strong> principe actif. La rythmique basse-batterieancre <strong>le</strong>s Randys dans un univers cold sombre, mais laguitare et <strong>le</strong> clavier braquent un faisceau lumineux sur unebou<strong>le</strong> disco psychédélique pour éclairer bizarrementl’ensemb<strong>le</strong>. Le chant de Thierry est à mi-chemin entre <strong>le</strong>sdeux, avec ce qu’il faut de morgue et de blues pourachever de nous hypnotiser. La transe parfaite. RandyMandys devient un groupe cinématographique : “Tous nosmorceaux racontent une histoire qui prend souvent unedirection inattendue.” On ne saurait mieux résumerl’éclatement éc<strong>le</strong>ctique de ces nouvel<strong>le</strong>s compos. Onpasse d’une course-poursuite effrénée dans <strong>le</strong>s bas-fondsd’une grande vil<strong>le</strong> à des ambiances plus planantes qui fontclasher dEUS, Pink Floyd, John Carpenter et la soul funkydes films de blaxploitation. La musique des Randy Mandysn’est jamais triste, el<strong>le</strong> est parfois noire, mais toujourshédoniste. Ce plaisir énergique, quasi sexuel, est <strong>le</strong> seulfil conducteur d’un groupe qui refuse de choisir entre pop,rock, alternatif, indie ou expérimental. Les morceaux dece troisième album peuvent s’étirer en longueur, ils nesont jamais lassants et donnent toujours envie de sautil<strong>le</strong>rpartout. Côté scène, <strong>le</strong> quatuor s’exporte principa<strong>le</strong>mentde l’autre côté des Pyrénées pour des concertsdévastateurs. Il faut croire que <strong>le</strong>s Basques ont du goût.La vague Randy Mandys s’apprête maintenant à déborderdu quart sud-ouest pour faire chavirer <strong>le</strong> public européen.Alors que <strong>le</strong>s années 90 reviennent à la mode, il est bonde découvrir un groupe inventif qui va nous faire aimer <strong>le</strong>sannées 2010. Ne manquez pas la vague.Eric Nahon“The way we are” - Autoproduitwww.randymandys.com12


oN Y TieNTPierre WetzelRAGEOUS GRATOONSce fut long ! Cinq ans depuis <strong>le</strong>ur précédent albumstudio. Mais <strong>le</strong>s Rageous Gratoons sont devenus“plus exigeants qu’avant sur <strong>le</strong> but à atteindre.”Pour Marc Mouchès, saxophoniste du groupe : “Maintenanton maîtrise mieux notre sujet, tout ce qui concerne lamusique balkanique.” De toute façon, <strong>le</strong>s méthodes detravail du groupe ne permettent pas une productivitéeffrénée : “Tout se fait au fur et à mesure. Quelqu’un apporteune idée et <strong>le</strong>s autres brodent autour. Il y a des directionsque l’on prend et que l’on finit par abandonner.” Et puissurtout, pour <strong>le</strong>s précédents opus, “on avait déjà <strong>le</strong>smorceaux, on <strong>le</strong>s tournait sur scène.” Là, il a fallu tout créerex-nihilo. Pour la première fois, <strong>le</strong>s Rageous ont poussé plusà l’Est sous l’influence d’un seul : “Olivier (NDR :accordéoniste-chanteur) est parti en Inde et a ramené deuxmorceaux tout fait.” Une exception dans <strong>le</strong>s méthodeshabituel<strong>le</strong>s qui donne une coloration plus orienta<strong>le</strong> àEverywhere’s garbage même si “la musique orienta<strong>le</strong> étaitsous-jacente avant.” Explorant depuis quinze ans <strong>le</strong>smusiques traditionnel<strong>le</strong>s, y compris cel<strong>le</strong>s de Gironde où vit<strong>le</strong> groupe, <strong>le</strong>s Rageous Gratoons restent très influençab<strong>le</strong>s :“Toute musique qui nous plait est bonne à prendre.” Et sansligne directrice stricte si ce n’est cel<strong>le</strong> de l’envie. Les anciensGratons Rageurs, nom sous <strong>le</strong>quel ils jouaient du rock pourenfants à <strong>le</strong>urs débuts de carrière, continuent de saisir <strong>le</strong>soccasions sans se poser de questions. Que ce soient <strong>le</strong>urstournées en République Tchèque où ils commencent à avoir<strong>le</strong>urs habitude, ou d’improbab<strong>le</strong>s dates comme une Nuit dela Francophonie à Belgrade, ils poursuivent <strong>le</strong>ur désir de“voir ail<strong>le</strong>urs ce qu’il se passe.” Ce mouvement perpétuel,cette bougeotte sans autre prétention que cel<strong>le</strong> de“défricher” un ail<strong>le</strong>urs multip<strong>le</strong>, on la retrouve sur <strong>le</strong> DVD quiaccompagne <strong>le</strong>ur dernier disque. Là encore, une seu<strong>le</strong>envie : “Montrer <strong>le</strong> quotidien d’un groupe en tournée.” Avec<strong>le</strong> fil rouge d’un concert enregistré en banlieue bordelaise,ils ont confié aux vidéastes amis du Ratelier (col<strong>le</strong>ctif deplasticiens, musiciens, infographistes, videastes) des heuresde film de potes, à charge pour eux d’essayer d’en tirer 1 h30 d’impressions de voyage. Et comme toujours chez <strong>le</strong>sRageous, c’est “à la manière de, mais avec notre cou<strong>le</strong>ur.”Jean Luc Eluard“Everywhere’s garbage” - CrockNote / L’AutreDistribution - www.rageous-gratoons.com13


Vinciane VerguethenTue-LoupLEUR BONBON, C’EST PAS DE LA TAGADA NI DU MISTRAL GAGNANT.AVEC TUE-LOUP, LE GOÛT DU BONBON LAISSE UNE TRACEROUGE SANG SUR LE BOUT DE LA LANGUE.Les chemins de traverse sont parfoissurprenant. Qui aurait pu imaginerretrouver Tue-Loup dans un châteaude Transylvanie ? Après avoir exploré saface acoustique et sa face é<strong>le</strong>ctrique, en(déjà !) huit albums, <strong>le</strong> gang de la Sartheconfronte aujourd’hui son blues romantiqueet nerveux au plus célèbre des vampires.“Nous voulions revenir à l’origine du romantisme,raconte Xavier Plumas, chanteurde Tue-Loup. C’est un sentiment vio<strong>le</strong>nt, pasla mièvrerie que l’on nous a vendu ensuite .Les premiers romantiques étaient considéréscomme des punks. Le mythe de Dracula,c’est ça.” Alors pour retranscrire ces sentimentssans concession, la bande mélangesans compromis l’acoustique et l’é<strong>le</strong>ctrique,<strong>le</strong> rock rugueux et <strong>le</strong> blues soyeux.Le jour et la nuit. Ce qui donne une variétéinouïe dans la matière sonore. Depuis 1996,Tue-Loup ne s’est jamais figé, contrairementa un public qui s’attend encore à cetriptyque “rock sombre, grands espaces etintros-pection” qui a fait sa renommée. Nonseu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> groupe s’est “é<strong>le</strong>ctrifié” maisil n’a jamais paru aussi éloigné descontraintes de sty<strong>le</strong>. Et pourtant, la personnalitémusica<strong>le</strong> est bien singulière, un peucomme chez Murat. Xavier Plumas plaisanteà moitié : “C’est notre dernière alternative: ne rien s’interdire. Vu <strong>le</strong> peu desuccès que l’on a, il faut que l’on s’excitenous-même.”Tout avait pourtant commencé de manièretranquil<strong>le</strong>. Le chanteur-guitariste devaitcomposer des musiques pour un disquesolo du slameur Rom Liteau. Très vite, l’idéedu duo vocal s’impose. Et puis <strong>le</strong>s copainsarrivent pour mettre <strong>le</strong>ur grain de sel. A cesdeux voix qui alternent et se complètent répondentdeux batteries. Thomas Fiancette(membre du groupe ayant fait la moitié desmorceaux) apporte la part d’ombre indispensab<strong>le</strong>à tout bon château médiéval. ThomasBelhom (Amor-Belhom, Tindersticks)et ses baguettes aériennes amènent des tonalitésplus sucrées et plus lumineuses. Aufinal, c’est du Tue-Loup comme on aime.Mais si l’enregistrement s’est fait sereinement,tout <strong>le</strong> disque est hanté par l’urgenceet la dualité. A commencer par la voix solairede Xavier Plumas là où <strong>le</strong> Rom Liteaupeut se faire terrifiant quand il déclame : “Jem’appel<strong>le</strong> Vladimir”, alors que la rythmiquebluesy se fait lacérer par des guitares furieuses.Les images sont tel<strong>le</strong>ment saisissantesque <strong>le</strong> prénom évoque plus Poutine(pas très sympa non plus dans son genre)que Vlad Dracula, <strong>le</strong> Prince des Vampires.“L’écriture de Rom est encore plus abstraite14que la mienne, explique Xavier, chacun peuty trouver plusieurs niveaux de <strong>le</strong>ctures.” Lesexe et <strong>le</strong> sang, <strong>le</strong>s baisers des vampires :Tue-Loup joue sur <strong>le</strong>s sensations et <strong>le</strong>sfaux-semblants. Les jeux d’ombres et <strong>le</strong>s allusionssexuel<strong>le</strong>s se font parfois beaucoupplus explicite. Sur Le sonnet du trou du cul,<strong>le</strong> groupe fait par<strong>le</strong>r Verlaine et Rimbaud,qui explorent toutes <strong>le</strong>s possibilités… etsurtout la sodomie. Changement d’ambianceavec <strong>le</strong> traditionnel La chanson duForban, dont <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s terrib<strong>le</strong>s vous restentdans la tête, grâce à une mélodie doucementdémoniaque. “C’est une vieil<strong>le</strong>chanson de marin. Quand j’étais petit, untonton la chantait tout <strong>le</strong> temps à la fin desréunion de famil<strong>le</strong>. Je ne comprenais pastoutes <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s…” Plus loin, sur l’hypnotiqueDès lors, on a l’impression d’entendre<strong>le</strong>s fantômes de Bashung et Noir Désir enp<strong>le</strong>in milieu des Carpates. C’est là que Tue-Loup surprend, excite et prouve encore sonrang de grands princes du rock hexagonal.Diffici<strong>le</strong> de ne pas faire d’allusion salace sur<strong>le</strong> doub<strong>le</strong> sens du bonbon, mais il est aussibon que <strong>le</strong>s vrais.Eric Nahon“Le goût du bonbon” -T-Rec / Anticraftmyspace.com/tueloup


Nicolas MessyaszEiffelA TOUT MOMENT, LE QUATRIÈME ALBUM D’EIFFEL, SIGNE LE RETOUR DEROMAIN HUMEAU ET SES ACOLYTES AU PREMIER PLAN. LONGUEUR D’ONDESSAUTE SUR L’OCCASION POUR RACONTER DEUX ANNÉES DE LA VIE D’UN GROUPE.Le message annonce un Olympia et“ce qui sera, peut-être, <strong>le</strong> dernierconcert d’Eiffel sous cette forme.”Après une petite décennie d’un rocklorgnant vers Boris Vian autant que vers <strong>le</strong>sPixies, Eiffel annonçait sa (presque)séparation. Troisième album en demiteinte,tournée réalisée dans des conditionsbanca<strong>le</strong>s puis inévitab<strong>le</strong> rupture avec <strong>le</strong>label EMI, tout annonçait en octobre 2007une fin programmée. “L’e-mail a été envoyépendant <strong>le</strong>s cinq minutes où nous avonspensé à la séparation, explique aujourd’huiRomain Humeau. Cinq minutes après, noussavions qu’il y aurait une suite.” L’Olympiaen question est comp<strong>le</strong>t grâce à lapromotion des “Ahuris”, la communautéd’assidus qui suit <strong>le</strong> groupe depuis sesdébuts, mais Eiffel doit désormais sedébrouil<strong>le</strong>r seul. “Si au départ, nous étionsdans <strong>le</strong> do it yourself, aujourd’hui, c’estencore plus <strong>le</strong> cas, estime Romain. Cettehistoire a quelque chose de très humain, cesont des personnes qui se retrouvent autourdes mêmes choses. Par exemp<strong>le</strong>, avecNicolas Courret, <strong>le</strong> premier batteur d’Eiffel,nous nous sommes aperçus que l’on avaitévolué de la même manière chacun de notrecôté. Il est revenu dans <strong>le</strong> groupe et pendantl’enregistrement de l’album, ça a été commeà nos débuts.”A Bordeaux, Eiffel se recentre sur son noyaudur et entame la construction de son homestudio. En février 2008, Romain Humeaurassure via son journal de bord (à lire sur <strong>le</strong>site du groupe) : “C’est Eiffel à longueur dejournée. On “assainit” pour repartirdégagés de tout ce qui nous a toujoursennuyé. (…) Et puis on fait comme au rugby,“on travail<strong>le</strong> <strong>le</strong>s fondamentaux, con” : <strong>le</strong>schansons.” Depuis Oobik and the Pucks(groupe qui a annoncé Eiffel), Romain atoujours été l’homme orchestre. L’arrangeurde certains des derniers titres de Noir Désirécrit, compose, porte avec sincérité la voixde son groupe, tandis qu’Estel<strong>le</strong>, sa femme,a toujours été la dame aux claviers, à laguitare, maintenant, à la basse.Durant <strong>le</strong>s deux ans de vache enragée qui<strong>le</strong>s ont mené vers A tout moment, tout a sonimportance. La famil<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s amis qui ontposé <strong>le</strong>urs instruments (ClémentineHumeau, la sœur de Romain) ou <strong>le</strong>ur voix(Bertrand Cantat) sur des bouts de l’album,mais aussi ce home studio que l’onconstruit dans <strong>le</strong> fond du jardin. “Leschansons sont venues quand j’étais dans<strong>le</strong>s travaux” précise Romain. Fidè<strong>le</strong> à seshabitudes, <strong>le</strong> <strong>le</strong>ader d’Eiffel jette beaucoupet laisse mûrir sans limites. “Sous ton ai<strong>le</strong>a été écrite sur cinq mois, alors que des15chansons comme A tout moment la rue sontvenues assez vite. Ce que j’expliquesimp<strong>le</strong>ment : il y a d’un côté <strong>le</strong>s choses plusécrites, plus chanson, et de l’autre deschansons plus pop, qui viennent vite.” Lapremière session au studio des Romanos alieu à l’automne 2008 ; on y chante Letemps des cerises…Le temps de la signature chez un gros labelindé (Pias) vient en mai 2009. A toutmoment est alors bien avancé, mais “onjette encore des heures d’enregistrements.”Cet album, dans l’exacte lignée desprécédents (cf. notre chronique dans <strong>le</strong>n°51), comporte fina<strong>le</strong>ment douze chansonsinscrites “dans une tradition ora<strong>le</strong>française. Il y a beaucoup de piano, derespirations, appuie Romain. J’aime <strong>le</strong>sarrangements, mais on ne veut pas enmettre trop, cela ferait tape-à-l’œil. Eiffeldoit rester un groupe de rock.” A toutmoment la rue, premier extrait de l’albumpasse désormais en bouc<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s radiospop-rock et Eiffel vient de remplir <strong>le</strong>Bataclan et la Ciga<strong>le</strong>. Après deux années àse reconstruire, <strong>le</strong> groupe inaugure unetournée qui s’annonce déjà longue.Bastien Brun“A tout moment” - Piaswww.eiffelnews.com


LES INDOMPTÉSIMBERTIMBERT CARMENMARIA VEGA/ILS SE SONT CROISÉS SUR DESILS SE SONT CROISÉS SUR DESFESTIVALS. ONT DES AMIS ET LE JAZZEN COMMUN. TOUS DEUX PRENNENTÀ REBROUSSE-POIL LA CHANSON DANSDE SAUVAGES ÉPOUSAILLES.LIBREMENT, ARDEMMENT,FÉROCEMENT. L’UNE L’A RAVIE DE SAVOIX D’OR ET DE SA FOUGUE OUTRÉE,L’AUTRE AU FIL DE SES PHRASESRUGUEUSES BRILLAMMENTTROUSSÉES. RENCONTRE…17


IMBERTIMBERTLe Grenier à Sons de Cavaillon (84) s’offrait àImbert Imbert pour préparer son nouveauprojet. Cette résidence comptait éga<strong>le</strong>mentdes activités culturel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> bassin de lacité des melons : un concert dans unemédiathèque, une rencontre avec des lycéensautour de l’écriture. Puis, un concert, compterendudu travail finalisé. En juil<strong>le</strong>t, MathiasImbert, Fred Jean et <strong>le</strong>ur ingénieur du sonRomain Burgeat-Lopez étaient déjà venuspour mettre au point toute la partie sonore dunouveau spectac<strong>le</strong> et fin octobre, l’équipe s’yretrouvait pour figno<strong>le</strong>r <strong>le</strong> projet : DavidBompard, <strong>le</strong> metteur en lumière, KlausBlasquiz, ancien chanteur de Magma devenucoach pour <strong>le</strong> studio des Variétés, et AnnaMano, plasticienne ferronnière pour <strong>le</strong> décor.Après avoir sillonné la France, seul en scèneavec Madame Imbert, sa contrebasse, etImbert Junior, son petit ukulélé, MathiasImbert s’adjoint <strong>le</strong>s services d’une batterieet d’un clavier. Il y a longtemps qu’il voulaittravail<strong>le</strong>r avec Fred Jean. Mais, jusque là, ilne se sentait pas prêt. De nombreux concertssolo et un premier album Débat de boue luiauront donc donné l’assurance pour al<strong>le</strong>r versce nouvel univers. Les conseils de Klaus pourla présence sur scène, <strong>le</strong> travail à deux pour<strong>le</strong> public, <strong>le</strong>s éclairages que l’on teste (<strong>le</strong> b<strong>le</strong>u180 qui fina<strong>le</strong>ment ne passe pas assez…) et<strong>le</strong>s reprises incessantes des morceaux, voilàcomment s’enchaîne la semaine provença<strong>le</strong>.Pauses cigarettes, écoute du travail de laveil<strong>le</strong> dans la camionnette pendant que <strong>le</strong>sprojecteurs passent d’une rampe à l’autre,repas avec l’équipe de la sal<strong>le</strong>, séance photopour un journaliste de presse loca<strong>le</strong>… et <strong>le</strong>temps court. Une semaine de résidence, c’esttrès court fina<strong>le</strong>ment. Le nouvel album Bouh !sortira <strong>le</strong> 1er février. Le spectac<strong>le</strong> sera, lui,déjà parti sur <strong>le</strong>s routes. A ne surtout pasrater ! Alain Dode<strong>le</strong>r18LA CHANSON FRANÇAISE A-T-ELLE BERCÉ VOTRE ENFANCE ? ....................CARMEN MARIA VEGA : Pas vraiment. Mes parents n’étaientpas du tout des aficionados. A la maison, on écoutait de lamusique classique. Il y avait dans la discothèque un CD de PinkFloyd qui a, du coup, bercé toute mon enfance. La chanson françaiseest venue plus tard. J’ai commencé à écouter Boris Vian, BobyLapointe quand j’avais 20 ans. J’ai découvert Brel en rencontrantMax, mon auteur-compositeur. Mais je n’ai pas l’impression defaire de la chanson française.IMBERT IMBERT : J’ai un peu de mal avec la chanson française, moiaussi. Aujourd’hui, je la trouve assez fade. C’est une bel<strong>le</strong> petiteprison dorée dans laquel<strong>le</strong> on essaie de nous mettre. En revanche,contrairement à Carmen, j’ai écouté en bouc<strong>le</strong> Renaud jusqu’à mes13 ans. Je ne renie rien, et surtout pas ce qu’il faisait à cetteépoque. Mes parents écoutaient eux, Brel, Brassens, Barbara,Ferré… Je ne sais pas si je serais très fier de réécouter toutes ceschansons, mais à l’époque, je l’étais. Mais je ne chante pas de lachanson française ! Ce que je chante, c’est l’amour de la vie, la révolte,des choses qui me touchent profondément, qui ne sont pasréductib<strong>le</strong>s à tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> étiquette.ON LIT SOUVENT QUE VOUS ÊTES PUNK. EST-CE LÀ AUSSI UNE ÉTIQUETTE ?II : Pareil… En même temps, j’ai longtemps porté une crête et beaucoup écouté de punk àun moment de ma vie. La colère me rapproche sûrement des punks, et peut-être aussi l’absenced’espoir, ce “no future” qui me correspond… Mais, je ne suis pas fini ! Si quelqu’unveut bien me redonner espoir, je suis prêt à y al<strong>le</strong>r. Alors que <strong>le</strong> punk est un non-retour : tute défonces, tu chies sur la gueu<strong>le</strong> du monde, tu chies sur la vie. Moi pas !IL YATOUT DE MÊME, LA VOLONTÉ DE NE PAS LAISSER INDIFFÉRENT…CMV : J’ai envie de secouer <strong>le</strong>s gens, oui. Sans <strong>le</strong>s malmener. Dès que tu es trop enragé,ils se referment. L’humour te permet de faire passer <strong>le</strong> message. J’essaie de doser dérisionet moments plus mélancoliques. En concert, je veux garder cet équilibre, et secouer <strong>le</strong> publicentre <strong>le</strong>s chansons… Quand il ne remue pas assez, je <strong>le</strong> lui dis ! Ce n’est jamais agressif.Ca peut <strong>le</strong> paraître, mais ça ne l’est pas. Les gens aiment bien, de toute façon, être secoués.Tu <strong>le</strong>ur lances : “Hey, bande de connards !” et ils s’esclaffent de rire. C’est limite maso,mais ça me rassure : ça veut dire que <strong>le</strong> message passe.II : Monter sur scène, ce n’est pas anodin ! On n’y va pas pour dire la même chose que <strong>le</strong>voisin. Ce qui m’intéresse, c’est de ne pas redire ce qui a déjà été dit, même si on remetnos pas dans <strong>le</strong>s pas des autres, ne serait-ce que par <strong>le</strong> petit millier de mots dont on dispose,et par la réalité qui est la même pour tout <strong>le</strong> monde depuis des sièc<strong>le</strong>s. A savoir : naître,vivre et mourir. Au départ de la création, il y a l’envie de surprendre. Ce que je chercheà mettre en va<strong>le</strong>ur, c’est la différence. Ma différence. J’ose espérer que c’est ce qui peut intéresser<strong>le</strong> public.TOUS LES DEUX, VOUS ENTRETENEZ AVEC LE PUBLIC, UN RAPPORT TRÈS FRANC, SOUVENT BRUT DE DÉCOFFRAGE.CMV : Ca ne sert à rien de lui mentir. Quand j’entre en scène, je me dis, pour me décontracter,que je suis dans une soirée entre potes, que l’on va faire <strong>le</strong>s cons ensemb<strong>le</strong>. Ceux quine veu<strong>le</strong>nt pas, tant pis pour eux. C’est peut-être banal, mais j’ai juste envie d’être sincère.On dit souvent que j’ai un personnage. Ce n’est pas tout à fait vrai. En fait, je me caricature,je force mes traits de caractère. Parfois, <strong>le</strong>s chansons de Max suffisent : je n’ai pas besoind’en faire des caisses, <strong>le</strong> texte est là, l’émotion aussi. Il peut éga<strong>le</strong>ment m’arriver de brutaliser<strong>le</strong>s gens parce que je <strong>le</strong>ur dis ce qu’ils ne veu<strong>le</strong>nt pas entendre.II : En fait, j’ai envie d’être clair, que mes paro<strong>le</strong>s ne soient pas parasitées par une formede séduction ou de connivence feinte. Ce que je dis dans mes chansons n’est pas forcémenttout rose. Il y a une certaine brutalité à chanter, à dire aux gens qu’ils se trompent de chemin(moi y compris). J’ai fait récemment une tournée des centres de vacances du CCAS, <strong>le</strong>comité d’entreprise d’EDF. Les gens étaient là pour prendre un peu de bon temps et effectivement,ça <strong>le</strong>ur a fait un drô<strong>le</strong> d’effet. Certains sont venus me voir à la fin du concert enme disant : “Oui, j’ai peut-être loupé ma vie !” (Rire tonitruant de Carmen…) Je ne vais paschanger pour ne plus <strong>le</strong>ur dire qu’ils se trompent. Si je suis sur scène, c’est justement pour<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur dire !IL FAUT BIEN AUSSI CONQUÉRIR LE PUBLIC, ALLER LE CHERCHER ?II : Je n’essaie pas de faire se <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s gens, de <strong>le</strong>s rendre heureux. J’essaie juste de chanteravec toutes mes tripes. Là est l’essentiel. Plus ça va, moins j’ai envie d’al<strong>le</strong>r chercher <strong>le</strong>public. J’ai envie qu’il vienne s’il a envie, et s’il n’a pas envie, qu’il retourne devant sa télé !


CMV : Souvent, on me reproche d’en faire des caisses. Je ne m’enaperçois pas, parce que je suis comme ça. On ne force jamais <strong>le</strong>sgens à frapper dans <strong>le</strong>s mains… Tu peux faire tout ce que tu veux :quand ils ne veu<strong>le</strong>nt pas, ça ne sert à rien ! C’est pour ça que dès<strong>le</strong> début du concert, on essaie de <strong>le</strong>s cueillir avec deux chansonsqui plantent <strong>le</strong> décor. Comme ça, ils savent où ils sont ! Il n’y a riende pire qu’un public qui adhère au bout de quinze chansons…CARMENMARIA VEGALe studio n’est pas (encore) sa tasse de thé.Mais alors, vraiment pas ! El<strong>le</strong> y étouffe. Aubout de quatre prises d’une même chanson,el<strong>le</strong> frô<strong>le</strong> l’overdose. Carmen Maria Vegadéteste répéter ; el<strong>le</strong> déteste se répéter.De peur de perdre en répartie et en sincérité.Peut-être aussi par peur de se confronter àtrop de questions. Le studio est une épreuve,une joute avec son cérémonial et ses règ<strong>le</strong>s.Il faut parfois savoir y prêcher <strong>le</strong> faux pouravoir <strong>le</strong> juste, recourir à l’artifice pour sonnerauthentique. Un terrain miné, donc, a fortiori,quand on carbure à l’excès langagier,l’outrance voca<strong>le</strong> et l’harangue du public,comme ce zouave en tartan rouge. Le passagede la scène au disque, du vivant à l’immuab<strong>le</strong>est péril<strong>le</strong>ux, mais Carmen a tout de mêmepris <strong>le</strong> risque. Résultat : un premier album quine comb<strong>le</strong> pas toutes nos espérances (il estvrai fort nombreuses). Car la môme Vega estun sacré numéro. Avec pertes et fracas, àcoups d’envolées voca<strong>le</strong>s et de provocationsf<strong>le</strong>uries, el<strong>le</strong> retourne une à une toutes <strong>le</strong>ssal<strong>le</strong>s où el<strong>le</strong> passe ; bon courage auxsuivants ! L’arrivée d’un batteur, TomaMilteau, et la résidence automna<strong>le</strong> au TrainThéâtre de Portes-lès-Va<strong>le</strong>nce, ont musclé<strong>le</strong> show. Le quatuor est bien en place.La batterie permet à Carmen de mieux doserson énergie. Son chant s’est nettementaffermi. Il reste bien sûr quelques scories,quelques gratuites grossièretés, mais depuis<strong>le</strong> off du Printemps de Bourges 2008, laprogression est constante. Carmen MariaVega devra se battre encore contre el<strong>le</strong>même,pour qu’explosent tota<strong>le</strong>ment sesindéniab<strong>le</strong>s qualités : une voix d’or, capab<strong>le</strong>de fracasser <strong>le</strong>s granits et d’attendrir <strong>le</strong>spierres <strong>le</strong>vées, un sens du comique et uneénergie intarissab<strong>le</strong>. C’est à ce prix qu’el<strong>le</strong>montrera à tous, qu’el<strong>le</strong> n’est ni une poupéede son ni un feu de pail<strong>le</strong>. Sylvain DépéeETRE HONNÊTE, C’EST AUSSI NE PAS SE CACHER DERRIÈRE LES CONVENANCES ?II : Dans la chanson Lalala, sur <strong>le</strong> premier album, je chante : “J’éjaculaiscomme on pisse / Je faisais l’amour comme on nique.” Je l’aiécrit non pour choquer, mais tout simp<strong>le</strong>ment parce que c’était parlant.Ces fameux “gros mots”, ce sont des mots que j’aime autantque <strong>le</strong>s autres. Ils ont une saveur, une beauté, une vérité bien àeux. Il ne faut pas s’en priver. Des mots bien comme il faut, qui sortent du dictionnaire, peuventêtre tout aussi brutaux. T’as qu’à écouter Sarkozy !CMV : Dans Du jaune, une chanson sur l’alcoolisme, Max écrit “Toi et ta pico<strong>le</strong> / T’es qu’unebite mol<strong>le</strong> / Qui n’a pas eu de veine.” Il par<strong>le</strong> juste d’une des conséquences de l’alcoolisme.T’as parfois quinze connards qui vont exploser de rire, s’ils n’ont pas suivi… Mais, généra<strong>le</strong>ment,il n’y a pas un bruit dans la sal<strong>le</strong>. L’image est claire ; el<strong>le</strong> est parlante. Effectivement,dire “bite” sans raison, c’est vulgaire. Mais dans l’écriture, si c’est juste, il ne faut pas s’enpriver. Pas besoin de mettre des pail<strong>le</strong>ttes et des a<strong>le</strong>xandrins partout. Enfin, <strong>le</strong>s chanteurssont aussi des exutoires. Combien de gens me disent à la fin du concert : “C’est bien, maisvous dites beaucoup de gros mots”, avant d’ajouter “mais, comme j’avais envie de hur<strong>le</strong>r :putain, ça m’a fait du bien !”COMMENT TRANSPOSE-T-ON LA FORCE DE LA SCÈNE SUR DISQUE ?CMV : Diffici<strong>le</strong>ment. En studio, j’ai souvent l’impression de ne pas être à la hauteur. Je medemande tout <strong>le</strong> temps comment bien chanter pour un album, comment bien doser l’interprétation…Ce qui m’a saoulé aussi, c’est de ne plus avoir <strong>le</strong> contact avec <strong>le</strong> public. C’estpénib<strong>le</strong> de se retrouver dans <strong>le</strong> caisson, d’imaginer <strong>le</strong>s réactions, d’être juste dans l’interprétation,de nuancer <strong>le</strong>s choses. L’avantage du studio, c’est que tu peux recommencer situ n’es pas contente, mais je ne sais pas recommencer <strong>le</strong>s choses indéfiniment. Je détesteça, j’ai l’impression de devenir mécanique, de ne plus être sincère.II : Il faut rester dans la force de l’instant. J’ai enregistré <strong>le</strong> premier album en deux nuits ettrois jours. Pour Bouh !, je ne voulais pas prendre de réalisateur. Je n’en garde pas que desbons souvenirs à cause du pouvoir qu’ils peuvent avoir sur notre musique. J’avais peur deça. Mon manager a eu la très bonne idée de ne pas m’écouter et de me présenter Jean Rochard.Il vient du jazz. Il a donc une manière tota<strong>le</strong>ment différente d’enregistrer. Là, on estparti six jours à Minneapolis et on a enregistré en live. Personne n’a répété. On avait justeune envie : garder la spontanéité ! On a d’ail<strong>le</strong>urs bien souvent conservé <strong>le</strong>s premièresprises.VOS CHANSONS, À L’UN COMME ÀL’AUTRE, SONT COMPOSÉES AUSSI COMME DES MISES EN SCÈNE.LA MUSIQUE N’EST NI UN HABILLAGE, NI UN ACCOMPAGNEMENT.CMV : C’est pour cela que dans notre spectac<strong>le</strong>, il y en a très peu… Je voulais au départ qu’iln’y ait pas de mise en scène, d’effet, de décor… Que ça soit nu, brut. Je voulais que la musiqueet <strong>le</strong>s textes se suffisent. Je préfère qu’il n’y ait rien du tout plutôt qu’une mise enscène téléphonée ou déjà vue.II : J’avais entendu Bashung par<strong>le</strong>r de sa jeunesse, quand il écoutait des groupes de rockanglais et qu’il ressentait <strong>le</strong>s chansons plus qu’il ne <strong>le</strong>s comprenait. Quand il s’est mis àchanter, il a voulu garder ce mystère. Mais comment faire ? On revient à cette question dechanson française. On a l’impression que dès que tu écris en français, il faut que ce soitévident et génial. Alors que la beauté des mots se suffit à el<strong>le</strong>-même, surtout quand la musiquejoue bien son rô<strong>le</strong>, quand el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s sert et <strong>le</strong>s met en scène.Texte : Sylvain Dépée - Photos : Raphaël Lugassy“Carmen Maria Vega” - AZ - www.carmenmariavega.com“Bouh !” - Autoprod / L’Autre Distribution - myspace.com/imbertimbert19


20Ca y est, nous sommes <strong>le</strong> 4octobre 2008 et nous sortonsde scène. C’était <strong>le</strong>dernier concert de la tournéecommencée 18 mois plus tôt etnous rangeons <strong>le</strong> matériel qui nenous servira pas pendant un bonmoment. Nous sommes au JardinModerne à Rennes, un lieu trèsimportant pour nous, qui fête aujourd’huises 10 ans avec quatrescènes jouant à guichet fermé.C’est ici que se trouve <strong>le</strong> bureaude notre association ainsi quecelui de Foutadawa, <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif degroupes autoproduits dont nousfaisons partie. Cette date est vraimentparticulière puisqu’en plusd’être la dernière, c’est aussi la250 ème du groupe depuis sa création.Drô<strong>le</strong> de sentiment, carmême s’il nous est arrivé, dans<strong>le</strong>s moments de fatigue, de compter<strong>le</strong>s concerts restants avant cefameux break, maintenant quenous y sommes, nous sentonsbien que tout cela va nous manquer.20 OCTOBRE 2008Nous nous réunissons avec toutel’équipe afin de définir <strong>le</strong> planningde l’année. X Makeena est un tout :Nous sommes entourés de Xavier(management, régie technique etcoordination de la prod de nosdisques via notre association),MadFab et Choupi (ingénieurs duson), Bastian et Rémi (ingénieurslumière), Gildas Puget (metteuren scène) et enfin RageTour, Artbag,et la K-rabarna, nos tourneurspour la France, la Belgiqueet l’Espagne. Nous avons en têtede faire un spectac<strong>le</strong> encore plusvisuel et plus énigmatique que <strong>le</strong>précédent et c’est dans cette optiqueque Karlton, qui incarne <strong>le</strong>spersonnages et créatures surscène, commence une formationau Centre National Des Arts duCirque à Châlon, avec l’idée d’intégrerde la magie au show.12 NOVEMBRE 2008Nous discutons beaucoup de cefutur album, de son contenu et dela façon dont on veut <strong>le</strong> diffuser.Nous sommes nos propres producteursdepuis <strong>le</strong> début et nousnous rendons très bien compte del’état critique du milieu de la musique.Nous prenons alors la décisiond’arrêter de travail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong>réseau de distribution classiqueet de proposer directement nosdisques au public pendant <strong>le</strong>sconcerts et via <strong>le</strong> site Internet.Nous ne serons plus présentsdans <strong>le</strong>s bacs des disquaires,mais notre autonomie s’en verrarenforcée. N’ayant plus d’intermédiaireentre nous et <strong>le</strong> public,nous pourrons proposer undisque à un prix bien plus raisonnab<strong>le</strong>,ce qui nous tient réel<strong>le</strong>mentà cœur !15 JANVIER 2009C’est en p<strong>le</strong>in hiver, dans la maisonde Nico transformée en studiopour l’occasion, que se dérou<strong>le</strong>nt<strong>le</strong>s sessions de création des futursmorceaux. Nico et Stef se


UNE ANNÉE AVEC…X MakeenaAPRÈS HUIT ANS D’EXISTENCE, DEUXALBUMS ET 250 CONCERTS DE LABRETAGNE AU CAMBODGE EN PASSANT PARMONTRÉAL, PÉKIN, BARCELONE OU NEWDELHI, X MAKEENA A DÉCIDÉ DE PRENDREUNE ANNÉE POUR SE CONSACRER À LACRÉATION DE SON TROISIÈME ALBUM ET AUNOUVEAU SPECTACLE. RÉCIT DE CES MOISDE TRAVAIL PAR LE GROUPE LUI-MÊME…concentrent sur la compositiondes parties instrumenta<strong>le</strong>s pendantque Vicking et Says planchentsur l’écriture des textes etcommencent à maquetter <strong>le</strong>s voix.Globa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> son apparaît pluslourd, généreux en basses, avecune certaine vio<strong>le</strong>nce dans la <strong>le</strong>nteur.Les compos sont plus aérées,<strong>le</strong>s tempos moins rapides etde nouvel<strong>le</strong>s facettes, plus introspectives,émergent des textes.25 AVRIL 2009Nous avons contacté Arm de PsykickLyrikah pour l’inviter sur unmorceau. Nous sommes tousférus de sa musique et de saplume depuis longtemps et l’idéede travail<strong>le</strong>r avec lui remonte ànotre première rencontre auxVieil<strong>le</strong>s Charrues, en 2004. Nouslui avons proposé un morceau àl’ambiance post-apocalyptiquedéjà bien abouti en texte, en flowet en instru. Il est venu faire sesprises aujourd’hui et noussommes plus que ravis du résultat.L’autre guest au chant sur l’albumest B<strong>le</strong>ubird, avec qui nousavions fait une quinzaine de dateslors de la dernière tournée et quenous espérons retrouver prochainementsur scène. Robert <strong>le</strong> Magnifiquepassera dans deux jourspour enregistrer des parties descratch et de machine sur un morceauinstrumental. Tout commeB<strong>le</strong>ubird, il avait déjà participé auprécédent album, et ça nous faitvraiment plaisir de retravail<strong>le</strong>ravec lui.3 JUIN 2009Nous achevons enfin <strong>le</strong> mixage dudisque ! Nous ressentons tous ungrand soulagement car c’estl’aboutissement de huit mois detravail. Le mastering sera confié àMaster+ et la création de la pochettesera effectuée par Stef.Nous nous accordons une semainede pause avant de nous attaquerà la création du spectac<strong>le</strong>pendant que Xavier s’occupe de lapromotion de l’album.10 JUIN 2009Réunion avec toute l’équipe pourdiscuter du nouveau spectac<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s idées fusent et nous rentronsdans <strong>le</strong> détail de toutes <strong>le</strong>s techniquesde magie et de lumièresqui seront <strong>le</strong>s axes principaux dufutur show. Nous continuerons àutiliser tous <strong>le</strong>s éléments dedécor dont nous nous servionsdéjà, notamment <strong>le</strong>s praticab<strong>le</strong>s àrou<strong>le</strong>ttes qui se verront amélioréset multipliés. Nous envisageonséga<strong>le</strong>ment de faire appel à descostumiers pour travail<strong>le</strong>r sur denouveaux personnages.15 JUIN 2009Premier jour de résidence. C’estl’Antipode qui nous accueil<strong>le</strong> ànouveau pour cette création. Nousorganisons aussi des sessions detravail préliminaires sur la scènedu Jardin Moderne. L’été serachargé avec trois semaines de travaildans chacun des lieux. Cessemaines seront entrecoupées deplusieurs concerts en Catalogne21et en Belgique afin de tester <strong>le</strong>snouveaux morceaux en conditionsréel<strong>le</strong>s, mais aussi, et surtout, definancer une partie de l’album !14 - 24 SEPTEMBRE 2009Retour à l’Antipode pour deux semaines.Cette résidence est ladernière ligne droite avant <strong>le</strong>“Le sonapparaîtplus lourd,généreuxen basses,avec unecertainevio<strong>le</strong>ncedans la<strong>le</strong>nteur.début de la nouvel<strong>le</strong> tournée. Unefois <strong>le</strong>s derniers préparatifs techniqueseffectués, nous nous lançonsdans <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment dunouveau spectac<strong>le</strong>. Chtou (CieQualité Street) nous apporte unregard extérieur sur la scénographie.Il faut faire du tri parmitoutes <strong>le</strong>s idées, en essayant degarder une image forte par morceau.La difficulté principa<strong>le</strong> résidedans <strong>le</strong> fait que toutes <strong>le</strong>sdisciplines avancent en mêmetemps (<strong>le</strong> son, la lumière, la scénographie,<strong>le</strong>s costumes…) !25 SEPTEMBRE 2009C’est aujourd’hui que <strong>le</strong> disquesort officiel<strong>le</strong>ment. La soirée s’annoncedéjà complète et <strong>le</strong> traccommence à monter. Shrink Orchestra,Robert <strong>le</strong> Magnifique,V-drips, ainsi que B<strong>le</strong>ubird et Armviennent participer à cette soiréede lancement. L’ambiance est aurendez-vous. Dans <strong>le</strong> public nousretrouvons amis, famil<strong>le</strong> et pasmal de personnes qui soutiennent<strong>le</strong> groupe depuis ses débuts ; ilsnous font part de <strong>le</strong>urs premièresimpressions.Le spectac<strong>le</strong> est encoreà travail<strong>le</strong>r, mais <strong>le</strong> résultatest plutôt encourageant pour unepremière.OCTOBRE - DÉCEMBRE 2009Ce début de tournée est l’occasionde tester <strong>le</strong> nouveau spectac<strong>le</strong>dans d’autres conditions. A chaquebalance nous nous concertonspour nous adapter au mieux à lagéométrie du lieu. Après un anpassé en immersion, ça fait du biende remettre <strong>le</strong>s pieds sur une scèneet d’avoir des retours du public sur<strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s compos… Le set serode progressivement, des améliorationssont faites, l’ordre des morceauxest revu… Nous comptonsrefaire une résidence en janvier,pour préparer la saison 2010 et êtreau top pour <strong>le</strong>s festivals !Textes et photos : X Makeenawww.xmakeena.com


iNiTiATiveSChristel<strong>le</strong> BonnamyPrikosnovénieUN AIR DE LUTIN MUTIN, SOURIRE EN COIN, ARNÖPELLERIN (CE QUI SIGNIFIE “RÔDEUR DE TERRESINCONNUES”) EST UN ACTIVISTE DU LABEL NANTAISPRIKOSNOVENIE, SPÉCIALISÉ DANS LES MUSIQUES NEW-WAVE, POÉTIQUES, WORLD ET FÉERIQUES. PARCOURS…Au collège, Arnö s’essayait à labasse et à la guitare. Son premiergroupe funck-rock reprenaitdu Red Hot. Puis il s’est passionnépour <strong>le</strong>s musiques de filmtout en faisant du dessin, unemaîtrise de langues étrangèreset du commerce appliqué ! Maiscomme il ne trouvait pas dedébouché, il a opté pour une formationd’activité culturel<strong>le</strong> pourdes projets artistiques. “Je mesuis retrouvé en stage chez FrédéricChaplain (www.magic-matering.com)et Sabine Adélaïde(www.sabine-adelaide.com),fondateurs de Prikosnovenie.C’était en 2001, pour <strong>le</strong>s dix ansdu label. J’étais chargé de développerla com, <strong>le</strong> site Internetet <strong>le</strong>s expos musica<strong>le</strong>s qui tournaienten médiathèque. Il y avait80 prods à cette époque.Aujourd’hui nous en sommes à140 : Cherche-Lune, Iris, OrangeBlossom, Von Magnet, Col<strong>le</strong>ctionD’Arnell Andrea, DaemoniaNymphe, Caprice, Stellamara,Antrabata, Valravn…”De Nantes, installé chez Trampolino,<strong>le</strong> label a déménagé àClisson, charmante petite vil<strong>le</strong>médiéva<strong>le</strong> à quelques kilomètresde là. Six personnes ytravail<strong>le</strong>nt. “On développe debeaux objets comme des livresdisques(Sabine est graphiste,photographe et dessinatrice etel<strong>le</strong> a créé un “univers Prikosnovénie”),on vend aussi des instrumentsde musiques originaux(comme des percus chamaniques,des bols chantant, descarillons, des lamellophones,des tambours de l’océan, etautres lithophones, tamböas,kalimbas, anantars, metallophones…fabriqués pour lamajorité par <strong>le</strong>s artisans d’unatelier de la cité d’Aurovil<strong>le</strong>, enInde). Et puis on a mis en place<strong>le</strong> festival La Nuit des Fées, depuis2005. Ca a commencé parun plateau de nos artistes qui aattiré beaucoup de monde. Cetengouement nous a motivé,maintenant il y a 60% d’artistesétrangers. Nous travaillons avecElipse, agence événementiel<strong>le</strong>,<strong>le</strong> service technique de la Mairieet 60 bénévo<strong>le</strong>s. A terme, nousavons pour projet de créer une“Maison de la création” avec formations,prods, aides…”Mais au fait, d’où sort ce nom tarabiscoté? “Prikosnovenie est <strong>le</strong>nom d’un film kazakh vu au Festivaldes Trois Continents en1990 par Fred et Sabine, alorspassionnés de cinéma ; cela signifieeff<strong>le</strong>urement, caresse.”Pour autant, Arnö et ses amis dela Terre du Milieu ne vivent pasau pays des Hobbits : “Noussommes de plus en plus actifssur <strong>le</strong> Net. A l’heure où <strong>le</strong>s ventesphysiques baissent et où <strong>le</strong>s téléchargementspayants ne représententpas grand-chose, nousréalisons, grâce à nos DVD, nosinstruments et nos beaux objets,plus de 50% de nos ventes surnotre site !” Un bel exemp<strong>le</strong>d’adaptation et d’autonomie.Serge Beyerwww.prikosnovenie.comPierre WetzelBighoodGRÂCE À UN CONCEPT ORIGINAL, BIGHOOD AOUVERT UNE NOUVELLE VOIE DANS LA PRATIQUE DUV’JAYING, ART DU MIXAGE ET DE L’ILLUSTRATIONVIDÉO. A L’INVERSE DES TENDANCES ACTUELLES,IL TRANSFORME LA VÉRITÉ EN ILLUSION.C’est à la vue du public, qu’ilcroise au fil de ses collaborations(plus de 350 groupes etDJ’s, dont La Phaze, Zenzi<strong>le</strong>,Zebra, Missill, Interlope…), quece techno-marionnettiste fabriquedes images, en live, maissurtout sans avoir <strong>le</strong> moindre recoursà l’informatique, handicapde tail<strong>le</strong> dans ce genre d’entreprise.“Avec l’émergence desmusiques é<strong>le</strong>ctroniques, <strong>le</strong>s musiciensse sont réfugiés derrière<strong>le</strong>urs machines, <strong>le</strong> jeu de scène yperdant beaucoup. Le V’jaying apu ainsi se faire une place. Je netrouvais pas mon compte danscette pratique à cause des limitesde la technique et dumanque de réactivité, jusqu’aujour où j’ai découvert que desgrains de riz vibraient dans <strong>le</strong>fond d’un haut-par<strong>le</strong>ur. Mieuxencore : en modifiant <strong>le</strong> niveaude volume et / ou de tonalité,j’agissais sur la vibration et l’amplitudede déplacement desgrains. Et tout ça en rythme sur<strong>le</strong> son.” Impulsées par cettetrouvail<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s recherches s’approfondissentpour aboutir auprojet Imag’in1son, en 2003.“L’idée était de créer un spectac<strong>le</strong>surprenant et innovant, nousavons donc recherché des objetsou ustensi<strong>le</strong>s insolites à transformeren marionnettes. C’estainsi qu’un casier à bouteil<strong>le</strong>s ouun ressort de matelas remplacerontun bon logiciel de 3D, qu’unfouet de cuisine deviendra unovni chevauché par une vache enpeluche…” Tous ces pantins depacotil<strong>le</strong>, manipulés en directsous l’œil de petites caméras articulées,sont incrustés sur desfonds d’écrans dynamiquesconçus en simultané depuis <strong>le</strong>“poste de pilotage” : “A madroite, il y a <strong>le</strong> “plateau vibratoire”,explique-t-il, avec desamplis et des haut-par<strong>le</strong>urs àl’horizonta<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>squels je posedes récipients contenant différentesmatières (riz, f<strong>le</strong>urs, eau,etc.). Devant moi, la tab<strong>le</strong> où jemanipu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s marionnettes (Démonia<strong>le</strong> sque<strong>le</strong>tte, l’iguane et lagrenouil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s talons aiguil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>cône en grillage, etc.) et derrièremoi, un fond noir pour faire <strong>le</strong>sincrustations.”Lorsque la configuration du lieu<strong>le</strong> permet, Bighood s’instal<strong>le</strong> auplus près des spectateurs afinque ceux-ci puissent apprécieren détail ses secrets de fabrication.“Quelque soit <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>auque je joue, je ne raconte pasd’histoire, c’est <strong>le</strong> public qui vase faire la sienne selon son regard.”Lui qui n’est pas vraimentmusicien, partage des relationsexclusives avec <strong>le</strong>s artistes encréant pour eux des ambiancesvisuel<strong>le</strong>s aussi personnaliséesque spontanées. Question defeeling… “J’ai <strong>le</strong> sentiment d’êtreun “musicien muet” qui ferait unbœuf avec d’autres musiciens :mes marionnettes et mes objetssont mes instruments, la caméraest mon micro, <strong>le</strong>s mixettesvidéo sont mes régies et enfin,vidéo-projecteurs et écrans sontmes amplis et enceintes.”Cédric Manussetwww.imagin1son.com22


FESTIVALS DE MUSIQUE :QUEL BILAN POUR 2009 ?iNiTiATiveSALORS QUE LA CRISE FINANCIÈRE ET LA BAISSE DU POUVOIR D’ACHAT AURAIT PU FAIRECRAINDRE LE PIRE AU LIVE EN PROVOQUANT LA FRILOSITÉ DES SPECTATEURS, LES FESTIVALSONT MAINTENU LE CAP, ATTEIGNANT MÊME POUR CERTAINS QUELQUES RECORDS…Pierre Wetzel (Reggae Sun Ska Festival - 33)Pour Christophe Platel du Pa<strong>le</strong>o (Nyon /Suisse), “<strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>ts ne s’étaient mêmejamais vendus aussi rapidement : 2h30pour près de 200 000 bil<strong>le</strong>ts ! Cumulés au chiffred’affaire exceptionnel des bars, (…) nous nousorientons certainement vers une des meil<strong>le</strong>ureséditions que nous ayons vécues.” Même constatpour Jérémy Frère d’Au Foin de la Rue (St Denisde Gastines / Mayenne) : “Cette augmentationest très nette, puisqu’on a doublé notre affluencepar rapport aux dix dernières années. Ceci dit,notre programmation a sérieusement été revue àla hausse avec un budget doublé par rapport à2008 (…) et une vraie fidélisation du public du faitde l’ancrage rural de l’association.”Est-ce pour autant une tendance qui ne seconfirme qu’auprès des festivals de plus de30 000 visiteurs ? Art Session qui s’occupe dufestival Musiques à Pi<strong>le</strong> (St Denis de Pi<strong>le</strong> /Gironde) se refuse au clivage : “Nous ne pensonspas que la hausse de la fréquentation des grosfestivals soit un handicap. (…) Nous conservonsune vraie proximité entre <strong>le</strong>s artistes et <strong>le</strong> public.La prise de risque que nous prenons avec certainsartistes émergents nous permet de proposer etd’offrir une alternative face aux grossesmachines.” Liz Mil<strong>le</strong>reau de La Guerre du Son(Landresse / Doubs) est du même avis : “Acondition de cultiver une identité forte et uneprogrammation qui sort du lot, <strong>le</strong>s petits festivalsont un rô<strong>le</strong> primordial à jouer, notamment pour ladiffusion des groupes locaux.” Le festival revendemême son “refus de s’inscrire dans unesurenchère du nombre d’entrées au bénéfice d’unaccueil plus humain et d’une ambianceintergénérationnel<strong>le</strong> qui contribue pourbeaucoup à notre succès.”Alors à quoi est due cette excel<strong>le</strong>nte forme desfestivals ? Pour Fred Lachaize du Reggae Sun Skafestival (Cissac Médoc / Gironde), c’est avant toutla récompense “d’une implication dans la vieloca<strong>le</strong>” autant qu’une reconnaissance envers “<strong>le</strong>sfestivals qui ont pignon sur rue et qui sont làdepuis des années.” Se rangeant derrière l’avisde Jean-Noël Escudié de Localtis.info, JérémyFrère d’Au Foin de la Rue va même plus loin eninvoquant “<strong>le</strong> non-départ en vacances desFrançais” qui aurait eu raison du “côtééconomique (un bil<strong>le</strong>t pour une dizaine deconcerts) et libérateur des événements en cestemps de morosité ambiante.” Les festivals, undérivatif à la crise ? Si l’idée semb<strong>le</strong> effectivementcrédib<strong>le</strong> et si la fréquentation en hausse desmusées et des cinémas semb<strong>le</strong> <strong>le</strong> confirmer,aucune véritab<strong>le</strong> étude sociologique ne peut pour<strong>le</strong> moment étayer cette thèse.En tout cas, si une grande tendance s’estaccentuée cette année, c’est bien à travers lamise en place de mesures autour dudéveloppement durab<strong>le</strong> et solidaire : toi<strong>le</strong>ttessèches, gobe<strong>le</strong>ts consignés, etc. Tous s’y mettent.De plus, un réseau de vingt festivalsindépendants (France, Suisse, Belgique,Espagne, Al<strong>le</strong>magne, Danemark, Hongrie etCanada) s’est associé sous une même associatio,De Concert ! (deconcert.org), afin de constituer laFédération internationa<strong>le</strong> de festivals. Le but ? Unpartage d’expériences, une réf<strong>le</strong>xion sur l’aveniret la recherche d’une mutualisation de moyens.Preuve que, si l’avenir est incertain, l’air du tempssemb<strong>le</strong> définitivement à la coopération.Samuel DegasneDossier comp<strong>le</strong>t à lire sur : www.longueurdondes.com23FESTIVALS 2009EN HAUSSELES 3 ELÉPHANTS17 000 entréescontre 14 000 l’an passéFNAC INDÉTENDANCES105 000 spectateurs(+ 33%)FRANCOFOLIES DE LA ROCHELLE80 100 entrées payantes(81 000 l’an passé avecune journée en plus)ROCK EN SEINE97 000 spectateurscontre 76 000 l’an passéREGGAE SUN SKA30 000 spectateurscontre 17 000 en 2008,soit presque <strong>le</strong> doub<strong>le</strong>VIEILLES CHARRUES230 000 entrées(190 000 payantes)contre 220 000 en 2008Sources : Irma, Musique Info (n°509), LaLettre du Spectac<strong>le</strong> (n°235), Localtis.info


uN K CoMMe KeBeCMichel PinaultPaul CargnelloDE MONTRÉAL À LOUISIANE, PAUL CARGNELLOA RÉCOLTÉ DES SONS ET DES LÉGENDES POURSON NOUVEL ALBUM BRAS COUPÉ.Il y a de ces voyages qui laissentune trace indélébi<strong>le</strong> comme untatou sur la peau et qui altèrentce que vous êtes, non pas defond en comb<strong>le</strong>, mais tel<strong>le</strong> unesaine évolution. La Louisiane,ses bayous, ses aires et sa communautéafro-américaine tisséeserrée a eu un ce genre d’effetcathartique sur Paul Cargnello.Le Montréalais anglophone quiavait choisi <strong>le</strong> français lors deson deuxième disque solo, retracepour sa troisième ga<strong>le</strong>tte<strong>le</strong>s histoires de la Nouvel<strong>le</strong>-Orléans,d’Annie Christmas, BrasCoupé et Mama Roux. Une réalitépour laquel<strong>le</strong> il éprouve uneréel<strong>le</strong> proximité. “Suite à mesvoyages, j’ai trouvé un lien avec<strong>le</strong>s Francophones de la Nouvel<strong>le</strong>-Orléans. Au Québec, je suis l’Anglophone.Il y a toujours desrumeurs comme quoi noussommes très nombreux ici dansla province, mais ce n’est pas <strong>le</strong>cas. C’est une communauté trèspetite. On ne s’associe pas avecla culture canadienne, on nes’associe pas non plus à la culturequébécoise, on est un peuperdu dans la scène socioculturel<strong>le</strong>.Je vois <strong>le</strong> même genre dedi<strong>le</strong>mme avec <strong>le</strong>s Francophonesde la Louisiane, noyées dansl’immensité américaine.” Poèteengagé, à qui on attribue l’étiquettepunk pour sa liberté depensée, Cargnello se tournecette fois vers <strong>le</strong>s légendes de laLouisiane, faites sur mesurepour dénoncer, appuyer, revendiquer.Après trois voyages etplusieurs recherches, il déterredes histoires du 19 ème sièc<strong>le</strong>,écrites en français, puisées dansla culture créo<strong>le</strong>. “On a fait d’unhéro de Jean Lafitte, un piratequi a acheté et vendu des esclaves.Pourtant, l’histoire deBras Coupé est pour moi beaucoupplus révolutionnaire.” Ceshistoires de Bras Coupé parexemp<strong>le</strong>, un homme qui se libèrede son maître pour alimenterune révolte dans <strong>le</strong>s Bayous,proposent à Cargnello une nouvel<strong>le</strong>approche à l’engagement.Cette voie dotée d’un parfum depoésie permet des textes plusfins, loin de l’habituel ton prêcheuret revendicateur.La musique a el<strong>le</strong> aussi subi uneréel<strong>le</strong> transformation. Si Paul flirtaitavec la chanson folk, sondisque Bras coupé joue maintenantavec <strong>le</strong> funk, <strong>le</strong> soul, <strong>le</strong>rythm’n’blues, une sauce hautementamplifiée et vitaminée.“C’est drô<strong>le</strong>, j’ai retrouvé ma guitareé<strong>le</strong>ctrique, mon côté rockeur.”Sarah Lévesque“Bras coupé” - Taccawww.paulcargnello.com24BERNARD ADAMUS“Brun”(Grosse Boîte / Se<strong>le</strong>ct)Nouveau venu sur la scène chansonnière, BernardAdamus connaît une ascension étonnante depuis qu’ila raflé pas mal de prix, cette année, avec son albumautoproduit (éga<strong>le</strong>mentintitulé Brun)et ses performancesirrésistib<strong>le</strong>s. Si bienque son tout premierdisque vientd’être réédité par <strong>le</strong>label Grosse Boîte,question de permettreà tous de découvrir ses chansons country-bluesentraînantes dont <strong>le</strong>s textes uniques très “made inQuébec” suscitent l’admiration. On l’a comparé ausymbo<strong>le</strong> contre-culturel des années 70-80 PlumeLatraverse pour ses chansons “malpropres”, souventhumoristiques ou encore douces-amères, centrées surl’univers des tavernes ou la précarité financière.Mais <strong>le</strong> “flow” de sa voix singulière, poussée auxextrêmes, évoque sur certaines pièces des influenceship-hop plus près de cel<strong>le</strong>s de Dédé Fortin (<strong>le</strong>s Colocs).bernardadamus.com Marie-Hélène MelloXAVIER CAFEINE“Bushido” (Indica)C’est une réappropriation moderne et personnel<strong>le</strong> du“bushido”, la philosophie des samouraïs, sur fond demusique pop-rock, que propose Xavier Caféine aveccet album. Roulant sa bosse depuis des lustres, ce trublion,cette bête descène éblouissantepoursuit son ascensionmajestueuse.Ici, guitares, basseet batterie portent<strong>le</strong>s questionnementsexistentiels de l’artiste(Les bons et<strong>le</strong>s méchants, La vie est bel<strong>le</strong>), sur des mélodiesaccrocheuses qui restent en tête une fois l’écoute passée.Un piano vient habi<strong>le</strong>ment adoucir <strong>le</strong>s guitares etvoix saturées dans Le voyage dans <strong>le</strong> temps ou Vivela mort. Xavier Caféine, toujours un brin provoc’,conserve humour et élégance : “Les cousins primatesne sauront jamais ce qu’ils ont déc<strong>le</strong>nché chez <strong>le</strong>Cardinal et <strong>le</strong> Pape […] Ils courent, ils marchent, laverge dans <strong>le</strong> vent” (Darwin au Vatican). Un albumdansant et énergisant ! www.xaviercafeine.comLéna TocquerPOLIPE“Tropiques du Cancer”(La Confiserie / GSI)Si <strong>le</strong> titre de cet album nous emmène sous des latitudesexotiques, sa musique nous sort éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>stympans de la grisail<strong>le</strong> d’une pop-rock radiophoniquepar trop souvent faci<strong>le</strong>.Ces trois copainsd’enfance,issus de St Antoinede-Tillydans la banlieuede Québec,prônent par <strong>le</strong> côtéimmédiat et directde <strong>le</strong>ur musique,un retour à quelque chose de plus instinctif, de plusanimal, propre au rock. Ca ne va pas jusqu’à sentir <strong>le</strong>cuir des perfectos de motards non, mais plutôt <strong>le</strong>velours des vieil<strong>le</strong>s mal<strong>le</strong>ttes de guitares blues-rockdes années 70, cel<strong>le</strong>s de Cream ou de Led Zeppelin,par exemp<strong>le</strong>. On a affaire ici à un excel<strong>le</strong>nt premieralbum qui pétil<strong>le</strong> de bonnes idées, de mélodies accrocheuses,d’harmonies voca<strong>le</strong>s intéressantes… Ensomme : un univers musical qui a tout pour plaire etse démarquer. www.polipe.comDamien BaumalDOMINIC ASSELIN“Vague idée, océan à la nage”(La Tribu)Imaginez un peu : Daniel Darc en solo (ancien chanteurde Taxi Girl) qui chante sur la guitare de FrancisCabrel ! Dominic Asselin incarne à lui seul cette symbiose.C’est <strong>le</strong>deuxième album dece gaillard de Gatineauaux allures depoète lunaire. Seschansons pop folkisantespartent souventd’un arpège deguitare acoustique(Les quais), sou<strong>le</strong>vé et enrichi par des arrangementsde guitare é<strong>le</strong>ctrique (Projetée sur personne, J’ai tous<strong>le</strong>s défauts, Les lundis), du piano, des vents ou du carillon(Sans titre). Un résultat planant où l’on vogue,à l’écoute de cet album à l’instrumentation simp<strong>le</strong>,mais efficace. Les textes évoquent de manière poétique<strong>le</strong> quotidien, l’amour, <strong>le</strong> doute. C’est doux, apaisant…On reste toutefois un peu sur notre faim faceau niveau inégal de certains morceaux qui ne sontpas à la hauteur d’autres, hautement envoûtants.www.dominicasselin.com Léna TocquerCHAMPION“Resistance” (Saboteur)Vous ne trouvez pas l’album dans <strong>le</strong> bac musiquesé<strong>le</strong>ctroniques ? C’est normal, al<strong>le</strong>z plutôt voir dans lasection rock. Avec un propos presque exclusivementrecentré sur la “guitar music”, <strong>le</strong> très attendu successeurde Chill’em allvoit Champion réduirel’é<strong>le</strong>ctro à laportion congrue.Exit <strong>le</strong>s morceauxlégers et lumineuxdu premier album,Resistance est coulédans <strong>le</strong> béton. ExitBetty Bonifassi partie pour Beast, welcome Pilou auchant ! Epaulé par son backing band de guitaristes,Maxime Morin édifie des murs de son dont on devineimmédiatement la capacité à vous retourner la sal<strong>le</strong>.Si l’efficacité est indéniab<strong>le</strong>, on reprochera cependantà l’album une trop grande homogénéité. Seuls Plastiqueset métaux et Sannois Beach viennent fissurerses fondations ; deux titres plus profonds qui, à l’écartdes sing<strong>le</strong>s en puissance, révè<strong>le</strong>nt encore une autrefacette de Champion. www.djchampion.netDamien BaumalCHLOE SAINTE-MARIE “Nitshissenitene tshissenitamin (Jesais que tu sais)” (GSI Musique)Le défi n’était pas évident pour la chanteuse québécoise: un album entièrement chanté en langue innue.Suite à un apprentissage auprès de Joséphine Bacon,Chloé Sainte-Mariea posé sa voix sur<strong>le</strong>s poèmes de PhilippeMcKenzie,pour interpréterseize morceauxd’une bel<strong>le</strong> justessemusica<strong>le</strong> et humaine.La sensibilitéet la douceur de la voix sont renforcées par un accompagnementacoustique d’une puissance mélodiquepoignante (Mamitunenitamun (Méditation), Nuitsheuakan(Ka natuut) (Mon ami chasseur)). Unalbum qui se ressent plus qu’il ne s’écoute. Le livrettraduit toutes <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s, hymnes à la réf<strong>le</strong>xion Tanitema um tshe tiaku (Que va-t-il nous arriver), au partageet à la tolérance. Intégrer <strong>le</strong>s chœurs et s’époumonersur <strong>le</strong>s Hey de Nuitsheuakan (Ka natuut) vousrevigorera ! www.chloesaintemarie.caLéna Tocquer


DANIEL BELANGER“Nous”(Audiogram / Se<strong>le</strong>ct)Deux années suivant L’échec du matériel et une après<strong>le</strong> best of Joli chaos, l’artiste chevronné revient en forceavec un huitième album étonnant réalisé avec son compliceJF Lemieux,bassiste émérite. Ony retrouve <strong>le</strong> type dechanson folk-pop quia fait la marque deBélanger, mais aussibeaucoup de cuivres(il joue du saxophone),des groovesde basse, <strong>le</strong> piano de Martin Lizotte et des airs plusdynamiques que ceux du pan “aérien” de son travail.Le chanteur dit s’être inspiré de la soul et des musiquesafro-américaines pour composer Nous, ce que l’onconstate bien à l’écoute des pièces J’aime ton so<strong>le</strong>il,Rou<strong>le</strong> et L’équiva<strong>le</strong>nce des contraires, dont <strong>le</strong> côté funkfranco peut faire penser au meil<strong>le</strong>ur de Sinclair. En revanche,avec Jamais loin et Tu peux partir, on est toutà fait en terrain connu. Un album énergique, rempli detextes cérébraux et intrigants. danielbelanger.comMarie-Hélène MelloMILLIMETRIK“Northwest passage’snew era” (Make Mine Music)A travers des rythmes bien campés et des échantillonnageséc<strong>le</strong>ctiques, une intensité troublante… voirepresque alarmante. C’est clair, Millimétrik transmetl’émotion autrement.Bien sûr c’estplanant, mais toutecette ambiance grisantes’imbriquedans une critiquesocia<strong>le</strong> subti<strong>le</strong>. Oui,c’est de la musiqued’ambiance, maispas n’importe laquel<strong>le</strong>. Peut-être un peu trop angoissantepour un souper entre amis ou une nuit d’amour,mais parfaite pour une écoute tranquil<strong>le</strong> en solo ou unlong “ road trip “. Pas besoin de textes pour comprendrel’essentiel du message, <strong>le</strong>s titres en disent bienassez long et la musique est particulièrement communicative.C’est poétique sur toute la ligne, et lamétrique de son art est calculée au millimètre près !myspace.com/millimetrikEmmanuel LauzonTRICOT MACHINEs/t (Sober & Gent<strong>le</strong> / Grosse Boite)“Savez-vous tricoter ? A vos aiguil<strong>le</strong>s !” lance, en introdu disque, Catherine Leduc (voix et cymba<strong>le</strong>), qui, avecMatthieu Beaumont (voix et piano) forme ce duo quipourrait se définir comme un “doux mélange de démenceet de romance”comme ils<strong>le</strong> chantent euxmêmes! Entre popet comptines faussementnaïves, cetalbum fait suite àune démo pianovoixde 2005 L’histoiredu lièvre qui avait <strong>le</strong>s oreillons parce qu’ilmangeait trop de chocolat. Tout est dit, non ? Onpense parfois à Beau Dommage (La pluie) ou à Cœurde Pirate (Une histoire de mitaines). Intime et simp<strong>le</strong>,amoureux et tristement joyeux (ou joyeusement triste),ce 13 titres nous prend par <strong>le</strong>s sentiments, alternant <strong>le</strong>sdeux voix des protagonistes. Sur scène, même si la candeursympathique de Catherine fait mouche, <strong>le</strong>s titresde Matthieu en piano solo (Le trou, notamment) donnentune profondeur certaine au show.myspace.com/tricotmachine Serge BeyerBORI“Fous <strong>le</strong>s canards”(Productions de l’Onde)Aussi énigmatique qu’original, <strong>le</strong> personnage de Borilève <strong>le</strong> masque pour mieux apprivoiser la lumière. Eneffet, après quinze ans de carrière et sept albums àvisage couvert, cetauteur compositeurengagé au parcoursatypique nous livredouze chansons depure poésie corrosive,dont l’une dessources d’inspirationest <strong>le</strong> voyage, maisaussi <strong>le</strong> monde des puissants, avec au passage unclin d’œil au bling-bling de Sarkozy sur Swigne labaraque. Les thématiques touchent aussi bien l’égocentrisme,<strong>le</strong> vide existentiel, <strong>le</strong> deuil ou encore larésignation. Musica<strong>le</strong>ment, la pa<strong>le</strong>tte va du rock aujazz, en passant par <strong>le</strong> swing. Il y même une légèrepetite tendance é<strong>le</strong>ctro sur Ils. Notons de bel<strong>le</strong>s collaborations,dont cel<strong>le</strong> avec Michel Rivard pour Toutela <strong>le</strong>ttre. L’ensemb<strong>le</strong> est d’une bel<strong>le</strong> homogénéité etl’album est à l’image de l’artiste intègre, inspiré etfait pour durer. www.bori.com Franck BillaudNAVET CONFIT“LP3 / Papier-vampire”(La Confiserie / GSI / Se<strong>le</strong>ct)Ce troisième album d’indie rock teinté de grunge,d’é<strong>le</strong>ctro et de folk est l’œuvre d’un multi-instrumentisteinimitab<strong>le</strong> dont la sensibilité pop se manifestesouvent parsurprise, au détourd’une chansonétrange ou loufoque(Lalalala). Pop savoureuse, donc,mais sans se fairelégère ou faci<strong>le</strong>, lanouvel<strong>le</strong> propositionde celui qui évolue sous <strong>le</strong> pseudo Navet Confit demeurebizarroïde. Le Montréalais démontre aussil’étendue de son ta<strong>le</strong>nt en occupant <strong>le</strong>s fonctions deréalisateur, preneur de son, mixeur, arrangeur, parolieret compositeur. Sur scène, il évolue avec bonnombre de collaborateurs originaux, qui colorent sesspectac<strong>le</strong>s toujours différents <strong>le</strong>s uns des autres. A découvrir: Plastique à la cerise, Comme un poissondans l’autre et Le bébé dans la boîte, pour s’amuserà imaginer Nirvana en français, version 2009.www.navetconfit.com Marie-Hélène MelloWE ARE WOLVES“Invisib<strong>le</strong> Vio<strong>le</strong>nce”(Dare to Care)Malgré tous <strong>le</strong>s efforts de <strong>le</strong>ur label, <strong>le</strong>s loups sont denouveau lâchés dans la nature, <strong>le</strong>s crocs acérés en attentede chair fraîche ! On <strong>le</strong>s connaissait agités, diffici<strong>le</strong>sà maîtrisermême, avec ungoût prononcé pour<strong>le</strong>s bains de décibels.Hé bien cedeuxième album nedévoi<strong>le</strong> aucun assagissementou sipeu. Invisib<strong>le</strong> vio<strong>le</strong>ncese fait <strong>le</strong>s dents sur un post-punk-é<strong>le</strong>ctro toujoursaussi fiévreux, au son crade subti<strong>le</strong>mentesthétisé. L’énergie désinvolte, typique du groupe,crève <strong>le</strong>s tympans et ne faiblit presque pas. Walkingcommotion ou Rue oblique viennent apporter de laprofondeur en travaillant plus sur l’atmosphère, maisen règ<strong>le</strong> généra<strong>le</strong>, ce sont <strong>le</strong>s jambes qui sont prisespour cib<strong>le</strong>. Fans de P.I.L., des premiers The Cure etdes Ramones, cet album est pour vous.www.wearewolves.netDamien Baumal25Michel Pinault“La musique a toujours fait partiede ma vie”, se souvient laQuébécoise de 28 ans, qui s’estlancée dans l’écriture à l’ado<strong>le</strong>scencepour exprimer ses sentiments.Cette bassiste d’origine,influencée par Ani Difranco etJoni Mitchell, jong<strong>le</strong> entre banjo,guitare, basse et piano. “Je jouede la guitare acoustique pourporter mes textes, il y a làquelque chose de relax qui meressemb<strong>le</strong>.” Des mélodiescalmes et paisib<strong>le</strong>s, en contrasteavec des textes mélancoliques,parfois vio<strong>le</strong>nts, teintent <strong>le</strong>s vagabondagesmusicaux d’EmilieProulx. Toute seu<strong>le</strong>, Sortir de làou Etrangère partout sont autantde témoignages de détresse quivoguent parmi <strong>le</strong>s harmonies devoix apaisantes. “Ce sont desmoments de débordement totalqui dépassent la réalité. Il y a undétachement qui me permetd’al<strong>le</strong>r plus loin”, explique-t-el<strong>le</strong>.La peur du futur et <strong>le</strong> doute sontdes questionnements omniprésents: “Ils <strong>le</strong> sont moins dansma vie qu’à vingt ans, même si jene sais toujours pas où je vais.”uN K CoMMe KeBeCEmilie ProulxUN ARPÈGE AU BANJO, DES ACCORDS À LAGUITARE, UN PIED QUI TAPE AU SOL, UNE CAISSECLAIRE DISCRÈTE ET UNE VOIX DOUCE QUICHANTE SES DOUTES ET SES PEURS…La Lenteur a<strong>le</strong>ntour s’écoute plusieursfois avant de comprendrel’univers et <strong>le</strong>s différents personnagesde l’artiste. “J’ai un côtéfou, libre, et un autre plus structuré,travaillé et logique. Jecherche un équilibre”, dévoi<strong>le</strong>-tel<strong>le</strong>.Les paro<strong>le</strong>s ne sont ni situéesdans l’espace ni dans <strong>le</strong>temps. Mais son côté pince-sansrireprovoque un sourire amusélorsque des éléments commeMon cahier Canada, Mon crayonmade in china ou Youtube et toutça, nous ramènent soudainementau 21 ème sièc<strong>le</strong>. Un albumqu’Emilie a el<strong>le</strong>-même réalisé,enregistré en partie dans sachambre, en bidouillant sur sesmachines. Rester des heures surune chanson ne lui ressemb<strong>le</strong>pas : “J’essaye de rester dans deschoses spontanées. Je m’assoispour écrire, et je fais un scan demes sentiments”, plongeantainsi l’auditoire dans ses pensées<strong>le</strong>s plus profondes. “Je croisbeaucoup au personnel universelpour rejoindre <strong>le</strong> monde.” Ce premieralbum rassemb<strong>le</strong> dix morceauxqui font appel au calmeintérieur de chacun, incitant àrêver, <strong>le</strong>s yeux fermés… “Je melaisse guider par <strong>le</strong>s chansons,pour voir non pas ce que moi jeveux en faire, mais où ça semb<strong>le</strong>vouloir al<strong>le</strong>r”… et on la suit !Léna Tocquer“La <strong>le</strong>nteur a<strong>le</strong>ntour” -La Confiserie / GSIwww.emilieproulx.com


BRuiTAGeANNCARDONA“Au jour la nuit”(Autoproduit)Nous avions accueilli avec joie l’EP pop rockJe déteste <strong>le</strong> rose (2007), suivi l’artiste surscène dans un show très sixties (Espace LaComedia, Paris). AnnCardona revient avec un“vrai” premier album, superbement réalisé,aux arrangements subtils, à l’orchestrationraffinée (aux manettes Julien Le Nagard, aliasJ.mini). De sa bel<strong>le</strong> voix grave, tout en finesse,el<strong>le</strong> nous raconte des histoires d’amour : dansNon il n’est pas partagé, L’amour cul de sac endevient drô<strong>le</strong>, Au jour la nuit esquisse <strong>le</strong>sprémisses d’une rencontre merveil<strong>le</strong>use dansun quotidien morose… AnnCardona aime sagrand-mère, el<strong>le</strong> <strong>le</strong> lui dit dans Deux têtes sous<strong>le</strong> même bonnet. El<strong>le</strong> dresse <strong>le</strong> portrait d’êtresextraordinaires : Je sais tel<strong>le</strong>ment de toi, Angedélinquant, Absent présent (repris en anglais).Maudite nuit est pour tous ceux que Noë<strong>le</strong>xaspère, Que font-ils ? une per<strong>le</strong> trip hop,Les poupées une rareté fantasmagorique.myspace.com/anncardonaElsa SongisANTRABATA“Dark and bright”(Prikosnovénie)Si <strong>le</strong> trip hop est par excel<strong>le</strong>nce un genremelting pot, un creuset dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s sty<strong>le</strong>s semélangent pour n’en faire qu’un, ce triodevenu quintette en applique parfaitement larecette par la synthèse de ses affinitésmusica<strong>le</strong>s anglaises et de ses attraits pour unail<strong>le</strong>urs plus oriental. On ne pouvait imaginermeil<strong>le</strong>ur titre pour cet album que celui choisi :depuis ses rêveries “éléphantesques” parues en2007, Antrabata a densifié ses ambiances, <strong>le</strong>sa assombries aussi pour <strong>le</strong>s développer dansdes clairs-obscurs mélodiques d’une grandefinesse. Sonorités chatoyantes aux influencesindiennes distillées par des instruments dumonde (flûte, tablas…), souff<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>ctrocaressants et planants, et surtout la bel<strong>le</strong> voixde Femke Lavrijssen (qui, plus encore que sur<strong>le</strong>ur déjà très beau premier essai, exploitep<strong>le</strong>inement son potentiel) déploient <strong>le</strong>urvelours ombreux mais cha<strong>le</strong>ureux sur cenouvel opus porteur d’apaisement.myspace.com/antrabataJessica Boucher-RétifERIK ARNAUD“L’armure”(Monopsone)Le temps est parfois un allié. Lame jamaisémoussée, jamais ternie, Erik Arnaud se ceintà nouveau, après huit ans d’absence, de sonépée pour défendre L’armure. Dix titres, dontVies monotones, une reprise de Manset. Untroisième album, trop court, taillé dans labraise et l’ombre. Le guitariste et amid’ado<strong>le</strong>scence François Poggio signe la mélodiede Rue de Parme, histoire adultérine danslaquel<strong>le</strong> “on est seul à vouloir vivre à deux.”Et Erik Arnaud se charge du reste. On yretrouve l’abrasivité, l’économie rock, sonécriture cinglante. Comme une gif<strong>le</strong>, uncrachat. Où batail<strong>le</strong>nt hasard apparent,fulgurances et volonté ferme. On y découvresurtout une nouvel<strong>le</strong> sérénité dans <strong>le</strong> chant.Une force qui va. Les matières <strong>le</strong>s plus noires,compressées par <strong>le</strong> temps et <strong>le</strong>s forcescontraires, accouchant de diamants bruts etsa<strong>le</strong>s, il y est évidemment question d’amour,de cul et de doute. A preuve : Nous vieillironsensemb<strong>le</strong>, magnifique clin d’œil à Pialat.www.erikarnaud.com Sylvain DépéeL’ATTIRAIL“Wilderness” (Les ChantiersSonores / Kwark Publishing)On devrait <strong>le</strong>ur décerner <strong>le</strong> titre de “docteursès-voyages”. Après nous avoir fait bourlinguerdu côté de l’Orient et nous avoir enivré dessonorités d’Europe de l’Est, <strong>le</strong> divin combonous invite cette fois à traverser l’Atlantique.Welcome in America, mais pas n’importelaquel<strong>le</strong> : cel<strong>le</strong> de la conquête de l’Ouest,quand <strong>le</strong>s colons craignaient encore de se fairescalper en p<strong>le</strong>ine nuit par des Iroquois pasd’humeur. Ce septième album, 100%instrumental, est un délice d’inspirationdébridée et de guitares folk. Banjo etpercussions se la pètent petites frappes dewestern, flûtes et batteries jouent aux gentilsindiens et méchants cow-boys (ou l’inverse).Seuls <strong>le</strong>s violons résonnent parfois de lamélancolie des Balkans. On traverse <strong>le</strong>s routescahoteuses de Californie sur <strong>le</strong> dos d’unbourricot peu commode, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il nous brû<strong>le</strong> lanuque, on croit reconnaître Tarantino planquésous un chapeau de gringo. On rêve, onrêve… myspace.com/lattirailAena LéoAUDIOCLOCKERS“Audioclockers”(Dezordr)Accros aux rythmes qui “breakent” en dehorsdes bouc<strong>le</strong>s rudimentaires, voici une livraisonplutôt accoutumante. Tiré du bouquin deRichard Price adapté au cinéma par Spike Lee,<strong>le</strong> terme “clockers” caractérise <strong>le</strong>s dea<strong>le</strong>rs desghettos américains. Nos Frenchies, eux,fourguent de la came audiophi<strong>le</strong>, cracks desrythmes cliniques. Un featuring vocal différentapparaît quasiment sur chaque morceau,recruté dans l’underground de grande classe.Comme <strong>le</strong> quartier à défendre pour un dea<strong>le</strong>r,<strong>le</strong>s flows ne lâchent rien. Si un samp<strong>le</strong> deMulatu Astatke s’emprunte joliment sur lapremière piste, <strong>le</strong>s voies suivantes se révè<strong>le</strong>ntplutôt abruptes. Les Américains à la tensionminimaliste Turt<strong>le</strong> Handz jouent de la menacesur un rythme drum’n’bass acéré. Pour autant,<strong>le</strong>s grosses frappes DJ Blat X et Dtracks nedédaignent pas <strong>le</strong>s pauses romantiques misoul,mi-trip-hop avec la demoisel<strong>le</strong> LO’s.myspace.com/dtracksVincent MichaudBROKENCANDYS“Kitsch is fashion”(Autoproduit)Comment par<strong>le</strong>r d’eux sans tomber dansl’éloge démesuré ? C’est très diffici<strong>le</strong>, et c’estbien ce qui est agaçant. Leur musique estinitia<strong>le</strong>ment destinée à servir de bande-sond’accompagnement (publicités, télévision,expositions, etc.). Et pourtant. La réserver àune fonction utilitaire serait véritab<strong>le</strong>ment lagâcher. Pas une seu<strong>le</strong> faute sur <strong>le</strong>s quatorzemorceaux qui mê<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s influences de manièreimpeccab<strong>le</strong>. Toma est DJ, il vient du hip-hop.Vincent est guitariste et émane du rock. Leurrencontre aboutit à une expérience hors cadre :de la dance au lounge, du trip-hop à la pop.L’écoute nous invite successivement à danser,nous évader, nous éclater ou rêver. Ouvert surdu scratch, l’opus se ferme sur de l’é<strong>le</strong>ctroplanant et enivrant, parfait pour quitter endouceur cet univers. Ce premier album (aprèsun EP, Boiling Shower, sorti en mars 2008) estentièrement autoproduit par <strong>le</strong> duo parisien.Une bel<strong>le</strong> réalisation.myspace.com/brokencandysChristophe PayetDENIS COLIN & LA SOCIÉTÉ DESARPENTEURS “Subject to change”(Les Arpenteurs du Son)Cet album iconoclaste marque un tournantdans la carrière de Denis Colin, <strong>le</strong> clarinettistebasse à la tête de ce projet, qui officiait depuisvingt ans au sein de formations acoustiques.En 2007, il plonge dans la scène parisienne ettombe sous <strong>le</strong> charme des musiciens qu’il ydécouvre. Une dizaine d’entre eux jouent surce disque où ils arpentent <strong>le</strong>s genres sans sedécider pour aucun. Le Rhodes et la guitareé<strong>le</strong>ctrique colorent de rock et de groove <strong>le</strong>scuivres. Les flûtes et <strong>le</strong> saxo dialoguent commede divins oiseaux. Sur certains titres, un thèmerevient avec une obsédante magie, dressant unboléro jazzy flirtant avec la transe africaine.Sur d’autres, <strong>le</strong> son se fait plus déstructuré etparfois, se love dans un blues fondant. Lemouvement entre <strong>le</strong>s instruments est constant.“La musique est comme la peau sur laquel<strong>le</strong>glisse <strong>le</strong>s échanges”, disent Denis et sa bande.Eh bien, il nous col<strong>le</strong> <strong>le</strong> frisson.www.deniscolin.comAena LéoDEL CIELO“Sous <strong>le</strong>s cendres”(Idwet / La Ba<strong>le</strong>ine)Le premier album du duo rennais confirmel’essai déjà réussi de <strong>le</strong>ur maxi, sorti en 2007.Ecouter <strong>le</strong>urs douze nouveaux titres, c’est unpeu comme danser un délicat tango avecDexter <strong>le</strong> serial kil<strong>le</strong>r ou sauter du haut d’unprécipice sans être sûr que <strong>le</strong> parachutes’ouvrira. Ici, pas de poésie f<strong>le</strong>ur b<strong>le</strong>ue ni demots pour faire beau : <strong>le</strong>s phrases coupent,scalpent, saignent. Liza Bastard murmure plusqu’el<strong>le</strong> ne chante des confidences acides etfragi<strong>le</strong>s sous <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on devine une ragecontenue et volubi<strong>le</strong>. Les textes décapantsinterrogent l’intime, dessinent la douce horreurd’un monde où <strong>le</strong> ciel d’acier ne laisse pluspasser la lumière. Gaël Desbois, batteurcompositeur accompagnant éga<strong>le</strong>ment LaetitiaSheriff, cisè<strong>le</strong> des arrangements brumeux etapocalyptiques. Les cendres de ces deux-là sontcel<strong>le</strong>s encore brûlantes d’un volcan recouvrant<strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s a<strong>le</strong>ntours d’une couche de fuméebel<strong>le</strong> et mortel<strong>le</strong>. myspace.com/opendelcieloAena LéoDUBPHONIC“Relight”(Hammerbass / Modu<strong>le</strong>)Si vous suivez l’actualité de la planète dub,vous n’aurez pu passer à côté de la premièrega<strong>le</strong>tte du trio frenchy sortie en 2003 : avecson dub instrumental é<strong>le</strong>ctro-ambient plusproche des terres germaniques que des rivagesfrançais, Stéfane Goldman, Sylvain Mosca et <strong>le</strong>fameux A<strong>le</strong>xkid (F Com) réussissaient alors àlivrer <strong>le</strong>ur vision extatique d’un genre plus quemarqué par chez nous. Six ans plus tard, <strong>le</strong>svoici de retour avec ce nouvel album dix titrestoujours aussi aérien, mais qui cette fois-ciconvie aux côtés de la guitare de Goldman desconvives instrumentaux (flûte, piano, percus)ainsi que quelques vocalistes (Liset A<strong>le</strong>a, laBrésilienne Ceu, Daniella D’Ambrosio deNouvel<strong>le</strong> Vague ou Mau de 7Dub). Avec safausse légèreté, Relight devient rapidementaddictif et nous transporte sans crier gare dansl’univers foisonnant de ses sons impeccab<strong>le</strong>mentproduits. Nous ne saurions trop vousconseil<strong>le</strong>r une écoute sur de bonnes enceintespour en saisir toute l’épaisseur.myspace.com/dubphonic Caroline Dall’oELECTRO(EVO)LUTIVE“4”(RKO / Urgence Disk)François Ramel est un bidouil<strong>le</strong>ur discret de labanlieue lyonnaise. Il fabrique, depuis quatrealbums, un univers unique et original, mié<strong>le</strong>ctro,mi-psychédélique, mi-progressif,mi-chanson, qui n’appartient qu’à lui. Un chantlancinant, reconnaissab<strong>le</strong> entre mil<strong>le</strong>, delongues plages instrumenta<strong>le</strong>s planantes etrythmées qui, cette fois, s’éloignent un peu dePink Floyd pour rejoindre un son plussynthétique, malgré <strong>le</strong>s apports de guitaressaturées. Côté texte, on reste majoritairementdans l’onirisme et la poésie, avec quelqueséchappées vers <strong>le</strong> réalisme rentre-dedans, àl’image de l’ouverture de l’album, qui tail<strong>le</strong> ungentil short à Pascal Nègre, PDG de la worldCie Universal. Ce projet home-made pourraitsouffrir d’iso<strong>le</strong>ment, mais il réussit à réunirmoult ta<strong>le</strong>nts divers (Ian Doray ou BenjaminVaude de MacZde Carpate) et à s’imposer ausein d’un label, ce qui n’est pas gagné en cesjours de crise culturel<strong>le</strong>. www.e<strong>le</strong>ctro-evo.comPP26


BATLIK“L’art des choix”(A Brû<strong>le</strong> Pourpoint)Une fois passé <strong>le</strong> doute (pourquoi diab<strong>le</strong>L’art des choix s’ouvre-t-il avec <strong>le</strong> refrain deJ’attends, l’un des morceaux phares de 57touches d’Hocus Pocus ?) il n’y a plus qu’uneseu<strong>le</strong> chose à faire : s’incliner devant cesixième album de Batlik. Du chauffeur de taxiqui transporte un énième Bon Français aufiévreux Effort de soumission, du chant créo<strong>le</strong>Na dé milyons dannées à Porte de Clichy, quiplonge au cœur d’une arrestation de masse,L’art des choix devrait réveil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s assoupis,(ré)conforter <strong>le</strong>s résistances et permettre desupporter <strong>le</strong>s vents mauvais des temps actuels.A retenir aussi <strong>le</strong> mordant L’indépendant, quidevrait faire grincer quelques dents dans <strong>le</strong>petit monde de la musique. Mais, surtout,au-delà de la dextérité du guitariste, on ne selasse pas de cette nouvel<strong>le</strong> densité blues de lavoix de Batlik, joliment fatiguée.www.abru<strong>le</strong>pourpoint.comSylvain DépéeBERLINE“Boa Club”(Eléa)Conceptuel, <strong>le</strong> nouveau projet du guitaristeAlice Botté est un duo sexy-trash. A ses côtés,la brune Barbee assume une sexualitéexacerbée qui transpire dans <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s.L’entrée en matière est langoureuse, mais celadevient vite excitant, notamment avec <strong>le</strong>remuant Bling bling. Ce morceau endiablé auxparo<strong>le</strong>s provoc (“Avec mon sex-toy en plastocque je confonds presque avec mon iPod, mygod(e)”) fonctionne à merveil<strong>le</strong>. Lorsqu’ilquitte l’é<strong>le</strong>ctro-rock, Berline s’aventure vers desversants plus sombres, des suggestions encoreplus érotiques. Et lorsqu’Alice et Barbee serépondent au micro, dans <strong>le</strong> sulfureux Au loup,<strong>le</strong> duo prend toute sa dimension, mi-sensuel<strong>le</strong>,mi-malsaine. L’ombre de Jad Wio, groupeauquel Alice Botté a participé, plane sur cetalbum souvent pop, et toujours rock mêmedans ses moments <strong>le</strong>s plus mélancoliques,comme Mes chaussures rouges. Le résultat,parfois acidulé, est, une vraie réussite. Unsérieux concurrent pour Pravda !www.berlineband.com Patrick AuffretMATT BIOUL“Daystripper”(Akamusic)Pour son troisième album, Matt Bioul, citoyenbelge et Matthieu Bioul de son état, a travailléen Ang<strong>le</strong>terre et en analogique avec Ian Capel(Bashung, Tiersen…) à la production. Unedémarche volontaire pour un rendu plus 60’s-70’s. Et il est incontestab<strong>le</strong> que son Daystripperà l’allusion transparente au Day tripper desFab Four reprend à la <strong>le</strong>ttre tous <strong>le</strong>s gimmicksd’époque ou du moins ce que l’on croit devoiren retenir. Voix de faussets dans <strong>le</strong>s chœurs,envolées lyriques, quatuor à corde “tribute toE<strong>le</strong>anor Rigby”, tout y passe. Mais il vautmieux une bonne contrefaçon qu’un mauvaisoriginal et cet album entre sans aucun doutedans la première catégorie. Il ne propose riende neuf mais dépoussière de vieux meub<strong>le</strong>s quiont de la gueu<strong>le</strong>. Idéal pour <strong>le</strong>s jeunesfainéants qui ne veu<strong>le</strong>nt pas s’enquil<strong>le</strong>r toute ladiscothèque parenta<strong>le</strong> et se voient proposer unbon digest de la période 65-75.myspace.com/mattbioulJean Luc EluardBOCAGE“Bon chemin” & remixes(Sosei Records)En toute autre saison que l’hiver, Bon cheminserait d’un tonitruant décalé. Cet album estdépouillé comme une forêt sous la neige,comme un blizzard dans un film de Bergman.Un souff<strong>le</strong> glacé et expérimental pour ce duonantais qui pose une pop minimaliste endoub<strong>le</strong> vision, la sienne et cel<strong>le</strong> d’un album deremix du même, un peu comme un “Tiens, onaurait aussi pu faire ça.” Logique, en un sens,tant l’ensemb<strong>le</strong> sent l’expérimentation quiengendre de vraies réussites (La fail<strong>le</strong> ou100 et 1 jours) ou des monstres bruitistes etbruyants (Ah oh). Reste que si Bon chemin faitson chemin, il <strong>le</strong> doit à la voix de Claire qui,si el<strong>le</strong> n’est pas toujours juste, dispense unmagnétisme certain. Dommage juste queBocage ne se lance pas plus souvent dansdes morceaux plus pêchus qui rompent lalancinante retenue du reste… qui fait à lalongue <strong>le</strong> charme de cet opus trompeur : on<strong>le</strong> croit lénifiant, il peut être envoûtant.www.ilovebocage.comJean Luc EluardBRuiTAGeBOULBAR“Requiem pour unchampion” (EMI)Un beau projet étiqueté “qualité France”. Onaime ou on n’aime pas. Pas de juste milieu.Boulbar raconte l’histoire de Jack Ranieri,boxeur américain qui gagne tous ses combatsdans <strong>le</strong>s 60’s. Mais Iron Jack tombe amoureuxde la mauvaise greluche, va faire <strong>le</strong> combat detrop et va tout perdre. Et la descente auxenfers ne fait que commencer… Musica<strong>le</strong>ment,on retrouve des membres de Jack theRipper, Jil is Lucky, Zone Libre, Mendelson,Luke et Married Monk. Le résultat est aussiromantique que ça en a l’air. Ca ne surprendpas, mais ça vous enveloppe et vous embal<strong>le</strong>en un rien de temps. C’est ce “ça”, mélange demélodies efficaces et de paro<strong>le</strong>s évocatrices, quifinit par vous emporter. Boulbar conçoit son“disque noir” comme un roman noir. Mais sonpulp, porté par une écriture ciselée et unsouff<strong>le</strong> incandescent, n’est pas un roman degare. C’est un (beau) projet ambitieux quimérite d’être écouté et lu avec la BD qui vaavec. www.boulbar.comEric NahonFAIRGUSON“Ta<strong>le</strong>s from the 47 willows”(Coco Records)En poussant la porte de l’antre des Fairguson,un univers d’un autre temps s’offre à nous.Les clichés sur la cheminée pourraient êtred’un vieux sépia. L’odeur n’est pas cel<strong>le</strong> de lanaphtaline, loin de là, mais plutôt cel<strong>le</strong> desarbres dans une plaine au bord d’une routepoussiéreuse du Minnesota. A la croisée deschemins, sommeil<strong>le</strong> <strong>le</strong> fantôme de Neil Youngadossé à celui de Johnny Cash. Des mélodiesaériennes transportent d’emblée surl’americana de cette bande aux musicalitésétonnantes, pour nous égarer dans <strong>le</strong> scénariod’un western au son du piano automatiqueessoufflé d’un vieux saloon. Des influencesdigérées intelligemment pour donner unmélange vintage actuel charmant. De sa voixtraînante et désabusée, Damien Somvil<strong>le</strong>narre des histoires ciselées pour que chaqueambiance col<strong>le</strong> aux oreil<strong>le</strong>s d’emblée et nousemmènent loin, très loin.myspace.com/fairgusonthebandIsabel<strong>le</strong> Lec<strong>le</strong>rcqFANGA“Sira Ba” (Afrokaliptyk /Underdog / Rue Stendhal)On pourrait penser <strong>le</strong>s Africains seuls maîtresde l’afrobeat. Que nenni, Fela Kuti et sescoreligionnaires ont essaimé <strong>le</strong>ur énergie et<strong>le</strong>ur groove percutant aux quatre coins dumonde et enfanté une kyriel<strong>le</strong> de discip<strong>le</strong>s,notamment en France. Et ce n’est certainementpas <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif montpelliérain Fanga,emmené depuis dix ans par Serge Amiano, quiprouvera <strong>le</strong> contraire. Pour <strong>le</strong>ur troisième longformat, ces Frenchies amateurs de rythmeséthiopiens et ghanéens, de jazz et de funk,livrent un disque de haute volée. Pas un impairn’est commis et <strong>le</strong>s riffs assassins, explosionsde cuivres magistra<strong>le</strong>s et autres montées depercussions résonnent pour enivrer et ensorce<strong>le</strong>r<strong>le</strong>s corps. Quand on s’adjoint de plus <strong>le</strong>sservices de ténors tels que <strong>le</strong> génial WinstonMcAnuff - pour <strong>le</strong> plus reggae I go on withoutyou - ou <strong>le</strong>s brillants Togo All Stars, il n’y a plusà en jeter. Un album simp<strong>le</strong>ment magnifique,à la fois mystique et transi, un modè<strong>le</strong>d’afrobeat, made in France.myspace.com/afrofanga Fabien BenoitHELL’S KITCHEN“Mr Fresh”(Absinthe Music)Petit rappel de géographie pour <strong>le</strong>s absents :Genève, enclave helvétique rocail<strong>le</strong>use nichéequelque part entre <strong>le</strong> Delta du Mississipi et <strong>le</strong>sfaubourgs de Chicago. Le climat y est rude etdésertique, et la vie rythmée par <strong>le</strong>s coups depioche et <strong>le</strong>s complaintes des forçats quiœuvrent <strong>le</strong> long de la voie ferrée. On y utilisel’é<strong>le</strong>ctricité, certes, mais avec parcimonie etdiscernement. C’est dans ce monde hosti<strong>le</strong> etexigeant que s’est mitonnée au fil du tempscette cuisine inferna<strong>le</strong> avec au menu slideguitar, harmo distordu, chants gospel et unetension à couper au couteau. C’est un bluesinventif, rural et é<strong>le</strong>ctrique, qui s’exprime avecforce et emboîte <strong>le</strong> pas à son déjà brillantprédécesseur Doctor’s oven, un peu comme siCaptain Beefheart revisitait la BO de O’Brother.Leurs amis depuis longtemps disparus (HowlinWolf, Son House…) <strong>le</strong>s hantent toujours etconfèrent à ce disque une nob<strong>le</strong>sseincomparab<strong>le</strong>. myspace.com/hellskitchenbluesVarsasJACK OF HEART“Jack of Heart”(Born Bad Records)Ils pourraient être de Seatt<strong>le</strong>, mais viennent dePerpignan. Ils ont l’énergie du punk <strong>le</strong> plusmusclé, mais savent se faire mélodiques etapaisants. Avec ce premier album éponyme,qui succède à de nombreux 45 tours, Jack ofHeart pourrait s’assurer une place confortab<strong>le</strong>dans <strong>le</strong> paysage du garage en France.A l’écoute, on pense nécessairement aux BlackLips, qui sont désormais une référence dans <strong>le</strong>domaine. Mais ils ont su développer uneidentité propre. Parfois saturés façon Fugazi,souvent classieux comme <strong>le</strong>s Kinks.Psychédéliques, ils <strong>le</strong> sont toujours. On croiseau fil de l’album <strong>le</strong> Velvet Underground, maisaussi un Johnny Cash au détour d’une chanson.Ils maitrisent parfaitement <strong>le</strong>s codes desstandards sixties, mais ne donnent jamaisune sensation de déjà vu. Bref, un groupe quihonore la scène rock française et assurémentà voir en live. myspace.com/jackofheartChristophe PayetJFG“JFG’s forgotten hits2002-2008” (Autoproduit)Activiste pop rock underground, JFG oscil<strong>le</strong>depuis sa naissance musica<strong>le</strong> entre tous <strong>le</strong>spans de l’indie-rock made in GB et outre-Atlantique. Cette riche pa<strong>le</strong>tte touil<strong>le</strong> duPulp aux Velvet en passant par The Fall, <strong>le</strong>sB-52’s ou encore Te<strong>le</strong>vision Personalities.A moitié anglais, il connait la musique et loinde se vivre en moine copiste, il ne fait pasune religion de ces spirituel<strong>le</strong>s influences.Ses Forgotten hits 2002-2008 recensentautant de jalons que possib<strong>le</strong> sur la route dunon-succès. Evidem-ment, <strong>le</strong> titre s’avère unpied de nez contre cette infortune, maisrappel<strong>le</strong> aussi <strong>le</strong>s trouvail<strong>le</strong>s posthumes destars du rock. Ainsi JFG s’attache à garderde l’élégance en toute circonstance. Sescompositions achevées et abouties n’enmanquent d’ail<strong>le</strong>urs pas. myspace.com/httpwwwmyspacecomjfgthesexualVincent Michaud27


BRuiTAGeKALAMAZOO“How to hunt a deer”(Autoproduit)Etonnant parcours pour ce groupe formé enAng<strong>le</strong>terre et rapatrié en France tout auréoléd’un succès d’estime outre-Manche. Pasétonnant tant ce premier album mixed’évidentes influences british avec intelligence.Sur <strong>le</strong>s pas d’Interpol avec l’imposantInterpolis, Kalamazoo sombre ensuite dans cesambiances dépressives qui ont fait <strong>le</strong> succès deRadiohead. C’est particulièrement criant surEasiest song to believe et surtout Changeorder. Les fans des deux groupes précités (etde quelques autres aussi, tel Elbow ou Kings ofLeon,…) ne pourront qu’aimer Kalamazoo.Deux titres, Attitude et l’implacab<strong>le</strong> Voidmontrent une facette bien plus rock maisaussi moins maîtrisée, malgré ses guitaresagressives, ses refrains musclés et ses textes enanglais. Désormais installé à Paris, ce quatuorclassique (chant, guitares, basse, batterie) peuts’appuyer sur cet album réussi pour désormaisforger sa véritab<strong>le</strong> identité.www.thefrenchkalamazoo.comPatrick AuffretKILL FOR TOTAL PEACE“Kill for” (Pan EuropeanRecording / Modu<strong>le</strong>)“Rock’n’roll saved life” dit <strong>le</strong> dicton. Maisavant la délivrance, Kill for Total Peace imposela frénésie de guitares fuzz et <strong>le</strong> délugesynthétique. Dès l’entame martia<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s bonspetits soldats du rock policé sont éconduits, çapétarave grave ! Le fantôme de Syd Barrettparade ensuite sur une ballade folkpsychédélique indispensab<strong>le</strong> pour tout gourouqui se respecte : Fuck dreams. Plus loin Le jeud’échecs se la joue mat à coup sûr, car il tirestratégie auprès des démiurges pré-punké<strong>le</strong>ctroniques new-yorkais Silver App<strong>le</strong>s. Avec <strong>le</strong>Velvet hypnotique de White light / white heatet Suicide, c’est un des spin doctors avouésde cette armée sonore. Un petit pincementd’émotion nous fait retrouver des notescommunes avec d’autres ex-jeunes âmesrock’n’rolliennes, <strong>le</strong>s Dum Dum Boys. En toutcas, on est pressés de subir ces assauts depacification singulière en concert, sousl’éclairage bienvenu des stroboscopes.myspace.com/totalpeaceVincent MichaudKING AUTOMATIC“In the blue corner”(Voodoo Rhythm)Le rock’n’roll est mort, mais il semb<strong>le</strong>raitque personne n’ait songé à prévenir KingAutomatic… fort heureusement ! Le souveraindes one-man bands français fait la tournéedes grands ducs avec son rock 50’s / 60’sminimaliste de haute volée teinté de garage,de boogie et de ska, à grand renfortd’harmonica distordu et d’orgue déglinguée.Cet album, <strong>le</strong> troisième sur <strong>le</strong> prestigieux labelVoodoo Rhythm, est un vrai bol d’air frais danscette période de surproduction discographiqueoù <strong>le</strong>s compositions sont bien trop souventnoyées sous des tonnes d’effets spéciaux. Onpasse avec plaisir de rengaines de saloon ausalon des Cramps, de boogies diaboliques à undélirant Redresseur de tort que jalouseraitDutronc, sans trouver <strong>le</strong> temps de s’ennuyer.Un univers fait de main de maître par unmonarque misanthrope et minutieux quiillustre parfaitement <strong>le</strong> vieil adage : mieuxvaut être seul que mal accompagné !myspace.com/<strong>le</strong>kingautomaticVarsasJEREMIE KISLING“Antimatière”(Sony)Troisième opus pour cet auteur compositeursuisse qui nous propose une ga<strong>le</strong>tte d’humeurprintanière, avec du so<strong>le</strong>il… mais aussiquelques averses. Bien que la dominantemusica<strong>le</strong> soit plutôt enjouée parseméed’humour (Le bec dans l’eau) cela n’empêchenul<strong>le</strong>ment d’avoir un discours parfois sombre(J’ai mal, Reste la même), voir une certaineprofondeur (Prends de l’air) <strong>le</strong> tout emballéentre rythmes de bossa et de pop enjouée.Un album p<strong>le</strong>in de tendresse et de sensibilité,mais aussi léger sans être superficiel. JérémieKisling a quasi composé l’intégralité des titresà l’exception de Nouvel horizon (en duo avecEmily Loizeau, la lauréate 2009 du PrixConstantin) et Rien qu’un ciel (reprise dugroupe des seventies, Il Etait Une Fois).Bel<strong>le</strong> collaboration pour la réalisation de cetopus avec, entre autre, Ian Cap<strong>le</strong> (producteurde Bashung, Tindersticks, Tricky).myspace.com/therealjeremiekislingFranck BillaudLAUDANUM“Decades”(Monopsone)Ce troisième cru d’un des plus intéressantsartistes de l’Hexagone est un retour auxsources : alors que <strong>le</strong>s deux premiers albumsde Matthieu Malon sous <strong>le</strong> nom de Laudanumétaient marqués par la présence de nombreuxinvités, celui-ci se suffit à lui-même. Surtout, ilrevient à une tonalité plus rock, planté deguitares qui s’imposent en motifs insistants etponctuel<strong>le</strong>ment plus lourds et noisy, lorsque cene sont pas <strong>le</strong>s machines qui dessinent unclimat presque industriel, assez dur et sombre.Decades fait se succéder quelques vaguescalmes aux embruns cotonneux et un flotgrossissant en déferlantes. Marqué par unescène pop indé très 90’s mais aussi par la newwave, cette impeccab<strong>le</strong> col<strong>le</strong>ction de morceaux,resserrée et parachevée par une bel<strong>le</strong> unité deton, offre une pop synthétique dont certainsattributs rappel<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s regrettés Arab Strap :alanguissement sp<strong>le</strong>enesque, nonchalancepresque sensuel<strong>le</strong> et beauté fragi<strong>le</strong>.www.ilovelaudanum.comJessica Boucher-RétifNATHALIE NATIEMBE“Karma”(Safiko Records / Wagram)El<strong>le</strong> : chanteuse réunionnaise et déesse dumaloya, la musique traditionnel<strong>le</strong> de son î<strong>le</strong>.Eux : Cyril Atef et Vincent Segal, alias Bumcello,génial duo accro aux rythmiques barrées. Leurrencontre était improbab<strong>le</strong> et c’est sûrementpour cela qu’el<strong>le</strong> fonctionne aussi bien. Ils sesont croisés sur un festival, ont aimé jouerensemb<strong>le</strong> et ont sculpté cet album dans unjoyeux bazar improvisé. Leurs univers yfusionnent et échangent avec élégance. Çapioche dans <strong>le</strong> reggae comme dans l’é<strong>le</strong>ctro et<strong>le</strong>s rythmes locaux. Le maloya de Nathalie,nourri au rock et à l’ethno-groove, est boostépar <strong>le</strong>s percussions, la batterie et <strong>le</strong> violoncel<strong>le</strong>é<strong>le</strong>ctrique. Sa poésie créo<strong>le</strong>, turbu<strong>le</strong>nte etprofonde, résonne comme une transe, dessinedes connexions inédites. Son chant décol<strong>le</strong> etrecol<strong>le</strong> <strong>le</strong>s tympans, écartè<strong>le</strong> <strong>le</strong>s racines,balance <strong>le</strong> cœur dans un shaker puis <strong>le</strong> caresselongtemps, avec douceur.myspace.com/nathalienatiembeAena LéoŒSTROGENA ORCHESTRA“Ni vues, ni connues”(Autoproduit)Avec un nom pareil, inuti<strong>le</strong> de vous dire quece groupe ne comporte aucune dose detestostérone. “Oestrogena” c’est un clin d’œilaux “œstrogènes”, une hormone sexuel<strong>le</strong>féminine. Effectivement ce disque est bourréde chansonnettes composées par des nénettes,pour des nénettes ! Mais si <strong>le</strong>s hommes sepenchent un peu sur la question, ils yapprendront forcément maintes choses sur <strong>le</strong>mystère de la féminité. Avec des voix dignesd’une grande chora<strong>le</strong> et des textes mipoétiques,mi-réalistes et humoristiques, cescinq fil<strong>le</strong>s passent en revue l’amour sous toutesses formes. Il y a <strong>le</strong> payant (“Au marché dubonheur”), celui imbibé d’alcool (“J’veuxboire”) ou encore celui qui distribue des petitspapillons dans <strong>le</strong> ventre (“Pain d’épices”).Mais comme l’amour n’est pas toujours unlong f<strong>le</strong>uve tranquil<strong>le</strong>, et qu’ici on par<strong>le</strong> vrai,alors on n’oublie pas <strong>le</strong>s disputes (“Un autreaujourd’hui”) ou <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nces conjuga<strong>le</strong>s(“Purée de pois”). myspace.com/oestrogenaMarilyne ClaracOUT OF SCHOOL OF ACTIVITIES“All good cretins go to heaven !”(Skalopard’s Prod’z / Anticraft)D’où viennent <strong>le</strong>urs influences ? Du punkrock? D’où sortent-ils ? Du sud ? Autant dequestions que l’on pourrait se poser mais qui,à vrai dire, n’appel<strong>le</strong>nt pas de réponse. En fait,on s’en fout pas mal. Tout ce qu’il faut savoirc’est qu’ici on a <strong>le</strong> remède universel aux coupsde sp<strong>le</strong>en. Courez vous procurer cette puremerveil<strong>le</strong> du genre Rock’n’roll High School…pas vrai Joey ? Le “crétin rock show” qu’ilsrevendiquent est bien loin de l’horreur. Il fautboire cette gnô<strong>le</strong> du Languedoc-Roussillonjusqu’à la lie, la prendre en perfusion à enboucher <strong>le</strong>s cathéters. Il faut se mettre <strong>le</strong>s jacksdans <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, tourner <strong>le</strong>s potards au maxmême si <strong>le</strong>s voisins appel<strong>le</strong>nt encore la police,pas grave, play loud ! Il faut en user, en abuserjusqu’à l’encéphalogramme plat. Flash spécial :<strong>le</strong> premier album est déjà dans <strong>le</strong>s bacs depuisoctobre et si vous ne l’achetez pas, <strong>le</strong>s Sheriffvont buter <strong>le</strong> chien !myspace.com/outofschoolactivitiesMahoLA PLACE DU KIF“Sous <strong>le</strong>s pavés… La Place”(Autoproduit)Sous <strong>le</strong>s pavés, on trouve parfois la plage,mais ici on trouve plutôt une bande de garssurvoltés. Ska, punk, rock ? Les trois à lafois ! Ce groupe, appelé aussi LAPK par <strong>le</strong>sintimes, se compose de huit membres etd’autant d’univers musicaux. Si vous aimezLos Tres Puntos, La Ruda, Debout sur <strong>le</strong> Zinc ouencore Marcel et son Orchestre, goûtez-y, vousne serez pas déçu. Cette joyeuse formation estnée dans la rue. D’ail<strong>le</strong>urs el<strong>le</strong> doit son nom aulieu sur <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> groupe répétait dans unerésidence étudiante. Quant au “kif”, au vrai,c’est celui ressenti sur scène et celui qu’ilsaiment par dessus tout partager avec <strong>le</strong> public.C’est là que <strong>le</strong> groupe crache tout sonpotentiel. Engagé politiquement (Présidentdes gens, Norme française et Sans papiers),c’est son tout premier album après quatreans passés sur <strong>le</strong>s routes et sur scène àcommuniquer son énergie débordante.myspace.com/laplacedukifMarilyne ClaracRIVKAH“Second”(Autoproduit)Douce et étrange trouvail<strong>le</strong> cette Rivkah, avecce nom qui sonne comme une invitation àpartir pour <strong>le</strong>s pays où il fait froid. Cependant,la demoisel<strong>le</strong> vit à Paris et a écumé plusieurslieux de la capita<strong>le</strong>, seu<strong>le</strong> au piano, où sonunivers si particulier s’est alors développé. Viteremarquée, el<strong>le</strong> a dès <strong>le</strong> début été soutenuepar <strong>le</strong> groupe Herman Düne. Pour ce secondopus, l’auteure s’est encore entourée d’amisavec la participation judicieuse de This is the Kitaux chœurs et banjo. L’alchimie est surprenante: un piano souvent crépusculaireaccompagnant ce timbre fragi<strong>le</strong> et assurépassant sans cesse du grave à l’aigu avec unefacilité déconcertante. Un équilibre délicatoscillant entre <strong>le</strong> minimalisme et l’onirique,entre <strong>le</strong> naïf et <strong>le</strong> profond. Les voix sontenvoûtantes, comme sur ce Silly girl où la bel<strong>le</strong>ondu<strong>le</strong> sur des airs d’orient tout en restantancrée dans une pop dark à la PJ Harvey.Un album simp<strong>le</strong>ment beau.myspace.com/rivkahsongsIsabel<strong>le</strong> Lec<strong>le</strong>rcq28


LE MANQUE“Rester ouvert àl’inattendu” (Autoproduit)L’association d’un auteur dadaïste compulsif,Christophe Esnault, et d’un musicien inspiré,Lionel Fondevil<strong>le</strong>, engendre <strong>le</strong> groupe <strong>le</strong> plussingulier du moment. Originaire de Chartres, LeManque confirme avec ce second opus, uneinspiration prolifique et une jolie propension àconcocter de savoureuses chansons sous acide.Maniant la dérision avec brio, <strong>le</strong> duo s’autorisetout, ainsi <strong>le</strong> titre d’ouverture Même moncancer, qui évoque la maladie sur un tonhumoristique : “J’ai tout raté, même moncancer…” Sous <strong>le</strong> couvert de mélodiesminimalistes envoûtantes, et un tonconfidentiel, <strong>le</strong>s textes insolites viennent titil<strong>le</strong>rl’imagination. Le Manque affiche une bel<strong>le</strong>personnalité et une réel<strong>le</strong> pertinence. Le visuelde l’album, signé Lionel Fondevil<strong>le</strong>, estvéritab<strong>le</strong>ment remarquab<strong>le</strong>, sobre et beau, ildéfinit à merveil<strong>le</strong> l’identité du groupe. Aprèsune tel<strong>le</strong> expérience sensoriel<strong>le</strong>, (re)découvrirRatages et confettis, <strong>le</strong>ur premier effort,s’impose comme une évidence.myspace.com/<strong>le</strong>manque Alain BirmannTHE LOST COMMUNISTS“The 12 last nights of a pastorjudged guilty” (Some Produkt)Que Limoges accouche d’un groupe rock quiembal<strong>le</strong> dès la première écoute, on ne va pass’en plaindre. Depuis 2005, ces cinq mordus degarage estampillé sixties partagent, tels deparfaits communistes, <strong>le</strong>ur bon goût en matièrede guitares clinquantes et d’orgues rutilants.Who murdered the call girl par exemp<strong>le</strong>,impeccab<strong>le</strong> de bout en bout. Produit par MattVerta Ray (guitariste d’Heavy Trash), cepremier album donne suite à une bonnecentaine de concerts à travers la France,installant <strong>le</strong> combo limougeaud de manièreplutôt confortab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> paysage rock&soul.Navigant sans cesse entre rock effréné (Timenever waits for me), ballade é<strong>le</strong>ctrique (Trailsof blood) et soul incarnée (Next trip), <strong>le</strong>s treizemorceaux de ce disque chaud comme la braisedevraient faire par<strong>le</strong>r d’eux après avoirembrasé la poudre. Et rappe<strong>le</strong>z-vous, pas deboogie woogie avant d’avoir fait vos prières dusoir ! myspace.com/thelostcommunistsJulien DeverreLYSE“Je suis Wallace Hart<strong>le</strong>y”(Autoproduit)Un premier album et toute l’énergie qui vaavec. Ils sont quatre, une formation rockclassique : basse, guitare, batterie et chant.Une vieil<strong>le</strong> recette, mais qui a fait ses preuves.Et c’est <strong>le</strong> cas ici. Ce dix titres fait maisoncontient tout ce qu’il faut de fougue, de hargneet de textes. Des textes en français, à deuxexceptions près. Des textes enragés, pour nepas dire engagés. Au chant, <strong>le</strong> puissant timbrede voix de Dorian nous rappel<strong>le</strong> un grand nomdu rock français : Bertrand Cantat. Le son deNoir Désir n’est d’ail<strong>le</strong>urs jamais bien loin. Maischez Lyse, c’est souvent plus hard. Un sonécorché vif. Leur passage en première partie deLuke ou de Deportivo ne doit rien au hasard.L’ensemb<strong>le</strong> est très bien produit et finalisé.A tel point que certains morceaux pourraientsans difficulté revendiquer <strong>le</strong> statut de tubes.A la recherche d’un label, Lyse offre un rockefficace et de qualité. A bon entendeur…www.lyse-online.comChristophe PayetMALNOÏA“Surface of arts”(La Mais°n / Musicast)Après avoir fait ses armes é<strong>le</strong>ctroniques au seindu projet hip hop B-logiQ, Pierre Mottron,compositeur de Malnoïa, se lance avec lui dansun espace beaucoup plus pop mais tout aussiouvert et foisonnant. Surface of arts estune œuvre bicépha<strong>le</strong>, à la fois musica<strong>le</strong> etlittéraire : ce sont <strong>le</strong>s textes de Xavier Colauttiqui en forment <strong>le</strong> soc<strong>le</strong>, à partir duquel Pierreélabore, brode et travail<strong>le</strong> la matière sonore.A la limite entre trip hop et musiqueexpérimenta<strong>le</strong>, samp<strong>le</strong>s, voix soul et chœurslointains s’emmê<strong>le</strong>nt dans un écheveaumusical, un maquis comp<strong>le</strong>xe que ne rejoindrapas <strong>le</strong> tout-venant. Au fil é<strong>le</strong>ctronique sontgreffés des empiècements organiques, dont lavoix de Pierre, seul lien avec une certainenormalité pop. On comprend la présence decinéastes parmi <strong>le</strong>s influences revendiquées duprojet tant cet album semb<strong>le</strong> être la bande-sond’un film irréalisab<strong>le</strong> si ce n’est, de façonéphémère, dans l’esprit de l’auditeur.www.malnoia.comJessica Boucher-RétifBRuiTAGeMARTEAU MATRAQUE“Marteau Matraque”(Autoproduit)Avez-vous déjà entendu une fanfare free-jazz ?Le concept paraît fou. Le résultat l’est plusencore. Ca part dans tous <strong>le</strong>s sens. C’estdérangé et déroutant. Mais Marteau Matraqueva même plus loin. C’est free, d’accord. C’estjazz, très bien. C’est une fanfare, certes. Maisc’est aussi rock, et même punk. C’est uneperformance musica<strong>le</strong>, mais éga<strong>le</strong>ment voca<strong>le</strong>.De sa voix sombre et torturée, Damien Grangeévoque nécessairement Captain Beefheart.Marteau Matraque semb<strong>le</strong> réinventer <strong>le</strong>sexpériences musica<strong>le</strong>s et sonores complètementloufoques, que seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s années 70avaient osé produire. Un son que l’on n’a pasl’habitude d’entendre. Une originalité qui nepeut être que louab<strong>le</strong> pour une fanfare.Une expérience inclassab<strong>le</strong> dans un genredéterminé. Les treize pistes ne s’écoutent nifaci<strong>le</strong>ment ni dans n’importe quel contexte.Marteau Matraque est véritab<strong>le</strong>ment marteau.Mais c’est décapant et vivifiant.myspace.com/marteau4Christophe PayetARNO SANTAMARIA“Arno Santamaria”(Spidart.com)Ce garçon écorché vif a un univers musical etun sty<strong>le</strong> bien à lui. Et s’il est souvent comparéà son collègue Grégoire, il n’a de commun aveclui que <strong>le</strong> fait d’avoir été produit par desinternautes (Spidart.com). Il use avec habi<strong>le</strong>téet perfection de ce qu’il appel<strong>le</strong> son art : direce qu’il ressent, mais d’une bel<strong>le</strong> façon. Sesparo<strong>le</strong>s imagées, métaphoriques incitent àréagir et peut-être, en tout cas il l’espère, àagir. Des textes engagés, influencés par sonmaître Léo Ferré : “Chez moi cherche pas taplace ou cache toi bien / On ne t’écoute quesur dossier (…) Ma France qui s’endort”, cesparo<strong>le</strong>s dénoncent l’expulsion des sans-papiers.Ses thématiques respirent la mélancolie. Ilaborde la rupture, la difficulté à se décol<strong>le</strong>r deces vieil<strong>le</strong>s habitudes quand un amour s’arrête(Je me disperse) et la souffrance de l’absence(C’est quand). Chaque mot de son répertoirebouge seul et communique la colère internequi habite <strong>le</strong> chanteur.www.spidart.com/arnosantamariaMarilyne ClaracTHE SHAKING HEADS “Howto entertain peop<strong>le</strong> in a paranoïdcity” (Active Sound / Mosaic)Avec Take a gun girl, c’est direct un coup debou<strong>le</strong> en guise d’apéro ! On comprend trèsvite à qui l’on a affaire : des teigneux é<strong>le</strong>vésau rock garage dans la lignée des Hives,Strokes, Arctic Monkeys and co. La suite estprometteuse puisqu’au quatrième titre on n’atoujours pas touché terre et la montée enpuissance continue de façon indéniab<strong>le</strong>.C’est sûrement L’amour pour Scar<strong>le</strong>ttJohansson qui <strong>le</strong>ur a donné des ai<strong>le</strong>s…Don’t surrender” est la pépite d’or au beaumilieu de tous <strong>le</strong>s trésors de cette caverne d’AliBaba made in Toulouse. Les titres sont chantésdans un anglais irréprochab<strong>le</strong> (normal pour unchanteur franco-anglais), la réalisation estefficace ; on a beau chercher la fail<strong>le</strong> quipourrait <strong>le</strong>s descendre en flèche, éplucher <strong>le</strong>stitres un a un, que nenni, rien à redire etimpossib<strong>le</strong> de constater <strong>le</strong> moindre relâchement.Il n’y a pas à dire, <strong>le</strong>s SH saventmettre la pression.myspace.com/theshakingheadsMahoSHERAF“No gatecrasher”(Porc Epic)Sur son premier album, sorti en 2004, on avaitpu apprécier une é<strong>le</strong>ctronica cé<strong>le</strong>ste. Sheraf,toujours un projet solo en provenance duHavre, a pris <strong>le</strong> temps de créer ses nouvel<strong>le</strong>scompositions. Pour <strong>le</strong>s enregistrer, il a faitappel à plusieurs complices de la scène deHaute Normandie (Tokyo / Overtones,Maarten et Naïma, notamment) et invité aussila voix de Mariel<strong>le</strong> Martin (chanteuse desperdus de vue Playdoh) sur deux titres. Dès<strong>le</strong>s premières notes de clavier, <strong>le</strong> multiinstrumentisteinvite à <strong>le</strong> rejoindre, planantdéjà quelque part dans <strong>le</strong>s airs… Les texturesdes morceaux varient, combinant diversessonorités. Cette sorte de désert é<strong>le</strong>ctroniquefaçonné sur Golden stars, ou ce Magnoliabrumeux… Le sentiment d’ensemb<strong>le</strong> reste liéà une pop é<strong>le</strong>ctronique douce et rêveuse, etparfois, des guitares é<strong>le</strong>ctriques transcendentaussi <strong>le</strong> voyage. myspace.com/sherafjustaboyBéatrice CorceiroBALLAKÉ SISSOKO& VINCENT SEGAL“Chamber music” (No Format !)Comme toujours lors de la rencontrediscographique entre deux personnalités, quiplus est aux mondes musicaux différents, laréussite n’est pas assurée. Bon présage ici, larelation sonore entre Ballaké Sissoko et VincentSegal s’est concrétisée chez No Format !, unebien nommée maison qui a fait sacerdoce del’absence de règ<strong>le</strong>s préconçues. Convivialitéet harmonie s’éta<strong>le</strong>nt néanmoins dans laChamber music. Sise à Bamako chez BallakéSissoko, l’alcôve se révè<strong>le</strong> un formidab<strong>le</strong>terrain d’expression. Et si l’éclairage venaitquelquefois à manquer dans la vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s deuxcompères ont su orienter <strong>le</strong>urs élans créatifs.Ainsi dans la “Chamber” on ne s’endort pas :<strong>le</strong> violoncel<strong>le</strong> de Vincent vibre intensémentdans <strong>le</strong>s recoins du spectre sonore, alors que<strong>le</strong>s notes cristallines de la kora de Ballaké s’yéta<strong>le</strong>nt dans toute la largeur. Leur cohabitationy gagne des <strong>le</strong>ndemains qui chantent sansparo<strong>le</strong>s. www.noformat.netVincent MichaudSOURYA“Dawd<strong>le</strong>walk”(Massive Central)Sans faire de bruit, la musique de ce comboparisien pourrait bien être la nouvel<strong>le</strong> révélationfrançaise en matière de pop é<strong>le</strong>ctronique. Pascel<strong>le</strong> aux synthés formatés et bariolée en fluo,mais cel<strong>le</strong> qui garde une vraie indépendanceartistique, tout en se jouant des instrumentsé<strong>le</strong>ctroniques. Il faut dire qu’Allan MacGee dujournal The Guardians (et fondateur du labelCreation) a mis <strong>le</strong>s pieds dans <strong>le</strong> plat enencensant <strong>le</strong> quatuor discret composé deJulien, Arnaud et Rudy, et surtout du charismatiqueSou au chant. En parfaits autodidactes,ils se rencontrent dans un train au retour d’unconcert de Radiohead, et depuis sortent tubessur tubes. Ce premier album explosif est làpour en témoigner de manière inspirée : ainsi<strong>le</strong> quasi Brian Wilsonien Anatomy domine etl’hymne néo disco Stockholm 1973 sontindiscutab<strong>le</strong>s. Sans par<strong>le</strong>r de The ballad of stargigolo… et de tous <strong>le</strong>s autres titres en fait !Un coup de maître sensuel et robotique.myspace.com/souryaJulien Deverre29


BRuiTAGeSPLINE ET LAMAUVAISE HERBE “Tango”(Adélie Prod / Anticraft)“Attention, ceci n’est pas un album de lanouvel<strong>le</strong> chanson française.” Nous voilàprévenus ! Après deux EP (2004 et 2006), <strong>le</strong>quintette originaire d’Aix-<strong>le</strong>s-Bains enchaîneconcerts et festivals, mène des projets (col<strong>le</strong>ctifd’artistes, collaborations diverses), bénéficied’un accompagnement professionnel. L’année2009 marque son retour en studio. Les dixchansons rock de Tango, réalisées “sanscompromis”, présentent un mélange surprenantde sonorités tantôt rudes, é<strong>le</strong>ctriques, oulégères, acoustiques. L’énergie des guitarescôtoie la puissance de la basse (Du carburant),<strong>le</strong>s rythmes sont en<strong>le</strong>vés, faits pour danser.S’y ajoutent <strong>le</strong>s cordes du violoncel<strong>le</strong> (Dansmon tiroir), <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> du concertina (Troissous). La voix écorchée, à l’accent particulier,rappel<strong>le</strong> cel<strong>le</strong> d’Arno, Mano Solo ou GaëtanRoussel. On pense même à Jacques Brel (Lespetites ficel<strong>le</strong>s).myspace.com/splineetlamauvaiseherbeElsa SongisTHE SUGAR PLUM FAIRY PR.“Shades of grey”(Montauk / Codaex)Heureuse découverte en 2006, <strong>le</strong> premieralbum du groupe tourangeau se démarquait :pop classieuse et sensib<strong>le</strong>, que l’on rapprochaitd’Anthony & The Johnsons. Un batteur faitdésormais partie intégrante de la bande avecAurélien (chant, piano) et Sylvain (basse), sansoublier Nathalie qui complète l’expressionscénique avec ses vidéos. Shades of grey estpeut-être moins éloquent : l’effet de surpriseest passé, et la tension dramatique créée demain de maître hier n’a plus <strong>le</strong> mêmeretentissement aujourd’hui. Il n’empêche :l’élégance des compositions est très forte, <strong>le</strong>sémotions toujours bien orchestrées, et <strong>le</strong>ssurprises se dévoi<strong>le</strong>nt fina<strong>le</strong>ment une à une.Sur un songwriting classique, <strong>le</strong> groupeapporte xylophone, clavier, guitare, cordes…Quand <strong>le</strong>s instruments et <strong>le</strong> chant s’embrasent,on assiste à de francs éclats rock (Not for real),contrastant avec des balades plus majestueuses(My sweet failure).www.thesugarplumfairypr.comBéatrice CorceiroSVAHN ! “Epoustatiqueet fantaspoufflant”(Mass Productions)Compagnon d’armes de Pigal<strong>le</strong> pendant dixans en qualité d’accordéoniste (dont il nesortira pas indemne), Thierry dégage <strong>le</strong> postpunkpar tous <strong>le</strong>s pores et n’a pas perdu pourautant son sens de l’humour. On sentl’alternatif festif, déjanté et sauvage à p<strong>le</strong>innez. C’est un mélange en tout genreextrêmement riche, amusant, fin, très finmême. On y trouve du rock, de la chansonfrançaise façon Gotainer (La nourriturlututue),de la musique cajun (Putaing con) et soviéticoceltique(Irish St-Petersblues), de la valse(Des étiquettes), du reggae, du raggamuffin(Mon Jalabert, qui pourrait faire la nique àGaston Ouvrard, pas bien portant en sontemps), enfin bref, on ne s’ennuie vraimentpas durant ces 14 titres. Pas un soupçon descepticisme, al<strong>le</strong>z-y <strong>le</strong>s yeux fermés, ambiancejovia<strong>le</strong> garantie. S’il y en a un qui vaut <strong>le</strong>détour, c’est lui, al<strong>le</strong>z donc faire un tour ducôté de chez Svahn !myspace.com/thierrysvahnMahoTAMBOUR BATTANT“Chip Jockey”(Expressillon)Ce n’est pas un hasard si <strong>le</strong>s dénommés Ben etChico, alias Tambour Battant, squattent de plusen plus assidûment <strong>le</strong>s bonnes crèmeries é<strong>le</strong>ctroniquesde France et de Navarre. Aux manettesdu nouvel opus de la série mixée Chip Jockeydu label français Expressillon, <strong>le</strong> duo joue francjeuet assène une volée de titres tapageurs.A dominante hip-hop - Rois du rock avec <strong>le</strong>succu<strong>le</strong>nt Gérard Baste (Svinkels) -, dub-step outeinté de motifs afro, <strong>le</strong>s tracks conservent toutesune puissance de frappe impressionnante àgrands coups de basses pachydermiques et debeats épi<strong>le</strong>ptiques ne rechignant jamais àl’extrême saturation ou à la convulsion sonore.Les deux jockeys s’affranchissent des barrièresstylistiques pour <strong>le</strong>s sacrifier sur l’autel d’unecertaine transe hypnotique. Quoiqu’éprouvantsur la longueur, l’exercice révè<strong>le</strong> quelques titresimparab<strong>le</strong>s, dont <strong>le</strong> très techno Atomik circusremixé par <strong>le</strong> Français Maelström, ainsi qu’uneindiscutab<strong>le</strong> aptitude au ravage des dancefloors !myspace.com/tambourbattantFabien BenoitTAPETTO TRACI“Neurula”(A Tant Rêver Du Roi)Guitare-basse-batterie : jusque-là, riend’extraordinaire. Mais en y ajoutant deuxsaxophones et en utilisant <strong>le</strong> tout dans unesorte de casse-tête musical, <strong>le</strong> quartette paloiss’aventure dans un sty<strong>le</strong> nettement moinsconventionnel. Au gré de ses longues plagesinstrumenta<strong>le</strong>s, Neurula constitue une formemutante de jazz-rock à tendances ethniques,plus proche des franges <strong>le</strong>s plus saturées etagressives du rock contemporain que <strong>le</strong>s sortieshabituel<strong>le</strong>s du genre. Déconstruction, digressions,crescendos jusqu’à bout de souff<strong>le</strong> etcassures de rythme sont <strong>le</strong>s moteurs de cespièces fantasques. La grande rigueur techniqueet la logique structurel<strong>le</strong> sous-jacente que l’ondevine ne devient jamais démonstration, <strong>le</strong>groupe lui préférant une dynamique viscéra<strong>le</strong>.Quand la liberté obstinée du free jazz rencontre<strong>le</strong>s débordements expérimentaux plus rock deZappa, Mr Bung<strong>le</strong> ou Primus… Décoiffant !myspace.com/tapettotraciJessica Boucher-RétifUNCOMMONMENFROMMARS“Functional dysfunctionality”(Kicking Records / Anticraft)Nouvel<strong>le</strong> aventure des célèbres punk-rockersnés sur une autre planète à la fin des années90… Les années passent, et <strong>le</strong>s Ardéchoismontrent toujours autant d’envie et deconviction dans <strong>le</strong>urs tribulations : des mélodiesqui rou<strong>le</strong>nt presque toutes seu<strong>le</strong>s et toujoursune bonne patate à l’heure de signer <strong>le</strong>urquatrième album, cette fois sur un labeltoulousain très actif. Même si <strong>le</strong> violoncel<strong>le</strong> enintro fait diversion, It’s all for the greater gooddémarre en trombe. Avec de jolies illustrations(un robot touriste et des tours délabrées), <strong>le</strong>disque apporte surtout douze titres représentantbien l’univers de ces drô<strong>le</strong>s de rockeurs.Le punk, ils sont nés avec ; la pop, ça <strong>le</strong>urpermet de glisser quelques subtilités ; <strong>le</strong>hardcore, parce qu’il est bon de durcir <strong>le</strong> ton.Mais c’est aussi simp<strong>le</strong>ment du pur rock,comme sur <strong>le</strong> très réussi Key’s in the mai<strong>le</strong>t son refrain qui fonctionne à merveil<strong>le</strong>.www.uncommonmenfrommars.netBéatrice CorceiroV/A “CHEZ LEPREST”Volume 2(Tacet / L’Autre Distribution)Encore du beau monde pour cet hommage ànotre Allain. Bientôt on ne pourra plus dire,Leprest connaît pas. Celui qui inspire etaccompagne toute une génération de jeunesta<strong>le</strong>nts par sa façon d’écrire et la qualité de sestextes est tout de même présent sur la scène dela chanson depuis plus de vingt ans, souventchanté par <strong>le</strong>s autres , mais aussi par luimême. Ici, 18 artistes se sont partagés sesmots et ses univers. La Rue Ketanou naturel<strong>le</strong>mentSDF, Madame Sylvestre solide commeLes sarments, Adamo paisib<strong>le</strong> comme L’olivier,Bruno Putzulu épique dans Où vont <strong>le</strong>schevaux quand ils dorment, Clarika etLes til<strong>le</strong>uls, Jean-Louis Foulquier bonhomme àLa retraite, l’ami de toujours Romain DidierJe viens vous voir, et Flow plus que percutanteavec Le poing de mon pote… D’autres aussisont là ,et Allain lui-même bien sûr. Le CDsortira ainsi que <strong>le</strong> DVD du concert N°1, et unautre spectac<strong>le</strong> est déjà prévu pour mars 2010.Alain Dode<strong>le</strong>rVENTS D’ALE“Vents d’a<strong>le</strong>”(Ha Ouais Productions)Entre Paris et Nantes, un MC et un DJ ontdécidé de troquer <strong>le</strong> bling-bling du genre pour <strong>le</strong>bang-bang des rythmes, grâce à une formu<strong>le</strong>basse-guitare-batterie. Et si son <strong>le</strong>ader, ALK 13,a un pseudo tout droit sorti d’une soirée cibieentre routiers, <strong>le</strong> MC ne se laisse pas pourautant enfermer dans <strong>le</strong>s clichés. Exit <strong>le</strong>s écueilspopulistes, <strong>le</strong> flow s’apparente à du Kool Shensur la forme (blanc-bec rasé aux traits sculptés)et <strong>le</strong> fond (doux, adulte, précis). Les paro<strong>le</strong>sviennent vous saisir, naviguant à vue pourmieux surprendre, à l’exemp<strong>le</strong> de Ce que je telègue ou On a dit dont la paternité commethème permet d’évoquer notre héritagematériel et idéologique. Mais Vent d’A<strong>le</strong>possède surtout une force mélodique indéniab<strong>le</strong>,dont la dimension cinématographique etses instrumentaux ciselés n’ont pas à rougir desproductions US. Cassures de rythmes, essaislatinos, section de cordes… Des vanda<strong>le</strong>scomme ça, on en voudrait tous <strong>le</strong>s jours.myspace.com/ventsda<strong>le</strong>Samuel DegasneSAM VOLVER“Ce qu’il y a”(Autoproduit)Premier album à l’étonnante maturité, SamVolver est déjà une signature : un timbre devoix délicat, des textes intimistes et unemusicalité inspirée, nourrie de sonoritésboisées. Les guitares s’invitent dès l’accrocheurTu m’attendais, pour ne plus nous lâcher,tissant un écrin des plus seyant à des chansonssubti<strong>le</strong>ment troussées et fortement addictives.Pierre Eliane, qui dans <strong>le</strong> sillage de CharlélieCouture avait inscrit Nancy sur la carte du rock,s’extrait de son exil monastique pourensorce<strong>le</strong>r l’œuvre de sa guitare vertueuse.Manfred Kovacic, musicien du Bashung périodePlay b<strong>le</strong>ssure, et auteur d’un album demeuréconfidentiel, officie aux claviers ainsi qu’à laréalisation. Toutes ces fées penchées sur ceprimal effort, <strong>le</strong> propulse à des années-lumièrede la médiocrité ambiante. Ce qu’il y a, œuvremaîtrisée de bout en bout, satisfait notre soifde beauté et ancre judicieusement l’univers deSam Volver dans notre quotidien d’humain.www.volver.fr Alain BirmannZE ROLL ZEALOTZ“Spark”(Massprod / P<strong>le</strong>iade Music)Avec la voix qui dégoise sérieusement dans <strong>le</strong>sparties basses du spectre des fréquencesaudib<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s longs “mugissements”sciemment dosés, Ze Roll Zealotz seprésente comme un héritier méritoire de Queensof the Stone Age. La progéniture est sacrémentagitée et l’on se prend à imaginer un chanteurà longue crinière se déboîtant <strong>le</strong>s cervica<strong>le</strong>s,so cliché ! Eh bien oui, nous sommes dans <strong>le</strong>100% metal caennais hyperactif et sans tempsmorts s’il vous plaît. Les guitares s’apparententà des pisto<strong>le</strong>ts mitrail<strong>le</strong>urs dégommant à gogodès <strong>le</strong> premier titre. El<strong>le</strong>s redonnent ainsi toutesses <strong>le</strong>ttres de nob<strong>le</strong>sse à un stoner rock français(textes en anglais) digne de ce nom. Les huittitres suivants, soutenus par une basse auxvrombissements imposants dont on ne se lassepas, maintiennent la pression. On est dans <strong>le</strong>shautes sphères et il y a de fortes chances quece CD reste un long moment dans <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur.myspace.com/zerollzealotzMaho30


LES BAS DE JEANNE“Salé” (Autoproduit)Les six musiciens seine-et-marnais présententcinq chansons nomades aux sonoritéscha<strong>le</strong>ureuses, aux rythmes chaloupés, aux ambiancescolorées. Dans un univers autant “world” que “musette”,l’accordéon se frotte avec bonheur aux percussionsafricaines, <strong>le</strong>s guitares sont amp<strong>le</strong>s et généreuses. Lestextes regorgent d’émotions, s’interrogent sur la sociétéet ses absurdités. myspace.com/<strong>le</strong>sbasdejeanne ESBELUGA’S HEARING“Imaginary landscapes”(Autoproduit)Quatre titres de pop embrassant rêve et mélancolie.Comme un Bel<strong>le</strong> & Sebastian épuré, concentré sur uneenveloppe douce, une voix, une guitare acoustique. Unpeu plus de cha<strong>le</strong>ur avec violon et violoncel<strong>le</strong> sur Beyond.Quelques notes de xylophone saupoudrées comme <strong>le</strong>spremiers flocons de neige…myspace.com/belugashearing BCFOR THE CHOSEN FEW“The tyranny of choice”(Autoproduit)Attention : petit maxi, mais ne vous y fiez pas, c’est dulourd. En deux titres, cette formation lyonnaise réussit àimposer force de caractère et émotions intenses. Lesguitares noyées dans <strong>le</strong>s effets remarquab<strong>le</strong>ment biengérés, s’empi<strong>le</strong>nt sur des rythmiques droites, pour laisserplace à un chant qui s’adresse en direct à vos tripes. Unetota<strong>le</strong> réussite qui laisse présager un album de haut vol.www.forthechosenfew.com PPHUMAN JOB “Peace is what I am”(Autoproduit)En voilà un bien beau disque (et une bel<strong>le</strong> pochette).Originaire de Lyon, <strong>le</strong> duo composé de Cédric Michal etCyril Estardié s’efforce de jouer de manière origina<strong>le</strong> unefusion de genres pourtant déjà très ratissés. Le rock, l’induset <strong>le</strong> metal se rencontrent entre vio<strong>le</strong>nce et douceur surdes titres tels que Anyway ou encore French and done.A surveil<strong>le</strong>r de près. myspace.com/humanjob JDIOM WITH THE FREAKY MEN(Sens Unique)Une lune de miel à Amsterdam, avec des orguespsychédéliques en demoisel<strong>le</strong>s d’honneur et des guitaresde gent<strong>le</strong>men en redingotes dans la cha<strong>le</strong>ur d’un bar devampires où résonnent <strong>le</strong>s trémolos d’un rockabilly desérie B : mélange hétérogène pour une expériencealléchante. Quatre pistes où véhicu<strong>le</strong>s de différents calibress’élancent, vrombissante cohorte s’élançant sur <strong>le</strong>macadam du revival seventies. KDLITTLE ABSENCES“Hush hush” (Autoproduit)Ils citent Animal Col<strong>le</strong>ctive et Wolf Parade en référence,ils ne peuvent donc pas être mauvais. Et à l’écoute de cesquatre titres, la confirmation ne se fait pas longtempsattendre. Basé en Midi-Pyrénées, ce quatuor indie-rockformé en 2007 use de ses expériences scéniques passéespour expérimenter une pop toute en mélodica etgroovebox. On en redemande.myspace.com/litt<strong>le</strong>absencesmusic JDMADAME JESUS“Premier EP” (Emergence)Dès <strong>le</strong>s premières secondes de Smi<strong>le</strong> on sait que la qualitésera au rendez-vous. Bien dans <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s anglo-saxonnesde la pop mélancolique, <strong>le</strong> quatuor au nom pas trèscatholique livre 4 titres ambitieux et réussis drapés dansde beaux arrangements é<strong>le</strong>ctroniques et cuivrés. Et en pluson dirait que Billy Corgan des Smashing Pumpkins chanteenfin juste. myspace.com/madamjesus JDMINA MAY“Sky larking” (Silver Station)Un album. Vite ! Désolé, mais c’est la frustration qui par<strong>le</strong>.Quand ça sonne aussi bien, que l’énergie é<strong>le</strong>ctrogène estlà et se condense aussi bien dans un rock cinétique queMAXISBRuiTAGeTV on the Radio ne renierait pas, on n’oseimaginer la douce expédition dans la zoneintangib<strong>le</strong> du plaisir auditif qui doit résulter desprestations scéniques de ces quatre zigotos-là. Del’hypnose en tubes. myspace.com/minamaymusic KDOSLOW“Play Laurelyn” (Autoproduit)Le groupe est bel et bien français (Dijon) et existe depuis2006. Ce premier EP, davantage destiné à l’écoute qu’àla danse, fait part d’un beau potentiel pop à la manièred’une certaine vague belge et anglaise. On sent en effetdu Ginzhu dans Kingdom’s horizon avant de sombrer dansdu Radiohead sur Blaming the fears. Comme influencespour un début on a vu pire. myspace.com/oslow JDSHE’S A BOY“They won’t tear us apart”(Emergence)Un bon sens du riff efficace, de celui que l’on a dans latête dès la première écoute, du brut, mâtiné de montéevoca<strong>le</strong> à l’ancienne, proche de la spontanéité de TheSubways, <strong>le</strong> sing<strong>le</strong>, doté d’une ligne de basse à touteépreuve et quelques riffs dont l’efficacité a été prouvéepar <strong>le</strong> laboratoire de ma caboche secouée, autorise lalabellisation de cet EP : Teenage Punk Rock de PremièreClasse. myspace.com/shezaboy KDTANGRAM“Demo 1.0” (Autoproduit)La rencontre prend forme dans <strong>le</strong> rock, l’é<strong>le</strong>ctro et <strong>le</strong> jazz.Guillaume (programmateur), Clément (saxophoniste) etBenjamin (chanteur de MacZde Carpate) s’entendentparfaitement, faisant concorder musiques et textes sur unrythme clair et percutant, de façon à faire entendre unprofond engagement. Cette démo, c’est la naissance d’unnouveau groupe original. myspace.com/tangramusic BCTINY TERRORS“Titi bang bang”(Autoproduit / DV’s Records)Quatre fil<strong>le</strong>s de Bordeaux jouent du rock garage. Lespetites terreurs s’appliquent dans <strong>le</strong>ur tâche : <strong>le</strong>s mélodieset l’énergie sont irréprochab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> ton noir et cru ressortdans <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s, même si <strong>le</strong> chant semb<strong>le</strong> parfois un peupoussif. El<strong>le</strong>s aiment <strong>le</strong>s Hives et <strong>le</strong>s Distil<strong>le</strong>rs et celas’entend tout au long de ses cinq premiers titres.www.tinyterrors.fr BCTWIN SISTERS“Démo” (Autoproduit)4 titres pour s’échauffer en attendant l’album. C’est <strong>le</strong>programme annoncé par Hugo Cechosz et ChristopheGratien, deux acolytes qui ont déjà sillonné la France pourdistil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>urs déviances rock à qui n’en veut. Avec <strong>le</strong>ursqualités (rythmiques) et <strong>le</strong>ur défauts (ça gueu<strong>le</strong>) on saitau moins qu’ils ne laisseront pas indifférents <strong>le</strong>s fans desBlues Explosion. myspace.com/twinsistersmusic JDLES WAD-BILLYS“Hot brain” (Schnitz Productions)Du rock’n’roll, du punk à la mode des Dead Kennedys,une chanson en français qui fait penser au Téléphone despremiers jours (et qui ne fait pas honte au rockhexagonal), et un sens de l’autodérision et de l’ultravintage qui remet <strong>le</strong> blouson noir et la banane au goût dujour, loin de la frange mignonnette des rockers joli cœursen perfecto dont on commence à se lasser. Une petiteMetz-veil<strong>le</strong> ! myspace.com/<strong>le</strong>swadbillys KDCHRISTINE ZUFFEREY“C’était comme marchersur la lune” (Tigrette Records)Après une carrière aux USA (January, Sabot, AQM,Vavoom et Ziaf), cette artiste atypique à la voixenvoûtante navigue entre la Suisse et la France. Sonpremier album (A découvert, 2008) était fluide,atmosphérique. Ce 4 titres revendique un son plus rock,un univers au caractère bien trempé. Des sentimentsintenses, exacerbés pour des chansons troublantes,habitées. www.christinezufferey.com ESS. Beyer31FeSTivAlS KeBeC>> du 30 septembre au 4 nov. 2009POP MONTRÉALMontréal (Québec, Canada)Avec plus des 400 artistes sur cinq jours, plus des conférences, expos, films et même uneprogrammation pour <strong>le</strong>s enfants avec “Kids pop”, la machine est aussi grosse qu’origina<strong>le</strong>.Reste un défi de tail<strong>le</strong> : voir <strong>le</strong>s shows, disséminés aux quatre coins de la vil<strong>le</strong>, simultanément! Heureusement la cohérence de certainessoirées permettait de voir coup surcoup, la fol<strong>le</strong> énergie des Montréalais de DuchessSays et l’attitude “no wave” des Américainsde Teenage Jesus and the Jerks. Lessurprises étaient nombreuses avec du folkgroenlandais de Nive Nielsen jouant parmi laclientè<strong>le</strong> d’un magasin ou encore <strong>le</strong>s Canadiensde Dragonette qui ont démontré que l’onpeut être “fashion” et embal<strong>le</strong>r <strong>le</strong> public. Quedire éga<strong>le</strong>ment d’une Arianne Moffat offrant àson public 3 rappels… Une déception cependantavec OS Mutantes auxquels il manquaitcomme une dose de magie. Pop Montréaldonne irrémédiab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> goût de se“téléporter” histoire de ne rien manquerd’une programmation enthousiasmante.www.popmontreal.com Franck BillaudNive Nielsen>> du 4 au 8 novembre 2009FRANCOFÊTE EN ACADIEMoncton (Nouveau-Brunswick, Canada)Un excel<strong>le</strong>nt panorama acadien et québécois pour ce festival égrainant ses vitrines (showcase,en bon français !!!) de 10h30 au réveil à 2h du mat’ dans une ambiance festive et bonenfant… Du cru 2009 retenons David Marin (et son petit côté Colocs), Tricia Foster (rockaux influences blues, rentre dedans, politiquementincorrecte à la Cindy Lauper), Lenny Galant(folk-rock énergique à l’accent angloprononcé), Danny Boudreau (douce poésie folkmade in Acadie), Corde à Vent (trio traditionnel,violon en avant), Pascal Lejeune (<strong>le</strong> renouveauchanson) et Suroît (quintette trad avec textesactuels bien envoyés). Mais notre tiercé gagnant,c’est Galant Tu Pers Ton Temps (5 fil<strong>le</strong>s acapella plus un percussionniste, des textes fémininsanciens mais tota<strong>le</strong>ment actuels, chairde pou<strong>le</strong> garantie) Mathieu Lippé (jeune slammeur,tricoteur de mots sur musique rock, jazzyou blues, un futur grand) et <strong>le</strong>s indestructib<strong>le</strong>sMisteur Valaire (deux synthés, trompette, batterie,guitare, percus, DJ Viny<strong>le</strong>… de l’é<strong>le</strong>ctro livedéjantée pour une tempête de sons !).Misteur ValaireSerge Beyer>> du 5 au 15 novembre 2009COUP DE CŒUR FRANCOPHONEMontréal (Québec, Canada)Sa mission ? La découverte. Et depuis 1987. Distinction ? Son ambiance intimiste dans <strong>le</strong>ssal<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus cha<strong>le</strong>ureuses de Montréal. Nos “coup de cœur” cette année ? Bernard Adamuset ses chansons origina<strong>le</strong>s teintée de country-blues. Edgar Bori tour à tour poétiqueou badin. L’é<strong>le</strong>ctro-punk saisissant de MetaGruau. Polipe, un trio à la fois frais et rétro, popet original. Jipé Dalpé accompagné par Gaë<strong>le</strong>,qui a mis un peu de gravité dans sa chansonpop mélodique. Guy-Philippe Wells, <strong>le</strong> géantaux allures de bûcheron mais tendrement popfolkpoétique. Les excel<strong>le</strong>nts Français Babx etMell qui ont cartonné. Alcaz, <strong>le</strong>s Marseillaisfaisant <strong>le</strong>ver <strong>le</strong>s sal<strong>le</strong>s du Québec. Et surtoutAntoine Gratton qui a joué cinq soirs de rang,chaque jour différent : étonnant de <strong>le</strong> voir enchef d’orchestre dirigeant <strong>le</strong> quatuor à cordesOrphée, funky-rock endiablé <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain, outota<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>ctro un autre jour. Multi-instrumentiste,il n’a pas son pareil pour mettre <strong>le</strong>feu à la sal<strong>le</strong> avec son funk-rock dérapant.Une sympathique bête de scène.www.coupdecoeur.qc.caAntoine GrattonM. PinaultM. Pinault


P. WetzelFeSTivAlS>> du 11 au 13 septembre 2009ZEBROCK À LA FÊTE DE L’HUMANITÉDepuis 20 ans, l’équipe de l’association Zebrock se bat pour faire par<strong>le</strong>r des ta<strong>le</strong>nts dela région Seine-Saint-Denis. Pendant trois jours, <strong>le</strong>s festivaliers de la Fête de l’Huma ontpu retrouver <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur de la scène francilienne hip hop, rock et chanson aux côtés degrands noms de la chanson françaisecomme A<strong>le</strong>xis HK, Allain Leprest, de l’afroblues avec <strong>le</strong> chanteur-poète So Kalmery etdécouvrir des projets étonnants : du slamallié à la chanson avec l’une des plusgrandes rappeuses françaises du momentBams, du métal rap avec <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif Macolèredirigé par <strong>le</strong> surprenant D’ de Kabal, dupunk’n’rap proposé par Zone Libre vs Caseyet B.James. C’est pour toutes ces excel<strong>le</strong>ntesraisons que l’on aimerait prolonger <strong>le</strong>cri d’appel des membres de Zebrock pourqu’ils gardent <strong>le</strong>s ressources humaines etfinancières qui <strong>le</strong>ur permettent de jouer <strong>le</strong>urrô<strong>le</strong> de médiateurs artistiques.www.zebrock.netAkim NonvidéBams>> du 1er au 3 octobre 2009LES RDV DE TERRES NEUVESBèg<strong>le</strong>s (33)Paris (75)Initiés en 2007 par Les Sangliers sont Lâchés et ND Musiques (structures satellites des NoirDéz), Les RDVTN ont poursuivi <strong>le</strong>urs actions culturel<strong>le</strong>s et citoyennes cette année encore à l’occasionde trois jours de fête, dans un quartier en p<strong>le</strong>ine rénovation. Expos, débats, village asso,et concerts sous chapiteau ! Le vendredi, aprèsune coupure de courant qui faillit mettre à mal lapoursuite des festivités, 0800 et Aerôflôt firentoffice de starters musclés, préparant ainsi <strong>le</strong> terrainà Izïa et ses cordes voca<strong>le</strong>s en sursis, suiviede son grand frère Arthur H et sa pop désormaisdésinhibée. George Sound époustoufla <strong>le</strong> publicdu samedi grâce à son inédite fusion hip hop /chanson sur courant alternatif. Quant à l’interventionrageuse et généreusement tonitruantedes Bikini Machine, el<strong>le</strong> mit <strong>le</strong> public en conditionpour <strong>le</strong> grand défouloir final orchestré parThe Hyènes et Cali… rock’n’roll, sans concession! (Sans cohésion ?) Avec son petit côté “àl’arrache”, ce festival a su trouver ses fidè<strong>le</strong>s quitoutefois auraient mérité une sonorisation un peumoins agonisante. <strong>le</strong>srdvdeterresneuves.comBikini MachineCédric Manusset>> <strong>le</strong>s 14 et 15 octobre 2009PRIX OLIVIER CHAPPE 2009Les Trois Baudets, Paris (75)Pour la troisième édition, trois artistes se sont produits aux Trois Baudets, un des temp<strong>le</strong>sparisiens de la chanson française. MeLL, Syrano et Le Larron étaient sur scène pour l’associationOlivier Chappe, créée en hommage au journaliste du même nom disparu suite à uneforme rare de cancer. El<strong>le</strong> prime chaque annéeun artiste francophone en devenir et soutient<strong>le</strong>s programmes de recherche de l’InstitutCurie. Cette année c’est Syrano, <strong>le</strong> “Garçon dejoie”, qui a remporté <strong>le</strong> trophée. Un prix qui luiva comme un gant, lui, qui a déjà donné denombreux concerts dans <strong>le</strong>s hôpitaux et <strong>le</strong>s prisons.Sur scène, empreint d’une poésie bou<strong>le</strong>versante,il a offert un duo avec MeLL (lauréate2008) sur un titre dédié aux enfants hospitalisés“Dans ma bul<strong>le</strong>”. Place ensuite à la rock’n’rollparty de MeLL, subtil mélange de Jimi Hendrixet Britney Spears ; bref un petit génie qui détonnesur des textes brûlants et crus. Le Larron,qui a talonné de près Syrano, était là aussi,accompagné de ses textes “d’adu<strong>le</strong>scent postpubère”et d’une voix charismatique.www.olivierchappe.com Marilyne ClaracSyranoD.R.M. EytierM. Eytier32>> du 7 au 11 octobre 2009FÊTE DES VENDANGESParis, Montmartre (75)Durant cinq jours, la 76 ème édition (!) de cette fête a rendu hommage à Jacques Canettifondateur de la sal<strong>le</strong> mythique des Trois Baudets. Au programme : plaisirs gustatifs, visitesdes vignes, mais surtout conférences et concerts. Ainsi, lors de la soirée slam / hip-hopaux bbb, chaque invité a pu revisiter <strong>le</strong> répertoirechanson dans son propre sty<strong>le</strong> Brel(Karimouche), Gainsbourg (Féfé), Nougaro(Koumekiam) ou Boby Lapointe (Oxmo Puccino).De même, “Le parcours Trois Baudets”fut un véritab<strong>le</strong> voyage dans <strong>le</strong> temps où l’onaurait pu saluer Edith Piaf, Georges Brassensou Boris Vian… Au Trianon, sous la hou<strong>le</strong>tte deFrançois Morel, <strong>le</strong>s “jeunes pousses” tel<strong>le</strong>sque Jeanne et Liz Cherhal, Carmen MariaVega, Clarika, Agnès Bihl ou La Grande Sophie,ont fait renaître quelques standards (La nondemande en mariage, Fais moi mal…) et ontrendu un cha<strong>le</strong>ureux hommage à Anne Sylvestre,symbo<strong>le</strong> d’un passage de relais émouvantentre la “génération Canetti” et cel<strong>le</strong> de 2009.La Grande Sophie>> du 25 septembre au 4 oct. 2009FESTIVAL DES ATTITUDES INDÉParis (75)Pendant deux semaines, <strong>le</strong>s scènes de L’Européen, des Trois Baudets, de l’Espace Canopy,du Glazart et quelques autres sal<strong>le</strong>s soutenues par la Mairie du 18 ème se sont relayées pouranimer ce festival aux univers créatifs et originaux. La chanson française était à l’honneuravec <strong>le</strong>s petits déboires autobiographiques dedivas discrètes comme Katia Goldmann ou Céci<strong>le</strong>Hercu<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s vers teintés d’humour noir del’excel<strong>le</strong>nt David Lafore, <strong>le</strong> chanteur décalé àl’incroyab<strong>le</strong> voix de This is the Hello Monster,sans oublier <strong>le</strong> duo inédit de Bertrand Belinavec la batteuse Tatiana Mladenovitch. Lesamoureux de monstres gentils ont pu se réga<strong>le</strong>rgrâce à l’opéra comique-gothique du CrazyMonster Show. La soirée du nouvel an Belgefut la plus inattendue avec <strong>le</strong> retour de Lio invitéede Phantom, amorçant un virage rock-punkplutôt convaincant. Le spectac<strong>le</strong> “Debout <strong>le</strong>smots” (16 textes mis en musique et interprétés,entre autres, par Ignatus, François Petit,Lili Cros ou Thierry Chazel<strong>le</strong>), clôtura en beautécette édition très réussie. www.attitudesinde.frAkim Nonvidé & Marylène EytierLili Croswww.fetedesvendangesdemontmartre.comMarylène Eytier>> du 24 au 31 octobre 2009ROCKOMOTIVESVendôme (41)Comme des embrassades brisées. Une baise interrompue. Un goût de trop peu. LesRockomotives de Vendôme, festival rock à tail<strong>le</strong> humaine, désormais majeur, ont <strong>le</strong> chicpour souff<strong>le</strong>r sur <strong>le</strong>s braises de nos désirs, avant d’en ravir l’objet. Jil is Lucky, Karkwa,Peter von Poehl… <strong>le</strong>s cinquante minutesaccordées à chacun n’ont qu’aiguisé notreappétit, heureusement satisfait par <strong>le</strong>s 25chansons épi<strong>le</strong>ptiques et redoutab<strong>le</strong>s deDominique A, l’énergie salvatrice, quoiqu’unpeu brouillonne, d’Izïa et l’envergure naissantede Nestor is Bianca, <strong>le</strong>s régionaux del’étape. Il faudra d’ail<strong>le</strong>urs ajouter à la liste devos bonnes résolutions pour 2010 : écouterattentivement <strong>le</strong>ur nouvel album baptiséGenetics. On rangera dans <strong>le</strong>s accidents del’histoire, la bel<strong>le</strong> plantade des Montgomery :une création visuel<strong>le</strong> éblouissante du col<strong>le</strong>ctifVitrine en Cours, des compos au cordeau,<strong>le</strong> tout éclipsé par un défer<strong>le</strong>ment sonorenéfaste. Quant à Sébastien Schul<strong>le</strong>r, oncherche toujours <strong>le</strong> mode d’emploi.www.rockomotives.org Sylvain DépéeJil is LucjyM. EytierS. Dépée


JL. Eluard>> du 25 septembre au 10 oct. 2009L’ESTIVALUn vrai festival “habité”, organisé depuis 22 ans par une superbe équipe, soudée et cha<strong>le</strong>ureuse.On est loin des clichés véhiculés par cette vil<strong>le</strong>… D’ail<strong>le</strong>urs, Clarika dit dans unechanson qu’el<strong>le</strong> est “prête à tout pour lui, même venir habiter St Germain, du moment qu’ilne lui demande pas sa main.” El<strong>le</strong> est cependantvenue et y a merveil<strong>le</strong>usement “habité”la sal<strong>le</strong>. Koumékiam et son slam p<strong>le</strong>in d’humour,Karimouche plus pèchue que jamais etZédrus tendre comme une porte de prison ontconquit <strong>le</strong> public. Côté des “Vitrines-Découvertes”Aliose (Suisse), Ju<strong>le</strong>s et Yor sont repartisavec des propositions de concerts. MmeBettina et Antonius ont apporté <strong>le</strong>ur bonne humeurmaladive, tandis que <strong>le</strong>s chansonsd’Alain Schneider et d’Aldebert se baladentencore dans <strong>le</strong>s têtes des enfants. Manu Dibango,Fugain ou Ricet Barrier n’ont toujourspas d’âge et <strong>le</strong> Canada était encore bien représentépar Anique Granger de Saskatchewanet Mme Moustache groupe country-barrédu Québec. Bref, une bel<strong>le</strong> diversité des musiques! www.<strong>le</strong>stival.net Maryline Boutet>> du 8 au 10 octobre 2009COURANT D’AIRSBordeaux (33)St Germain en Laye (78)Rénald ZapataC’est un courageux petit festival qui s’est donné pour but de faire découvrir. Un travail detête trouveuse mené à longueur d’année par l’association Bordeaux Chanson qui, enhéraut de la chanson française, annonçait pour cette sixième édition une tête d’affiche“parrain” qui n’était autre qu’A<strong>le</strong>xis HK.Lequel, en juste reconnaissance de la crédibilitéacquise par l’asso, lui a fait cadeau d’unconcert en solo alors qu’il ne pratique plusl’exercice depuis longtemps. L’occasion étaitbonne de mesurer à l’aune de cette solitudevolontaire <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt du bougre qui a joué àguichet fermé pour la première fois dans l’histoiredu festival. Avec deux artistes par soirée,Courant d’airs a laissé <strong>le</strong> micro au réalismeloufoque de “Thérèse” ou, dans l’esprit decontre-pied qui est <strong>le</strong> sien, monté une soiréerassemblant d’abord l’exubérant Siméo suivide l’austère Bastien Lal<strong>le</strong>mant, enchaînant sesmorceaux comme des per<strong>le</strong>s, accompagnépar Pascal Parizot. Déroutant et imaginatif.www.bordeaux-chanson.orgSimeoJean Luc Eluard>> du 28 au 31 octobre 2009BEBOP FESTIVALLe Mans (72)Pour sa 23 ème édition, <strong>le</strong> Bebop s’est distingué par l’éc<strong>le</strong>ctisme de sa programmation, proposant<strong>le</strong>s tendances musica<strong>le</strong>s actuel<strong>le</strong>s pop-rock, reggae, chanson française et é<strong>le</strong>ctro.Les Norvégiens Yoyoyo Acapulco ont ouvert <strong>le</strong> bal sur une tonalité pop décalée, en préambu<strong>le</strong>à l’univers surréaliste et envoûtant de Yodelice,<strong>le</strong> clown mélancolique, qui a séduitl’auditoire de sa voix profonde et cha<strong>le</strong>ureuse.L’après-midi, en show-case, Coming Soon etJil is Lucky offrirent une approche acoustiqueplus intimiste avant <strong>le</strong>s concerts du soir, où ilsassureront respectivement la première partiedu show féérico-festif d’Olivia Ruiz alias MissMétéores, et du concert tout en finesse deRenan Luce, <strong>le</strong> poète conteur d’histoires. Maisla soirée qui décoiffa <strong>le</strong> plus réunit <strong>le</strong> reggaedub-hip-hopdéjanté de Dub Pistols, <strong>le</strong> reggaejazzde Groundation, en passant par <strong>le</strong> rockénervé et la voix puissante et sensuel<strong>le</strong> d’Izïa.Et c’est <strong>le</strong> show é<strong>le</strong>ctro rock haut en cou<strong>le</strong>urde Beat Torrent, qui clôtura cette très bel<strong>le</strong> édition.www.bebop-festival.comMarylène EytierIzïaL. VincentM. EytierM. Eytier33>> <strong>le</strong> 10 octobre 2009JIMIChoisy <strong>le</strong> Roi (94)FeSTivAlS>> <strong>le</strong> 26 septembre 2009LA NUIT DES FÉESPetite vil<strong>le</strong> cossue à près de Nantes, Clisson à un cachet médiéval qui sied tout à fait à cefestival où pullu<strong>le</strong>nt elfes, farfadets, chevaliers, enfants-papillons et ai<strong>le</strong>s en tout genre !Sous <strong>le</strong>s hal<strong>le</strong>s, un marché féerique propose rencontres, animations d’instruments improbab<strong>le</strong>s,jeux et nourriture bio. Les concerts ont lieulà et dans une chapel<strong>le</strong> à proximité… LesItaliens de Corde Oblique alternent sérénadesrock au violon énergique et balades de troubadour.Les Grecs de Daemonia Nymphe font unrite mystique avec incantations de vierges (?)immaculées aux voix éthérées psalmodiant surdes rythmes tribaux. Djaima (la cha<strong>le</strong>ureuseTzigane) et Delphine Coutant arrivent à conquérir<strong>le</strong>s fou<strong>le</strong>s, mais on retiendra surtout CristaGalli, <strong>le</strong> trio familial de piano, violoncel<strong>le</strong> etsitar / tambour (50 % d’improvisation) à lajeune chanteuse (évoquant Dead Can Dance)chantant en gaélique et en japonais, et Omaspheremixant mélopées orienta<strong>le</strong>s, percusroots, nappes de synthé et chant quasi-religieux.Iconoclaste ce fée-stival !www.lanuitdesfees.com Serge BeyerClisson (44)Daemonia NympheContrairement aux festivals et salons classiques, la Journée des Initiatives Musica<strong>le</strong>s Indépendantesréunit à la fois professionnels et public autour de concerts, stands et tab<strong>le</strong>srondes. Pour cette troisième édition, 160 distributeurs, labels, distributeurs, col<strong>le</strong>ctifs et autresstructures alternatives qui accompagnant<strong>le</strong>s artistes ont attiré plusieurs milliers despectateurs. Les débats ont été passionnés :sur la crise du secteur, bien sûr, mais surtout,sur la richesse des projets qui ne cessent def<strong>le</strong>urir en France. A côté du grand chapiteau cesont tenus une douzaine concerts rageusementrock : Lady Like Dragons (trio garage etpop), Ultra Vomit (grindcore parodique), SexySushi (é<strong>le</strong>ctro sensuel et provoc), Brain Damage(dub psychédélique) ou encore <strong>le</strong>s trèsattendus Stuck in the Sound (rock indé). Autreévénement de la journée : <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif d’artistesHumungus a réalisé, en direct, une fresque déliranteoù la Sacem, transformée en vaisseauextraterrestre, attaquait <strong>le</strong>s Terriens à coup derayons laser. www.festivaldemarne.orgInner TerrestrialsAena Léo>> du 6 au 13 novembre 2009SÉMAPHORE EN CHANSONCébazat (63)Au pied du Puys de Dôme, cette 10 ème édition se déroula dans l’ambiance cha<strong>le</strong>ureused’un public enthousiaste (5000 sur l’ensemb<strong>le</strong> du festival). Le Notilus, comb<strong>le</strong> à plusieursreprises, accueil<strong>le</strong>ra notamment l’univers tendre et poétique de Sau<strong>le</strong> et ses P<strong>le</strong>ureurs, <strong>le</strong>“repère d’affranchis” d’A<strong>le</strong>xis HK mixant élégammentclasse et humour, l’esca<strong>le</strong> pop Québecoised’Ariane Moffatt, et <strong>le</strong> final en fanfarede Courir <strong>le</strong>s Rues et sa band’. Sur la grandescène du Sémaphore, on retiendra <strong>le</strong>s magnifiquesshow de la touchante “icône étoilée”Clarika, de la Grande Sophie rayonnante, dusublime Babx, mais aussi <strong>le</strong>s 20 ème rencontres“Matthieu Côte” où se sont distingués, entreautres, Jeanne Plante et Frédéric Bobin, sur<strong>le</strong>s traces de Maloh, lauréat 2008 et trèsconvaincant en première partie cette année.Yves Jamait et ses amis (Nicolas Ju<strong>le</strong>s, GérardMorel, Anne Sylvestre…) ont clôturé <strong>le</strong> festivalautour d’un bœuf convivial, à l’image de cettetrès bel<strong>le</strong> édition, où chanson française rimaitavec qualité et intensité. www.cebazat.frMarylène EytierBABXC. BonnamyM. Eytier


CA GAveHUMEUR & VITRIOLLa route de la fortuneC’est d’abord une voix venue d’outre-tombe (je ne par<strong>le</strong> pas ici deChar<strong>le</strong>s Pasqua qui est à la politique ce qu’Aménophis IV est à l’archéologie)qui vous annonce que, avec toutes <strong>le</strong>s conneries que vousfaites, vous al<strong>le</strong>z crever comme un con sur <strong>le</strong> bord de la route en tenant vosboyaux dans vos mains et vous l’aurez bien cherché. Puis vient <strong>le</strong> slogan :“Sécurité routière, il n’y a pas de petites infractions.” Je ne sais pas pourquoi,peut-être parce que j’ai l’esprit indéfectib<strong>le</strong>ment primesautier, ce bel envol lyriquesonne à mon oreil<strong>le</strong> comme “Sécurité Routière, il n’y a pas de petiteséconomies.” Car la sécurité routière, c’est un peu <strong>le</strong> bras guil<strong>le</strong>ret de la répressionet ce genre de campagne annonce comme un matraquage pour nousconvaincre que l’on a bien de la chance que la maréchaussée soit là pournous verbaliser au moindre écart et que même un petit PV à 22 euros est toujoursbon à prendre pour payerces bons à rien de flics qui nesont même pas foutus d’enrayerla vraie délinquance alorsmême que <strong>le</strong> gouvernements’est gargarisé en rodomontadespour faire croire quemême Steven Seagal était unetafio<strong>le</strong> à côté de Brice l’Auvergnat.“Il n’y a pas de petites infractions”,c’est un peu pournous dire : “Dorénavant,comme il n’y a plus de placesdisponib<strong>le</strong>s <strong>le</strong> long des routespour poser d’autres radarsmais comme il faut continuerà ramasser de la thune, on vavous aligner à la moindreconnerie.” Parce qu’on ne mefera pas croire que cette obsessionà vouloir sauver nosvies contre notre gré ainsi quecel<strong>le</strong>s des inuti<strong>le</strong>s que noustrimballons comme un remordtardif vient d’un grand élan degénérosité de nos gouvernantsqui nous aiment, nous, <strong>le</strong>ursenfants indisciplinés qu’il faut parfois sanctionner pour notre bien. Si l’on voulaitvraiment faire baisser <strong>le</strong> nombre des morts sur <strong>le</strong>s routes autrement qu’entraficotant <strong>le</strong>s chiffres pour prouver que la Sécurité Routière a une utilité autreque cel<strong>le</strong> de convaincre <strong>le</strong> Creusois moyen que l’on fait bien de <strong>le</strong> verbaliserquand il rou<strong>le</strong> sur une route vide, on commencerait par interdire <strong>le</strong>s poidslourds qui sont responsab<strong>le</strong>s de la plupart des macchabées qui agonisent lamentab<strong>le</strong>mentsur <strong>le</strong>s bas-côtés sans même avoir <strong>le</strong>ur permis poids-lourd.Mais que vou<strong>le</strong>z-vous… pendant “l’hécatombe”, <strong>le</strong>s affaires continuent ettous ces morts sont bien tristes à condition qu’ils ne gênent pas <strong>le</strong> commerce.De la même manière, alors que l’on dénombre dans <strong>le</strong>s 95 000 b<strong>le</strong>ssés sur laroute par an, on enregistre dans <strong>le</strong>s 700 000 b<strong>le</strong>ssés au travail et ce chiffrene baisse pas depuis des années. Alors si l’on veut vraiment notre bien, notresanté, notre bonheur et l’orgasme pour tous, que n’interdit-on point <strong>le</strong> travail,bien plus dangereux que la route ? Etrangement, <strong>le</strong>s services de l’inspectiondu travail, qui sont au labeur ce que <strong>le</strong>s schtroumpfs sont à la route, ont demoins en moins de moyens pour faire respecter <strong>le</strong>s lois interdisant, commec’est puéril et passéiste, de mettre en danger la vie des salariés pour gagnerun quart de point de productivité et quelques millions à la Bourse. J’attendsavec impatience une campagne de communication sur <strong>le</strong> thème : “Sécuritéau travail, faisez gaffe <strong>le</strong>s gars, n’al<strong>le</strong>z pas bosser.”Or, jamais à court d’une fausse bonne idée, notre Sarkounet s’est ému de ceque <strong>le</strong>s ouvriers clamsaient plus tôt que <strong>le</strong>s cadres et a décidé de lancer unegrande enquête sur <strong>le</strong> sujet. On peut aussi signa<strong>le</strong>r que, par un malheureuxconcours de circonstance, <strong>le</strong>s présidents de la république ont la peau plusdure que <strong>le</strong>s mineurs de fond érythréens. Fort de mon entregent qui n’a rienà voir avec une paire decouil<strong>le</strong>s, je connais déjà <strong>le</strong>sconclusions de ce travail qui vapermettre à quelques personnesbien en cour de gagner<strong>le</strong>ur vie sans trop se fatiguer.Peut-être par l’effet de monesprit qui, en plus d’être primesautier,est parfois un tantinetmalveillant, je sais déjàque l’on va nous dire que sices blaireaux de pue-la-sueuront une espérance de vie quifait à peine envie à un Somalien,c’est parce qu’ils ont unehygiène de vie déplorab<strong>le</strong>. Plutôtque d’al<strong>le</strong>r jogger après<strong>le</strong>urs trois-huit, ce qui <strong>le</strong>ur ferait<strong>le</strong> plus grand bien et <strong>le</strong>uréviterait de s’entasser tous enmême temps dans <strong>le</strong>s transportsen commun aux heuresde pointe, ce qui gêne fortement<strong>le</strong>s déplacements des oisifs,ils s’encrassent <strong>le</strong>spoumons à fumer des clopeset subséquemment, commec’est original, on va augmenter <strong>le</strong>ur prix afin, toujours dans <strong>le</strong> même ordred’idée, de faire semblant de protéger <strong>le</strong>ur petite santé sans pour autant nuireaux rentrées fisca<strong>le</strong>s qui permettent à la Sécurité socia<strong>le</strong> de mieux rembourser<strong>le</strong>s cancéreux qui ont eu l’idée saugrenue d’attraper <strong>le</strong>ur maladie en respirant<strong>le</strong>s gaz d’échappement des 36 tonnes ou <strong>le</strong>s effluves toxiques qui traînentdans <strong>le</strong>s usines où ils s’obstinent à travail<strong>le</strong>r parce qu’aucune campagne decommunication n’est venu <strong>le</strong>s prévenir que c’était dangereux. Comme quoi,<strong>le</strong>s ouvriers sont bien des crétins, il faut tout <strong>le</strong>ur dire. Et en plus, ces péquenotsatrabilaires se biturent au quatre étoi<strong>le</strong>s de Castelvin et conduisent bourrés,d’où la nécessité de sévir davantage sur <strong>le</strong>s routes. A Bordeaux, la policea déjà compris <strong>le</strong> truc : en octobre dernier, el<strong>le</strong> a verbalisé une automobilisteau prétexte qu’el<strong>le</strong> fumait au volant. Il n’y a pas de petites économies. En plus,el<strong>le</strong> était chômeuse…Jean Luc Eluard34

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!